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+ Une forêt ou un massif forestier est une étendue boisée, relativement grande, constituée d'un ou plusieurs peuplements d'arbres, arbustes et arbrisseaux (fruticée), et aussi d'autres plantes indigènes associées. Les définitions du terme « forêt » sont nombreuses en fonction des latitudes et des usages.
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+ Un boisement de faible étendue est dit bois, boqueteau ou bosquet selon son importance.
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+ Divers types de forêts existent ; des forêts primaires aux forêts dites urbaines, avec les gradients intermédiaires[5]. Il existe également de nombreux types d'exploitation des forêts (sylviculture, ligniculture, agrosylviculture...).
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+ Les forêts sont aussi un milieu de vie et une source de revenus pour l'être humain : au début du XXIe siècle, plus de cinq cent millions de personnes[6], dont cent cinquante millions d’autochtones [réf. nécessaire], vivent encore en forêt ou à ses abords. Elles abritent une grande richesse écologique, concentrant 80 % de la biodiversité terrestre mondiale recensée.
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+ L'action de l'Homme dans plusieurs régions de la planète conduit à une destruction ou une surexploitation des forêts. Cela engendre une importante déforestation qui concerne surtout actuellement les forêts tropicales et dans une moindre mesure la taïga. La moitié des forêts de la planète a été détruite au cours du XXe siècle[7]. Il n'y a pas de gouvernance mondiale des forêts, ni de convention internationale, mais l'ONU a mis en place un Forum des Nations unies sur les forêts (FNUF).
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+
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+ L'origine du mot forêt est complexe. Il a remplacé à partir du XIIe siècle, sous la forme forest « vaste étendue de terrain peuplée d'arbres »[8], l'ancien français selve, du latin silva, « forêt ». L'anglais forest est un emprunt au français[9],[10], l'allemand Forst, forêt exploitée (vieux haut allemand forst, attesté vers 800)[11] est sans doute également apparenté.
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+ Le mécanisme de cette substitution semble passer par les rois mérovingiens puis carolingiens, sous lesquels le terme de bas latin foresta désignait un territoire à part, dont la jouissance était réservée au roi. Ces territoires pouvaient aussi bien être des bois, des landes, ou des terres en eau (rivière, étang, lac et même mer), mais étaient généralement non cultivés et réservés à la chasse ou à la pêche.
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+ Ainsi Jacques-Joseph Baudrillart écrit-il en 1825, dans son Dictionnaire général des Eaux et Forêt[12] à l'article « Forêt » : « Nos premiers rois avaient des domaines particuliers, appelés villa regia, ou foreste dominicum, qu'ils faisaient administrer par des officiers désignés sous le nom de juges, auxquels ils recommandaient particulièrement la conservation de leurs forestae, mot générique qui comprenait alors les étangs royaux pour le poisson, en même temps que le bois pour le pâturage. »
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+ On pouvait par exemple parler, sous Charles-le-Chauve, de la foresta des pêches de la Seine. On trouve dans les capitulaires de Charlemagne (747-814) l'expression silva forestis pour désigner des étendues boisées relevant du domaine royal. Les termes foresta, ou silva forestis ont alors valeur juridique, désignant un « territoire soustrait à l'usage général »[13] zone dans laquelle il est défendu de défricher et où la chasse ou la pêche sont gardées. Progressivement, le terme s'est spécialisé pour ne plus désigner que les étendues boisées relevant du roi ou d'un seigneur, tandis que d'après Baudrillart (op. cit.) apparaissait l'expression les eaux et forêts, ou les eaux-forêts, dans un sens proche du sens initial de forestae.
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+ L'origine de foresta est plus controversée. On a longtemps évoquée une origine germanique, par un terme vieux bas francique *forhist non attesté, avec perte du [h] à l'époque mérovingienne *forist, qui serait un dérivé du vieux bas francique *forha « sapin » (cf. allemand Föhre « pin sylvestre », anglais fir « sapin »), le suffixe -ist ayant une valeur collective, d'où le sens de « sapinière, forêt de sapins ». Cette explication est aujourd'hui délaissée, l'origine de foresta semblant bien plutôt romane, mais avec deux hypothèses concurrentes cependant.
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+ Selon une première hypothèse, fondée sur le sens juridique donné à foresta par les mérovingiens et les carolingiens, il proviendrait du latin classique forum (forum puis tribunal)[14]. Bien que favorisée par les ouvrages étymologiques français, aucune forme intermédiaire permettant d'appuyer cette hypothèse n'est cependant donnée.
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+ Une hypothèse alternative beaucoup plus argumentée fait dériver foresta directement du latin foris, « dehors, extérieur »[15] (forum dérivant lui-même de foris) et plus précisément de forestis « ce qui est en dehors, hors de l’enclos » au sens de ce qui est en dehors de là où l’homme vit, où réside le pouvoir[16]. Le grammairien Placidus connaît déjà un adjectif forasticus (« extérieur »)[15] dérivé de foris ; cet adjectif subsiste dans l'italien forastico, le sicilien furestico, l’ancien occitan foresgue (« sauvage », « rude », « rétif »). De plus, l'italien forestiere a le sens d'« étranger, homme du dehors », de même que l'ancien provencal forestiero « qui est en dehors (de la commune), étranger ». L'ancien français forestier avait également le sens d'étranger, et l'italien actuel foresta conserve le sens de « vaste zone inculte, où la végétation, et en particulier les arbres, croissent spontanément ».
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+ Ainsi le terme foresta aurait pu désigner à l'époque gallo-romaine les espaces restés sauvages, en dehors, à l'extérieur, de ceux mis en valeur par les communautés villageoises (ces derniers contenant aussi des bois aménagés et exploités), les rois et seigneurs francs se réservant par la suite l'usage de ces territoires. On aurait ainsi un croisement de sens intéressant entre foresta « espace sauvage, en dehors du domaine cultivé », et sauvage, de l'ancien français salvage, du latin silvaticus, « forestier ».
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+
27
+ Le mot gaulois brogilos dérive de broga (« champ »), devenant broglius désignant au IXe siècle un bois humide, clos ou entouré d'une haie. Il a donné breuil du dictionnaire de l'Académie française et des toponymes tels que Breuil  ou le Breuil  par exemple.
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+
29
+ Les Romains appelaient la forêt silva, mais Virgile et Cicéron la nomment nemus (« bois » en latin, qui proviendrait de nemo signifiant « personne »). Ce mot figure souvent dans les chartes capétiennes pour désigner des petites zones boisées. Salluste utilisait le terme saltuosus pour désigner un espace boisé. À l'époque romaine les saltuarii ou les silvarum custodes administraient les forêts. Aux époques mérovingienne (481-751) et carolingienne (751-987), le mot saltus désigne fréquemment les zones de bois et landes, plutôt semble-t-il quand elles appartenaient au fisc royal. Le mot nemus ne s'est pas perpétué en gallo-roman et saltus (> ancien français sault) n'a pas survécu en français moderne.
30
+
31
+ Un autre terme existe en ancien français, il s'agit de gaut (ou gault, guault, dialectes septentrionaux waut, mot masculin). Il peut désigner le bois, la forêt ou le bocage. Il est issu du vieux bas francique *wald « forêt » (cf. vieil anglais weald, allemand Wald « forêt »).
32
+
33
+ Le terme bois apparaît sous la forme latinisée boscus en latin médiéval en 704 et en français vers 1100 sous sa forme actuelle. Il est issu du vieux bas francique *bŏsk- « buisson » Contrairement au mot forêt, il est sans connotation juridique. Les formes modernes bosc, trouvées dans l'onomastique essentiellement sont d'origine normande et occitane. Forêt et bois ont remplacé tous les termes précédents, ainsi que le terme latin lignum « bois » désignant le matériau (cf. italien legno, espagnol leña).
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+
35
+ Une microsylve désigne une forêt de haute altitude (montagne) ou latitude, composée de minuscules arbres (sous-arbrisseaux)[17].
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+ Le monde antique romain oppose ce qui est du « sauvage » (silvaticus) – relatif aux bois – et ce qui est de la civilisation : la cité, la culture, etc[18].
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+ La définition du terme de forêt pour sa classification est variable car elle se réfère à des seuils dont la nature et l'importance varient selon les pays : couvert forestier minimum, surface minimale du peuplement, etc. À l'échelle internationale, la FAO définit les forêts comme des terres occupant une superficie de plus de 0,5 hectare (5 000 m2) avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à 5 mètres et un couvert forestier de plus de 10 %. Cette définition exclut les terres dont la vocation prédominante est agricole ou urbaine[19]. Par ailleurs l'observation de l'évolution de séries chronologiques continues nécessitent une stabilité des nomenclatures. Comme le montre une étude de la CEE commandée en 1989 la plupart des pays n'ont pas adopté, ni conservé au fil des ans, la même méthode[20].
40
+
41
+ Pour le géographe, la complexité de l'espace forestier, empêche de l'enfermer dans une approche numérique univoque ; elle concerne le dedans, et le dehors de la forêt, son caractère ancien ou non[21], voire ses marges[22].
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+
43
+ Des définitions plus spécifiques sont données par d'autres organisations : le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) utilise 40 % de couverture comme le seuil pour les « forêts fermées » et 10 à 40 % de couverture pour les « forêts ouvertes », tandis que le projet Tropical Ecosystem Environment Observations by Satellite (TREES)[23], fondé en 1991 par la Commission européenne, classifie les surfaces avec plus de 70 % de couverture de canopée comme étant des « forêts denses » et celles avec 40-70 % de couverture comme des « forêts fragmentées ». L'Inventaire forestier national définit la forêt comme « un territoire occupant une superficie d'au moins 50 ares avec des arbres capables d'atteindre une hauteur supérieure à cinq mètres à maturité in situ, un couvert arboré de plus de 10 % et une largeur [de houppier] d’au moins 20 mètres[24]. Les sites
44
+ momentanément déboisés ou en régénération sont classés comme forêt même si leur couvert est inférieur à 10 % au moment de l’inventaire »[25].
45
+
46
+ Les chiffres de surface forestière varient donc selon les sources. Ainsi, tout l'Est de la Taïga russe, formé de formations basses de conifères nains, sera, selon les sources, comptabilisé ou non en forêt, ce qui fera varier la surface forestière de plus ou moins 20 %.
47
+
48
+ Du point de vue botanique, une forêt est une formation végétale, caractérisée par l'importance de la strate arborée, mais qui comporte aussi des arbustes, des plantes basses, des grimpantes et des épiphytes. Plusieurs arbres forestiers vivent en symbiose avec des champignons et d'autres micro-organismes, et beaucoup dépendent d'animaux pour le transport de leur pollen, de leurs graines ou de leurs propagules.
49
+
50
+ Du point de vue de l'écologie, la forêt est un écosystème complexe et riche, offrant de nombreux habitats à de nombreuses espèces et populations animales, végétales, fongiques et microbiennes entretenant entre elles, pour la plupart, des relations d'interdépendance.
51
+
52
+ Malgré une apparente évidence, définir la forêt reste donc délicat : où arrêter les limites de hauteur de végétation (une plantation de jeunes pousses est-elle une forêt ?), de superficie minimale (à partir de quelle superficie passe-t-on d'un jardin boisé à un bois puis à une forêt ?), de degré de proximité ou de « sociabilité » des arbres (un terrain portant des arbres distants de plusieurs dizaines de mètres est-il encore une forêt ?) ou de qualité (un boisement monospécifique d'eucalyptus ou de peupliers, de pins ou de sapins d'une même classe d'âge, plantés en alignements stricts est-il une forêt ou une simple culture sylvicole ?).
53
+
54
+ La plus ancienne forêt fossile connue a longtemps été présentée comme celle de Gilboa (en)[32]. Figée par une inondation, cette forêt est mise à jour en 1870 dans l'État de New-York. Son arbre le plus ancien, du genre Archaeopteris, date de 370 millions d'années, et montre aux paléobotanistes que les premières forêts sont assez vite apparues dans l'histoire évolutive des végétaux, 100 millions d'années après l'adaptation des plantes marines à la vie terrestres. La reconstitution de la forêt de Gilboa montre déjà un écosystème complexe avec plusieurs étages de végétation[33].
55
+
56
+ Pendant les 50 millions d'années qui suivent leur apparition sur terre, certaines plantes vasculaires terrestres s'affranchissent du milieu aquatique et de la poussée d'Archimède en adoptant un port érigé qui sépare les zones végétatives éclairés des zones d'ancrage et d’absorption dans le sol, ce qui implique la différenciation en organes et tissus spécialisé. Elles s'équipent ainsi d'un cormus (racines et feuilles) et se diversifient considérablement. La différenciation chez les mousses ne va pas jusqu'à la mise en place de tissus de soutien lignifiés, alors que ce processus est observé chez les fougères qui mettent en place des tissus conducteurs (phloème et xylème avec éléments lignifiés typiques, les trachéides)[34]. Grâce à la lignine, polymère solide, inerte, poreux et difficilement putrescible, ces plantes ligneuses se mettent à supplanter tous les autres concurrents du règne végétal. Alors que les premières plantes terrestres demeurent à la surface du sol, la compétition pour la lumière (source d'énergie nécessaire à la photosynthèse) s'exprime chez tous les groupes de végétaux (fougères arborescentes, prêles, lycopodes, plantes à graines). Cette course à la lumière favorise le développement de plantes ligneuses de plus en plus hautes[35], grâce à la rigidité de leur tronc (tige dont le cœur est constitué de bois, tissu ligneux dont la résistance et l'emploi économique constituent des avantages adaptatifs), et plus particulièrement chez les arbres des forêts dont l'architecture végétale permet de déployer une grande surface feuillue[36].
57
+
58
+ L'histoire des forêts au Quaternaire est encore mal connue en raison des avancées et reculs des peuplements, imposées par les trois dernières glaciations. Lors des maximums glaciaires, les espèces des forêts tempérées trouvent refuge dans des zones abritées, là où les conditions écologiques locales (températures plus clémentes, hivers moins rigoureux en raison de barrières montagneuses, régions restées humides grâce à la fonte estivale de la calotte et des grands glaciers) permettent leur survie, et sont remplacées dans leur aire d'origine par des espèces végétales de steppes et de toundras. Celles des forêts tropicales subissent une sécheresse importante et trouvent refuge dans des zones d'altitude ou des plaines marécageuses. Ces zones refuges se caractérisent par une diversité génétique plus ou moins importante : dans les milieux favorables, similarité des haplotypes rencontrés intra-refuge mais enrichissement du réservoir génétique par forte divergence génétique inter-refuges liée à l’isolement géographique ; effet de goulot d'étranglement génétique dans les milieux moins favorables, les espèces ligneuses étant marquées par une faible élasticité génétique, d'autant plus si elles se sont spécialisées dans des niches étroites. La reconquête postglaciaire, plus ou moins importante selon le potentiel d'adaptation des espèces ligneuses, correspond à la recolonisation des essences forestières à partir de ces zones, entraînant une redistribution de la végétation en quelques milliers d'années. La vitesse de recolonisation (généralement quelques centaines de mètres par an) varie selon les périodes et régions en fonction du climat, des barrières géographiques (montagnes, mers, déserts) mais aussi de la végétation concurrente. Cette reconquête entraîne un appauvrissement génétique au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la zone refuge, appauvrissement pouvant être contrebalancé par l’apparition de nouvelles mutations dans les zones recolonisées (signal d’expansion)[37].
59
+
60
+ De nombreux épisodes de déforestation ont marqué l'histoire de la terre, notamment la disparition carbonifère des forêts humides (en), ou la révolution néolithique qui voit les hommes se servir des zones de faible couverture forestière (landes, pelouses, bois clairs, garrigues et maquis) pour étendre les clairières et les prairies, pratiquant pendant plusieurs millénaires, de multiples défrichements par brûlis, de mises en culture ou en pacage[38]. Si la surface totale des forêts tropicales mondiales n'est guère modifiée jusqu'au début du XXe siècle[39], celle des forêts tempérées a été considérablement réduite par les grands défrichements qui s'accélèrent à partir du Moyen Âge, notamment en Europe où la forêt caducifoliée a diminué en surface de manière continue jusqu'au XIXe siècle, et ses différentes caractéristiques — composition en essences, structure, sol — en ont été également grandement modifiées[40]. Dans les régions tempérées chaudes du pourtour méditerranéen où se diffusent la culture des céréales et l'élevage, en provenance du Moyen-Orient, les forêts massivement converties en terre agricole ou dégradées par l'utilisation pastorale, sont réduites en quelques millénaires à la formation de garrigues et de maquis[41].
61
+
62
+ Les grandes découvertes qui s'étendent du début du XVe siècle jusqu'au début du XVIIe siècle, puis l'âge de la voile (généralement daté entre 1571 et 1862) qui voit l'essor du commerce maritime international et de la guerre navale, mettent le bois au cœur du développement économique de plusieurs puissances maritimes. Ces puissances mettent en place des politiques sylvicoles visant à améliorer la gestion et l'aménagement des forêts pour juguler les pénuries de bois[42]. Au cours du XIXe siècle, la révolution industrielle libère les espaces sylvestres de la pression humaine avec le début de l'exode rural et le remplacement du charbon de bois par le charbon de terre et l'hydro-électricité pour la fourniture d'énergie, permettant à la forêt de s'étendre à nouveau dans toute l'Europe[43]. Le mouvement en faveur de la protection des forêts (en) prend de l'ampleur dans les dernières décennies du XIXe siècle. La gestion durable des forêts est progressivement reconnue à partir des années 1990 dans un contexte de surexploitation des ressources naturelles des forêts d'Amazonie, de l'Afrique équatoriale et de la zone Malaisie/Indonésie en Asie[44].
63
+
64
+ De sa lisière (ourlet forestier) à la forêt intérieure, et selon le contexte géo-morpho-écopaysager, un massif boisé est caractérisée par une grande diversité en habitats, en niches écologiques, et surtout par une structuration en hauteur (atteignant plusieurs dizaines de mètres, de la sphère racinaire à la canopée) plus complexe que dans les autres écosystèmes terrestres.
65
+
66
+ Cette diversité évolue dans le temps et l'espace, au gré de perturbations (naturelles ou anthropiques) selon un pattern et des structures récurrentes, correspondant à un cycle théorique dit « cycle sylvogénétique » (illustré ci-contre, à gauche) :
67
+
68
+ Il est courant de distinguer la forêt primaire (forêt naturelle) de la forêt secondaire ou forêt plantée (forêt entièrement ou fortement façonnée par l'homme). La première est considérée comme n'ayant pas fait l'objet d'intervention humaine y ayant laissé des séquelles importantes ou observables, elle correspond à la végétation naturelle potentielle ; la dernière étant modifiée à la suite du travail des forestiers ou sylviculteurs. Moins de 10 % de la planète est encore couverte de forêts primaires. Ces forêts sont en forte régression, en raison des coupes faites pour l'élevage ou les cultures destinées à nourrir les animaux d'élevages et/ou pour gagner des terres agricoles ou pour l'exploitation commerciale du bois.
69
+
70
+ Dans le monde, la forêt - au sens le plus large - couvrait en 2005 environ 30 % des terres émergées.
71
+
72
+ Selon les définitions retenues, la superficie estimée de la forêt mondiale varie de 2,5 à 6 milliards d'hectares sur la base des chiffres envoyés par les États au début du XXIe siècle[45], l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture estimant la forêt mondiale à presque 4 milliards d'hectares, soit 0,62 ha/habitant. Mais la forêt est mieux préservée sur la ceinture tropicale humide et au nord de la zone tempérée dans l'hémisphère nord. Ailleurs, dans 64 pays abritant un total de 2,0 milliards d'habitants, on compte en 2005 moins de 0,1 hectare de forêt par personne, chiffre qui diminue inéluctablement alors que le taux de population augmente et que la forêt régresse.
73
+
74
+ Sept pays ou territoires ne possèdent plus aucune forêt et dans 57 autres pays, elles ne couvrent plus que moins de 10 % des terres.
75
+
76
+ En Europe occidentale, avant l'intégration des pays d'Europe du Nord, le pays le plus boisé était le Luxembourg, avec 34 % de taux de boisement. C'est l'ancien département des Forêts du temps de l'Empire napoléonien. En Lettonie elle couvre 52 % du territoire national[46]. La forêt européenne tend à se reconstituer, mais parfois de façon très artificielle. Elle couvrait au début du XXIe siècle près de 40 % de la superficie européenne, générant près de 3,5 millions d'emplois directs ou indirects selon la filière bois. un Institut forestier européen (EFI, basé en Finlande) impliquant près de 120 organismes dans 37 pays européens, vise à durablement renforcer la filière bois, les politiques forestières et la recherche. L'Union européenne a engagé un Plan d´Action pour l´Application des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux (FLEGT ; Forest Law Enforcement, Governance and Trade), et une Conférence ministérielle[47] sur la Protection des Forêts en Europe (MCPFE) est prévue à Oslo en 2011.
77
+
78
+ Les forêts naturelles sont comme toutes les formations végétales conditionnées par un certain nombre de facteurs : la latitude, l'altitude, la nature du sol, le climat[48], les habitats forestiers[49] et « espèces typiques » qu'elles abritent, l'action des animaux, etc.
79
+
80
+ La latitude influence fortement la biodiversité dans les forêts. Celle-ci augmente d'autant plus que l'on s'éloigne des pôles et que l'on se rapproche de l'équateur.
81
+
82
+ Selon les latitudes on distingue :
83
+
84
+ Dans beaucoup de pays, où l'Homme est implanté depuis des siècles, voire des millénaires, la forêt a perdu son caractère « naturel » à proprement parler.
85
+ Les faciès actuels des forêts du Nord-ouest de l'Europe, par exemple, résultent en grande partie de l'influence de l'homme sur le plan :
86
+
87
+ Grâce aux approches phytosociologiques et écologiques, aux forêts modèles canadiennes, des outils d'évaluation qualitative se constituent depuis la fin du XXe siècle. Ils varient selon le contexte géographique ou social (ville, campagne, milieux plus naturels…). Ils permettent de mieux prendre en compte la taille, la qualité et l'intégrité des habitats forestiers dans les plans de gestion, les écolabels forestiers, et parfois dans les lois (directive Habitats en Europe par exemple).
88
+
89
+ Les critères retenus sont par exemple :
90
+
91
+ Ils ont beaucoup varié selon les époques et les pays, et varient dans un même pays à la même époque (La forêt peut être communautaire, royale, publique, privée, régionale, communale, etc.).
92
+
93
+ Il existe de nombreux classements des forêts correspondant à des statuts juridiques différents, avec par exemple pour la forêt française : la Forêt domaniale, la Forêt communale, la Forêt privée, la Forêt de protection ou encore la Réserve biologique domaniale (RBD ; intégrale ou non)
94
+
95
+ En Allemagne, ce sont :
96
+
97
+ Aux États-Unis, on différencie le « Timberland » (2/3 de la surface totale enforestée) ouvert à l'exploitation, et le 1/3 restant de la forêt qui en est préservée, jouant le rôle de « tiers sauvage » (Wilderness), dont la vocation de puits de carbone pourrait prendre de l'importance[55].
98
+
99
+ Au Canada, le classement des forêts se fait grâce à la nature de l'écosystème forestier déterminé par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune qui protègent différents milieux forestiers. Ces territoires sont protégés en vertu de la loi sur les forêts[56]. Il y a 3 types d'écosystèmes forestiers exceptionnels: Les forêts anciennes (77 sites, 191 km2)[57], les forêts rares (30 sites, 26 km2)[58] et les forêts refuges (16 sites, 13 km2)[59].
100
+
101
+ La forêt remplit trois fonctions essentielles : écologique, économique et sociale.
102
+
103
+ « Partout où les arbres ont disparu, l’homme a été puni de son imprévoyance »
104
+
105
+ — François-René de Chateaubriand, Œuvres complètes[60]
106
+
107
+ Une métaphore qualifie souvent la forêt de « poumon de la planète ». En dépit des fonctions nombreuses et essentielle voire « vitales » qu'elle remplit, la forêt ne peut être directement comparée à un poumon. Le poumon ne produit pas d'oxygène et c'est le plancton qui produit l'essentiel de l'oxygène planétaire disponible dans l'air et solubilisé dans l'eau[63]. Néanmoins, les forêts peuvent jouer le rôle de puits de carbone — et donc de producteur d'oxygène — pendant leurs phases de croissance. Lorsqu’elles atteignent l'équilibre, c.à.d. que leur biomasse est stabilisée, le bilan de photosynthèse-respiration pour ces écosystèmes climaciques est alors nul du point de vue de l'oxygène[64]. Néanmoins, la forêt a des fonctions essentielles micro et macro-climatique et pour la qualité de l'atmosphère, sur le plan de l'équilibre thermo-hygrométrique et de la pureté de l'air notamment. D'un certain point de vue, un peu à la manière du poumon, mais à une autre échelle, elle est une sorte d'écotone complexe et fonctionnel entre l'atmosphère et le sol, lié au cycle du carbone notamment, mais aussi à tous les cycles biogéochimiques importants.
108
+
109
+ Le bilan en carbone d'un écosystème est difficile à estimer.
110
+
111
+ Un « point de basculement » dans le système climatique va être atteint beaucoup plus tôt que prévu. De puits de carbone, les forêts tropicales vont devenir des sources de carbone dès le milieu des années 2030[65].
112
+
113
+ Le bois compte pour une part importante du PIB d'une dizaine de pays tropicaux ou nordiques. L’emploi forestier (hors industrie de transformation et emplois informels) payait encore près de 10 millions de personnes en 2005[70], 400000 dans la filière bois 2010 en France[71] mais ;
114
+
115
+ Selon la FAO les PFNL sont « des produits d'origine biologique, autres que le bois, dérivés des forêts, d'autres terres boisées et d'arbres hors forêts ».
116
+
117
+ Les PFNL peuvent être récoltés dans la nature ou produits dans des plantations forestières ou des périmètres d'agroforesterie, ou par des arbres hors forêt.
118
+
119
+ Les PFNL comprennent des produits utilisés comme nourriture et additif alimentaire (noix comestibles, champignons, fruits, herbes, épices et condiments, plantes aromatiques, viande de gibier), des fibres (utilisées dans la construction, les meubles, l'habillement ou les ustensiles), des résines, gommes et produits végétaux et animaux utilisés dans des buts médicinaux, cosmétiques ou culturels[79].
120
+
121
+ Voici quelques exemples de PFNL :
122
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123
+ Les forêts sont des lieux privilégiés de loisirs, de détente, de tourisme, de découverte de la faune et de la flore et des paysages[80]. Chaque année, les forêts françaises reçoivent des centaines de millions de visites. La forêt rend de nombreux services à la société, de nature écologique et sociale. Elle est, par exemple à la fois un lieu sûr d'aménités et de détente, et un lieu de protection des espèces. Ces fonctions nécessitent un entretien des chemins par les forestiers (ouverture, sécurisation, nettoyage…). Bien que considérée comme un bien commun pour une partie de ses fonctions, toute forêt a un propriétaire (privé ou public). Quand on se promène en forêt, on se promène donc chez quelqu'un ! Le promeneur doit en tenir compte et respecter ces lieux. L'accueil du public est la règle en forêt publique et souvent en forêt privée (Près de neuf propriétaires français sur dix laissent l'accès libre à leurs bois[81]).
124
+
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+ Il y a 8 000 ans environ qu'avec l'aide du feu, nos ancêtres ont commencé à déforester l’hémisphère nord (en commençant par la Chine) pourtant la forêt est restée présente dans de nombreux contes, mythes et légendes[82], dans presque toutes les civilisations.
126
+
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+ La valeur spirituelle et culturelle de la forêt réelle ou mythique n’est pas contestée. Le nom de Brocéliande en évoque encore les druides et la magie. Nemeton était le mot celte qui signifiait à la fois sanctuaire, et forêt. Bien après qu'on eut oublié la forêt de Dodone des Grecs, on continue de comparer les piliers des cathédrales gothiques aux troncs d'une forêt dont les branches seraient les arcs qui soutiennent la voûte. Au siècle dernier, de nombreux bûcherons allemands murmuraient une petite prière d'excuse à l'arbre qu'ils allaient couper. En Inde, les sannyâsa se retirent et se recueillent en forêt, comme le faisaient certains ermites européens. En Chine, les sommets boisés abritaient presque toujours un temple. Au Japon, la forêt que reflètent ou symbolisent en miniature certains jardins est sacrée, comme l'indique le Torii qui marque parfois son entrée, comme celle d'un temple. L'arbre de vie est omniprésent dans les mythes fondateurs des pays forestiers, mais aussi des pays déforestés, avec un arbre de la connaissance à connotation ambiguë dans la bible.
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+
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+ La forêt est souvent symboliquement interprétée comme reliant ciel et terre, par les branches, les troncs et ses racines.
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+ La forêt est aussi le domaine de l'Homme sauvage, présent dans de nombreux mythes d'Europe de l'Ouest ou d'Asie ; l'Homme sauvage qui est comme l'arbre présent dans l'héraldique européenne[83].
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+
133
+ La forêt fait également peur ; lieu de Nature où l'on se perd, lieu où l'on perd les enfants, où l’on rencontre le loup, où des dieux, les esprits et les animaux sauvages vivent, où la nuit se fait plus noire, dernier refuge des loups et des ours pourchassés. C'est le lieu où les hors-la-loi, bons (Robin des Bois) ou méchants, se cachaient, bien que les forêts soient parfois exclusivement réservées aux chasses royales.
134
+
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+ En Europe, à partir du siècle des Lumières et du modèle royal français, on s'est employé à les humaniser, à les nommer et à les fragmenter pour mieux les maîtriser en les quadrillant d'allées et de layons, puis on les a plantées et « rationnellement » gérées.
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+
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+ C'est localement un lieu de mémoire avec les forêts royales, la forêt de guerre.
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+
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+ C'est enfin et surtout le lieu de vie des peuples de la forêt, amérindiens, africains, et d'Asie du Sud-Est notamment, là où ils ont survécu. Lieu séculaire de l'initiation, refuge des esprits, lieu de vie et d'aventure pour de nombreux peuples… lieu aménitaire de détente et de découverte de la nature pour d'autres, la forêt est reconnue pour toutes ces fonctions par certaines lois nationales et par l'écosociolabel FSC.
140
+
141
+ La plupart des populations et des élus se disent très attachés à l'idée de protection d'arbres remarquables, de la forêt et/ou de forêt qui protège, pour des raisons bien plus larges que pour les services qu'elle rend comme espace de détente et de loisirs ou comme lieu de cueillette familiale de fleurs, de fruits et champignons.
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+
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+ Partout dans le monde, des fragments de biodiversité ont été protégés dans des « bois sacrés » qui ont échappé aux coupes et on repère ou classe des arbres parce que vénérables et remarquables ou pour leur intérêt paysager ou écologique ou de protection. Il devient délicat de gérer les forêts uniquement pour la coupe du bois. Pour les artistes et les touristes, comme pour les scientifiques et les industriels, elles recèlent des trésors qu'il convient de léguer aux générations futures et sont un gage d'adaptation et de résilience face au réchauffement climatique.
144
+
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+ Un quart de la France vit à l'ombre des arbres. Certains sont millénaires et ont connu la Gaule chevelue, les cultes anciens. Citadins et ruraux souhaitent la conservation d'un nombre significatif de vieux arbres. La première réserve de la forêt de Fontainebleau (552 ha de « réserve artistique ») a été demandée par des artistes, et non par des forestiers[réf. nécessaire].
146
+
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+ Pour certains collectifs et associations (telles que Prosilva, le Réseau pour les Alternatives Forestières – RAF, le collectif SOS Forêts France…) la forêt est désormais à réexaminer en tant que « bien commun », c’est-à-dire qu’il conviendrait de dépasser le seul droit de propriété pour aller vers le droit d’usage apporté par les services écosystémiques fournis par la forêt à tout un chacun. Chaque parcelle, chaque forêt représente un enjeu important pour les sociétés humaines, car jouant un rôle primordial dans la qualité de l’eau et de l'air, dans le stockage de CO2... Il devient alors essentiel de redonner à la forêt son statut de bien commun, volontairement effacé par le politique au service des lobbies financiers. Pour ces associations environnementales, la tendance actuelle, qui ne conçoit la forêt qu’en termes de peuplements d’arbres constitutifs d’une ressource à extraire, allant jusqu’à oublier les autres composantes de l’écosystème forestier, est à arrêter impérativement. La forêt est, selon cette analyse, un bien commun à défendre[84].
148
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+ Plus de 500 millions d’humains vivent en forêt ou à ses abords et en dépendent directement. Même quand elle n'est plus habitée, elle reste un lieu traditionnel de cueillette et de chasse (aux grands animaux surtout, qui ont disparu ou régressé dans les plaines cultivées et habitées). Pour environ 150 millions d'autochtones appartenant à des centaines de tribus et peuples autochtones, la biodiversité de la forêt est encore la source vitale d'eau, de matériaux, de plantes, fruits, animaux et champignons comestibles ou utiles (médicaments, ornements..). La « viande de brousse » reste localement la première source de protéine dans de nombreux pays tropicaux, bien qu'elle soit menacée par l'augmentation de la pression de chasse, des armes de plus en plus performantes, et des moyens de transports tels que le quad.
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+ Dans les pays riches et tempérés, la chasse reste également importante, les revenus cynégétiques approchent ou dépassent souvent 50 % du revenu forestier global dans des pays tels que la France.
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+ La chasse est un revenu complémentaire considérable du forestier qui atteint, par exemple, souvent 50 % des revenus des grandes forêts publiques de France où en 2006, les baux de chasse ont rapporté 41,1 millions d'€ à l'ONF (soit 2,4 millions de plus que l'année précédente), alors que le bois a rapporté 199,6 millions d'€ (soit 15 % de plus qu'en 2005)[85].
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+ Mais le « grand gibier » quand il est trop abondant, notamment à la suite d'un agrainage important et à la disparition de ses prédateurs naturels, peut provoquer des dégâts assez importants pour freiner ou bloquer la régénération forestière.
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+ Une vraie gestion cynégétique demanderait aussi de prendre en compte les problèmes sanitaires (peste porcine, CWD, maladies véhiculées par les tiques, apparition du SIDA ou de virus hémorragiques, type Ebola, etc.), notamment en l'absence de prédateurs.
158
+
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+ Plus localement, des problèmes nouveaux sont posés avec la contamination du gibier (sanglier notamment) par des toxiques issus de séquelles de guerre ou retombés avec les pluies qui ont lessivé le nuage de Tchernobyl.
160
+ Les forêts tropicales produisent l'essentiel de la viande de brousse, avec des pressions de chasses qui ont raréfié ou fait disparaître le gibier sur de vastes zones.
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+
162
+ La question de la pollution par le plomb de chasse, liée à la toxicité des munitions (grenaille et balles) s'y pose moins que dans les zones humides, mais elle semble pouvoir avoir été sous-estimée.
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164
+ Très tôt, certains arbres ont été réputés assainir l'air (sapin, épicéa, pin sylvestre, eucalyptus plantés autour des hôpitaux et des lieux de cure), ou au contraire, plus rarement le corrompre (ne pas dormir sous un noyer). La marche en forêt était recommandée, et des parcours-santé y sont encore fréquemment installés, de même que dans les parcs urbains boisés.
165
+
166
+ Les forêts jouent un rôle majeur en matière d'épuration physique et physicochimique, et probablement biologique de l'air et de l'eau. Les produits de la forêt et toutes les parties des arbres ont été utilisés pour produire des médicaments et de nombreuses médecines traditionnelles. Une sylvothérapie et des cures sylvatiques ont été développées dans certains pays au XIXe et début du XXe siècle pour faire profiter certains malades (tuberculeux notamment) de l'air forestier enrichi en oxygène (trois fois plus d'oxygène produit par la forêt tempérée qu'en prairie[86]), en Ozone (notamment en bord de mer et dans les forêts de résineux) et en phytoncides (molécules réputées bactéricides et fongicides, dont terpènes) et de la pureté de l'air. On a récemment montré que l'activité biochimique est beaucoup plus développée dans la canopée que dans la strate herbacée.
167
+
168
+ Après Louis Pasteur, diverses mesures citées par G. Plaisance ont comparé différents airs et montré que l'air forestier contenait moins de microbes que l'air urbain (50 microbes par m³ d'air, contre 1 000 dans le parc Montsouris de paris, 88 000 sur les Champs-Élysées, 575 000 sur les grands boulevards et 4 000 000 dans les grands magasins à Paris selon Georges Plaissance[87])
169
+
170
+ Les forêts cinéraires, ou lieu du dernier repos en forêt (voir Cimetière naturel), existent depuis très longtemps en Allemagne[88]. En France, en Haute-Garonne, la première forêt cinéraire est ouverte[89].
171
+
172
+ Le forestier craint surtout le feu et des insectes ravageurs tels la chenille processionnaire du pin, celle du chêne, certains xylophages, des bactéries ou des champignons (ex : graphiose de l'orme, maladie de l'encre du châtaignier). Les attaques qui prennent l'apparence d'épidémies et de pullulations suivent généralement un affaiblissement des arbres dû à des évènements de type sécheresse, tempête, pollution, drainage, fragmentation, etc. Les arbres stressés par une sécheresse sont ensuite beaucoup plus vulnérables au froid (jusqu'à une dizaine d'années après)[90].
173
+
174
+ Il semble que dans les milieux extrêmes (polaires, subsahariens), les pullulations fassent partie de cycles naturels et régulateurs, dans des forêts dont le nombre d'essences est réduit, et plus exposées aux chocs climatiques.
175
+
176
+ La biodiversité forestière peut aussi être menacée par des essences introduites qui peuvent devenir invasive ou poser des problèmes de pollution génétique et/ou d'allélopathie.
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+ Dans l'hémisphère nord, des mammifères rongeurs (ex : mulots, campagnol des champs), les lapins et des espèces-gibier (cerfs, daims, chevreuils, wapitis, etc.) sont localement considérés comme "nuisibles" par les forestiers parce qu'ils broutent les jeunes pousses et rongent les écorces. En forêt méditerranéenne, les moutons et surtout les chèvres sont des ennemis redoutables des arbres.
179
+
180
+ Ainsi, la diversité génétique est au centre des préoccupations actuelles sur l’avenir des forêts menacées par ces ennemis. On prévoit notamment, pour les espèces qui les composent, des pressions de sélection d’une ampleur et d’une rapidité inédites, en liaison avec les changements climatiques[91].
181
+
182
+ Chiffres : Selon les chiffres fournis par les états à la FAO ; en 2000-2005, en moyenne, 104 millions d'hectares de forêts ont été annuellement ravagés par des incendies, des insectes et maladies, des sécheresses, tempêtes, grands froids ou inondations. Ce chiffre est sous-estimé car certains pays (africains notamment) n’ont pas réunis ou fourni de statistiques, alors que l’imagerie satellitaire montre d’importants dégâts par le feu en Afrique.
183
+
184
+ D'un point de vue historique, l'Homme a eu une relation ambiguë à la forêt et notamment à la forêt primaire, parfois protecteur ou n'y développant pas d'impact visible durant des millénaires (en forêt équatoriale, hormis sur certaines îles), et souvent destructeur en zone tempérée européenne, asiatique et au Moyen-Orient ou en Australie, depuis plusieurs milliers d'années.
185
+
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+ Les périodes de sécheresse, comme 1976, ou de forte canicule (2003) peuvent provoquer le dessèchement des feuilles qui tombent alors prématurément. On peut constater aussi des brûlures de l'écorce exposée au soleil (hêtres).
187
+
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+ Les effets peuvent se faire sentir des années après. La sécheresse aggrave le plus souvent les effets d'autres agents, tels les incendies ou les insectes ravageurs. Ainsi, en 1976, les incendies accentués par la sécheresse brûlèrent plus de 800 km2 en France.
189
+
190
+ En période hivernale, le gel n'est généralement pas à redouter, sauf les cas extrêmes, comme en 1956 en France ou en 1985, lorsque 30 000 pins maritimes landais gelèrent. Les gelées tardives, sont, elles, nuisibles pour les jeunes plants. La neige peut être dangereuse dans certaines conditions, lorsqu'elle forme des manchons autour des branches, qui finissent par casser sous le poids accumulé.
191
+
192
+ Les tempêtes, comme celle de décembre 1999 en Europe de l'Ouest, provoquent le déracinement et l'abattage des arbres, qui forment les « chablis » ou leur cassure par le milieu du tronc, laissant en place les « chandeliers » et au sol les « volis ». En France, la tempête de 1999 a ainsi abattu 146 millions de m³ de bois.
193
+
194
+ La déforestation résulte d'une surexploitation de la ressource forestière et/ou d'une destruction des forêts (défrichements) par l'homme telles aboutissant à un changement de l'occupation du sol (forêt remplacée par des milieux agricoles ou des pâturages, l'urbanisation, les voies de transport, voire un désert…).
195
+
196
+ Les grands défrichements sont très anciens en Europe méditerranéenne et occidentale, au Moyen-Orient et en Chine, où ils datent du Néolithique et du Moyen Âge (la seconde phase de grands défrichements en Europe de l'Ouest se déroule au milieu du Moyen Âge). Ils se poursuivent à moindre échelle pour faire place à certains équipements, autoroutes, à l'urbanisation, aux réservoirs hydro-électriques, aux aménagements pour les sports d'hiver, etc. De nos jours, en Europe comme en Chine, et dans une moindre mesure en Amérique du Nord, on assiste globalement à une phase de reboisement. Ce reboisement a commencé au XIXe siècle en Europe sur les terres peu productives, et se poursuit de nos jours avec la déprise agricole dans les zones peu propices à l'agriculture mécanisée, en particulier dans les régions montagneuses.
197
+
198
+ À l'heure actuelle, ce sont surtout les forêts tropicales qui souffrent de la déforestation, soit pour des raisons de développement économique, comme en Asie du sud-est et en Amazonie, soit par surexploitation des ressources en bois tropicaux, comme en Afrique. La déforestation entraîne la destruction des habitats naturels de nombreuses espèces endémiques et contribue pour une grande part à l'extinction des espèces sur la planète, en particulier dans les régions tropicales où la biodiversité est beaucoup plus riche que dans les régions tempérées.
199
+
200
+ En 2006, bien qu’il n’y ait toujours pas de convention internationale sur la Forêt (le principal échec de Rio, avec abandon de la convention au profit d'une simple déclaration[93]), plus de 100 pays avaient institué un programme forestier national, incluant généralement un volet protection (bien que les programmes portent encore essentiellement sur le développement de l’exploitation du bois) et parfois un volet sur l'état de conservation[94] (ou restauration) des sols, de l’eau, de la diversité biologique et d’autres richesses et services environnementaux.
201
+
202
+ La sylviculture durable vise à récolter le bois de forêts sans entraîner la déforestation. Ces programmes quand ils existent sont parfois peu respectés dans les pays très pauvres ou ceux subissant des troubles civils.
203
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204
+ Il resterait en 2006 environ 4 milliards d’hectares plus ou moins boisés sur la planète, soit environ 30 % des superficies émergées. De 1990 à 2005, 3 % de la forêt a disparu, (- 0,2 % par an) selon la FAO.
205
+
206
+ De 2000 à 2005, 57 pays ont signalé un accroissement de leur taux de boisement (mais s’agit souvent de plantations industrielles (eucalyptus, peupliers, résineux, palmiers à huile) de peu d’intérêt pour la biodiversité). 83 pays ont reconnu que leur forêt reculait. La perte nette serait de 7,3 millions d’ha/an (soit 20 000 hectares/jour).
207
+
208
+ Les 10 pays les plus riches en forêts représentent à eux seuls 80 % des forêts primaires de la terre, dont l’Indonésie, le Mexique, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Brésil. Ce sont aussi ceux qui ont subi la déforestation la plus intense et rapide de 2000 à 2005, en dépit de plantations de forêts secondaires commerciales.
209
+
210
+ L'Asie de l'Est qui avait perdu la plupart de ses forêts a enregistré le principal accroissement à la suite des centaines de millions d’arbres plantés en Chine (mais ce sont de jeunes boisements et non des forêts au sens écologique du terme) et ces accroissements ne compensent pas les taux élevés de déforestation d’autres zones. Globalement la déforestation s’est encore accélérée en Asie du Sud-Est de 2000 à 2005 et plus encore en Afrique et en Amérique latine/Caraïbes ; l’Afrique représente encore 16 % de la superficie boisée totale, mais elle a perdu plus de 9 % de ses forêts de 1990 à 2005, pendant que la Chine, l'Europe et l'Amérique du Nord pouvaient accroître leurs superficies forestières dans le même temps. New Scientist a publié une étude sur les 50 pays les plus boisés : 22 présentaient en 2006 une nette reforestation. La situation au Brésil et en Indonésie est préoccupante, tandis que la Chine crée la surprise : depuis 2002, on y a replanté une surface équivalente à celle de la Californie.
211
+
212
+ La déforestation est aussi une cause d'apparition et de diffusion de maladies émergentes.
213
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214
+ Les polluants liés à l'activité humaine sont nombreux : anhydride sulfureux qui provoque les fameuses « pluies acides » auxquelles fut attribué le dépérissement des forêts constaté en Europe dans les années 1970-80, mais qui devait beaucoup aussi à la sécheresse et aux pesticides véhiculés par l'air et/ou solubilisés par les pluies, les oxydes d'azote, l'acide fluorhydrique, émis localement par certaines industries notamment dans certaines vallées alpines, les particules émises par la combustion du charbon et des carburants pétroliers, l'ozone… avec aussi en montagne et dans les zones froides le sel de déneigement. Par ailleurs, les mousses et les lichens piègent très efficacement les particules de l'air, dont ils se nourrissent. Par ce biais, ils fixent aussi les métaux lourds de plus en plus présents dans l'air, ainsi que d'autres polluants (au point d'en mourir parfois, ce qui en fait, selon la sensibilité de espèces de bons bio-indicateurs). Les champignons qui font la richesse du sol forestier se montrent également capable de bioconcentrer de nombreux polluants (métaux lourds dont plomb, cadmium et mercure, mais aussi radionucléides, qui peuvent ensuite être concentrés par la chaîne alimentaire).
215
+
216
+ La forêt a de tous temps également été un lieu privilégié pour la chasse ; les munitions au plomb (grenaille et balles) y ont été dispersées par de milliers de tonnes chaque année, souvent tirées aux mêmes endroits ; près des points d'eau, des berges de fleuves, sur les lieux d'agrainage, sur les layons ou cloisonnements ou à partir de postes de tir aménagés. Les sols forestiers sont souvent naturellement légèrement acides à très acides en zones tropicale ou boréales, ce qui facilite la dispersion et biodisponibilité de ce plomb enrichi d'arsenic et d'antimoine, ainsi que du mercure qui a longtemps été utilisé par les amorces.
217
+
218
+ Dans certains pays, des boues de station d'épuration sont régulièrement dispersées en forêts, parfois sous forme de pulvérisation, ce qui peut contribuer à la dispersion de certains contaminants.
219
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220
+ Avec les premières expérimentations d'arbres OGM (peupliers essentiellement, testés par exemple en France et au Canada en milieu non-confinés), certains craignent une pollution génétique en cas de transmission du gène, ou un impact sur la faune et le sol forestier via la toxine BT émise par ces arbres.
221
+
222
+ De tous temps, les forêts ont été stratégiques du point de vue militaire. Elles ont servi de réserve de bois de marine et charpente, mais surtout d'abri ou de cible à toutes les armées, maquis et résistances, des millions de réfugiés s'y protégeant encore aujourd'hui dans les pays en conflits. Parfois on les a pillées ou détruites dans le cadre de la stratégie de la « terre brûlée ». Au Viêt Nam et Laos, le défoliant, le Napalm et les munitions à sous-munitions ont laissé des traces encore persistantes (dioxines, métaux lourds, sols dégradés, mines actives, etc.). Le bois mitraillé des forêts françaises a perdu de sa valeur technique et financière, mais il peut aussi avoir été pollué par le plomb ou d'autres métaux lourds.
223
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224
+ Au XXe siècle, notamment en France dans la zone rouge, de vastes forêts dite « de guerre » ont été artificiellement plantées sur des sites agricoles rendus incultivables par les séquelles de guerre et localement en Allemagne ou en France sur des sites gravement pollués par des accidents liés à la production d'usines d'armement ou d'usine produisant en amont les toxiques chimiques ou les métaux utilisés dans les munitions (plomb, cadmium, zinc, cuivre, mercure, etc.). Des forêts comme celle de Verdun contiennent encore des quantités considérables de munitions non explosées, dont certaines chimiques (chargées de « gaz de combats »).
225
+
226
+ Ils sont le plus souvent allumés par l'homme, volontairement (pyromanes, bergers…) ou involontairement (négligence). Le fire-stick farming, souvent employé par les aborigènes australien, a profondément[95] modifié la faune et flore d'Australie. Cette pratique consistait à brûler de vastes terres pour faciliter la chasse a entraîné la disparition de sa mégafaune… Malgré des moyens de surveillance et de lutte de plus en plus performant, leur nombre et leur gravité ne cesse de croître en zone tropicale (Indonésie, Brésil..) mais aussi en Europe et en Amérique du Nord ou Australie.
227
+ Prenant des proportions catastrophiques dans certaines régions (notamment autour de la Méditerranée), ils conduisent à la mise en place de moyens de lutte très importants, dont l'efficacité est variable. Toutes les essences forestières sont combustibles, mais certaines riches en produits volatils favorisent la combustion et l'extension de l'incendie, d'autres résistent mieux (grâce à des phénomènes de protection comme la création de liège), ou se régénèrent plus vite.
228
+
229
+ Il est difficile de tirer un bilan de l'action de l'homme sur les forêts : il ne se résume pas à des actions néfastes, car si les États n'ont pas enrayé la déforestation ni pu s'accorder pour rédiger et signer une convention internationale pour la protection des forêts à Rio en 1992 ou à Johannesburg en 2003, de nombreux programmes locaux d'études et de restauration de forêts existent dans le monde, dont les forêts modèles canadiennes.
230
+
231
+ En Europe de l'Ouest, la forme et la superficie des forêts européennes contemporaines résultent essentiellement de l'action de l'homme, et il est couramment admis chez les forestiers qu'elles sont gérées de manière durable. Contrairement à une idée répandue, la surface de la forêt française, après avoir fortement diminué jusqu'à la fin du Moyen Âge a réaugmenté, y compris depuis les années 1900 (d'environ + 30 %), mais souvent grâce à des plantations commerciales de résineux et peupliers, moins riches au niveau de la biodiversité et avec un recul des zones humides. Le gain en superficie n'a pas freiné ou compensé le recul des oiseaux, insectes, lichens et fleurs typiquement forestières, ni le recul massif du bocage et des arbres épars depuis les années 1950. Les arbres tendent par ailleurs à être exploités de plus en plus jeunes et les plantations sont génétiquement peu variées. Hormis localement, à la suite des tempêtes, le gros bois mort reste trop rare pour permettre la survie de nombreuses espèces d'invertébrés saproxylophages.
232
+
233
+ Selon les époques, les lois et les lieux, la gestion est communautaire, nationale, régionale, communale ou privée. Elle relève parfois comme en France d'un ministère qui est chargé de l'Agriculture ou comme en Belgique des Régions.
234
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235
+ Une très petite part des forêts non primaires ne sont pas gérées pour la production de bois (ex : réserves naturelles, réserve biologique intégrale, Parcs nationaux, forêts de protection, forêts urbaines, ou font l'objet d'une gestion restauratoire à fin de protection de la ressource en eau ou des sols). L'écologue japonais Akira Miyawaki a été pionnier en matière de Forêt de protection restaurée à partir d'essences locales.
236
+
237
+ Les habitats forestiers comptent parmi les habitats les mieux représentés dans les parcs nationaux, régionaux et les 25 000 sites Natura 2000 (couvrant fin 2009 environ 17 % du territoire européen et constituant le premier réseau d'aires protégées au monde), mais la commission européenne reconnait que Natura 2000 préserve à ce jour surtout des espèces remarquables et pas assez de réseaux de corridors biologiques boisés ni la biodiversité dite ordinaire, dont dépend l'essentiel des services « gratuitement » rendus par les écosystèmes. De 40 % à 70 % des espèces d'oiseaux et de 50 % à 85 % des habitats dans lesquels se déploient la faune et la flore européennes se trouvent ainsi dans « une situation de conservation critique »[96]. Diverses espèces forestières, invertébrés du bois-mort notamment sont en péril, et font localement l'objet de plans de restauration ou de réintroduction (dont dans le cadre du Grenelle de l'environnement en France).
238
+
239
+ Les forêts primaires continuent à reculer, et à Rio, comme à Johannesburg ou à Nagoya, les élus et États présents n'ont pas réussi à valider le projet d'une Convention mondiale pour la forêt, qui n'est restée qu'une déclaration d'intention, dont la valeur morale et la portée juridique sont bien plus faibles que celles des conventions sur la biodiversité ou sur le climat (deux thèmes d'ailleurs liés à la Forêt qui héberge un grand nombre d'espèces et de gènes et qui est un puits de carbone majeur).
240
+
241
+ À l'initiative de l'ONU, 2011 a été l'année mondiale de la forêt.
242
+
243
+ L'Europe qui dispose en 2010 d'environ 176 millions d'hectares dans (42 % du territoire de l'UE, sans compter l'Outre-mer) a publié en 2010 un « livre vert sur la protection des forêts »[97], qui présente les systèmes d'information existants sur les forêts et les instruments disponibles pour leur protection des forêts (dont face au dérèglement climatique, et pose des questions pour des solutions stratégiques futures. Sur cette base, l'Union européenne, devrait revoir sa stratégie pour une gestion forestière plus intégrée, mais en laissant subsidiairement les états libres de leurs actions. Le Conseil de l'Europe a en 2010 lancé un débat et une consultation[98] sur l’impact prévisible du changement climatique sur les forêts européennes et le rôle que l’UE devrait tenir pour les protéger
244
+
245
+ En France, de nombreuses ONG s'inquiètent d'une volonté administrative et privée d’accroître la pression d'exploitation et la mécanisation des récoltes, ainsi que la fragmentation forestière par les routes et pistes[réf. nécessaire].
246
+
247
+ Le suivi satellital et aérien des forêts tropicales montre d'importantes régressions dans de nombreux pays (surtout en Amazonie et en Indonésie). Dans les pays riches, les surfaces augmentent souvent légèrement, mais la santé des forêts s'est localement dégradée. Les forêts sont dans ces pays le plus souvent suivies par un réseau de placettes permanentes où les inventaires forestiers sont régulièrement effectués tous les dix ou vingt ans. En France, il existe une direction de la santé des forêts.
248
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+ En Europe, il faut attendre 1986 pour que naisse un premier programme coopératif[99] de suivi des forêts.
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+ Après le constat dans les années 1980 d'une tendance régulière à la dégradation de la santé des forêts en Europe (mortalité, maladies émergentes, défoliation précoce, décoloration…)[100], un projet Life + dit FutMon a été mis en place - avec 38 partenaires (dont l'IFN pour la France), dans 23 États membres, pour mettre à jour l'information sur la forêt européenne (du cercle polaire arctique en Laponie au sud de la Sicile). Le programme est coordonné par l'Institute for World Forestry de Hambourg et disposait de 16 millions d'euros de cofinancement européen. Il visait aussi à repenser et harmoniser le système de surveillance forestière en Europe[101].
252
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253
+ Il s'est fondé sur les résultats du suivi fin de 300 placettes et de 5 500 parcelles à grande échelle. Après plus de deux ans et demi d'analyse des effets du climat, des retombées d'azote (eutrophisation), en ayant étudié le cycle du carbone, la croissance des forêts et les marchés de la bioénergie, ainsi que les opérations de conservation de la biodiversité… les chercheurs ont constaté que si les pluies acides dues aux émissions d'acide sulfurique ont diminué grâce à une convention[102] sur la pollution transfrontière qui a permis une diminution de 70 % des sulfates dans l'air et les pluies), les arbres forestiers doivent dans une partie importante des forêts d'Europe maintenant répondre à une fréquence accrue de canicules et sécheresse (observée de 2000 à 2010 en Europe centrale[101]). Les observations montrent que durant 10 ans (2000-2010), la vitalité des arbres s'est dégradée sur un tiers des parcelles, et est restée stable sur les deux autres tiers des parcelles[101]. Parmi les causes fréquentes, un approvisionnement des sols forestiers asymétrique (excès d'azote par rapport aux autres nutriments fondamentaux) est très répandu, avec des taux d'azote critiques dépassée sur environ 50 % des placettes de suivi. Le lessivage des nitrates vers l'eau du sol, ses impacts sur la flore et la diversité lichénique sont maintenant bien documentés[101].
254
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+ Une tendance régulière à l'augmentation des taux d'ozone troposphérique, et au déclin de la biodiversité préoccupe les experts. Les sécheresses plus fréquentes affectent les espèces plus vulnérables et l'écosystème dans son ensemble[100]. Les canicules comme celle de 2003 peuvent entraîner des déclins de croissance, des taux élevés de mortalité avec des effets (maladies, mortalités, parasitoses) retardés de plusieurs années. Les modifications du cycle de l'eau sont donc considérés comme la plus sérieuse menace pour les forêts du monde entier[100]. « Nous pouvons déjà faire des prédictions assez précises comment le climat va développer en utilisant la modélisation du climat. Cependant, il est largement admis qu'une grande biodiversité dans les forêts sont le meilleur moyen de garantir que les forêts seront capables de s'adapter aux changements actuels et futurs »[100].
256
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+ Le système de surveillance européen va intégrer dès 2011 une surveillance de l'état des houppiers sur environ 4300 parcelles en liaison avec les inventaires forestiers nationaux. Une surveillance intensive concernera 250 parcelles et d'ailleurs état de la couronne et de la croissance des forêts avec suivi couplé météorologique, de la qualité de l'air, des dépositions, de l'état des sols, de la strate herbacée, et la chimie foliaire. Des paramètres supplémentaires sont évaluées via des actions de démonstration (D1 - D3). Un projet de suivi « Les forêts dans l'Union européenne - Fourniture d'informations pertinentes pour les politiques forestières » (ForEU[103]) est prévu.
258
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259
+ On espère que la forêt européenne, si sa santé se stabilise ou s'améliore, contribuera à atténuer le changement climatique et à l'adaptation au changement climatique. Elle absorbe en 2011 environ 10 % des émissions européennes de CO2 et l'augmentation des dépôts d'azote a dopé la croissance des arbres et le piégeage, au moins provisoire du carbone. Cette atténuation du changement climatique pourrait cependant diminuer, à un terme que les modèles de croissance forestière en Europe doivent encore préciser[101]. En 2013, l'Ademe encourage la recherche sur l'atténuation du Changement climatique par l'agriculture et la Forêt[104].
260
+
261
+ Selon le traitement utilisé, et selon les essences, le temps de « révolution », c'est-à-dire le délai écoulé entre le semis et la coupe, est variable mais généralement long, de 60 à 100 ans pour les résineux (le sapin grandis peut être coupé à partir de 40 ans), de 150 ans et plus pour les feuillus (80-100 ans pour le chêne rouge d'Amérique). La sylviculture est une affaire de plusieurs générations ; seule la populiculture (peupliers) avec une durée de révolution d'environ 20 ans se rapproche de l'agriculture.
262
+
263
+ L'homme n'a eu d'impact sur la forêt que depuis qu'il s'est sédentarisé, au Néolithique ; tant qu'il fut un chasseur cueilleur il en a utilisé les ressources végétales ou animales sans la modifier profondément. Il n'en fut pas de même quand il a utilisé le bois pour son habitat pour lequel les prélèvements de troncs furent abondants, sélectifs et répétés. Les connaissances forestières des dix derniers millénaires sont très rares car le végétal ne conserve pas longtemps et les fouilles n'en n'offrent pratiquement jamais : seuls les pollens permettent de tracer les grandes lignes de l'environnement. Les gisements immergés en mer, lac ou rivière les ont gardés en bon état et là encore faut-il employer des méthodes particulières pour en recueillir les restes. Ce fut le cas lors de l'exploitation du site néolithique de Charavines, Isère[105] où cet aspect du passé fut très étudié par la dendrologie, la botanique, la palynologie et la dendrochronologie des troncs et des sédiments. On a pu y suivre les conséquences significatives des coupes sur l'évolution des peuplements, indépendamment des évolutions climatiques, ainsi que la spécificité de l'utilisation des différentes essences pour les diverses parties de l'habitat, pour les ustensiles et les outils en bois. L'importance majeure de la forêt sur la vie des hommes a pu permettre de dire que le Néolithique fut l'âge du Bois [1].
264
+
265
+ Aux temps historiques, la forêt était exploitée pour le bois, le charbon de bois, la cueillette, le pâturage et la chasse. Le bois était généralement débardé à l'aide de chevaux, de bœufs, buffles ou d'éléphants en Asie. En Europe centrale, sur les pentes, il était parfois descendu coupé sur des traîneaux (schlitte). Le plus souvent, ce sont les torrents et cours d'eau qui transportaient les troncs jusqu'aux fleuves en radeaux ou par simple flottage. Autrefois, les troncs étaient coupés par les bûcherons, puis débités par des scieurs de long, avant d'être portés à dos d'homme ou par des chevaux jusqu'aux chemins. Aux époques récentes, ce sont des scieries actionnées par la force de l'eau qui ont permis la coupe de planches dans la forêt ou à proximité, avant que les camions ne transportent les arbres jusqu'à des scieries plus éloignées à partir de la seconde moitié du XXe siècle. De manière générale le nombre de bûcherons et de scieurs n'a cessé de se réduire en raison de la mécanisation.
266
+
267
+ La sylviculture moderne vise à maintenir ou augmenter le potentiel de production d'une forêt, tout en conservant un équilibre sylvo-cynégétique quand le gibier est une ressource économique majeure et que les animaux sont nombreux (en France, il est fréquent que 50 % au moins du revenu d'un propriétaire forestier vienne des produits de la chasse au grand gibier).
268
+
269
+ La régénération forestière, c'est-à-dire la reproduction des arbres se fait selon deux approches :
270
+
271
+ On parle de régénération naturelle quand le forestier sélectionne et conserve des arbres « semenciers » lors des coupes, afin que les graines présentes dans le sol et tombées des semenciers puissent germer et régénérer la forêt. C'est une solution efficace et peu coûteuse lorsque les essences présentes sont bien adaptées au contexte biogéographique et que les herbivores ne sont pas trop nombreux. Pour certaines essences (Chêne par ex), dont les fructification ne sont pas régulières, les délais de régénération peuvent être allongés. Il y a régénération naturelle et continue avec les approches de type Prosilva, promouvant la gestion pied à pied ou en bouquets, sans coupe rase.
272
+
273
+ La régénération artificielle correspond à la situation où des plants proviennent de semis élevés en pépinière, ou de drageonnages extérieurs à la parcelle, à partir de graines ou arbres sélectionnés (provenance certifiée), au risque de perte de résilience et de biodiversité, voire d'introduction de pathogènes non présents dans la forêt. C'est un mode de régénération adapté à la mécanisation de la gestion forestière, qui a été fortement développé au XXe siècle dans les pays du nord, mais aussi en Australie et dans certaines forêts tropicales. Les bénéfices à long terme de cette méthode sont discutés, notamment pour d'éventuelles conséquences sanitaires, paysagères et environnementales sur la forêt.
274
+
275
+ Les animaux contribuent également à la régénération forestière. Les gorilles en sont un exemple. En passant la majorité de leur temps dans les trouées forestières, ils y déposent de nombreuses graines ingérées quelques heures auparavant. L'abondance de lumière dans ces trouées stimule la germination des graines et le développement de jeunes plantes[106].
276
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+ Les méthodes d'exploitation traditionnelles en forêts tempérées sont les suivantes :
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+ Forêt proche de Swalmen aux Pays-bas
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+ Forêt à Fontainebleu en automne
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+ Forêt à Langaa
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+ Dollerbaechlein dans le Nonnenbruch
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+ La Réunion est une île de l'Ouest de l'océan Indien dans l'hémisphère sud ainsi qu'un département d'outre-mer français.
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+ D'une superficie de 2 512 km2, La Réunion est située dans l'archipel des Mascareignes à 172 km à l'ouest-sud-ouest de l'île Maurice et à 679 km à l'est-sud-est de Madagascar. Il s'agit d'une île volcanique créée par un point chaud : culminant à 3 071 m au piton des Neiges, elle présente un relief escarpé travaillé par une érosion très marquée. Le piton de la Fournaise, situé dans le Sud-Est de l'île, est un des volcans les plus actifs du monde. Bénéficiant d'un climat tropical d'alizé maritime et située sur la route des cyclones, La Réunion abrite un endémisme exceptionnel.
6
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7
+ Vraisemblablement repérée dès le Moyen Âge par les Arabes sous le nom de « Dina Morgabin » (l’île couchant)[2], La Réunion n'a été habitée qu'à compter du milieu du XVIIe siècle, soit environ 150 ans après son apparition sur les portulans des navigateurs portugais. Jusqu'alors connue sous le nom d'île Mascarin, elle devient sous celui d'île Bourbon, une escale de la Compagnie française des Indes orientales sur la route des Indes puis, à partir des années 1710, une véritable colonie pratiquant la culture du café. Devenue une société de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi de France dans les années 1760 avant d'être réaffectée à l'industrie de la canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes. Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l'esclavage y est aboli en 1848[3], remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l'engagisme.
8
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9
+ L'île connaît une crise économique rampante à compter des années 1870. Elle devient département français en 1946 (code départemental 974) et est, depuis 2003, la collectivité territoriale d’outre-mer la plus intégrée à la République[réf. nécessaire]. En dépit de son appartenance à la zone euro, son tissu productif reste structurellement fragile et fortement dépendant de la France métropolitaine. On y relève un taux de chômage particulièrement élevé, de l'ordre de 29 %, dont 60 % chez les jeunes[4]. Le premier secteur économique de l'île est aujourd'hui le tourisme. Le PIB est estimé à 14,5 milliards d'euros, le revenu moyen par habitant étant d'environ 18 000 euros par an.
10
+
11
+ D'après le dernier recensement, la population était, en janvier 2017, de 853 659 habitants[5], principalement concentrés sur les côtes où se situent les principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu.
12
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13
+ La démographie locale se caractérise par la jeunesse des habitants et leurs origines variées, à la fois européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, annamites, malaises et chinoises. Cette diversité influence la culture réunionnaise caractérisée notamment par sa langue, le créole réunionnais, sa cuisine ou encore sa musique (séga, maloya…).
14
+
15
+ Au moment de sa prise de possession par la France au XVIIe siècle, l'île est baptisée Bourbon, du nom de la dynastie alors régnante. Pour rompre avec ce nom trop attaché à l'Ancien Régime, la Convention nationale décide le 23 mars 1793[6], de renommer le territoire île de la Réunion. Ce choix pourrait avoir été fait en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens qui a précédé l'insurrection du 10 août 1792 et la marche sur le palais des Tuileries mais aucun document ne le justifie et le sens du mot « réunion » pourrait avoir été purement symbolique[7].
16
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17
+ L'île change de nouveau de nom au XIXe siècle : en 1806, sous le Premier Empire, le général Decaen la baptise île Bonaparte puis, en 1810, elle redevient île Bourbon. Elle redevient définitivement île de la Réunion à la chute de la monarchie de Juillet par un arrêté du gouvernement provisoire du 7 mars 1848[8].
18
+
19
+ Conformément à la graphie originelle et aux règles orthographiques et typographiques classiques[9] « la Réunion » s'écrivait avec une minuscule à l'article mais, au cours de la fin du XXe siècle, la graphie « La Réunion » avec une majuscule s'est développée dans de nombreux écrits pour souligner l'intégration de l'article dans le nom. Cette dernière graphie correspond aux préconisations de la Commission nationale de toponymie[10] et figure notamment dans l'actuelle Constitution de la République française aux articles 72-3 et 73.
20
+
21
+ La Réunion est une île qui se situe dans l'Ouest de l'océan Indien par 21 degrés de latitude sud et 55,5 degrés de longitude est. Elle est située dans l'hémisphère sud, à 684 km à l'est de Madagascar.
22
+
23
+ La Réunion est l'île la plus occidentale de l'archipel des Mascareignes dont font également partie l'île Maurice, à 172 km à l'est-nord-est, et Rodrigues, toutes deux faisant partie de la république de Maurice. Les Mascareignes sont traditionnellement rattachées au continent africain.
24
+
25
+ La Réunion est une île volcanique née il y a quelque trois millions d'années[11] avec l'émergence du volcan du piton des Neiges qui est aujourd'hui, avec une altitude de 3 070,50 m, le sommet le plus élevé des Mascareignes et de l’océan Indien[12]. L'est de l'île est constitué par le piton de la Fournaise, un volcan bien plus récent (500 000 ans) qui est considéré comme l'un des plus actifs de la planète. La partie émergée de l'île ne représente qu’un faible pourcentage (environ 3 %) de la montagne sous-marine qui la forme.
26
+
27
+ En plus du volcanisme, le relief de l'île est rendu très accidenté par une érosion active. Le centre abrite ainsi trois vastes cirques creusés par l'érosion (Salazie, Mafate et Cilaos) et les pentes de l'île sont sillonnées par de nombreux cours d'eau creusant des ravines, estimées à au moins 600[13], généralement profondes et dont les torrents entaillent les flancs des montagnes jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
28
+
29
+ Le massif ancien du piton des Neiges est séparé du massif de la Fournaise par une trouée formée de la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres, voie de passage entre l'Est et le Sud de l'île. En dehors des plaines, les espaces côtiers sont en général les régions les plus plates notamment au nord et à l'ouest de l'île. Le littoral du Sud sauvage est cependant plus abrupt.
30
+
31
+ Entre la frange littorale et les Hauts, s’étend une zone transitoire pentue dont la dénivellation varie considérablement avant d'arriver sur les lignes de crêtes sertissant les cirques ou l'Enclos, la caldeira du piton de la Fournaise.
32
+
33
+ Le sommet du piton de la Fournaise au repos.
34
+
35
+ La coulée de 2005 du piton de la Fournaise.
36
+
37
+ Relief inaccessible de Mafate à Marla.
38
+
39
+ La plaine des Cafres.
40
+
41
+ La plage de l'Ermitage dans l'Ouest de l'île.
42
+
43
+ Urbanisation des pentes à Saint-Denis.
44
+
45
+ Le piton des Neiges, volcan bouclier et point culminant de La Réunion. Inactif depuis plus de 12 000 ans, il est à l’origine de la formation de l'île.
46
+
47
+ La Réunion se caractérise par un climat de type tropical humide tempéré par l'influence océanique des vents d'alizés soufflant d'est en ouest. Le climat réunionnais se distingue par sa grande variabilité particulièrement en raison de l'imposant relief de l'île qui est à l'origine de nombreux microclimats. De ce fait, on relève de fortes disparités, d'une part de précipitation entre la côte au vent à l'est et la côte sous le vent à l'ouest, et d'autre part de température entre les zones côtières plus chaudes et les zones d'altitudes relativement fraîches.
48
+
49
+ Il existe deux saisons marquées à La Réunion, qui se définissent par le régime des précipitations :
50
+
51
+ La Pointe des Trois Bassins, située sur le littoral de la commune de Trois-Bassins (Ouest), est la station la plus sèche avec une hauteur annuelle normale de précipitations de 447,7 mm, tandis que Le Baril à Saint-Philippe (Sud-Est) est la station côtière la plus arrosée avec une hauteur normale annuelle de 4 256,2 mm[14]. Cependant, le poste le plus arrosé est celui des hauts de Sainte-Rose avec une moyenne annuelle de précipitation atteignant près de 11 000 mm, ce qui en fait l'un des endroits les plus pluvieux du monde.
52
+
53
+ Les températures à La Réunion se caractérisent par leur grande douceur tout au long de l'année. En effet l'amplitude thermique d'une saison à l'autre est relativement faible (ne dépassant rarement 10 °C) bien que sensible :
54
+
55
+ Dans les bourgs de montagne, comme à Cilaos ou à La Plaine-des-Palmistes, les températures moyennes oscillent entre 12 °C et 22 °C. Les zones d'habitat les plus élevées et les espaces naturels d'altitude peuvent connaître quelques gelées hivernales. De la neige a même été observée sur le piton des Neiges ainsi que le Piton de la Fournaise en 2003[16] et 2006[17].
56
+
57
+ Alors qu'un nombre croissant d'îles (dont « non-souveraines ») se sentent dans le monde concernées par les effets du changement climatique, la Réunion a été choisie (avec Gran Canaria en Espagne) comme exemple pour une étude de cas de territoire ultraeuropéen périphérique concerné [18], pour une étude sur l'adéquation des outils de planification urbaine et régionale aux besoins et aux caractéristiques de ces îles (dont en fonction de l'utilisation des sols et de la densité démographique et du cadre réglementaire). Ce travail a confirmé que les pressions d'utilisation des sols urbains et périurbains y sont élevées, et que les stratégies d'adaptation sont incomplètement intégrées dans la planification de l'utilisation des sols. Selon l'Institute of Island Studies, il y a dysfonctionnement : « les outils de planification insulaire ne prennent généralement pas en compte l'adaptation au changement climatique et une gestion excessive descendante est observée dans le processus de prise de décision » [18].
58
+
59
+ La Réunion est située dans le bassin de formation des cyclones tropicaux du Sud-Ouest de l'océan Indien : durant la saison cyclonique, qui s'étend officiellement de novembre à avril, l'île peut être frappée par des cyclones dont les vents dépassent les 200 km/h et apportent des précipitations diluviennes. Le CMRS (Centre météorologique régional spécialisé) de La Réunion est habilité par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) depuis 1993, à surveiller de manière permanente l'activité cyclonique tropicale sur tout le bassin sud-ouest de l'océan Indien. 15 pays membres de la zone sont ainsi placés sous sa responsabilité.
60
+
61
+ 220 km/h à la plaine des Cafres ;
62
+
63
+ 187 km/h à Gillot
64
+
65
+ 162 km/h à la Petite France
66
+
67
+ L’île de La Réunion possède une faune et une flore variées, bien que localement menacée par des espèces introduites devenues invasives. Contrairement à la Guyane, on n’y trouve aucun grand mammifère sauvage (jaguar ou autres fauves par exemple). En revanche, de nombreuses espèces endémiques y sont répertoriées. Souvent menacées, comme leur habitat par la périurbanisation[22], elles font l’objet de plans de sauvegarde.
68
+
69
+ Net-Biome[23] est un projet coordonné par la région Réunion et aidé par la Commission européenne pour mettre en réseau (à partir de 2008) les politiques publiques de recherche dans le domaine de la restauration et gestion durable de la biodiversité tropicale et subtropicale dans les 7 régions ultrapériphériques et la quasi-totalité des pays et territoires d’outre-mer de l’UE. Il s'appuiera notamment sur :
70
+
71
+ En 2009, une liste des espèces menacées a été établie dans le cadre d'une mission pilotée par l'Union internationale pour la conservation de la nature, le muséum national d'histoire naturelle et en partenariat avec la direction régionale de l'Environnement[24].
72
+
73
+ Avec la création de son parc national, l'île a été nommée au Patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts » le lundi 2 août 2010[25].
74
+
75
+ La flore tropicale et insulaire de l'île de La Réunion se caractérise par sa diversité, un taux d’endémisme très élevé et une structure bien spécifique. La flore réunionnaise compte une grande diversité de milieux naturels et d’espèces (jusqu’à 40 espèces d'arbres/ha, par comparaison à une forêt tempérée qui en compte en moyenne 5/ha). Cette diversité est d’autant plus remarquable, mais fragile, qu’elle est différente en fonction des milieux (littoral, basse, moyenne et haute montagne).
76
+
77
+ On recense à La Réunion un taux d’espèces endémiques très élevé, avec plus de 850 plantes indigènes (arrivées naturellement et présentes avant l’arrivée de l’Homme), dont 232 espèces endémiques de La Réunion (seulement présentes sur l’île), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’archipel des Mascareignes. La flore réunionnaise se distingue enfin des forêts tropicales équatoriales par une faible hauteur et densité de la canopée, sans doute par adaptation aux cyclones, et une végétation bien spécifique, notamment une forte présence de plantes épiphytes (qui poussent sur d’autres plantes), comme les Orchidaceæ, les Bromeliaceæ, les Cactaceæ, mais aussi les fougères, les lichens et les mousses[26].
78
+
79
+ La faune remarquable de La Réunion[27] se concentre autour des oiseaux, des insectes ou des reptiles, qui comptent de nombreuses espèces endémiques, mais l'île n'accueille pas de grand mammifère et ne compte pas d'animal dangereux sur terre. La faune qui compte le plus d’espèces endémiques est celle des oiseaux, dont certaines espèces sont fortement menacées à l'image du Tuit-tuit, du Pétrel de Barau ou encore du Papangue, et aussi celle des insectes, notamment coléoptères et papillons, encore assez mal connus. Certains animaux, pas nécessairement endémiques, sont aussi devenus des symboles de l’île, à l’image du Paille-en-queue[28] ou de l’Endormi[29]. La Réunion compte assez peu de mammifères, et une seule espèce endémique, le Ti Moloss qui est une micro-chauve-souris (microchiroptères)[30].
80
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81
+ La Réunion jouit d'une biodiversité et d'une faune marine très importante, que ce soit dans les récifs et les lagons, mais aussi avec les poissons et les habitants du grand large. On dénombre plus de 1 200 espèces de poissons qui évoluent dans les lagons, les tombants et les grands fonds des eaux réunionnaises[31].
82
+
83
+ La réserve naturelle de Saint-Philippe Mare-Longue est l’une des dernières forêts primaires mégathermes hygrophiles de basse altitude de l’archipel des Mascareignes[32]. La Réunion contient beaucoup d'espèces endémiques tel le tuit-tuit.
84
+
85
+ Comme l'île est relativement jeune (3 millions d'années[11]), les formations coralliennes (âgées de 8 000 ans[33]) sont encore peu développées et occupent une surface faible comparativement à des îles plus anciennes, se présentant pour la plupart sous la forme de récifs frangeants[11],[33].
86
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87
+ Ces formations délimitent des « lagons » (il s'agit plus précisément de « dépressions d'arrière-récif »[11],[33]) peu profonds dont le plus grand ne dépasse pas 200 m de large, pour 1 à 2 m de fond environ[34]. Ces lagons, qui forment une ceinture récifale discontinue de 25 km de long (soit 12 % du littoral de l'île) pour une surface totale de 12 km2[11],[33], sont situés sur la côte ouest et sud-ouest de l’île. Les plus importants sont ceux de L’Ermitage (St.-Gilles), St.-Leu, L'Étang-Salé et St.-Pierre.
88
+
89
+ Malgré la faible surface des récifs coralliens, la biodiversité marine de La Réunion est comparable aux autres îles du secteur, qui vaut à l'archipel des Mascareignes son inscription parmi les dix principaux « hot spots » de biodiversité mondiale[35]. Les récifs coralliens de La Réunion, aussi bien au niveau des platiers que des barrières, sont principalement dominés par des espèces de corail branchu à croissance rapide du genre Acropora (famille des Acroporidæ), qui permettent d'héberger et de nourrir de très nombreuses espèces tropicales.
90
+
91
+ Les recherches scientifiques récentes font état à La Réunion de plus de 190 espèces de coraux[35], plus de 1 300 espèces de mollusques[36], plus de 500 espèces de crustacés[37], plus de 130 espèces d'échinodermes[35] et plus de 1 000 espèces de poissons[38].
92
+
93
+ Les eaux plus profondes de La Réunion accueillent des dauphins, orques, baleines à bosse, baleines bleues et les espèces de requins sont variées ; parmi celles-ci : le requin baleine, le requin corail, le requin bouledogue, le requin tigre, le requin à pointes noires et le requin blanc. Plusieurs espèces de tortues marines y vivent et s'y reproduisent.
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95
+ Tortue verte immature (Chelonia mydas).
96
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+ Raie aigle (Myliobatis aquila), survolant le corail.
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+ Idole des Maures (Zanclus cornutus).
100
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+ Deux poissons-papillon à trois bandes (Chætodon trifasciatus).
102
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103
+ Un baliste Picasso (Rhinecanthus aculeatus).
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105
+ « Cordon mauresque » (Synapta maculata).
106
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107
+ Parmi les écosystèmes côtiers, les récifs coralliens comptent parmi les plus riches en matière de biodiversité, mais ils sont aussi les plus fragiles[39].
108
+
109
+ Près d’un tiers des espèces de poissons était déjà considéré comme menacé ou vulnérable en 2009[38], avec un corail en dégradation en plusieurs endroits. Les causes de cet état de fait sont la pollution, la surpêche et le braconnage ainsi que la pression anthropique, notamment liée à la densification de l’urbanisation des zones côtières et au rejet des eaux usées[38].
110
+
111
+ 104 espèces vivant sur l'île de La Réunion étaient inscrites sur la liste rouge éditée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au 12 septembre 2008. Elles étaient 51 en 2007[40].
112
+
113
+ Sur cette liste on trouvait :
114
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115
+ Le caractère insulaire de La Réunion la rend vulnérable au dérèglement climatique et implique une stratégie d'adaptation, à laquelle une trame verte et bleue peut contribuer[41].
116
+
117
+ Il est possible que les explorateurs austronésiens qui sillonnaient l'océan Indien depuis l'Indonésie jusqu'à Madagascar et l'Afrique bien des siècles avant J.-C., aient repéré les îles des Mascareignes et donc l'île de La Réunion[42]. Plus tard, au Xe siècle apr. J.-C., des navigateurs arabes découvrent l'île de La Réunion et la nomment « Dîna morgabin »[2].
118
+
119
+ L’île semblait totalement inhabitée lors de l'arrivée des navires portugais du XVIe siècle en route vers les Indes[2].
120
+
121
+ Un navigateur portugais, Diogo Dias, y aurait débarqué en juillet 1500. Un autre navigateur portugais, Pedro de Mascarenhas y débarque le 9 février 1512[43] ou 1513[44], jour de la Sainte-Apolline, alors qu’il est sur la route de Goa. L’île apparaît ensuite sur des cartes portugaises sous le nom de Santa Apolonia. Vers 1520, La Réunion, l'île Maurice et Rodrigues sont appelées archipel des Mascareignes, du nom de Mascarenhas. Aujourd’hui, ces trois îles sont couramment appelées les Mascareignes.
122
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123
+ Au début du XVIIe siècle, l’île est une escale sur la route des Indes pour les bateaux anglais et néerlandais. Le 23 mars 1613, l’amiral néerlandais Pierre-Guillaume Veruff, de retour de Java, fait escale à La Réunion. Un navigateur anglophone baptise par ailleurs l’île encore inhabitée England's forest.
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+ Les Français y ont ensuite débarqué pour en prendre possession au nom du roi en 1642 et l’ont baptisée île Bourbon, du nom de la famille royale. En 1646, douze mutins chassés de Madagascar sont abandonnés à La Réunion.
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+ C'est en 1665 qu'arrivent les vingt premiers colons de l'île de Bourbon. Cinq navires composaient l’escadre commandée par M. Véron : L’Aigle blanc, La Vierge, le Bon port, Le Saint-Paul et Le Taureau. Le navire amiral battait pavillon de la Compagnie des Indes orientales. La Loire charriait encore des glaçons quand la flotte quitta le quai de la Fosse à Nantes dans les premiers jours de février 1665. Prenant la direction des ports et des établissements de la côte de Malabar et du golfe de Bengale, elle arriva à l'île Bourbon le 9 juillet 1665. La traversée fut marquée par une tragédie, qui fit douze victimes, lors de l’escale au Cap-Vert le Jeudi saint, le 4 mars 1665. Le 11 avril suivant, ayant rendu à ses morts un dernier hommage, la flotte remit à la voile. « Elle continua son voyage sans accident », note le chroniqueur Urbain Souchu de Rennefort.
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+ Parmi les vingt colons venus de France, on note la présence d'Hervé Dannemont (devenu Dennemont), né le 17 décembre 1635 à Brix (Manche), fils de Jacques Dannemont, maître verrier, et de Marie Lecarpentier. Il a épousé vers 1668 à Saint-Paul, Léonarde Pillé, originaire de Granville. Hervé Dennemont serait décédé le 16 novembre 1678. Les Dannemont de Normandie sont représentés, aujourd'hui, par une trentaine de familles sur l'île de La Réunion. On les trouve également à l'île Maurice mais aussi à Madagascar. En Normandie, la famille s'est éteinte au XVIIIe siècle, le nom ayant muté en Dalmont (sa descendance est bien connue grâce à Camille Ricquebourg, auteur du Dictionnaire généalogique des familles de Bourbon).
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+ Françoise Chatelain de Cressy est arrivée pendant cette période et est à l’origine de plusieurs familles connues de Bourbon.
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+ À partir de 1715, l’île connaît un important essor économique avec le développement de la culture et de l’exportation du café. Cette culture a été à l’origine du développement considérable de l’esclavage dans la colonie. Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’île de 1735 à 1745, a apporté une dimension stratégique au développement de l’île, devenue pourvoyeuse en vivres de l'Isle de France (aujourd’hui île Maurice) et de la flotte française engagée dans la guerre franco-anglaise des Indes. Citons également le rôle de l’intendant Pierre Poivre, qui a considérablement enrichi la flore locale et diversifié les ressources agricoles par l'introduction de très nombreuses espèces tropicales, et notamment le girofle et la noix de muscade dont le commerce fut florissant au XVIIIe et début du XIXe siècle.
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+ Le 19 mars 1793, pendant la Révolution, son nom devient « île de La Réunion »[45] en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens, lors de la marche sur le palais des Tuileries, la journée du 10 août 1792, et pour effacer le nom de la dynastie des Bourbons[46]. Le 26 septembre 1806, l’île prend le nom de Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien.
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+ L'abolition de l'esclavage votée par la Convention nationale le 4 février 1794 se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le 18 juin 1796 pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, avec la loi du 20 mai 1802.
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+ Pendant les guerres napoléoniennes, lors de la campagne de Maurice, le gouverneur de l'île, le général Sainte-Suzanne, est contraint de capituler le 9 juillet 1810. L’île passe alors sous domination britannique, puis est rétrocédée aux Français lors du traité de Paris en 1814.
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+ Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café décline rapidement et est substituée à la culture de la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte par la France, de Saint-Domingue, et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture du géranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie.
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+ De 1838 à 1841, le contre-amiral Anne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalité liés aux événements des dix dernières années conduit le gouverneur à saisir le Conseil colonial de trois projets d’émancipation.
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+ Le 20 décembre 1848, l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée par Sarda Garriga (le 20 décembre est un jour férié à La Réunion). Louis Henri Hubert Delisle devient son premier gouverneur créole le 8 août 1852 et reste à ce poste jusqu’au 8 janvier 1858. L’Europe a de plus en plus recours à la betterave pour satisfaire ses besoins en sucre. Malgré la politique d’aménagement des autorités locales et le recours à l’engagisme, la crise économique couve et devient patente à compter des années 1870. Par la suite, le percement du canal de Suez conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île. Cette dépression économique n’empêche toutefois pas la modernisation de l���île, avec le développement du réseau routier, la création du chemin de fer, la réalisation du port artificiel de la pointe des Galets. Ces grands chantiers offrent une alternative bienvenue aux travailleurs agricoles.
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+ La seconde moitié du XIXe siècle voit la population réunionnaise évoluer, par l’arrivée massive d’engagés indiens dont une partie s’installe définitivement dans l’île, et par la libération de l’immigration en 1862. De nombreux Chinois et musulmans indiens s’installent alors, et forment deux importantes communautés qui participent à la diversification ethnique et culturelle. À partir de la fin du XIXe siècle, les sources d’engagements se tarissent peu à peu. Nombre de propriétaires terriens louent alors leurs terres (pratique du colonage), d’où l’émergence d’une population de travailleurs agricoles indépendants. La production de café est détruite à 75 % en deux décennies, entre 1880 et 1900, à cause de la propagation d'une maladie venue de Ceylan et des colonies anglaises et néerlandaises[47].
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+ La participation de La Réunion à la Première Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec. 14 000 Réunionnais sont mobilisés au front. L’aviateur Roland Garros, natif de La Réunion, se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. L’amiral Lucien Lacaze est nommé ministre de la Marine puis ministre de la Guerre de 1915 à 1917. La guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion : la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent, la métropole étant privée de ses terres betteravières, théâtre des combats. Environ 80 % des Créoles souhaitant s'engager sont cependant déclarés inaptes au service militaire, on parle à ce sujet de « faillite de la race » dans la presse, mais il est probable que les intérêts économiques des planteurs locaux aient joué le rôle principal dans cet état de fait[48]. Les Réunionnais rescapés ont été atteints à leur retour par la grippe espagnole qui a frappé la Réunion à partir de mars 1919 durant 3 mois. La grippe espagnole a été ramenée par les Poilus réunionnais avec le navire Madonna. L'épidémie semble s'être répandue sur l'ensemble de la population et a réduit l’espérance de vie à moins de 40 ans. Alors que l’île était déjà en pleine crise économique depuis la fin du XIXe siècle, les quartiers défavorisés ont été touchés et appauvris. Les estimations font état d’au moins 2 000 décès dans la capitale Saint-Denis pour une population de 25 000 habitants et de 7 000 à 20 000 morts sur les 175 000 personnes qui vivent sur l'île. On constate alors plus de décès que les 1300 Poilus réunionnais tombés au champ d’honneur [49],[50].
150
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+ Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit : l’électricité apparaît dans les foyers aisés, et assure l’éclairage public de Saint-Denis. Le télégraphe (1923) et la radio (1926) mettent les Réunionnais en contact avec le monde. En 1939, 1 500 foyers privilégiés sont abonnés au téléphone. On voit apparaître automobiles et avions. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, d’où une croissance exponentielle de la population, croissance qui se poursuit de nos jours.
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+ La Seconde Guerre mondiale[51] est une épreuve très dure : bien que La Réunion soit épargnée par les combats, elle souffre terriblement de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements. Le 28 novembre 1942, un débarquement des Forces françaises libres a lieu sur l'île : l'administration locale fidèle au gouvernement de Vichy est renversée, le territoire passant sous contrôle de la France libre[52].
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+
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+ Le 19 mars 1946, La Réunion devient un département d’outre-mer français puis, en 1997, l’une des sept régions ultrapériphériques de l’Union européenne.
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+ À la départementalisation, La Réunion est en ruines. Mais la métropole est amenée à consentir de gros efforts pour la reconstruction de l’économie et le progrès social. L’instruction obligatoire constitue un progrès décisif. La mise en place, avec un léger décalage, du système de sécurité sociale hexagonal apporte un mieux être considérable. Au début des années cinquante, le paludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de 50 pour mille. Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La Réunion à trois journées seulement de la métropole. Autre conséquence de la départementalisation : une augmentation considérable du nombre de fonctionnaires, bien rémunérés, qui génèrent un flux commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement. L’élection de Michel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son poids politique en métropole.
158
+
159
+ Dans les années 1970 et 80, La Réunion accède vraiment à la modernité. Une université apparaît et se développe, ainsi que l’enseignement technique. La télévision supplante la radio. Les commerçants abandonnent leurs « boutiques chinois » et « bazar zarabs » pour créer supérettes et supermarchés. Le tourisme commence à se développer. Le réseau routier se densifie et se modernise, mais le parc automobile évolue plus rapidement encore. L’habitat s’améliore, et la construction de logements, dopée par des avantages fiscaux spécifiques aux DOM, est très active. L’économie change. Dans l’agriculture, les cultures maraîchères et fruitières, l’élevage se développent pour satisfaire les besoins d’une population qui augmente et consomme. La canne à sucre, toutefois, maintient son rang de première production agricole. Le BTP se porte bien. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire l’économie : commerce, services, et, de plus en plus, tourisme. Aujourd’hui, le tourisme est la première activité de l’île, avec la construction.
160
+
161
+ La Réunion est un territoire français d'outre-mer régi par l'article 73 de la Constitution en vertu duquel les lois et règlements sont applicables de plein droit tout comme en métropole[53].
162
+
163
+ La Réunion forme ainsi un DROM — département et région d'outre-mer — doté d'un conseil régional et d'un conseil départemental. Ces collectivités territoriales disposent globalement des mêmes compétences que les départements et régions de métropole bien que des adaptations existent. L'article 73 de la Constitution laisse la possibilité de substituer à la région et au département une collectivité territoriale unique, mais à l'inverse de la Guyane ou de la Martinique, aucun projet en ce sens n'existe actuellement.
164
+
165
+ À l'inverse des autres DROM, La Réunion est explicitement exclue par la Constitution de la possibilité de recevoir du Parlement une habilitation à fixer elle-même certaines règles relevant de la loi ou issues de l'exécutif national[53].
166
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167
+ L'État est représenté à La Réunion par un préfet. Le territoire est divisé en quatre arrondissements (Saint-Benoît, Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre).
168
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+ La Réunion compte 24 communes organisées en 5 communautés d'agglomération.
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+ Du point de vue de l'Union européenne, La Réunion constitue une région ultra-périphérique.
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173
+ Le positionnement de l'île de la Réunion lui a conféré un rôle stratégique d'importance variable selon les époques.
174
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175
+ La Réunion est déjà à l'époque de la Route des Indes une position française située entre Le Cap et les comptoirs d'Inde, bien qu'éloignée du Canal du Mozambique. L'île Bourbon (son appellation sous l'Ancien Régime) n'est pourtant pas la position préférée pour le commerce et l'armée. En effet, le gouverneur Labourdonnais affirme alors que l'Isle de France (l'île Maurice) est une terre d'avenir, grâce à sa topographie peu contraignante et à la présence de deux ports naturels. Il considère que Bourbon a plutôt pour vocation d'être un entrepôt ou une base de secours pour l'Isle de France[54]. L'ouverture du Canal de Suez détourne une grande partie du trafic maritime du sud de l'Océan Indien et réduit l'importance stratégique de l'île. Ce déclin est confirmé par l'importance accordée à Madagascar, bientôt colonisée[55].
176
+
177
+ Depuis les années 2000, un sous-ensemble géopolitique tend à s'esquisser sous l’appellation Sud-Ouest de l'océan Indien.
178
+
179
+ De nos jours l'île, qui est le siège d'une zone de défense et de sécurité, abrite l'état major des Forces armées de la zone sud de l'océan Indien (FAZSOI), qui regroupe les unités de l'Armée française stationnées à La Réunion et à Mayotte.
180
+
181
+ L’île de La Réunion permet à la France d'être membre de la Commission de l'océan Indien.
182
+
183
+ La Réunion est également une base accueillant les infrastructures du Frenchelon et de l’ensemble mobile écoute et recherche automatique des émissions.
184
+
185
+ Enfin, elle accueille à Saint-Pierre le siège des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf).
186
+
187
+ Les partis politiques réunionnais sont à peu de chose près les filiales ou les homologues de ceux de métropole. Le Parti communiste réunionnais a néanmoins quelques revendications autonomistes ; on trouve le même reflet pour les organisations syndicales. La vie politique, comme les mouvements revendicatifs, est étroitement déterminée par les échéances, les mesures gouvernementales et les mobilisations de la métropole.
188
+
189
+ En 2017, la région comptait 853 659 habitants[Note 1], en augmentation de 2,36 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
190
+
191
+ Jusqu'au début du XXe siècle, la croissance de la population réunionnaise est modérée, voire faible à certaines périodes. Les conditions de vie difficiles et les épidémies de paludisme, choléra, peste entre autres, ne sont pas étrangères à ce constat. C'est véritablement au lendemain de la départementalisation que la croissance démographique explose : la population triple en l'espace de 50 ans, pour atteindre officiellement près de 843 000 habitants en 2014. Selon certaines projections, l'île devrait franchir la barre du million d'habitants à l'horizon 2030.
192
+
193
+ Les trois principales unités urbaines du département sont celles de Saint-Denis (177 684 habitants en 2014), de Saint-Paul (172 548 habitants) et de Saint-Pierre (165 013 habitants).
194
+
195
+ La population de La Réunion est composée de populations issues de Madagascar, de l’Est de l’Afrique continentale (les Cafres), de l'Ouest et du Sud-Est de l’Inde, le Gujarat (les Zarabes) et le Tamil Nadu (les Malbars) ainsi que du Sud de la Chine notamment de Canton (les Chinois) et d’Europe (les Yabs). Aujourd'hui, la population de l'île est particulièrement métissée.
196
+
197
+ Les premiers colons, au XVIIe siècle, sont des Européens, essentiellement des Français, accompagnés parfois d’épouses malgaches et de serviteurs du même pays. À partir de l’essor de la culture du café (1718), le recours à l’esclavage s’intensifie et draine vers l’île Bourbon des flux considérables d’asservis venus essentiellement de Madagascar et d’Afrique orientale, mais également d’Inde, de Malaisie… Les esclaves constituent les trois quarts de la population à la fin du XVIIIe siècle (37 000 esclaves en 1789[58]). Au début du XIXe siècle, l’esclavage est contesté, tant du point de vue moral que du point de vue de l’efficacité économique, et il apparaît un faible courant d’immigration d’engagés (travailleurs « libres » qui s’engagent à travailler un certain nombre d’années chez un maître).
198
+
199
+ Après l’abolition de l'esclavage, en décembre 1848, les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs venus d’Inde (essentiellement de la côte de Coromandel, précisément du Tamil Nadu, au sud-est du sous-continent, et non de la côte de Malabar, au sud-ouest d’où l’on a tiré par erreur l’appellation locale « malbars » désignant ce groupe ethnique), de Madagascar, d’Asie du Sud-Est, de Chine… En outre, la fin du XIXe siècle voit arriver de la province de Guangdong des paysans cantonais qui, fuyant la pauvreté et plus tard les bombardements japonais, œuvrent d’abord dans l’agriculture avant de s’installer dans le commerce de détail. Du métissage de ces communautés émerge une culture créole.
200
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201
+ La période esclavagiste a constitué une époque de racisme exacerbé et d’antagonisme entre les communautés. Les préjugés raciaux sont restés vivaces jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale. La population réunionnaise s’est alors rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation résultant de la départementalisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés en faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, ce qui changeait complètement l’échelle sociale. Un métissage accru fait que l’on distingue de moins en moins les ethnies. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu. Si La Réunion constitue un modèle pour l’harmonie ethnique, les disparités demeurent fortes au plan des revenus, de la formation, des patrimoines. Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les jeunes), des RMIstes (plus de 67 000, 8,5 % de la population) constitue le problème majeur auquel est confronté l’île. L’émigration, bien qu’active, ne peut à elle seule résoudre le problème. La croissance économique forte n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
202
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203
+ Daniel Vaxelaire, journaliste, historien, écrivain, auteur de différents ouvrages sur La Réunion, explique, dans son Histoire de La Réunion des origines à 1848, que le métissage est l’un des traits caractéristiques de l’île, dès l’arrivée des premiers colons. Ceux-ci ont en effet épousé peu après leur installation dans l’île, des femmes venues de Madagascar et des métisses indo-portugaises, avec lesquelles ils ont conçu les premiers enfants nés à La Réunion. Ainsi donc, les premiers enfants nés sur cette île verte et inhabitée étaient déjà métis.
204
+
205
+ Le 20 décembre 1848, date de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, une date fériée depuis 1981, est commémorée localement sous l’appellation de fête caf' (« fête des cafres »).
206
+
207
+ La langue de l'administration, de l'enseignement et de la presse écrite et orale est le français, mais environ 90 % de la population réunionnaise parle le créole réunionnais[59] qui est une langue vernaculaire structurée sur le français dominant et née des concessions langagières des divers peuples migrants pour se comprendre. Cependant une partie de la population ne parle que le créole réunionnais[60].
208
+
209
+ Le passage du créole au français s'est fait au cours des siècles. Selon l'auteur Annegret Bollée[61], on suppose que « le créole de La Réunion s'est développé graduellement dans la société de plantation constituée après l'introduction de la culture du café à Bourbon (à partir de 1720 environ) ».
210
+
211
+ Bénéficiant aujourd'hui de plus de reconnaissance, le créole réunionnais peut être enseigné dans les établissements scolaires du secondaire depuis 2001 dans le cadre de l'option « Langue et culture régionales »[62].
212
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213
+ Étant donné la présence de différentes ethnies au sein de la population réunionnaise, d'autres langues sont présentes sur l'île comme le hakka, le cantonais, le gujarati, l'ourdou, l'arabe, le tamoul, le malgache, le mahorais et le comorien[63].
214
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215
+ Du fait des différentes origines de la population réunionnaise, les principales religions pratiquées dans l’île sont le christianisme (85 %, essentiellement catholique romain, mais aussi protestant), l’hindouisme (7 %, tamouls), l’islam (2 %, majoritairement sunnite) et le judaïsme, la communauté chinoise vénérant pour sa part le héros guerrier devenu dieu, Guan Di.
216
+
217
+ Diverses manifestations spirituelles jalonnent aujourd’hui l’année civile, Pâques, Dipavali, Noël, Ramadan, Pandialé, Carême, commémorations sacrificielles du mouton et du cabri.
218
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219
+ Le premier Lycée privé sous contrat de confession musulmane de France est situé sur l'île, à Saint-Denis (La Réunion). L' École Medersa Tarlimoul Islam est sous contrat d’association depuis 1990[64].
220
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221
+ Les deux principales infrastructures du Centre hospitalier universitaire de La Réunion sont implantées à Saint-Denis et sur le site de Saint-Pierre[65]. Il existe à Saint-Denis un établissement privé, la clinique Sainte-Clotilde. Ces structures prennent en charge la plupart des pathologies et opérations dans de nombreux services. Seul certains gestes ultraspécialisés demandent un agissement sur la métropole. Des dispensaires existent dans d'autres localités plus petites (La Plaine-des-Palmistes, Cilaos...). Pour les écarts et lieux reculés, les médecins de campagne se déplacent en voiture pour les consultations, voire à pied pour le cirque de Mafate, dépourvu de routes[66].
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+
223
+ Parallèlement, de nombreux médecins généralistes sont répartis à travers l'île, les spécialistes se concentrant dans les grandes villes. Un important service d'urgence existe, autant à destination de la population que des centaines de milliers de touristes[67] abordant annuellement les sentiers de randonnées coupés du monde[68].
224
+
225
+ La Réunion possède une académie qui lui est propre, dont le recteur est Velayoudom Marimoutou[69] depuis 2016. Le rectorat est situé dans le chef-lieu, dans le quartier du Moufia à Saint-Denis. À la rentrée 2012, l'Île compte 522 écoles maternelles et/ou primaires dont 26 privées pour 120 230 élèves dans le premier degré, 82 collèges dont six privés pour 61 300 élèves, 32 lycées d'enseignement général et technologique dont trois privés pour 23 650 élèves et 15 lycées professionnels dont deux privés pour 16 200 élèves.
226
+
227
+ Les zones d'éducation prioritaires touchent à La Réunion un peu plus de la moitié des élèves du premier et second degré[70].
228
+
229
+ Les résultats du baccalauréat sont relativement proches de la moyenne nationale avec un taux de 81,4 % en 2012 contre 82,4 en 2011 (respectivement : 84,5 % et 85,6 % en moyenne nationale).
230
+
231
+ Dans l'enseignement supérieur, l'université de La Réunion accueille 11 600 étudiants se répartissant sur les différents sites notamment de Saint-Denis et du Tampon. 5 800 autres étudiants se répartissent sur les filières post-bac de lycée et autres enseignements supérieurs[71].
232
+
233
+ L'Île de La Réunion permet grâce à des conditions climatiques favorables et de nombreuses infrastructures, la pratique de différents sports. Les activités d’eau et de montagne sont très présentes sur l’île. Le nombre de licenciés est d’environ 150 000 pratiquants[72] pour plus d’une soixantaine de disciplines sans compter les non-licenciés.
234
+
235
+ Nombreuses sont ces activités dans une île qui bénéficie d'un climat clément et à la fois de la mer et de la montagne. Certaines d'entre elles bénéficient d'un article dans Wikipédia :
236
+
237
+ Mais il faudrait aussi mentionner la course à pied Diagonale des Fous - Trail de Bourbon[74], notamment les courses de montagne dont la plus célèbre est le Grand Raid, le vélo tous terrains, la randonnée équestre, le canyoning et bien d'autres.
238
+
239
+ Quatre titres composent la presse quotidienne régionale : le Journal de l'île, Le Quotidien de La Réunion, Visu et Témoignages, édition du Parti communiste réunionnais. L'essentiel de la presse magazine est constitué d'hebdomadaires spécialisés dans les programmes de télévision et de quelques périodiques consacrés à la vie des entreprises commerciales et industrielles.
240
+
241
+ Le PAR, paysage audiovisuel réunionnais, longtemps monopolisé par l'ORTF, auquel succèdent les chaînes publiques FR3 en 1975, puis RFO en 1982, est aujourd'hui représenté par trois chaînes de télévision hertziennes : Réunion 1re (chaîne publique), Antenne Réunion et Télé Kréol. Deux bouquets satellites sont proposés par Parabole Réunion et Canalsat Réunion.
242
+
243
+ Le paysage radiophonique a vécu aussi une grande transformation à la suite de la libération des ondes voulue par le président socialiste François Mitterrand dès son élection en 1981 ; l'île compte plus de 45 radios privées qui émettent pour certaines d’entre elles sur l’ensemble de l’île et conquièrent leur auditoire en usant de l'interactivité.
244
+
245
+ En effet, Radio Freedom est une radio basée sur ses auditeurs. Le programme est constitué de l'intervention, en direct, de ses auditeurs, et ce, de 5 h à 0 h (plus en cas d'événements, cyclones…), en plus des journaux.
246
+ En 1991, lors de la suppression de Télé Freedom (créée par la même personne que Radio Freedom (Camille Sudre) par recours du CSA au préfet (Télé Freedom émettait clandestinement), des émeutes éclatèrent car c'était, à l'époque, le seul média et moyen d'expression libre, qui diffusait des films d'arts martiaux, des films pornographiques et le maloya[non pertinent].
247
+
248
+ Depuis novembre 2010, la télévision numérique terrestre permet de recevoir, en plus des chaînes locales, les chaînes de France Télévisions, Arte et France 24.
249
+
250
+ Au 1er janvier 2008, La Réunion comptait 305 300 logements. Le parc réunionnais est composé à 91 % de résidences principales (propriétaires et locataires). 7 % des logements sont vacants (essentiellement dans les communes du Tampon, La Possession et Sainte-Clotilde), le reste étant constitué de résidences secondaires (l'Ouest et le Sud de l'île). Le parc réunionnais évolue cinq fois plus rapidement que celui de la France métropolitaine. L’ensemble de l’habitat traditionnel ne pèse plus que 17 % dans le parc de logements. En 1999, celui-ci était deux fois plus élevé. La majorité des résidences principales de l'île sont des maisons individuelles en dur (58 %). Néanmoins, depuis les lois sur la défiscalisation (1981), le nombre d'appartements a triplé en 25 ans. Le parc réunionnais augmente. Les logements des Réunionnais sont toutefois plus exigus que ceux de Métropole. Cependant, les logements sans confort sont en nette diminution constante. Toutefois, il reste encore des efforts à faire de ce côté, car même s'ils sont deux fois moins nombreux qu'en 1999, on comptabilisait en 2008, 42 000 logements ne disposant pas d'eau chaude[75]..
251
+
252
+ Le produit intérieur brut (PIB) de La Réunion s'établit en 2008 à 14,7 milliards d'euros[76] contre 13,74 milliards d'euros en 2007[77], soit une progression annuelle exprimée en monnaie constante d'environ 3,1 %.
253
+
254
+ L'agriculture occupe 44 000 hectares de surface agricole utile. La Réunion produit principalement du sucre (premier producteur européen), mais aussi de la vanille bourbon. Cultivée sur l'île depuis le XIXe siècle, elle est l'une des rares à être encore produite de manière manuelle.
255
+
256
+ La pêche à La Réunion est également un point important pour la production vivrière et la culture gastronomique. Elle est permise aussi par la ZEE dont bénéficie l'île.
257
+
258
+ Les revenus du tourisme constituent la première ressource économique de La Réunion, devant ceux tirés de la production et de la transformation de la canne à sucre, à l’origine du développement de grands groupes réunionnais comme Quartier Français, Groupe Bourbon ex-Sucreries Bourbon, grande compagnie aujourd'hui internationale cotée en bourse mais basée depuis hors de l’île et ayant abandonné le secteur sucrier pour l'off-shore maritime. Avec la diminution des subventions, cette culture est menacée. Aussi, le développement de la pêche dans les Terres australes et antarctiques françaises apparaît comme la bienvenue.
259
+
260
+ Le secteur tertiaire, notamment commercial, est de loin le plus développé, l’import-distribution ayant pris un essor notable au milieu des années 1980 au fil de contrats d’affiliation et de franchise avec des groupes métropolitains. L’arrivée de la distribution franchisée a transformé l’appareil commercial historiquement caractérisé par une dissémination géographique de petites unités de type épiceries ; les rares « boutiques chinois » encore en activité sont confinées dans les villages à mi-hauteur et, comme vestiges d’une époque révolue, ils ont plutôt un attrait touristique et pédagogique même s’ils gardent un rôle de dépannage.
261
+
262
+ Malgré un dynamisme économique certain, l’île ne parvient pas à résorber son important chômage, qui s’explique notamment par une croissance démographique très forte. De nombreux Réunionnais sont obligés d’émigrer en métropole pour leurs études ou pour trouver du travail.
263
+
264
+ Le département est fortement dépendant énergétiquement, avec un taux de dépendance énergétique qui dépasse les 85 %.
265
+
266
+ Son objectif est de développer les énergies renouvelables pour devenir énergétiquement indépendant.
267
+
268
+ L'île de La Réunion connait un fort taux de chômage, surtout chez les jeunes adultes, qui sont le plus touchés[78]. 24 %, c'est le taux de chômage établi à La Réunion en 2018, soit une hausse de 2 points depuis 2016, indique l'Insee[79]. En 2018, le "halo" autour du chômage continue sa progression pour atteindre 12 % de la population[80].
269
+
270
+ À La Réunion, 149 000 personnes dont 83 000 chômeurs (selon la définition du Bureau International du Travail) sont sans emploi et souhaitent travailler. La situation de l'emploi continue donc de se dégrader[81].
271
+
272
+ La topographie montagneuse, le développement urbain, la concentration des activités humaines sur le littoral font du réseau routier un sujet de préoccupation constant pour le développement économique de l’île. À l’initiative du conseil régional et avec le concours de l’État et de l’Union européenne, un projet d’envergure a été lancé en 2003 pour un montant estimé à plus d'un milliard d’euros : la route des Tamarins, axe autoroutier transversal reliant à mi-hauteur le Nord au Sud pour définitivement sécuriser et désengorger la liaison nord-ouest du chef-lieu.
273
+
274
+ L’île de La Réunion comptait en 2004 près de 300 000 véhicules particuliers, soit environ une voiture pour deux habitants. Malgré l’importance du parc automobile, l’équipement des ménages reste sensiblement inférieur à celui de la France métropolitaine. On estime qu’à l’horizon 2020, le parc automobile à La Réunion pourrait atteindre environ 500 000 véhicules, pour un niveau d’équipement des ménages proche de celui de la France métropolitaine en 1999. La route des Tamarins, ouverte en 2009[82], permet un déplacement beaucoup plus rapide, notamment grâce à une voie plus large, au départ d'Étang-Salé jusqu'à Saint-Paul environ. Une nouvelle route du Littoral est actuellement en cours de construction entre La Possession et Saint-Denis.
275
+
276
+ Le principal port de l'île est situé sur le territoire communal du Port, dans le Nord-Ouest de l'île ; il est le seul port de France à cumuler les cinq fonctions de gare maritime, port de commerce, port de plaisance, port de pêche et base navale (3e base navale française après Toulon et Brest). Il est géré par la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion.
277
+
278
+ L’île de La Réunion dispose de deux aéroports internationaux :
279
+
280
+ Le transport aérien fait appel aussi à l'hélicoptère et aux ULM pour desservir des lieux inaccessibles par la route et découvrir sans effort les trésors cachés de l’île de La Réunion, tels que le Trou de Fer, les pitons vus du ciel, les cirques de Mafate, Salazie et Cilaos.
281
+
282
+ L’île a vu naître de nombreux poètes, parmi lesquels Léon Dierx, Leconte de Lisle, Auguste Lacaussade, Évariste de Parny et Antoine Bertin. Elle a aussi inspiré Charles Baudelaire qui y a longuement séjourné, et dont de nombreux poèmes en portent les traces, comme dans « À une dame créole », « À une Malbaraise »[84]. Ce qui est sûr c’est que La Réunion compte un prix Goncourt en la personne ou plutôt en les personnes de Georges Athénas et d’Aimé Merlo, deux cousins critiques d’art et diplômés de la Sorbonne qui écrivaient à quatre mains sous le pseudonyme Marius et Ary Leblond : ils reçurent le célèbre prix en 1909 pour leur roman En France. L'aviateur Roland Garros est né à La Réunion, auteur de nombreux records et de la première traversée de la Méditerranée en 1913, héros de la Première Guerre mondiale mort au champ d'honneur et par ailleurs cycliste émérite ; l’aéroport international de l’île porte aujourd’hui son nom. L’île compte un autre héros de guerre en la personne de Juliette Dodu, qui, fait rare, reçut à la fois la légion d’honneur et la médaille militaire pour ses actes de courage en tant que télégraphiste ingénieuse pendant la guerre de 1870. La Réunion est également la terre natale de Raymond Barre, professeur d’économie politique et Premier ministre de la France de 1976 à 1981, mort le 25 août 2007 à Paris. Il fut aussi le maire de Lyon de 1995 à 2001.
283
+
284
+ Ajoutons à cette liste de célébrités les noms d’Ambroise Vollard (1866-1939), célèbre collectionneur et marchand de tableaux qui a fait beaucoup pour le succès des peintres impressionnistes et fauvistes, Jean d'Esme (1893-1966), journaliste, romancier et metteur en scène réalisateur de six grands films de 1925 à 1939, initiateur de la loi française sur la propriété littéraire et de la couverture sociale pour les écrivains, Blanche Pierson (1842-1919), une des plus grandes comédiennes de son temps et encore Joseph Bédier (1864-1938), médiéviste à qui l’on doit l’écriture moderne du Roman de Tristan et Yseult, l’amiral Lacaze (1860-1955), ministre de la Guerre pendant la Première Guerre mondiale, François-Gédéon Bailly de Monthyon (1776-1850), général d’Empire, chef d’état-major de la Grande Armée de Napoléon…
285
+
286
+ Parmi les personnalités contemporaines, Mémona Hintermann née Affejee, journaliste reporter à France 3, Manu Payet, comédien et humoriste, Valérie Bègue, Miss France 2008, Gérald De Palmas, chanteur, Laurence Roustandjee, présentatrice météo sur M6, viennent de La Réunion. Ainsi que la mannequin internationale et comédienne Noémie Lenoir, Sébastien Folin, animateur télé et radio, les chanteurs Tonton David, Faf Larage, Blacko (Sniper), Séverine Ferrer, animatrice télé et chanteuse. Côté sport, on peut ajouter Jérémy Morel, Dimitri Payet, Benoît Trémoulinas, Florent Sinama-Pongolle et Guillaume Hoarau, joueurs de foot qui sont d'origine réunionnaise, ainsi que Jackson Richardson et Daniel Narcisse, joueurs de handball ayant joué pour l'équipe de France de handball.
287
+
288
+ Bande dessinées
289
+
290
+ Théâtre, danse et cinéma
291
+
292
+ L'image de l'île a été utilisée comme cadre, pour certains films, séries TV et clips musicaux :
293
+
294
+ Films
295
+
296
+ Séries télé
297
+
298
+ Clips musicaux
299
+
300
+ Au rang des écrivains populaires, Henri MURAT "z'histoires longtemps ", 1992,Didier MURAT "l'îsle Bourbon sur la route des indes orientales ", 2016...
301
+
302
+ D'un point de vue de la structure, la maison créole est dite symétrique[85]. En effet, faute d'architecte, les ouvriers traçaient une ligne sur le sol et construisaient de part et d'autre deux parties identiques, ce qui donnait des maisons de formes rectangulaires essentiellement. La varangue est un élément important de la maison. Il s'agit d'une terrasse extérieure construite sur l'avant de la maison, car elle permettait d'afficher ses richesses à la rue. Un jardin créole complète la maison. Il est composé de plantes locales, trouvées en forêt. On y retrouve généralement une serre aux orchidées, des anthuriums et différents types de fougères[86].
303
+
304
+ La Villa Déramond-Barre est une villa de modèle architecturale créole d'un grand intérêt patrimonial[87].
305
+
306
+ Toujours accompagnés de riz, les plats les plus communs sont les caris, version locale du curry indien, le rougail et les civets. Le cari se compose d'une base d'oignon, d'ail et d'épices comme le curcuma (appelé sur l'île « safran péi »)[88], sur laquelle on fait frire poisson, viande, œufs ; on ajoute ensuite de la tomate. Les plats peuvent aussi éventuellement être parfumés avec du gingembre ; le zeste d'un combava est généralement très apprécié. Le chop suey (au riz et non pas avec des pâtes) et autres plats asiatiques comme le porc à l'ananas[89] sont également très courants.
307
+
308
+ D'une façon générale, les plats sans viande ou poisson sont rares et il n'existe donc que peu de solutions végétariennes. L'une d'entre elles est le gratin de chouchou préparé à partir de la Chayote. Pour le reste, ce sont surtout des volailles qui sont consommées. Une des spécialités locales est le civet de tangue[90] (de la famille des hérissons).
309
+
310
+ Tous les 20 décembre, les habitants de l’île de la Réunion célèbrent la fête réunionnaise de la liberté. Cette célébration, également appelée Fête des Cafres ou « Fet’ Caf’ », commémore la proclamation de l’abolition de l’esclavage par la Deuxième République (France), en 1848. Le terme « cafre » désigne les africains de la « Cafrerie » (une partie de l’Afrique Australe). Il est dérivé du mot afrikaans « kaffer », assimilable à l’argot américain « nigger » ou « nègre », issu de la France coloniale[91].
311
+
312
+ Aujourd’hui au XXIe siècle, les réunionnais fêtent la fin d’une longue période d’oppression avec joie et allégresse. Cafres, Malgaches, Comoriens, Indiens, Yabs[92], Z'oreilles et métropolitains seront tous dans les rues et danseront au rythme du séga et du maloya, les deux genres musicaux majeurs de la Réunion[93]. De nombreux concerts, gratuits pour la plupart, sont organisés, ainsi que des défilés costumés et des spectacles de danse comme la Merengue, par exemple.
313
+
314
+ Deux formes d'expression musicale composent historiquement la tradition folklorique de La Réunion. Si l'une, le séga, est une variante créole du quadrille, l'autre, le maloya, à l'image du blues américain, vient d'Afrique, porté par la nostalgie et la douleur des esclaves déracinés et déportés de leur terre natale.
315
+
316
+ Le séga, danse de salon costumée et rythmée par des instruments occidentaux traditionnels (accordéon, harmonica, guitare…), témoigne du divertissement policé en cours dans la société coloniale de l'époque. Il reste aujourd'hui la danse de salon typique de La Réunion et de l'archipel des Mascareignes en général avec le séga mauricien et le séga rodriguais.
317
+
318
+ Le maloya des esclaves, danse d'allure rituelle tout en mélopées et en gestuelles, se faisait quasi clandestinement la nuit autour d'un feu ; les quelques instruments d'accompagnement étaient de confection végétale (bambous, calebasses, etc.).
319
+
320
+ Les troupes de maloya, au-delà de leur goût pour cette forme d'art musical, veulent perpétuer la mémoire des esclaves, leur souffrance et leur déracinement. Au travers de textes parfois contestataires ils rappellent à la France son passé esclavagiste et soulignent les méfaits de cette époque coloniale sur l'homme ; au cours de l'histoire de l'île, il est arrivé aux artistes de maloya et aux kabars (des rassemblements) d'être interdits par le pouvoir en place.
321
+
322
+ Avec l'institution d'un jour férié de célébration de l'abolition de l'esclavage (fête caf', le 20 décembre), le maloya jouit d'une reconnaissance officielle ; on l'entend régulièrement sur les ondes publiques et nombre de night-clubs et de soirées dansantes le programment de manière systématique ; il connaît même un regain : des groupes se sont mis à lui concocter des versions, des styles et des arrangements modernes, comme le maloggae et autre maloya électrique.
323
+
324
+ Parmi les groupes musicaux emblématiques de La Réunion, on peut citer : Groupe folklorique de La Réunion, Kalou Pilé, Baster, Ousanousava, Ziskakan, Pat'Jaune, Danyèl Waro, Tisours, etc. On peut citer également l’un des plus grands chanteurs de maloya : Lo Rwa Kaf. Né à Sainte-Suzanne, il est l’un des premiers à avoir chanté le maloya. À sa mort en 2004, il y eut énormément de personnes présentes pour ses obsèques.
325
+
326
+ En 2008, l'artiste Brice Guilbert réalise un clip intitulé La Réunion. On le voit dans ce clip traverser tous les paysages de l'île.
327
+
328
+ En danse contemporaine, on peut citer le chorégraphe Pascal Montrouge, qui dirige la seule compagnie en France à avoir une double implantation à Saint-Denis de La Réunion et à Hyères, confortant ainsi le sens de son regard sur l'identité. En 2007, la ville de Saint-Denis de La Réunion lui a confié la direction artistique de son festival Saint-Denis Danses.
329
+
330
+ La culture urbaine a également fait son apparition, selon les modes influencées de métropole et des États-Unis. Ainsi la culture hip-hop se développe, mais également le ragga dancehall, KM David ou Kaf Malbar étant la figure de proue de cette nouvelle mouvance, influençant partout dans l'île la jeune génération, avec ses chansons diffusées par mp3 ou internet. Nombre de jeunes artistes tentent alors de « percer » dans cette musique, dont l'industrie se développe raisonnablement, localement, mais aussi internationalement, sans rien avoir à envier aux précurseurs du dancehall francophone.
331
+
332
+ Littérature :
333
+
334
+ Voir, pour plus d'auteurs, l'article Littérature réunionnaise.
335
+
336
+ Poésie et littérature :
337
+
338
+ Cinéma :
339
+
340
+ Musique :
341
+
342
+ Politique et histoire :
343
+
344
+ Sport :
345
+
346
+ Médias :
347
+
348
+ Sciences :
349
+
350
+ Divers :
351
+
352
+ La Réunion ne possède pas de blason ou drapeau officiels.
353
+
354
+ Un blason a été créé pour l’île par l’ancien gouverneur Merwart à l’occasion de l’exposition coloniale de 1925 organisée à Petite-Île. Merwart, membre de la Société des sciences et arts de La Réunion, a voulu y faire figurer l’histoire de l'île :
355
+
356
+ Le drapeau le plus utilisé à La Réunion est celui du « volcan rayonnant », dessiné par Guy Pignolet en 1975, parfois appelé « Lo Mavéli »[95] : il représente le volcan du piton de la Fournaise sous la forme d'un triangle rouge simplifié sur un fond bleu marine tandis que cinq rayons du soleil symbolisent l'arrivée des populations qui ont convergé vers l'île au cours des siècles[96].
357
+
358
+
359
+
360
+ Blason de La Réunion.
361
+
362
+ Drapeau de La Réunion.
363
+
364
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3089.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,268 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Formicidae
2
+
3
+ Super-famille
4
+
5
+ Famille
6
+
7
+ Les fourmis constituent la famille des Formicidae (ou formicidés en français) et, avec les guêpes et les abeilles, sont classées dans l’ordre des hyménoptères, sous-ordre des Apocrites. Ces insectes eusociaux forment des colonies, appelées fourmilières, parfois extrêmement complexes, contenant de quelques dizaines à plusieurs millions d’individus. Certaines espèces forment des supercolonies à plusieurs centaines de millions d’individus. Les termites, parfois appelés fourmis blanches pour leur ressemblance formelle et comportementale, sont de l’ordre des dictyoptères (sous-ordre des isoptères) mais ne sont pas de proches parents.
8
+
9
+ Les sociétés des fourmis ont une division du travail (polyéthisme d'âge et de caste), une communication entre individus et une capacité à résoudre des problèmes complexes. Ces analogies avec les sociétés humaines ont depuis longtemps été une source d'inspiration et le sujet d'études scientifiques.
10
+
11
+ En 2013, plus de 12 000 espèces[2] ont été répertoriées[3],[4] mais il en reste probablement des milliers encore à découvrir. Famille cosmopolite (elle a colonisé toutes les régions terrestres à l'exception du Groenland et de l'Antarctique), elle atteint une grande densité dans les milieux tropicaux et néotropicaux[5]. Bien que les fourmis représentent moins d'un pour cent des espèces d'insectes, leur population estimée à un milliard de milliards d'individus est telle que la masse de la myrmécofaune[6] excède le poids de l'humanité et représente 10 à 15 % de la biomasse animale dans beaucoup d'habitats[7], cette masse conjuguée à celle des termites représentant le tiers de la biomasse animale de la forêt amazonienne[8].
12
+
13
+ Leur succès évolutif est en grande partie dû à leur organisation sociale, leur plasticité génétique associée à la présence de nombreux éléments mobiles dans le génome, et leur opportunisme alimentaire[9].
14
+
15
+ Le substantif féminin « fourmi » est issu, par l'intermédiaire du latin vulgaire formicus, du latin classique formica, de même sens[10],[11], mot résultant probablement d'une dissimilation de °mormi-, attesté par le grec murmêx (d'où les vocables myrmécologie, myrmécophilie), lui-même apparenté à plusieurs formes indoeuropéennes basées sur la racine °morwi-[12].
16
+
17
+ Les fourmis se distinguent morphologiquement des autres hyménoptères Aculéates principalement par des antennes avec un coude marqué (l'article basal, très long et flexible, favorise les attouchements antennaires très fréquents), par deux mandibules dirigées vers l'avant (et non dessous la tête), deux glandes métapleurales sur la partie postérieure du tronc, et par un étranglement du deuxième segment abdominal (le pétiole), et parfois du troisième aussi (le postpétiole), ce qui forme le pédicelle[13]. Cet étranglement donne à l’abdomen une plus grande mobilité par rapport au reste du corps. À l’exception des individus reproducteurs dotés de quatre ailes, la plupart des fourmis sont aptères. Beaucoup de fourmis possèdent un aiguillon, souvent réduit, et qui peut être absent chez les mâles[14].
18
+
19
+ Ces insectes ont des organes spécifiques en relation étroite avec leur comportement élaboré : jabot social dans lequel les ouvrières récolteuses stockent des liquides, le plus souvent sucrés, et les régurgitent à des ouvrières nourrices qui à leur tour les transfèrent bouche-à-bouche aux larves et à la reine (mode de transfert appelé trophallaxie)[15] ; filtre à particule (soies) au niveau du pharynx qui permet de n'absorber que la nourriture liquide, les particules solides étant stockées dans une poche infrabuccale et régulièrement vidangées[16].
20
+
21
+ Parmi les plus de 12 000 espèces[17] connues (on estime à plus de 20 000 le nombre total d’espèces, voire 30 000 et même 40 000 selon le myrmécologue Laurent Keller[18], plusieurs centaines de nouvelles espèces étant décrites chaque année[19]), les fourmis varient en taille de 0,75 à 52 mm[20]. La plus grande espèce est le fossile Titanomyrma giganteum (en), la reine atteignant 6 centimètres de long et 15 cm d'envergure[21]. La plus grande ouvrière (30 mm de long) est Dinoponera quadriceps.
22
+
23
+ Cushman et al. notent une variation de la diversité spécifique et de la taille des fourmis européennes selon un gradient latitudinal[22]
24
+
25
+ Une division du travail sur le plan de la reproduction, appelée polyéthisme de caste, se manifeste par une caste de reproducteurs (reines et mâles) et une caste « stérile » travailleuse (ouvrières). Le polyéthisme de caste se retrouve au sein même des ouvrières dont des sous-castes morphologiques se spécialisent dans la réalisation de fonctions différentes. Leur polymorphisme se manifeste surtout au niveau des formes de la tête et des mandibules. Le polyéthisme d'âge se traduit par le fait qu'un même individu passe par différentes formes de spécialisation au cours de son existence dans la société (soins au couvain, puis activités domestiques à l'intérieur du nid, puis garde à l'entrée du nid, et enfin fourrageage (recherche de nourriture)[23].
26
+
27
+ La différence dans un seul gène de Solenopsis invicta décide si la colonie a une reine simple ou des reines multiples[24]. La taille du génome de 40 espèces montre que ce génome est relativement petit par rapport aux autres insectes mais qu'il n'y a aucun lien entre la taille de ce génome et la taille de l'espèce correspondante[25]. Le séquençage complet du génome des deux premières espèces de fourmis Pegnathos saltator et Camponotus floridanus a été réalisé en 2010 : il montre que 20 % des gènes de ces deux espèces sont uniques et 33 % sont identiques à ceux de l'Homme. Leurs génomes ont respectivement 17 064 et 18 564 gènes (le génome humain en a 23 000)[26].
28
+
29
+ Le record de longévité pour une fourmi est détenu par une reine de la fourmi noire des jardins, Lasius niger, qui vécut 28 ans et 8 mois dans un laboratoire[27].
30
+
31
+ Les mâles (caractérisés par leur petite tête et de gros ocelles) ont une vie très brève et, ne sachant pas s'alimenter seuls, meurent dès qu'ils se sont reproduits. La fourmi ouvrière vit entre trois semaines et un an. La reine, elle, peut vivre beaucoup plus longtemps, plusieurs années (jusqu'à 15 ans pour la reine des fourmis rousses Formica rufa)[28].
32
+
33
+ Les œufs sont pondus par une ou parfois plusieurs reines (les espèces de fourmis possédant une seule reine sont appelées « monogynes » et celles possédant plusieurs reines sont dites polygynes). Certaines espèces peuvent tolérer, lorsque la colonie est conséquente, plusieurs reines tellement éloignées qu’elles ne se rencontrent jamais (on parle alors d’espèce oligogynes). La plupart des individus grandissent pour devenir des femelles aptères et stériles appelées « ouvrières ». Périodiquement, des essaims de nouvelles princesses et de mâles, généralement pourvus d’ailes, quittent la colonie pour se reproduire. C'est le vol nuptial qui a lieu, grâce à des facteurs climatiques, de façon synchrone avec l'envol des mâles, pour tous les nids d'une même espèce et d'une même région, durant quelques heures. Après l'accouplement, les mâles meurent ensuite rapidement (mais leur éjaculat survit plusieurs années dans la spermathèque des princesses), tandis que les reines survivantes, fécondées, perdent leurs ailes (souvent elles se les arrachent elles-mêmes), s'enfoncent généralement dans le sol et commencent à pondre, pour établir de nouvelles colonies ou, parfois, retournent dans leur fourmilière natale[29].
34
+
35
+ La densité de nids varie fortement selon l’espèce et l’environnement, étant notamment liée à la disponibilité en nourriture. La taille des colonies varie d'un extrême à l'autre. La plus petite colonie compte quatre individus avec une reine dans le nid[19].
36
+
37
+ Formica yessensis, une espèce de fourmi des bois, a construit une supercolonie de 45 000 nids sur 1 250 ha à Hokkaidō (Japon), abritant plus d’un million de reines et 306 millions d’ouvrières[30].
38
+
39
+ Les fourmis se développent par métamorphose complète, en passant par trois stades successifs : œuf, larve, nymphe (parfois dans une pupe ou cocon, principalement chez les Formicinae) puis adulte (sans croissance à l’état adulte). La larve, privée de pattes, est particulièrement dépendante des adultes. Les différences morphologiques majeures entre les reines et les ouvrières, et entre les différentes castes d’ouvrières quand celles-ci existent, sont principalement induites par le régime alimentaire au stade larvaire. Quant au sexe des individus, il est génétiquement déterminé : si l’œuf est fécondé, l’individu est alors diploïde et l’œuf donnera une femelle (ouvrière ou reine) ; s’il ne l’est pas, l’individu est haploïde et forme un mâle[31].
40
+
41
+ Une nouvelle ouvrière passe les premiers jours de sa vie adulte à s’occuper de la reine et des jeunes. Ensuite, elle participe à la construction et au maintien du nid, puis à son approvisionnement et à sa défense. Ces changements sont assez brusques et définissent des castes temporelles[19]. C’est-à-dire que les ouvrières se regroupent selon l’activité commune qu’elles auront à un stade de leur vie.
42
+
43
+ Chez certaines fourmis, il existe également des castes physiques. Selon leur taille, les ouvrières sont dites mineures, moyennes ou majeures, ces dernières participant plutôt à l’approvisionnement. Souvent les fourmis les plus grandes paraissent disproportionnées : tête plus grande et mandibules plus fortes. Chez quelques espèces, les ouvrières moyennes ont disparu, et il existe une grande différence physique entre les plus petites et les plus grandes. Ce polymorphisme est progressif mais rien ne distingue morphologiquement les petites des grandes. D'autres appelées parfois soldats, bien que leur rôle défensif ne soit pas nécessairement prépondérant possèdent une morphologie adaptée à leur fonction.
44
+
45
+ Environ un pour cent des espèces de fourmis recensées dans le monde sont des fourmis sans reine[32]. Elles vivent au sein de colonies très réduites dans lesquelles certaines ouvrières se reproduisent. Chez certaines espèces, le privilège de la reproduction est le fruit d’une organisation hiérarchique, où la gamergate, individu aux organes reproducteur développés, occupe une place centrale. Son privilège reproductif pourra être remis en cause par des rivales au cours de joutes phéromonales et d’agressions ritualisées[33].
46
+
47
+ Chez d'autres espèces, tous ou un partie des individus peuvent se reproduire par parthénogenèse thélytoque[34].
48
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49
+ On peut citer par exemple :
50
+
51
+ Les fourmis possèdent un comportement que l’on retrouve chez les termites, les abeilles et chez d'autres insectes sociaux consistant à rassembler un grand nombre d’individus afin de créer une colonie fonctionnelle et rapide.
52
+
53
+ Toutes sortes de comportements sont observés chez les fourmis, le nomadisme en est l’un des plus remarquables. Les fourmis légionnaires d’Amérique du Sud et d’Afrique, par exemple, ne forment pas de nid permanent. Elles alternent plutôt entre des étapes de vie nomade et des étapes où les ouvrières forment un nid provisoire, le bivouac (en), à partir de leurs propres corps. Certaines espèces de fourmis légionnaires et de fourmis de feu forment même des ponts et des radeaux vivants pour franchir des cours d'eau ou s'auto-assemblent en structures émergentes étanches (sphère, dôme ou radeau, les fourmis alternant leurs positions respectives dans ces structures) pour survivre à des inondations[35].
54
+
55
+ La plupart des fourmis forment des colonies stationnaires, creusant généralement dans le sol. Les colonies se reproduisent par des vols nuptiaux comme décrit plus haut, ou par fission (un groupe d’ouvrières creuse simplement un nouveau trou et élève de nouvelles reines). Les membres de différentes colonies se reconnaissent entre eux grâce à leur odeur.
56
+
57
+ Quelques cas de développement de nouvelles colonies par des mécanismes particuliers :
58
+
59
+ La communication entre les fourmis se fait surtout au moyen de produits chimiques volatils appelés phéromones. 39 glandes les émettant ont été répertoriées[42]. Les phéromones sont parfois excrétées dans une substance lipophile qui recouvre naturellement tout le corps de la fourmi. Comme d’autres insectes, les fourmis captent ces composés odorants avec leurs antennes. Celles-ci sont assez mobiles, ayant — comme mentionné plus haut — une articulation coudée après un premier segment allongé (le scape), leur permettant d’identifier aussi bien la direction que l’intensité des odeurs.
60
+
61
+ L’utilisation principale des phéromones réside dans la définition et le repérage de « pistes » olfactives destinées à guider les fourmis vers des sources de nourriture (voir ci-dessous). Les phéromones sont aussi mélangées avec la nourriture échangée par trophallaxie, informant chacune sur la santé et la nutrition de ses congénères. Les fourmis peuvent aussi détecter à quel groupe de travail (par exemple la recherche de nourriture ou la maintenance de nid) l’une ou l’autre appartient. De manière analogue, une fourmi écrasée ou attaquée produira une phéromone d’alerte dont la concentration élevée provoque une frénésie agressive chez les congénères à proximité ou dont une concentration plus faible suffit à les attirer. Dans certains cas, les phéromones peuvent être utilisées pour tromper les ennemis, ou même pour influencer le développement des individus.
62
+
63
+ Certaines fourmis émettent des sons, on parle alors de stridulation. Ces sons permettent par exemple d’attirer d’autres ouvrières pour porter une proie trop lourde pour un individu isolé.
64
+
65
+ Certaines espèces utilisent aussi la communication visuelle. Chez Tetraponera par exemple, lorsque les larves ont un besoin en nourriture, elles remuent simplement la tête afin qu'une ouvrière intervienne pour lui fournir de la nourriture liquide de bouche à bouche. Chez les fourmis tisserandes, lorsqu’une ouvrière se lance dans la construction d’un nouveau nid, elle commence par agripper une feuille pour la courber. Elle sera immédiatement rejointe par son entourage qui aura aperçu la scène et qui l’aidera dans sa tâche. C’est ainsi qu’elles pourront rejoindre les bords de deux feuilles pour les tisser entre elles.
66
+
67
+ La majorité des fourmis pratiquent la trophallaxie, un processus alimentaire au cours duquel une fourmi régurgite une partie de la nourriture qu’elle a ingérée dans son jabot social pour la restituer à une autre fourmi.
68
+
69
+ L'entomologiste américain W. M. Wheeler propose en 1911 d'assimiler la colonie de fourmis à un superorganisme où 95 % d'individus stériles permettent aux 5 % de reproducteurs d'assurer une reproduction inégalée[43]. Le biologiste britannique de l’évolution W. D. Hamilton[44] et le sociobiologiste français Pierre Jaisson[45] introduisent l'hypothèse de super-société, Jaisson donnant l'exemple d'une Fourmi rousse des bois capable de constituer au Japon une fédération de 45 000 colonies interconnectées par 100 kilomètres de pistes et occupant 270 hectares[46]. Ces termes qui idéalisent les colonies et en font des modèles miniatures des sociétés humaines sont entachés d'une doctrine téléologique du « spectacle de la nature » rempli d'harmonie, et sont, comme les termes désignant des « castes » composées par des « reines », des « ouvrières » et des « soldats », empreints d'un anthropomorphisme[47].
70
+
71
+ Les fourmis attaquent et se défendent de plusieurs manières : morsure grâce aux mandibules (chez les femelles de certaines espèces, ces appendices buccaux sont reliés à des glandes produisant des phéromones d'alarme et des composés toxiques proches de ceux du venin, infligeant des morsures parfois plus douloureuses que celles faites avec un aiguillon)[48] ; envenimation grâce à un appareil à venin (glande à poison produisant un venin habituellement formé d'un mélange très concentré d'enzymes protéolytiques en phase aqueuse ; glande de Dufour (en) qui produit une substance lipophile facilitant la pénétration du venin ; aiguillon, appelé aussi dard). L'aiguillon peut être vulnérant et provoquer une piqûre plus ou moins douloureuse selon les espèces. Il peut avoir une extrémité aplatie en spatule qui étale le poison au niveau des membranes intersegmentaires de la cuticule d'arthropodes[49]. Chez les Formicinés qui n'ont plus d'aiguillon venimeux, la glande à poison contient essentiellement de l'acide formique qui joue alors à la fois le rôle de phéromone d'alarme, de phéromone de piste et de composé toxique. Cet acide concentré est répandu sur les morsures qu'elles infligent à leur ennemi avec leurs mandibules, faisant fondre la chitine grâce à sa causticité (la concentration de cet acide peut atteindre 60 %)[50]. Les fourmis des bois adoptent une autre stratégie en projetant l'acide à plusieurs centimètres par compression de l'abdomen, ce qui a pour but d'alerter la colonie et de dissuader tout prédateur[49].
72
+ Les fourmis Camponotus cylindricus peuvent s'agripper à un ennemi puis faire exploser leur abdomen qui contient une substance collante[51],[52].
73
+
74
+ Chez la plupart des espèces, la colonie a une organisation sociale complexe et est capable d’accomplir des tâches difficiles (exploiter au mieux une source de nourriture, par exemple). Cette organisation apparaît grâce aux nombreuses interactions entre fourmis, et n’est pas dirigée — contrairement à une idée répandue — par la reine. On parle alors d’intelligence collective pour décrire la manière dont un comportement collectif complexe apparaît en faisant appel à des règles individuelles relativement simples.
75
+
76
+ Dans les colonies de fourmis, le « comportement global » n’est donc pas programmé chez les individus, et émerge de l’enchaînement d’un grand nombre d’interactions locales entre les individus et leur environnement.
77
+
78
+ Un exemple classique de comportement collectif auto-organisé est l’exploitation des pistes de phéromones. Une fourmi seule n’a pas l’intelligence nécessaire pour choisir le plus court chemin dans un environnement complexe. De fait, c’est la colonie dans son ensemble (ou du moins les individus impliqués dans la recherche de nourriture) qui va choisir ce chemin.
79
+
80
+ En 1980, Jean-Louis Deneubourg a pu vérifier expérimentalement qu’une colonie de fourmis (de l’espèce Lasius niger) disposant de deux chemins de longueurs différentes pour rallier une source de nourriture, choisissait plus souvent le chemin le plus court. Il décrit ainsi ce phénomène[53] :
81
+
82
+ « […] un « éclaireur », qui découvre par hasard une source de nourriture, rentre au nid en traçant une piste chimique. Cette piste stimule les ouvrières à sortir du nid et les guide jusqu’à la source de nourriture. Après s’y être alimentées, les fourmis ainsi recrutées rentrent au nid en renforçant à leur tour la piste chimique. Cette communication attire vers la source de nourriture une population de plus en plus nombreuse. Un individu qui découvre une source de nourriture y « attire » en quelques minutes n congénères (par exemple 5) ; chacun de ceux-ci y attirent à leur tour n congénères (25), et ainsi de suite. »
83
+
84
+ Si l’on considère plusieurs chemins pour se rendre sur le lieu d’approvisionnement, on comprend que les individus empruntant le plus court reviendront plus vite à la fourmilière que ceux qui auront pris le plus long. C’est ainsi que ce chemin comportera une trace olfactive de plus en plus forte par rapport aux autres et sera donc préféré par les fourmis
85
+
86
+ Certaines fourmis peuvent parcourir des distances éloignées de jusqu'à 200 mètres de leur nid[54], en laissant des pistes odorantes qui leur permettent de retrouver leur chemin même dans l'obscurité. Dans les régions chaudes et arides, ces mêmes fourmis qui affrontent la dessiccation doivent trouver le chemin de retour au nid le plus court possible[55]. Les fourmis diurnes du désert du genre Cataglyphis naviguent en gardant la trace de la direction ainsi que la distance parcourue mesurée par un podomètre interne qui tient compte du nombre de pas effectués[56] et en évaluant le mouvement des objets dans leur champ visuel (flux optique). Les directions sont mesurées en utilisant la position du soleil (leur œil composé possède des cellules spécialisées capables de détecter la lumière polarisée du soleil[57]), de la lune, des étoiles[58] ou le champ magnétique terrestre[57].
87
+
88
+ En 2011, Antoine Wystrach soutient une thèse qui montre que les fourmis n'utilisent pas des repères visuels individuels, mais l'ensemble du panorama de leur champ visuel. Ceci leur permet d'avoir une orientation précise et exacte dans des environnements naturels[59],[60].
89
+
90
+ Les fourmis se sont adaptées à presque tous les milieux terrestres et souterrains (on en a trouvé jusqu’au fond d’une grotte de 22 km de long en Asie du Sud-est)[réf. souhaitée], à l’exception des milieux aquatiques et des zones polaires et glaciaires permanentes.
91
+
92
+ Le nombre total de fourmis vivant à un instant donné est estimé à 1015-1016 (un à dix millions de milliards)[61],[62].
93
+ Les fourmis représenteraient 1 à 2 % du nombre d’espèces d’insectes, et chaque individu ne pèse que de 1 à 10 milligrammes, mais leur masse cumulée était estimée en 1990 à environ quatre fois supérieure à celle de l’ensemble des vertébrés terrestres[63]. Une nouvelle estimation en 2000 a établi que leur biomasse est comparable à celle de l'humanité, ce qui représente 15 % à 20 % de la biomasse animale terrestre[64]. Environ 12 000 espèces de fourmis[65] étaient répertoriées en 2005 (dont 285 en France[66]), mais de nouvelles espèces sont régulièrement décrites, essentiellement en zone tropicale et dans la canopée. Seules 400 espèces sont connues en Europe[65], alors qu’on peut compter jusqu’à 40 espèces différentes sur un seul mètre carré de forêt tropicale en Malaisie (668 espèces comptées sur 4 hectares à Bornéo)[65] et 43 espèces sur un seul arbre de la forêt péruvienne amazonienne[65], soit presque autant que pour toute la Finlande ou pour les îles Britanniques[65]. Environ huit millions d’individus ont été comptés sur un hectare d’Amazonie brésilienne[65], soit trois à quatre fois la masse cumulée des mammifères, oiseaux, reptiles, et amphibiens vivant sur cette surface. Elles jouent un rôle majeur dans le recyclage des déchets et dans la formation et la structuration des sols. Plusieurs espèces vivent en symbiose avec des bactéries, des champignons, d'autres animaux (papillons ou pucerons par exemple) ou avec des plantes.
94
+
95
+ Lors des séances d'auto-toilettage, les fourmis sécrétent, au niveau des glandes métapleurales de nombreux composés aux propriétés insecticides, fongicides, bactéricides, virucides servant de défenses chimiques contre les agents pathogènes (notamment chez les fourmis champignonnistes pour protéger leurs œufs et leurs cultures des champignons). Elles produisent également une batterie de molécules qui ont d'autres fonctions documentées chez certaines espèces[70].
96
+ Elles font partie des espèces pionnières et montrent des capacités étonnantes de terrassement, de colonisation et de résilience écologique, et même de résistance à la radioactivité[réf. souhaitée].
97
+
98
+ Certaines fourmis semblent ne pas ressentir la chaleur. Ainsi dans la Pampa d'Argentine les gauchos mettent régulièrement le feu aux herbes sèches. Les fourmis Atta qui vivent au sol continuent à couper des feuilles jusqu'à brûler vives[réf. souhaitée].
99
+
100
+ Les Solenopsis invicta, aussi appelées fourmis de feu, forment un radeau en s'accrochant les unes aux autres lorsqu'elles sont confrontées à un risque de noyade. Cette technique leur permet de survivre dans la forêt amazonienne, lors des moussons, où les risques d’inondations et de noyade sont élevés[35] .
101
+
102
+ Les ouvrières de l’espèce Atta d’un seul nid peuvent mobiliser et répartir sur 100 mètres carrés jusqu’à 40 tonnes de terre. Certaines espèces jouent un rôle au moins aussi important que celui des lombrics en ce qui concerne les couches superficielles du sol ; ce sont de 400 à 800 kg de sol qui sont creusés, mobilisés, transportés, maçonnés pour construire un nid climatisé dans le désert, et 2,1 tonnes en Argentine par Camponotus punctulatus.
103
+ De nombreuses espèces décolmatent et acidifient le sol, rendant ainsi mobilisables des nutriments autrement moins disponibles. Elles enfouissent de la matière organique et remontent en surface un sol fragmenté en petites particules propices à la croissance des graines.
104
+ Les fourmis contribuent à la fois à homogénéiser et aérer le sol, à l’enrichir en surface et en profondeur, tout en diversifiant les habitats en fonction de la proximité de la fourmilière.
105
+
106
+ Les fourmis jouent un rôle pédologique majeur en protégeant certains arbres de parasites. Ainsi, le merisier attire les fourmis grâce à ses nectaires - des glandes produisant du nectar - situées sur le pétiole de ses feuilles. La fourmi rousse des bois Formica polyctena consommerait 14 500 tonnes d’insectes par an, rien que dans les forêts alpines d’Italie, conservant des « îlots verts » autour de leurs nids lors des épisodes de défoliation. Elle est protégée par la loi dans plusieurs pays comme la Suisse et la Belgique, au même titre que les autres espèces de Formica sensu stricto.
107
+
108
+ Certaines fourmis contribuent à disperser et à faire germer de nombreuses graines, près de 100 % des graines d’une euphorbe méditerranéenne sont transportées par 3 ou 4 espèces de fourmis qui consomment l’élaïosome charnu et gras de la graine en rejetant le reste, sans affecter sa capacité germinative[réf. nécessaire].
109
+
110
+ De nombreuses épiphytes dépendent des fourmis ou sont favorisées par leur présence. Ces plantes produisent du nectar qui les attire et/ou un abri. En contrepartie, les fourmis fournissent une protection contre divers prédateurs et parfois jouent un rôle dans la dispersion des graines. Certaines espèces de Crematogaster[71],[72] ou de Camponotus végétalisent leurs nids et fabriquent des jardins suspendus en incorporant des graines d’épiphytes dans les parois de leurs nids faits de fibres ou pulpe de bois mâchées. Elles défendent activement leurs jardins dont elles tirent un nectar extrafloral, un abri supplémentaire et peut-être une protection microclimatique.
111
+
112
+ Seize espèces de fourmis pratiquent un mutualisme de pollinisation[73]. La plupart des autres, si elles fréquentent les fleurs pour y récolter du nectar[74], produisent via leur glande métapleurale des substances antibiotiques inhibant la croissance du tube pollinique[75] ou pratiquent une castration mécanique de la fleur (destruction des pousses florales, ablation d'une partie de la fleur qui sert de gîte aux colonies de fourmis)[76]. La myrmécochorie concerne quant à elle 3 000 espèces de plantes[77]. Certaines plantes tropicales pratiquent aussi le mutualisme de nutrition, appelé myrmécotrophie, ce qui désigne leur aptitude à absorber les nutriments prélevés dans les déchets stockés par les fourmis. Enfin, l'interaction la plus courante est le mutualisme de protection : en échange de nourriture par la plante, la fourmi la débarrasse de ses parasites et phytophages[78].
113
+
114
+ Certaines espèces causent cependant des dégâts à certaines plantes cultivées via l’élevage qu'elles font des pucerons et cochenilles.
115
+
116
+ Certaines espèces de fourmis tisserandes sont depuis longtemps introduites dans les cultures fruitières pour défendre les fruits d’attaques d’insectes. Des fourmis du genre Ectatomma à petits effectifs mais à nids nombreux (11 000 nids/ha comptabilisés dans les plantations de café ou cacao au Chiapas[réf. nécessaire] au Mexique mangeraient annuellement 16 millions de proies pour Ectatomma tuberculatum et 15 fois plus (260 millions) pour Ectatomma ruidum.[réf. nécessaire]. Solenopsis invicta défend la canne à sucre de certains parasites majeurs et Wasmannia auropunctata protège les cocotiers des punaises. En Europe, ces espèces sont toutefois considérées comme invasives.
117
+
118
+ Les fourmis jouent un rôle majeur en tant que nécrophages en se nourrissant de petits animaux morts. En nettoyant rapidement les cadavres, elles participent à empêcher la libération de nombreuses propagules de microbes pathogènes dans l’environnement.
119
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120
+ On estime que 90 % au moins des cadavres d’insectes dans la nature finissent dans des fourmilières, avant d’être recyclés dans le sol.
121
+
122
+ Les fourmis se nettoient sans cesse et s’enduisent de molécules bactéricides, virucides et antifongiques. Les « nettoyeuses », fourmis chargées d’éliminer les cadavres du nid (reconnus par l’acide oléique gazeux qu'ils dégagent), les excréments et autres déchets, sont souvent des ouvrières en fin de vie ou des individus qui restent dans les endroits consacrés aux déchets (dépotoirs) et n’ont plus de contacts directs avec les autres fourmis, ce qui limite la propagation d'épidémies. Ces fossoyeuses sont en effet imprégnées d'acide oléique et se voient refuser l'accès au nid par les fourmis-soldats[79]. Certaines espèces s’enduisent de bactéries filamenteuses « amies » qui repoussent d’autres bactéries, pathogènes.
123
+ Cependant, leurs élevages de pucerons peuvent induire l’infestation des plantes par des champignons, via le miellat ou les piqûres faites dans les feuilles.
124
+
125
+ L’industrie, en particulier l'industrie pharmaceutique, s’intéresse aux nombreuses substances synthétisées par les fourmis. Des fourmilières reconstituées et circulant dans des salles et couloirs de plastique sont quant à elles utilisées comme moyen pédagogique.
126
+ La fourmi en tant qu’individu ou société intéresse également les cybernéticiens et les scientifiques qui travaillent sur l’auto-organisation.
127
+
128
+ La pollution, notamment celle provoquée par les pesticides, affecte de nombreuses espèces. Toutefois, c’est surtout l’introduction d’espèces de fourmis invasives et la destruction de leurs habitats (forêts, prairies, savanes et terres arbustives tempérées, savanes, bocage) qui sont les menaces principales pesant sur la diversité des fourmis.
129
+ Leurs prédateurs naturels sont nombreux (notamment amphibiens, reptiles, oiseaux, mammifères ou encore arthropodes). Certains animaux en sont des consommateurs spécialisés, comme le pangolin ou le tamanoir, et d'autres les consomment épisodiquement (par exemple le faisan ou l’ours brun en Europe, ou encore les chimpanzés, qui savent utiliser des brindilles pour aller les chercher dans leur nid, sans jamais mettre en péril les espèces[réf. nécessaire]).
130
+
131
+ Certaines mouches parasites pondent leurs œufs à l'intérieur de fourmis. Les larves se nourrissent et se développent à l'intérieur de leur hôte avant d'en émerger. Certaines espèces de mouches parasites de la famille des Phoridae ont notamment été introduites aux États-Unis dans une démarche de lutte biologique afin de lutter contre la prolifération de la fourmi de feu.
132
+
133
+ Les fourmis arboricoles se déplaçant le long des branches ou sur les feuilles dans la canopée de la forêt sont sujettes à être balayées par le vent, la pluie, ou encore le passage d'un animal. On a observé en 2005 que les fourmis arboricoles survivent en se comportant en « parachutistes ». Lorsqu'elles tombent, elles se mettent en position pattes écartées, comme les parachutistes qui contrôlent leur chute en inclinant leurs membres et leur corps. Ces fourmis glissent avec les pattes antérieures et l’abdomen orientés vers le tronc d’arbre, effectuant souvent des virages à 180° en direction de la cible dans les airs.
134
+
135
+ Chez les ponérines, les reines ne se distinguent généralement que difficilement des ouvrières ; le passage d’une caste à l’autre se fait plutôt par des formes de transition. Elles diffèrent des autres fourmis par la base de l’abdomen : le pétiole se compose d’un segment avec un nœud, et l’anneau abdominal qui suit est séparé du gastre par une encoche très nette. Reines et ouvrières possèdent un aiguillon. Les nymphes sont toujours enveloppées par un cocon. Cette sous-famille habite surtout les pays chauds. En France, elle est représentée par 7 espèces.
136
+
137
+ Après de longues années de controverses et de recherche, il est aujourd'hui accepté que la plupart des espèces considérées comme faisant partie des Ponerinae au sens large ne représentent pas une famille monophylétique mais plutôt un ensemble de familles basales, certaines étant les ancêtres des autres familles[80]. On utilise généralement le terme Poneromorphe (ou Ponerinae lato sensu) pour désigner ce groupe paraphylétique, qui reste utile dans certains cas.
138
+
139
+ Exemple d'espèce en France : Ponera coarctata (elle fait partie des « Fourmis sans reine » citées plus haut).
140
+
141
+ Les Myrmicinae se distinguent facilement des autres fourmis par leur pétiole abdominal. Il se compose toujours de deux segments en forme de nœuds qui correspondent aux 1er et 2e segments abdominaux. Reines et ouvrières possèdent un aiguillon, et certaines espèces peuvent infliger des piqûres très douloureuses. Les nymphes ne sont pas enveloppées d’un cocon comme chez la plupart des fourmis à écaille (Myrmicinae, Dolichoderinae, Formicinae). En France, on trouve 106 espèces de Myrmicinae.
142
+
143
+ Quelques exemples d'espèces en France : Myrmica rubra, Temnothorax affinis, Tetramorium caespitum.
144
+
145
+ Les représentantes de cette sous-famille peu nombreuse (9 espèces en France) possèdent un pétiole à écaille, mais celui-ci est bas et incliné vers l’avant, contrairement à celui des Formicinae, que nous verrons par la suite. Le gastre n’est composé que de 4 segments chez les reines et ouvrières. L'aiguillon est atrophié et les nymphes sont nues.
146
+
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+ Exemple d'espèce en France : Dolichoderus quadripunctatus, Tapinoma erraticum.
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+
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+ Chez les Formicinae, le pétiole forme une écaille plate et dressée. Le gastre, se compose de 5 segments chez les ouvrières et les reines. Chez presque toutes les espèces, les nymphes sont enveloppées d’un cocon. 55 espèces de Formicinae sont présentes en France.
150
+
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+ Quelques exemples d'espèces en France : Camponotus ligniperdus, Lasius niger, Formica rufa, Formica sanguinea, Polyergus rufescens.
152
+
153
+ Les fourmis fossiles les plus anciennes sont datées de l'Albien, un étage géologique vieux d'environ 100 millions d’années[81] mais les myrmécologues estiment que les premières espèces pourraient être apparues au Crétacé inférieur, entre 120 et 143 millions d'années[82]. Le plus ancien fossile connu apparenté aux fourmis est celui de Gerontoformica cretacica, découvert en 2004 par le paléoentomologiste du MNHN André Nel dans l’ambre de l’Albien supérieur en Charente-Maritime (France)[83]. Son anatomie laisse penser qu'elle était carnivore (longues jambes, fortes mandibules)[84].
154
+
155
+ Les fourmis semblent avoir divergé d’insectes apparentés à des guêpes solitaires (certaines espèces de fourmi ont d'ailleurs conservé un dard et seules les ouvrières ont perdu leurs ailes)[85]. La sous-famille Martialinae, dont la seule espèce connue est Martialis heureka, pourrait être à l’origine de toutes les autres sous-familles[réf. souhaitée]. Une radiation explosive se produit dans la litière des forêts tropicales au milieu du crétacé et est contemporaine de l'apparition des plantes à fleurs (co-évolution naturelle pour s'adapter aux insectes phytophages et pollinisateurs)[86]. L'extinction Crétacé-Tertiaire il y a 66 millions d'années touche peu les insectes (essentiellement les insectes qui ont les associations les plus spécialisées avec les fleurs, tandis que beaucoup de familles d'insectes ont probablement été protégées par leur mode de vie souterrain)[87] et les fourmis poursuivent leur diversification et leur expansion comme les mammifères[85].
156
+
157
+ Position phylogénétique de la famille Formicidae[88]
158
+
159
+
160
+
161
+ Sierolomorphidae
162
+
163
+ Tiphiidae
164
+
165
+ Sapygidae
166
+
167
+ Mutillidae
168
+
169
+ Pompilidae
170
+
171
+ Rhopalosomatidae
172
+
173
+ Formicidae
174
+
175
+ Vespidae
176
+
177
+ Scoliidae
178
+
179
+ Comme chez d'autres hymènoptères, l'eusocialité a evolué au début de la lignée des fourmis et n'a presque jamais été perdue par la suite. L'apparition de l'eusocialité aurait été favorisée par le système de détermination sexuelle haplodiploïde des Hymènoptères et les soins parentaux déjà présent chez les ancêtres des fourmis actuelles[89]. Les soins parentaux témoignent d'un investissement important dans la reproduction, et favorise le contact entre différentes générations, tandis que le système de détermination haplodiploïde rend les sœurs génétiquement plus proches entre elles qu'elles ne le seraient de leurs propres descendants. La théorie de la sélection de parentèle explique que dans une telle situation des individus peuvent avoir intérêt à privilégier la reproduction de leurs parents plutôt que la leur.
180
+
181
+ De plus, il semble que chez les fourmis le métabolisme de l'insuline soit impliqué dans l'apparition d'une caste stérile d'ouvrières[90], comme le suggèrent les études de Daniel Kronauer sur le gène ilp2 (insulin-like peptide 2). Ce gène agirait sur le cycle de ponte, permettant à certains individus seulement de se reproduire, en inhibant la reproduction des autres[91].
182
+
183
+ Les rapports entre humains et fourmis sont très variables. D’un côté, les fourmis ont souvent été utilisées dans des fables et des histoires enfantines pour représenter l’acharnement au travail et l’effort coopératif. Elles peuvent aussi être perçues comme utiles pour éliminer certains insectes nuisibles et aérer le sol. Diverses expéditions ont montré que la tribu Rahamefy se servait des fourmis pour rendre les sols meubles.
184
+
185
+ Toutefois, elles peuvent devenir sources de nuisances lorsqu'elles envahissent les maisons, les cours, les jardins et les champs.
186
+
187
+ Les fourmis sont un plat particulièrement apprécié pour ses qualités nutritives par certaines tribus aborigènes d'Australie.
188
+
189
+ Avec la mondialisation des échanges commerciaux et des transports, plusieurs espèces sont devenues invasives ; c'est le cas de la fourmi d'Argentine (voir ci-dessous).
190
+
191
+ Certaines espèces ont la réputation d'être potentiellement dangereuses pour l'homme, comme les fourmis légionnaires du genre Dorylus ou encore la fourmi « bull dog » (Myrmecia pyriformis). Dans leur quête de nourriture ou pour la défense de leurs nids, elles sont capables d'attaquer des animaux beaucoup plus grands qu’elles. Dans le cas de la fourmi bulldog, même si les attaques sur l’être humain sont plutôt rares, les piqûres et les morsures peuvent être mortelles si elles sont répétées, en raison d'un possible choc anaphylactique[92].
192
+
193
+ Les fourmis peuvent aussi être source de problèmes lorsqu’elles sont introduites dans des zones géographiques où elles ne sont pas indigènes. C'est le cas de Linepithema humile, la fourmi d’Argentine, qui forme une supercolonie qui va des côtes italiennes aux côtes espagnoles en passant par la France, soit plus de 6 000 km[93], et extermine les espèces indigènes.
194
+
195
+ L'adaptation à un environnement modifié par l'être humain tel que la ville peut faire évoluer des colonies forestières comptant quelques milliers d'individus et une seule reine à plusieurs millions de membres et plusieurs dizaines de milliers de reines. C'est le cas de la fourmi odorante (Tapinoma sessile) en Amérique. Cette adaptation reste exceptionnelle et d'autres espèces, bien qu'étant soumises aux mêmes contraintes et bénéfices, ne réagissent pas de la même manière. Une des explications possibles serait que la fourmi odorante s'adapte plus vite que les autres espèces et monopolise alors cette nouvelle niche écologique au détriment des autres espèces qui en dépendent[94].
196
+
197
+ Les œufs de fourmis pourraient réduire la pilosité des femmes[95]. Les œufs de fourmis relèveraient d'un rituel de beauté séculaire en Turquie et au Moyen-orient où les femmes badigeonnaient leurs bébés d'œufs de fourmis pour qu'ils grandissent imberbes[96],[97].
198
+
199
+ Les œufs de certaines fourmis (en)sont utilisés pour l'alimentation humaine.
200
+
201
+ Certaines odeurs fortes ont une action répulsive sur les fourmis. C'est notamment le cas du jus de citron[28] et du vinaigre, ce qui permet de les éloigner en en dispersant sur leur passage[98].
202
+
203
+ Les myrmécologues étudient les fourmis en laboratoire et dans leurs conditions naturelles. Leurs structures sociales complexes et variées ont fait des fourmis un organisme modèle très utilisé. Leur capacité à voir dans l'ultraviolet a été découverte par Sir John Lubbock en 1881[99]. Des études sur les fourmis ont principalement été menées dans les domaines de l'écologie et de la sociobiologie. Un intérêt important leur a été porté dans le cadre de l'élaboration de théories concernant la sélection de parentèle (leur système de détermination sexuelle haplodiploïde avec des mâles haploïdes et des femelles diploïdes crée des asymétries de parenté entre les représentants des différentes castes de la fourmilière[100]) et les stratégies évolutivement stables[101]. Les colonies de fourmis peuvent être étudiées en élevage ou en les maintenant temporairement dans un vivarium spécialement conçu dans lequel les individus peuvent par exemple être suivis en les marquant avec des couleurs[102].
204
+
205
+ Les techniques utilisées avec succès par les colonies de fourmis ont été étudiées en informatique et en robotique afin de produire des systèmes distribués et tolérants aux pannes pour servir à résoudre des problèmes complexes, comme avec les algorithmes de colonies de fourmis et la robotique des fourmis (en). Ce domaine de la biomimétique a conduit à des études sur la locomotion des fourmis, sur les moteurs de recherche qui font usage du « chemin le plus court entre la fourmilière et une source de nourriture », d'algorithmes tolérant aux pannes de stockage en réseau.
206
+
207
+ La fourmi d’Argentine, Linepithema humile, décrite pour la première fois en 1868, par Gustav Mayr a profité des échanges commerciaux pour s’expatrier et coloniser le Sud des États-Unis dès 1891, l’Europe en 1904, l’Afrique du Sud en 1908 et l’Australie en 1939. Il est probable qu’elle ait atteint les côtes méditerranéennes en 1920 par le biais de l'importation de plantes à fleur.
208
+
209
+ En 2002, des entomologistes européens ont constaté que la fourmi d’Argentine avait envahi l’Europe du Sud sur 6 000 km, du nord de l’Italie jusqu’à la Galice et le Portugal, en passant par le sud de la France. Cette supercolonie est la plus grande jamais observée dans le monde. La deuxième se situe en Catalogne.
210
+
211
+ Le changement d’environnement de ces fourmis serait à l’origine de leur très grande cohésion. En effet, dans leur pays natal, les colonies de Linepithema Humile ne comptent qu’un seul nid. C’est l’absence de prédateur en Europe qui aurait permis à ces fourmis d’augmenter la densité de leurs nids, augmentant ainsi les échanges entre les ouvrières des différent nids, et entraînant un appauvrissement de la diversité des gènes de reconnaissance des individus au sein de leur nid d'origine, ce qui aurait résulté en l'émergence d'une unique supercolonie composée de l'alliance d'une multitude de colonies.
212
+ En 2004, des scientifiques américains ont remis en cause l’idée d’appauvrissement génétique. L’étude de Deborah Gordon sur une supercolonie présente en Californie, publiée dans la revue Ecology, a révélé que la coopération des fourmis aurait plutôt pour origine un régime alimentaire commun.
213
+
214
+ Les fourmis d’Argentine ne sont pas dangereuses pour l’homme mais elles nuisent à l’écosystème de l’Europe du Sud. Un des moyens envisagés pour empêcher l’expansion de cette supercolonie serait de lutter contre l’unicolonialité qui unit les nids de fourmis.
215
+
216
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
217
+
218
+ Tête de fourmi grossie au microscope électronique.
219
+
220
+ Reine Formica sanguinea et ouvrière « esclave » Formica fusca).
221
+
222
+ Myrmica rubra « à la traite » de pucerons.
223
+
224
+ Fourmis et pucerons.
225
+
226
+ Atta colombica au Panama : ouvrières découpant des feuilles.
227
+
228
+ Atta colombica, au Panama. Ouvrières au transport.
229
+
230
+ Œil de Formica sanguinea.
231
+
232
+ Individus sexués ailés, se préparant pour un vol nuptial.
233
+
234
+ Paraponera clavata, Guyane.
235
+
236
+ Dinoponera quadriceps, Pérou.
237
+
238
+ Fourmilière de fourmis rousses des bois, en forêt de St-Amand (nord de la France).
239
+
240
+ Détail du dôme d’une fourmilière de fourmis rousses des bois, St-Amand (nord de la France).
241
+
242
+ Harpegnathos saltator, combat entre deux ouvrières de colonies différentes.
243
+
244
+ Odontomachus sp. de Wayanad, Kerala, Inde.
245
+
246
+ Fourmis tisserandes avec couvain sur une feuille.
247
+
248
+ Portrait d'une fourmi.
249
+
250
+ La fourmi symbolise souvent l'ardeur au travail (cf. par exemple les fables de La Fontaine). Les fourmis sont parfois utilisées comme un remède contre la paresse (comme au Maroc). Dans certaines régions africaines, les fourmis sont les messagers des dieux. On dit souvent que les morsures de fourmis ont des propriétés curatives. Quelques religions amérindiennes, comme la mythologie Hopi, reconnaissent les fourmis comme des ancêtres. Les morsures de fourmis sont utilisées comme test d’endurance et de courage dans les cérémonies d’initiation de certaines cultures africaines et amérindiennes[103].[source insuffisante]
251
+
252
+ Alors que la culture met d'ordinaire en avant la fourmi comme travailleuse, une étude visant à déterminer la charge de travail chez les fourmis Temnothorax rugalutus a révélé qu'en réalité 45 % des fourmis d'une fourmilière sont inactives[104],[105].
253
+
254
+ La fourmi est aussi un élément de certaines expressions imagées :
255
+
256
+ Le thème de la fourmi est traité en littérature, dans les arts visuels ou plastiques, et dans les jeux vidéo :
257
+
258
+ « Va vers la fourmi, paresseux ;Considère ses voies, et deviens sage.Elle n'a ni chef, ni inspecteur, ni maitre ;Elle prépare en été sa nourriture, elle amasse pendant la moisson de quoi manger. »
259
+
260
+ — (Proverbes 6:6-8)
261
+
262
+ « Les fourmis, peuple sans force, préparent en été leur nourriture. »
263
+
264
+ — (Proverbes 30:25)
265
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266
+ Sur les autres projets Wikimedia :
267
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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+
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+
3
+ Apple [ˈæpəl][9] Écouter (litt. « pomme » en anglais) est une entreprise multinationale américaine qui crée et commercialise des produits électroniques grand public, des ordinateurs personnels et des logiciels informatiques. Parmi les produits les plus connus de l'entreprise se trouvent les ordinateurs Macintosh, l'iPod, l'iPhone et l'iPad, la montre Apple Watch, le lecteur multimédia iTunes, la suite bureautique iWork, la suite multimédia iLife ou des logiciels à destination des professionnels tels que Final Cut Pro et Logic Pro. En 2019, l'entreprise emploie 137 000 employés et exploite 506 Apple Stores répartis dans 25 pays[10],[11] et une boutique en ligne où sont vendus les appareils et logiciels d'Apple mais aussi de tiers. Son bénéfice annuel pour l'année 2019 est de 55,2 milliards de dollars[12].
4
+
5
+ Apple est créée le 1er avril 1976 dans le garage de la maison d'enfance de Steve Jobs à Los Altos en Californie par Steve Jobs, Steve Wozniak et Ronald Wayne[13], puis constituée sous forme de société le 3 janvier 1977 à l'origine sous le nom d'Apple Computer, mais pour ses 30 ans et pour refléter la diversification de ses produits, le mot « computer » est retiré le 9 janvier 2007[14].
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+
7
+ En raison de sa philosophie industrielle de l'intégration verticale, de son approche marketing fondée sur l'innovation, l'ergonomie et l'esthétique de ses produits appréciées des consommateurs, de ses campagnes publicitaires originales et des clients qui s'identifient à l'entreprise et à la marque[15], Apple s'est forgé une réputation singulière dans l'industrie électronique grand public.
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9
+ Selon un classement du magazine Fortune, Apple est la société la plus admirée dans le monde en 2006, 2007, 2008, 2009, 2010[16], 2011, 2012 et 2013[17]. À partir de 2011, elle est au gré des fluctuations du marché, la première capitalisation boursière de la planète[18]. En 2020, elle devient la première entreprise privée de l'histoire à atteindre une valeur de 1 500 milliards de dollars en Bourse[19].
10
+
11
+ Mais la firme reçoit aussi de nombreuses critiques concernant les conditions de travail de ses ouvriers, ses choix environnementaux et ses pratiques commerciales[20], une grande partie de ses produits étant fabriqués dans des pays asiatiques comme l'Inde ou la Chine[21],[22].
12
+
13
+ En août 2015, le site internet d'Apple a fusionné avec l'Apple Store en ligne[23]. L'internaute peut donc directement acheter en ligne sur la page de présentation de chaque produit.
14
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15
+ Apple est créé le 1er avril 1976 dans la maison d'enfance de Steve Jobs à Los Altos, puis constituée sous forme de société le 3 janvier 1977. Elle prend diverses facettes coordonnées avec l'évolution du monde informatique qu'elle précède, partant d'un monde sans ordinateur personnel à une société du XXIe siècle interconnectée par l'intermédiaire de terminaux fixes et mobiles. Elle est l'un des premiers constructeurs travaillant à la conception de machines moins coûteuses et moins encombrantes face au monopole IBM.
16
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17
+ Parmi ses produits phares, on trouve l'Apple II, le Macintosh, l'iPod, l'iPhone et l'iPad.
18
+
19
+ L'image d'Apple est étroitement associée à celle de son cocréateur, Steve Jobs. Celui-ci doit quitter l'entreprise en 1985 à la suite d'un conflit avec John Sculley qu'il avait pourtant recruté au poste de directeur général[24]. Il crée alors NeXT[25]et rachète Pixar à George Lucas, ce qui lui vaudra de devenir, lors du rachat des studios d'animation en 2006, membre du conseil d'administration et premier actionnaire individuel de la Walt Disney Company.
20
+
21
+ Il revient prendre la direction de la marque à la pomme en 1997 et se trouve dès lors à l'origine de la réussite planétaire des différents produits lancés depuis cette époque, toujours présentés à un rythme quasi semestriel lors de ses célèbres « keynotes ». Affecté à partir de 2004 par un cancer du pancréas, Steve Jobs doit finalement renoncer à ses fonctions de PDG le 25 août 2011 (continuant cependant d'occuper la fonction de président du conseil d'administration et de directeur d'Apple), et c'est Tim Cook qui lui succède.
22
+
23
+ Steve Jobs décède le 5 octobre 2011, à l'âge de 56 ans. Un hommage lui est rendu sur le site web d'Apple via sa photo et un portrait en noir et blanc avec comme texte « Steve Jobs ; 1955-2011 »[26].
24
+
25
+ Le 9 août 2011, quelques mois après le lancement réussi de l'iPad 2, la capitalisation boursière du groupe atteint 341,5 milliards de dollars[27], dépassant celle du géant pétrolier Exxon. Ce chiffre va quasiment doubler en un an, à mesure que le succès populaire de l'iPad ne se dément pas : le 20 août 2012, Apple bat le record de la plus grande capitalisation boursière de l'histoire boursière, avec 622,10 milliards de dollars, dépassant le précédent sommet, touché par Microsoft, à 620,58 milliards de dollars le 30 décembre 1999[28]. Le 30 avril 2017, le journal The Wall Street rapporte qu'Apple a une réserve de 250 milliards de $[29], c'est 256,8 milliards de $ confirmé par la firme[30]. Le 3 novembre 2017, Apple touche de nouveaux sommets avec une capitalisation qui dépasse les 900 milliards de dollars[31],[32].
26
+
27
+ Enfin, le 2 août 2018, l'action Apple monte en bourse au-delà de 207 dollars l'unité, pour devenir la première entreprise privée de l'histoire à atteindre une capitalisation boursière de 1 000 milliards de dollars[33]. En juin 2020, pendant la crise sanitaire mondiale du Covid-19, l'action "AAPL" bat de nouveaux records, atteignant le 5 juin une capitalisation boursière de plus de 1 400 milliards de dollars pour une action qui atteint les 330 dollars[34].
28
+
29
+ Comme Amazon, Facebook et Google, Apple a, depuis sa fondation, racheté de nombreuses entreprises pour alimenter sa croissance, élargir sa base d'utilisateurs et développer de nouvelles technologies. Parmi ses acquisitions on peut citer NeXT, P.A. Semi, Siri et Beats Electronics.
30
+
31
+ En août 2016, Apple se renforce dans le domaine de l'intelligence artificielle et rachète la société spécialisée Turi, basée à Seattle, pour un montant estimé à 200 millions de dollars. Turi est spécialisée d'après son site internet sur une branche de l'intelligence artificielle appelée machine learning (apprentissage automatique en français) : des outils et algorithmes permettant aux ordinateurs ou aux applications logicielles « d'apprendre » au fur et à mesure de leur utilisation. Cela peut entre autres servir à analyser les comportements des utilisateurs, à cibler en fonction de leur profil des publicités ou des recommandations de produits, ou encore à détecter des anomalies et donc des fraudes potentielles[35].
32
+
33
+ En février 2017, Apple rachète la startup israélienne Real Face, spécialisée dans la reconnaissance faciale[36].
34
+
35
+ Les profits de l'entreprise sont passés de 5 milliards de dollars en 2007 à 45,2 milliards en 2017. Elle paye un impôt sur les sociétés aux États-Unis qui est passé de 1 milliard de dollars en 2007 à 3,3 milliards en 2011. Cette relative faible hausse vient du fait qu'elle déclare une bonne partie de ses impôts à Reno (Nevada), où la compagnie dispose d'une présence symbolique. L'impôt sur les entreprises étant en 2001 de 8,84 % en Californie et de zéro au Nevada[37].
36
+
37
+ Apple optimise également son imposition au niveau international à l'aide des méthodes du « double irlandais » et du « Sandwich hollandais ». Elle utilise pour cela une filiale en Irlande (taux d'imposition de 12,5 %) dont l'objectif est de récolter le produit des brevets déposés par Apple. Une autre filiale au Luxembourg gère les revenus des ventes d'iTunes. Une filiale aux Pays-Bas permet de récupérer les bénéfices irlandais en franchise d'impôts. Les bénéfices sont ensuite orientés vers des paradis fiscaux[38]. Elle détient en 2014 150 milliards de dollars dans le paradis fiscal des îles Vierges britanniques[39].
38
+
39
+ Au niveau mondial hors États-Unis, sur des bénéfices à l'étranger de 36,8 milliards de dollars fin 2012, elle a versé 713 millions de dollars au 29 septembre, soit un taux de 1,9 %[40].
40
+
41
+ En janvier 2018, Apple annonce qu'elle va rapatrier aux États-Unis tout son argent à l'étranger et payer 38 milliards de dollars ce qui lui permettra d'économiser 50 milliards de dollars d'impôts[41].
42
+
43
+ Les autorités européennes de Bruxelles ont déclenché une enquête visant les régimes fiscaux très généreux dont bénéficient certaines multinationales via leurs filiales en Irlande, aux Pays-Bas ou au Luxembourg. Joaquín Almunia, commissaire européen chargé de la Concurrence, a donc décidé de lancer une enquête visant Apple et ses pratiques d'optimisation fiscale[42]. Si l'aide de l'État irlandais est reconnue, un remboursement conséquent pourrait être exigé[43]. Le 30 août 2016, la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager annonce qu'Apple devra verser 13 milliards d’euros, plus les intérêts, à l’Irlande, au titre des impôts qu’elle aurait dû y payer entre 2003 et 2014[44]. Le 24 avril 2018, le gouvernement irlandais annonce la signature avec Apple d’un accord permettant le versement, sur un compte bloqué, des 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux jugés indus par l’Union européenne[45]. La justice européenne annule la décision de la Commission le 15 juillet 2020 avec comme conséquence qu'Apple ne devra pas rembourser les 13 milliards d'euros à l'Irlande[46].
44
+
45
+ En 2011, des utilisateurs d'Iphone attaquent Apple pour pratique monopolistique concernant le fonctionnement de l'App Store[47]. Ils dénoncent la commission excessive prélevée par Apple sur les applications, en raison du monopole de l'App Store, les prix sont plus importants que si la vente d'applications était aussi possible sur d'autres plateformes.
46
+
47
+ Après une première victoire d'Apple en 2014, la cour d'appel de San Francisco annule cette décision en 2017[48]. Apple se tourne alors vers la cour suprême qui confirme la décision de 2017 et ouvre la voie à un procès. En mai 2019, les juges estiment: « Les propriétaires d’iPhone paient le surcoût présumé à Apple. L’absence d’intermédiaire est évidente » ils se refusent de donner « un feu vert aux détaillants en position de monopole pour qu’ils en abusent »[49]. La décision de la Cour suprême pourrait également avoir un impact sur d'autres sociétés, telles qu'Amazon, qui préfèrent se présenter comme des intermédiaires et non comme des vendeurs directs[50].
48
+
49
+ Début 2019, En Europe, le service de streaming Spotify accuse Apple auprès de la Commission européenne d'avoir abusé de la domination de son App Store pour favoriser son propre service Apple Music[51].
50
+
51
+ Le choix du logo fruitier s'inspire du nom de la société Apple (pomme) adopté notamment car cela le plaçait dans l'annuaire téléphonique avant Atari. Steve Jobs explique à son biographe Walter Isaacson : « J'étais dans ma phase 'pommes' de mon régime [végétalien]. Je revenais de la plantation de pommiers. Je trouvais ce nom sympathique et pas intimidant », à la différence des sigles comme IBM ou HP[52].
52
+
53
+ Le premier logo d'Apple, dessiné par Ronald Wayne, représente Isaac Newton appuyé contre un pommier. En bordure du dessin se trouve un segment du poème Prelude de William Wordsworth : « Newton… A mind forever voyaging through strange seas of thought… alone. » Il est très rapidement remplacé, au début de 1977, par la pomme arc-en-ciel dessinée par Rob Janoff, la célèbre pomme croquée. Janoff présenta à Steve Jobs des versions monochromatiques de la pomme croquée ; ce dernier s'est tout de suite pris d'affection pour elle. Il a cependant insisté sur le fait qu'elle devait être colorée pour humaniser la firme[53],[54]. Selon Rob Janoff, la pomme est croquée pour qu'elle ne soit pas confondue avec une cerise ; les couleurs permettaient, elles, de refléter la capacité des Apple II à pouvoir afficher des couleurs[55].
54
+
55
+ Ce logo est souvent considéré, à tort, comme un hommage à Alan Turing, mathématicien britannique homosexuel, qui se serait suicidé ― selon la thèse officielle, jamais prouvée[56],[57] ― en mangeant une pomme imprégnée de cyanure. De même, les couleurs proches de celles du drapeau arc-en-ciel de la communauté LGBT seraient une référence à son homosexualité, en raison de laquelle il fut inquiété par la loi alors en vigueur. Aussi bien le dessinateur du logo qu'Apple ont nié qu'il y avait un quelconque hommage à Turing dans le logo de la pomme arc-en-ciel[55],[58],[59].
56
+
57
+ Avec la sortie de l'iMac G3 en 1998, Apple a commencé à introduire la pomme monochrome sur ses machines, mais le modèle arc-en-ciel était toujours sur le système d'exploitation d'alors (Mac OS 8) et restera sur le suivant (Mac OS 9). Le 24 mars 2001 sortit Mac OS X, premier système Apple à arborer la pomme monochrome, marquant définitivement la fin de la pomme arc-en-ciel.
58
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59
+ Galerie des logos Apple[60],[61]
60
+
61
+ Le premier logo d'Apple avec Isaac Newton sous un pommier (dessiné par Ronald Wayne).
62
+
63
+ Logo utilisé de septembre 1977 à juin 1998 (dessiné par Rob Janoff).
64
+
65
+ Pomme monochromatique utilisée dès septembre 1998.
66
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67
+ Variante « Aqua » utilisée de septembre 2001 à juin 2007 en même temps que la pomme monochromatique.
68
+
69
+ Variante « chromée », utilisée de septembre 2007 à juin 2013, en même temps que la pomme monochromatique.
70
+
71
+ Remise au goût du jour de la pomme monochromatique de 1998 depuis octobre 2013, selon la tendance flat design.
72
+
73
+ Le premier slogan d'Apple « Byte into an apple » est utilisé sur les brochures publicitaires de l'Apple I en 1976[62].
74
+
75
+ Entre 1997 et 2002, Apple a utilisé le toujours célèbre slogan Think different dans ses campagnes publicitaires. Bien qu'il ne soit plus utilisé, il est toujours associé à Apple[63]. Aux côtés de ces slogans génériques, Apple a aussi usité des slogans spécifiques à certains produits dont le célèbre « iThink, therefore iMac » utilisé en 1998 pour la promotion de l'iMac[64]. Après avoir présenté le premier Macintosh avec « Hello », puis l'iMac avec « Hello (again) », l'iPod puis l'iPhone ont été lancés avec un slogan très proche : « Say hello to iPod » et « Say hello to iPhone »[65].
76
+
77
+ Au 31 janvier 2020[66] :
78
+
79
+ Sorti en 1977, l'Apple II est considéré comme le premier ordinateur personnel au monde produit en grande série[67]. Ses ventes firent la richesse d'Apple, et représentèrent la majeure partie de son revenu jusque dans la seconde moitié des années 1980.
80
+
81
+ Le Macintosh, famille d'ordinateurs, a constitué pendant plus de 20 ans l'activité principale d'Apple. En 2014, ils sont constitués :
82
+
83
+ Apple vend aussi de nombreux accessoires pour les Macintosh (aussi compatibles avec les autres ordinateurs) tels que la Time Capsule, la Magic Mouse, le Magic Trackpad ou les claviers Apple.
84
+
85
+ Lancé pour la première fois en 2001, le baladeur numérique iPod signe pour Apple l'entrée dans le monde de la musique. D'un modèle unique, le modèle s'est décliné en plusieurs versions au fil des années. L'iPod est à ce jour le leader du marché des baladeurs numériques dans le monde et on compte, depuis son lancement en 2001, plus de 275 millions d'appareils vendus. Il exista jusqu'à 4 familles d'iPod :
86
+
87
+ L'iPod classic, en raison du modèle de disque dur dépassé, cessa d'être produit en 2014. Après avoir été révisés en 2012, l'iPod nano et shuffle furent retirés de la vente en 2017. On souligna que c'est une grande partie de l'histoire d'Apple qui se tourne[69]. Seul l'iPod touch, dont la dernière révision remonte à 2019, est toujours en vente.
88
+
89
+ L'iPhone, famille de smartphone d'Apple, est présenté par Steve Jobs en janvier 2007 lors de la Macworld Conference & Expo, il est la convergence d'un smartphone, d'un iPod et d'un client internet. L'iPhone est le premier appareil Apple équipé du nouveau système d'exploitation, alors nommé iPhone OS, maintenant iOS. Son succès grandit au fil des nouvelles fonctionnalités qui lui sont apportées. En 2008, Apple ouvre l'App Store, une boutique de logiciels payants et gratuits dédiés à l'iPhone OS qui, chaque année, voit l'apparition lors de conférences organisées par Apple de nouveaux modèles d'iPhone qui sont apparus au fil des versions de nouvelles fonctionnalités telles que la 3G, un GPS, un gyroscope ou encore l'appel visio FaceTime. Le 4 octobre 2011, Apple présente l'iPhone 4S, doté de Siri, une interface à reconnaissance vocale qui permet à l'utilisateur de donner des ordres vocaux à son iPhone. Le 21 septembre 2012, l'iPhone 5, qui présente un design revu, un écran plus long, un processeur plus puissant et plus rapide et qui supporte les réseaux LTE aux États-Unis et dans plus de 40 pays, est mis en vente. Le 10 septembre 2013, Apple annonce l'iPhone 5s, l'un des deux modèles de la 7e génération de l'iPhone ; il prend en charge la 4G LTE des opérateurs français et intègre un nouveau système de déverrouillage par empreinte digitale (Touch ID). L'autre modèle de la 7e génération de l'iPhone, est l'iPhone 5c qui a été annoncé au même moment que l'iPhone 5s ; il reprend la plupart des caractéristiques techniques de l'iPhone 5, avec toutefois la prise en charge des réseaux 4G LTE des opérateurs français, et adopte également un nouveau design en polycarbonate coloré. Le 9 septembre 2014, Apple lance la 8e génération de l’iPhone, avec l'iPhone 6 (écran de 4,7 pouces) et l'iPhone 6 Plus (écran de 5,5 pouces), qui intègrent le nouveau système de payement d'Apple (Apple Pay). En septembre 2015, à l'occasion du lancement des iPhone 6s et 6s Plus, Apple annonce avoir vendu plus de 13 millions d'appareils dès le premier week-end, ce qui constitue un score historique pour la marque[70]. Apple a présenté lors de la keynote du 21 mars 2016, un nouvel iPhone qui reprend le modèle de résolution de 4 pouces, le nom de ce modèle est l'iPhone SE, qui signifie « Special Edition », donc édition spéciale[71]. La firme enregistre cependant le 26 avril 2016 une baisse de 16 % sur les ventes de ses iPhone et une chute de 22 % de son bénéfice net[72]. Le 7 septembre 2016, Apple présente lors d'une keynote les iPhone 7 et 7 Plus. Lors de sa keynote du 12 septembre 2017, alors que le public n'attendait qu'un seul modèle d'iPhone, Apple en dévoila trois, l'iPhone 8, 8 Plus et l'iPhone X. Avec ces deux nouveaux smartphones, Apple apporte enfin la recharge sans fil. Alors que l'iPhone 8 et 8 Plus reprenaient le design de l'iPhone 7, l'iPhone X, lui, adopte un tout nouveau design jamais vu chez Apple avec un écran de 5,8 pouces et embarque la nouvelle technologie développée par Apple de reconnaissance faciale en 3D (Face ID). Tous deux apportent la nouvelle version d'iOS, iOS 11. Le 12 septembre 2018, Apple annonce la version améliorée de l'iPhone X en deux tailles : l'iPhone XS et l'iPhone XS Max, même technologie que ce dernier avec un écran plus grand (le plus grand qu'Apple ait jamais créé). Lors de cette Keynote, Apple annonça également l'iPhone XR. Le 10 septembre 2019[73], Apple présenta trois nouveaux iPhones : 11, 11 Pro et 11 Pro Max. Les iPhones 11 Pro et 11 Pro Max ont un triple appareil photo[74] ; une première chez Apple. Le 14 avril 2020, Apple annonce un nouvel iPhone, nommé iPhone SE, disponible à partir du 24 avril de la même année.
90
+
91
+ La tablette tactile iPad est présentée pour la première fois par Steve Jobs en janvier 2010. Elle fonctionne sous une version modifiée d'iOS (il sera d'ailleurs à l'origine du changement de nom de l'iPhone OS en iOS puisque ce système d'exploitation n'est plus cantonné à l'iPhone). Elle est particulièrement orientée vers les médias tels que les livres, journaux, magazines, films, musiques, jeux, mais aussi vers l'Internet et l'accès à ses courriers électroniques (e-mails). Avec un poids compris entre 680 à 730 grammes, cette tablette est située entre les smartphones et les ordinateurs portables.
92
+
93
+ La deuxième génération d'iPad est disponible depuis mars 2011 et se distingue par quelques améliorations : un processeur plus puissant (puce Apple A5 bicœur), son épaisseur est réduite de 33 % à 8,8 mm, son poids est réduit de 15 % (600 g pour la version Wi-Fi et 610 g pour la version Wi-Fi + 3G) et deux caméras intégrées (une frontale et une dorsale).
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95
+ Au second trimestre 2012, 34 millions d'iPad, pour un chiffre d’affaires de 19 milliards de dollars (15,5 milliards d’euros) ont été vendus aux États-Unis[75].
96
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97
+ L'iPad mini est une tablette tactile conçue et développée par Apple, manufacturée par Foxconn, présentée au public le 23 octobre 2012. Ce modèle issu de l'iPad en propose les mêmes fonctionnalités avec un écran plus petit : 7,9 pouces. Après quatre ans sans nouveauté chez l'iPad Mini, sa cinquième génération sort enfin le 18 mars 2019. L'iPad mini est disponible[76] à partir de 299 € (16 Go) en version WiFi et à partir de 419 € en version WiFi + Cellular (Wi-Fi + 4G LTE). De plus, en version Rétina, avec 16 Go il est proposé à 399 € (Wifi) et 519 € (Wifi + Cellular).
98
+
99
+ En 2019, sort l'iPad mini 5, avec un meilleur écran, la compatibilité avec l'Apple Pencil 1 et plus de puissance qu'il n'en faut grâce à la puce A12 d'Apple.
100
+
101
+ L'Apple Pencil de première génération sorti en même temps que les premiers iPad Pro, soit en novembre 2015, celui-ci permet d'écrire sur les iPad compatibles tout en passant la main sur l'écran, car l'iPad détectera le crayon[77].
102
+
103
+ La seconde génération du crayon d'Apple sorti trois ans plus tard change son design et son mode, elle apporte de nouvelles fonctionnalités et est compatible avec les nouveaux design des iPads Pro de 3e et 4e génération[77].
104
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105
+ Présentée le 9 septembre 2014 pour être disponible en avril 2015 à partir de 349 $, l'Apple Watch est une montre connectée qui se base sur son propre système d'exploitation, WatchOS. Fonctionnant avec un iPhone (iPhone 5 et supérieur), la montre permet, en plus de donner l'heure, d'utiliser différentes fonctions, et peut également servir de coach sportif avec un cardiofréquencemètre intégré. Elle se décline principalement en trois versions : Apple Watch, Apple Watch Sport et Apple Watch Edition (en or de 18 carats).
106
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107
+ En septembre 2016, Apple présente l'Apple Watch Series 2 accompagnée d'un nouvel OS watchOS 3. Si le design est quasi identique, l'intérieur a été revu. Nouveau processeur, étanchéité jusqu'à 50 m et GPS font leur apparition. Enfin, l’Apple Watch Edition abandonne l’or au profit de la céramique, pour un tarif divisé par dix. La nouvelle montre connectée est toujours disponible en 38 mm et 42 mm.
108
+
109
+ Le 12 septembre 2017, l'Apple Watch Series 3 est présentée. Le design restant le même que les précédents, l'Apple Watch 3 inclut tout de même quelques nouveautés telles que la simulation d'une carte SIM afin qu'elle soit autonome (utilisation sans iPhone) et WatchOS4, une nouvelle version du système d'exploitation. Les prix des montres de cette série commencent à 369 € (GPS) et vont jusqu’à 1 499 € (GPS + Cellular) incluant un boîtier céramique[78].
110
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111
+ En septembre 2018, Apple présente l'Apple Watch Series 4. Le design est amélioré et elle renforce son positionnement sur le créneau sport et santé. Elle est disponible en 40 et 44 mm, et le prix débute à 429 €[79]. Apple fait face à une accusation de vol de brevets au détriment de la société Masimo[80].
112
+
113
+ Un an plus tard, fut présenté l'Apple Watch Series 5, cette fois, le design ne change pas, mais elle hérite d'un écran toujours allumé et d'une boussole intégrée[81].
114
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+ Présentée fin mars 2007 dans sa première version par Steve Jobs, L'Apple TV (TV) est une box conçue par Apple permettant la communication sans fil entre un ordinateur et un téléviseur, à l'instar du Chromecast et d'Android TV de Google. L'appareil est conçu pour être utilisé avec un iPhone, un iPad, un iPod, une Apple Watch ou un Mac sous OS X.
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117
+ La dernière version de l'appareil, présentée lors du keynote d'octobre 2015, est dotée d'un nouveau processeur Apple A8 et d'une télécommande Siri Remote tactile. La box fonctionne dorénavant sous tvOS, basé sur iOS 9, et fut disponible courant novembre 2015.
118
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119
+ Lors de sa keynote du 12 septembre 2017 Apple lance la TV 4K.
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121
+ Présentés le 7 septembre 2016 parallèlement à l'iPhone 7 et à l'Apple Watch Series 2. Apple avait initialement prévu de sortir les AirPods fin octobre 2016, mais la société a reporté la date de sortie le 13 décembre 2016, pour un prix de 179 euros.
122
+
123
+ Ils comportent de nouvelles interactions avec les utilisateurs. Par exemple, si vous retirez un AirPod de l'oreille, la lecture s'interrompt et reprend une fois les deux AirPods à nouveau portés, et si vous double-cliquez dessus, vous pouvez soit activer Siri, soit lire ou mettre en pause la lecture. Pour une fonctionnalité complète, les AirPods nécessitent des périphériques fonctionnant au minimum sur iOS 10.2, macOS Sierra ou watchOS 3. Ils se synchronisent automatiquement via iCloud afin que l'utilisateur puisse basculer vers d'autres périphériques pris en charge connectés au même identifiant Apple. Ils peuvent également lire de l'audio à partir de tout appareil prenant en charge Bluetooth 4.0 ou supérieur, y compris les appareils Android (qui peuvent utiliser le geste de double clic pour contrôler la lecture).
124
+
125
+ Lors de la keynote du 25 mars 2019, Apple annonce la sortie des AirPods 2. La différence marquante entre cette génération et la première est au niveau de la charge, qui peut désormais se faire par induction[82].
126
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127
+ En octobre 2019, Apple présente ses AirPods Pro, qui sont une nouvelle gamme, où Apple revoit en grande partie le design, ce qui permet la réduction de bruit active et passive, qui donne l'impression d'être isolé de ce qui se passe dans la rue ou dans un lieu publique par exemple[83].
128
+
129
+ Apple annonce, en 2017, mettre au jour un socle de recharge par induction. Notamment avec la sortie de l'iPhone X qui se recharge par induction, les AirPods 2 ainsi que l'Apple Watch devaient également se recharger sur le AirPower par induction. Mais le 30 mars 2019, le groupe américain abandonne officiellement son idée d'AirPower[84].
130
+
131
+ Apple eu une part modeste dans l'industrie vidéoludique.
132
+
133
+ La société conçoit la Pipp!n, présentée en 1995, une console de jeu développée avec Bandai. L'ambition était d'avoir une console-ordinateur. Même si ses concurrentes (Saturn, PlayStation, Nintendo 64) sont moins puissantes, le catalogue de jeu est famélique par rapport, sans compter le prix élevé, ce qui entraîne un échec commercial. La production cessa en 1997, seules 45 000 consoles ont trouvé preneur[85].
134
+
135
+ Apple promu fortement l'App Store, sur l'iPhone et l'iPod touch, surtout pour son catalogue de jeu, et n'hésite pas à inviter plusieurs développeurs lors des keynotes. L'entreprise développa en 2008, pour promouvoir l'iPod touch, une application de Poker Texas Hold'em, qui ne fut jamais mise à jour et fut retiré en 2011[86]. Le Game Center est également une création d'Apple pour centraliser les scores et les données.
136
+
137
+ Dans les Mac, est présent depuis NeXT, un jeu d'échec, dont la vitesse de réflexion de l'IA est volontairement bridée[87].
138
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139
+ Le 12 mai 2016, Apple a réalisé un investissement d'un milliard de dollars dans un service chinois de voiture de transport avec chauffeur, Didi Chuxing[88].
140
+
141
+ Le 22 juin 2020, lors de la WWDC 20, Apple présenta son système de déverrouillage sans contact des voitures, CarKey[89], ce système va permettre de se servir de son iPhone comme clef de voiture, pour l'ouvrir, et la démarrer[90].
142
+
143
+ En 2016, Apple crée la filiale Apple Energy, chargée de revendre aux particuliers l'électricité produite en excédent par les centrales d'énergie renouvelable dont le groupe est propriétaire[91].
144
+
145
+ Si Apple est avant tout une entreprise qui crée des produits, lors de la keynote spéciale service du 25 mars 2019, la société annonce son intention de diversification dans les services[92]. Six nouveaux services sont alors annoncés, Apple Arcade, l'Apple Card, Apple News+, Apple TV+, Apple TV Chanels, et la Connexion avec Apple, ils viendront rejoindre iCloud, Podcasts, Game Center, Apple News, Apple Music, Shazam (racheté en 2017), Livres, Plans, Apple Pay, et Siri, l'assistant vocal de la marque.
146
+
147
+ En 2020, suite à la WWDC 20, Apple annonce quelques chiffres concernant l'évolution de ces services, va présenter leurs nouveautés à venir, et annoncera l'arrivée futur du service Traduction, et de CarKey.
148
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149
+ iCloud est le service de stockage en ligne d'Apple, il permet de stoker 5 Go gratuitement, puis l'utilisateurs doit pays en fonction de la quantité de stockage qu'il souhaite avoir, ce système est disponible sur tous les appareils de la marque, en plus de son site internet.
150
+
151
+ iCloud est également un service de boite mail.
152
+
153
+ Safari est le navigateur web installé par défaut dans les Mac, iPod touch, iPhone et iPad.
154
+
155
+ Apple Books ou Livres en français, est une application permettant d'acquérir des livres numériques dans une boutique en ligne, puis de les lire à l’aide d’un iPad, d’un iPhone, d’un iPod touch ou d'un Mac. Apple Books est distribuée gratuitement par Apple. Le service est accessible par n'importe quel écrivain, elle permet notamment de diffuser du contenu en évitant les intermédiaires.
156
+
157
+ L'application Livres est également sur l'Apple Watch, mais de façon audio, c'est-à-dire que les livres audio doivent être téléchargés préalablement sur la montre, puis pourront êtres lus via un casque, ou des écouteurs sans fil.
158
+
159
+ Apple Plans, Apple Maps en anglais, ou tout simplement Plans, est l'application de cartographie d'Apple installée sur macOS, iOS, WatchOS et iPadOS, et qui permet de demander son trajet de différentes manières (voiture, transports, service, marche, ...), ou de se localiser, et de s'orienter.
160
+
161
+ Depuis la WWDC 19, Apple a annoncé déployer de gros moyens pour améliorer ce service, et lui donner plus de fonctionnalités. Le 22 juin 2020, lors de la WWDC 20, Apple donna des information sur l'avancé de ces améliorations, et annonça encore de nouvelles fonctionnalités à venir[93].
162
+
163
+ Siri, l'assistant vocal d'Apple.
164
+
165
+ iMessage est un service de messagerie instantanée disponible sur macOS, iOS et iPadOS.
166
+
167
+ FaceTime est un service d'appel audio et vidéo disponible sur macOS, iOS et iPadOS.
168
+
169
+ L'application Traduction d'Apple[94], est un nouveau service de traduction qui arrivera avec iOS 14 en 2020[95], il permettra notamment la traduction d'une phrase orale dans une autre langue pour communiquer avec une personne de langue étrangère[96].
170
+
171
+ Apple Music est un système de musique à la demande annoncé lors de la WWDC 2015. Il concurrence d'autres plateformes de streaming musical comme Spotify ou Deezer. En 2020, il est le second service de musique le plus utilisé avec plus de 60 millions d'utilisateurs dans le monde[97].
172
+
173
+ Podcast est une application gratuite, disponible depuis tous les appareils Apple (Apple Watch compris), et qui permet d'écouter des milliers de podcasts gratuitement, de les télécharger, et d'en voir la version vidéo (si celle-ci est publié sur la plateforme). En juillet 2019, Bloomberg annonce qu'Apple va produire ses propres podcasts originaux. La nouvelle fait chuter de près de 3 % le cours boursier de Spotify, plateforme suédoise de streaming musical et principal concurrent d'Apple sur le terrain des podcasts[98].
174
+
175
+ Shazam est une application qui permet de chercher (presque) n'importe quel titre de musique simplement en le faisant écouter à l'application via les micros des smartphones.
176
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177
+ L'application fut racheté par Apple en décembre 2017, pour environ 400 Millions de dollars. Après sont acquisition, Apple fit supprimer la version payante (soit sans pub), qui devient alors la seule version disponible, par la suite, Apple intégra le service à sont assistant vocal, Siri, qui peut donc reconnaître les titres au même titre que l'application, simplement en lui demandant.
178
+
179
+ Apple Pay est un service de paiement sans contact et sur les sites web disponible sur macOS, iOS, iPadOS et watchOS.
180
+
181
+ Wallet est une application développée par Apple, permettant de regrouper des bons de réduction, des réservations de places (cinéma, restaurants, hôtel…) ou encore des cartes de fidélité, il est également possible d'y regrouper ses cartes de crédit.
182
+
183
+ Lors de sa keynote le 25 mars 2019, Apple en a profité pour présenter son nouveau projet : l'Apple Card. En partenariat avec la banque américaine Goldman Sachs et Mastercard, le géant de Cupertino s'immisce désormais dans l'univers financier des cartes de crédit[99], cependant cette carte n'est pour le moment disponible qu'aux États-Unis, mais eu un fort succès lors de sont lancement, en effet, on parle même du meilleur lancement pour une carte de crédit[100].
184
+
185
+ L'application Apple TV est une application qui centralise presque tous les programmes du monde, et qui permet de les louer ou de les acheter, il est aussi possible de s'abonner à certains services de VOD comme Apple TV+, StarzPlay, ou Mubi par exemple, ce sont les Apple TV Chanels. L'application, permet également de synchroniser de nombreux services de vidéo à la demande, et donc de savoir si le programme que l'on cherche est disponible sur un de nos service de streaming, ou en cas de savoir à quel service s'abonner pour y avoir accès. Via la plateforme, on a aussi accès au tendances des films et séries, et en cliquant sur un acteur, un réalisateur, un auteur, ... on peut en avoir sa filmographie.
186
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187
+ Apple TV+ est le service de vidéo à la demande d'Apple. Il est lancé 25 mars 2019, et vise à concurrencer les autres services du marché, avec uniquement des contenus originaux. Pour tenter de percer rapidement dans ce marché, Apple a décidé d'investir 6 Milliards de dollars, et d'embaucher de nombreuses personnalités télévisuelles bien connues du grand public. Le coût du service est de 4,99 € par mois pour 6 personnes avec la diffusion de contenus en 4k et le téléchargement de contenus.
188
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189
+ Apple TV Chanels est un service qui permet de s'abonner, et d'accéder à des services de vidéos à la demande directement depuis l'application Apple TV. Le prix de abonnements, et les périodes d'essais des chaînes sont déterminés par les sociétés de vidéos à la demande, et non pas par Apple (sauf pour Apple TV+).
190
+
191
+ Au début de mars 2014, Apple officialise l'arrivée de CarPlay, un système d'exploitation (OS) relié à l'iPhone pour automobiles [101], ce système permet de transférer certaines application compatibles de l'iPhone vers le tableau d'affichage de la voiture, comme Plans, Apple Music, ou Messages, par exemple.
192
+
193
+ Début 2020, la marque affirme travailler avec plus de 60 constructeurs automobiles, et que plus de 500 modèles de véhicules sont compatibles avec son système[102].
194
+
195
+ Le 22 juin 2020, lors de la WWDC 20, Apple présenta son système de déverrouillage sans contact des voitures, CarKey[89], ce nouveau service va permettre de se servir de son iPhone comme d'une clef de voiture, pour pouvoir l'ouvrir, et la démarrer[90].
196
+
197
+ Game Center, est un réseau social de jeu multijoueur en ligne, publié par Apple[103],[104]. Il permet aux utilisateurs d'inviter des amis à jouer à un jeu, commencer une partie multijoueur à travers le jumelage, le suivi de leurs réalisations, et de comparer leurs meilleurs scores.
198
+
199
+ Avec iOS 14, Apple revoit sa copie[105], en modifiant radicalement son interface, son système, et ses commandes[106].
200
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201
+ Apple Arcade, est un service des jeux en ligne lancé durant la keynote du 25 mars 2019, ce service est uniquement disponible depuis l'App Store contre un abonnement mensuel de 4,99 €[107], après un mois d'essai gratuit, pour 6 personnes. Certains jeux sont exclusifs, toutes plateformes confondus (Xbox, PS, Android, PC, ...), tandis que les autres ne sont exclusifs que pour l'App Store, il n'est donc pas possible de jouer à ces jeux sur les appareils Apple sans passer par Apple Arcade.
202
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203
+ À ce jour, le service dispose de plus de 100 jeux[107], et en ajoute régulièrement à sont catalogue, tous les jeux sont sans pubs, ni contenus additionnels payants[107] (possible lors de mises à jour gratuites).
204
+
205
+ Apple News est un service regroupant un grand nombre de journaux, cependant, l'application n'est pas disponible partout dans le monde, car elle n'est que dans 4 pays les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, et depuis mars 2019, le Canada (Anglais et Français). Dans certains autres pays comme le France, ce service n'est disponible que sous la forme d'un widget, ce qui est extrêmement limité, comparé à l'application, reste à savoir si l'application sera dans le futur disponible pour d'autres pays.
206
+
207
+ Apple News+ est l'extension d'Apple News, et propose donc plus de contenus, ainsi, ce sont plus de 300 magazines et journaux différents qui sont annoncés, ce nouveau service fut annoncé durant la keynote de mars 2019, est rendu disponible dans le courant du mois de mars contre 9,99 $ par mois, après un mois d'essai gratuit, cependant, comme pour la version de base, l'extension n'est disponible que pour les 4 mêmes pays, soit, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, et le Canada (disponible en Anglais comme en Français).
208
+
209
+ Toujours durant la keynote de mars 2019, Apple à présenté sont nouveau service de connexion, la Connexion avec Apple[108]'[109], qui permet de se connecter rapidement à de nombreux comptes d'applications ou de sites internets[110]. Ce service vient directement concurrencer celui de Google et de Facebook, souvent juger trop laxiste sur le respect de la vie privé, ce qu'Apple promet de défendre, ainsi, le service propose de créer une fausse adresse e-mail qui va vous renvoyer les e-mails en toutes sécurité, et sans donner votre véritable adresse e-mail au site en question. Cependant, tous les sites et applications n'ont pas encore mis en place cette nouvelle fonction qui n'a qu'un an.
210
+
211
+ Lors de sa WWDC 20, Apple donna des chiffre concernant ce nouveau service qui vise à mieux protéger la vie privée, ainsi, ce sont plus de 200 millions de comptes Connexion avec Apple ont été créés en un an[111].
212
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213
+ Santé est l'application mobile d'informations sur la santé qu'a annoncé Apple lors de la WWDC 14, celle-ci permet de regrouper de nombreuses informations sur l'utilisateur qui possède l'iPhone, ce qui peut s'avérer très utile pour les soignants en cas d'accident, ou de problème de santé, cela permet également un suivi médical centralisé et facilement consultable.
214
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215
+ L'application Activité, est l'application présente sur iOS, et qui permet de voir les statistiques de son Apple Watch, tout y est inscrit, anneaux, trophées, évolution d'une année sur l'autre, compétition avec des amis, ...
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217
+ À côté de la conception de matériel informatique, Apple développe aussi de nombreux logiciels tant à destination du grand public que du monde professionnel.
218
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219
+ En premier lieu, pour ses produits Apple développe ses propres systèmes d'exploitation. Ainsi macOS est développé pour les Macintosh / MacBook, depuis mars 2001 (aujourd'hui version 10.15.5), watchOS pour les Apple Watch, depuis avril 2015 (aujourd'hui version 6.2.6), tvOS pour les AppleTV, depuis octobre 2015 (aujourd'hui version 13.4), iOS pour les iPhone, et les iPod touch, depuis juin 2007 (aujourd'hui version 13.5.1), et pour finir, depuis septembre 2019, iPadOS qui est une version dérivé de iOS pour les iPad (aujourd'hui version 13.5.1) avant septembre 2019, les iPad se servaient d'iOS au même titre que les iPhone et les iPod touch.
220
+
221
+ Durant la keynote de Juin 2020 (la WWDC 20), Apple à présenté ses futurs systèmes d'exploitations, qui seront disponibles pour cet automne, ainsi, macOS Big Sur sera le nouveau système d'exploitation pour les Mac (version 11.0), iOS 14 pour les iPhone et les iPod touch, watchOS 7 pour les Apple Watch, tvOS 14 pour les Apple TV et iPadOS 14 pour les iPad.
222
+
223
+ Nombre logiciels développés par Apple sont fournis avec les machines lors de leur achat. C'est le cas par exemple du célèbre logiciel multimédia iTunes, du navigateur Web Safari, du lecteur vidéo QuickTime, de la suite multimédia grand public iLife comprenant iPhoto, iDVD, iMovie, GarageBand, iWeb, et iBooks. Apple développe aussi sa propre suite bureautique iWork (Pages, Numbers, Keynote), en concurrence directe avec Microsoft Office.
224
+
225
+ Depuis son passage en 2006 à des Macintosh utilisant des processeurs Intel, il était devenu facilement possible d'installer Windows sur un Mac. D'abord interdisant l'installation de Windows sur ses Mac, Apple revient sur ses pas et propose dès 2006, Boot Camp, un logiciel qui facilite l'installation de Windows en fournissant par exemple les pilotes nécessaires au bon fonctionnement de la machine. L'installation de Windows sur les Mac devient alors l'un des arguments de vente des Macintosh[réf. nécessaire].
226
+
227
+ Pour le marché des professionnels, Apple propose également des solutions logicielles. On trouve par exemple une version de Mac OS X dédiée aux serveurs, Mac OS X Server, WebObjects, XSan, un système de fichier pour réseau de stockage SAN, etc. Pour le monde artistique professionnel existent Aperture dédié au traitement de photo-RAW, Final Cut Pro, une suite de production vidéo et Logic Pro, un logiciel de MAO.
228
+
229
+ Au-delà des logiciels présents sur les machines localement, Apple propose aussi des services en ligne avec MobileMe (anciennement .Mac) comprenant des pages web perso, un webmail, le service iDisk. MobileMe n'existe plus depuis le 30 juin 2012, le service est remplacé par iCloud.
230
+
231
+ Apple privilégie depuis toujours une technique commerciale de proximité avec ses clients et potentiels clients. Cela s'inscrit dans une stratégie commerciale globale visant, entre autres choses, à donner le sentiment au client de faire partie d'une communauté d'utilisateurs proche de l'entreprise. Ainsi plusieurs rencontres annuelles entre Apple, ses clients, les développeurs et surtout la presse étaient organisées de par le monde. Les Mac users, surtout des professionnels mais aussi le grand public, se rendaient à l'Apple Expo à Paris ou au salon Macworld Conference & Expo (Boston, New York ou San Francisco). De manière générale, chaque manifestation était ouverte par une présentation de Steve Jobs où étaient annoncés des résultats financiers de la société et de nouveaux produits. Ces manifestations publiques ont pris fin en 2009-2010, lorsque la Société avait ouvert aux US et à travers le monde un nombre suffisant de points de vente - show rooms (les Apple Stores), où les professionnels et le public peuvent se rendre directement. Seules les rencontres avec la presse ont été maintenues et se tiennent généralement 3-4 fois par an, à l'occasion d'annonces de nouveaux produits ou services. Les développeurs quant à eux se rencontrent à l'annuelle Apple Worldwide Developers Conference.
232
+
233
+ Ces salons et conférences n'étaient pas les seuls à attirer les foules. Ainsi il n'est pas rare de trouver de longues files d'attente (atteignant parfois plusieurs milliers de personnes) à l'ouverture de nouveaux Apple Stores[112] ou pour le lancement de nouveaux produits phares tels l'iPhone. Ainsi à l'ouverture du « Cube » sur la Cinquième avenue, la file a atteint près d'un demi-mile (soit environ 800 mètres).
234
+
235
+ En 1997, John Sculley, PDG d'Apple durant dix ans (et ex-PDG de Pepsi-Cola), a dit (lors d'une interview pour le journal The Guardian) à propos de son succès à avoir fait croître l'entreprise (en ayant notamment augmenté le budget publicitaire de 15 à 100 millions de dollars) : People talk about technology, but Apple was also a marketing company. It was the marketing company of the decade[113]. Traduction : « Les gens parlent de technologie, mais Apple fut aussi une entreprise de marketing. Ce fut l'entreprise de marketing de la décennie. »
236
+
237
+ La responsable des Apple Stores, l'une des dirigeantes les plus en vue de la firme, Angela Ahrendts quitte Apple en avril 2019, pour être remplacée par Deirdre O’Brien, directrice des ressources humaines d'Apple[114].
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+ Nouveau design d'Apple store à Union Square, San Francisco
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+ Nouveau design d'Apple store à New Town Plaza, Hong Kong
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+ 5e Avenue, New York
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+ Londres
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+ Sydney
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+ Barcelone
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+ Tsoum store à Moscou
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+ Paris
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+ Depuis le lancement du Macintosh en janvier 1984 avec le spot 1984 diffusé lors du Super Bowl XVIII, Apple a été reconnu pour ses efforts pour réaliser des publicités efficaces pour ses produits, bien qu'elles aient été l'objet de critiques.
258
+
259
+ Une campagne publicitaire en particulier, dont la signature était Think Different, est restée célèbre pour avoir évoqué - post mortem - des personnages remarquables comme Gandhi, Picasso, Maria Callas ou Frank Lloyd Wright. De même, ses publicités ont contribué à lancer certains groupes ou musiciens dans la célébrité[119]. Ce fut le cas pour Yael Naim dont la chanson New Soul accompagne la publicité du MacBook Air ou encore Feist avec sa chanson 1234 que l'on retrouve sur les pubs pour l'iPod nano ainsi que pour The Ting Tings avec Shut Up and Let Me Go qui accompagne une publicité pour l'iPod touch.
260
+
261
+ Selon le Center for Responsive Politics, les dépenses de lobbying d'Apple aux États-Unis s'élèvent en 2017 à 7 150 000 dollars[120] Ces dépenses connaissent une augmentation nette depuis 2011[121].
262
+
263
+ Apple est inscrit depuis 2013 au registre de transparence des représentants d'intérêts auprès de la Commission européenne. Il déclare en 2017 pour cette activité des dépenses annuelles d'un montant compris entre 1 000 000 et 1 250 000 euros[122].
264
+
265
+ Pour l'année 2017, Apple France déclare à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique exercer des activités de lobbying en France, mais n'a cependant pas déclaré, comme il était légalement tenu de le faire avant le 30 avril 2018, l'ensemble de ses activités et les montants engagés[123].
266
+
267
+ Le siège social d'Apple est situé en plein centre de la Silicon Valley au 1 Infinite Loop (Boucle infinie en français) à Cupertino en Californie. Ce campus Apple est formé de 6 bâtiments d'une surface totale de 79 000 m2 et a été construit en 1993 par Sobrato Development Cos[124].
268
+
269
+ En 2006, Apple annonce son attention de construire un second campus, Apple Park, à Cupertino à 1,6 km à l'est du campus d'Infinite Loop. Celui-ci a été conçu par Norman Foster et c'est Steve Jobs qui en a présenté la maquette (un gigantesque bâtiment circulaire) devant le conseil de la ville de Cupertino, peu avant sa mort en 2011[125],[126]. En octobre 2016, la construction est en phase d'achèvement, ainsi que tous les bâtiments qui vont constituer le nouveau siège d'Apple (auditorium, bâtiments pour la recherche et le développement, parkings, etc.)[127].
270
+
271
+ Apple a un campus satellite en banlieue de Sunnyvale (Californie).
272
+
273
+ Le siège social pour l'Europe et l'Afrique (EMEA) se situe à Cork au sud de l'Irlande, ouvert en 1980.
274
+
275
+ En février 2015, Apple ouvre un site à Herzliya, Israel avec environ 800 employés.
276
+
277
+ Apple prévoit la mise en place en Chine de quatre centres de recherche et développement à Shanghai, Suzhou, Pékin et Shenzhen[128].
278
+
279
+ En 2017, Apple inaugure sa première Apple Academy, en partenariat avec l'Université Frédéric II à Naples en Italie[129].
280
+
281
+ Comme la plupart des entreprises informatiques actuelles, Apple sous-traite des entreprises asiatiques, notamment Foxconn du milliardaire taïwanais Terry Gou, pour la fabrication de ses produits. Depuis 2006, de nombreux organismes internationaux[Lesquels ?] y dénoncent des conditions de travail inhumaines.
282
+
283
+ 2009 : Au moins 137 employés (jusqu'à 200) ont été intoxiqués au n-hexane dans l'usine du sous-traitant Wintek (en) en Chine entre 2008 et 2009[130].
284
+
285
+ 2009 : Selon China Labor Watch[131], les méthodes de gestion du personnel de Foxconn sont très dures pour les salariés.
286
+ Par exemple en 2009, Sun Danyong[132] s'est suicidé après avoir été suspecté de vol d'un prototype d'iPhone 4. Selon sa dernière conversation électronique avec un ami, il aurait été battu par un chef de la sécurité de l'usine Foxconn dans laquelle il travaillait[133].
287
+
288
+ 2010 : Dans 55 des 102 usines qui fabriquent des produits Apple, le temps de travail hebdomadaire dépasse 60 heures. Ce temps maximum défini par Apple dépasse lui-même la durée légale maximum en Chine qui est de 49 heures. 24 usines payent les salariés moins de 800 yuans par mois, le salaire minimum chinois. Seulement 61 % des usines sont conformes aux règles de sécurité[134].
289
+
290
+ 2010 : Onze cas de travail d'enfants ont été révélés[135]. Des filets anti-suicides sont installés dans l'usine de Foxconn à Shenzhen (Chine) pour dissuader les ouvriers surmenés de se jeter par les fenêtres[136].
291
+
292
+ En 2012, après une explosion dans une usine d'iPad, le New York Times publie une enquête fouillée sur les conditions de travail. Celle-ci met en lumière des temps de travail très élevés, des conditions de vie difficiles (dortoirs bondés), et pour les sous-traitants, le mépris des risques sanitaires[137]. En 2015, Apple est de nouveau critiqué « pour des conditions de travail "misérables" chez un sous-traitant chinois »[138], notamment après un rapport de l'ONG China Labor Watch.
293
+
294
+ Si vous connaissez le sujet dont traite l'article, merci de le reprendre à partir de sources pertinentes en utilisant notamment les notes de fin de page. Vous pouvez également laisser un mot d'explication en page de discussion (modifier l'article).
295
+
296
+ On reproche à Apple son modèle de développement vertical, qui va à l’encontre de la plupart des prescriptions des économistes, spécialement pour l’informatique. Malgré cela, la compagnie dégage des profits.
297
+
298
+ Apple est également critiquée parce qu’elle dépend beaucoup de la personnalité qui la dirige, spécialement lors des deux « ères » Jobs. Certains considèrent que Steve Jobs fait l’objet d’un culte de la personnalité, ou du moins qu’il introduit certains éléments d’un tel culte, dans la relation qu’il entretient avec ses clients et de façon caricaturale, qu'il possèderait autour de lui un champ de distorsion de la réalité[139],[140].
299
+
300
+ Apple fut critiquée pour une architecture fermée, et pour son refus des standards : on employait alors le terme Not Invented Here. Cette critique n’est toutefois plus de mise, la plupart des composants électroniques de ses ordinateurs étant communs à l’ensemble de l’industrie informatique. De plus, le système d’exploitation utilise nombre de technologies répandues (MPEG 1 à 4, OpenGL, programmes libres). Enfin, du temps où cette politique de choix des technologies existait, elle n’était pas critiquable en soi, car la recherche et l’innovation sont un moteur du développement, et chaque société cherche à amortir ses coûts de recherche et développement en mettant sur le marché ses inventions. De plus, plusieurs technologies Apple ou utilisées d’abord par Apple se sont ensuite généralisées dans l’informatique personnelle (FireWire, ZeroConf (Bonjour, ex-RendezVous chez Apple)). De la même façon, Apple a permis ou accéléré l’adoption d’innovations en les généralisant d’un coup sur sa gamme (disquettes 3,5 pouces, SCSI, USB, Wi-Fi (AirPort)).
301
+
302
+ Quelques analystes critiquent la concurrence au sein d’Apple même, entre les programmeurs des différents environnements de programmation, ceux de Cocoa, héritiers de NeXTSTEP, et ceux de Carbon, dérivant de Mac OS 9. Cette rivalité est vue comme contre-productive, tout comme l’était en son temps la rivalité entre les équipes Apple II et Macintosh.
303
+
304
+ Une critique moins couramment entendue[réf. nécessaire], car concernant plus les entreprises que les particuliers, concerne l’absence d’une « roadmap produits » (planification annoncée) notable d’Apple concernant ses technologies logicielles. Les directions informatiques des grandes entreprises attendent d’un éditeur qu’il annonce clairement vers quoi vont tendre ses logiciels dans les cinq années à venir, afin de pouvoir faire des choix d’investissement à moyen terme. Or, le reproche fait à Apple est de ne pas annoncer réellement quelles seront les étapes de son évolution au-delà d’un an, contrairement à ses concurrents comme Microsoft. Un exemple, simple s’il en est, concerne l’annonce abrupte de l’abandon des processeurs PowerPC d’IBM/Motorola au profit de ceux d’Intel : cela implique que les éditeurs devront mettre à jour leurs applications, tandis que les propriétaires de parc micro auront à payer ces mises à jour, et devront gérer deux gammes de machines. L'impact pour les consommateurs est toutefois à relativiser puisque des solutions de compatibilité sont intégrées par Apple, telles que "Classic" pour le maintien de la compatibilité OS 9 au sein d'OS X, ou encore "Rosetta" pour maintenir la compatibilité avec le processeur PowerPC lors du passage aux processeurs Intel (compatibilité maintenue de 2005 jusqu'à la sortie de Mac OS X Lion en 2011). Une annonce plus précoce eût permis à ces derniers d’anticiper le phénomène, en planifiant les renouvellements de parc en fonction du couple matériel/logiciel, de manière à éviter les surcoûts de mise à jour.
305
+
306
+ Un livre paru en 2011 et intitulé Les 4 Vies de Steve Jobs, explique qu'en France « Apple et son réseau de partenaires [de réseau de distribution commercial] ont toujours entretenu des relations conflictuelles[141] ».
307
+
308
+ L’annulation régulière du développement de technologies pourtant prometteuses (ex : OpenDoc (en)) a aussi laissé sur le bord de la route nombre de développeurs, fatigués d’investir du temps et de l’argent dans des « voies sans issue ». De ce fait, le nombre de développeurs indépendants et d’éditeurs a chuté pendant les années 1990. Cette critique n’est plus d’actualité depuis l’apparition de Mac OS X, qui a ramené dans le giron d’Apple un grand nombre de développeurs issus du monde Unix/Linux et du logiciel libre[réf. nécessaire].
309
+
310
+ Par ailleurs, le système de gestion du service après-vente du matériel en Europe, confié à un prestataire unique[Qui ?] pour les portables et les G5, s’est révélé être une des faiblesses du système commercial Apple. Après des retards importants au début des années 2000, le prestataire de service a fait faillite au début de 2005, obligeant Apple à recourir aux techniciens de ses détaillants, et occasionnant de nouveaux retards de réparations.
311
+
312
+ Enfin, en 2012, sa stratégie de contournement fiscal lui permettant, comme à de nombreuses multinationales des nouvelles technologies, d'avoir un des taux effectifs les plus bas de taxation est de plus en plus contestée[142]. En 2012, « Apple a réussi à ne payer que 1,9 % d’impôts sur ses bénéfices colossaux réalisés hors États-Unis. »[143].
313
+
314
+ Durant les années 1980 le prix d’un Macintosh pouvait souvent atteindre deux fois celui d’un PC/compatible IBM, voire trois fois dans les années 1990 après l’apparition du Pentium. Cette politique de prix élevés a probablement freiné le développement du Macintosh au profit des ordinateurs multimédia grand public de l’époque (1990) tels que l’Amiga et l’Atari ST, puis du PC durant les années 1990.
315
+
316
+ Aujourd’hui encore, les prix affichés par Apple sont très souvent plus élevés et représentent un obstacle pour beaucoup d’utilisateurs souhaitant faire le saut, c’est-à-dire passer de Windows à Mac OS X. En 2005, Apple lance un Mac à plus petit prix, qu'elle nomme Mac mini[144],[145].
317
+
318
+ Les marges pratiquées par Apple sont bien plus élevées que celles qui se pratiquent généralement dans ce domaine (entre 25 % et 30 % de marge brute au début des années 2000, alors que certains fabricants PC se contentent de 8 %, voire moins).
319
+
320
+ Cependant une étude du Gartner Group, commandée par Apple Australie et diffusée par elle dans la presse en 2002, affirmait que le TCO (Total Cost of Ownership) ou coût total de possession, c’est-à-dire le coût total de l’équipement informatique, c'est-à-dire l'addition des matériels optionnels, du support, des logiciels et de leurs licences, etc., est moins élevé avec un Mac qu'avec un PC équipé de Windows[citation nécessaire]. Cette étude a été nuancée plus tard par Gartner, qui a précisé que les informations contenues dans son rapport ne reflétaient pas sa position éditoriale et étaient destinées à un usage interne chez Apple, correspondant à un scénario précis.
321
+
322
+ À la fin de 2006 et au début de 2007, Apple est classée deux fois par Greenpeace comme dernière sur un classement de quatorze entreprises fabriquant des produits électroniques, sur des critères environnementaux tels que la gestion des déchets, le recyclage des produits obsolètes, l'utilisation de composants polluants ou la communication auprès du grand public sur ces sujets[146],[147].
323
+
324
+ Apple conteste ce classement dans une lettre ouverte de Steve Jobs[148], commentée favorablement par Greenpeace[149]. La société déclare effectuer depuis plusieurs années des actions dans le domaine environnemental[150]. Des sites consacrés au Macintosh ont à plusieurs reprises étudié l'aspect écologique d'Apple et l'utilisation de l'image d'Apple par Greenpeace[151],[152]. Greenpeace France organise en mai 2007 une manifestation devant un revendeur Apple alors même que la section internationale de l'association a remonté au début de mai le classement d'Apple à une moyenne de 5/10 à la suite de la lettre de Steve Jobs[pas clair][153]. En mars 2008 Apple est située en milieu de classement, avec une note de 7/10[154].
325
+
326
+ La firme de Cupertino réagit assez rapidement concernant l'impact écologique de ses produits mais pas pour l'iPhone. Lors de l'annonce des nouveaux iMac le 7 août 2007, Steve Jobs commence son Apple Event en ces termes : « Mesdames et messieurs, voici le nouvel iMac, il est beaucoup plus écologique et recyclable… ». En effet, le polycarbonate blanc est remplacé par des composants en aluminium anodisé et des façades de verre. Toutefois, en octobre 2007, Greenpeace dénonce les matériaux extrêmement toxiques qui se trouvent à l'intérieur du téléphone[155],[156],[157]. Depuis, Apple a supprimé le PVC du combiné, des écouteurs et du câble USB de l'iPhone, et son verre ne contient plus d'arsenic[158].
327
+
328
+ Cependant, en janvier 2011, Apple fait l'objet d'une nouvelle controverse concernant l'écologie et plus particulièrement les conditions de travail en Chine, notamment dans les usines du sous-traitant Foxconn, selon des ONG chinoises[159].
329
+
330
+ Il est également reproché à Apple de se livrer à l'obsolescence programmée[160]. Pour les trois premières générations de l'iPod, la firme est confrontée à de nombreux plaignants ayant rencontré des difficultés pour faire réparer le matériel acquis. L'avocate Elizabeth Pritzker chargée du dossier rapporte avoir « découvert que le type de batterie au lithium contenu dans l'iPod était conçu pour avoir une durée de vie limitée » (environ 18 mois), et que leur remplacement n'avait pas été prévu par la firme[161]. Par ailleurs l'entreprise admet ralentir d’anciens smartphones en invoquant des problèmes de batterie, mais de nombreux consommateurs voient dans cette manœuvre une incitation à acheter de nouveaux modèles[162],[163]. Cette stratégie commerciale a de nombreuses conséquences, en matière de gaspillage (pour le consommateur) et d'impact écologique (pour la planète)[164].
331
+
332
+ En juin 2017, Apple émet une obligation verte pour un montant d'un milliard de dollars afin d'augmenter le financement des énergies propres dans le groupe. Ceci s'est fait dans le cadre de la controverse qui a fait suite au retrait de l'Accord de Paris sur le climat par Donald Trump[165].
333
+
334
+ En 2017, Greenpeace reproche à Apple de créer délibéremment pour ses produits un design incompatible avec des réparations simples et qui raccourcirait la durée de vie des produits. L'ONG lui reproche également de s’être engagée dans différentes actions de lobbying visant à détruire le « droit à la réparation » envisagé dans certains Etats[166].
335
+
336
+ En 2008, Apple a dû accorder la paternité de l'iPod à Kane Kramer qui avait conçu dès 1979 un baladeur numérique et dont il avait déposé le brevet[167].
337
+
338
+ Saisie d'une plainte déposée par Samsung en août 2011, la United States International Trade Commission (en) (USITC) a estimé que certains modèles d'iPhone, iPad et iPod violaient des brevets du groupe sud-coréen. L’USITC avait alors interdit leur importation vers les États-Unis depuis l'Asie, où ils sont fabriqués. Autrement dit, elle empêchait le groupe californien de vendre ses produits sur le marché américain.
339
+
340
+ Une victoire symbolique pour Samsung, qui se livre à des batailles juridiques contre Apple dans de nombreux pays, car elle ne concernait que des produits relativement anciens à savoir l’iPhone 3G et 4 vendus par l'opérateur AT&T, et les iPad et iPad 2.
341
+
342
+ Pourtant, le 3 août 2013, le représentant américain de l’USITC, Michael Froman, a annulé la décision prise en recourant à un droit de veto, qui n’avait plus été utilisé depuis 1987[168]. Michael Froman motive dans une lettre ne pas présumer de la violation ou non des brevets de Samsung mais estime qu’il ne faut pas donner de levier trop grand aux groupes détenteurs de dollars pour violation de brevets essentiels.
343
+
344
+ Le 8 août 2014, Samsung a marqué un grand coup, ses avocats ayant réussi à convaincre Lucy Koh (avocat de Apple) que le brevet Apple d'auto-remplissage d'une zone de texte était similaire à celui utilisé chez son concurrent. Finalement, le bureau des brevets américains (USPTO) a décidé de rejeter le brevet utilisé chez Apple, jugeant qu'il fonctionnait de la même manière[169].
345
+
346
+ Au même moment, Apple et Samsung ont déclaré, dans un communiqué transmis aux médias, avoir mis fin à toutes les poursuites judiciaires entre eux dans différents pays sauf aux États-Unis dont les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Corée du Sud, le Japon [...] et même la France, car ils étaient, dans tous les cas, perdants sauf aux États-Unis où Samsung devait payer 1 milliard de dollars pour violation de brevets[170].
347
+
348
+ Le procès iPod/DRM est terminé après 2 semaines de délibération. Les plaignants accusaient Apple de ne pas pouvoir mettre de la musique en utilisant autres choses qu'iTunes. Ils demandaient 350 millions de dollars de dommages et intérêts mais finalement, Apple n'aura rien à payer. Du fait, que la firme à la pomme a bien souligné tout au long du procès que, avoir pris cette méthode pour la sécurité de ses clients pour que des logiciels malveillants ne viennent pas s'installer sur leur iPod[171].
349
+
350
+ Apple utilise de manière récurrente la justice face aux ONG, aux journalistes et aux associations qui dénoncent certaines de ses activités. D'après le journaliste Ivan du Roy, « dans ces procédures, il y a clairement une inégalité entre les grands groupes qui ont des moyens juridiques énormes et les personnes poursuivies »[172].
351
+
352
+ En décembre 2017, Apple poursuit ATTAC pour avoir occupé un de ses magasins parisiens. ATTAC dénonce une « procédure baillon ». Celle-ci se base sur le « risque imminent pour Apple, ses employés et ses clients » que feraient courir les actions d'ATTAC, qui se seraient intensifiées depuis mars 2017[173]. Le TGI de Paris déboute Apple le 23 février 2018, et souligne qu'il s'agit d'une « campagne d’intérêt général sur l’évasion fiscale. »[174].
353
+
354
+ En mai 2020, l'entreprise française Ubisoft porte plainte contre Apple pour ne pas être intervenu contre la diffusion du plagiat chinois d'un de ces jeux[175].
355
+
356
+ Le 16 octobre 2015, un jury américain estime qu'Apple doit payer 234 millions de dollars pour avoir violé un brevet détenu par l'Université du Wisconsin. Le procès porte sur des technologies intégrées à l'iPhone et l'iPad[176].
357
+
358
+ En août 2018, un jury fédéral californien ordonne à Apple de payer 145 millions de dollars en dommages et intérêts à WiLan, une compagnie canadienne de gestion de droits de propriété intellectuelle, pour la violation de plusieurs brevets[177].
359
+
360
+ Apple est impliqué dans les révélations faites en 2013 par Edward Snowden concernant le programme de surveillance PRISM mis en place par la NSA. Les données suivantes sont ciblées : les contacts, les SMS et discussions instantanées (texte, vidéo, voix), les courriels, les photos et vidéos, les données stockées, la voix sur IP, le transfert de fichiers, les visioconférences, les notifications concernant l'activité, les détails du réseautage social en ligne, les coordonnées GPS et les « requêtes spéciales »[178],[179].
361
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362
+ Le 16 février 2016, le FBI demande à Apple de créer un outil afin de contourner la sécurité de son système et donc d'avoir accès à l'iPhone de Syed Rizwan Farook , auteur de la fusillade de San Bernardino qui a eu lieu le 2 décembre 2015[180]. Apple ayant donné au FBI toutes les données sauvegardées en leur possession concernant Farook, refuse cependant la création d'un tel outil car ce dernier mettrait en danger la sécurité de millions d'utilisateurs et serait une atteinte à la liberté civile[181]. Pour Alain Juillet, ancien directeur du renseignement à la DGSE, les déclarations des dirigeants d'Apple comme celles du FBI sont à prendre avec prudence[182].
363
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364
+ Grâce à l’installation du siège de sa filiale internationale en Irlande, Apple paye très peu d’impôts sur ses bénéfices réalisés en Europe[183]. En août 2016, après trois ans d'enquête, la Commission européenne sanctionne les pratiques d'Apple en Irlande[184] qui est condamné à rembourser plus de 13 milliards d’euros à l’Irlande au motif qu'Apple a bénéficié illégalement, en Irlande, d’un taux d’imposition sur ses bénéfices européens de seulement 1 % en 2003 et de 0,005 % en 2014. Le gouvernement irlandais fait appel de cette décision[185] et le 15 Juillet 2020, les juges Européens tranchent en faveur d'Apple contre Bruxelles et annulent la décision de rembourser les 13 milliards d'euros[186].
365
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366
+ L'enquête des Paradise Papers révéle qu' en 2015 le groupe américain a déplacé le domicile fiscal de sa filiale internationale de l'Irlande à l'île de Jersey, un paradis fiscal qui dépend de la couronne britannique, afin de bénéficier d'un taux d'imposition des sociétés nul[187].
367
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368
+ En janvier 2017, l'association française HOP (Halte à l'obsolescence programmée) dépose une plainte auprès du procureur de la République de Paris et vise également le chef de « tromperie ». HOP estime qu’Apple, à travers les mises à jour des iPhone, en réduit volontairement les performances et la durée de vie, afin d’en accélérer le remplacement[188].
369
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370
+ En octobre 2018, l'antitrust, autorité chargée de faire respecter la concurrence en Italie, inflige une amende de 10 millions d'euros à Apple pour obsolescence programmée. Suite à son enquête, l'antitrust affirme que des mises à jour sur des iPhone « ont provoqué de graves dysfonctionnements et réduit de manière significative les prestations, accélérant de cette manière la substitution de ces derniers »[189].
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372
+ Cependant, actuellement la marque de Cupertino est l'une des seules à proposer des appareils gardés à jour pendant au moins 5 ans.
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+ Un téléfilm et deux biopics aux cinéma sont concentrés sur Apple, plus particulièrement sur son fondateur Steve Jobs
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ République d'Afrique du Sud
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+
5
+ (en) Republic of South Africa
6
+
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+ (zu) iRiphabhuliki yaseNingizimu Afrika
8
+
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+ (xh) iRiphabliki yomZantsi Afrika
10
+
11
+ (af) Republiek van Suid-Afrika
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+
13
+ (nso) Repabliki ya Afrika-Borwa
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+
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+ modifier
16
+
17
+ L'Afrique du Sud, en forme longue la république d'Afrique du Sud, est un pays situé à l'extrémité australe du continent africain. Sa capitale administrative est Pretoria. Il est frontalier à l'ouest-nord-ouest avec la Namibie, au nord et au nord-nord-est avec le Botswana, au nord-est avec le Zimbabwe, et à l'est-nord-est avec le Mozambique et l'Eswatini. Le Lesotho est pour sa part un État enclavé dans le territoire sud-africain.
18
+
19
+ L'Afrique du Sud compte 56,72 millions d’habitants[3]en 2017 répartis en 80,2 % de Noirs, 8,8 % de Coloureds, 8,4 % de Blancs et 2,5 % d'asiatiques (sous-continent indien)[3]. Nation aux phénotypes très variés, l'Afrique du Sud est ainsi en Afrique le pays présentant la plus grande portion de populations dites coloureds, blanches et indiennes. Elle est souvent appelée « nation arc-en-ciel », notion inventée par l'archevêque Desmond Tutu pour désigner la diversité de la nation sud-africaine et qui a remplacé le concept de société plurale employé précédemment par les théoriciens de l'apartheid (1948-1991).
20
+
21
+ L'égalité des revenus entre les différents groupes de populations n'a pas progressé depuis la fin de l'apartheid et l'Afrique du Sud connaît un taux d'inégalité parmi les plus élevés au monde[4]. C'est toutefois une puissance de référence pour le continent africain[4] avec l'une des économies les plus développées du continent et des infrastructures modernes couvrant tout le pays. C'est la deuxième puissance économique d'Afrique derrière le Nigeria[5],[6]. Le pays se caractérise aussi par une importante population de souche européenne (Afrikaners, Anglo-sud-africains) et par d'importantes richesses minières (or, diamant, charbon, etc.) qui en ont fait un allié indispensable des pays occidentaux durant la guerre froide.
22
+
23
+ La dénomination « république d'Afrique du Sud »[N 1] a succédé à celle d'« union d'Afrique du Sud » le 31 mai 1961, lorsque le pays a cessé d'être une monarchie pour devenir une république.
24
+
25
+ Les frontières terrestres sud-africaines atteignent 5 244 km (Botswana : 1 969 km; Lesotho : 1 106 km ; Namibie : 1 005 km ; Mozambique : 496 km ; Eswatini : 438 km ; Zimbabwe : 230 km)[7].
26
+
27
+ Les climats régionaux du territoire sont[8] :
28
+
29
+ Pour faire face à la sécheresse, les autorités instaurent en octobre 2019 des restrictions d’eau dans les principales villes du pays. Plusieurs régions du centre et du nord du pays avaient déjà subi des coupures d'eau, notamment en raison de la défaillance des installations du principal distributeur d’eau d'Afrique du Sud, Rand Water. Dans certaines provinces, comme celles du Cap-Oriental et du Cap-Occidental, la sécheresse a ruiné les récoltes et provoqué la mort de troupeaux de bétail[9].
30
+
31
+ Dans la partie sud du pays se trouvent les monts du Drakensberg, qui s'étendent du KwaZulu-Natal jusqu'à la province du Cap (ceinture plissée du Cap), soit sur environ 1 000 km[10].
32
+
33
+ L'altitude moyenne est de 3 000 m, le point culminant de ce relief étant le Thabana Ntlenyana, au Lesotho, à 3 482 m. C'est dans ce massif que se trouve le plus haut sommet d'Afrique du Sud, le Mafadi, à 3 450 m.
34
+
35
+ Le massif du Drakensberg est plutôt ancien avec des sommets arrondis ; c'est une zone verdoyante et un lieu de vie du peuple San. C'est également dans ce massif que le fleuve Orange prend sa source.
36
+
37
+ Au nord du pays se trouve une ancienne zone volcanique, Pilanesberg. C'est une zone relativement escarpée qui comporte des cratères. La faune y est très riche : mammifères dont des cervidés, etc.
38
+
39
+ On y rencontre également une flore typique : adansonia, teck, ébène, hibiscus, etc.
40
+
41
+ Enfin, l'altitude suffisamment élevée pour cette latitude permet la pratique du ski lors de l'hiver austral. Il n'est pas rare, comme lors du mois de juin 2007, de voir tomber de la neige en quantité (30 cm en une journée). Elle reste cependant généralement cantonnée aux plus hauts sommets du Drakensberg pendant l'hiver, et même si la température est assez basse pour l'empêcher de fondre, la faiblesse des précipitations limite l'enneigement. La neige tombe une fois tous les dix ans sur Johannesburg, mais presque jamais à Pretoria, pourtant distante de seulement 60 kilomètres, mais à une altitude plus faible.
42
+
43
+ Les plaines se situent principalement dans le Nord-Ouest et dans l'État libre d'Orange, qui sont les greniers céréaliers de l'Afrique du Sud, grâce à la production de blé et de maïs. Le coton est également cultivé. On y pratique aussi l'élevage de moutons. Le pays est au palmarès des huit premiers producteurs de coton d'Afrique de l'est, du sud et du nord au milieu des années 2010 et neuvième au palmarès des producteurs africains de thé au début de la décennie 2010, dominé par le Kenya.
44
+
45
+ Le sous-sol est également très riche en or, en diamants, en uranium et en charbon, particulièrement dans les villes de Kimberley et Bloemfontein.
46
+
47
+ Le nord-ouest du pays est occupé par le désert du Kalahari qui s'étend également sur le Botswana et la Namibie, et qui a une superficie de près de 1 million de km2. Caractérisé par ses dunes de sable rouge, c'est un désert semi-aride comportant de nombreuses zones de savanes et quelques arbres tels les acacias à épines et les baobabs.
48
+ On y observe de nombreuses migrations animales.
49
+
50
+ L'Afrique du Sud compte 2 898 km de côtes.
51
+
52
+ Le long de la façade de l'Atlantique, le littoral est plutôt régulier et les côtes mesurent 2 798 kilomètres[11]. Dans le Namaqualand on observe une explosion florale pendant un mois, où plus de 4 000 espèces végétales fleurissent en même temps, lys, aloes, protea, etc. entre mi-août et mi-septembre. Cette zone est très touristique. La zone du cap de Bonne-Espérance est principalement rocheuse et des colonies de manchots y sont installées. On trouve également l'île aux Phoques Robben Island qui accueille des phoques venant principalement de l'Antarctique.
53
+
54
+ Plus à l'est, le littoral est une alternance de côtes rocheuses et de plages de sable fin.
55
+
56
+ Les principales stations balnéaires sont dans l'est du pays, East London, Jeffreys Bay, Port Elizabeth, Durban…
57
+
58
+ On trouve également des zones maritimes protégées dans le cadre de parcs Nationaux comme la réserve Phinda (en), s'étendant sur terre et au large, où l'on peut pratiquer la plongée sous-marine.
59
+
60
+ La Montagne de la Table et le Waterfront du Cap.
61
+
62
+ Montagnes du Drakensberg au KwaZulu-Natal.
63
+
64
+ Namaqualand au Cap-Occidental.
65
+
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+ Péninsule du Cap.
67
+
68
+ L'Afrique du Sud possède, grâce à sa grande variété d'écosystèmes, une faune et une flore très diversifiées. Les déserts, savanes arides, savanes humides, forêts, fynbos, montagnes et côtes, offrent de nombreuses niches écologiques pour les nombreuses espèces animales et végétales. Des populations très importantes de mammifères marins vivent aux abords des côtes, notamment atlantiques, parmi lesquelles des baleines, des dauphins, des globicéphales et de très importantes colonies de pinnipèdes. Elle fait partie des dix-sept pays mégadivers, pays dont la biodiversité est la plus importante de la planète.
69
+
70
+ La protea royale, emblème végétal du pays.
71
+
72
+ Antilope springbok, emblème animal de l'Afrique du Sud.
73
+
74
+ Depuis le début du XXe siècle, 37 espèces de plantes ont disparu en Afrique du Sud, principalement victimes de la déforestation[12].
75
+
76
+ Traditionnellement, l'on a reconnu historiquement trois capitales officielles à l'Afrique du Sud, l'une, administrative, à Pretoria, l'autre, législative, au Cap et enfin une troisième, judiciaire, à Bloemfontein. Toutefois désormais seule la ville du Cap est mentionnée par la Constitution en tant que siège du parlement. Par ailleurs, l'instance judiciaire suprême du pays, la Cour constitutionnelle, siégeant à Johannesbourg, la ville de Bloemfontein ne mérite dès lors plus son surnom de capitale judiciaire. La métropole de Johannesbourg, la plus riche du pays et siège de la Bourse sud-africaine, est également considérée comme sa capitale économique.
77
+
78
+ En avril 1994, les quatre provinces et les dix bantoustans qui constituaient géographiquement et politiquement l'Afrique du Sud ont été dissous pour former neuf nouvelles provinces intégrées :
79
+
80
+ Chacune de ces provinces est divisée en municipalités métropolitaines et en districts municipaux. Ces derniers sont à leur tour divisés en municipalités locales. Les municipalités locales et métropolitaines sont divisées en circonscriptions électorales appelées wards.
81
+
82
+ Les municipalités métropolitaines exercent l’intégralité du pouvoir municipal, contrairement aux autres territoires dans lesquels le pouvoir est partagé entre les districts et les municipalités locales[13].
83
+ Les municipalités métropolitaines sont dirigées par un conseil municipal dont les conseillers sont directement élus lors d’un scrutin proportionnel par liste[14].
84
+
85
+ Les huit municipalités métropolitaines correspondent aux plus grandes agglomérations du pays :
86
+ Buffalo City (East London), Le Cap, Ekurhuleni (East Rand), eThekwini (Durban), Johannesbourg, Mangaung (Bloemfontein), Nelson Mandela Bay (Port Elizabeth), et Tshwane (Pretoria)[13],[15].
87
+
88
+ Les districts ont la charge de nombreuses missions dont le développement économique, l’entretien des routes et les transports publics. Les conseillers municipaux des districts sont élus au scrutin proportionnel par liste pour 40 % d’entre eux, les 60 % restants étant nommés au sein des conseils des municipalités locales[14].
89
+
90
+ Les districts municipaux sont divisés en 226 municipalités locales. Généralement, elles englobent une ou plusieurs villes ainsi que les villages et les zones rurales aux alentours. Les municipalités locales exercent le pouvoir local en complément des attributions des districts. Les conseillers sont élus pour moitié au scrutin proportionnel par liste, l’autre moitié étant élue au scrutin uninominal dans les wards (circonscriptions électorales).
91
+
92
+ Une famille khoïkhoï.
93
+
94
+ Arrivée de Jan van Riebeeck dans la baie de la Table en 1652 pour y fonder une station de ravitaillement et premiers contacts avec les Khoïkhoïs.
95
+
96
+ L'arrivée au Cap des navires de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (1762).
97
+
98
+ Les Voortrekkers - illustration de J.S. Skelton (1909).
99
+
100
+ Le premier drapeau national d'Afrique du Sud (1928-1994).
101
+
102
+ Panneau formalisant les lois de l'apartheid (1948-1991).
103
+
104
+ L'actuel drapeau d’Afrique du Sud adopté en 1994 pour les premières élections nationales non ségréguées.
105
+
106
+ Nelson Mandela, président de l'Afrique du Sud à la suite des premières élections nationales au suffrage universel.
107
+
108
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
109
+
110
+ Les Khoïsan, regroupant les Khoïkhoïs et les Sans, sont les premiers habitants connus de l'Afrique du Sud (40 000 av. J.-C.).
111
+
112
+ Les premiers peuples de langues bantoues, venant à l'origine du grassland camerounais actuel, atteignent l'actuelle province du KwaZulu-Natal vers l'an 500 de notre ère. Au Xe siècle, des xhosas s'installent dans la région de la Fish River (Transkei).
113
+
114
+ En 1488 le navigateur portugais Bartolomeu Dias atteint le cap des Tempêtes (cap de Bonne-Espérance), suivi en 1497 par le navigateur portugais Vasco de Gama qui longe la côte du Natal.
115
+
116
+ L'implantation définitive d'Européens en Afrique du Sud date de 1652 avec l'établissement, pour le compte de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, d'une station de ravitaillement au Cap dirigée par le Néerlandais Jan van Riebeeck.
117
+
118
+ En 1657, plusieurs salariés de la compagnie sont autorisés à s'établir définitivement au Cap alors que des esclaves sont déportés de Batavia et de Madagascar pour pallier le manque de main d'œuvre sur place. En 1688, deux cents huguenots français rejoignent les 800 administrés du comptoir commercial et fondent Franschhoek. En 1691, la colonie du Cap est mise en place.
119
+
120
+ C'est en 1770 que sont relatés les premiers contacts entre les bantous et les boers (les fermiers libres d'origine franco-néerlandaise) à la hauteur de la Great Fish River (à 900 km à l'est de la cité mère). Les relations sont rapidement conflictuelles et, en 1779, débute la première des neuf guerres cafres (1779-1878).
121
+
122
+ Entre 1795 et 1804, les Britanniques occupent l'Afrique du Sud. La colonie est restituée brièvement aux Néerlandais, entre 1804 et 1806.
123
+
124
+ En 1806, les Néerlandais cèdent définitivement la place aux Britanniques qui deviennent la nouvelle puissance coloniale.
125
+
126
+ De 1818 à 1825, lors du Mfecane, le Roi des Zoulous, Chaka, étend son empire sur l'est de l'Afrique du Sud au prix d'une conquête sanglante sur les autres peuples tribaux.
127
+
128
+ En 1835, les Boers quittent la colonie du Cap pour les territoires intérieurs de l'Afrique du Sud afin d'échapper à l'administration britannique. C'est le Grand Trek, parsemé de tragédies et de batailles (bataille de Blood River contre les Zoulous en 1838). Deux républiques boers indépendantes sont finalement fondées et reconnues par le Royaume-Uni : la république sud-africaine du Transvaal (1852) et l'État libre d'Orange (1854).
129
+
130
+ En 1866, la colonie du Cap étend également son territoire et annexe la cafrerie britannique alors que les premiers diamants sont découverts à Kimberley, puis des gisements d'or dans le Witwatersrand au Transvaal.
131
+
132
+ En 1879, durant la Guerre anglo-zouloue, les Britanniques subissent une défaite historique lors de la bataille d'Isandhlwana avant de finalement s'imposer au Zoulouland.
133
+
134
+ Après l'annexion d'autres territoires tribaux, une des plus grandes spéculations de l'histoire boursière provoque la crise boursière des mines d'or sud-africaines de 1895, au moment du Raid Jameson, perpétré par les britanniques, en vue du percement de mines jusqu'à 4 kilomètres sous terre.
135
+
136
+ Motivée en partie par ces mines d'or, la Seconde guerre des Boers (1899-1902) et l'annexion du Transvaal et de l'État libre d'Orange consacre la domination britannique sur la majeure partie de l'Afrique australe, au prix de l'internement et de la mort de milliers de civils boers dans des camps de concentration.
137
+
138
+ Le 31 mai 1910, huit ans après la fin de la Seconde guerre des Boers et après quatre ans de négociations, le South Africa Act accorde l'indépendance nominale, en créant l'union d'Afrique du Sud. Le pays est fondé à partir du regroupement des colonies du Cap, du Natal, du Transvaal et de l'Orange. Le South Africa Act établit une démocratie parlementaire sur le modèle de Westminster avec un régime de type monarchie constitutionnelle et un parlement souverain. Les modalités d'octroi du droit de vote diffèrent cependant entre les quatre nouvelles provinces (si le corps électoral est essentiellement blanc, les provinces du Natal et du Cap accordent sous condition censitaire le droit de vote aux personnes de couleur dites « civilisées »). Le général boer Louis Botha devient le premier chef du gouvernement sud-africain.
139
+
140
+ En 1912, un parti politique, le Congrès national africain (ANC), est fondé à Bloemfontein, revendiquant une plus grande participation des populations noires aux affaires du pays. L'année suivante, le Native land act est adopté. Basé sur le système des réserves établi à l'époque coloniale et dans les républiques boers, il divise le territoire sud-africain entre les terres indigènes (7 % puis 13 % du territoire) et les terres destinées aux Blancs et aux administrations publiques (87 % du territoire).
141
+
142
+ En 1915, engagées dans la Première Guerre mondiale, les troupes sud-africaines subissent de lourdes pertes dans la Somme (France). En Afrique, elles prennent le contrôle du Sud-Ouest africain allemand (future Namibie) qui leur est octroyé sous mandat par la Société des Nations en 1920.
143
+
144
+ En 1918, le Broederbond, une société secrète est fondée avec pour objectif la promotion politique, sociale et économique des Afrikaners (la dénomination devenue usuelle des Boers).
145
+
146
+ La révolte ouvrière des Afrikaners du Witwatersrand en 1922, durement réprimée, permet aux nationalistes blancs de s'unifier et de remporter les élections générales de 1924 sous la direction de James Barry Hertzog. En 1934, face à la crise économique, Hertzog s'unit néanmoins aux libéraux de Jan Smuts pour former un gouvernement d'union nationale. À la même époque, des anthropologues et des linguistes de l'université de Stellenbosch comme Werner Max Eiselen forgent un nouveau concept social et politique qui donnera naissance à l'idéologie de l'apartheid : rejetant l'idée de société unique sud-africaine, ils proposent de séparer géographiquement, politiquement et économiquement les noirs et les blancs d'Afrique du Sud ainsi que les différentes ethnies entre elles, afin de maintenir et renforcer leurs identités ethniques et linguistiques et de lutter contre les effets qu'ils estiment acculturants de l'urbanisation et du travail migrant sur les structures traditionnelles africaines[16],[17],[18]. En 1936, la franchise électorale des populations noires au Cap est supprimée. En 1939, le pays, sous la direction de Smuts, s'engage au côté des alliés dans la Seconde Guerre mondiale. En 1945, Smuts participe à la rédaction du préambule de l'Organisation des Nations unies.
147
+
148
+ En 1948, le parti national remporte les élections générales. Le nouveau premier ministre, Daniel François Malan, met en place la politique d'apartheid, renforcée en 1956 par la suppression de la franchise du droit de vote des Coloureds (gouvernement Strijdom). En 1958, Hendrik Verwoerd devient premier ministre.
149
+
150
+ En 1960, le massacre de Sharpeville puis l'interdiction de l'ANC et des mouvements nationalistes africains mènent à la condamnation de la politique d'apartheid par les Nations unies et par la communauté internationale.
151
+
152
+ Le 31 mai 1961, le pays devient une république à la suite d'un référendum où les électeurs votent majoritairement pour la fin de la monarchie. La république d'Afrique du Sud est alors proclamée, et le dernier gouverneur général du pays, Charles Swart, devient ainsi le premier président d'État. Le pays se retire également du Commonwealth. L'ANC débute alors la lutte armée dans l'Umkhonto we Sizwe.
153
+
154
+ En 1963, Nelson Mandela, l'un des chefs de Umkhonto we Sizwe est condamné à perpétuité pour terrorisme et les autres chefs de l'ANC sont emprisonnés ou exilés. En 1966, Hendrik Verwoerd, premier ministre d'Afrique du Sud et grand architecte de l'apartheid, est assassiné.
155
+
156
+ En 1976, les émeutes dans le township de Soweto contre l'enseignement obligatoire en afrikaans conduisent le gouvernement à déclarer l'état d'urgence alors que le Bantoustan du Transkei est déclaré indépendant dans le cadre de la politique d'apartheid.
157
+
158
+ En 1984, pour sortir du blocage politique, le régime politique est présidentialisé et un parlement tricaméral, ouvert aux Indiens et aux Coloureds, est inauguré. Néanmoins, l'état d'urgence est de nouveau proclamé en 1986 alors que des sanctions économiques et politiques internationales isolent le pays en dépit de l'abrogation de lois symboliques de l'apartheid comme le passeport intérieur. Seul l'État d'Israël continue d'avoir des relations discrètes et collabore avec le pouvoir au point de vue militaire et sécuritaire (échanges de technologies, contrats de licences de fabrication d'armement, échanges techniques en matière de sécurité intérieure et savoir-faire d'espionnage).
159
+
160
+ En 1990, le nouveau président sud-africain, Frederik de Klerk, légalise l'ANC, le parti communiste sud-africain et tous les mouvements noirs. Nelson Mandela est libéré.
161
+
162
+ En juin 1991, le gouvernement abolit les dernières lois de l'apartheid et entame un processus de transition constitutionnelle (Codesa). Ce processus de négociations permet entre autres la création d'une nouvelle assemblée constituante, laquelle se penche sur un projet intérimaire de constitution en 1993. La nouvelle constitution promulguée réorganise l'État sud-africain autour des valeurs-clés de liberté, égalité, dignité et place en son sommet une Cour constitutionnelle. Le processus de transition démocratique âprement négocié aboutit le 27 avril 1994 aux premières élections multiraciales de l'histoire du pays, remportées par l'ANC. Nelson Mandela devient alors le premier président noir du pays. Par la même occasion, le pays réintègre le Commonwealth.
163
+
164
+ En 1995, une Commission vérité et réconciliation est mise en place, puis l'année suivante, le 10 décembre 1996[19] est adoptée une nouvelle constitution sud-africaine, principalement fondée sur la constitution provisoire de 1993.
165
+
166
+ De 1999 à 2008, le pays est présidé par Thabo Mbeki. Est ainsi apparue aux côtés de la bourgeoisie blanche une bourgeoisie noire ; ni l'ANC, ni le parti communiste, ni le syndicat COSATU (« Congrès des syndicats sud-africains ») n'ont remis en cause l'ordre économique et social. Au contraire, les privatisations se sont multipliées. L'Afrique du Sud est un des pays les plus inégalitaires du monde, ainsi que l'atteste son coefficient de Gini[Quand ?].
167
+
168
+ À la suite des difficultés économiques et sociales apparues lors du second mandat de Thabo Mbeki, caractérisées en 2008 par une grave pénurie d'électricité en Afrique du Sud et la dégradation des infrastructures, son parti l'ANC lui retire son mandat le 21 septembre 2008. Thabo Mbeki remet sa démission au Parlement[20] qui élit alors Kgalema Motlanthe pour terminer son mandat jusqu'aux élections générales de 2009.
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170
+ Après les élections générales du 22 avril 2009, remportées par l'ANC, Jacob Zuma, ancien vice-président de 1999 à 2005, devient le nouveau président de la République. Il prête serment le 9 mai 2009 et forme un gouvernement plus ouvert aux partis politiques minoritaires, dont le parti communiste mais aussi, pour la première fois depuis 1994, le front de la liberté (droite afrikaner). Le massacre de Marikana en 2012, où la police tire sur des salariés grévistes faisant des dizaines de morts, entache la gouvernance de l'ANC au sein de son électorat mais lors des élections générales sud-africaines de 2014, Jacob Zuma est réélu pour un second mandat, l'ANC restant nettement en tête dans l'électorat bien qu'en recul face à l'Alliance démocratique et aux Combattants pour la liberté économique de Julius Malema.
171
+
172
+ Visé par des affaires de corruption, Jacob Zuma démissionne sous la pression de son parti début 2018, après avoir été menacé de destitution, et Cyril Ramaphosa lui succède comme président de la République par intérim[21],[22]. Le 15 février 2018, le Parlement élit formellement Cyril Ramaphosa président de la République[23].
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174
+ Il est réélu chef de l’État le 22 mai 2019, à l’issue d’élections générales lors desquelles l’ANC obtient le plus faible score de son histoire (57,5 %), passant sous la barre des 60 % pour la première fois depuis un quart de siècle et payant ainsi les errements et les scandales de l'ère Zuma, son prédécesseur[24].
175
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176
+ Il doit également faire face à une opposition interne au sein de l'ANC, avec un clan resté fidèle à Jacob Zuma, ayant à sa tête le secrétaire général de l’ANC, Ace Magashule, et son adjointe, Jessie Duarte[25]. Une vague de xénophobie vis-à-vis les migrants, les « étrangers », secoue également le pays[26].
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+ Le 10 février 2020, Cyril Ramaphosa prend la présidence de l'Union africaine, succédant à Abdel Fattah al-Sissi[27].
179
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+ Le régime est parlementaire depuis le South Africa Act en 1910 et le suffrage universel en vigueur depuis 1994. La constitution sud-africaine, la cinquième de l’État sud-africain, fut promulguée par le Président Nelson Mandela le 10 décembre 1996 et est entrée en vigueur le 4 février 1997.
181
+
182
+ Les fonctions de chef du gouvernement et de chef d'État se confondent sous le titre de président de la république d'Afrique du Sud. Ce dernier est élu par le parlement.
183
+
184
+ Le parlement d’Afrique du Sud est composé de deux chambres : une chambre basse, l’assemblée nationale et une chambre haute, le conseil national des provinces (en anglais : National Council of Provinces, NCoP). Les 400 membres de l'assemblée nationale sont élus par scrutin proportionnel de liste. Le NCoP, qui a remplacé le Sénat en 1997, est composé de 90 membres représentant les neuf provinces.
185
+
186
+ Chaque province est dotée d'une législature provinciale monocamérale, et d'un conseil exécutif présidé par un premier ministre (premier en anglais et en afrikaans). Les provinces sont moins autonomes que celles, par exemple, du Canada ou que les États aux États-Unis. Il s'agit alors d'un système fédéral modéré. L'État compte 11 langues officielles qui, en pratique, sont traitées différemment, l'afrikaans perdant du terrain devant l'anglais favorisé par l'ANC.
187
+
188
+ Enfin, le système judiciaire sud-africain est hybride en ce sens qu'il se fonde sur le système du common law s'agissant des activités administratives, alors que le droit privé est essentiellement imprégné par la tradition romano-germanique. L'organisation judiciaire est divisée, à l'image du modèle anglo-saxon, entre cours locales, Magistrates' Courts, hautes-cours provinciales d'appel et une Cour suprême d'appel lorsque des causes non constitutionnelles sont en jeu. Le système judiciaire sud-africain est chapeauté par une Cour constitutionnelle, instance suprême du pays chargée d'exercer un contrôle de la constitutionnalité des actes du parlement et du gouvernement et de toute autre cause si l'intérêt de la justice le commande. La Cour constitutionnelle, de type Cour suprême mixte, siège à Constitution Hill, Braamfontein, Johannesburg.
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+ Des élections générales de 1994 à celles de 2014, l'ANC domine la vie politique et demeure de loin le premier parti du pays notamment parce qu'il est le seul à avoir pu réaliser un complet maillage électoral du pays, disposant de militants jusque dans les bourgades les plus reculées.
191
+
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+ Le gouvernement doit résoudre le problème des violences qui touchent les campagnes du pays : la réforme agraire impose la redistribution des terres aux Noirs et les fermiers afrikaners doivent souvent vendre leurs exploitations au gouvernement, ce qui suscite des résistances. Ces fermiers, au nombre de 35 000 environ, sont parfois attaqués par des bandes organisées et certains s'inscrivent à des stages commandos pour pallier le manque d'aide du gouvernement. Plusieurs partis d'extrême droite continuent de recruter au sein d'une frange de cette population qui se sent délaissée.
193
+
194
+ Cependant, depuis l'élection de Jacob Zuma en 2009, les performances électorales de l'ANC sont contestées par une opposition hétéroclite qui, bien que morcelée, progresse fortement. En 2014, si l'ANC remporte nettement, pour la cinquième fois, les élections générales avec 62,15 % des voix, il réalise son plus mauvais score national face notamment à l’Alliance démocratique (22,23 %) et aux Combattants pour la liberté économique (6,35 %), un jeune parti radical dirigé par Julius Malema. Lors des élections municipales sud-africaines de 2016, l'ANC enregistre sa plus forte baisse électorale et son plus faible score national (53,91 %). S'il parvient à encore conserver la très grande majorité des municipalités, en particulier en zone rurale (à l'exception notable des municipalités du Cap-Occidental), l'ANC est battu dans les plus grandes métropoles du pays (Le Cap, Tshwane, Johannesbourg, Nelson Mandela Bay) au profit de Alliance démocratique, alliée parfois pour la circonstance au parti de Malema. Cette baisse nationale de l'ANC peut être analysée comme liée aux scandales de corruption visant le président Jacob Zuma et aux mauvaises performances économiques de l'Afrique du Sud.
195
+
196
+ En 2011, 93 % de l'électricité de l'Afrique du Sud provient du charbon. C'est l'un des pays les plus dépendant de ce combustible ; le port de Richards Bay abrite le premier terminal portuaire exportateur de charbon au monde[28].
197
+
198
+ Le pays dispose de la seule centrale nucléaire du continent africain, située à Koeberg, entrée en service en 1982. Pour assurer son développement et sa croissance économique, le pays doit cependant continuer à investir dans le secteur énergétique[4], notamment nucléaire, mais aussi thermique, pour assurer ses besoins immédiats : construction d'une centrale à charbon à Medupi.
199
+
200
+ En 2019, l'Afrique du Sud peine à produire les besoins en électricité du pays, et le pays fait face à de nombreuses coupures. Pour remédier à cette situation, en partie liée à des sabotages ou des problèmes de gouvernance mais également à un manque d'équipements, l'État a décidé de créer de nouvelles centrales à charbon. Toutefois, la société publique Eskom demeure très endettée tout comme d'autres entreprises publiques[29].
201
+
202
+ L'Afrique du Sud est le premier pollueur du continent africain, et le quatorzième au niveau mondial, de par ses émissions de carbone. Le gouvernement instaure en 2019 une taxe carbone pour tenter d'inciter les entreprises à faire des efforts. Bien que soutenue par les organisations environnementales, cette initiative est jugée insuffisante et peu dissuasive[30].
203
+
204
+ La pollution de l'air représenterait un coût annuel de deux milliards d’euros[31].
205
+
206
+ Le pays bénéficie de caractéristiques naturelles adéquates pour la production d'énergie verte : ensoleillement, vent ou encore espaces maritimes.
207
+
208
+ Le drapeau de l'Afrique du Sud a été adopté le 15 mars 1994 et est officiellement l'emblème du pays depuis le 27 avril 1994.
209
+
210
+ Son prédécesseur était contesté pour son symbolisme exclusivement lié à l'histoire afrikaner et britannique du pays.
211
+
212
+ Les six couleurs symbolisent à la fois les diverses tendances politiques du pays, les couleurs prédominantes des anciens drapeaux utilisés par l'Afrique du Sud au cours de son histoire ainsi que ses ressources naturelles.
213
+
214
+ Le 21 octobre 2016, l'Afrique du Sud annonce son retrait de la Cour pénale internationale (CPI)[32].
215
+
216
+ La population sud-africaine compte près de 54 millions d'habitants en 2014. Elle est inégalement répartie : la plupart des habitants résident dans l'Est du pays. Le Gauteng est la région la plus peuplée suivie par le KwaZulu-Natal[33]. L'aridité explique en partie les faibles densités du Nord-Ouest.
217
+
218
+ Selon le recensement de 2010, 79,2 % des Sud-Africains sont noirs, 9,4 % sont blancs, 8,8 % sont coloureds (métis) et 2,6 % des sud-africains sont indo-asiatique[34],[35].
219
+
220
+ La population noire se répartit en différentes ethnies dont les plus importantes sont les Zoulous et les Xhosas. Concentrée dans l'Est du pays, elle est cependant minoritaire dans les deux provinces du Cap-Occidental et du Cap-Nord. Parmi la population blanche du pays, la plus ancienne, les Afrikaners (ou Boers) représentent une proportion de 60 % des Blancs du pays. Les ancêtres de ces Afrikaners étaient originaires des Pays-Bas ou d'Europe du Nord. Une partie non négligeable étaient également des huguenots français (voir aussi l'article huguenots d'Afrique du Sud) qui s'installèrent dans la colonie du Cap durant les guerres de religion en France (ces derniers font cependant partie de la communauté Afrikaner, on estime d'ailleurs que 25 % des noms de familles afrikaners sont d'origine française). Les autres blancs (40 %) sont surtout d'origine britannique, portugaise et allemande.
221
+
222
+ Selon un rapport de la SAIRR (institut sud-africain des relations raciales), environ 900 000 blancs, soit un sixième de la population, ont quitté le pays depuis 1994. Ces départs massifs, surtout de jeunes Sud-Africains diplômés, ont été dénoncés par l'opposition qui a attaqué l'ANC sur ces trop nombreux départs. Cependant, on constate depuis un nouveau phénomène, la « révolution du retour au foyer »[36]. Ainsi, alors que les coupures de courant, le taux de criminalité élevé et les incertitudes politiques décourageaient les Sud-Africains blancs, qui émigraient précipitamment[37], les exilés, dans leurs nouveaux pays, ont connu pour certains des problèmes financiers lors de la crise mondiale qui les ont poussés à revenir, malgré la peur de la criminalité et de la discrimination positive, en Afrique du Sud[37]. Bien qu'il n'y ait pas de statistiques officielles, Charles Luyckx, le directeur exécutif d’Elliott International qui détient près de 30 % des parts de marché du déménagement affirme alors que l’on comptait quatre départs pour un retour en 2008, le ratio se rapproche en 2009 d’un pour un[37].
223
+
224
+ Beaucoup d’enfants issus des régions rurales n'ont pas de pièce d’identité ou d'acte de naissance, parfois trop coûteux à aller chercher pour les parents. L’ONG Scalabrini Center estime à 40 % la part de ces enfants qui demeurent hors du système éducatif[38].
225
+
226
+ L'Apartheid a doté l'Afrique du Sud d'un système de santé de renommée mondiale mais circonscrit aux zones géographiques blanches. Depuis la fin de l'Apartheid, la situation s'est détériorée en raison d'un plan de départ de fonctionnaires et médecins blancs lancé par le gouvernement et du développement de la corruption[39].
227
+
228
+ L’espérance de vie a chuté de 62 ans en 1990 à 51 ans en 2005[40], avant de remonter a 60 ans en 2011[41].
229
+
230
+ Le pays a le taux d’incidence du VIH le plus élevé au monde, avec 5,6 millions de citoyens — plus de 10 % de la population — porteurs du virus[42],[43].
231
+
232
+ En 2012, selon l'UNICEF, 17,9 % de la population adulte vit avec le VIH[44],[45].
233
+
234
+ L'espérance de vie des hommes est de 56,5 ans[46], celui des femmes de 60,2 ans[46]. Le taux annuel de croissance de la population est de 1,07 %, selon les chiffres des statistiques sud-africaines[46]. Le taux de natalité s'élève à 23,8 ‰ (en 2009)[46]. Le taux de mortalité atteint 16,77 ‰ en 2001, et 11 ‰ en 2002, celui de la mortalité infantile 45,70 ‰ en 2009[46]. En 2009, le taux de fécondité était de 2,38 enfants/femme[46].
235
+
236
+ Il n'y a pas de langue maternelle majoritairement dominante en Afrique du Sud.
237
+
238
+ En 1910, le néerlandais était, avec l'anglais, l'une des deux langues officielles reconnues par les nouvelles institutions de l'union de l'Afrique du Sud. En mai 1925, l'afrikaans a été promu au rang de langue officielle à la place du néerlandais (Union Act No 8 of 1925)[47]. L'Afrique du Sud adhère au début du XXIe siècle à l'Union linguistique néerlandaise, mais 60 000 citoyens seulement savent encore parler cette langue.
239
+
240
+ Depuis 1994, onze langues officielles (anglais, afrikaans, zoulou, xhosa, swati, ndebele, sesotho, sepedi, setswana, xitsonga, tshivenda[48]) sont reconnues par la Constitution sud-africaine[49] Selon l'article 6 de la constitution sud-africaine de 1996, l'État et les provinces doivent aussi faire la promotion des langues parlées par les diverses communautés vivant dans le pays ; les principales sont : l'allemand, le grec, le gujarâtî, l'hindi, le portugais, le tamoul, le télougou, l'ourdou, l'arabe, l'hébreu, le sanskrit[50].
241
+
242
+ Dans les faits, le zoulou est la langue maternelle la plus pratiquée dans les foyers sud-africains (environ ¼ des habitants)[51], suivi par le xhosa (17,6 %). En troisième place arrive l'afrikaans avec 14 %[52] de locuteurs maternels. Mais comme elle est employée en seconde langue par plus de 30 % des citoyens sud-africains, l'afrikaans est indirectement la deuxième langue la plus parlée du pays. Cependant elle souffre de la concurrence de l'anglais, qui paraît plus utile et reste la langue des affaires et de la communication[53].
243
+
244
+ D'une manière générale, l'anglais progresse dans tous les milieux et particulièrement chez les jeunes éduqués, dont beaucoup exigent de suivre un enseignement supérieur dans cette langue, et fait ainsi figure de langue véhiculaire. Si l'anglais est la première des secondes langues et que 85 % de la population du pays la parle (dont plus de 90 % chez les Blancs) ou en a des notions, elle n'est réellement la langue maternelle que d'un peu moins de 5 millions des citoyens de l'Afrique du Sud[54]. Elle reste de plus incomprise dans des zones rurales ou bien chez des personnes âgées et des membres de tribus locales assez isolées.
245
+
246
+ En Afrique du Sud environ 80 % de la population suit la religion chrétienne. La plupart des chrétiens sont des protestants. Il y a un certain nombre d'Églises chrétiennes sud-africaines. Il y a aussi environ 1,5 % de musulmans (souvent des Indiens ou originaires d'Indonésie), 1 % d'hindous et 0,2 % de juifs. Le pays compte aussi de petites communautés bouddhistes, des zoroastriens et des baha'is, et diverses sectes. Les trois quarts des Sud-Africains se déclarent chrétiens, 15 % sans religion[55].
247
+
248
+ Dans le domaine sportif, l'Afrique du Sud est surtout connue pour son équipe de rugby à XV, majoritairement joué par les classes aisées et blanches, qu'ont représentée des joueurs tels que François Pienaar, Frik du Preez, Joost van der Westhuizen, André Venter, Os du Randt, Percy Montgomery, etc.
249
+
250
+ Tendai Mtawarira (pilier) et Bryan Habana (ailier) sont actuellement classés parmi les meilleurs joueurs du monde.
251
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252
+ En sept participations, l'Afrique du Sud remporte trois fois la Coupe du monde : le 24 juin 1995 à Johannesbourg (Ellis Park) : Afrique du Sud 15-12 Nouvelle-Zélande (après prolongation) , le 20 octobre 2007 à Saint-Denis (Stade de France) : Afrique du Sud 15-6 Angleterre et le 2 novembre 2019 au Japon : Afrique du Sud 32 12 Angleterre. L'équipe nationale est donc championne du monde en titre.
253
+
254
+ Le rugby à XIII, interdit pendant l’Apartheid car surtout pratiqué par les Noirs, peine à s'implanter malgré un fort succès auprès des couches sociales petites et moyennes.
255
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256
+ En 2010, l'Afrique du Sud organise la coupe du monde de football 2010, devenant ainsi le premier pays du continent africain à accueillir cette compétition. L'Afrique du Sud possède de bons joueurs évoluant en Europe. Les vuvuzelas, sortes de trompettes africaines émettant un bruit de ruches d'abeille, sont le socle d'une véritable culture du football. Le pays fut champion d'Afrique de football 1996 à Johannesbourg (FNB Stadium).
257
+
258
+ L'Afrique du Sud a organisé la coupe du monde de cricket en 2003.
259
+
260
+ L'Afrique du Sud compte notamment Jody Scheckter qui fut champion du monde de Formule 1 en 1979 sur Ferrari et son fils Tomas qui fait une carrière en IRL. Le pays a par ailleurs accueilli un Grand Prix du championnat du monde de formule 1 entre 1967 et 1993 sur les circuits d'East London et Kyalami.
261
+
262
+ L'Afrique du Sud organise aussi plusieurs épreuves du championnat du monde de surf.
263
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264
+ L'Afrique du Sud compte notamment Cameron van der Burgh qui possède les records du monde au 50 mètres brasse grand bassin (26 s 67) et au 50 mètres brasse petit bassin (25 s 25) 100 mètres brasse (55 s 61).
265
+
266
+ L'Afrique du Sud compte dans ses rangs l'athlète Wayde van Niekerk, recordman du 400 m en 43 s 03 en finale des Jeux Olympiques de Rio en 2016. Il est également le seul homme à avoir réalisé les trois temps suivants en une carrière : 100 m en moins de 10 s ; 200 m en moins de 20 s et enfin 400 m en moins de 44 s.
267
+
268
+ L'Afrique du Sud est aussi bien représentée au golf. Les golfeurs sud-africains les plus connus sont Bobby Locke, Gary Player et Ernie Els. De nombreuses compétitions internationales se déroulent en Afrique du Sud.
269
+
270
+ Selon l'indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l'Afrique du Sud a reculé de 35 places dans leur classement entre 1990 et 2005, constatant l'appauvrissement général de la population. Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil d'extrême pauvreté a doublé en dix ans, passant de 1,9 à 4,2 millions, soit 8,8 % de la population. Près de 40 % des villes en Afrique du Sud sont composées de townships et cette différence entre les riches et les pauvres est très visible ainsi que très présente, elle est à l'origine de beaucoup de tension entre les deux classes sociales. Plus de 43 % de la population vit avec moins de 3 000 rands (260 euros) par mois[58]. Le chômage a un taux officiel de 23,2 % selon l'OIT[59], mais les syndicats l'estiment proche de 40 %[60]. En 2013, le revenu de la tranche la plus pauvre de la population (40 % des Sud-Africains), est inférieur de moitié à celui qu’il était en 1993[61].
271
+
272
+ Une partie de la minorité blanche effrayée par la hausse de la criminalité (3 037 fermiers blancs ont été assassinés entre la fin de l'apartheid et février 2009[62]), par la discrimination positive, par la pandémie du Sida, et par les événements survenus au Zimbabwe à l'encontre des fermiers blancs, émigre massivement en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Ainsi, près d'un million de Sud-Africains blancs auraient quitté le pays depuis 1994. De nombreux émigrés d'Afrique du Sud affirment que la criminalité est un facteur majeur qui explique leur décision de quitter le pays[63]. On assisterait cependant à un retour de beaucoup de Blancs confrontés à la crise mondiale, et qui retrouvent au pays natal des conditions de vie plus enviables[64].
273
+
274
+ En mai 2008, Johannesbourg et d'autres villes du pays connaissent de violentes émeutes anti-immigrés qui font environ 50 morts, 25 000 sans-abris[65] et provoquent l'exode de plusieurs milliers d'immigrés clandestins[66]. Ces épisodes de xénophobie relativement fréquents se reproduisent fin mars 2015 dans un contexte d'immigration importante et de chômage massif[67].
275
+
276
+ Le jeudi 16 août 2012, trente-quatre mineurs ont été tués et soixante-dix-huit blessés dans des affrontements entre grévistes et policiers à la mine de platine Lonmin de Marikana, au nord de Johannesbourg, selon un bilan officiel de la police nationale. Les mineurs, qui vivent dans des taudis accolés à la mine, sans eau courante, touchent environ 4 000 rands par mois (400 euros). « Nous sommes exploités, ni le gouvernement ni les syndicats ne sont venus à notre aide », a déclaré l'un d'eux.« Les sociétés minières font de l'argent grâce à notre travail et on ne nous paye presque rien. Nous ne pouvons pas nous offrir une vie décente. Nous vivons comme des animaux à cause des salaires de misère »[68]. Toutefois, le gouvernement sud-africain s'est dit prêt à compenser financièrement « dans les prochains mois » les familles des victimes du massacre de Marikana[69]
277
+
278
+ En 2019, le salaire moyen des Sud-africains blancs est 3,5 fois plus élevé que celui des Sud-africains noirs. Le chômage frappe 27 % de la population[70].
279
+
280
+ À la suite de l'augmentation des cambriolages au début des années 1990, les Sud-Africains ont commencé à se barricader chez eux, élevant des clôtures et des murs pour se protéger de la rue, puis de leurs voisins. Devant la hardiesse des cambrioleurs, les plus aisés d'entre eux ont installé des détecteurs de mouvement et des alarmes dans leurs maisons puis des grilles électrifiées à 9 000 volts et des barrières à infrarouges. Les malfaiteurs s'en sont alors pris à leurs victimes devant chez elles, leur mettant un pistolet sur la tempe pour les forcer à ouvrir leur maison et à désamorcer le système d'alarme[71]. Les habitants aisés de Johannesbourg se sont retranchés dans des quartiers aux allures de forteresses, murés et sécurisés, uniquement accessibles par un portail surveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Si dans ces quartiers la criminalité a chuté, parfois de 70 %, les municipalités ont souvent cependant interdit de se barricader de la sorte, afin notamment d'éviter le repli des riches entre eux[71].
281
+
282
+ D'après le journal Le Monde du 28 décembre 2004, l'Afrique du Sud bat des records en matière de criminalité : on y compte environ 25 000 meurtres par an, 30 000 tentatives de meurtre, plus de 50 000 viols et environ 300 000 cambriolages. Le taux de violence sexuelle en Afrique du Sud était, en 2000, le plus élevé au monde. En 2009, on estimait qu'un Sud-Africain sur quatre avait commis un viol[72], qu'un enfant était violé toutes les trois minutes[73],[74]. En 2013, les statistiques avancent que « 40 % des Sud-Africaines seront violées dans leur vie »[75].
283
+
284
+ En 2005, l'Afrique du Sud a compté quelque 19 000 personnes assassinées, 55 000 personnes violées et 120 000 hold-ups selon les chiffres cités par le Sunday Times. Pour les années 2007 et 2008, les statistiques ont encore recensé quelque 240 000 cambriolages chez les particuliers, pas moins de 60 000 vols dans les magasins, les usines et les bureaux, près de 140 000 cas de dégradation lourde de matériel, ainsi que 18 487 assassinats et 18 795 tentatives de meurtre. Les violences se concentrent au Cap, à Durban, mais aussi à Johannesbourg et à Pretoria. Les fermiers sont aussi fréquemment victimes d'attaques[76]. Ainsi, presque tous les habitants d'Afrique du Sud ont une fois dans leur vie fait l'expérience directe de la criminalité[77].
285
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286
+ L'État sud-africain dispose pourtant de 200 000 policiers et de 60 000 militaires pour rétablir l'ordre et la sécurité mais les agents de police sont généralement mal formés et mal payés. La police fait elle-même surveiller certains commissariats par des sociétés privées[71]. Ces dernières, qui emploient 420 000 agents de sécurité privés, sont à ce jour chargées de la protection d'un million et demi d'entreprises et de foyers sud-africains[77].
287
+
288
+ En septembre 2011, les chiffres officiels de la criminalité indiquent à nouveau une forte baisse dans presque tous les types de crimes (15 940 meurtres — pour comparaison 662 au Royaume-Uni —, tentatives de meurtre, cambriolages, violences), confirmant la nette tendance des années précédentes. Le nombre de meurtres qui avait atteint il y a quelques années des records mondiaux, est retombé à des valeurs semblables aux années précédant la fin de l'apartheid en 1994. Seuls les explosions des distributeurs de billets, ou encore les crimes liés à la consommation de drogue ou d'alcool dont la répression a été renforcée, ont augmenté[78]. Ces chiffres sont toutefois à relativiser car les taux et les modalités de déclarations de crimes sont plus performants en Afrique du Sud que dans le reste de l'Afrique subsaharienne. Si en 2013, le taux d'assassinats était encore de 31,8/100 000, c'est déjà deux fois moins qu'en 1994. C'est moins qu'en Côte d'Ivoire (56,9/100 000) qui arrive juste derrière la Jamaïque et le Honduras au niveau mondial. C'est aussi moins qu'en Zambie (38 pour 100 000 habitants), en Ouganda (36,3), au Malawi (36) et au Lesotho (35,2)[79].
289
+
290
+ Longtemps première puissance économique du continent, le produit intérieur brut (PIB) de l'Afrique du Sud est, depuis 2014, classé derrière celui du Nigeria à la suite d'un changement de calcul statistique bien que ce pays demeure largement derrière l'Afrique du Sud pour ce qui est du développement ou du PIB par habitant[4].
291
+
292
+ Pays capitaliste favorable à l'économie de marché, l'Afrique du Sud a opté pour un libéralisme économique tempéré par une forte implication de l'État afin de réguler l'économie, de modifier la répartition inégalitaire des richesses et d'assurer une meilleure protection des catégories sociales historiquement et économiquement les plus défavorisés. L'Afrique du Sud représente un quart du PIB africain avec un taux de croissance moyen de 5 % par an[4]. Son réseau de transports, ses installations énergétiques (avec la seule centrale nucléaire du continent à Koeberg), en ont fait un pays quasi développé[4]. Le pays bénéficie d'un sous-sol riche en matières premières comme l'or, dont il est l'un des principaux producteurs mondiaux, du platine et des métaux précieux, et surtout d'immenses réserves de charbon, première production minière du pays en 2016[80] En outre, les multinationales sud-africaines sont prospères et compétitives sur les marchés internationaux[60]. Ainsi, sur les 100 plus grandes entreprises africaines, 61 sont sud-africaines[4].
293
+
294
+ Depuis 1994, les autorités sud-africaines ont mis en œuvre une politique d'affirmative action ou regstellende aksie (discrimination positive), visant à promouvoir une meilleure représentation de la majorité noire dans les différents secteurs du pays (administration, services publics et parapublics, sociétés nationalisées et privées). Ainsi, dans de nombreux secteurs, des Blancs ont été invités à faire valoir leurs droits à la retraite ou à accepter des licenciements, moyennant une indemnité de départ. Un des résultats fut l'appauvrissement d'une partie de cette minorité blanche (10 % de ses membres vivent aujourd’hui avec 1 000 euros par an).
295
+
296
+ Ce programme a cependant contribué au développement d'une classe moyenne noire. Les black diamonds, qui gagnent plus de 6 000 rands par mois (520 euros), représentent environ 10 % de la population noire mais ceux-ci sont en général très endettés et souffrent de l'augmentation régulière des taux d'intérêt. Il est également reproché à cette politique de discrimination positive de ne favoriser qu'une toute petite partie de la population des noirs, ceux qui sont diplômés, vivant dans des centres urbains[60].
297
+
298
+ Par ailleurs, une étude rendue publique en 2006, et portant sur la période 1995-2005, montre que les blancs qualifiés émigrent en masse : en dix ans, 16,1 % des Sud-Africains blancs auraient quitté le pays. À la suite des critiques des partis d'opposition, le gouvernement sud-africain redéfinit sa politique de discrimination positive en cherchant à favoriser le retour au pays de ces expatriés trop nombreux et trop qualifiés. C'est la vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka qui est chargée de mettre cette réforme en œuvre en promouvant des salaires incitatifs à ceux qui reviendraient au pays[83].
299
+
300
+ En juillet 2008, l'écrivain sud-africain André Brink s'en prend à la mise en œuvre de la politique de discrimination positive constatant que l’application de celle-ci a « atteint des extrêmes ridicules qui ont conduit à l’exil bon nombre des personnes les plus qualifiées et les plus habiles du pays, tandis que le gouvernement et ses officines remplacent avec constance la compétence réelle par la médiocrité et l’infériorité »[84].
301
+
302
+ En août 2008, des membres de la nouvelle direction de l'ANC, mise en place par Jacob Zuma, reconnaissaient, auprès des entrepreneurs et des représentants de la minorité blanche, les errements pratiqués dans le domaine de la discrimination positive et promettaient d'infléchir la politique du prochain gouvernement qui succéderait à celui de Thabo Mbeki[85]. Ainsi, Mathews Phosa, trésorier général de l’ANC, reconnaissait le « déficit de compétences dans des secteurs comme la gestion financière, les technologies de l’information, la gestion du système judiciaire et des questions sécuritaires » causé par la pratique de la discrimination positive. Il indiquait par ailleurs que le « personnel Blanc qualifié serait bien accueilli par la prochaine administration » en 2009[86].
303
+
304
+ Après la seconde guerre des Boers (1899-1902), la spoliation des populations noires a été institutionnalisée. En 1913, le Natives Land Act limite la propriété foncière des personnes noires à 7 % du territoire (étendu à 13 % en 1936). Quatre millions de paysans perdent alors les terres qu'ils possédaient encore et deviennent généralement métayers ou mineurs, une main d’œuvre peu couteuse pour les propriétaires[87].
305
+
306
+ En 1994, 87 % des terres arables d'Afrique du Sud appartenaient à des fermiers blancs. L'objectif de la réforme agraire alors mise en place est de redistribuer 30 % des terres aux populations noires d’ici 2014[88]. Selon le procédé mis en place, l’État sud-africain rachète les propriétés au prix du marché pour les redistribuer selon le principe du volontariat. Les deux tiers des 79 000 réclamations, enregistrées avant la date butoir fixé au 31 décembre 1998, sont satisfaites mais il s'agit majoritairement de terres en zones urbaines et non dans les régions agricoles[89]. En 2006, seules un peu plus de 3 % des terres concernées avaient effectivement été redistribuées[87]. L'objectif de 30 % est par la suite repoussé à 2025[90]. La loi prévoit que les descendants des fermiers noirs, dépossédés par la force ou injustement indemnisés dans le cadre des lois adoptées depuis 1913, peuvent demander la restitution de leurs terres. En juillet 2005, la majorité des 4 000 participants au « Sommet sur la terre », a recommandé des expropriations alors que la vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka demandait d'« importer des experts du Zimbabwe ».
307
+
308
+ À la mi-2011, sur 24,6 millions d’hectares, près de 2 millions d'hectares (8 %) ont été transférés à 1,2 million de noirs alors que 60 000 blancs possèdent et gèrent 80 % des surfaces cultivables. Selon d’autres estimations, la part des transferts ne serait pas supérieure à 5 %[91]. Ce faible pourcentage s'explique par la volonté de l’État sud-africain d’éviter un effondrement de la production comme au Zimbabwe voisin au début des années 2000, parce que de nouveaux acquéreurs, incapables de maintenir des rendements équivalents, ont eux-mêmes revendu leurs terres, et surtout parce que le gouvernement devrait débourser jusqu'à 5 milliards d’euros pour dédommager les propriétaires pour atteindre les 30 % escomptés[91]. Le gouvernement ne veut pas que cette redistribution affecte la rentabilité économique de ces terres (l'Afrique du Sud est un pays émergent où l'agriculture ne représente cependant que 3 % du PIB). Dans la province du Limpopo, 90 % des terres agricoles font l’objet de réclamations mais les restitutions effectuées ont majoritairement tourné au désastre, marqué par une sous-exploitation de ces terres laissées en déshérence, faute d'encadrement technique et financier[92]. L’Université de Pretoria estime ainsi que dans 44 % des cas, la production a significativement baissé quand elle n'a pas tout simplement cessé dans 24 % des cas[88].
309
+
310
+ Le 31 août 2011, sous la pression politique de Julius Malema, le jeune chef de la ligue de jeunesse de l'ANC, le ministre de la Réforme agraire présente un nouveau projet de redistribution des terres dont l'objectif est de restreindre la propriété foncière privée, de restreindre l’achat de terres par des étrangers mais aussi de transférer des terres appartenant aux Blancs à des agriculteurs noirs[91].
311
+
312
+ L'Afrique du Sud est au palmarès des huit premiers producteurs de coton d'Afrique de l'est, du sud et du nord au milieu des années 2010 et neuvième au palmarès des producteurs africains de thé au début de la décennie 2010, dominé par le Kenya. Le secteur agricole doit cependant faire face à la sécheresse : dans la province du Cap, celle-ci a fait baisser la production de 20 % en 2019[87].
313
+
314
+ En 2018, 30 000 fermes commerciales emploient environ 840 000 ouvriers agricoles. Les conditions de vie de ces derniers sont souvent difficiles ; beaucoup vivent dans des taudis dépourvus d'eau courante. La directrice de l'association pour l'avancement rural, Laurel Oettle, souligne que « les saisonniers n'ont pas revenus pendant des mois. Certains sont parfois payés en produits agricoles. Les cas d'abus sexuels sont nombreux. L'accès aux tombes des ancêtres donne lieu à des conflits[87]. »
315
+
316
+ Depuis 1994, pratiquement tous les grands groupes miniers et les banques ont cédé entre 10 et 26 % de leur capital à des noirs, indiens et Coloureds. Dans un premier temps, une petite élite noire, issue des leaders de l'ANC, s'est reconvertie avec succès dans les affaires en bénéficiant de grosses cessions de capital d'entreprises. Le plus riche d'entre eux est Patrice Motsepe qui est devenu le 2e Noir le plus riche au monde avec 3,3 milliards de dollars derrière le Nigérian Aliko Dangote avec 13,3 milliards de dollars selon le magazine Forbes en 2011.
317
+
318
+ Depuis 2000, des objectifs précis ont été négociés dans certains secteurs (mines, banques, distribution du pétrole, etc.). Ainsi, selon la charte minière de 2002, toutes les compagnies doivent céder 26 % de leur capital d'ici à 2014. Les Noirs devront représenter 40 % des cadres en 2009. Les compagnies qui ne respecteront pas ces conditions pourront perdre leurs droits d'exploitation.
319
+
320
+ Un arsenal législatif est d'ailleurs en cours d'adoption. Des objectifs précis seront fixés notamment en matière de cession de capitaux et de promotion interne des Noirs dans les entreprises.
321
+ Toutes les entreprises y compris les PME devront remplir un bulletin de note (ceux qui auront les meilleures notes auront plus de chance de remporter les marchés publics). Les multinationales sont cependant exemptées.
322
+
323
+ En 2007, la monnaie nationale, le rand, s'était nettement dépréciée par rapport à l'euro et au dollar. En 2010-2011 par contre, elle s'est renchérie significativement. En 2012, le rand montre sa résistance face à l'euro.
324
+
325
+ Si en 1970, un rand valait un dollar, la monnaie sud-africaine n'a cessé de se déprécier depuis les années 1980. En février 2008, l'euro valait plus de 11 rands alors que le dollar valait 7,50 rands (soit une perte de 12 % de sa valeur depuis le début de la même année). En 2011, l'euro ne vaut plus que 9,90 rands et le dollar vaut 7,10 rands, ce qui semble confirmer la valeur refuge que le rand peut constituer face aux turbulences rencontrées en Europe et aux États-Unis. Depuis lors, en 2011, les taux ont sensiblement baissé, passant de 15 % en 2007 à moins de 9 % en 2011.
326
+
327
+ En 2007, l'inflation qui avait été jusque-là maîtrisée, atteint 8,6 % alors que la hausse des prix dépasse les 6 %, obligeant la Banque centrale sud-africaine à augmenter à quatre reprises ses taux d'intérêt[60]. En 2011, l'inflation retombe à 4 %.
328
+
329
+ Dans les années 1950, l'Afrique du Sud avait développé une large gamme d’hydrocarbures synthétiques. Elle y était contrainte par deux facteurs : l'Apartheid, qui avait entraîné un blocus des produits pétroliers, puis, bien plus tard, en 1979, par l’arrêt des livraisons en provenance de l’Iran, seul fournisseur de l’Afrique du Sud jusqu'à la révolution qui renversa le régime du Shah[93].
330
+
331
+ En 2008, la croissance sud-africaine a été minée par des coupures d'électricité qui ont paralysé les grandes villes, provoquent des embouteillages monstres sur les grandes artères et menacent l'économie du pays et de la région, en provoquant notamment la fermeture provisoire des principales mines d'or, de platine et de diamant. À la suite de cette crise qui remet en cause l'activité salariée de 450 000 personnes, le gouvernement fait son mea culpa pour n'avoir pas modernisé ou construit de centrales électriques depuis la fin de l’apartheid. Cette crise a menacé un temps la valeur du Rand en baisse constante à l'époque ainsi que la capacité de l'Afrique du Sud à organiser la Coupe du monde de football en 2010[94]. Ces prévisions alarmistes se sont véritablement vérifiées aux vues des pertes engendrées par la Coupe du Monde de football et ce malgré la mise en marche de nouvelles centrales électriques. Cette Coupe du Monde aura eu un effet dévastateur sur l'emploi, et entraîné des pertes financières estimées à 2,1 milliards d'euros[95]. 85 % de l'électricité sud-africaine est produite à partir de centrales thermiques fonctionnant au charbon, dont certaines sont vieillissantes[80].
332
+
333
+ Pour pallier cette pénurie, de nouvelles centrales électriques sont en construction, comme la centrale solaire de Khi Solar One dans le Cap-Nord, ou le parc éolien West Cost One dans le Cap-Occidental[80].
334
+
335
+ Néanmoins, à la fin du mandat du président Thabo Mbeki en 2008, de nombreuses faiblesses ou erreurs de sa gestion sont mises en exergue par la presse occidentale, notamment la dégradation de l'état des routes (qui demeure le meilleur réseau routier d'Afrique, devant celui du Maroc), les carences du système de santé publique[60], la dégradation des hôpitaux publics et des écoles publiques. La corruption et l'inefficacité de l'administration, par manque de personnel, de motivation et de moyens complètent le tableau des difficultés structurelles auxquelles fait face l'Afrique du Sud[96].
336
+
337
+ En 2018, d'après la géographe spécialiste de l'énergie Bernadette Mérenne-Schoumaker, l'un des grands défis de l'économie sud-africaine est de diversifier son mix énergétique dans l'optique d'une transition énergétique, sans abandonner un secteur minier qui représente plus de 455 000 emplois dans un pays où le chômage dépasse 27 %[80].
338
+
339
+ L'Afrique du Sud connaît un essor touristique continu[97]. La découverte des parcs nationaux et autres réserves d'animaux aux excellentes structures d’accueil reste l'un des arguments principaux du séjour, mais le pays présente de nombreux autres attraits.
340
+
341
+ En partant du nord-est vers le sud-ouest, on trouve en Afrique du Sud l'une des plus grandes diversités d'animaux du continent[97],[98] :
342
+
343
+ Un élément notable des paysages sud-africains est une longue barrière montagneuse, le Drakensberg, qui court des confins du Mozambique jusqu'à la province du Cap. Les panoramas que le Drakensberg a engendrés dans le Transvaal, tout particulièrement ceux du Blyde River Canyon (26 km) comptent parmi les plus beaux du pays. Ils attirent les randonneurs dont les plus chevronnés se lancent, à l'est du KwaZulu-Natal et du pays zoulou, vers les sommets au-dessus de 3 000 m de Cathedral Peak ou du parc national de Royal Natal.
344
+
345
+ Au sud, les paysages gagnent en diversité : on peut aussi bien apprécier les reliefs tourmentés et déchiquetés de la région désertique du Karoo et de la vallée de la Désolation que la douceur de la route des vins, à l'est du Cap.
346
+
347
+ Les huguenots chassés de France se sont installés dans cette région : « le coin des Français » (Franschhoek) et ces vignobles en sont un fort symbole.
348
+
349
+ On peut également choisir des visites ponctuelles : tout près du Cap, le jardin botanique national de Kirstenbosch, le plus riche du pays grâce à ses 4 500 espèces, ou les grottes du Cango, réputées notamment parce qu'elles renferment des fresques et des motifs sans.
350
+
351
+ D'autres peintures et gravures bochimans sont visibles dans le KwaZulu-Natal, le long de la frontière est du Lesotho (Royal Natal National ParkRoyal Natal National Park, Giant's Castle (en)), où il est aussi possible de se familiariser avec les coutumes du peuple zoulou.
352
+
353
+ Deux curiosités caractérisent la région du fleuve Orange : Les spectaculaires chutes d'Augrabies, d'une hauteur de 146 m, et les mines de diamant de Kimberley.
354
+
355
+ La majorité de ces sites bénéficient d'une excellente structure touristique et d'un important réseau national de grandes randonnées.
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+ L'Afrique du Sud a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Une galaxie est un assemblage d'étoiles, de gaz, de poussières, de vide et peut-être essentiellement de matière noire, contenant parfois un trou noir supermassif en son centre.
2
+
3
+ La Voie lactée, la galaxie dans laquelle se trouve le Système solaire, compte quelques centaines de milliards d'étoiles (1011)[1],[2] et a une extension de l'ordre de 80 000 années-lumière. Un rapport de la mission spatiale européenne Gaia a rendu publique, le 25 avril 2018, la position de 1 692 919 135 étoiles de notre galaxie, ce qui représente moins d'1 % de la totalité des étoiles présentes dans notre galaxie[3]. La plupart des galaxies typiques comportent un nombre similaire d'astres, mais il existe aussi des galaxies naines comptant à peu près une dizaine de milliards d'étoiles (1010)[1], et des galaxies géantes comptant plusieurs milliers de milliards d'étoiles (1012). Sur la base de ces chiffres et de la taille de l'univers observable, on estime que celui-ci compte quelques centaines de milliards de galaxies de masse significative. La population de galaxies naines est cependant très difficile à déterminer, du fait de leur masse et de leur luminosité très faibles. L'Univers dont l'extension réelle est inconnue pourrait contenir jusqu'à 2 000 milliards de galaxies, mais cela ne pourra être confirmé qu'avec les observations des futurs télescopes (tel le Télescope géant européen ou le Télescope de Trente Mètres)[4].
4
+
5
+ Les galaxies en tant que systèmes stellaires de grande taille ont été mises en évidence dans le courant des années 1920, principalement par l'astronome américain Edwin Hubble, bien que des premières données indiquant ce fait remontent à 1914. Les galaxies sont de trois types morphologiques principaux : elliptiques, spirales, irrégulières. Une description plus étendue des types de galaxies a été donnée à la même époque par Hubble et est depuis nommée séquence de Hubble.
6
+
7
+ Toutes les étoiles ne sont pas situées dans les galaxies. S'il semble établi que c'est au sein des galaxies que se forment les étoiles, celles-ci sont susceptibles d'en être expulsées, soit du fait d'interactions entre galaxies, soit du fait de rencontres rapprochées entre une étoile et un astre très massif, tel un trou noir supermassif situé au centre d'une galaxie. On observe ainsi certaines étoiles dotées d'une vitesse élevée par rapport à leur galaxie, signe qu'elles n'y sont plus liées gravitationnellement. De telles étoiles sont de ce fait appelées « étoiles en fuite ». Plusieurs représentantes de cette classe sont connues, telles SDSS J090745.0+024507 et GRO J1655-40, toutes deux en train de quitter la Voie lactée. La première est probablement issue d'une rencontre rapprochée avec le trou noir central de notre galaxie, Sgr A*, la seconde est sans doute issue d'une supernova asymétrique dont le résidu compact a été expulsé de la région où l'explosion a eu lieu.
8
+
9
+ Le mot « galaxie » provient du terme grec désignant notre propre galaxie, ὁ γαλαξίας / ho galaxias (« laiteux », sous-entendu κύκλος / kyklos « cercle »)[5], dérivé du nom τὸ γάλα / to gala « lait ». On trouve aussi en grec ancien ὁ τοῦ γάλακτος κύκλος / ho tou galaktos kyklos « le cercle de lait »[6], ou encore ὁ κύκλος γαλακτικός / ho kyklos galaktikos, « cercle laiteux »[réf. nécessaire], à cause de son apparence dans le ciel. Dans la mythologie grecque, Zeus plaça son fils Héraclès, né de son union avec la mortelle Alcmène, sur le sein de son épouse Héra lorsqu'elle était endormie afin que le bébé devienne immortel en buvant son lait divin. Lorsque celle-ci se réveilla, elle se rendit compte qu'elle allaitait un bébé inconnu qu'elle repoussa, et un jet de lait aspergea le ciel, formant cette pâle bande lumineuse appelée « Voie lactée ».
10
+
11
+ Dans la littérature astronomique, le mot « Galaxie » muni d'un G majuscule se réfère à notre propre galaxie (la Voie lactée), afin de la distinguer des autres galaxies.
12
+
13
+ Avant la mise en évidence des galaxies, était employé le terme de « nébuleuse », qui décrivait tout objet diffus de la sphère céleste. Cette dénomination remonte à William Herschel, qui établissant son catalogue d'objets du ciel profond, utilisa le terme de « nébuleuse spirale » pour des objets tels que M31. Ceux-ci allaient plus tard être identifiés comme étant d'immenses agglomérations d'étoiles, et lorsque les distances entre elles commencèrent à être comprises, elles furent nommées « univers-îles ». Cependant, cette nomenclature tomba donc en désuétude au profit du terme « galaxie ».
14
+
15
+ Des dizaines de milliers de galaxies ont été recensées, parmi d'autres objets, à travers de nombreux catalogues astronomiques, tels que le catalogue Messier et le New General Catalogue, qui référencent également des nébuleuses, mais aussi plus spécifiquement les catalogues PGC, UGC, MCG, CGCG, IC, etc. Ainsi, la galaxie spirale barrée couramment appelée M109 est-elle également identifiée par les numéros NGC 3992, PGC 37617, UGC 6937, MCG+09-20-044, CGCG269-023, etc. Certaines galaxies remarquables ont reçu un nom d'usage (parfois plusieurs) couramment employé à la place des numéros d'identification, telles que par exemple la galaxie d'Andromède, les nuages de Magellan, les galaxies des Antennes, la galaxie du Tourbillon (également appelée galaxie des Chiens de Chasse), la galaxie du Sombrero, etc.
16
+
17
+ Une galaxie typique comme la Voie lactée comprend quelques centaines de milliards d'étoiles et a une taille de l'ordre de 100 000 années-lumière (une année-lumière équivaut à environ 9 500 milliards de kilomètres). De façon remarquable, ces chiffres peuvent s'exprimer uniquement en termes de diverses constantes fondamentales. Plus précisément, un raisonnement simple permet de relier la taille d'une galaxie au phénomène d'instabilité gravitationnelle qui voit un objet plus dense que le milieu ambiant se contracter sous certaines conditions du fait de son propre champ gravitationnel. Ceci se produit essentiellement quand un objet se refroidit brutalement, auquel cas sa pression baisse brutalement et ne peut plus contrer l'effet attractif de la gravité. Dans ce contexte, on prédit que la masse Mg et la taille Rg d'une galaxie sont vraisemblablement de l'ordre de :
18
+
19
+
20
+
21
+
22
+
23
+ α
24
+
25
+
26
+ {\displaystyle \alpha }
27
+
28
+ et
29
+
30
+
31
+
32
+
33
+ α
34
+
35
+ G
36
+
37
+
38
+
39
+
40
+ {\displaystyle \alpha _{G}}
41
+
42
+ représentent respectivement la constante de structure fine (électromagnétique) et la constante de structure fine gravitationnelle, et
43
+
44
+
45
+
46
+
47
+ m
48
+
49
+
50
+ p
51
+
52
+
53
+
54
+
55
+
56
+ {\displaystyle m_{\rm {p}}}
57
+
58
+ et
59
+
60
+
61
+
62
+
63
+ m
64
+
65
+
66
+ e
67
+
68
+
69
+
70
+
71
+
72
+ {\displaystyle m_{\rm {e}}}
73
+
74
+ la masse du proton et de l'électron, respectivement.
75
+
76
+ Il faut plus de dix milliards d'années pour que la lumière des plus lointaines galaxies parvienne jusqu’à la Terre[7].
77
+
78
+ Dès l'Antiquité, les philosophes tentèrent de saisir la nature de la bande lumineuse connue sous le nom de Voie lactée. Le philosophe grec Anaxagore (500—428 av. J.-C.) la concevait comme « l'effet de la lumière des astres qui ne sont pas offusqués par le Soleil »[8]. De la même manière, Démocrite (450—370 av. J.-C.) suggéra qu'elle était due à un grand nombre de petites étoiles.
79
+
80
+ Aristote, cependant, pensait que ce qu'on observait était la combustion d'une partie de l'air, enflammé par le mouvement des astres[9], impliquant donc qu'elle se trouvât dans la sphère sublunaire.
81
+
82
+ Geminos de Rhodes, probablement vers 55 av. J.-C., décrit la Voie lactée comme « un des grands cercles de la sphère des fixes. D'assez grande largeur, il est composé d'une poussière d'étoiles en forme de nébuleuse ; c'est le seul grand cercle dans l'univers qui soit visible. Il y a 7 grands cercles : l'équateur, le zodiaque, les colures, l'horizon en chaque lieu, le méridien, la Voie lactée. »[10]
83
+
84
+ L'astronome perse Al-Biruni (973 - 1048 apr. J.-C.) réfuta lui aussi la proposition d'Aristote, en tentant de calculer la parallaxe de la Voie lactée, et en notant que puisqu'elle est nulle, elle doit se trouver à grande distance de la Terre, et donc hors de l'atmosphère. Il proposa également que la Voie lactée était une collection d'innombrables étoiles nébuleuses. Les preuves de cela vinrent en 1610, quand Galilée utilisa sa lunette astronomique pour étudier la Voie lactée et découvrit qu'elle était effectivement composée d'un nombre incalculable d'étoiles de faible éclat[11]. Thomas Wright dans son ouvrage An Original Theory or New Hypothesis of the Universe (1750), étudie la structure de la Galaxie et imagine qu’elle forme un nuage aplati. Dans un traité de 1755, Emmanuel Kant, spécule à juste titre que notre galaxie pouvait être un corps en rotation d'un nombre incroyable d'étoiles tenues ensemble par des forces gravitationnelles, au même titre que le Système solaire. Le disque d'étoiles résultant peut être vu, en perspective, comme une bande dans le ciel, pour un observateur se trouvant en son sein. Kant avança également que quelques-unes des nébuleuses visibles dans le ciel nocturne pourraient être des galaxies[12].
85
+
86
+ La première tentative de description de la forme de la Voie lactée et de la disposition du Soleil en son sein fut faite par William Herschel en 1785. Il répertoria « avec soin la position et les distances d'un grand nombre d'étoiles »[13]. Il fit un diagramme de la forme de la Voie lactée et plaça le Système solaire près du centre. En 1920, Jacobus Kapteyn arriva à une image d'une petite galaxie ellipsoïdale (d'environ 15 000 parsecs de diamètre), avec le Soleil également proche du centre[14],[15]. Une méthode différente, proposée par Harlow Shapley, fondée sur la position des amas globulaires, mena à une image radicalement différente de tout ce qui avait été vu jusque-là : un disque plat d'un diamètre d'environ 70 000 parsecs (soit un peu plus de 200 000 années-lumière) avec le Soleil très éloigné du centre[12]. Les deux analyses ne tinrent pas compte de l'absorption de la lumière par la poussière interstellaire (phénomène appelé extinction) présente dans le plan galactique, mais après que Robert Jules Trumpler eut quantifié cet effet en 1930, en étudiant les amas ouverts, l'image actuelle de notre galaxie émergea[16].
87
+
88
+ Vers la fin du XVIIIe siècle, Charles Messier établit un catalogue contenant 110 « nébuleuses », comme on appelait alors indistinctement les objets diffus observés dans le ciel. Ce catalogue fut suivi d'un plus grand, de 5 000 objets, établi par William Herschel[12]. En 1845, Lord Rosse construisit un nouveau télescope qui fut capable de distinguer les nébuleuses elliptiques et spirales. Il essaya également de mettre en évidence des sources ponctuelles à l'intérieur de certaines nébuleuses, donnant ainsi crédit à la conjecture de Kant[17].
89
+
90
+ En 1917, Herber Curtis observa des clichés de la supernova SN 1885A dans la « grande nébuleuse d'Andromède » (M31, dans le catalogue Messier). En cherchant dans la photographie, il trouva 11 novas de plus. Curtis remarqua que ces novas étaient en moyenne 10 magnitudes plus faibles que celle de notre galaxie. Grâce à ces résultats, il fut capable d'estimer la distance qui nous séparait d'elles à environ 150 000 parsecs. Il devint donc adepte de ce que l'on appelle la théorie des « univers-iles », avançant que les nébuleuses spirales sont en réalité des galaxies indépendantes, mais sa découverte resta peu diffusée[18].
91
+
92
+ En 1920, le « Grand Débat », concernant la nature de la Voie lactée, des nébuleuses spirales, et la taille de l'Univers, prit place avec comme principaux protagonistes Harlow Shapley et Herber Curtis. Pour renforcer son idée que la grande nébuleuse d'Andromède était une galaxie externe, Curtis nota l'apparence des lignes sombres s'apparentant aux nuages de poussière présents dans la Voie lactée, ainsi qu'un décalage de la lumière dû à l'effet Doppler-Fizeau[19].
93
+
94
+ Le fait fut définitivement établi par Edwin Hubble au début des années 1920 en utilisant un nouveau télescope. Il fut capable de résoudre les parties externes de quelques nébuleuses spirales comme étant des collections d'étoiles individuelles et identifia quelques variables appelées céphéides, dont la période de variation de lumière est fonction de la luminosité absolue. Ceci permit ainsi d'estimer la distance nous séparant de ces nébuleuses : elles étaient bien trop lointaines pour faire partie de la Voie lactée[20]. En 1936, Hubble créa un système de classification des galaxies qui est encore utilisé de nos jours : la séquence de Hubble[21].
95
+
96
+ Dans les années 1970, on réalisa que la masse totale visible, dans les galaxies, des étoiles et du gaz, ne pouvait pas expliquer correctement la vitesse de rotation de celles-ci, qui est systématiquement anormalement élevée par rapport à ce qu'elle aurait dû être étant donné la masse visible dont les galaxies étaient composées. Ceci amena à postuler l'existence d'une nouvelle forme de matière, appelée matière sombre. Celle-ci n'émet aucun rayonnement, mais son existence est révélée par l'influence de son champ gravitationnel sur la dynamique des étoiles. Dès le début des années 1990, le télescope spatial Hubble apporta une grande amélioration dans les observations lointaines. Ces nouvelles observations permirent notamment d'établir que la matière sombre de notre Galaxie ne peut se composer uniquement d'étoiles faibles et petites. D'autres observations cosmologiques arrivent à la même conclusion, attestant l'idée que la matière sombre est une nouvelle forme de matière inconnue en laboratoire[réf. nécessaire]. Au sein des galaxies, la matière forme un halo sphérique plus étendu que la galaxie elle-même, et ayant un profil de densité dit en « sphère isotherme », c'est-à-dire décroissant comme l'inverse du carré de la distance au centre[réf. nécessaire].
97
+
98
+ Il y a trois grands types de galaxies : les elliptiques, les spirales, et les irrégulières. Une description détaillée des différents types de galaxies basée sur leur apparence est établie par la séquence de Hubble. Puisque la séquence de Hubble est entièrement basée sur la caractéristique morphologique visuelle, il arrive qu'elle ne tienne pas compte de caractéristiques importantes telles que le taux de formation d'étoiles (dans les galaxies starburst) ou l'activité du noyau (dans les galaxies actives)[22]. À l'époque de la réalisation de sa classification, Hubble pensait que les différents types de morphologies galactiques correspondaient à un degré d'évolution variable de ces objets, partant d'un état sphérique sans structure (type E0), puis s'aplatissant progressivement (type E1 à E7), avant de produire les bras spiralés (types Sa, Sb, Sc, ou SBa, SBb, SBc). Cette hypothèse d'évolution a depuis été totalement invalidée, mais la dénomination en termes de « galaxie précoce » (early-type galaxy en anglais) pour les elliptiques et « galaxie tardive » (late-type galaxy) pour les spirales est par contre, toujours usitée.
99
+
100
+ Le système de classification de Hubble compte les galaxies elliptiques sur base de leur excentricité (c'est-à-dire de l'aplatissement de leur image projetée sur le ciel), allant de E0 (pratiquement sphérique) à E7 (fortement allongée), le chiffre suivant le « E » correspondant à la quantité
101
+
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+
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+
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+
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+
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+ 10
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+ ×
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+ (
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+ 1
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+
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+
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+
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+ b
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+ a
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+
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+
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+ )
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+
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+
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+
121
+
122
+ {\displaystyle \textstyle {10\times (1-{\frac {b}{a}})}}
123
+
124
+ , où a et b sont le demi grand axe et le demi petit axe de la galaxie telle qu'elle est observée. Ces galaxies ont un profil ellipsoïdal, leur donnant une apparence elliptique quel que soit l'angle de vue. Leur apparence montre peu de structures et elles ne possèdent pas beaucoup de matière interstellaire. Par conséquent, ces galaxies contiennent peu d'amas ouverts et ont un taux de formation d'étoiles peu élevé. Des étoiles plus anciennes et plus évoluées, tournant autour de leur centre de gravité commun de manière aléatoire, dominent donc ces galaxies. En ce sens, elles présentent une certaine similitude avec les amas globulaires, mais à plus grande échelle[23].
125
+
126
+ Les galaxies les plus grandes sont des elliptiques géantes. On pense que de nombreuses galaxies elliptiques se sont formées grâce à une interaction de galaxies qui ont fini par fusionner. Elles peuvent atteindre des tailles énormes (comparée aux galaxies spirales, par exemple). D'autre part, ces galaxies elliptiques géantes sont souvent trouvées au cœur des grands amas de galaxies[24]. Les galaxies starburst sont souvent le résultat d'une collision des galaxies[23]. La galaxie elliptique géante la plus proche de notre Galaxie est M87, dans la constellation de la Vierge, à 60 millions d'années-lumière.
127
+
128
+ Les galaxies spirales forment la classe la plus emblématique des galaxies. Elles sont faites d'un disque en rotation et composé d'étoiles et de milieu interstellaire, avec un bulbe central d'étoiles généralement plus anciennes. De ce bulbe émergent des bras relativement brillants. Dans le schéma de classification de Hubble, les galaxies spirales correspondent au type S, suivi d'une lettre (a, b, ou c), qui indique le degré d'enroulement des bras spiraux ainsi que la taille du bulbe central. Une galaxie Sa est dotée de bras relativement mal définis et possède une région centrale relativement importante. En revanche, une galaxie Sc possède des bras très ouverts et bien tracés ainsi qu'un bulbe de petite taille[25].
129
+
130
+ Dans les galaxies spirales, les bras spiraux forment une spirale logarithmique approximative, un schéma qui peut être, en théorie, le résultat d'un dérangement dans la masse d'étoiles rotative uniforme. Les bras spiraux tournent autour du centre, au même titre que les étoiles, mais avec une vitesse angulaire constante. Cela veut dire que les étoiles entrent et sortent des bras spiraux ; les étoiles proches du centre galactique orbitent plus vite que les bras alors que les étoiles les plus externes se déplacent moins vite que les bras. On pense que les bras spiraux sont des zones où la densité de matière est plus haute, on peut donc les voir comme des « vagues de densité ». Lorsque les étoiles traversent un bras, la vitesse de chaque système stellaire est modifiée par les forces gravitationnelles supplémentaires exercées par une densité de matière plus élevée (cette vélocité retourne à la normale une fois que l'étoile ressort du bras). Cet effet est semblable à une « vague » de ralentissement sur une autoroute saturée en voitures.
131
+
132
+ Les bras sont visibles à cause de leur teneur en étoiles jeunes et brillantes, dues à la forte densité de matière qui facilite la formation d'étoiles. Or les étoiles les plus lumineuses sont aussi les plus massives, et ont une durée de vie très brève (quelques millions d'années contre 10 milliards d'années pour le Soleil), aussi les zones les plus lumineuses sont-elles au voisinage des lieux de formation d'étoiles, les étoiles massives n'ayant pas le temps de s'en éloigner significativement lors de leur brève existence.
133
+
134
+ La majorité des galaxies spirales ont une bande d'étoiles linéaire en leur centre, à partir de laquelle émergent les bras spiraux[26]. Dans la classification de Hubble, elles sont désignées d'un SB, suivi d'une lettre minuscule (a, b, ou c), indiquent encore une fois la forme et la disposition des bras spiraux (de la même manière que les galaxies spirales non-barrées). On pense que les barres sont des structures temporaires qui peuvent survenir à la suite d'un rayonnement de densité du cœur vers l'extérieur, ou à la suite d'une interaction avec une autre galaxie faisant intervenir la force de marée[27]. De nombreuses galaxies spirales barrées sont actives, cela est peut-être du gaz canalisé le long des bras[28].
135
+
136
+ Notre propre galaxie est une grande galaxie spirale barrée[29] d'environ 30 000 parsecs de diamètre et de 1 000 parsecs d'épaisseur. Elle contient approximativement 2×1011 étoiles[30] et a une masse totale d'environ 6×1011 masses solaires[31].
137
+
138
+ Les galaxies particulières sont des formations galactiques développant des propriétés inhabituelles dues à des interactions gravitationnelles avec d'autres galaxies, les forces de marée, responsables de ces déformations. Les galaxies annulaires, possédant une structure formée d'étoiles et de gaz en forme d'anneau autour du centre galactique, sont de bons exemples de galaxies particulières. Une galaxie annulaire peut se former lorsqu'une galaxie plus petite passe à travers le centre d'une galaxie spirale[32]. Un tel évènement a pu se produire sur la galaxie d'Andromède, qui présente plusieurs anneaux en infrarouge[33].
139
+
140
+ Une galaxie lenticulaire est une forme de transition, ayant à la fois les propriétés d'une galaxie elliptique et spirale. Dans la séquence de Hubble, elles portent la mention S0. Elles possèdent des bras, certes mal définis, et un halo d'étoiles elliptique[34] (les galaxies lenticulaires barrées sont de type SB0).
141
+
142
+ En plus de morphologies mentionnées ci-dessus, il existe un certain nombre de galaxies qui n'entrent dans aucune de ces catégories. Il s'agit des galaxies irrégulières. Une galaxie Irr-I possède une certaine structure, mais n'est pas clairement apparentée à un type quelconque de la séquence de Hubble. Les galaxies Irr-II ne possèdent aucune structure comparable à quoi que ce soit dans le schéma de Hubble, et peuvent même avoir été déchirées[35]. Des exemples proches de galaxies irrégulières (naines) sont les nuages de Magellan.
143
+
144
+ En dépit de la prééminence des grandes galaxies elliptiques et spirales, il semble que la plupart des galaxies de l'univers sont des galaxies naines. Ces galaxies minuscules ont une taille pouvant descendre à 1 % de celle de la Voie lactée, et contiennent seulement quelques milliards, voire quelques centaines de millions d'étoiles. Des galaxies naines ultra-compactes, qui ont été trouvées récemment, font seulement 100 parsecs de long[36].
145
+
146
+ La majorité des galaxies naines orbitent autour d'une galaxie plus grande ; la Voie lactée a au moins une douzaine de satellites nains, chiffre probablement inférieur au nombre total de satellites de ce type[37]. Les galaxies naines peuvent elles-mêmes aussi être classées comme étant elliptiques, spirales, ou irrégulières.
147
+
148
+ Un graphique représentant la vitesse de rotation de la matière en fonction de la distance entre celle-ci et le centre galactique peut prendre deux formes, la courbe plate B étant la plus répandue. Analysons de plus près les formes des courbes de rotation. L'article cité[38] en donne un grand nombre.
149
+
150
+ Près du centre galactique, la vitesse est proportionnelle à la distance au centre galactique. La vitesse angulaire de rotation est donc constante comme dans un solide. La courbe devient ensuite parabolique, ce qui correspond à une densité de masse d'étoiles constante. Après le maximum, la courbe est généralement plate, la densité d'étoiles est décroissante. Enfin, très loin du centre galactique où la densité d'étoiles est très faible, on retrouve les lois de Kepler, qui ne peuvent être vérifiées qu'en présence d'étoiles suffisamment lumineuses faisant partie de la galaxie en question. (cf article Matière noire)
151
+
152
+ La distance moyenne séparant les galaxies dans un amas est relativement petite. Par conséquent, les interactions entre galaxies sont assez fréquentes, et jouent un rôle important dans leur évolution. Lorsque deux galaxies se manquent de peu, elles subissent néanmoins des déformations dues à la force de marée, et peuvent échanger une certaine quantité de gaz et de poussière[40],[41].
153
+
154
+ Les collisions se produisent lorsque deux galaxies passent directement l'une à travers l'autre et ont un moment angulaire relatif suffisant pour ne pas fusionner. Les étoiles de ces galaxies en interactions subiront la traversée sans entrer en collision les unes avec les autres. Cependant, le gaz et la poussière présents dans les deux galaxies interagiront. Cela peut déclencher un sursaut de formation d'étoiles car le milieu interstellaire a été dérangé et compressé. Une collision peut sévèrement distordre les deux galaxies, formant des structures s'apparentant à des barres, des anneaux, ou des longues queues[40],[41].
155
+
156
+ L'interaction la plus violente est la fusion galactique. Dans ce cas, le moment relatif des deux galaxies est insuffisant pour leur permettre de se libérer de l'emprise de l'autre et de poursuivre leurs routes. Au lieu de ça, elles fusionneront graduellement pour former une galaxie unique, plus grande. Les fusions apportent d'énormes changements à la morphologie des deux galaxies de départ. Cependant, dans le cas où l'une des deux galaxies est beaucoup plus massive que l'autre, on assiste à un phénomène de cannibalisme. Dans ce cas, la galaxie la plus grande restera relativement inchangée tandis que la plus petite sera déchirée à l'intérieur de l'autre. La Voie lactée est actuellement en train d'absorber de la sorte la Galaxie Elliptique Naine du Sagittaire et la Galaxie Naine du Grand Chien[40],[41].
157
+
158
+ Les étoiles sont créées dans les galaxies à partir du gaz froid qui s'est formé dans les nuages moléculaires géants. Certaines galaxies, les galaxies starburst, ont un taux de formation d'étoiles vertigineux. Toutefois, si elles continuaient à fonctionner ainsi, ces galaxies épuiseraient leurs réserves de gaz en un laps de temps inférieur à leur durée de vie. Par conséquent, un tel évènement ne dure en général que 10 millions d'années, ce qui est relativement court par rapport à l'histoire de la galaxie. Les galaxies starburst étaient plus communes dans le passé[42], et contribuent actuellement d'environ 15 % au taux de formations d'étoiles total[43].
159
+
160
+ Les galaxies starburst sont caractérisées par de fortes concentrations de gaz et de poussière ainsi qu'un nombre élevé de jeunes étoiles. Les plus massives d'entre elles ionisent les nuages environnants et créent des régions HII[44]. Ces étoiles massives finissent en supernovas, produisant ainsi un rémanent qui interagit avec le gaz environnant. Cela enclenche une réaction en chaîne de formation d'étoiles qui se propage à travers toute la région gazeuse. Un tel sursaut d'étoiles ne prend fin que lorsque le gaz disponible est consumé ou dispersé[42].
161
+
162
+ Les starburst sont souvent associés avec les galaxies en interaction ou en fusion. L'exemple-type de galaxie subissant un starburst est M82, qui a récemment interagit avec M81, de taille supérieure. les galaxies irrégulières présentent souvent des nœuds ou le taux de formation est particulièrement élevé[45].
163
+
164
+ Certaines galaxies sont dites actives. Cela veut dire qu'une partie significative de l'énergie totale est émise par des sources autres que les étoiles, la poussière, ou le milieu interstellaire.
165
+
166
+ Le modèle standard décrivant une galaxie est basé sur le disque d'accrétion présent autour du trou noir supermassif de la galaxie. Le rayonnement issu des galaxies actives provient de l'énergie potentielle gravitationnelle de la matière lorsqu'elle tombe du disque vers le trou noir[46]. Environ 10 % de ces objets présentent une paire de jets de particules dont la vitesse est proche de celle de la lumière.
167
+
168
+ Les galaxies actives émettant un rayonnement hautement énergétique sous forme de rayons X sont appelées galaxies de Seyfert ou quasars, selon leur luminosité. On pense que les blazars sont des galaxies actives émettant des jets pointés vers la terre. Une radiogalaxie émet un rayonnement situé dans les ondes radio depuis ses jets.
169
+
170
+ Un modèle unificateur explique que les différences entre les divers types de galaxies actives ne sont dues qu'à l'angle de vue de l'observateur[47].
171
+
172
+ L'étude de la formation et de l'évolution galactique permet d'esquisser des réponses aux questions concernant l'évolution des galaxies à travers l'histoire de l'univers. Dans ce domaine, quelques théories sont devenues largement acceptées, mais c'est encore un champ très actif de l'astrophysique. Des travaux récents laissent penser que les premières galaxies se seraient formées plus tôt que prévu (une galaxie lointaine contenant des étoiles âgées de 750 millions d'années se serait ainsi formée 200 millions d'années environ après le Big Bang)[48].
173
+
174
+ Les modèles cosmologiques actuels décrivant la formation de l'univers sont basés sur la théorie du Big Bang, selon laquelle l'espace-temps, et avec lui toute la matière et l'énergie composant l'univers, a jailli dans une expansion sans commune mesure, alors qu'il était comprimé à une taille infinitésimale. Environ 300 000 ans après cet évènement initial, la température avait baissé suffisamment pour permettre la formation des atomes d'hydrogène et d'hélium, dans un phénomène appelé Recombinaison. Presque tout l'hydrogène était neutre (non-ionisé) et absorbait donc la lumière, les étoiles ne s'étaient pas encore formées ; pour cette raison, cette période porte le nom d'Âge sombre. C'est à partir des fluctuations de densité (ou irrégularités anisotropiques) que les plus grandes structures de la matière commencèrent à se former. Des agglomérations de matière baryonique se condensèrent à l'intérieur de halos de matière noire froide[49]. Ces structures primordiales finiront par devenir les galaxies que nous observons aujourd'hui.
175
+
176
+ Des preuves de l'apparence des galaxies primordiales ont été trouvées dès 2006 avec la découverte de la galaxie IOK-1 qui présente un décalage vers le rouge de 6,96, ce qui correspond à seulement 750 millions d'années après le Big Bang. En mars 2016, des chercheurs travaillant sur des données du télescope spatial Hubble dans le cadre du relevé GOODS découvrent la galaxie GN-z11, qui présente un décalage vers le rouge de 11,01 et observée alors que l'Univers n'avait que 400 millions d'années. GN-z11 est à ce jour l'objet le plus ancien et le plus lointain jamais observé[50],[51]. L'existence de telles protogalaxies suggère qu'elles ont dû se développer durant l'Âge sombre[52].
177
+
178
+ Un milliard d'années après la formation de la galaxie, des structures clés commencent à apparaître : des amas globulaires, le trou noir supermassif central et le bulbe galactique constitué d'étoiles de population II. La création d'un trou noir supermassif semble jouer un rôle majeur car il régule activement la croissance des galaxies en limitant la quantité totale de matière ajoutée[53]. Durant cette époque, les galaxies subissent un sursaut majeur de formation d'étoiles[54].
179
+
180
+ Durant les deux milliards d'années suivantes, la matière accumulée s'installe dans le disque galactique[55]. Une galaxie continuera d'absorber les matériaux environnants (présents dans les nuages interstellaires rapides et dans les galaxies naines) durant toute sa vie[56]. Ces matériaux se constituent principalement d'hydrogène et d'hélium. Le cycle de naissance et de mort des étoiles augmente lentement la quantité de matériaux lourds, ce qui peut éventuellement mener à la formation de planètes[57].
181
+
182
+ L'évolution des galaxies peut être fortement affectée par une interaction ou une collision. Les fusions de galaxies étaient fréquentes dans le passé, et la majorité des galaxies avaient des morphologies particulières[58]. Étant donnée la distance entre les étoiles, la grande majorité des systèmes stellaires ne seront pas dérangés par une collision. Cependant, le déchirement gravitationnel de gaz et de poussière interstellaire produit une longue trainée d'étoiles. De telles structures, causées par la force de marée, peuvent être vues sur les Galaxies des Souris[59] ou des Antennes[60].
183
+
184
+ La Voie lactée et la galaxie d'Andromède se rapprochent l'une de l'autre à la vitesse de 130 km/s, et pourraient bien entrer en collision dans 5 à 6 milliards d'années. Bien que la Voie lactée ne soit jamais entrée en collision avec une grande galaxie comme Andromède, le nombre de preuves de collision de la Voie lactée avec des galaxies naines augmente[61].
185
+
186
+ De telles interactions à grande échelle sont rares. Dans le passé, les fusions de deux systèmes de taille égales devinrent moins fréquentes. La plupart des galaxies brillantes sont restées pratiquement inchangées durant les derniers milliards d'années, et le taux net de formation d'étoiles a probablement atteint son maximum il y a approximativement 10 milliards d'années[62].
187
+
188
+ À présent, la plupart des étoiles se forment dans les petites galaxies, où le gaz froid n'est pas épuisé[58]. Les galaxies spirales, comme la Voie lactée, produisent des étoiles de nouvelles générations tant qu'elles ont des nuages d'hydrogène moléculaire denses[63]. Les galaxies elliptiques déjà en grande partie dépourvues de ce gaz ne forment donc pas d'étoiles[64]. Les réserves de matière créant les étoiles sont limitées : une fois que les étoiles ont converti tout l'hydrogène disponible en éléments plus lourds, la formation de nouvelles étoiles prendra fin[65].
189
+
190
+ L'époque actuelle d'étoiles naissantes devrait continuer durant encore cent milliards d'années. Mais l'« Ère Stellaire » s'arrêtera dans dix à cent mille milliards d'années (1013 à 1014, lorsque les étoiles les moins massives (et donc celles qui ont la plus grande durée de vie), les minuscules naines rouges, d'environ 0,08 masse solaire, finiront leur « combustion » et s'effondreront.
191
+
192
+ À la fin de l'Ère Stellaire, les galaxies ne seront composées que d'objets compacts : des naines brunes, des naines blanches en train de se refroidir (qui, une fois froides, deviennent des naines noires), des étoiles à neutrons, et des trous noirs ; ainsi que des planètes et divers planétésimaux. Ensuite, toute la matière tombera dans les trous noirs centraux ou sera dispersée dans l'espace intergalactique[66],[65].
193
+
194
+ La plupart des galaxies sont gravitationnellement reliées à un certain nombre d'autres. Les groupes de galaxies sont les types de groupes galactiques les plus courants dans l'univers, et ceux-ci contiennent la majorité des galaxies (et donc la majorité de la masse baryonique) présentes dans l'univers. Ils comportent quelques dizaines de membres. La Voie lactée fait ainsi partie d'un groupe de galaxies appelé Groupe local dont elle est le membre le plus massif avec la Galaxie d'Andromède (M31), ses autres membres étant de masse nettement plus faible.
195
+
196
+ Lorsqu'une concentration de galaxies contient plus d'une centaine de galaxies situées dans une zone de quelques mégaparsecs, elle est alors appelée amas. Les amas de galaxies sont souvent dominés par une galaxie elliptique géante. Avec le temps, celle-ci détruit ses satellites, qui viennent ajouter leur masse à la sienne, par le biais des forces de marée[67]. L'amas auquel appartient le Groupe local est appelé amas de la Vierge, du nom de la constellation dans laquelle se trouve son centre.
197
+
198
+ Les superamas contiennent des dizaines de milliers de galaxies, elles-mêmes isolées ou regroupées en amas et en groupes. À l'échelle des superamas, les galaxies seraient disposées en feuilles et en filaments, laissant entre eux d'immenses vides[68]. À une échelle supérieure, l'Univers semble être isotrope et homogène.
199
+
200
+ Groupes, amas et superamas ne sont pas des structures figées. Les galaxies qui les composent interagissent entre elles, et sont susceptibles de fusionner. D'autres galaxies peuvent y naître à partir de la matière présente non encore condensée en galaxies.
201
+
202
+ Initialement, la majorité des observations se faisaient en lumière visible. Comme les étoiles rayonnent le gros de leur lumière dans ce domaine du spectre électromagnétique, l'observation des étoiles formant les galaxies externes à la Voie lactée est un composant majeur de l'astronomie optique. En outre, elle est également utile à l'observation des régions HII ionisées et des bras poussiéreux.
203
+
204
+ La poussière présente dans le milieu interstellaire est opaque à la lumière visible. Par contre, elle devient plus transparente dans l'infrarouge lointain ; celui-ci peut donc être utile à l'observation de l'intérieur des nuages moléculaires géants et des noyaux galactiques[69]. L'infrarouge peut aussi être utilisé pour observer les galaxies distantes et décalées vers le rouge qui se sont formées tôt dans l'histoire de l'Univers. Comme la vapeur d'eau ainsi que le dioxyde de carbone absorbent des portions utiles du spectre infrarouge, les observatoires à infrarouges se situent en haute altitude ou dans l'espace.
205
+
206
+ La première étude non-visuelle des galaxies, en particulier des galaxies actives, fut faite en ondes radio. L'atmosphère est en effet presque transparente aux ondes radio situées entre 5 Hz et 3 GHz (l'ionosphère terrestre bloque le signal en dessous de cette plage)[70]. De grands interféromètres radio ont été utilisés pour cartographier les jets émis par les galaxies actives. Les radiotélescopes peuvent aussi être utilisés pour observer l'hydrogène neutre (via la raie à 21 centimètres), incluant potentiellement, la matière non-ionisée des débuts de l'univers qui forma les galaxies en s'effondrant[71].
207
+
208
+ Les télescopes à ultraviolet permettent de mieux mettre en évidence les étoiles chaudes, souvent massives et de durée de vie limitée, mettant ainsi en évidence le phénomène de formation d'étoiles dans les galaxies. Dans le domaine des rayons X, on observe la matière beaucoup plus chaude, notamment la distribution du gaz chaud au sein des amas de galaxies, ainsi que des phénomènes énergétiques au sein du cœur des galaxies où se trouve souvent un trou noir supermassif dont la présence est entre autres trahie par l'existence de volutes de gaz très chaud en train d'être englouties par le trou noir central[72].
209
+
210
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+ Giraffa camelopardalis
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+ Genre
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+ Espèce
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+ Synonymes
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+ Statut de conservation UICN
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+ VU  : Vulnérable
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+ La Girafe (Giraffa camelopardalis) est une espèce de mammifères ongulés artiodactyles, du groupe des ruminants, vivant dans les savanes africaines et répandue du Tchad jusqu'en Afrique du Sud. Son nom commun vient de l'arabe زرافة, zarāfah, mais l'animal fut anciennement appelé camélopard, du latin camelopardus[1], contraction de camelus (chameau) en raison du long cou et de pardus (léopard) en raison des taches recouvrant son corps. Après des millions d'années d'évolution, la girafe a acquis une anatomie unique avec un cou particulièrement allongé qui lui permet notamment de brouter haut dans les arbres.
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+
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+ Neuf populations, se différenciant par leurs robes et formes, ont été décrites par les naturalistes depuis le XIXe siècle parfois comme espèces à part entière, mais généralement considérées comme simples sous-espèces jusqu'au XXIe siècle. Cependant la taxonomie des girafes est actuellement débattue parmi les scientifiques.
16
+
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+ L’espèce est considérée comme vulnérable avec une diminution de 40 % du nombre d'individus entre 1985 et 2015[2].
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+ Le substantif féminin[3],[4],[5],[6] « girafe » est un emprunt[3],[4],[5] à l'italien giraffa, lui-même emprunté à l'arabe zurāfa[4] pour l'arabe classique[4] zarāfa[3],[5].
20
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+ Il s’agit de l’animal actuel le plus grand en hauteur, pouvant, grâce à la longueur de son cou, atteindre jusqu’à 5,50 m ou même 5,80 m. Les girafes femelles mesurent, à l'âge adulte, entre 4,00 et 4,60 mètres de hauteur, soit 4,30 m en moyenne. Cependant leur cou comporte le même nombre de vertèbres cervicales (7, d'environ 40 cm chacune) que la plupart des autres mammifères[7] (à l’exception des lamantins et des paresseux[8]) . Les girafes dorment très peu, moins de 2 heures par 24 heures, et plus volontiers le jour, car elles peuvent continuer à surveiller l'horizon. En réalité, elles somnolent debout, les yeux grands ouverts et sur des périodes allant de 1 à 30 minutes d'affilée[9]. Le poids d'une girafe varie entre 750 et 1 100 kg pour les femelles et peut aller jusqu’à 2 000 kg[10] pour les mâles. Son pelage à dominante rousse est réticulé ou tacheté de jaune ; son ventre est blanc. Sa queue, mince et longue, terminée par un pinceau de poils noirs, mesure de 70 à 100 cm.
22
+
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+ La tête porte deux ossicônes, des appendices osseux recouverts de peau. Les ossicônes des femelles sont couverts d'une touffe de poils tandis que ceux des mâles en sont pratiquement dépourvus après quelques combats. Les mâles développent parfois en plus des dépôts de calcium sur leur crâne qui finissent par donner l'impression qu'un troisième ossicône est présent[11].
24
+ Ses caractéristiques physiques, notamment la longueur de ses membres et de son cou, font qu'elle est considérée par la NASA comme le modèle idéal pour étudier l'effet de la gravité sur la circulation sanguine. Les phlébologues de la NASA ont copié son réseau sanguin pour réaliser la combinaison anti-G des pilotes de chasse et astronautes[12].
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+ Son cœur de 11 kg, au myocarde renforcé, pompe 60 litres de sang et bat à 170 pulsations par minute, ce qui donne une pression artérielle deux fois supérieure à la pression humaine. Dans les artères du cou, tout un réseau de muscles annulaires aide à hisser le sang jusqu'au cerveau. Dans les veines, des valvules orientent le sang vers le cœur. Lorsque l'animal baisse la tête au sol, les valvules de la jugulaire sont fonctionnelles et empêchent le sang de retomber vers le cerveau (ce qui conduirait à un « voile rouge »). La veine jugulaire de la girafe est la plus longue et la plus droite du monde animal et possède 9 valvules. En 1993, à Vincennes, son endoscopie confirma que les constituants anatomiques d'une veine sont orientés en fonction de son axe d'aplatissement et donc qu'une veine a bien deux faces et deux bords. En bas des jambes où la pression est énorme, un système de capillaires sanguins très résistants (le rete mirabile, ou merveilleux réseau), comparables à ceux de l'espèce humaine, empêche un œdème fatal.
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+
28
+ Contrairement à une idée répandue, les girafes possèdent des cordes vocales mais elles n'émettent que très rarement des sons, se reposant davantage sur la vision que sur l'audition pour communiquer via par exemple des postures et des mouvements du cou et de la tête. Dans l'obscurité, les girafes ont tout de même recours à une communication orale, elles produisent un bruit sourd, une sorte de bourdonnement autour de 92 Hz, c'est-à-dire à la limite de la perception humaine[13]. Néanmoins, il est possible d'entendre les girafons en situation de stress pousser un genre de beuglement approchant celui des bovins[14]. La girafe est le seul mammifère terrestre qui ne bâille pas[9],[15].
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+
30
+ Son espérance de vie serait de l'ordre de 10 à 15 ans[10] ou de 26 ans[16] en milieu sauvage (selon les sources), et de 27[10] à plus de 36 ans en captivité[16]. Un mâle girafe du Kordofan a vécu 30 ans au Bioparc de Doué-la-Fontaine, il était le doyen de la population captive européenne[17].
31
+
32
+ La girafe vit en Afrique, dans la savane. On la trouve du Tchad jusqu'en Afrique du Sud. Mais c'est principalement au Kenya, en Tanzanie, au Botswana et au Niger que l'on peut rencontrer des troupeaux de girafes. Elle était aussi présente en Afrique Australe (Angola, Botswana, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Zambie, Zimbabwe). Les girafes ont disparu de la plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest. L'espèce a été réintroduite en Afrique du Sud pour les réserves de chasse.
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+ Lorsqu'elle court, elle va à l'amble, à l'instar du chameau ou de l'ours, c'est-à-dire qu'elle lève ensemble les deux pattes du même côté. En vitesse de croisière, elle court à 15 km/h mais peut accélérer à 56 km/h[18] en prenant un curieux galop. Les pattes avant se lèvent ensemble mais largement écartées, ce qui évite que ses sabots s'entrechoquent.
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+ Son galop particulier est facilité par son long cou qui balance et crée l'équilibre, grâce à un petit muscle spécial qui le tire en avant.
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+ La girafe se nourrit de feuilles d'arbre très nutritives, essentiellement des légumineuses, riches en sels minéraux car la girafe a besoin de 20 g/jour de calcium[11]. Elle peut occasionnellement se nourrir de fleurs, fruits, graines ou cosses. Sa consommation quotidienne va de 7 kg (nourriture rare) à 70 kg (nourriture abondante). Elle ne se nourrit ou ne s'abreuve au sol qu'en écartant les pattes de devant ou en pliant les genoux, après avoir bien inspecté les alentours. Elle lève souvent la tête entre deux gorgées lorsqu'elle est dans cette posture périlleuse, mais elle trouve l'essentiel de ses besoins en eau dans la nourriture et ne va boire que tous les 1 à 2 jours.
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+
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+ Les acacias de la savane ont atteint des tailles leur permettant d'échapper aux zèbres et aux antilopes, mais leurs feuilles les plus tendres poussent entre 2 et 6 mètres, ce qui constitue pour la girafe la hauteur idéale et sa niche alimentaire. Sa langue bleue et préhensile est la plus puissante, la plus coriace et la plus longue (55 cm) parmi les ongulés. Elle peut l'allonger pour atteindre les pousses les plus tendres entre les barrières d'épines d'acacias. La girafe n'a pas d'incisives à la mâchoire supérieure. Elle saisit donc les pousses d'acacias avec sa langue, puis les guide entre ses lèvres, referme la bouche et tire la tête en arrière pour racler les feuilles grâce à ses dents du bas.
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+ Certains acacias (Acacia drepanolobium) sont protégés parce qu'ils hébergent des galles de fourmis agressives du genre Crematogaster[19],[20], à la morsure cuisante pour la bouche et les lèvres des girafes. Les acacias broutés émettent plus de nectar servant de nourriture à ces fourmis[réf. nécessaire] ainsi qu'une hormone végétale de stress leur permettant d'augmenter leur production de tanin, ce qui rend les feuilles plus amères et moins appétissantes pour la girafe, laquelle s'éloigne alors pour aller brouter plus loin. Cette boucle de rétroaction expliquerait que les girafes et les éléphants n'ont jamais surexploité les acacias.
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+
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+ Les girafes n'ont pas de saison de reproduction définie. Les femelles sont constamment sollicitées par les mâles. Cependant, la conception a généralement lieu à la saison des pluies et les naissances se produisent entre mai et août dans des périodes sèches.
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+
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+ Tous les 15 jours, les femelles sont en rut pendant une journée. Les mâles doivent donc rapidement trouver une femelle apte à procréer. Si la femelle est réceptive, celle-ci tourne autour du mâle et prend une position d'accouplement. Tous les 20 à 30 mois les femelles se reproduisent.
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+
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+ Le grand mâle parcourt les pâtures des femelles pour trouver une partenaire. Il tente de dominer ses rivaux en leur coupant le passage et en dressant sa tête le plus haut possible. Le combat éclate lorsqu'un rival refuse de baisser la tête, de laisser le passage, ou fronce la lèvre en sa présence.
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+
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+ Dans les combats de girafes, les mâles utilisent leur tête comme une massue, qui est lourde, cornue et bosselée (comportement appelé « necking »). Ses ossicônes sont massifs et durs comme de l'ivoire et sur son front pousse une excroissance osseuse, la corne médiane.
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+ Les deux mâles se cognent jusqu'à ce que l'un d'eux abandonne. La tête d'un mâle de 15 ans pèse 10 kg de plus que celle d'un jeune adulte de 7 ans, ce qui lui permet de gagner à tous les coups, mais le perdant est rarement tué et ils ne se battent jamais à coups de sabots.
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+ Une fois qu'un mâle a conquis une femelle, ses amours sont caressantes et paisibles, avec beaucoup de coups de langue.
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+ La girafe peut commencer à mettre bas dès l'âge de cinq ans. La gestation dure environ 15 mois. La mise bas s'effectue debout et le girafon tombe de près de deux mètres de haut. Il y a des risques que le girafon meure à la naissance, car en tombant il peut se blesser, et notamment se briser la nuque, même si cela reste très rare. La girafe met au monde le plus souvent un seul petit à la fois, exceptionnellement deux.
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+
58
+ À la naissance, le girafon mesure deux mètres pour un poids variant de 40 à 80 kg. Les jambes sont plus longues que le cou et sortent les premières. Le cou est proportionnellement moins long que celui des adultes. Sur la tête, deux touffes de poils noirs recouvrent les cartilages des futurs ossicônes, qui se souderont avec les os du crâne. Il s'agit de l'un des rares animaux dont les appendices crâniens existent dès la naissance.
59
+
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+ La girafe n'adopte son petit que s'il est capable de se tenir rapidement debout (généralement au bout de 15 minutes) et de stimuler la lactation. Au bout d'une heure, il doit tenir sur ses pattes pour atteindre les mamelles de sa mère où il pourra se nourrir d'un lait très gras. Dans le cas contraire, elle l'abandonne ou même le tue.
61
+
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+ La mère se fait comprendre de son petit en le caressant avec le bout de son museau ou avec un langage sonore d'une fréquence trop élevée pour les humains. Elle l'incite ainsi à la suivre et à la téter, créant ainsi le lien maternel.
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+
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+ Le girafon grandit de un mètre durant la première année de sa vie. À six mois, il approche les trois mètres et à sept ans, il aura sa taille d'adulte avec un minimum de cinq mètres.
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+ Le sevrage intervient au bout de 12 à 16 mois mais le girafon peut rester avec sa mère jusqu'à l'âge de deux ans et demi. Après cette période, il est gardé dans une « nurserie » qui permet à sa mère d'aller s'alimenter. La maturité sexuelle est acquise au bout de trois à quatre ans pour un girafon femelle, et quatre à cinq ans pour un mâle[11].
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+ Adulte et en bonne santé, la girafe n'a à craindre que le lion, bien qu'elle puisse le tuer d'un coup de patte. Par contre, les jeunes qui échappent à la surveillance de leur mère ou isolés du troupeau et les sujets affaiblis par la vieillesse, la maladie ou une blessure, peuvent être la proie de prédateurs comme les lions, les hyènes rayées, les hyènes tachetées, les léopards ou les lycaons. C'est ainsi que trois girafons sur quatre se font tuer avant l'âge de trois mois.[réf. nécessaire] Aux points d'eau, les girafons peuvent aussi être victimes des crocodiles[11]. La girafe se repose et dort debout. Ce n’est que si elle se sent parfaitement en sécurité qu’elle dormira et se reposera par terre ; sa stature la rend vulnérable aux prédateurs, car elle met un certain temps à se relever.
69
+
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+ Neuf sous-espèces sont généralement acceptées, avec notamment quelques variations de couleurs et de répartition géographique :
71
+
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+ Cependant, il existe des divergences entre scientifiques à ce sujet. Ainsi, en 2007, une étude moléculaire extensive de girafes confirme la différenciation génétique très nette d'au moins six populations[21]. En 2016, une étude propose d'élever au rang d'espèce quatre taxons[22]. En 2017, une réponse à l'étude de 2016 est publiée, relevant de nombreux points problématiques dans l'interprétation des résultats, et expliquant que les conclusions taxonomiques ne doivent pas être acceptées inconditionnellement[23].
73
+
74
+ Les Grecs pensaient que la girafe résultait de l'union du chameau et du léopard, d'où le nom scientifique camelopardalis (en grec ancien καμηλοπάρδαλις / kamêlopárdalis).
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76
+ Selon Pline l'Ancien, le cortège ramenant Vercingétorix vaincu à Rome aurait comporté une girafe[11].
77
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+ En Asie de l'Est et notamment au Japon où elle porte ce nom, la girafe est associée au qilin (ou kirin), animal mythique proche de la licorne. En effet, une girafe fut ramenée d'Afrique en Chine dès 1414 par Zheng He et accueillie par l'empereur Ming Yongle comme un qilin, témoignage de son bon gouvernement.
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+ Elle a été décrite, pour la première fois en France, par Pierre Belon (1517-1564).
81
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+ En 1809, Lamarck pensait qu'à force d'allonger le cou, elle avait transmis ce trait à sa descendance. En 1872, Darwin pensait que son long cou était dû à une sélection liée aux périodes de famines, où un ou deux pouces en plus faisaient la différence et permettaient de survivre. L'hypothèse de la sélection sexuelle est aussi avancée, les mâles se battant à coup de cou ou au contraire se caressant (comportement appelé necking)[11].
83
+
84
+ La girafe est chassée pour sa viande et sa peau. Elle fut tuée aussi pour sa queue, utilisée comme monnaie primitive ou symbole d'autorité. En plus de ce braconnage, elle est menacée par la destruction de son habitat, notamment dans le Sahel où la déforestation est répandue. D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), on comptait 155 000 girafes vivant dans la nature en 1985 contre 97 500 en 2015, ce qui constitue une baisse des effectifs de l’espèce d’environ 40 % au cours des 30 dernières années[24]. La population des girafes d'Afrique occidentale a baissé fortement dans les décennies récentes. En revanche, les populations de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe sont stables, et dans certaines régions elles ont même augmenté. La girafe est une espèce protégée dans la plupart des pays correspondant à son aire de répartition.
85
+
86
+ On a estimé que la population totale des girafes représente 110 000 à 150 000 animaux en 2010, contre un million au milieu des années 1990[25]. Les plus grandes populations nationales se trouvent au Kenya (45 000), en Tanzanie (30 000) et au Botswana (12 000). En 2019, leur nombre est estimé à 98 000[2]. En 30 ans, 40% des girafes ont disparu sur le continent africain selon une étude du National Geographic publiée en 2019[26].
87
+
88
+ Le dernier troupeau de girafes en liberté de toute l'Afrique de l'Ouest se trouve au Niger dans les environs de Kouré, à environ une heure de la capitale Niamey. Il fait l'objet d'un suivi par l'Association pour la sauvegarde des girafes du Niger (ASGN), impliquant les populations des villages avoisinants, permettant un repeuplement du troupeau. Afin d'éviter les problèmes de consanguinité, des échanges sont pratiqués avec des zoos et réserves d'autres continents.
89
+
90
+ La girafe de Rothschild, à cheval entre le Sud-Soudan et l'Ouganda, est menacée d'extinction, ne comptant plus que 650 individus et est inscrite sur la liste des espèces en danger de l'Union internationale pour la conservation de la nature.
91
+
92
+ Selon la zoologiste Anne Innis Dagg « Sur les neuf sous-espèces, nous allons probablement en perdre quelques-unes » (The Times).
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94
+ À ce jour il n'existe en Europe aucune association de protection et sauvegarde ni de la girafe de Rothschild ni des autres sous-espèces menacées.
95
+
96
+ Le 22 août 2019, les délégués de la CITES ont reconnu que la survie des girafes était menacée. Par 106 voix contre 21 et 7 abstentions la CITES a reconnu pour la première fois que le commerce de peau, de cornes, de sabots et d'os de girafes notamment constituait une menace pour la survie de l'espèce[27].
97
+
98
+ La première girafe à entrer vivante sur le sol français fut ramenée d'Égypte en 1827 par le naturaliste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire : elle parcourut près de 800 km (dont plus de la moitié à pied) entre Marseille et le Jardin des plantes à Paris. L'événement eut à l'époque une portée considérable. Il s'agit de celle qui est actuellement visible, naturalisée, au Muséum d'histoire naturelle de La Rochelle[11]. Le film Zarafa, sorti en France en 2012, raconte cette histoire.
99
+
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+ Girafe figurant sur le Paradis de Jérôme Bosch.
101
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102
+ Représentation sur tapisserie. Verdure à la girafe, vers 1600, musée des Hospices civils de Lyon.
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+
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+ Deux girafes, sculpture de Hans-Detlev Hennig (1979).
105
+
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+ Girafe Masaï (G. c. tippelskirchi) au Kenya.
107
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108
+ Girafe de Rothschild (G. c. rothschildi).
109
+
110
+ Girafe d'Afrique du Sud (G. c. giraffa).
111
+
112
+ Girafe réticulée.
113
+
114
+ Girafes angolaises s'accouplant (G. c. angolensis).
115
+
116
+ G. c. giraffa (Parc national Kruger, Afrique du Sud).
117
+
118
+ Girafe du Zoo des Sables.
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+ Ossicônes de la Girafe.
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+ Girafes réticulées dans la Réserve nationale de Samburu.
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+ La Grande Muraille[1] (chinois simplifié : 长城 ; chinois traditionnel : 長城 ; pinyin : Chángchéng ; Wade : Ch'ang²ch'eng² ; littéralement « la longue muraille »), aussi appelé « Les Grandes Murailles » est un ensemble de fortifications militaires chinoises construites, détruites et reconstruites en plusieurs fois et à plusieurs endroits entre le IIIe siècle av. J.-C. et le XVIIe siècle pour marquer et défendre la frontière nord de la Chine. C'est la structure architecturale la plus importante jamais construite par l’Homme à la fois en longueur, en surface et en masse.
4
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+ Populairement, on désigne sous le nom de « Grande Muraille » la partie construite durant la dynastie Ming qui part de Shanhaiguan sur le territoire de la ville de Qinhuangdao dans la province du Hebei à l’est pour arriver à Jiayuguan dans la province du Gansu à l’ouest. Sa longueur varie selon les sources. Selon un rapport de 1990, la longueur totale des murs serait de 6 259,6 km[2]. En raison de sa longueur, elle est surnommée en chinois « La longue muraille de dix mille li » (chinois simplifié : 万里长城 ; chinois traditionnel : 萬里長城 ; pinyin : Wànlǐ Chángchéng ; Wade : Wan⁴li³ Ch'ang²ch'eng²), le li étant une ancienne unité de longueur chinoise et dix mille symbolisant l’infini en chinois. Ce surnom peut cependant être pris dans son sens littéral par approximation, 6 700 km faisant 11 632 li dans sa valeur généralement considérée de 576 m ou 13 400 li dans sa valeur actuelle d’exactement 500 m. En moyenne, la muraille mesure 6 à 7 m de hauteur, et 4 à 5 m de largeur. En avril 2009, l'Administration d'État chargée du patrimoine culturel, ayant utilisé des technologies de mesure plus récentes[3], révise cette mesure et déclare une longueur de 8 851,8 km dont 6 259,6 km de murs, 359,7 km de tranchées et 2 232,5 km de barrières naturelles, telles des montagnes ou des rivières. Le même service a publié en juin 2012 une mise à jour de son étude, et estime désormais à 21 196,18 km la longueur totale de la Grande Muraille[4],[5]. Cette nouvelle estimation prend en compte des parties actuellement détruites.
6
+
7
+ Depuis 1987, la Grande Muraille est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO sous le numéro 438[6]. En 2015, le constat est fait d'une nette dégradation de l'état général de la Grande Muraille due principalement aux conditions climatiques et aux activités humaines, et de la nécessité d'intervenir rapidement pour assurer sa sauvegarde[7].
8
+
9
+ Si le terme « Grande Muraille » désigne principalement aujourd'hui les fortifications érigées pendant la dynastie Ming, plusieurs murailles construites lors des dynasties précédentes ont porté ce titre, les frontières de la Chine évoluant avec le temps.
10
+
11
+ Six sections de la muraille portent des noms spécifiques :
12
+
13
+ Traditionnellement, on divise l'histoire de la construction de la Grande Muraille en deux parties :
14
+
15
+ Les peuples chinois construisent des murs depuis leurs plus anciennes dynasties : le mur des Erligang, construit près de la ville actuelle de Zhengzhou au début de la dynastie Shang (XVIIIe au XIIe siècle av. J.-C.) fait près de 7 km de circonférence et s'élève toujours de nos jours, en certains endroits, à plus de 10 m de haut.
16
+
17
+ Au VIIIe siècle av. J.-C., début de la période dite des Printemps et des Automnes, la Chine suit un système féodal : le territoire est divisé en une centaine de fiefs ou États dirigés par des princes, en théorie tous réunis sous l'égide des rois de la dynastie Zhou. La plus vieille référence littéraire porte sur une muraille construite en 656 av. J.-C. par l'État de Qi.
18
+
19
+ Cependant au cours du temps, ces États s'annexent les uns les autres pour former de grandes principautés et au VIe siècle av. J.-C., certaines principautés au sud font sécession, comme le Chu ou le Wu. La Chine est alors vite morcelée en plusieurs royaumes indépendants se faisant la guerre et ne reconnaissant à la dynastie régnante guère plus qu'un pouvoir symbolique : c'est le début de la période des Royaumes combattants.
20
+
21
+ Vers cette époque, divers États entreprennent alors la construction de murailles pour se protéger de leurs voisins, ou des tribus non chinoises. Ainsi, vers le Ve siècle av. J.-C., l'État de Qi commence la construction d'un mur dont des parties tiennent encore aujourd'hui debout. Au milieu du IVe siècle av. J.-C., l'État de Wei entreprend à son tour la construction d'un mur sur sa frontière ouest à côté de celui du Qi, puis un deuxième mur sur sa frontière est. Il est imité par les États de Yan et Zhao. Des peuples non chinois construisent également des murailles, comme les Yiju pour se protéger du Qin.
22
+
23
+ La technique utilisée pour dresser ces murailles est celle de la terre tassée. Ceux-ci profitèrent des caractéristiques particulières du sol chinois, un fin lœss très poussiéreux et s'agglomérant très facilement jusqu'à devenir l'équivalent en dureté de la pierre une fois tassé. Pressées entre deux planches, les couches de terre de quelques centimètres sont tassées les unes au-dessus des autres, une fois les planches retirées elles laissent un mur de terre compressé et très dur. Cette méthode permet de dresser rapidement des murs solides pouvant résister aisément plusieurs siècles, voire des millénaires.
24
+
25
+ En 221 av. J.-C., le seigneur de guerre Ying Zheng achève l'unification de la Chine et fonde la dynastie Qin dont il se proclame empereur sous le nom de règne de Qin Shi Huang. Il entreprend alors de massives réformes. À la suite des attaques des tribus Xiongnu, au nord, il envoie le général Meng Tian pour que celui-ci repousse les Xiongnu, puis entreprenne la construction d'une grande muraille au-delà du fleuve Jaune pour protéger plus efficacement les territoires nouvellement conquis.
26
+
27
+ Cependant, les détails de la construction de ce mur sont très mal connus et les avis des historiens diffèrent quant à ce qui a vraiment été accompli par Qin Shi Huang et Meng Tian. Il n'existe en tout qu'une seule source primaire relatant sa construction (principalement deux passages du Shiji), ainsi que quelques très courtes références dans les textes historiques ultérieurs comme le Livre des Han.
28
+
29
+ « Après que la dynastie Qin eut unifié l'Empire, le général Meng Tian fut envoyé au nord avec 300 000 hommes pour repousser les tribus barbares. Il conquit le Henan et construisit une Grande Muraille en se servant des avantages topographiques. Il construisit des forteresses aux défilés. La muraille partait de Lintao pour arriver à Liaodong sur plus de dix mille li. Elle traversait le fleuve Jaune pour arriver à Yangshan. »
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+ — Sima Qian, Shiji, Chapitre 88 : Meng Tian.
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+ « Après que le Qin eut conquis les six royaumes, l'empereur envoya le général Meng Tian avec 100 000 hommes au nord pour attaquer les barbares. Il captura le Henan et construisit des défenses autour du fleuve Jaune. Il construisit quarante-quatre villes fortifiées pour surveiller le fleuve et des soldats furent mis en garnison à la frontière. Il utilisa les montagnes, les falaises, les torrents et les vallées. La muraille partait de Lintao pour arriver à Liaodong sur plus de dix mille li et traversait le fleuve Jaune entre Yangshan et Beijia. »
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+ — Sima Qian, Shiji, Chapitre 110 : Les Xiongnu.
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+ En dehors de ces deux textes, il n'existe pas d'autre récit concernant la muraille construite par Meng Tian. On ne sait donc ni quand elle a été construite, ni son tracé exact. Cette absence d'informations, et le fait que Sima Qian n'ait pas apporté plus d'informations dans son Shiji malgré l'ampleur apparente de l'ouvrage a étonné nombre d'historiens, et si les recherches archéologiques ont permis d'exhumer des portions de la muraille, elles apportent peu d'informations supplémentaires. Cependant, bien qu'aucune source historique ne le confirme, il est couramment admis que Meng Tian n'est pas parti de rien pour entreprendre la construction de la muraille et a probablement connecté et restauré des portions des murs des anciens Royaumes combattants.
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+ Cependant malgré les débats entre historiens et l'absence de récits historiques, la Grande Muraille construite par la dynastie Qin reste dans l'imaginaire populaire chinois une œuvre colossale, fruit du travail forcé de milliers de bagnards, soldats, ouvriers et paysans, vision notamment renforcée par la réputation de l'empereur Qin Shi Huang qui a laissé l'image d'un monarque cruel. C'est de cette époque que date le surnom de « mur de dix mille li » (soit 5 760 km étant donné la valeur du li à l'époque de la dynastie Qin). C'est également depuis cette époque que l'on parle véritablement de « Grande Muraille ».
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+ En 210 av. J.-C., l'empereur Shi Huangdi meurt et la dynastie Qin qu'il avait fondée ne lui survit que quelques années. En 202 av. J.-C., Liu Bang, un ancien soldat aux origines paysannes se rend maître de la Chine et se proclame empereur sous le nom de temple de Gaozu. Affaibli par sa précédente guerre de succession contre Xiang Yu, Gaozu abandonne l'entretien de la Grande Muraille des Qin, et lorsque les Xiongnu, désormais unis en confédération, se montrent menaçants et franchissent la frontière, plutôt que d'adopter une position offensive par l'utilisation de murailles comme l'avait fait Shi Huangdi, Gaozu tente d'acheter la paix par des tributs et des « unions harmonieuses », ou heqin, c'est-à-dire l'offre de princesses chinoises aux shanyu des Xiongnu. Pendant quelques décennies, ses successeurs feront de même. Cependant la Grande Muraille n'est pas complètement abandonnée : sous l'empereur Wendi (180 à 157 av. J.-C.) un ministre recommande la création de tuntian aux frontières (sortes de colonies agraires militaires) protégées par de petites murailles dans le but de coloniser la région et gêner les incursions des Xiongnu.
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43
+ C'est principalement sous le règne de l'empereur Wudi, long de plus de cinquante ans, que la construction de la Grande Muraille prend un essor considérable. En 133 av. J.-C. le statu quo entre les Chinois et les Xiongnu est rompu après le fiasco de Mayi. Contrairement à ses ancêtres, Wudi décide de prendre une attitude franchement offensive contre les Xiongnu et lance en 129 av. J.-C. une première expédition, suivie par de nombreuses autres. Wudi fait restaurer et connecter des portions de la muraille de la dynastie Qin, puis l'étend au fur et à mesure de ses campagnes à travers ce qui deviendra la route de la soie. En 119 av. J.-C., les Xiongnu sont repoussés à travers le désert de Gobi en Mongolie-Intérieure, et une nouvelle section de la muraille, longue de près de 400 km y est construite et s'y dresse encore de nos jours.
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+ Comme pour la muraille de la dynastie Qin, la matière première dépend alors des disponibilités des terrains tandis que le tracé et l'emplacement des tours de guet, garnisons et passages sont choisis en fonction des avantages stratégiques naturels offerts par la configuration des régions. La section construite dans le désert de Gobi est notamment remarquable par l'utilisation des cailloux présents dans les sables locaux : en tamisant le sable, les ouvriers obtiennent du gravier. Les murs sont alors bâtis en alternant les couches tassées de gravier, de terre et de roseaux, puis sont recouverts d'argile afin d'être à la fois protégés de l'érosion et difficiles à escalader.
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+ Des forts sont construits à côté des murailles, voire directement intégrés aux murs, et un système de signaux de fumée permet de prévenir d'une attaque xiongnu. Afin de garantir la rapidité de l'arrivée des renforts, l'armée fait principalement usage de cavalerie légère. La Grande Muraille traverse également les importantes routes commerciales, permettant le contrôle des imports. Sur environ vingt ans, Wudi aura prolongé la Grande Muraille de près de mille kilomètres. Vers 90 av. J.-C., les offensives xiongnu se font de plus en plus rares et durant environ un siècle et demi la construction de la muraille se voit ralentie.
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+ En 9 apr. J.-C., la dynastie Han est éclipsée par l'éphémère dynastie Xin avant d'être restaurée en 23 par l'empereur Geng Shidi. Celui-ci doit faire face à des guerres civiles, et lorsque l'empereur Guang Wudi monte sur le trône deux ans plus tard, son armée est trop affaiblie pour contenir efficacement les Xiongnu. Il ordonne la construction de quatre nouvelles murailles pour ralentir leur avancée et protéger la capitale. Finalement, vers 48, les Xiongnu connaissent des dissensions internes et se divisent en deux groupes : les Xiongnu septentrionaux et les Xiongnu méridionaux. Les Xiongnu méridionaux font tampon entre leurs homologues du Nord et la Chine ; ils se montrent relativement disposés à coexister avec ces derniers, ce qui met un hiatus à la construction de nouveaux murs.
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+ Vers la fin de la dynastie Han, l'Empire doit faire face à de nombreuses rébellions et guerres civiles, notamment la rébellion des Turbans jaunes (184-205). Même si les seigneurs de guerre du nord comme Yuan Shao ou Cao Cao doivent occasionnellement faire face aux rébellions des Xiongnu, l'état de l'Empire force plus à se concentrer sur les luttes intestines. Cao Cao parvient cependant à rallier les Xiongnu méridionaux à lui tout en les divisant en cinq groupes montés les uns contre les autres et donc moins enclins à se rebeller contre lui, diminuant par là grandement l'utilité de la Grande Muraille. À la fin de la dynastie Han, la Chine est divisée en Trois Royaumes séparés par des frontières et se faisant continuellement la guerre, rendant la construction et l'entretien de grandes murailles peu pertinents. Ce n'est pas avant la fin de la dynastie Wei du Nord, vers le VIe siècle, qu'apparaît le projet de construire une nouvelle Grande Muraille. Cependant ce projet ne sera jamais mis à exécution, et de tous les royaumes rivaux de l'époque, seul le Qi construit des murs.
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53
+ La dynastie Ming (明朝, míng cháo) est une lignée d'empereurs de Chine. Par abus de langage, la dynastie Ming désigne aussi l'époque couvrant la durée du règne de celle-ci. Elle suit la dynastie Yuan, précède la dynastie Qing et est fondée par la famille des Zhu.
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+ C'est sous la dynastie Ming que la muraille prend sa forme actuelle pour empêcher les armées mongoles et mandchoues d'envahir la Chine.
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+ La construction de la muraille s'étale sur deux périodes[9] :
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+ La Grande Muraille est située en Chine, au nord. Elle part de la frontière avec la côte au nord de Pékin et va jusqu'au désert de Gobi.
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+ La Grande Muraille est la plus longue construction humaine au monde.
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+ Elle parcourt environ 6 700 kilomètres. Des études par satellite ont montré que de nombreux segments, d'une longueur totale d'environ 1 000 kilomètres, étaient de nos jours enfouis sous terre.
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65
+ Sa largeur varie entre 5 et 7 mètres en moyenne et sa hauteur entre 5 et 17 mètres. Elle est ponctuée de tours de guet carrées (hautes de 15 m au moins, distantes en moyenne de 75 m, soit la distance de deux portées de flèche[10]) et de bastions sur toute sa longueur. Elle est impressionnante sur les milliers de kilomètres proches de Pékin, la capitale. Elle se réduit ailleurs et ressemble à une imposante levée de terre à certains endroits. Elle a été fabriquée avec de la pierre, du ciment, de la terre, des briques d'argile. Il a été découvert récemment qu'il avait été incorporé 3 % de riz gluant dans le mortier ce qui avait considérablement renforcé sa résistance[réf. nécessaire]. En revanche les mêmes études n'ont révélé aucune présence d'éléments osseux dans ce mortier contrairement à la légende, qui disait que sa solidité et sa blancheur était liée à la présence d'os humains.
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+
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+ Contrairement à une idée reçue, cette construction n'est pas visible à l'œil nu depuis la Lune[11]. Non pas parce que sa longueur est insuffisante mais parce que sa largeur l'est. En effet, la muraille n'est pas plus large qu'une autoroute et aucune autoroute n'est visible à l’œil nu depuis la station spatiale internationale[note 1]. C'est William Stukeley qui, en 1754, aurait émis cette hypothèse sans jamais l'avoir vérifiée[12].
68
+
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+ Cependant le débat est de savoir si la muraille est visible depuis une orbite basse. L'astronaute américain Eugene Cernan affirme qu'on peut l'apercevoir à une distance de 160 à 320 km d'altitude[13], c'est-à-dire depuis l'espace. De cette hauteur, on voit tout : autoroutes, gros bâtiments et bien d'autres. D'après l’astronaute Leroy Chiao à l’issue de son séjour de six mois dans la station spatiale internationale, elle est bien visible depuis l'espace, par beau temps et à l'œil nu[14]. L'information, avec cliché à l’appui, a fait la une du quotidien China Daily, contredisant le taïkonaute Yang Liwei qui avait assuré, lors de son séjour spatial en 2003, n'avoir vu aucune trace de la muraille.
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+ Son ombre serait observable par un œil humain avec un soleil suffisamment bas sur l'horizon sur cette partie de la Terre[13].
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+ En 2004, le micro-satellite PROBA de l'Agence spatiale européenne, contrôlé depuis la station de Redu en Belgique, prend une photo de la muraille depuis une altitude de 600 km grâce à une caméra HRC (High Resolution Camera) compacte dont la résolution est supérieure à celle de l'œil humain[13].
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+ La Grande Muraille est une des principales attractions touristiques du pays. Environ 15 à 16 millions de personnes visitent la Muraille de Chine chaque année[15].
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+ Les endroits les plus fréquentés sont[réf. nécessaire] les passes de Badaling, Mutianyu, Simatai, le fort de Juyongguan, Xifengkou, le fort de Jiayuguan et le fort de Shanhaiguan.
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79
+ La légende de Meng Jiangnü est en rapport avec la Grande Muraille.
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+ La Grande Muraille a servi de décor dans de nombreux jeux vidéo ; citons pour les principaux :
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+ La Grande Muraille à Badaling.
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+ Vue de Badaling.
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+ Autre vue de Badaling.
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+
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+ À Mutianyu, près de Pékin.
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+ Une section à Jiayuguan, à l'extrême ouest.
92
+
93
+ Entre Simatai et Jinshanling.
94
+
95
+ Lever de soleil sur la Grande Muraille.
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+ Section près de Badaling.
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+ Extrémité de la Grande Muraille rejoignant la mer de Bohai.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La Grande Muraille (1987) · Grottes de Mogao (1987) · Mausolée du premier empereur Qin (1987) · Palais impériaux des dynasties Ming et Qing à Beijing et à Shenyang (1987) · Site de l'homme de Pékin à Zhoukoudian (1987) · Ensemble de bâtiments anciens des montagnes de Wudang (1994) · Ensemble historique du palais du Potala, Lhassa (1994) · Résidence de montagne et temples avoisinants à Chengde (1994) · Temple et cimetière de Confucius et résidence de la famille Kong à Qufu (1994) · Parc national de Lushan (1996) · Jardins classiques de Suzhou (1997) · Vieille ville de Lijiang (1997) · Vieille ville de Ping Yao (1997) · Palais d'Été, Jardin impérial de Pékin (1998) · Temple du Ciel, autel sacrificiel impérial à Pékin (1998) · Sculptures rupestres de Dazu (1999) · Anciens villages du sud du Anhui – Xidi et Hongcun (2000) · Mont Qingcheng et système d'irrigation de Dujiangyan (2000) · Grottes de Longmen (2000) · Tombes impériales des dynasties Ming et Qing (2000) · Grottes de Yungang (2001) · Capitales et tombes de l'ancien royaume de Koguryo (2004) · Centre historique de Macao (2005) · Yin Xu (2006) · Diaolou et villages de Kaiping (2007) · Tulou du Fujian (2008) · Mont Wutai (2009) · Monuments historiques de Dengfeng au « centre du ciel et de la terre » (2010) · Paysage culturel du lac de l'Ouest de Hangzhou (2011) · Site de Xanadu (2012) · Rizières en terrasse des Hani de Honghe (2013) · Le Grand Canal (2014) · Routes de la soie : le réseau de routes du corridor de Chang'an-Tian-shan (avec le Kazakhstan et le Kirghizistan) (2014) · Sites du tusi (2015) · Paysage culturel de l’art rupestre de Zuojiang Huashan (2016) · Kulangsu, un établissement historique international (2017) · Ruines archéologiques de la cité de Liangzhu (2019)
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+ Région d'intérêt panoramique et historique de Huanglong (1992) · Région d'intérêt panoramique et historique de la vallée de Jiuzhaigou (1992) · Région d'intérêt panoramique et historique de Wulingyuan (1992) · Aires protégées des trois fleuves parallèles au Yunnan (2003) · Sanctuaires du grand panda du Sichuan - Wolong, Mont Siguniang et Montagnes de Jiajin (2006) · Karst de Chine du Sud (2007) · Parc national du mont Sanqingshan (2008) · Danxia de Chine (2010) · Site fossilifère de Chengjiang (2012) · Tianshan au Xinjiang (2013) · Shennongjia au Hubei (2016) · Qinghai Hoh Xil (2017) · Fanjingshan (2018) · Sanctuaires d'oiseaux migrateurs le long du littoral de la mer Jaune et du golfe de Bohai de Chine (Phase I) (2019)
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+
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+ Mont Taishan (1987) · Mont Huangshan (1990) · Paysage panoramique du mont Emei, incluant le paysage panoramique du grand Bouddha de Leshan (1996) · Mont Wuyi (1999)
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+ Mise en garde médicale
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+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
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5
+ La grippe (ou influenza) est une maladie infectieuse fréquente et contagieuse causée par certains virus à ARN de la famille des orthomyxoviridés : le virus de la grippe A, le virus de la grippe B, le virus de la grippe C et le virus de la grippe D[2]. Elle touche les oiseaux et certains mammifères dont le porc, le phoque et l'être humain.
6
+
7
+ Elle sévit sur un mode épidémique saisonnier essentiellement automno-hivernal. Elle se traduit chez l'être humain par un ensemble de signes non spécifiques associant fièvre, céphalées, toux, pharyngite, myalgies, asthénie et anorexie. Ces symptômes, éléments du syndrome grippal dont la grippe n'est qu'une cause parmi d'autres, font évoquer le diagnostic par la soudaineté de leur apparition, leur survenue en période d'épidémie grippale et leur disparition habituelle après quelques jours d'évolution. Dans les cas les plus sérieux, la grippe est grevée de complications (au premier rang desquelles les pneumonies bactériennes et la déshydratation) possiblement fatales.
8
+
9
+ La transmission inter-humaine de la maladie est essentiellement respiratoire, via des gouttelettes riches en virus provenant de la toux et des éternuements des sujets infectés. Le diagnostic de la grippe en période d'épidémie est simple, et une grippe non compliquée relève habituellement d'un traitement symptomatique. Des antiviraux sont disponibles pour le traitement et la prophylaxie de la grippe, parmi lesquels les inhibiteurs de la neuraminidase tiennent aujourd'hui une place de choix. La prévention de la grippe repose sur une vaccination annuelle, proposée dans la plupart des pays industrialisés aux personnes à risque[3] et administrée aux volailles d'élevage[4].
10
+
11
+ Souvent banalisée comme synonyme de rhume ou de « coup de froid », la grippe est une maladie sérieuse et un problème majeur de santé publique à l'échelle planétaire[5]. Elle est responsable dans le monde d'une morbidité élevée, avec environ 5 millions de cas de maladies graves et de 290 000 à 650 000 décès par an, essentiellement des personnes à risque - les jeunes enfants, les personnes âgées et celles souffrant d’affections chroniques[6]. En France, la grippe touche entre 2 et 7 millions de personnes et provoque environ 10 000 morts chaque hiver[7],[8],[9]. Le coût sanitaire et social annuel de la grippe est considérable, évalué à plusieurs milliards de dollars aux États-Unis, et à 460 millions d'euros en France[10] pour une épidémie moyenne.
12
+
13
+ Les virus de la grippe sont des virus à ARN. Ils appartiennent à la famille des Orthomyxoviridae et se répartissent en quatre espèces virales : virus de la grippe A, virus de la grippe B, virus de la grippe C et virus de la grippe D[11] distingués par l'antigénicité de leurs nucléoprotéines. Depuis 2003, les virus de type A (les plus fréquents et les plus virulents) sont encore plus finement caractérisés et différenciés en sous-types sur la base de leurs antigènes de surface : l'hémagglutinine (H1 à H18) et la neuraminidase (N1 à N11)[12]. Les antigènes H16, 17 et 18 ont été identifiés plus tardivement[13],[14]. Les virus de type A et B sont responsables des épidémies grippales annuelles, mais seuls les virus de type A sont à l'origine des pandémies grippales. Le virus de type C semble lié à des cas sporadiques et donne le plus souvent une grippe d'expression modérée. Les virus A et C infectent plusieurs espèces, tandis que le virus B est presque spécifique de l'espèce humaine (on ne le rencontre sinon que chez les phoques)[15],[16].
14
+
15
+ La particule virale est constituée d'une enveloppe lipidique hérissée de spicules formées par les glycoprotéines de surface. Les virus A et B ont deux glycoprotéines de surface, l'hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N).
16
+
17
+ L'hémagglutinine qui représente environ 40 % des glycoprotéines de surface, est formée par l'association de deux sous unités, HA1 et HA2, reliées par un pont disulfure. L'association de trois monomères HA forme une spicule d’hémagglutinine à la surface de la particule virale. L'hémagglutinine permet la fixation du virus sur l'acide sialique terminal des cellules de l'épithélium cilié de l'arbre respiratoire : elle est très immunogène induisant la production d'anticorps dont certains peuvent être neutralisants. L'hémagglutinine favorise également la fusion des membranes virales et cellulaires au cours de la phase de pénétration du virus.
18
+
19
+ La neuraminidase (ou N-acetyl-neuraminyl-hydrolase), est une sialidase présente sous la forme d'homotétramères à la surface de la particule virale. Elle permettrait la libération de virions néoformés en lysant les acides sialiques à la surface de la cellule, ce qui détache l'hémagglutinine et donc la particule virale.
20
+
21
+ Dans le cas du virus de type C, il n'y a qu'une sorte de spicule à la surface de la particule virale qui assure les fonctions à la fois de l'hémagglutinine et de la neuraminidase.
22
+
23
+ En plus des glycoprotéines de surface, l'enveloppe virale est constituée de deux autres protéines virales : la protéine de matrice, M1, qui sous-tend l'ensemble de l'enveloppe virale et la protéine M2 qui joue le rôle de canal ionique pour les virus de type A. Pour les virus de sous-type B, une protéine de surface NB s'insère dans la bicouche lipidique et assurerait des fonctions équivalentes à celles de la protéine M2 des virus de type A. Enfin, une protéine CM2 serait l'homologue pour les virus de type C.
24
+
25
+ À l'intérieur de la particule virale, le génome viral est présent sous la forme de sept ou huit nucléocapsides de symétrie hélicoïdale qui résultent chacune de l'association d'une molécule d'ARN à polarité négative et de nombreuses molécules de nucléoprotéine, NP. Cette protéine fait partie des antigènes internes du virus : elle détermine le type viral A, B ou C. Trois polymérases, PA (protéine acide), PB1 et PB2 (protéine basique 1 et 2, respectivement), forment le complexe réplicase/transcriptase et sont associées aux nucléocapsides. Le génome des virus A et B est constitué de huit segments d'ARN alors que celui du virus C n'en comporte que sept.
26
+
27
+ Le virus de la grippe reste pathogène durant environ une semaine à température corporelle, plus de trente jours à 0 °C et presque indéfiniment à des températures très basses (par exemple les lacs du nord-est de la Sibérie). La plupart des souches de virus grippal sont aisément inactivées par les désinfectants et les détergents[17],[18],[19].
28
+
29
+ La classification des virus grippaux ne s’applique qu’aux virus de type A dont certains sont hautement pathogènes pour l’homme. Elle s'appuie sur les propriétés antigéniques de l'hémagglutinine (H) et de la neuraminidase (N). Il existe 18 sous-types H, et 11 sous-types N[20].
30
+
31
+ Cela peut donner 18 X 11 soit 198 combinaisons possibles. Chez l'homme, il existe des virus à H1, H2, H3 et N1 ou N2 responsables de la grippe annuelle. Tous les sous-types existent dans le monde aviaire avec des virus ayant une pathogénicité très variable pour les oiseaux. Ces dernières années, un virus hautement pathogène pour l'Homme, H5N1 (avec une hémagglutinine de sous-type H5 et une neuraminidase de sous-type N1) s'est propagé sous la forme d'une panzootie d'influenza aviaire et se transmet de manière très rare à l'homme ; il est alors question de grippe aviaire.
32
+
33
+ Pour le virus de la grippe aviaire, le terme « H5N1 » est encore large, et peut comprendre d'autres sous-types. En effet, actuellement, différentes souches virales circulent avec des pouvoirs pathogènes très variables. Par exemple : A/chicken/Shantou/423/2003(H5N1) ou A/bar-headed goose/Qinghai/5/2005(H5N1). La nomenclature doit être comprise comme cela : type / animal chez lequel il a été isolé, sauf si c'est l'homme / lieu d'isolement de la souche virale / numéro de la souche / année d'isolement (sous-type).
34
+
35
+ D'autres souches (H5 ou H7) sont transmissibles à l'homme sans toutefois avoir le même pouvoir pathogène. D'autres souches atteignent d'autres espèces de mammifères tels que le cheval, le porc, etc.
36
+
37
+ Les virus grippaux évoluent et mutent selon deux mécanismes : les mutations (glissements antigéniques ou en anglais : drift) ou réassortiment antigéniques (shift), ce qui permet au virus de s'adapter aux défenses immunitaires de ses hôtes.
38
+
39
+ Les mutations sont des variations antigéniques qui ne modifient pas la structure antigénique globale du virus et permettent donc de conserver une immunité partielle à court terme. Ces mutations se produisent au moment de la synthèse des ARN viraux en raison du taux élevé d'erreurs de l'ARN polymérase virale. Pour tenir compte des glissements antigéniques, les vaccins grippaux sont donc préparés chaque année à partir des souches virales ayant circulé l'année précédente. En février de chaque nouvelle année, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe les souches virales qui composeront le vaccin antigrippal de l'année suivante, en fonction des données épidémiologiques résultant de la surveillance des virus de la grippe circulants. En 2005, l'OMS a demandé le remplacement de la souche de la grippe A/Fujian/411/2003(H3N2) par la souche A/California/7/2004(H3N2) pour la préparation des vaccins antigrippaux.
40
+
41
+ Les réassortiments antigéniques sont des changements radicaux de la structure de l'hémagglutinine. Elles résultent de réassortiments génétiques survenant entre des virus de sous-types différents. Ces réassortiments aboutissent notamment au remplacement d'un type d'hémagglutinine par un autre. L'antigène nucléoprotéique NP, lui, est conservé, il s'agit toujours d'un virus de type A. L'immunité préexistante à ce changement est sans effet sur le nouveau virus si bien que les grandes pandémies surviennent à la suite de cassures antigéniques. À l’heure actuelle, les spécialistes craignent une recombinaison génétique entre un virus de la grippe aviaire A(H5N1) et un virus humain circulant qui pourrait donner naissance à un nouveau virus hautement pathogène pour l’homme.
42
+
43
+ La période d'incubation est courte (1–2 jours). La maladie débute brutalement par une fièvre supérieure à 38,5 °C avec frissons, des céphalées, une sensation de malaise général (asthénie), de l'anorexie, avec des douleurs diffuses en particulier des muscles (myalgies) et des articulations (arthralgies).
44
+ À ce tableau s'ajoutent des signes d'atteinte respiratoire (congestion nasale, rhinorrhée, toux sèche), de l'odynophagie, de la dysphonie. La fièvre dure 2 à 4 jours, la guérison est rapide mais l'asthénie et la toux peuvent persister jusqu'à deux semaines.
45
+
46
+ Il est courant d'observer un « V » grippal. Après l'incubation, il y a une forte fièvre (39 - 40 °C), puis une chute de la température avant une remontée, d'où le terme de fièvre « en V ». Bien que les nausées et les vomissements puissent être rencontrés dans la grippe, surtout chez les enfants, ils sont plus souvent l'expression d'une gastroentérite virale dont l'épidémiologie est également hivernale[21].
47
+
48
+ Les risques de complication sont à prendre plus particulièrement en compte chez les sujets d'âges extrêmes (nouveau-nés, nourrissons, enfants de moins de cinq ans, personnes âgées), les femmes enceintes et ceux présentant des comorbidités (immunodépression, diabète, atteinte cardiaque, atteinte respiratoire, atteinte rénale chronique). La grippe est parfois un facteur de décompensation de pathologies sous-jacentes déjà présentes. Les formes compliquées sont rares mais graves : œdème aigu du poumon dû à une insuffisance cardiaque gauche, myocardite, rhabdomyolyse, méningite lymphocytaire, formes neurologiques.
49
+
50
+ Des complications liées à une surinfection bactérienne sont fréquentes : otite moyenne aiguë, bronchite, pneumonie bactérienne secondaire, sinusite chez l'enfant.
51
+ Il peut également y avoir de la déshydratation (à cause de la fièvre), des complications thrombo-emboliques de décubitus, l'apparition d'une grippe maligne associée à un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), l'apparition du syndrome de Reye en cas de prise d'aspirine ou de salicylés au long cours.
52
+
53
+ La grippe grave ne doit jamais être méconnue du fait de la possibilité de décès : il faut savoir que la grippe est la seconde cause de mortalité par maladie infectieuse en France par an en France, derrière la pneumonie à pneumocoque. Entre 2016 et 2019, la grippe a tué entre 8 000 et 16 000 personnes selon les années[22]. Ce tableau clinique particulier associe des signes aspécifiques de grippe avec une insuffisance respiratoire aiguë, et parfois défaillance multi-viscérale. Elle est toujours consécutive à l'infection d'un sujet fragilisé.
54
+
55
+ Le tableau clinique du syndrome grippal peut être induit par d'autres virus (paramyxovirus, adénovirus qui produisent des syndromes fébriles douloureux). Le diagnostic de certitude est essentiel pour dater le début d'une épidémie. Le diagnostic se fait par l'analyse de prélèvements respiratoires : écouvillonnage nasal, aspiration naso-pharyngée. En cas de pneumopathie, notamment chez l'adulte, un liquide de lavage bronchoalvéolaire peut être prélevé. La détection rapide du virus par une technique immunologique (immunofluorescence indirecte, tests immunophorétiques rapides…) est la plus employée, car produisant un résultat en 3 à 4 heures, pour un coût faible, en répondant aux exigences de sensibilité et de spécificité des laboratoires de virologie.
56
+
57
+ Il existe aussi des tests chromatographiques permettant de déceler qualitativement les antigènes viraux d'influenza dans des échantillons préparés à partir de prélèvement respiratoire. Ces tests peuvent donner des résultats très rapidement (environ 15 minutes) mais ont tendance à donner de faux-négatif et ne peuvent donc pas remplacer les tests plus poussés. Ils sont cependant fortement utilisés comme tests présomptifs afin d'orienter rapidement le traitement. Les résultats négatifs sont toujours confirmés par des méthodes plus sensibles et spécifiques, par exemple par PCR[23].
58
+
59
+ De plus en plus de laboratoires utilisent aussi des techniques de biologie moléculaire : extraction de l'ARN viral du prélèvement, puis RT-PCR en point final ou RT-PCR quantitative. Ces techniques permettent un diagnostic assez rapide (moins de deux heures pour l'extraction suivie de la RT-PCR quantitative) et fiable, qui a l'avantage aussi de permettre un premier typage. La RT-PCR peut ensuite être complétée par un séquençage du génome viral, dans un but essentiellement épidémiologique. C'est par exemple ce qui est réalisé dans les Centres Nationaux de Référence de la grippe en France.
60
+
61
+ L'isolement du virus sur culture cellulaire (cellules de reins de chien, MDCK) est exceptionnellement nécessaire. Il est utile pour le suivi épidémiologique annuel de la grippe. En l'absence d'effet cytopathogène du virus, la culture doit être complétée par une réaction d'hémagglutination (HA), d'inhibition d'hémagglutination (IHA) ou d'immunofluorescence (IF).
62
+
63
+ En septembre 2007, une équipe[24] a annoncé[25][source insuffisante] disposer d'un analyseur de poche capable de détecter (par puce) le H5N1 dans un échantillon de mucus ou de selles (humain ou aviaire), en moins de 30 minutes. Selon l'équipe, il est « aussi sensible, 440 % plus rapide et 2 000 à 5 000 % moins coûteux » que les meilleurs tests existants, et pourrait être adapté au SRAS, au VIH (virus du SIDA), à l'hépatite B. La production commerciale n'en est toutefois pas faite, et l’OMS semble rester prudente en attendant d’en savoir plus. Le système se présente sous la forme d’un appareil compact entièrement automatisé, intégrant l’extraction, l’amplification (RT-PCR) et la détection en temps réel sur biopuces de l’ARN viral. Il permettra la détection sur site du virus de la grippe à partir d’un échantillon clinique ou vétérinaire en identifiant la nature H ou N des souches connues du virus notamment les formes actuelles de la grippe aviaire ou porcine.
64
+
65
+ Un projet européen « Portfastflu »[26] doté de 3,8 millions d’€, dans le cadre du 7e programme cadre de recherche, vise à valider et développe un système de diagnostic rapide (détectant tous les virus grippaux dont H5N1 HP et H1N1 HP en moins d'une heure) pour améliorer la veille et l’alerte épidémiologique à la grippe, y compris dans les pays pauvres.
66
+
67
+ Comme pour beaucoup de maladies infectieuses, l'hygiène est la première forme de prévention de la contagion en période épidémique :
68
+
69
+ Mais en pratique :
70
+
71
+ Il vaut mieux privilégier les méthodes efficaces, comme le port du masque, ou les méthodes d'éviction : rester chez soi si l'on est malade, et éviter tout contact inutile avec des personnes non-malades, éviter toute atmosphère confinée, aérer régulièrement les pièces. Si un individu sain cohabite avec un autre individu malade, il est fortement conseillé à l'individu sain de désinfecter tout objet ayant pu être contaminé par la personne malade : poignées de porte, ustensiles, etc. Il est préférable que l'individu sain reste également en quarantaine ; si toutefois il est dans l'obligation d'avoir un contact avec une tierce personne (apport de denrées alimentaires par cette tierce personne par exemple), il est impératif de garder le masque et de penser à se laver rigoureusement les mains avant et après ce contact.
72
+
73
+ En France, une ordonnance médicale permet d'acquérir en pharmacie un lot de 50 masques chirurgicaux (à changer après quatre heures de port), mais ils ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale.
74
+
75
+ Ces mesures (lavage de mains et masques chirurgicaux) sont surtout efficaces si elles sont prises très tôt dans le cours de la maladie[29]. La protection n'est cependant pas absolue, en partie probablement parce qu'elles sont difficiles à mettre en place de façon rigoureuse dans la durée.
76
+
77
+ La réponse immunitaire à la grippe est inhibée par l'additif alimentaire E319 (tert-butylhydroquinone (tBHQ))[30].
78
+
79
+ Des experts américains recommandent, à la lumière de l'expérience acquise dans la gestion de la pandémie par le virus H1N1, de s'assurer tout d'abord que la population à risque ne souffre pas de déficit même marginal en zinc[31]. Ce déficit marginal apparaît comme étant fréquent dans les populations à risque (enfants et vieillards) dans les pays développés[32],[33], et se traduit par une baisse du zinc lymphocytaire et de la thymuline circulante à taux plasmatiques de zinc normaux. La réponse immunitaire qualitative et quantitative s'en trouve affectée, que ce soit sur le bras cellulaire ou humoral[34]. D'autre part, on a démontré que l'adjonction de zinc induisait l'apoptose des cellules infectées par le virus de la grippe et facilitait ainsi leur phagocytose, limitant la propagation du virus de la grippe[35]. La supplémentation en zinc doit se faire avec l'apport d'autres oligoéléments (cuivre, zinc) et vitamines afin de ne pas induire un effet négatif sur leur absorption intestinale[36].
80
+
81
+ L’OMS recommande la vaccination annuelle pour (par ordre de priorité) :
82
+
83
+ La vaccination contre la grippe est surtout efficace lorsque les virus vaccinaux correspondent bien aux virus en circulation. L’OMS surveille les virus grippaux qui circulent chez l’homme et actualise deux fois par an la composition des vaccins grippaux, traditionnellement des vaccins trivalents qui ciblent les trois types de virus en circulation les plus représentatifs (deux sous-types du virus A et un virus du type B) et, depuis peu dans l’hémisphère Nord, les recommandations de l’OMS portent aussi sur un deuxième virus grippal de type B en plus des virus contenus dans les vaccins trivalents classiques. Un certain nombre de vaccins grippaux inactivés et de vaccins grippaux recombinants sont disponibles sous forme injectable. Le vaccin vivant atténué est administré par voie intranasale[37].
84
+
85
+ L'utilisation de l'oseltamivir en prophylaxie antivirale est indiquée seulement dans le cas où le sujet est déjà contaminé ou risque fortement de l'être. Elle permet la réduction de 80 % du nombre de cas de grippe chez les sujets contacts traités précocement, dans les premières 48 heures après la contagion [réf. nécessaire]. La prophylaxie post-exposition par l'oseltamivir est recommandée pour les sujets de plus de 13 ans et à risques de complications grippales graves et/ou non protégés par la vaccination, car immunodéprimés, non vaccinés, ou suite à une vaccination trop récente ou dont la souche injectée est inadaptée.
86
+
87
+ L'augmentation de la température centrale (fièvre) est un mécanisme physiologique immunitaire antiviral qui perturbe la biochimie des réplications virales. Il n'y a pas de preuves scientifiques du bénéfice (en termes de morbi-mortalité) des traitements symptomatiques des infections virales aiguës bénignes saisonnières de l'adulte sain en général et de l'infection grippale, en particulier.
88
+
89
+ Le repos (l'arrêt de travail permet de limiter la contagion et les risques de propagation de l'infection) est nécessaire. Des traitements médicamenteux peuvent inclure antalgiques, antitussifs, antipyrétiques (le paracétamol est utilisé en première intention car il entraine peu d'effets secondaires) et même vitamine C (qui peut être indiquée contre l'asthénie passagère due au syndrome grippal). L'aspirine est contre indiquée chez les jeunes enfants, car son administration lors d'une grippe peut entrainer un syndrome de Reye, rare mais potentiellement mortel. L'hydratation est également nécessaire en fonction de la fièvre.
90
+
91
+ Les antibiotiques ne sont prescrits qu'en cas de surinfection bactérienne (notamment l'amoxicilline).
92
+
93
+ Il existe des médicaments antiviraux. Ces traitements, pris précocement, peuvent diminuer l'importance des symptômes et la durée de l'affection et également prévenir l'infection. Mais ils sont coûteux et doivent être pris dans les 48 heures après l'apparition des symptômes :
94
+
95
+ À la suite d'une épidémie grippale de soldats américains en 1947 au cours de laquelle leur vaccin s'est montré peu efficace (faisant suspecter l'émergence d'un nouveau virus), l’OMS a développé un programme mondial de surveillance de la grippe par des laboratoires de référence[44].
96
+
97
+ En France métropolitaine, la surveillance[45] de la grippe a d'abord été réalisée par deux réseaux de médecins libéraux créés en 1984.
98
+ Le réseau Sentinelles de l'unité de recherche UMR-S-707 INSERM UPMC et le Réseau des GROG (groupes régionaux d'observation de la grippe) et sur une surveillance virologique réalisée par deux centres nationaux de référence (Institut Pasteur de Paris pour le nord de la France, CHU de Lyon pour le sud). En préparation à une pandémie grippale, ce réseau a été peu à peu complété à partir de 2003. Il existe dorénavant une surveillance des passages et hospitalisations pour grippe à travers un réseau de services d'urgences, le réseau Oscour, une surveillance des cas graves de grippe admis en réanimation, une surveillance de la mortalité toutes causes en temps réel (données administratives de l'état-civil transmis par les mairies à l'Insee) et un signalement des épidémies d'infections respiratoires aiguës déclarées par les collectivités de personnes âgées. Les deux réseaux historiques, Sentinelles et GROG, alimentent depuis la pandémie de 2009 la même base de données avec une même définition de cas, permettant ainsi une meilleure précision des estimations d'incidence nationale et régionales. Depuis janvier 2012, le projet GrippeNet.fr[46] complète les systèmes de surveillance déjà en place, en collectant des données directement auprès de la population de France métropolitaine. Dans les Antilles françaises, en Guyane et à la Réunion, un système équivalent a été mis en place tant au niveau des médecins généralistes qu'en milieu hospitalier. La surveillance est animée par les cellules de l'InVS en région, la Cire Antilles-Guyane et la Cire Océan Indien.
99
+
100
+ En 2014, le réseau des GROG a cessé son activité faute de financement[47].
101
+
102
+ L'ensemble de la surveillance de la grippe, qui débute le 1er octobre et se termine environ à la mi-avril de chaque année est coordonné par l'Institut de veille sanitaire qui synthétise dans son bulletin hebdomadaire les informations récoltées par tous les dispositifs. Une description détaillée de ces dispositifs et leurs résultats sont disponibles dans le « dossier grippe » du site de l'InVS[48].
103
+
104
+ Fin janvier 2013, la grippe est responsable d’environ 1 100 000 recours aux médecins généralistes et pédiatres en France métropolitaine. Les trois virus A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B sont impliqués[49].
105
+
106
+ Selon le modèle statistique développé par l'agence sanitaire, la grippe aurait tué environ 8 117 personnes (dont 84% de personnes âgées de 75 ans et plus) durant l'année 2019, en France[50]. La courbe de mortalité suit un mouvement périodique, qui comprend un pic hivernal. À partir de ce modèle, on recense tous les décès supplémentaires qui surviennent en période d’épidémie grippale et on les attribue à la grippe.
107
+
108
+ Selon le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc un laboratoire de l’Inserm chargé d’élaborer chaque année la statistique des causes médicales de décès), la grippe aurait tué environ 431 personnes en moyenne chaque année. Pour obtenir ce chiffre, les chercheurs ont comptabilisé les certificats de décès complétés par les médecins mentionnant la grippe comme cause de la mort[51],[52].
109
+
110
+ L’Institut de veille sanitaire (InVS) recueille quotidiennement et automatiquement auprès d'un grand nombre d'établissements hospitaliers des données relatives à l’activité syndromique, dont la grippe, des services d’urgences.
111
+
112
+ Depuis 2012, le réseau Sentinelles et l’InVS ont mis en place GrippeNet.fr, un nouveau projet de surveillance épidémiologique et de recherche sur la grippe. Ce système permet de recueillir des informations directement auprès de la population française, par Internet. Quel que soit leur âge, leur nationalité ou leur état de santé, toutes les personnes qui résident en France métropolitaine peuvent participer à cette surveillance de façon anonyme et rapide. En novembre 2012, plus de 5 000 personnes participaient à cette surveillance. Ce projet s’insère dans le projet européen influenzanet.eu.
113
+
114
+ La grippe est nettement plus fréquente et épidémique en hiver dans les zones tempérées, sauf lors de certaines pandémies. Ce phénomène est mal compris. Des dizaines d’hypothèses tentent d'expliquer cette saisonnalité, parmi lesquelles[53] :
115
+
116
+ Dans un air sec et froid, le virus grippal serait donc plus stable et plus durablement infectieux. Une température de plus de 20 °C associée à une humidité relative de plus de 50 % semble défavoriser la contagion (hors contact physique direct). Néanmoins, des foyers infectieux importants sont constatés en zone tropicale et équatoriale, chez la volaille et chez l'homme.
117
+
118
+ Confirmant ces résultats, mais leur donnant une autre explication, une étude du National Institute of Health américain, publié dans Nature Chemical Biology début 2008, indique que « le virus de la grippe est enveloppé d’une couche de molécules grasses qui durcit et le protège quand les températures baissent. Cette enveloppe, constituée de cholestérol, fond une fois que le virus a pénétré dans l’appareil respiratoire de sa victime, il peut alors infecter une cellule et se reproduire. Lorsqu’il fait trop chaud la couche protectrice ne résiste pas et le virus meurt, à moins d’être à l’intérieur d’un organisme, ce qui explique sa propension à sévir en hiver. […] Résultat : une température de 5 °C et un degré d’humidité de 20 % sont parfaits pour que les hamsters malades contaminent les autres. À 30 °C les chercheurs n’ont observé aucune transmission virale[55],[56]. »
119
+
120
+ Des chercheurs ont confirmé un phénomène observé par les praticiens, qui est qu’en hiver, un délai d’environ une semaine (4 à 10 jours) sépare le début des épidémies de rhinopharyngites chez l’enfant et l’apparition de la grippe saisonnière[57].
121
+
122
+ Indépendamment des épidémies, des pandémies grippales plus meurtrières sont susceptibles de survenir plusieurs fois par siècle lors de l'émergence de nouvelles souches virales, hautement contagieuses en conséquence de l'absence d'immunité dans la population humaine. Jusqu'à ce jour, il apparaîtrait que le porc représente un hôte intermédiaire entre le monde aviaire et l'homme, ce qui fait dire, pas toujours à raison, que ce sont des souches d'origine porcine dites « grippes porcines », qui ont été responsables des grippes dites espagnole (1918), asiatique (1956-1958), de Hong Kong (1968), ou mexicaine (2009). En 1997, l'apparition d'une grippe aviaire de type A sous-type H5N1 en Asie a fait craindre une nouvelle pandémie par un virus venant directement du monde aviaire, car H5N1 a infecté des humains avec des conséquences graves[58]. Ces craintes ont été pour l'instant démenties (en 2015), car la transmission d'homme à homme de H5N1 s'est avérée extrêmement inefficace (2 cas documentés).
123
+
124
+ En revanche, en avril 2009 une pandémie éclate provoquée par le virus de la grippe A (H1N1) pandémique, dont l'origine porcine semblait établie, sans pourtant que ce virus ait été détecté en circulation dans la population porcine. Ce virus s'est révélé très contagieux chez l'homme, mais avec une mortalité faible, ce qui n'était pas anticipé au moment de l'éclatement de la pandémie. Ce virus H1N1 pandémique a néanmoins déplacé le virus H1N1 circulant précédemment dans la population humaine.
125
+
126
+ Les réassortiments génétiques peuvent être à l'origine de grandes pandémies mondiales de grippe. Trois sont dénombrées au cours du XXe siècle, en 1918 (« grippe espagnole »), 1957 (« grippe asiatique »), et 1968 (« grippe de Hong Kong »). Ces pandémies nécessitent une souche virale très « transmissible » (contagieuse) et sont caractérisées par une morbidité voire une mortalité élevées. Ainsi la « grippe espagnole » en 1918 et 1919 aurait fait de 30 à 100 millions de victimes (selon les évaluations, 40 millions selon le site de l'Institut Pasteur), dont plus de la moitié chez les jeunes adultes[59]. Le virus en cause, proche de la grippe porcine, était très différent de ceux circulant à l'époque.
127
+
128
+ Le mot « influenza » (abrégé en flu) a été utilisé pour la première fois pour qualifier la grippe dans un traité médical anglais du XVIIIe siècle qui fait référence à l'épidémie de 1743. Mais son origine est plus ancienne, provenant probablement de l'expression italienne « influenza di freddo » ([sous] l'influence du froid)[60]. Il rappelle le caractère saisonnier de la maladie, qui laisse supposer l'influence de l'environnement extérieur sur l'homme, la maladie apparaissant lors des refroidissements vers la fin de l'automne. Le virus est réputé mieux survivre à l’extérieur de l’organisme par temps sec et froid, raison pour laquelle les épidémies saisonnières surviennent en hiver dans les climats tempérés. Néanmoins les pandémies se sont montrées actives sur toute la planète, et le virus aviaire H5N1 semble adapté (variants[61] ?) aux zones tempérées et froides (Sibérie), comme aux zones chaudes puisqu'il a surtout sévi en Asie du Sud-Est et en Indonésie, avec quelques foyers en Afrique, dans la zone tropicale.
129
+
130
+ Le mot français grippe aurait une origine germanique, Grippen signifiant « agripper, saisir brusquement ». Autrement dit : on n’attrape pas la grippe, c'est elle qui nous « agrippe ». La grippe était aussi nommée « folette » en 1733.
131
+
132
+ Le virus grippal infecte d'autres mammifères que l'Homme, terrestres et marins. Mais c'est chez l'oiseau qu'elle est la plus fréquente. Chez l’animal il est longtemps nommé « peste aviaire », « grippe aviaire » ou « grippe du poulet ». L'évolution terminologique chez l'animal est due à deux raisons. La première est l'identification de deux groupes de virus causaux de ce qui avait été dénommé peste, d'où la segmentation en maladie de Newcastle et influenza, la deuxième est la décision de ne se préoccuper, au niveau sanitaire, que des virus influenza hautement pathogènes pour l'espèce Gallus gallus. Au symposium de Beltsville, Maryland (1981), il est décidé de ne plus parler de « peste du poulet » mais « d’influenza hautement pathogène », bien que le caractère pathogène ne dépende pas uniquement du virus, mais aussi de l'immunité de l'individu infecté.
133
+
134
+ La grippe serait apparue chez les oiseaux il y a environ 6 000 ans, et la grippe humaine vers −2500 en Chine avec le développement de la domestication des oiseaux, notamment des canards qui constituent le réservoir important des gènes viraux[44], ainsi que de l'élevage des porcs qui « jouent un rôle crucial dans l'émergence des pandémies »[62].
135
+
136
+ Les symptômes de la grippe humaine ont été clairement décrits par Hippocrate il y a près de 2 400 ans[63],[64]. Tite-Live décrivit dans la Rome antique des épidémies brutales qui semblent rétrospectivement pouvoir être attribuées à la grippe. Depuis lors, le virus a été responsable de nombreuses pandémies. Les données historiques concernant la grippe sont difficiles à interpréter, car le syndrome grippal se rencontre également dans d'autres maladies épidémiques (diphtérie, peste bubonique, fièvre typhoïde, dengue, typhus, hépatite A). La première observation convaincante remonte à 1580, avec une pandémie qui partit d'Asie et s'étendit à l'Europe et à l'Afrique. Plus de huit mille morts furent comptés à Rome et plusieurs villes espagnoles furent frappées. Les pandémies se poursuivirent de façon sporadique au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle[65], et on note une pandémie étendue entre 1830 et 1833 (un quart des personnes exposées auraient été infectées). Ce n'est qu'à partir des années 1850 qu'une description systématique des épidémies fut entreprise par le britannique Theophilus Thompson[66].
137
+
138
+ La pandémie la plus meurtrière connue à ce jour est celle de la « grippe espagnole » (virus de la grippe A, sous-type H1N1) qui sévit entre 1918 et 1919. Les plus anciennes estimations parlent de quarante à cinquante millions de morts[67], tandis que des évaluations plus récentes livrent le chiffre de cinquante à cent millions de morts dans le monde[68], ce qui en ferait une des plus graves catastrophes sanitaires de tous les temps, au même titre que la peste noire de 1347-1350. Une autre particularité de cette pandémie est qu'elle tua principalement de jeunes adultes, 99 % des décès étant survenus avant soixante-cinq ans et plus de la moitié entre vingt et quarante ans[69]. Cette forte létalité s'explique par un taux d'attaque très élevé (près de 50 % des personnes exposées) et par la sévérité extrême des symptômes, dont il est suspecté qu'elle soit liée à une réaction immunitaire excessive (« orage cytokinique »)[67]. Les symptômes, inhabituels pour une grippe, firent d'abord passer la maladie pour une dengue, un choléra ou une fièvre typhoïde. Un observateur écrivit « une des complications les plus frappantes était une hémorragie des muqueuses, particulièrement de celles du nez, de l'estomac et des intestins. Des saignements auriculaires et des hémorragies pétéchiales survenaient également »[68]. La majorité des décès firent suite à des surinfections, notamment des pneumonies bactériennes, mais le virus tua aussi directement en causant des hémorragies et des œdèmes pulmonaires massifs dépassant les possibilités thérapeutiques de l'époque[70].
139
+
140
+ Les pandémies suivantes furent moins dévastatrices. La « grippe asiatique » de 1957 (virus de type A, souche H2N2) et la « grippe de Hong Kong » de 1968 (virus de type A, souche H3N2) firent malgré tout des millions de morts dans le monde. Le développement des antibiotiques, en permettant le traitement des surinfections bactériennes, pourrait avoir joué un rôle non négligeable dans la diminution de la mortalité[70]. De nouvelles menaces virent le jour dans le New Jersey en 1976 (fausse alerte à la grippe porcine de 1976 (en)), dans le monde entier en 1977 (« grippe russe ») et depuis 1997 à Hong Kong et dans d'autres pays asiatiques avec le virus H5N1. Toutefois, depuis 1968, l'immunité acquise contre les souches des précédentes pandémies et la vaccination ont limité l'expansion du virus et peuvent avoir aidé à prévenir le risque de nouvelles pandémies[71].
141
+
142
+ La grippe était faussement attribuée à une bactérie jusqu'à ce que les agents étiologiques de la grippe, les virus de la famille des Orthomyxoviridae, soient identifiés chez le porc par Richard Schope en 1931[73]. Cette découverte fut bientôt suivie par l'isolement du virus chez les humains par un groupe de recherche dirigé par Patrick Laidlaw au National Institute for Medical Research (en) (Conseil de recherche médicale) du Royaume-Uni en 1933 : à partir de prélèvements sur la gorge de son collègue Christopher Andrewes (en) contaminé par la grippe, ce groupe a réussi à infecter le furet, animal sensible à ce virus et le seul alors capable de maintenir en culture le virus[74]. Enfin il fallut attendre que Wandell Stanley cristallise le virus de la mosaïque du tabac en 1935 pour que la nature non-cellulaire des virus soit connue.
143
+
144
+ Pendant la pandémie de 1918, différents vaccins furent utilisés aux États-Unis tant à des fins préventives que curatives. Inefficaces car basés sur une ou plusieurs bactéries (Haemophilus influenzae), et non sur le virus, ils semblent néanmoins avoir été assez largement utilisés faute, notamment, d'un système d'évaluation adéquat[75].
145
+
146
+ En 1935, Wilson Smith montre que le virus peut se cultiver dans les œufs de poule embryonnés, une technique déjà mise en œuvre depuis 1932 avec d'autres virus par Alice Miles Woodruff et Ernest William Goodpasture de l'université Vanderbilt, ce qui ouvre la voie au vaccin[76]. Joseph Stokes, de l'université de Pennsylvanie, commence les premiers essais de vaccins entre 1936 et 1938, mais les résultats sont peu probants[77].
147
+
148
+ La première étape significative vers la prévention de la grippe fut le développement, en 1944, d'un vaccin à base de virus grippal tué découvert par Thomas Francis, Jr. (en), avec le soutien de l'armée américaine[78]. Cette découverte se basait sur les travaux fondamentaux de Frank Macfarlane Burnet, qui démontra que le virus perdait sa virulence lorsqu'il était cultivé dans des œufs de poule embryonnés[79]. L'armée américaine, durement frappée par la grippe durant la Première Guerre mondiale, s'impliqua activement dans ces recherches[68] (travaux poursuivis dans les années 1950, par les découvertes sur l'interféron par Jean Lindenmann)[80]. Dès le début, l'animal modèle dans ces travaux en immunologie a été le furet (Mustela putorius furo)[81].
149
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+ La grotte de Lascaux, située sur la commune de Montignac-Lascaux en Dordogne, dans la vallée de la Vézère, en France, est l'une des plus importantes grottes ornées du Paléolithique par le nombre et la qualité esthétique de ses œuvres. Elle est parfois surnommée « la chapelle Sixtine de l'art pariétal » ou « chapelle Sixtine du Périgordien » selon une expression attribuée à Henri Breuil[1],[2],[Note 1] qui la nomme également « Versailles de la Préhistoire »[1] ou « Altamira française »[3].
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+ Les peintures et les gravures qu'elle renferme n’ont pas pu faire l’objet de datations directes précises : leur âge est estimé entre environ 19 000 et 17 000 ans à partir de datations et d’études réalisées sur les objets découverts dans la grotte. La plupart des préhistoriens les attribuent au Magdalénien ancien, sauf quelques-uns qui penchent plutôt pour le Solutréen qui le précède, voire pour le Gravettien[4].
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+ La grotte est située dans le Périgord noir dans la vallée de la Vézère sur la commune de Montignac-Lascaux (Dordogne), à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Périgueux et à 25 kilomètres de Sarlat-la-Canéda.
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+ Elle s'ouvre sur la rive gauche de la Vézère, dans une colline calcaire au sein de l'étage coniacien (Crétacé supérieur). Contrairement à de nombreuses autres grottes de la région, la grotte de Lascaux est relativement « sèche ». En effet, une couche de marne imperméable l’isole de toute infiltration d’eau, empêchant toute nouvelle formation de concrétion de calcite.
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+ Voir notamment les ouvrages d'Henri Breuil[5], de Norbert Aujoulat[6], et le Dictionnaire de Lascaux de Brigitte et Gilles Delluc.
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+ Avant la découverte de la grotte, Lascaux (ou « Las Coutz », « La Coux », nom féminin dérivé de l’occitan cous ou cos, qui désigne un endroit pierreux) était le nom d'une seigneurie dont la présence est attestée au début du XVe siècle. Ce petit domaine noble comprenait un logis seigneurial, une métairie, un moulin, un colombier, des terres en labour, des vignes et la colline qui renfermait la grotte. Une description du domaine datée de 1667 indique le couvert paysager de la colline, constitué de vignes, de taillis, de châtaigniers, de genévriers et de bruyères. Le domaine noble changea de mains au fil des siècles, passant de la famille de Lascaux à celle du Cheylard, puis aux de Reilhac, aux Labrousse, puis finalement aux La Rochefoucauld-Monbel, propriétaires du domaine au moment de la découverte de la grotte[7].
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+ Différentes versions de l’invention de la grotte de Lascaux ont été rapportées. Elles sont parfois contradictoires et souvent relatées de façon fantaisiste : découverte fortuite par un chien ou en jouant au ballon, exploration volontaire de la cavité déjà connue[8],[1]. Celle-ci a été effectuée en deux temps, les 8 et 12 septembre 1940.
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+ Selon la version la plus fréquemment racontée, le 8 septembre 1940, Marcel Ravidat[9] découvre l'entrée de la cavité lors d'une promenade sur la commune de Montignac en Dordogne avec ses camarades Jean Clauzel, Maurice Queyroi et Louis Périer. Au cours de cette promenade, son chien Robòt[9] poursuit un lapin qui se réfugie dans un trou[10] situé à l'endroit où un arbre avait été déraciné : un orifice d'environ 20 cm de diamètre s'ouvre au fond de ce trou, impossible à explorer sans un travail de désobstruction[11]. En jetant des pierres pour essayer de faire sortir le lapin, Marcel Ravidat constate que le trou communique avec une vaste cavité. Comme cela se situe à 500 mètres du château de Lascaux, il pense qu'il s'agit de la sortie d'un souterrain[12].
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+ Quatre jours plus tard, le jeudi 12 septembre (le jeudi est le jour de repos hebdomadaire, mais la rentrée scolaire s'effectue au 1er octobre à cette époque), Marcel Ravidat, muni d'un matériel de fortune (lampe à huile, coutelas) pour s'éclairer et élargir l'orifice découvert précédemment, revient sur les lieux accompagné cette fois de Georges Agniel, Simon Coencas[13], Jacques Marsal[14] et Georges Estréguil[15]. Les jeunes gens pénètrent ainsi une première fois dans la grotte et y découvrent les premières peintures. Après des visites quotidiennes et une première exploration du Puits, Jacques Marsal dévoile leur découverte à ses parents, qui s'étonnent de le voir revenir couvert de poussière. Ils avertissent Léon Laval, leur ancien instituteur à la retraite, le 16 septembre[12] qui pense à une plaisanterie et préfère ne pas s'aventurer dans le trou mal dégagé[15]. Maurice Thaon qui réside dans un hôtel à Montignac entend parler de cette découverte, descend alors dans la cavité où il prend quelques croquis d'animaux. Il part en Corrèze (à Brive[16] ou Cublac[17]) rencontrer le préhistorien Henri Breuil, réfugié dans la région pour fuir l'occupant, pour lui relater la découverte et lui présenter les croquis[15]. L'abbé Breuil est alors le premier spécialiste à visiter Lascaux, le 21 septembre 1940, en compagnie du chanoine Jean Bouyssonie et du docteur André Cheynier, bientôt suivis des préhistoriens Denis Peyrony et Henri Begouën[18].
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+ Henri Breuil est le premier à authentifier la grotte et à la décrire sommairement[19]. Il entreprend quelques relevés dès la fin de l'année 1940 et passe plusieurs semaines sur place pour étudier les œuvres qu’il attribue au Périgordien (voir Datation).
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+ Après plusieurs années passées en Espagne, au Portugal et en Afrique du Sud, il revient en 1949 et entreprend une rapide fouille avec Séverin Blanc et Maurice Bourgon au pied de la scène du puits où il espère trouver une sépulture. Il y met au jour des pointes de sagaies décorées en bois de renne.
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+ De 1952 à 1963, à la demande de Breuil, les relevés des gravures sont réalisés sur 120 m2 de calques par André Glory qui comptabilise 1 433 représentations (aujourd’hui, 1 900 sont répertoriées).
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+ Par la suite, les représentations pariétales et leur environnement sont également étudiées par Annette Laming-Emperaire, André Leroi-Gourhan (et toute son équipe pluridisciplinaire, dont Brigitte et Gilles Delluc et Denis Vialou) de 1975 à nos jours et, de 1989 à 1999, par Norbert Aujoulat[6].
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+ La grotte est classée au titre des monuments historiques l'année même de sa découverte, par arrêté du 27 décembre 1940. Les parcelles de terrain où se trouve la grotte ou voisines de celle-ci sont classées au titres des monuments historiques par trois arrêtés successifs du 27 décembre 1940, puis du 8 mai et du 5 septembre 1962[20].
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+ En octobre 1979, elle est inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité parmi différents sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère.
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+ Lors de la découverte, Henri Breuil demande aux jeunes découvreurs de garder la grotte jour et nuit pour y éviter toute dégradation. Ils installent à cet effet un campement de toile près de l'entrée mais cela ne les empêche pas de faire payer l'entrée de la grotte deux francs. Les premiers visiteurs n'hésitent pas à gratter la peinture ou graver leurs initiales sur les parois. Le propriétaire de la grotte, la famille de La Rochefoucauld, fait poser une porte dès la fin de l'hiver puis entreprend en 1947 de lourds travaux d’aménagement destinés à la rendre accessible au public : l’entrée de la cavité entièrement obstruée fait l’objet d’importants terrassements qui modifient le niveau et la nature des sols. Les travaux dans la zone du porche détruisent le cône d’éboulis protecteur qui jouait le rôle de tampon thermique et hygrothermique ; une porte monumentale en bronze fermant un sas maçonné ainsi que des escaliers en pierre pour descendre dans la Salle des Taureaux sont installés ; le niveau des sols est abaissé pour dessiner un cheminement de visite et un éclairage électrique installé pour accompagner le parcours. Les travaux sont confiés à Yves-Marie Froidevaux, architecte en chef des monuments historiques. Le site est ouvert au public le 14 juillet 1948[21].
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+ L'instituteur Léon Laval, devenu délégué des monuments historiques, est le premier conservateur de la grotte de Lascaux jusqu'en 1948[22].
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+ L'engouement du public est tel qu'un million de personnes visitent la grotte entre 1948 et 1963[23].
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+ Malgré l'installation de cette porte pour limiter le danger de déséquilibre atmosphérique et la présence d'appareils de climatisation, le problème du conditionnement de l'air n'a pu être résolu[21].
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+ Dès 1955, les premiers indices d'altération sont constatés. Ils sont dus à un excès de dioxyde de carbone induit par la respiration des visiteurs, qui provoque une acidification de la vapeur d'eau expirée corrodant les parois. En 1957 est mis en place un premier système destiné à régénérer l'air ambiant et à stabiliser la température et l'hygrométrie. Les visites continuent pourtant à se succéder au rythme effréné de plus de 1 000 touristes par jour, dégageant environ 2 500 litres de dioxyde de carbone et 50 kg de vapeur d’eau dans une cavité dont le volume est relativement faible, de l’ordre de 1 500 m3[8]. André Glory, qui effectue des relevés durant cette période, doit travailler la nuit pour ne pas perturber le rythme des visites.
42
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43
+ En 1960, la « maladie verte » fait son apparition : les émanations de dioxyde de carbone liées aux visites, une température trop élevée et les éclairages artificiels permettent la dissémination de colonies d'algues sur les parois. L’enrichissement de l’atmosphère en dioxyde de carbone génère la « maladie blanche », un voile de calcite qui se dépose sur les parois et sur certaines œuvres. En 1963, les micro-organismes continuent à proliférer malgré la mise en place de filtres à l'ozone. Le 17 avril 1963, André Malraux, alors ministre chargé des Affaires culturelles, décide d'interdire l'accès de Lascaux au grand public[24].
44
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45
+ En 1965, Paul-Marie Guyon, physicien au CNRS, invente un dispositif d'assistance climatique pour rétablir l'écosystème originel. Pierre Vidal, ingénieur spécialiste du milieu souterrain au laboratoire de recherche des monuments historiques, fait installer ce nouvel ensemble du système de régulation thermique et hygrométrique afin de recréer les conditions de circulation des masses d'air qui avaient permis la conservation de Lascaux durant des millénaires. Le principe de ce système statique de refroidissement consiste à utiliser la convection naturelle pour condenser la vapeur d'eau à un endroit déterminé[25].
46
+
47
+ Au début des années 1970, la réalisation d'un fac-similé d'une partie de la grotte est mise en œuvre. Elle est ouverte au public en 1983 (cf. infra Lascaux 2).
48
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49
+ En 2000, le matériel de gestion du climat de la cavité est remplacé. Au printemps 2001, des agents chargés de la surveillance du site, signalent l'apparition de moisissures dans le sas d'entrée de la grotte. Le sol se couvre en effet d'un champignon extrêmement résistant, Fusarium solani. Ce phénomène coïncide avec l'installation du nouveau système de régulation hygrothermique qui a été mal conçu. Les souches de Fusarium solani présentes dans la grotte sont résistantes au formaldéhyde employé depuis des décennies pour la désinfection des pieds des visiteurs. Le champignon s'est propagé aux peintures, bientôt recouvertes d'un duvet blanc de mycélium. Le champignon vit en symbiose avec une bactérie nommée Pseudomonas fluorescens, qui dégrade le fongicide employé jusque-là. Celui-ci doit dès lors être combiné à un antibiotique.
50
+
51
+ En 2002, le ministère de la Culture met sur pied un Comité scientifique international de la grotte de Lascaux, qui doit gérer le problème.
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53
+ De juillet 2001 à décembre 2003, des traitements d’urgence appliqués dans la grotte sont destinés à ralentir le développement rapide des moisissures observées (compresses imbibées de fongicides et d’antibiotiques ; épandage de chaux vive sur les sols ; pulvérisations de produits biocides)[26].
54
+
55
+ En 2006, la contamination est à peu près maîtrisée, mais toutes les deux semaines une équipe revêtue de combinaisons spéciales est chargée de débarrasser à la main les parois des filaments de mycélium qui réapparaissent malgré tout[27],[28],[29].
56
+
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+ Quinze années de fréquentation touristique intense ont donc perturbé l'équilibre fragile qui avait permis la conservation miraculeuse de Lascaux et ont failli entraîner sa disparition.
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+ Après une première apparition sur la voûte et le sas d'entrée fin 2001, des taches noires dues à deux champignons, Ochroconis lascauxensis et Ochroconis anomala se nourrissant des composés organiques des traitements antifongiques précédents, ont fait leur apparition en juillet 2007 dans certaines parties plus confinées de la grotte, le Passage, la Nef et l'Abside. Un traitement biocide a été effectué en janvier 2008 et a été suivi d'un repos complet de la grotte pendant 3 mois. Le 11 avril 2008, le comité scientifique international a indiqué que les soins apportés étaient encourageants dans neuf des onze zones tests. Cependant, dans les deux dernières zones tests, le développement des taches noires continue[30]. Ce phénomène peut s'expliquer du fait que très peu d'informations sont connues sur le champignon Ochroconis Lascauxensis, car son existence n'a été découverte que lors de son apparition dans la grotte (d'où son nom).
60
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+ D'après la conservatrice en chef du site, les mouvements de l'air se sont profondément modifiés depuis les années 1980 dans la partie tachée de la grotte. L'air circulait auparavant alors qu'il semble immobile aujourd'hui[31].
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63
+ Le ministère de la Culture a annoncé le 10 juillet 2008 que le comité du patrimoine mondial de l'Unesco n'avait pas jugé opportun d'inscrire la grotte sur la liste du patrimoine mondial en péril[32]. En réalité, le comité en question, réuni à Québec le 5 juillet, parle d'un sursis d'un an. Pendant cette période, la France devra répondre aux questions de l'Unesco concernant « la gestion de la crise et la conservation du site ». Il s'agirait notamment d'assurer des études d'impact avant toute intervention sur les peintures et les gravures dans la grotte, d'inviter une mission extérieure et indépendante mandatée par l'Unesco pour examiner Lascaux, mais aussi les autres sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère, et enfin, de fournir un rapport de conservation avant le 1er février 2009. En l'absence de progrès substantiels, la grotte pourrait se voir inscrite sur la liste du patrimoine en danger en juillet 2009[33].
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65
+ Le ministre de la Culture, Christine Albanel, s'est rendu sur place le 25 juillet 2008 pour visiter brièvement la grotte. Soulignant l'importance de la régulation de l'air dans la grotte, elle a annoncé le changement du système de climatisation installé en 2000. Elle a par ailleurs envisagé l'élargissement du Comité scientifique à d'autres experts, notamment étrangers[34].
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+ Le 26 novembre 2008, Christine Albanel a confirmé[35] que les taches noires subsistaient dans la partie droite de la grotte. Elle annonce un symposium. Celui-ci, intitulé « Lascaux et la conservation en milieu souterrain », s’est tenu à Paris les 26 et 27 février 2009 sous la présidence de Jean Clottes. Réunissant près de trois cents participants provenant de dix-sept pays, il avait pour but de confronter les recherches et travaux menés dans la grotte de Lascaux depuis 2001 avec les expériences conduites dans les autres pays du monde sur la question de la conservation en milieu souterrain[Note 2]. Les actes en sont parus en 2011, dans un volume qui regroupe les études présentées lors des séances ainsi que la transcription intégrale des débats. Soixante-quatorze spécialistes de domaines aussi variés que la biologie, la biochimie, la botanique, l'hydrologie, la climatologie, la géologie, la mécanique des fluides, l'archéologie, l'anthropologie, la restauration et la conservation, issus de nombreux pays (France, États-Unis, Portugal, Espagne, Japon, Australie, Allemagne, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande...), ont été associés à sa rédaction[36].
68
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69
+ Le 21 janvier 2010, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand confie au paléoanthropologue Yves Coppens la présidence du conseil scientifique chargé de la conservation de la grotte[37].
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+
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+ En 2016, selon Muriel Mauriac, la conservatrice de la grotte, la prolifération des champignons est stoppée. Seuls quelques scientifiques sont autorisés à pénétrer dans la grotte et la présence humaine est limitée à 200 heures par an[38].
72
+
73
+ La grotte est bien décrite par André Leroi-Gourhan[39].
74
+
75
+ La grotte de Lascaux est relativement petite : l'ensemble des galeries n'excède pas 235 mètres[40] pour un dénivelé d'environ 30 mètres. Le sol, en pente, possède une dénivellation inférieure de 13 mètres à l'extrémité du Diverticule axial, et inférieure de 19 mètres au bas du Puits[40]. La partie décorée correspond à un réseau supérieur, le réseau inférieur étant difficilement pénétrable du fait de la présence de dioxyde de carbone.
76
+
77
+ L’entrée actuelle correspond à l’entrée préhistorique, même si elle a été aménagée et équipée d’un système de sas. L’entrée d’origine devait être un peu plus éloignée, mais son plafond s’est écroulé anciennement jusqu’à former le talus par lequel les inventeurs ont accédé à la grotte.
78
+
79
+ Pour faciliter les descriptions, la grotte est traditionnellement subdivisée en un certain nombre de zones correspondant à des salles ou des couloirs. Leurs noms imagés sont dus en partie à Henri Breuil et font souvent référence à l’architecture religieuse :
80
+
81
+ La plupart des vestiges archéologiques découverts à Lascaux ont été recueillis par André Glory, lors de l’aménagement des sas d’entrée et des salles, ou lors de la seule vraie fouille effectuée dans la cavité, située dans le Puits. Ces vestiges comprennent de l’industrie lithique (403 pièces), de l’industrie osseuse (une soixantaine de pièces), de la parure (16 coquilles), de la faune (une centaine de restes), de nombreux charbons, des macrorestes végétaux et de nombreux fragments de colorants. Ces objets (un millier environ), réputés perdus en 1966 à la mort d'André Glory, ont été retrouvés en 1999 par Brigitte et Gilles Delluc et publiés en 2008 au CNRS (Gallia-Préhistoire).
82
+
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+ Dans la Nef, la Vache se trouve sur un entablement où ont été découverts des lampes, des colorants ainsi que des restes alimentaires. Dans l’Abside, un nombre important d'objets ont été abandonnés (pointes de sagaies, grattoirs, burins et lampes). De nombreux vestiges ont également été découverts dans le Puits : pointes de sagaies, restes de colorants, coquillages percés et lampes, dont un exemplaire en grès rose entièrement façonné et dont le manche est orné d’un signe barbelé.
84
+
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+ L’étude au microscope électronique des colorants découverts lors des fouilles ou prélevés directement sur certaines œuvres a montré leur grande diversité, sept pigments différents au moins ayant été utilisés : du dioxyde de manganèse, de l’oxyde de fer noir et du carbone (pour le noir), de l’hématite (pour le rouge), de la goethite et de l’argile (pour le jaune), de la calcite (pour le blanc)[41]. Tous ont été employés purs, sans adjonction de charge minérale et sans modification thermique[42].
86
+
87
+ Il s’agit bien ici d’une scène dont les différents éléments sont en relation les uns avec les autres, et non d’une juxtaposition d’animaux ou de signes sur une même paroi, comme c’est le plus souvent le cas dans l’art paléolithique. Pour A. Leroi-Gourhan, cette scène renvoie probablement à un épisode mythologique dont la signification est difficile à établir[39].
88
+
89
+ Un cerf gravé de l'Abside.
90
+
91
+ Gravures du Diverticule des félins, relevé André Glory.
92
+
93
+ La scène du Puits
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+
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+ La frise des Cerfs nageant, dans la Nef (fac-similé au Musée d'Aquitaine)
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+ Parmi les procédés artistiques utilisés par les artistes de Lascaux, on peut citer :
98
+
99
+ Différentes interprétations de l'art préhistorique dans la grotte de Lascaux ont été proposées.
100
+
101
+ La grotte de Lascaux a livré de très nombreux restes osseux et outils de silex : ce sont ceux des peintres et graveurs. Elle n’a jamais été un lieu d’habitation et sa fréquentation semble essentiellement liée à ses œuvres pariétales.
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103
+ La faune figurée sur les parois de Lascaux est celle que l’on retrouve dans la majorité des grottes ornées de l’aire franco-cantabrique : cheval, aurochs, bison, cerf et bouquetins dominent largement suivis d’animaux plus rares et souvent dangereux, comme l’ours, le rhinocéros et les grands félins. Les espèces représentées ne correspondent pas aux espèces chassées et consommées : un seul renne gravé a été identifié alors que ces animaux représentent la grande majorité des restes osseux mis au jour (plus de 88 %)[43]. Un art dicté par une magie de la chasse tel qu’on le concevait aux débuts du XXe siècle peut donc être écarté.
104
+
105
+ Si elles sont extrêmement réalistes en ce qui concerne les morphologies et les attitudes des animaux, les œuvres de Lascaux ne visent toutefois pas une représentation exhaustive et naturaliste de la réalité : la flore, les reliefs et même le sol sont absents des parois de la grotte, comme c’est pratiquement toujours le cas d’ailleurs dans l’art paléolithique.
106
+
107
+ Il est indéniable que certains éléments figurés, certaines associations de signes, ont une valeur symbolique. C’est probablement le cas pour les trois paires de ponctuations que l’on retrouve au fond du Diverticule des félins et dans le Puits, aux limites des zones ornées. C’est sans doute le cas également pour les signes barbelés, les « blasons » ou les alignements de points présents sur différentes parois de la grotte.
108
+
109
+ La grotte de Lascaux est considérée par A. Leroi-Gourhan et par la quasi-totalité des préhistoriens comme un sanctuaire, une sorte de monument à caractère religieux[44],
110
+
111
+ D'autres interprétations ont été avancées. D'après l'archéoastronome Chantal Jègues-Wolkiewiez[45], la grotte aurait été un centre d'observation du ciel, puis un temple orné dédié aux constellations célestes. Ainsi, la lumière du soleil se couchant au solstice d'été aurait illuminé la première salle des Taureaux (avant qu'un éboulement n'obstrue l'accès vers la rotonde) dont les peintures représenteraient une carte des constellations zodiacales telles qu'on pouvait les observer il y a 10 000 ans[46],[47]. Cette interprétation a été accueillie avec scepticisme par la communauté scientifique[48],[49].
112
+
113
+ Thérèse Guiot-Houdart a étudié l'organisation de la composition, le placement, les dimensions et l'orientation des figures, la disposition des taches de couleurs, la technique du dessin, etc.[50]. Suivant cette méthode calquée sur la critique d'art, elle présente image par image une description détaillée et exhaustive des peintures de la Rotonde et du Diverticule dont elle déduit une interprétation révélant l'imaginaire de la fécondité à cette époque[51],[52].
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115
+ Selon Jean Clottes et David Lewis-Williams, la grotte de Lascaux aurait pu être liée à un culte chamanique. Ainsi, divers traits sans signification, incluant les huit flèches plantées dans l'un des félins du Diverticule, auraient été autant d'incisions exécutées à travers la paroi pour laisser passer les animaux et les pouvoirs surnaturels[53]. Cette théorie est largement contestée aussi bien par la plupart des préhistoriens et que par les spécialistes du chamanisme : « J. Clottes et D. Lewis-William ont largement outrepassé les limites de la démarche scientifique en proposant une explication unique, unilatérale de la religion des origines »[54].
116
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117
+ Enfin, les hommes préhistoriques auraient pu attribuer à leurs œuvres un semblant de vie. En se basant sur un relevé exhaustif des parois, Julien d'Huy et Jean-Loïc Le Quellec ont constaté que les animaux dangereux - félins, aurochs, bisons - semblaient davantage « fléchés » que les animaux moins dangereux - chevaux, cerfs, bouquetins. Selon eux, il pourrait s'agir d'une magie de la destruction ou d'une crainte de l'animation des images, les flèches servant alors à empêcher les animaux de s'animer[55]. La croyance en la possible animation des images est corroborée par la disposition de celles-ci à l’intérieur de la grotte. Ainsi, les bisons, les aurochs et les bouquetins n’ont pas été représentés côte à côte. En revanche, on peut mettre en évidence des systèmes bisons-chevaux-lions et aurochs-chevaux-cerfs-ours[56]. Julien d’Huy explique cette répartition par les affinités qu’entretiennent les espèces entre elles et par le biotope qu’elles occupent respectivement[57].
118
+
119
+ La datation de Lascaux est l’objet d'un long débat : selon les auteurs, son art pariétal est situé entre le Gravettien et le Magdalénien.
120
+
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+ Pour Henri Breuil, sur la base de comparaisons stylistiques, les œuvres pariétales de Lascaux seraient périgordiennes (gravettien)[58].
122
+
123
+ Mais en 1951, Lascaux est l’un des tout premiers sites paléolithiques à bénéficier de datations absolues par la méthode du carbone 14, réalisées par W.F. Libby lui-même. Cette méthode a été mise en œuvre sur des charbons de bois provenant de lampes découvertes dans le Puits. Le premier résultat obtenu (autour de 15 500 ans BP) place la fréquentation de Lascaux dans le Magdalénien. Un âge magdalénien fut confirmé par des datations ultérieures, réalisées sur des charbons provenant des fouilles d'André Glory dans le Passage et dans le Puits. Ces datations (17 190 ± 140 et 16 000 ± 500 ans BP) se situent autour du Magdalénien ancien[59].
124
+
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+ Pourtant, André Leroi-Gourhan, par comparaisons stylistiques avec les sites du Fourneau du Diable (Dordogne) et du Roc-de-Sers (Charente), bien datés, conclut pour sa part que les œuvres de Lascaux se placent au Solutréen.
126
+
127
+ Puis, deux nouvelles dates sont obtenues en 1998, et en 2002[4]. La première date, de 18 600 ± 190 ans BP, est obtenue par la méthode du carbone 14 en SMA sur un fragment de baguette en bois de renne provenant du Puits (ou des déblais de l'Abside)[60]. La seconde date, obtenue à partir d'un fragment de sagaie, est plus ancienne : 18 930 ± 230 ans BP[61]. Les solutréens sont-ils simplement passés ponctuellement dans la grotte ou ont-ils réalisé tout ou partie des œuvres ? Un seul niveau archéologique est connu et les vestiges recueillis (objets de silex, d'os et de bois de renne) dans ce niveau, étudiés dans Lascaux inconnu (1979) et par A. Glory (2008), correspondent typologiquement au Magdalénien II.
128
+
129
+ La datation directe par le carbone 14 de peintures ou de dessins pariétaux a été possible dans certaines grottes ornées, à condition toutefois que ces œuvres aient été réalisées avec du charbon de bois. Ce n’est pas le cas à Lascaux, où la couleur noire a été obtenue en utilisant des oxydes de manganèse. Des pigments tombés au pied des parois ont été mis au jour dans le niveau archéologique : ils ont permis de confirmer la contemporanéité des œuvres avec certains vestiges (lamelles de silex, pointes de sagaie, aiguilles en os, lampes à suif).
130
+
131
+ Selon Norbert Aujoulat[6], il existe des arguments stylistiques et thématiques qui permettraient de rapprocher Lascaux du Solutréen plutôt que du Magdalénien : présence de signes géométriques ; représentation des aurochs avec la corne avant en courbe simple et la corne arrière sinueuse ; humain affronté à un grand bovidé (le gisement solutréen du Roc-de-Sers a livré l'image d'un homme faisant face à un bœuf musqué). En fait, l'art du début du Magdalénien est la continuation, sans hiatus, de celui du Solutréen et le style graphique (style III de A. Leroi-Gourhan) est le même. Norbert Aujoulat propose donc de placer l'art de Lascaux à la charnière du Solutréen supérieur et du Badegoulien[4].
132
+
133
+ Plus récemment, J. Jaubert et E. Lebrun ont émis l'hypothèse d'un rattachement d'une partie du dispositif pariétal de Lascaux au Gravettien, sur la base d'arguments stylistiques et techniques[62],[63].
134
+
135
+ La première reproduction de Lascaux a été une reproduction photographique, qui était présentée au Musée d'Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye[64].
136
+
137
+ La grotte a été fermée au grand public en raison de la multiplication des erreurs de conservation (saccage des sols et contamination de la grotte en 1957-1958 ; nouvelle contamination autour de 2000 et antibio-résistance). Un relevé stéréo-photogrammétrique de la totalité des zones ornées a été réalisé à la fin des années 1960 par l'Institut géographique national. La troisième dimension est recréée par un lecteur qui repasse sur les courbes de niveau, un ciseau de sculpteur (projet confié aux sculpteurs Bernard Augst et Pierre Weber) reproduisant ces mouvements[21].
138
+
139
+ La société propriétaire de Lascaux, fondée par la famille de La Rochefoucauld, se lança dans la réalisation d'une réplique d'une partie représentative de la grotte (Diverticule axial et Salle des Taureaux), avec une autorisation d'exploitation de 30 ans. Le projet trop coûteux fut en partie financé par la vente de l'original à l'État en 1972. Il fut suspendu en 1980 puis repris par le conseil général de la Dordogne[21].
140
+
141
+ Une double coque en béton dont l'intérieur reproduit fidèlement la grotte originale fut réalisée à partir des relevés de l'IGN. Sur une armature métallique furent posées plusieurs couches de grillage à mailles suffisamment fines pour retenir le béton projeté. La paroi est reconstituée par un procédé de fibro-ciment (trois épaisseurs d'un béton spécial à base de chaux, sable et poudre de marbre). Les œuvres pariétales furent ensuite reproduites avec des pigments naturels par une équipe conduite par l'artiste peintre Monique Peytral[65],[66]. L'ensemble était précédé par deux sas muséographiques conçus par Brigitte et Gilles Delluc et Arlette Leroi-Gourhan[réf. nécessaire].
142
+
143
+ Situé à 200 mètres de l'original, le fac-similé, nommé « Lascaux 2 », a ouvert ses portes le 18 juillet 1983. Quelques autres reproductions de peintures (frise des cerfs, bisons adossés et vache noire de la Nef, scène du Puits) sont exposées dans le parc du Thot, à quelques kilomètres de Montignac. À l'été 1982, Ces reproductions ont été exposées dans la cour du Roemer- und Pelizaeus-Museum à Hildesheim[67].
144
+
145
+ Il a été annoncé en août 2008 que, faute d'entretien depuis 1996, le site de Lascaux 2 devra fermer de trois à quatre mois par an, pendant six ou sept ans, afin de procéder à la restauration progressive des fresques et des parois encrassées par la poussière liée au passage des visiteurs (270 000 par an)[68]. Selon Monique Peytral, peintre à qui l'on doit ce fac-similé, le chantier de restauration qui est entamé en novembre 2009 doit s'achever en 2014[69].
146
+
147
+ En 2011, c'est le site touristique le plus fréquenté de Dordogne avec 250 000 visiteurs[70].
148
+
149
+ Le concept Lascaux révélé, également nommé « Lascaux III » est une reproduction partielle de la grotte originelle qui a été dévoilée au public en octobre 2012, et est conçue pour être itinérante.
150
+
151
+ En 2003, le conseil général de la Dordogne commande au plasticien Renaud Sanson[71], et à son atelier, la réalisation de fac-similés de scènes figurant dans la nef de Lascaux, galerie non représentée dans Lascaux II.
152
+
153
+ De juillet à décembre 2008, dans les ateliers de Montignac qui ont vu leur création, l'exposition Lascaux révélé a présenté ces nouveaux fac-similés au public de la Dordogne[72]. Ceux-ci, réalisés en cinq ans, sont répartis en huit panneaux[73]. L'exposition est ensuite transférée vers le parc animalier du Thot, situé sur la commune voisine de Thonac, et présentée au public en juillet 2009[74]. Lors de cette mise en place, les fac-similés créés en 1984 et 1991, précédemment exposés au parc du Thot (les bisons, la vache noire et la scène du Puits), ont été déplacés – et à cette occasion endommagés –, exposés aux intempéries pendant l'été 2009 puis finalement, empilés dans un hangar[75].
154
+
155
+ L'exposition a été conçue pour voyager à travers le monde entier pendant plusieurs années en tant qu'ambassadeur de la Dordogne et de sa Vallée de l'Homme. En effet, les coques des fac-similés, de faible poids (moins de 10 kg/m2), sont constituées de panneaux démontables dont les jointures sont invisibles et qui ont été conçus pour être aisément transportés[71]. La totalité ou une partie des panneaux doivent faire l'objet d'une exposition itinérante sous le nom de Lascaux, l'exposition internationale[76]. L'agence de scénographie Du&Ma est choisie en mars 2011 pour assurer la maîtrise d'œuvre de ce projet.
156
+
157
+ Après une première étape en France qui a rassemblé 100 000 visiteurs à Bordeaux, à Cap Sciences, du 13 octobre 2012 au 6 janvier 2013[77], l'exposition traverse l'Atlantique et fait escale au Field Museum de Chicago de mars à septembre 2013 (325 000 visiteurs), avant de rejoindre Houston (200 000 visiteurs d'octobre 2013 à mars 2014[78]), puis Montréal d'avril à septembre 2014[79],[80].
158
+
159
+ En novembre 2014, l'exposition revient en Europe et s'installe à Bruxelles[81]. Du 20 mai au 30 août 2015 elle est présentée à Paris, à la porte de Versailles[82], où le nombre de visiteurs (60 000) s'est avéré être très en deçà des prévisions[83], puis à Genève d'octobre 2015 à janvier 2016[84], où l'exposition est vue par 80 000 personnes[85].
160
+
161
+ À partir de 2016, plusieurs escales asiatiques sont prévues[83]. D'avril à septembre 2016[86], à Gwangmyeong, en Corée du Sud, l'exposition se tient à l'intérieur d'un bâtiment créé spécialement par l'architecte français Jean Nouvel, au cœur d'un nouveau parc de loisirs récemment ouvert au public[85] et attire 300 000 visiteurs pour 180 000 entrées payantes[87]. D'octobre 2016 à février 2017, Tokyo l'a accueillie dans les locaux du Musée national de la nature et des sciences[88]. Cette exposition s'accompagne de la présentation de 150 pièces originales du Périgord préhistorique, prêtées exceptionnellement par trois musées français, le Musée national de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac, le Musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye et le Muséum national d'histoire naturelle de Paris[88]. Elle a été vue par 265 000 personnes, dont l'empereur Akihito et l'impératrice Michiko[89]. Deux autres étapes japonaises sont ensuite prévues en 2017 au musée d'art et d'histoire de Tōhoku à Tagajō de mars à mai, puis au musée national de Kyūshū à Fukuoka de juillet à septembre[88],[89]. Elle s'expose ensuite en Chine de septembre 2017 à février 2018 au musée de la science et de la technologie de Shanghai[89] où 200 000 visiteurs l'ont déjà vue[90].
162
+
163
+ En 2018, financée en partie par le mécénat de plusieurs entreprises françaises, l'exposition fait étape en Afrique du Sud, à Johannesbourg, du 17 mai au 1er octobre[91].
164
+
165
+ En 2019, l'exposition fait halte de mi-avril jusqu'en septembre au parc olympique de Munich, en Allemagne[92]. En 2020, du 1er février au 31 mai, elle fera étape en Italie au musée archéologique national de Naples, puis au Maroc, à l'Institut français de Casablanca de juillet 2020 à janvier 2021[93].
166
+
167
+ Ensuite, l'exposition pourrait être enrichie de panneaux concernant notamment la « salle des Taureaux », partie la plus connue de la grotte originale[94], si les négociations avec l'État français, propriétaire des droits à l'image de la grotte, aboutissent[93].
168
+
169
+ Un centre international de l'art pariétal présentant, entre autres, un fac-similé intégral de toutes les parties ornées de la grotte de Lascaux (salle des taureaux, diverticule axial, passage, puits, abside et nef[95]) voit le jour à proximité du site original fin 2016. Un concours d'architectes a été lancé pour ce projet aussi appelé Lascaux 4. Le 18 octobre 2012, parmi 163 offres parvenues, le comité de pilotage a retenu comme équipe définitive le cabinet norvégien Snøhetta[96].
170
+
171
+ Le 10 septembre 2012, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, insiste sur la nécessité de réaliser des économies dans un contexte de crise, pour annoncer l'abandon de nombreux projets lancés par ses prédécesseurs, dont le projet Lascaux 4 : « Lascaux 4, autrement dit le Centre d'art pariétal, 50 millions d'euros pour un projet non prioritaire, nous l'arrêtons... »[97]. La part de l'État dans ce projet ne représente qu'un tiers, le reste demeurant réparti à parts égales entre la région et le département[98]. Le jour même, Bernard Cazeau, président du conseil général de la Dordogne, indique que le projet continuera en faisant appel au mécénat et aux fonds européens pour pallier la défection de l'État[98]. Le mois suivant, après rencontre avec les instances politiques régionale et départementale, la ministre indique qu'à partir de 2014, un crédit de quatre millions d'euros serait néanmoins débloqué[99].
172
+
173
+ Les travaux, sous maîtrise d'ouvrage du conseil général de la Dordogne, débutent au printemps 2014 et s'achèvent mi 2016 ; l'ouverture au public est initialement prévue en juillet 2016[84]. Parmi les mécènes figurent le Crédit agricole avec 700 000 euros, la fondation EDF (500 000 euros) et le groupe Maïsadour (300 000 euros)[100].
174
+
175
+ Concernant la construction du site, le groupe NGE a lui aussi participé au projet. Ses filiales Lagarrigue, Siorat, GTS et Sud Fondations ont contribué à la construction du célèbre projet Lascaux IV[101], notamment sur les travaux géotechniques, de sécurisation, d’équipement de la route et de génie civil. La réplique de la grotte fait partie de l’immense Centre international de l’Art pariétal de Montignac. Construit semi-enterré, le Centre d’art pariétal a pour objectif de sanctuariser la colline de Lascaux afin de préserver l’état d’origine de la grotte. Ainsi, le bâtiment semi-enterré ne dépasse pas la hauteur de huit mètres sur une longueur de 150 mètres. La rénovation du site a coûté au total 57 millions d’euros. L’ensemble de cette somme a été financé par l’État français, l’Europe, le département de la Dordogne[102] et la région (Aquitaine puis Nouvelle-Aquitaine).
176
+
177
+ En septembre 2015, Germinal Peiro, le président du conseil départemental de la Dordogne, précise que contrairement aux prévisions initiales, Lascaux 4 n'ouvrira que fin 2016. Ce report est dû à des problèmes techniques successifs : découverte d'une source lors des travaux de terrassement, puis liquidation judiciaire de l'entreprise de charpentes métalliques chargée de la couverture du site, cette même société étant ensuite reprise sous forme de Scop pour l'achèvement des travaux[103].
178
+
179
+ En janvier 2016, l'Atelier des fac-similés du Périgord, comprenant trente-quatre personnes (« peintres, plasticiens, restaurateurs d'art,décorateurs, sculpteurs, résineurs, serruriers, infographistes et [...] informaticiens ») a réalisé en deux ans et demi trente-six panneaux représentant 900 m2 de surfaces ornées[73]. La reproduction totale et à l'échelle de la grotte peinte est faite dans des blocs de polystyrène réalisés par fraisage numérique et assemblés en parois, leur relief est ensuite affiné et modelé à la main par des modeleurs et sculpteurs avec un enduit à base de pâte à papier, à l'aide de photos projetées sur la coque. Puis un moule en élastomère est coulé dessus et un contre-moule en résine appliqué sur le moule. Après la fabrication millimétrée de la structure métallique-support, la coque résine reconstitue la paroi grâce au « voile de pierre » (mélange d'acrylique et de poudre) qui reproduit fidèlement l’épiderme minéral de la roche sur lequel sont appliquées les patines colorées et les peintures pariétales[104]. Les premiers panneaux en résine sont transportés sur le site définitif en février et mars 2016[105].
180
+
181
+ L'ouverture de Lascaux 4 au public est effective le 15 décembre 2016 conformément aux prévisions de 2015[105], après une inauguration anticipée le 10 décembre en présence du président de la République François Hollande, de la ministre de la Culture Audrey Azoulay et de Simon Coencas (89 ans)[106], dernier survivant du groupe ayant pénétré dans la grotte le 12 septembre 1940.
182
+
183
+ Une visite virtuelle à partir de prises de vue panoramiques permet de se faire une idée de la réalisation[107].
184
+
185
+ À la mi-juillet 2019, deux ans et demi après l'ouverture, Lascaux 4 a reçu un million de visiteurs[108]. Lors des deux mois les plus chargés, juillet et août qui représentent 60 % de son chiffre d'affaires annuel, le site emploie 128 personnes, soit le double de l'effectif permanent[108].
186
+
187
+ La grotte de Lascaux a été représentée sur une pièce de monnaie de 10 euros dédiée à la région française de l'Aquitaine en 2011[109]. Les euros des régions ont été émis par la Monnaie de Paris, avec chaque année un thème différent, dont les monuments en 2011.
188
+
189
+ Le 16 avril 1968, l'administration postale française a émis un timbre-poste d'une valeur de 1,00 franc de la « grotte préhistorique de Lascaux »[110] représentant « les vaches du Diverticule axial »[111].
190
+
191
+ Un autre timbre d'une valeur de 0,88 euro représentant « un des grands taureaux de la Rotonde suivi par un cheval » est mis en vente le 29 avril 2019 (en avant-première les 26 et 27 avril à Lascaux 4)[111]. Créé par Elsa Catelin, il est nominé pour le prix du plus beau timbre de l'année 2019[112].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Bandes dessinées :
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+ DVD :
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+ Les liens externes doivent être des sites de référence dans le domaine du sujet. Il est souhaitable — si cela présente un intérêt — de citer ces liens comme source et de les enlever du corps de l'article ou de la section « Liens externes ».
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+ Batailles
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+ La guerre de Sécession ou guerre civile américaine (généralement appelée « The Civil War » /ðə ˈsɪvəl wɔɹ/[1], litt. « la Guerre civile » aux États-Unis[2]) est une guerre civile survenue entre 1861 et 1865 et opposant les États-Unis d'Amérique (« l'Union »), dirigés par Abraham Lincoln, et les États confédérés d'Amérique (« la Confédération »), dirigés par Jefferson Davis et rassemblant onze États du Sud qui avaient fait sécession des États-Unis.
8
+
9
+ L'Union comprend tous les États abolitionnistes et cinq États « frontaliers » esclavagistes et est dirigée par Abraham Lincoln et le Parti républicain. Lincoln est profondément opposé à l'esclavage et souhaite son abolition dans les territoires détenus par les États-Unis[3]. Sa victoire à l'élection présidentielle de 1860 entraîne une première sécession de sept États du Sud, avant même que Lincoln ne prenne ses fonctions.
10
+
11
+ Les combats commencent le 12 avril 1861, lorsque les forces confédérées attaquent une installation militaire de l'Union à Fort Sumter, dans la baie de Charleston en Caroline du Sud, parce que les soldats nordistes ont refusé de l'évacuer malgré les menaces des sudistes[4]. Lincoln répond en mobilisant une armée de volontaires dans chaque État, ce qui conduit à la sécession de quatre États esclavagistes sudistes supplémentaires. Durant la première année de la guerre, l'Union s'assure du contrôle de la frontière des États sécessionnistes et établit un blocus naval alors que les deux camps renforcent leurs armées et leurs ressources. En 1862, des batailles telles que celles de Shiloh et d'Antietam causent des pertes sans précédent dans l'histoire militaire américaine.
12
+
13
+ Dans l'Est, Robert E. Lee, commandant de l'armée de Virginie du Nord puis général en chef de l'armée confédérée, remporte une série de victoires sur l'armée de l'Union mais il perd la bataille de Gettysburg au début de juillet 1863, ce qui est un tournant de la guerre. La prise de Vicksburg et celle de Port Hudson par Ulysses Grant achèvent la prise de contrôle du Mississippi par les troupes de l'Union. Grant mène de sanglantes batailles d'usure contre Lee en 1864, l'obligeant à défendre Richmond en Virginie, la capitale des Confédérés. Le général de l'Union William Sherman prend Atlanta en Géorgie, et commence sa marche vers la mer, dévastant une large bande de la Géorgie. La résistance des Confédérés s'effondre après la reddition du général Lee au général Grant à Appomattox le 9 avril 1865.
14
+
15
+ Outre un nombre indéterminé de victimes civiles, cette guerre provoque la mort de 620 000 soldats, dont 360 000 nordistes et 260 000 sudistes, ce qui en fait la guerre la plus meurtrière qu'aient connue les États-Unis à ce jour. La très grande majorité des soldats étaient natifs des États-Unis. Concernant la participation non américaine, on a avancé le nombre de 60 000 étrangers. Avec la guerre de Crimée qui la précède, elle est considérée par les historiens comme la charnière technique entre les guerres napoléoniennes et les guerres modernes qui suivirent. Elle affirme la prépondérance du modèle économique du Nord, l'industrie employant des ouvriers, sur celui du Sud, l'agriculture employant des esclaves[5]. Elle met fin à l'esclavage aux États-Unis, restaure l'Union et renforce le rôle du gouvernement fédéral. Les conséquences économiques, politiques et sociales de cette guerre continuent d'influer sur la pensée américaine contemporaine.
16
+
17
+ La guerre de Sécession (connue aussi sous le nom de Guerre civile américaine) plonge ses racines profondément dans l'histoire des États-Unis. Elle naît d'une opposition entre le Nord et le Sud qui remonte à l'époque de la naissance du pays. Après la guerre d'indépendance, les États-Unis constituent un État faible en raison des articles de la Confédération, une ébauche de constitution qui malgré son avant-gardisme, se retrouve très vite insuffisante. Elle ne peut notamment pas imposer des taxes ou contrôler le commerce entre les États de l'Union[6]. Elle est une « alliance » entre les treize États fondateurs, écrite rapidement pour parer au plus pressé, en l'occurrence s'unir contre la métropole britannique, mais en 1787, la question de l'inefficacité du gouvernement fédéral se pose de nouveau lors d'une querelle de frontière entre la Virginie et le Maryland.
18
+
19
+ Une convention est alors appelée pour amender la Constitution. Cette convention fera bien plus que la simple tâche qui lui a été assignée, puisqu'elle écrira une nouvelle constitution, qui deviendra la Constitution des États-Unis d'Amérique. Il reste qu'il faut que cette constitution soit ratifiée, et cela par neuf des treize États alors membres. Une clause avait été prévue pour abolir l'esclavage et garantir à tout citoyen américain les mêmes droits, mais devant la réticence de plus en plus forte des États du Sud, fortement intéressés par la question ��conomique, elle fut abandonnée. Devant le besoin de faire ratifier la nouvelle constitution, qui bouleversait les relations entre les États et le gouvernement fédéral, renversant les rapports de force, et passant d'une union d'États (confédération) à un État d'union (État fédéral), la convention abandonne certains de ses amendements réformistes en vue de favoriser la signature d'une Constitution impopulaire dans certains États, particulièrement dans les États du Sud par tradition plus indépendantistes et plus enclins à refuser la tutelle d'un gouvernement fédéral, et c'est ainsi que pour conserver l'Union, l'abolition de l'esclavage est abandonnée[6], créant un vide qui rattrapera très vite les États-Unis.
20
+
21
+ Dans son Histoire populaire des États-Unis, Howard Zinn fait valoir que la scission des États sudistes eut lieu même avant la prise de fonctions officielle de Lincoln, et fut motivée par des différends concernant la politique économique à suivre. Les États du Nord hébergeaient l'essentiel des abolitionnistes du pays (qui n'avaient pas le droit d'officier dans le Sud) et avaient aboli l'esclavage, tout en organisant cependant son commerce. Ces États disposaient d'une main-d’œuvre mobile, disponible et à bon marché. Les élites du Nord étaient tournées vers un marché intérieur et favorisaient une forme de Protectionnisme. Lincoln, en proposant des protections tarifaires et une Banque des États-Unis, représentait ainsi leurs intérêts. Le Sud était quant à lui libre-échangiste, orienté vers l'Europe pour ses exportations de matières premières (coton, textile), mû par un esprit de tradition européenne et de mentalités différentes. La grande majorité des Sudistes (pour la plupart vivant en milieu rural) défendaient dans leur esprit simplement leur terre, leur État contre les prétentions du Nord[non neutre]. La confrontation menaçait. Alexis de Tocqueville exprime d'ailleurs ses craintes à ce sujet dans De la démocratie en Amérique (1835). L'opposition des deux philosophies économiques se concrétisa dès 1832. Cette année-là, le Congrès fédéral (dominé par le Nord après l'avoir été dès sa création par le Sud) ordonne un nouveau droit de douane, qui menaçait, selon la Caroline du Sud, tous les équilibres fondamentaux de son économie.
22
+
23
+ Ce conflit s'expliquerait donc avant tout par une différence entre les intérêts matériels et politiques des élites Yankees et confédérées. Quelques États esclavagistes restèrent ainsi dans l'Union, ce qui tend à indiquer que l'axe du conflit n'était pas, fondamentalement, en tout cas au départ, la question morale de l'esclavage[7]. Il convient cependant de rester prudent face aux différentes tentatives de remettre en question les causes premières de ce conflit. Là où Zinn écrit en tant qu'historien soucieux de nuancer un récit officiel manichéen, des auteurs réactionnaires ont tenté de s'emparer de la place ambiguë de l'abolition de l'esclavage dans le déclenchement de la guerre afin de réhabiliter le Sud à des fins de démonstration politique. C'est par exemple le cas d'Alain de Benoist, figure de proue de la Nouvelle Droite en France, qui dans son antimodernisme veut voir la guerre de Sécession comme le baroud d'honneur romantique d'une société traditionnelle tenant tête à l'industrialisation. Le conflit serait selon lui le reflet d'un antagonisme profond entre le Nord des États-Unis, porte-drapeau du capitalisme industriel et financier, et par là-même du salariat, et un Sud agraire dont la prospérité provenait de la culture et du commerce du tabac, puis du coton. Sur 1,8 million de familles blanches, fait valoir de Benoist, le Sud comptait 380 000 familles propriétaires d'esclaves. Le but principal d'Abraham Lincoln aurait donc été d'empêcher la sécession du Sud et d'imposer le modèle industriel nordiste[5]. Les arguments de Benoist, qui prétend déterminer les raisons du conflit en faisant le décompte des différents métiers de la population sudiste, ne tiennent cependant pas face à des démonstrations plus systématiques comme celles de Zinn. S'il est vrai que la majeure part des sudistes n'étaient pas maîtres de plantation, il est tout aussi vrai que la majorité des « Yankees » n'étaient pas des industriels.
24
+
25
+ En novembre 1860, le candidat républicain Abraham Lincoln est élu avec seulement 39,8 % des voix. Les États du Sud, qui avaient annoncé leur sécession si Lincoln était élu, le vécurent comme une véritable déclaration de guerre et entamèrent aussitôt un processus de sécession de l'Union pour former les États confédérés d'Amérique.
26
+
27
+ Un complot pour assassiner le nouveau président avant son investiture, précédé de nombreuses lettres de menace, est déjoué le 23 février 1861 à Baltimore.
28
+
29
+ Les États confédérés d'Amérique regroupent la Caroline du Sud, le Mississippi, la Floride, l'Alabama, la Géorgie, la Louisiane, le Texas, la Virginie, l'Arkansas, le Tennessee et la Caroline du Nord.
30
+
31
+ Le Nord demandait des droits de douane pour protéger son industrie naissante. L'existence de l'esclavage dans le Sud n'en faisait pas un bon débouché pour la vente des machines du Nord.
32
+ Le choix des nouveaux États et territoires de l'Ouest devenait déterminant. Le Sud espérait trouver dans l'Ouest un soutien pour le maintien de l'esclavage. Le Nord voulait au moins bloquer toute propagation de l'esclavage dans d'autres États. La guerre de Sécession était prête alors à éclater.
33
+
34
+ La guerre de Sécession (terme européen) fut déclenchée par une attaque de l'armée des États confédérés sur Fort Sumter à Charleston (Caroline du Sud) tenu par des unités restées fidèles au gouvernement fédéral.
35
+
36
+ L'US Army, qui en 1860 n'avait que 16 367 hommes, avait commencé à mobiliser et à décupler ses effectifs, la conscription n'existant pas au début de ces événements et une partie de ses officiers prenant le parti de la Confédération.
37
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38
+ L'armée des États confédérés l'emporta au début des hostilités et certains de ses commandants, en particulier le général Robert E. Lee bien que sa campagne de Cheat Moutain en septembre 1861 se soit « soldée par un lamentable échec » et qu'il soit rappelé à Richmond[9], furent de brillants stratèges. Les généraux nordistes, forts d'une écrasante supériorité numérique et matérielle, n'ont pas eu de grands scrupules à lancer de sanglantes offensives (comme, plus tard, les généraux de la Première Guerre mondiale). À l'opposé, le commandement sudiste, bien formé et conscient de son infériorité numérique, a davantage ménagé le sang de ses hommes par des tactiques plus élaborées. Néanmoins, les trois batailles les plus sanglantes de la guerre (Gettysburg, Chickamauga et Chancellorsville) sont des combats où les confédérés sont à l'offensive.
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+
40
+ Pendant l'été 1863, Lee joua son va-tout en envoyant ses troupes dans le Nord jusqu'en Pennsylvanie. Il se heurta à l'armée de l'Union à Gettysburg. La bataille la plus meurtrière qui ait jamais été livrée sur le sol américain a alors lieu (avec plus de 10 000 morts et 30 000 blessés sur l'ensemble des deux camps)[10]. Au bout de trois jours de combats désespérés, les Confédérés durent s'avouer vaincus. Au même moment, sur le Mississippi, le général nordiste Ulysses S. Grant prenait la ville de Vicksburg. L'Union contrôlait désormais toute la vallée du Mississippi, coupant en deux la Confédération. Mais la guerre n'était pas finie.
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+ Le conflit s'acheva deux ans plus tard, après une longue campagne où s'affrontèrent les armées commandées par Lee et Grant, grâce à l'apparition progressive d'habiles généraux nordistes comme Ulysses S. Grant et William T. Sherman. L'Union réussit à envahir les États du Sud. Les Confédérés capitulèrent le 9 avril 1865. La bataille d'Appomattox met fin à la guerre de Sécession.
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+ Le général Ulysses S. Grant, qui s'est emparé six jours plus tôt de Richmond, la capitale des Confédérés du Sud, reçoit la reddition du général Robert E. Lee, qui commande l'armée sudiste. Celui-ci capitule avec les 26 000 hommes qui lui restent.
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+ Le général Joseph Johnston se rend à son tour le 26 avril 1865 au général William T. Sherman. L'ultime reddition a lieu le 23 juin 1865. Elle est le fait du général de brigade Stand Watie qui a la particularité d'être un chef cherokee et le seul général amérindien de la guerre de Sécession.
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+ Jefferson Davis, le président de la Confédération sudiste, tente de s'enfuir vers le Mexique mais il est rattrapé par une colonne de cavalerie et sera emprisonné sans jugement pendant deux ans.
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+ À l'ouest du Mississippi, le Nord et le Sud se livrèrent une guerre radicalement différente de ce qu'elle fut à l'est. Elle se déroula sur une très vaste étendue, impliqua des Blancs, des Noirs et des Indiens, souvent pour des enjeux qui remontaient à de vieilles rivalités et à des rancunes tenaces qui se dénouèrent sur le terrain avec la plus brutale sauvagerie — sorte de guerre dans la guerre qui survécut quelque temps à la cessation officielle des hostilités.
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+
52
+ Au moment de la sécession, le Texas, l'Arkansas et la Louisiane quittèrent l'Union pour la Confédération, tandis que les sympathisants sudistes du Missouri s'efforçaient - en vain - d'entraîner leur État dans la scission. Tout l'Ouest s'était passionné pour les luttes qui avaient fait « saigner le Kansas » dans les années 1850, de sorte que les lignes de démarcation étaient déjà tracées quand éclata la guerre de Sécession.
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54
+ En août 1861, les Confédérés envahirent le Missouri, par leur victoire de Wilson's Creek, qui leur permit de s'emparer de la plus grande partie du territoire. Ils furent toutefois incapables de conserver leur avantage ; au printemps suivant, à Pea Ridge, les nordistes les forcèrent même à abandonner le Nord de l'Arkansas. Pendant les deux années suivantes, le Missouri et l'Arkansas demeurèrent aux mains des forces de l'Union, mais durent subir les raids sanglants de bandes d'irréguliers se réclamant de la Confédération, dirigés par des chefs tels que William Quantrill et William « Bloody Bill » Anderson. Les exactions de ces guérillas sudistes atteignirent un degré tel qu'elles devinrent extrêmement gênantes pour les autorités confédérées. En août 1863, par exemple, William Quantrill mit à sac Lawrence, au Kansas, et massacra 150 civils. Il pillait et tuait sans hésiter, au nom de la Confédération, mais sans en avoir reçu le moindre commandement.
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56
+ En 1864, la Confédération s'attaqua de nouveau à l'Arkansas et au Missouri, d'abord par une campagne de printemps qui repoussa les nordistes jusqu'à Little Rock, puis à l'automne, lorsque le général Sterling Price, à la tête d'une force de cavalerie, remonta le Missouri jusqu'à sa défaite à Westport. Au printemps, le camp adverse avait subi, lui aussi, un revers : le général Nathaniel Banks avait remonté la Red River vers l'intérieur de la Louisiane, dans l'espoir de prendre pied au Texas, d'anéantir la récolte de coton et d'empêcher les renforts confédérés de passer à l'est du Mississippi, mais ses erreurs monumentales faillirent aboutir à son encerclement, et son entreprise se solda par un quasi-échec.
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+ Dans les derniers temps de la guerre, les combats se firent plus âpres dans les Plaines et la Prairie. Courtisés par l'un et l'autre camp, les Cherokees et autres tribus indiennes combattirent souvent sous les deux uniformes. Le Cherokee Stand Watie, par exemple, devint général de brigade dans les rangs confédérés ; à la tête de ses troupes, il fut le dernier des rebelles à se rendre, à la fin du mois de juin 1865.
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60
+ La guerre de Sécession fut un épisode traumatisant de l'histoire des États-Unis. Elle régla cependant deux problèmes en suspens depuis 1776 : elle permit d'abolir l'esclavage et de confirmer que le pays ne se composait pas d'États semi-indépendants mais formait une nation, unie et indivisible[réf. nécessaire].
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62
+ Durant les quatre ans de cette guerre, plus de 3 millions d'hommes ont été requis et 624 500 ont été tués (soit 2 % de la population de l'époque) et près de 500 000 ont été blessés[11]. Le conflit a fait ainsi à lui seul plus de victimes que toutes les autres guerres auxquelles les États-Unis ont participé depuis[11].
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64
+ Le Nord perdit au total 359 000 hommes — soit presque un soldat sur cinq — et le Sud en perdit 258 000 « seulement, à comparer au Nord », soit presque un soldat sur quatre (néanmoins ces chiffres pour le Sud sont considérés comme étant trop bas)[12]. Plus d'hommes moururent d'épidémies et de maladies que sur le champ de bataille, le rapport étant de un pour quatre. 56 000 hommes moururent dans les camps de prisonniers[13].
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66
+ En 2011, l'historien et démographe J. David Hacker montre dans une étude que le nombre de victimes fut en réalité de 20 % supérieur aux estimations données habituellement. Il avance le chiffre de 750 000 morts pendant la guerre, soulignant que c'est essentiellement dans les armées du Sud que les chiffres avaient été sous-estimés[12].
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68
+ Aux pertes militaires s'ajoutent quelques dizaines de milliers de victimes civiles. Ce conflit est, devant la Seconde Guerre mondiale, le plus meurtrier qu'aient connu les États-Unis (plus de 600 000 morts pour le premier, plus de 400 000 pour le second). En 2013, soit près de 150 ans après la guerre de Sécession, les États-Unis payent encore deux pensions dues à cette guerre[14].
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70
+ Les destructions opérées durant la guerre par l'Union victorieuse, suivies par des politiques d'exploitation économique, notamment par les carpetbaggers (immigrants économiques venant du Nord, voyageant avec un sac de voyage en toile à tapis) associés aux scalawags, natifs du Sud collaborant avec le nouveau pouvoir (et perçus comme des brebis galeuses), causèrent une amertume tenace parmi les anciens confédérés et leur descendance envers le gouvernement fédéral[réf. nécessaire].
71
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72
+ Cet échec, en apaisant cette partie du pays, fit surgir des difficultés persistantes pendant plusieurs décennies notamment pour faire appliquer les droits civiques des Noirs dans le Sud et vit un exode massif vers le Nord face à des organisations terroristes telles que le Ku Klux Klan. Pour autant, dans le nord, les anciens esclaves n'étaient pas si bienvenus que cela et souffraient du chômage ou d'un emploi très mal payé.
73
+
74
+ La guerre de Sécession trouve un caractère original selon les historiens pour deux raisons principales :
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76
+ Elle est considérée comme la première des guerres modernes dans le sens où l'importance de l'économie et de l'industrie y joua un rôle déterminant[11]. Ce fut également la « première guerre idéologique » dans la mesure où l'on présenta l'affrontement entre le Sud et le Nord comme étant motivé avant tout par la question de l'esclavage. Elle possède un caractère de guerre totale dans lequel comme l'écrit le général William Tecumseh Sherman, « nous ne combattons pas des armées ennemies, mais un peuple ennemi : jeunes et vieux, pauvres et riches aussi bien que les militaires doivent sentir la poigne de fer de la guerre »[11]. Cette conception de la guerre aura pour conséquence la politique de la terre brûlée et de guerre totale qu'il mène contre les États confédérés[15].
77
+
78
+ En 1860, la population des États-Unis était de 32 millions d'habitants, dont 4 millions d'esclaves. Au cours des 50 dernières années, le taux de croissance avait été quatre fois plus élevé qu'en Europe, phénomène expliqué par l'immigration et un taux de natalité élevé chez une population plus jeune. Paradoxalement, l'accroissement naturel de la population américaine commença à ralentir au vu d'un effort parental à vouloir mieux se concentrer sur la qualité de leur éducation par peu d'enfants[pas clair]. Combiné à un taux de mortalité décroissant et une immigration croissante, la dénatalité se trouvait alors compensée[16].
79
+
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+ L'armée régulière des États-Unis en 1860 était composée de 16 637 militaires d'active. En 1876, ses effectifs étaient de 27 442 hommes.
81
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82
+ Les chiffres ci-dessus représentent le total des effectifs. Toutefois, parfois l'absentéisme atteignait 35 % dans les rangs de l'Union et plus de 50 % dans ceux de la Confédération.
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+ Les démocrates américains répugnaient à autoriser la conscription en temps de paix. La guerre d'indépendance américaine avait institué la tradition d'une armée mixte : une milice de citoyens renforcée par une petite armée régulière.
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+ Mais durant cette guerre, les volontaires furent trop peu nombreux à soutenir les armées de la Confédération comme celles de l'Union, ce qui obligea la première en avril 1862 et la seconde en mars 1863 à recourir à la conscription. Celle-ci augmenta cependant d'autant plus le ressentiment populaire que le système des quotas par localité permet aux riches d'acheter des remplaçants[18].
87
+
88
+ Le Conscription Act ne réussit à fournir à l'Union que 6 % de ses effectifs, mais la menace de la conscription à laquelle s'ajoutait la perspective de primes suscita un engagement massif de volontaires : plus d'un million d'hommes s'enrôlèrent au cours des deux dernières années de ce conflit.
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+ Chez les Confédérés, la conscription représenta 20 % de leurs effectifs, mais là aussi la peur du recrutement poussa beaucoup de Sudistes à s'engager.
91
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92
+ Cette guerre fut l'une des premières au monde à mettre en œuvre à grande échelle les ressources et les moyens de transport de l'ère industrielle. Les armées du Sud trouvent même à se financer via une levée de fonds géante à la Bourse de Paris. Elle préfigura les guerres du XXe siècle par une mobilisation nationale, allant par moments jusqu'à la guerre totale qui entamerait profondément les ressources de la société civile, de même que les exigences du conflit, aussi bien militaires qu'économiques, accablèrent le Nord et écrasèrent le Sud.
93
+
94
+ Le Nord, plus industriel, disposait d'un avantage considérable sur son ennemi car il possédait 35 420 des 49 190 km de voies ferrées qui sillonnaient le pays. De plus, son réseau avait été mieux élaboré, mieux construit et mieux entretenu que celui du Sud, plus agraire. L'écartement des voies ferrées était aussi différent : de 1 435 mm (4 pieds 8 pouces et demi) pour certains États du Nord et de 5 pieds pour certains États du Sud. Ceci occasionnait des transbordements obligatoires d'une compagnie de chemin de fer à une autre, donc une perte de temps.
95
+
96
+ Ce fut la première fois qu'ils furent employés à de vastes mouvements de troupes entre les fronts.
97
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98
+ La supériorité du réseau ferroviaire apporta la preuve des redoutables ressources industrielles de l'Union, et bien souvent sa capacité à remplacer immédiatement le matériel perdu se chargea d'annuler les victoires remportées par les généraux sudistes.
99
+
100
+ Les arsenaux de l'Union, nationaux et privés, produisirent à peine 50 000 petites armes à feu en 1860 contre 2,5 millions pendant la durée de la guerre. Quant au Sud, il en importa du Royaume-Uni et de France 600 000 malgré le blocus, en fabriqua une partie, et en récupéra une bonne part sur les champs de bataille[19].
101
+
102
+ Pendant la guerre, les salaires des ouvriers du Nord diminuèrent de 35 %[18].
103
+
104
+ Sur le plan économique, en plus de la faiblesse de son industrie et de sa logistique qui empêcha un bon approvisionnement de ses forces armées et de sa population qui connut de lourdes situations de pénurie aussi bien en matériel qu'alimentaire[20], la Confédération a commis une erreur stratégique énorme en bloquant d'elle-même l'exportation du Roi Coton pour tenter de faire pression sur le Royaume-Uni et la France. En effet, l'industrie textile faisait vivre respectivement cinq millions et un million de personnes dans ces pays à l'époque et à la veille de la guerre, les Américains produisent 716 000 des 850 000 tonnes de coton consommés chaque année dans le monde, dont les trois-quarts prennent la direction des usines britanniques[21].
105
+
106
+ Mais l'Europe, pour ne pas se mettre en porte-à-faux avec l'Union, se tourna vers d'autres sources d'approvisionnement (l'Inde notamment) et cette manœuvre ne fit que priver le Sud de sa plus importante source de revenus.
107
+
108
+ Un blocus sévère de l'US Navy, qui captura 1 551 bâtiments de commerce et en détruisit 355, combiné à la perte des liaisons terrestres avec le Mexique fit que le pays vécut en quasi autarcie. D'ailleurs, les sudistes construisirent le premier sous-marin militaire, le Hunley (exposé au Charleston muséum) afin de couler des navires nordistes. Il en coula un et sombra en même temps que sa victime.
109
+
110
+ Le prix du moindre article de luxe ou manufacturé était prohibitif. En 1864, alors que la solde mensuelle d'un soldat était de 18 $ et d'un général de 200 $, une brosse à dents valait 8 $, un couteau de poche ou une livre de café 18 $, et une paire de gants pour dame 33 $.
111
+
112
+ L'économie à la fin du conflit était ruinée et était redevenue en partie un système de troc.
113
+
114
+ Le Nord vit au contraire son industrie se renforcer pour satisfaire à l'effort de guerre et poursuivre l'œuvre de développement du pays entamé avant la guerre. De plus, les vastes champs de blé des États du Midwest ont sauvé la balance commerciale en multipliant par trente leurs exportations vers l'Europe passant de 90 000 quarter en 1859 à plus de 3 millions en 1863.
115
+
116
+ La disparité économique entre les deux camps eut une influence décisive sur la stratégie. Le seul souhait des États confédérés d'Amérique n'était pas de conquérir le Nord - ce qui était manifestement au-dessus de ses ressources - mais de se battre jusqu'à l'épuisement du Nord, ou surtout jusqu'à ce qu'une intervention européenne mît fin à la guerre.
117
+
118
+ Le président de la Confédération Jefferson Davis avait le choix entre défendre les frontières de celle-ci ou autoriser Robert E. Lee à envahir le Nord, comme il le fit en deux occasions, dans l'espoir que quelques victoires sur le sol ennemi démoraliseraient les Nordistes.
119
+
120
+ Davis était également confronté à des priorités stratégiques contradictoires. Le théâtre de l'Est était d'une importance évidente dans la mesure où les capitales ennemies se trouvaient proches l'une de l'autre et où s'emparer de l'une d'elles pouvait avoir des répercussions énormes. Mais le théâtre de l'Ouest, plus vaste, était tout aussi vital, car les principales voies ferrées transversales de la Confédération traversaient la région de Chattanooga-Atlanta.
121
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122
+ Finalement, Davis préféra la défense frontalière à l'« offensive-défensive » de Lee, mais adopta une politique de compromis en divisant la Confédération en départements dont les commandants assureraient la défense et le transfert des réserves par chemins de fer.
123
+
124
+ C'était une stratégie conçue pour gagner du temps, pendant lequel l'Union et peut-être même la France et le Royaume-Uni en arriveraient à la conclusion que la défaite du Sud était impossible.
125
+
126
+ Les dirigeants de l'Union comprirent qu'ils ne pourraient l'emporter qu'en conquérant le Sud et plus tard en détruisant l'armée confédérée.
127
+
128
+ Lors des premières opérations de la guerre, le lieutenant-général Winfield Scott présenta son plan Anaconda, destiné à asphyxier le Sud par un blocus naval (la quasi-totalité de l'US Navy étant restée dans les mains du gouvernement fédéral à la déclaration de guerre) associé à une poussée en aval du fleuve Mississippi pour diviser la Confédération. Cette approche, lente mais sûre, n'obtint pas l'approbation des politiciens ni celle du peuple, pour lesquels le mot de ralliement était : « À Richmond ! ».
129
+
130
+ Elle n'emporta pas non plus l'adhésion de Lincoln, qui pressait ses généraux de « détruire l'armée rebelle » en une seule bataille décisive. Son attitude énergique poussa ces derniers à s'embarquer dans des projets contre lesquels ils nourrissaient de solides préventions : il était moins facile de détruire une armée dans les conditions géostratégiques de l'Amérique du Nord que Lincoln voulait bien l'admettre.
131
+
132
+ Le fait que la stratégie se limitât à un seul objectif ne s'expliquait pas seulement par l'incompétence initiale des officiers nordistes, bien qu'elle caractérisât longtemps cette armée. Elle avait promu des soldats réguliers à des grades qui ne correspondaient pas à leurs capacités réelles, car l'inflation des effectifs entraîna une explosion de la demande d'encadrement de ces jeunes recrues. On avait dû se concilier des généraux dont les prétentions politiques dépassaient largement les compétences militaires. Les hommes de mérite mirent du temps à sortir du rang, mais grâce à la souplesse du système nordiste, Grant put devenir lieutenant-général en trois mois, et Emory Upton général de brigade à l'âge de 24 ans.
133
+
134
+ Il fallut du temps au Nord pour faire sentir toute sa puissance, et à ses chefs pour reconnaître que c'était à coups de massue et non de rapière qu'ils vaincraient le Sud. Le Nord doit beaucoup à Grant qui prit le commandement des armées de l'Union en mars 1864 et annonça immédiatement son intention d'exercer la plus forte pression contre la Confédération chancelante, en utilisant « toutes les troupes de l'armée pour les faire converger vers un même noyau ».
135
+
136
+ Durant les douze derniers mois de la guerre, la stratégie de l'Union fit preuve d'une étonnante modernité, notamment en prenant conscience que la force d'un belligérant tient d'abord à ses ressources humaines et économiques.
137
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138
+ Le Sud, comparé au Nord, était très « bourgeois ». Bien que moins industrialisé, le Sud comptait beaucoup de familles riches, notamment du fait d'une main-d’œuvre totalement exploitable et particulièrement bon marché (esclavage).
139
+
140
+ Les États-Unis de l'époque avaient déjà une grande histoire militaire. Et beaucoup de vétérans de la Révolution texane (1835-1836), de la guerre américano-mexicaine (1846-1848) et de la guerre de 1812-1815, vivaient au Sud. Les Sudistes avaient plus de tradition militaire que les Nordistes. De ce fait, beaucoup d'officiers ou de familles d'officiers bourgeois étaient originaires du Sud, ce qui explique que durant toute la première moitié du conflit, les Sudistes avaient un net avantage sur le plan des compétences.
141
+ En outre, les soldats sudistes étaient habitués à tirer au fusil et à monter à cheval, notamment pour la chasse traditionnelle, et les enfants étaient habitués dès leur plus jeune âge à manier le fusil et les cartouches.
142
+ De plus, les Sudistes, à cause d'une pauvreté plus grande, connaissaient bien la rudesse de la vie de campagne, et supportaient beaucoup mieux les privations, le manque d'hygiène, le manque de sommeil, qui étaient très durs à supporter pour les jeunes recrues nordistes souvent citadines.
143
+
144
+ Les Sudistes pouvaient compter en grande partie sur de l'équipement britannique. Ils disposaient également d'une bonne artillerie française : les canons de type Napoléon causèrent de lourdes pertes aux troupes nordistes.
145
+
146
+ Les Sudistes disposaient d'une très bonne cavalerie commandée entre autres par le général Jeb Stuart, dont notamment des unités spéciales qui étaient appelées Rangers, commandées par des officiers brillants (Mosby) ; elle avait pris naissance durant la guerre d'indépendance du Texas. Le Sud avait aussi une infanterie très tenace. En effet, les soldats sudistes défendaient leur terre, leurs familles et leurs maigres biens ruraux ; ils considéraient les nordistes comme des intrus de mentalité très différente à qui ils n'avaient rien demandé.
147
+
148
+ De plus, les meilleurs officiers s'étaient joints aux États du Sud, ce qui leur permit de nombreuses victoires. Cependant, du fait que ceux-ci combattaient avec panache en première ligne par bravoure et tradition militaire, beaucoup périrent, ce qui anéantit cet avantage.
149
+
150
+ Les Nordistes reconnurent officiellement la combativité et la ténacité des Sudistes.
151
+
152
+ Le Nord, bien industrialisé, disposait de nombreuses ressources industrielles et d'hommes d'affaires avertis. De nombreux contacts avec certains pays européens étaient également noués via des échanges commerciaux. Les ingénieurs du Nord firent un excellent travail en ce qui concerne le développement d'un armement efficace. Le fusil standard du Nord inspiré du fusil Minié était de loin supérieur à toute autre arme du même type dans le monde. Son canon rayé permettait des tirs précis. Le Nord eut la chance d'avoir les premières mitrailleuses (Gatling) vers la fin de la guerre, d'équiper certains soldats avec des armes à répétition, etc.
153
+
154
+ En chiffre brut, le Nord disposait d'un réservoir d'hommes supérieur au Sud, bien que moins entraînés et compétents que les Sudistes. Ce nombre lui permit de garder des troupes plus longtemps à l'entraînement (ce que le Sud ne pouvait se permettre), et ainsi de rattraper son retard par rapport au Sud. Le Nord se retrouva ainsi avec une armée professionnelle composée de volontaires bien entraînés et bien équipés.
155
+
156
+ La marine du Nord avait été conçue à l'origine pour tenir tête à son ancien ennemi, la Grande-Bretagne. Bien que d'une taille moyenne au début des hostilités, avec seulement 90 navires à voiles et à vapeur, elle se développa rapidement, compta 386 bateaux portant 3 027 canons fin 1862, et remplit ses missions de blocus et de soutien aux forces terrestres de façon satisfaisante. La marine du Sud, composée essentiellement de navires ravitailleurs rapides pour tromper le blocus, ne disposait que de très peu de navires de guerre, essentiellement des cuirassés et un sous-marin. On vit d'ailleurs durant cette guerre les premiers combats de cuirassés avec le Monitor contre le Merrimac et l'utilisation du sous-marin par le Sud. Les cuirassés sudistes coulèrent ou endommagèrent 28 navires fédéraux.
157
+
158
+ Fier de sa tradition, le Sud comptait beaucoup d'unités de milices d'État indépendantes. Cette tradition existait bien avant la guerre. Quand celle-ci fut déclarée, ces unités furent incorporées à l'armée mais sous le commandement de leur État respectif. Chaque régiment portait son propre uniforme distinctif, souvent très beau et impressionnant. Le Sud disposait aussi de quelques unités de zouaves en très petit nombre (cf. infra, Nord).
159
+
160
+ L'armée régulière avait comme uniforme réglementaire, au début du conflit, un uniforme d'inspiration française, soit un veston gris et bleu ciel, avec un képi souple bleu ciel, et un pantalon bleu ciel. Leur tenue était parée d'insignes et parures. Le bleu ciel du képi et sur le veston était remplacé par du jaune pour la cavalerie, du rouge pour l'artillerie et du blanc pour la marine. Au début du conflit, les sudistes étaient équipés d'armes provenant des arsenaux frontaliers. Ne pouvant rivaliser avec l'Union dans le domaine industriel, la Confédération fit importer des armes d'Europe. Les fusils les plus importés furent le Enfield Mle 1853 anglais et le fusil Lorenz 1854 autrichien. Les nombreuses victoires du Sud et les raids de ses cavaliers Rangers amenèrent la prise d'un grand nombre d'armes.
161
+
162
+ Mais cela ne dura que très peu de temps et les Confédérés se mirent à souffrir progressivement d'une grosse crise logistique. Leurs uniformes passèrent très rapidement à un uniforme totalement gris. Vers le milieu du conflit les soldats devaient se fabriquer eux-mêmes leur propre uniforme. Beaucoup de soldats n'avaient pas de chaussures et se battaient pieds nus. Les Sudistes se mirent à prendre les chaussures et les pantalons de cadavres Nordistes. La grande majorité des soldats Sudistes étaient de petits agriculteurs sans esclaves ; beaucoup n’avaient même pas de quoi se payer des chaussures et combattaient avec leur fusil de chasse personnel dont ils savaient fort bien se servir[22]. Une minorité de Sudistes aisés était assez proche de la tradition aristocratique et bourgeoise de la France et de l’Angleterre. Leurs femmes cousaient généralement les uniformes de leurs maris ou fils, surtout chez les officiers.
163
+
164
+ À la fin du conflit, un simple soldat se reconnaissait par des vêtements civils de couleur grise ou marron (vient ainsi leur surnom de butternuts) et portait généralement des chapeaux civils. Il avait comme armement des armes de Nordistes récupérées, britanniques, et des armes non réglementaires.
165
+
166
+ Les Nordistes quant à eux portaient la tenue réglementaire de l'armée américaine avant la sécession du Sud. Elle dérivait en droite ligne de celle portée durant la guerre de 1812, puis celle portée pendant la guerre du Mexique et demeurera semblable tout au long du conflit.
167
+
168
+ Elle consistait dans ses grandes lignes en un képi souple bleu foncé, un veston bleu foncé et des pantalons bleu ciel. De là vint le surnom des soldats du Nord : « Tuniques bleues ». Des motifs de couleur et galons sur l'uniforme indiquaient le type d'unité à laquelle appartenait le soldat : comme pour le sud, le bleu ciel était la couleur distinctive de l'infanterie, le jaune celle de la cavalerie, et le rouge celle de l'artillerie. La marine disposait quant à elle de tenues de matelots.
169
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170
+ Le Nord étant bien industrialisé, les Nordistes n’eurent pas de difficultés à approvisionner leurs troupes convenablement. Les uniformes des officiers et des soldats contenaient au début du conflit plus de tissu et étaient plus élaborés qu'à la fin. Pour rationaliser la production d'uniformes et faciliter l'approvisionnement de l'armée, les Nordistes inventèrent en effet pendant la guerre le concept de coupe standard des vêtements. L'armée de l'Union était équipée d'armes fabriquées aux États-Unis (Springfield Armory).
171
+
172
+ Tout comme le Sud, le Nord disposait de troupes indépendantes de milice. Leurs effectifs toutefois étaient bien plus importants. Beaucoup d'entre elles étaient des unités de Zouaves. Celles-ci portaient un uniforme chamarré inspiré de celui des zouaves français. Le port de l'uniforme de Zouave était un privilège accordé aux milices les plus valeureuses. Chaque régiment portait une tenue particulière.
173
+
174
+ L'armée de l'Union (le Nord) comptait plusieurs unités spécialisées qui portaient elles aussi des uniformes distincts. Les sharpshooter (tireurs d'élite) portaient par exemple un uniforme vert à galons verts.
175
+
176
+ Cette liste donne les principales batailles de la guerre de Sécession.
177
+
178
+ General Lee, la Dodge Charger de 1969 de Bo et Luke Duke dans la série télévisée américaine Shérif, fais-moi peur (The Dukes of Hazzard).
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+ 2 uniformes authentiques de l'Union (infanterie et cavalerie), d'époque précédent juste la guerre (1855), sont visibles dans une vitrine du Royal Danish Arsenal Museum à Copenhague : l'intendance danoise, souhaitant renouveler les tenues et l'équipement de l'armée danoise, avait commandé pour les étudier des uniformes français, anglais, prussiens et américains, ces derniers sont restés dans des armoires pendant un siècle et sont maintenant exposés[23].
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+ Ce sont les ouvrages à consulter en premier, les ouvrages fran��ais travaillant sur des sources américaines.
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+ Un acide aminé est un acide carboxylique qui possède également un groupe fonctionnel amine. De tels composés organiques ont donc à la fois un groupe carboxyle –COOH et un groupe amine, par exemple une amine primaire –NH2 ou une amine secondaire –NH–. Dans le monde vivant, on connaît environ 500 acides aminés, dont environ 149 sont présents dans les protéines[1]. Ces acides aminés peuvent être classés de nombreuses manières différentes[2] : on les classe ainsi souvent en fonction de la position du groupe amine par rapport au groupe carboxyle en distinguant par exemple les acides α-aminés, β-aminés, γ-aminés ou δ-aminés ; on peut également les classer en fonction de leur polarité, de leur point isoélectrique ou de leur nature aliphatique, aromatique, cyclique ou à chaîne ouverte, voire de la présence de groupes fonctionnels autres que le carboxyle et l'amine qui définissent cette classe de composés.
2
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+ En biochimie, les acides α-aminés jouent un rôle crucial dans la structure, le métabolisme et la physiologie des cellules de tous les êtres vivants connus, en tant que constituants des peptides et des protéines. Ils constituent à ce titre l'essentiel de la masse du corps humain après l'eau. Ils présentent, à de rares exceptions près[3], une structure générique du type H2N–HCR–COOH, où R est la chaîne latérale identifiant l'acide α-aminé. Toutes les protéines de tous les êtres vivants connus ne sont constituées — à quelques exceptions près — que de 22 acides aminés différents, parfois légèrement modifiés, dits acides aminés protéinogènes. Parmi ceux-ci, 19 acides aminés ne contiennent que quatre éléments chimiques : le carbone, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote ; deux acides aminés contiennent en plus un atome de soufre, et un acide aminé assez rare contient un atome de sélénium. Ces acides aminés forment de longs biopolymères linéaires, appelés polypeptides, dans lesquels les monomères sont unis entre eux par des liaisons peptidiques. Un acide aminé engagé dans une ou deux liaisons peptidiques au sein d'un polypeptide est un résidu d'acide aminé. L'ordre dans lequel ces résidus se succèdent dans les polypeptides est la séquence peptidique et est déterminé par les gènes à travers le code génétique, qui établit une relation entre les codons de trois bases nucléiques et chacun de ces résidus.
4
+
5
+ Les acides aminés sont quasiment tous des molécules chirales, dont les représentants naturels sont essentiellement les énantiomères L ; il existe également des acides aminés D dans les parois bactériennes et certains antibiotiques, comme la gramicidine, qui est un peptide non ribosomique. Outre leur rôle dans les protéines, les acides aminés protéinogènes peuvent également être précurseurs de biosynthèses importantes. C'est par exemple le cas de la glycine, précurseur de la porphyrine, laquelle donne l'hème des globules rouges, ainsi que de l'acide inosinique, qui donne les bases puriques des acides nucléiques. En outre, plusieurs acides aminés, protéinogènes ou non, jouent également un rôle central dans la physiologie de l'organisme, indépendamment de leur contribution aux protéines. Ainsi, la carnitine, un acide aminé non protéinogène, intervient dans le transport des lipides. Le glutamate (protéinogène) et l'acide γ-aminobutyrique (GABA, non protéinogène) sont, dans le cerveau, respectivement le principal neurotransmetteur excitateur et le principal inhibiteur du système nerveux central[4]. Il existe par ailleurs de très nombreux autres acides α-aminés biologiques non protéinogènes, dont certains dérivent des acides aminés protéinogènes par modification post-traductionnelle sur les protéines — par exemple la citrulline, qui dérive de l'arginine, et l'acide pyroglutamique, par lactamisation de l'acide glutamique — ou n'entrent pas dans la constitution des protéines — par exemple la DOPA et l'ornithine. Certains acides α-aminés naturels peuvent également être toxiques, comme l'acide domoïque, qui est une phycotoxine.
6
+
7
+ Neuf des 22 acides aminés protéinogènes sont dits essentiels pour l'homme car ils ne peuvent pas être produits par le métabolisme humain et doivent par conséquent être apportés directement par l'alimentation. D'autres acides aminés peuvent également être essentiels selon l'âge ou l'état de santé. La liste des acides aminés essentiels diffère selon les espèces : les ruminants, par exemple, obtiennent plusieurs acides aminés, qu'ils ne synthétisent pas eux-mêmes, à partir des produits de digestion par les microorganismes dans leur réticulorumen. En raison de leur importance biologique, les acides aminés sont des éléments importants en nutrition et sont couramment utilisés dans les compléments alimentaires. Diverses technologies font également appel aux acides aminés, par exemple comme engrais, en technologie alimentaire dans l'industrie agroalimentaire, en pharmacie, en chimie fine et en synthèse organique (synthèse asymétrique par exemple).
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+ Les acides aminés naturels les plus abondants sont les acides α-aminés, dont font partie tous les acides aminés protéinogènes. Hormis la glycine, dont la chaîne latérale se réduit à un simple atome d'hydrogène et dont le carbone α n'est donc pas un centre stéréogène, tous ces acides aminés sont des composés chiraux présentant une stéréoisomérie D/L. Les acides aminés protéinogènes incorporés dans les protéines par les ribosomes sont tous des énantiomères L, mais des acides aminés D peuvent être présents dans des protéines à la suite de modifications post-traductionnelles, notamment dans le réticulum endoplasmique, comme c'est le cas chez certains organismes marins tels que les gastéropodes du genre Conus[5]. Des acides aminés D sont également des constituants importants du peptidoglycanne de la paroi bactérienne[6], et la D-sérine jouerait le rôle de neurotransmetteur dans le cerveau[7].
10
+
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+ La désignation D/L provient de la position respectivement à droite ou à gauche du groupe –NH2 dans la projection de Fischer, le carboxyle se trouvant en haut dans cette représentation, avec comme ordre de priorité des groupes (selon les règles de Cahn, Ingold et Prelog) :
12
+
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+ Les acides aminés L naturels ont le plus souvent une configuration absolue S tandis que les acides aminés D ont une configuration R ; la L-cystéine et la L-sélénocystéine, acides α-aminés protéinogènes, présentent cependant une configuration absolue R en raison respectivement de l'atome de soufre et de sélénium liés au carbone β de leur chaîne latérale : les groupes –CH2SH et –CH2SeH prennent la deuxième place devant le groupe –COOH, ce qui inverse la configuration absolue par rapport aux autres acides aminés L.
14
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+ Ces énantiomères sont optiquement actifs : chaque isomère dévie la lumière plane polarisée et est dextrogyre (+) ou lévogyre (-) suivant que la rotation du plan de polarisation de la lumière suit un sens horaire ou antihoraire. Il n'y a pas de corrélation entre le sens de rotation du plan de polarisation (ou pouvoir rotatoire) et la configuration de l'acide aminé : ainsi la L-alanine est lévogyre et se note L(-)-alanine. Par convention, il y a correspondance entre la représentation des oses et celle des acides aminés.
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+
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+ Certains de ces acides aminés, comme la thréonine et l'isoleucine, possèdent un 2e carbone asymétrique. Dans ce cas, le composé naturel (2S, 3R) est appelé L, son énantiomère (2R, 3S) est appelé D, les deux autres stéréoisomères (2S, 3S et 2R, 3R) dont les positions relatives des substituants sont différentes sont appelés allo.
18
+
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+ Les atomes de carbone des acides aminés qui ont une chaîne latérale liée au carbone α, par exemple la lysine représentée ci-contre, sont désignés successivement pas les lettres grecques β, γ, δ, etc. On parle ainsi d'acide α-aminé, β-aminé, γ-aminé, δ-aminé selon l'atome de carbone sur lequel se trouve le groupe amine.
20
+
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+ On a l'habitude de classer les acides aminés en quatre groupes en fonction des propriétés de leur chaîne latérale :
22
+
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+ On parle d'acides aminés ramifiés en référence aux acides aminés dont la chaîne latérale est aliphatique et n'est pas linéaire. Il s'agit de la leucine, de l'isoleucine et de la valine.
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+
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+ La proline est le seul acide aminé protéinogène ayant une amine secondaire. Elle a longtemps été qualifiée d'acide iminé pour cette raison, bien que cette qualification soit désormais obsolète dans la mesure où, en chimie, la fonction imine est distincte d'une amine secondaire.
26
+
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+ Le groupe carboxyle –COOH est un acide faible, ce qui signifie qu'il tend à libérer un proton pour donner un carboxylate –COO– chargé négativement. La forme carboxylate est prédominante à pH supérieur au pKa de l'acide carboxylique, c'est-à-dire environ 2,2 pour les acides aminés protéinogènes. De façon symétrique, le groupe amine –NH2 est une base faible, ce qui signifie qu'il tend à recevoir un proton pour donner un ammonium –NH3+. La forme ammonium prédomine à pH inférieur au pKa de l'amine, c'est-à-dire environ 9,4 pour les acides aminés protéinogènes.
28
+
29
+ Dans la mesure où, par définition, les acides aminés ont à la fois un groupe carboxyle et un groupe amine, ce sont des molécules amphotères :
30
+
31
+ La présence de deux groupes fonctionnels portant des charges électriques opposées +1 et –1 sur des atomes non adjacents définit un zwitterion. La forme non ionisée des acides aminés est une espèce chimique extrêmement minoritaire en solution aqueuse — moins de 0,1 ppm — puisque généralement au moins l'un des deux groupes est ionisé. Les acides aminés sont également présents sous forme de zwitterions en phase solide et ils cristallisent en présentant des propriétés semblables aux cristaux de sel, contrairement à la plupart des acides et amines organiques.
32
+
33
+ Les différents types de courbes de titrage correspondant aux groupes d'acides aminés sont représentés ci-contre. La forme zwitterionique prédomine aux pH compris entre les deux pKa mais coexiste cependant avec de petites quantités de formes porteuses d'une charge électrique nette positive et de formes portant une charge nette négative. Au milieu exact entre les deux valeurs de pKa, les quantités de formes chargées positivement et de formes chargées négativement se compensent exactement, de sorte que la charge électrique résultante de toutes les espèces en solution est exactement nulle. C'est le point isoélectrique, défini par pI = ½ (pKa1 + pKa2), auquel les acides aminés ont une mobilité nulle par électrophorèse.
34
+
35
+ La solubilité des zwitterions est la plus faible à leur point isoélectrique et certains acides aminés, notamment ceux qui ont une chaîne latérale non polaire, peuvent être isolés d'une solution aqueuse par précipitation en ajustant le pH de la solution à la valeur de leur point isoélectrique.
36
+
37
+ Chaque acide aminé ayant des valeurs de pKa légèrement différentes les unes des autres, leurs points isoélectriques diffèrent également légèrement les uns des autres. Les acides aminés qui ont une chaîne latérale électriquement chargée font en plus intervenir le pKa de cette chaîne, noté pKR. Ainsi, l'aspartate, le glutamate mais aussi la cystéine ont une chaîne latérale chargée négativement — celle de la cystéine reste cependant faiblement chargée à pH neutre — de sorte que leur point isoélectrique vaut pI = ½ (pKa1 + pKR). Symétriquement, l'histidine, la lysine et l'arginine ont une chaîne latérale chargée positivement, de sorte que leur point isoélectrique s'exprime par pI = ½ (pKR + pKa2).
38
+
39
+ La plupart des acides aminés subissent facilement la solvatation par les solvants polaires tels que l'eau, ou l'alcool éthylique (particulièrement la proline et l'hydroxyproline) dans lesquels ils sont solubles. D'autre part, les acides α-aminés sont solubles, mais à un degré moindre, dans les solvants apolaires. Cette solubilité est largement dépendante des propriétés de la chaîne latérale : la solubilité diminue avec le nombre d'atomes de carbone du radical, mais augmente si ce radical est porteur de fonctions polaires (NH2, COOH) ou hydrophiles (OH). La tyrosine, en raison son noyau aromatique, est ainsi peu soluble dans l'eau, à raison de 0,38 g L−1 à 20 °C, tandis que la valine, aliphatique mais plus petite, l'est davantage, à raison de 24 g L−1 ; l'arginine, très basique et donc très polaire, est soluble à raison de 150 g L−1, tandis que la cystéine, avec une chaîne latérale courte terminée par une fonction thiol, est très soluble, à raison de 280 g L−1, et la sérine, analogue de la cystéine avec un hydroxyle à la place du sulfhydryle, est particulièrement soluble, à raison de 360 g L−1.
40
+
41
+ Les solutions d'acides aminés sont incolores. Les acides aminés aromatiques absorbent les rayonnements ultraviolets entre 260 et 280 nm. Au-dessus de 260 nm, la plus grande partie de l'absorption ultraviolette des protéines provient de leur teneur en tryptophane et parfois en tyrosine et en phénylalanine. Ces acides aminés ont une telle absorption à cause de leur nature aromatique due à la présence d'un cycle benzénique.
42
+
43
+ Les acides aminés protéinogènes sont les unités de base de construction des protéines. Ils polymérisent en formant des polypeptides linéaires dans lesquels les résidus d'acides aminés sont unis par des liaisons peptidiques. La biosynthèse des protéines se déroule sur les ribosomes[8], qui réalisent la traduction de l'ARN messager en protéines. L'ordre dans lequel les acides aminés sont liés à la chaîne polypeptidique est spécifié par la succession des codons portés par la séquence de l'ARN messager, lequel est une copie de l'ADN du noyau cellulaire ; ces codons, qui sont des triplets de nucléotides, sont traduits en acides aminés par des ARN de transfert selon le code génétique. Celui-ci spécifie directement 20 acides aminés, auxquels s'ajoutent deux autres acides aminés à travers un mécanisme plus complexe faisant intervenir, pour la sélénocystéine, un élément SECIS qui recode le codon-stop UGA[9] et, pour la pyrrolysine, un élément PYLIS[10] qui recode le codon-stop UAG[11]. La planche ci-dessous présente la structure chimique des 22 acides aminés protéinogènes :
44
+
45
+ La page Acide aminé protéinogène donne davantage d'informations sur ces composés.
46
+
47
+ Outre les 22 acides aminés protéinogènes, il existe un grand nombre d'acides aminés dits non protéinogènes. Certains ne se rencontrent pas dans les protéines, comme la carnitine ou l'acide γ-aminobutyrique, d'autres peuvent être présents dans les protéines à la suite de modifications post-traductionnelles, comme le γ-carboxyglutamate et l'hydroxyproline, ou par substitution à la place d'un acide aminé analogue, comme la sélénométhionine. Les modifications post-traductionnelles sont souvent essentielles pour assurer la fonctionnalité ou la régulation de la protéine. Ainsi, la carboxylation du glutamate permet d'accroître la fixation des cations de calcium[12], et l'hydroxylation de la proline est essentielle à la cohésion des tissus conjonctifs[13]. Un autre exemple est la formation d'hypusine dans le facteur d'initiation eucaryote (en) EIF5A (en) à la suite de la modification d'un résidu de lysine[14]. De telles modifications déterminent également la localisation des protéines dans la cellule, dans la mesure où l'addition de groupes hydrophobes est susceptible de permettre à la protéine de se lier à une membrane phospholipidique[15].
48
+
49
+ La plupart des acides aminés non protéinogènes ne sont jamais naturellement présents dans les protéines. Ce sont par exemple la lanthionine, le 2-aminoisobutyrate, la déshydroalanine ou encore l'acide γ-aminobutyrique. Ce sont souvent des intermédiaires sur la voie métabolique de biosynthèse des acides aminés, comme l'ornithine et la citrulline, qui font partie du cycle de l'urée comme intermédiaires de dégradation des acides aminés[16]. Si les acides α-aminés sont de très loin les principaux acides aminés biologiques en tant que constituants des protéines, la β-alanine offre un exemple d'acide β-aminé biologiquement important, étant utilisée par les plantes et certains microorganismes pour la synthèse de l'acide pantothénique (vitamine B5), un constituant de la coenzyme A[17], laquelle est un groupe prosthétique très important dans le métabolisme.
50
+
51
+ Les 20 acides aminés protéinogènes encodés directement par le code génétique sont dits standard ; tous les autres acides aminés sont dits non standard. Deux acides aminés non standard, la pyrrolysine et la sélénocystéine, sont cependant des acides aminés protéinogènes : ils sont en effet encodés de façon indirecte par l'intermédiaire de séquences d'insertion qui recodent des codons-stop en codons de pyrrolysine ou de sélénocystéine. Ainsi, un élément PYLIS en aval d'un codon UAG recode ce dernier en pyrrolysine, tandis qu'un élément SECIS avec un codon UGA recode ce dernier en sélénocystéine. En 2003, on comptait 25 sélénoprotéines humaines[18], c'est-à-dire de protéines contenant au moins un résidu de sélénocystéine.
52
+
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+ Les autres acides aminés non standard sont non protéinogènes.
54
+
55
+ Les acides aminés qui possèdent un cycle aromatique présentent un certain nombre de propriétés particulières. On compte quatre acides aminés protéinogènes aromatiques : l'histidine, la phénylalanine, le tryptophane et la tyrosine.
56
+
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+ Il existe par ailleurs un grand nombre d'acides aminés non protéinogènes aromatiques, par exemple la thyroxine, la DOPA ou encore le 5-THP.
58
+
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+ On compte trois acides aminés protéinogènes ramifiés : l'isoleucine, la leucine et la valine. Ce sont tous les trois des acides aminés essentiels pour l'homme. Ils représentent 35 % des acides aminés essentiels des protéines musculaires et 40 % des acides aminés essentiels pour les mammifères[19].
60
+
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+ Il existe par ailleurs de nombreux acides aminés non protéinogènes ramifiés, par exemple la norvaline et l'acide 2-aminoisobutyrique.
62
+
63
+ Acides aminés essentiels chez l'homme :
64
+
65
+ La digestion des protéines dans les intestins a pour effet de cliver, en les hydrolysant, les liaisons peptidiques qui unissent les résidus d'acides aminés dans les chaînes polypeptidiques. Cela se produit dans l'estomac et le duodénum sous l'effet d'enzymes digestives, notamment des peptidases, dont la pepsine du suc gastrique et la trypsine et la chymotrypsine du pancréas sont les principales. Les acides aminés libérés par la digestion des protéines peuvent traverser la paroi intestinale et atteindre la circulation sanguine. D'autres protéines sont dégradées à l'intérieur même des cellules, libérant également les acides aminés qui les constituent.
66
+
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+ Les acides aminés eux-mêmes sont dégradés au sein des cellules pour produire de l'énergie métabolique et divers métabolites susceptibles d'être utilisés à leur tour dans le foie pour biosynthétiser d'autres biomolécules, telles que des glucides pour les acides aminés glucoformateurs et des lipides pour les acides aminés lipoformateurs ; les acides aminés cétoformateurs, quant à eux, tendent à produire des corps cétoniques par cétogenèse[20]. La production de glucose à partir de métabolites cellulaires est la néoglucogenèse[21], celle d'acides gras est la lipogenèse. L'élimination du groupe amine –NH2 par une transaminase libère de l'ammoniac NH3, qui est détoxiqué en urée par le foie, tandis que la cétone résultante est oxydée à travers le cycle de Krebs[22] puis à travers la chaîne respiratoire jusqu'à formation de dioxyde de carbone CO2.
68
+
69
+ Les acides aminés qui ne peuvent être synthétisés par l'organisme et doivent être apportés par l'alimentation sont dits essentiels. Chez l'homme, ils sont au nombre de neuf (voir encadré). Les douze autres sont produits in vivo par le métabolisme des cellules, l'un d'entre eux, contenant un atome de sélénium, étant finalisé alors qu'il est déjà sur son ARN de transfert. Certains régimes alimentaires ne permettent pas de synthétiser en quantité suffisante tous les acides aminés non essentiels, et certains d'entre eux doivent alors également être apportés par l'alimentation[23] : l'arginine[24], la cystéine, le glutamate et la tyrosine.
70
+
71
+ Outre leur rôle de constituants des protéines, les acides aminés protéinogènes peuvent être des métabolites précurseurs de composés biochimiques variés. Par exemple :
72
+
73
+ Certains acides aminés non standard peuvent être utilisés par les plantes contre les herbivores[30]. Ainsi la canavanine est un analogue structurel de l'arginine présent chez de nombreux légumes[31], et notamment chez Canavalia gladiata ou haricot sabre[32]. Cet acide aminé protège la plante de prédateurs tels que les insectes et peut rendre malade le consommateur humain s'il absorbe des légumes qui en contiennent sans les cuire[33]. La mimosine est un autre acide aminé présent chez d'autres légumes, notamment Leucaena leucocephala[34]. Cette molécule est analogue à la tyrosine et peut empoisonner les animaux qui broutent ses plantes.
74
+
75
+ La fonction de tous les acides aminés non protéinogènes, qui peuvent être abondants dans les tissus biologiques, est encore loin d'être comprise pour chacun d'eux.
76
+
77
+ Dans la mesure où les acides acides aminés sont des composés organiques qui possèdent à la fois une fonction acide carboxylique et une fonction amine, ils peuvent subir la plupart des réactions associées à ces groupes fonctionnels, comme l'addition nucléophile, la formation de liaisons amide et la formation d'imines pour le groupe amine, l'estérification et la décarboxylation pour le groupe carboxyle. La combinaison de ces groupes fonctionnels permet aux acides aminés d'être des ligands polydentates efficaces pour des chélates métal-acide aminé[35]. Par ailleurs, les différentes chaînes latérales des acides aminés peuvent elles aussi donner lieu à des réactions chimiques[36]. La nature de ces réactions dépend de la nature des groupes fonctionnels portés par ces chaînes latérales et varient donc significativement d'un acide aminé à l'autre.
78
+
79
+ Le carboxyle peut former des amides avec les amines :
80
+ Ra–COOH + RbNH2 → Ra–CO–NHRb + H2O
81
+
82
+ Asparagine et glutamine sont deux exemples de dérivés physiologiques formés suivant cette réaction.
83
+ L'amidation peut être obtenue in vitro en utilisant des carbodiimides (Ra–N=C=N–Rb). Le groupe carboxyle est dans une première étape activé par la carbodiimide, puis le dérivé activé ainsi formé réagit avec l'amine.
84
+
85
+ Chimique ou enzymatique par une décarboxylase. Décarboxylation sous forme de CO2. Les décarboxylases sont spécifiques de chaque acide aminé. La décarboxylation est importante en biochimie car elle aboutit aux « amines biologiques » correspondantes très actives :
86
+
87
+ Exemples :
88
+
89
+ Ce sont des propriétés générales d'amines primaires. Deux types de groupes aminos peuvent être distingués: les amines en alpha et l'amine en epsilon de la chaîne latérale de la lysine dont le pK est légèrement plus basique (>8). La différence des valeurs de pK peut être utilisée pour des modifications sélectives, en contrôlant le pH du milieu réactionnel.
90
+
91
+ L'acétylation des groupements aminos des acides aminés par l'anhydride acétique réduit leurs charges positives et change leurs interactions avec les composants de l'environnement.
92
+
93
+ Avec le méthanal : il se forme le dérivé hydroxyméthyl de l'acide aminé. Avec les aldéhydes aromatiques, on obtient des bases de Schiff (imine).
94
+
95
+
96
+
97
+ Une réaction du même type peut se produire in vivo entre acides aminés et oligosaccharides (réaction de glycation des protéines avec les résidus d'acides aminés ayant une fonction amine libre). Dans les enchainements saccharidiques, le sucre réducteur terminal existe de façon prédominante sous forme cyclique, avec seulement des traces sous forme ouverte. Une base de Schiff (imine) peut se former avec cette forme minoritaire, consommant ainsi la forme cyclique.
98
+
99
+ In vitro, cette réaction avec les saccharides est généralement réalisée en présence de cyanoborohydrure de sodium (NaCNBH3). La base de Schiff (imine) formée est ainsi rapidement réduite par les anions cyanoborohydrure en amine secondaire plus stable.
100
+
101
+ La substitution d'un atome d'hydrogène de la fonction amine primaire –NH2 par un groupe aryle (aromatique) conduit à une fonction amine secondaire –NH–. Par exemple, avec le dinitrofluorobenzène (réactif de Sanger, ou DNFB) il se forme un dinitrophényl-acide aminé coloré, donc dosable. Il s'agit d'une substitution nucléophile aromatique d'ordre 2, le groupe partant étant l'ion fluorure F–.
102
+
103
+ Cette réaction peut également se produire avec un acide aminé incorporé dans une protéine. Les dinitrophényl-acides aminés formés correspondent aux acides aminés dont les groupes NH2 sont libres dans la protéine (extrémité N-terminale de la chaîne polypeptidique).
104
+
105
+ Cette réaction a permis en 1953 à Frederick Sanger d'établir la première structure primaire d'une hormone peptidique, l'insuline, ce pour quoi il a obtenu le prix Nobel de chimie en 1958.
106
+
107
+ Elle a lieu avec les isocyanates, en particulier le phénylisothiocyanate (PITC).
108
+
109
+ Le PITC est particulièrement utilisé pour déterminer l'enchaînement des acides aminés dans les chaînes peptidiques.
110
+ Le phénylthiocarbamyl-aminoacide (PTC-AA) (thiourée) résultant est un composé caractéristique de chaque acide aminé (nature du groupement R). Il est très stable et détectable dans l'ultraviolet (245 nm).
111
+
112
+ Exemple :
113
+ C6H5–N=C=S + H2N-CH2–COOH → C6H5–NH–CS–NH–CH2–COOH.
114
+
115
+ Ces réactions permettent de transformer l'amine de l'acide aminé en amide, protégeant l'amine ou y fixant un groupement acyle ayant des propriétés intéressantes (fluorescence...), avec élimination du groupement réactif: Il s'agit d'une transamidification (en)
116
+
117
+
118
+
119
+ Ces réactions sont utilisées pour la synthèse de dérivés d'acides aminés ou de protéines "marquées" sur leurs fonctions amines libres (dérivés fluorescents, biotinylation par la biotine-N-hydroxysuccinimide...); pour la synthèse de supports chromatographiques par greffage d'acides aminés ou de protéines...
120
+
121
+ Ces chélates stables sont utilisés pour effectuer des réactions chimiques au niveau de R, en synthèse.
122
+
123
+ Certains oxydants attaquent l'acide aminé et réalisent une désamination associée à une décarboxylation. Au cours de la réaction il y a production de CO2, de NH3 et d'un aldéhyde ayant un atome de carbone de moins que l'acide aminé dont il provient :
124
+ R–CH(NH2)–COOH → R–CHO + NH3 + CO2.
125
+
126
+ Les oxydants sont variés : eau oxygénée, hypochlorite etc. Pour rendre cette réaction quantitative, on peut doser CO2 par alcalimétrie ou NH3 par colorimétrie. L'oxydant le plus utilisé est la ninhydrine (voir la page correspondante).
127
+
128
+ Lorsqu'un acide aminé en solution est chauffé en présence de ninhydrine en excès, il conduit à un chromophore avec un maximum d'absorption à 570 nm (bleu-violet). L'intensité de la coloration est à la base d'une méthode quantitative pour doser les acides aminés. La réaction s'effectue en 3 étapes. La 1re correspond à l'action d'une première molécule de ninhydrine sur l'acide aminé conduisant à un iminoacide et à une molécule de ninhydrine réduite. La 2e correspond à l'action d'une 2e molécule de ninhydrine sur l'iminoacide pour donner un aldéhyde. Cette 2e molécule se condense finalement avec la molécule de ninhydrine réduite pour former le chromophore.
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+ La coloration n'est pas spécifique des acides aminés. Elle se produit avec d'autres composés ayant des groupements aminos libres : glucosamine, peptides et protéines.
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+ Cette méthode colorimétrique est une bonne technique pour le dosage d'un acide aminé pur, mais elle est moins valable pour un dosage global car les acides aminés réagissent en donnant des colorations d'intensité variable.
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+ Les iminoacides donnent avec la ninhydrine, une coloration jaune.
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+ Les premiers acides aminés protéinogènes ont été découverts au début du XIXe siècle. Au cours des années comprises entre 1805 et 1935, de nombreux chimistes de renom participèrent à l'isolement et à l'élucidation de la structure des acides aminés. Les chimistes français Louis-Nicolas Vauquelin et Pierre Jean Robiquet isolèrent l'asparagine en 1806 à partir d'asperges[37], ou Asparagus sativus, synonyme d’Asparagus officinalis, d'où son nom. Le chimiste britannique William Hyde Wollaston découvrit la cystine en 1810 dans un calcul rénal[38], mais il fallut attendre 1884 pour que le chimiste allemand Eugen Baumann isole la cystéine, qui en est le monomère. En 1819, les chimistes français Henri Braconnot et Joseph Louis Proust isolèrent respectivement la glycine[39] et la leucine. Justus von Liebig isola la tyrosine en 1846, tandis que la structure de cet acide aminé fut élucidée en 1869 par son élève Ludwig Barth zu Barthenau (en). Le chimiste germano-autrichien Eugen Freiherr von Gorup-Besanez (en) isola la valine en 1856. Le biochimiste allemand Karl Heinrich Ritthausen (en) isola l'acide glutamique à partir du gluten en 1866. La structure de la glutamine et de l'acide glutamique fut déterminée en 1872 par William Dittmar. Le chimiste allemand Ernst Schulze (en) isola la glutamine en 1877, la phénylalanine en 1881 et l'arginine en 1886, et participa à la découverte de quelques autres acides aminés. La lysine fut découverte en 1889 par le chimiste allemand Edmund Drechsel (de). Le médecin allemand Albrecht Kossel établit la structure de l'histidine en 1896, le chimiste allemand Richard Willstätter celle de la proline en 1900, et le chimiste britannique Frederick Gowland Hopkins celle du tryptophane en 1901 ; ils obtinrent tous trois un prix Nobel par la suite. Le chimiste allemand Emil Fischer établit la structure de la sérine en 1901, de la lysine en 1902, de la valine en 1906 et de la cystéine en 1908. La méthionine fut découverte en 1922 par John Howard Mueller et sa structure fut élucidée en 1928 par les chimistes britanniques George Barger (en) et Philip Coine. Le dernier acide aminé standard à avoir été découvert fut la thréonine en 1935 par William Cumming Rose (en)[40], qui identifia également les acides aminés essentiels pour l'homme ainsi que l'apport journalier minimum de chaque acide aminé pour assurer un développement optimal[41].
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+ Apple [ˈæpəl][9] Écouter (litt. « pomme » en anglais) est une entreprise multinationale américaine qui crée et commercialise des produits électroniques grand public, des ordinateurs personnels et des logiciels informatiques. Parmi les produits les plus connus de l'entreprise se trouvent les ordinateurs Macintosh, l'iPod, l'iPhone et l'iPad, la montre Apple Watch, le lecteur multimédia iTunes, la suite bureautique iWork, la suite multimédia iLife ou des logiciels à destination des professionnels tels que Final Cut Pro et Logic Pro. En 2019, l'entreprise emploie 137 000 employés et exploite 506 Apple Stores répartis dans 25 pays[10],[11] et une boutique en ligne où sont vendus les appareils et logiciels d'Apple mais aussi de tiers. Son bénéfice annuel pour l'année 2019 est de 55,2 milliards de dollars[12].
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+ Apple est créée le 1er avril 1976 dans le garage de la maison d'enfance de Steve Jobs à Los Altos en Californie par Steve Jobs, Steve Wozniak et Ronald Wayne[13], puis constituée sous forme de société le 3 janvier 1977 à l'origine sous le nom d'Apple Computer, mais pour ses 30 ans et pour refléter la diversification de ses produits, le mot « computer » est retiré le 9 janvier 2007[14].
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+ En raison de sa philosophie industrielle de l'intégration verticale, de son approche marketing fondée sur l'innovation, l'ergonomie et l'esthétique de ses produits appréciées des consommateurs, de ses campagnes publicitaires originales et des clients qui s'identifient à l'entreprise et à la marque[15], Apple s'est forgé une réputation singulière dans l'industrie électronique grand public.
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+ Selon un classement du magazine Fortune, Apple est la société la plus admirée dans le monde en 2006, 2007, 2008, 2009, 2010[16], 2011, 2012 et 2013[17]. À partir de 2011, elle est au gré des fluctuations du marché, la première capitalisation boursière de la planète[18]. En 2020, elle devient la première entreprise privée de l'histoire à atteindre une valeur de 1 500 milliards de dollars en Bourse[19].
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+ Mais la firme reçoit aussi de nombreuses critiques concernant les conditions de travail de ses ouvriers, ses choix environnementaux et ses pratiques commerciales[20], une grande partie de ses produits étant fabriqués dans des pays asiatiques comme l'Inde ou la Chine[21],[22].
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+ En août 2015, le site internet d'Apple a fusionné avec l'Apple Store en ligne[23]. L'internaute peut donc directement acheter en ligne sur la page de présentation de chaque produit.
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15
+ Apple est créé le 1er avril 1976 dans la maison d'enfance de Steve Jobs à Los Altos, puis constituée sous forme de société le 3 janvier 1977. Elle prend diverses facettes coordonnées avec l'évolution du monde informatique qu'elle précède, partant d'un monde sans ordinateur personnel à une société du XXIe siècle interconnectée par l'intermédiaire de terminaux fixes et mobiles. Elle est l'un des premiers constructeurs travaillant à la conception de machines moins coûteuses et moins encombrantes face au monopole IBM.
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+ Parmi ses produits phares, on trouve l'Apple II, le Macintosh, l'iPod, l'iPhone et l'iPad.
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+ L'image d'Apple est étroitement associée à celle de son cocréateur, Steve Jobs. Celui-ci doit quitter l'entreprise en 1985 à la suite d'un conflit avec John Sculley qu'il avait pourtant recruté au poste de directeur général[24]. Il crée alors NeXT[25]et rachète Pixar à George Lucas, ce qui lui vaudra de devenir, lors du rachat des studios d'animation en 2006, membre du conseil d'administration et premier actionnaire individuel de la Walt Disney Company.
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+ Il revient prendre la direction de la marque à la pomme en 1997 et se trouve dès lors à l'origine de la réussite planétaire des différents produits lancés depuis cette époque, toujours présentés à un rythme quasi semestriel lors de ses célèbres « keynotes ». Affecté à partir de 2004 par un cancer du pancréas, Steve Jobs doit finalement renoncer à ses fonctions de PDG le 25 août 2011 (continuant cependant d'occuper la fonction de président du conseil d'administration et de directeur d'Apple), et c'est Tim Cook qui lui succède.
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23
+ Steve Jobs décède le 5 octobre 2011, à l'âge de 56 ans. Un hommage lui est rendu sur le site web d'Apple via sa photo et un portrait en noir et blanc avec comme texte « Steve Jobs ; 1955-2011 »[26].
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+ Le 9 août 2011, quelques mois après le lancement réussi de l'iPad 2, la capitalisation boursière du groupe atteint 341,5 milliards de dollars[27], dépassant celle du géant pétrolier Exxon. Ce chiffre va quasiment doubler en un an, à mesure que le succès populaire de l'iPad ne se dément pas : le 20 août 2012, Apple bat le record de la plus grande capitalisation boursière de l'histoire boursière, avec 622,10 milliards de dollars, dépassant le précédent sommet, touché par Microsoft, à 620,58 milliards de dollars le 30 décembre 1999[28]. Le 30 avril 2017, le journal The Wall Street rapporte qu'Apple a une réserve de 250 milliards de $[29], c'est 256,8 milliards de $ confirmé par la firme[30]. Le 3 novembre 2017, Apple touche de nouveaux sommets avec une capitalisation qui dépasse les 900 milliards de dollars[31],[32].
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27
+ Enfin, le 2 août 2018, l'action Apple monte en bourse au-delà de 207 dollars l'unité, pour devenir la première entreprise privée de l'histoire à atteindre une capitalisation boursière de 1 000 milliards de dollars[33]. En juin 2020, pendant la crise sanitaire mondiale du Covid-19, l'action "AAPL" bat de nouveaux records, atteignant le 5 juin une capitalisation boursière de plus de 1 400 milliards de dollars pour une action qui atteint les 330 dollars[34].
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29
+ Comme Amazon, Facebook et Google, Apple a, depuis sa fondation, racheté de nombreuses entreprises pour alimenter sa croissance, élargir sa base d'utilisateurs et développer de nouvelles technologies. Parmi ses acquisitions on peut citer NeXT, P.A. Semi, Siri et Beats Electronics.
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+ En août 2016, Apple se renforce dans le domaine de l'intelligence artificielle et rachète la société spécialisée Turi, basée à Seattle, pour un montant estimé à 200 millions de dollars. Turi est spécialisée d'après son site internet sur une branche de l'intelligence artificielle appelée machine learning (apprentissage automatique en français) : des outils et algorithmes permettant aux ordinateurs ou aux applications logicielles « d'apprendre » au fur et à mesure de leur utilisation. Cela peut entre autres servir à analyser les comportements des utilisateurs, à cibler en fonction de leur profil des publicités ou des recommandations de produits, ou encore à détecter des anomalies et donc des fraudes potentielles[35].
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+ En février 2017, Apple rachète la startup israélienne Real Face, spécialisée dans la reconnaissance faciale[36].
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+ Les profits de l'entreprise sont passés de 5 milliards de dollars en 2007 à 45,2 milliards en 2017. Elle paye un impôt sur les sociétés aux États-Unis qui est passé de 1 milliard de dollars en 2007 à 3,3 milliards en 2011. Cette relative faible hausse vient du fait qu'elle déclare une bonne partie de ses impôts à Reno (Nevada), où la compagnie dispose d'une présence symbolique. L'impôt sur les entreprises étant en 2001 de 8,84 % en Californie et de zéro au Nevada[37].
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37
+ Apple optimise également son imposition au niveau international à l'aide des méthodes du « double irlandais » et du « Sandwich hollandais ». Elle utilise pour cela une filiale en Irlande (taux d'imposition de 12,5 %) dont l'objectif est de récolter le produit des brevets déposés par Apple. Une autre filiale au Luxembourg gère les revenus des ventes d'iTunes. Une filiale aux Pays-Bas permet de récupérer les bénéfices irlandais en franchise d'impôts. Les bénéfices sont ensuite orientés vers des paradis fiscaux[38]. Elle détient en 2014 150 milliards de dollars dans le paradis fiscal des îles Vierges britanniques[39].
38
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39
+ Au niveau mondial hors États-Unis, sur des bénéfices à l'étranger de 36,8 milliards de dollars fin 2012, elle a versé 713 millions de dollars au 29 septembre, soit un taux de 1,9 %[40].
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+ En janvier 2018, Apple annonce qu'elle va rapatrier aux États-Unis tout son argent à l'étranger et payer 38 milliards de dollars ce qui lui permettra d'économiser 50 milliards de dollars d'impôts[41].
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43
+ Les autorités européennes de Bruxelles ont déclenché une enquête visant les régimes fiscaux très généreux dont bénéficient certaines multinationales via leurs filiales en Irlande, aux Pays-Bas ou au Luxembourg. Joaquín Almunia, commissaire européen chargé de la Concurrence, a donc décidé de lancer une enquête visant Apple et ses pratiques d'optimisation fiscale[42]. Si l'aide de l'État irlandais est reconnue, un remboursement conséquent pourrait être exigé[43]. Le 30 août 2016, la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager annonce qu'Apple devra verser 13 milliards d’euros, plus les intérêts, à l’Irlande, au titre des impôts qu’elle aurait dû y payer entre 2003 et 2014[44]. Le 24 avril 2018, le gouvernement irlandais annonce la signature avec Apple d’un accord permettant le versement, sur un compte bloqué, des 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux jugés indus par l’Union européenne[45]. La justice européenne annule la décision de la Commission le 15 juillet 2020 avec comme conséquence qu'Apple ne devra pas rembourser les 13 milliards d'euros à l'Irlande[46].
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45
+ En 2011, des utilisateurs d'Iphone attaquent Apple pour pratique monopolistique concernant le fonctionnement de l'App Store[47]. Ils dénoncent la commission excessive prélevée par Apple sur les applications, en raison du monopole de l'App Store, les prix sont plus importants que si la vente d'applications était aussi possible sur d'autres plateformes.
46
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47
+ Après une première victoire d'Apple en 2014, la cour d'appel de San Francisco annule cette décision en 2017[48]. Apple se tourne alors vers la cour suprême qui confirme la décision de 2017 et ouvre la voie à un procès. En mai 2019, les juges estiment: « Les propriétaires d’iPhone paient le surcoût présumé à Apple. L’absence d’intermédiaire est évidente » ils se refusent de donner « un feu vert aux détaillants en position de monopole pour qu’ils en abusent »[49]. La décision de la Cour suprême pourrait également avoir un impact sur d'autres sociétés, telles qu'Amazon, qui préfèrent se présenter comme des intermédiaires et non comme des vendeurs directs[50].
48
+
49
+ Début 2019, En Europe, le service de streaming Spotify accuse Apple auprès de la Commission européenne d'avoir abusé de la domination de son App Store pour favoriser son propre service Apple Music[51].
50
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51
+ Le choix du logo fruitier s'inspire du nom de la société Apple (pomme) adopté notamment car cela le plaçait dans l'annuaire téléphonique avant Atari. Steve Jobs explique à son biographe Walter Isaacson : « J'étais dans ma phase 'pommes' de mon régime [végétalien]. Je revenais de la plantation de pommiers. Je trouvais ce nom sympathique et pas intimidant », à la différence des sigles comme IBM ou HP[52].
52
+
53
+ Le premier logo d'Apple, dessiné par Ronald Wayne, représente Isaac Newton appuyé contre un pommier. En bordure du dessin se trouve un segment du poème Prelude de William Wordsworth : « Newton… A mind forever voyaging through strange seas of thought… alone. » Il est très rapidement remplacé, au début de 1977, par la pomme arc-en-ciel dessinée par Rob Janoff, la célèbre pomme croquée. Janoff présenta à Steve Jobs des versions monochromatiques de la pomme croquée ; ce dernier s'est tout de suite pris d'affection pour elle. Il a cependant insisté sur le fait qu'elle devait être colorée pour humaniser la firme[53],[54]. Selon Rob Janoff, la pomme est croquée pour qu'elle ne soit pas confondue avec une cerise ; les couleurs permettaient, elles, de refléter la capacité des Apple II à pouvoir afficher des couleurs[55].
54
+
55
+ Ce logo est souvent considéré, à tort, comme un hommage à Alan Turing, mathématicien britannique homosexuel, qui se serait suicidé ― selon la thèse officielle, jamais prouvée[56],[57] ― en mangeant une pomme imprégnée de cyanure. De même, les couleurs proches de celles du drapeau arc-en-ciel de la communauté LGBT seraient une référence à son homosexualité, en raison de laquelle il fut inquiété par la loi alors en vigueur. Aussi bien le dessinateur du logo qu'Apple ont nié qu'il y avait un quelconque hommage à Turing dans le logo de la pomme arc-en-ciel[55],[58],[59].
56
+
57
+ Avec la sortie de l'iMac G3 en 1998, Apple a commencé à introduire la pomme monochrome sur ses machines, mais le modèle arc-en-ciel était toujours sur le système d'exploitation d'alors (Mac OS 8) et restera sur le suivant (Mac OS 9). Le 24 mars 2001 sortit Mac OS X, premier système Apple à arborer la pomme monochrome, marquant définitivement la fin de la pomme arc-en-ciel.
58
+
59
+ Galerie des logos Apple[60],[61]
60
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61
+ Le premier logo d'Apple avec Isaac Newton sous un pommier (dessiné par Ronald Wayne).
62
+
63
+ Logo utilisé de septembre 1977 à juin 1998 (dessiné par Rob Janoff).
64
+
65
+ Pomme monochromatique utilisée dès septembre 1998.
66
+
67
+ Variante « Aqua » utilisée de septembre 2001 à juin 2007 en même temps que la pomme monochromatique.
68
+
69
+ Variante « chromée », utilisée de septembre 2007 à juin 2013, en même temps que la pomme monochromatique.
70
+
71
+ Remise au goût du jour de la pomme monochromatique de 1998 depuis octobre 2013, selon la tendance flat design.
72
+
73
+ Le premier slogan d'Apple « Byte into an apple » est utilisé sur les brochures publicitaires de l'Apple I en 1976[62].
74
+
75
+ Entre 1997 et 2002, Apple a utilisé le toujours célèbre slogan Think different dans ses campagnes publicitaires. Bien qu'il ne soit plus utilisé, il est toujours associé à Apple[63]. Aux côtés de ces slogans génériques, Apple a aussi usité des slogans spécifiques à certains produits dont le célèbre « iThink, therefore iMac » utilisé en 1998 pour la promotion de l'iMac[64]. Après avoir présenté le premier Macintosh avec « Hello », puis l'iMac avec « Hello (again) », l'iPod puis l'iPhone ont été lancés avec un slogan très proche : « Say hello to iPod » et « Say hello to iPhone »[65].
76
+
77
+ Au 31 janvier 2020[66] :
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79
+ Sorti en 1977, l'Apple II est considéré comme le premier ordinateur personnel au monde produit en grande série[67]. Ses ventes firent la richesse d'Apple, et représentèrent la majeure partie de son revenu jusque dans la seconde moitié des années 1980.
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+ Le Macintosh, famille d'ordinateurs, a constitué pendant plus de 20 ans l'activité principale d'Apple. En 2014, ils sont constitués :
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+ Apple vend aussi de nombreux accessoires pour les Macintosh (aussi compatibles avec les autres ordinateurs) tels que la Time Capsule, la Magic Mouse, le Magic Trackpad ou les claviers Apple.
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+ Lancé pour la première fois en 2001, le baladeur numérique iPod signe pour Apple l'entrée dans le monde de la musique. D'un modèle unique, le modèle s'est décliné en plusieurs versions au fil des années. L'iPod est à ce jour le leader du marché des baladeurs numériques dans le monde et on compte, depuis son lancement en 2001, plus de 275 millions d'appareils vendus. Il exista jusqu'à 4 familles d'iPod :
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87
+ L'iPod classic, en raison du modèle de disque dur dépassé, cessa d'être produit en 2014. Après avoir été révisés en 2012, l'iPod nano et shuffle furent retirés de la vente en 2017. On souligna que c'est une grande partie de l'histoire d'Apple qui se tourne[69]. Seul l'iPod touch, dont la dernière révision remonte à 2019, est toujours en vente.
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+ L'iPhone, famille de smartphone d'Apple, est présenté par Steve Jobs en janvier 2007 lors de la Macworld Conference & Expo, il est la convergence d'un smartphone, d'un iPod et d'un client internet. L'iPhone est le premier appareil Apple équipé du nouveau système d'exploitation, alors nommé iPhone OS, maintenant iOS. Son succès grandit au fil des nouvelles fonctionnalités qui lui sont apportées. En 2008, Apple ouvre l'App Store, une boutique de logiciels payants et gratuits dédiés à l'iPhone OS qui, chaque année, voit l'apparition lors de conférences organisées par Apple de nouveaux modèles d'iPhone qui sont apparus au fil des versions de nouvelles fonctionnalités telles que la 3G, un GPS, un gyroscope ou encore l'appel visio FaceTime. Le 4 octobre 2011, Apple présente l'iPhone 4S, doté de Siri, une interface à reconnaissance vocale qui permet à l'utilisateur de donner des ordres vocaux à son iPhone. Le 21 septembre 2012, l'iPhone 5, qui présente un design revu, un écran plus long, un processeur plus puissant et plus rapide et qui supporte les réseaux LTE aux États-Unis et dans plus de 40 pays, est mis en vente. Le 10 septembre 2013, Apple annonce l'iPhone 5s, l'un des deux modèles de la 7e génération de l'iPhone ; il prend en charge la 4G LTE des opérateurs français et intègre un nouveau système de déverrouillage par empreinte digitale (Touch ID). L'autre modèle de la 7e génération de l'iPhone, est l'iPhone 5c qui a été annoncé au même moment que l'iPhone 5s ; il reprend la plupart des caractéristiques techniques de l'iPhone 5, avec toutefois la prise en charge des réseaux 4G LTE des opérateurs français, et adopte également un nouveau design en polycarbonate coloré. Le 9 septembre 2014, Apple lance la 8e génération de l’iPhone, avec l'iPhone 6 (écran de 4,7 pouces) et l'iPhone 6 Plus (écran de 5,5 pouces), qui intègrent le nouveau système de payement d'Apple (Apple Pay). En septembre 2015, à l'occasion du lancement des iPhone 6s et 6s Plus, Apple annonce avoir vendu plus de 13 millions d'appareils dès le premier week-end, ce qui constitue un score historique pour la marque[70]. Apple a présenté lors de la keynote du 21 mars 2016, un nouvel iPhone qui reprend le modèle de résolution de 4 pouces, le nom de ce modèle est l'iPhone SE, qui signifie « Special Edition », donc édition spéciale[71]. La firme enregistre cependant le 26 avril 2016 une baisse de 16 % sur les ventes de ses iPhone et une chute de 22 % de son bénéfice net[72]. Le 7 septembre 2016, Apple présente lors d'une keynote les iPhone 7 et 7 Plus. Lors de sa keynote du 12 septembre 2017, alors que le public n'attendait qu'un seul modèle d'iPhone, Apple en dévoila trois, l'iPhone 8, 8 Plus et l'iPhone X. Avec ces deux nouveaux smartphones, Apple apporte enfin la recharge sans fil. Alors que l'iPhone 8 et 8 Plus reprenaient le design de l'iPhone 7, l'iPhone X, lui, adopte un tout nouveau design jamais vu chez Apple avec un écran de 5,8 pouces et embarque la nouvelle technologie développée par Apple de reconnaissance faciale en 3D (Face ID). Tous deux apportent la nouvelle version d'iOS, iOS 11. Le 12 septembre 2018, Apple annonce la version améliorée de l'iPhone X en deux tailles : l'iPhone XS et l'iPhone XS Max, même technologie que ce dernier avec un écran plus grand (le plus grand qu'Apple ait jamais créé). Lors de cette Keynote, Apple annonça également l'iPhone XR. Le 10 septembre 2019[73], Apple présenta trois nouveaux iPhones : 11, 11 Pro et 11 Pro Max. Les iPhones 11 Pro et 11 Pro Max ont un triple appareil photo[74] ; une première chez Apple. Le 14 avril 2020, Apple annonce un nouvel iPhone, nommé iPhone SE, disponible à partir du 24 avril de la même année.
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+ La tablette tactile iPad est présentée pour la première fois par Steve Jobs en janvier 2010. Elle fonctionne sous une version modifiée d'iOS (il sera d'ailleurs à l'origine du changement de nom de l'iPhone OS en iOS puisque ce système d'exploitation n'est plus cantonné à l'iPhone). Elle est particulièrement orientée vers les médias tels que les livres, journaux, magazines, films, musiques, jeux, mais aussi vers l'Internet et l'accès à ses courriers électroniques (e-mails). Avec un poids compris entre 680 à 730 grammes, cette tablette est située entre les smartphones et les ordinateurs portables.
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+ La deuxième génération d'iPad est disponible depuis mars 2011 et se distingue par quelques améliorations : un processeur plus puissant (puce Apple A5 bicœur), son épaisseur est réduite de 33 % à 8,8 mm, son poids est réduit de 15 % (600 g pour la version Wi-Fi et 610 g pour la version Wi-Fi + 3G) et deux caméras intégrées (une frontale et une dorsale).
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+ Au second trimestre 2012, 34 millions d'iPad, pour un chiffre d’affaires de 19 milliards de dollars (15,5 milliards d’euros) ont été vendus aux États-Unis[75].
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+ L'iPad mini est une tablette tactile conçue et développée par Apple, manufacturée par Foxconn, présentée au public le 23 octobre 2012. Ce modèle issu de l'iPad en propose les mêmes fonctionnalités avec un écran plus petit : 7,9 pouces. Après quatre ans sans nouveauté chez l'iPad Mini, sa cinquième génération sort enfin le 18 mars 2019. L'iPad mini est disponible[76] à partir de 299 € (16 Go) en version WiFi et à partir de 419 € en version WiFi + Cellular (Wi-Fi + 4G LTE). De plus, en version Rétina, avec 16 Go il est proposé à 399 € (Wifi) et 519 € (Wifi + Cellular).
98
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99
+ En 2019, sort l'iPad mini 5, avec un meilleur écran, la compatibilité avec l'Apple Pencil 1 et plus de puissance qu'il n'en faut grâce à la puce A12 d'Apple.
100
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101
+ L'Apple Pencil de première génération sorti en même temps que les premiers iPad Pro, soit en novembre 2015, celui-ci permet d'écrire sur les iPad compatibles tout en passant la main sur l'écran, car l'iPad détectera le crayon[77].
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103
+ La seconde génération du crayon d'Apple sorti trois ans plus tard change son design et son mode, elle apporte de nouvelles fonctionnalités et est compatible avec les nouveaux design des iPads Pro de 3e et 4e génération[77].
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105
+ Présentée le 9 septembre 2014 pour être disponible en avril 2015 à partir de 349 $, l'Apple Watch est une montre connectée qui se base sur son propre système d'exploitation, WatchOS. Fonctionnant avec un iPhone (iPhone 5 et supérieur), la montre permet, en plus de donner l'heure, d'utiliser différentes fonctions, et peut également servir de coach sportif avec un cardiofréquencemètre intégré. Elle se décline principalement en trois versions : Apple Watch, Apple Watch Sport et Apple Watch Edition (en or de 18 carats).
106
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107
+ En septembre 2016, Apple présente l'Apple Watch Series 2 accompagnée d'un nouvel OS watchOS 3. Si le design est quasi identique, l'intérieur a été revu. Nouveau processeur, étanchéité jusqu'à 50 m et GPS font leur apparition. Enfin, l’Apple Watch Edition abandonne l’or au profit de la céramique, pour un tarif divisé par dix. La nouvelle montre connectée est toujours disponible en 38 mm et 42 mm.
108
+
109
+ Le 12 septembre 2017, l'Apple Watch Series 3 est présentée. Le design restant le même que les précédents, l'Apple Watch 3 inclut tout de même quelques nouveautés telles que la simulation d'une carte SIM afin qu'elle soit autonome (utilisation sans iPhone) et WatchOS4, une nouvelle version du système d'exploitation. Les prix des montres de cette série commencent à 369 € (GPS) et vont jusqu’à 1 499 € (GPS + Cellular) incluant un boîtier céramique[78].
110
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111
+ En septembre 2018, Apple présente l'Apple Watch Series 4. Le design est amélioré et elle renforce son positionnement sur le créneau sport et santé. Elle est disponible en 40 et 44 mm, et le prix débute à 429 €[79]. Apple fait face à une accusation de vol de brevets au détriment de la société Masimo[80].
112
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113
+ Un an plus tard, fut présenté l'Apple Watch Series 5, cette fois, le design ne change pas, mais elle hérite d'un écran toujours allumé et d'une boussole intégrée[81].
114
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115
+ Présentée fin mars 2007 dans sa première version par Steve Jobs, L'Apple TV (TV) est une box conçue par Apple permettant la communication sans fil entre un ordinateur et un téléviseur, à l'instar du Chromecast et d'Android TV de Google. L'appareil est conçu pour être utilisé avec un iPhone, un iPad, un iPod, une Apple Watch ou un Mac sous OS X.
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117
+ La dernière version de l'appareil, présentée lors du keynote d'octobre 2015, est dotée d'un nouveau processeur Apple A8 et d'une télécommande Siri Remote tactile. La box fonctionne dorénavant sous tvOS, basé sur iOS 9, et fut disponible courant novembre 2015.
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119
+ Lors de sa keynote du 12 septembre 2017 Apple lance la TV 4K.
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121
+ Présentés le 7 septembre 2016 parallèlement à l'iPhone 7 et à l'Apple Watch Series 2. Apple avait initialement prévu de sortir les AirPods fin octobre 2016, mais la société a reporté la date de sortie le 13 décembre 2016, pour un prix de 179 euros.
122
+
123
+ Ils comportent de nouvelles interactions avec les utilisateurs. Par exemple, si vous retirez un AirPod de l'oreille, la lecture s'interrompt et reprend une fois les deux AirPods à nouveau portés, et si vous double-cliquez dessus, vous pouvez soit activer Siri, soit lire ou mettre en pause la lecture. Pour une fonctionnalité complète, les AirPods nécessitent des périphériques fonctionnant au minimum sur iOS 10.2, macOS Sierra ou watchOS 3. Ils se synchronisent automatiquement via iCloud afin que l'utilisateur puisse basculer vers d'autres périphériques pris en charge connectés au même identifiant Apple. Ils peuvent également lire de l'audio à partir de tout appareil prenant en charge Bluetooth 4.0 ou supérieur, y compris les appareils Android (qui peuvent utiliser le geste de double clic pour contrôler la lecture).
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+
125
+ Lors de la keynote du 25 mars 2019, Apple annonce la sortie des AirPods 2. La différence marquante entre cette génération et la première est au niveau de la charge, qui peut désormais se faire par induction[82].
126
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127
+ En octobre 2019, Apple présente ses AirPods Pro, qui sont une nouvelle gamme, où Apple revoit en grande partie le design, ce qui permet la réduction de bruit active et passive, qui donne l'impression d'être isolé de ce qui se passe dans la rue ou dans un lieu publique par exemple[83].
128
+
129
+ Apple annonce, en 2017, mettre au jour un socle de recharge par induction. Notamment avec la sortie de l'iPhone X qui se recharge par induction, les AirPods 2 ainsi que l'Apple Watch devaient également se recharger sur le AirPower par induction. Mais le 30 mars 2019, le groupe américain abandonne officiellement son idée d'AirPower[84].
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131
+ Apple eu une part modeste dans l'industrie vidéoludique.
132
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133
+ La société conçoit la Pipp!n, présentée en 1995, une console de jeu développée avec Bandai. L'ambition était d'avoir une console-ordinateur. Même si ses concurrentes (Saturn, PlayStation, Nintendo 64) sont moins puissantes, le catalogue de jeu est famélique par rapport, sans compter le prix élevé, ce qui entraîne un échec commercial. La production cessa en 1997, seules 45 000 consoles ont trouvé preneur[85].
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135
+ Apple promu fortement l'App Store, sur l'iPhone et l'iPod touch, surtout pour son catalogue de jeu, et n'hésite pas à inviter plusieurs développeurs lors des keynotes. L'entreprise développa en 2008, pour promouvoir l'iPod touch, une application de Poker Texas Hold'em, qui ne fut jamais mise à jour et fut retiré en 2011[86]. Le Game Center est également une création d'Apple pour centraliser les scores et les données.
136
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137
+ Dans les Mac, est présent depuis NeXT, un jeu d'échec, dont la vitesse de réflexion de l'IA est volontairement bridée[87].
138
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139
+ Le 12 mai 2016, Apple a réalisé un investissement d'un milliard de dollars dans un service chinois de voiture de transport avec chauffeur, Didi Chuxing[88].
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141
+ Le 22 juin 2020, lors de la WWDC 20, Apple présenta son système de déverrouillage sans contact des voitures, CarKey[89], ce système va permettre de se servir de son iPhone comme clef de voiture, pour l'ouvrir, et la démarrer[90].
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143
+ En 2016, Apple crée la filiale Apple Energy, chargée de revendre aux particuliers l'électricité produite en excédent par les centrales d'énergie renouvelable dont le groupe est propriétaire[91].
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145
+ Si Apple est avant tout une entreprise qui crée des produits, lors de la keynote spéciale service du 25 mars 2019, la société annonce son intention de diversification dans les services[92]. Six nouveaux services sont alors annoncés, Apple Arcade, l'Apple Card, Apple News+, Apple TV+, Apple TV Chanels, et la Connexion avec Apple, ils viendront rejoindre iCloud, Podcasts, Game Center, Apple News, Apple Music, Shazam (racheté en 2017), Livres, Plans, Apple Pay, et Siri, l'assistant vocal de la marque.
146
+
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+ En 2020, suite à la WWDC 20, Apple annonce quelques chiffres concernant l'évolution de ces services, va présenter leurs nouveautés à venir, et annoncera l'arrivée futur du service Traduction, et de CarKey.
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149
+ iCloud est le service de stockage en ligne d'Apple, il permet de stoker 5 Go gratuitement, puis l'utilisateurs doit pays en fonction de la quantité de stockage qu'il souhaite avoir, ce système est disponible sur tous les appareils de la marque, en plus de son site internet.
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+ iCloud est également un service de boite mail.
152
+
153
+ Safari est le navigateur web installé par défaut dans les Mac, iPod touch, iPhone et iPad.
154
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155
+ Apple Books ou Livres en français, est une application permettant d'acquérir des livres numériques dans une boutique en ligne, puis de les lire à l’aide d’un iPad, d’un iPhone, d’un iPod touch ou d'un Mac. Apple Books est distribuée gratuitement par Apple. Le service est accessible par n'importe quel écrivain, elle permet notamment de diffuser du contenu en évitant les intermédiaires.
156
+
157
+ L'application Livres est également sur l'Apple Watch, mais de façon audio, c'est-à-dire que les livres audio doivent être téléchargés préalablement sur la montre, puis pourront êtres lus via un casque, ou des écouteurs sans fil.
158
+
159
+ Apple Plans, Apple Maps en anglais, ou tout simplement Plans, est l'application de cartographie d'Apple installée sur macOS, iOS, WatchOS et iPadOS, et qui permet de demander son trajet de différentes manières (voiture, transports, service, marche, ...), ou de se localiser, et de s'orienter.
160
+
161
+ Depuis la WWDC 19, Apple a annoncé déployer de gros moyens pour améliorer ce service, et lui donner plus de fonctionnalités. Le 22 juin 2020, lors de la WWDC 20, Apple donna des information sur l'avancé de ces améliorations, et annonça encore de nouvelles fonctionnalités à venir[93].
162
+
163
+ Siri, l'assistant vocal d'Apple.
164
+
165
+ iMessage est un service de messagerie instantanée disponible sur macOS, iOS et iPadOS.
166
+
167
+ FaceTime est un service d'appel audio et vidéo disponible sur macOS, iOS et iPadOS.
168
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169
+ L'application Traduction d'Apple[94], est un nouveau service de traduction qui arrivera avec iOS 14 en 2020[95], il permettra notamment la traduction d'une phrase orale dans une autre langue pour communiquer avec une personne de langue étrangère[96].
170
+
171
+ Apple Music est un système de musique à la demande annoncé lors de la WWDC 2015. Il concurrence d'autres plateformes de streaming musical comme Spotify ou Deezer. En 2020, il est le second service de musique le plus utilisé avec plus de 60 millions d'utilisateurs dans le monde[97].
172
+
173
+ Podcast est une application gratuite, disponible depuis tous les appareils Apple (Apple Watch compris), et qui permet d'écouter des milliers de podcasts gratuitement, de les télécharger, et d'en voir la version vidéo (si celle-ci est publié sur la plateforme). En juillet 2019, Bloomberg annonce qu'Apple va produire ses propres podcasts originaux. La nouvelle fait chuter de près de 3 % le cours boursier de Spotify, plateforme suédoise de streaming musical et principal concurrent d'Apple sur le terrain des podcasts[98].
174
+
175
+ Shazam est une application qui permet de chercher (presque) n'importe quel titre de musique simplement en le faisant écouter à l'application via les micros des smartphones.
176
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177
+ L'application fut racheté par Apple en décembre 2017, pour environ 400 Millions de dollars. Après sont acquisition, Apple fit supprimer la version payante (soit sans pub), qui devient alors la seule version disponible, par la suite, Apple intégra le service à sont assistant vocal, Siri, qui peut donc reconnaître les titres au même titre que l'application, simplement en lui demandant.
178
+
179
+ Apple Pay est un service de paiement sans contact et sur les sites web disponible sur macOS, iOS, iPadOS et watchOS.
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181
+ Wallet est une application développée par Apple, permettant de regrouper des bons de réduction, des réservations de places (cinéma, restaurants, hôtel…) ou encore des cartes de fidélité, il est également possible d'y regrouper ses cartes de crédit.
182
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183
+ Lors de sa keynote le 25 mars 2019, Apple en a profité pour présenter son nouveau projet : l'Apple Card. En partenariat avec la banque américaine Goldman Sachs et Mastercard, le géant de Cupertino s'immisce désormais dans l'univers financier des cartes de crédit[99], cependant cette carte n'est pour le moment disponible qu'aux États-Unis, mais eu un fort succès lors de sont lancement, en effet, on parle même du meilleur lancement pour une carte de crédit[100].
184
+
185
+ L'application Apple TV est une application qui centralise presque tous les programmes du monde, et qui permet de les louer ou de les acheter, il est aussi possible de s'abonner à certains services de VOD comme Apple TV+, StarzPlay, ou Mubi par exemple, ce sont les Apple TV Chanels. L'application, permet également de synchroniser de nombreux services de vidéo à la demande, et donc de savoir si le programme que l'on cherche est disponible sur un de nos service de streaming, ou en cas de savoir à quel service s'abonner pour y avoir accès. Via la plateforme, on a aussi accès au tendances des films et séries, et en cliquant sur un acteur, un réalisateur, un auteur, ... on peut en avoir sa filmographie.
186
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187
+ Apple TV+ est le service de vidéo à la demande d'Apple. Il est lancé 25 mars 2019, et vise à concurrencer les autres services du marché, avec uniquement des contenus originaux. Pour tenter de percer rapidement dans ce marché, Apple a décidé d'investir 6 Milliards de dollars, et d'embaucher de nombreuses personnalités télévisuelles bien connues du grand public. Le coût du service est de 4,99 € par mois pour 6 personnes avec la diffusion de contenus en 4k et le téléchargement de contenus.
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189
+ Apple TV Chanels est un service qui permet de s'abonner, et d'accéder à des services de vidéos à la demande directement depuis l'application Apple TV. Le prix de abonnements, et les périodes d'essais des chaînes sont déterminés par les sociétés de vidéos à la demande, et non pas par Apple (sauf pour Apple TV+).
190
+
191
+ Au début de mars 2014, Apple officialise l'arrivée de CarPlay, un système d'exploitation (OS) relié à l'iPhone pour automobiles [101], ce système permet de transférer certaines application compatibles de l'iPhone vers le tableau d'affichage de la voiture, comme Plans, Apple Music, ou Messages, par exemple.
192
+
193
+ Début 2020, la marque affirme travailler avec plus de 60 constructeurs automobiles, et que plus de 500 modèles de véhicules sont compatibles avec son système[102].
194
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195
+ Le 22 juin 2020, lors de la WWDC 20, Apple présenta son système de déverrouillage sans contact des voitures, CarKey[89], ce nouveau service va permettre de se servir de son iPhone comme d'une clef de voiture, pour pouvoir l'ouvrir, et la démarrer[90].
196
+
197
+ Game Center, est un réseau social de jeu multijoueur en ligne, publié par Apple[103],[104]. Il permet aux utilisateurs d'inviter des amis à jouer à un jeu, commencer une partie multijoueur à travers le jumelage, le suivi de leurs réalisations, et de comparer leurs meilleurs scores.
198
+
199
+ Avec iOS 14, Apple revoit sa copie[105], en modifiant radicalement son interface, son système, et ses commandes[106].
200
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201
+ Apple Arcade, est un service des jeux en ligne lancé durant la keynote du 25 mars 2019, ce service est uniquement disponible depuis l'App Store contre un abonnement mensuel de 4,99 €[107], après un mois d'essai gratuit, pour 6 personnes. Certains jeux sont exclusifs, toutes plateformes confondus (Xbox, PS, Android, PC, ...), tandis que les autres ne sont exclusifs que pour l'App Store, il n'est donc pas possible de jouer à ces jeux sur les appareils Apple sans passer par Apple Arcade.
202
+
203
+ À ce jour, le service dispose de plus de 100 jeux[107], et en ajoute régulièrement à sont catalogue, tous les jeux sont sans pubs, ni contenus additionnels payants[107] (possible lors de mises à jour gratuites).
204
+
205
+ Apple News est un service regroupant un grand nombre de journaux, cependant, l'application n'est pas disponible partout dans le monde, car elle n'est que dans 4 pays les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, et depuis mars 2019, le Canada (Anglais et Français). Dans certains autres pays comme le France, ce service n'est disponible que sous la forme d'un widget, ce qui est extrêmement limité, comparé à l'application, reste à savoir si l'application sera dans le futur disponible pour d'autres pays.
206
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207
+ Apple News+ est l'extension d'Apple News, et propose donc plus de contenus, ainsi, ce sont plus de 300 magazines et journaux différents qui sont annoncés, ce nouveau service fut annoncé durant la keynote de mars 2019, est rendu disponible dans le courant du mois de mars contre 9,99 $ par mois, après un mois d'essai gratuit, cependant, comme pour la version de base, l'extension n'est disponible que pour les 4 mêmes pays, soit, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, et le Canada (disponible en Anglais comme en Français).
208
+
209
+ Toujours durant la keynote de mars 2019, Apple à présenté sont nouveau service de connexion, la Connexion avec Apple[108]'[109], qui permet de se connecter rapidement à de nombreux comptes d'applications ou de sites internets[110]. Ce service vient directement concurrencer celui de Google et de Facebook, souvent juger trop laxiste sur le respect de la vie privé, ce qu'Apple promet de défendre, ainsi, le service propose de créer une fausse adresse e-mail qui va vous renvoyer les e-mails en toutes sécurité, et sans donner votre véritable adresse e-mail au site en question. Cependant, tous les sites et applications n'ont pas encore mis en place cette nouvelle fonction qui n'a qu'un an.
210
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211
+ Lors de sa WWDC 20, Apple donna des chiffre concernant ce nouveau service qui vise à mieux protéger la vie privée, ainsi, ce sont plus de 200 millions de comptes Connexion avec Apple ont été créés en un an[111].
212
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213
+ Santé est l'application mobile d'informations sur la santé qu'a annoncé Apple lors de la WWDC 14, celle-ci permet de regrouper de nombreuses informations sur l'utilisateur qui possède l'iPhone, ce qui peut s'avérer très utile pour les soignants en cas d'accident, ou de problème de santé, cela permet également un suivi médical centralisé et facilement consultable.
214
+
215
+ L'application Activité, est l'application présente sur iOS, et qui permet de voir les statistiques de son Apple Watch, tout y est inscrit, anneaux, trophées, évolution d'une année sur l'autre, compétition avec des amis, ...
216
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217
+ À côté de la conception de matériel informatique, Apple développe aussi de nombreux logiciels tant à destination du grand public que du monde professionnel.
218
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219
+ En premier lieu, pour ses produits Apple développe ses propres systèmes d'exploitation. Ainsi macOS est développé pour les Macintosh / MacBook, depuis mars 2001 (aujourd'hui version 10.15.5), watchOS pour les Apple Watch, depuis avril 2015 (aujourd'hui version 6.2.6), tvOS pour les AppleTV, depuis octobre 2015 (aujourd'hui version 13.4), iOS pour les iPhone, et les iPod touch, depuis juin 2007 (aujourd'hui version 13.5.1), et pour finir, depuis septembre 2019, iPadOS qui est une version dérivé de iOS pour les iPad (aujourd'hui version 13.5.1) avant septembre 2019, les iPad se servaient d'iOS au même titre que les iPhone et les iPod touch.
220
+
221
+ Durant la keynote de Juin 2020 (la WWDC 20), Apple à présenté ses futurs systèmes d'exploitations, qui seront disponibles pour cet automne, ainsi, macOS Big Sur sera le nouveau système d'exploitation pour les Mac (version 11.0), iOS 14 pour les iPhone et les iPod touch, watchOS 7 pour les Apple Watch, tvOS 14 pour les Apple TV et iPadOS 14 pour les iPad.
222
+
223
+ Nombre logiciels développés par Apple sont fournis avec les machines lors de leur achat. C'est le cas par exemple du célèbre logiciel multimédia iTunes, du navigateur Web Safari, du lecteur vidéo QuickTime, de la suite multimédia grand public iLife comprenant iPhoto, iDVD, iMovie, GarageBand, iWeb, et iBooks. Apple développe aussi sa propre suite bureautique iWork (Pages, Numbers, Keynote), en concurrence directe avec Microsoft Office.
224
+
225
+ Depuis son passage en 2006 à des Macintosh utilisant des processeurs Intel, il était devenu facilement possible d'installer Windows sur un Mac. D'abord interdisant l'installation de Windows sur ses Mac, Apple revient sur ses pas et propose dès 2006, Boot Camp, un logiciel qui facilite l'installation de Windows en fournissant par exemple les pilotes nécessaires au bon fonctionnement de la machine. L'installation de Windows sur les Mac devient alors l'un des arguments de vente des Macintosh[réf. nécessaire].
226
+
227
+ Pour le marché des professionnels, Apple propose également des solutions logicielles. On trouve par exemple une version de Mac OS X dédiée aux serveurs, Mac OS X Server, WebObjects, XSan, un système de fichier pour réseau de stockage SAN, etc. Pour le monde artistique professionnel existent Aperture dédié au traitement de photo-RAW, Final Cut Pro, une suite de production vidéo et Logic Pro, un logiciel de MAO.
228
+
229
+ Au-delà des logiciels présents sur les machines localement, Apple propose aussi des services en ligne avec MobileMe (anciennement .Mac) comprenant des pages web perso, un webmail, le service iDisk. MobileMe n'existe plus depuis le 30 juin 2012, le service est remplacé par iCloud.
230
+
231
+ Apple privilégie depuis toujours une technique commerciale de proximité avec ses clients et potentiels clients. Cela s'inscrit dans une stratégie commerciale globale visant, entre autres choses, à donner le sentiment au client de faire partie d'une communauté d'utilisateurs proche de l'entreprise. Ainsi plusieurs rencontres annuelles entre Apple, ses clients, les développeurs et surtout la presse étaient organisées de par le monde. Les Mac users, surtout des professionnels mais aussi le grand public, se rendaient à l'Apple Expo à Paris ou au salon Macworld Conference & Expo (Boston, New York ou San Francisco). De manière générale, chaque manifestation était ouverte par une présentation de Steve Jobs où étaient annoncés des résultats financiers de la société et de nouveaux produits. Ces manifestations publiques ont pris fin en 2009-2010, lorsque la Société avait ouvert aux US et à travers le monde un nombre suffisant de points de vente - show rooms (les Apple Stores), où les professionnels et le public peuvent se rendre directement. Seules les rencontres avec la presse ont été maintenues et se tiennent généralement 3-4 fois par an, à l'occasion d'annonces de nouveaux produits ou services. Les développeurs quant à eux se rencontrent à l'annuelle Apple Worldwide Developers Conference.
232
+
233
+ Ces salons et conférences n'étaient pas les seuls à attirer les foules. Ainsi il n'est pas rare de trouver de longues files d'attente (atteignant parfois plusieurs milliers de personnes) à l'ouverture de nouveaux Apple Stores[112] ou pour le lancement de nouveaux produits phares tels l'iPhone. Ainsi à l'ouverture du « Cube » sur la Cinquième avenue, la file a atteint près d'un demi-mile (soit environ 800 mètres).
234
+
235
+ En 1997, John Sculley, PDG d'Apple durant dix ans (et ex-PDG de Pepsi-Cola), a dit (lors d'une interview pour le journal The Guardian) à propos de son succès à avoir fait croître l'entreprise (en ayant notamment augmenté le budget publicitaire de 15 à 100 millions de dollars) : People talk about technology, but Apple was also a marketing company. It was the marketing company of the decade[113]. Traduction : « Les gens parlent de technologie, mais Apple fut aussi une entreprise de marketing. Ce fut l'entreprise de marketing de la décennie. »
236
+
237
+ La responsable des Apple Stores, l'une des dirigeantes les plus en vue de la firme, Angela Ahrendts quitte Apple en avril 2019, pour être remplacée par Deirdre O’Brien, directrice des ressources humaines d'Apple[114].
238
+
239
+
240
+
241
+ Nouveau design d'Apple store à Union Square, San Francisco
242
+
243
+ Nouveau design d'Apple store à New Town Plaza, Hong Kong
244
+
245
+ 5e Avenue, New York
246
+
247
+ Londres
248
+
249
+ Sydney
250
+
251
+ Barcelone
252
+
253
+ Tsoum store à Moscou
254
+
255
+ Paris
256
+
257
+ Depuis le lancement du Macintosh en janvier 1984 avec le spot 1984 diffusé lors du Super Bowl XVIII, Apple a été reconnu pour ses efforts pour réaliser des publicités efficaces pour ses produits, bien qu'elles aient été l'objet de critiques.
258
+
259
+ Une campagne publicitaire en particulier, dont la signature était Think Different, est restée célèbre pour avoir évoqué - post mortem - des personnages remarquables comme Gandhi, Picasso, Maria Callas ou Frank Lloyd Wright. De même, ses publicités ont contribué à lancer certains groupes ou musiciens dans la célébrité[119]. Ce fut le cas pour Yael Naim dont la chanson New Soul accompagne la publicité du MacBook Air ou encore Feist avec sa chanson 1234 que l'on retrouve sur les pubs pour l'iPod nano ainsi que pour The Ting Tings avec Shut Up and Let Me Go qui accompagne une publicité pour l'iPod touch.
260
+
261
+ Selon le Center for Responsive Politics, les dépenses de lobbying d'Apple aux États-Unis s'élèvent en 2017 à 7 150 000 dollars[120] Ces dépenses connaissent une augmentation nette depuis 2011[121].
262
+
263
+ Apple est inscrit depuis 2013 au registre de transparence des représentants d'intérêts auprès de la Commission européenne. Il déclare en 2017 pour cette activité des dépenses annuelles d'un montant compris entre 1 000 000 et 1 250 000 euros[122].
264
+
265
+ Pour l'année 2017, Apple France déclare à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique exercer des activités de lobbying en France, mais n'a cependant pas déclaré, comme il était légalement tenu de le faire avant le 30 avril 2018, l'ensemble de ses activités et les montants engagés[123].
266
+
267
+ Le siège social d'Apple est situé en plein centre de la Silicon Valley au 1 Infinite Loop (Boucle infinie en français) à Cupertino en Californie. Ce campus Apple est formé de 6 bâtiments d'une surface totale de 79 000 m2 et a été construit en 1993 par Sobrato Development Cos[124].
268
+
269
+ En 2006, Apple annonce son attention de construire un second campus, Apple Park, à Cupertino à 1,6 km à l'est du campus d'Infinite Loop. Celui-ci a été conçu par Norman Foster et c'est Steve Jobs qui en a présenté la maquette (un gigantesque bâtiment circulaire) devant le conseil de la ville de Cupertino, peu avant sa mort en 2011[125],[126]. En octobre 2016, la construction est en phase d'achèvement, ainsi que tous les bâtiments qui vont constituer le nouveau siège d'Apple (auditorium, bâtiments pour la recherche et le développement, parkings, etc.)[127].
270
+
271
+ Apple a un campus satellite en banlieue de Sunnyvale (Californie).
272
+
273
+ Le siège social pour l'Europe et l'Afrique (EMEA) se situe à Cork au sud de l'Irlande, ouvert en 1980.
274
+
275
+ En février 2015, Apple ouvre un site à Herzliya, Israel avec environ 800 employés.
276
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277
+ Apple prévoit la mise en place en Chine de quatre centres de recherche et développement à Shanghai, Suzhou, Pékin et Shenzhen[128].
278
+
279
+ En 2017, Apple inaugure sa première Apple Academy, en partenariat avec l'Université Frédéric II à Naples en Italie[129].
280
+
281
+ Comme la plupart des entreprises informatiques actuelles, Apple sous-traite des entreprises asiatiques, notamment Foxconn du milliardaire taïwanais Terry Gou, pour la fabrication de ses produits. Depuis 2006, de nombreux organismes internationaux[Lesquels ?] y dénoncent des conditions de travail inhumaines.
282
+
283
+ 2009 : Au moins 137 employés (jusqu'à 200) ont été intoxiqués au n-hexane dans l'usine du sous-traitant Wintek (en) en Chine entre 2008 et 2009[130].
284
+
285
+ 2009 : Selon China Labor Watch[131], les méthodes de gestion du personnel de Foxconn sont très dures pour les salariés.
286
+ Par exemple en 2009, Sun Danyong[132] s'est suicidé après avoir été suspecté de vol d'un prototype d'iPhone 4. Selon sa dernière conversation électronique avec un ami, il aurait été battu par un chef de la sécurité de l'usine Foxconn dans laquelle il travaillait[133].
287
+
288
+ 2010 : Dans 55 des 102 usines qui fabriquent des produits Apple, le temps de travail hebdomadaire dépasse 60 heures. Ce temps maximum défini par Apple dépasse lui-même la durée légale maximum en Chine qui est de 49 heures. 24 usines payent les salariés moins de 800 yuans par mois, le salaire minimum chinois. Seulement 61 % des usines sont conformes aux règles de sécurité[134].
289
+
290
+ 2010 : Onze cas de travail d'enfants ont été révélés[135]. Des filets anti-suicides sont installés dans l'usine de Foxconn à Shenzhen (Chine) pour dissuader les ouvriers surmenés de se jeter par les fenêtres[136].
291
+
292
+ En 2012, après une explosion dans une usine d'iPad, le New York Times publie une enquête fouillée sur les conditions de travail. Celle-ci met en lumière des temps de travail très élevés, des conditions de vie difficiles (dortoirs bondés), et pour les sous-traitants, le mépris des risques sanitaires[137]. En 2015, Apple est de nouveau critiqué « pour des conditions de travail "misérables" chez un sous-traitant chinois »[138], notamment après un rapport de l'ONG China Labor Watch.
293
+
294
+ Si vous connaissez le sujet dont traite l'article, merci de le reprendre à partir de sources pertinentes en utilisant notamment les notes de fin de page. Vous pouvez également laisser un mot d'explication en page de discussion (modifier l'article).
295
+
296
+ On reproche à Apple son modèle de développement vertical, qui va à l’encontre de la plupart des prescriptions des économistes, spécialement pour l’informatique. Malgré cela, la compagnie dégage des profits.
297
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298
+ Apple est également critiquée parce qu’elle dépend beaucoup de la personnalité qui la dirige, spécialement lors des deux « ères » Jobs. Certains considèrent que Steve Jobs fait l’objet d’un culte de la personnalité, ou du moins qu’il introduit certains éléments d’un tel culte, dans la relation qu’il entretient avec ses clients et de façon caricaturale, qu'il possèderait autour de lui un champ de distorsion de la réalité[139],[140].
299
+
300
+ Apple fut critiquée pour une architecture fermée, et pour son refus des standards : on employait alors le terme Not Invented Here. Cette critique n’est toutefois plus de mise, la plupart des composants électroniques de ses ordinateurs étant communs à l’ensemble de l’industrie informatique. De plus, le système d’exploitation utilise nombre de technologies répandues (MPEG 1 à 4, OpenGL, programmes libres). Enfin, du temps où cette politique de choix des technologies existait, elle n’était pas critiquable en soi, car la recherche et l’innovation sont un moteur du développement, et chaque société cherche à amortir ses coûts de recherche et développement en mettant sur le marché ses inventions. De plus, plusieurs technologies Apple ou utilisées d’abord par Apple se sont ensuite généralisées dans l’informatique personnelle (FireWire, ZeroConf (Bonjour, ex-RendezVous chez Apple)). De la même façon, Apple a permis ou accéléré l’adoption d’innovations en les généralisant d’un coup sur sa gamme (disquettes 3,5 pouces, SCSI, USB, Wi-Fi (AirPort)).
301
+
302
+ Quelques analystes critiquent la concurrence au sein d’Apple même, entre les programmeurs des différents environnements de programmation, ceux de Cocoa, héritiers de NeXTSTEP, et ceux de Carbon, dérivant de Mac OS 9. Cette rivalité est vue comme contre-productive, tout comme l’était en son temps la rivalité entre les équipes Apple II et Macintosh.
303
+
304
+ Une critique moins couramment entendue[réf. nécessaire], car concernant plus les entreprises que les particuliers, concerne l’absence d’une « roadmap produits » (planification annoncée) notable d’Apple concernant ses technologies logicielles. Les directions informatiques des grandes entreprises attendent d’un éditeur qu’il annonce clairement vers quoi vont tendre ses logiciels dans les cinq années à venir, afin de pouvoir faire des choix d’investissement à moyen terme. Or, le reproche fait à Apple est de ne pas annoncer réellement quelles seront les étapes de son évolution au-delà d’un an, contrairement à ses concurrents comme Microsoft. Un exemple, simple s’il en est, concerne l’annonce abrupte de l’abandon des processeurs PowerPC d’IBM/Motorola au profit de ceux d’Intel : cela implique que les éditeurs devront mettre à jour leurs applications, tandis que les propriétaires de parc micro auront à payer ces mises à jour, et devront gérer deux gammes de machines. L'impact pour les consommateurs est toutefois à relativiser puisque des solutions de compatibilité sont intégrées par Apple, telles que "Classic" pour le maintien de la compatibilité OS 9 au sein d'OS X, ou encore "Rosetta" pour maintenir la compatibilité avec le processeur PowerPC lors du passage aux processeurs Intel (compatibilité maintenue de 2005 jusqu'à la sortie de Mac OS X Lion en 2011). Une annonce plus précoce eût permis à ces derniers d’anticiper le phénomène, en planifiant les renouvellements de parc en fonction du couple matériel/logiciel, de manière à éviter les surcoûts de mise à jour.
305
+
306
+ Un livre paru en 2011 et intitulé Les 4 Vies de Steve Jobs, explique qu'en France « Apple et son réseau de partenaires [de réseau de distribution commercial] ont toujours entretenu des relations conflictuelles[141] ».
307
+
308
+ L’annulation régulière du développement de technologies pourtant prometteuses (ex : OpenDoc (en)) a aussi laissé sur le bord de la route nombre de développeurs, fatigués d’investir du temps et de l’argent dans des « voies sans issue ». De ce fait, le nombre de développeurs indépendants et d’éditeurs a chuté pendant les années 1990. Cette critique n’est plus d’actualité depuis l’apparition de Mac OS X, qui a ramené dans le giron d’Apple un grand nombre de développeurs issus du monde Unix/Linux et du logiciel libre[réf. nécessaire].
309
+
310
+ Par ailleurs, le système de gestion du service après-vente du matériel en Europe, confié à un prestataire unique[Qui ?] pour les portables et les G5, s’est révélé être une des faiblesses du système commercial Apple. Après des retards importants au début des années 2000, le prestataire de service a fait faillite au début de 2005, obligeant Apple à recourir aux techniciens de ses détaillants, et occasionnant de nouveaux retards de réparations.
311
+
312
+ Enfin, en 2012, sa stratégie de contournement fiscal lui permettant, comme à de nombreuses multinationales des nouvelles technologies, d'avoir un des taux effectifs les plus bas de taxation est de plus en plus contestée[142]. En 2012, « Apple a réussi à ne payer que 1,9 % d’impôts sur ses bénéfices colossaux réalisés hors États-Unis. »[143].
313
+
314
+ Durant les années 1980 le prix d’un Macintosh pouvait souvent atteindre deux fois celui d’un PC/compatible IBM, voire trois fois dans les années 1990 après l’apparition du Pentium. Cette politique de prix élevés a probablement freiné le développement du Macintosh au profit des ordinateurs multimédia grand public de l’époque (1990) tels que l’Amiga et l’Atari ST, puis du PC durant les années 1990.
315
+
316
+ Aujourd’hui encore, les prix affichés par Apple sont très souvent plus élevés et représentent un obstacle pour beaucoup d’utilisateurs souhaitant faire le saut, c’est-à-dire passer de Windows à Mac OS X. En 2005, Apple lance un Mac à plus petit prix, qu'elle nomme Mac mini[144],[145].
317
+
318
+ Les marges pratiquées par Apple sont bien plus élevées que celles qui se pratiquent généralement dans ce domaine (entre 25 % et 30 % de marge brute au début des années 2000, alors que certains fabricants PC se contentent de 8 %, voire moins).
319
+
320
+ Cependant une étude du Gartner Group, commandée par Apple Australie et diffusée par elle dans la presse en 2002, affirmait que le TCO (Total Cost of Ownership) ou coût total de possession, c’est-à-dire le coût total de l’équipement informatique, c'est-à-dire l'addition des matériels optionnels, du support, des logiciels et de leurs licences, etc., est moins élevé avec un Mac qu'avec un PC équipé de Windows[citation nécessaire]. Cette étude a été nuancée plus tard par Gartner, qui a précisé que les informations contenues dans son rapport ne reflétaient pas sa position éditoriale et étaient destinées à un usage interne chez Apple, correspondant à un scénario précis.
321
+
322
+ À la fin de 2006 et au début de 2007, Apple est classée deux fois par Greenpeace comme dernière sur un classement de quatorze entreprises fabriquant des produits électroniques, sur des critères environnementaux tels que la gestion des déchets, le recyclage des produits obsolètes, l'utilisation de composants polluants ou la communication auprès du grand public sur ces sujets[146],[147].
323
+
324
+ Apple conteste ce classement dans une lettre ouverte de Steve Jobs[148], commentée favorablement par Greenpeace[149]. La société déclare effectuer depuis plusieurs années des actions dans le domaine environnemental[150]. Des sites consacrés au Macintosh ont à plusieurs reprises étudié l'aspect écologique d'Apple et l'utilisation de l'image d'Apple par Greenpeace[151],[152]. Greenpeace France organise en mai 2007 une manifestation devant un revendeur Apple alors même que la section internationale de l'association a remonté au début de mai le classement d'Apple à une moyenne de 5/10 à la suite de la lettre de Steve Jobs[pas clair][153]. En mars 2008 Apple est située en milieu de classement, avec une note de 7/10[154].
325
+
326
+ La firme de Cupertino réagit assez rapidement concernant l'impact écologique de ses produits mais pas pour l'iPhone. Lors de l'annonce des nouveaux iMac le 7 août 2007, Steve Jobs commence son Apple Event en ces termes : « Mesdames et messieurs, voici le nouvel iMac, il est beaucoup plus écologique et recyclable… ». En effet, le polycarbonate blanc est remplacé par des composants en aluminium anodisé et des façades de verre. Toutefois, en octobre 2007, Greenpeace dénonce les matériaux extrêmement toxiques qui se trouvent à l'intérieur du téléphone[155],[156],[157]. Depuis, Apple a supprimé le PVC du combiné, des écouteurs et du câble USB de l'iPhone, et son verre ne contient plus d'arsenic[158].
327
+
328
+ Cependant, en janvier 2011, Apple fait l'objet d'une nouvelle controverse concernant l'écologie et plus particulièrement les conditions de travail en Chine, notamment dans les usines du sous-traitant Foxconn, selon des ONG chinoises[159].
329
+
330
+ Il est également reproché à Apple de se livrer à l'obsolescence programmée[160]. Pour les trois premières générations de l'iPod, la firme est confrontée à de nombreux plaignants ayant rencontré des difficultés pour faire réparer le matériel acquis. L'avocate Elizabeth Pritzker chargée du dossier rapporte avoir « découvert que le type de batterie au lithium contenu dans l'iPod était conçu pour avoir une durée de vie limitée » (environ 18 mois), et que leur remplacement n'avait pas été prévu par la firme[161]. Par ailleurs l'entreprise admet ralentir d’anciens smartphones en invoquant des problèmes de batterie, mais de nombreux consommateurs voient dans cette manœuvre une incitation à acheter de nouveaux modèles[162],[163]. Cette stratégie commerciale a de nombreuses conséquences, en matière de gaspillage (pour le consommateur) et d'impact écologique (pour la planète)[164].
331
+
332
+ En juin 2017, Apple émet une obligation verte pour un montant d'un milliard de dollars afin d'augmenter le financement des énergies propres dans le groupe. Ceci s'est fait dans le cadre de la controverse qui a fait suite au retrait de l'Accord de Paris sur le climat par Donald Trump[165].
333
+
334
+ En 2017, Greenpeace reproche à Apple de créer délibéremment pour ses produits un design incompatible avec des réparations simples et qui raccourcirait la durée de vie des produits. L'ONG lui reproche également de s’être engagée dans différentes actions de lobbying visant à détruire le « droit à la réparation » envisagé dans certains Etats[166].
335
+
336
+ En 2008, Apple a dû accorder la paternité de l'iPod à Kane Kramer qui avait conçu dès 1979 un baladeur numérique et dont il avait déposé le brevet[167].
337
+
338
+ Saisie d'une plainte déposée par Samsung en août 2011, la United States International Trade Commission (en) (USITC) a estimé que certains modèles d'iPhone, iPad et iPod violaient des brevets du groupe sud-coréen. L’USITC avait alors interdit leur importation vers les États-Unis depuis l'Asie, où ils sont fabriqués. Autrement dit, elle empêchait le groupe californien de vendre ses produits sur le marché américain.
339
+
340
+ Une victoire symbolique pour Samsung, qui se livre à des batailles juridiques contre Apple dans de nombreux pays, car elle ne concernait que des produits relativement anciens à savoir l’iPhone 3G et 4 vendus par l'opérateur AT&T, et les iPad et iPad 2.
341
+
342
+ Pourtant, le 3 août 2013, le représentant américain de l’USITC, Michael Froman, a annulé la décision prise en recourant à un droit de veto, qui n’avait plus été utilisé depuis 1987[168]. Michael Froman motive dans une lettre ne pas présumer de la violation ou non des brevets de Samsung mais estime qu’il ne faut pas donner de levier trop grand aux groupes détenteurs de dollars pour violation de brevets essentiels.
343
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344
+ Le 8 août 2014, Samsung a marqué un grand coup, ses avocats ayant réussi à convaincre Lucy Koh (avocat de Apple) que le brevet Apple d'auto-remplissage d'une zone de texte était similaire à celui utilisé chez son concurrent. Finalement, le bureau des brevets américains (USPTO) a décidé de rejeter le brevet utilisé chez Apple, jugeant qu'il fonctionnait de la même manière[169].
345
+
346
+ Au même moment, Apple et Samsung ont déclaré, dans un communiqué transmis aux médias, avoir mis fin à toutes les poursuites judiciaires entre eux dans différents pays sauf aux États-Unis dont les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Corée du Sud, le Japon [...] et même la France, car ils étaient, dans tous les cas, perdants sauf aux États-Unis où Samsung devait payer 1 milliard de dollars pour violation de brevets[170].
347
+
348
+ Le procès iPod/DRM est terminé après 2 semaines de délibération. Les plaignants accusaient Apple de ne pas pouvoir mettre de la musique en utilisant autres choses qu'iTunes. Ils demandaient 350 millions de dollars de dommages et intérêts mais finalement, Apple n'aura rien à payer. Du fait, que la firme à la pomme a bien souligné tout au long du procès que, avoir pris cette méthode pour la sécurité de ses clients pour que des logiciels malveillants ne viennent pas s'installer sur leur iPod[171].
349
+
350
+ Apple utilise de manière récurrente la justice face aux ONG, aux journalistes et aux associations qui dénoncent certaines de ses activités. D'après le journaliste Ivan du Roy, « dans ces procédures, il y a clairement une inégalité entre les grands groupes qui ont des moyens juridiques énormes et les personnes poursuivies »[172].
351
+
352
+ En décembre 2017, Apple poursuit ATTAC pour avoir occupé un de ses magasins parisiens. ATTAC dénonce une « procédure baillon ». Celle-ci se base sur le « risque imminent pour Apple, ses employés et ses clients » que feraient courir les actions d'ATTAC, qui se seraient intensifiées depuis mars 2017[173]. Le TGI de Paris déboute Apple le 23 février 2018, et souligne qu'il s'agit d'une « campagne d’intérêt général sur l’évasion fiscale. »[174].
353
+
354
+ En mai 2020, l'entreprise française Ubisoft porte plainte contre Apple pour ne pas être intervenu contre la diffusion du plagiat chinois d'un de ces jeux[175].
355
+
356
+ Le 16 octobre 2015, un jury américain estime qu'Apple doit payer 234 millions de dollars pour avoir violé un brevet détenu par l'Université du Wisconsin. Le procès porte sur des technologies intégrées à l'iPhone et l'iPad[176].
357
+
358
+ En août 2018, un jury fédéral californien ordonne à Apple de payer 145 millions de dollars en dommages et intérêts à WiLan, une compagnie canadienne de gestion de droits de propriété intellectuelle, pour la violation de plusieurs brevets[177].
359
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360
+ Apple est impliqué dans les révélations faites en 2013 par Edward Snowden concernant le programme de surveillance PRISM mis en place par la NSA. Les données suivantes sont ciblées : les contacts, les SMS et discussions instantanées (texte, vidéo, voix), les courriels, les photos et vidéos, les données stockées, la voix sur IP, le transfert de fichiers, les visioconférences, les notifications concernant l'activité, les détails du réseautage social en ligne, les coordonnées GPS et les « requêtes spéciales »[178],[179].
361
+
362
+ Le 16 février 2016, le FBI demande à Apple de créer un outil afin de contourner la sécurité de son système et donc d'avoir accès à l'iPhone de Syed Rizwan Farook , auteur de la fusillade de San Bernardino qui a eu lieu le 2 décembre 2015[180]. Apple ayant donné au FBI toutes les données sauvegardées en leur possession concernant Farook, refuse cependant la création d'un tel outil car ce dernier mettrait en danger la sécurité de millions d'utilisateurs et serait une atteinte à la liberté civile[181]. Pour Alain Juillet, ancien directeur du renseignement à la DGSE, les déclarations des dirigeants d'Apple comme celles du FBI sont à prendre avec prudence[182].
363
+
364
+ Grâce à l’installation du siège de sa filiale internationale en Irlande, Apple paye très peu d’impôts sur ses bénéfices réalisés en Europe[183]. En août 2016, après trois ans d'enquête, la Commission européenne sanctionne les pratiques d'Apple en Irlande[184] qui est condamné à rembourser plus de 13 milliards d’euros à l’Irlande au motif qu'Apple a bénéficié illégalement, en Irlande, d’un taux d’imposition sur ses bénéfices européens de seulement 1 % en 2003 et de 0,005 % en 2014. Le gouvernement irlandais fait appel de cette décision[185] et le 15 Juillet 2020, les juges Européens tranchent en faveur d'Apple contre Bruxelles et annulent la décision de rembourser les 13 milliards d'euros[186].
365
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366
+ L'enquête des Paradise Papers révéle qu' en 2015 le groupe américain a déplacé le domicile fiscal de sa filiale internationale de l'Irlande à l'île de Jersey, un paradis fiscal qui dépend de la couronne britannique, afin de bénéficier d'un taux d'imposition des sociétés nul[187].
367
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368
+ En janvier 2017, l'association française HOP (Halte à l'obsolescence programmée) dépose une plainte auprès du procureur de la République de Paris et vise également le chef de « tromperie ». HOP estime qu’Apple, à travers les mises à jour des iPhone, en réduit volontairement les performances et la durée de vie, afin d’en accélérer le remplacement[188].
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+ En octobre 2018, l'antitrust, autorité chargée de faire respecter la concurrence en Italie, inflige une amende de 10 millions d'euros à Apple pour obsolescence programmée. Suite à son enquête, l'antitrust affirme que des mises à jour sur des iPhone « ont provoqué de graves dysfonctionnements et réduit de manière significative les prestations, accélérant de cette manière la substitution de ces derniers »[189].
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+ Cependant, actuellement la marque de Cupertino est l'une des seules à proposer des appareils gardés à jour pendant au moins 5 ans.
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+ Un téléfilm et deux biopics aux cinéma sont concentrés sur Apple, plus particulièrement sur son fondateur Steve Jobs
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Star Wars [stɑɹ wɔɹz][a] (à l'origine nommée sous son titre français, La Guerre des étoiles) est un univers de science fantasy créé par George Lucas. D'abord conçue comme une trilogie cinématographique sortie entre 1977 et 1983, la saga s'accroît ensuite, entre 1999 et 2005, de trois nouveaux films, qui racontent des événements antérieurs à la première trilogie. Cette dernière (épisodes IV, V et VI) ainsi que la deuxième trilogie dite « Prélogie » (épisodes I, II et III) connaissent un immense succès commercial et un accueil critique généralement positif. Dans un souci de cohérence, et pour atteindre un résultat qu'il n'avait pas pu obtenir dès le départ, le créateur de la saga retravaille également les films de sa première trilogie, ressortis en 1997 et 2004 dans de nouvelles versions.
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+ Les droits d'auteur de Star Wars sont achetés en 2012 par la Walt Disney Company pour 4,05 milliards de dollars : la sortie au cinéma du septième épisode de la saga et premier de la troisième trilogie (épisodes VII, VIII et IX) est alors planifiée pour 2015. Le Réveil de la Force devient en l'espace d'un mois le plus important succès commercial de la franchise. Il est suivi par Les Derniers Jedi en 2017 et L'Ascension de Skywalker en 2019. Disney annonce en mai 2019 un nouveau film prévu pour 2022 qui ne prendra pas place dans la saga de la famille Skywalker. Par ailleurs, Disney et la société de production Lucasfilm inaugurent en 2016 une série de films dérivés regroupés sous le sigle A Star Wars Story, avec la sortie de Rogue One dont les événements se situent juste avant l'épisode IV. La franchise se développe également sur la plateforme de streaming Disney+, lancée en novembre 2019 avec la série The Mandalorian.
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+ En accord avec les lois du genre space opera, l'action se déroule « il y a bien longtemps, dans une galaxie très lointaine » et se fonde sur la lutte entre les chevaliers Jedi et les Sith. Le personnage central des deux premières trilogies cinématographiques, Anakin Skywalker, cède à la tentation du côté obscur de la Force pour devenir Dark Vador[b], puis connaît sa rédemption grâce à l'action de son fils, Luke. La troisième trilogie, à partir de l'épisode VII, se déroule trois décennies plus tard avec une nouvelle génération de héros et d'antagonistes. Les nombreux personnages emblématiques, humains et extraterrestres, ont permis de lancer quelques carrières d'acteurs, notamment Harrison Ford et Natalie Portman. L'univers a été décliné dans divers produits dérivés conçus ou non sous l'égide de Lucas : romans, bandes dessinées, jeux vidéo, séries télévisées, etc. L'histoire de la série est ainsi élargie et approfondie par divers médias.
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+ Le monde de Star Wars est inspiré de nombreuses œuvres cinématographiques (serials, western, cinéma japonais), mais aussi littéraires (essentiellement d'après les ouvrages d'Edgar Rice Burroughs, de Frank Herbert, de Joseph Campbell, mais aussi d'Isaac Asimov et de J. R. R. Tolkien) et de faits historiques réels. À son tour, le monde créé par George Lucas a influencé une génération de réalisateurs et contribué à la création de nouvelles techniques dans le domaine du cinéma, notamment en ce qui concerne le montage, les bruitages et les effets spéciaux. L'univers de Star Wars a fait l'objet de nombreuses parodies et hommages et dispose également d'une grande communauté de fans qui s'exprime par le biais de diverses manifestations.
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15
+ L'histoire de Star Wars se déroule dans une galaxie qui est le théâtre d'affrontements entre les Chevaliers Jedi et les Seigneurs noirs des Sith, personnes sensibles à la Force, un champ énergétique mystérieux leur procurant des pouvoirs psychiques. Les Jedi maîtrisent le Côté lumineux de la Force, pouvoir bénéfique et défensif, pour maintenir la paix dans la galaxie. Les Sith utilisent le Côté obscur, pouvoir nuisible et destructeur, pour leurs usages personnels et pour dominer la galaxie[1].
16
+
17
+ Depuis le rachat de la société Lucasfilm par The Walt Disney Company, il existe deux univers Star Wars : le « Légendes » et l'« officiel ». Ils ont pour point commun les six premiers films et la série télévisée Star Wars: The Clone Wars. L'univers Légendes reprend en plus les histoires complémentaires présentées dans des livres, des bandes-dessinées, des téléfilms ou des jeux sortis avant 2014. L'univers officiel reprend lui, les histoires des films et des autres supports parus depuis 2014[2],[c].
18
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19
+ La République galactique a été fondée pour amener la paix dans la galaxie, mais, tout au long de son existence, elle a été secouée par des sécessions et des guerres, notamment contre l'Empire Sith. Les chevaliers Jedi, gardiens de la paix et de la justice, réussissent à éliminer les Sith et la galaxie retrouve la prospérité[a 1],[3]. Cependant, après des millénaires d'existence, la République montre d'innombrables failles et se trouve fragilisée ; selon une prophétie Jedi, un « Élu » naîtra et rétablira un jour l'équilibre dans la Force[a 2].
20
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+ Un seigneur Sith, Dark Sidious, profite des faiblesses de la République pour se faire élire Chancelier suprême[3],[a 2] sous le nom de Palpatine. Manipulant dans l'ombre le Sénat, l'Ordre Jedi et la Confédération des systèmes indépendants, Palpatine déclenche la Guerre des clones, qui oppose la République aux forces Séparatistes. C'est pendant cette période obscure que se distinguera un jeune Jedi, Anakin Skywalker, qui sera le héros de nombreuses batailles aux côtés de son mentor Obi-Wan Kenobi. Il se murmure alors qu'Anakin pourrait bien être « l'Élu » de la Prophétie. Palpatine se voit offrir les pleins pouvoirs par le Sénat galactique[4],[a 3] et, lorsque la guerre prend fin au bout de trois ans, réalise un coup d'État en proclamant la naissance de l'Empire galactique. Il manipule le jeune Skywalker et en fait son apprenti maléfique : Anakin, perverti par le Côté Obscur de la Force, assassine les dirigeants Séparatistes et la plupart de ses amis Jedi, devenant ainsi Dark Vador[a 4]. Lors d'un duel sur la planète Mustafar contre son ancien mentor Obi-Wan Kenobi, Vador se retrouve brûlé, amputé et défiguré et ne devra son salut qu'à une armure respiratoire qui seule le maintiendra en vie pour le restant de ses jours. Sa propre femme, Padmé Amidala, meurt en accouchant de jumeaux qui seront mis à l'abri des persécutions de l'Empire. Les événements de cette période sont relatés dans les épisodes I à III, ainsi que dans les séries Star Wars: The Clone Wars et plusieurs récits de l'Univers étendu[5].
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+ Vingt ans plus tard, l'Empire fait régner la terreur dans la galaxie. Les espèces non-humaines sont opprimées, les Jedi sont réduits à un très faible nombre d'exilés et traqués aux quatre coins de la galaxie. C'est dans ce climat d'oppression que naît l'Alliance rebelle avec pour but de rétablir les valeurs de la République. L'un des membres les plus influents de l'Alliance est la princesse Leia Organa, qui détient les plans de la nouvelle arme de l'Empire, l'Étoile de la mort, une station capable de détruire une planète entière. Les rebelles lancent un assaut qui se solde par la destruction de la station grâce à un jeune homme maîtrisant la Force, Luke Skywalker[6],[a 5]. Entraîné par les maîtres Obi-Wan Kenobi et Yoda, il devient un puissant Jedi. Lors d'un combat contre Dark Vador, ce dernier lui révèle qu'il est son père[7],[a 6]. Yoda confirme à Luke qu'il est bien le fils d'Anakin Skywalker, et que la princesse Leia est sa sœur jumelle. Au cours d'une bataille dans les propres quartiers de l'Empereur, Luke tente de faire revenir son père du bon côté de la Force, mais ce dernier a juré allégeance au Côté Obscur. Finalement, alors que l'Empereur Palpatine tente de porter un coup fatal à Luke, Vador se sacrifie en tuant son maître et sauve son fils, rétablissant ainsi l'équilibre dans la Force. Cette bataille marque la destruction de la deuxième Étoile de la mort. Ces événements sont ceux de la Trilogie originale[8],[a 7].
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+ Dans la troisième trilogie cinématographique de Star Wars[9], la bataille d'Endor a marqué une victoire majeure et la proclamation d'une Nouvelle république mais pas la fin des affrontements[10]. La fin de la guerre est marquée par la terrible bataille de Jakku qui met fin à l'Empire[11]. Cependant, des officiers et des nobles impériaux s'exilent dans des régions inconnues pour reconstruire une nouvelle entité nommée le Premier Ordre[12]. Effrayé par cette nouvelle menace, Leia Organa fonde la Résistance, une nouvelle force militaire privée afin de surveiller les agissements du Premier Ordre. Bien que tolérée par les dirigeants de la Nouvelle république, la Résistance est considérée par eux comme des alarmistes[13]. Le dernier Jedi en vie, Luke Skywalker, a disparu. Le Premier Ordre comme la Résistance fouillent la galaxie pour le retrouver. Han Solo et Leia Organa ont eu un fils, Ben, qui a basculé du côté obscur de la Force pour devenir Kylo Ren, un puissant guerrier du Premier Ordre obéissant au suprême leader Snoke. Parallèlement, une jeune pilleuse d'épaves solitaire vivant sur Jakku, Rey, sensible à la Force, va progressivement découvrir ses pouvoirs et se mettre à la contrôler. Ces événements sont ceux de Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force, premier film de la troisième trilogie cinématographique[a 8].
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+ Dans l'univers « Légendes » qui ne fait plus partie du canon de Star Wars, l'Empire Galactique se voit énormément fragilisé par la mort de son empereur et l'Alliance rebelle se transforme en Nouvelle République. L'Empire, qui subit de nombreux coups d'État en son sein, finit par perdre la plupart de son territoire au profit de la Nouvelle République. Cependant, les derniers Impériaux finissent par s'organiser et forment les Vestiges de l'empire. La jeune République, aidée par le Nouvel Ordre Jedi, doit les affronter dans une guerre qui dure des années avant qu'une paix ne soit signée[a 9]. Elle est cependant envahie peu après par des êtres extra-galactiques, les Yuuzhan Vong. Malgré la défaite de ces derniers, la plupart des planètes de la galaxie ont été lourdement touchées ou rendues inhabitables. La Nouvelle République prend fin et la Fédération galactique des Alliances libres la remplace[14],[a 10]. Cependant, un Nouvel Empire galactique est instauré. Aidé par le Nouvel Ordre Sith, il provoque la chute de l'Alliance galactique et fait une nouvelle fois régner la terreur et la tyrannie dans la galaxie[15],[a 11].
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+ L'histoire se déroule dans un univers de haute technologie. Les Jedi et Sith se battent au sabre laser, capable de traverser la plupart des matières. Malgré son nom, sa nature reste inconnue : le nom original, « lightsaber » (« sabre de lumière » ou « sabre lumineux »), désigne mieux l'aspect mais est moins explicite. Une exposition à la Cité des sciences explique qu'un laser ne pourrait pas produire cet effet, mais que du plasma confiné par un champ magnétique y correspondrait mieux[16]. Omniprésente dans la série, cette arme donne lieu à des duels spectaculaires et de plus en plus épiques au fur et à mesure de la réalisation des films, avec notamment l'apparition du sabre à doubles lames du Sith Dark Maul[17].
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31
+ Outre leurs sabres, les Sith et les Jedi ont appris à maîtriser la Force, une énergie à la définition assez floue[d]. La Force permet notamment aux êtres qui y sont sensibles d'avoir des réflexes plus aiguisés, des dons de prescience et la capacité de déplacer des objets par la simple force de leur volonté[18].
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33
+ Les voyages spatiaux sont courants dans la galaxie. Grâce à la technologie de l'hyperpropulsion, les vaisseaux sont capables de voyager rapidement d'une planète à l'autre. Les différentes factions utilisent aussi des vaisseaux de guerre tels que les croiseur interstellaires, devenus dans les films symboles de l'Empire, ou encore les chasseurs X-wing comme celui de Luke Skywalker. Les pilotes de la galaxie ont d'ailleurs leur jargon propre, qui n'est pas toujours expliqué au spectateur[19]. Les pistolets lasers sont les armes les plus courantes dans la saga. Des véhicules très perfectionnés apparaissent également durant les batailles, à l'instar des gigantesques TB-TT qui marquent le début de l'épisode V[a 6].
34
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35
+ Les droïdes sont également très présents, utilisés à des fins civiles ou militaires. Les plus visibles sont R2-D2 et C-3PO, présents dans les sept films de la saga[20]. L'armée de la Confédération des systèmes indépendants, dans la prélogie, est pour sa part entièrement composée de droïdes de combat, tandis que les Kaminoens, qui ont développé des techniques de clonage avancées, créent des armées entières de clones pour la République[21].
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37
+ L'univers de Star Wars met en scène de nombreuses planètes. Certaines reviennent dans la plupart des films comme Tatooine, planète désertique où grandissent Anakin et Luke Skywalker[22], ou encore Coruscant, œcuménopole, centre physique et politique de la galaxie. Un grand nombre de planètes s'inspirent d'un type de paysage particulier comme Mustafar qui offre un paysage volcanique de désolation ou Hoth, planète balayée par des tempêtes de neige. Au contraire, des planètes ressemblent fortement à la Terre, à l'image de Naboo ou Alderaan[23]. Par ailleurs, si des planètes ou des lunes volcaniques telles que Mustafar, ou recouvertes de forêt comme Endor, n'ont jamais été découvertes, certaines originalités imaginées dans la saga sont scientifiquement avérées. Ainsi, le double coucher de soleil sur Tatooine est possible, dans la mesure où il existe effectivement des systèmes planétaires qui gravitent autour de deux étoiles. Le surnom de « Tatooine » a même été donné à la planète HD 188753 Ab en raison de son système à trois étoiles[24].
38
+
39
+ D'autres planètes, telles que Corellia ou Kessel, sont simplement citées dans les films par des personnages voyageurs, donnant l'impression d'un monde plus étendu que celui qui est montré dans les films[25]. Elles ont ensuite été détaillées dans les romans, les bandes dessinées et les jeux vidéo de l'univers étendu. Ainsi, Corellia est le théâtre de certains événements des romans de La Trilogie Corellienne de Roger MacBride Allen ou encore de la Trilogie de Han Solo[26].
40
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41
+ La galaxie de Star Wars est cosmopolite, constituée de nombreux peuples. L'espèce humaine est la plus répandue, mais de nombreuses autres sont présentées. Certaines sont humanoïdes, comme les Gungans, ou les Neimodiens, financiers corrompus à la peau verdâtre présents dans la prélogie. D'autres s'inspirent des animaux, à l'image des Wookiees, imposantes créatures humanoïdes poilues et des Ewoks, sortes d'oursons[a 7].
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+ Certaines restent mystérieuses comme la race de Yoda : moins d'une dizaine de représentants de cette espèce apparaissent dans l'univers de Star Wars et gardent volontairement le secret sur les origines de leur espèce. Les Jawas demeurent tout aussi mystérieux, leur visage restant inconnu, dissimulé sous un manteau[a 5].
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45
+ Les espèces présentes dans la trilogie originale sont pour la plupart des espèces humanoïdes, la technique étant alors limitée par les effets spéciaux de l'époque. La prélogie offre des espèces plus variées grâce à l'avancée technologique. Ainsi, Nick Dudman, qui a travaillé à la conception des créatures sur Le Retour du Jedi et La Menace fantôme, explique que le bond de quinze ans entre les deux films a radicalement changé la façon de concevoir les personnages, avec notamment l'apparition des images de synthèse[27].
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+ « J'ai pris beaucoup de plaisir à renverser la trajectoire des films à l'origine. Si vous les visionnez dans l'ordre de leur parution, IV, V, VI, I, II, III, vous obtenez un certain film. Si vous les visionnez en partant du I jusqu'au VI, le résultat est complètement différent. Une ou deux générations les ont vus d'une certaine manière, qui sera complètement autre pour les prochaines. C'est une façon de faire du cinéma extrêmement moderne, presque interactive. Vous prenez des cubes, vous les agencez différemment et vous obtenez des états émotionnels différents. »
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+ — George Lucas[28]
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+ L'épisode IV débute lorsque le croiseur de Dark Vador capture le vaisseau de la princesse Leia qui détient les plans volés de l'Étoile Noire, l'arme absolue du puissant Empire galactique. La princesse dissimule les plans dans la mémoire du droïde R2-D2 qui s’éjecte sur la planète Tatooine en compagnie de son alter ego C-3PO. Les droïdes sont capturés par des ferrailleurs Jawas avant d'être finalement vendus à la ferme d'Owen Lars où vit Luke Skywalker, un jeune fermier qui rêve d'aventures. Ce dernier intercepte un message de la princesse Leia qui cherche de l'aide d'un certain Obi-Wan Kenobi. Ce dernier est un vieux Jedi qui vit en ermite sur Tatooine depuis la fin de la Guerre des clones[e] et l'avènement de l'Empire. Il révèle à Luke qu'il était ami avec son père avant que ce dernier ne soit « assassiné » par Dark Vador, un Jedi déchu perverti par le côté obscur de la Force. Avec l'aide d'Obi-Wan, du contrebandier Han Solo et de son copilote Chewbacca, Luke parvient à libérer la princesse Leia dans les couloirs de l'Étoile Noire et à apporter les plans dérobés à ses alliés. Ceux-ci parviennent à identifier le point faible de la station et lancent une offensive sur celle-ci. L'apogée du film est atteinte lors de la Bataille de Yavin qui se solde par la destruction de l'Étoile Noire et la victoire de l'Alliance rebelle, malgré de nombreuses pertes dont la mort de Kenobi[a 5].
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+ L'épisode V commence par une grande bataille, lorsque l'Empire attaque la base rebelle de la planète Hoth. Dans la débandade qui s'ensuit, les héros se retrouvent séparés. Leia, Chewbacca, Solo et C-3PO doivent en effet faire face à une panne de leur vaisseau et se réfugient chez un ancien ami du contrebandier, Lando Calrissian, sur la planète Bespin. Dans le même temps, Luke Skywalker suit un entraînement sur Dagobah auprès du maître Jedi Yoda et apprend à se méfier du côté obscur de la Force. Vador s'empare de ses amis pour tenter d'attirer Luke auprès de lui sur Bespin pour en faire un puissant allié de l'Empire. Han Solo se retrouve emprisonné dans un bloc de carbonite, puis est offert au mafieux Jabba le Hutt sur Tatooine. Lors d'un éprouvant duel, Dark Vador révèle à Luke qu'il est son père. Celui-ci, plutôt que de se rendre, choisit de se jeter dans le vide et est sauvé in extremis par ses compagnons[a 6].
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+ Le début de l'épisode VI présente le plan mis au point par les héros pour secourir Han Solo des mains de Jabba le Hutt. Il se révèle être un succès et se solde également par la mort du Hutt. Dans le même temps, l'Empire met au point une deuxième station de combat, l'Étoile de la Mort, dont la construction est supervisée par l'Empereur Palpatine lui-même. L'Alliance rebelle voit donc là une occasion de frapper un coup décisif pour la victoire, d'autant que la station semble vulnérable. En réalité, cette faiblesse n'est que feinte et il s'agit d'un piège destiné à éliminer définitivement les rebelles. Cependant, l'intervention du petit peuple des Ewoks sur Endor permet de retourner la situation. Dans les quartiers de l'Empereur, Luke tente de faire revenir son père, Dark Vador alias Anakin Skywalker, du bon côté. Alors que Palpatine se prépare à achever son fils, Vador jette son maître dans le puits de la station, non sans avoir été gravement meurtri par ce dernier. Il meurt en paix dans les bras de Luke tandis que les rebelles détruisent l'Étoile de la Mort. Alors que l'on célèbre la fin de l'Empire dans la galaxie, les esprits d'Anakin, d'Obi-Wan et de Yoda se réunissent une dernière fois avant de se fondre dans la Force[a 7].
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+ Le scénario de Star Wars est imaginé par George Lucas au début des années 1970. Le premier scénario est écrit en 1973 sous le titre Le Journal des Whills et raconte les aventures du Jedi Mace Windu[f] : certains éléments qui y figurent, comme la structure de l'Ordre Jedi, n'apparaîtront finalement que dans la prélogie, 25 ans plus tard[29]. Le premier projet intitulé The Star Wars est rédigé au mois de mai : en 14 pages, Lucas résume globalement les aventures du Général Skywalker. Progressivement, Lucas étoffe son scénario, y ajoutant des personnages, des lieux, des concepts, qui n'apparaîtront parfois que bien plus tard[30]. Il devient alors impossible de faire tenir toute l'histoire dans un seul film. Lucas pense alors devoir réaliser trois trilogies et décide de commencer par la trilogie centrale[31].
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+ Cependant, l'époque n'est pas favorable aux films de science-fiction et les studios de cinéma ne sont pas tentés par le film. Le succès de son film American Graffiti permet cependant à Lucas d'obtenir un contrat pour Star Wars avec la 20th Century Fox[31],[32]. Pour financer son projet, Lucas parvient à défendre le potentiel en faisant appel au dessinateur Ralph McQuarrie qui illustre des scènes spectaculaires de son scénario et pose les bases de l'apparence de certains personnages. Les producteurs sont intéressés et acceptent d'investir 8 250 000 dollars dans le projet[33]. Lucas réussit également, fort du succès commercial de son film précédent, à obtenir les droits sur les deux épisodes suivants, même si, comme il le craint, le premier tournait au désastre. Il tente également un pari risqué : tout en refusant certains privilèges que lui propose la Fox, il demande à toucher l'intégralité des revenus des produits dérivés. Ce qui est alors une pratique dérisoire va se révéler, pour lui, une véritable manne financière[34].
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+ Dans les rôles principaux, le réalisateur décide d'engager des acteurs débutants : Mark Hamill, déjà connu à la télévision, et Carrie Fisher, fille d'acteurs reconnus, sont finalement choisis pour interpréter Luke Skywalker et Leia Organa[35]. Harrison Ford est pour sa part tout d'abord rejeté (car il a déjà joué avec Lucas), mais le réalisateur change d'avis après l'avoir vu donner la réplique aux acteurs pendant les auditions et lui donne le rôle de Han Solo. Pour jouer le rôle du sage Obi-Wan Kenobi, un acteur plus établi est choisi : Sir Alec Guinness, qui, selon George Lucas, joue sur le tournage le même rôle de mentor que dans le film[36],[37].
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+ La réalisation de l'épisode IV, alors simplement titré La Guerre des étoiles à la demande des studios qui ne veulent pas embrouiller le public, se révèle assez désastreuse : les studios se montrent de plus en plus pressants à mesure que les coûts de tournage augmentent. Les séquences tournées en Tunisie sont troublées par le climat et les problèmes techniques. La suite du tournage, dans des studios londoniens, est marquée par un rythme de travail effréné et la mauvaise volonté des équipes techniques britanniques[38]. Qui plus est, les projections test du film (dont il manque alors la musique et les effets spéciaux), peinent à convaincre. L'échec semble programmé et la sortie n'est prévue que dans 32 salles de cinéma à travers les États-Unis, en 1977[39]. Le succès est cependant immédiat et les retombées générées par les ventes de produits dérivés permettent à Lucas d'envisager la suite de ses films[40]. En quelques mois, diffusé dans le monde entier, Star Wars connaît un grand succès et devient un phénomène de société[41].
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+ La réalisation du deuxième épisode est donc à l'ordre du jour et Lucas surprend le monde du cinéma en décidant de le financer lui-même, par le biais de sa société Lucasfilm[42]. Cependant, l'état de santé du réalisateur s'est fortement dégradé lors du premier tournage, en particulier à cause du stress et du calendrier serré. S'il continue à écrire le scénario et à s'impliquer dans la production, Lucas laisse donc sa place de réalisateur à un cinéaste confirmé, Irvin Kershner, qui se charge de la réalisation de l'épisode V : L'Empire contre-attaque[43]. Le film implique des effets spéciaux plus imposants et plus de moyens, mais le succès assuré évite les problèmes connus précédemment. Il sort en 1980 et est un succès critique et commercial à la hauteur de l'épisode précédent[44],[45]. Un souci se pose cependant : le fait que le film commence, non pas par un générique, mais par un texte déroulant présentant l'intrigue, conduit à un procès de la part de la Directors Guild of America et de la Writers Guild of America que le réalisateur quitte ensuite, se mettant en marge des règles d'Hollywood[46]. À la même époque, Lucas fait construire le Skywalker Ranch, contenant les locaux de postproduction et de montage où seront achevés les prochains films de la série[47].
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+ L'épisode VI est ensuite tourné. Contrairement au premier film, L'Empire contre attaque n'a pas été conçu pour être indépendant et sa fin implique obligatoirement une suite que le public attend[48]. Kershner ne se sentant pas capable de réitérer l'expérience, la réalisation échoit à Richard Marquand[49]. Cependant, pour éviter les retards et dépassements de budget rencontrés sur le tournage précédent, Lucas se montre plus présent[50],[51]. Le film sort en 1983 et devient le plus rentable de la trilogie[52]. Il marque, pour 15 ans, la fin de Star Wars, le temps que le réalisateur puisse profiter de ses enfants et disposer de la technologie nécessaire à ses ambitions[53].
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+ L'épisode I débute 32 ans avant les événements de l'épisode IV. Deux Jedi, Qui-Gon Jinn et son apprenti Obi-Wan Kenobi sont chargés d'enquêter sur une crise politique touchant la planète pacifique de Naboo. Celle-ci est envahie et sa reine, Padmé Amidala, fuit la planète avec les Jedi pour plaider sa cause devant le Sénat, sur Coruscant. En chemin, le groupe s'arrête sur Tatooine pour réparer son vaisseau et y rencontre un jeune esclave, Anakin Skywalker, qui présente de fortes affinités avec la Force. Il rejoint finalement le groupe. Les héros se rendent vite compte que le Sénat ne fera rien pour les aider et repartent sur Naboo mener eux-mêmes la libération de la planète, tandis que le sénateur Palpatine profite de la crise pour accéder au pouvoir. Sur Naboo, un mystérieux Sith, Dark Maul, tue Qui-Gon, avant d'être tué par Obi-Wan. La planète est finalement libérée et Anakin entame une formation de Jedi, tandis que les maîtres Yoda et Mace Windu s'interrogent sur un possible retour des Sith[a 2].
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71
+ Dix ans plus tard se déroule l'épisode II. La République envisage de créer une armée pour lutter contre les forces séparatistes qui prennent de l'importance dans la galaxie. Obi-Wan Kenobi est chargé de retrouver la trace d'un mystérieux tueur et découvre qu'une armée de clones a déjà été commandée par la République, de façon non officielle. Dans le même temps, Anakin doit maintenir Amidala, désormais sénatrice, en sécurité et tous deux tombent amoureux. Kenobi est finalement fait prisonnier par les séparatistes et Anakin vient à son secours avec la sénatrice, tandis que le Sénat vote les pleins pouvoirs au chancelier Palpatine, qui proclame la création d'une Grande Armée de la République. Celle-ci, menée par les Jedi, intervient pour secourir les héros, déclarant de fait la guerre des clones. Peu après la bataille, Anakin épouse secrètement Padmé sur Naboo, la planète natale de la sénatrice[a 3].
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+ L'épisode III débute lorsque les Jedi Skywalker et Kenobi sauvent le chancelier capturé par les séparatistes durant la guerre. Peu à peu, l'influence de ce dernier devient de plus en plus forte. Dans le même temps, les Jedi suspectent de plus en plus la présence d'un Seigneur Sith dans les hautes sphères du pouvoir. Alors que des chevaliers sont envoyés lutter aux quatre coins de la galaxie avec leurs bataillons de clones, Anakin découvre que le chancelier est le Seigneur Sith en question. Cependant, ce dernier lui explique avoir les moyens de sauver Padmé d'une mort jugée certaine. Anakin empêche alors les Jedi de tuer le Sith en s'interposant dans son duel contre Mace Windu. Palpatine en profite pour éliminer le maître Jedi et décrète ensuite l'ordre 66 : tous les chevaliers sont éliminés par les clones. Certains, cependant, échappent au massacre, Yoda et Obi-Wan en tête. Le premier part affronter Palpatine, nouvellement autoproclamé Empereur et échoue. Dans le même temps, Obi-Wan affronte Anakin, devenu le Seigneur Vador et le laisse pour mort, atrocement brûlé. Tandis que Palpatine fait opérer Vador, désormais enfermé dans une imposante armure noire, Padmé donne naissance à deux enfants, Luke et Leia, avant de mourir. Le premier est confié à son oncle et sa tante sur Tatooine, tandis que la seconde est élevée par la famille royale d'Alderaan[a 4].
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+ Le scénario de la prélogie était déjà ébauché depuis les années 1980. Ainsi, le fait qu'Anakin soit gravement brûlé dans un volcan, que les ennemis des Jedi soient les Sith ou encore le fait que l'Empereur soit nommé Palpatine, bien que non mentionnés dans les films de la trilogie originale, sont déjà expliqués dans les novélisations parues à la même époque que les films. Le contexte politique de la fin de la République est également clair dans l'esprit de George Lucas[54]. De même, certains faits et lieux, comme Kashyyyk, la planète des Wookiees (que l'on peut déjà voir dans The Star Wars Holiday Special de 1978), ou Coruscant, la capitale de la République, apparaissent dans des livres antérieurs à la saga et les travaux de l'illustrateur Ralph McQuarrie. Lucas s'attaque à la rédaction précise du scénario en 1994. Celui-ci est terminé en 1995, bien que, de l'aveu même du réalisateur, sa technique de travail le pousse à poursuivre les ajouts et modifications jusqu'au montage final[55].
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77
+ Contrairement à ce qu'il a fait pour la trilogie originale, Lucas choisit cette fois-ci des acteurs jeunes, mais qui ont déjà fait leurs preuves : Natalie Portman s'est ainsi illustrée dans Léon et Ewan McGregor dans Trainspotting[56]. Des acteurs plus prestigieux sont également engagés : Liam Neeson interprète Qui-Gon Jinn et joue sur le tournage un rôle proche de celui d'Alec Guinness lors de la première trilogie[57]. Samuel L. Jackson joue Mace Windu, tandis que Christopher Lee fait son retour au cinéma dans le rôle du comte Dooku. Ian McDiarmid, après une carrière dans le théâtre classique britannique, reprend le rôle de Palpatine qu'il avait déjà tenu dans le Retour du Jedi, tandis que Kenny Baker et Anthony Daniels reprennent le rôle des deux droïdes et sont les seuls acteurs présents dans les six films[58]. Enfin, un certain nombre de personnages sont désormais totalement virtuels comme Yoda ou Jar Jar Binks[59].
78
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79
+ Les trois films sont réalisés par Lucas, contrairement à ce qui s'était fait dans la trilogie originale. Bien que l'informatique et les décors virtuels soient de plus en plus utilisés, des décors réels sont aussi le théâtre de l'action. L'équipe du film tourne ainsi en Italie et en Tunisie[60].
80
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81
+ La Menace fantôme sort en 1999 et marque le retour de Star Wars sur les écrans. Cependant, la critique se montre mitigée et même souvent négative. Certains accusent notamment l'abondance d'effets spéciaux et l'intrigue complexe, mais c'est surtout le personnage de Jar Jar Binks qui attire les foudres de la critique[61].
82
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83
+ L'Attaque des clones sort en 2002. Il est l'un des premiers films de l'histoire du cinéma à avoir été tourné en numérique et premier de la série à bénéficier d'une sortie mondiale simultanée pour éviter de souffrir du piratage[62]. Une nouvelle fois, l'accueil critique est très partagé, entre ceux qui voient un essoufflement de la saga et une perte de nouveauté et ceux qui sentent un réel retour en force après l'épisode précédent[63].
84
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85
+ La Revanche des Sith doit enfin faire le lien entre les deux trilogies et marquer le passage de la flamboyante République à l'ère de l'Empire[g]. L’épisode, particulièrement sombre, est ainsi marqué par un très long combat au sabre entre Anakin et Obi-Wan[64]. Le scénario n'est pas achevé et évolue entre 2002 et 2003 : une apparition de Han Solo enfant est ainsi rayée du script, tandis que la fin définitive de la saga se dessine[65]. Lors du tournage, cet épisode est le seul pour lequel les acteurs ne quittent pas les studios[66]. Le film ouvre le festival de Cannes de 2005 et connaît un grand succès commercial[67].
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87
+ Lorsqu'il a commencé l'écriture de Star Wars, George Lucas a progressivement envisagé de réaliser trois films, puis trois trilogies. La trilogie centrale étant, selon lui, la plus commerciale, c'est par celle-ci qu'il a débuté. La première trilogie, ou prélogie, est pour sa part réalisée vingt-cinq ans plus tard[68]. La troisième trilogie a été mentionnée à de nombreuses reprises, au point de devenir une véritable légende. Ainsi, lors de la sortie du Retour du Jedi en 1983, Time Magazine annonçait déjà les deux autres trilogies. Si le résumé des épisodes I, II et III est déjà ébauché, celui des VII, VIII et IX est alors décrit comme très vague, bien que les acteurs Mark Hamill, Harrison Ford et Carrie Fisher doivent reprendre leurs rôles pour le tournage, à condition qu'ils aient l'air assez vieux[69]. La trilogie romanesque de Timothy Zahn L'Héritier de l'Empire, La Bataille des Jedi et L'Ultime Commandement, a été annoncée à tort par des éditeurs français comme correspondant à la troisième trilogie[70].
88
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89
+ George Lucas a cependant déclaré à de nombreuses reprises que le scénario avait été modifié et que l'épisode VI marquait la fin réelle de la série[71]. Selon lui, l'histoire de Star Wars est celle d'Anakin et Luke Skywalker et elle s'achève à la fin de l'épisode VI. De même, Gary Kurtz, producteur des épisodes IV et V, a dévoilé les scénarios prévus pour la saga en neuf épisodes. Selon cette interview, la saga en neuf épisodes supposait que l'Empereur n'apparaisse que dans le neuvième, confirmant que l'épisode VI tel que réalisé ne laisse pas la porte ouverte aux suites initialement prévues[72].
90
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91
+ Lucas a également déclaré ne pas avoir de réponse quand on lui demande ce qui se passe après Le Retour du Jedi[73]. Des rumeurs et de fausses interviews fleurissent régulièrement sur Internet pour annoncer les épisodes VII, VIII et IX et sont condamnées par Lucasfilm qui a parfois pris des mesures à l'encontre des auteurs des canulars[74]. Il lui est également arrivé de dire, en 2002, qu'il pourrait reprendre le projet après avoir laissé passer vingt ans, comme il l'a fait pour la prélogie, mais, ajoute-t-il : « ne comptez pas trop là-dessus ». Il ajoute en 2005 : « Je ne laisserai personne d'autre diriger les épisodes VII, VIII et IX. C'est la fin, je ne veux pas que d'autres personnes fassent d'autres épisodes de La Guerre des étoiles. Il y a d'autres possibilités, des livres, mais des films, des longs-métrages, non. C'est quelque chose qui m'appartient »[75].
92
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93
+ En 2011, George Lucas entame de manière secrète l'écriture d'une troisième trilogie Star Wars[76],[77], et commence dans les mêmes conditions les discussions de ventes de son studio avec Bob Iger, PDG de la Walt Disney Company[78]. Le 30 octobre 2012, la Walt Disney Company annonce avoir racheté Lucasfilm pour un montant estimé à 4,05 milliards de dollars. Lucas et Iger annoncent publiquement le même jour la sortie au cinéma de Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force pour 2015[79], suite qui initiera une troisième trilogie dont les deux épisodes suivants sont prévus pour 2017 et 2019[80]. Deux films dérivés sont également annoncés respectivement pour 2016 (Rogue One) et 2018 (Solo) [81]. À cette occasion, la société affirme dans un communiqué que « le septième épisode que d'autres films devraient continuer au-delà de la saga et faire prospérer la franchise bien au-delà dans le futur »[82]. George Lucas déclare : « il est maintenant temps pour moi de passer Star Wars à une nouvelle génération de réalisateurs. J'ai toujours cru que Star Wars me survivrait et je pense qu'il était important de mettre la transition en place de mon vivant »[83]. La réalisation de l'épisode VII échoit dès lors au réalisateur J. J. Abrams, connu notamment pour avoir réalisé les onzième et douzième longs-métrages de la franchise Star Trek. Sorti en décembre 2015, Le Réveil de la Force devient l'épisode le plus rentable de la franchise avec plus de 2 milliards de dollars de recettes[84]. L'épisode VIII est confié à Rian Johnson qui en achève le tournage en juillet 2016 pour une sortie en France le 13 décembre 2017. Le réalisateur choisi pour diriger l'épisode IX est Colin Trevorrow[85]. Cependant, à la suite d'un conflit au niveau du scénario entre Colin Trevorrow et Lucasfilm, ce dernier est remplacé à la réalisation le 12 septembre 2017 par J. J. Abrams, déjà à la réalisation du septième volet[86]. Le 14 septembre 2016, TNT et TBS signent un contrat d'exclusivité avec Walt Disney Studios pour la diffusion des 10 films Star Wars à la télévision jusqu'en 2022, d'une valeur d'au moins 250 millions d'USD[87],[88]. La vente comporte aussi les droits de diffusion en streaming jusqu'en 2024[89]. L'actrice qui a personnifié Leia Organa depuis 1977, Carrie Fisher, décède d'une crise cardiaque à 60 ans le 27 décembre 2016, peu de temps après avoir tourné toutes ses scènes pour l'épisode VIII, où elle apparaitra pour la dernière fois[90]. La sortie de l'épisode IX est quant à elle prévue le 20 décembre 2019[91]. Le 2 août 2018, Disney indique chercher à récupérer les droits de diffusion télévisuelle de Star Wars vendus à Turner Broadcasting System jusqu'en 2024[92],[93].
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+ Le 9 novembre 2017, Robert Iger, le PDG du groupe Disney, annonce le lancement d'une quatrième trilogie Star Wars en déclarant « Nous avons déjà d'autres super films Star Wars déjà prévus pour les années qui viennent en plus de la sortie en 2019 de l'épisode IX. Nous sommes très heureux d'annoncer que nous venons de signer un accord avec Rian Johnson, le réalisateur des Derniers Jedi, pour développer une toute nouvelle trilogie Star Wars »[94]. Cette nouvelle trilogie devait être « séparée » de la saga de la famille Skywalker qui est au centre des épisodes I à IX, ne constituant donc pas la suite de l'épisode IX qui sortira en décembre 2019[95]. Le 7 mai 2019, Walt Disney Studios annonce les dates de ses prochaines productions dont trois films Star Wars étalés jusqu'en 2027[96],[97].
96
+
97
+ Mais les plans de Disney et de Lucasfilm changent en 2019. D'une part en réduisant le nouveau projet à un film prévu en 2022 (conséquence de l'échec critique et commercial de Solo: A Star Wars Story[98]), et d'autre part en confiant sa conception aux créateurs de la série télévisée Games of Thrones, David Benioff et D. B. Weiss. « Notre prochain film Star Wars sera le leur. Et nous n’allons pas vous en dire plus pour le moment » déclare le patron de Disney Robert Iger le 14 mai 2019[98]. Le 29 octobre 2019, Benioff et Weiss annoncent qu'ils se retirent du projet en raison d'un emploi du temps surchargé par leur contrat avec Netflix[99].
98
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99
+ Le premier film dérivé est un film d'animation sorti en 2008, qui sert de pilote à la série télévisée du même nom : Star Wars: The Clone Wars. Il est produit par Lucasfilm Animation et se déroule entre les épisodes II et III de la saga. Il relate les aventures d'Obi-Wan Kenobi, d'Anakin Skywalker et d'Ahsoka Tano. Ces Jedi ont pour mission de ramener sain et sauf le fils du trafiquant Jabba le Hutt : Rotta[100].
100
+
101
+ L'achat de Lucasfilm par Disney en 2012 passe également par la volonté de George Lucas de choisir Kathleen Kennedy comme présidente, et productrice des films à venir[101]. En même temps qu'est préparée la troisième trilogie, il est également décidé d'« étendre » l'univers officiel avec des films dérivés. Kathleen Kennedy explique : « George a été très clair sur la façon dont ça marche. Le canon qu'il a créé, c'est Star Wars. Et l'épisode VII s'inscrit dans ce canon. Les films dérivés existeront dans ce vaste univers qu'il a créé. Il n'y a aucune tentative de transporter les personnages de ces films autonomes dans et hors les épisodes de la saga. Par conséquent, d'un point de vue créatif, c'est une feuille de route très clairement définie par George Lucas »[102]. Le premier de ces spin-off sort en décembre 2016, il s'agit de Rogue One: A Star Wars Story qui raconte le vol des plans de l'Étoile de la mort par les Rebelles qui luttent contre l'Empire Galactique. Ce film s'achevant quelques instants avant les premières images de l'épisode IV tourné par Lucas en 1977. La série dérivée prend le nom de A Star Wars Story. Solo: A Star Wars Story, consacré à la jeunesse de Han Solo, est sorti en 2018. Le prochain film est prévu pour 2022, et sera écrit par David Benioff et D. B. Weiss[103], mais ils doivent finalement se retirer du projet[99].
102
+
103
+ Les films de la trilogie originale sont très appréciés par la critique. Un nouvel espoir est nommé 11 fois pendant la cérémonie des Oscars de 1978[104] et reçoit sept Oscars dont celui des meilleurs effets visuels, ce qui est alors rare pour un film de science-fiction[105]. L'Empire contre-attaque reçoit l'Oscar du meilleur son et un Oscar pour ses effets visuels[106]. Enfin, Le Retour du Jedi ne reçoit qu'un seul Oscar, aussi pour ses effets visuels[107]. Dans son livre Anatomie d'une saga, Laurent Jullier étudie l’accueil critique des cinq premiers films de la série (son livre étant sorti avant La Revanche des Sith) dans la presse française. Dès le premier film, il apparaît qu'un clivage oppose clairement une presse élitiste qui déteste, d'une presse plus populaire qui adhère, tout en considérant parfois que le scénario est faible. Le film n'échappe par ailleurs pas à la comparaison avec ce qui est alors le classique du genre : 2001, l'Odyssée de l'espace. Cependant, la plupart des critiques considèrent qu'il est impossible de comparer l'incomparable[108].
104
+
105
+ L'Empire contre-attaque connaît un accueil similaire, tout en étant généralement comparé à son prédécesseur. Même s'ils trouvent souvent quelque chose à critiquer au film, notamment son dualisme, la plupart des journaux accueillent de façon bienveillante ce nouvel opus[109]. Le troisième film, Le Retour du Jedi, attire des critiques plus affirmées : une partie des journalistes commencent à s'insurger contre ce qui semble être un phénomène de mode, tandis que des journaux de fans consacrés au genre font les louanges du film[110]. Aux États-Unis, la tendance est la même, comme en témoigne le site Metacritic : l'épisode IV obtient une note de 91/100, avec treize critiques positives[111] ; le V obtient 78/100, avec onze critiques positives et quatre neutres[112]. Enfin, le VI n'arrive qu'à 52/100, avec huit critiques positives, trois neutres et trois négatives, qui critiquent principalement la répétitivité de la saga et l'apparition des Ewoks, jugés infantilisants[113].
106
+
107
+ Les films de la prélogie ont été moins bien accueillis par la presse et le public, La Menace fantôme n'ayant que trois nominations aux Oscars sans en remporter un seul[114]. Au contraire, il est nommé huit fois au Razzie Awards[115] et remporte le pire second rôle pour Jar Jar Binks[116]. Les critiques reprochent en effet à Lucas d'avoir privilégié des effets spéciaux travaillés au détriment de l'intrigue et s'en prennent particulièrement au personnage de Jar Jar Binks et au jeu d'acteur de Jake Lloyd (Anakin enfant)[117],[118]. Une version du film modifiée par un fan a par la suite été publiée, supprimant notamment la plupart des scènes de Jar Jar ; en créant un certain engouement médiatique[119].
108
+
109
+ George Lucas prend les critiques en compte et réduit ainsi fortement le rôle de Jar Jar Binks dans les films suivants[120]. L'Attaque des clones et La Revanche des Sith ne remportent pas d'Oscar et ne sont nommés qu'une fois, respectivement pour les meilleurs effets visuels[121] et pour le meilleur maquillage[122]. L'épisode II reçoit des critiques plus favorables que son prédécesseur, bien que l'histoire d'amour soit régulièrement critiquée pour sa naïveté[123]. Le troisième connaît un plus grand succès critique, qui le ramène presque au niveau de l'ancienne trilogie, aux yeux d'une partie de la critique[124].
110
+
111
+ D'un point de vue commercial, Star Wars attire d'immenses foules devant les cinémas. La franchise est très rentable, avec 261 millions de dollars rapportés jusqu'à la sortie de l'édition spéciale en 1997, établissant à l'époque un record en termes de revenus pour le jour de sortie[52]. Ce faisant, George Lucas a contribué à l'apparition des blockbusters et d'une industrie du cinéma centrée avant tout sur la production d'argent, alors qu'il a lui-même toujours nié faire les films pour cela[125]. Il a ainsi toujours cherché à rester indépendant vis-à-vis des studios et a repoussé les suggestions qui visaient à rendre les films plus commerciaux en détournant son histoire[h],[126].
112
+
113
+ « Pour moi, l’Édition Spéciale est la version définitive. Je ne m'inquiète même plus des autres, car il a fallu passer par de nombreuses étapes avant d'arriver au résultat final. »
114
+
115
+ — George Lucas[127]
116
+
117
+ Lorsqu'il prépare la prélogie, au milieu des années 1990, George Lucas considère également que la technologie lui permet de reprendre les films déjà réalisés pour mieux correspondre à l'idée qu'il en avait, ou pour en améliorer la cohérence. Des scènes sont retouchées pour être plus spectaculaires ou esthétiques (multiplication de personnages secondaires virtuels, ajout de scènes de liesses sur diverses planètes à la fin de l'épisode VI), mais d'autres sont totalement narratives[128]. Ainsi, l'épisode IV, qui était le plus décevant aux yeux du réalisateur, voit apparaître de nombreux changements ; la scène la plus importante met en scène un Jabba le Hutt de synthèse en grande conversation avec Han Solo : tournée dès 1977, elle n'avait pas pu être ajoutée faute de moyens techniques[129]. Ressortis au cinéma en 1997 dans cette version modifiée, les films connaissent à nouveau un grand succès ; c'est pour George Lucas le moyen de faire connaître sa saga à une nouvelle génération de spectateurs, mais aussi d'obtenir les fonds pour réaliser sa nouvelle trilogie[130].
118
+
119
+ En 2004, à l'occasion de la sortie de l'ancienne trilogie en DVD, Lucas reprend à nouveau ses films pour les remettre à niveau vis-à-vis de la prélogie. Les films sont ainsi restaurés et remasterisés et connaissent chacun leur lot de modifications. Jabba le Hutt est ainsi amélioré dans sa prestation de l'épisode IV, tandis que, dans l'épisode V, l'Empereur (qui apparaissait lors d'une conversation holographique était interprété par une vieille femme à qui on avait superposé des yeux de chimpanzé) est réinterprété par Ian McDiarmid, qui joue Palpatine dans les autres films. Enfin, lors du final du Retour du Jedi, l'acteur Sebastian Shaw, qui interprétait jusque-là le fantôme d'Anakin Skywalker, est remplacé par Hayden Christensen, son alter-ego de la prélogie[131].
120
+
121
+ Cette ressortie ulcère particulièrement les fans de la première heure, dont une partie considère que les Star Wars authentiques sont ceux qu'ils ont vus jeunes, tels qu'ils étaient à l'époque. Une scène les choque particulièrement, dans l'épisode IV : la version originale montrait Han Solo tirant le premier sur le chasseur de primes Greedo. Dans l'édition spéciale, il tire en réponse au tir de Greedo, puis, dans la version de 2004, les deux tirent quasi-simultanément. Ce changement fait de nombreux mécontents, rassemblés derrière le slogan « Han shot first ». En septembre 2006, Lucas cède et publie les films dans une édition spéciale de deux DVD chacun, où la nouvelle version côtoie l'ancienne ; elles sont cependant retirées du marché dès le 31 décembre suivant[127]. En 2011, avec la sortie de la saga au format Blu-ray, Lucas réalise de nouveaux changements. Ainsi, lorsque Dark Vador tue l'Empereur à la fin de l'épisode VI, il ne le fait plus en silence, mais accompagne son geste d'un « Nooooo ! » qui a énervé une partie des fans[132].
122
+
123
+ Au même moment, Lucasfilm annonce une ressortie future des films au cinéma en 3D pour l'année 2012[133]. Le producteur Rick McCallum précise plus tard qu'elle se fera au rythme d'un film par an, entre 2012 et 2017, mais le travail sur les épisodes II à VI se ferait sous réserve que la ressortie du premier film soit un succès[134]. L'épisode I est donc le premier film sorti aux États-Unis en 3D le 10 février 2012[135]. Lucasfilm annule ensuite la ressortie des autres films, officiellement pour se concentrer sur l'épisode VII[136].
124
+
125
+ L'univers étendu de Star Wars désigne toute l'histoire de la saga relatée sur un support autre que les films. En 2009, George Lucas considère que l'univers de Star Wars se divise en trois ensembles. La première catégorie regroupe ce sur quoi le réalisateur a un contrôle direct : les films et séries télévisées. Cet ensemble forme le canon de la saga. Le deuxième groupe comprend les produits officiels qui ne sont cependant pas du ressort direct de Lucas : jeux vidéo, bandes dessinées, romans… S'ils ne sont pas en contradiction avec le premier groupe, ces éléments intègrent également le canon. Une troisième catégorie existe ; elle comprend tout ce qui est produit par les fans. Il arrive quelquefois que des éléments de cet ensemble entrent dans le canon. Par exemple, la 501e compagnie de stormtroopers, association de cosplay, a été intégrée à l'intrigue du jeu Star Wars: Battlefront II et à l'univers de la saga[137].
126
+
127
+ À la suite du rachat de la société Lucasfilm par The Walt Disney Company, tous les éléments racontés dans les produits dérivés sont déclarés comme étant en dehors du canon. Ils sont alors regroupés sous l’appellation « Star Wars L��gendes »[138],[139]. Seuls les six films, le long-métrage The Clone Wars, la série associée restent dans le canon. La nouvelle série d'animation Star Wars Rebels ainsi que tous les produits dérivés réalisés après août 2014 rentrent eux aussi dans ce nouvel ensemble[138],[140].
128
+
129
+ Le premier téléfilm Au temps de la guerre des étoiles (Star Wars Holiday Special) fut tourné un an après la sortie du premier opus. Les acteurs du film y reprenaient leur rôle. Le personnage de Boba Fett y apparaissait pour la première fois. Mais le téléfilm de facture très médiocre, ne plut pas à George Lucas, à tel point qu'il en interdit toute diffusion[141]. Ce programme reste un sujet de plaisanterie pour les fans, mais également pour les acteurs, notamment Harrison Ford et Carrie Fisher (qui en nie parfois l'existence en conférence de presse, mais qui, lors d'une convention, a repris la chanson qu'elle y interprétait). Quant à George Lucas, il déclare que « si j'avais un marteau et du temps, j'en traquerais chaque copie pour l'écraser »[142].
130
+
131
+ En 1984 et 1985, George Lucas produit deux téléfilms pour ABC, principalement destinés aux enfants. Centrés sur le peuple des Ewoks présentés dans Le Retour du Jedi, ils sont intitulés L'Aventure des Ewoks et La Bataille d'Endor et remportent un Emmy Awards pour leurs effets spéciaux[141]. Les deux productions mettent en scène le jeune acteur Warwick Davis, découvert par Lucas lors du tournage de Star Wars et par la suite présent dans de nombreux films de science-fiction[143]. À la même période apparaissent deux séries animées réalisées par les studios Nelvana (qui avaient contribué à Au temps de la guerre des étoiles) : Droïdes raconte les aventures de R2-D2 et C-3PO entre les épisodes III et IV, tandis que Ewoks raconte la vie de l'Ewok Wicket avant la bataille d'Endor. Cette deuxième série a fait l'objet d'une deuxième saison[144].
132
+
133
+ Dans les années 2000 et accompagnant la sortie de la prélogie, de nouveaux projets fleurissent. Une série animée racontant la guerre des clones sort à la télévision en 2003 : Star Wars: Clone Wars. Sortie entre les épisodes II et III, elle fait le lien entre eux, en introduisant notamment le personnage du général Grievous[144]. En 2008, une série en images de synthèse apparaît sur les écrans : Star Wars: The Clone Wars ; elle est introduite par un film utilisant la même technique, Star Wars: The Clone Wars[145]. À la suite de son interruption après six saisons, une nouvelle série animée est lancée en 2014 : Star Wars Rebels[146]. En 2017, alors que l'un des producteurs délégués de Rebels, Dave Filoni, annonce le renouvellement de Star Wars Rebels pour une quatrième saison, une nouvelle série animée est également dévoilée : Star Wars : Forces du destin[147].
134
+
135
+ Lors d'une convention de fans en 2005, George Lucas annonce l'arrivée d'une nouvelle série, avec de vrais acteurs, qui se déroulerait entre les épisodes III et IV. D'abord envisagée pour 2009, elle est repoussée, tandis que son scénario s'épaissit[148]. En 2011, Lucas déclare que, pour des raisons économiques, la série ne verra finalement pas le jour avant 3 ans[149]. En 2012, le titre de la série est dévoilé : Star Wars Underworld[150]. Cependant, il est annoncé en 2016 que le projet est en veille[151]. Malgré tout en mars 2018 Lucasfilm et Walt Disney Pictures annoncent que le cinéaste Jon Favreau sera aux commandes de cette nouvelle série dérivée de l'univers Star Wars qui sera diffusée en streaming sur la nouvelle plate-forme vidéo à la demande de Disney. Il écrira et produira cette nouvelle série annoncée vers fin 2019[152],[153]. The Mandalorian sort le 12 novembre 2019. L'histoire se déroule entre Le Retour du Jedi et Le Réveil de la Force, et raconte les aventures d'un mercenaire mandalorien[154].
136
+
137
+ Dès 1977 et la sortie de La Guerre des étoiles, la saga est adaptée en roman puisque George Lucas signe lui-même la novélisation du premier épisode (en réalité écrite par Alan Dean Foster), avec de multiples précisions narratives inspirées, notamment, des scènes coupées[155]. Tous les autres épisodes font l'objet d'adaptations en roman, par d'autres auteurs cette fois-ci. Là encore, les auteurs s'inspirent des scènes coupées et du scénario original des films : ainsi, la novélisation de La Revanche des Sith accentue par de nouvelles scènes le passage d'Anakin Skywalker du Côté obscur de la Force[144].
138
+
139
+ Rapidement, d'autres romans viennent détailler des événements qui n'étaient qu'ébauchés dans la saga cinématographique. Ainsi, l'idylle entre Han Solo et Leia Organa est conclue dans Le Mariage de la Princesse Leia, paru en 1994[156]. Certaines séries connaissent également un franc succès en explorant le passé des personnages, comme les deux trilogies sur la jeunesse de Han Solo : les publications de ce type connaissent une grande mode dans les années 1990[141]. Les récits s'inspirent souvent de la forme des films et parfois réciproquement. Les trames souvent fondées sur des personnages et éléments familiers creusent cependant l'histoire de la saga avant et après les événements des films[157].
140
+
141
+ Avec les années 2000 et les séries sur le sujet, la Guerre des clones fait l'objet de plusieurs romans, notamment la série Republic Commando de Karen Traviss. Au total, les romans Star Wars, publiés en France aux éditions Presses de la Cité, Fleuve noir et Pocket pour une partie, sont plus de deux cents[158].
142
+
143
+ Dès le début de la série, George Lucas désire que Star Wars soit adapté en bande dessinée. Marvel Comics publie ainsi une version très adaptée de l'épisode IV en prenant de grandes libertés avec les personnages de la série, par manque de documentation[159]. De façon générale, une grande partie des œuvres produites autour de Star Wars, qu'il s'agisse des films, de séries ou de jeux vidéo, sont également adaptées en bande dessinée. Les films font même l'objet d'une adaptation en manga[157].
144
+
145
+ Les autres bandes dessinées s'attachent à raconter d'autres points de l'histoire en insistant sur des personnages peu détaillés dans les films, comme Dark Maul, ou même sur de nouveaux points de l'histoire. Ainsi, Star Wars: Legacy raconte les aventures de Cade Skywalker, descendant direct de Luke. L'action se passe 133 ans après l'épisode VI et raconte une nouvelle guerre entre d'une part les Sith et les impériaux et d'autre part l'Alliance Galactique et les Jedi, qui se solde par la défaite de ces derniers. Depuis le début de l'année 1991, Dark Horse Comics a le monopole de l'édition de ces bandes dessinées. En France, elles sont distribuées par les éditions Delcourt[160]. Néanmoins, à la suite du rachat de LucasFilm par Disney en 2012, Marvel annonce que les contrats avec Dark Horse ne seront pas renouvelés, la licence revenant donc à Marvel[161].
146
+
147
+ Depuis la sortie des films, un très grand nombre de jeux vidéo inspirés de la saga Star Wars ont vu le jour. Si certains ont été plébiscités par la critique, d'autres ont été de véritables déceptions pour les joueurs. Les premiers jeux voient le jour sur Atari 2600 en 1982 et en jeux d'arcades en 1983 avec Star Wars. D'autres suivent sur Amstrad, Game Boy et NES et sont des adaptations des films, telles que le jeu Star Wars : The Empire Strikes Back en 1988[162]. Les années 1990 voient l'arrivée des simulateurs de vol avec Star Wars: X-Wing (en 1993) et ses suites et dérivés[163]. Les années 1990 voient également naître d'autres séries appréciées par la critique : Dark Forces et ses suites dérivées de Jedi Knight en 1995[164] et Star Wars: Rogue Squadron en 1998, qui reste longtemps une référence du genre[165].
148
+
149
+ La sortie de la nouvelle trilogie au tournant de l'an 2000 marque l'arrivée de nouvelles adaptations de film, telles que Star Wars Episode I: Racer s'inspirant des courses de modules de Tatooine, Star Wars, épisode I : La Menace fantôme[166] et Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith, bien que ce dernier déçoive par sa faible durée de vie[167].
150
+
151
+ D'autres jeux explorent de nouvelles pistes scénaristiques, en comblant le vide entre les films, comme la série Star Wars: Battlefront, inspirée de la jouabilité de Battlefield 1942, qui permet de revivre un grand nombre de batailles dans différents camps[168].Ces jeux sont sortis respectivement en 2004, 2005, 2015 et 2017 ont été développés par Electronic Arts. Star Wars: Empire at War est pour sa part un jeu de stratégie en temps réel aux critiques également positives[169]. Le summum de ce concept est atteint en 2003 avec Star Wars: Knights of the Old Republic consacré par beaucoup de magazines comme le jeu de l'année[170] et en 2008 avec Star Wars : Le Pouvoir de la Force, dont l'histoire, développée avec l'aval de George Lucas, s'inscrit totalement dans la chronologie de la saga entre les deux trilogies[171]. Apprécié par la critique pour son scénario et ses graphismes, il se voit adjoindre une suite jugée très décevante[172].
152
+
153
+ En 2011 sort le jeu en ligne massivement multijoueur (MMORPG) Star Wars: The Old Republic développé par BioWare et édité par Electronic Arts[173]. Le 11 octobre 2015, Disney Interactive réorganise les jeux vidéo Star Wars après de nombreux licenciements et projets arrêtés et annonce la sortie de Star Wars Battlefront d'Electronic Arts le 17 novembre et d'un set Star Wars dans le jeu vidéo de plates-formes Disney Infinity[174],[175].
154
+
155
+ Lors d'une conférence organisée à l'Electronic Entertainment Expo 2018 de Los Angeles, un nouveau jeu est annoncé, il s’intitulera Star Wars Jedi: Fallen Order. L'intrigue se déroulera après le film Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith. Le joueur incarnera un Padawan qui se verra traqué à la suite de la Grande purge Jedi ordonnée par l'empereur Palpatine. Ce jeu d'action-aventure à la troisième personne est développé par Respawn Entertainment[176].
156
+
157
+ La plupart de ces jeux sont développés par la société LucasArts fondée en 1982 et célèbre non seulement pour ses adaptations vidéo-ludiques de la saga, mais également pour d'autres séries à succès telles que les Monkey Island[177].
158
+
159
+ Dès 1977, Star Wars se décline en jouet. C’est le fabricant américain Kenner Products qui obtient la licence. En 1991, à la suite du rachat de cette société par Hasbro c’est sous le nom de cette dernière que sont ensuite fabriqués les jouets de la saga. En 2006, le livre Star Heroes Collector indique que plus de mille figurines ont été réalisées par le fabricant de jouets[178]. Ce n’est en revanche qu’en 1999 que la société Lego obtient la licence pour produire des jouets de construction Star Wars[179].
160
+
161
+ En 1987, une attraction baptisée Star Tours est lancée au parc Disneyland de Californie. Des attractions du même type sont par la suite proposées dans d’autres parcs Disney[180]. Toujours en 1987, c’est un jeu de rôle Star Wars qui est édité par la société West End Games[181]. En 1989, la même société lance aussi un jeu de figurines consacrée à la saga : Star Wars Miniatures[182]. De nombreux jeux de cartes à collectionner sont également produits, le premier, réalisé par Topps, date de 1977[183]. Le 15 août 2015, lors du D23, Disney Parks annonce convertir deux terrains de 14 acres (56 656 m2) chacun pour construire des zones dédiées à Star Wars à Disneyland en Californie et à Disney's Hollywood Studios en Floride[184],[185],[186],[187],[188].
162
+
163
+ Le 19 février 2016, le parc Disney's Hollywood Studios annonce présenter à compter du 4 avril un spectacle sur les moments clés de la saga Star Wars, auquel s'ajoute durant l'été un spectacle pyrotechnique nocturne intitulé Star Wars: A Galactica Spectacular[189],[190]. Le 3 août 2017, la société The Void, en collaboration avec ILMxLAB et participant au programme Disney Accelerator, annonce qu'elle va ouvrir une salle de jeu virtuelle sur Star Wars à Downtown Disney et à Disney Springs, nommée Star Wars: Secrets of the Empire[191],[192],[193]. Le 23 novembre 2017, la salle de jeu virtuelle Star Wars: Secrets of the Empire conçue par The Void et ILMxLAB va ouvrir aussi à Londres en décembre 2018 d'abord au centre commercial Westfield London puis à celui de Stratford City[194]. Le 27 juin 2018, Disney UK et Public Health England lance un programme de sensibilisation au sport pour les enfants sur le thème de Star Wars, le Change4Life Train Like A Jedi programme[195].
164
+
165
+ Pour sa saga, George Lucas a puisé de nombreuses sources d'inspiration dans les livres notamment John Carter[196],[197],[198],[199],[200], films et séries qui l'ont marqué. Les cycles d'Isaac Asimov posent ainsi les bases de sa conception des droïdes, mais également l'idée de planètes-villes comme Coruscant[201]. Un autre classique de la science-fiction inspire particulièrement le réalisateur : les serials des années 1930, notamment Flash Gordon — c'est de là que Lucas tire ses titres (lui-même revendique cet amour pour les titres de type La revanche de... et ainsi de suite) et les textes déroulants au début des films. De même, plusieurs personnages de Star Wars exploitent des stéréotypes déjà vus dans ces serials[202]. Le cinéma d'Akira Kurosawa, notamment son film La Forteresse cachée, inspire également particulièrement le réalisateur, tant sur le fond que sur la forme. C'est en effet de ce film qu'il tire l'idée de centrer une partie de l'intrigue sur les deux personnages les plus insignifiants (les deux droïdes, principalement dans l'épisode IV), mais Lucas s'en inspire aussi pour les volets qui se rabattent sur l'image pour servir de transition entre deux scènes, typique du cinéma de la première moitié du XXe siècle[203].
166
+
167
+ L'inspiration vient également d'autres types de cinéma. Le western est ainsi à l'origine de certaines scènes, notamment sur Tatooine, tandis que le polar inspire le début de l'épisode II[204]. Le péplum joue également un rôle, notamment à travers la course qui occupe une place centrale dans La Menace fantôme et qui est directement inspirée de la course de chars de Ben Hur[205]. Les films de guerre et de pirates inspirent également de nombreuses scènes : l'attaque sur l'Étoile Noire est réalisée par Lucas à l'aide d'extraits de films représentant la Seconde Guerre mondiale dans les airs pour guider le travail des sociétés d'effets spéciaux ; tandis que l'assaut sur Kashyyyk dans l'épisode III s'inspire du film Il faut sauver le soldat Ryan[206].
168
+
169
+ Star Wars s'est aussi inspiré de l'univers graphique de la bande dessinée Valérian et Laureline de Jean-Claude Mézières[207]. Lorsque fut projeté pour la première fois en France Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir, Mézières déclara à la fin de la projection : « On dirait une adaptation de Valérian au cinéma[208]. »
170
+
171
+ L'inspiration est, enfin, littéraire : l'étude anthropologique de Joseph Campbell Le Héros aux mille et un visages et la légende arthurienne sont une de ses principales sources pour créer les archétypes de son histoire, comme le jeune et pauvre héros appelé à l'aventure, le vieil ermite qui le prend sous son aile, la princesse en détresse[209]... Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien est également une grande source d'inspiration pour George Lucas : les deux sagas partagent une trame très proche et des personnages assez semblables (Obi-Wan Kenobi et Gandalf, par exemple), mais aussi des procédés narratifs similaires (par exemple rapporter l'histoire d'amour de protagonistes hors du récit : Leia épouse Han Solo dans un livre de l'univers étendu, Aragorn et Arwen voient leur idylle relatée dans les appendices du livre)[210].
172
+
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+ George Lucas s’est également inspiré de la réalité, notamment de faits historiques. Outre les scènes de combats spatiaux inspirées des films sur le Blitz, le réalisateur s'est entre autres inspiré du Moyen Âge occidental, de l'histoire et des philosophies d'Extrême Orient. Ainsi, les Jedi ont une philosophie teintée de bouddhisme, tandis que le casque de Dark Vador a été inspiré au dessinateur Ralph McQuarrie par ceux des samouraïs[211]. Lucas explique également s'être inspiré, pour la progressive ascension de Palpatine et la transition de République à Empire, de ce qui est arrivé à Jules César, Napoléon Bonaparte et Adolf Hitler[212]. Il admet aussi que l'Empire dépeint dans les premiers films s'est inspiré de l'époque de Richard Nixon et de la guerre du Viêt Nam, qui l'a poussé à s'interroger sur la façon dont une démocratie peut se transformer en dictature[213],[214]. En 2005, Lucas a également déclaré : « J'espère qu'on ne le vivra pas dans notre pays ; peut-être que le film pourra réveiller les gens aux États-Unis, notamment face aux menaces contre la démocratie[215]. »
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+ Lucas s'est par ailleurs inspiré de faits de la vie quotidienne. Ainsi, l'idée d'un copilote alien, Chewbacca, lui est venue par sa chienne, de taille imposante, qui se tenait souvent sur le siège passager lorsqu'il conduisait à l'époque[216]. De même, le nom de Jar Jar Binks est venu d'un nom inventé par un des enfants du réalisateur[217]. Le court-métrage George Lucas in Love réalisé par Joe Nussbaum, parodie de Shakespeare in Love, montre d'ailleurs un jeune George Lucas s'inspirant du contexte du campus qui l'entoure pour créer l'ambiance de son premier film. Bien que parodique, ce film a été très apprécié, y compris par le réalisateur[218].
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+ Star Wars a été de nombreuses fois parodié et repris dans des films et séries. Ainsi, La Folle Histoire de l'espace est un film réalisé par Mel Brooks parodiant ceux de la trilogie originale. S'il s'inspire également d'autres films du genre comme Alien, l'influence de la saga de Lucas est très présente : le film commence par un résumé déroulant, le méchant est Lord Casque Noir, parodie de Dark Vador, on croise également Pizza the Hutt, parodie de Jabba le Hutt constituée de pizza et référence à Pizza Hut et les héros vont rencontrer le vénérable maître Yaourt, spécialiste en produits dérivés[219]. Les références faites à Star Wars dans des séries et sur Internet sont par ailleurs innombrables : dessins et vidéos parodiques circulent en effet sur la toile. Nombre de références à la saga sont également faites dans Les Simpson, comme dans l'épisode Boire et déboires qui parodie la sortie de l'épisode I et les réactions des fans[220].
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+ Par ailleurs, Star Wars a joué un rôle important pour le cinéma, en arrivant à une époque où les genres dominants étaient le film catastrophe et la comédie satirique et où la science-fiction paraissait dépassée. Lucas lui-même produit ainsi au début des années 1980 la série des Indiana Jones réalisée par son ami Steven Spielberg. Pareillement, la décision de réaliser en 1979 Star Trek, le film est prise par la Paramount après avoir vu le succès de Star Wars[219]. De même, l'épisode de James Bond annoncé sous le titre Rien que pour vos yeux est retardé pour laisser place à Moonraker, qui va jusqu'à mettre en scène un combat spatial[219]. D'autres réalisateurs, comme Peter Jackson (Le Seigneur des anneaux), déclarent également avoir été inspirés par l'œuvre de George Lucas. Enfin, les années 1980 voient fleurir un grand nombre de navets cinématographiques reprenant les codes de la saga (le jeune fermier parti à la conquête des étoiles, les robots farceurs etc.)[219].
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+ Star Wars a également marqué le cinéma par les avancées dans le domaine de la technique. Les effets spéciaux ont notamment été fortement développés, avec la création d'une société par George Lucas : Industrial Light & Magic, à l'origine par exemple des dinosaures de Jurassic Park[221]. L'une des branches de cette société, spécialisée dans le domaine de l'informatique, a par la suite été revendue pour devenir Pixar, à l'origine de films d'animation par ordinateur tels que Toy Story. Par ailleurs, la saga a également entraîné des innovations dans le domaine du son, avec Skywalker Sound, qui a aidé à l'élaboration de centaines de films et le syst��me THX[221]. Enfin, les films de la prélogie innovent fortement dans le domaine des créatures réalisées par ordinateur, à l'image des kaminoens ou de Jar Jar Binks. Ce genre de création devient par la suite courant dans les films des années 2000 comme Le Seigneur des anneaux ou Avatar. Lucas l'explique ainsi : « Nous avons fait de Jar Jar, Sebulba et Watto des personnages crédibles, capables de jouer un rôle. [...] Nous avons ouvert une porte que n'importe qui d'autre peut désormais franchir[221]. »
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+ Star Wars a un important impact sur la culture populaire. Ses répliques deviennent vite cultes, comme « que la Force soit avec toi »[i], ou encore le « Je suis ton père » de Vador. Le titre même de Star Wars est réutilisé dans le contexte pourtant très éloigné de la Guerre froide. En effet, lorsque Ronald Reagan propose le programme Initiative de défense stratégique visant à préparer la défense du territoire contre les missiles soviétiques, son projet est très vite surnommé « Star Wars », à tel point que Lucasfilm intente, et perd, un procès à ce sujet[222].
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+ L'enthousiasme pour Star Wars entraîne de grandes réunions de fans de par le monde à l'occasion de la sortie des films ou dans d'autres cadres. Un fan club officiel s'est ainsi formé aux États-Unis : Starwars Hyperspace. Des conventions ont également lieu. Certaines sont organisées par Lucasfilm comme la Star Wars Celebration dont la quatrième édition s'est par exemple tenue à Los Angeles en mai 2007 avec notamment Carrie Fisher[223] alors que la sixième eut lieu en août 2012 à Orlando[224]. En France, Star Wars Reunion, organisée par Lucasfilm Magazine[j], s'est tenue au cinéma Le Grand Rex à Paris en mai 2005 et octobre 2007. La deuxième édition de cette convention française donna lieu à une diffusion marathon en deux jours des six films de la série et proposait comme invités le producteur Rick McCallum et Roger Carel, doubleur français de C-3PO[225]. Des évènements indépendants de Lucasfilm ayant parmi leurs sujets principaux la saga Star Wars ont également lieu chaque année comme Star Wars Fan Days (Dallas, États-Unis), FACTS[226] (Gand, Belgique), Générations Star Wars et Science Fiction[227] (Cusset, France) ou encore la JediCon[228] (Düsseldorf, Allemagne). Un grand nombre de fans pratiquent le cosplay lors de ces événements, donnant parfois lieu à la naissance de véritables associations telles que la 501e légion qui tire son nom d'une compagnie de stormtroopers et se met souvent au service d’œuvres caritatives[229].
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+ Par ailleurs, l'activité des fans passe aussi par l'animation de sites web et d'encyclopédies en ligne sur l'univers de la saga. De véritables débats naissent parfois au sujet de certains personnages et certaines scènes. La sortie de l'épisode I voit ainsi apparaître sur le web une vague de haine à l'encontre de Jar Jar Binks[230]. Des polémiques naissent également sur les versions refaites de la trilogie originale, sorties en 1997 puis 2004, comme en témoigne le slogan Han shot first, considérant que la retouche d'une scène de l'épisode IV frôle l'hérésie[231]. L'implication des fans va parfois très loin, comme avec le phénomène Jedi de 2001 : lors de recensements dans les pays anglophones, nombre de gens ont, généralement en signe de contestation ou par humour, répondu « chevalier Jedi » à la question « quelle est votre religion ? »[232]. Certains revendiquent également plus sérieusement leur appartenance au jediisme (les chiffres allant jusqu'à 500 000 membres de l’International Church of Jediism) et ceux-ci se sont vus refuser l'agrément au même titre que les religions et croyances, lorsqu'une commission britannique a étudié, en 2010, les discriminations sur les opinions. La commission a en effet expliqué que « les croyances [concernées par la loi] doivent être sincères »[233].
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+ Dans les six premiers films de la saga Star Wars, les femmes ont une place strictement définie, les films étant majoritairement réservés à un public masculin. En janvier 2015, George Lucas (créateur et réalisateur de quatre des huit longs métrages sortis) confirme qu'il a « fait Star Wars pour les garçons de 12 ans ». Ainsi, les personnages de Padmé Amidala et de Leia Organa apparaissent à première vue comme des héroïnes puissantes, la première étant une reine qui devient ensuite sénatrice et la seconde étant l'une des chefs de l'Alliance rebelle (une organisation qui s'oppose à l'Empire). Cependant, la sénatrice Amidala devient par exemple éperdument amoureuse du personnage central Anakin Skywalker et finit par mourir en accouchant de leurs enfants. Le cas de la princesse Leia est discuté : si elle apparaît régulièrement comme une femme forte, sa sexualisation dans l'épisode VI marque les esprits et prête à polémique[234],[235],[236]. Le manque d'importance des femmes s'illustre par le temps de parole qui leur est consacrée, au total, sur les 586 minutes des trois premiers films (Un nouvel espoir, L'Empire contre-attaque, Le Retour du Jedi), les femmes occupant un rôle secondaire ne parlent qu'une seule minute[237].
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+ Depuis le rachat de Lucasfilm par The Walt Disney Company en 2012, les choses évoluent. D'un point de vue sociologique, alors que la société souhaite pouvoir s'identifier de plus en plus à des personnages féminins, les films intègrent des héroïnes qui se détachent de l'image véhiculée par les femmes dans les six premiers films. Loin d'être victimes des événements, les femmes — qui occupent également les rôles principaux — deviennent des personnages débrouillards, indépendants et capables de vaincre des hommes potentiellement plus puissants à l'image de Rey dans le film sorti en 2015, Le Réveil de la Force dont le titre même est lié au fait qu'elle découvre ses pouvoirs au cours du récit. Ce même film met en scène des femmes ayant des rôles à responsabilité comme des chefs militaires et une chef de bande. Elles peuvent également être très bagarreuses comme Jyn Erso qui est comparable à Jeanne d'Arc dans Rogue One: A Star Wars Story, sorti en 2016[235].
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+ Dans l'industrie cinématographique, tandis que J. J. Abrams (réalisateur, scénariste et producteur de Le Réveil de la Force) déclare : « Star Wars a toujours été un truc de garçons, et un film où les pères emmènent leur fils. Et, bien que ce soit encore beaucoup le cas, j'espère vraiment que pour ce film, des mères emmèneront aussi leur fille le voir ». Le Réveil de la Force a accueilli un public composé de femmes à un tiers[238]. Aussi, alors qu'une polémique relaye que les revenus des hommes sont supérieurs aux revenus des femmes pour un même niveau de popularité[239], Felicity Jones, l'actrice principale de Rogue One: A Star Wars Story est celle qui parmi les acteurs principaux a reçu le revenu le plus élevé[240]. Un effort a également été accompli dans la parité entre hommes et femmes, les deux genres étant représentés à égalité dans les équipes chargées de l'écriture du film de 2015. De plus, Kathleen Kennedy, présidente de Lucasfilm Ltd., soutenue par J.J. Abrams, est favorable à la réalisation de films par une femme[237]. En revanche, le personnage de Rey a tardé à apparaître dans les produits dérivés de l'épisode VII, Lucasfilm craignant que ses reproductions ne se vendent pas mais après des accusations de sexisme, Disney a finalement lancé des produits à l'effigie de Rey en affirmant que certains jouets étaient « gardés secrets » pour protéger l'intrigue du film[241],[242]. Peu avant la sortie du Réveil de la Force, Disney décide de ne plus commercialiser de produit dérivé représentant Leia dans son bikini de l'épisode VI[243].
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+ Le 13 avril 2017, juste avant la Star Wars Celebration se tenant à Orlando, Lucasfilm dévoile qu'une série de courts métrages animés sont en cours de production[244]. Ces derniers mettent au cœur de leur intrigue chacune des principales héroïnes de la franchise : Leia Organa, Padmé Amidala, Rey, Jyn Erso, Sabine Wren et Ahsoka Tano. L'objectif de cette série intitulée Star Wars : Forces du destin est de « permettre au jeune public de mieux les comprendre et découvrir différentes facettes de leur personnalité (héroïsme, ténacité, courage...). Nous allons donc y retrouver tout leur univers, en abordant des histoires tantôt liées à leur passé, tantôt à leur présent » selon Carrie Beck, productrice et scénariste chez Lucasfilm Animation[245].
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+ La guerre de Troie est un conflit légendaire de la mythologie grecque, dont l'historicité est controversée. Elle est parfois appelée deuxième guerre de Troie en référence à l'expédition menée contre la cité par Héraclès après la quête de la Toison d'or, que certains nomment première guerre de Troie.
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+ C'est le prince troyen Pâris qui la déclenche en enlevant Hélène, épouse du roi de Sparte, Ménélas. En rétorsion, Ménélas, l'époux bafoué, lève avec son frère Agamemnon une expédition rassemblant la plupart des rois grecs, qui assiège Troie et remporte finalement la victoire. La guerre de Troie et ses conséquences formaient le sujet d'un vaste cycle épique, le « Cycle troyen », dont les œuvres sont aujourd'hui perdues à l'exception de l’Iliade et l’Odyssée d'Homère. Elle représente une pierre fondatrice de la culture grecque, puis de la culture romaine, et constitue encore une source d'inspiration pour les artistes et écrivains.
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+ La guerre de Troie est déclenchée par l'enlèvement d'Hélène, épouse du roi de Sparte, Ménélas, par le Troyen Pâris, fils de Priam, roi de Troie, et de son épouse Hécube. En effet, Hélène avait été promise à Pâris par Aphrodite, en remerciement pour le jugement du mont Ida, lui attribuant la pomme d'or. Pâris dut alors choisir entre Héra, Athéna et Aphrodite, lui promettant respectivement la royauté, la puissance militaire et l'amour de la plus belle femme du monde : Hélène.
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+ On peut aussi considérer l'enlèvement d'Hélène, et donc l'incitation à la guerre, comme une vengeance de la part de Priam de la précédente guerre de Troie entre Héraclès et son père Laomédon qui est mort par ses mains. En effet, si Pâris est autorisé à se rendre à Sparte, c'est pour demander le retour d'Hésione, emmenée par Télamon après la guerre[1].
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+ Les rois grecs, descendants de Pélops, sont contraints par le serment de Tyndare à se joindre à la cause de Ménélas, l'époux d'Hélène. Celui-ci, accompagné de Nestor, parcourt la Grèce pour les rappeler à leur promesse[2],[3].
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+ Étant accompagné de son frère Agamemnon et de Palamède, Ménélas va trouver à Ithaque Ulysse, réticent à cause d'un oracle qu'il a entendu. Pour éviter d'avoir à partir, il simule la folie : vêtu en paysan, il laboure un champ avec un âne et un bœuf attelés à la même charrue, et lance du sel par-dessus son épaule. Palamède place alors le jeune Télémaque, fils d'Ulysse, devant l'attelage en marche. Ulysse tire vivement sur les rênes, montrant ainsi qu'il est sain d'esprit[4],[5]. On peut accorder une signification métaphorique à cet épisode : le bœuf et l'âne représentent Zeus et Chronos, chaque sillon ensemencé de sel signifie une année perdue, et Télémaque marque la « victoire décisive[C 1] ».
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+ Selon les auteurs tardifs, le devin Calchas avait prédit que Troie ne pourrait être prise sans Achille, fils de Thétis. Sa mère, pour le protéger de la guerre, le cacha, déguisé en fille, chez Lycomède, roi de Skyros. Mais il fut confondu par une ruse d'Ulysse, qui excita son instinct de guerrier et le poussa à se révéler en faisant sonner la trompette aux portes de la cité[6]. Cependant Homère raconte simplement que Nestor et Ulysse, étant venus à Phthie pour recruter des troupes, se virent confier Achille par son père Pélée[il 1].
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+ D'autres rois et héros, tels que les deux Ajax, Diomède et Tlépolémos les rejoignirent encore[C 2]. Idoménée, roi de Crète, lui aussi ancien prétendant d'Hélène[7], qui avait amené un nombre considérable de navires[N 1],[8],[9], obtint le commandement des gardes[il 2]. Toutes les troupes se rassemblèrent à Aulis. Cependant, elles ne pouvaient partir sans provisions ; c'est Anios qui les fournit, grâce à ses filles, les Vigneronnes[10]. Mais Ménélas envoya Agamemnon — accompagné d'Ulysse[11] — pour emporter avec eux les Vigneronnes ; comme Anios refusait, ils les enlevèrent de force mais elles s'enfuirent[12].
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+
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+ Cette flotte accoste, dans la deuxième année après l'enlèvement d'Hélène, en Mysie, non loin d'Élée. Ils affrontent d'abord Télèphe, roi de Mysie et fils d'Héraclès qui, alarmé par le débarquement d'une armée si imposante, a dépêché contre elle ses propres troupes. Après des combats acharnés, Télèphe apprend qui sont les chefs de l'armée ennemie et le combat cesse alors. La flotte grecque repart chez elle après cette première expédition, et se repose pendant huit ans. Cette première expédition était relatée dans les Chants cypriens, première épopée du Cycle troyen, attribués à Stasinos et composés au VIe siècle av. J.-C. ; cette épopée est presque entièrement perdue, mais on en connaît un résumé transmis beaucoup plus tard dans la Chrestomathie de Proclos au Ve siècle[13].
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21
+ Alors que l'armée grecque s'apprête, la colère d'Artémis contre Agamemnon bloque la flotte à Aulis[14]. Le devin Calchas impose le sacrifice d'Iphigénie, fille de ce dernier[15] ; c'est par la promesse d'un mariage avec Achille que les chefs achéens attirent alors la jeune fille à Aulis[16],[17].
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+
23
+ Quand la flotte grecque arrive devant Troie, le premier Grec à perdre la vie est Protésilas, sous le coup d'Hector[il 3]. Alors que les Grecs organisent la cérémonie funèbre en l'honneur de celui-ci, sans avertissement[18], Cycnos, fils de Poséidon et roi de Colones (en), mène un second assaut mettant en fuite les Grecs[19],[20] et aucune arme ne peut le blesser[21]. Achille, menant la contre-attaque, parvient à le tuer en l'étranglant avec la jugulaire de son casque[22] ou d'un jet de pierre[23].
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+
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+ Les Grecs installent leur camp sur la plage qui s'étend devant Troie ; une ambassade achéenne pour réclamer Hélène échoue[24]. Une fois les Troyens retranchés derrière leurs murailles, Achille s'emploie à leur couper les vivres. Il attaque et réduit ainsi onze cités d'Anatolie, tributaires de Troie. C'est dans Lyrnessos[25], l'une de ces villes, lors de la dixième année de siège, qu'il reçoit pour part d'honneur Briséis[il 4], tandis qu'Agamemnon reçoit Chryséis lors du sac de Thèbe sous le Placos[il 5].
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+ C'est à ce moment que commence le récit de l’Iliade. Une peste frappe le camp grec[il 6] et le devin Calchas, encouragé par Achille, révèle qu'Apollon a puni Agamemnon car celui-ci avait refusé de rendre la captive Chryséis à son père Chrysès, prêtre d'Apollon dans une ville de Troade[il 7]. Contraint de céder, Agamemnon furieux réclame une autre part d'honneur. Achille se récrie et Agamemnon, pour l'humilier, décide de prendre Briséis, sa captive[il 8]. En colère, ce dernier décide de se retirer sous sa tente et jure sur le sceptre d'Agamemnon, don de Zeus, de ne pas retourner au combat[il 9]. Zeus, sur sa demande, donne l'avantage aux Troyens, tant qu'il sera absent du champ de bataille[il 10].
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+ Privés de son appui, les Grecs essuient défaites sur défaites, et alors que les Grecs sont acculés et que les Troyens menacent de brûler leurs nefs, le vieux sage Nestor, Phénix et Ulysse viennent en ambassade plaider la cause achéenne[il 11]. Achille reste ferme mais Patrocle, ému par les malheurs de ses compatriotes, obtient l'autorisation d'Achille de sauver les Grecs en portant ses armes[il 12]. La manœuvre réussit mais Patrocle, malgré sa promesse à Achille, engage la poursuite[il 13]. Il est tué par Hector, frère de Pâris, qui prend les armes d'Achille comme butin[il 14]. Furieux contre lui-même et humilié — trompé par Patrocle qui ne l'a pas eu auprès de lui pour le protéger du malheur et symboliquement vaincu par Hector —, Achille décide de se venger, malgré les avertissements de sa mère : s'il affronte Hector, il mourra peu de temps après[il 15]. Héphaïstos lui forge de nouvelles armes, avec lesquelles il sort à la recherche d'Hector[il 16].
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+
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+ Revêtu de son armure divine, il s'engage à nouveau dans le combat et abat un grand nombre de Troyens sur son passage[il 17], tellement que les eaux du Scamandre sont souillées de cadavres[il 18]. Offensé[il 19], le Scamandre manque de noyer Achille[il 20]. Sauvé par l'intervention d'Héphaïstos[il 21], celui-ci rencontre enfin Hector, le défie et le tue avec l'aide d'Athéna[il 22]. Il traîne sa dépouille autour de la ville avec son char[il 23] avant de la ramener dans le camp achéen.
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+ Achille fait pourtant preuve d'humanité en laissant le roi Priam, venu dans sa tente en suppliant, emporter le corps de son fils pour lui accorder des dignes funérailles[il 24]. Il obéit ainsi à sa mère[il 25], envoyée par les dieux mécontents du traitement infligé à la dépouille du héros[il 26].
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+ Certains racontent ensuite l'arrivée de Penthésilée, reine des Amazones, et de Memnon[Én 1], qui est selon certains roi d'Éthiopie[26],[27]. Penthésilée est défaite par Achille[28]. Mais il tombe amoureux du cadavre ; et Thersite s'étant moqué de lui, il tue ce dernier[29],[30]. Antiloque, pour sauver son père[31], s'affronta à Memnon qui le tua[28]. Achille le vengea en tuant Memnon[32],[28].
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37
+ Sur une idée d'Épéios[Én 2] ou d'Ulysse[34] — à moins que ce ne soit sous l'inspiration d'Athéna[35] —, les Grecs construisent un énorme[Én 3] cheval en bois, dans lequel ils cachent des guerriers, au nombre desquels se trouvent notamment Ulysse, Ménélas et Néoptolème[Én 4],[36]. Puis les Achéens brûlent leur camp[36], embarquent sur leurs navires et dissimulent leur flotte plus loin, dans la baie de Besik, derrière l'île de Ténédos[Én 5]
38
+
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+ En présence du cheval les Troyens sont d'abord désemparés, les avis divergeant sur le sort qu'on doit lui réserver[Én 6]. Avertis qu'il s'agit d'un présent pour la déesse Athéna[N 2],[Én 7],[37], les uns veulent le faire entrer dans la ville, les autres, menés d'abord par Thymétès[Én 8], prônent la méfiance. Survient alors Laocoon qui exhorte ses compatriotes à se débarrasser du cheval, prononçant la formule célèbre :
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+ Quidquid id est, timeo Danaos et dona ferentes[Én 9]
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+ — Virgile, Énéide
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+ « Quoi qu'il en soit, je redoute les Grecs, même porteurs de présents »
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+ — Énéide
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+
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+ Et, joignant le geste à la parole, il jette un javelot dans le flanc du cheval ; on entend alors des gémissements[Én 10], qui sont sans aucun doute ceux des Grecs.
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+ Un Grec, Sinon, resté sur la côte apparaît alors et faisant croire qu'il a été condamné par les Grecs et qu'il est donc prêt à les trahir[Én 11], tient le discours suivant :
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+ « Calchas a voulu qu'ils fissent [du cheval] une énorme masse et que cette charpente s'élevât jusqu'au ciel, et qu'ainsi elle ne pût entrer par vos portes ni être introduite dans vos murs ni replacer le peuple de Troie sous la protection de son ancien culte[N 3]. Si vos mains profanaient cette offrande à Minerve, […] alors ce serait une immense ruine pour l'empire de Priam et pour les Phrygiens. Mais si, de vos propres mains, vous la faisiez monter dans votre ville, l'offensive d'une grande guerre conduirait l'Asie jusque sous les murs de Pélops[N 4],[Én 12]. »
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+ — Virgile, Énéide
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+ Comme pour confirmer ses dires, deux serpents surgissent de la mer et se jettent sur Laocoon et sur ses enfants[Én 13], puis ils se réfugient dans le temple d'Athéna[Én 14]. Le message semble clair aux Troyens : Athéna leur est farouche, il faut donc l'apaiser. Ils n'ont pas pensé que peut-être c'était en raison d'offenses personnelles que Laocoon a pu faire à la déesse qu'il était puni[C 3]. Ils décident alors d'ouvrir une brèche dans les murs de la cité pour faire entrer l'offrande[Én 15]. À plusieurs reprises, lorsqu'ils déplacent l'engin, ils perçoivent des bruits à l'intérieur, qui sont ceux des armes grecques qui s'entrechoquent[Én 16]. Si on ajoute à ce signe les prédictions que Cassandre avait déjà faites auparavant[38],[39] et le bruit du javelot de Laocoon, on voit que c'est malgré des indices nombreux que les Troyens ont accepté l'offrande. Notons que selon certains[38], Priam aurait agi de sa propre initiative, et sans l'intervention de Sinon.
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+ Une fois la nuit venue, un complice des Grecs fait des signaux lumineux depuis la cité pour les engager à attaquer. Pour les uns, c'est Hélène qui feint de mener une procession nocturne, accompagnée de flambeaux[Én 17] ; pour les autres, c'est Sinon qui allume un feu[40]. D'autres encore racontent qu'Hélène s'étant placée sous un cheval et imitant la voix des femmes des guerriers, les appelle. Ceux-ci sont tentés de répondre à cette voix familière, mais Ulysse réfrène leurs désirs[41],[42].
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+ Il existe deux types de combats, rapproché et à distance. En combat rapproché, il y avait des haches doubles, des glaives et des dagues utilisées lors du corps à corps. Les lances sont en bronze et peuvent aussi bien être employées en combat rapproché qu’à distance. Les javelots sont très utilisés lors du combat à distance, ils comportent un propulseur qui est un lacet de cuir s’enroulant autour de la tige, ce qui renforce la puissance du jet. Les archers portent un carquois avec des flèches de fer sur le dos et utilisent un arc à double courbure. L’épée de bronze est droite et à double tranchant[43].
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+ Concernant les protections, les soldats portent des jambières (cnémide), des boucliers ronds, des cuirasses, des plastrons ainsi que des casques. Les chefs sont privilégiés et portent des armures constituées de plaques de bronze qui pèsent l’équivalent de 20 kg. La cuirasse peut être ornée de traits qui soulignent les muscles. Portée sur une tunique courte, la cuirasse est formée de 2 plaques de métal réunies avec des crochets. Elle s’arrête sous la ceinture. Des bandes de cuirs prolongent la cuirasse. Le bouclier est toujours décoré de motifs divers. Les jambières sont en étain[44].
64
+
65
+ Les matériaux utilisés pour les armes sont principalement le bronze, l’argent, le fer, l’or et le cuivre. Les mines de fer se trouvent en Chypre, à Rhodes et en Eubée. Les mines d’argent sont au Sud d’Athènes. Et sur le Mont Pangée on trouve de l’or. Les mines de cuivre sont en Eubée[45].
66
+
67
+ Pour l'auteur comique latin Plaute, Troie est tombée en raison[46] :
68
+
69
+ Selon le devin grec Calchas[47], Troie ne peut être prise sans le concours de l'arc et les flèches d'Héraclès, c'est pourquoi les Grecs, après l'avoir lâchement laissé blessé à Lemnos, sollicitent le soutien de Philoctète qui en est le dépositaire.
70
+
71
+ Selon le Troyen Hélénos[48], qui selon Calchas connaît les oracles qui protègent la cité, et après avoir été capturé par Ulysse et contraint de les révéler aux Grecs, trois causes sont donc nécessaires à la prise de la ville :
72
+
73
+ L’Iliade et l’Odyssée sont les plus anciens récits qui nous soient parvenus au sujet de la guerre de Troie — le récit de Darès de Phrygie était censé être plus ancien, mais la version qui nous est parvenue est sans aucun doute beaucoup plus récente[C 4]. Néanmoins, à l'époque archaïque, ce sujet était l'un des préférés des aèdes et des poètes. Les œuvres épiques qui y étaient consacrées étaient donc nombreuses. L'ensemble de ces œuvres est nommé le « Cycle troyen ».
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+ Pendant la période classique et surtout alexandrine, le sujet resta à la mode. De nombreux mythographes comme Proclos dans sa Chrestomathie, le pseudo-Apollodore dans sa Bibliothèque, ou Hygin dans ses Fables rédigèrent des résumés ou des analyses des événements décrits dans l’Iliade. À l'époque tardive fleurirent aussi des suites et des contre-récits. Ces derniers avaient pour but de présenter les événements sous un angle différent de celui adopté par Homère. En fait, nombre des détails ou des traditions associés pour nous à tel ou tel héros ne sont pas présentes dans l'œuvre homérique, mais proviennent de versions alternatives[N 5].
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+ Virgile conta également dans son Énéide le récit d'un des héros troyens, Énée, fils d'Aphrodite, qui suivit sans le savoir les traces d'Ulysse, pour aller fonder une nouvelle Troie, Rome. C'est notamment par cette épopée qu'on connaît en détail l'épisode de la prise de Troie[Én 18].
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+ Enfin, au Moyen Âge, des auteurs s'efforcèrent de mettre à la portée du public cultivé le contenu des œuvres grecques.
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+ Dans l'Antiquité, la guerre de Troie a inspiré aux tragédiens de nombreuses pièces. Ainsi Sophocle aurait écrit entre autres Le Rapt d’Hélène, Laocoon, Polyxène et Priam, mais ces pièces sont perdues. Deux tragédies conservées de Sophocle empruntent leur sujet à la guerre de Troie : Ajax (qui évoque la querelle entre Ulysse et Ajax fils de Télamon pour la possession des armes d'Achille après sa mort, puis le suicide d'Ajax)[C 5] et Philoctète (relatant le conflit entre Philoctète, héros de l'armée achéenne abandonné sur une île après avoir été atteint d'une blessure à l'odeur nauséabonde, et Ulysse et Néoptolème qui tentent de s'approprier son arc, car un oracle a annoncé que les Achéens ne pourront pas prendre Troie sans cette arme)[C 6]. D'Euripide, on a la chance d'avoir conservé, à propos de la guerre de Troie, plusieurs œuvres. Iphigénie à Aulis raconte le sacrifice d'Iphigénie. Hélène s'écarte de la version homérique en racontant comment Hélène s'est exilée en Égypte durant la guerre. Les Troyennes montre le devenir des femmes troyennes après la prise de leur cité, troisième volet d'une trilogie dont les deux autres ont été perdus. On peut voir dans sa forme linéaire, sans intrigue, un glissement du tragique théâtral à la réalité de la guerre[C 7].
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+
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+ L'influence de l’Iliade perdure pendant la Renaissance. En 1579, Robert Garnier compose la tragédie La Troade, qui évoque le sort des Troyennes après la prise de la ville, en rassemblant les sujets de plusieurs pièces d'Euripide et de Sénèque[49].
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+ À l'époque classique, le thème est repris par Jean Racine, dans ses tragédies profanes Andromaque (1667) puis Iphigénie (1674). Les contraintes qu'il s'impose sont les mêmes que celles des tragiques grecs, mais les thèmes mythologiques sont surtout pour lui l'occasion d'évoquer les passions des héros.
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+ À partir du XIXe siècle, le thème de la guerre de Troie, thème de violence, devient une voie pour évoquer des sentiments profonds ou des sujets polémiques. Ainsi, dans sa Penthésilée[C 8], Heinrich von Kleist donne un récit du rôle de la reine des Amazones dans la guerre de Troie. C'est pour lui l'occasion d'évoquer les sentiments violents qui s'opposent chez la protagoniste à un ordre social contraignant et qui ne reconnaît pas l'amour. De même, dans sa célèbre pièce La guerre de Troie n'aura pas lieu[C 9], Jean Giraudoux raconte la guerre mais surtout évoque le cynisme du monde politique et défend le pacifisme.
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89
+ La guerre de Troie était un sujet classique de la Céramique grecque antique. Par exemple, le potier Exékias a effectué des représentations du récit. Certaines scènes du vase François montrent aussi des illustrations pertinentes.
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+ Le sujet inspire au grec Polygnote du Ve siècle av. J.-C. des peintures disposées dans la Lesché des Cnidiens, un bâtiment à Delphes. Celles-ci sont disparues, mais le géographe Pausanias nous livre une description des différents tableaux nous permettant aujourd'hui d'en avoir une assez bonne vue d'ensemble. Carl Robert proposa une reconstruction en 1893[50],[51].
92
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+ Le peintre italien rococo Giambattista Tiepolo, parmi les fresques de la mythologie romaine qu'il peintes en 1757 à la villa Valmarana, en a consacré plusieurs à des épisodes célèbres de l'Iliade et de l'Énéide. Son fils Giovanni Domenico Tiepolo reprendra ce thème vers 1760 avec deux tableaux consacrés au cheval de Troie, aujourd'hui exposés à la National Gallery[C 10].
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+ Par ailleurs la guerre de Troie a bien sûr été abordée par le courant néoclassique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Par exemple, Les Funérailles de Patrocle sont en 1779 pour Jacques-Louis David l'occasion de rendre hommage aux bas-reliefs antiques et aux maîtres de la Renaissance[C 11]. De même, Giuseppe Cades, s'inspirant du groupe du Laocoon, fait ressortir la grandeur tragique d'Achille dans son dessin Achille et Briséis[C 12].
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+ G. B. Tiepolo, La Flotte grecque à Aulis, détail, villa Valmarana.
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+ G. B. Tiepolo, Le Sacrifice d'Iphigénie, villa Valmarana.
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+ G. B. Tiepolo, Eurybatès et Talthybios mènent Briséis à Agamemnon, villa Valmarana.
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103
+ G. D. Tiepolo, Procession du cheval de Troie, National Gallery.
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+ G. D. Tiepolo, Construction du cheval de Troie, National Gallery.
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+ J.-L. David, Les Funérailles de Patrocle, National Gallery of Ireland.
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109
+ G. Cades, Achille et Briséis, dessin, Musée Fabre, Montpellier.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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113
+ Le célèbre groupe du Laocoon représente l'attaque du prêtre et de ses enfants par les serpents. Elle est célèbre pour son expressivité et sa beauté, au point que Pline l'Ancien écrit[52] : « il faut préférer [cette sculpture] à toute la peinture et toute la sculpture ».
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115
+ La Belle Hélène, opéra-bouffe d'Offenbach de 1864, a pour thème la rencontre d'Hélène et de Pâris. En mars 1954, la comédie musicale américaine The Golden Apple s'inspire librement de l'intrigue des épopées d'Homère, transposées dans une semi-parodie qui se déroule dans l'État de Washington au début du XXe siècle
116
+
117
+ En bande dessinée, l'auteur américain Eric Shanower a entrepris d'écrire et de dessiner une série, L'Âge de bronze, qui doit relater en dix volumes la totalité de la guerre de Troie[C 13] dans une version rationalisée des événements où les éléments surnaturels sont écartés au profit d'une réflexion sur la psychologie des personnages humains[C 14].
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119
+ On pourra également citer Valérie Mangin qui dans La Guerre des Dieux, troisième cycle des Chroniques de l'Antiquité galactique, relate les évènements de l’Iliade dans un premier tome, et ceux de l’Odyssée dans un deuxième. Valérie Mangin se rapproche plus de la version d'Homère, car elle présente la Guerre de Troie comme dirigée uniquement par les Dieux, les hommes n'étant que des marionnettes, objets des querelles divines[C 15].
120
+
121
+ Dans un registre tout autre, la bande-dessinée Alcibiade Didascaux, dans le tome L'extraordinaire aventure d'Alcibiade Didascaux, illustre de nombreux mythes grecs fondamentaux, dont ceux relatifs à la Guerre de Troie, apportant une vision légèrement humoristique des faits[C 16].
122
+
123
+ Le point le plus notable dans les adaptations cinématographiques de la Guerre de Troie est que parmi toutes les versions[C 17], une seule adopte le point de vue du texte homérique : L'ira di Achille[C 18]. Hormis le film Troie de Wolfgang Petersen (seul à donner un rôle notable à Briséis), les autres films délaissent souvent le personnage d'Achille alors que l'épopée homérique est centrée sur les actes et les paroles du fils de Pélée, cause des fluctuations de la guerre[53]. Beaucoup de films se focalisent sur Hélène ou sur les Troyens, censés montrer plus d'humanité que le cruel Achille[54]. L'un d'eux donne le rôle principal à Énée[C 19].
124
+
125
+ Racine dans son Andromaque[55] met en exergue les amours d'Hélène et de Pâris qui touchent davantage le cœur des Modernes. Quant aux héros grecs, on retient plus volontiers le rôle ingrat du mari jaloux Ménélas ou celui de l'assassin de sa fille Agamemnon. Ainsi la vision des Grecs s'est-elle inversée : les héros d'Homère sont devenus des personnages troubles qui ont maintenant le mauvais rôle.
126
+
127
+ C'est en fait le personnage d'Hélène qui a retenu le plus l'attention des metteurs en scène, renforçant ce constat d'inversion des valeurs par rapport à l’Iliade où les femmes ne sont que de simples objets d'échange (une femme habile à mille travaux vaut quatre bœufs)[il 27]. Hélène est devenue l'héroïne préférée des cinéastes, que ce soit en raison de son enlèvement comme cause de la guerre[C 20], de ses démêlés amoureux avec Pâris[C 21], de son intégration à Troie[C 22] ou encore de son retour en Grèce[C 23].
128
+
129
+ Ajoutons que le personnage d'Hélène a alimenté aussi l'imagination des réalisateurs de films pornographiques[C 24].
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+
131
+ Parmi les nombreux films évoquant la guerre de Troie, on peut notamment citer :
132
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133
+ Thucydide pensait lui que l’importance qu’Homère avait accordé au conflit était exagérée ; il écrit :
134
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135
+ « la guerre de Troie elle-même, la plus célèbre des expéditions d'autrefois, apparaît en réalité inférieure à ce qu'on en a dit et à la renommée qui lui a été faite par les poètes »
136
+
137
+ — Thucydide, Guerre du Péloponnèse[56]
138
+
139
+ Dans le même état d'esprit, Hérodote dénonce l'invraisemblance du récit homérique :
140
+
141
+ « Si cette princesse eût été à Troie, on l'aurait sûrement rendue aux Grecs, soit qu'Alexandre y eût consenti ; soit qu'il s'y fût opposé. Priam et les princes de la famille royale n'étaient pas assez dépourvus de sens pour s'exposer à périr, eux, leurs enfants et leur ville, afin de conserver à Alexandre la possession d'Hélène. Supposons même qu'ils eussent été dans ces sentiments au commencement de la guerre, du moins, lorsqu'ils virent qu'il périssait tant de Troyens toutes les fois qu'on en venait aux mains avec les Grecs, et qu'en différents combats il en avait déjà coûté la vie à deux ou trois des enfants de Priam, ou même à un plus grand nombre, s'il faut en croire les poètes épiques ; quand Priam aurait été lui-même épris d'Hélène, je pense qu'il n'aurait pas balancé à la rendre aux Grecs, pour se délivrer de tant de maux. »
142
+
143
+ — Hérodote, Histoires[57]
144
+
145
+ Pausanias, pour sa part, sans donner son avis sur la guerre tout entière, donne une version plus rationnelle de l'épisode du cheval de Troie, considérant ce dernier comme une machine utilisée pour enfoncer les murs de la cité :
146
+
147
+ « À moins de croire les Phrygiens absolument dépourvus de bon sens, on sera convaincu que ce cheval était une machine de guerre inventée par Épéos pour renverser les murs de Troie. »
148
+
149
+ — Pausanias, Description de la Grèce[58]
150
+
151
+ Ainsi, bien que pour la plupart les Grecs la guerre de Troie a bien eu lieu, un certain recul par rapport aux récits qui en ont été faits est nécéssaire.
152
+
153
+ Étant donné l'incertitude qui règne autour de la réalité de cet épisode, il est évident que toute datation est hasardeuse. De nombreuses dates ont été proposées depuis l'Antiquité, toutes situées aux alentours du XIIe siècle av. J.-C..
154
+
155
+ La tradition historiographique grecque propose les dates suivantes[C 25].
156
+
157
+ On observe que l'intervalle le plus populaire parmi ces auteurs est situé entre 1194 et 1184 av. J.-C. D'après les calculs d'Ératosthène, la prise de Troie par les Achéens a lieu dans la nuit du 11 au 12 juin 1184 av. J.-C. lors d'une éclipse solaire[C 26].
158
+
159
+ La découverte en 1870 par l’archéologue amateur et homme d’affaires Heinrich Schliemann des ruines de la butte d’Hissarlik, en Turquie, identifiées comme étant celles de Troie, a relancé un vieux débat sur l’historicité des événements relatés par Homère. À l’heure actuelle, l’archéologie révèle sur ce site neuf niveaux de destructions pour des causes multiples (séismes, incendies, conflits) et de reconstructions, sans qu’il soit possible de relier l’un de ces niveaux en particulier à une guerre historiquement identifiable[80], et ce malgré Carl Blegen qui concluait en 1963, à l’issue de ses travaux réalisés à partir des fouilles de Schliemann et la découverte du « trésor de Priam »[C 27] :
160
+
161
+ « La guerre de Troie fut un fait historique, et pendant cette guerre une coalition d'Achéens ou Mycéniens, sous la conduite d'un roi dont la suzeraineté était reconnue, combattit contre le peuple de Troie et ses alliés. »
162
+
163
+ D'ailleurs, il fut attesté que le trésor en question datait du IIe millénaire av. J.-C., et qu'il ne pouvait donc pas être associé à l'épisode du siège de Troie[C 28].
164
+
165
+ Malgré tout, il existe des convergences entre le mythe et l'archéologie. Par exemple, il est question d'un casque dans l’Iliade :
166
+
167
+ « Et Mèrionès donna à Odysseus un arc, un carquois et une épée. Et le Laertiade mit sur sa tête un casque fait de peau, fortement lié, en dedans, de courroies, que les dents blanches d’un sanglier hérissaient de toutes parts au-dehors, et couvert de poils au milieu[il 28]. »
168
+
169
+ — Homère, Iliade
170
+
171
+ Or ce même type de casque a été retrouvé dans les édifices funéraires d'Argolide, d'Attique ou de Messénie, comportant des plaques incurvées taillées dans des dents de sanglier, et il est mentionné dans les inventaires des palais de Pylos et de Cnossos[C 29].
172
+
173
+ Pour Claude Mossé, on ne pourra jamais prouver avec certitude l’existence ou non du conflit homérique ; elle écrit[C 30] :
174
+
175
+ « Cette guerre dont l'Iliade porte l'écho amplifié ne fut peut-être dans l'histoire qu'un événement mineur : la prise par une petite bande de Grecs d'une bourgade d'Asie Mineure. »
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+ La question est donc discutée. On pourra en conclure que si le caractère mythique de l’épisode de la guerre de Troie est évident, les indices archéologiques récents laissent penser qu’il s’inspire probablement d’un ou de plusieurs conflits historiques[C 31],[C 32],[C 33],[C 34],[C 35].
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+ La guitare est un instrument à cordes pincées. Les cordes sont disposées parallèlement à la table d'harmonie et au manche, généralement coupé de frettes, sur lesquelles on appuie les cordes, d'une main, pour produire des notes différentes. L'autre main pince les cordes, soit avec les ongles et le bout des doigts, soit avec un plectre (ou médiator). La guitare a le plus souvent six cordes.
4
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5
+ La guitare est la version européenne la plus courante de la catégorie organologique des luth-boîte à manche. Elle se différencie des instruments similaires (balalaïka, bouzouki, charango, luth, mandoline, oud, théorbe, ukulele) principalement par sa forme, et secondairement par le nombre de cordes et leur accord le plus habituel. Des variantes de guitare sont appelées, régionalement, par des noms particuliers : viola, violão, cavaco et cavaquinho (Brésil) ; tiple et requinto (Amérique latine)…
6
+
7
+ Le corps creux de la guitare, généralement appelé caisse de résonance, transforme la vibration des cordes en ondes sonores. On fabrique plusieurs types de guitare pouvant différer par leur ambitus et leur timbre tout en partageant la plupart de leurs techniques de jeu. Le coffre est le plus souvent en bois mais peut aussi se fabriquer en métal et, plus récemment de matériau composite matière plastique-fibre de carbone. La guitare électrique, dérivée de la guitare acoustique au cours du XXe siècle, peut se dispenser de corps creux, ce qui en fait, en toute rigueur, un instrument nouveau qui inclut un amplificateur électronique et son haut-parleur, avec des possibilités de variations de timbre largement au-delà de la guitare acoustique, dans toutes ses variantes[a].
8
+
9
+ La guitare, aisément transportable, est un instrument d'accompagnement du chant dans de nombreux genres musicaux populaires. Souvent le chanteur s'accompagne lui-même sur sa guitare. La musique classique européenne a fourni un répertoire pour guitare ; celle-ci est aussi un instrument caractéristique du flamenco où elle accompagne le chant et la danse. Le choro brésilien, la musique mariachi au Mexique l'intègrent dans des ensembles.
10
+
11
+ Sa popularité, déjà établie aux siècles derniers, s’est accentuée avec la diffusion internationale des musiques américaines au XXe siècle : jazz, blues, country, pop, rock, reggae, soul. La guitare se rencontre dans des interprétations modernes de musiques africaines, latines ou celtiques. Avec le piano, l'harmonica et le violon, c’est un des instruments les plus diffusés au monde.
12
+
13
+ Le mot guitare est attesté sous la forme « quitarre » au XIIIe siècle dans le Roman de la Rose de Jean de Meung. Au siècle suivant on trouve aussi « guitare moresche »[2], emprunté à l'espagnol guitarra morisca. « Le mot espagnol remonte au grec kithara (cf. cithare) peut-être par l'intermédiaire de l'arabe kittàra. Le rapport avec le persan sih tar « trois cordes », nom d'instrument, et des mots apparentés (égyptien, chaldéen), n'est pas clair. Le nombre de cordes variant (sept en Grèce), plusieurs instruments sont désignés par ce nom. L'espagnol médiéval connaît la guitarra latina, proche de notre guitare actuelle, et la moresca à trois cordes proche du luth et de forme ovoïde[3] ».
14
+
15
+ Les luths constituent une catégorie organologique qui se définit par des cordes dont le musicien peut raccourcir la longueur vibrante par appui sur la surface parallèle d'un manche. La tradition musicologique distingue la guitare du luth par sa forme, « le luth ayant poétiquement la forme d’une larme et la guitare des formes féminines[4] ». Les deux instruments ont connu une évolution distincte.
16
+
17
+ Un bas-relief de l'Égypte ancienne daté de 3703 avant J.C. représente un instrument dont la caisse présente des incurvations similaires à la guitare. Un autre, hittite, retrouvé en Cappadoce et datant de 1000 avant J.C., montre un instrument du même genre, avec un manche muni de touches. Certains musicologues font dériver ces instrument du luth chaldéo-assyrien par le oud que les Maures apportèrent en Espagne au Xe siècle ; d'autres pensent qu'il s'agit d'une création indépendante. La musicologue Kathleen Schlesinger (en) a défendu l'idée que la guitare serait le produit d'une évolution de la cithare romaine, à laquelle on aurait ajouté un manche[5].
18
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19
+ Au IXe siècle le psautier de Stuttgart présente comme psaltérion ou cithare un instrument dont la forme allongée et le manche à touche préfigurent la guitare.
20
+
21
+ La forme moderne de la guitare est apparue en Espagne, après différentes évolutions des guitares latines et mauresques, sans doute en passant par la vihuela. Les enluminures d'un manuscrit espagnol du XIIIe siècle représentent la guitare moresque, au corps ovale et à long manche, et la guitare latine, avec le corps incurvé de la guitare actuelle et un manche plus court[6].
22
+
23
+ La guiterne, francisation de guitarrina, un diminutif de guitarra, était populaire durant le XIVe siècle. Elle avait un corps plat, le corps et le manche étaient construits d’une même pièce de bois. Elle se jouait avec un plectre et avait habituellement quatre cordes simples. Elle détrône le luth comme instrument de cour au début du XVIe siècle. « Tout notre monde s'est mis à guiterner, le luc [luth] presque mis en oubly » selon Bonaventure Des Périers[7]. Au XVIIe siècle, « ce mot n'est plus du tout en usage », on dit guiterre comme Ronsard au siècle précédent ou plus communément guitâre selon Ménage[8].
24
+
25
+ À cette époque l'instrument est souvent représenté en peinture et en gravure. Il a cinq à neuf cordes groupées en trois ou quatre chœurs de deux cordes et une chanterelle pour les notes les plus aigües[9]. Mersenne, contemporain de l'évolution vers cinq rangs de cordes, donnant ce qu'on appelle aujourd'hui guitare baroque, indique que les manches, longs comme la moitié de la corde, ont huit touches, et que l'accord est « ré sol ut mi la ». Il précise la façon commune de jouer de l'instrument, en « battant les accords » avec les doigts soit en montant, soit en descendant, d'après des tablatures plutôt que d'après des partitions[10].
26
+
27
+ Le Dictionnaire de musique de Jean-Jacques Rousseau témoigne au XVIIIe siècle de l'usage de la guitare comme instrument portatif pour accompagner le chant[11]. Sans doute dans les dernières années du siècle, l'instrument a six cordes simples[12], les trois plus aigües en boyau, les trois plus graves en soie recouverte d'un filet de métal ; Fernando Sor joue d'une guitare à six cordes[13].
28
+
29
+ Les frères Escudier écrivent en 1854 : « On ne sait rien de certain sur l'origine de cet instrument. On pense généralement qu'il est aussi ancien que la harpe, et que les Maures l'ont apporté en Espagne, d'où il s'est ensuite répandu au Portugal et en Italie. Du temps de Louis XIV, il était fort à la mode en France ; mais la vogue qu'il eut fut de courte durée, et après avoir brillé d'un éclat tout nouveau, il y a quelques années, sous les doigts d'artistes forts habiles, il est aujourd'hui presque complètement abandonné comme le plus ingrat et le plus monotone des instruments[14] ». En effet, la guitare connut une vogue extraordinaire en Europe du Nord pendant le premier tiers du XIXe siècle, qui fit parler de guitaromanie, avant d'être éclipsée, comme instrument domestique et de salon, par le piano, tandis que son faible volume sonore lui interdisait, en pratique, le concert. La guitare est alors considérée, selon Berlioz, comme « un instrument propre à accompagner la voix et à figurer dans quelques compositions instrumentales peu bruyantes, comme aussi à exécuter seul des morceaux plus ou moins compliqués, dont le charme est réel lorsqu'ils sont rendus par de véritables virtuoses[15] ». Parmi ces interprètes exceptionnels, on cite souvent, en plus de Fernando Sor, Paganini, surtout célèbre pour son violon.
30
+
31
+ Le luthier espagnol Antonio de Torres donne à la guitare la forme et les dimensions de la guitare classique actuelle. De nombreuses déclinaisons ont été créées au XXe siècle à partir de cette guitare Torres.
32
+
33
+ Christian Frederick Martin, un luthier allemand émigré en 1833 aux États-Unis, crée une ligne d'instruments qui, après le retour aux cordes métalliques au début du XXe siècle, est à l'origine des guitares folk. Dans le même pays, la firme fondée par le luthier Orville Gibson adopte la forme convexe du violon, avec un cordier séparé du chevalet.
34
+
35
+ L'invention de la guitare électrique, vers 1930, donne un nouveau développement à l'usage de l'instrument.
36
+
37
+ La forme du corps caractérise traditionnellement la guitare, et la différencie des luths. Cette forme type se construit en plusieurs tailles. Les efforts sur la corde étant transmises au corps, leur tirant détermine la construction. Les luthiers ont aussi librement modifié la forme habituelle, pour obtenir des instruments d'un style distinctif, ou mieux adapté à un répertoire, comme le corps à pan coupé permettant un accès plus facile à la touche côté aigu.
38
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39
+ Le corps d'une guitare acoustique, encore appelée guitare sèche, est doté d'une caisse de résonance en bois verni le plus souvent. Il se compose de trois parties principales : la table d'harmonie, les éclisses et le fond.
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41
+ C'est une partie fondamentale en ce qui concerne l’émission des sons et dont dépend en grande partie la qualité de la guitare acoustique. Pour la guitare électrique au corps le plus souvent plein, la position et la nature des micros et l’amplification jouent un rôle déterminant.
42
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43
+ La table d'harmonie est une fine pièce de bois (épicéa, cèdre rouge…) en une ou deux parties, est mise en vibration par les cordes par l'intermédiaire du chevalet, petite pièce de bois à laquelle sont fixées les cordes. Elles y passent sur un sillet lisse (ou légèrement encoché pour « placer » les cordes), contrairement au sillet de tête rainuré. La vibration produite par la table est amplifiée par la caisse de résonance dans son ensemble. La réalisation d'une table de qualité fait partie des compétences essentielles d'un luthier. À ce titre, deux éléments constitutifs méritent d'être détaillés :
44
+
45
+ Certaines fabrications à bas coût ont une table en contreplaqué plutôt qu'en bois massif. Leurs propriétés sonores sont affaiblies, mais le procédé permet de conserver la stabilité avec une fabrication moins soignée.
46
+
47
+ Il s'agit de deux fines pièces de bois formant la tranche de la caisse. Parmi les bois utilisés, on trouve entre autres le palissandre et l'acajou. La forme ondulée des éclisses est obtenue à chaud en appliquant le bois sur un cylindre chauffé pour l'amener à la courbure souhaitée.
48
+
49
+ Comme la table, il est obtenu au moyen de deux moitiés symétriques en palissandre ou en acajou ou d'autres bois, souvent reliées au centre par un filet de marqueterie. Le bois utilisé influe sur les sonorités produites, en particulier en fonction de sa dureté et de son élasticité.
50
+
51
+ Alors que les guitares classiques et "folk" ont une table plane et un fond plat ou quasiment plat, d'autres modèles de guitare acoustiques, destinés au Jazz ou au Blues, et développés en particulier aux États-Unis à partir du début du XXe siècle sont réalisées en sculptant des pièces épaisses de bois (épicéa, érable notamment) à la manière des violons. Les anglo-Saxons parlent de guitares Archtop. La table bombée résiste mieux que la table plane à la tension plus élevée des cordes métalliques de tirant élevé utilisées en Jazz. Elle nécessite toutefois l'utilisation d'un barrage, et son galbe se trouve modifié après installation et mise en tension des cordes. Ce phénomène est pris en compte par le luthier lors de la fabrication dans la mesure où la hauteur résultante des cordes (ou action) en sera affectée.
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+
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+ Les guitares à table bombée se distinguent par un son très doux et restituant particulièrement bien les fréquences médium. Elles sont évidemment coûteuses à produire.
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+ Le corps d'une guitare peut aussi supporter de nombreux autres éléments. Certains ont un but purement esthétique, comme le pickguard, pièce arrondie placée à côté des cordes sur la table, et qui vise à éviter que des mouvements trop amples de plectre ne viennent endommager le vernis de la guitare.
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+
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+ D'autres visent à améliorer ou à modifier le son. Les guitares électriques portent ainsi en général des boutons rotatifs (aussi appelés potentiomètres ou « potards ») permettant de gérer le volume et la « tonalité » (proportion de fréquences aiguës et graves), ainsi qu'un sélecteur permettant de sélectionner alternativement l'un ou l'autre des micros. Enfin, certaines guitares électro-acoustiques (voir plus bas) sont équipées d'un préamplificateur qui permet de modifier le son sur la guitare elle-même, et dans certains cas d'aider à l'accordage de l'instrument.
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+ Sur certaines guitares, la rosace est remplacée par des épaulettes.
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+ Le guitariste droitier pince les cordes de la main droite et bloque les cordes avec les doigts de sa main gauche.
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+ Les luthiers fabriquent des guitares adaptées aux gauchers qui préfèrent utiliser la main droite sur le manche et pincer les cordes avec la gauche, avec la même disposition des cordes que pour les droitiers. La guitare pour gaucher est l'image en miroir de la guitare pour droitier, tant pour sa forme extérieure si le corps est asymétrique (guitares à pan coupé), que pour sa structure intérieure. Dans une guitare acoustique le barrage de la table d'harmonie, fait de renforts en bois collés à l'intérieur de la caisse, est différent du côté des graves et de celui des aigus, et doit être retourné.
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+
65
+ Le manche est une pièce essentielle, puisqu’il sert au guitariste à déterminer quelles notes il va jouer, et de quelle manière (et parfois à les jouer directement, grâce à des techniques comme le legato). Le profil du manche (largeur, épaisseur, courbure) et sa finition sont des éléments critiques pour le confort de jeu du guitariste.
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+
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+ Le manche a aussi un rôle essentiel dans la sonorité de l'instrument, par l'intermédiaire du bois utilisé (fréquemment l'acajou ou l'érable), et le mode de liaison au corps.
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+ Sur une guitare classique, le manche est relié au corps par le talon, pièce de bois collée qui peut adopter des formes différentes suivant les luthiers.
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+ Avec les guitares électriques, sont apparus les manches vissés ou rivetés. Leurs avantages résident dans leur facilité de fabrication industrielle, et leur capacité à être démontés, voire réglés. L'impact sur le son est considérable, la transmission des aigus étant facilitée, comparativement au collage, qui a tendance à filtrer les hautes fréquences.
72
+
73
+ Certains fabricants proposent aussi des manches dits « conducteurs » ou « traversants ». Ces derniers traversent le corps et/ou la table d'harmonie qui sont assemblés de part et d'autre. Cette solution favorise le sustain.
74
+
75
+ D’autre part, les manches des guitares à cordes métalliques (��lectriques et folk) sont en général équipés d’une barre de réglage métallique ou en carbone (appelée « truss rod » en anglais, ou tige de renfort) traversant le manche, ce qui permet au guitariste de compenser la traction des cordes (plus importante que sur les modèles à cordes en nylon) qui déforme le manche par flexion et d’adapter la forme de son manche à ses préférences personnelles, mais aussi aux différents tirants de cordes.
76
+
77
+ Il existe aussi des guitares à double manche (popularisées par Jimmy Page) voire à trois manches (Steve Vai)[16]. Ces deux manches montés parallèlement permettent de changer d’accordage pendant un morceau tout en conservant la même guitare, et peuvent même être utilisées en simultané. C’est ainsi que s’en sert par exemple le guitariste polonais Adam Fulara (en), notamment lors de ses interprétations en tapping de Bach à la guitare. Le manche supérieur peut aussi être monté avec douze cordes, ou être celui d'une guitare basse (utilisé notamment par Chris Squire du groupe Yes).
78
+
79
+ La touche, fine planche de bois dur – souvent en ébène, en palissandre ou en érable – fixée sur le manche, ou pouvant être partie intégrante de celui-ci dans le cas d’un manche en érable sans touche rapportée (procédé utilisé notamment par Fender) est la partie sur laquelle le guitariste pose les doigts de sa « main gauche » pour modifier la hauteur des sons produits par les cordes.
80
+ Les différentes notes y sont séparées par des barrettes appelées frettes, posées à intervalle précis qui va s’amenuisant depuis la tête jusqu'au corps. Elles délimitent des « cases » et permettent aux guitaristes de ne pas jouer faux (à moins de se tromper de case). Certains manches sont dotés d'une touche sans frette (« fretless »), ce qui permet de donner une intonation particulière aux notes glissées et l'utilisation du quart de ton. Surtout répandu sur les basses (pour rappeler le son et le toucher de la contrebasse), ce type de touche est aussi utilisée sur des guitares, en particulier pour des musiques n’utilisant pas la gamme tempérée.
81
+
82
+ Le bois utilisé pour la touche présente une double importance. D'une part, il influence la sonorité : par exemple l'ébène produit une attaque plus nette et franche que le palissandre ; d'autre part, même si en pratique les doigts entrent peu en contact avec la touche, les guitaristes expérimentés perçoivent la qualité du contact entre la corde frettée et le bois de la touche.
83
+
84
+ La touche se prolonge à partir du manche sur la table d’harmonie pour les notes les plus aiguës.
85
+
86
+ Sur les touches, on trouve fréquemment une incrustation nacrée permettant au guitariste de placer facilement ses doigts, sur les troisième, 5e, 7e, puis 9e ou 10e cases et enfin une double incrustation à la 12e case (l'octave). La même séquence d'incrustations se retrouve sur les cases de l'octave supérieure.
87
+
88
+ À partir des années 1990, quelques luthiers ont proposé des repères éclairés au moyen de lampes LED, permettant de pouvoir placer ses doigts dans l'obscurité sans se tromper. Cette solution n'a pas rencontré de succès important, à cause de son utilité limitée (un guitariste expérimenté ne regarde plus son manche), de sa lourdeur technique (pose et entretien), des risques d'altération des propriétés sonores, et de son prix. Afin d'éviter ces inconvénients le luthier suisse Duvoisin a développé des repères de touches lumineux phosphorescents plus pratiques et économiques. Il existe encore des guitares et des basses électriques disposant de ces repères. Une des basses de Chris Wolstenholme en possède et on peut la voir sur des vidéos de concerts de Muse.
89
+
90
+ Située, comme son nom l’indique, à l’extrémité du manche, c’est sur elle que viennent s’attacher les cordes (en nylon ou en métal). Leur tension peut être modifiée pour les accorder à l’aide des mécaniques, un système de vis sans fin actionnées par des clefs, qui entraînent de petits rouleaux sur lesquels s’enroulent les cordes. Celles-ci passent ensuite par le sillet de tête, petite barre généralement en os, en différentes matières plastiques, ou encore en laiton, dans laquelle des encoches guident chaque corde vers le manche au sortir de la tête. Des luthiers proposent de petits roulements individuels pour favoriser le déplacement des cordes[réf. nécessaire] ou au contraire des presses à vis pour bloquer les cordes des guitares électriques à vibrato.
91
+
92
+ Sur les guitares électriques sans tête, dont la firme Steinberger a lancé la mode au milieu des années 1980, l’accord se fait au niveau du cordier. Les cordes ont une boule de blocage à chaque extrémité.
93
+
94
+ Le cordage (l'ensemble des cordes) est la partie de la guitare qui détermine les notes : mises en mouvement par le musicien par frottement, par pincement ou par percussion, les cordes vibrent et la guitare produit une onde sonore, d'autant plus aiguë que la corde est fine et tendue, et que la longueur vibrante de la corde est courte.
95
+
96
+ Par convention, la corde la plus grosse, à son grave, appelée « bourdon », se trouve en haut du manche et la plus fine, de son aigu, appelée « chanterelle », en bas, dans une configuration classique de droitier. Cette convention se répercute aussi sur l’appellation des mains : en général, la « main droite » gratte les cordes au-dessus de la caisse, la « main gauche » est celle qui plaque les accords et les notes sur le manche, quelles que soient effectivement les mains qui réalisent ces actions.
97
+
98
+ Il faut choisir le type de corde en fonction de l'instrument et du style de musique. Certaines cordes sont propices au rock, d’autres au blues et au classique.
99
+
100
+ On classe les cordes par leur « tirant », ou « coefficient de souplesse ». En général, plus une corde a un tirant faible, plus elle est souple, mais plus le son produit est faible. Les guitares électriques, dont le son est amplifié artificiellement, ont souvent des tirants très faibles par rapport aux guitares acoustiques. Les tirants plus élevés nécessitent une musculature plus développée et peuvent exiger un certain temps d’adaptation.
101
+
102
+ Le tirant prévu pour les cordes détermine la construction de la guitare. Le changement des cordes d’une guitare pour un jeu d'un tirant différent doit être suivi d’un réglage afin de ne pas déformer, voire casser l’instrument, la tension sur le manche étant d'autant plus forte que le tirant est fort.
103
+
104
+ Les trois ou quatre cordes les plus graves de la guitare sont filées, c'est-à-dire qu'elles sont constituées d'un âme, souple et légère, en soie (de nos jours artificielle) ou en métal, entourée d'une spire de métal. L'âme détermine le tirant de la corde, le filage sa masse linéaire. Les cordes filées sont ainsi lourdes sans être rigides, ce qui leur permet une note grave avec une tension et une longueur comparable aux autres. La sonorité des cordes filées est un peu différente des cordes non filées. Les cordes de guitares basses sont toutes filées.
105
+
106
+ Les cordes métalliques filées se distinguent par le type de fil qui les recouvre : les « filées plat » ont en général un son plus neutre et plus mat que les « filées rond », plus brillantes, et offrent une sensation de jeu différente, très douce pour l'instrumentiste.
107
+
108
+ Il existe plusieurs types de cordes : en boyau (instruments anciens), en nylon, en nickel, en bronze, en cuivre et parfois couvertes en or ou en silicone afin de limiter l’oxydation due à la sueur. Les guitares électriques ont besoin de cordes en alliage métallique magnétique (fer, nickel), essentiel au fonctionnement de leurs micros. Les cordes métalliques sont aussi utilisées pour les guitares acoustiques, elles produisent un son plus fort au prix d'un plus fort tirant, avec une sonorité distinctement différente. Enfin les cordes en silicone sont principalement utilisées sur les guitares non électriques et sont appréciées pour leur confort de jeu, notamment pour la main droite sans médiator.
109
+
110
+ Les cordes possèdent des caractéristiques de souplesse et de résonance différentes selon la matière utilisée. Le choix des cordes est fondamental pour la qualité du son comme pour le plaisir du jeu : les cordes en nylon produisent en effet un son plus chaud (c’est-à-dire privilégiant les fréquences basse médium) que les cordes en métal, lesquelles sont plus sonores et produisent un son plus brillant (privilégiant les fréquences aiguës), et sont moins élastiques, de sorte que la déviation de la corde par le doigt (main gauche) provoque un écart de note plus important. Cet écart est normalement compensé au sillet.
111
+
112
+ La guitare électrique est le plus souvent dépourvue de caisse de résonance, car la vibration des cordes est transformée en son indirectement. Elle est d'abord captée par des micros situés sous les cordes, qui la traduisent en un signal électrique qui sera transformé en son par le haut-parleur d'un amplificateur pour guitare électrique. Son corps est donc simplement constitué d'une pièce de bois assez épaisse, sur laquelle sont fixés chevalet, manche et parfois cordes.
113
+
114
+ Si les guitares électriques sont le plus souvent de type solid body (« corps plein »), de nombreux modèles existent avec des corps « demi-caisses » (semi hollow) ou « caisses » (hollow). Leur table d’harmonie est souvent pourvue d'orifices (les ouïes) rappelant ceux des violons. Ces guitares sont plus légères, et possèdent leur propre « personnalité » sonore. Certains modèles électriques à « demi-caisse », tels que la Gibson ES-335 possèdent une poutre de bois à l'intérieur du corps, dans le prolongement du manche, et sur laquelle est fixée le chevalet.
115
+
116
+ Aujourd'hui, les types de guitare ont tendance à se mélanger (exemple : guitare classique électro-acoustique…). Les instrumentistes utilisent volontiers des modèles de construction classique pour jouer des morceaux jazz, blues ou autre, ces modèles ayant, le plus souvent, un capteur piézoélectrique.
117
+
118
+ Les capteurs « piézoélectriques » sont constitués d'une mince baguette (ou une pastille) de céramique qui génère une différence de potentiel à ses bornes lorsqu'elle est déformée. Le capteur se place entre le chevalet et la table d'harmonie d'une guitare acoustique. Il est relié par un câble aussi court que possible à un préamplificateur (généralement contenu dans l'instrument).
119
+
120
+ À la différence des micros magnétiques, les capteurs piézoélectriques n'imposent pas d'avoir des cordes en acier. Alors qu'une certaine longueur de corde intervient dans le signal du micro électromagnétique, ils captent la vibration de la guitare en un seul point, à l'endroit où la corde la transmet au corps. La contribution de celui-ci au son de la guitare est (partiellement) incorporée au signal électrique[réf. souhaitée].
121
+
122
+ Il existe enfin des microphones placés à l'intérieur de la caisse (du type à électret ou dynamique, actifs ou passifs), et qui captent le son de l'intérieur de la guitare par vibration de l'air contenu dans la caisse. On couple souvent ce type de micro (dont l'emplacement est réglable grâce à une tige malléable) à d'autres types, piézoélectrique ou magnétique. Ils apportent une richesse sonore supplémentaire et promettent aux musiciens dont c'est l'idéal, de trouver un son proche de la guitare sans amplification, sans les problèmes associés à un micro sur pied en dehors de l'instrument[réf. souhaitée].
123
+
124
+ La guitare est un instrument fragile, constitué d'éléments dissemblables dans leur composition (bois, métal, colle, nylon) qui supportent des efforts physiques importants. Il suffit de songer à la tension qui s'exerce sur les cordes quand elles vibrent, ou à ce que représente la traction des cordes pour le manche (en accordage standard, la tension de chaque corde représente un poids d'environ cinq à quinze kilogrammes), ou encore les variations de température pour le bois de la caisse, sans compter les risques permanents de choc puisque l'instrument est par essence « nomade ». La guitare idéale est donc une combinaison équilibrée de tous ses composants dans le but d'atteindre une excellence acoustique qu'on espère voir s'améliorer avec le temps. C'est un travail de professionnel qui nécessite des connaissances dans le domaine acoustique et de la physique. Même les guitares produites « à la chaîne » par les grandes marques nécessitent ces connaissances.
125
+
126
+ Voici donc quelques critères à connaître pour apprécier longtemps une guitare :
127
+
128
+ La sonorité de certaines guitares évolue de manière notable dans le temps. Les plus sensibles à ces évolutions sont les guitares acoustiques, composés de bois fins et massifs qui, dans le cas de l'épicéa par exemple, peuvent se développer pendant leurs premières années d'utilisation. Dans ce cas, le son aura tendance à devenir plus flatteur et plus puissant. Ce n'est pas le cas des guitares économiques faites de bois contreplaqués. Les guitares acoustiques sont aussi sensibles aux changements d'hygrométrie et de température.
129
+
130
+ Enfin, il convient d'être attentif à la qualité des équipements, qui est souvent relativement visible, et aura un effet sur la fiabilité de l'instrument.
131
+
132
+ Les guitares à six cordes sont généralement accordées (du grave à l'aigu) avec les notes :
133
+
134
+ Cette combinaison de notes est appelée accordage standard.
135
+
136
+ Du fait de la popularité de la guitare dans les pays anglo-saxons, la notation « anglo-saxonne », qui identifie les notes par des lettres, est fréquemment utilisée à côté de la notation «latine».
137
+
138
+ Si une guitare possède plus ou moins de six cordes, l'accordage sera adapté. Ainsi, sur une guitare douze cordes où chaque corde d'une guitare standard est doublée (chaque couple de cordes étant appelé « chœur »), les quatre chœurs de cordes graves sont accordés à l’octave (une corde accordée normalement, l’autre à l’octave supérieure) et les deux chœurs les plus aigus à l’unisson.
139
+
140
+ Les musiques traditionnelles conservent plusieurs autres accordages, souvent en accord ouvert, autrement nommé « doigté ouvert » ou open tuning, c'est-à-dire tel que les cordes à vide donnent un accord de base majeur ou mineur, par exemple sol : DGDGBD (ré sol ré sol si ré) ou ré : DADF#AD (ré, la, ré, fa dièse, la, ré).
141
+ Un autre intérêt de certains accordages ouverts est que les cordes frottées à vide produisent un accord ; il suffit alors de barrer une case pour obtenir le même accord plus aigu. Les techniques de jeu avec une barre glissant sur les cordes (slide), comme dans la guitare hawaïenne, tirent profit de cet avantage.
142
+
143
+ Les accords modaux sont adaptés à des tonalités et à des répertoires particuliers desquels ils facilitent l'exécution de jeu grâce à de plus petits écarts entre les doigts, la possibilité de faire des barrés partiels, et de jouer des « basses-bourdons ».
144
+
145
+ Exemples :
146
+
147
+ Accord DADGAD :
148
+
149
+ Pour accorder une guitare en accordage standard, il existe plusieurs méthodes : utiliser un accordeur électronique qui reconnaît les fréquences des notes (il est utilisé généralement pour sa facilité d'emploi) ou utiliser une note de référence (souvent le la (A) de la 5e corde) avec un diapason par exemple. Ensuite il suffit d'accorder les autres cordes en fonction de cette première.
150
+ Voici les écarts entre les cordes à vide avec un accordage standard EADGBE :
151
+
152
+ La guitare possède de très nombreuses techniques de jeu, adaptées aux différents types de guitare et aux différents styles de musique interprétés. Les deux principales manières d'utiliser l'instrument consistent à pincer les cordes (soit l'une après l'autre, soit simultanément) ou à les brosser simultanément. La première manière permet de jouer des mélodies, la deuxième est plus utilisée pour produire des accompagnements. Pour pincer les cordes, on utilise les doigts avec ou sans ongles, ou bien un plectre (ou médiator).
153
+
154
+ Les partitions pour guitare sont écrites selon deux grands systèmes de notation. Certains musiciens valorisent l'apprentissage d'oreille et la production d'adaptations personnelles des œuvres entendues, et refusent d'écrire la musique, surtout dans la notation classique[réf. souhaitée].
155
+
156
+ La guitare s'écrit en clé de sol, mais il s'agit d'une clé de sol à l'octave inférieure. On signale cette transposition par un petit « 8 » (octava bassa) en dessous de la clé. La guitare n'est un instrument transpositeur (instrument dont la notation musicale ne correspond pas au son produit) que parce que la clé de sol lui a été assignée. Ce n'aurait pas été le cas si l'on avait utilisé la clé d'ut quatrième ligne ; mais cette clé, moins connue et moins populaire, n'a probablement même pas été envisagée. Cette liberté dans le choix d'une clé fautive était sans grande conséquences du fait que la guitare, étant un instrument de volume assez faible, ne fait pas partie de l'orchestre symphonique et échappe ainsi aux contraintes de notation musicale propres à ce type d'orchestre.
157
+
158
+ La musique classique pour guitare et souvent le jazz utilisent la notation musicale classique.
159
+
160
+ Avantages pour la guitare :
161
+
162
+ Inconvénients :
163
+
164
+ Pour guider le musicien, une partition pour guitare peut être surchargée par des indications de doigté :
165
+
166
+ L'apprentissage du solfège est parfois jugé difficile, tout comme celui de la lecture. L'intérêt de cette compétence se manifeste une fois acquise.
167
+
168
+ Une tablature est constituée de six lignes représentant les six cordes d'une guitare dans la position posée à plat sur les genoux cordes vers le haut. Les notes sont représentées par des numéros placés à même la ligne (la corde) représentant l'espace entre 2 frettes où placer le doigt. Le numéro zéro représente la note de la corde à vide. Le rythme est écrit de différentes façons.
169
+
170
+ Cette notation datant du XVIe siècle et seule utilisée pour la guitare jusqu'au XVIIIe siècle[17] a été abandonnée au début du XIXe siècle. Dans la seconde moitié des années 1960 des musiciens comme Steve Waring, Roger Mason et surtout Marcel Dadi la reprennent. Marcel Dadi publiait systématiquement les tablatures de ses morceaux dans chacun de ses albums.
171
+
172
+ Avantages :
173
+
174
+ Inconvénients :
175
+
176
+ Pour cette raison, beaucoup de tableurs ne cherchent plus à représenter la durée des notes à même la tablature mais préfèrent juxtaposer une portée classique.
177
+
178
+ Les accords de guitare sont utilisés dans la musique d'accompagnement, soit pour donner le rythme par battement (brosser plusieurs cordes simultanément en suivant un rythme), soit pour enrichir la ligne mélodique en jouant des arpèges (pincement régulier et consécutif des cordes).
179
+
180
+ Jouer un accord consiste à jouer simultanément trois notes ou plus. La description d'un accord revient donc à identifier pour les six cordes l'endroit où il faut placer les doigts et les cordes devant rester muettes. Sur une guitare, une même hauteur de note peut être obtenue de différentes manières, un même accord peut donc se réaliser de plusieurs façons (au moins trois ou quatre, au prix parfois de quelques extensions de doigts pouvant être difficiles). La disposition des cordes interdit de jouer certains accords, qui pourraient être exécutés par une section de voix. Un accompagnement pour guitare privilégie donc certaines positions d'accords ce qui donne souvent une couleur typique aux pièces écrites pour guitare.
181
+
182
+ Il existe un système de notation des accords, dérivé des tablatures, appelé diagramme, dans lequel les frettes sont représentées par des barres verticales ; il n'y a pas d'indication de rythme. Imprécise, cette notation, qui ne peut servir que pour l'accompagnement, a l'avantage de ne demander aucune connaissance musicale théorique, d'être facile à transcrire et de laisser une grande liberté d'interprétation. Il faut avoir entendu la mélodie et s'en souvenir. Dans les recueils de chansons, le nom des accords vient au-dessus du texte, donnant une indication de la durée.
183
+
184
+ La plupart des guitaristes jouent sur plusieurs types de guitare. Notamment les frontières entre « folk » et « électrique » sont poreuses : la touche est la même, et le guitariste choisit sa guitare en fonction du son qu'il veut rendre.
185
+
186
+ Voir Catégorie:Guitariste classique, Catégorie:Guitariste de jazz; Catégorie:Guitariste de flamenco, Guitariste de blues et Guitariste de rock.
187
+
188
+ En ce qui concerne la guitare classique, baroque ou romantique en Europe, les principaux artisans luthiers sont :
189
+
190
+ Cette liste n'est qu'un aperçu de la richesse instrumentale du patrimoine "guitare" en Europe.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3104.html.txt ADDED
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+
2
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3
+ La Guyane, /gɥijan/[2] Écouter en créole guyanais : Lagwiyann, est une collectivité territoriale unique située en Amérique du Sud, limitrophe du Brésil au sud-est et au sud, et du Suriname à l'ouest. Ses compétences sont les mêmes que celles d'une région et d'un département métropolitain avec un organe délibérant : l'assemblée de Guyane. Son code Insee est le 973. Hors de France, la région est parfois appelée Guyane française. Avec une superficie de 83 846 km2[3] et une population de 296 711 habitants (2019), la Guyane est la deuxième région de France pour la superficie et la deuxième moins peuplée (après Mayotte). C'est également le département le plus boisé, 97 %[4] du territoire étant couvert d'une forêt équatoriale qui reste parmi les plus riches et les moins écologiquement fragmentées du monde, la forêt guyanaise.
4
+
5
+ Les premières installations françaises commencent en 1503, mais la présence française ne devient réellement durable qu'à partir de 1643[réf. souhaitée] et la fondation de Cayenne. La Guyane, autrefois désignée comme la France équinoxiale, devient alors une colonie esclavagiste et voit sa population progresser jusqu'à l'abolition officielle de l'esclavage au moment de la révolution française.
6
+
7
+ Elle accède temporairement au statut de département français à partir de 1797 mais est progressivement transformée en colonie pénale avec l'instauration du bagne. Il s'agit plus précisément d'un réseau de camps et de pénitenciers répartis sur l'ensemble de la côte guyanaise dans lesquels les détenus sont condamnés aux travaux forcés.
8
+
9
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, le Guyanais Félix Éboué est un des premiers à se ranger derrière le général de Gaulle dès le 18 juin 1940. La Guyane rallie officiellement la France combattante en 1943[5]. Elle abandonne définitivement son statut de colonie et redevient un département français en 1946. De Gaulle, devenu président, décide[6] d'y établir le centre spatial guyanais à partir de 1965. Il est aujourd'hui exploité par le Centre national d'études spatiales (CNES), Arianespace et l'Agence spatiale européenne (ESA).
10
+
11
+ Le territoire guyanais fait partie des neuf régions ultrapériphériques (RUP) de l'Union européenne. C'est le seul territoire continental de France et de l'Union européenne en Amérique du Sud et le dernier territoire français en Amérique continentale.
12
+
13
+ La limite de la partie du plateau continental sur laquelle la France dispose d'un droit exclusif d'exploitation y a été étendue à 350 milles marins des côtes en 2015, soit 72 000 km2 de plus au large de la Guyane [7], après l'avis favorable de l'Organisation des Nations unies[8], la ZEE s'étendant toujours jusqu'à 200 milles nautiques concernant les ressources halieutiques et biologiques.
14
+
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+ Le nom Guyane est d'origine amérindienne : « Guiana » signifie « terre d'eaux abondantes » en arawak[9]. Une variante désuète du nom en français s'écrivait avec deux n : « Guyanne »[10].
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+
17
+ Dans une partie de la France autrefois dite « France équinoxiale »[11] c'est-à-dire équatoriale, le nom officiel de la région est « Guyane ». L'ajout de l'adjectif « française » dans les dénominations courantes est une commodité de langage issue de la période de la colonisation et aujourd'hui obsolète dans la mesure où il n'y a plus à notre époque en français d'ambiguïté quant à la Guyane considérée. Historiquement, il a existé plusieurs autres Guyanes :
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+ Ces Guyanes s'intègrent au sein du plateau des Guyanes, ensemble géographique délimité au nord et à l'ouest par le fleuve Orénoque au Venezuela, au nord et à l'est par l'Océan Atlantique, au sud et à l'est, au Brésil, par le Río Negro et l'Amazone jusqu'à son embouchure.
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+ La Guyane française a pour codes :
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+ La Guyane est frontalière du Brésil sur 730 km et du Suriname sur 520 km[12], faisant du Brésil le pays ayant la plus grande frontière terrestre avec la France (Suriname sixième). S’étendant sur 83 534 kilomètres carrés, c'est la deuxième plus vaste région de France derrière la Nouvelle-Aquitaine[13].
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+
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+ Au sud-ouest, au triangle Itany-Marwini, un territoire de 6 000 kilomètres carrés inhabité et revendiqué par le Suriname dépend de la Guyane française. Il n'est pratiquement pas visité, à part quelques orpailleurs et des militaires français. La réestimation de la superficie de la Guyane n'est pas liée à ce différend frontalier, mais à une erreur commise par l'ancien Service géographique des Colonies, qui avait attribué 91 000 km2 au territoire du fait d'une mauvaise estimation de la latitude des sources de l'Oyapock. L'erreur a été corrigée dans les années 1960 par l'IGN[14].
26
+
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+ Elle possède un climat équatorial et est essentiellement couverte d'une vaste forêt tropicale humide bordée de mangroves côté mer, la forêt guyanaise. Le sous-sol est constitué d'un bouclier rocheux ancien, riche en latérite, pauvre et acide, qui forme un relief dit en peau d'orange parsemé d'inselbergs et entaillé par les réseaux de fleuves et rivières. Ces derniers sont les principaux axes de circulation depuis des siècles ou millénaires. Ils constituent 7 bassins fluviaux, 953 masses d'eau et sont alimentés par 2,5 à 4 m de précipitations annuelles[15].
28
+
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+ Le relief de la Guyane s'est modelé à partir d'un socle ancien bordé par une plaine littorale. L'essentiel de la région se trouve à une altitude comprise entre 100 et 200 mètres, signe d'une très ancienne évolution morphologique et géomorphologique dont résulte la faiblesse des contrastes topographiques.
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+
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+ Deux grandes régions topographiques peuvent être distinguées :
32
+
33
+ La Guyane se situe sur le plateau des Guyanes qui s'est constitué dans des terrains encaissés qui ont disparu sous l'action de l'érosion, ne laissant que quelques lambeaux métamorphisés au contact des plutons granitiques. On trouve aujourd'hui deux ensembles géologiques : des formations sédimentaires récentes et des formations précambriennes.
34
+
35
+ L'absence de couverture sédimentaire, érodée au cours du temps, laisse affleurer les formations précambriennes qui ont chacune leur forme de relief caractéristiques : « collines en amandes » pour les schistes de l'Orapu, semis de collines identiques de même hauteur et à pentes convexes pour le granite guyanais. Outre une influence sur l'exploitation forestière (peuplements, accessibilités...), la géologie explique la richesse en divers minerais (or, bauxite, tantalite...) à la base des activités minières de Guyane, comme l'orpaillage.
36
+
37
+ La pluviométrie est élevée en Guyane. La pluie résulte en grande partie de la condensation de l'évapotranspiration des arbres de la forêt tropicale humide.
38
+
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+ Elle est naturellement acide (avec un changement de pH qui peut significativement évoluer entre saison sèches et humides)[réf. nécessaire].
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+ La Guyane possède un climat équatorial humide ; la température moyenne est de 25,5 °C. La précipitation annuelle est en moyenne de 2 816 mm à Cayenne sur la période 1981 - 2010, selon les relevés de Météo France.
42
+
43
+ Cayenne connaît une saison humide de décembre à juillet et une période plus sèche durant le reste de l'année. Les précipitations commencent à décroître en juillet (155 mm), avec pour creux les mois de septembre et octobre qui sont dits « mois secs » (respectivement 39 et 51 mm en moyenne), puis remontent dès le mois de novembre (105 mm). Le mois le plus humide est le mois de mai avec une hauteur moyenne des précipitations atteignant 518 mm[16].
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+
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+ Le principal moyen de transport en Guyane est la voiture. Pour les habitants des fleuves (l'Oyapock, fleuve frontalier avec le Brésil et le Maroni (fleuve), frontalier avec le Suriname), il s'agit de la pirogue. Les scooters sont très prisés des jeunes mais durant le tour de Guyane, en août, les vélos sont à la mode. Par ailleurs les communes de Saül (Guyane), Maripasoula, Grand-Santi et Saint-Laurent-du-Maroni sont accessibles par voie aérienne depuis Cayenne.
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+
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+ Depuis la parution du décret no 2016-1736 du 14 décembre 2016, les principaux pôles urbains de Guyane font l'objet d'une Opération d'intérêt national.
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+ Dans le sud-ouest, au niveau du triangle dessiné par les rivières Itany et Marwini, un territoire de 6 000 km2 est revendiqué par le Suriname depuis 1885.
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+ Ce département est parmi les plus riches du monde en matière de biodiversité tant animale que végétale.
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+ La forêt guyanaise est pour presque toute sa surface une forêt primaire à très haut niveau de biodiversité (hot-spot parmi les plus riches au monde), protégée par un parc national, créé en 2007, et six réserves naturelles. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l'Union européenne (UE) y recommandent des efforts particuliers de protection[17],[18].
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+ À la suite du Grenelle de l'environnement de 2007, le projet de loi Grenelle II (dans son article 49) a proposé (en 2009, et sous réserve de modification) la création d’une entité unique chargée pour la Guyane de contribuer à la mise en œuvre des politiques de connaissance et de conservation du patrimoine naturel amazonien (avec compétence dans les domaines de la faune, flore, les habitats naturels et semi-naturels terrestres, fluviaux et côtiers, et sur le fonctionnement des écosystèmes). Il contribuera à appliquer les politiques environnementales conduites par l’État et les collectivités territoriales et leurs groupements. L'article 64 du projet de loi prévoit aussi un « schéma départemental d’orientation minière » pour la Guyane, promouvant une exploitation minière compatible avec les exigences de préservation de l’environnement[19].
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+ L'environnement de la frange littorale est celui qui, le long de la RN1, a historiquement connu le plus de modifications, mais une forte artificialisation est localement constatée le long de la RN 2 et là où les orpailleurs opèrent dans l'Ouest de la Guyane.
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+
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+ La forêt humide de Guyane s'est paradoxalement épanouie sur un des sols les plus pauvres du monde, en azote, en potassium, en phosphore et en matières organiques. Pour cette raison, et parce que cette zone a toujours conservé des refuges pour toutes ses espèces lors des périodes sèches ou de glaciation terrestre, cette forêt abrite des écosystèmes uniques qui sont parmi les plus riches et les plus fragiles du monde : forêts tropicales primaires très anciennes, mangroves, savanes, inselbergs et nombreux types de zones humides.
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+
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+ L'acidité des sols est également à l'origine de cette médiocrité des sols guyanais. Elle contraint les agriculteurs à chauler les champs, et a conduit au mode traditionnel d'agriculture sur brûlis : les cendres participent à l'élévation du potentiel hydrogène (pH) en plus de l'apport de sels minéraux.
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+ On peut toutefois noter que des sites de Terra preta (sols anthropogéniques) ont été découverts sur le territoire, notamment près de la frontière avec le Brésil. Des recherches sont activement menées par des acteurs de disciplines multiples pour déterminer le mode de création de ces sols les plus riches de la planète. L'hypothèse a été avancée que l'existence même de la forêt tropicale est due à ces interventions humaines intelligentes du passé (voir l'article Terra preta), où le brûlis (slash-and-burn) était remplacé par le charbonnage (slash-and-char).
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+ 5 500 espèces végétales ont été répertoriées, dont plus d'un millier d'arbres, 700 espèces d'oiseaux, 177 espèces de mammifères, plus de 500 espèces de poissons dont 45 % lui sont endémiques (les poissons « limon » et les poissons à écailles) et 109 espèces d'amphibiens. Les micro-organismes seraient bien plus nombreux encore, notamment dans le nord qui rivalise avec l'Amazonie brésilienne, Bornéo et Sumatra. Ce seul département français abrite au moins 98 % de la faune vertébrée et 96 % des plantes vasculaires de la France[réf. souhaitée].
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+ Les menaces qui pèsent sur l'écosystème sont la fragmentation par les routes, qui reste très limitée comparativement aux autres forêts d'Amérique du Sud, les impacts immédiats et différés du barrage de Petit-saut d'EDF, de l'orpaillage (Opération Harpie), d'une chasse chaotique et du braconnage (chasse d'espèces protégées), facilités par la création de nombreuses pistes et l'apparition des quads. L'exploitation forestière reste modérée en raison du manque de route, du climat et du relief. Une ordonnance du 28 juillet 2005 a étendu le code forestier français à la Guyane, mais avec des adaptations et dérogations importantes. Dans une approche qui se veut durable, des concessions ou des cessions gratuites peuvent être accordées par des collectivités territoriales ou d’autres personnes morales pour leur utilisation par des personnes tirant traditionnellement leur subsistance de la forêt, mais les moyens utilisés n'étant plus toujours les moyens traditionnels, et l'écosystème guyanais étant vulnérable, les impacts de l'exploitation ou de la chasse pourraient être importants.
68
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+ La moitié de la biodiversité française est en Guyane : 29 % des plantes, 55 % des vertébrés supérieurs (mammifères, oiseaux, poissons…) et jusqu'à 92 % des insectes[réf. souhaitée]. Tout cela dans un seul département de 86 504 km2. Un parc national et six réserves naturelles œuvrent à la préservation de milieux et d'espèces aussi divers qu'uniques.
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+ Les plages de la réserve naturelle de l'Amana, sur la commune d'Awala-Yalimapo, dans l'ouest, constituent pour les tortues marines un site de ponte exceptionnel. C'est l'un des plus importants au niveau mondial pour la tortue luth. Quant à la réserve naturelle de l'île du Grand Connétable, celle-ci abrite la seule colonie d'oiseaux marins entre Tobago et Fernando de Noronha soit sur plus de 3 000 km de littoral.
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+ Les séismes répertoriés ci-dessous indiquent la localité estimée être la plus proche de l'épicentre ainsi que l'intensité mesurée sur l'échelle MSK de 1964, qui va de 1 (secousse non ressentie mais enregistrée par les instruments) à 12 (changement de paysage énormes : crevasses dans le sol, vallées barrées, rivières déplacées…)[20].
74
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+ En 2014 paraît le livre Les abandonnés de la république, qui relate la pollution de l'environnement au mercure par les chercheurs d'or clandestins. La santé de la population locale, dont la subsistance dépend largement de la pêche, est dite en péril[28]. D'après le fonds mondial pour la nature, 12 000 hectares de la forêt amazonienne en Guyane ont été détériorés par cette activité clandestine.
76
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+ La recherche de mines et sources d'hydrocarbures liquides ou gazeux au large de la Guyane est une autre menace pour le tourisme et la pêche (troisième secteur de l'économie guyanaise)[29]. Total a déposé un permis dit "Guyane Maritime" en 2011, accordé en septembre 2017 puis prolongé par le gouvernement jusque juin 2019. Mi-mai 2018 Total a déposé une demande de forage d'exploration ; l'Autorit�� environnementale lui a demandé de compléter son étude d'impact pour mieux évaluer l'impact d'un possible accident (éruption de puits, polluants présents dans les boues de forage, pollution sonore induite par lors des tirs d'explosifs....) et de préciser sa démarche éviter, réduire, compenser encore « très partielle », en s'appuyant mieux sur les retours d'expérience par exemple de l'explosion de la plate-forme pétrolière DeepWater Horizon de BP[30].
78
+
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+ Depuis 2016, les permis d'exploitation minière se sont multipliés. En mai 2018, près de 300.000 hectares étaient déjà concernés par des activités d’extraction ou des projets de recherches minières[31].
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+ L'espace maritime guyanais reste très peu exploré, permettant d'accueillir dans ses eaux une biodiversité particulièrement riche, dont de nombreuses espèces de dauphins et de baleines. Cependant, à quelques kilomètres plus au sud dans les eaux brésiliennes, des compagnies pétrolières envisagent de forer le sous-sol marin, ce qui inquiète les défenseurs de l’environnement[32].
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+ Les premières traces archéologiques (poteries, gravures rupestres, polissoirs…) de peuples amérindiens entre l’Oyapock et le Maroni remontent au Ve millénaire avant notre ère. Nombre de leurs successeurs dans la même zone géographique appartiennent principalement au groupe linguistique des Tupi-Guarani.
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+ On estime qu’à la fin du IIIe siècle, des Indiens Arawak et Palikur, originaires des rives de l’Amazone, s’installent sur le littoral guyanais. Ils sont suivis au VIIIe siècle par les Indiens dits Caraïbes ou Karibes, les Kali’na (Galibis) et Wayana.
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+ La côte de Guyane fut reconnue par Christophe Colomb en 1498. Malgré le partage du Nouveau Monde organisé en 1494 par le traité de Tordesillas entre le Portugal et l'Espagne, les nations européennes sont à l’origine de nombreuses tentatives de colonisation en Guyane dès le XVIe siècle.
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+ Dès 1503 commencent les premières implantations françaises dans la zone de Cayenne. Notons celle des Français avec le voyage de Nicolas Guimestre en 1539, suivie par celle de l’Anglais Robert Baker (1562) et celle de Gaspard de Sotelle (1568-1573) qui implante plus de 120 familles espagnoles dans l’île de Cayenne.
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+ De 1596 à 1598, les Anglais John Ley et Lawrence Keymis, et le Néerlandais Abraham Cabeliau, effectuent des reconnaissances géographiques précises des côtes de la Guyane. Les vraies implantations européennes apparaissent surtout au XVIIe siècle, par des occupations ponctuelles (quelques années) d’embouchures fluviales, et sont l’œuvre de la France, de l’Angleterre et des Pays-Bas.
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+ En 1604, la colonie de Guyane prend le nom de France équinoxiale.
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+ Si les premières tentatives importantes de colonisations françaises datent des années 1620, elles sont souvent mises à mal par les dissensions internes des colons, les rapports humains médiocres avec les Amérindiens, voire la dureté des conditions de vie, notamment avec la fièvre jaune[33]. De leur côté, les nations amérindiennes doivent faire face à un important taux de mortalité, dû aux guerres menées face aux colonisateurs, mais aussi à l’action d’épidémies nouvellement importées d’Europe.
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+ Longtemps, la tutelle du roi de France sur la Guyane est régulièrement contestée ; ce n’est qu’avec la reprise de Cayenne en décembre 1676 par l’amiral Jean d’Estrées que les Français s’implantent définitivement. Et encore ne contrôlent-ils que l’île de Cayenne et, par intermittence, quelques postes militaires aux estuaires fluviaux. C'est cette présence humaine et militaire faible qui explique en grande partie l’extrême facilité avec laquelle les Portugais du Brésil se sont emparés de l’île de Cayenne pendant les guerres napoléoniennes, île qu’ils ont occupée de 1809 à 1817.
98
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+ La colonisation de la Guyane est d’abord le fait de travailleurs européens, les « engagés », également appelés les « trente-six-mois » parce que liés par un contrat de trois années à leur maître. Cette tentative, faute de volontaires, est très vite remplacée par des esclaves d’origine africaine, utilisés dans les habitations (exploitations agricoles) à la culture des produits coloniaux : sucre, épices, chocolat et café.
100
+
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+ Comme dans les autres colonies françaises, l’esclavage est en grande partie régi par les textes du Code noir (1685).
102
+ Cette société d’habitation reste le modèle économique dominant en Guyane jusqu’à la deuxième abolition de l’esclavage en 1848. Elle n’a toutefois pas apporté un vrai développement à la Guyane, qui reste la région pauvre et sous-peuplée, de l’ensemble colonial français en Amérique. Lors du traité d'Utrecht en 1713, le roi de France Louis XIV, afin de limiter les conflits locaux avec la colonie portugaise du Brésil, pose les bases de la frontière entre le Brésil et la France[34].
103
+
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+ L’expédition de Kourou qui débuta à partir de 1763 est très mal préparée. Elle fut menée à la demande de Choiseul et dirigée par le chevalier Étienne-François Turgot, gouverneur, Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon, intendant et Antoine Brûletout de Prefontaine, commandant, pour établir une vraie colonie d’agriculteurs d'origine européenne dans les savanes de l’Ouest guyanais. Cependant, cela sera un échec retentissant : presque tous les colons « survivants » s’enfuient de Guyane pour rejoindre la métropole. Seuls restent en Guyane des colons allemands et canadiens, qui s’implantent durablement à Kourou, Sinnamary, Malmanoury, Corossony et Iracoubo, et y fondent une société originale (et métissée) d’agriculteurs exploitants en Guyane.
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+ La Guyane française est occupée par les Britanniques de 1778 à 1783, puis de 1785 à 1788.
107
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+ Pendant la Révolution elle devient pour la première fois (Collot d'Herbois et Billaud-Varenne), lieu de déportation politique; ceux-ci seront suivis en 1798, alors que La Guyane est érigée en un département, des « déportés de fructidor » et de prêtres réfractaires : Counamama et Sinnamary seront le cimetière de la plus grande partie d’entre eux.
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+ L'esclavage est aboli en 1794 dans toutes les colonies, avant que Napoléon Ier ne le rétablisse en 1804. Il n’est définitivement supprimé par le décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, sous l’impulsion notamment de l'abolitionniste Victor Schœlcher.
111
+ La disparition de la main-d’œuvre servile met un point d’arrêt à l’économie coloniale traditionnelle.
112
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113
+ Pendant la Révolution française, la Guyane est occupée par les Portugais, qui détiennent le Brésil, de 1809 à 1817 : cette période d'occupation va marquer le créole guyanais, qui va intégrer de nombreux mots portugais dans son vocabulaire. Bien que rendue aux Français, à la suite des applications du traité de Vienne de 1815, le retour effectif des Français est à situer en avril 1817, avec l'envoi d'un gouverneur.
114
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115
+ Pour pallier le manque de main-d’œuvre mais surtout pour débarrasser la métropole d’opposants politiques républicains et de délinquants de droit commun, le Second Empire crée des bagnes en Guyane. Ils accueillent des transportés, des déportés puis également des relégués jusqu’en 1946. Dans les années 1930, les Établissements Pénitentiaires Spéciaux, dits aussi « bagnes des Annamites » (voir Camp Crique Anguille), sont implantés dans le Territoire de l'Inini. Peuplés d’opposants politiques et d’intellectuels indochinois, mais aussi de petits délinquants, voleurs et proxénètes, ces bagnes seront un échec cuisant.
116
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117
+ Les essais de peuplement de la Guyane par des ouvriers « libres » issus de l’immigration (Afrique, Inde, États-Unis, Madère…) ne seront pas plus durables.
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+ En 1713, les traités d'Utrecht fixent une frontière entre les territoires français et portugais du plateau des Guyanes. C’est une rivière qui doit servir de frontière, mais le traité n'est pas certain quant à la rivière qu'il désigne. En 1822, le Brésil devient indépendant. Plusieurs centaines de kilomètres carrés sont contestés entre la France et le Brésil.
120
+ Le « Contesté » devient un territoire neutre, refuge d’aventuriers, de bagnards échappés ou d’esclaves en marronnage.
121
+ A la fin du XIXe siècle les deux pays se mettent d’accord pour recourir à l’arbitrage de la Suisse. La diplomatie brésilienne s’investit fortement dans cet arbitrage alors que la France ne met guère de moyens dans la négociation. L’arbitrage suisse est rendu en 1900 en faveur du Brésil, le fleuve Oyapock est retenu comme frontière entre la Guyane française et le Brésil. Les ressortissants français ne peuvent s’installer sur la rive désormais brésilienne[35].
122
+
123
+ En 1855, un site aurifère est découvert dans l’Est guyanais sur l’Arataye, un affluent de l’Approuague. Dans l’Ouest, de l’or est extrait de la rivière Inini (Haut-Maroni). Le début du XXe siècle est marqué par une ruée vers l’or, avec 10 000 chercheurs en activité, entraînant une croissance du commerce local souvent artificielle, et l’arrêt des dernières activités agricoles par manque de main-d’œuvre.
124
+
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+ L'existence éphémère de la République de la Guyane indépendante (Amapá, 1886-1891, puis État Libre de Counani (1904-1912)) est liée à cette ruée vers l'or.
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127
+ À l’instar de La Réunion, de la Guadeloupe et de la Martinique, la Guyane devient département français d’outre-mer en 1946. Mais le décollage économique peine à se réaliser en raison des coûts de production élevés, de la faiblesse numérique de la population, de la dépendance commerciale (importations) vis-à-vis de l’Hexagone et du manque criant d’infrastructures les plus élémentaires : voies de communication, écoles, système de santé, etc.
128
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+ Saint-Laurent-du-Maroni, Cayenne et les îles du Salut furent des lieux de déportation pour les condamnés aux travaux forcés de 1852 à 1946, sur décision de Napoléon III. Le capitaine Alfred Dreyfus y fut envoyé en 1894.
130
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131
+ La Guyane restera alors une colonie française jusqu'au 19 mars 1946, où elle obtient le statut de département d'outre-mer. La France attendait des détenus qu'ils fussent aussi des colons. Mais ce fut un échec. La fermeture du bagne a été obtenue, après la Seconde Guerre mondiale, à la suite de la publication de 27 articles d'Albert Londres et sous l'impulsion de Gaston Monnerville. C'est en 1938 que le dernier convoi de bagnards a fait route vers la Guyane, mais ce n'est qu'en 1945 que l'Assemblée constituante décida de rapatrier les survivants qui le souhaitaient (très peu sont restés). L'opération prit huit ans.
132
+
133
+ En 1964, le général de Gaulle prend la décision de construire une base spatiale en Guyane, destinée à remplacer la base saharienne située en Algérie à Hammaguir. La position du département est privilégiée, proche de l’équateur avec une large ouverture sur l’océan. Le Centre spatial guyanais, depuis les premières fusées « Véronique », s’est largement développé au fil des années. Port spatial de l’Europe avec des lanceurs comme Ariane 4 et Ariane 5, qui se révèlent un véritable succès commercial dans le monde[36],[37], le Centre spatial guyanais développe aussi le Programme Vega, et une base de lancement Soyouz construite à Sinnamary. D'ici 2021, la Guyane va assister au lancement de la nouvelle fusée Ariane 6, projet développé en 2014.
134
+
135
+ En 1982, les lois de décentralisation entrent en vigueur et un transfert de compétences s’opère vers les collectivités territoriales qui vont devenir acteurs du développement de la Guyane[38].
136
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137
+ Fin mars 2017, un large mouvement de manifestations et de grèves se développe en Guyane et amène le déplacement sur place des ministres de l'Intérieur et de l'Outre-Mer. L'accord proposé par le gouvernement est refusé par les représentants des manifestants et grévistes le 2 avril[39].
138
+
139
+ La Guyane est une région administrative dont la préfecture est Cayenne. Elle constitue avec la Guadeloupe et la Martinique, situées dans les Antilles, les départements français d'Amérique (DFA).
140
+
141
+ La Guyane élit une assemblée unique depuis l'approbation par les Guyanais, au cours d'un référendum tenu le 24 janvier 2010[40], de fusionner le conseil régional et le conseil général en une assemblée unique ou « collectivité unique ».
142
+
143
+ Au niveau communal, il existe 22 communes dirigées par des maires. Certaines de ces communes, comme Maripasoula et Camopi, ont des superficies supérieures aux départements métropolitains. De plus, certaines communes sont subdivisées en villages supervisés par des capitaines.
144
+
145
+ Par ailleurs, la Guyane est représentée au niveau national par deux députés (voir les circonscriptions) et deux sénateurs.
146
+
147
+ Elle est aussi la plus grande des neuf régions ultrapériphériques de l'Union européenne.
148
+
149
+ Depuis le 1er janvier 2012, La Guyane possède à nouveau sa propre cour d'appel, supprimée en 1947, avec son parquet général. De 1947 à 2012, les dossiers étaient traités par la cour d'appel de Fort-de-France en Martinique, à plus de 2 000 km de Cayenne. Le premier président de cette nouvelle cour d'Appel prenant fonction au 1er janvier 2012 est Pierre Gouzenne, précédemment président du tribunal de grande instance d'Avignon. Le procureur général prenant fonction de ce nouveau parquet général au 1er janvier 2012 est Raymond Morey, précédemment procureur de la République de Nancy.
150
+
151
+ De même, il existe un tribunal administratif complètement autonome. Effectivement, s'il existait déjà un tribunal administratif spécifique, celui-ci était composé à l'origine avec des magistrats venant de Fort-de-France (comme actuellement à Saint-Pierre et Miquelon). Mais, progressivement, le fonctionnement du tribunal s'est autonomisé avec l'affectation d'un, puis deux magistrats en résidence permanente. Il y a désormais quatre magistrats dont un président, de telle sorte que la juridiction est bien totalement autonome.
152
+
153
+ Le logo de la collectivité territoriale de Guyane est le seul symbole officiel. L'unité régionale de gendarmerie utilise pour ses uniformes le blason de Cayenne.
154
+
155
+ Le conseil général de la Guyane, qui a disparu en 2015, avait adopté en 2010 le drapeau de l'Union des travailleurs guyanais (syndicat UTG) comme drapeau de la Guyane.
156
+
157
+ Logo de la collectivité territoriale de Guyane (depuis 2016).
158
+
159
+ Drapeau des six peuples autochtones de Guyane (Depuis 2012).
160
+
161
+ Blason utilisé par la gendarmerie.
162
+
163
+ Drapeau de l'UTG (Drapeau utilisé par le conseil général de 2010 à 2015)..
164
+
165
+ Logo de l'ancien conseil régional de Guyane (1974-2015).
166
+
167
+ Logo de l'ancien conseil général de Guyane (1948-2015).
168
+
169
+ drapeau de la Guyane
170
+
171
+ Trois tendances politiques se partagent la vie politique guyanaise. Les deux principales forces politiques restent, à l'instar du reste de la France, la droite loyaliste, représentée par Les Républicains et la gauche loyaliste, représentée par le parti socialiste guyanais (PSG), les forces démocratiques de Guyane (FDG), le parti socialiste (PS) et Europe Écologie Les Verts. Mais cette « gauche loyaliste » est à présent très concurrencée par la France Insoumise. Enfin, la troisième tendance politique est l'extrême-gauche indépendantiste représentée par le mouvement de décolonisation et d'émancipation MDES et le Walwari (PRG). Le mouvement La France insoumise est représenté en Guyane par huit Groupes d'Action (GA ou GdA). Le score en tête de Jean-Luc Mélenchon, à l'élection présidentielle de 2017, et le soutien du mouvement à la candidature de Davy Rimane, lors de l'élection législative partielle de mars 2018, ont permis à la France Insoumise de se positionner comme une nouvelle force de gauche dans la région.
172
+
173
+ Depuis le 1er octobre 2013, le commandant des forces armées en Guyane est le général de division aérienne Philippe Adam[41]. Il y a 2 300 militaires[42].
174
+
175
+ Ces forces sont principalement réparties dans les unités suivantes :
176
+
177
+ En 2017, la région comptait 268 700 habitants[Note 1], en augmentation de 12,12 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
178
+
179
+ La population de la Guyane est en forte augmentation : elle pourrait passer à 424 000 habitants en 2030, selon l'Insee, si les tendances observées de 1999 à 2009 se maintenaient[43], en raison d'un fort taux de croissance naturelle (excédent des naissances sur les décès) et sous l'effet d'une immigration importante venant des pays proches (Brésil, Guyana, Haïti[44], Suriname). Cependant, on observe un ralentissement de la croissance démographique lié à une légère inflexion de la natalité et, surtout, à un retournement du solde migratoire, devenu négatif entre 2008 et 2013[45]. Il s'agit du département le moins densément peuplé de France (3,2 hab./km2).
180
+
181
+ Les habitants de la Guyane sont appelés les Guyanais et les Guyanaises. Ne pas confondre avec les Guyaniens et Guyaniennes qui sont les habitants du Guyana.
182
+
183
+ La population est essentiellement groupée dans quelques communes sur le littoral, le long de la RN 1 (bande littorale) et au bord des grands fleuves et de leurs estuaires. De nombreuses communautés coexistent[48][source insuffisante], venant de 80 pays, avec aujourd'hui une quarantaine de nationalités, dont (en 2006) :
184
+
185
+ Au 7 août 2006, selon Survival International, « dans la partie amazonienne du département français de la Guyane vivent aujourd'hui quelque dix mille Amérindiens dont les droits à la propriété collective de leurs terres, sur lesquelles ils étaient autrefois souverains, ne sont toujours pas reconnus »[49].
186
+
187
+ La Guyane fait partie de la France et est un département français, mais bénéficie d’un régime particulier : la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État ne s’applique toujours pas en Guyane qui reste sous le régime de l’ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828[50] : le clergé catholique, et lui seul, est salarié par le Conseil général[51]. Ainsi, 27 prêtres sont rémunérés par un budget de 800 000 €[52]. Une autre disposition de l'ordonnance de Charles X, qui n'a pas non plus été abrogée par la départementalisation de la Guyane, énonce que l'État entretient les lieux du culte catholique[53]. En somme, les principes de la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, selon lesquels la religion catholique est « la religion de l’État », sont toujours en vigueur en Guyane française[53].
188
+
189
+ En effet, en 1911, lors de l’extension de la loi de 1905 aux Antilles et à la Réunion, une partie de la classe politique guyanaise s’est opposée à toute modification. La Commission coloniale émet alors un avis négatif, bien qu’elle ne soit pas compétente en la matière.
190
+
191
+ Depuis, la question a été évoquée plusieurs fois, en particulier, en 1970, lors de la création d’un poste de pasteur protestant à Kourou, et lors de la désignation d’un imam musulman en Guyane. Pour l’heure, aucune décision politique n’a remis en cause ce statut, ni ne l’a étendu à d’autres cultes[réf. nécessaire]. Une spécificité nullement remise en cause par les décrets Mandel de 1939. Mais l'administration, arguant du fait que ces cultes n’ont jamais été reconnus par la loi en Guyane, a répondu négativement à la demande de rémunération.
192
+
193
+ Après avoir décidé de stopper la rémunération du clergé catholique fin avril 2014, le conseil général s'est vu enjoint de reprendre cette rémunération par le tribunal administratif de Guyane[54].
194
+
195
+ Quant à la religion, les Guyanais se rapprochent des peuples d'Amérique latine. Chez les Créoles de Guyane, la pratique de la religion catholique est de longue date habitée de croyances populaires qui admettent un catholicisme purement latino-américain. Au cours de l'histoire coloniale, la religiosité des Créoles a puisé nombre de ses traits dans les personnalités catholiques ayant aidé dans la fondation de la colonie tel sœur Anne-Marie Javouhey. La réception des sacrements, la pratique de la prière, la dévotion à certains saints, les rites funéraires, la fête du Saint-Esprit sur l'Approuague sont colorés de croyances enregistrées au fil des siècles.
196
+
197
+ Si la communauté protestante est bien installée, c’est toutefois le catholicisme qui demeure la première religion pratiquée en Guyane. Cela peut se justifier par la succession de colonisations connues par ce territoire et par sa proximité avec les pays latins d’Amérique du Sud. Les musulmans, hindouistes et juifs y restent très minoritaires[55].
198
+
199
+ Un rapport sociologique de 2013 sur la délinquance en Guyane[57] souligne que les violences physiques et la délinquance organisée seraient plus importantes en Guyane que partout ailleurs en France.
200
+
201
+ Pour ce qui concerne les homicides volontaires, la Guyane se situe en France en 2012 en tête des statistiques rapportées au nombre d'habitants avec 10,2 homicides pour 100 000 habitants[58].
202
+
203
+ La Guyane compte deux fois moins de médecins généralistes et trois fois moins de spécialistes que la France métropolitaine. Elle ne possède que 37 lits de réanimation pour 283 000 habitants[59].
204
+
205
+ Le paludisme et la dengue (avec des formes hémorragiques depuis le début des années quatre-vingt-dix, parfois mortelle) ont une incidence élevée en Guyane. La fièvre jaune y présente aussi un risque significatif, ainsi que la tuberculose[60].
206
+
207
+ Des difficultés d’accès à l’eau potable sont rencontrées dans de nombreuses communautés et quelques prises d’eau en rivière destinées à alimenter le réseau d'eau potable peuvent être certaines années non-opérationnelles en raison d'intrusions salines venues de l'océan atlantique (le « front salé » et son évolution saisonnière ont été observés par le BRGM à Mana et sur le Maroni pour les modéliser et mieux anticiper ce phénomène)[61]. Un manque d'accès au réseau d'eau potable augmente le risque de maladies infectieuses entériques[62]. La Guyane est aussi le département où la prévalence du sida/VIH est la plus élevée. Selon l'ARS en 2012, « Les Caraïbes sont la deuxième région la plus touchée au monde par le VIH/SIDA après l’Afrique »[63].
208
+
209
+ En 2012, la mortalité infantile par maladies infectieuses et parasitaires (même hors-sida) y est la plus élevée de France, bien plus que dans la métropole française (elle est de 551 pour 100 000 en Guyane, pour un taux métropolitain de 182 selon une étude de la Drees et de l'Inserm[64]. La mortalité périnatale et la mortalité maternelle y dépassaient celles des autres DOM[65].
210
+
211
+ Pour les visiteurs, la vaccination contre la fièvre jaune est obligatoire quelle que soit la durée du séjour.
212
+
213
+ Comme dans toutes les zones tropicales, les parasites sont nombreux. Parmi d'autres on peut citer le pou d'agouti.
214
+
215
+ Les sols pauvres et acides favorisent la biodisponibilité et la circulation des métaux lourds et en particulier du mercure depuis des décennies utilisé par l'orpaillage, et du plomb (source de saturnisme).
216
+
217
+ Les enquêtes faites par la CIRE et l’ARS dans l'Ouest de la Guyane (entre Saint-Laurent-du-Maroni et Mana) ont mis en évidence de « fortes imprégnations au plomb chez certains habitants (dans un village 48 % de l’ensemble des habitants (21/44) et 93 % des enfants de moins de 7 ans (13/14) avaient une plombémie dépassant à 100 μg/L (seuil de définition du saturnisme en France) et d'autres analyses »[66] et études[67] ont confirmé un problème pouvant « concerner l’ensemble de la Guyane et les pays limitrophes (Surinam, Brésil) ». En 2015, les éléments disponibles font évoquer une source alimentaire[68] à ce plomb[69]. Et il a été noté que chez les femmes enceintes, « la plombémie et la proportion de participantes ayant une plombémie élevée augmente en fonction de l’âge. Ainsi, elles sont 21,6 % de moins de 18 ans contre 32,5 % chez les femmes de 35 ans et plus à avoir une plombémie ≥ 50 μg/L (p=0,29) et respectivement 2,7 % contre 10,4 % à avoir une plombémie ≥ 100 μg/L (p=0,023) ». La pauvreté, un faible niveau de scolarisation, le fait d'avoir préparé du couac durant la grossesse ou d'avoir mangé du gibier ou bu de l'eau de pluie (plutôt que du robinet ou en bouteille) et le fait de parler le nenge tongo sont associés à une plombémie plus élevée (ce qui a fait évoquer le rôle possible d'une tradition de géophagie, mais un lien de causalité n'a pas pu être clairement mis en évidence). En outre, les femmes vivant en amont du fleuve Maroni sont plus touchées qu'à l'aval. À Saint-Laurent-du-Maroni la plombémie maximale est de 25,8 μg/L dans le centre-ville à 42 μg/L sur l'île Bastien et Portal.
218
+
219
+ Cette situation, ainsi que l'inaction des pouvoirs publics, est dénoncée dans Nager avec les piranhas (2017) de Michel Onfray.
220
+
221
+ En 2015 un rapport parlementaire préconise des recommandations pour lutter contre les "Suicides des jeunes Amérindiens en Guyane française"[70].
222
+
223
+ Le sport le plus populaire en Guyane est le football, ensuite vient le basket-ball, le cyclisme, la natation ou encore le handball, néanmoins il existe dans le département quelques clubs de canoé, de judo,de jiu-jitsu brésilien, d'aïkido, de karaté, d'escrime, d'équitation, de rames et de volley-ball.
224
+
225
+ Les deux clubs phares de la natation Guyanaise sont le Megaquarius club et le Cercle Nageurs de Cayenne (CNC).
226
+
227
+ Depuis plusieurs années, le club du Megaquarius club Guyane remporte la majorité des championnats de Guyane grâce à ses nageurs.
228
+
229
+ La ligue de Natation Guyanaise a d'ailleurs signé un partenariat avec le Suriname pour organiser plus de compétitions entre ces deux pays, notamment le championnat d'Amazonie.
230
+
231
+ Le Djokan est une discipline née des pratiques guerrières amérindiennes, bushinengue et créoles guyanaises.
232
+
233
+ Le 8 juillet 2016, après quatre ans de concertation paraît au Journal officiel le décret en Conseil d'État approuvant le schéma d'aménagement régional (SAR) de la Guyane ; c'est le nouveau cadre pour toutes les politiques publiques d’aménagement et de développement du territoire menées en Guyane jusqu'à l'horizon 2030. Il définit les zones d'implantation de l'agriculture, de l'urbanisation et des grands équipements et infrastructures, des activités industrielles, portuaires, artisanales, agricoles, forestières, touristiques et relatives aux énergies renouvelables ainsi que celles relatives aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, tout en intégrant les enjeux de continuités écologiques dans un chapitre individualisé relatif à la Trame verte et bleue[71], dans le cadre de l'une des cinq priorités : « Préserver et valoriser l’environnement et la biodiversité remarquables du territoire »[72]. Les communes disposent de trois ans pour rendre leurs documents d’urbanisme compatibles avec ce SAR[72].
234
+
235
+ L’aménagement du territoire connaît un volet relatif au logement qui est un enjeu particulier en Guyane, très différent de celui de la France métropolitaine. La Guyane est marquée par un habitat individuel qui constitue 76% des résidences principales en 2013, soit environ 19 % de plus qu’en métropole. Les logements possèdent une occupation plus importante que les autres DROM, avec une moyenne de 3,4 personnes en moyenne par ménage, alors la moyenne métropolitaine est plutôt autour de 2,3. La Guyane rencontre donc un problème important de mal logement : le surpeuplement. Il touche 36,1 % des ménages en Guyane[73]. Ce taux est plus du double de celui des autres DROM comme la Réunion qui possède 14,6% de ménages touchés par la sur-occupation. Le surpeuplement touche plus de 7 familles monoparentales sur 10[74].
236
+
237
+ De plus, à l’enjeu du surpeuplement s’ajoute la déficience du logement en lui même : 47 % des résidences principales en 2013 connaissent un défaut grave de confort, le plus important étant les vis-à-vis, mais aussi des défauts plus importants tels que l’installation électrique ou encore l’absence d’équipements sanitaires. Il n’y a que 44 % des ménages qui sont dotés d’eau chaude.
238
+
239
+ Il est difficile d’accéder à la propriété en Guyane : seuls 9 % des foyers y ont accès contre 20 % en métropole. Cela est notamment lié à un problème de manque de bâti et des dépenses de logement plus élevées, le mètre carré était à 12,2 € en 2016, contre 10,6 € dans l’Hexagone. Enfin, la présence importante de l’insalubrité des logements ne pousse pas les ménages à acheter. Il y a un manque de construction de logements sociaux, à peine 1 000/an alors que la demande est bien plus élevée[75]. Le taux des logements sociaux (HLM) comme part des résidences principales a été 15,1% en 2016, et ce taux a atteint 17,3% à Cayenne[76],[77].
240
+
241
+ L'économie de la Guyane est fortement dépendante de l'Hexagone et de l'industrie spatiale (Centre spatial guyanais).
242
+ Il existe peu de lignes aériennes directes à destination des autres pays de l'Amérique du Sud, mis à part le Suriname et le Brésil. Toutefois, il est possible de se rendre dans le reste de l'Amérique en faisant escale à Pointe-à-Pitre-Pôle Caraïbes (Guadeloupe) ou à Fort-de-France-Aimé Césaire (Martinique).
243
+
244
+ Le taux de chômage officiel au deuxième semestre 2013 est de 21,3 %[78], soit l'un des plus élevés de France.
245
+
246
+ Le Carnaval est l'un des événements majeurs de Guyane. Il se déroule, les après-midi de dimanche, entre l'Épiphanie au début de janvier, et le Mercredi des Cendres en février ou mars. Des groupes déguisés selon la thématique de l'année, y défilent autour de chars décorés, au rythme des percussions et des cuivres. La préparation des groupes dure des mois avant le carnaval. Les groupes défilent devant des milliers de spectateurs qui s'amassent sur les trottoirs et les gradins aménagés pour l'occasion.
247
+
248
+ Puis, au début de soirée, les touloulous se rendent dans les dancings.
249
+
250
+ Des groupes brésiliens identiques à ceux que l'on rencontre au carnaval de Rio, sont également appréciés pour leurs rythmes et leurs costumes affriolants. La communauté asiatique de Cayenne participe également aux défilés en apportant sa touche caractéristique, avec des dragons.
251
+
252
+ Le français est la langue officielle de la Guyane mais de nombreuses autres langues locales sont aussi utilisées. La seconde langue la plus parlée dans la société est le créole guyanais[79], une langue à base de français, d'anglais, d'espagnol, de portugais, de langues africaines et amérindiennes. Elle serait née au XVIIe siècle entre les esclaves africains et leurs maîtres français qui tentaient de communiquer. Il est parfois mélangé par l'influence des autres communautés créoles immigrés de Martinique (créole martiniquais), de Guadeloupe (créole guadeloupéen) et d'Haïti (créole haïtien)...
253
+
254
+ Six langues bushi kondé (des noirs marrons), parlées par les Busi-Nengue Guyanais ou Surinamiens (Surinamais pour l'Académie française) : langues boni, saramaca, paramaca, djuka, mataray, kwenty, aluku.
255
+
256
+ Les autres langues régionales sont six des sept langues amérindiennes (arawak, palikur, kali'na, wayana, wayãpi, émerillon), ainsi que le hmong (langue laotienne). La langue apalai parlée par peu de locuteurs n'est pas reconnue officiellement.
257
+
258
+ Enfin, les autres communautés formant une partie non négligeable de la population parlent quotidiennement le portugais, l'anglais, le chinois, l'espagnol, le russe, etc.
259
+
260
+ La gastronomie guyanaise est riche des différentes cultures qui se mélangent en Guyane, les restaurants chinois côtoient les restaurants créoles dans les grandes villes comme Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni. La gastronomie guyanaise rassemblait à l'origine les cuisines créole, bushinengue et amérindienne. Toutes ces cuisines ont plusieurs ingrédients en commun :
261
+
262
+ À Pâques, les Guyanais mangent le plat le plus emblématique de la Guyane : le bouillon d'awara.
263
+
264
+ Le repas traditionnel du mariage des Guyanais est le haricot rouge avec du riz.
265
+
266
+ Le premier timbre spécifique à la Guyane date de 1886, il s'agit d'un timbre de type Alphée et surchargé avec l'indication "Déc 1886, Guy Franc".
267
+
268
+ Jusqu'en 1902, la Guyane utilisera les timbres des séries françaises ou coloniale avec une surcharge spécifique.
269
+
270
+ A partir de 1904 sera émis des timbres spécifiques à la Guyane et portant l'indication « Guyane Francaise ».
271
+
272
+ Les derniers timbres portant une indication « Guyane Française » sont émis en 1947. Au-delà de cette date, ce sont les timbres de métropole qui ont été utilisés.
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+ La Haye (prononcé [la ˈ(ʔ)ɛ] ; en néerlandais : Den Haag, diminutif de ’s-Gravenhage — littéralement « Haie du Comte ») est une commune et ville néerlandaise, siège du gouvernement des Pays-Bas et chef-lieu de la province de Hollande-Méridionale. Elle n'est cependant pas la capitale, qui est Amsterdam. Au 1er avril 2018, la population de La Haye s'élève à 534 261 habitants, ce qui en fait la troisième ville des Pays-Bas derrière Amsterdam et Rotterdam[3]. Elle fait partie de la conurbation de la Randstad — comprenant Amsterdam, Haarlem, Leyde, Rotterdam et Utrecht — comptant 7 100 000 habitants.
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5
+ Outre les États généraux, la Cour suprême et le Conseil d'État, La Haye accueille plusieurs institutions, pour la plupart internationales, ce qui lui vaut d'être surnommée la « capitale du monde légal » par le secrétaire général des Nations unies Boutros Boutros-Ghali. La Cour internationale de justice (CIJ), la Cour pénale internationale (CPI), la Cour permanente d'arbitrage (CPA), Europol, Eurojust, la Commission internationale pour les personnes disparues, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et le Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux sont basés dans la ville, tout comme les résidences officielles du roi (palais Noordeinde) et du Premier ministre des Pays-Bas (Catshuis), ainsi que les ambassades.
6
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7
+ La Haye a été mentionnée sous le nom Die Haghe pour la première fois en 1242. Au XVe siècle, le nom des Graven hage, littéralement « Le Bois-du-Comte », entra en usage, avec des connotations comme « la haie du Comte », « l'enceinte privée » ou « le terrain de chasse ». 's Gravenhage a été utilisé pour la ville à partir du XVIIe siècle. Aujourd'hui, ce nom n'est utilisé que dans certains documents officiels comme les certificats de naissance ou de mariage. La ville elle-même utilise Den Haag dans toutes ses communications[4].
8
+
9
+ Les transports en commun urbains assurés par la compagnie locale HTM se basent sur 12 lignes de tramway régulières. Quatre de ces lignes font partie du projet RandstadRail. HTM opère aussi sur dix lignes de bus de jour et six de nuit. Cependant un large nombre de lignes de bus sont exploitées par Veolia et Arriva vers la banlieue et les autres villes proches telles que Leyde. Toutes ces compagnies acceptent les OV-chipkaart, supports d'abonnements de transport national néerlandais.
10
+
11
+ Quatre lignes du réseau sont opérées avec du matériel de type tram-train, les lignes 2, 3, 4 et 19. Connues sous le nom de RandstadRail, elles relient La Haye à Zoetermeer ainsi qu'à d'autres communes de la proche banlieue. La ligne 19 présente la particularité de ne pas passer par la ville de La Haye ; elle relie Delft à Leidschendam. Une cinquième ligne de la RandstadRail, la ligne E du métro de Rotterdam relie La Haye à Rotterdam. Cette ligne de métro léger fait partie du réseau métropolitain de Rotterdam.
12
+
13
+ La Haye est reliée au réseau de chemins de fer NS par six gares, La Haye-Central, La Haye-Hollands Spoor, La Haye-Laan van NOI, La Haye-Mariahoeve, La Haye-Moerwijk et La Haye-Ypenburg. La Haye n'est plus sur la ligne Thalys entre Amsterdam et Bruxelles depuis l'ouverture de la ligne à grande vitesse entre Anvers et Amsterdam le 13 décembre 2009.
14
+
15
+ La Haye partage avec Rotterdam un aéroport qui porte le nom des deux villes, l'aéroport de Rotterdam-La Haye. Il est le troisième aéroport national en nombre de passagers, mais constitue l'aéroport officiel pour les réceptions diplomatiques. Le centre-ville de La Haye est distant de 30 minutes en train de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, aéroport européen avec plus soixante millions de passagers annuellement accueillis.
16
+
17
+ La Haye a été fondée en 1248 par Guillaume II, comte de Hollande et roi des Romains (Guillaume Ier) de 1247 à 1256. À cette date il a ordonné la construction d'un château dans une forêt près de la mer en Hollande, dans lequel il avait l'intention de s'installer après son couronnement. Guillaume II mourut dans une bataille avant celui-ci, stoppant ainsi la construction avant la fin. Aujourd'hui le château est appelé le « Ridderzaal » (littéralement : « salle des Chevaliers ») et est encore utilisé pour des événements politiques.
18
+
19
+ Par la suite, La Haye a été le centre administratif des comtes de Hollande. De puissantes villes hollandaises comme Leyde, Delft et Dordrecht s'accordèrent pour choisir la petite et peu importante ville de La Haye comme leur centre administratif. Cette situation n'a jamais été remise en cause, ce qui fait aujourd'hui de La Haye le siège du gouvernement, alors que la capitale des Pays-Bas est Amsterdam.
20
+
21
+ Pour que la ville conserve une taille modeste, il lui était légalement interdit de construire un mur d'enceinte autour de la cité. Mais quand, en 1500, on autorisa enfin la construction d'une enceinte, la population préféra utiliser les fonds de son édification pour construire un hôtel de ville à la place. Cette décision s'avéra désastreuse pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans, puisque les troupes espagnoles purent prendre et occuper la ville avec facilité.
22
+
23
+ Ce sont les Français qui donnèrent finalement le statut de ville à La Haye en 1806, tardivement en regard d'autres villes hollandaises.
24
+
25
+ En raison de son histoire, La Haye ne possède donc pas un large centre historique comme ses proches voisines de Leyde et Delft. Mais à partir de 1850, avec la place grandissante qu'occupe le gouvernement dans la vie du pays, La Haye se développe considérablement. Les parties les plus anciennes de la ville datent pour la plupart du XIXe siècle et du début du XXe.
26
+
27
+ La ville a été fortement endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale. Le 3 mars 1945, la Royal Air Force a bombardé le Bezuidenhout, la cible étant une installation de fusées V2, toute proche de la ville. Mais en raison « d'erreurs de navigation », les bombes sont tombées sur des zones fortement peuplées, tuant plus de 500 personnes. Les cicatrices de ces bombardements sont encore visibles aujourd'hui.
28
+
29
+ La ville accueille en 1948 le Congrès de La Haye, ou « Congrès de l'Europe » qui donne l'impulsion du processus d'unification européenne.
30
+
31
+ En 1958, La Haye est récompensée du Prix de l'Europe[5], conjointement avec Vienne[6].
32
+
33
+ Après la guerre, La Haye fut l'un des plus grands chantiers d'Europe, la ville s'est ensuite étendue fortement vers le sud-ouest pour atteindre une pointe de 550 000 habitants vers 1970.
34
+
35
+ Dans les années 1970 et 1980, les classes moyennes, pour la plupart blanches, ont déménagé vers les banlieues de la ville comme Voorburg, Leidschendam, Rijswijk et surtout Zoetermeer. Cette migration répond à un schéma classique du centre urbain pauvre et des banlieues aisées.
36
+
37
+ Dans cette seconde partie de siècle, La Haye confirme aussi son statut de grand centre administratif. En plus d'être le centre politique du pays, la ville accueille de nombreuses institutions européennes mais aussi internationales, dont le siège de la Cour pénale internationale.
38
+
39
+ En 2002, est votée par le Congrès des États-Unis puis approuvée par le président George W. Bush, l'American Service-Members' Protection Act, qui stipule que le gouvernement fédéral américain a tous pouvoirs pour sortir du centre de détention de la Cour pénale internationale à La Haye un accusé américain. La loi fut ironiquement surnommée The Hague Invasion Act (en français : Loi d'invasion de La Haye), puisqu'elle permet théoriquement aux Forces armées des États-Unis d'envahir la ville. La loi est cependant considérée comme symbolique, la menace d'une opération militaire sur la ville siège du gouvernement des Pays-Bas étant irréaliste[7].
40
+
41
+ Le Conseil communal de La Haye comprend 45 sièges.
42
+
43
+ Le tableau ci-dessous donne les résultats des élections communales de La Haye à partir de 1998 :
44
+
45
+ 45 sièges
46
+
47
+ 45 sièges
48
+
49
+ 45 sièges
50
+
51
+ 45 sièges
52
+
53
+ 45 sièges
54
+
55
+ Le collège du bourgmestre et des échevins pour la période 2010-2014 est formé par une coalition composée du Parti travailliste, du Parti populaire libéral et démocrate, des Démocrates 66 et de l'Appel chrétien-démocrate (26 des 45 sièges). L'accord de coalition est appelé Aan de Slag! (« Au travail ! » en néerlandais). Bien que le VVD ait perdu la majorité en 2014 face aux D'66, Jozias van Aartsen reste bourgmestre à la suite d'un accord de coalition. Pauline Krikke (aussi VDD) a été bourgemestre du 17 mars 2017 au 6 octobre 2019.
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+ À l'instar des autres grandes villes néerlandaises, La Haye est une ville multiculturelle dont près de la moitié de la population est d'origine étrangère.
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+ L'activité économique de la ville est tournée en grande partie vers la fonction publique. Beaucoup de fonctionnaires travaillent à La Haye, que ce soit dans les ministères ou les organismes publics néerlandais (qui sont presque tous situés dans la ville).
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+ À cela s'ajoute la présence de sièges sociaux de grands groupes néerlandais tels que :
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+ Enfin, La Haye n'a jamais eu une grande activité industrielle, à l'exception du port de pêche de Scheveningen.
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+ Pendant le Premier Empire, La Haye fut au nombre des bonnes villes et autorisée à ce titre à demander des armoiries au nouveau pouvoir : elles devenaient : « d'or à la cigogne passante au naturel tenant dans son bec une anguille de sable au chef de gueules à trois abeilles d'or », qui est des bonnes villes de l'Empire.
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+ Hongrie
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+ Magyarország
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+ 47° 30′ N, 19° 15′ E
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+ UTC +1: (CET);
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+ La Hongrie (en hongrois : Magyarország, /ˈmɒɟɒɾoɾsaːg/Écouter) est une république constitutionnelle unitaire située en Europe centrale. Elle a pour capitale Budapest, pour langue officielle le hongrois et pour monnaie le forint. Son drapeau est constitué de trois bandes horizontales, rouge, blanche et verte et son hymne national est le Himnusz. D'une superficie de 93 030 km2, elle s'étend sur 250 km du nord au sud et 524 km d'est en ouest. Elle a 2 009 km de frontières avec l'Autriche à l'ouest, la Slovénie et la Croatie au sud-ouest, la Serbie au sud, la Roumanie au sud-est, l'Ukraine au nord-est et la Slovaquie au nord.
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+ Après des siècles où le territoire actuel de la Hongrie était habité par les Celtes, les Romains, les Huns, les Slaves, les Gépides et les Avars, la Hongrie fut fondée à la fin du IXe siècle par le prince et commandant militaire Árpád après la conquête du territoire (honfoglalás). Son arrière-petit-fils Étienne Ier de Hongrie, en l'an 1000, convertit le pays au catholicisme. En 1526, après la bataille de Mohács, la Hongrie perdit sa souveraineté au profit de l'Empire ottoman (1541-1699). Elle fut sous la tutelle des Habsbourg et, plus tard, elle fit partie de l'Empire austro-hongrois (1867-1918).
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+ La Hongrie partage des frontières avec sept pays (dont cinq sont, comme elle, membres de l'Union européenne) pour un total de 2 189 km[2]. Elles ont toutes été tracées pour délimiter la deuxième république de Hongrie, fin 1918 et début 1919, à la suite de la dislocation de l'Autriche-Hongrie et de la première république hongroise. À deux exceptions près (environs de Sopron en 1922, et de Bratislava en 1946), la délimitation fut effectuée par la commission internationale Lord où des géographes comme Robert Seton-Watson (en), Emmanuel de Martonne ou encore l'historien Ernest Denis jouèrent un rôle important. Ces frontières ont été officialisées par les traités de Trianon (1920) et de Paris (1947)[5]. Pour l'opinion hongroise, le traité de Trianon est une tragédie nationale (que le gouvernement envisage de commémorer solennellement en 2020[6]) car, par rapport à son territoire antérieur, le pays perdit 71 % de sa superficie et 32 % des magyarophones, devenus citoyens autrichiens (dans le Burgenland), tchécoslovaques (aujourd'hui slovaques ou ukrainiens), roumains ou yougoslaves (aujourd'hui slovènes, croates ou serbes).
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+ La situation de ces populations hongroises, se retrouvant hors des nouvelles frontières du pays, motive de la part de la Hongrie une politique explicitement irrédentiste et explique ainsi le ralliement du pays à l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale. L'ancienne domination hongroise dans le bassin des Carpates ainsi que le sort des minorités hongroises sont toujours au cœur des relations que la Hongrie entretient avec ses pays voisins. Pendant les quatre décennies de communisme (1947-1989), le pays attira l'attention internationale avec la révolution de 1956 et l'ouverture de la frontière du rideau de fer avec l'Autriche en 1989, qui accéléra la chute du bloc soviétique.
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+ Peuplée d'environ 10 millions d'habitants, la Hongrie est une puissance moyenne à l'échelle de l'Europe. Elle est dotée d'une économie de type capitaliste mais garde un secteur public encore important. Comme de nombreux pays anciennement communistes, son modèle productif a longtemps été dominé par l'industrie (fabrication de camions, d'autobus, de matériel ferroviaire et de moteurs dans le cadre du Comecon). Sa capacité agricole est très élevée mais le secteur s'est délesté d'une part importante de sa main-d'œuvre au bénéfice de sa modernisation. La viticulture est bien développée, la Hongrie est un pays vinicole réputé. Comme de nombreux pays européens, l'économie de la Hongrie s'est considérablement tertiarisée ces dernières années. La Hongrie se distingue enfin dans le secteur de la recherche et de l'innovation technologique. Elle compte quatre prix Nobel (John Harsanyi, George de Hevesy, Imre Kertész, Philipp Lenard) et ses échanges scientifiques sont de haut niveau.
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+ La Hongrie est membre du groupe de Visegrád, de l'Union européenne, de l'OTAN, de l'OMC et de l'ONU.
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+ Le royaume de Hongrie fondé en 1001 et disparu en 1946 portait en hongrois le nom de Magyar Királyság dont est issue l'appellation de la Hongrie contemporaine : Magyarország : « le pays des Magyars ». En hongrois, magyar désigne à la fois l'État et le nom du groupe ethnique issu de l'Oural et leurs descendants supposés. Du mot magyar est issu l'adjectif et le substantif « magyar » en français ou encore magyarisch et Magyar en allemand. Dans la plupart des langues du monde, c'est pourtant la racine latine Hungaria qui est utilisée pour désigner l'État, qu'il s'agisse du royaume ou de la république. C'est le cas de l'anglais notamment : Kingdom of Hungary, Republic of Hungary, Hungary.
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+ En slovaque, en slovène et en croate et serbe, le terme magyar et la racine latine hungaria coexistent et permettent justement de différencier le sens politique (la nation hongroise comme construction politique, ainsi que sa matérialisation géopolitique : l'État hongrois) du sens ethno-culturel (les minorités magyares). Dans ces langues, avant la partition du traité de Trianon en 1920, la « Hongrie » était désignée sur la base latine : Uhorsko (slovaque), Ogrska (slovène) et Ugarska/Угарска (croate et serbe) tandis que depuis 1920, on lui préfère l'adjectif ethnique substantivé : Maďarsko (slovaque), Madžarska (slovène) et Mađarska/Мађарска (croate et serbe). Cette évolution de la désignation du territoire hongrois ne se retrouve pas chez les Autrichiens, les Roumains et les Ukrainiens : respectivement Ungarn, Ungaria et Угорщина (Uhorščyna). Pourtant, les racines latine et hongroise de l'ethnonyme sont bien présentes en roumain pour différencier l'habitant de la Hongrie (ungur) du « Hongrois ethnique », minorité officielle de Roumanie : maghiar.
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+ Quant au nom de Hongrie, hongrois, il semble qu'il soit issu d'une confusion chez certains peuples (dont les Occidentaux) entre les Magyars et des peuples turcs dont certains s'étaient joints à eux durant les migrations, notamment les Onoghours (en latin Hungari, ou « Hunnougour issus des hordes hunniques » chez Théophylacte Simocatta).
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+ Les éléments des armoiries de la Hongrie datent du Moyen Âge. Le blason actuel est utilisé pour la première fois sous le règne de Louis Ier (1342 – 1382). La couronne surplombant le blason apparaît sous le règne de Ladislas Ier Jagellon (1440 – 1444). Il s'agit à l'origine d'un diadème classique, mais sur le sceau de Matthias Corvin de 1464, elle commence à ressembler davantage à la couronne d'Étienne Ier de Hongrie. La version finale des armoiries est élaborée sous le règne de Matthias II, au début du XVIIe siècle. Son usage devient régulier sous le règne de Marie-Thérèse d'Autriche.
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+ Le drapeau de la Hongrie est composé de trois bandes horizontales rouge (dessus), blanche et verte. Sa forme tricolore est inspirée du drapeau français et des idées de la Révolution de 1789 alors que ses couleurs sont une reprise des armoiries historiques de la Hongrie. Le drapeau fait sa première apparition lors de Révolution hongroise de 1848 mais ne s'impose au sein de l'Autriche-Hongrie bicéphale qu'en 1867. Jusqu'en 1945, le drapeau est frappé d'une couronne royale en son centre. La loi fondamentale de la Hongrie entrée en vigueur en 2012 donne une interprétation officielle des couleurs : le rouge pour la force, le blanc pour la fidélité, le vert pour l'espoir.
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+ La figuration d'un blason sur sa partie centrale a été l'objet de forts enjeux symboliques durant tout le XXe siècle. Lors de l'insurrection de Budapest en 1956, les insurgés découpent les armes du régime communiste et leur préfère un trou symbole de la liberté retrouvée. La forme actuelle du drapeau est ainsi adoptée en 1957. Depuis 1990, la version blasonnée est tolérée et parfois utilisée par les pouvoirs publics.
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+ Il existe trois fêtes officielles en Hongrie. Le 15 mars, le Nemzeti ünnep (« fête nationale ») commémore la Révolution hongroise de 1848. Le 20 août, le Szent István ünnepe (« fête de saint Étienne », fête de l'État) célèbre la fondation de l'État hongrois en 1000. Enfin, le 23 octobre, le Forradalom ünnepe est organisé en l'honneur de l'insurrection de Budapest de 1956. Selon l'article J de la nouvelle loi fondamentale, le 20 août occupe désormais le premier rang puisque c'est la seule « fête d'État officielle » (hivatalos állami ünnep).
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+ Les regalia sont les symboles de la souveraineté hongroise. Elles sont constituées de plusieurs pièces : la couronne de saint Étienne (Szent István Korona), le sceptre (jogar), l'orbe (országalma), le manteau du couronnement (palást) et l'épée (kard).
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+ La couronne des rois de Hongrie était utilisée depuis le XIIIe siècle. Chaque couronnement fait référence à celui d’Étienne Ier, couronné roi de Hongrie le 25 décembre 1000 avec une couronne envoyée par le pape Sylvestre II. La couronne avait été apportée par le légat Astéric (ou Anastase), futur archevêque d’Esztergom. La couronne que l’on peut voir aujourd’hui est différente de l’original. Étienne Ier perdit son fils unique et renvoya avant de mourir sa couronne au Vatican, en signe de soumission. Depuis, elle a été volée et on perd sa trace au XVIe siècle.
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+ Les spécialistes considèrent que la couronne actuelle se compose d’une partie byzantine (corona græca), datant des années 1070. Cette dernière a été offerte par le basileus Michel VII à la princesse Synadene, qui était l’épouse du roi Géza Ier. L’autre partie est plus récente et a probablement été ajoutée au XIIIe siècle, sous le règne de Béla III de Hongrie.
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+ La légende veut que la croix surmontant la couronne du roi de Hongrie soit penchée en raison d'un voyage mouvementé entre Rome et la Hongrie, le pape Sylvestre II ayant fait envoyer ladite couronne par une escorte à cheval. Abîmée au cours de ce voyage, la couronne aurait été apportée ainsi au roi Étienne Ier (István Ier). Il pourrait s'agir aussi du fait que lorsque les Turcs ont envahi le pays, elle aurait été enterrée pour être cachée, mais déformée.
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+ Cas unique en Europe, les regalia médiévales de Hongrie sont toutes parvenues jusqu’à nos jours, mis à part les chausses qui ont brûlé pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis le 1er janvier 2000, elles sont conservées au Parlement hongrois, sauf le manteau du couronnement qui est visible au musée national hongrois. Le sceptre du Xe siècle est surmonté d’une boule de cristal gravée de lions. L’épée est une production italienne du XIVe siècle. L’épée du couronnement d’Étienne Ier est gardée dans la cathédrale Saint-Vitus depuis 1368.
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+ La Hongrie est d'une altitude moyenne de 200 mètres au-dessus du niveau de la mer. Bien qu'il existe quelques sommets montagneux, seul 2 % du territoire national dépasse les 300 m d'altitude. Le point culminant de la Hongrie est le Kékes dans les monts Mátra qui culmine à 1 014 mètres. Le point le plus bas est situé à Csongrád-Csanád près de la rivière Tisza à 77,6 m de hauteur. Les principales rivières du pays sont le Danube et la Tisza, dont 444 km sont navigables. Les affluents mineurs du Danube se trouvent aux abords de la frontière croate : il s'agit de la Drave, du Raab, du Someș, du Sió et de la frontière slovaque : l'Ipeľ.
48
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+ Situé dans la moitié ouest du pays, le lac Balaton est le lac le plus vaste d'Europe centrale (592 km2) devançant le lac Léman (581 km2) et le lac de Constance (536 km2). Vient ensuite le Lac Fertő cogéré avec l'Autriche (82 km2 se trouvent en Hongrie). Parmi les autres lacs importants figurent le lac de Velence (« lac de Venise ») et le lac Tisza.
50
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51
+ Bien que l'altitude de la plus grande partie du pays n'excède pas 300 mètres, on trouve plusieurs chaînes de montagnes moyennes en Hongrie. Il existe quatre régions géographiques montagneuses, d'ouest en est : Alpokalja, massif de Transdanubie, Mecsek, massif du Nord. L'Alpokalja (en allemand : Alpenenstrand, les « contreforts des Alpes ») est situé le long de la frontière avec l'Autriche. Son point culminant est le Kékes, ou Kékestető (1 014 m). Le massif de Transdanubie s'étend du lac Balaton jusqu'au Danube près de Budapest où elles rencontrent le massif du Nord et culminent à 757 m (Pilis). Mecsek est la chaîne montagneuse la plus méridionale, située au nord de Pécs. Son point culminant est le Zengő (682 m). Le massif du Nord s'étend au nord de Budapest et se déploie vers le nord-est en direction du sud de la frontière avec la Slovaquie. Ses hautes crêtes très boisées sont riches en minerai de charbon et de fer. L'extraction de minerai est une ressource importante de la région et fut d'ailleurs la base de l'industrie des cités avoisinantes. La viticulture est aussi importante avec la culture du fameux Tokay. Son point culminant est le Kékes, situé dans la chaîne du Mátra.
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+ La Hongrie se situe au carrefour de quatre influences climatiques. D'une part l'influence continentale de l'Europe de l'Est produit des saisons marquées avec des températures fortement négatives en hiver et élevées en été, mais tempérées par les masses d'air de la façade atlantique. D'autre part, c'est dans le bassin des Carpates que se rencontrent les influences sibériques du nord et l'influence méditerranéenne des Balkans.
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+ La température moyenne annuelle est de 8−12 °C, ce qui est relativement élevé, avec des amplitudes de 20−25 °C. En janvier, la température varie entre −4 °C et 7 °C. Le nombre d'heures d'ensoleillement par an oscille entre 1700 et 2100 heures, avec les périodes les plus importantes dans l'Alföld et les plus courtes dans les régions montagneuses du nord. La pluviométrie annuelle moyenne est de 500-1 000 mm (500-600 mm dans l'Alföld et de 800 à 1 000 mm dans les montagnes). Les vents dominants viennent du nord-ouest. La température la plus basse jamais enregistrée en Hongrie a été −35 °C le 16 février 1940 à Görömbölytapolca près de Miskolc. La plus haute température jamais enregistrée a été 41,9 °C le 20 juillet 2007 à Kiskunhalas.
56
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+ Les terres arables sont une importante ressource naturelle pour la Hongrie. Elles couvrent 49,58 % de la superficie du pays, c'est-à-dire une partie très importante comparée aux autres pays du monde[7]. La plus grande partie de ces terres est de bonne qualité.
58
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59
+ La Hongrie compte une dizaine de parcs nationaux, 145 réserves naturelles et 35 aires protégées. Les parcs nationaux de Aggtelek et de Hortobágy sont également inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre de patrimoine naturel.
60
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+ La population de loutres de Hongrie est la plus grosse d'Europe avec plus de 10 000 individus.
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+ Puits à balancier (gémeskút) dans le parc national de Hortobágy.
64
+
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+ La forêt de Gemenc (hu), dans le parc national Duna-Dráva.
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+ Le Badacsony dans le parc national du haut Balaton.
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+ Parc national de Bükk.
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+
71
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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+
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+ En décembre 2018, la Hongrie comptait 525 sites dont :
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+
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+ La superficie totale est de 19 949 km2, ce qui représente 21,4 % de la surface terrestre du territoire de la Hongrie[8].
76
+
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+ Vers 350 av. J.-C., aux Illyriens (en Pannonie), aux Agathyrses (dans la plaine danubienne) et aux Thraces (dans le bassin de la Tisza) vivant dans le bassin hydrographique du moyen-Danube s'ajoutent des Scythes et des Celtes puis, au Ier siècle, les Romains qui occupent la rive occidentale du Danube et transforment la Pannonie en province romaine. Au IVe siècle celle-ci subit les invasions des Ostrogoths, eux-mêmes contraints de quitter la région en 409 par la poussée des Gépides, Huns et Avars à l'est. Au VIe siècle arrivent les Slaves puis, au IXe siècle, des tribus magyares chassées par les Petchénègues de l'Etelköz (où subsistent néanmoins les Csángó). Menées par Árpád, elles franchissent le col de Verecke (hu) et s'installent dans la grande plaine.
78
+
79
+ Cette installation (Honfoglalás) permet d'offrir aux tribus une base arrière pour les nombreux raids entrepris vers l'Europe occidentale. Ceux-ci sont interrompus lors de la bataille du Lechfeld qui signe leur défaite devant l'empereur germanique Otton Ier du Saint-Empire. Dès lors, les tribus organisent leur domination militaire dans la plaine danubienne, y assimilent les populations déjà sédentarisées (comme les Slaves) et forment ainsi l'embryon du territoire et de la nation hongroise.
80
+
81
+ À la fin du Xe siècle, le prince Géza, descendant d'Árpád, impose sa domination sur toutes les tribus et se fait baptiser avec toute sa famille. Lors de sa succession, le jeune Vajk, futur Étienne Ier de Hongrie, défend l'alliance avec l'Europe occidentale et l'église de Rome contre Koppány qui, lui, s'était allié à Byzance. Ainsi, le couronnement d'Étienne Ier de Hongrie en l'an 1000, avec la bénédiction du pape Sylvestre II, signe à la fois la naissance formelle du royaume de Hongrie et l'inscription du nouvel État dans le giron occidental.
82
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+ L'organisation d'un clergé hongrois est le signe de la reconnaissance de l'indépendance du royaume, notamment face au Saint-Empire romain germanique. Assuré de sa légitimité, le roi Étienne renforce son pouvoir sur la noblesse naissante et occupe la Transylvanie. Le système tribal est alors remplacé par une organisation du royaume en comitats (vármegye), banats (bánság) et un voïvodat transylvain (vajdaség) à laquelle s'ajoute sous le règne de Ladislas Ier de Hongrie le royaume de Croatie en union personnelle (Horvát királyság). La mort du roi Étienne en 1038 ouvre une longue période de conflits autour de sa succession, menant à une vassalisation du royaume envers l'Empereur germanique. Le règne d'André Ier de Hongrie entre 1047 et 1060 marque un retour à l'indépendance. La politique d'expansion est poursuivie par Coloman jusque dans les Balkans et vers le bas-Danube (vassalisation de la Serbie, Valachie, Moldavie)[9], mais est contrariée par la puissance byzantine sous Basile II. Le règne de Béla III de Hongrie entre 1172 et 1196 inaugure le premier apogée du royaume.
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+ Progressivement, la noblesse hongroise tente de faire valoir son pouvoir au sein du royaume qui compte alors 2 000 000 d'habitants. En 1222, André II de Hongrie proclame la bulle d'or qui exonère la petite noblesse de l'impôt et limite les privilèges royaux. Le pouvoir royal est davantage affaibli par l'invasion mongole et tatare en 1241 qui dépeuple considérablement le pays. Dans le sillage des Mongols et des Tatars sont signalés les premiers Roms[10]. Le royaume se dote alors d'un réseau de châteaux forts afin d'assurer sa sécurité et des villes se peuplent alors au bénéfice d'une bourgeoise de plus en plus active. En 1301, la mort d'André III de Hongrie signe la fin de la maison Árpád et le début de la domination angevine.
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+ C'est sous la dynastie Anjou-Luxembourg que la Hongrie connaît son deuxième apogée avec le renforcement du pouvoir royal par Charles Ier Robert et l'extension du territoire sous le règne de Louis Ier le Grand. Le royaume de Hongrie intègre alors la Bosnie et compte sur ses flancs Sud et Est une douzaine de bánság et de vajdaség vassaux, peuplés de slaves (tótok) et de valaques (oláhok) bénéficiant de franchises nommées vlach jog. Successeur de Charles Ier Robert, Sigismond Ier du Saint-Empire cumule la couronne impériale, celle de Hongrie et celle de Bohême mais perd la Dalmatie au profit de Venise. Sur le plan intérieur, il doit faire face à la montée en puissance du pouvoir urbain. De 1437 à 1440, sa succession ouvre une énième période de troubles durant laquelle les Jagellons prennent le pouvoir.
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+ Après la mort de Ladislas III Jagellon à Varna lors d'une offensive hongroise, serbe et roumaine contre l'Empire ottoman en 1444, la régence du royaume revient à Jean Hunyadi, voïvode (vajda) de Transylvanie. Celui-ci contient l'avancée ottomane devant Belgrade en 1456 mais meurt peu après. La Hongrie est alors un pays peuplé de 4 000 000 d'habitants, prospère malgré le contrôle commercial exercé par les Allemands. L'accès au trône de Mathias Ier Corvin de Hongrie - le Juste signe le début de la Renaissance en Hongrie. Sous son règne, l'administration est réorganisée et centralisée et le pouvoir bourgeois favorisé face à l'aristocratie. Il conquiert la Bohême, la Moravie et la Silésie tout en développant dans sa capitale Buda une cour florissante, foyer centre-européen de l'humanisme. Son règne laisse un souvenir amer à la noblesse, qui choisit pour lui succéder un prince plus faible : Vladislas IV de Bohême. Les magnats reprennent le pouvoir et entraînent l'affaiblissement du royaume. La défaite hongroise, lors de la bataille de Mohács en 1526, face à l'Empire ottoman, signe la partition du pays entre les territoires occupés et les lambeaux de la Hongrie royale.
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+ En 1526, le royaume de Hongrie est divisé en deux, puis en trois parties. Ferdinand Ier du Saint-Empire s'empare de la Haute-Hongrie (actuelle Slovaquie) et de l'Ouest du royaume tandis que le voïvode de Transylvanie, Jean Zápolya, conserve le Centre et l'Est. À sa mort en 1540, Soliman le Magnifique, sultan ottoman, occupe la plaine danubienne et prend Buda. La principauté de Transylvanie (agrandie du Nord-Est de la Hongrie royale, le partium) a le choix entre deux vassalités : envers les Autrichiens ou envers les Turcs : les voïvodes choisissent la seconde option, qui leur laisse plus d'indépendance, tant politique que religieuse (pacte de tolérance). Entre 1591 et 1606, les Habsbourgs utilisent leur armée pour faire pression sur la Haute-Hongrie et la Transylvanie. Étienne II Bocskai mène alors un soulèvement qui pousse l'Empire autrichien à reconnaître les privilèges de la Hongrie royale et la souveraineté de la Transylvanie. Alors que Buda est occupée, la capitale hongroise devient Pressburg (actuelle Bratislava).
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+ En Transylvanie, le prince Georges Ier Rákóczi (1630 – 1648) mène une politique de liberté et de tolérance politique et religieuse. Mais la politique belliqueuse de Georges II Rákóczi envers l'Empire ottoman provoque une réaction des Turcs qui alourdissent la vassalité de la Transylvanie, en réduisent le territoire et affaiblissent ainsi les ressources stratégiques de la Hongrie royale qui tombe sous la coupe des Habsbourg. Sous Léopold Ier d'Autriche, la Hongrie royale est le théâtre d'une révolte opposant la noblesse et la paysannerie au nouveau pouvoir central autrichien. L'insurrection est contenue lorsque les armées autrichiennes reconquièrent la plaine danubienne contre les Ottomans (paix de Karlowitz en 1699). Cette avancée autrichienne (et catholique) est suivie par un vaste soulèvement nobiliaire (surtout protestant) mené par le prince transylvain François II Rákóczi, proclamé prince souverain en 1704. La répression de ce soulèvement s'achève par la restauration du territoire royal et par un changement de vassalité en Transylvanie, qui échappe aux sultans pour devenir un grand-duché autrichien. Les révoltes nobiliaires ne cessent pas pour autant : en 1707, la Diète de Hongrie proclame (vainement) la déchéance des Habsbourg et l'indépendance de la Hongrie.
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+ Les magnats hongrois négocient alors un compromis avec la maison autrichienne et favorisent l'arrivée au pouvoir de Charles VI d'Autriche. En 1715, celui-ci proclame ainsi l'indivisibilité de la Hongrie et des provinces héréditaires des Habsbourg. Ceux-ci organisent l'installation de colons allemands dans toute la plaine danubienne, spécifiquement sur les rives du fleuve (Allemands du Banat). Après plusieurs tentatives des souverains autrichiens de réformer l'administration et imposer l'allemand comme langue de la Cour, Léopold II d'Autriche reconnaît en 1792 la spécificité des lois et des coutumes hongroises. La Révolution française de 1789 crée une union sacrée de la noblesse hongroise autour de la maison impériale, mais les idées libérales et nationales se diffusent malgré tout en Hongrie et donnent naissance à un courant réformiste important, revendiquant l'égalité devant la loi et devant l'impôt et la fin des privilèges.
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+ Ce courant est incarné par Ferenc Kölcsey, Ferenc Deák et Lajos Kossuth, révolutionnaires qui proclament en 1848 l'unification de la Hongrie, comprenant la Hongrie royale, la Croatie et la Transylvanie, et revendiquent l'indépendance face à l'empire d'Autriche. Mais, en Croatie et Transylvanie, les révolutionnaires locaux réclamaient leur propre indépendance, que Kossuth leur refusait. Les Autrichiens en profitèrent pour rallier à leur cause l'avocat transylvain Jankó Ávrám qui lève des troupes contre Kossuth, et le général croate Josip Jelačić, qui prend la tête d'une armée et envahit la Hongrie. Pour y faire face, Kossuth constitue un Comité national de défense qui parvient à refouler les troupes croates et réprime le soulèvement transylvain. Alors que l'indépendance de la Hongrie est proclamée, l'Autriche fait appel au tsar Nicolas Ier de Russie pour mater le gouvernement révolutionnaire. Les Habsbourg organisent alors la répression et imposent leur pouvoir par la force. En 1866, l'affaiblissement de l'empire sur le front italien et surtout la défaite contre la Prusse les incitent à apaiser les tensions internes. C'est ce long processus qui aboutit au Compromis austro-hongrois de 1867 et à la naissance de l'Autriche-Hongrie.
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+ L'Empire des Habsbourg est alors partagé entre l'empire autrichien et le royaume hongrois. Ce dernier se dote d'un système bicaméral : une Chambre des magnats et une Chambre des représentants, mais elle reste liée à l'Autriche par la dynastie Habsbourg et la concentration des affaires étrangères, des finances et de la guerre au sein d'un ministère d'Empire. Les privilèges des magnats et le système électoral laissent les minorités non-magyares, soit 55 % de la population de la Grande Hongrie, sans représentation parlementaire, et, de plus, la politique de magyarisation forcée des minorités dresse les Croates, les Slovaques, les Ruthènes, les Roumains, les Serbes et même les Allemands contre les Hongrois. L'Autriche-Hongrie, ayant perdu la Première Guerre mondiale, est le premier État visé par les « 14 points » du président américain Woodrow Wilson, visant à démembrer cet empire multiculturel, que Lénine avait qualifié de « prison des peuples ». Après des émeutes à Budapest en 1918, un Conseil national, composé d'indépendantistes, de sociaux-démocrates et de radicaux, mené par Mihály Károlyi refuse le pouvoir à Charles IV et proclame la République démocratique hongroise le 16 novembre 1918.
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+ L'effondrement de l'Autriche-Hongrie à l'issue de la Première Guerre mondiale entraîne son éclatement selon le principe des États-nations. Les indépendantistes hongrois prennent le pouvoir à Budapest le 30 octobre et, le 16 novembre, la République démocratique hongroise est proclamée, mais le gouvernement de Mihály Károlyi ne parvient pas à empêcher les minorités de l'ancien royaume de Hongrie de proclamer leurs propres indépendances ou unions avec des pays voisins. En décembre 1918, la Grande Hongrie est démembrée de facto. En avril 1919, les communistes de Béla Kun, alliés aux sociaux-démocrates, prennent le pouvoir et proclament la République des conseils de Hongrie, deuxième régime communiste de l'histoire après la Russie soviétique. Le régime ne dure que trois mois : une attaque contre la Tchécoslovaquie et la Roumanie, visant à récupérer les territoires perdus, tourne à la débâcle et les communistes sont chassés du pouvoir.
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+ L'après-guerre ouvre une période paradoxale pour le pays. D'une part, elle signe l'émancipation de la Hongrie de sa voisine autrichienne et le recouvrement de sa souveraineté. D'autre part, l'ancienne Hongrie royale se voit amputée de 32 % de magyarophones et des deux tiers de son territoire, dont son accès à la mer, la totalité de ses mines d'or, d'argent, de mercure, de cuivre et de sel, cinq de ses dix villes les plus peuplées et entre 55 % et 65 % des forêts, ses voies ferrés, ses usines, ses canaux, ses minerais de fer, ses institutions bancaires et ses terres cultivables[11], en vertu de l'application du traité de Trianon en 1920. Cette partition se fait au nom de deux principes : celui d'État-nation cher aux États-Unis et celui de la permanence des frontières cher aux géographes français. C'est ce dernier principe qui motive les congressistes à céder ainsi à la Tchécoslovaquie les rives septentrionales du Danube pourtant majoritairement peuplées de Hongrois, entre Bratislava et Košice. À la tête d'un royaume sans roi et d'un pays sans accès à la mer, l'amiral Miklós Horthy instaure une période de régence aux orientations très conservatrices. Sa politique irrédentiste le pousse dans les bras de l'Allemagne nazie en 1940. La Hongrie récupère d'abord le Nord de la Transylvanie au détriment de la Roumanie en août 1940, puis participe en 1941 à l'invasion de la Yougoslavie, récupérant ainsi la Voïvodine et s'engage ensuite sur le front de l'Est lors de l'invasion de l'URSS.
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+ En 1944, Miklós Horthy proclame la neutralité de son pays alors que les armées soviétiques et roumaines franchissent les frontières hongroises. La Hongrie est alors envahie à l'ouest par l'Allemagne, qui renverse Horthy et le remplace par le dirigeant hungariste Ferenc Szálasi, chef du parti fasciste hongrois des Croix fléchées. Les Soviétiques et les Roumains chassent les Allemands de Hongrie en avril 1945. Occupée par l'URSS, la République hongroise est soumise à une prise de pouvoir progressive par les communistes hongrois dont les Soviétiques imposent la présence au sein du gouvernement de coalition de l'après-guerre. Mátyás Rákosi, secrétaire général du Parti des travailleurs hongrois, devient le principal dirigeant de la République populaire de Hongrie, nouveau régime communiste officiellement proclamé le 20 août 1949.
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+ Le 23 octobre 1956, la Hongrie se soulève contre l'URSS. Initiée en faveur du soutien au Premier ministre réformateur Imre Nagy, l'insurrection de Budapest est écrasée entre le 4 et le 11 novembre par l'armée soviétique, tuant 3 000 personnes et entraînant le départ de plus de 200 000 Hongrois. János Kádár devient Premier ministre et premier secrétaire du Parti socialiste ouvrier hongrois, nouveau nom du parti unique. Imre Nagy et ses compagnons sont arrêtés et exécutés deux ans plus tard. En 1968, Kádár introduit le « nouveau mécanisme économique », ouvrant l'économie administrée à un petit secteur privé. Il s'agit du « socialisme du goulash » tenu pour responsable de la relative prospérité de l'économie hongroise en comparaison des autres États satellites de l'URSS en Europe. En 1988, János Kádár, malade, doit quitter le pouvoir. Le communiste réformateur Miklós Németh prend sa succession.
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+ Le 2 mai 1989, la Hongrie autorise le démantèlement du rideau de fer à la frontière autrichienne. Exécuté par le régime, Imre Nagy est également réhabilité lors d'une grande cérémonie nationale. Le 7 octobre 1989, le Parti socialiste ouvrier hongrois est dissous et remplacé par le Parti socialiste hongrois. Le 23 octobre 1989, le président de la République Mátyás Szűrös met fin à la République populaire de Hongrie et proclame solennellement la nouvelle république de Hongrie. Après la chute de l'Union soviétique en 1991, la Hongrie rejoint le giron de l'Europe occidentale et adhère à l'OTAN en 1999 et à l'Union européenne le 1er mai 2004. Avec la Pologne, la Slovaquie et la Tchéquie, elle forme le groupe de Visegrád.
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+ Alors que les deux décennies de la transition sont marquées par un jeu politique équilibré entre la gauche et la droite à la tête du pays, le parti conservateur Fidesz remporte les élections parlementaires à une écrasante majorité au printemps 2010. Marginalisés, les partis progressistes MSzP et LMP ne parviennent pas à empêcher le Premier ministre Viktor Orbán de faire adopter le 18 avril 2011 par l'Országgyűlés une nouvelle loi fondamentale. Entrée en vigueur le 1er janvier 2012, elle inscrit dans le marbre de nombreuses dispositions très conservatrices. Ce changement constitutionnel s'accompagne d'un activisme législatif très important permettant un remodelage profond de l'organisation institutionnelle et politico-administrative du pays et laissant entrevoir le retour d'un État fort.
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+ Le président de la République est élu au suffrage indirect par l'Assemblée nationale (Országgyűlés) tous les cinq ans. Il est le chef de l'État et le garant des institutions. Il nomme le Premier ministre qui compose son gouvernement et à qui il appartient seul le droit de révoquer les ministres. Chaque nomination ministérielle doit faire l'objet d'auditions consultatives devant des commissions parlementaires et être formellement approuvée par le président.
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+ L'Assemblée nationale est la chambre unique du Parlement hongrois. Il comprend 199 membres (386 jusqu'aux dernières élections) et exerce le pouvoir législatif en votant des lois d'initiative gouvernementale ou parlementaire. Un parti doit gagner au moins 5 % au niveau national pour former une faction parlementaire. Les élections législatives ont lieu tous les quatre ans.
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+ La Cour constitutionnelle, composée de 15 membres, juge de la constitutionnalité des lois.
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+ La loi LXV de 1990 sur les collectivités territoriales (helyi önkormányzat) est considérée comme l'un des actes juridiques les plus importants de la transition post-communiste car elle redéfinit profondément le maillage administratif de la Hongrie avec comme objectif la création d'un système de démocratie locale en rupture totale avec le système communiste. Il s'agit alors de redistribuer les différentes compétences administratives de façon à réduire substantiellement le pouvoir des comitats, considérés alors comme les pivots de l'ancienne nomenclature administrative socialiste. Le modèle privilégié est alors le contenu de la Charte du Conseil de l'Europe sur les collectivités locales.
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+ La localité (település) correspond au découpage politique ultime du territoire hongrois. On y distingue trois catégories : les communes (község), les villes (város) et les villes de droit comital (megyei jogú város). La localité est une collectivité locale (települési önkormányzat) dirigée par un conseil local et un bourgmestre (polgármester) élus tous les quatre ans au suffrage universel ainsi qu'un organe administratif de l'État, opérateur de l'administration publique et de services obligatoires définis par la loi. La Hongrie compte 3 152 localités pour presque dix millions d'habitants. La localité correspond au niveau LAU 2 de la nomenclature d'unités territoriales statistiques européenne.
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+ Le comitat (megye) est la subdivision politique intermédiaire entre l'État et les localités. Au nombre de 19, on y ajoute traditionnellement Budapest, qui bénéficie cependant d'un statut particulier. Les comitats maillent le territoire hongrois de manière contigu. En raison de la centralisation politico-administrative de la Hongrie, les compétences des collectivités comitales (megyei önkormányzat) restent très limitées. Celles-ci concernent les services qui s'appliquent sur l'ensemble du territoire comital, les établissements scolaires secondaires (collèges), les établissements médicaux spécialisés ainsi qu'un rôle de coordination de l'aménagement du territoire. De plus, elles ne s'appliquent pas aux villes de droit comital qui disposent de leur propre conseil comital (megyei közgyűlés) superposée au conseil local. Le comitat correspond au niveau NUTS 3 de la nomenclature d'unités territoriales statistiques européenne.
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+ Chaque chef-lieu de comitat est une ville de droit comital. S'y ajoutent cinq autres villes de plus de 50 000 habitants :
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+ Il existe treize minorités nationales, ethniques et religieuses reconnues officiellement par la loi en Hongrie : les Bulgares, les Roms, les Grecs, les Croates, les Polonais, les Allemands, les Arméniens, les Roumains, les Ruthènes, les Serbes, les Slovaques, les Slovènes et les Ukrainiens.
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+ La loi de 1993 leur donne le droit de voter à l'échelle nationale ainsi qu'à l'échelon de chaque collectivité territoriale (comitats et localités) pour leurs propres représentants. Ces derniers forment des collectivités des minorités (kisebbségi önkormányzat) qui disposent de compétences particulières pour fixer le calendrier de leurs fêtes et célébrations, contribuer à la préservation de leurs traditions et participer à l'éducation publique. Ces collectivités particulières peuvent ainsi gérer des théâtres publics, des bibliothèques, des institutions scientifiques et artistiques, attribuer des bourses d'étude et dispenser de services en direction de leur communauté (aides juridiques notamment).
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+ Il faut au moins cinquante membres d'une minorité dans les villes de moins de 10 000 habitants pour former une collectivité communautaire et cent membres pour les villes plus peuplées. Dans les faits, ces collectivités sont plus faciles à former dans les grandes villes que dans les petites localités. Les conditions de leur création dépendent également du taux de concentration des minorités sur le territoire hongrois.
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+ Outre les treize minorités officielles, les Juifs ainsi que les Bunjevci revendiquent régulièrement une reconnaissance publique. De manière plus anecdotique, des Hongrois clamant leur ascendance hunnique ont aussi déposé une demande officielle allant dans ce sens.
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+ Les Magyars d'outre-frontières (határon túli magyarok) désignent les populations magyares autochtones vivant sous le statut de minorité nationale ou de communauté ethnique dans les pays frontaliers de la Hongrie. Ils bénéficient d'un traitement spécifique de la part de la loi hongroise qui leur permet d'accéder à la citoyenneté hongroise (magyar állampolgárság), de bénéficier de bourses d'enseignements, de recevoir des aides financières en faveur du maintien et du développement de leur culture et de leur langue et de disposer d'organisations représentatives reconnues par le gouvernement hongrois. L'activisme législatif de la Hongrie à l'égard de ces populations est souvent perçu par les pays voisins comme autant d'intrusion dans leurs affaires politiques nationales. Depuis deux ans, sous le gouvernement de Viktor Orbán, les Magyars d'outre-frontières peuvent désormais bénéficier du droit de vote, même s'ils ne vivent pas sur le territoire hongrois.
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+ La diaspora hongroise (magyar diaspora) désigne les citoyens hongrois (magyar állampolgárok) ayant émigré de Hongrie vers des pays du monde entier. Elle s'est surtout structurée par les différentes vagues d'émigrations de la Hongrie au cours du XXe siècle. On peut ainsi distinguer des premiers départs au début du siècle pour des raisons essentiellement économiques, en grande partie vers l'Europe occidentale et les Amériques, une émigration juive pendant et après la Seconde Guerre mondiale, une émigration politique lors de l'insurrection de Budapest en 1956 puis de manière plus sporadique quelques départs après la chute du communisme, mais davantage sous la forme d'expatriation que d'émigration définitive. Contrairement aux Magyars d'outre-frontières, la diaspora hongroise ne bénéficie pas de la même reconnaissance de la part du gouvernement hongrois. Ils n'ont par exemple pas le droit de vote s'ils ne disposent pas d'une résidence permanente en Hongrie.
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+ Le système éducatif hongrois est un système décentralisé. Le Secrétariat d'État à l'Éducation fixe les conditions de scolarité ainsi que les exigences des épreuves nationales sanctionnant le parcours scolaire. Les collectivités locales sont propriétaires des établissements pré-élémentaires, élémentaires et secondaires. Chaque établissement jouit d'une grande autonomie budgétaire et de fonctionnement. Certains établissements sont directement gérés par les collectivités des minorités et peuvent ainsi dispenser des cours dans les langues minoritaires, en plus du hongrois.
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+ Le système éducatif est divisé en plusieurs niveaux : pré-élémentaire (óvoda) de 3 à 6 ans, élémentaire (általános iskola) de 6 à 14 ans, secondaire (gimnázium) jusqu'à 18 ans, professionnel (szakmunkásképző iskola) jusqu'à 17 ans, technique (szakközépiskola) jusqu'à 18–19 ans et supérieur. Il faut prendre également en compte les écoles de rattrapages (szakiskola).
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+ En décembre 2018 deux nouvelles lois sur le droit du travail provoquent un mouvement de protestation soutenu par l’ensemble des partis politiques en dehors de celui de l’exécutif [12]. Organisée à l’appel des partis d’opposition, des syndicats et de mouvements issus de la société civile, la manifestation se poursuit en janvier 2019 pour dénoncer la nouvelle loi sur les heures supplémentaires qualifiée d’« esclavagiste » – les chefs d’entreprise peuvent exiger de leurs employés jusqu’à 400 heures supplémentaires par an, soit l’équivalent de deux mois de travail, payables trois ans plus tard [13].
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+ Depuis le milieu des années 1990, la politique étrangère hongroise s'inscrit dans une démarche de convergence avec les objectifs de l'Union européenne. Après avoir déposé son adhésion le 31 mars 1994 et ouvert les négociations le 31 mars 1998, la Hongrie devient membre de l'Union le 1er mai 2004 et intègre l'espace Schengen le 21 décembre 2007.
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+ De par sa taille, la Hongrie ambitionne de devenir un acteur régional au sein d'une Europe centrale élargie, bien au-delà de ses pays frontaliers. Au nord, elle s'implique avec la Pologne, la Tchéquie et la Slovaquie à la construction du groupe de Visegrád, afin de renforcer les politiques de coopération régionale, notamment sur le plan économique et énergétique. Cet espace privilégié est cependant régulièrement soumis à de nombreuses perturbations liées à l'activisme politique de la Hongrie à l'égard des Magyars d'outre-frontières particulièrement nombreux en Slovaquie.
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+ Au sud, la Hongrie est un soutien actif de l'intégration des pays balkaniques à l'Union européenne. Lors de la présidence hongroise du Conseil de l'Union européenne en 2011, le gouvernement œuvre à faire progresser les dossier de candidature de la Croatie et de la Macédoine[14]. La Hongrie est aussi à l’origine du processus de Szeged pour le soutien à la démocratisation de la Serbie, du Monténégro, de l’Albanie, de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine et du processus de Nyíregyháza, à destination de l’Ukraine. À l'ouest et à l'est, la Hongrie est un des principaux acteurs de la Stratégie européenne du Danube (en), dont l'objectif est de valoriser le potentiel économique du fleuve et de favoriser l'intégration politique des pays riverains.
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+ Sur le plan de la géopolitique énergétique, la Hongrie est particulièrement active pour accueillir les projets South Stream et Nabucco afin de devenir une plaque tournante de l'énergie au sein de l'Union européenne. Dans le même esprit, le gouvernement hongrois poursuit une forte politique de coopération avec la Russie et la Chine en termes de construction de liaisons routières et ferroviaires de façon à devenir la porte d'entrée de l'Asie en Europe[réf. nécessaire].
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+ La participation de la Hongrie à la communauté internationale passe surtout par son activité militaire au sein de l'OTAN et son alignement stratégique aux côtés des États-Unis. La Hongrie est engagée militairement sur plusieurs théâtres extérieurs, dans le cadre de la PSDC ou de l’OTAN : en Afghanistan (433 soldats), au Kosovo (223), à Chypre (77), en Macédoine et en Bosnie[réf. nécessaire].
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+ Entre 1990 et 2010, la démocratie parlementaire a surtout été rythmée par les alternances successives entre le centre-droit représenté par le Forum démocrate hongrois (Magyar Demokrata Forúm, MDF) puis par le Fidesz (Fidesz-Magyar Polgári Szövetség) et le centre-gauche, représenté par le Parti socialiste hongrois (Magyar Szocialista Párt, MSzP) et Alliance des démocrates libres (Szabad Demokraták Szövetsége, SzDSz). Ces alternances reflètent alors un certain équilibre des forces politiques proche de celui des démocraties occidentales. La gauche hongroise est l'héritière à la fois des anciens réformateurs du Parti socialiste ouvrier hongrois (MSzMP devenu MSzP) et de ses opposants libéraux (SzDSz). Sa composante sociale-démocrate majoritaire prône le libéralisme politique et économique ainsi qu'une politique pro-européenne volontaire. L'extrême gauche est scindée entre le Parti communiste ouvrier hongrois (Magyar Kommunista Munkáspárt, MKM) stalinien et la Gauche verte (Zöld Baloldal Párt, ZB) altermondialiste. Depuis les dernières élections, un nouveau venu, La politique peut être différente (Lehet más a politika, LMP) de sensibilité écologiste a fait son apparition et en même temps son entrée dans l'Országgyűlés. Enfin, la défaite de la gauche en 2010 est en train d'amener une profonde reconfiguration de l'échiquier politique comme l'illustre la fondation de la Coalition démocratique (Demokratikus Koalíció, DK) ou encore d'Ensemble 2014 (Együtt 2014), respectivement par les anciens Premiers ministres socialistes Ferenc Gyurcsány et Gordon Bajnai.
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+ La droite hongroise est quant à elle issue d'anciens courants chrétiens-démocrates, conservateurs et agrariens clandestins pendant le communisme (notamment le Parti civique indépendant des petits propriétaires et des travailleurs agraires, Független Kisgazda-, Földmunkás- és Polgári Párt, FKgP). Si son premier objectif est la décollectivisation rapide du pays dès le début des années 1990 ainsi que le développement des institutions démocratiques, elle endosse à la fin des années 2000 des accents plus nationalistes et souverainistes. Cette évolution est principalement le fait de Viktor Orbán, chef du Fidesz et autrefois proche du SzDSz. Elle se caractérise par une attitude revancharde sur le plan de la politique intérieure en votant des lois destinées à poursuivre devant les tribunaux les principaux protagonistes du régime communiste, mais aussi sur le plan de la politique étrangère en cherchant à reconstituer la communauté nationale hongroise au-dessus de la partition territoriale du traité de Trianon.
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+ L'extrême droite hongroise a ses racines dans l'hungarisme, alimenté par la nostalgie de la Grande Hongrie. Autrefois incarnée par le Parti hongrois de la justice et de la vie (Magyar Igazság és Élet Pártja, MIÉP, aujourd'hui soutien du Fidesz-MPSz), elle est désormais assimilée au Jobbik. Après des années de discrétion, l'extrême droite hongroise s'est illustrée ces dernières années par de nombreuses démonstrations de force, notamment par l'intermédiaire des défilés de la Garde hongroise, milice fasciste ouvertement anti-Roms, dans des villages du Nord-Est.
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+ Le retour au pouvoir de Viktor Orbán après huit ans de gouvernement socialiste, alors que ses soutiens représentent les deux tiers de l'Országgyűlés, s'inscrit ainsi dans le prolongement du tournant nationaliste du Fidesz.
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+ Il existe six confédérations syndicales en Hongrie membres du Conseil national de conciliation (Országos Érdekegyeztető Tanács) aux côtés des organisations des employeurs et des représentants de l'État. La Confédération des syndicats autonomes (Autonóm Szakszervezetek Szövetsége) regroupe essentiellement les syndicats des secteurs de transport, de l'énergie et de l'industrie ; le Bloc des syndicats professionnels défend les intérêts des ingénieurs, chercheurs et diplômés de l'enseignement supérieur (Értelmiségi Szakszervezeti Tömörülés) ; la Ligue démocratique des syndicats indépendants (Független Szakszervezetek Demokratikus Ligája) est historiquement composée d'employés du secteur de l'énergie électrique ; la Confédération nationale des syndicats hongrois (Magyar Szakszervezetek Országos Szövetsége) revendique son ancrage à gauche ; la Fédération nationale des conseils de travailleurs (Munkástanácsok Országos Szövetsége) est affiliée au syndicalisme chrétien ; enfin, le Forum pour la coopération des syndicats (Szakszervezetek Együttműködési Fóruma) est proche du Parti socialiste hongrois[réf. nécessaire].
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+
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+ Après son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orbán reprend en main la télévision publique pour l'instrumentaliser à des fins de propagande. Les médias privés sont progressivement rachètés par des oligarques proches du pouvoir. Désormais, le Premier ministre est à la tête d’un empire médiatique : une grande chaîne commerciale, toute la presse quotidienne régionale, des sites Internet ; près de 500 médias au total. Ce conglomérat couvrirait près de 80% du paysage médiatique[15].
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+ Depuis 2010, la liberté de la presse est encadrée par un Conseil des médias (Media Tanács) chargé de vérifier, selon les termes de la loi, le traitement équitable de l'actualité et le respect de la dignité humaine[16]. La presse quotidienne représente bien les différentes tendances politiques dominantes, de la gauche vers la droite. Ancien organe officiel du Parti socialiste ouvrier hongrois, Népszabadság est resté dans le giron du MSzP tandis que Népszava est toujours explicitement l'expression du Parti social-démocrate de Hongrie. Créé par le Conseil national de la République populaire de Hongrie, Magyar Hírlap est devenu dans les années 1990 proche de l'Alliance des démocrates libres (centre-gauche) puis au cours des années 2000 un journal de centre-droit proche de l'Église catholique en Hongrie et du Fidesz. Fondé en 1938, Magyar Nemzet est le journal historique des opposants au régime communiste ; il s'agit du grand journal des intellectuels conservateurs. Világgazdaság et Napi Gazdaság sont deux quotidiens économiques de centre-gauche. Metropol est enfin le quotidien gratuit, surtout diffusé à Budapest.
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+ Les principaux hebdomadaires sont Heti Világgazdaság, journal économique de centre gauche ; Heti Válasz, qui rassemble les plumes d'intellectuels de droite ; Demokrata, d'extrême droite, 168 Óra proche du parti MSzP ; Magyar Narancs, le grand journal d'actualité culturelle et politique de la jeunesse urbaine progressiste, centre gauche ; Élet és Irodalom, journal de critique littéraire orienté à gauche ; Magyar Fórum proche du MIÉP ; Figyelő d'obédience néolibérale ; Új Ember, journal catholique ; Új Élet, expression de la communauté juive progressiste ; Szombat, expression des Juifs conservateurs ; Magyar Jelen (en), proche du parti Jobbik et Hetek, néo-évangélique et néoconservateur.
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172
+ Il existe également de nombreux portails d'information de type pure player : Index, Stop et Origo (gauche), Hirszerzo et Gondola (conservateurs), Kitekinto (indépendant), Barikad et Kuruc (extrême-droite).
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+
174
+ Les revues les plus importantes sont Beszélő (centre-gauche et écologiste), Magyar Szemle (conservateur), Kommentár (néoconservateur), Múlt és Jövő (communauté juive), Erec (sioniste), Polgári Szemle (conservateur), Mozgó Világ (social-démocrate, proche du parti MSzP) et Eszmélet (extrême gauche).
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176
+ Le pays compte sur de nombreuses chaînes de télévision publiques et privées. Deux sociétés distinctes assurent le service public : Magyar Televízió, héritière de la télévision d'État communiste, qui produit à destination du marché intérieur les chaînes M1 (généraliste), M2 (jeunesse), M3 (histoire), M4 (hu) (sport) et M5 (hu) (culture) et Duna Médiaszolgáltató qui produit et diffuse les chaînes Duna Televízió et Duna World, à destination tant du marché intérieur que de la diaspora hongroise. Ces deux chaînes généralistes proposent une grille généraliste et plusieurs journaux télévisés chaque jour. Les principales chaînes privées sont RTL Klub, RTL II, TV2 et ATV. Toutes diffusent des émissions variées (information, divertissement, séries, dessins animés, films). Hír TV et Echo TV sont des chaînes d'information en continu.
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+ La radio publique est représentée par Magyar Rádió et ses sept stations thématiques : MR1 (hu) « Kossuth Rádió » (généraliste, informations), MR2 (hu) « Petőfi Rádió » (jeunesse), MR3 (hu) « Bartók Rádió » (musique classique), MR4 (hu) « Nemzetiségi Adások » (minorités ethniques), MR5 (hu) « Parlamenti Adások » (informations parlementaires et politiques), MR6 (hu) « Régió Rádió » (programmes régionaux) et MR7 (hu) « Dalok és dallamok » (folklore). Duna World Rádió (en) émet par satellite et internet une programmation à destination de la diaspora. Enfin, de très nombreuses stations privées émettent au niveau national ou régional.
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180
+ Les Hongrois passent en moyenne plus de 4 heures par jour (4,7 heures) devant la télévision. La Hongrie est le deuxième pays d’Europe centrale où l’on regarde le plus la télévision[15].
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+ La religion la plus importante en Hongrie est le christianisme (54,2 %) répartie entre l'Église catholique (39,0 %), les Églises protestantes (14,6 %) et les Églises orthodoxes (0,1 %). Les religions non chrétiennes sont très minoritaires (0,2 %). Le reste de la population se divise entre les sans religion (18,2 %) et ceux qui n'ont pas souhaité répondre (27,2 %).
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+ La Loi sur la liberté de conscience et le statut juridique des Églises (loi CCVI de 2011) est une loi organique hongroise portant sur la liberté de culte et de conscience, établissant par ailleurs la liste des Églises, communautés et mouvements religieux reconnus officiellement par l'État hongrois.
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+ La liste des quatorze Églises ou confessions religieuses officiellement reconnues et qui ont désormais seules le droit de revendiquer l'appellation d'Église figure en annexe de la loi. Les critères retenus pour établir cette liste sont éminemment liés à la promotion des Églises nationales hongroises d'une part et à la préservation des cultes des treize minorités nationales et ethniques officiellement reconnues par la loi hongroise. En voici la liste :
187
+
188
+ La population décroît depuis le début des années 1980. Il est estimé qu'elle comptera huit (variante basse) à dix (variante haute) millions d'habitants vers 2050[18].
189
+
190
+ La stratification sociale de la société hongroise est marquée par l'héritage du collectivisme et les conditions de la décollectivisation. Au début des années 1950, le pouvoir communiste restreint considérablement la propriété privée, notamment foncière, ce qui aboutit à une forte diminution des inégalités sociales héritées de la Hongrie d'avant-guerre. Parallèlement à cette diminution, la nouvelle division du travail entraîne malgré cela l'émergence d'une nouvelle forme de hiérarchisation sociale selon la forme suivante, de haut en bas :
191
+
192
+ Les inégalités sociales se concrétisent par une inégalité en termes de revenus et de conditions de logements. L'intensification de l'industrialisation participe dans les années 1960 à une amélioration des conditions de vie des plus pauvres, sans pour autant résorber les écarts de conditions de vie. Les modalités de distinction sociale, marquées par la position des individus au sein de la division du travail, s'appuient entre autres sur des privilèges quant à l'accès au logement et sur le système scolaire quant à la reproduction des élites.
193
+
194
+ Dans les années 1970, le déclin des anciennes élites bourgeoises est avéré et l'on constate la montée en puissance d'une nouvelle élite d'entrepreneurs. Celle-ci s'appuie notamment sur le développement d'un petit secteur privé en marge de l'économie planifiée. L'autonomie de petites entreprises privées et l'affaiblissement de l'État au profit des collectivités locales font se prospérer la constitution de nouveaux groupes s'appuyant à la fois sur leur position économique et politique. Parallèlement à cela, le pouvoir laisse se développer une forte économie parallèle (« seconde économie ») qui devient un vivier d'emplois pour la population hongroise. De nombreuses personnes cumulent alors un emploi partiel privé en complément de leur emploi principal. Ce recours est particulièrement répandu dans l'agriculture, mais aussi dans le secteur de la construction, du bâtiment, de la manutention, de l'artisanat, etc. Cette économie parallèle permet ainsi à 75 % des familles hongroises de compléter leurs revenus.
195
+
196
+ Il se développe alors une nouvelle structure sociale, fondée à la fois sur la position issue de la division administrative du travail et sur le cumul de cette position avec la capacité à tirer des revenus complémentaires au sein de l'économie parallèle. On peut alors distinguer trois grands groupes :
197
+
198
+ La décollectivisation amorcée dans les années 1980 et surtout le changement de régime politique en 1990 s'accompagnent de la restructuration profonde de l'économie hongroise et du retour de la propriété privée comme régime prévalent. L'instauration de l'économie de marché signe une amélioration notable du niveau de vie, mais l'arrivée de la crise dès 1993 achève l'embellie. La réorganisation de la division du travail entraîne ainsi une nouvelle matrice de production des inégalités, fondée à la fois sur le capital économique et culturel accumulé durant la période communiste, mais également sur les nouvelles opportunités d'emploi et d'enrichissement. Les « gagnants » de la transition sont ainsi les entrepreneurs privés des années 1980, les membres de l'élite politique et économique locale (anciens directeurs et cadres des coopératives agricoles par exemple ou d'entreprises d'État) ainsi que les intellectuels. Les « perdants » étant les ouvriers non qualifiés, les travailleurs agricoles et les petits paysans privés.
199
+
200
+ La nouvelle structure sociale hongroise tend ainsi à converger avec celle des pays d'Europe occidentale, avec une dégradation très forte de la position sociale des ouvriers et paysans et une perte importante du pouvoir d'achat des retraités. L'instauration de l'économie de marché signifie également la baisse du taux d'employabilité et l'augmentation conséquente du chômage. En 1993, ce taux atteint 24 % des personnes scolarisées pendant huit ans, 17 % des personnes ayant une formation d'ouvrier qualifié, 11 % des diplômés de l'enseignement secondaire et 4 % des diplômés de l'enseignement supérieur. Les indicateurs relatifs aux biens de consommation et au logement montrent des disparités encore plus importantes.
201
+
202
+ Si la petite production agricole (orientée essentiellement vers l'auto-production de subsistance) caractéristique de la Hongrie a longtemps permis d'amortir les inégalités de développement entre les zones urbaines et la campagne, l'arrivée d'investissements étrangers massifs dans l'agglomération budapestoise ainsi qu'à l'Ouest du pays génère de nouvelles inégalités territoriales. Par ailleurs, la perte de vitesse de l'industrie lourde concentrée au nord-est et à l'est achève de plonger ces régions dans une crise économique et sociale de longue durée.
203
+
204
+ L'existence d'une économie parallèle permettant à une majorité de Hongrois de s'assurer des revenus complémentaires dès la fin des années 1970, les effets de la transition se mesurent donc à la fois en termes de montée des inégalités mais également de dégradation substantielle du niveau de vie. La combinaison de l'augmentation des inégalités et la baisse du niveau de vie génèrent alors l'émergence d'une nouvelle pauvreté essentiellement rurale ou périurbaine[21].
205
+
206
+ Il y a plusieurs minorités ethniques, comme les Roms (3 %), les Allemands (1,3 %), les Slovaques (0,30 %), les Croates (0,24 %), les Roumains (0,27 %), les Slovènes (0,02 %).
207
+
208
+ Ce tableau comporte les données statistiques sur les minorités ethniques (nemzetiségek) en Hongrie.
209
+
210
+ La langue officielle en Hongrie est le hongrois[1]. La Constitution reconnaît également les langues des minorités ethniques et la langue des signes hongroise.
211
+
212
+ Selon le recensement du pays de 2011, 99,6 % de la population parle le hongrois dont 98,9 % en tant que langue maternelle[23], une langue finno-ougrienne complètement différente des langues des pays voisins.
213
+
214
+ Plus de 600 000 personnes, sur une population de moins de 10 millions d'habitants, ont quitté la Hongrie depuis le début des années 2010. Le pays est dès lors confronté à une pénurie de main-d'œuvre. Le pouvoir adopte en janvier 2019 une loi de « flexibilisation », que l'opposition qualifie de « loi esclavagiste » : les employeurs ont désormais la possibilité d'exiger de leurs salariés d'effectuer jusqu'à 400 heures supplémentaires par an (contre 250 jusqu'alors et 144 au début des années 1990) et de ne les rémunerer que trois plus tard. La Confédération des syndicats hongrois dénonce un dispositif qui « conduira à une détérioration significative des conditions de travail et à un niveau élevé d’exploitation des travailleurs »[24].
215
+
216
+ Les plus importantes zones agricoles se situent dans le Petit Alföld (qui bénéficie des terres les plus fertiles), la Transdanubie et l'Alföld. Cette dernière zone couvre plus de la moitié du pays (52 000 km2) et a des qualités de sol extrêmement variables. On y trouve même une petite région herbeuse semi-désertique appelée puszta (steppe) utilisée pour l'élevage ovin et bovin.
217
+
218
+ Les principales productions agricoles hongroises sont le maïs, le blé, l'orge, l'avoine, le tournesol, le pavot, la pomme de terre, le millet, la betterave, le lin et bien d'autres plantes. On cultive aussi d'autres espèces implantées plus tardivement comme l'amarante. La consommation de pavot fait partie de la cuisine hongroise traditionnelle. Le pays est renommé pour la qualité très élevée de son piment appelé paprika. La production fruitière comprend beaucoup de variétés de pommes, poires, pêches, raisins, abricots, pastèques, melons, etc.
219
+
220
+ Dans le secteur industriel et de la métallurgie, en raison de ressources en bauxite, l'industrie de l'aluminium s'est bien développée.
221
+
222
+ La dette publique brute de la Hongrie était de 72 milliards d'euros à fin 2013, à hauteur de 79,2 % du PIB[25].
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+
224
+ Le réseau routier national est géré par l'État. Il se déploie en un réseau de routes principales (főút) doublé d'autoroutes (autópálya) sur l'ensemble du pays, avec pour nœud de réseau principal Budapest.
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+
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+ Haut débit disponible depuis mai 2004.
227
+
228
+ Depuis la fin du communisme, les besoins énergétiques de l'industrie et de la population hongroises augmentent de façon continue. Les installations peinent à suivre la demande et le pays est ainsi obligé d'importer 62 % de sa consommation d’énergies fossiles, dont 82 % du gaz naturel en provenance de Russie. Cette dépendance s'explique par la vétusté des équipements de production thermique et l'obsolescence des installations existantes. Par ailleurs, la part des énergies renouvelables est particulièrement faible (7,3 %).
229
+
230
+ Depuis juillet 2011, une stratégie gouvernementale fixant à l'horizon des vingt prochaines années l'indépendance énergétique a délimité trois grands principes de mise en œuvre de cette stratégie : la durabilité, la compétitivité économique et la sécurité de l’approvisionnement. La Hongrie participe également au déploiement d'un réseau énergétique européen, notamment au sein du Groupe de Visegrád. Elle est également sensible à d'autres initiatives de coopération internationale, notamment le projet South Stream avec la Russie[26].
231
+
232
+ La Hongrie est relativement dépendante du secteur nucléaire dans sa production électrique. La part d'électricité d'origine nucléaire s'élève à 46 % contre 54 % pour la Slovaquie et 35 % pour la Tchéquie[27]. L’objectif du gouvernement est de passer de 2000 à 4 400 MW d’ici 2030 en adjoignant deux nouveaux réacteurs de troisième génération à la centrale de Paks, de manière à augmenter la part du nucléaire dans la génération d’électricité de 46 à 50 %, compte tenu de l'accroissement prévisible des besoins en électricité. Pour maintenir le niveau de production nucléaire au-delà de 2037, la construction d'une nouvelle centrale, la deuxième après la centrale nucléaire de Paks, composée de deux réacteurs à eau pressurisée de troisième génération est envisagée[28].
233
+
234
+ Le peintre hongrois le plus connu du XVe siècle est Michele Ongaro (dit Pannonio). Il travaillait à la cour de Ferrare en Italie. Les peintres hongrois des XVIIe et XVIIIe siècle travaillaient également surtout à l'étranger. Au XIXe siècle la peinture de scènes d'histoire a pris de l'importance (Gyula Benczúr, Bertalan Székely, Mór Than). Miklós Barabás, portraitiste, est le premier à avoir acquis une certaine reconnaissance dans son pays. Les tableaux de Mihály Zichy et de Géza Mészöly (hu) sont influencés par le romantisme. Mihály Munkácsy a relié dans plusieurs compositions des éléments réalistes de la vie paysanne à la peinture impressionniste de plein air. Il en est de même pour Pál Szinyei Merse.
235
+
236
+ Au début du XXe siècle, des colonies d'artistes comme celle de Nagybánya, menée par Károly Ferenczy, ont pris de l'ampleur le plus souvent dans une peinture romantique d'après nature aux couleurs réalistes. Le style du réalisme socialiste et de la peinture historique était privilégié dans les années 1950 et 1960. Victor Vasarely, Zsigmond Kemény et László Moholy-Nagy sont les peintres hongrois les plus connus du XXe siècle, travaillant à l'étranger. Aujourd'hui on connaît surtout István Szőnyi, Jenő Barcsay, László Lakner (hu) et Aurél Bernáth (hu).
237
+
238
+ La musique hongroise occupe une place particulière en Europe. Si elle est encore souvent assimilée à la musique tzigane, il s'agit bien de traditions assez différentes. Le destin politique de la Hongrie ayant marqué de nombreux coups d'arrêt au développement d'une musique nationale, c'est finalement sous l'influence non plus de traditions orales issues de l'Asie et des Turcs, mais grâce à l'importation de la musique classique occidentale qu'elle prend un véritable essor (Franz Liszt, Béla Bartók).
239
+
240
+ Les chœurs et le quatuor à cordes classique y sont très présents, mais on y trouve aussi des instruments moins connus, comme le piano tsigane (le cymbalum) et des percussions comme le tambour à friction köcsögduda. De même un instrument tel le tárogató qui est aujourd'hui utilisé par les Roms est à l'origine un symbole de la résistance anti-impériale.
241
+
242
+ Contrairement aux autres pays d'Europe centrale, le régime communiste n'a pas favorisé l'émergence d'une musique faklorique, préférant développer la connaissance et la pratique de la musique classique ou semi-classique. Si la musique traditionnelle a été préservée, c'est surtout grâce au mouvement culturel des táncház pendant les années 1980 et un véritable engouement populaire en faveur de groupes traditionnels, tels Csík zenekar.
243
+
244
+ Le compositeur György Ligeti est l'un des compositeurs les plus influents de la deuxième moitié du XXe siècle.
245
+
246
+ En 1896 à Budapest eut lieu la première séance de cinéma à la suite de l’initiative d’un marchand de chapeaux nommé Arnold Sziklaï qui a assisté à une projection des films à Paris. Il a alors décidé de ramener chez lui l’appareil de projection et quelques petits films ont été tournés et projetés. En 1898, Mor Ungerleilern le directeur du Velence, et Jozsef Neumann, un homme d'affaires ont fondé « Projectograph » la 1re société de production cinématographique Hongroise. Ces productions connues : Un maniaque des échecs (1898) et des copies de films : La danse de Béla Zsitkovski (1901), Les sœurs d'Ödön Uher (1905) et Aujourd'hui et demain de Mihaly Kertész (1912). Les scénarios du cinéma hongrois en 1910 étaient principalement des adaptations de romans ou de pièces de théâtre, et à partir de 1919, le cinéma dépendait des régimes politiques qui jouaient un rôle primordial sur la créativité des cinéastes. Début 1919 fut une période faste où furent produits 31 films, mais sous le règne fasciste jusqu’à 1931, plusieurs acteurs (Peter Lorre, Béla Lugosi), metteurs en scène (Kertesz, Alexander Korda, Benedek, André de Toth, George Pal, Paul Fejos), et auteurs Emeric Pressburger) quittèrent le pays, en 1944, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la production locale avait repris un peu. On accordait une grande importance au cinéma sous le régime marxiste et en 1960 l'École supérieure de Théâtre et de cinéma fut créée. Pendant une période de libéralisme, et dans les festivals européens quelques cinéastes de grand talent ont été connus, citons Zoltán Fábri, qui tournera Quatorze vies en danger (1954), Un petit carrousel de Fête et Professeur Hannibal (1956), Károly Makk pour Liliomfi (1955) ou Félix Máriássy qui réalise Printemps à Budapest (1955). Mais en 1956, l'Armée rouge soviétique a mis fin à ce régime libéral.
247
+
248
+ En 1959, une nouvelle génération de cinéastes a émergé grâce au studio Bela Balazs utilisant des moyens techniques nouveaux venus de l’Ouest ce qui leur a permis une grande liberté de création.
249
+
250
+ Les présentations des films hongrois dans les festivals vont contribuer à faire connaître de véritables auteurs tels que Remous d'Istvan Gall en 1963, Les Intraitables d'András Kovács en 1964, Les Sans-Espoir de Jancso et Jours glacés de Kovacs en 1966, Les Dix mille soleils de Ferenc Kósa en 1967, Silence et Cri de Miklós Jancsó en 1968, Les Faucons d'Istvan Gall en 1970, Jeunesse dorée (1974) de Janos Rosza, Adoption de Márta Mészáros. En 1989 à la fin de la période communiste, de nouveaux cinéastes apparaissent : Béla Tarr : Le Tango de Satan (Satantango) de 1994 et Les Harmonies Werckmeister de 2000, La dernière frontière de Péter Gothár (1995), Ombres sur la neige d'Attila Jamish (1991) et Longs Crépuscules de 1997 ou Georges Feher : Twilling de 1990 et Passion de 1998[29].
251
+
252
+ La Hongrie est particulièrement bien dotée en universités et laboratoires de recherche. L'université Loránd Eötvös (Eötvös Loránd Tudományegyetem) est l'héritière de l'Universitas de Nagyszombat fondée par Péter Pázmány en 1635, de l'université de Pest et de l'université de Budapest. L'université Corvinus de Budapest (Budapesti Corvinus Egyetem) dispense une formation en sciences de l'économie depuis 1948. L'université polytechnique et économique de Budapest (Budapesti Műszaki és Gazdaságtudományi Egyetem) est réputée pour avoir formé des ingénieurs illustres au nombre desquels on compte Ernő Rubik, Dennis Gabor ou encore Leó Szilárd. En dehors de Budapest, les plus grandes villes du pays disposent également d'universités importantes, à l'instar de Debrecen : (université de Debrecen), Gödöllő (université Szent István), Győr (université István Széchenyi), Kaposvár (université de Kaposvár), Miskolc (Université de Miskolc), Pécs (université de Pécs), Sopron (université de Hongrie occidentale), Szeged (université de Szeged) et Veszprém (université de Pannonie).
253
+
254
+ Après la réforme des universités de 2000, de nombreux établissements d'enseignement supérieur sont devenus des universités à part entière. Parmi celles-ci, de nombreuses écoles réputées dans les domaines artistiques ont vu leur statut évoluer, à l'instar de l'université hongroise des beaux-arts (Magyar Képzőművészeti Egyetem), l'université de musique Franz-Liszt (Liszt Ferenc Zeneművészeti Egyetem), l'université d'art appliqué Moholy-Nagy (Moholy-Nagy Művészeti Egyetem) et l'université d'art dramatique et cinématographique (Színház- és Filmművészeti Egyetem).
255
+
256
+ Parmi les universités privées généralistes, la plus visible sur le plan international reste l'université d'Europe centrale (Közép-Európai Egyetem) fondée par le milliardaire américain d'origine hongroise George Soros afin de promouvoir le libéralisme politique et économique dans les anciens pays communistes. Financée par des länder allemands, l'Autriche et la Suisse, l'Université germanophone Gyula Andrássy de Budapest (Andrássy Gyula Budapesti Német Nyelvű Egyetem) est une université de langue allemande au statut privé.
257
+
258
+ L'Académie hongroise des sciences joue un rôle de premier plan dans la structuration de la recherche en Hongrie. En sciences sociales, la Hongrie se distingue par la qualité de ses sociologues marxistes ou post-marxistes (Iván Szelényi, István Kemény et Georg Lukács), de ses linguistes, de ses historiens (François Fejtő), de ses psychologues et psychanalystes (Mihály Csíkszentmihályi et surtout Sándor Ferenczi) et de ses économistes (Karl Polanyi, Béla Balassa, John Harsanyi).
259
+
260
+ Mais la Hongrie est surtout connue pour la qualité de ses physiciens, chimistes et mathématiciens, souvent à l'origine d'innovations technologiques de grande importance. Il en va ainsi de Ányos Jedlik, inventeur du moteur électrique et de la dynamo, d'Ernő Rubik, inventeur du Rubik's Cube, de John von Neumann (architecture de von Neumann), de László Biró (stylo à bille), d'Albert Szent-Györgyi (vitamine C), de János Irinyi (hu) (allumettes), de Tivadar Puskás (téléphone central), de Dennis Gabor (holographie), de Gábor Domokos (hu) et Péter Várkonyi (Gömböc) ou encore de Charles Simonyi, maître d'œuvre des logiciels Word et Excel chez Microsoft. Par ailleurs, sur les quelques physiciens associés à l'élaboration du projet Manhattan, trois étaient des immigrés hongrois : Leó Szilárd, Edward Teller et Eugene Wigner.
261
+
262
+ La cuisine hongroise (magyar konyha) classique est, pour simplifier les choses, un mélange de cuisine française adaptée par l’intermédiaire de l’Autriche et de plats rustiques typiquement hongrois dont de nombreux proviennent d’Asie. La cuisine hongroise fait référence à une tradition gastronomique originaire de Hongrie, partagée par les habitants du pays et les minorités magyares vivant en Slovaquie, Ukraine, Roumanie et Serbie. Utilisant les mêmes ingrédients que la plupart des cuisines d'Europe centrale (chou et de nombreuses variétés de racines et tubercules, bœuf, porc, volaille), elle se distingue par une forte influence orientale (turque et balkanique) et l'utilisation privilégiée du poivron, sous forme de légume ou de poudre de paprika. Elle est également inspiratrice de nombreux plats de la cuisine juive ashkénaze.
263
+
264
+ De ces ingrédients sont préparés de nombreux plats de viande épicés (pörkölt, paprikás, fasírt), des spécialités de saucisses (saucisses de Debrecen, de Gyula), des soupes paysannes (goulasch, bableves) ou de pêcheurs (halászlé), des légumes marinés, farcis (töltött káposzta (hu)) ou macérés (salades de chou, cornichons lacto-fermentés, etc.). Outre le paprika, la spécificité de la cuisine hongroise est due à la qualité des bêtes à viande disponibles dans la plaine hongroise tel que le bœuf gris de Hongrie ou le porc laineux mangalitsa. Les variétés de blé donnent également au pays une vraie tradition de pâtes aux œufs de type souabe (nokedli, tarhonya, etc).
265
+
266
+ Si la pâtisserie hongroise bénéficie de l'influence autrichienne (Dobostorta), les desserts sont moins réputés. On trouve néanmoins en Hongrie de nombreuses variétés de crêpes de type Palatchinten (crêpes épaisses) comme le palacsinta de Hortobágy ou le Gundel palacsinta.
267
+
268
+ La charcuterie à base de porc est variée (téliszalámi, petits salés, saucissons au paprika) tandis qu'il existe peu de spécialités de fromage (camemberts et fromages à pâte molle).
269
+
270
+ Le petit-déjeuner hongrois est à dominante salée : de la charcuterie est dégustée avec tomate et poivron dans des petits pains (zsemle et kifli), avec des fruits et une boisson chaude. Le déjeuner commence avec une soupe, se poursuit sur un plat en viande accompagné de pâtes et une salade de chou ou de cornichon macéré et s'achève sur un produit sucré. Le dîner peut ressembler au petit-déjeuner ou se limiter à une simple soupe. Les déjeuners sont arrosés de vin rouge produit dans la région du Balaton ou dans les massifs autour d'Eger ; les apéritifs de vins blancs liquoreux de type Tokay.
271
+
272
+ Depuis le Moyen Âge, la Hongrie possède un rôle influent dans l’histoire artistique, culturelle, intellectuelle et politique de nombreux pays d'Europe centrale. En particulier, les anciennes possessions du royaume de Hongrie (Slovaquie, Transylvanie et Croatie notamment) perpétuent encore des traditions administratives et juridiques héritées de l'État hongrois (le système de comitat notamment). Le renouveau linguistique (Nyelvújítás) initié à la fin du XVIIIe siècle puis le mouvement nationaliste hongrois du XIXe siècle participent à une offensive culturelle contre l'allemand, alors langue de l'élite politique hongroise et de la Cour impériale. Cette offensive s'accompagne d'une politique de magyarisation très forte auprès des Slovaques, Roumains et Croates vivant dans le royaume. Celle-ci échoue définitivement lorsque l'ancien royaume de Hongrie est disloqué à la suite du traité de Trianon en 1920.
273
+
274
+ Par la suite, la diffusion du hongrois hors des frontières nationales est assurée par la diaspora hongroise et l'appui financier et logistique de l'État hongrois en direction des Magyars d'outre-frontières. La diplomatie culturelle et linguistique hongroise est mise en œuvre par le biais de l'Institut Balassi et l'ensemble du réseau des instituts culturels hongrois présents partout dans le monde. Dans la région du bassin des Carpates, de nombreuses associations participent à la scolarisation en hongrois des minorités magyarophones, spécifiquement les Csángós, dont la langue hongroise archaïque est menacée par la progression du roumain comme langue de socialisation. La chaîne Duna Televízió est la tête de pont internationale de la magyarophonie dans le monde.
275
+
276
+ La langue hongroise est également le prétexte pour de nombreuses formes de coopérations interculturelles avec des pays ou des collectivités territoriales de pays de langues finno-ougriennes. Ainsi, la Hongrie entretient des relations privilégiées avec la Finlande, l'Estonie et le district autonome des Khantys-Mansis, notamment grâce à l'action scientifique de l'Académie hongroise des sciences, membre fondatrice du Congrès international finno-ougrien.
277
+
278
+ La Hongrie est un pays observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie.
279
+
280
+ Mathias Corvin.
281
+
282
+ Élisabeth Báthory.
283
+
284
+ Lajos Kossuth.
285
+
286
+ Franz Liszt (Ferenc Liszt en hongrois).
287
+
288
+ Harry Houdini (de son vrai nom Ehrich Weiss).
289
+
290
+ Joseph Pulitzer.
291
+
292
+ Judit Polgár.
293
+
294
+ La Hongrie a pour codes :
295
+
296
+ Le lac Balaton avec à gauche le mont Badacsony.
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+ Des bœufs gris de Hongrie.
299
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+ Un mouton Racka.
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+ Le Kékes.
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+ Le lac Balaton.
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+ Ruines de la forteresse de Diósgyőr.
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+ L'abbaye de Tihany.
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+ La ville de Buda.
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+ Bassin de Tapolca et anciens volcans près du lac Balaton.
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+ Le Börzsöny vu depuis les ruines du château de Nógrád.
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+ Le village de Hollókő.
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+ Une maison de campagne hongroise.
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+ Le palais Festetics, situé à Keszthely.
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+ Des costumes folkloriques hongrois.
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+ Le Turul est l'oiseau imaginaire du mythe fondateur des Magyars.
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+ Le palais Esterházy.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Sus scrofa • Sanglier d'Europe, Sanglier d'Eurasie
2
+
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+ Espèce
4
+
5
+ Répartition géographique
6
+
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+ Statut de conservation UICN
8
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9
+ LC  : Préoccupation mineure
10
+
11
+ Le sanglier d'Europe, sanglier d'Eurasie ou plus simplement sanglier (Sus scrofa), est une espèce de mammifères omnivores, forestiers de la famille des Suidés. Cette espèce abondamment chassée est aussi considérée comme une espèce-ingénieur[1], capable de développer des stratégies d'adaptation à la pression de chasse, ce qui lui confère parfois un caractère envahissant[1].
12
+
13
+ Le porc (ou cochon) est issu de la domestication du sanglier. Longtemps considéré comme une sous-espèce du sanglier sous le nom de Sus scrofa domesticus il est maintenant considéré comme une espèce à part entière (Sus domesticus) afin de limiter les confusions entre les populations sauvages et domestiques[2].
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+ Une femelle de sanglier est une laie [11],[12],[13] et un jeune sanglier âgé de moins de six mois, à la livrée rayée, est un marcassin[14],[15],[16]. Dans le lexique de la chasse, notamment celui de la vénerie, un jeune sanglier âgé de six mois à un an, qui a perdu sa livrée de marcassin, est appelé une bête rousse[17],[18] ; un mâle adulte, une bête noire, ou bête de compagnie à un an[17],[18] ; un ragot à deux ans[19],[20] ; un tiers-an, ou tiers-ans, à trois ans[21] ; un quartanier, ou quartannier, de 4 à 5 ans[22],[23] ; un vieux sanglier à six ans ; et un grand vieux sanglier à sept ans et plus. Un solitaire est un sanglier qui vit seul[24].
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17
+ Le substantif masculin « sanglier » vient du latin vulgaire singularis (porcus)[9] qui signifie littéralement « porc solitaire »[9] et a d'abord désigné « le mâle qui vit seul »[9]. Il est attesté vers 1140 sous les graphies sengler et senglier[9].
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+ L'avant-train est puissant, le cou massif. La tête (hure) a une forme globalement conique. Les flancs sont comprimés. Le pelage est constitué de longs jarres très rêches (les soies) ainsi que d'un épais duvet.
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+ Les adultes sont de couleur gris-brun uniforme, foncé en général ; les plus jeunes ont un pelage formé de bandes rousses et crème horizontales. Les oreilles (les écoutes) triangulaires sont toujours dressées. Les canines sont particulièrement développées. Celles de la mâchoire supérieure, les grès, se recourbent vers le haut durant la croissance. La taille des mâles est plus importante que celle des femelles. En outre, les sujets présents dans le sud de l'Eurasie sont plus petits que ceux du nord et de l'est, en accord avec la règle de Bergmann. Leurs dimensions augmentent aussi de l'ouest vers l'est de l'Europe. En Sardaigne, on trouve de très petits sujets.
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+ Le sanglier européen peut peser de 150 à 160 kg pour le mâle et 100 kg pour la femelle environ. Le poids d'un sanglier de plaine où les cultures de maïs abondent est significativement plus important que celui de son congénère établi en montagne. Sa longueur, de la tête et du corps varie de 1,10 à 1,80 m et sa hauteur au garrot de 0,60 à 1,15 m.
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+ Sa queue moyennement longue (25 à 30 cm) se termine par un long pinceau de soies. Généralement, elle est pendante quand l'animal est calme et bien dressée s'il est inquiet ou en colère.
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+ Le sanglier possède un corps trapu et une tête volumineuse. Sa tête est prolongée d'un groin très allongé appelé boutoir, et de deux grandes oreilles mobiles. Ses canines sont très développées : les supérieures s'appellent les grès et les inférieures les défenses. Ces défenses poussent tout au long de la vie du sanglier. Les plus beaux trophées proviennent des mâles les plus âgés. En ouvrant et fermant sa gueule, le sanglier aiguise ses défenses sur les grès. Résultat: elles sont acérées en permanence.
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29
+ Le squelette est massif et solide, le crâne a une forme trapézoïdale (vue de profil). On en retrouve des éléments (dents, défenses, sabot percé, os) qui semblent avoir servi de bijoux ou éléments pendentifs[25] de décor durant la Préhistoire. On retrouve aussi des défenses associées à des tombes ou puits funéraires préhistoriques[26].
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+ Le cochon domestique, une sous-espèce (Sus scrofa domesticus), possède 38 chromosomes. Le sanglier européen n'en détient que 36, à la suite d'une fusion ancestrale. Leur descendance commune, appelée cochonglier ou sanglochon, est fertile. Les hybrides de première génération possèdent 37 chromosomes. Ensuite ils peuvent en avoir 36, 37 ou 38. L'hybridation est fréquente dans les régions d'élevage de cochons en plein air ou bien lorsque la population sauvage a été reconstituée par des femelles de cochons domestiques saillies par un sanglier mâle. Le sanglier corse est génétiquement très proche du cochon domestique.
32
+
33
+ Le sanglier a été introduit par l'Homme hors de son aire naturelle de répartition, dont en Amérique du Nord où il a parfois été croisé avec diverses souches de cochons. Ceci complexifie encore sa génétique, mais aussi sa dénomination commerciale légale. En Amérique du Nord, où il n'existe normalement pas dans la nature, certaines étiquettes commerciales qualifient sa viande de « sanglier sauvage », alors qu'il est élevé, et introduit.
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35
+ Le sanglier est essentiellement nocturne (une évolution peut-être due à la présence de l'homme). Il est plutôt sédentaire et apparemment attaché à son territoire quand il est entouré d'obstacles[27], mais dans un milieu qui lui convient, il peut parcourir plusieurs dizaines de kilomètres dans la nuit et son aire vitale peut atteindre de 100 hectares à plus de 1 000 ha[28],[29]. Il sélectionne ses habitats selon la saison, l'heure du jour ou de la nuit et ses besoins alimentaires[30].
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37
+ Régulièrement, le sanglier se vautre dans la boue dans des lieux appelés « souilles », et se frotte avec insistance contre les troncs d'arbres avoisinants pour se débarrasser d'un certain nombre de parasites, réguler sa température corporelle et marquer son territoire. Il dort dans de petites dépressions du sol, sèches, bien dissimulées, nommées « bauges ».
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+ Les sangliers sont grégaires[31]. Ils forment des troupes (ou bandes) appelées hardes[32] ou compagnies[33] et dont la taille varie selon le lieu et la saison[31]. Une harde (ou compagnie) compte d'ordinaire de six à vingt individus[31], quoique des troupes (ou bandes) de plus de cent individus aient déjà été observées[31]. L'unité de base est un noyau composé d'une ou plusieurs laies et leurs dernières portées de marcassins[31]. La dynamique du groupe inclut l'isolement de la laie (pré)parturiente puis sa rentrée avec sa portée, l'entrée de laies nullipares ainsi que l'arrivée de mâles adultes avec le départ simultané d'individus subadultes[31]. Les ragots (sangliers de 2 à 4 ans) ferment la marche lors des déplacements, mais sont remplacés par des mâles plus âgés en période de rut. Les cortèges sont souvent bruyants, non seulement par le bruit lourd des pas, mais aussi par les grognements, cris, soufflements et autres reniflements. Cependant, les sangliers savent se montrer discrets et silencieux s'ils se sentent menacés.
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+ Le sanglier, omnivore et volontiers fouisseur, consomme de très nombreuses parties d'un grand nombre de végétaux (tubercules, rhizomes fruits dont les glands et les noix, céréales, etc.), des champignons (dont champignons à fructification souterraine tels que truffe ou truffe du cerf), de nombreux animaux (vers, mollusques, insectes et leurs larves, petits mammifères, lissamphibiens, oiseaux et autres sauropsides) morts ou vivants. S'il est affamé, il est réputé pour pouvoir occasionnellement s'attaquer à un animal plus grand mourant, voire à une brebis en bonne santé, en particulier lors de la mise-bas. Il se montre volontiers nécrophage.
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+ À l'approche de l'homme, le sanglier prend généralement la fuite avant qu'on ne l'ait détecté et peut se montrer étonnamment agile et rapide. Une laie pressentant un danger pour ses marcassins, peut se montrer dangereuse et charger, ou attaquer un chien, de même qu'un adulte blessé. Irrité, un sanglier claque violemment des dents ; on dit alors qu'il « casse la noisette ».
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+ Les déplacements importants d'individus ou de groupes sont habituellement induits par le manque de nourriture ou d'eau mais un autre facteur croissant de déplacement de groupes de sangliers est le dérangement : surfréquentation des couverts forestiers par les promeneurs et les cueilleurs de champignons (qui dans certains cas écument certaines parcelles forestières), poursuite par les chiens non tenus en laisse, traque lors des journées de chasse en battue, chantiers forestiers, construction de lotissements sur des terres agricoles, etc.
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+ Les sangliers peuvent ainsi, seuls ou en groupe, parcourir des distances très importantes, traverser des fleuves et des routes, ce qui occasionne de nombreuses collisions avec des véhicules. Néanmoins, les individus semblent généralement ensuite chercher à revenir sur leur territoire.
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+ À certaines périodes de l'année, il est d'autant plus important de respecter la tranquillité du sanglier, afin de ne pas l'encourager à investir les cultures agricoles :
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+ À défaut, les agriculteurs subissent d'importants dégâts dans leurs récoltes tandis que les chasseurs doivent payer les factures des dégâts et endosser la colère des exploitants agricoles.
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+ L'activité reproductrice du sanglier a tendance à être saisonnière[31] et est corrélée à la disponibilité relative des principales denrées alimentaires ou est reliée à des facteurs climatiques[31] .
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+ Le rut s'étale d'octobre à janvier avec une activité importante dans les mois de novembre et décembre. Lors d'affrontements violents entre mâles, des blessures parfois importantes peuvent être occasionnées. La gestation dure 3 mois, 3 semaines, 3 jours (soit 114 à 116 jours), la laie met bas dans le chaudron (une excavation plus ou moins aménagée dans la végétation basse) de 2 à 10 marcassins aux yeux ouverts. Le nombre de petits est corrélé au poids initial de la femelle (40 kg : deux petits, 60 kg : quatre petits), mais dans le sud de la France les populations de sangliers ont été recréées ou renforcées par des hybrides de cochon domestique dans le but d'augmenter la prolificité. L'allaitement dure 3 à 4 mois, mais les jeunes sont aptes à suivre la mère dans ses déplacements dès la fin de leur première semaine. Bien que capables de subvenir à leurs propres besoins vers l'âge de six mois, ils demeureront dans le groupe familial encore une ou deux années.
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57
+ Le sanglier remplit des fonctions complexes et importantes au sein des écosystèmes qu'il fréquente.
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+ Le sanglier affectionne particulièrement les zones arborées disposant de points d'eau. Cependant, il est relativement ubiquiste et on peut le rencontrer dans de nombreux autres types de milieux. Les landes sont par exemple des milieux très favorables pourvu qu'une strate arbustive même discontinue approche un mètre de haut. Il évite simplement les grandes zones trop à découvert. Il est aussi visible dans une très grande partie de la Sologne.
60
+
61
+ Il est présent dans de nombreuses régions d'Europe (une partie du Danemark, des Pays-Bas, de Belgique, d'Italie, d'ex-Yougoslavie…) et d'Asie, ainsi qu'en Afrique du Nord. Il a disparu des Îles Britanniques.
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63
+ Au moment de la chasse ou à d'autres périodes, des sangliers sont de plus en plus souvent observés[37] en zone périurbaine, et plus rarement en centre ville. Leur présence dans ces zones peut poser des problèmes sanitaires et de sécurité (routière notamment).
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65
+ Ainsi, des compagnies de sangliers sont régulièrement observées sur les hauteurs de Barcelone et en périphérie de la ville. Et il y aurait à Berlin entre 5 000 et 8 000 sangliers périodiquement réfugiés ou vivant dans le réseau des espaces verts berlinois[38]. En 2004, à Saint-Amand (Nord), un sanglier s'est réfugié 18 heures (avant d'être abattu par un chasseur) dans la cour intérieure de l'hôpital[39]. En octobre 2011, le terrain de football de Metz-en-Couture est en partie « muloté » (retourné) par des sangliers[40]. En novembre 2011 à Toulouse, une laie désorientée a erré plusieurs heures dans le centre historique de Toulouse, traversant la place du Capitole, avant de plonger dans le Canal du Midi face à la gare où elle a été abattue sur ordre du préfet[41], au lieu d'être sortie de l’eau et relâchée dans la nature, comme le réclamaient quelques témoins de la scène.
66
+
67
+ Tout comme l'ensemble du grand gibier (cerfs, chevreuils)[42], une prolifération des sangliers est observée en Europe (augmentation de quatre ou cinq fois en moyenne par pays en vingt ans[43]), et plus particulièrement en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, au Luxembourg, au Portugal[43] et en Suisse[42], depuis les années 1980-1990[42],[43]. Celle-ci entraîne une hausse des dégâts agricoles et forestiers, entravant par exemple le taux de renouvellement de la forêt[42], un risque de prolifération de maladies et l'augmentation du risque d'accidents de la route. Cette prolifération inquiète aussi certaines zones urbaines[43]. Elle s'explique par une plus grande précocité reproductive[44], l'évolution des emblavements des cultures refuges, le changement climatique et une régulation déficiente par la prédation ou la chasse[43]. En 2009, le ministre français de l'Écologie Jean-Louis Borloo lance un Plan national de maîtrise du sanglier[44].
68
+
69
+ Le sanglier, porc féral (redevenu sauvage) ou des croisements de porcs et sangliers ont été introduits (volontairement ou involontairement) dans plusieurs régions du monde et dans de nombreuses îles.
70
+
71
+ Ainsi en 1493, Christophe Colomb a importé huit porcs aux Antilles. Plusieurs importations ont eu lieu sur le continent américain dès le milieu du XVIe siècle par Hernán Cortés et Hernando de Soto, et au milieu du XVIIe siècle par le sieur de La Salle. Du sanglier eurasien « pur » a aussi été importé pour satisfaire la « chasse sportive » au début du XXe siècle[45]. De vastes populations de sangliers se sont ainsi peu à peu formées en Australie, Nouvelle-Zélande et l'Amérique du Nord et du Sud[46]. Aux États-Unis, il y aurait environ 6 millions de porcs redevenus sauvages[47] et dans la première décennie du XXIe siècle, des sangliers échappés de fermes d'élevage se sont rapidement reproduits au Canada en Alberta et en Saskatchewan ; des primes sont offertes pour les paires d'oreilles rapportées par les chasseurs.
72
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73
+ Au Royaume-Uni où l'espèce a probablement disparu au XIIIe siècle à la suite d'une chasse intensive, des échappés d'élevage et d'autres sangliers importés du continent pour satisfaire la chasse de loisir ont formé de nouvelles populations[48].
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+ Le genre Sus appartient à la famille des Suidés, dans l'ordre des Artiodactyla ou des cétartiodactyles selon les classifications.
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77
+ Selon ITIS (14 septembre 2017)[49] et Mammal Species of the World (version 3, 2005) (14 septembre 2017)[50] :
78
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79
+ C'est le grand mammifère chassé dont la population augmente le plus en Europe[51], à la suite des plans de chasse, mais aussi par l'agrainage abondamment pratiqué, la déprise agricole au profit de la forêt et de la garrigue, la grande quantité de nourriture dans les champs exploités (notamment les vastes monocultures de maïs qui offrent un refuge aux hardes)[52].
80
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81
+ L'agrainage notamment lorsqu'il est réalisé, de façon linéaire (c'est-à-dire avec un petit épandeur tout en circulant le long d'un chemin), vise à disperser une quantité modérée de maïs grain (2 à 3 kg/100 ha de surface boisée) sur une distance, longue de plusieurs centaines de mètres. Il en résulte que les sangliers vont passer du temps à ramasser les grains ; temps pendant lequel la nuit va passer en grande partie, les amenant aussi à trouver d'autres fruits forestiers et, leur éviter ainsi de se rendre dans les cultures agricoles, aux alentours des forêts.
82
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+ L'agrainage est, par exemple, interdit à moins de 250 m de toute surface agricole (y compris zone d'habitations) dans le département de la Moselle depuis plusieurs années.
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+ En France, les chasseurs ont lâché dans la nature, et ce des années durant, des animaux croisés en captivité (une pratique désormais interdite), provoquant une très forte augmentation de leur nombre[56]. Les chasseurs le chassent à l'affût, ou organisent des battues pour en prélever et réduire leur nombre : depuis les années 2010, ils tuent environ 500 000 sangliers par an, y compris hors de la saison de la chasse, soit quatre fois plus qu’il y a vingt ans (la Fédération nationale des chasseurs estimant que leur population est de 1 à 1,5 million d'individus) et ils sont désormais classés « nuisibles » dans nombre de départements[57]. Le naturaliste Pierre Rigaux souligne que « le nombre faramineux de sangliers abattus chaque année est la conséquence mal maîtrisée d’une volonté politique et historique de disposer d’une abondance d’animaux à tuer, résume l’écologue. Les chasseurs ont maintenant le beau rôle, celui de régulateurs de sangliers, justifiant plus largement dans l’inconscient collectif leur rôle de régulateur de la faune sauvage[56]. »
86
+
87
+ Le sanglier sauvage avait disparu en Grande-Bretagne et en Irlande au XVIIe siècle, mais des individus d'élevage échappés des enclos de ferme ont récemment été repérés à travers le Weald[58].
88
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+ À Berlin, leur population est estimée entre 5 000 et 8 000 individus, et plus de 500 bêtes ont été abattues entre avril et novembre 2008 à l'initiative de la municipalité[38].
90
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91
+ Il a fait l'objet de réintroductions en France[59], en Égypte[60] et plusieurs études ont étudié les possibilités de réintroduction au Royaume-Uni (en Écosse notamment dont pour évaluer le nombre minimal de sanglier à introduire pour avoir une population viable à long terme (« Minimum viable population » ou MVP pour les anglophones)[61] et pour savoir s'il existait encore en Écosse, région fortement déforestée, des boisements assez grands pour abriter une telle population[62].
92
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+ En France, à la suite d'une augmentation de population dépassant nettement les prélèvements, et pour limiter les coûts des dégâts du gibier (indemnisations aux agriculteurs passées de 20 à 30 millions d'€ par an entre 2000 et 2010 en raison notamment du doublement du prix des céréales[63]), pour limiter certains risques sanitaires[63] (risque de « retour » de certaines zoonoses transmissibles entre animaux sauvages et d'élevage ou à l'homme), un plan national de maîtrise du sanglier a été mis en place en 2009, sur tout le territoire avec 13 mesures[64] (à appliquer dans chaque département) pour en limiter la démographie puis en maîtriser les populations. L'agrainage du sanglier pourrait aussi être interdit[63], sauf cas particulier (quand sa nécessité est démontrée).
94
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+ 747 000 sangliers étaient abattus en France en 2019, contre 36 000 en 1973[52].
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+ Le sanglier est apprécié en venaison pour sa chair goûteuse et peu grasse. À l'instar du porc, tout se mange dans un sanglier. Certains bouchers et charcutiers produisent du jambon fumé de sanglier, notamment en Ardenne belge.
98
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+ Sur la base d'une compilation de 144 206 résultats d'analyses de plomb dans les aliments recueillis en Europe durant neuf ans, l'AESA[65] notait en 2012 qu'alors que la plupart des aliments ont un taux de plomb qui a diminué, la viande de sanglier (avec celle du faisan et divers abats d'autres espèces gibier) reste préoccupante en termes de teneur en plomb (teneur moyenne de 1143 μg/kg, soit environ 100 fois plus élevée que la viande de porc/porcelet (11 μg/kg en moyenne), et 1 600 fois la dose moyenne ingérée par jour par un européen moyen (0.68 µg/kg/jour/personne)[65]. Un échantillon de viande de sanglier sauvage a culminé à 232 000 μg/kg, le record pour près de 145 000 analyses parmi 734 catégories d'aliments consommés en Europe[65]. Ces teneurs très élevées en plomb peuvent être dues au caractère nécrophage du sanglier, son goût pour les champignons (dont certains bioconcentrent très bien le plomb, notamment dans certaines forêts de guerre où le plomb des munitions fait partie des séquelles laissées par les conflits armés), mais les résidus de plomb laissés par les munitions qui ont servi à le tuer sont aussi en cause[66].
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101
+ Les défenses, en ivoire, matériau dur, étaient utilisés pour réaliser des casques en défense de sanglier par la Civilisation minoenne.
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+ En France, de 1984 à 1986[67] (en 3 ans), il y avait eu 11 055 collisions avec animaux sauvages (phénomène dit de roadkill) déclarées (un peu moins de 4 000/an), ayant fait 75 blessés[63].
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+ En 1993-94, pour 25 départements étudiés, on a constaté un triplement du nombre de collisions (par rapport au précédent recensement), sur des routes départementales le plus souvent, mais avec une augmentation préoccupante sur les autoroutes (de 6,8 % en 1984-86, 18,3 % en 1993-94). Le sanglier est en cause dans 1/3 des cas environ, derrière le chevreuil (75 % des collisions, en forêt presque toujours) avec selon les statistiques de la police et gendarmerie pour 2008-2010 : 500 accidents corporels dus à animal sauvage (+/-170/an), 35 tués (+/-12/an), 350 hospitalisations (+/-115 par an) et 200 blessés légers (65 par an). Depuis 2003, le fonds de garantie (n'indemnisant originellement que les victimes d’accidents de la circulation dont les auteurs sont non-assurés ou non-identifiés) intervient. En 2008 il y eut près de 35 000 collisions déclarées, dont plus de 60 % par du grand gibier (36 % sangliers, 17 % chevreuils, 8 % cerfs), pour 16 millions d'euros de dégâts réglés par les assureurs. En 2009, le fonds de garantie a été déchargé de sa mission d’indemnisation au profit d'un règlement des dommages par les assurances et risques assurables[63].
106
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107
+ De manière générale, une « surpopulation » de sangliers peut augmenter certains risques pour les élevages porcins proches, mais aussi pour la santé humaine, dont via des virus grippaux porcins, et peut-être celui de la grippe aviaire[réf. nécessaire] ou assurément via la maladie de Lyme, la peste porcine, la peste africaine, la maladie d'Aujeszky (aussi dite « pseudo-rage ») ou diverses parasitoses dues à des nématodes Metastrongylus, la trichinose (affection dont l'augmentation est liée au nombre de sangliers), ou encore via une augmentation du risque d'accidents de la route, avec des dégâts matériels importants, des blessures corporelles voire pertes en vies humaines[68].
108
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109
+ Les « pullulations » locales de sanglier, peuvent être source de risque épidémique[69], y compris aux États-Unis où des sangliers introduits à partir de l'Europe (dès les années 1500) comme gibier ont localement proliféré, notamment là où ils se sont croisés avec des porcs domestiques (ils seraient au moins 4 millions dans 39 États du pays, surtout en Californie, au Texas et dans le Sud-Est du pays). Une étude publiée en 2011, confirmant d'autres études faites au Texas ou dans d'autres États a montré que les risques d'exposition aux parasites Toxoplasma gondii et Trichinella (trouvés dans le sang de 83 sangliers sauvages tués en Caroline du Nord de 2007 et 2009) augmente alors que ces deux parasites (ici trouvés pour la première fois chez des sangliers) avaient été éliminés des élevages de porcs. Ces parasites ingérés provoquent des symptômes pouvant être confondus avec ceux de la grippe, mais T. Gondii est dangereux pour la femme enceinte et les personnes ayant un système immunitaire affaibli (C'est une cause majeure de décès pour cause de maladie d'origine alimentaire aux États-Unis)[69]. Trichinella peut produire des symptômes légers à sévères, avec dans le pire des cas des problèmes cardiaques potentiellement mortels et de graves problèmes respiratoires selon les CDC[69]. Même dans les cas modérés, la fatigue, un état de faiblesse et des diarrhées peuvent durer des mois[69].
110
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111
+ Omnivore et nécrophage à l'odorat fin, le sanglier a aussi un rôle sanitaire : il détecte et élimine rapidement les cadavres de nombreux petits et gros animaux, même cachés, en évitant qu'ils contaminent les eaux superficielles par des pathogènes ou toxines (botuliques notamment, auxquelles il se montre très résistant). Pour cette raison, c'est une espèce qui – bien que non située en bout de chaîne alimentaire – peut fortement bioconcentrer certains toxiques et polluants (via les cadavres qu'il mange ou via les champignons basidiomycètes et souterrains contaminés (dont par des radionucléides[70], après Tchernobyl par exemple) qu'il consomme en grande quantité).
112
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113
+ Selon Fernández & al., au-delà des considérations empiriques[71], les risques zoonotique, sanitaire pour les élevages et écoépidémiologiques devraient être mieux pris en compte lors des opérations de translocation ou de réintroduction[72]
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+ Les sangliers ne sont pas situés en fin de la chaîne alimentaire. Mais en tant qu'animaux fouisseurs omnivores, nécrophages et mycophages ils sont vulnérables à certains polluants ; ainsi de l'hydrogène sulfuré a tué, au cours de l'été 2011, 36 sangliers (pour un seul ragondin) sur une zone de marées vertes en Bretagne[75].
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+ Ils sont également impliqués dans la remise au jour et la bioconcentration de certains radionucléides. Ainsi, sur les zones touchées par les retombées de la catastrophe de Tchernobyl, l'iode radioactif en raison de sa courte période radioactive, a rapidement disparu de l'environnement, mais les sangliers ont continué à accumuler du césium 137, à partir de leurs aliments. Or, ce cation est radiologiquement et chimiquement toxique[76], très soluble dans le bol alimentaire et traverse facilement la barrière intestinale au niveau du petit intestin[74] d'où il gagne facilement toutes les parties du corps (comme s'il avait été inhalé)[77],[78].
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+ Selon l'IRSN, en 1986, en France, la radioactivité des champignons (mets particulièrement recherchés par les sangliers) était 5 à 10 fois plus élevée que celle du lait ou des céréales (273 à 1 165 Bq/kg pour les champignons analysés dans le parc national du Mercantour). Plus grave pour les animaux mycophages, elle diminuait beaucoup moins chez les champignons (de même que dans le gibier) de 1986 à 2003 (dépassant parfois la limite de commercialisation), ce qui démontre une bioconcentration et contamination persistantes de la chaine alimentaire. Un sanglier consommant les champignons sur une tache de contamination du Mercantour, selon l'IRSN, était alors exposé à une « dose efficace » très élevée (de 10 microsievert (µSv) à 100 microsievert) ; or, les champignons à fructification souterraine n'ont pas été pris en compte par cette étude, alors qu'il a été ensuite démontré qu'ils concentrent plus encore que les autres le césium radioactif ; avec un délai lié au temps de percolation du césium dans le sol (1 cm par an en moyenne). Il faut probablement 10 à 20 ans pour que le césium lessivé atteigne la zone de prospection des truffes (plus tôt dans les zones acides ou pauvres en nutriments), alors les sangliers augmentent leur risque d'être contaminé (de même pour les écureuils ou certains micro-mammifères qui s'en sont nourri ou pour certains nécrophages ou ceux qui consommeront des nécrophages contaminés[86]. En 2005, des études[74] sur le radiocésium de Tchernobyl dans le Land de Rhénanie-Palatinat (Allemagne) ont confirmé la persistance du phénomène dans les deux décennies qui ont suivi l'accident, sur la base d'analyse de 2 433 sangliers échantillonnés dans une zone de 45 400 ha de forêts (de janvier 2001 à février 2003), qui a par ailleurs fait l'objet de plusieurs études sur la radioactivité des sangliers[87] et des sols[88]. Les chercheurs ont aussi étudié le contenu et la radioactivité des estomacs de 689 des sangliers tués à la chasse, mettant en évidence une courbe saisonnière de contamination, dépassant les taux admissibles en été pour 21 à 26 % des sangliers (au sud-ouest de l'Allemagne, avec un gradient croissant Est-ouest, et avec une forte réduction en hiver (1 à 9,3 % qui correspond à une consommation plus élevée de nourriture contaminée en période de végétation, avant l'arrivée des glands et faines de hêtres pas ou peu contaminés[74]. L’été 2002, une analyse précise du contenu en nourriture des 18 estomacs les plus radioactifs (345 à 1 749 Bq/kg de matière fraîche) a été faite, ainsi que pour les 18 estomac présentant les plus bas taux de césium radioactif (moins de 20 à 199 Bq/kg). Des restes de truffes du cerf (Elaphomyces granulatus) ont été trouvés dans des proportions beaucoup plus élevées dans les estomacs très contaminés que dans des estomacs faiblement contaminés. Cette truffe est donc la principale cause de contamination des sangliers[74]. Elle est méconnue car invisible (fructification souterraine), mais un chien truffier en a détecté en moyenne une par 20 mètres carrés en forêt du Palatinat, surtout sous des résineux[89]. Leur teneur moyenne en césium 137 était de 6 030 Bq/kg[90].
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+
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+ La saisonnalité de la concentration dans cette région n'est pas nécessairement extrapolable ailleurs, car dans d'autres régions, plus au sud par exemple, on trouve d'autres espèces de truffes qui arrivent à maturité à d'autres époques (en automne ou hiver par exemple). le Césium 234 a dû être également bioaccumulé après l'accident, mais sa courte période radioactive (2 ans) fait qu'il ne pose probablement plus de problème de radioactivité[74]. À la suite de ces découvertes, l'autoconsommation (de certains « gibiers » ou champignons en particulier) dans les zones de retombées radioactives a été reconnue comme source de risque radiologique[91], la législation allemande impose maintenant une analyse de radioactivité pour tout sanglier chassé dans la forêt du Palatinat, parmi celles touchée par des pluies radioactives lors du passage du nuage de Tchernobyl[92]. Cette analyse doit être faite avant que le sanglier ne soit livré à la consommation. En 2011, le laboratoire fédéral allemand de la santé (Landesuntersuchungsamt) et l’Institut für Lebensmittelchemie Speyer (Institut de chimie et de l’alimentation, notamment chargé de la surveillance des radionucléides dans les aliments, et des centrales nucléaires) ont rappelé que des analyses de sangliers sauvages (cette fois faites sur 2 200 individus tués à la chasse entre 2010 et mars 2011) en forêt du palatinat (Rhénanie-Palatinat) confirment que de nombreux sangliers sont encore radioactifs en forêts (avec dépassement des normes dans 20 % de ces 2 200 cas), malgré les 25 ans écoulés depuis le passage du nuage. Pour la période mars 2010 - mars 2011, 400 de ces sangliers présentaient une radioactivité dépassant le seuil (600 becquerels par kilogramme) d'autorisation de mise sur le marché (pour la radioactivité maximale cumulée en Cs 134 et 137). L’un d’entre eux présentait une activité radioactive de 5 389 becquerels (9 fois la dose autorisée). En ce qui concerne l'exposition immédiate au rayonnement, 200 grammes de viande de sanglier avec une charge de 4 000 becquerels ne correspondent qu’à l’exposition externe au rayonnement cosmique durant un vol de Francfort à l'île Grande Canarie, mais l’ingestion de cette viande expose à une contamination interne, avec un risque très différent si les radionucléides responsables de ce rayonnement se fixent dans l’organisme. En effet, concernant les effets radiatifs et ionisants, il faut distinguer l'exposition externe, et l'exposition interne. Cette dernière est beaucoup plus dangereuse, car la toxicité du césium inhalé ou ingéré est fortement exacerbée par le fait que le césium 137 est un analogue du potassium ; ce qui explique qu’il est rapidement assimilé, dans n'importe quelle partie de l’organisme, d’où il ne sera éliminé qu’avec une période biologique de 70 jours environ[93]. L’enfant y est plus vulnérable, car ayant des besoins en potassium supérieurs à ceux d’un adulte, et parce qu’il en absorbe et en fixe plus que ce dernier, proportionnellement à sa masse corporelle. Le césium est particulièrement bien bioaccumulé sous les forêts qui le protègent du lessivage et des réenvols et où il reste biodisponible[94].
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+ Les facteurs de transfert de radioactivité[95], notamment étudiés[96] en Allemagne en forêt, varient[97] selon les types de forêt (pH du sol, densité en champignons, relief…). Le contenu de l'estomac de sangliers tués à la chasse varie selon les saisons, mais aussi selon l’habitat fréquenté par les animaux avant qu’ils n'aient été tués (démontré par une étude[98] la saison[99] ayant porté sur l’analyse des contenus stomacaux d'environ 430 sangliers tués dans le Bade-Wurtemberg.
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+ Lors de la fructification des champignons souterrains, les sangliers sont – comme l’écureuil roux – victimes de leur attrait pour les truffes. En zone contaminée, la radioactivité de ces truffes dépasse souvent les doses qui seraient exceptionnellement admises pour l'alimentation porcine en situation d'« urgence radiologique » post-accident nucléaire en Europe (1250 Bq/kg Cs-134 et Cs-137[100]) ; la viande de porc ne devant pas elle-même (pour le Codex alimentarius) dépasser 1 000 Bq/kg - dans ce type de situation exceptionnelle et quel que soit le pays - pour pouvoir être commercialisée[101]. Or, les truffes et en particulier Elaphomyces granulatus concentrent fortement le césium qui s'accumule plus dans les forêts que dans les champs, rivières et mers et qu'ailleurs[102]. Comme les truffes vont continuer à concentrer ce radiocésium et sachant que son temps de demi-vie (période radioactive) est de 30 ans environ, les sanglier sauvages et d’autres animaux qui mangeraient ces truffes resteront radioactifs, et à contrôler durant encore plusieurs décennies[103]. On avait dès 1995 montré que les champignons (et un peu moindrement certaines espèces de fougères) bioaccumulaient le mieux et très fortement parfois le radiocésium[104]. Selon des études[105] sur les transferts de césium chez le lapin, on suppose par extrapolation que le Césium aurait une durée de « demi-vie biologique » dans le sanglier en moyenne de 2-3 semaines (avant d’être éliminé, essentiellement via l’urine et donc de pouvoir recontaminer des plantes, invertébrés ou champignons).
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129
+ Ce même rapport montre que dans le parc naturel Pfälzerwald situé au-dessus de l’Alsace et à l’est de la Belgique et du Luxembourg, plus on se déplace vers l’ouest plus la contamination est importante et plus le pourcentage de dépassement de norme de radioactivité pour la viande est élevé parmi les sangliers tués à la chasse, avec possiblement une contamination des consommateurs de sanglier contaminé ou d'autre gibier sauvage contaminé[106]. L'Institut fédéral pour l'écologie forestière et des forêts, après étude du contenu stomacal des sangliers du Palatinat[107] a confirmé que les champignons souterrains étaient encore, 25 ans après Tchernobyl, les premières sources de contamination des sangliers. Bien que le porc soit un animal-modèle très utilisé en laboratoire (génétiquement et biologiquement à la fois assez proche de l'Homme et très proche du sanglier), il ne semble pas[108] avoir fait l'objet d'études publiées sur la manière dont il se contamine par le Césium 134 ou 137, via les truffes ou d'autres aliments forestiers (rhizomes de fougères par exemple[107]).
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+ C'est en Allemagne que le problème de la contamination des sangliers par le Césium 137 semble avoir été le mieux détecté, étudié et traité (pour ce qui est du nombre d'animaux analysés, du suivi et de la précaution).
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+ En 2010-2011[109] de la nourriture contenant 1 250 mg de bleu de Prusse par kg d'aliments a été distribuée à des sangliers bavarois durant toute une saison de chasse, pour tester l’effet de cette molécule sur l’absorption de Césium 13 par le sanglier. Un effet significatif, déjà montré chez d’autres mammifères[110] a été confirmé chez 285 sangliers tués en 2011 dans 6 zones de chasse dont deux traitées par ce chélateurs(la radioactivité moyenne de la viande des sangliers traités était de 522 Bq (pour le 137Cs)/kg de viande maigre de muscle squelettique, soit 211 Bq/kg de radioactivité en moins (en moyenne) (p<0,001) que l'effet soit -344 Bq/kg (p<0,05)[109].
134
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135
+ En Suède alors que les rennes et élans sont très rarement contaminés, la bioconcentration des sangliers semble se poursuivre ; avec en août 2017 un individu tué à la chasse émettant 13 000 Bq/kg (becquerel par kilogramme), puis un autre tué (au nord de l'Uppland, en octobre) contrôlé à 16 000 Bq/Kg (soit plus de 10 fois le seuil suédois pour le gibier : 1 500 Bq/kg)[111],[112] ; En 2017 pour 30 sangliers testés seuls 5 ou 6 étaient sous le seuil toléré par l’Agence suédoise de l’alimentation ; les régions à risques sont celles d'Uppsala, Gävle et Västerbotten où il a plu lors du passage du nuage[113]. Selon Pål Andersson (de l'Autorité suédoise de radioprotection SVT), les personnes exposées à ce rayonnement en mangeant la viande d'un animal aussi radioactif que cela présenteront un « risque accru de cancer »[112] (risque faible selon le SVT[114]).
136
+
137
+ Bien qu'assez peu représenté sur les peintures et gravures rupestres, on sait par les archéologues que le sanglier était chassé durant la Préhistoire. Il est possible qu'il ait dans les derniers millénaires, alors que se développaient les populations humaines de chasseurs-cueilleurs, profité du recul des grands prédateurs tels que le lion des cavernes, le tigre à dent de sabre et l'ours des cavernes.
138
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139
+ Chez les Indo-Européens, le sanglier symbolise la caste sacerdotale tandis que l’ours correspond à la caste guerrière.
140
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141
+ Le sanglier est le troisième Avatar (descente, incarnation) du dieu Vishnou, Varaha, chargé de sauver la déesse Terre (son épouse) d'un démon des eaux d'un déluge. C'est donc un animal particulièrement sacré en Inde.
142
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143
+ La symbolique du sanglier est très riche chez les Celtes mais également présente, et de façon généralisée dans les mythes indo-européens : la Grèce mycénienne, l'Inde védique, chez les Germains laissant imaginer une origine commune.
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+ Il représente la force et le courage mais aussi la connaissance et a un rapport avec l'au-delà.
146
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147
+ Les Celtes le considèrent comme un animal sacré. Des têtes de sanglier ornent les armes et sa viande accompagne les défunts dans leur dernier voyage. Son rôle est à rapprocher de celui du taureau dans les mythologies des origines de l'Europe. Le sanglier est donc l'attribut des druides et certains se faisaient même appeler « sanglier ».
148
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149
+ Le quatrième des 12 travaux d'Hercule était de rapporter vivant le sanglier d'Érymanthe.
150
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+ En Occident, dans l'antiquité romaine, germano-gauloise et galloromaine, sa chasse semble avoir été particulièrement valorisée. Dans la religion celtique, il s'agissait de la nourriture des héros rassemblé chez les dieux[115].
152
+
153
+ L'animal était considéré comme courageux et fort et se battant jusqu'au bout. Le chasser devient un combat entre le guerrier et l'animal, un combat singulier où l'homme doit supporter les cris, les coups et l'odeur de la bête. Le vaincre est alors un exploit.
154
+
155
+ Ces qualités sont aussi reconnues chez les Romains comme chez les Germains, qui semblent avoir fait de la chasse au sanglier un rituel initiatique indispensable du guerrier pour devenir libre et adulte. Les Celtes en ont fait un gibier de rois et une chasse symbolique[116].
156
+
157
+ Cette tradition continue tout au long du Haut Moyen Âge, mais s'inverse aux alentours du XIIIe siècle, d'abord en France et en Angleterre puis en Italie et en Allemagne aux siècles suivants. Le sanglier et sa chasse sont progressivement dévalorisés.
158
+
159
+ Le sanglier n'est plus le gibier des rois et des princes; il perd cette qualité au profit du cerf qui lui est opposé. L'une des raisons serait que la chasse au sanglier demandant peu d'espace, contrairement à la chasse au cerf, les grands seigneurs auraient alors « laissé » sa chasse aux seigneurs moins importants. La chasse au cerf serait devenue un moyen de se démarquer pour les seigneurs ayant des forêts assez vastes pour se la permettre.
160
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161
+ L'autre raison principale de cette dévalorisation a été la « propagande » de l'Église. Les qualités du sanglier vantées à l'Antiquité en font, pour l'Église, l'animal des païens, voire l'animal du diable. L'Église va tourner toutes ses qualités en défauts, et sa force et son courage deviennent de la férocité. Le cerf, auquel elle l'oppose aussi, a lui toutes les vertus : c'est le Christ des animaux. Avec le temps, et plus récemment, la chasse au sanglier devient aussi le moyen de se débarrasser d'animaux dangereux qui abîment les cultures[117],[118].
162
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163
+ En astrologie chinoise, le sanglier est considéré comme un signe particulièrement auspicieux et un gage de loyauté.
164
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165
+ Le sanglier est le symbole du :
166
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167
+ Le Moyen Âge européen a repris cette symbolique en héraldique où le sanglier est très représenté (notamment dans les Ardennes[125]), et aussi dans le vocabulaire de l'escrime (garde de la « dent du sanglier »).
168
+
169
+ En règle générale, le sanglier apparait de profil dans les blasons, et passant, c'est-à-dire semblant avancer trois pattes au sol et une patte avant levée. Il est dit « défendu » si ses défenses sont d'une couleur différente de celle du corps. On nomme sa tête « hure », son nez « boutoir » et sa couche « bauge ».
170
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171
+ Ebersviller (Moselle)
172
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173
+ Sanglier de sable défendu d'argent (Champ-Dolent - Eure)
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175
+ Sanglier de sable, défendu d'argent, baugé dans un buisson (Baugé - Maine-et-Loire)
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+ Trois hures de sanglier (Givonne - Ardennes)
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+ Défense de sanglier d'argent (Albignac - Corrèze)
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+ D'argent au sanglier de sable défendu du champ… (Courcelles-sur-Viosne - Val-d'Oise)
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+ … trois hures de sanglier… (Baillou - Loir-et-Cher)
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+ …hures arrachées de sanglier en pal… (Booth - Angleterre)
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+ Le sanglier est le symbole des Ardennes où il abonde. Il en est devenu la mascotte et la sculpture du « plus grand sanglier du monde », Woinic, symbolise le département.
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+ Il est aussi le symbole du premier club de football du département, le Club Sportif Sedan Ardennes, étant représenté sur l'écusson du club depuis ses débuts.
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+ Il est enfin le symbole du régiment des chasseurs ardennais caserné à Marche-en-Famenne (Belgique), ainsi que l'unité aérienne du 2 Wing Tactique de Florennes (Belgique) ayant pour mascotte Bull Rusch (mâle) et Gipsy (femelle).
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+ Il a parfois été repris par l'armée, notamment l'armée de l'air — par exemple, à des fins commémoratives, où le sanglier a décoré des avions en l'honneur d’escadrilles affectées dans les Ardennes. Un exemplaire de mirage III décoré aux couleurs des Ardennes et comportant une tête de sanglier imposante est toujours visible et accessible au public sur le site des Ailes Anciennes à Blagnac, pour célébrer le cinquantième anniversaire de l'escadron de chasse 3/3 Ardennes[126]
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+ L'aïkido (合気道, aikidō?) est un art martial japonais (budo), fondé par Morihei Ueshiba ōsensei entre 1925 et 1969[réf. nécessaire]. L'aïkido a été officiellement reconnu par le gouvernement japonais en 1940 sous le nom d’aikibudō[1] et sous le nom aikido en 1942 donné par la « Dai Nippon Butoku Kai », organisme gouvernemental visant à regrouper tous les arts martiaux japonais pendant la guerre. Il a été créé à partir de l'expérience que son fondateur avait de l'enseignement des koryu (écoles d'arts martiaux anciennes), essentiellement l'aikijutsu de l'école daitō ryū et le kenjutsu[2] (art du sabre japonais). L'aïkido est né de la rencontre entre ces techniques de combat et une réflexion métaphysique de Morihei Ueshiba sur le sens de la pratique martiale à l'ère moderne.
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+ L'aïkido se compose de techniques avec armes et à mains nues utilisant la force de l'adversaire, ou plutôt son agressivité et sa volonté de nuire. Ces techniques visent non pas à vaincre l'adversaire, mais à réduire sa tentative d'agression à néant[3].
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+ L'aïkido peut être considéré comme la concrétisation du concept de légitime défense : une réaction proportionnée et immédiate à une agression. En fait, dans l'esprit de l'aïkido, il n'y a pas de combat, puisque celui-ci se termine au moment même où il commence. Conformément à cette logique, il n'existe pas de compétition d'aïkido excepté dans le style Shodokan fondé par Kenji Tomiki (et de ce fait appelé aussi Tomiki ryu, École Tomiki).
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+ De plus, l'aïkido est aussi intimement lié à la religion Shinto. En 1942, O Sensei Morihei Ueshiba érigea à Iwama (ville située au nord-est de Tokyo) un sanctuaire dédié aux 42 dieux et déesses protecteurs de l'aïkido : l'Aïki-jinja (合気神社?) est aujourd'hui classé monument historique.
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+ Comme la plupart des budō modernes (judo, karaté, kendo…), l'aïkido est l'héritier des arts martiaux développés durant les périodes de guerre, qui furent modifiés lors des périodes de paix (ère Tokugawa) et de la disparition de la classe des samouraïs (restauration de Meiji)[4].
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+ Morihei Ueshiba était un fervent pratiquant shinto, il fut également initié à la religion Ōmoto-kyō, au bouddhisme Shingon et au Kototama. Il avait par ailleurs une expérience réelle de la guerre : il participa à la Guerre russo-japonaise, et nombre de ses élèves moururent durant la Seconde Guerre mondiale. Son parcours, emblématique d'une authentique réalisation spirituelle, passant de techniques guerrières visant à tuer rapidement un adversaire à un art visant l'accomplissement de l'être humain, le conduisit à recevoir la révélation de nouvelles techniques martiales, et à devoir nous transmettre l'« art de paix », dont le but serait d'améliorer l'Homme, d'un point de vue physique mais surtout comportemental (tolérance et paix) et spirituel.
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+ Le terme aïkido (aikidō en japonais) est composé de trois kanjis signifiant :
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+ Aïkido peut donc se traduire par « la voie de la concordance des énergies »[5].
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+ En effet, le terme « concordance » est plus près du sens japonais original de l’aiki comme étant une action de rencontre (explicité dans la composition du kanji) que le terme « harmonisation ». L’« harmonie » peut être le résultat souhaité de la pratique de l'aïkido, mais on ne fait pas d'aïkido sans faire concorder les énergies. Comme le fait remarquer Olivier Gaurin[6], l'aïkido, par la concordance (« mettre les cœurs ensemble »), amène à un résultat où il sera possible de communiquer avec l'« adversaire », chose impossible si on a dans l'idée de l'harmoniser (« amener à une entente, se mettre d'accord », ce qui peut être impossible) ou de le détruire. Un autre problème soulevé est qu'« harmonie » implique souvent une notion d'amitié ou de paix, ce qui est superflu (on ne peut pas être aimé par tout le monde, même si l'on aime soi-même tout le monde)[6]. Par exemple, les Japonais utilisent le mot wagō (和合) pour « harmonie », terme composé de « paix » et de « concorder » : en concordant vers la paix, on crée l'harmonie.
20
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21
+ Cependant, d’après le fils de Morihei Ueshiba, Kisshomaru Ueshiba, tout l’accent de l’Aïkido était mis « sur sa nature essentielle: l’amour ». Le traducteur souligne d’ailleurs que « le premier signe de l’Aïkido « aï » qui signifie harmonie se lit de la même façon que le signe « amour ». Morihei insista de plus en plus sur l’imbrication de ces deux sens. »[7]
22
+ Kisshomaru Ueshiba rapporte aussi les propos du fondateur au cours d'une visite à Hawaï : « Je crois que l'aiki - qui naît de l'étude des arts martiaux - peut unir les peuples et donne au Monde son harmonie, dans le véritable esprit du budo, en le baignant d'une force immuable d'Amour.»[8]
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24
+ « Aïkidoka » (合気道家, aikidōka?) est la dénomination que reçoivent les pratiquants de l'aïkido. S'il suffit, en dehors du Japon, d'être un pratiquant pour être appelé ainsi, le terme exact est en réalité aikishugyosha, autrement dit, étudiants de l'aïkido. Au Japon, le terme implique un professionnel qui se voue uniquement à cet art.[9].
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+ Ailleurs, l'usage a cependant conservé une appellation similaire avec les autres arts martiaux japonais, comme les judokas et les karatékas.
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28
+ L'aïkido est pratiqué par des femmes et des hommes de toutes tailles et âges. Le but de la pratique est de s'améliorer, de progresser (techniquement, physiquement et mentalement) dans la bonne humeur (le fondateur Morihei Ueshiba insistait beaucoup sur ce point). Ne sont montrées que des techniques respectant le partenaire[10],[6],[11]. La complexité de cet art demande un haut niveau de pratique dans son utilisation en combat réel. S'il est vrai que les techniques de base reposaient sur des pratiques académiques classiques et étaient adaptées à un style combatif, il reste que l’aïkido n’est pas une pratique qui vise en premier à la bagarre de rue mais un art martial qui prépare autant physiquement (souplesse, rapidité, musculature), mentalement (rester calme en toutes circonstances) que techniquement (respecter la distance de sécurité, trouver l'ouverture, se placer, gérer plusieurs attaques simultanées) au combat en toute situation. Si l'aïkido est une activité physique, voire sportive, il dépasse ce point de vue en intégrant une vision de l’Homme[12].
29
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+ Il existe différents styles d'aïkido répondant à différentes aspirations. Le style le plus répandu est celui initié par le propre fils du fondateur, Kisshomaru Ueshiba, style connu sous le nom d'Aikikai. Cependant, pour comprendre l’existence d’écoles différentes, il faut prendre en compte le fait que le fondateur de l’aïkido a créé cet art martial et l’a développé tout au long de sa vie. S’il fut un soldat patriote et brillant dans les années 1930, contribuant à la militarisation des esprits en lien avec des organisations secrètes comme la Société du Dragon Noir ou des politiciens d'extrême-droite tels Oawa Shumei, Inoue Nissho et Kozaburo Tachibana, tous membres du groupe ultranationaliste Sakurakai dont certaines des reunions avaient lieu au Ueshiba Dojo[13], le fondateur de l'aïkido fut profondément bouleversé par l'usage de l'arme atomique en août 1945 et la défaite japonaise qui lui suivit et devint dès lors un pacifiste convaincu[12],[14]. Si le patriotisme de Ueshiba ne prête pas à controverse, son pacifisme est bien plus accrédité par ses propos humanistes (voir dans les notes le propos tenu à Morihiro Saito venu requérir son enseignement) et par sa contribution aux orientations de l'évolution de l'aïkido que par ses engagements auprès de Onisaburo Deguchi gendre de Nao fondatrice de l'Omoto Kyo organisation sectaire dont les discours pacifiques et internationalistes se doublaient d'idéologies et de pratiques à caractère fascisant[15]. L'aïkido devient le premier art martial japonais à être autorisé par les Autorités américaines qui occupent le Japon en 1948 (création de l'Aïkikaï Hombu dojo) et Ueshiba Senseï situe lui-même dans son interview de 1957 sa conversion au pacifisme vers 1950. En cela il suit parfaitement l'allocution de l'empereur Hirohito lors de la capitulation qui encourageait son peuple à « ouvrir la voie à une ère de paix grandiose pour toutes les générations à venir ».
31
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32
+ Morihei Ueshiba eut de nombreux disciples, dont certains ont propagé des techniques en perpétuelle évolution. En simplifiant, on distingue trois périodes : celles d'avant-guerre très dures et visant avant tout l'efficacité, puis celles des années Iwama 1942-1952 plus fluides mais conservant atemis et armes, et enfin la dernière période beaucoup plus souple encore. Dans cette dernière période, le fondateur privilégie Ikkyo omote sur Shomen en mode ura. Chaque disciple d'O Senseï a développé une version, maintenant une évolution constante.
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+
34
+ Tadashi Abe, de retour au Japon, ne reconnaît pas l'aïkido qu'il avait appris à l'Aïkikaï et le quitte. D'autres maîtres enseignent selon leurs sensibilités, créant des styles et des écoles différentes. En France, on compte une vingtaine de styles.
35
+
36
+ À Iwama, au dojo de Saïto Mohiro senseï, on estime que l'aïkido est né en 1942 et on y préserve cette version des origines. Pour ce courant, la simplification qui suivit répondait à un intérêt de popularisation[16],[17]. Ainsi Saïto senseï a-t-il été surpris de découvrir que les techniques du livre Budo de 1938 étaient exactement celles qu'a pratiquées Ueshiba senseï avec lui pendant des années, sachant que Saïto a commencé l'aïkido en... juillet 1946[18],[17],[19].
37
+
38
+ Le fondateur de l'aïkido ne voulait pas entendre parler de compétition. L'accent est mis sur le développement complet de l'individu. Pendant les cours, les élèves observent l'enseignant faire la démonstration d'une technique et travaillent ensuite avec un partenaire pour la répliquer. Ils améliorent ainsi leur technique et leur compréhension de l'art. Le mouvement, le positionnement, la précision et le rythme sont tous des aspects importants dans l'exécution des techniques. Les élèves gagnent également en souplesse et en adaptation en les appliquant.
39
+
40
+ Au niveau débutant, les aïkidokas s'entraînent par deux. L’« attaquant » (uke, littéralement « celui qui accepte, qui chute », également appelé aite[20], littéralement « celui qui prête sa main ») déclenche une attaque contre le « défenseur » (tori « celui qui saisit », également appelé shi[21] et parfois nage « celui qui projette » ou encore shite « celui qui exécute »), qui la neutralise avec une technique d'aïkido.
41
+ En Ki Aïkido, nage et uke sont utilisés pour indiquer qui va se défendre (et projeter ou contrôler l'autre) et qui attaque (et qui va « recevoir » la technique d'aïkido).
42
+
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+ En général, la technique est étudiée de la manière suivante : le professeur montre le mouvement, puis le partenaire aite attaque tori quatre fois (deux fois de chaque côté : gauche et droite alternativement), puis les partenaires échangent les rôles pour 4 nouvelles attaques et ainsi de suite. Lorsque plusieurs mouvements ont été vus à partir d'une même attaque, le professeur peut faire travailler en « technique libre » (jiyū waza) : les rôles aite et tori ne changent pas, aite se relève après chaque mouvement et réattaque immédiatement tori qui applique la technique qu'il veut ; le placement et le mouvement du corps ainsi que l'endurance (cardio-vasculaire) sont alors travaillés. Parfois, tori est assailli par plusieurs aite, afin de travailler la réponse à une attaque de groupe (ce travail se nomme randori bien qu'il soit différent du combat libre pratiqué au judo).
44
+
45
+ Les mouvements d'aïkido partent de l'attaque d'un des deux partenaires, attaque déclenchée de sa propre initiative par ce partenaire ( uke) ou suscitée par le pratiquant qui va appliquer la technique (tori). Cette attaque peut consister en un coup, une saisie ou une combinaison des deux. Coups et saisies visent en général la partie supérieure du corps.
46
+
47
+ Il y a ensuite trois ou quatre parties qui se retrouvent toujours à la genèse d'une technique d'aïkido même si des variations peuvent être observées d'un style à un autre :
48
+
49
+ « Il y a environ 3 000 techniques de base et chacune d’entre elles a 16 variantes… ainsi il en existe quelques dizaines de milliers. Et selon la situation, vous en créez de nouvelles. »
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+
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+ — Morihei Ueshiba[14]
52
+
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+ La plupart des techniques peuvent être réalisées selon deux variantes. Le terme omote désigne les techniques exécutées en entrant face à l’adversaire et ura celles exécutées en entrant derrière l’adversaire[20](en tournant). Elles correspondent à des possibilités différentes selon l'attaque du partenaire et également à un état d'esprit particulier.
54
+
55
+ Les techniques omote augmentent donc le risque, car elles exigent d'entrer dans l'attaque de l'adversaire. Leurs réussites requièrent souvent de porter, généralement de manière symbolique, un atemi (un coup) pour déséquilibrer l'adversaire, le surprendre, le forcer à réagir.
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+
57
+
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+
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+ C'est le mouvement des hanches (koshi) de tori qui constitue le principal moteur des techniques, que ce soit pour s'approcher (irimi, « entrer ») ou pour tourner (tenkan)[20]. En effet, c'est au niveau des hanches que se situe le centre de gravité d'une personne se trouvant dans une position stable. Le reste du corps (torse, bras) ne sert qu'à relier les hanches de uke à celles de tori pour leur transmettre le mouvement et provoquer la chute. Dans la symbolique japonaise, c'est le seika tanden (le « centre des énergies », situé dans le ventre hara, donc associé aux hanches) de tori qui est le centre du mouvement[25].
60
+
61
+ Tous les mouvements ont donc une combinaison irimi-tenkan. La rotation (tenkan) est parfois appelée tai sabaki (rotation du corps) ou koshi sabaki (rotation des hanches, puisque le mouvement du corps est en fait le mouvement des hanches).
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+
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+ Les techniques peuvent utiliser entre autres :
64
+
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+ La majorité des techniques se déclinent en version irimi et tenkan. Les techniques à réaliser pour un passage de ceinture peuvent montrer les deux versions ou se limiter à une.
66
+
67
+ Les Japonais vivaient beaucoup assis à même le sol[réf. souhaitée]. Ils ont donc développé des techniques pour pouvoir faire face à une attaque alors qu'ils étaient assis. Les mouvements peuvent se faire lorsque les deux partenaires sont debout (tachi waza, 立技), lorsque les deux partenaires sont assis (suwari waza, 座技), ou bien lorsque aite (l'attaquant) est debout et tori (le défenseur) est assis (hanmihandachi waza, 半身半立技).
68
+
69
+ Le travail à genoux permet :
70
+
71
+ Ce travail peut cependant présenter un risque d'aggraver des problèmes de genou, voire d'en créer s'il est mal pratiqué. Pour cette raison, il est aujourd'hui moins pratiqué[26].
72
+
73
+ Dans ce travail, aite, debout, attaque un tori à genoux. Ce travail cumule les difficultés inhérentes au travail à genoux et le fait que la position debout donne un avantage à aite en termes de puissance et de capacité de déplacement. Ce travail oblige ainsi à une grande précision dans l'obtention du déséquilibre pour tori.
74
+
75
+ L'aïkido insiste sur le fait que, alors que tori exécute la technique d'aïkido et sort théoriquement « vainqueur » de chaque rencontre, l'attaquant gagne aussi en expérience en suivant correctement la technique, en étant de façon répétitive « projeté » ou amené au sol et subissant une clef. La plupart du temps, le terme aïte est préféré en aïkido à celui de uke, car le pratiquant progresse et travaille quelle que soit sa situation et son rôle dans la pratique. Même en tant qu'attaquant, il faut être attentif et prêt, ce qui correspond plus au terme de aïte alors que pour l'aïkido uke est plus passif.
76
+
77
+ Aïte doit rester actif en permanence et toujours garder une attitude martiale, comme s'il cherchait en permanence une faille pour frapper, bloquer, ou retourner la situation ; il existe d'ailleurs des techniques de retournement (kaeshi waza), aïte ne pouvant retourner la situation que s'il a une attitude « parfaite ». La tentative d'échapper à l'action de tori est par ailleurs le moteur de certains mouvements, comme irimi nage : aïte est amené vers le sol en pivotant, et lorsqu'il essaie de se rétablir, tori utilise ce mouvement pour le projeter en arrière, s'il n'essayait pas de se rétablir, aïte serait en bien plus mauvaise posture puisque dans l'impossibilité de parer un atemi.
78
+
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+ Grâce à son travail en tant qu’aïte, un pratiquant apprend indirectement les sensations de tori. La progression se faisant dans le même temps pour tori et aïte. Même s'il existe une certaine codification du travail d’aïte, tori doit être en mesure de pratiquer l'aïkido avec des non aïkidokas.
80
+
81
+ Il n'existe qu'un nombre relativement réduit de principes techniques, mais chaque technique peut se faire à partir d'une prise ou d'un coup différent de la part de uke, en omote ou en ura (mais pas toujours), debout ou à genoux. Ainsi, le nombre de situations est en fait important, sans compter la possibilité, à haut niveau, de changer de technique en cours de route (henka ōyō waza), ou bien de retourner la situation (kaeshi waza, uke reprend l'avantage et devient tori).
82
+
83
+ Par ailleurs chaque technique peut posséder un nombre très élevé de variantes. L'exécution de beaucoup de techniques peut de plus être amenée à varier selon les niveaux de pratique[14],[27]. Morihei Ueshiba nommait cette richesse, cette possibilité de « création infinie », takemusu aiki. Le terme takemusu aiki désigne l'aïkido comme source de tous les arts martiaux ; non pas sur un plan historique, mais en tant qu'art contenant les éléments de base utilisés dans tous les autres arts martiaux : gestion de la posture, des distances, même si les postures et distances sont différentes dans les autres arts martiaux.
84
+
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+ Mise en place d'une rotation du poignet, permettant de mobiliser uke, de le diriger.
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+ Ce mouvement qui part du seka tanden (centre) est transmis par les chaînes musculaires et énergétiques. La mise en place de ce mouvement a été largement développée par Hirokazu Kobayashi (1929-1998).
87
+
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+ La technique fondamentale ikkyō — littéralement, « premier principe » — Tout le mouvement du corps de tori est identique à celui d'une coupe au sabre. Ikkyō peut se faire :
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+
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+ Ikkyō donc peut se décliner en
91
+
92
+ En plus des techniques à main nues, l'aïkido comporte l'étude du maniement d'armes en bois : le sabre ou bokken (aikiken), le bâton ou jō (aikijo), le couteau ou tantō, et de façon plus anecdotique, le juken (baïonnette), arme dans laquelle excellait le fondateur et qui lui avait valu d'en être formateur à l'armée avant et pendant la guerre russo-japonaise (1904-1905).
93
+
94
+ Le fondateur a réuni dans le jō des techniques de lance, de sabre de naginata (fauchard) et de Jūkendō (Baïonnette). La technique de sabre qu'il a développée est singulièrement différente du kenjutsu des koryu (écoles traditionnelles). C'est surtout à l'étude de cette dernière que le fondateur consacra son énergie en ce qui concerne les armes.
95
+
96
+ En réalité, Morihei Ueshiba n'a jamais enseigné directement la pratique des armes, ni lors des stages qu'il donnait régulièrement, ni lors des cours qu'il dispensait à l'Hombu Dojo, le dojo central de l'aïkido à Tokyo. Toutefois, comme il les pratiquait presque chaque jour dans son dojo personnel devant un nombre restreint d'élèves, ceci explique leur relative méconnaissance. La transmission de cette pratique s'est faite essentiellement par les plus gradés de ses uchi deshi (étudiant admis à résider dans le dojo) : Hikitsuchi Michio, Sadateru Arikawa et Morihiro Saito. Ce dernier a vécu 23 ans auprès du Fondateur et, après la mort de celui-ci, a regroupé les techniques qu'il avait apprises et il a élaboré différents exercices pour permettre leur enseignement. Il existe ainsi dix kumijo (jo contre jo) et cinq Kumitachi (ken contre ken), tous sujets à de nombreuses variantes, plus ce que le fondateur nommait « son œuvre » : Ki Musubi No Tachi. Leur validité martiale est manifeste, Morihei Ueshiba ayant d'ailleurs étudié de nombreuses koryu. Ainsi, on note des ressemblances évidentes entre certaines techniques du sabre de l'aïkido et celles de la koryu Kashima Shinto Ryu (par exemple, entre « ichi no tachi » —aïkido— et le premier kata « ipommé » —Kashima Shinto Ryu—).
97
+
98
+ La place des armes dans l'aïkido est l'objet d'un vif débat : peu d'écoles en maîtrisent réellement la pratique et les techniques à mains nues occupent donc généralement l'immense majorité du temps d'étude.
99
+
100
+ Dans la branche Iwama ryu (élèves de Morihiro Saito), la pratique des armes, bukiwaza (武器技), est mise sur le même plan que celle à mains nues (taijutsu). La pratique du bokken y est appelée aikiken et la pratique du jō aikijō. Maître Saito expliquait que pour le fondateur, l'aïkido était l'étude du bukiwaza et du taijutsu, et que ces deux éléments sont indissociables.
101
+
102
+ Par la répétition d'exercices (les suburis qui peuvent être envisagés comme un alphabet de mouvements élémentaires), le pratiquant vise, entre autres, à réaliser l'unité du corps avec le ken ou le jo qui doivent ainsi véritablement devenir le prolongement de son corps. Par extension de ce principe, la sensation doit devenir la même avec un partenaire qui doit être maîtrisé de la même façon et suivant les mêmes principes.
103
+
104
+ La pratique des armes permet également d'appréhender différentes distances face à un ou plusieurs adversaires (maai), de travailler une posture correcte (shisei) et de vaincre l'appréhension des armes. Bien que la plupart des techniques d'aïkido (issues principalement des 118 techniques de base du Daito-ryu) soient des techniques développées, non pas à partir de techniques d'armes, mais soit de lutte à mains nues, soit de défense à mains nues contre un attaquant armé, l'étude des armes peut parfois être utile à la compréhension de certaines techniques à mains nues via certains parallèles[28].
105
+
106
+ En effet, une grande quantité de mouvements est dérivée des techniques utilisées par les guerriers armés[29], ou de techniques utilisées pour désarmer l'adversaire. De plus, la visualisation d'un mouvement avec un sabre donne une conception plus claire du mouvement à effectuer à mains nues. Les techniques de sabre ont eu une grande importance dans l'élaboration de l'aïkido par Maître Ueshiba.
107
+
108
+ On peut aussi considérer que, fondamentalement, une technique d'aïkido ne peut se réaliser efficacement que si « l'entrée », l'instant de mise en relation entre les deux protagonistes au moment de l'attaque, est réussie. C'est l'instant « aïki », fraction de seconde où l'harmonie est ou n'est pas, que le génie martial de Moriheï Ueshiba a su percevoir et développer. La pratique des armes permet de se focaliser principalement sur cet instant.
109
+
110
+ La pratique des armes est très diverse :
111
+
112
+ L'apprentissage peut comporter plusieurs types d'exercices :
113
+
114
+ Une autre arme est pratiquée dans certaines écoles d'aïkido : le bō (bâton long) ainsi que le bâton court ou tambō. La pratique du bō permet d'abord la juste position des hanches et des pieds, qui est la même qu'à mains nues.
115
+
116
+ Aux États-Unis, certains dojo enseignent également des techniques de désarmement avec des pistolets en mousse ou en bois, tandis qu'en Afrique, certains dōjō pratiquent des techniques de défense contre différents types de machettes.
117
+
118
+ Au niveau des passages de grade, le travail à mains nues contre le jō ou le tantō est généralement exigible à partir du premier kyū. Le travail au bokken, contre mains nues ou contre un autre bokken, est exigible à partir du troisième dan. Bien entendu, des différences existent là aussi d'une école à l'autre.
119
+
120
+ L'aïkido se base sur le principe de la « concordance des énergies ». D'un point de vue martial, cela se comprend de trois manières :
121
+
122
+ On peut y voir une progression :
123
+
124
+ Il serait bien sûr futile d'essayer d'« être le vide » avant d'être capable d'en créer un ou d'essayer de s'unir avec des énergies extérieures lorsqu’on n’est pas encore capable d'unir ses propres énergies internes. Un concept de progression semblable se retrouve dans l'enseignement du Tenshin Aïkido : on commence par le gō (剛, dur : nos techniques sont angulaires, exécutées avec force), ensuite vient le jū (柔, flexible : nos techniques deviennent flexibles, on se sert de la force de l'autre) et finalement le ryū (流, flux : nos techniques « coulent » comme de l'eau, on laisse passer la force de l'autre).
125
+
126
+ Pour cultiver cette notion de l'énergie, on pratique en début et en fin de séance des exercices respiratoires. Dans la symbolique taoïste, ces exercices sont là pour mettre en mouvement l'énergie vitale (le ki, qui signifie aussi le souffle).
127
+
128
+ Morihei Ueshiba était aussi un adepte de la secte shintoïste Ōmoto-kyō. Une de ses intentions, en fondant l'aïkido, était de promouvoir la paix et l'harmonie entre les êtres, afin de créer une société meilleure. Le terme « concordance des énergies » renvoie donc également à une conception de la société où les gens coopéreraient entre eux vers la paix et l'harmonie plutôt que de s'affronter. Dans sa dimension mystique la plus extrême, il considérait l'aïkido comme une prière gestuelle, semblable aux mudrâ bouddhiques, associée à une prière vocale, le kotodama.
129
+
130
+ L'enseignement de l'aïkido se fait essentiellement par la répétition de techniques de base. La maîtrise de chaque point d'une technique est indispensable à son fonctionnement. Le but de ces formes est aussi de travailler l'attitude[29]. En effet, un mouvement ne peut être réussi que si :
131
+
132
+ Cette attitude est très importante et indispensable aux progrès. Dans un combat réel, un mouvement ne présentant pas la plus parfaite exactitude est inefficace. L'efficacité martiale, pour un aïkidoka, ne réside pas dans l'agressivité qui mène à la destruction, mais dans l'attitude.
133
+
134
+ Une des manières d'évaluer la justesse martiale est de marquer des atemi (coups) (par exemple lancer la main ouverte ou le poing vers le visage du partenaire pour simuler un coup de poing) : si tori a la possibilité de frapper, c'est que son attitude est correcte, et si uke peut frapper, c'est que tori a fait une erreur. Le port de tels coups est indispensable sur certaines techniques, la réaction de uke à ce coup étant utilisée. Mais il n'est pas nécessaire de porter réellement ces coups. Certaines branches de l'aïkido vont jusqu'à supprimer le marquage des atemi, ce qui n'est pas sans susciter des controverses[réf. nécessaire].
135
+
136
+ C'est ainsi que l'aïkido peut se prétendre à la fois « martial » et « non-violent » : il n'est pas nécessaire d'être violent pour être efficace martialement, l'être est même contre-productif en aïkido.
137
+
138
+ Pour des raisons pédagogiques, les mouvements sont parfois montrés avec une grande amplitude, alors qu'en combat réel les mouvements courts sont plus efficaces (rapidité et économie d'énergie). Les mouvements se raccourcissent spontanément avec la tension nerveuse (stress) de l'agression, ils raccourcissent également au fur et à mesure de la progression du pratiquant.
139
+
140
+ La pratique régulière et assidue de l'aïkido permet aussi de préparer un individu physiquement (souplesse, rapidité, musculature), mentalement (calme et maîtrise de soi) et techniquement (respect de la distance de sécurité, ouverture, placement, gestion de plusieurs attaques simultanées).
141
+
142
+ La garde de base en aïkido est la position hanmi (san kaku 三角, littéralement « trois points », en triangle). Le pied avant est dans l'alignement de la jambe, le pied arrière ouvert avec un angle d'environ 50° par rapport à l'axe du pied avant. Le poids est réparti sur la plante des deux pieds, les talons très légers. Dans cette position les hanches se placent naturellement de trois quart.
143
+
144
+ Cette position est intermédiaire entre la garde iaidō (les pieds sont parallèles, les hanches complètement de face) et la garde de karaté, où les hanches sont profilées pour réduire la zone d'impact et permettre d'armer les coups de pied. L'objectif de cette garde est d'obtenir une bonne mobilité dans toutes les directions.
145
+
146
+ On rencontre également la position hitoemi (一重身). Hitoemi signifie « le corps d'une unique épaisseur ». Hitoemi consiste à se tenir debout en ayant la pointe des orteils sur une même ligne droite. C'est une posture où l'on présente totalement le côté du corps au partenaire. C'est la garde kamae de base au jo ainsi que l'attitude que l'on assume au sabre lorsque l'on exécute tsuki.
147
+
148
+ Excepté dans le style Yoshinkan ryû, il n'y a pas de position particulière pour les mains en aïkido. Le but principal de cette « absence de garde » pour les mains est simple : cela évite de les mettre en avant, et donc de les exposer à une éventuelle arme cachée de l'adversaire (comme un couteau dans la manche). On désigne ceci par l'expression shizen tai (position naturelle).
149
+
150
+ La tenue de base est le keikogi (vêtement d'entraînement), appelé à tort « kimono ». Il se compose d'une veste et d'un pantalon en coton blanc. La veste est fermée par une ceinture (obi). Il s'agit du même qu'en judo, bien qu'il existe des vestes spécifiques dont les manches sont raccourcies afin de faciliter la saisie des poignets.
151
+
152
+ Lorsque le professeur estime que l'élève a acquis une technique satisfaisante, il l'autorise à porter le hakama, une sorte de pantalon flottant noir ou bleu foncé. Cependant, selon les dojos et les écoles, le port du hakama peut varier : le pratiquant est autorisé à le mettre dès le début (car il s'agit de la tenue traditionnelle), à partir du troisième, deuxième ou premier kyū.
153
+
154
+ L'aïkido se pratique pieds nus sur le tatami (ou, à défaut de tatami, sur un tapis), mais l'étiquette enseigne qu'il faut s'y rendre avec des chaussures pour des raisons d'hygiène ; les pratiquants utilisent en général des nu-pieds appelés zōri. Les zōri doivent être disposées perpendiculairement au tatami, la pointe en direction de l'extérieur afin de pouvoir repartir rapidement.
155
+
156
+ Morihei Ueshiba donnait initialement à certains élèves des certificats traditionnels d'aptitude. Par exemple, Minoru Mochizuki reçu en 1932 un hiden mokuroku en Daito-ryu Aiki-jujutsu[30], certificat attestant de la maîtrise des 118 techniques de base équivalent de nos jours au 5e dan[31] (selon Rinjiro Shirata, le contenu de ce mokuroku est le même que celui du livre Budo Renshu publié en 1933[32],[21]). On sait cependant qu'il adopta le système de Dan avant la Seconde Guerre mondiale puisque Shigemi Yonekawa reçut le 6e dan en 1940[30]. Le système des grades dan dans les Budō est développé au Japon par Jigorō Kanō dès le XIXe siècle afin de remplacer le système traditionnel de certificats d'aptitude permettant d'enseigner (soit en succédant au maître, soit en fondant sa propre école). Cela en créant des étapes intermédiaires, plus modernes et progressives, les grades kyū et dan.
157
+
158
+ Dans certaines écoles d'aïkido (car ce n'est pas systématique[29]), le débutant se voit attribuer le grade sixième kyū, puis progresse jusqu'au premier kyū. Les passages de grade kyū se font au dojo (lieu de pratique) par le professeur lui-même. Puis, le pratiquant passe le premier dan (devant un jury ou son professeur en fonction des écoles et/ou des pays, certaines écoles traditionnelles n'admettent aucune forme d'examen, les grades sont accordés de manière discrétionnaire par le professeur qui observe l'évolution de ses élèves), le grade le plus élevé étant le dixième dan (accordé uniquement à titre posthume ou exceptionnellement pour des personnes de très haut niveau).
159
+
160
+ Il n'existe en aïkido que deux couleurs de ceinture : blanc et noir. On porte la ceinture blanche du sixième au premier kyū, puis la ceinture noire à partir du premier dan. Certains dojos utilisent des ceintures de couleurs (blanc, jaune, orange, vert, bleu, marron, noir) différentes pour marquer le niveau, et ainsi donner des repères de progression aux jeunes pratiquants, parfois aussi aux adultes.
161
+
162
+ Le hakama était la tenue communément portée dans les koryu (les écoles traditionnelles d'arts martiaux), bien que la forme et la couleur n’aient pas forcément été uniformisées, même au sein d'une même école (la formalisation provient probablement de la restauration Meiji) et un certain nombre de Budo modernes, dont l'aikido, ont gardé cet usage[33]. Il est dit que Ô sensei interdisait quiconque ne portant pas le hakama à entrer dans le dojo, même les visiteurs. Cependant pendant la période d'après guerre, les élèves ne pouvaient plus se payer les hakama, Ô sensei autorisa donc ses élèves à pratiquer sans hakama le temps qu'ils économisent pour s'en payer un[33],[34]. Depuis lors certains de ses élèves ont cru que le hakama avait une portée honorifique. C'est pour cela qu'aujourd'hui beaucoup de professeurs autorisent le port du hakama lorsqu'ils estiment que le pratiquant a atteint un niveau suffisant. Selon les dojos, cela se fait au troisième kyū (équivalent de la ceinture verte au judo) ou au premier kyū (équivalent à la ceinture marron) ou avant (voir « La tenue » ci-dessus). Toutefois, certaines écoles ne l'autorisent qu'à partir du premier dan.
163
+
164
+ La ceinture noire n'est pas une marque de maîtrise, le pratiquant de niveau premier dan est un étudiant (shodan) qui a acquis les bases. Les usages peuvent toutefois varier d'une école à l'autre. Dans certains dojos, l'étude, qu'on appelle bukiwaza, des techniques avec armes (bokken, jō, etc.) est considérée comme indissociable de l'étude des techniques à mains nues (taijutsu). Une progression en parallèle dans ces deux domaines est obligatoire ; on ne peut, par exemple, prétendre passer le troisième kyū en taijutsu si l'on n'a pas atteint au minimum le quatrième kyū en bukiwaza, et inversement, de sorte qu'il y a à tout moment au plus un kyū, ou un dan, de différence entre le niveau dans ces deux domaines de pratique.
165
+
166
+ Habituellement dans les dojos d'aujourd'hui, la pratique de l'aïkido est silencieuse. Cependant, dans l'enseignement de Morihei Ueshiba, l'exécution des techniques étaient accompagnée de Kiaï[35], certains mouvements (en particulier des enchaînement au Jo) s'accompagnaient de l'articulation de sons, les kotodama[21].
167
+
168
+ Outre pour l'attaque, des katas, les kotodama sont aussi utilisés pour la méditation, en Ki Aïkido. L'invocation shintoïste "TOHO KAMI EMI TAME" est utilisée lors des exercices de respiration en position seiza[36].
169
+
170
+ Comme dans tous les budo, l'étiquette, ou reishiki, a une importance particulière en aïkido. En effet, on peut voir les arts martiaux comme reproduisant des situations de combat dans un cadre pacifique (l'entraînement). L'étiquette vise alors à garantir l'intégrité physique — éviter les blessures — et mentale — éviter les situations de domination — des pratiquants, mais aussi à garder à l'esprit que l'on est en situation de combat, ce qui fait la différence avec d'autres activités sportives.
171
+
172
+ Selon les chiffres publiés par l'Aikikai, l'aïkido rassemble, dans les années 2010, 1,6 million de pratiquants dans 95 pays, 44 d'entre eux étant officiellement reconnus par le Hombu Dojo[37].
173
+
174
+ Hors du Japon, la France est l'un des pays qui compte le plus de pratiquants d'aïkido[38], avec plus de 60 000 licenciés[39].
175
+
176
+ L'aïkido est tout d'abord arrivé en France dans sa forme ancienne, l'aïki-budo, introduit par Minoru Mochizuki, qui fut envoyé par le Kodokan en 1951. En 1952, Tadashi Abe, missionné quant à lui par l'Aïkikaï, arrive en France et y reste pendant 8 ans pour y diffuser l’aïkido. Il crée les séries et co-écrit deux manuels avec Jean Zin. Tadashi Abe est un guerrier redoutable qui blesse parfois ses uke. Il voyage beaucoup et enseigne alors à Pierre Chassang, Georges Rousseau, Jean Delforge, etc. C'est lui qui encourage André Nocquet à partir au Japon. Quand celui-ci rentre, il succède à Tadashi Abe comme représentant de l'aïkido en France. Très vite, d'autres japonais arrivent cependant : Masamichi Noro (1961) et Mutsuro Nakazono (1961) puis Nobuyoshi Tamura (1964).
177
+
178
+ L'aïkido est exposé en 1964 au grand public par un documentaire de l'émission télévisée Les Coulisses de l'exploit, qui lui est consacré et contient un entretien avec le fondateur Morihei Ueshiba, avec les premiers maîtres français dont André Nocquet ainsi qu'avec des pratiquants ; le documentaire est commenté par le journaliste Thierry Roland[40].
179
+
180
+ La FFATK (Fédération Française d'Aïkido, Taï-Jitsu et de Kendo) fut créée en 1958 par Jim Alcheik et Émile Blanc. Ensuite l'aïkido fut pratiqué au sein de la fédération de judo, la FFJDA mais il s'en est séparé en 1982 avec la création de deux fédérations :
181
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+ Agréées par le ministère de la Jeunesse et des Sports en 1985, ces deux fédérations sont régulièrement invitées à la fusion de la part des pouvoirs publics. Du fait de l'agrément, l'UFA (Union des fédérations d'aïkido), structure chapeautant les deux fédérations, est seule habilitée à délivrer des grades dan reconnus officiellement en France, par l'intermédiaire de la Commission Spécialisée des Dan et Grades Equivalents - CSDGE- dont les membres sont nommés par arrêté ministériel. Outre ces deux fédérations, il existe un grand nombre de groupes où les différences sont d'ordre pédagogique, technique, spirituel, personnel, hiérarchique, sportif, etc. Ces groupes ont leurs structures et systèmes de délivrance de grades propres dont les titulaires ne peuvent se prévaloir publiquement sans risquer des poursuites - à moins d'en préciser systématiquement l'origine. Du fait des grandes différences d'une école à l'autre, chaque aïkidoka doit nécessairement indiquer la source de la valeur attribuée à sa compétence. Il n'existe pas à ce jour de tableau des équivalences entre grades, ceux décernés au Japon paraissant les plus légitimes et authentiques.
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+ Dans les années 90, une des branches de l'Aïkido, le Ki Aïkido, s'installe en région parisienne, Normandie et Bretagne.
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+ Pendant que Tadashi Abe enseignait l'Aïkido en France, Kenshiro Abbe faisait de même en Angleterre dans les années 50. Ken Williams y devint le plus jeune troisième dan non-japonais, et premier assistant non-japonais à l'époque. Il fit venir Tadashi Abe pour enseigner à son élève Ken Williams, qui développa l'Aikikai anglais dans les années 60.
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+ Après avoir étudié auprès de Koichi Tohei (directeur technique de l'Aïkikai des années 50-60, dont l'enseignement fut influencé par Tempu Nakamura, créateur du yoga japonais Shinshin Toitsu Dou) au Japon dans les années 70, il fonda la Ki Federation of Great Britain pour enseigner le Ki Aïkido. Les clubs parisiens sont affiliés à sa fédération anglaise.
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+ Seule la FFAAA est reconnue par la Fédération internationale d'aïkido.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La laine est un matériau d'origine animale qui est constitué de fibres kératiniques, principalement d'ovins et utilisé dans la production textile, notamment pour ses capacités d'isolant thermique.
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+ Légalement, on désigne par « laine » les fibres du mouton ainsi que les fibres d'autres animaux (mais dans ce dernier cas on appelle toujours ces textiles par leur nom) dont la toison est composée de fibres kératiniques tels que la chèvre angora (dont les fibres de toison sont désignées par « laine mohair »), le lapin angora (dont les fibres de toison sont désignées par « Angora »), la chèvre dite cachemire (dont les fibres de toison sont désignées par le même terme « cachemire »), le lama, l'alpaga, le guanaco, le chameau domestique, yack, etc. La laine est utilisée dans tous les domaines du textile : vêtements, accessoires, chaussants, écoconstruction, ameublement, décoration, etc.
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+ L'amélioration de la quantité et de la qualité de laine produite a été un thème important en zootechnie ovine, mais l'est de moins en moins avec la perte de valeur financière de la laine sur les marchés.
10
+
11
+ Par extension et abus de langage, le mot « laine » est aussi utilisé pour désigner d'autres matériaux, souvent d'origine minérale ou fabriqués par synthèse chimique, présentant des caractéristiques communes, comme leur pouvoir isolant ou leur apparence, et utilisés dans le bâtiment : laine de verre, laine de roche, laine de bois...
12
+
13
+ La laine est un bon isolant thermique, notamment du fait qu'elle emprisonne près de 80 % d'air dans son propre volume. Elle absorbe facilement l'humidité (1 kg de laine contient environ 150 g d'eau).
14
+
15
+ Elle est relativement étirable et reprend relativement facilement sa forme originelle (avec une variabilité selon les races de mouton).
16
+
17
+ Une fibre de laine mesure de 13 à 80 microns de diamètre et sa longueur varie de 2 à 50 cm. La fibre de laine est recouverte d'écailles ; sa section montre une sorte d'écorce appelée cuticule où se creuse un canal[1].
18
+
19
+ Les défenseurs de la cause animale dénoncent la maltraitance engendrée par les activités de production de laine, notamment dans les très grands élevages que l'on trouve en Australie et en Nouvelle-Zélande. Au premier rang de cette maltraitance, le fait que les moutons élevés pour la laine (Mérinos) présentent une surabondance de laine (sélection génétique) et qu'ils ne peuvent donc pas survivre de façon naturelle. Le gigantisme des troupeaux, ensuite, qui implique de fait, une certaine forme de négligence : faute de soins, certains moutons meurent de chaud, de froid, de famine ou de maladies diverses (dystocie, infections ...). D'autres souffrances sont quant à elles liées à la manipulation des animaux : on peut notamment citer les mutilations (castration, caudectomie, mulesing ... généralement effectuées sans le moindre anti-douleur), ainsi que la brutalité des tontes (généralement pour des questions de rentabilité). La fin de vie, enfin, est tout aussi sordide : lorsqu'ils deviennent moins intéressants pour leur laine que pour leur viande, les moutons sont généralement envoyés vers le Moyen-Orient ou l'Afrique du nord pour y être égorgés (entassés sur des bateaux à plusieurs étages, nombre d'entre eux succombent alors pendant la traversée). Refusant cette exploitation et souffrance des animaux, certains (végans, antispecistes...) refusent de se vêtir de laine et optent pour des matières alternatives (synthétiques ou naturelles)[2],[3],[4].
20
+
21
+ Ces critiques ne s'appliquent pas à l'agriculture à la fois réglementée et familiale telle qu'elle est pratiquée en Europe occidentale.
22
+
23
+ Seule la laine de première qualité provenant de la tonte d’animaux sains et vivants peut être dotée du label « Woolmark ». La désignation « laine vierge » correspond à un produit auquel on n’a ajouté que 7 % au maximum d’autres fibres, tandis que pour la pure laine vierge ce pourcentage est ramené au maximum à 0,3 % d’autres fibres. Les désignations 100 % laine, pure laine ou laine peuvent correspondre à une laine de moindre qualité ou à de la laine recyclée[5]. De même, la désignation « No Child Labor » peut être observée sur certains produits en laine. Ce label est un gage de qualité puisqu'il certifie que la laine n'est pas travaillée par des enfants.
24
+
25
+ En Belgique, un label de qualité existe, le label be-wool garantit : l'origine de la laine, un prix équitable à l'éleveur, la traçabilité et transparence des transformations, des produits principalement en laine.[6]
26
+
27
+ L'art de produire des fils textiles, qui tire son origine des besoins fondamentaux de l'homme (se nourrir, se loger, se vêtir), peut être considéré comme étant aussi ancien que l'humanité.
28
+
29
+ L'homme s'est inspiré des animaux que la nature avait généreusement pourvus d'une fourrure, tout d'abord en se vêtant des peaux des animaux morts, puis en prélevant les poils des fourrures, en confectionnant du feutre, puis des fils qui donnèrent finalement un textile propre à être utilisé comme vêtement.
30
+
31
+ La filature est donc l'art de confectionner, à partir de filaments discontinus et irréguliers comme les poils qui constituent la laine, un fil continu devant présenter certaines qualités exigées en vue de sa destination ultérieure[1] (tissage, tricotage).
32
+
33
+ Les principales qualités recherchées sont la solidité, l'élasticité, la régularité et la grosseur (ou « numéro ») du fil. Pour pouvoir confectionner un fil continu qui possède ces qualités, il faut transformer la laine en lui faisant subir un certain nombre d'opérations destinées à épurer et nettoyer, démêler et isoler, paralléliser, régulariser, affiner et tordre.
34
+
35
+ Dans les temps archaïques, le mouton muait et s'arrachait sa laine lui-même, en se frottant contre les troncs d'arbre, par exemple. Par sélection, les éleveurs ont conservé le gêne de la permanence de la laine afin de pouvoir la récolter. C'est ainsi que le mouton a besoin de l'homme pour le débarrasser de sa toison qui ne tombe plus. La tonte est sanitaire pour l'animal.
36
+
37
+ Cette opération a lieu au printemps, en général une fois par an. Il arrive que l'on puisse effectuer deux tontes dans l'année, car dans les premiers mois, la laine pousse particulièrement vite.
38
+
39
+ La tonte de moutons s'effectue à l'aide de ciseaux forces ou d'une tondeuse électrique (qui ressemble au rasoir électrique utilisé chaque matin par bien des hommes). La laine coupée dans toute sa longueur, se tient d'une seule pièce, grâce à l'enchevêtrement serré des fibres. C'est la toison.
40
+
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+ En moyenne, un tondeur de moutons professionnel tond 100 à 150 moutons par jour et certains champions australiens atteignent jusqu'à 300 moutons.
42
+
43
+ À la ferme, les différentes parties de la toison peuvent être classées en lots suivant leur qualité. Mais c'est nettement moins le cas aujourd'hui, en raison de la perte de valeur de la laine sur les marchés et de l'exportation massive de la matière vers l'Asie.
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+
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+ Une toison pèse entre 500 gr et 8 kg. Elle comprend, outre la laine et des poils (selon les races), des matières organiques animales (crottes, urine, suint, graisse, lanoline) et végétales (graminées, chardons, paille, foin, graines disséminées par zoochorie...), et des matières minérales (terre, sable...). Le poids de ces matières varie, selon les races, entre 35 et 65%, qui partent au lavage.
46
+
47
+ Pour être bien valorisées, les toisons doivent être débordées, c'est-à-dire débarrassées des parties sales qui se trouvent "aux bords".
48
+
49
+ Les toisons sont ensuite pliées, roulées et mises en balles (de 40 à 90 kg en moyenne) avant d'être acheminées vers les centres de vente, puis vers les usines textiles. Cinq millions de balles de laine partent ainsi chaque année d'Australie vers les pays transformateurs situés en Europe, en Amérique et surtout en Asie. La laine collectée en Europe, elle, part, dans l'immense majorité vers l'Asie et principalement vers la Chine.
50
+
51
+ Naturellement grasses, les toisons retiennent poussières et débris végétaux. Aussi cette laine, dite laine brute, est-elle d'abord lavée et séchée.
52
+
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+ Il y a cinq phases :
54
+
55
+ La graisse, ou suint, peut être récupérée et purifiée, pour être utilisée en pharmacie et dans la fabrication de produits de beauté sous le nom de lanoline. Toutefois, toute la matière grasse n'est pas enlevée. Une infime partie est laissée sur la fibre, sinon elle serait impossible à travailler (laine décreusée d'où électricité statique et problèmes au cardage).
56
+
57
+ Dans cette opération, il s'agit de démêler la laine. Elle est d'abord ensimée, c'est-à-dire imprégnée d'une émulsion destinée à faciliter le démêlage ; puis elle passe dans la carde : des tambours garnis de très fines pointes d'acier, tournant à grande vitesse, divisent et parallélisent les fibres de laine et retiennent les impuretés végétales qui ont pu rester.
58
+
59
+ Suivant l'usage final auquel la laine est destinée, elle suivra, à partir du cardage et jusqu'à la transformation en fil, l'un ou l'autre cycle suivants :
60
+
61
+ Le mot cardage dérive de chardon, plante hérissée de piquants qui pousse le long des chemins. Dans ses déplacements, il n'est pas rare qu'un troupeau de moutons se frotte contre des chardons et y accroche quelques flocons de laine.
62
+
63
+ Les pâtres d'autrefois frottaient les toisons avec des bouquets de chardons pour obtenir une laine plus souple et propre.
64
+
65
+ Et les premières « cardeuses » industrielles étaient équipées de chardons. Ce procédé était encore utilisé il y a quelques années pour le cardage de certaines laines fragiles.
66
+
67
+ Cette opération complète et parfait le cardage des laines passant par le cycle peigné. Le peignage vise principalement à éliminer les fibres très courtes, appelées blousses, et les dernières petites impuretés qui subsistent encore. Pour ce faire, le ruban de carde passe au travers d'une succession de peignes de plus en plus fins. Comme le cardage, le peignage fournit une matière première pour la filature, sous forme de rubans de peigné.
68
+
69
+ Les mèches fines de carde et les rubans de peigné sont transformés en fils. L'opération consiste en étirages successifs par les métiers à filer, qui vont amener progressivement la mèche ou le ruban primitif à une grosseur qui pourra être 400 fois moindre. Le fil subira également une torsion et sera le plus souvent retordu avec un ou plusieurs autres fils, afin de le rendre plus solide et surtout plus régulier. Le fil de laine obtenu est fin, assez élastique, résistant, surtout s'il est retordu. L'aspect du fil de laine cardée est plus gonflant (et économique), poilu, chaud et éventuellement irrégulier que le fil de laine peignée, lui-même beaucoup plus lisse et doux car ses fibres sont couchées et fines.
70
+
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+ Le filage peut aussi se faire de manière artisanale, à la main, à l'aide d'un fuseau ou d'un rouet.
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+
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+ Une fois propre, on peut teindre la laine ou la laisser dans sa couleur naturelle (écru, noir, brun, nuances de gris pour les moutons, et diverses couleurs pour les alpagas). La teinture peut être réalisée à différents stades de la transformation suivant la technique utilisée : soit après le lavage, soit sur rubans avant la filature, soit encore au stade du fil ou après le tissage ou le tricotage.
74
+
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+ L'opération s'effectue dans de grands récipients contenant une solution colorante maintenue bouillante. Après avoir été mordancée pour que le pigment tienne à la fibre, la laine est plongée dans la solution et remuée pendant un certain temps avant d'être rincée, essorée et mise à sécher.
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+ Le tissage consiste à entrecroiser des fils, peignés ou cardés. Les fils disposés dans le sens de la longueur de la pièce de tissu constituent la chaîne, les fils disposés dans le sens de la largeur forment la trame.
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+
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+ Sur le métier à tisser, les fils de chaîne, alignés parfaitement, sont soulevés alternativement pour permettre au fil de trame, entraîné par un petit dispositif qu'anime un rapide mouvement de va-et-vient (la navette) de s'entrecroiser avec eux. Le fil de trame s'aligne perpendiculairement aux fils de chaîne, jusqu'à ce que la pièce de tissu soit terminée.
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+
81
+ Le tricotage est une technique différente qui consiste à fabriquer un réseau de mailles à l'aide d'un fil que le métier forme en boucles passant les unes dans les autres. Le tricotage industriel permet d'abord d'obtenir des tissus tricotés (jersey), ainsi que des tricots prêts à porter (Fully-Fashioned ou diminué).
82
+
83
+ Après le tissage ou le tricotage, tissus et tricots sont soumis à une suite d'opérations de finissage très variées : les apprêts, qui leur donneront leur aspect et leur toucher définitifs.
84
+
85
+ Les tissus peuvent, par exemple, être grattés pour rendre leur surface plus veloutée, ou bien foulés (c’est-à-dire passés entre des rouleaux qui les compriment alors qu'ils sont encore humides) afin de les rendre denses et souples.
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87
+ Ils sont alors prêts à être vendus au mètre dans les magasins ou livrés aux confectionneurs qui couperont et coudront les vêtements en série.
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+
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+ La laine constitue les plus belles moquettes.
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91
+ Les coloris en laine sont beaucoup plus profonds qu'en fibres synthétiques.
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+ Par mélanges de laine on peut faire toutes les gammes de beige et de gris chaud en laine à la filature, sans utiliser d'eau.
94
+
95
+ La laine est une ressource naturelle renouvelable.
96
+
97
+ Les moquettes de laine sont le revêtement de sol qui affectent le moins l'environnement.
98
+
99
+ Concernant la réaction et la résistance au feu, elle est considérée comme « difficilement inflammable » : (c'est la seule fibre autorisée dans les boites de nuit, les trains et les avions car elle ne dégage pas de fumée toxique).
100
+
101
+ La laine purge l'humidité de l'atmosphère, si celle-ci est trop humide, et rejette l'humidité dans l'air, s'il est trop sec.
102
+ (Sources : Woolmark, Wools of New Zealand, British wool, SNPE société Nationale des Poudres et explosifs).
103
+
104
+ Dans ses fonctions de moquettes, et aussi (pour les laines de second ordre) dans l'isolation des parois et des toitures, c'est un isolant parfaitement naturel.
105
+
106
+ Elle a un coefficient de conductivité thermique de l'ordre de 0,035 à 0,050 W m−1 K−1 et une masse volumique de 10 à 30 kg/m3.
107
+
108
+ Dans la province du Qinghai, en Chine, on transformait encore en 1990 les flocons laineux en matériau de construction. Gorgés d'eau, enroulés autour d'un pieu, ils étaient réduits à l'état de ballot, traîné derrière un cheval pendant des heures : grâce à ce traitement de choc, les fibres se tassaient et le feutre épais obtenu servait à doubler les parois des habitations provisoires d'un campement.
109
+
110
+ En Mongolie, et dans d'autres pays d'Asie centrale, comme le Kirghizstan par exemple, la laine est encore transformée en 2011 en feutre selon la technique du ballot traîné derrière le cheval. Ce feutre sert à fabriquer et isoler les yourtes, ces tentes de nomades utilisées encore aujourd'hui par la moitié de la population mongole.
111
+
112
+ Principaux pays producteurs de laine en 2013[7] :
113
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114
+ Les noces de laine symbolisent les 7 ans de mariage dans le folklore français.
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+ macOS[2] (auparavant Mac OS X puis OS X[3],[4]) est un système d’exploitation partiellement propriétaire[5] développé et commercialisé par Apple depuis 1998, dont la version la plus récente est macOS Catalina (version 10.15) lancée le 7 octobre 2019. Avec iOS, iPadOS, watchOS et tvOS, il fait partie des systèmes d'exploitation d'Apple.
4
+
5
+ macOS est le successeur du système Mac OS, principal système d'exploitation d'Apple depuis 1984. Contrairement à ses prédécesseurs, macOS fait partie de la famille des systèmes d'exploitation UNIX, fondé sur les technologies développées par NeXT depuis le milieu des années 1980 jusqu'au rachat de la société par Apple en 1997. La première version du système est Mac OS X Server 1.0, commercialisée en 1999, suivie par une version orientée pour le grand public en mars 2001.
6
+
7
+ La version serveur de macOS est architecturalement identique à la version grand public, mais incorpore des logiciels facilitant la mise en place et l'administration de réseau informatique, de serveur de messagerie électronique et de serveur de fichiers Samba, entre autres. À partir d'OS X 10.8, la version serveur d'OS X fut une simple extension du système de base, téléchargeable depuis le Mac App Store.
8
+
9
+ Le 13 juin 2016, lors de la WWDC 2016, Apple annonce que le système ne s'appellera plus OS X mais macOS avec macOS Sierra (version 10.12).
10
+
11
+ Malgré son nom suggérant qu’il est la « version 10 » de Mac OS, et bien qu'il succède effectivement à Mac OS 9, Mac OS X a un historique presque totalement indépendant des précédentes versions de Mac OS. Mac OS X est fondé sur le noyau Mach et sur l’implémentation BSD d’UNIX, qui ont été incorporés à NeXTSTEP, le système d’exploitation orienté objet développé par la société fondée par Steve Jobs après son départ d’Apple en 1985, NeXT[6]. Pendant l’absence de Jobs, Apple a également tenté de constituer un système d’exploitation « nouvelle génération » avec le projet Copland, sans grand succès. De nombreuses rumeurs de l'époque laissaient penser qu'Apple allait racheter le système BeOS pour créer son nouveau système. L'annonce du rachat de NeXT, accompagné de la réintégration de Steve Jobs d'abord comme conseiller puis comme PDG d'Apple, fut une énorme surprise.
12
+
13
+ Finalement, le système d’exploitation de NeXT, jusque-là dénommé OPENSTEP, fut choisi par Apple pour former la base de son prochain système, d’où son achat de NeXT, espérant convaincre les développeurs d’applications par sa richesse de fonctions de passer à cette nouvelle plate-forme[7]. Jobs fut ré-engagé, et plus tard retrouva la tête de la société, dirigeant la transformation du système facile d’accès aux développeurs qu’était OPENSTEP vers ce qui allait être accueilli plus tard par les utilisateurs d’Apple, un projet arborant à ce moment le nom de Rhapsody. Rhapsody évolua plus tard en Mac OS X, un nom qui évoquait non seulement le passage de Mac OS 9 à Mac OS X (10 en chiffres romains) mais également le passage au monde UNIX dans lequel la lettre "X" est très utilisée, notamment dans les bibliothèques graphiques X11.
14
+
15
+ OS X a évolué au cours de ses différentes versions, mettant l’accent vers un « mode de vie numérique » (le digital hub en anglais), tel que présenté avec la suite iLife et l'ensemble bureautique iWork. Dans les premières versions de Mac OS X, la compatibilité avec les versions précédentes des systèmes d’exploitation Apple a été conservée.
16
+
17
+ Durant la WWDC 2016, Apple a choisi de renommer OS X en macOS afin d'harmoniser le nom avec les autres différents OS de la marque (iOS, iPadOS, watchOS, tvOS).
18
+
19
+ Mac OS 9, avec son multitâche coopératif, son absence de protection de la mémoire et héritier de tout l'historique des versions précédentes, était de fait considéré par beaucoup, y compris par Apple, comme étant un système très limité. La « base » a été remplacée par un UNIX, plus précisément un micro-noyau enrichi XNU (Darwin et BSD).
20
+
21
+ L’interface graphique (désormais appelée Aqua) a été enrichie et revue ; elle garde certains principes-clés comme la barre de menus unique, et en ajoute d'autres comme Exposé, tout en conservant le principe-clé d'ergonomie qui a fait le succès des Macintosh. De plus, l'apparition d'un Dock, la réaction de l'interface aux actions de l'utilisateur par des animations, l'utilisation de la transparence, des couleurs plus vives voire de métal brossé marquèrent considérablement le passage depuis Mac OS 9. C'est également avec cette transition que trois nouveaux types d'interfaces pour créer des applications sont apparus : Classic, un environnement recréant celui de Mac OS 9 afin d'y faire fonctionner les applications qui y sont liées ; Carbon, une interface C permettant un portage simple de Mac OS 9 à OS X ; et finalement Cocoa, une interface Objective-C permettant le développement de nouvelles applications entièrement intégrées à l'aspect de Mac OS X (Cocoa peut également être utilisé en Java (obsolète depuis 2005 et Mac OS X 10.4), en Python et Ruby).
22
+
23
+ Les avantages de disposer d'une base UNIX pour le système sont :
24
+
25
+ Étant un système propriétaire, sa popularité est liée aux ventes des Mac, sur lesquels il est préinstallé. Le système d'exploitation compte 75 millions d'utilisateurs à travers le monde, selon Phil Schiller, un dirigeant du fabricant californien[8]. Cette annonce a été réalisée lors de la présentation du 8 juin 2009 de la version Snow Leopard, ce nombre est maintenant totalement obsolète puisque Apple a annoncé en 2012 qu'il y avait 150 millions d'utilisateurs uniquement pour iOS.
26
+
27
+ En ce qui concerne la part d'utilisateurs de Mac (Mac OS 9 et macOS confondus), elle s'élèverait à environ 6,0 % selon la plupart des statistiques[9]. Il convient néanmoins de prendre ces chiffres avec précaution, car ils sont généralement issus de rapports de fréquentation de sites web, et ne prennent donc en compte que les utilisateurs internautes.
28
+
29
+ Malgré son faible nombre d'utilisateurs, macOS n'en demeure pas moins très médiatisé, et ce grâce à une communication organisée de la part d'Apple. Le principe du teasing et une politique de secret alimentent considérablement toutes les discussions qui se rapportent à macOS ou aux Mac. Ces discussions gravitent généralement autour d'une opposition macOS / Windows, où « s'affrontent » les partisans de chaque « camp ». Depuis l'adoption par Apple de processeurs Intel pour ses Mac, il est possible d'y installer n'importe quel système d’exploitation x86 (par exemple : Windows 7, Windows 8 et Windows 10 en utilisant Boot Camp, ainsi que la plupart des systèmes Linux[10]), ce qui a aidé à populariser le système. Certains amateurs ont réussi à installer macOS sur PC en le modifiant pour qu'il puisse accepter ces derniers : les hackintosh sont les PC faisant tourner ces versions de macOS.
30
+
31
+ L’interface reprend l’essentiel de l’environnement des systèmes d’exploitation de Mac : le glisser-déposer y est profondément intégré, les dossiers à ouverture automatique sont conservés, la barre de menus unique et dans celle-ci le « menu Pomme » également. Aqua intègre certains éléments repris de NeXT, comme le Dock et la navigation dans les dossiers par colonnes.
32
+
33
+ À la sortie de macOS (anciennement OS X), différents groupes d’utilisateurs ainsi que certaines figures historiques du Mac ont émis des critiques sur la nouvelle interface, qui selon eux avait de trop importantes différences avec celle des précédentes versions du système d’exploitation.
34
+
35
+ OS X Yosemite a introduit une mise à jour majeure de l’interface en introduisant des couleurs vives, le Flat design et de la transparence.
36
+
37
+ macOS étant un système UNIX, les fonctions et commandes de base d'UNIX sont présentes et permettent un accès souple à différentes fonctionnalités sans passer par des menus graphiques.
38
+
39
+ Il n'existe que peu de virus informatiques connus à ce jour sous macOS[11],[12],[13]. Seuls des programmes malveillants tel Opener (également nommé Renepo), qui ne se propage pas par lui-même et doit être installé par l’utilisateur pour fonctionner, ont pu défrayer la chronique. Il ne s’agit donc pas d’un virus, ni d’un cheval de Troie, mais d'un ver, bien qu'Apple le réfute en contredisant la communauté des experts en sécurité ainsi que la définition même de ce type de programme malveillant[14]. Le virus Newton se contentait de déplacer les éléments du bureau en fonction des mouvements de l'ordinateur[15], et Hacktool Underhand, était en fait une erreur dans la mise à jour d'un anti-virus commercial. En février 2006, on découvre le cheval de Troie Leap-A (ou Oompa-A) qui se propage via la messagerie instantanée iChat. La principale menace concernant ce système d'exploitation est l'installation de codes malveillants Windows par des outils Java, donc inefficaces.
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41
+ La sécurité du système provient notamment de la faible proportion de machines Apple dans le parc informatique mondial (2 % en 2006), un virus exploitant une faille Mac ayant automatiquement moins de cibles potentielles que s'il est conçu pour s'attaquer à Microsoft Windows. En août 2011, il a été annoncé lors d'une conférence d'experts de la sécurité (Black hat) qu'OS X est moins sécurisé que Windows 7[16]. De plus, durant une période de trois ans (2008-2011), 1 151 failles de sécurité majeures ont été trouvées sous macOS, ce qui est très proche des 1 325 de Microsoft Windows[17]. En novembre 2012, la firme Kaspersky Lab a publié le résultat d'une étude indiquant qu'OS X contient deux des dix principales failles de sécurité présentes dans les ordinateurs, les huit autres étant imputées à Adobe, Oracle et Nullsoft[18].
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+ Les ordinateurs Mac gagnant depuis 2007 des parts de marché sur les PC, les pirates informatiques s’intéressent désormais de plus en plus à Apple. Ainsi en mai 2011, avec le logiciel malveillant MacDefender, puis quelques mois plus tard avec le cheval de Troie FlashBack, la sécurité de macOS est apparue comme étant relative. Ce logiciel malveillant aurait d'ailleurs infecté 650 000 Mac[19],[20]. Des sites donnent des conseils pour endiguer l'infection[21],[22]. Apple fournit une mise à jour supprimant ce cheval de Troie, mais uniquement pour les versions 10.6 et 10.7 de macOS, les personnes utilisant de plus anciennes versions restant exposées[23].
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+ En 2012, Kaspersky Lab a ajouté à sa liste approximativement 130 nouvelles signatures de chevaux de Troie pour macOS. C'est 30 % de plus qu'en 2011, et 600 % de plus qu'en 2010[24]. La raison indiquée par le rapport cité est la popularité de macOS parmi les businessmen et les politiciens. En effet, les données présentes sur leurs ordinateurs peuvent avoir beaucoup de valeur et les chevaux de Troie permettent d'y accéder.
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+ Au fur et à mesure des mises à jour de macOS, Apple s'est toutefois efforcée d'améliorer la sécurité d'OS X. Tout d'abord en mettant en place un fichier, dénommé XProtect.plist et mis à jour automatiquement en tâche de fond. Ce fichier référence les principales signatures de malwares détectés par Apple, et avertit clairement l'utilisateur lorsqu'il tente d'ouvrir un logiciel malveillant. Par la suite, Apple a ajouté une fonction appelée Gatekeeper. Le principe est que par défaut, seules les applications signées puissent être ouvertes par l'utilisateur (ce comportement est aisément modifiable par l'utilisateur dans les Préférences Système). Ainsi, si une application n'est pas signée, un message d'erreur s'affiche et l'application ne s'ouvre pas. L'intérêt est que si un logiciel malveillant est détecté par Apple, cette dernière peut aisément révoquer sa signature numérique et ainsi empêcher l'exécution du logiciel par des utilisateurs inexpérimentés (ces derniers sont souvent la cible principale des logiciels malveillants). Enfin, Apple ajouta ou améliora des fonctions existantes, comme la distribution aléatoire de l'espace d'adressage (ASLR), le sandboxing, ou encore la séparation des processus dans Safari 5.1[25].
48
+
49
+ macOS (anciennement OS X) permet de gérer les disques durs dans plusieurs systèmes de fichiers différents :
50
+
51
+ HFS+ et HFSX peuvent être journalisés, ce qui évite les erreurs d'écriture lors d’un éventuel plantage. Cette fonction peut être activée à la volée par l'utilitaire de disque.
52
+
53
+ L'utilitaire de disque de macOS propose toujours le format sensible à la casse[26].
54
+
55
+ OS X 10.7 « Lion » a introduit la possibilité de chiffrer un disque entier[27] avec le système de protection FileVault.
56
+
57
+ Depuis l'arrivée des ordinateurs Apple équipés de processeurs Intel, les schémas de partition de disque dur utilisés par défaut ont changé, notamment afin de s'adapter au programme de démarrage EFI fourni par Intel en remplacement de l'Open Firmware utilisé sur les Mac PowerPC.
58
+
59
+ Son noyau Open Source XNU est un noyau hybride fondé sur le micro-noyau Mach et une version d'UNIX issue de BSD 4.4 lui assurant la compatibilité POSIX. Au-dessus de cet ensemble, Apple a greffé d'autres technologies stratégiques dont certaines sont héritées du défunt système NeXTSTEP. Apple a joint à Mac OS X sa technologie multimédia QuickTime.
60
+
61
+ L’affichage 2D (CoreGraphics) rassemble QuickDraw et Quartz. Ce dernier est le moteur d'affichage ultra-moderne qui gère nativement le format PDF, la transparence et la transition par-point vers le vectoriel.
62
+
63
+ Mac OS X possède une interface appelée Aqua, différente de celles des anciens systèmes Macintosh (Platinum (en), dont une chimère est disponible sur certaines distributions Linux), dont les programmes tournent sur le nouveau système grâce à une version améliorée de Mac OS 9, la version 9.2.2, intégrée au système dans l'environnement baptisé Classic. Toutefois, Classic ne fonctionne pas avec des versions de Mac OS X supérieures ou égales à la version 10.5 (Leopard) ni de façon générale sur aucun poste Apple à processeur Intel.
64
+
65
+ Le portage des applications est simplifié grâce à l’environnement de programmation Carbon qui est une réécriture pour Mac OS X des API de Mac OS. Carbon est utilisé pour les applications multiplateformes en raison de sa ressemblance avec l'API Win32 de Windows.
66
+
67
+ Enfin, l’environnement Cocoa, évolution de l’API d’OpenStep, est l’environnement natif du système. Cocoa est conçu et programmable en Objective-C ou en Java (la prise en charge de Cocoa pour Java a récemment été abandonnée mais est toujours présente) et est orienté objet. Les applications programmées en Cocoa peuvent profiter de certains apports du système X (10, et non X Window), tels que les services, unifiés, disponibles pour toutes les applications les prenant en charge (dictionnaire unifié, recherche Internet, etc.). De plus, Cocoa utilise des ressources de la CoreFoundation, système unifié permettant aux développeurs de n'avoir à s'occuper que de l'interface (et encore, sa gestion est simplifiée par Interface Builder) et des fonctions essentielles du logiciel, sans avoir à s'occuper du reste. La CoreFoundation contient tout particulièrement CoreImage et CoreData depuis Mac OS X 10.4 « Tiger ». D'ailleurs, à partir de sa version 4.5.0, le Toolkit Qt s'appuie sur Cocoa pour fournir des bibliothèques 64 bits, Carbon étant une interface uniquement 32 bits.
68
+
69
+ Fondé sur un environnement NetBSD, OpenBSD et FreeBSD, il permet avec Apple X11, fondé sur XFree86, le portage simple des applications développées pour d’autres systèmes UNIX comme GNU/Linux ou BSD. X11 utilise par défaut l'interface graphique Quartz Window Manager, à moins d'installer des environnements X11 portés sur OS X, tels que GNOME, KDE, Oroborus ou Xfce.
70
+
71
+ À noter que Java 7 n'est pas pris en charge par les versions du système antérieures à OS X 10.7 « Lion ».
72
+
73
+ Plusieurs projets sont dédiés au portage simple des applications Linux ou UNIX, tels que Fink (orienté Debian GNU/Linux) ou MacPorts (ex Darwinports, orienté *BSD). De plus, le projet Darwine (portage du projet Wine, pour UNIX avec architecture x86) a pour objectif de permettre l'utilisation sans portage d'applications Windows sous Mac OS X. Les bibliothèques sont en cours d'élaboration. L'intégration et la fluidité des applications utilisant X11 dans Mac OS X laissent cependant à désirer comparé à ce qu'a accompli Apple pour l'environnement Classic et par rapport à l'expérience qu'on peut avoir nativement sous Linux. De même, les logiciels « X11 » possèdent une interface éloignée de celle des logiciels traditionnels pour Mac OS X. Pour ces raisons, de nombreux utilisateurs de Mac OS X rejettent les applications utilisant X11.
74
+
75
+ (12 septembre 2013)
76
+
77
+ (18 juillet 2016)[39]
78
+
79
+ (19 juillet 2017)[41]
80
+
81
+ Note : PPC64 est seulement pour UCT PowerPC G5 ; Intel 64 est seulement pour UCT Intel 64 ; IA-32 est pour tous les UCT Intel ; PPC32 est pour les processeurs PowerPC et Intel pour la version 10.4 à 10.6.
82
+
83
+ Par ailleurs, à chaque version de macOS (anciennement OS X) correspond une version de macOS Server (anciennement Mac OS X Server), le numéro de la version ayant été synchronisé à partir de Mac OS X 10.0. En effet, Mac OS X Server 1.0 n'était qu'un portage rapide d'OpenStep, tandis que les versions 10 sont, quant à elles, fondées sur macOS.
84
+
85
+ OS X a été programmé dès le départ de façon à pouvoir être facilement adapté à une autre architecture processeur[45]. C'est l'ordre que Steve Jobs avoue (le 6 juin 2005 lors de la WWDC 2005) avoir donné à ses équipes dès le début de la conception de Mac OS X, tout en rajoutant « Just in case … » (« Au cas où … »)[46] avec un air amusé. Ce projet a cependant été gardé secret par Apple.
86
+
87
+ La première version de Mac OS X pour Intel est ainsi diffusée au grand public, à sa plus grande surprise, le 10 janvier 2006 en même temps que la sortie des nouvelles gammes MacBook Pro et iMac ; c'est une 10.4.4 en version Universal binaries (compatible à la fois avec Intel et PowerPC). Ceci a marqué la rupture complète avec les processeurs PowerPC, la raison invoquée alors par Steve Jobs étant l'éventail plus limité des modèles de processeurs PowerPC.
88
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89
+ La dernière version de Mac OS X pour processeurs PowerPC est la 10.5.8 (Leopard). La version 10.6 (Snow Leopard), intégrant le 64 bits, et toutes les versions suivantes, ne fonctionnent que sous processeur Intel : les processeurs PowerPC ne sont ainsi plus pris en charge à partir de cette version du système d'Apple.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le lait est un liquide biologique comestible généralement de couleur blanchâtre produit par les glandes mammaires des mammifères femelles. Aliment complet équilibré, il est la seule source de nutriments pour les jeunes mammifères au tout début de leur vie avant qu'ils puissent digérer d'autres types d'aliments. Le lait en début de lactation, de couleur jaunâtre, présente une composition différente et est appelé colostrum. Il porte les anticorps de la mère, réduisant ainsi le risque de nombreuses maladies chez le nouveau-né, et contient tous les nutriments indispensables[1].
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+ Le lait de jabot est une secrétion analogue au lait des mammifères, produite par le jabot de certains oiseaux, en particulier par les columbidae (pigeons ...).
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+
5
+ L'humain utilise le lait produit par certains mammifères domestiques, principalement celui de la vache, comme un aliment transformé ou non. Dans le monde entier, les fermes laitières ont produit environ 730 millions de tonnes de lait en 2011 notamment consommées en Inde, en Europe, en Australie, aux États-Unis, au Canada, en Chine et en Russie.
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+
7
+ Différentes boissons produites à base de végétaux sont par ailleurs parfois appelées laits (végétaux), notamment : lait de soja, d'avoine, de riz, de coco ou d'amande. Dans l’Union européenne, seules les deux dernières appellations sont autorisées dans le commerce.
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9
+ Le lait corporel est une émulsion cosmétique souvent parfumée destinée aux soins de la peau.
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+
11
+ Une préparation médicamenteuse ayant l'apparence du lait liquide biologique est aussi appelée lait.
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+
13
+ La lactation, fonction de produire du lait, est une capacité que possèdent les mammifères femelles. Elle commence chez les mammifères placentaires dès la fin de la gestation de la progéniture. Elle cesse lorsque la femelle n'est plus sollicitée par ses petits ou n'est plus traite s'il s'agit d'animaux domestiques producteurs de lait. Le lait est sécrété par les cellules des glandes mammaires qui, chez les mammifères dits thériens, sont contenues dans les mamelles, dans les seins chez la femme. Le lait sécrété dans les premiers jours après la parturition s'appelle le colostrum.
14
+
15
+ La fonction première du lait maternel est de nourrir la progéniture. Cet aliment est particulièrement adapté – du fait de sa composition – aux besoins nutritifs et de croissance des jeunes sujets jusqu'à ce qu'ils soient sevrés, c'est-à-dire capables de digérer une palette plus large d'autres aliments.
16
+
17
+ Les columbidae (pigeons, etc.), les flamants et les manchots nourrissent leurs oisillons avec le lait de jabot. Chez les pigeons, Il est issu de l’épithélium du jabot et régurgité aux jeunes. Chez les flamants, il est secrété dans toute la partie supérieure du tractus digestif et chez le manchot empereur par une glande œsophagique. Ce lait est constitué principalement de lipides, de protéines et d’eau, et dépourvu de glucides, à la différence des laits de mammifères.
18
+
19
+ Les poissons cichlidés (père et mère) secrètent un mucus, à travers leur peau, dont se nourrissent obligatoirement les alevins pendant leur quatre premières semaines[2].
20
+
21
+ Les mammifères monotrèmes ne possêdent pas de mammelles mais seulement des parties de peaux appelés champs mammaires où le lait suinte de différents orifices et que les petits viennent lécher[3].
22
+
23
+ Chez les mammifères, comme chez les oiseaux et les cichlidés, la secrétion du lait se fait sous la dépendance d'une hormone, la prolactine. Chez les mammifères placentaires, l'éjection du lait est induite par l'ocytocine[4]. Les hormones qui controlent la gestation (progestérone, ...) déterminent la préparation de la mamelle avant la parturition et ont ensuite un effet sur le maintien de la lactation.
24
+
25
+ Selon la théorie synthétique de l'évolution, les mammifères sont des synapsides (issus des reptiles mammaliens) dont la peau dépourvue d'écailles était riche en glandes exocrines (glandes à lipides, à mucus et glandes odorantes). Ces glandes se sont probablement regroupées autour d'un poil, les glandes à lipides devenant les glandes sébacées, celles à mucus les glandes sudoripares et celles à odeur évoluant en glandes lactéales sécrétant un mucus qui protégeait les œufs de la dessiccation et des infections. Les glandes lactéales sécrètent au cours de l'évolution un liquide de plus en plus riche en matières organiques, devenant un liquide lacté qui supplante au Trias le jaune d'œuf comme source d'éléments nutritifs pour le développement de l’embryon[5].
26
+
27
+ Cette caractéristique originelle est analogue à celle actuelle des monotrèmes , dont l'ornithorynque, qui sécrètent une substance semblable au lait à partir de glandes sans mamelons qui se trouvent à la surface de leur peau et qui permet à leur progéniture de boire après l'éclosion de leurs œufs.
28
+
29
+ De même les marsupiaux, les cousins les plus proches des mammifères placentaires, sécrètent une substance semblable au lait à partir d'un organe ressemblant �� un téton dans leur poche[6]. Le premier ancêtre immédiat connu des mammifères placentaires semble être Eomaia, une petite créature qui ressemblait superficiellement aux rongeurs et dont on pense qu'elle a vécu il y a 125 Ma, pendant le Crétacé. Il est presque certain qu'elle produisait ce qui serait considéré comme du lait, de la même façon que les mammifères placentaires modernes.
30
+
31
+ Outre le lait maternel, le lait des animaux est utilisé dans l'alimentation humaine dès leur domestication lors de la révolution néolithique. Les données de l’archéozoologie indiquent que l’exploitation du lait des vaches, des brebis et des chèvres est monnaie courante depuis les origines de l’élevage au Néolithique précéramique B, les moutons et les bœufs étant domestiqués au cours du 9e millénaire av. J.‑C. et les chèvres au cours du 8e millénaire av. J.‑C.[7],[8] ; il s'agit de ruminantia, c'est-à-dire de mammifères qui se sont adaptés pour survivre grâce à un régime d'herbe fraîche ou sèche, une source d'alimentation inutile aux humains et facilement stockée. Le paradigme à la fin du XXe siècle reposait sur l'idée que l'on commence à garder ces animaux pour leur viande et pour leur peau. Les élever pour leur lait se serait avéré être une méthode plus efficace pour transformer des pâturages incultes en nourriture ; par ailleurs, la valeur nutritive d'un animal tué pour sa viande aurait pu être contrebalancée par la valeur en lait produit par ce même animal, qui continuerait à en fournir – et quotidiennement – pendant des années. En réalité, ce paradigme est remis en cause par les données archéozoologiques : les espèces sont d'abord exploitées pour le transport et le travail de force (bât et traction) ainsi que leur lait alors que la production de viande lors de leur domestication est encore principalement assurée par la chasse[9].
32
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33
+ Au 7e millénaire av. J.‑C., il existe des troupeaux de bétail dans certaines parties de la Turquie actuelle et des traces de lait ont été retrouvées sur des fragments de poteries de cette époque[10]. Des résidus organiques de lait sur des fragments de poteries indiquent que l'on consommait du lait il y a 7 000 ans en Europe de l'Est et il y a 5 000 ans dans les Îles britanniques, au Néolithique[11]. Les résultats d'une étude publiée en 2019 suggèrent qu'au début de l'âge du fer en Bavière, du lait animal était donné aux jeunes enfants (respectivement 1, 1–2 et 0–6 ans) dans des « biberons » en céramique. Ces preuves de denrées alimentaires utilisées pour nourrir ou sevrer les nourrissons confirment l'importance du lait des animaux domestiques pour ces communautés à cette époque[12]. L'utilisation de fromage et de beurre s'est répandue en Europe et dans quelques parties de l'Asie et de l'Afrique. Les vaches domestiques, qui existaient déjà dans une grande partie de l'Eurasie, ont été alors introduites dans les colonies de l'Europe à l'époque des grandes explorations.
34
+
35
+ Aujourd'hui, l'usage du lait des animaux (eux-mêmes mammifères) domestiques est couramment constaté à tous les âges et de façon diversifiée par certaines populations du globe : utilisation en fonction des lieux de lait de vache, brebis, chèvre, jument, dri (yak), chamelle, dromadaire, bufflonne, renne, etc.
36
+
37
+ Le substantif masculin[13],[14],[15],[16],[17] « lait » est issu du latin vulgaire[14],[17] lactem, accusatif de déclinaison masculine ou féminine du latin lac, lactis, substantif neutre[14],[17],[18] désignant le « lait » de femme ou de femelle et le « suc laiteux des plantes ».
38
+
39
+ Selon le Congrès international de la répression des fraudes (1909), le lait est défini comme « le produit intégral de la traite totale et ininterrompue d'une femelle laitière bien portante, bien nourrie et non surmenée ; il doit être recueilli proprement et ne doit pas contenir de colostrum »[19].
40
+
41
+ En France, au niveau réglementaire, la dénomination « lait » sans indication de l'espèce animale de provenance, est réservée au lait de vache. Tout lait provenant d'une femelle laitière autre que la vache doit être désigné par la dénomination « lait » suivie de l'indication de l'espèce animale dont il provient : « lait de chèvre », « lait de brebis », « lait d'ânesse », etc.[20].
42
+
43
+ À partir de laits crus, des « laits spécifiques » ont été mis au point par l'industrie laitière pour répondre à des besoins de nature nutritive (lait maternisé) ou de commodité (lait en poudre, en tube, lait UHT, etc.).
44
+
45
+ Par analogie de consistance, d’apparence ou de mode de consommation alimentaire, certaines boissons produites à partir de végétaux sont également parfois désignées sous le terme de « lait végétal ». Parmi elles, les laits de soja (appelé « lait de soya » au Canada), d'avoine, d'amande, de coco, de riz, de souchet, de quinoa, de chanvre, de châtaigne, de noisette.
46
+
47
+ Dans l'Union européenne, l’appellation « lait » n’est pas autorisée commercialement pour ces produits, à l’exception des « lait de coco » et « lait d'amande »[21].
48
+
49
+ Un substitut du lait maternel est une préparation alimentaire destinée à remplacer le lait maternel humain, dans le cas où la mère ne peut ou ne souhaite pas allaiter son enfant. Ni le lait de vache[22], ni le lait d'autres mammifères, ni les laits végétaux ne conviennent à cet usage sans une adaptation préalable. Le lait de soja est par exemple trop riche en protéines, les autres laits végétaux (amande, noisette, riz, avoine) trop pauvres, et la plupart des laits végétaux sont trop pauvres en lipides[23]. Il existe cependant des boissons végétales dites « maternisées » disponibles en pharmacie et parfaitement adaptées à l'alimentation du nourrisson selon un rapport de l'Anses (dernier alinéa)[24].
50
+
51
+ Un lait de poule désigne en cuisine une boisson sucrée préparée en délayant un jaune d'œuf de poule dans un verre de lait.
52
+
53
+ Le lait est un liquide de couleur blanche, avec des nuances variant du bleuté au jaunâtre, légèrement visqueux, dont la composition et les caractéristiques physico-chimiques varient sensiblement selon les espèces animales, et même selon les races. Ces caractéristiques varient également au cours de la période de lactation, ainsi qu’au cours de la traite ou de l'allaitement.
54
+
55
+ Le lait de vache a une densité moyenne égale à 1,032. C'est un mélange très complexe et très instable. Il contient une forte proportion d'eau, environ 87 %. Le reste constitue l'extrait sec qui représente 130 g par litre, dont 35 à 45 g de matières grasses.
56
+
57
+ Le lait contient les différents groupes de nutriments. Les substances organiques se répartissent en éléments bâtisseurs, les protides, et en éléments énergétiques, les glucides et les lipides. À cela s'ajoutent des éléments fonctionnels, c'est-à-dire des sels minéraux (Ca, P, K, Na, Mg, etc.), des vitamines et de l'eau. Il comporte aussi de la casomorphine, une protéine qui inhibe la sensation de douleur.
58
+
59
+ Le lait est à la fois une solution (lactose, sels minéraux), une suspension (matières azotées) et une émulsion (matières grasses), dont les teneurs varient selon la race de l'animal, son état, son âge et son alimentation.
60
+
61
+ L'ultrafiltration ne concentre pas les sels minéraux contenus dans la phase aqueuse du lait, mais la teneur des éléments complexés aux protéines varie proportionnellement au facteur de concentration (qui est dans ce cas, avec le pH le seul facteur faisant varier le taux d'éléments minéraux complexés par rapport aux éléments solubles des rétentats[25]). L'augmentation des teneurs en protéines et en sels augmente le pouvoir tampon du rétentat et augmente la quantité d'acide lactique nécessaire pour atteindre un pH donné[25]. L'ajout de chlorure de sodium provoque une solubilisation partielle du magnésium et du calcium qui étaient complexés[25].
62
+
63
+ Le pH du lait est légèrement acide (pH compris entre 6,4 et 6,8 pour le lait de vache[26]). Il est légèrement basique pour le lait humain avec un pH compris entre 7 et 7,5. L'acidité du lait augmente avec le temps. En effet, le lactose va être dégradé en acide lactique, ce qui permettra d'avoir un indicateur du degré de conservation. Pour cela, on utilise le degré Dornic (°D).
64
+
65
+ Le lait est également un milieu biologique : il contient des cellules sanguines et mammaires (autour de 250 000 par ml) et des micro-organismes (autour de 15 000 par ml)[27].
66
+
67
+ 100 g de lait contiennent 87 g d'eau et 13 g de matière sèche. Les principaux constituants de la matière sèche du lait sont :
68
+
69
+ Le lait est, parmi les liquides biologiques animaux, un de ceux qui contiennent la plus grande concentration d’acide citrique, c'est un anticoagulant et il s’oppose à la précipitation des protéines[31].
70
+
71
+ Globalement, il y a plus de groupes carboxyle que de groupes amine, ceci explique que le lait soit légèrement acide (6,6 < pH < 6,8).
72
+
73
+ Le lait d'ânesse et celui de jument sont ceux qui contiennent le moins de matières grasses, alors que celui de phoque en contient plus de 50 %. D'une manière générale, le lait des mammifères marins est bien plus riche en graisses et nutriments que celui des mammifères terrestres.
74
+
75
+ En 2009, le plus grand producteur de lait et de produits laitiers est l'Union européenne suivie par l'Inde, les États-Unis, la Chine, l'Allemagne, le Brésil et la Russie[34]. Tous les membres de l'Union européenne réunis ont produit environ 138 millions de tonnes de lait en 2011[35]. Dans le monde entier, les fermes laitières ont produit environ 730 millions de tonnes de lait en 2011 notamment consommées par l'Inde, l'Europe, l'Australie et les États-Unis, la Chine et la Russie[36],[37].
76
+
77
+ L'augmentation de la richesse dans les pays en développement, ainsi que la promotion accrue du lait et des produits laitiers, a conduit à une augmentation de la consommation de lait dans les pays en développement au cours des dernières années. À leur tour, les possibilités offertes par ces marchés en croissance ont attiré des investissements par les entreprises laitières multinationales. Néanmoins, dans de nombreux pays, la production reste moindre et présente des possibilités importantes de diversification des sources de revenus des petits exploitants[38]. Les centres locaux de collecte de lait, où le lait est recueilli et congelé avant d'être transféré aux laiteries urbaines, sont un bon exemple où les agriculteurs ont pu travailler en coopérative, en particulier dans des pays comme l'Inde[39].
78
+
79
+ Le lait de chaque espèce de mammifères est particulièrement adapté à la nourriture de sa progéniture, ceux-ci consomment celui de leur mère jusqu'au sevrage, puis, hormis certains animaux domestiques, les animaux sauvages n'ont plus de leur vie l'occasion d'en consommer. Les nourrissons humains, quand leur mère ne le peut (infections, éloignement, malformations) ou ne le veut pas, peuvent être allaités par d'autres femmes appelées nourrices, être nourris au biberon par du lait humain collecté ou à défaut doivent consommer du lait animal modifié, dit « lait maternisé », ou encore, en cas d'allergie, des « laits végétaux » tels que le lait de soja. Pour extraire le lait humain, on utilise un mécanisme particulier nommé tire-lait. Il existe des lactariums (banques du lait) pour pallier ces problèmes d'approvisionnement maternel.
80
+
81
+ Les adultes de nombreuses régions du monde consomment du lait animal, plus ou moins transformé en produits laitiers (lait normalisé, fromage, yaourt, etc.). Le lait le plus consommé est issu de la traite des vaches, mais de nombreuses espèces d'animaux domestiques peuvent servir à produire du lait. Cette récolte peut se faire par des techniques manuelles ancestrales, mécanisées voire automatisées. L'automatisation ne concerne pratiquement que le lait de vache.
82
+
83
+ Les animaux principalement utilisés pour la production alimentaire de lait sont la brebis, la chèvre, la jument, l'ânesse, la chamelle (et d'autres camélidés), le yak, la bufflonne, la renne, l'élan et la vache.
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+ Après la traite, le lait peut être consommé sous sa forme crue, froid ou réchauffé; c'est sous cette forme qu'il l'a été durant des siècles. Cependant, comme il se dégrade assez vite, l'habitude fut prise de le faire bouillir pour détruire les bactéries pathogènes ou non[réf. nécessaire], c'est un début de pasteurisation. Afin d'éviter le débordement hors de la casserole ou du cuit-lait lors de l'ébullition, on peut placer un anti-monte-lait dans le fond du récipient (cet objet de verre est destiné à avertir par le bruit qu'il fait en choquant le récipient lors de l'ébullition du lait et n'empêche pas le débordement). Il peut aussi être transformé en fromages, yaourts et autres produits laitiers.
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+ Au début du XIXe siècle, le lait a même pu être déshydraté ; le lait humain maternel, de jument, de chèvre, d'ânesse, etc. peuvent également être congelés. À partir de la fin du XIXe siècle, les formes les plus courantes de lait proposées à la vente sont le lait pasteurisé et le lait concentré sucré appertisé ; le procédé UHT est créé au XXe siècle. Au Canada et dans certains États des États-Unis, la commercialisation de lait cru est interdite alors qu'elle est autorisée en Europe.
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+ En 1954, Pierre Mendès France, alors président du Conseil, organise la distribution de lait dans les écoles et casernes de France pour lutter contre la dénutrition et l'alcoolisme[44],[45],[46].
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+ Il a été prêté à la consommation de lait le pouvoir de prévenir de certains empoisonnements notamment aux champignons. Il est jugé, maintenant, que le lait n'aurait aucun pouvoir de ce type[47].
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93
+ Des indices laissent penser que le chauffage du lait pourrait favoriser le développement de l'allergie chez les nourrissons[48]. Au XVIIIe siècle, il n'était pas d'usage de chauffer le lait. D'après Jacques-Christophe Valmont de Bomare, en 1775[49] :
94
+
95
+ « On ne devroit jamais faire bouillir le lait ni l'écumer; on n'en devroit faire usage que dans un degré de chaleur semblable à celui qu'il a sortant des mamelles de l'animal. »
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+ Le lait contient du calcium qui est présent sous une forme permettant une absorption intestinale de l'ordre de 30 %[50]. Le calcium contribue à assurer la solidité osseuse et à protéger contre l'ostéoporose sous réserve de ne pas manquer de vitamine D qui permet d'absorber le calcium ingéré[51]. Le calcium est aussi présent dans de nombreux aliments de consommation courante comme le chou ou les fruits secs. Pour un régime alimentaire équilibré, les produits laitiers ne sont donc pas essentiels[52]. Les apports journaliers recommandés (AJR) en calcium sont de 800 mg dans l'Union européenne[53]. Cependant, selon le département nutrition de l'école de santé publique de l'université Harvard, la quantité adéquate de calcium qui doit composer notre régime alimentaire n'a pas encore été déterminée[54]. L'OMS constate que des valeurs de 500 mg n’entraînent pas toujours de carence, en particulier dans les pays en développement[55].
98
+
99
+ Le lait apporte des protéines, des vitamines et des oligo-éléments, dont du zinc et du sélénium, et des oméga-3.
100
+
101
+ En 2011, une meta-analyse n'a pas trouvé d'association entre la consommation de lait et une protection contre les fractures de la hanche chez les adultes et les personnes âgées[56].
102
+
103
+ Une étude scientifique allemande de Campus Mitte publiée en 2007, venant confirmer une précédente suggestion parue dans la revue « Nature » en 2003, montre que la présence de lait dans le thé noir voire vert inhibe l'action vasodilatatrice de ce dernier, habituellement constatée grâce aux polyphénols protégeant l’organisme contre les maladies cardiovasculaires[57],[58],[59],[60],[61].
104
+
105
+ L'intolérance au lactose n'empêche pas la consommation modérée de lait sous forme de fromage ou de yaourt[62]. Il existe sous diverses formes des laits délactosés ou à teneur réduite en lactose.
106
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107
+ Le lactose est présent dans le lait mais aussi dans de très nombreux produits alimentaires industriels auxquels il est rajouté.
108
+
109
+ Le lait reflète en partie l'environnement de la mère ou de l'animal qui l'a produit. Dans un environnement pollué, ou à la suite d'une alimentation contaminée de la mère ou des animaux le produisant, le lait peut contenir certains polluants (radionucléides, éléments-traces métalliques, pesticides, etc.). En raison d'une teneur élevée en matière grasse, il peut notamment contenir certains polluants liposolubles tels que dioxines, furanes ou polychlorobiphényles (PCB) susceptibles de poser problème chez les consommateurs de lait, notamment chez l'enfant (le lait est le premier aliment de la vie, souvent très consommé dans l'enfance).
110
+
111
+ Ainsi a-t-on récemment (2011, 2012) étudié le lait ingéré par les habitants de l'archipel espagnol des Canaries, car ils comptent parmi les plus grands consommateurs de lait en Espagne et en Europe. Or, l'archipel ayant une balance commerciale agricole très déficitaire, l'essentiel du lait y est importé[63]. Les pesticides organochlorés et PCB ont donc été quantifiés dans 26 marques de lait (16 issues de l'agriculture intensive et 10 issues de marques « bio »)[63]. Résultats (publiés en 2012) : de l'hexachlorobenzène, du trans-chlordane et un PCB (PCB 153) étaient présents dans presque tous les échantillons, indépendamment du type de lait ; les taux de pesticides organochlorés étaient « très faibles », et plus bas dans les laits « bio » que dans ceux issus de l'élevage conventionnel, avec une dose journalière ingérée inférieure à la dose journalière admissible (DJA, déterminée par les agences internationales), mais dans ces mêmes laits, si les taux de PCB étaient également « très faibles », contrairement aux pesticides organochlorés, ils présentaient des teneurs plus élevées dans les laits « bio » que dans les laits « conventionnels »[63]. Les chercheurs ont en outre été surpris de trouver dans les deux types de lait des taux de PCB de type dioxine (PCB-DL) atteignant 25 pg TEQ-OMS par gramme de graisse dans le centile 75, mettant en évidence que plusieurs marques étaient « fortement contaminées par ces substances toxiques », au point que les personnes consommant les marques de lait les plus contaminés peuvent chaque jour largement dépasser la dose journalière recommandée dans l'Union européenne (2 pg WHO-TEQ par kilogramme et par jour), ce qui est « préoccupant si l'on considère les effets bien connus pour la santé exercés par composés de type dioxine » alertent les chercheurs[63], d'autant que le fœtus peut déjà avoir été excessivement exposé à ces produits in utero, y compris dans ce même archipel des Canaries, bien qu'il semble très éloigné des sources habituelles industrielles ou agricoles d'organochlorés[64]. Ceci a été scientifiquement démontré en 2009[64].
112
+
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+ La production laitière peut qualitativement comme quantitativement être affectée par la présence d'éoliennes, de parcs photovoltaïques, ou de câbles sous-terrains[65]. Ceci est confirmé par constat d'huissiers[65].
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+ Aucune preuve scientifique ne montre la présence ou l'absence d'influences de ces installations industrielles sur la qualité du lait[65].
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+ Dans certaines situations, le sol des exploitations peut dégager des courants électriques[66].
118
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+ Le lait est le symbole de la maternité et du lien maternel.
120
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121
+ Il est aussi symbole d'abondance (la corne d'abondance provient de la chèvre nourrice de Zeus) et de richesse. La rivière de lait aux berges de kissel (soupe de fruits au lait ou au vin) est un thème des contes traditionnels russes comme par exemple dans Le Tsar de l'Onde et Vassilissa la très-sage.
122
+
123
+ Le lait sert fréquemment de métonymie ou de superlatif pour la couleur blanche : « blanc de lait » décrit la couleur de l'albâtre, du marbre, d'une fleur, de la peau d'une personne[67]. Il s'utilise pour tout type de liquide blanc (voir Lait (homonymie) )
124
+
125
+ On retrouve des références au lait dans diverses anciennes mythologies. Dans l'Égypte antique, le lait était le cadeau que faisait la déesse Isis aux hommes de la Vallée du Nil. Dans le Livre de l'Exode, le dieu unique du peuple juif avait promis à Moïse de mener son peuple « vers un pays ruisselant de lait et de miel », le lait est ici symbole d'abondance. Pour le docteur de l'Église, saint Grégoire le Grand, le lait évoqué dans la Bible et particulièrement dans la première Lettre de Saint-Pierre (2,2) est synonyme de sagesse éternelle et de tendresse divine[68].
126
+
127
+ On raconte que Héraclès nourrisson (alors Alcide) s'était jeté avec une telle soif sur le sein de la déesse Héra qu'une giclée de lait sortit et forma la Voie lactée. Cette têtée lui conféra l'immortalité et il y gagna son nom qui signifie Gloire d'Héra. Plus tard, il récupéra la Corne d'Abondance, une corne perdue d'Amalthée qui avait nourri de son lait Zeus enfant.
128
+
129
+ Pour les Hindouistes, le monde a été créé à partir du barattage de la mer de lait.
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+ Dans la mythologie scandinave, Audhumla est la vache nourricière du premier être vivant : le géant Ymir.
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+ L'allaitement est très présent dans les récits mythologiques, où des nouveau-nés sont allaités par des animaux. Alors que Zeus fut nourri par la chèvre Amalthée, les deux fondateurs de Rome, Romulus et Rémus sont allaités par une louve[69].
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+
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+ Le lait n'est pas directement source de tabou alimentaire spécifique, mais il l'est au travers de la consommation de produits laitiers[pas clair]. Au Moyen Âge, dans certaines recettes, le lait animal était remplacé par le lait d'amande. En Bretagne, le lait ribot (du breton « laez ribod » qui signifie lait baratté), est un lait dit maigre, c'est-à-dire pauvre en graisse, que l'on boit le vendredi.
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+ Dans la Bible, la loi mosaïque défend de cuire « un chevreau dans le lait de sa mère »[70]. Ce commandement a été étendu à l'interdiction de mélanger les produits carnés et lactés dans le judaïsme[71],[72] ; il peut être associé à d'autres, comme celui qui interdit de sacrifier un animal s’il n’est pas resté avec sa mère pendant au moins sept jours[73].
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+ Le lait est un liquide biologique comestible généralement de couleur blanchâtre produit par les glandes mammaires des mammifères femelles. Aliment complet équilibré, il est la seule source de nutriments pour les jeunes mammifères au tout début de leur vie avant qu'ils puissent digérer d'autres types d'aliments. Le lait en début de lactation, de couleur jaunâtre, présente une composition différente et est appelé colostrum. Il porte les anticorps de la mère, réduisant ainsi le risque de nombreuses maladies chez le nouveau-né, et contient tous les nutriments indispensables[1].
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+ Le lait de jabot est une secrétion analogue au lait des mammifères, produite par le jabot de certains oiseaux, en particulier par les columbidae (pigeons ...).
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+ L'humain utilise le lait produit par certains mammifères domestiques, principalement celui de la vache, comme un aliment transformé ou non. Dans le monde entier, les fermes laitières ont produit environ 730 millions de tonnes de lait en 2011 notamment consommées en Inde, en Europe, en Australie, aux États-Unis, au Canada, en Chine et en Russie.
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+ Différentes boissons produites à base de végétaux sont par ailleurs parfois appelées laits (végétaux), notamment : lait de soja, d'avoine, de riz, de coco ou d'amande. Dans l’Union européenne, seules les deux dernières appellations sont autorisées dans le commerce.
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+ Le lait corporel est une émulsion cosmétique souvent parfumée destinée aux soins de la peau.
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+ Une préparation médicamenteuse ayant l'apparence du lait liquide biologique est aussi appelée lait.
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+
13
+ La lactation, fonction de produire du lait, est une capacité que possèdent les mammifères femelles. Elle commence chez les mammifères placentaires dès la fin de la gestation de la progéniture. Elle cesse lorsque la femelle n'est plus sollicitée par ses petits ou n'est plus traite s'il s'agit d'animaux domestiques producteurs de lait. Le lait est sécrété par les cellules des glandes mammaires qui, chez les mammifères dits thériens, sont contenues dans les mamelles, dans les seins chez la femme. Le lait sécrété dans les premiers jours après la parturition s'appelle le colostrum.
14
+
15
+ La fonction première du lait maternel est de nourrir la progéniture. Cet aliment est particulièrement adapté – du fait de sa composition – aux besoins nutritifs et de croissance des jeunes sujets jusqu'à ce qu'ils soient sevrés, c'est-à-dire capables de digérer une palette plus large d'autres aliments.
16
+
17
+ Les columbidae (pigeons, etc.), les flamants et les manchots nourrissent leurs oisillons avec le lait de jabot. Chez les pigeons, Il est issu de l’épithélium du jabot et régurgité aux jeunes. Chez les flamants, il est secrété dans toute la partie supérieure du tractus digestif et chez le manchot empereur par une glande œsophagique. Ce lait est constitué principalement de lipides, de protéines et d’eau, et dépourvu de glucides, à la différence des laits de mammifères.
18
+
19
+ Les poissons cichlidés (père et mère) secrètent un mucus, à travers leur peau, dont se nourrissent obligatoirement les alevins pendant leur quatre premières semaines[2].
20
+
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+ Les mammifères monotrèmes ne possêdent pas de mammelles mais seulement des parties de peaux appelés champs mammaires où le lait suinte de différents orifices et que les petits viennent lécher[3].
22
+
23
+ Chez les mammifères, comme chez les oiseaux et les cichlidés, la secrétion du lait se fait sous la dépendance d'une hormone, la prolactine. Chez les mammifères placentaires, l'éjection du lait est induite par l'ocytocine[4]. Les hormones qui controlent la gestation (progestérone, ...) déterminent la préparation de la mamelle avant la parturition et ont ensuite un effet sur le maintien de la lactation.
24
+
25
+ Selon la théorie synthétique de l'évolution, les mammifères sont des synapsides (issus des reptiles mammaliens) dont la peau dépourvue d'écailles était riche en glandes exocrines (glandes à lipides, à mucus et glandes odorantes). Ces glandes se sont probablement regroupées autour d'un poil, les glandes à lipides devenant les glandes sébacées, celles à mucus les glandes sudoripares et celles à odeur évoluant en glandes lactéales sécrétant un mucus qui protégeait les œufs de la dessiccation et des infections. Les glandes lactéales sécrètent au cours de l'évolution un liquide de plus en plus riche en matières organiques, devenant un liquide lacté qui supplante au Trias le jaune d'œuf comme source d'éléments nutritifs pour le développement de l’embryon[5].
26
+
27
+ Cette caractéristique originelle est analogue à celle actuelle des monotrèmes , dont l'ornithorynque, qui sécrètent une substance semblable au lait à partir de glandes sans mamelons qui se trouvent à la surface de leur peau et qui permet à leur progéniture de boire après l'éclosion de leurs œufs.
28
+
29
+ De même les marsupiaux, les cousins les plus proches des mammifères placentaires, sécrètent une substance semblable au lait à partir d'un organe ressemblant �� un téton dans leur poche[6]. Le premier ancêtre immédiat connu des mammifères placentaires semble être Eomaia, une petite créature qui ressemblait superficiellement aux rongeurs et dont on pense qu'elle a vécu il y a 125 Ma, pendant le Crétacé. Il est presque certain qu'elle produisait ce qui serait considéré comme du lait, de la même façon que les mammifères placentaires modernes.
30
+
31
+ Outre le lait maternel, le lait des animaux est utilisé dans l'alimentation humaine dès leur domestication lors de la révolution néolithique. Les données de l’archéozoologie indiquent que l’exploitation du lait des vaches, des brebis et des chèvres est monnaie courante depuis les origines de l’élevage au Néolithique précéramique B, les moutons et les bœufs étant domestiqués au cours du 9e millénaire av. J.‑C. et les chèvres au cours du 8e millénaire av. J.‑C.[7],[8] ; il s'agit de ruminantia, c'est-à-dire de mammifères qui se sont adaptés pour survivre grâce à un régime d'herbe fraîche ou sèche, une source d'alimentation inutile aux humains et facilement stockée. Le paradigme à la fin du XXe siècle reposait sur l'idée que l'on commence à garder ces animaux pour leur viande et pour leur peau. Les élever pour leur lait se serait avéré être une méthode plus efficace pour transformer des pâturages incultes en nourriture ; par ailleurs, la valeur nutritive d'un animal tué pour sa viande aurait pu être contrebalancée par la valeur en lait produit par ce même animal, qui continuerait à en fournir – et quotidiennement – pendant des années. En réalité, ce paradigme est remis en cause par les données archéozoologiques : les espèces sont d'abord exploitées pour le transport et le travail de force (bât et traction) ainsi que leur lait alors que la production de viande lors de leur domestication est encore principalement assurée par la chasse[9].
32
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33
+ Au 7e millénaire av. J.‑C., il existe des troupeaux de bétail dans certaines parties de la Turquie actuelle et des traces de lait ont été retrouvées sur des fragments de poteries de cette époque[10]. Des résidus organiques de lait sur des fragments de poteries indiquent que l'on consommait du lait il y a 7 000 ans en Europe de l'Est et il y a 5 000 ans dans les Îles britanniques, au Néolithique[11]. Les résultats d'une étude publiée en 2019 suggèrent qu'au début de l'âge du fer en Bavière, du lait animal était donné aux jeunes enfants (respectivement 1, 1–2 et 0–6 ans) dans des « biberons » en céramique. Ces preuves de denrées alimentaires utilisées pour nourrir ou sevrer les nourrissons confirment l'importance du lait des animaux domestiques pour ces communautés à cette époque[12]. L'utilisation de fromage et de beurre s'est répandue en Europe et dans quelques parties de l'Asie et de l'Afrique. Les vaches domestiques, qui existaient déjà dans une grande partie de l'Eurasie, ont été alors introduites dans les colonies de l'Europe à l'époque des grandes explorations.
34
+
35
+ Aujourd'hui, l'usage du lait des animaux (eux-mêmes mammifères) domestiques est couramment constaté à tous les âges et de façon diversifiée par certaines populations du globe : utilisation en fonction des lieux de lait de vache, brebis, chèvre, jument, dri (yak), chamelle, dromadaire, bufflonne, renne, etc.
36
+
37
+ Le substantif masculin[13],[14],[15],[16],[17] « lait » est issu du latin vulgaire[14],[17] lactem, accusatif de déclinaison masculine ou féminine du latin lac, lactis, substantif neutre[14],[17],[18] désignant le « lait » de femme ou de femelle et le « suc laiteux des plantes ».
38
+
39
+ Selon le Congrès international de la répression des fraudes (1909), le lait est défini comme « le produit intégral de la traite totale et ininterrompue d'une femelle laitière bien portante, bien nourrie et non surmenée ; il doit être recueilli proprement et ne doit pas contenir de colostrum »[19].
40
+
41
+ En France, au niveau réglementaire, la dénomination « lait » sans indication de l'espèce animale de provenance, est réservée au lait de vache. Tout lait provenant d'une femelle laitière autre que la vache doit être désigné par la dénomination « lait » suivie de l'indication de l'espèce animale dont il provient : « lait de chèvre », « lait de brebis », « lait d'ânesse », etc.[20].
42
+
43
+ À partir de laits crus, des « laits spécifiques » ont été mis au point par l'industrie laitière pour répondre à des besoins de nature nutritive (lait maternisé) ou de commodité (lait en poudre, en tube, lait UHT, etc.).
44
+
45
+ Par analogie de consistance, d’apparence ou de mode de consommation alimentaire, certaines boissons produites à partir de végétaux sont également parfois désignées sous le terme de « lait végétal ». Parmi elles, les laits de soja (appelé « lait de soya » au Canada), d'avoine, d'amande, de coco, de riz, de souchet, de quinoa, de chanvre, de châtaigne, de noisette.
46
+
47
+ Dans l'Union européenne, l’appellation « lait » n’est pas autorisée commercialement pour ces produits, à l’exception des « lait de coco » et « lait d'amande »[21].
48
+
49
+ Un substitut du lait maternel est une préparation alimentaire destinée à remplacer le lait maternel humain, dans le cas où la mère ne peut ou ne souhaite pas allaiter son enfant. Ni le lait de vache[22], ni le lait d'autres mammifères, ni les laits végétaux ne conviennent à cet usage sans une adaptation préalable. Le lait de soja est par exemple trop riche en protéines, les autres laits végétaux (amande, noisette, riz, avoine) trop pauvres, et la plupart des laits végétaux sont trop pauvres en lipides[23]. Il existe cependant des boissons végétales dites « maternisées » disponibles en pharmacie et parfaitement adaptées à l'alimentation du nourrisson selon un rapport de l'Anses (dernier alinéa)[24].
50
+
51
+ Un lait de poule désigne en cuisine une boisson sucrée préparée en délayant un jaune d'œuf de poule dans un verre de lait.
52
+
53
+ Le lait est un liquide de couleur blanche, avec des nuances variant du bleuté au jaunâtre, légèrement visqueux, dont la composition et les caractéristiques physico-chimiques varient sensiblement selon les espèces animales, et même selon les races. Ces caractéristiques varient également au cours de la période de lactation, ainsi qu’au cours de la traite ou de l'allaitement.
54
+
55
+ Le lait de vache a une densité moyenne égale à 1,032. C'est un mélange très complexe et très instable. Il contient une forte proportion d'eau, environ 87 %. Le reste constitue l'extrait sec qui représente 130 g par litre, dont 35 à 45 g de matières grasses.
56
+
57
+ Le lait contient les différents groupes de nutriments. Les substances organiques se répartissent en éléments bâtisseurs, les protides, et en éléments énergétiques, les glucides et les lipides. À cela s'ajoutent des éléments fonctionnels, c'est-à-dire des sels minéraux (Ca, P, K, Na, Mg, etc.), des vitamines et de l'eau. Il comporte aussi de la casomorphine, une protéine qui inhibe la sensation de douleur.
58
+
59
+ Le lait est à la fois une solution (lactose, sels minéraux), une suspension (matières azotées) et une émulsion (matières grasses), dont les teneurs varient selon la race de l'animal, son état, son âge et son alimentation.
60
+
61
+ L'ultrafiltration ne concentre pas les sels minéraux contenus dans la phase aqueuse du lait, mais la teneur des éléments complexés aux protéines varie proportionnellement au facteur de concentration (qui est dans ce cas, avec le pH le seul facteur faisant varier le taux d'éléments minéraux complexés par rapport aux éléments solubles des rétentats[25]). L'augmentation des teneurs en protéines et en sels augmente le pouvoir tampon du rétentat et augmente la quantité d'acide lactique nécessaire pour atteindre un pH donné[25]. L'ajout de chlorure de sodium provoque une solubilisation partielle du magnésium et du calcium qui étaient complexés[25].
62
+
63
+ Le pH du lait est légèrement acide (pH compris entre 6,4 et 6,8 pour le lait de vache[26]). Il est légèrement basique pour le lait humain avec un pH compris entre 7 et 7,5. L'acidité du lait augmente avec le temps. En effet, le lactose va être dégradé en acide lactique, ce qui permettra d'avoir un indicateur du degré de conservation. Pour cela, on utilise le degré Dornic (°D).
64
+
65
+ Le lait est également un milieu biologique : il contient des cellules sanguines et mammaires (autour de 250 000 par ml) et des micro-organismes (autour de 15 000 par ml)[27].
66
+
67
+ 100 g de lait contiennent 87 g d'eau et 13 g de matière sèche. Les principaux constituants de la matière sèche du lait sont :
68
+
69
+ Le lait est, parmi les liquides biologiques animaux, un de ceux qui contiennent la plus grande concentration d’acide citrique, c'est un anticoagulant et il s’oppose à la précipitation des protéines[31].
70
+
71
+ Globalement, il y a plus de groupes carboxyle que de groupes amine, ceci explique que le lait soit légèrement acide (6,6 < pH < 6,8).
72
+
73
+ Le lait d'ânesse et celui de jument sont ceux qui contiennent le moins de matières grasses, alors que celui de phoque en contient plus de 50 %. D'une manière générale, le lait des mammifères marins est bien plus riche en graisses et nutriments que celui des mammifères terrestres.
74
+
75
+ En 2009, le plus grand producteur de lait et de produits laitiers est l'Union européenne suivie par l'Inde, les États-Unis, la Chine, l'Allemagne, le Brésil et la Russie[34]. Tous les membres de l'Union européenne réunis ont produit environ 138 millions de tonnes de lait en 2011[35]. Dans le monde entier, les fermes laitières ont produit environ 730 millions de tonnes de lait en 2011 notamment consommées par l'Inde, l'Europe, l'Australie et les États-Unis, la Chine et la Russie[36],[37].
76
+
77
+ L'augmentation de la richesse dans les pays en développement, ainsi que la promotion accrue du lait et des produits laitiers, a conduit à une augmentation de la consommation de lait dans les pays en développement au cours des dernières années. À leur tour, les possibilités offertes par ces marchés en croissance ont attiré des investissements par les entreprises laitières multinationales. Néanmoins, dans de nombreux pays, la production reste moindre et présente des possibilités importantes de diversification des sources de revenus des petits exploitants[38]. Les centres locaux de collecte de lait, où le lait est recueilli et congelé avant d'être transféré aux laiteries urbaines, sont un bon exemple où les agriculteurs ont pu travailler en coopérative, en particulier dans des pays comme l'Inde[39].
78
+
79
+ Le lait de chaque espèce de mammifères est particulièrement adapté à la nourriture de sa progéniture, ceux-ci consomment celui de leur mère jusqu'au sevrage, puis, hormis certains animaux domestiques, les animaux sauvages n'ont plus de leur vie l'occasion d'en consommer. Les nourrissons humains, quand leur mère ne le peut (infections, éloignement, malformations) ou ne le veut pas, peuvent être allaités par d'autres femmes appelées nourrices, être nourris au biberon par du lait humain collecté ou à défaut doivent consommer du lait animal modifié, dit « lait maternisé », ou encore, en cas d'allergie, des « laits végétaux » tels que le lait de soja. Pour extraire le lait humain, on utilise un mécanisme particulier nommé tire-lait. Il existe des lactariums (banques du lait) pour pallier ces problèmes d'approvisionnement maternel.
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+ Les adultes de nombreuses régions du monde consomment du lait animal, plus ou moins transformé en produits laitiers (lait normalisé, fromage, yaourt, etc.). Le lait le plus consommé est issu de la traite des vaches, mais de nombreuses espèces d'animaux domestiques peuvent servir à produire du lait. Cette récolte peut se faire par des techniques manuelles ancestrales, mécanisées voire automatisées. L'automatisation ne concerne pratiquement que le lait de vache.
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+ Les animaux principalement utilisés pour la production alimentaire de lait sont la brebis, la chèvre, la jument, l'ânesse, la chamelle (et d'autres camélidés), le yak, la bufflonne, la renne, l'élan et la vache.
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+ Après la traite, le lait peut être consommé sous sa forme crue, froid ou réchauffé; c'est sous cette forme qu'il l'a été durant des siècles. Cependant, comme il se dégrade assez vite, l'habitude fut prise de le faire bouillir pour détruire les bactéries pathogènes ou non[réf. nécessaire], c'est un début de pasteurisation. Afin d'éviter le débordement hors de la casserole ou du cuit-lait lors de l'ébullition, on peut placer un anti-monte-lait dans le fond du récipient (cet objet de verre est destiné à avertir par le bruit qu'il fait en choquant le récipient lors de l'ébullition du lait et n'empêche pas le débordement). Il peut aussi être transformé en fromages, yaourts et autres produits laitiers.
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+ Au début du XIXe siècle, le lait a même pu être déshydraté ; le lait humain maternel, de jument, de chèvre, d'ânesse, etc. peuvent également être congelés. À partir de la fin du XIXe siècle, les formes les plus courantes de lait proposées à la vente sont le lait pasteurisé et le lait concentré sucré appertisé ; le procédé UHT est créé au XXe siècle. Au Canada et dans certains États des États-Unis, la commercialisation de lait cru est interdite alors qu'elle est autorisée en Europe.
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+ En 1954, Pierre Mendès France, alors président du Conseil, organise la distribution de lait dans les écoles et casernes de France pour lutter contre la dénutrition et l'alcoolisme[44],[45],[46].
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+ Il a été prêté à la consommation de lait le pouvoir de prévenir de certains empoisonnements notamment aux champignons. Il est jugé, maintenant, que le lait n'aurait aucun pouvoir de ce type[47].
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+ Des indices laissent penser que le chauffage du lait pourrait favoriser le développement de l'allergie chez les nourrissons[48]. Au XVIIIe siècle, il n'était pas d'usage de chauffer le lait. D'après Jacques-Christophe Valmont de Bomare, en 1775[49] :
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+ « On ne devroit jamais faire bouillir le lait ni l'écumer; on n'en devroit faire usage que dans un degré de chaleur semblable à celui qu'il a sortant des mamelles de l'animal. »
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+ Le lait contient du calcium qui est présent sous une forme permettant une absorption intestinale de l'ordre de 30 %[50]. Le calcium contribue à assurer la solidité osseuse et à protéger contre l'ostéoporose sous réserve de ne pas manquer de vitamine D qui permet d'absorber le calcium ingéré[51]. Le calcium est aussi présent dans de nombreux aliments de consommation courante comme le chou ou les fruits secs. Pour un régime alimentaire équilibré, les produits laitiers ne sont donc pas essentiels[52]. Les apports journaliers recommandés (AJR) en calcium sont de 800 mg dans l'Union européenne[53]. Cependant, selon le département nutrition de l'école de santé publique de l'université Harvard, la quantité adéquate de calcium qui doit composer notre régime alimentaire n'a pas encore été déterminée[54]. L'OMS constate que des valeurs de 500 mg n’entraînent pas toujours de carence, en particulier dans les pays en développement[55].
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+ Le lait apporte des protéines, des vitamines et des oligo-éléments, dont du zinc et du sélénium, et des oméga-3.
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+ En 2011, une meta-analyse n'a pas trouvé d'association entre la consommation de lait et une protection contre les fractures de la hanche chez les adultes et les personnes âgées[56].
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103
+ Une étude scientifique allemande de Campus Mitte publiée en 2007, venant confirmer une précédente suggestion parue dans la revue « Nature » en 2003, montre que la présence de lait dans le thé noir voire vert inhibe l'action vasodilatatrice de ce dernier, habituellement constatée grâce aux polyphénols protégeant l’organisme contre les maladies cardiovasculaires[57],[58],[59],[60],[61].
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105
+ L'intolérance au lactose n'empêche pas la consommation modérée de lait sous forme de fromage ou de yaourt[62]. Il existe sous diverses formes des laits délactosés ou à teneur réduite en lactose.
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107
+ Le lactose est présent dans le lait mais aussi dans de très nombreux produits alimentaires industriels auxquels il est rajouté.
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+ Le lait reflète en partie l'environnement de la mère ou de l'animal qui l'a produit. Dans un environnement pollué, ou à la suite d'une alimentation contaminée de la mère ou des animaux le produisant, le lait peut contenir certains polluants (radionucléides, éléments-traces métalliques, pesticides, etc.). En raison d'une teneur élevée en matière grasse, il peut notamment contenir certains polluants liposolubles tels que dioxines, furanes ou polychlorobiphényles (PCB) susceptibles de poser problème chez les consommateurs de lait, notamment chez l'enfant (le lait est le premier aliment de la vie, souvent très consommé dans l'enfance).
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+ Ainsi a-t-on récemment (2011, 2012) étudié le lait ingéré par les habitants de l'archipel espagnol des Canaries, car ils comptent parmi les plus grands consommateurs de lait en Espagne et en Europe. Or, l'archipel ayant une balance commerciale agricole très déficitaire, l'essentiel du lait y est importé[63]. Les pesticides organochlorés et PCB ont donc été quantifiés dans 26 marques de lait (16 issues de l'agriculture intensive et 10 issues de marques « bio »)[63]. Résultats (publiés en 2012) : de l'hexachlorobenzène, du trans-chlordane et un PCB (PCB 153) étaient présents dans presque tous les échantillons, indépendamment du type de lait ; les taux de pesticides organochlorés étaient « très faibles », et plus bas dans les laits « bio » que dans ceux issus de l'élevage conventionnel, avec une dose journalière ingérée inférieure à la dose journalière admissible (DJA, déterminée par les agences internationales), mais dans ces mêmes laits, si les taux de PCB étaient également « très faibles », contrairement aux pesticides organochlorés, ils présentaient des teneurs plus élevées dans les laits « bio » que dans les laits « conventionnels »[63]. Les chercheurs ont en outre été surpris de trouver dans les deux types de lait des taux de PCB de type dioxine (PCB-DL) atteignant 25 pg TEQ-OMS par gramme de graisse dans le centile 75, mettant en évidence que plusieurs marques étaient « fortement contaminées par ces substances toxiques », au point que les personnes consommant les marques de lait les plus contaminés peuvent chaque jour largement dépasser la dose journalière recommandée dans l'Union européenne (2 pg WHO-TEQ par kilogramme et par jour), ce qui est « préoccupant si l'on considère les effets bien connus pour la santé exercés par composés de type dioxine » alertent les chercheurs[63], d'autant que le fœtus peut déjà avoir été excessivement exposé à ces produits in utero, y compris dans ce même archipel des Canaries, bien qu'il semble très éloigné des sources habituelles industrielles ou agricoles d'organochlorés[64]. Ceci a été scientifiquement démontré en 2009[64].
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+ La production laitière peut qualitativement comme quantitativement être affectée par la présence d'éoliennes, de parcs photovoltaïques, ou de câbles sous-terrains[65]. Ceci est confirmé par constat d'huissiers[65].
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+ Aucune preuve scientifique ne montre la présence ou l'absence d'influences de ces installations industrielles sur la qualité du lait[65].
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+ Dans certaines situations, le sol des exploitations peut dégager des courants électriques[66].
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+ Le lait est le symbole de la maternité et du lien maternel.
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+ Il est aussi symbole d'abondance (la corne d'abondance provient de la chèvre nourrice de Zeus) et de richesse. La rivière de lait aux berges de kissel (soupe de fruits au lait ou au vin) est un thème des contes traditionnels russes comme par exemple dans Le Tsar de l'Onde et Vassilissa la très-sage.
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+ Le lait sert fréquemment de métonymie ou de superlatif pour la couleur blanche : « blanc de lait » décrit la couleur de l'albâtre, du marbre, d'une fleur, de la peau d'une personne[67]. Il s'utilise pour tout type de liquide blanc (voir Lait (homonymie) )
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+ On retrouve des références au lait dans diverses anciennes mythologies. Dans l'Égypte antique, le lait était le cadeau que faisait la déesse Isis aux hommes de la Vallée du Nil. Dans le Livre de l'Exode, le dieu unique du peuple juif avait promis à Moïse de mener son peuple « vers un pays ruisselant de lait et de miel », le lait est ici symbole d'abondance. Pour le docteur de l'Église, saint Grégoire le Grand, le lait évoqué dans la Bible et particulièrement dans la première Lettre de Saint-Pierre (2,2) est synonyme de sagesse éternelle et de tendresse divine[68].
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+ On raconte que Héraclès nourrisson (alors Alcide) s'était jeté avec une telle soif sur le sein de la déesse Héra qu'une giclée de lait sortit et forma la Voie lactée. Cette têtée lui conféra l'immortalité et il y gagna son nom qui signifie Gloire d'Héra. Plus tard, il récupéra la Corne d'Abondance, une corne perdue d'Amalthée qui avait nourri de son lait Zeus enfant.
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+ Pour les Hindouistes, le monde a été créé à partir du barattage de la mer de lait.
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+ Dans la mythologie scandinave, Audhumla est la vache nourricière du premier être vivant : le géant Ymir.
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+ L'allaitement est très présent dans les récits mythologiques, où des nouveau-nés sont allaités par des animaux. Alors que Zeus fut nourri par la chèvre Amalthée, les deux fondateurs de Rome, Romulus et Rémus sont allaités par une louve[69].
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+ Le lait n'est pas directement source de tabou alimentaire spécifique, mais il l'est au travers de la consommation de produits laitiers[pas clair]. Au Moyen Âge, dans certaines recettes, le lait animal était remplacé par le lait d'amande. En Bretagne, le lait ribot (du breton « laez ribod » qui signifie lait baratté), est un lait dit maigre, c'est-à-dire pauvre en graisse, que l'on boit le vendredi.
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+ Dans la Bible, la loi mosaïque défend de cuire « un chevreau dans le lait de sa mère »[70]. Ce commandement a été étendu à l'interdiction de mélanger les produits carnés et lactés dans le judaïsme[71],[72] ; il peut être associé à d'autres, comme celui qui interdit de sacrifier un animal s’il n’est pas resté avec sa mère pendant au moins sept jours[73].
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+ La Joconde, ou Portrait de Mona Lisa, est un tableau de l'artiste Léonard de Vinci, réalisé entre 1503 et 1506 ou entre 1513 et 1516[1],[2], et peut-être jusqu'à 1519 (l'artiste étant mort cette année-là, le 2 mai)[3], qui représente un portrait mi-corps, probablement celui de la Florentine Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo. Acquise par François Ier, cette peinture à l'huile sur panneau de bois de peuplier de 77 × 53 cm est exposée au musée du Louvre à Paris. La Joconde est l'un des rares tableaux attribués de façon certaine à Léonard de Vinci.
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+ La Joconde est devenue un tableau éminemment célèbre car, depuis sa réalisation, nombre d'artistes l'ont pris comme référence. À l'époque romantique, les artistes ont été fascinés par ce tableau et ont contribué à développer le mythe qui l'entoure, en faisant de ce tableau l’une des œuvres d'art les plus célèbres du monde, si ce n'est la plus célèbre : elle est en tout cas considérée comme l'une des représentations d'un visage féminin les plus célèbres au monde[4]. Au XXIe siècle, elle est devenue l'objet d'art le plus visité au monde, devant le diamant Hope[5], avec 20 000 visiteurs qui viennent l'admirer et la photographier quotidiennement[6].
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+ La Joconde est le portrait d'une jeune femme, sur fond d'un paysage montagneux aux horizons lointains et brumeux. Elle est disposée de trois quarts et représentée jusqu'à la taille, bras et mains compris, regardant le spectateur, ce qui est relativement nouveau à l'époque et rompt avec les portraits jusque-là répandus, qui coupent le buste à hauteur des épaules ou de la poitrine et sont entièrement de profil[7].
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+ La femme porte une robe vert sombre en soie plissée sur le devant, avec des manches jaunes. Elle est ornée d'entrelacs dorés et d'une broderie au décolleté. Un voile noir translucide couvre la chevelure et est bien visible sur le haut du front. Cette sorte de mantille plaque les cheveux crêpés ou finement bouclés qui tombent sur les épaules. Les yeux étroits sont nettement cernés et le regard semble suivre le spectateur même lorsqu'il se déplace car il est perpendiculaire au plan de l’image. Le corsage décolleté dégage la gorge et la poitrine jusqu'à la naissance des seins et l'esquisse de l'épaule gauche, ce qui adoucit la sévérité de son voile. Une légende tenace née de la présence de ce voile grège et de l'absence de bijoux veut que Mona porte le deuil de sa fille Camilla morte en 1499. En réalité, ses vêtements sombres sont dus à l'obscurcissement des vernis successifs, le voile noir est une coiffure traditionnelle à cette époque et l'absence de bijoux résulte aussi bien du choix du peintre que du modèle de ne céder ni à la vanité, ni à la mode bien que Mona Lisa soit une femme aisée. Le propos de ce portrait vise ainsi à souligner l'intemporalité de son expression psychologique[8]. La région du cœur, avec la couleur claire de la peau qui tranche sur le vêtement foncé, se trouve au centre du tableau, au croisement de ses deux diagonales.
12
+
13
+ Le visage est totalement épilé, ne présentant ni cils, ni sourcils. Selon l'hypothèse de Daniel Arasse, confirmée par une analyse spectrographique en 2004, les sourcils et les cils de Mona Lisa auraient été effacés vers le milieu du XVIe siècle par un inconnu, car les femmes de la bonne société avaient adopté à cette époque la pratique des prostituées des décennies précédentes et s’épilaient désormais le visage[9] ; ce qui irait dans le sens de la description de La Joconde par Georgio Vasari[10].
14
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15
+ Mona Lisa est assise sur une sorte de fauteuil en bois de forme semi-circulaire posé de profil, avec des accoudoirs et une sorte de balustrade semi-circulaire (appelée « spalliera » ou « dorsale ») supportée par des barreaux. Ses bras sont pliés et ses mains croisées, le bras gauche posé fermement sur un accoudoir du fauteuil et la main droite posée mollement sur le poignet gauche. Elle se trouve probablement sur la terrasse d'une loggia à arcades : on peut voir un parapet juste derrière elle au premier tiers du tableau, ainsi que l'amorce de la base renflée de deux colonnes[11].
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+ La Joconde est située devant le parapet, qui constituait traditionnellement une frontière entre la figure représentée et le spectateur, elle s'inscrit donc dans l'espace de ce dernier[12].
18
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+ À l'arrière-plan se trouve un paysage montagneux dans lequel se détachent un chemin sinueux et une rivière qu'enjambe un pont de pierre. On peut remarquer une cassure de la ligne d'horizon : la tête de La Joconde sépare le tableau en deux parties (un paysage humanisé de couleur brune et un paysage imaginaire d'un bleu opaque dont la ligne d'horizon coïncide avec son regard) dans lesquels l'horizon ne se trouve pas au même niveau[13].
20
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21
+ La source de lumière douce provient essentiellement de la gauche du tableau et donne à Mona un teint lumineux en contraste avec les vêtements sombres[14].
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23
+ Léonard considérait sa Mona Lisa comme achevée. Deux zones semblent cependant avoir été négligées : une portion du paysage, brun roux, derrière l'épaule, interprétée comme un mouvement de terrain, et le contour de l'index de la main droite, repentir destiné à être masqué. La numérisation multispectrale (des UV aux infrarouges) réalisée en 2004 par l'ingénieur Pascal Cotte a décelé également le repentir de Vinci sur la position de l’index et du majeur de la main gauche. Elle a également mis en évidence une couverture[15] qui couvrait initialement ses genoux et qui explique le positionnement des mains[16]. Enfin l'étude multispectrale donne à penser que de Vinci a réalisé le tableau en quatre étapes principales, dont un portrait avec une coiffe, faite de perles, draperies et aiguilles à cheveux qui évoque un projet d'apparence « mythologique ou sacré »[17].
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+ L'œuvre jouissait déjà d'une grande considération à la Renaissance. Voici ce qu'en dit Giorgio Vasari dans son ouvrage de 1550 :
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+ « Celui qui désiroit se convaincre jusqu'à quel point l'art peut imiter la nature, le pouvoit d'autant plus, que les moindres choses sont rendues dans cette tête avec la plus grande finesse. Les yeux avoient ce brillant, cette humidité qui existent sans cesse dans la nature, et étoient entourés de ces rouges pâles, et des paupières qui ne peuvent s'exécuter qu'avec une très-grande subtilité. On voyoit la manière dont naissent les sourcils dans la chair, qui tantôt plus épais, tantôt plus clairs, tournoient selon les pores qu'indique la nature. Le nez étroit n'étoit pas moins bien rendu, et toutes ces belles ouvertures rougeâtres et délicates. La bouche vermeille et ses extrémités se fondoient tellement avec la carnation du visage, que l'on croyoit plutôt y voir la chair que la couleur. Lorsque l'on regardait attentivement le creux de la gorge, on sembloit apercevoir le battement du pouls ; et l'on peut dire avec vérité que ce portrait étoit peint de manière à faire craindre et trembler les plus grands maîtres[18]. »
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+
29
+ La date d’exécution du portrait fait débat[19]. La découverte d’une note enregistrée par le fonctionnaire florentin Agostino Vespucci confirme que l’artiste travaille sur le portrait de Lisa del Giocondo à Florence en 1503[20] et Giorgio Vasari affirme qu'il la laisse inachevée au bout de quatre années[18]. Toutefois, bon nombre d’experts tels que Carlo Pedretti[1] et Alessandro Vezzosi[2] sont convaincus que stylistiquement, la Mona Lisa du Louvre est caractéristique de l’œuvre de l’artiste, après 1513. Lors de la découverte de la note de Vespucci, Vincent Delieuvin, conservateur de la peinture italienne du XVIe siècle au musée du Louvre, dit « Léonard de Vinci était en train de peindre le portrait d’une dame florentine qui s’appelle Lisa del Giocondo. De ça, on en est certain. Malheureusement, on n’a pas de certitude absolue que ce portrait de Lisa del Giocondo soit le tableau du Louvre. »[21]
30
+
31
+ De plus, Raphaël, quand il étudiait les œuvres de Léonard, réalisa vers 1504 un dessin d’une « Mona Lisa », qui, contrairement à la Joconde, est flanquée de larges colonnes. Les experts s’accordent à dire que ce dessin est basé sur le portrait de Mona Lisa peint par Léonard[22],[23],[19]. Comme dans le dessin de Raphaël, d’autre copies plus tardives de Mona Lisa, comme celles dans le musée national d’art, d’architecture et de design d’Oslo et dans le musée d’art Walters de Baltimore contiennent de larges colonnes. C’est pour cela que bon nombre d’experts étaient certains que la Joconde contenait ces colonnes à l’origine, qui auraient été coupées par la suite[24],[25],[1],[26],[27]. Toutefois, dès 1993, Frank Zöllner observa que la couche picturale du tableau du Louvre n’avait jamais été coupée[28]. Ceci fut confirmé par des examens scientifiques en 2004[29]. De ce fait, Vincent Delieuvin affirme que le dessin de Raphaël ainsi que ces copies aux colonnes durent être inspirées par une autre version[30], alors que Frank Zöllner pense que le dessin indique que Léonard aurait exécuté une autre œuvre sur le thème de la Joconde[28].
32
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33
+ La Joconde ne quitte jamais Léonard de son vivant. Il l’emporte au Clos Lucé, à Amboise, où François Ier le fait venir[31]. Une copie de La Joconde, redécouverte en 2012 après sa restauration au musée du Prado, a fait apparaître aux chercheurs que les deux tableaux avaient été réalisés en même temps jusque dans les repeints et repentirs, l’analyse infrarouge révélant que des paysages de rochers en arrière-plan à droite de La Joconde se basaient sur un dessin préparatoire[32] daté entre 1510 et 1515[33], ce qui suggère que La Joconde fut achevée en 1519 selon Vincent Delieuvin[3].
34
+
35
+ Le destin du tableau durant les dernières années de la vie de Léonard et celles qui suivirent n’est pas encore élucidé[34]. D’une part, l’inventaire des biens de Salai, l’assistant de Léonard, établi à sa mort en 1525, comprend une Joconde d’une très grande valeur[35]. Bon nombre d’experts s’accordent à dire que ce tableau est une œuvre de Léonard[36]. D’autre part, un document découvert en 1999 démontre que la Joconde du Louvre aurait été acquise en 1518 et ne serait donc pas celle en la possession de Salai en 1525[37]. À la suite de la découverte de ce document, le Louvre atteste que leur tableau entra dans la collection royale en 1518[38].
36
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37
+ Le roi François Ier l'acquiert et l'installe au château de Fontainebleau où sa présence est attestée dans le cabinet des peintures dans les années 1600[39]. En 1646, le tableau est présent dans le cabinet doré de la chambre d'Anne d'Autriche à Fontainebleau avant que Louis XIV décide de le ramener à Paris. En 1665-1666, il passe du palais du Louvre à la galerie des Ambassadeurs du palais des Tuileries. Louis XIV transfère le tableau dans la galerie du roi au château de Versailles dans les années 1690-1695[40].
38
+
39
+ En 1793, La Joconde, alors dans les collections du château de Versailles, n'est pas retenue pour le premier accrochage des œuvres inaugurant le muséum central des arts de la République (le futur musée du Louvre). Elle entre dans les collections de peintures du musée en 1797, et est présentée pour la première fois au public en 1798[41]. Elle est à nouveau déplacée sur ordre du Premier consul Bonaparte qui la fait accrocher au palais des Tuileries en 1801 dans les appartements de Joséphine, puis la rend à la Grande Galerie du Louvre en 1802[42].
40
+
41
+ La popularité du tableau s'accroît au milieu du XIXe siècle comme en atteste à cette époque son déplacement en 1851 dans le salon carré, petite salle réservée aux chefs-d'œuvre au premier étage du Louvre, et la diffusion de reproductions gravées du portrait. Des poètes romantiques comme Théophile Gautier, des peintres comme Théodore Chassériau ou des écrivains du marquis de Sade[43] à Jules Michelet font de Mona Lisa l'archétype de la femme fatale en décrivant son sourire énigmatique et la mélancolie qui s'en dégage. La Joconde fait même figure de revendication mythique pour Walter Pater lorsqu'il en réalise une longue description dans son essai La Renaissance[44].
42
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43
+ En 1870, La Joconde est mise en sécurité dans les souterrains de l'Arsenal de Brest[45] puis retourne au Louvre à l'issue de la guerre franco-allemande de 1870[46].
44
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45
+ Le 22 août 1911, le peintre Louis Béroud se rend au Louvre pour y faire un croquis de sa prochaine toile Mona Lisa au Louvre, mais à la place de La Joconde il ne trouve qu'un grand vide[49]. Béroud interroge les gardiens, qui lui répondent que l'œuvre doit être à l'atelier photographique de la maison Braun[50]. Quelques heures plus tard, Béroud s'enquiert à nouveau de l'œuvre auprès des surveillants et on lui apprend que Mona Lisa n'est pas chez les photographes[51]. Le tableau a bel et bien été volé le 21 août 1911[52]. Le préfet Louis Lépine envoie sur place Octave Hamard[53], chef de la sûreté de la préfecture de police, et soixante inspecteurs[54]. Le criminologue Alphonse Bertillon découvre une empreinte de pouce sur la vitre abandonnée, et décide de relever les empreintes digitales des 257 personnes travaillant au Louvre. L'analyse des dactylogrammes ne donne aucun résultat, ce qui entraîne la démission du directeur du Louvre Théophile Homolle. Le juge d'instruction Joseph Marie Drioux, que la presse surnomme ironiquement « le marri de la Joconde », emprisonne plusieurs jours le poète Guillaume Apollinaire pour complicité de recel de malfaiteur. Apollinaire avait en effet, quelques années auparavant, employé comme secrétaire et factotum Géry Pieret, un aventurier d'origine belge qui avait lui-même dérobé des statuettes et des masques phéniciens au Louvre : ayant contacté le 28 août le quotidien Paris-Journal, il lui fait parvenir une statuette volée au Louvre puis par bravade s'accuse d'avoir volé la peinture et réclame 150 000 francs-or[55] pour sa restitution ; alors qu'il est en fuite, la cour d'assises de la Seine le condamne par contumace en 1912 à dix ans de réclusion pour le vol des trois statuettes ibériques[56]. La police soupçonne également le peintre Pablo Picasso qui est longuement interrogé (il avait acheté à Géry Pieret ses masques et statuettes dont le primitivisme influencera les Demoiselles d’Avignon). Le vol est revendiqué par plusieurs mythomanes, dont l'écrivain italien Gabriele D'Annunzio qui avait composé en 1898 une tragédie intitulée La Joconde en la dédiant à « Eleonora Duse aux belles mains[57] ». La Société des amis du Louvre offre une récompense de vingt-cinq mille francs, somme par ailleurs doublée par un anonyme. La revue L'Illustration promet cinquante mille francs pour qui rapporterait le tableau dans les locaux du journal[54]. Le tableau acquiert à cette occasion une renommée mondiale[58].
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47
+ L'affaire attire également l'attention des chansonniers et carnavaliers. Au Carnaval de Nice 1912 défile un char des Gardiens du Louvre. Il est tracté par un âne coiffé de la tiare de Saïtapharnès et portant le cadre vide de La Joconde[59]. Ce char défile ensuite à Paris, à l'occasion de la Mi-Carême la même année[60].
48
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49
+ Le voleur est Vincenzo Peruggia, un vitrier italien qui a participé aux travaux de mise sous verre des œuvres les plus importantes du musée, afin de les protéger des vandales[61]. Il conserve le tableau pendant deux ans dans sa chambre à Paris, caché dans le double fond d'une valise de bois blanc, sous son lit. De retour en Italie, il propose de le vendre le 10 décembre 1913 à un antiquaire florentin, Alfredo Geri, qui a passé une petite annonce pour acheter des œuvres d'art. Geri ayant prévenu la police, Peruggia est arrêté dans la chambre de son hôtel (rebaptisé par la suite hôtel Gioconda), et n'est condamné qu'à dix-huit mois de prison, la presse italienne saluant son patriotisme. Le 4 janvier 1914, après des expositions à Florence et à Rome, le tableau revient solennellement au Louvre dans une voiture de première classe spécialement affrétée à cette occasion[62],[56] où il est désormais placé sous une surveillance accrue[63].
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+ De nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer le vol de Vincenzo Peruggia : il aurait agi par patriotisme pour se « venger des rapts de Napoléon » (c'est la ligne de défense préconisée par ses avocats lors de son procès), croyant naïvement que le tableau avait été volé par celui-ci, alors encore seulement Bonaparte, lors de la campagne d'Italie[64] ; il aurait agi sur commande du faussaire argentin Eduardo Valfierno (es) (se disant marquis de Valfierno), qui voulait vendre comme authentiques six copies du tableau, réalisées en 1910 par Yves Chaudron, à des acheteurs américains convaincus d'acquérir l'original (thèse du journaliste américain Karl Decker dans le Saturday Evening Post en 1932)[65]. Le journaliste et critique d'art Jérôme Coignard, ayant exhumé les confessions faites par Peruggia dans le quotidien Le Journal en juillet 1915, prend au sérieux son témoignage : il aurait été approché par un Allemand qui joue sur son nationalisme et le manipule. Cet Allemand pourrait être Otto Rosenberg, escroc notoire appartenant à une bande de trafiquants d'art de haute volée mais n'ayant pu récupérer le tableau car il était sous surveillance policière française à la suite du vol[66].
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53
+ En 1914, La Joconde, comme une grande partie des collections du musée, est mise en sécurité à Bordeaux puis à Toulouse[45] puis retourne au musée du Louvre à l'issue de la Première Guerre mondiale[47], elle est alors installée dans la Grande galerie[67].
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+ En septembre 1938, à la suite de l'annexion de la région des Sudètes imposée par Adolf Hitler et dans le contexte d'un risque de guerre, La Joconde est une première fois mise en sécurité au musée Ingres à Montauban mais retournera au Louvre assez rapidement[68].
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+ Lorsque la guerre est déclarée, les chefs-d'œuvre du musée sont évacués selon un plan conçu dès 1938 par le directeur des musées nationaux de l'époque, Jacques Jaujard, qui fait fermer le musée le 25 août 1939 et placer les œuvres dans des caisses qui sont évacuées en convois trois jours plus tard. La Joconde part d'abord pour le château de Chambord[68], où transitèrent à cette période de nombreuses peintures et sculptures des musées parisiens, puis elle se retrouve successivement dans les caves du château d'Amboise[69], à l’abbaye de Loc-Dieu[68], au musée Ingres de Montauban[69], retourne à Chambord[68] avant d'être entreposée dans le château de Montal en Quercy (Lot) sous la surveillance de René Huyghe, conservateur du musée du Louvre en exil[69],[68] puis de transiter par diverses demeures anonymes du Lot et des Causses[45],[70] qui auraient ainsi accueilli le tableau jusqu'en juin 1945 où il sera réinstallé au Louvre. La Joconde, « enfermée sous un capitonnage en velours rouge, puis dans un écrin, lequel est placé[e] dans une caisse avec double paroi en bois de peuplier [… et] porte le matricule NLP no 0, ainsi que trois points rouges — signes distinctifs de sa très grande valeur[71] ».
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+ En 1946, prévenu par René Huyghe, conservateur en chef du département des peintures, du retour des œuvres, Pierre Jahan la photographie lors de l'ouverture de sa caisse : « Elle apparaît enfin, intacte, ayant échappé à cinq ans de bouleversements et à la fringale d'objets d'art du tout-puissant maréchal Goering… » (cf. Objectif - Marval, 1994, p. 37).
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+ Le 30 décembre 1956, un jeune garçon de café bolivien venu travailler en France, Ugo Ungaza Villegas, sujet d'un arrêté d’expulsion, lance un caillou sur La Joconde, dans un état de démence. Il brise le verre de protection et les éclats de verre abiment le coude gauche de Mona Lisa[72].
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63
+ En décembre 1962[73], le ministre de la Culture André Malraux expédie La Joconde aux États-Unis. Elle voyage à bord du paquebot France[74], dans une cabine de première classe. À son arrivée, le tableau est d'abord exposé à Washington à la National Gallery, où il est reçu par le président Kennedy, puis à New York, au Metropolitan Museum of Art à partir de janvier 1963. Dans son discours de présentation, Malraux fait une comparaison avec la statuaire antique : « Léonard apportait à l'âme de la femme l'idéalisation que la Grèce avait apportée à ses traits. La mortelle au regard divin triomphe des déesses sans regard. C'est la première expression de ce que Goethe appellera l'éternel féminin[75] ». Mona Lisa sera admirée par 1,7 million de visiteurs au total[76]. Elle est de retour en France en mars 1963[77].
64
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65
+ Elle fait aussi un autre voyage au Japon où elle est exposée d'avril à juillet 1974 dans le musée national de l'Art occidental de Tokyo puis une brève étape à Moscou. Pour ce voyage est construite sa première vitrine étanche garantissant sa sécurité[78].
66
+
67
+ Depuis mars 2005, La Joconde bénéficie au musée du Louvre d'une salle rénovée et spécialement aménagée pour la recevoir, la salle des États, dans laquelle elle fait face à un célèbre tableau de Véronèse, Les Noces de Cana. Placée sur une cimaise indépendante, elle est protégée dans un caisson qui l'isole des vibrations, des variations d'humidité et des changements de température[58] (vitrine hermétique assurant une hygrométrie à 55 % et une température autour de 19 °C)[79].
68
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69
+ La Joconde fait partie des collections du département des peintures du musée du Louvre dirigé depuis 2014 par Sébastien Allard[80]. Jusqu'en 2006, elle était sous la responsabilité du conservateur Cécile Scailliérez; depuis 2006, les peintures italiennes du XVIe siècle au musée du Louvre sont gérées par Vincent Delieuvin.
70
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71
+ Le 2 août 2009, une touriste russe lance une tasse à thé vide sur le tableau protégé par une vitre blindée, ne causant aucun dommage[81].
72
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+ Trop fragile, le tableau ne quitte plus désormais le musée du Louvre[82].
74
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75
+ Sa notoriété est devenue telle que sur les millions de visiteurs du Louvre, près de la moitié ne viennent que pour voir ce tableau[83].
76
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77
+ Plusieurs hypothèses ont été formulées à propos de l'identité du modèle. L'hypothèse généralement admise est l'identification de La Joconde à Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo.
78
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79
+ Le titre du tableau vient probablement du patronyme du sujet « del Giocondo ». Le tableau est originellement appelé « Monna Lisa », et c'est toujours le cas en Italie, ou par sa déformation plus courante mais erronée « Mona Lisa », une contraction de « ma donna Lisa » qu'on peut traduire par « madame Lisa ».
80
+
81
+ Selon l'hypothèse admise depuis Giorgio Vasari, le modèle s'appellerait à l'origine Lisa Del Giocondo, née Lisa Maria Gherardini en mai 1479 à Florence (Toscane). Issue d'une famille modeste, elle épousa à 16 ans le fils d'un marchand de soie, Francesco di Bartolomeo di Zanobi del Giocondo. Déjà veuf à deux reprises, Giocondo a 19 ans de plus que Lisa. Elle lui donna trois enfants, Piero Francesco — né en 1496 — une fille au prénom inconnu morte en 1499 et Andrea — né en 1502. Le nom du tableau viendrait de Madonna (Ma dame, en français), abrégé en Monna, et Lisa, premier prénom du modèle.
82
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83
+ Francesco del Giocondo possédait une chapelle familiale dans l'église de la Santissima Annunziata, où il fut plus tard inhumé. Cette église était tenue par les servites de Marie, qui ont hébergé en 1501 Léonard, fils de Piero da Vinci, le notaire de leur ordre. Il est probable que Léonard et Francesco ont fait connaissance à cette époque.
84
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85
+ En 1503, Francesco del Giocondo emménage dans une demeure plus grande, via della Stufa, et cherche un peintre pour réaliser le portrait de son épouse. Il se tourne vers Léonard de Vinci. Cette hypothèse semble confirmée par une découverte récente[Quand ?]. Dans une édition de l'œuvre de Cicéron, retrouvée à Heidelberg, en Allemagne, et datant de 1503, son propriétaire Agustino Vespucci, ami de Léonard de Vinci, a annoté une page de l'ouvrage, indiquant que De Vinci avait trois peintures en cours cette année-là, dont un portrait de Mona Lisa del Giocondo[84]. Francesco del Giocondo ne reçut jamais son tableau. Il était inachevé quand l'artiste quitta Florence pour Milan.
86
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87
+ Cette thèse reste discutée, au prétexte qu'aucune trace d'un paiement n'a été retrouvée. Les liens étroits entre Léonard de Vinci et la famille del Giocondo ont été établis en 2004 par Giuseppe Pallanti (2007)[85], d'après qui les archives d'une église du centre historique de Florence font référence à un acte de décès de « l'épouse de Francesco Del Giocondo », morte le 15 juillet 1542 et enterrée au couvent Sant'Orsola.
88
+
89
+ Selon Daniel Arasse, s'il était vivant quand le tableau fut fini, Francesco del Giocondo se serait senti outragé et l'aurait probablement refusé. D'après lui, à cette époque une femme au front dégarni et aux sourcils épilés ne pouvait être qu'une prostituée. Des analyses du tableau postérieures à 2000 ont montré que La Joconde a la tête couverte d'un voile transparent ou peu visible.
90
+
91
+ Une conjecture est basée sur une analogie : le visage de Monna Lisa serait superposable à celui de Catherine Sforza, princesse de Forlì (XVe siècle), dans un portrait peint par Lorenzo di Credi[86]. Ce portrait est conservé dans le musée de Forlì, en Italie.
92
+
93
+ Antonio de Beatis qui rend visite à Vinci en 1517 au Clos Lucé, décrit[87] un tableau du maître « d'une certaine dame florentine, faite d'après le modèle, à la demande de feu le Magnifique Julien de Médicis », cette dame pouvant être Isabella Gualandi de Costanza d'Avalos ou Isabelle d'Este, autres candidates plausibles pour le tableau de Mona Lisa[88]. Selon l'historien italien Roberto Zapperi, le portrait représenterait Pacifica Brandini d’Urbin, une des maîtresses de Julien de Médicis, le peintre gardant le tableau inachevé puisque son commanditaire Julien de Médicis meurt en 1516 sans avoir payé la totalité de la commande[89].
94
+
95
+ Daniel Arasse, dans son livre Histoires de peintures, écrit que le « mystère » de La Joconde date du début du XIXe siècle, avec l'attribution erronée, à Léonard de Vinci, de la tête de méduse du musée des Offices, en fait peinte par un Flamand du XVIIe siècle. On a fait de la méduse le revers de La Joconde, en supposant qu'un monstre se cachait derrière son sourire.
96
+
97
+ Selon d'autres hypothèses, qui n'émanent pas d'historiens de l'art, le sujet du tableau est la propre mère de Léonard, d'après ses souvenirs de jeunesse[90] ou bien raconte le mythe d'Isis et d'Osiris[91].
98
+
99
+ Silvano Vincenti, président du « Comité national pour la valorisation des biens historiques », une association privée d'investigation de l'art, affirme quant à lui qu'il y a de fortes similitudes entre les traits des visages du Saint Jean Baptiste, de l'ange et de Monna Lisa. D'après cette hypothèse, la Joconde serait donc un homme. Le peintre aurait laissé des indices en peignant dans les yeux de la Joconde un minuscule L pour Leonardo et un S pour Salai, assistant du peintre qui aurait servi de modèle. Le chercheur, auteur d'un livre sur le sujet, révèle que son équipe a analysé des reproductions numériques de haute qualité du tableau. Toutefois, le musée du Louvre réfute la démonstration qui repose sur des sur-interprétations à partir de nombreuses craquelures dues au vieillissement de la peinture sur bois[92]. Sophie Herfort considère que le portrait de Salai, personnage androgyne aimant porter des bas roses et se féminiser à outrance, et celui de La Joconde posés en calque montrent beaucoup d'analogies[93].
100
+
101
+ Le flou du tableau est caractéristique de la technique du sfumato. Le sfumato, qui signifie en italien « enfumé », est un effet vaporeux, obtenu par la superposition de plusieurs couches de peinture extrêmement délicates qui donne au tableau des contours imprécis. Cette technique a été employée en particulier au niveau des yeux dans la mise en ombrage.
102
+
103
+ En automne 2004, le Centre de recherche et de restauration des musées de France est missionné par le musée du Louvre pour soumettre le tableau à une série d'examens de laboratoire avant qu'il ne soit placé dans un nouveau caisson climatisé. Les études emploient de l'émissiographie et de la réflectographie infrarouge, de l’analyse par micro-fluorescence X et un scanner laser sophistiqué, en couleurs et en trois dimensions mis au point par le CNRC d'Ottawa[94]. Ces analyses ont permis de découvrir des détails jamais observés auparavant car masqués par les couches de peinture et de vernis[29] : un réseau caractéristique de craquelures orientées en fonction des contraintes exercées par le cadre rainuré inséré par le peintre ; l’existence possible d’un dessin préparatoire réalisé sur un gesso puis d'une ébauche au pinceau ; l'ensemble de l'habit de Mona Lisa totalement enveloppé d'un « guarnello », voile de gaze fin et transparent normalement porté à l'époque par les femmes enceintes ou venant d'accoucher[95], ce qui expliquerait son sourire maternel de femme enceinte et la commande du tableau pour fêter sa maternité. Cousu à la robe à l'emplacement de l'encolure brodée, ce voile est roulé sur l'épaule alors que les historiens d'art y voyaient une écharpe. Cependant l'hypothèse de la célébration de la maternité est contestée par le fait que l'usage du guarnello ne serait pas systématiquement lié à une naissance et ce vêtement d’intérieur a pu être porté en d’autres moments[96].
104
+
105
+ Cette étude révèle également que Mona Lisa est vêtue d'une robe rouge carmin (et non vert sombre comme elle apparaît actuellement) avec des manches amovibles jaune mordoré (les couleurs sombres du vêtement ayant subi l'obscurcissement des vernis successifs), et que sa chevelure, ceinte d'un voile noir, est ramassée par un chignon plat (une chevelure flottant au vent aurait été inconvenante pour l’époque) peut-être recouvert par un bonnet[97].
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107
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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109
+ Détail du tableau.
110
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111
+ Détail des lèvres.
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113
+ Détail des yeux.
114
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115
+ En 2010, l'European Synchrotron Radiation Facility a permis de mieux comprendre le sfumato, technique utilisée par Léonard de Vinci. Avec le soutien du musée du Louvre et après examen de sept de ses tableaux par spectrométrie de fluorescence des rayons X, réalisée directement devant les œuvres au musée du Louvre, les scientifiques ont compris que Léonard avait utilisé ses doigts pour passer des dizaines de couches de vernis pour peindre La Joconde mais également d'autres œuvres comme La Vierge aux rochers ou La Madone à l'œillet[98]. L'artiste se démarquait ainsi par la précision de l'application de ses couches de vernis, pour certaines cinquante fois plus fines qu'un cheveu humain[99].
116
+
117
+ L'homme qui rit, peint par Antonello de Messine en 1470 est le premier portrait souriant de la peinture occidentale, cependant, le sourire du modèle s'apparente plutôt à une grimace, ce qui peut amener à considérer la Joconde comme étant le premier portrait souriant réussi[12].
118
+
119
+ Le sourire de La Joconde constitue un des éléments énigmatiques du tableau, qui a contribué au développement du mythe. Son sourire apparaît comme suspendu, prêt à s'éteindre : quand on le fixe directement, il semble disparaître pour réapparaître lorsque la vue se porte sur d'autres parties du visage. Le jeu des ombres accentue l'ambiguïté que produit le sourire[100]. Plusieurs études ont analysé ce sourire.
120
+
121
+ Selon la neuroscientifique Margaret Livingstone, Léonard de Vinci a longtemps étudié l'anatomie de l'œil et la perception visuelle pour créer volontairement une confusion entre la vision périphérique sensible aux « fréquences basses spatiales » (les zones sombres) et la vision centrale sensible aux détails : en accentuant la bouche et le sourire par le renforcement des ombres sur les pommettes et la mâchoire, le sourire ne devient visible que lorsque la vision périphérique se fixe hors de la région péribucale[101].
122
+
123
+ En 2005, un logiciel de reconnaissance des émotions corrèle la courbure des lèvres et les pattes d'oie autour des yeux à six émotions de base : le sourire de la Joconde traduirait à 83 % le bonheur, à 9 % le dédain, à 6 % la peur, à 2 % la colère, à 1 % la neutralité et aucun pourcentage à la surprise[102].
124
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125
+ Plusieurs hypothèses plus ou moins farfelues ont été données depuis des décennies pour expliquer ce sourire : asthme, paralysie faciale de Bell[103] ; bruxisme dû au stress des longues poses ou au contraire sourire de plaisir par l'écoute de musique lors de ces séances, sourire maternel de femme enceinte, stratagème du peintre qui entoure son modèle de musiciens, de chanteurs et de bouffons, pour effacer la mélancolie de son visage de femme maltraitée[104] ; perte des dents de devant en raison d'une hygiène dentaire déficiente au XVIe siècle[105], hypothyroïdie[106].
126
+
127
+ Des dizaines d'études « scientifiques » sortent chaque année, prétendant attribuer à la Joconde de nouvelles maladies expliquant son sourire (excès de cholestérol[107], paralysie faciale, syphilis, problèmes cardiovasculaires, hypothyroïdie, tendance à la dépression…). Ces diagnostics aussi faciles à formuler qu'impossible à prouver ou réfuter, sont très partagés dans la presse, et ne reposent sur à peu près rien d'autre que des affirmations gratuites, formulées principalement dans un but de buzz médiatique facile. Le journaliste scientifique Mathieu Vidard résume « si vous souhaitez vous faire connaître à peu de frais, prenez le tableau le plus célèbre du monde, inventez n’importe quelle fake news à son sujet et vous serez certain de tutoyer à votre tour l’ivresse de la célébrité »[108].
128
+
129
+ Les plis des manches et du bustier répondent au motif du chemin, à la vallée ondoyante et à la sinuosité des pitons rocheux. Au-delà de la perspective mathématique, Léonard de Vinci crée une perspective atmosphérique (passage progressif de tonalités brun verdâtre à vert bleuté pour finalement rejoindre le ciel)[109] pour donner de la profondeur au paysage qui est peut-être inspiré par les paysages qu'il a pu voir au cours de son voyage à Milan.
130
+
131
+ Une historienne de l'art, Carla Glori, chercheuse à l'université italienne de Savone, affirme en 2011 que le pont médiéval à trois arches qui apparaît sur l'épaule gauche est une référence à Bobbio. Elle décèle sous l'arche droite[110] le nombre 72, qui ferait référence à l’année 1472, date de la destruction partielle de l'édifice[111]. La formulation de cette hypothèse peut cependant être motivée par le phénomène neuro-cognitif de paréidolie ; si ce nombre existe, il pourrait aussi n'être que le fruit du hasard et s'expliquer par les craquelures de la peinture[112].
132
+
133
+ Selon l'historien de l'art Carlo Pedretti, le pont, seule construction humaine du paysage, est le symbole de l'écoulement du temps étant donné que sa présence implique l'écoulement d'une rivière, qui est un symbole du temps qui passe[12].
134
+
135
+ Rosetta Borchia et Olivia Nesci, respectivement professeur de géomorphologie à l'université d'Urbino et peintre-photographe[113], suggèrent en 2012 une similitude entre le paysage du tableau et ceux du territoire de Montefeltro, situé dans les provinces de Pesaro Urbino et Rimini.
136
+
137
+ Daniel Arasse, quant à lui, voit une similitude entre le paysage de la Joconde et une carte de la Toscane, réalisée vers 1503 par de Vinci en perspective cavalière, représentant le lac Trasimène[12].
138
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139
+ Partie gauche du paysage.
140
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141
+ Partie droite du paysage.
142
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143
+ Matsumi Suzuki, acousticien spécialisé dans l’étude de la voix, et son entreprise Japan Acoustic Lab prétendent avoir retrouvé le timbre de voix de La Joconde. En prenant en compte sa taille (estimée à 1,68 m), la morphologie de son crâne, il affirme : « La partie inférieure de son visage est assez large, et elle a un menton pointu. Ce volume se traduit par une voix relativement basse, et la forme du menton par la présence de tons dans les gammes medium », a-t-il expliqué à l’agence Reuters[114].
144
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145
+ Dès le XVIe siècle, La Joconde inspira de nombreux peintres, qui en firent des copies et imitations plus ou moins fidèles.
146
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147
+ Selon la Mona Lisa Foundation, une association basée à Zurich, Léonard aurait peint un tableau antérieur à La Joconde du Louvre, vers 1501-1503, appelé Mona Lisa d'Isleworth, du nom issu de l'endroit où elle est apparue[115]. Une étude exhaustive des opinions publiées à ce jour démontre que 22 experts sont certains que les parties principales du tableau sont de la main du maître[116],[22],[117],[118],[119],[120],[121],[122],[123],[23],[124],[34] alors que seulement quatre, n'ayant jamais examiné l’œuvre en personne, nient l’attribution[120]. Parmi eux, Martin Kemp, professeur à l'université d'Oxford, écrit que « rien ne permet de penser qu'il y ait eu une version antérieure du portrait de Lisa del Giocondo. L'analyse scientifique ne permet pas de nier catégoriquement que la peinture soit l’œuvre du maître mais « la réflectographie et les rayons X suggèrent très fortement que ce n'est pas l'œuvre de Léonard de Vinci. »[125]. Le professeur Alessandro Vezzozi, directeur du Museo Ideale Leonardo Da Vinci (Vinci, Toscane), ne se prononce pas sur la paternité du tableau tant que des études sont en cours, mais estime « que le visage et le reste du tableau ne sont pas de la même qualité »[126].
148
+
149
+ Il existe des différences évidentes entre les deux peintures : peinture sur toile, a contrario de celle du Louvre qui est sur bois, cheveux, mains, vêtements, arrière plan[127]. Paul Konody considère que l'existence de ces différences, parmi d'autres, prouve que la Mona Lisa d'Isleworth n'est pas une copie de La Joconde[22].
150
+
151
+ Les deux publications académiques les plus récentes concernant la Mona Lisa d'Isleworth semblent avoir confirmé son attribution à Léonard et le fait qu'elle ait été peinte bien avant l'œuvre du Louvre : En 2015, Salvatore Lorusso et Andrea Natali conduisirent une étude comparative approfondie sur la Joconde et les œuvres s’y relatant[23]. Ils y décrivent aussi de nombreuses analyses inédites se rapportant aux broderies et aux colonnes de nombreux tableaux pour guider leurs conclusions[23]. Ils concluent que la Mona Lisa d'Isleworth et la Joconde sont deux œuvres originales du maître[23]. En 2016, les professeurs Asmus, Parfenov et Elford publièrent une étude qui démontre scientifiquement que le même artiste a peint au moins les visages de la Mona Lisa d'Isleworth et de la Joconde[124].
152
+
153
+ Une copie de La Joconde, qui appartient au musée du Prado à Madrid, a été redécouverte en 2012 après sa restauration, qui a consisté notamment à retirer un fond noir qui recouvrait l'arrière-plan, ce qui révéla le paysage d'origine. Elle est attribuée à Salai ou à Francesco Melzi, deux des élèves favoris de Léonard de Vinci[128]. Elle aurait été peinte vers 1503-1516. Elle comporte, en particulier les mêmes repentirs. Les quelques différences seraient dues à l'inachèvement du tableau maître lorsqu'il quitta définitivement l'atelier de Léonard avec ce dernier, obligeant ses disciples à achever la copie à leur manière[129].
154
+
155
+ Le peintre et collectionneur spinalien André Guillaud achète cette copie de la Joconde en 1956 lors d'une vente aux enchères à l'Hôtel Drouot à Paris. Il la lègue au musée départemental d'art ancien et contemporain de la ville en 1970. L’œuvre aurait été réalisée par un peintre italien au XVIIe siècle. Les examens scientifiques ont révélé une bonne conservation de la matière picturale de l’œuvre. Seul le support a fait l'objet d'un rentoilage à la fin du XVIIIe siècle. La qualité de réalisation de l’œuvre reprend fidèlement l'original. Les différences les plus importantes sont la taille de la toile qui est légèrement supérieure au panneau de bois de peuplier de l'original, et le cadrage faisant appara��tre les deux colonnes qui encadrent le visage.
156
+
157
+ La liste n'est pas exhaustive.
158
+
159
+ La Joconde d'Isleworth.
160
+
161
+ La Joconde du Prado, après sa restauration et le retrait de la couche noire.
162
+
163
+ La Joconde d’Épinal.
164
+
165
+ La Joconde de Thalwil.
166
+
167
+ La Joconde d'Oslo.
168
+
169
+ La Joconde de l'Ermitage.
170
+
171
+ La Joconde de Baltimore.
172
+
173
+ Léonard de Vinci aurait également réalisé un « double dénudé » de La Joconde. Son attribution au maître n'est toutefois pas certaine. Il en existe par ailleurs une vingtaine de versions datant du XVIe siècle, dont celle de Salai, élève de Léonard[130].
174
+
175
+ Corot, Robert Delaunay et Fernand Léger ont tiré des variations du tableau de Léonard de Vinci.
176
+
177
+ Au XXe siècle les surréalistes, pour protester contre « l'art établi » détournent le tableau. Monna Lisa est affublée d'une moustache par Salvador Dalí, et par Marcel Duchamp sous le titre L.H.O.O.Q.[131].
178
+
179
+ En 1981, c'est le peintre Henri Cadiou qui mit en scène La Joconde dans un trompe-l'œil intitulé La déchirure – Mona Lisa[132].
180
+
181
+ En juin 2017, un artiste de rue espagnol a réalisé une fresque de La Joconde de plus de 50 mètres[133].
182
+
183
+ L'illustrateur Paul Kidby parodie La Joconde pour la couverture de L'Art Du Disque-Monde sous le nom de « Mona Ogg ».
184
+
185
+ En 2008, le peintre Yanick Douet a réalisé une Joconde en imaginant le corps dans son entier, afin de personnaliser la femme coupée en deux.
186
+
187
+ En 2014, l'hydrologue Jean Margat offre au Louvre une collection de 11 000 objets dédiés à La Joconde. Cette acquisition a fait l'objet d'une petite présentation d'une sélection de cette collection dans le cadre du « Tableau du mois » : Le tableau du mois no 211 – De la Jocondoclastie à la Jocondophilie[134], avec un texte de Vincent Pomarède, conservateur du département des peintures du musée du Louvre.
188
+
189
+ L'écrivain français Jules Verne compose en 1850-1851 une comédie en un acte, Monna Lisa, où il imagine les circonstances de la création du tableau et une intrigue amoureuse entre Léonard de Vinci et son modèle.
190
+
191
+ Par la suite, des auteurs « jocondoclastes », de Jean Margat à Hervé Le Tellier, ont fait de la Joconde un personnage littéraire.
192
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193
+ Elle fait de fréquentes apparitions dans la bande dessinée[137].
194
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195
+ De 1996 à 2018, un spectacle fut présenté au Parc Astérix sous le nom de « Main basse sur la Joconde » et mettait en scène le vol du tableau par une bande de malfrats.
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+ La Joconde, ou Portrait de Mona Lisa, est un tableau de l'artiste Léonard de Vinci, réalisé entre 1503 et 1506 ou entre 1513 et 1516[1],[2], et peut-être jusqu'à 1519 (l'artiste étant mort cette année-là, le 2 mai)[3], qui représente un portrait mi-corps, probablement celui de la Florentine Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo. Acquise par François Ier, cette peinture à l'huile sur panneau de bois de peuplier de 77 × 53 cm est exposée au musée du Louvre à Paris. La Joconde est l'un des rares tableaux attribués de façon certaine à Léonard de Vinci.
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+ La Joconde est devenue un tableau éminemment célèbre car, depuis sa réalisation, nombre d'artistes l'ont pris comme référence. À l'époque romantique, les artistes ont été fascinés par ce tableau et ont contribué à développer le mythe qui l'entoure, en faisant de ce tableau l’une des œuvres d'art les plus célèbres du monde, si ce n'est la plus célèbre : elle est en tout cas considérée comme l'une des représentations d'un visage féminin les plus célèbres au monde[4]. Au XXIe siècle, elle est devenue l'objet d'art le plus visité au monde, devant le diamant Hope[5], avec 20 000 visiteurs qui viennent l'admirer et la photographier quotidiennement[6].
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+ La Joconde est le portrait d'une jeune femme, sur fond d'un paysage montagneux aux horizons lointains et brumeux. Elle est disposée de trois quarts et représentée jusqu'à la taille, bras et mains compris, regardant le spectateur, ce qui est relativement nouveau à l'époque et rompt avec les portraits jusque-là répandus, qui coupent le buste à hauteur des épaules ou de la poitrine et sont entièrement de profil[7].
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+ La femme porte une robe vert sombre en soie plissée sur le devant, avec des manches jaunes. Elle est ornée d'entrelacs dorés et d'une broderie au décolleté. Un voile noir translucide couvre la chevelure et est bien visible sur le haut du front. Cette sorte de mantille plaque les cheveux crêpés ou finement bouclés qui tombent sur les épaules. Les yeux étroits sont nettement cernés et le regard semble suivre le spectateur même lorsqu'il se déplace car il est perpendiculaire au plan de l’image. Le corsage décolleté dégage la gorge et la poitrine jusqu'à la naissance des seins et l'esquisse de l'épaule gauche, ce qui adoucit la sévérité de son voile. Une légende tenace née de la présence de ce voile grège et de l'absence de bijoux veut que Mona porte le deuil de sa fille Camilla morte en 1499. En réalité, ses vêtements sombres sont dus à l'obscurcissement des vernis successifs, le voile noir est une coiffure traditionnelle à cette époque et l'absence de bijoux résulte aussi bien du choix du peintre que du modèle de ne céder ni à la vanité, ni à la mode bien que Mona Lisa soit une femme aisée. Le propos de ce portrait vise ainsi à souligner l'intemporalité de son expression psychologique[8]. La région du cœur, avec la couleur claire de la peau qui tranche sur le vêtement foncé, se trouve au centre du tableau, au croisement de ses deux diagonales.
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+ Le visage est totalement épilé, ne présentant ni cils, ni sourcils. Selon l'hypothèse de Daniel Arasse, confirmée par une analyse spectrographique en 2004, les sourcils et les cils de Mona Lisa auraient été effacés vers le milieu du XVIe siècle par un inconnu, car les femmes de la bonne société avaient adopté à cette époque la pratique des prostituées des décennies précédentes et s’épilaient désormais le visage[9] ; ce qui irait dans le sens de la description de La Joconde par Georgio Vasari[10].
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+ Mona Lisa est assise sur une sorte de fauteuil en bois de forme semi-circulaire posé de profil, avec des accoudoirs et une sorte de balustrade semi-circulaire (appelée « spalliera » ou « dorsale ») supportée par des barreaux. Ses bras sont pliés et ses mains croisées, le bras gauche posé fermement sur un accoudoir du fauteuil et la main droite posée mollement sur le poignet gauche. Elle se trouve probablement sur la terrasse d'une loggia à arcades : on peut voir un parapet juste derrière elle au premier tiers du tableau, ainsi que l'amorce de la base renflée de deux colonnes[11].
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+ La Joconde est située devant le parapet, qui constituait traditionnellement une frontière entre la figure représentée et le spectateur, elle s'inscrit donc dans l'espace de ce dernier[12].
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+ À l'arrière-plan se trouve un paysage montagneux dans lequel se détachent un chemin sinueux et une rivière qu'enjambe un pont de pierre. On peut remarquer une cassure de la ligne d'horizon : la tête de La Joconde sépare le tableau en deux parties (un paysage humanisé de couleur brune et un paysage imaginaire d'un bleu opaque dont la ligne d'horizon coïncide avec son regard) dans lesquels l'horizon ne se trouve pas au même niveau[13].
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+ La source de lumière douce provient essentiellement de la gauche du tableau et donne à Mona un teint lumineux en contraste avec les vêtements sombres[14].
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+ Léonard considérait sa Mona Lisa comme achevée. Deux zones semblent cependant avoir été négligées : une portion du paysage, brun roux, derrière l'épaule, interprétée comme un mouvement de terrain, et le contour de l'index de la main droite, repentir destiné à être masqué. La numérisation multispectrale (des UV aux infrarouges) réalisée en 2004 par l'ingénieur Pascal Cotte a décelé également le repentir de Vinci sur la position de l’index et du majeur de la main gauche. Elle a également mis en évidence une couverture[15] qui couvrait initialement ses genoux et qui explique le positionnement des mains[16]. Enfin l'étude multispectrale donne à penser que de Vinci a réalisé le tableau en quatre étapes principales, dont un portrait avec une coiffe, faite de perles, draperies et aiguilles à cheveux qui évoque un projet d'apparence « mythologique ou sacré »[17].
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+ L'œuvre jouissait déjà d'une grande considération à la Renaissance. Voici ce qu'en dit Giorgio Vasari dans son ouvrage de 1550 :
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+ « Celui qui désiroit se convaincre jusqu'à quel point l'art peut imiter la nature, le pouvoit d'autant plus, que les moindres choses sont rendues dans cette tête avec la plus grande finesse. Les yeux avoient ce brillant, cette humidité qui existent sans cesse dans la nature, et étoient entourés de ces rouges pâles, et des paupières qui ne peuvent s'exécuter qu'avec une très-grande subtilité. On voyoit la manière dont naissent les sourcils dans la chair, qui tantôt plus épais, tantôt plus clairs, tournoient selon les pores qu'indique la nature. Le nez étroit n'étoit pas moins bien rendu, et toutes ces belles ouvertures rougeâtres et délicates. La bouche vermeille et ses extrémités se fondoient tellement avec la carnation du visage, que l'on croyoit plutôt y voir la chair que la couleur. Lorsque l'on regardait attentivement le creux de la gorge, on sembloit apercevoir le battement du pouls ; et l'on peut dire avec vérité que ce portrait étoit peint de manière à faire craindre et trembler les plus grands maîtres[18]. »
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+ La date d’exécution du portrait fait débat[19]. La découverte d’une note enregistrée par le fonctionnaire florentin Agostino Vespucci confirme que l’artiste travaille sur le portrait de Lisa del Giocondo à Florence en 1503[20] et Giorgio Vasari affirme qu'il la laisse inachevée au bout de quatre années[18]. Toutefois, bon nombre d’experts tels que Carlo Pedretti[1] et Alessandro Vezzosi[2] sont convaincus que stylistiquement, la Mona Lisa du Louvre est caractéristique de l’œuvre de l’artiste, après 1513. Lors de la découverte de la note de Vespucci, Vincent Delieuvin, conservateur de la peinture italienne du XVIe siècle au musée du Louvre, dit « Léonard de Vinci était en train de peindre le portrait d’une dame florentine qui s’appelle Lisa del Giocondo. De ça, on en est certain. Malheureusement, on n’a pas de certitude absolue que ce portrait de Lisa del Giocondo soit le tableau du Louvre. »[21]
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+ De plus, Raphaël, quand il étudiait les œuvres de Léonard, réalisa vers 1504 un dessin d’une « Mona Lisa », qui, contrairement à la Joconde, est flanquée de larges colonnes. Les experts s’accordent à dire que ce dessin est basé sur le portrait de Mona Lisa peint par Léonard[22],[23],[19]. Comme dans le dessin de Raphaël, d’autre copies plus tardives de Mona Lisa, comme celles dans le musée national d’art, d’architecture et de design d’Oslo et dans le musée d’art Walters de Baltimore contiennent de larges colonnes. C’est pour cela que bon nombre d’experts étaient certains que la Joconde contenait ces colonnes à l’origine, qui auraient été coupées par la suite[24],[25],[1],[26],[27]. Toutefois, dès 1993, Frank Zöllner observa que la couche picturale du tableau du Louvre n’avait jamais été coupée[28]. Ceci fut confirmé par des examens scientifiques en 2004[29]. De ce fait, Vincent Delieuvin affirme que le dessin de Raphaël ainsi que ces copies aux colonnes durent être inspirées par une autre version[30], alors que Frank Zöllner pense que le dessin indique que Léonard aurait exécuté une autre œuvre sur le thème de la Joconde[28].
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+ La Joconde ne quitte jamais Léonard de son vivant. Il l’emporte au Clos Lucé, à Amboise, où François Ier le fait venir[31]. Une copie de La Joconde, redécouverte en 2012 après sa restauration au musée du Prado, a fait apparaître aux chercheurs que les deux tableaux avaient été réalisés en même temps jusque dans les repeints et repentirs, l’analyse infrarouge révélant que des paysages de rochers en arrière-plan à droite de La Joconde se basaient sur un dessin préparatoire[32] daté entre 1510 et 1515[33], ce qui suggère que La Joconde fut achevée en 1519 selon Vincent Delieuvin[3].
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+ Le destin du tableau durant les dernières années de la vie de Léonard et celles qui suivirent n’est pas encore élucidé[34]. D’une part, l’inventaire des biens de Salai, l’assistant de Léonard, établi à sa mort en 1525, comprend une Joconde d’une très grande valeur[35]. Bon nombre d’experts s’accordent à dire que ce tableau est une œuvre de Léonard[36]. D’autre part, un document découvert en 1999 démontre que la Joconde du Louvre aurait été acquise en 1518 et ne serait donc pas celle en la possession de Salai en 1525[37]. À la suite de la découverte de ce document, le Louvre atteste que leur tableau entra dans la collection royale en 1518[38].
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+ Le roi François Ier l'acquiert et l'installe au château de Fontainebleau où sa présence est attestée dans le cabinet des peintures dans les années 1600[39]. En 1646, le tableau est présent dans le cabinet doré de la chambre d'Anne d'Autriche à Fontainebleau avant que Louis XIV décide de le ramener à Paris. En 1665-1666, il passe du palais du Louvre à la galerie des Ambassadeurs du palais des Tuileries. Louis XIV transfère le tableau dans la galerie du roi au château de Versailles dans les années 1690-1695[40].
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+ En 1793, La Joconde, alors dans les collections du château de Versailles, n'est pas retenue pour le premier accrochage des œuvres inaugurant le muséum central des arts de la République (le futur musée du Louvre). Elle entre dans les collections de peintures du musée en 1797, et est présentée pour la première fois au public en 1798[41]. Elle est à nouveau déplacée sur ordre du Premier consul Bonaparte qui la fait accrocher au palais des Tuileries en 1801 dans les appartements de Joséphine, puis la rend à la Grande Galerie du Louvre en 1802[42].
40
+
41
+ La popularité du tableau s'accroît au milieu du XIXe siècle comme en atteste à cette époque son déplacement en 1851 dans le salon carré, petite salle réservée aux chefs-d'œuvre au premier étage du Louvre, et la diffusion de reproductions gravées du portrait. Des poètes romantiques comme Théophile Gautier, des peintres comme Théodore Chassériau ou des écrivains du marquis de Sade[43] à Jules Michelet font de Mona Lisa l'archétype de la femme fatale en décrivant son sourire énigmatique et la mélancolie qui s'en dégage. La Joconde fait même figure de revendication mythique pour Walter Pater lorsqu'il en réalise une longue description dans son essai La Renaissance[44].
42
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43
+ En 1870, La Joconde est mise en sécurité dans les souterrains de l'Arsenal de Brest[45] puis retourne au Louvre à l'issue de la guerre franco-allemande de 1870[46].
44
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45
+ Le 22 août 1911, le peintre Louis Béroud se rend au Louvre pour y faire un croquis de sa prochaine toile Mona Lisa au Louvre, mais à la place de La Joconde il ne trouve qu'un grand vide[49]. Béroud interroge les gardiens, qui lui répondent que l'œuvre doit être à l'atelier photographique de la maison Braun[50]. Quelques heures plus tard, Béroud s'enquiert à nouveau de l'œuvre auprès des surveillants et on lui apprend que Mona Lisa n'est pas chez les photographes[51]. Le tableau a bel et bien été volé le 21 août 1911[52]. Le préfet Louis Lépine envoie sur place Octave Hamard[53], chef de la sûreté de la préfecture de police, et soixante inspecteurs[54]. Le criminologue Alphonse Bertillon découvre une empreinte de pouce sur la vitre abandonnée, et décide de relever les empreintes digitales des 257 personnes travaillant au Louvre. L'analyse des dactylogrammes ne donne aucun résultat, ce qui entraîne la démission du directeur du Louvre Théophile Homolle. Le juge d'instruction Joseph Marie Drioux, que la presse surnomme ironiquement « le marri de la Joconde », emprisonne plusieurs jours le poète Guillaume Apollinaire pour complicité de recel de malfaiteur. Apollinaire avait en effet, quelques années auparavant, employé comme secrétaire et factotum Géry Pieret, un aventurier d'origine belge qui avait lui-même dérobé des statuettes et des masques phéniciens au Louvre : ayant contacté le 28 août le quotidien Paris-Journal, il lui fait parvenir une statuette volée au Louvre puis par bravade s'accuse d'avoir volé la peinture et réclame 150 000 francs-or[55] pour sa restitution ; alors qu'il est en fuite, la cour d'assises de la Seine le condamne par contumace en 1912 à dix ans de réclusion pour le vol des trois statuettes ibériques[56]. La police soupçonne également le peintre Pablo Picasso qui est longuement interrogé (il avait acheté à Géry Pieret ses masques et statuettes dont le primitivisme influencera les Demoiselles d’Avignon). Le vol est revendiqué par plusieurs mythomanes, dont l'écrivain italien Gabriele D'Annunzio qui avait composé en 1898 une tragédie intitulée La Joconde en la dédiant à « Eleonora Duse aux belles mains[57] ». La Société des amis du Louvre offre une récompense de vingt-cinq mille francs, somme par ailleurs doublée par un anonyme. La revue L'Illustration promet cinquante mille francs pour qui rapporterait le tableau dans les locaux du journal[54]. Le tableau acquiert à cette occasion une renommée mondiale[58].
46
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47
+ L'affaire attire également l'attention des chansonniers et carnavaliers. Au Carnaval de Nice 1912 défile un char des Gardiens du Louvre. Il est tracté par un âne coiffé de la tiare de Saïtapharnès et portant le cadre vide de La Joconde[59]. Ce char défile ensuite à Paris, à l'occasion de la Mi-Carême la même année[60].
48
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49
+ Le voleur est Vincenzo Peruggia, un vitrier italien qui a participé aux travaux de mise sous verre des œuvres les plus importantes du musée, afin de les protéger des vandales[61]. Il conserve le tableau pendant deux ans dans sa chambre à Paris, caché dans le double fond d'une valise de bois blanc, sous son lit. De retour en Italie, il propose de le vendre le 10 décembre 1913 à un antiquaire florentin, Alfredo Geri, qui a passé une petite annonce pour acheter des œuvres d'art. Geri ayant prévenu la police, Peruggia est arrêté dans la chambre de son hôtel (rebaptisé par la suite hôtel Gioconda), et n'est condamné qu'à dix-huit mois de prison, la presse italienne saluant son patriotisme. Le 4 janvier 1914, après des expositions à Florence et à Rome, le tableau revient solennellement au Louvre dans une voiture de première classe spécialement affrétée à cette occasion[62],[56] où il est désormais placé sous une surveillance accrue[63].
50
+
51
+ De nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer le vol de Vincenzo Peruggia : il aurait agi par patriotisme pour se « venger des rapts de Napoléon » (c'est la ligne de défense préconisée par ses avocats lors de son procès), croyant naïvement que le tableau avait été volé par celui-ci, alors encore seulement Bonaparte, lors de la campagne d'Italie[64] ; il aurait agi sur commande du faussaire argentin Eduardo Valfierno (es) (se disant marquis de Valfierno), qui voulait vendre comme authentiques six copies du tableau, réalisées en 1910 par Yves Chaudron, à des acheteurs américains convaincus d'acquérir l'original (thèse du journaliste américain Karl Decker dans le Saturday Evening Post en 1932)[65]. Le journaliste et critique d'art Jérôme Coignard, ayant exhumé les confessions faites par Peruggia dans le quotidien Le Journal en juillet 1915, prend au sérieux son témoignage : il aurait été approché par un Allemand qui joue sur son nationalisme et le manipule. Cet Allemand pourrait être Otto Rosenberg, escroc notoire appartenant à une bande de trafiquants d'art de haute volée mais n'ayant pu récupérer le tableau car il était sous surveillance policière française à la suite du vol[66].
52
+
53
+ En 1914, La Joconde, comme une grande partie des collections du musée, est mise en sécurité à Bordeaux puis à Toulouse[45] puis retourne au musée du Louvre à l'issue de la Première Guerre mondiale[47], elle est alors installée dans la Grande galerie[67].
54
+
55
+ En septembre 1938, à la suite de l'annexion de la région des Sudètes imposée par Adolf Hitler et dans le contexte d'un risque de guerre, La Joconde est une première fois mise en sécurité au musée Ingres à Montauban mais retournera au Louvre assez rapidement[68].
56
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57
+ Lorsque la guerre est déclarée, les chefs-d'œuvre du musée sont évacués selon un plan conçu dès 1938 par le directeur des musées nationaux de l'époque, Jacques Jaujard, qui fait fermer le musée le 25 août 1939 et placer les œuvres dans des caisses qui sont évacuées en convois trois jours plus tard. La Joconde part d'abord pour le château de Chambord[68], où transitèrent à cette période de nombreuses peintures et sculptures des musées parisiens, puis elle se retrouve successivement dans les caves du château d'Amboise[69], à l’abbaye de Loc-Dieu[68], au musée Ingres de Montauban[69], retourne à Chambord[68] avant d'être entreposée dans le château de Montal en Quercy (Lot) sous la surveillance de René Huyghe, conservateur du musée du Louvre en exil[69],[68] puis de transiter par diverses demeures anonymes du Lot et des Causses[45],[70] qui auraient ainsi accueilli le tableau jusqu'en juin 1945 où il sera réinstallé au Louvre. La Joconde, « enfermée sous un capitonnage en velours rouge, puis dans un écrin, lequel est placé[e] dans une caisse avec double paroi en bois de peuplier [… et] porte le matricule NLP no 0, ainsi que trois points rouges — signes distinctifs de sa très grande valeur[71] ».
58
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59
+ En 1946, prévenu par René Huyghe, conservateur en chef du département des peintures, du retour des œuvres, Pierre Jahan la photographie lors de l'ouverture de sa caisse : « Elle apparaît enfin, intacte, ayant échappé à cinq ans de bouleversements et à la fringale d'objets d'art du tout-puissant maréchal Goering… » (cf. Objectif - Marval, 1994, p. 37).
60
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61
+ Le 30 décembre 1956, un jeune garçon de café bolivien venu travailler en France, Ugo Ungaza Villegas, sujet d'un arrêté d’expulsion, lance un caillou sur La Joconde, dans un état de démence. Il brise le verre de protection et les éclats de verre abiment le coude gauche de Mona Lisa[72].
62
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63
+ En décembre 1962[73], le ministre de la Culture André Malraux expédie La Joconde aux États-Unis. Elle voyage à bord du paquebot France[74], dans une cabine de première classe. À son arrivée, le tableau est d'abord exposé à Washington à la National Gallery, où il est reçu par le président Kennedy, puis à New York, au Metropolitan Museum of Art à partir de janvier 1963. Dans son discours de présentation, Malraux fait une comparaison avec la statuaire antique : « Léonard apportait à l'âme de la femme l'idéalisation que la Grèce avait apportée à ses traits. La mortelle au regard divin triomphe des déesses sans regard. C'est la première expression de ce que Goethe appellera l'éternel féminin[75] ». Mona Lisa sera admirée par 1,7 million de visiteurs au total[76]. Elle est de retour en France en mars 1963[77].
64
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65
+ Elle fait aussi un autre voyage au Japon où elle est exposée d'avril à juillet 1974 dans le musée national de l'Art occidental de Tokyo puis une brève étape à Moscou. Pour ce voyage est construite sa première vitrine étanche garantissant sa sécurité[78].
66
+
67
+ Depuis mars 2005, La Joconde bénéficie au musée du Louvre d'une salle rénovée et spécialement aménagée pour la recevoir, la salle des États, dans laquelle elle fait face à un célèbre tableau de Véronèse, Les Noces de Cana. Placée sur une cimaise indépendante, elle est protégée dans un caisson qui l'isole des vibrations, des variations d'humidité et des changements de température[58] (vitrine hermétique assurant une hygrométrie à 55 % et une température autour de 19 °C)[79].
68
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69
+ La Joconde fait partie des collections du département des peintures du musée du Louvre dirigé depuis 2014 par Sébastien Allard[80]. Jusqu'en 2006, elle était sous la responsabilité du conservateur Cécile Scailliérez; depuis 2006, les peintures italiennes du XVIe siècle au musée du Louvre sont gérées par Vincent Delieuvin.
70
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71
+ Le 2 août 2009, une touriste russe lance une tasse à thé vide sur le tableau protégé par une vitre blindée, ne causant aucun dommage[81].
72
+
73
+ Trop fragile, le tableau ne quitte plus désormais le musée du Louvre[82].
74
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75
+ Sa notoriété est devenue telle que sur les millions de visiteurs du Louvre, près de la moitié ne viennent que pour voir ce tableau[83].
76
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77
+ Plusieurs hypothèses ont été formulées à propos de l'identité du modèle. L'hypothèse généralement admise est l'identification de La Joconde à Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo.
78
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79
+ Le titre du tableau vient probablement du patronyme du sujet « del Giocondo ». Le tableau est originellement appelé « Monna Lisa », et c'est toujours le cas en Italie, ou par sa déformation plus courante mais erronée « Mona Lisa », une contraction de « ma donna Lisa » qu'on peut traduire par « madame Lisa ».
80
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81
+ Selon l'hypothèse admise depuis Giorgio Vasari, le modèle s'appellerait à l'origine Lisa Del Giocondo, née Lisa Maria Gherardini en mai 1479 à Florence (Toscane). Issue d'une famille modeste, elle épousa à 16 ans le fils d'un marchand de soie, Francesco di Bartolomeo di Zanobi del Giocondo. Déjà veuf à deux reprises, Giocondo a 19 ans de plus que Lisa. Elle lui donna trois enfants, Piero Francesco — né en 1496 — une fille au prénom inconnu morte en 1499 et Andrea — né en 1502. Le nom du tableau viendrait de Madonna (Ma dame, en français), abrégé en Monna, et Lisa, premier prénom du modèle.
82
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83
+ Francesco del Giocondo possédait une chapelle familiale dans l'église de la Santissima Annunziata, où il fut plus tard inhumé. Cette église était tenue par les servites de Marie, qui ont hébergé en 1501 Léonard, fils de Piero da Vinci, le notaire de leur ordre. Il est probable que Léonard et Francesco ont fait connaissance à cette époque.
84
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85
+ En 1503, Francesco del Giocondo emménage dans une demeure plus grande, via della Stufa, et cherche un peintre pour réaliser le portrait de son épouse. Il se tourne vers Léonard de Vinci. Cette hypothèse semble confirmée par une découverte récente[Quand ?]. Dans une édition de l'œuvre de Cicéron, retrouvée à Heidelberg, en Allemagne, et datant de 1503, son propriétaire Agustino Vespucci, ami de Léonard de Vinci, a annoté une page de l'ouvrage, indiquant que De Vinci avait trois peintures en cours cette année-là, dont un portrait de Mona Lisa del Giocondo[84]. Francesco del Giocondo ne reçut jamais son tableau. Il était inachevé quand l'artiste quitta Florence pour Milan.
86
+
87
+ Cette thèse reste discutée, au prétexte qu'aucune trace d'un paiement n'a été retrouvée. Les liens étroits entre Léonard de Vinci et la famille del Giocondo ont été établis en 2004 par Giuseppe Pallanti (2007)[85], d'après qui les archives d'une église du centre historique de Florence font référence à un acte de décès de « l'épouse de Francesco Del Giocondo », morte le 15 juillet 1542 et enterrée au couvent Sant'Orsola.
88
+
89
+ Selon Daniel Arasse, s'il était vivant quand le tableau fut fini, Francesco del Giocondo se serait senti outragé et l'aurait probablement refusé. D'après lui, à cette époque une femme au front dégarni et aux sourcils épilés ne pouvait être qu'une prostituée. Des analyses du tableau postérieures à 2000 ont montré que La Joconde a la tête couverte d'un voile transparent ou peu visible.
90
+
91
+ Une conjecture est basée sur une analogie : le visage de Monna Lisa serait superposable à celui de Catherine Sforza, princesse de Forlì (XVe siècle), dans un portrait peint par Lorenzo di Credi[86]. Ce portrait est conservé dans le musée de Forlì, en Italie.
92
+
93
+ Antonio de Beatis qui rend visite à Vinci en 1517 au Clos Lucé, décrit[87] un tableau du maître « d'une certaine dame florentine, faite d'après le modèle, à la demande de feu le Magnifique Julien de Médicis », cette dame pouvant être Isabella Gualandi de Costanza d'Avalos ou Isabelle d'Este, autres candidates plausibles pour le tableau de Mona Lisa[88]. Selon l'historien italien Roberto Zapperi, le portrait représenterait Pacifica Brandini d’Urbin, une des maîtresses de Julien de Médicis, le peintre gardant le tableau inachevé puisque son commanditaire Julien de Médicis meurt en 1516 sans avoir payé la totalité de la commande[89].
94
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95
+ Daniel Arasse, dans son livre Histoires de peintures, écrit que le « mystère » de La Joconde date du début du XIXe siècle, avec l'attribution erronée, à Léonard de Vinci, de la tête de méduse du musée des Offices, en fait peinte par un Flamand du XVIIe siècle. On a fait de la méduse le revers de La Joconde, en supposant qu'un monstre se cachait derrière son sourire.
96
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97
+ Selon d'autres hypothèses, qui n'émanent pas d'historiens de l'art, le sujet du tableau est la propre mère de Léonard, d'après ses souvenirs de jeunesse[90] ou bien raconte le mythe d'Isis et d'Osiris[91].
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99
+ Silvano Vincenti, président du « Comité national pour la valorisation des biens historiques », une association privée d'investigation de l'art, affirme quant à lui qu'il y a de fortes similitudes entre les traits des visages du Saint Jean Baptiste, de l'ange et de Monna Lisa. D'après cette hypothèse, la Joconde serait donc un homme. Le peintre aurait laissé des indices en peignant dans les yeux de la Joconde un minuscule L pour Leonardo et un S pour Salai, assistant du peintre qui aurait servi de modèle. Le chercheur, auteur d'un livre sur le sujet, révèle que son équipe a analysé des reproductions numériques de haute qualité du tableau. Toutefois, le musée du Louvre réfute la démonstration qui repose sur des sur-interprétations à partir de nombreuses craquelures dues au vieillissement de la peinture sur bois[92]. Sophie Herfort considère que le portrait de Salai, personnage androgyne aimant porter des bas roses et se féminiser à outrance, et celui de La Joconde posés en calque montrent beaucoup d'analogies[93].
100
+
101
+ Le flou du tableau est caractéristique de la technique du sfumato. Le sfumato, qui signifie en italien « enfumé », est un effet vaporeux, obtenu par la superposition de plusieurs couches de peinture extrêmement délicates qui donne au tableau des contours imprécis. Cette technique a été employée en particulier au niveau des yeux dans la mise en ombrage.
102
+
103
+ En automne 2004, le Centre de recherche et de restauration des musées de France est missionné par le musée du Louvre pour soumettre le tableau à une série d'examens de laboratoire avant qu'il ne soit placé dans un nouveau caisson climatisé. Les études emploient de l'émissiographie et de la réflectographie infrarouge, de l’analyse par micro-fluorescence X et un scanner laser sophistiqué, en couleurs et en trois dimensions mis au point par le CNRC d'Ottawa[94]. Ces analyses ont permis de découvrir des détails jamais observés auparavant car masqués par les couches de peinture et de vernis[29] : un réseau caractéristique de craquelures orientées en fonction des contraintes exercées par le cadre rainuré inséré par le peintre ; l’existence possible d’un dessin préparatoire réalisé sur un gesso puis d'une ébauche au pinceau ; l'ensemble de l'habit de Mona Lisa totalement enveloppé d'un « guarnello », voile de gaze fin et transparent normalement porté à l'époque par les femmes enceintes ou venant d'accoucher[95], ce qui expliquerait son sourire maternel de femme enceinte et la commande du tableau pour fêter sa maternité. Cousu à la robe à l'emplacement de l'encolure brodée, ce voile est roulé sur l'épaule alors que les historiens d'art y voyaient une écharpe. Cependant l'hypothèse de la célébration de la maternité est contestée par le fait que l'usage du guarnello ne serait pas systématiquement lié à une naissance et ce vêtement d’intérieur a pu être porté en d’autres moments[96].
104
+
105
+ Cette étude révèle également que Mona Lisa est vêtue d'une robe rouge carmin (et non vert sombre comme elle apparaît actuellement) avec des manches amovibles jaune mordoré (les couleurs sombres du vêtement ayant subi l'obscurcissement des vernis successifs), et que sa chevelure, ceinte d'un voile noir, est ramassée par un chignon plat (une chevelure flottant au vent aurait été inconvenante pour l’époque) peut-être recouvert par un bonnet[97].
106
+
107
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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109
+ Détail du tableau.
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111
+ Détail des lèvres.
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113
+ Détail des yeux.
114
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115
+ En 2010, l'European Synchrotron Radiation Facility a permis de mieux comprendre le sfumato, technique utilisée par Léonard de Vinci. Avec le soutien du musée du Louvre et après examen de sept de ses tableaux par spectrométrie de fluorescence des rayons X, réalisée directement devant les œuvres au musée du Louvre, les scientifiques ont compris que Léonard avait utilisé ses doigts pour passer des dizaines de couches de vernis pour peindre La Joconde mais également d'autres œuvres comme La Vierge aux rochers ou La Madone à l'œillet[98]. L'artiste se démarquait ainsi par la précision de l'application de ses couches de vernis, pour certaines cinquante fois plus fines qu'un cheveu humain[99].
116
+
117
+ L'homme qui rit, peint par Antonello de Messine en 1470 est le premier portrait souriant de la peinture occidentale, cependant, le sourire du modèle s'apparente plutôt à une grimace, ce qui peut amener à considérer la Joconde comme étant le premier portrait souriant réussi[12].
118
+
119
+ Le sourire de La Joconde constitue un des éléments énigmatiques du tableau, qui a contribué au développement du mythe. Son sourire apparaît comme suspendu, prêt à s'éteindre : quand on le fixe directement, il semble disparaître pour réapparaître lorsque la vue se porte sur d'autres parties du visage. Le jeu des ombres accentue l'ambiguïté que produit le sourire[100]. Plusieurs études ont analysé ce sourire.
120
+
121
+ Selon la neuroscientifique Margaret Livingstone, Léonard de Vinci a longtemps étudié l'anatomie de l'œil et la perception visuelle pour créer volontairement une confusion entre la vision périphérique sensible aux « fréquences basses spatiales » (les zones sombres) et la vision centrale sensible aux détails : en accentuant la bouche et le sourire par le renforcement des ombres sur les pommettes et la mâchoire, le sourire ne devient visible que lorsque la vision périphérique se fixe hors de la région péribucale[101].
122
+
123
+ En 2005, un logiciel de reconnaissance des émotions corrèle la courbure des lèvres et les pattes d'oie autour des yeux à six émotions de base : le sourire de la Joconde traduirait à 83 % le bonheur, à 9 % le dédain, à 6 % la peur, à 2 % la colère, à 1 % la neutralité et aucun pourcentage à la surprise[102].
124
+
125
+ Plusieurs hypothèses plus ou moins farfelues ont été données depuis des décennies pour expliquer ce sourire : asthme, paralysie faciale de Bell[103] ; bruxisme dû au stress des longues poses ou au contraire sourire de plaisir par l'écoute de musique lors de ces séances, sourire maternel de femme enceinte, stratagème du peintre qui entoure son modèle de musiciens, de chanteurs et de bouffons, pour effacer la mélancolie de son visage de femme maltraitée[104] ; perte des dents de devant en raison d'une hygiène dentaire déficiente au XVIe siècle[105], hypothyroïdie[106].
126
+
127
+ Des dizaines d'études « scientifiques » sortent chaque année, prétendant attribuer à la Joconde de nouvelles maladies expliquant son sourire (excès de cholestérol[107], paralysie faciale, syphilis, problèmes cardiovasculaires, hypothyroïdie, tendance à la dépression…). Ces diagnostics aussi faciles à formuler qu'impossible à prouver ou réfuter, sont très partagés dans la presse, et ne reposent sur à peu près rien d'autre que des affirmations gratuites, formulées principalement dans un but de buzz médiatique facile. Le journaliste scientifique Mathieu Vidard résume « si vous souhaitez vous faire connaître à peu de frais, prenez le tableau le plus célèbre du monde, inventez n’importe quelle fake news à son sujet et vous serez certain de tutoyer à votre tour l’ivresse de la célébrité »[108].
128
+
129
+ Les plis des manches et du bustier répondent au motif du chemin, à la vallée ondoyante et à la sinuosité des pitons rocheux. Au-delà de la perspective mathématique, Léonard de Vinci crée une perspective atmosphérique (passage progressif de tonalités brun verdâtre à vert bleuté pour finalement rejoindre le ciel)[109] pour donner de la profondeur au paysage qui est peut-être inspiré par les paysages qu'il a pu voir au cours de son voyage à Milan.
130
+
131
+ Une historienne de l'art, Carla Glori, chercheuse à l'université italienne de Savone, affirme en 2011 que le pont médiéval à trois arches qui apparaît sur l'épaule gauche est une référence à Bobbio. Elle décèle sous l'arche droite[110] le nombre 72, qui ferait référence à l’année 1472, date de la destruction partielle de l'édifice[111]. La formulation de cette hypothèse peut cependant être motivée par le phénomène neuro-cognitif de paréidolie ; si ce nombre existe, il pourrait aussi n'être que le fruit du hasard et s'expliquer par les craquelures de la peinture[112].
132
+
133
+ Selon l'historien de l'art Carlo Pedretti, le pont, seule construction humaine du paysage, est le symbole de l'écoulement du temps étant donné que sa présence implique l'écoulement d'une rivière, qui est un symbole du temps qui passe[12].
134
+
135
+ Rosetta Borchia et Olivia Nesci, respectivement professeur de géomorphologie à l'université d'Urbino et peintre-photographe[113], suggèrent en 2012 une similitude entre le paysage du tableau et ceux du territoire de Montefeltro, situé dans les provinces de Pesaro Urbino et Rimini.
136
+
137
+ Daniel Arasse, quant à lui, voit une similitude entre le paysage de la Joconde et une carte de la Toscane, réalisée vers 1503 par de Vinci en perspective cavalière, représentant le lac Trasimène[12].
138
+
139
+ Partie gauche du paysage.
140
+
141
+ Partie droite du paysage.
142
+
143
+ Matsumi Suzuki, acousticien spécialisé dans l’étude de la voix, et son entreprise Japan Acoustic Lab prétendent avoir retrouvé le timbre de voix de La Joconde. En prenant en compte sa taille (estimée à 1,68 m), la morphologie de son crâne, il affirme : « La partie inférieure de son visage est assez large, et elle a un menton pointu. Ce volume se traduit par une voix relativement basse, et la forme du menton par la présence de tons dans les gammes medium », a-t-il expliqué à l’agence Reuters[114].
144
+
145
+ Dès le XVIe siècle, La Joconde inspira de nombreux peintres, qui en firent des copies et imitations plus ou moins fidèles.
146
+
147
+ Selon la Mona Lisa Foundation, une association basée à Zurich, Léonard aurait peint un tableau antérieur à La Joconde du Louvre, vers 1501-1503, appelé Mona Lisa d'Isleworth, du nom issu de l'endroit où elle est apparue[115]. Une étude exhaustive des opinions publiées à ce jour démontre que 22 experts sont certains que les parties principales du tableau sont de la main du maître[116],[22],[117],[118],[119],[120],[121],[122],[123],[23],[124],[34] alors que seulement quatre, n'ayant jamais examiné l’œuvre en personne, nient l’attribution[120]. Parmi eux, Martin Kemp, professeur à l'université d'Oxford, écrit que « rien ne permet de penser qu'il y ait eu une version antérieure du portrait de Lisa del Giocondo. L'analyse scientifique ne permet pas de nier catégoriquement que la peinture soit l’œuvre du maître mais « la réflectographie et les rayons X suggèrent très fortement que ce n'est pas l'œuvre de Léonard de Vinci. »[125]. Le professeur Alessandro Vezzozi, directeur du Museo Ideale Leonardo Da Vinci (Vinci, Toscane), ne se prononce pas sur la paternité du tableau tant que des études sont en cours, mais estime « que le visage et le reste du tableau ne sont pas de la même qualité »[126].
148
+
149
+ Il existe des différences évidentes entre les deux peintures : peinture sur toile, a contrario de celle du Louvre qui est sur bois, cheveux, mains, vêtements, arrière plan[127]. Paul Konody considère que l'existence de ces différences, parmi d'autres, prouve que la Mona Lisa d'Isleworth n'est pas une copie de La Joconde[22].
150
+
151
+ Les deux publications académiques les plus récentes concernant la Mona Lisa d'Isleworth semblent avoir confirmé son attribution à Léonard et le fait qu'elle ait été peinte bien avant l'œuvre du Louvre : En 2015, Salvatore Lorusso et Andrea Natali conduisirent une étude comparative approfondie sur la Joconde et les œuvres s’y relatant[23]. Ils y décrivent aussi de nombreuses analyses inédites se rapportant aux broderies et aux colonnes de nombreux tableaux pour guider leurs conclusions[23]. Ils concluent que la Mona Lisa d'Isleworth et la Joconde sont deux œuvres originales du maître[23]. En 2016, les professeurs Asmus, Parfenov et Elford publièrent une étude qui démontre scientifiquement que le même artiste a peint au moins les visages de la Mona Lisa d'Isleworth et de la Joconde[124].
152
+
153
+ Une copie de La Joconde, qui appartient au musée du Prado à Madrid, a été redécouverte en 2012 après sa restauration, qui a consisté notamment à retirer un fond noir qui recouvrait l'arrière-plan, ce qui révéla le paysage d'origine. Elle est attribuée à Salai ou à Francesco Melzi, deux des élèves favoris de Léonard de Vinci[128]. Elle aurait été peinte vers 1503-1516. Elle comporte, en particulier les mêmes repentirs. Les quelques différences seraient dues à l'inachèvement du tableau maître lorsqu'il quitta définitivement l'atelier de Léonard avec ce dernier, obligeant ses disciples à achever la copie à leur manière[129].
154
+
155
+ Le peintre et collectionneur spinalien André Guillaud achète cette copie de la Joconde en 1956 lors d'une vente aux enchères à l'Hôtel Drouot à Paris. Il la lègue au musée départemental d'art ancien et contemporain de la ville en 1970. L’œuvre aurait été réalisée par un peintre italien au XVIIe siècle. Les examens scientifiques ont révélé une bonne conservation de la matière picturale de l’œuvre. Seul le support a fait l'objet d'un rentoilage à la fin du XVIIIe siècle. La qualité de réalisation de l’œuvre reprend fidèlement l'original. Les différences les plus importantes sont la taille de la toile qui est légèrement supérieure au panneau de bois de peuplier de l'original, et le cadrage faisant appara��tre les deux colonnes qui encadrent le visage.
156
+
157
+ La liste n'est pas exhaustive.
158
+
159
+ La Joconde d'Isleworth.
160
+
161
+ La Joconde du Prado, après sa restauration et le retrait de la couche noire.
162
+
163
+ La Joconde d’Épinal.
164
+
165
+ La Joconde de Thalwil.
166
+
167
+ La Joconde d'Oslo.
168
+
169
+ La Joconde de l'Ermitage.
170
+
171
+ La Joconde de Baltimore.
172
+
173
+ Léonard de Vinci aurait également réalisé un « double dénudé » de La Joconde. Son attribution au maître n'est toutefois pas certaine. Il en existe par ailleurs une vingtaine de versions datant du XVIe siècle, dont celle de Salai, élève de Léonard[130].
174
+
175
+ Corot, Robert Delaunay et Fernand Léger ont tiré des variations du tableau de Léonard de Vinci.
176
+
177
+ Au XXe siècle les surréalistes, pour protester contre « l'art établi » détournent le tableau. Monna Lisa est affublée d'une moustache par Salvador Dalí, et par Marcel Duchamp sous le titre L.H.O.O.Q.[131].
178
+
179
+ En 1981, c'est le peintre Henri Cadiou qui mit en scène La Joconde dans un trompe-l'œil intitulé La déchirure – Mona Lisa[132].
180
+
181
+ En juin 2017, un artiste de rue espagnol a réalisé une fresque de La Joconde de plus de 50 mètres[133].
182
+
183
+ L'illustrateur Paul Kidby parodie La Joconde pour la couverture de L'Art Du Disque-Monde sous le nom de « Mona Ogg ».
184
+
185
+ En 2008, le peintre Yanick Douet a réalisé une Joconde en imaginant le corps dans son entier, afin de personnaliser la femme coupée en deux.
186
+
187
+ En 2014, l'hydrologue Jean Margat offre au Louvre une collection de 11 000 objets dédiés à La Joconde. Cette acquisition a fait l'objet d'une petite présentation d'une sélection de cette collection dans le cadre du « Tableau du mois » : Le tableau du mois no 211 – De la Jocondoclastie à la Jocondophilie[134], avec un texte de Vincent Pomarède, conservateur du département des peintures du musée du Louvre.
188
+
189
+ L'écrivain français Jules Verne compose en 1850-1851 une comédie en un acte, Monna Lisa, où il imagine les circonstances de la création du tableau et une intrigue amoureuse entre Léonard de Vinci et son modèle.
190
+
191
+ Par la suite, des auteurs « jocondoclastes », de Jean Margat à Hervé Le Tellier, ont fait de la Joconde un personnage littéraire.
192
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193
+ Elle fait de fréquentes apparitions dans la bande dessinée[137].
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195
+ De 1996 à 2018, un spectacle fut présenté au Parc Astérix sous le nom de « Main basse sur la Joconde » et mettait en scène le vol du tableau par une bande de malfrats.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République de Lettonie
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+ (lv) Latvijas Republika
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+ 56° 57′ N, 24° 06′ E
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+ modifier
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+ La Lettonie, en forme longue la république de Lettonie (en letton : Latvija et Latvijas Republika) est un pays d'Europe du Nord et membre de l'Union européenne. Situé sur la rive orientale de la mer Baltique, bordé par la Lituanie au sud et par l'Estonie au nord, c'est l'un des trois pays baltes. La Lettonie a aussi des frontières terrestres à l'est avec la Russie et au sud-est avec la Biélorussie. La Lettonie est un État membre de l'Union européenne depuis le 1er mai 2004, et de la zone euro depuis le 1er janvier 2014. Entre 1991 et 2011, la Lettonie a perdu plus de 23 % de sa population en raison d'un taux de fécondité (nombre d'enfants par femme) extrêmement faible et d'un solde migratoire négatif.
10
+
11
+ À partir du XIIIe jusqu'au XVIe siècle, la Lettonie, qui s'étendait en Livonie et en Courlande, était la possession des chevaliers teutoniques de l'ordre de Livonie. Au XVIIe siècle, elle faisait partie de la Pologne et de la Suède depuis 1625. Le roi suédois Gustave II fonda en 1632 l'université de Tartu (en allemand : Dorpat) ainsi qu'une cour d'appel à Tartu, tandis que le journal officiel du gouvernement suédois publiait l'une de ses éditions à Riga en letton. Au début de 1655, le roi suédois réclama des barons balto-allemands l'allégeance à la couronne suédoise.
12
+
13
+ Au XVIIIe siècle, la Livonie et la Courlande font partie de l'Empire russe par le traité de Nystad : la Lettonie est composée du gouvernement de Courlande et d'une partie du gouvernement de Livonie. La domination traditionnelle des grands propriétaires germano-baltes et la langue allemande (langue administrative avec le russe jusqu'en 1917) ont cependant été conservées dans le pays.
14
+
15
+ Au cours de la guerre civile en Russie (1917-1922), la plupart des divisions militaires lettonnes (créées pendant la Première Guerre mondiale) combattirent contre l'Allemagne au côté des bolcheviks. Toutefois par la signature du traité de Brest-Litovsk le 3 mars 1918, la Russie soviétique cède les États baltes à l'Empire allemand. Selon ce traité, la Lettonie aurait dû être annexée par le Reich, mais la défaite allemande du 11 novembre 1918 lui permet de déclarer pour la première fois son indépendance, reconnue internationalement en 1919 (République de Lettonie, 1918-1940).
16
+
17
+ En juin 1940, durant la Seconde Guerre mondiale, elle est d'abord envahie, comme le prévoyaient les clauses secrètes du Pacte germano-soviétique (en même temps que les deux autres pays baltes), par l'URSS après un « plébiscite » organisé pour donner à l'annexion de la Lettonie l'apparence d'une légitimité. Les États-Unis[6] et la plupart des pays non-communistes membres de l'ONU, ainsi que, par la suite, le Parlement européen[7],[8],[9], la CEDH et le Conseil des droits de l'homme de l'ONU[10] n'ont pas reconnu l'incorporation de la Lettonie parmi les quinze républiques socialistes soviétiques et ont continué à la reconnaître de jure comme État souverain[11],[12],[13].
18
+
19
+ Quelque 70 000 Lettons furent déportés par les Soviétiques et seule une minorité survécut au goulag ; ils furent remplacés après la guerre par des colons russes. Beaucoup de Lettons se réfugièrent dans la campagne ou en formant un « maquis » letton.
20
+
21
+ En 1941, lorsque les Allemands envahissent la LettonieOccupation allemande de la Lettonie, la Wehrmacht est accueillie favorablement par une large majorité de la population en tant que libératrice après le régime de terreur du NKVD (il en sera de même sur tous les territoires soviétiques envahis durant les premières semaines de l'opération Barbarossa). Les maquisards lettons sont alors organisés en milices paysannes pour lutter contre les partisans des Soviétiques. Accusés en bloc d'avoir soutenu les Soviétiques, environ 70 000 juifs lettons furent assassinés en Lettonie durant la Seconde Guerre mondiale, par des Einsatzgruppen allemands mais aussi par des unités paramilitaires et les forces de police auxiliaires lettones[14]. D'autres Lettons ont choisi de rejoindre l'Armée rouge (cf. affaire Kononov (en)).
22
+
23
+ L'Armée rouge a réoccupé à partir de 1944 la Lettonie, que l'URSS annexa sous le statut de république socialiste soviétique. À la fin de la guerre, un grand nombre de familles lettones trouvèrent refuge en Suède puis en Allemagne, aux États-Unis, au Canada et en Australie.
24
+
25
+ Après l'occupation soviétique, la lutte armée par les maquisards lettons continua jusqu'à la mort de Joseph Staline en mars 1953. Pour priver la résistance lettone de ses approvisionnements, les Soviétiques lancèrent un programme de collectivisation forcée des fermes. En 1949, une seconde vague de déportations eut lieu : 42 133 personnes furent déportées à Krasnoïarsk, Amur, Irkoutsk, Omsk, Tomsk et Novossibirsk en Sibérie (soit 2 % de la population lettone avant la guerre). En même temps, les autorités soviétiques transférèrent des milliers de Russes en Lettonie, dans le cadre d'un programme de russification du pays.
26
+
27
+ À la suite de la répression soviétique, la culture lettone fut plus diffusée après-guerre en dehors de Lettonie qu'en Lettonie-même.
28
+
29
+ Redevenue indépendante en 1991, comme la Lituanie et l'Estonie avant même l'effondrement total de l'Union soviétique, la Lettonie n'adhère pas à la CEI. La Lettonie accorde la nationalité et des passeports à la minorité russophone, qui constitue alors un tiers de la population, selon des lois qui furent examinées par une délégation du Conseil européen[15]. Les conditions de naturalisation sont assez draconiennes et un nombre important de Russes sont privés de la citoyenneté et bénéficient d'un simple titre de séjour permanent. Ainsi, le pourcentage de Russes restant sans droits civiques s'établit à près de 11.23% de la population totale en 2017[16].
30
+
31
+ Du fait de la non-reconnaissance internationale de leur annexion par l'URSS (voir plus haut), les trois pays baltes ont pu, contrairement aux douze autres républiques ex-soviétiques, quitter la sphère d'influence russe, opter pour une politique euro-atlantique et finalement adhérer à l'OTAN en avril 2004, puis à l'Union européenne le 1er mai 2004.
32
+
33
+ Le 3 juin 2015, Raimonds Vējonis, ancien ministre de l'environnement (2002-2011) puis de la défense (2014-2015), est élu président de la Lettonie pour un mandat de quatre ans, faisant de lui le premier chef d'État d’un parti écologiste à l’échelle de l'Union européenne.
34
+
35
+ La Constitution date de 1922 et est restaurée en 1993, instaurant une république parlementaire. Le Parlement letton, la Saeima, est unicaméral et comporte cent sièges : il est élu au suffrage universel direct tous les quatre ans.
36
+
37
+ Le président de la république est élu par les députés de la Saeima pour un mandat de quatre ans. Le vote se déroule à bulletin secret et à la majorité absolue (soit cinquante et une voix minimum sur cent). Son mandat est renouvelable une fois. Le président nomme le Premier ministre, qui forme avec son cabinet le pouvoir exécutif du gouvernement.
38
+
39
+ Enfin depuis 1996 une Cour constitutionnelle (en) chargée de contrôler la constitutionnalité des lois a été mise en place.
40
+
41
+ La Lettonie compte parmi les États membres de l'Union européenne depuis le 1er mai 2004. Le pays dépose officiellement sa candidature pour l'adhésion aux Communautés européennes le 13 octobre 1995 et les négociations débutent en janvier 2000 à la suite du feu vert donné par le Conseil européen de Helsinki de décembre 1999.
42
+
43
+ Riga signe à Athènes le 16 avril 2003 le traité d'adhésion aux côtés des autres pays candidats à l'adhésion (Chypre, l'Estonie, la Hongrie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie). Le 20 septembre 2003, un référendum sur la ratification par la Lettonie du traité d'adhésion à l'Union européenne donne 67 % de votes favorables contre 32,3 % d'opinions négatives, avec un taux de participation de 72,53 %[17]. Le 1er mai 2004, la Lettonie entre dans l'Union.
44
+
45
+ L'entrée de la Lettonie dans la zone euro était prévue pour l'année 2008, mais n'a pas été possible en raison de l'importante crise financière de 2008 [réf. nécessaire]. C'est seulement le 1er janvier 2014 que le pays y adhère à la suite d'un vote le 31 janvier 2013 par la Saeima[18]
46
+
47
+ La Lettonie est divisée en quatre régions historiques qui ont aussi une valeur administrative secondaire :
48
+
49
+ À compter du 1er juillet 2009, la Lettonie est divisée en 119 municipalités (novads en letton) et neuf villes au statut spécial de la ville républicaine (en letton : republikas pilsētas). Les novadi peuvent être composées de villes et d'une ou plusieurs communes (pagasti[19]).
50
+
51
+ Jusqu'à cette réforme, la Lettonie était divisée en sept villes républicaines et 26 districts (en letton : rajons), lesquels étaient subdivisés en pagasti.
52
+
53
+ Chaque subdivision a une sphère d'influence sur les différents aspects du service public et perçoit une partie des impôts sur le revenu payés par les personnes enregistrées dans la subdivision.
54
+
55
+ La Lettonie comptait 1 986 096 habitants au 1er janvier 2015, dont environ 60 % de Lettons, une forte minorité russe (25 %) et plusieurs autres minorités (15 %). Comme celle de la plupart des pays de l'Europe du Nord, membres de l'ex-Union Soviétique[réf. souhaitée], la population de la Lettonie est en déclin depuis le début des années 1990[réf. souhaitée].
56
+
57
+ Les pays baltes, dont l'Estonie, sont réputés être ou avoir été (de 2000 à 2006) le Baltic Tiger (en).
58
+
59
+ La monnaie officielle du pays est l'euro depuis le 1er janvier 2014. Son ancienne devise, le lats, fut liée à l'euro dans le cadre du mécanisme de taux de change européen (MCE II) à partir du 2 mai 2005 jusqu'à son remplacement au cours de 1 euro pour 0,702804 LVL.
60
+
61
+ En 2009, la prévision de récession économique causée par la crise financière de 2008 est de 12 à 15 %. En décembre 2008, l'Union européenne et le FMI lui ont apporté une aide de 7,5 milliards d'euros, répartie sur trois ans et conditionnée à une réduction drastique des dépenses de l'État[20].
62
+
63
+ L'entrée dans la zone euro était prévue pour l'année 2008, mais n'a pas été possible en raison de la crise financière de 2008 et de la trop forte inflation. Un nouvel objectif a été fixé pour 2014. Ce dernier a été atteint : la Lettonie a réussi à remplir les cinq critères du traité de Maastricht pour entrer le 1er janvier 2014 dans la zone euro et ainsi devenir son 18e membre[21].
64
+
65
+ En décembre 2011, date de fin du plan d'aide financière sur trois ans au pays, la Lettonie n'a emprunté que 4,36 milliards d'euros sur les 7,5 prévus[22]. En mai 2012, Standard & Poor's remonte la note financière de la Lettonie de BB+ à BBB-[23].
66
+
67
+ Les langues couramment utilisées en Lettonie sont le letton (officiel) et le russe.
68
+
69
+ Le live a officiellement disparu en 2013.
70
+
71
+ En septembre 2006, la Saeima a approuvé le projet de loi visant à faire adhérer le pays à l'Organisation internationale de la francophonie. Seul 1 % de la population maîtrise déjà le français, mais les personnes haut placées (dont l'ancienne présidente, longtemps professeur à l'université de Montréal au Canada, Vaira Vīķe-Freiberga) l'utilisent fréquemment, et une évolution grâce à l'enseignement reste donc prévue. La Lettonie est donc devenue observateur de l'organisme en 2008 lors du sommet qui se tint à Québec (Canada)[24].
72
+
73
+ En 2012, un référendum a proposé plusieurs amendements à la constitution de la Lettonie pour faire du russe la deuxième langue officielle du pays, mais il a été refusé à 74,8 %[25],[26].
74
+
75
+ La Lettonie est un pays de tradition luthérienne (70 % de la population en 1945). Mais par des récents sondages, il semblerait que la majorité de la population lettone ne pratique plus. Cependant, par les registres de naissance, il apparaît qu'à peu près les trois quarts de la population s'affilieraient à part équivalente (entre 20 et 25 %) aux trois religions chrétiennes suivantes : le protestantisme (église luthérienne), le catholicisme et l'orthodoxie[27].
76
+
77
+ Environ la moitié des Lettons soit a suivi les cours d'une école de musique, soit chante dans un chœur, soit sait jouer d'un instrument. L'Opéra national et l'Orchestre symphonique national sont fréquentés par une grande partie de la population[28]. Les premiers opéras ont été organisés à Riga au XVIIIe siècle — la première représentation en letton eut lieu en 1883[29].
78
+
79
+ Les festivals nationaux lettons du Chant et de la Danse (Latviesu Dziesmu un Deju Svetki) sont d'importants événements dans la vie culturelle de la Lettonie et ont lieu tous les cinq ans depuis 1873. Les célébrations des chants et danses baltes organisés en Lettonie, en Lituanie et en Estonie ont été primés dans la liste des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l'UNESCO. En 2014, Riga sera la capitale européenne de la culture conjointement avec Umeå en Suède et accueillera de nombreuses festivités culturelles
80
+
81
+ Festival de cinéma Arsenāls se déroulait à Riga au mois de septembre de 1986 à 2012[30].
82
+
83
+ Le festival letton de drame contemporain « Insight », en mars, célèbre les acteurs montants du drame contemporain[31].
84
+
85
+ Le festival cinématographique bisannuel Lielais Kristaps a été fondé en 1977[32].
86
+
87
+ Le festival cinématographique bisannuel Riga International Film Festival 2ANNAS (en) a été fondé en 1996[33].
88
+
89
+ Les noms de Lieldienas et Ziemassvētki sont originaires de la mythologie lettone et repris par les missionnaires allemands lors de la christianisation.
90
+
91
+ Autres jours importants :
92
+
93
+ Marians Pahars.
94
+
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+ Mikhaïl Tal en 1960.
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+
97
+ Piotr Ugrumov.
98
+
99
+ Herberts Vasiļjevs.
100
+
101
+ Staņislavs Olijars en 2007.
102
+
103
+ Ernests Gulbis en 2008.
104
+
105
+ Kristaps Porziņģis
106
+
107
+ Jeļena Ostapenko à Roland Garros en 2017
108
+
109
+ La Lettonie a pour codes :
110
+
111
+ « On March 26, 1949, the US Department of State issued a circular letter stating that the Baltic countries were still independent nations with their own diplomatic representatives and consuls. »
112
+
113
+ « The forcible incorporation of the Baltic states into the Soviet Union in 1940, on the basis of secret protocols to the Molotov-Ribbentrop Pact, is considered to be null and void. Even though the Soviet Union occupied these countries for a period of fifty years, Estonia, Latvia and Lithuania continued to exist as subjects of international law. »
114
+
115
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3115.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,208 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Taxons concernés
2
+
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+ modifier
4
+
5
+ Une levure est un champignon unicellulaire[N 1] apte à provoquer la fermentation des matières organiques animales ou végétales. Les levures sont employées pour la fabrication du vin, de la bière, des alcools industriels, des pâtes levées, des antibiotiques et d'exhausteurs de goût (les extraits de levure peuvent servir comme agents de sapidité).
6
+
7
+ Le terme « levure » sans spécification peut avoir un emploi générique ou spécifique, dont on vient de donner deux définitions, l'une au singulier et l'autre au pluriel, toutes les deux renvoyant à une classe large d'espèces que la définition spécifie. Mais « levure » peut aussi désigner en contexte, une espèce particulière, généralement par abréviation (ou ellipse du spécificatif) de « levure de bière », ou de « levure de boulanger », ou de « levure haute » (ou basse) (soit Saccharomyces cerevisiae). Le terme désigne également, par analogie, le mélange chimique utilisé en cuisine pour faire gonfler la pâte, dite « levure chimique »[N 2].
8
+
9
+ La dénomination « levure » découle de l'observation des fermentations et tout particulièrement celle qui a lieu durant la fabrication du pain : on dit communément et depuis longtemps que le pain lève. Ce n'est pas, à proprement parler, une dénomination scientifique actuelle. Mais l'importance des levures dans le domaine des fermentations conduit à conserver ce terme générique qui continue à être correctement perçu.
10
+
11
+ Si les Sumériens et les Égyptiens utilisaient déjà la levure pour faire lever leur pain, il a fallu attendre 1857 pour que Louis Pasteur prouve et explique dans "Mémoire sur la fermentation alcoolique" que les levures sont des organismes vivants (effet Pasteur).
12
+
13
+ Le terme courant de levure désigne généralement le genre Saccharomyces (levure de bière ou levure de boulanger). Il existe beaucoup d'autres genres de levures ; parmi les plus connues, le genre Candida possède un pouvoir pathogène chez l'homme, responsable des mycoses de type candidoses.
14
+
15
+ La plupart s’apparentent aux Ascomycètes (type truffe, pézize), quelques-unes à l’autre grand groupe de champignons supérieurs, les Basidiomycètes (type amanites, bolets) et d’autres enfin sont des formes imparfaites non rattachables clairement à un groupe défini. La levure de raisin mesure environ 2 à 9 µm.
16
+
17
+ Ces micro-organismes, de forme variable selon l’espèce (sphérique, ovoïde ou elliptique, en bouteille, triangulaire ou apiculée (renflée à chaque bout comme un citron) mais généralement ovales, d'environ 6 à 10 microns et jusqu’à 50 microns, se multiplient par bourgeonnement ou par scission (scissiparité). Ils sont souvent capables d'accomplir une sporulation soit dans un but de dormance en milieu défavorable, soit dans un but de dispersion.
18
+
19
+ Pour la plupart des levures, la multiplication asexuée (mitotique) est la forme majeure de multiplication. Il existe deux types de division mitotique chez les levures : par bourgeonnement (cas des Saccharomyces), ou par scission (cas des Schizosaccharomyces).
20
+
21
+ Toutefois dans certaines circonstances de milieu, une reproduction sexuée peut avoir lieu, ce qui permet une classification[1]:
22
+
23
+ Les levures sont des micro-organismes eucaryotes, ainsi possèdent-elles les caractéristiques structurelles propres à ce type cellulaire et d'autres plus spécifiques aux levures elles-mêmes :
24
+
25
+ Une paroi cellulaire entourant la membrane plasmique et protégeant la levure des agressions physico-chimiques du milieu extérieur. Elle est constituée d'une couche externe de mannoprotéines, associés à des glucanes et une couche interne de glucanes associés à une petite quantité de chitine.
26
+
27
+ Une membrane cytoplasmique composée principalement de phospholipides double couche (partie hydrophile à l'extérieur et partie lipophile à l'intérieur). Elle contient aussi de nombreux complexes protéiques intrinsèques et extrinsèques dont les rôles sont variés, par exemple des enzymes appelées protéases mènent les transports de substances du milieu extérieur vers le milieu intracellulaire et/ou inversement avec ou non transformation du substrat durant le passage.
28
+
29
+ Un noyau contenant l'information génétique du génome chromosomique de la levure. (voir le chapitre sur les caractéristiques génétiques pour en savoir plus)
30
+
31
+ Des mitochondries qui jouent un rôle important dans la respiration aérobie de la levure et la production d'ATP.
32
+
33
+ Une ou plusieurs vacuoles, organites à l'aspect homogène, qui servent d'espaces de stockage pour diverses substances.
34
+
35
+ Les levures sont des organismes eucaryotes et possèdent un noyau avec des chromosomes linéaires. Chez les Saccharomyces, les chromosomes sont au nombre de 16 simples ou 16 paires selon la forme haploïde ou diploïde de la cellule. Il existe des gènes de structure à information continue comme chez les bactéries, et des gènes à information discontinue (introns et exons) comme chez les organismes supérieurs. Par ailleurs, les gènes de régulation sont spécifiques des levures.
36
+
37
+ À côté des chromosomes, il existe dans le noyau des petites molécules d'ADN circulaire d'environ 6 000 paires de bases, les plasmides, présents entre 50 et 100 exemplaires par cellule. Ces plasmides sont autoréplicables et autotransférables sans affecter la viabilité de la cellule. Ils portent l'information génétique de quelques caractères non essentiels à la viabilité de la levure. Ils ont un rôle considérable dans toutes les opérations de génie génétique.
38
+
39
+ Chaque mitochondrie renferme plusieurs molécules circulaires d'ADN mitochondrial qui portent l'information de certaines enzymes de la chaîne respiratoire.
40
+
41
+ Certaines souches de Saccharomyces renferment dans leur cytoplasme deux virus à ARN. Le matériel génétique du « petit virus » code une toxine exocellulaire capable de tuer d'autres levures et une protéine de résistance à cette même toxine pour empêcher les levures « tueuses » de se tuer entre elles. Le « grand virus » est nécessaire à la multiplication et au maintien du « petit virus » dans le cytoplasme. Les gènes codant d'autres toxines produites par des « levures tueuses » sont directement inclus dans l'ADN chromosomique[2].
42
+
43
+ Les levures font partie des premiers organismes à avoir été génétiquement modifiés. La FAO les considère[3] comme substantiellement équivalents (mais ce concept d'équivalence en substance est encore discuté) à une levure naturelle, et donc « aussi sûrs que le produit traditionnel » et ne nécessitant « donc pas d'autres considérations de sécurité sanitaire que celles appliquées à l'aliment existant ». En 1998, une levure génétiquement modifiée avec des gènes de la même souche était déjà utilisée en Grande-Bretagne pour la panification[4]. Hansenula polymorpha est une des levures naturelles du cidre, naturellement présente sur les pommes. Des souches génétiquement modifiées produisent des phytases, un vaccin anti-hépatite B, des anticoagulants saratine ou hirudine ou d’autres protéines/enzymes[5].
44
+ Une publication de 2019 a annoncé qu'une levure génétiquement modifiée produisait maintenant des cannabinoïdes médicinaux dont certains ont des propriétés psychotropes semblables à ceux trouvés dans le cannabis[6].
45
+
46
+ Les deux principaux processus énergétiques connus chez les hétérotrophes sont la respiration et les fermentations. Pour leur développement ces levures ont besoin :
47
+
48
+ Toutes les levures sont capables de dégrader le glucose, le fructose et le mannose en présence d'oxygène, par un métabolisme oxydatif, conduisant à la formation de CO2 et H2O.
49
+
50
+ Cette voie métabolique est très énergétique et permet aux cellules de subir une multiplication avec un rendement cellulaire élevé (le rendement étant défini par le quotient de la quantité de cellules fabriquées par le substrat sucré consommé) . En plus des sucres simples, certaines levures peuvent utiliser d'autres glucides (mono, di ou trisaccharides, voire des polysaccharides comme l'amidon) mais aussi des alcools, des acides ou des alcanes. D'une manière plus générale, elles ont une capacité hydrolytique bien moindre que les moisissures.
51
+
52
+ En plus du métabolisme oxydatif, certaines levures peuvent privilégier une dégradation des glucides par un métabolisme fermentatif qui conduit à la formation d'éthanol et de CO2 suivant la réaction :
53
+
54
+ En plus de ces composés majoritaires, des alcools supérieurs, des aldéhydes, des esters, des acides… sont formés en plus petites quantités et participent qualitativement de façon importante et complexe à la formation des flaveurs des boissons fermentées. Ce métabolisme est moins énergétique que le métabolisme oxydatif, et le rendement de la multiplication cellulaire en est affecté bien que la vitesse de croissance puisse être nettement plus rapide que dans le processus oxydatif. Ce processus fermentaire peut fonctionner en présence ou en absence partielle ou totale d'oxygène c'est-à-dire en anaérobiose. On évoquera, dans le paragraphe suivant, l'apparition d'un processus fermentaire en présence d'oxygène en excès, décrit comme l'effet Crabtree et très important dans l'industrie de production des levures de boulangerie.
55
+
56
+ Cet effet exprime une tendance au gaspillage du substrat carboné (glucose par exemple) quand ce substrat est présent en grandes quantités. Cet effet permet de comprendre dans quelles conditions l'une des deux voies métaboliques décrites ci-dessus va être choisie. Mais avant de poursuivre la description de l'effet Crabtree il nous faut introduire des données indispensables à sa compréhension.
57
+
58
+ Éléments de cinétique de croissance microbienne :
59
+
60
+ La croissance des levures et bactéries dont les cellules filles se séparent des cellules mères (la population est ainsi toujours constituée de cellules individuelles) suit une loi exponentielle dès lors que les conditions nutritives, l'aération et l'homogénéisation sont optimales. Un modèle simple a été proposé par Jacques Monod pour représenter cette croissance particulière.
61
+
62
+ La population évolue à partir d'une population faible X0 vers une population X selon l'équation suivante :
63
+
64
+ (1)
65
+
66
+
67
+
68
+ X
69
+ =
70
+
71
+ X
72
+
73
+ 0
74
+
75
+
76
+ ×
77
+ exp
78
+
79
+
80
+ (
81
+
82
+ μ
83
+ ×
84
+ t
85
+
86
+ )
87
+
88
+
89
+
90
+ {\displaystyle X=X_{0}\times \exp \left(\mu \times t\right)}
91
+
92
+
93
+
94
+
95
+
96
+ exp
97
+
98
+
99
+ {\displaystyle \exp }
100
+
101
+ est la fonction exponentielle,
102
+
103
+
104
+
105
+ t
106
+
107
+
108
+ {\displaystyle t}
109
+
110
+ est le temps et
111
+
112
+
113
+
114
+ μ
115
+
116
+
117
+ {\displaystyle \mu }
118
+
119
+ est défini comme le taux de croissance népérien du microorganisme. La valeur de ce taux de croissance μ est influencée par de multiples facteurs (température, pH, oxygénation, →concentrations des divers substrats indispensables à la fabrication des cellules, etc.) qui retentissent sur l'activité des enzymes dont la cellule dispose afin d'assurer sa multiplication. Chacun des enzymes suit les lois décrites pour le fonctionnement général des enzymes (loi de Michaelis-Menten) et Jacques Monod a considéré empiriquement que la valeur du taux de croissance pour un substrat donné, en l'occurrence pour un sucre comme le glucose(1) suivait la loi de Michaélis-Menten et que
120
+
121
+ (2)
122
+
123
+
124
+
125
+ μ
126
+ =
127
+
128
+ μ
129
+
130
+ m
131
+ a
132
+ x
133
+
134
+
135
+ ×
136
+
137
+
138
+ S
139
+
140
+
141
+ K
142
+
143
+ m
144
+
145
+
146
+ +
147
+ S
148
+
149
+
150
+
151
+
152
+
153
+ {\displaystyle \mu =\mu _{max}\times {\frac {S}{K_{m}+S}}}
154
+
155
+
156
+ où μmax est la valeur du taux de croissance la plus élevée que le microorganisme puisse atteindre ,
157
+
158
+ (S) la concentration en substrat dans le milieu de culture,
159
+
160
+ Km représentant la concentration en substrat qui détermine μ = μmax/2.
161
+
162
+ La pratique de certains types de culture des unicellulaires, (culture en continu ou en semi-continu) a permis de préciser que le Km de la levure pour le substrat glucose était de l'ordre de 50 mg/litre à 80 voire 100 mg/litre de milieu de culture.
163
+
164
+ (1)(l'hypothèse peut être étendue aux autres substrats indispensables à la croissance comme l'Azote ou le Phosphore, etc.)
165
+
166
+ La courbe tracée en bleu est la représentation des variations du taux de croissance en fonction de la concentration en substrat et elle illustre l'équation (2) ci-dessus. On rappelle que les conditions nutritives du milieu, ainsi que l'aération et l'homogénéisation du milieu sont en excès par rapport aux besoins de la levure; seules les concentrations en substrat sucré sont limitantes pour la levure.
167
+
168
+ On constate que le taux népérien maximum de croissance de la levure est de l'ordre de 0.4, ce taux correspondant à un temps de division cellulaire de 1 heure 45 minutes
169
+
170
+ Quand la concentration en substrat est voisine de 100 mg/litre, le taux de croissance est de 0.25 (correspondant à un temps de division cellulaire de 2 Heures et 20 minutes) : dans ces conditions le métabolisme est encore presque totalement oxydatif mais en se déplaçant vers la droite du graphique il devient de plus en plus fermentatif même en présence d'oxygène en excès. On doit noter que le temps de division cellulaire plus court implique un rendement cellulaire nettement moindre (courbe tracée en vert) ! Le rendement cellulaire s'abaisse en effet vers 12 % c'est-à-dire qu'on fabrique 12 mg de cellules pour 100 mg de sucre consommés alors que dans la partie ascendante de la courbe illustrant les variations du taux de croissance le rendement cellulaire est nettement plus élevé et 55 mg de cellules sont fabriquées avec toujours 100 mg de sucre. L'explication de ce qui peut apparaître comme paradoxal réside dans la production simultanée de levure et d'éthanol quand la teneur en sucre dépasse un certain niveau.
171
+
172
+ Quotient respiratoire(Qr) = CO2produit / O2consommé
173
+
174
+ Rendement cellulaire = biomasse formée (mg) / masse substrat consommée (mg)
175
+
176
+ La température optimale de culture des levures se situe en général entre 25 °C et 30 °C, mais comme les autres micro-organismes, les levures peuvent être classées en levures psychrophiles, mésophiles et thermophiles. D'une façon générale, les levures ne sont pas thermorésistantes. La destruction cellulaire commence dès 52 °C (contre 120 °C pour les bactéries thermophiles hors archées). Les levures sont aussi sensibles à la congélation et à la lyophilisation avec une grande variabilité selon les genres et espèces, et selon la phase de croissance: les cellules en phase exponentielle résistent moins que les cellules en phase stationnaire.
177
+
178
+ La phase stationnaire se définit par un arrêt de la multiplication cellulaire lors de l'épuisement d'un milieu. La levure ralentit son métabolisme, modifie la structure de ses parois et stoppe son cycle cellulaire en phase G1[7].
179
+
180
+ La plupart des souches ne peuvent se développer pour une activité de l'eau inférieure à 0,90 ; mais certaines tolèrent des pressions osmotiques plus élevées, correspondant à une activité de l'ordre de 0.60, en ralentissant leur métabolisme ; ces levures sont dites xérotolérantes.
181
+
182
+ Toutes les levures sont capables de se développer en présence d'oxygène : il n'y a pas de levure anaérobie stricte. Certaines levures sont aérobie strictes (comme les Rhodotorula). Les autres sont aéro-anaérobie facultatives avec parmi elles : des levures préférant un métabolisme soit fermentaire soit respiratoire même en présence d'oxygène.
183
+
184
+ Les enveloppes cellulaires sont imperméables aux ions H3O+ et OH−. Les levures tolèrent donc des gammes de pH très larges, théoriquement de 2,4 à 8,6.
185
+
186
+ Les levures sont également sensibles aux agents chimiques :
187
+
188
+ Le chloramphénicol inhibe la synthèse de protéines mitochondriales mais pas celle des protéines cytoplasmiques. Seules les levures capables de fermenter peuvent alors être cultivées en présence de chloramphénicol.
189
+
190
+ N'importe quel milieu de culture glucosé convient. Cependant on utilise de façon préférentielle certains milieux et dans des conditions particulières (incubation à 28 °C pendant 24 à 48 heures) :
191
+
192
+ Pour faire de la levure maison, il est possible d'utiliser de la pomme de terre mélangée à du sucre, du sel et de l'eau[8]. Le milieu doit être vierge de bactérie[8].
193
+
194
+ L'utilisation de levures pour la panification et la vinification est connue depuis l'époque préhistorique. Toutefois, la compréhension des mécanismes microbiologiques mis en œuvre date des travaux de Louis Pasteur au XIXe siècle. Les connaissances scientifiques et techniques ainsi acquises ont permis de cultiver et d'utiliser de grandes quantités de levures dans les procédés de fermentation industrielle, mais aussi pour la production de vitamines B, de thiamine, des antibiotiques et des hormones stéroïdes. En tant que sous-produit de procédés de fabrication, les levures sont utilisées comme nourriture animale. Une autre transformation majeure des levures est leur autolyse et concentration par divers procédés pour produire des extraits de levures qui sont utilisés comme éléments nutritionnels ou agents de sapidité en alimentation humaine. Ces extraits sont riches en glutamates, glucanes, nucléotides, vitamines du groupe B, etc.[9].
195
+
196
+ Composition en vitamines des levures de boulanger actives sèches :
197
+
198
+ Par extension, le terme de levure est le nom générique donné à tous les organismes vivants unicellulaires eucaryotes appartenant au règne des Mycètes qui provoquent la fermentation.
199
+
200
+ La levure de bière (Saccharomyces cerevisiae) est un sous-produit lavé, tamisé, puis pressé et desséché de la fabrication de la bière.
201
+
202
+ La levure de boulanger (Saccharomyces cerevisiae) est utilisée pour faire lever le pain, grâce à la production de gaz carbonique par fermentation.
203
+
204
+ La levure de paraffine est également très utilisée dans la fabrication de textile.[réf. nécessaire]
205
+
206
+ Le terme de « levure chimique » est employé en cuisine pour désigner une poudre, composée principalement de bicarbonate de sodium, il ne s'agit donc pas de micro-organismes. On s'en sert en pâtisserie et lors de la panification pour faire lever rapidement la pâte et la rendre très légère.
207
+
208
+ Voir l'article Candida.
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fr/3117.html.txt ADDED
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+ L’alimentation désigne, par définition, l'action de s'alimenter. Elle relève donc de la nourriture et par conséquent des aliments qui permettent à un organisme de fonctionner, de survivre. Chez l'Homme, elle caractérise aussi la manière de récolter, stocker et préparer les aliments, de le cuisiner et de s'alimenter, qui s'intéresse davantage au domaine culturel, social et éthique voire du religieux (tabous alimentaires, carême, rituels de préparation, etc.).
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+ Les réactions chimiques exothermiques nécessaires à la vie sont dépendantes d'apports en nutriments. Chez les organismes supérieurs ceux-ci sont soit synthétisés par photosynthèse (végétaux), soit puisés dans des composés organiques (animaux et champignons). Il existe d'autres sources énergétiques pour les micro-organismes : par exemple, certaines archées puisent leur énergie en produisant du méthane ou en oxydant des composés sulfurés.
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+ Les végétaux sont des organismes autotrophes. Ils sont capables de synthétiser les composants organiques à partir d'eau, de composés azotés et de sels minéraux trouvés dans le sol, du CO2 atmosphérique et d'énergie solaire grâce à la fonction chlorophyllienne.
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+ Les animaux sont des organismes hétérotrophes. Ils sont dépendants d'une ou plusieurs autres espèces pour leur nourriture. Les aliments sont transformés en nutriments par la digestion. Le régime alimentaire, qu'il soit zoophage ou herbivore, a une influence prépondérante sur le comportement des animaux. Il détermine notamment leur statut de prédateur ou de proie dans le réseau trophique. Ils peuvent avoir une pratique alimentaire omnivore ou plus spécifique insectivore, piscivore, charognard, détritivore, herbivore…
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+ Comme les autres animaux, l'homme est dépendant de son environnement pour assurer ses besoins primaires en nourriture. L'étude des besoins humains en nourriture, que ce soit en quantité (obésité ou sous-alimentation) ou en qualité (malnutrition) est la nutrition.
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+ Les nutriments sont des molécules produites lors de la digestion des aliments consommés[1],[2]. Les protéines, les lipides et les glucides sont les trois grands groupes de nutriments qui permettent à l’organisme de se construire, de se renouveler, et d'apporter l'énergie nécessaire au métabolisme. Néanmoins, on peut les scinder en deux groupes : les nutriments essentiels et ceux qui ne le sont pas. En effet, les protéines et les lipides sont dits essentiels car notre corps est incapable de les fabriquer et il faut donc les acheminer par l'alimentation, contrairement aux glucides qui peuvent être synthétisés à partir d'autres nutriments.
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+ Les protéines sont composées d'acides aminés qui, une fois libérés pendant la digestion, vont être utilisés par l'organisme pour produire ses propres protéines. Ces dernières entrent dans la composition du corps humain, notamment les muscles, les os, la peau, les cheveux ou encore les ongles.
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+ De plus, elles sont indispensables à certains processus physiologiques comme la réponse immunitaire (les anticorps) ou encore la production d'hormones. Elles sont aussi l’unique source d'azote de l'organisme.
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+ Les lipides sont les nutriments les plus énergétiques. Ils sont les constituants de la membrane de nos cellules (bicouche de phospholipides)[3] et assurent donc leur bon fonctionnement, et celui des organes. On peut ajouter à cela que les lipides ont un rôle essentiel dans le transport de certaines protéines et hormones dans le sang, ainsi que d'un bon nombre de vitamines. Pour les hormones, ils ne font pas que les transporter, mais ils participent aussi à l'élaboration de certaines d'entre elles[4].
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+ Les glucides, contrairement aux protéines et aux lipides, ne sont pas essentiels, et peuvent être produits à partir d'autres nutriments. Les glucides sont utilisés sous la forme de glucose. Ce glucose va être utilisé par toutes les cellules, qu'elles soient musculaires ou nerveuses, notamment les cellules du cerveau. Il peut aussi être dans une moindre mesure, transformé en glycogène pour servir de réserve d’énergie instantané pour les muscles par exemple[5].
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+ L'eau est un solvant polaire de référence qui dissout de nombreux composés comme le sel et le sucre[6]. La plupart des aliments contiennent de l'eau de manière naturelle[7]. C'est un nutriment essentiel qui permet à de nombreuses réactions d'avoir lieu, de sorte qu'il est indispensable au fonctionnement des organismes vivants. Il permet également le transport des nutriments et l'hydratation des tissus de l'organisme[7]. L'organisme humain contient en moyenne 60 % d'eau[8]. Les humains sont capables de vivre sans manger pendant plusieurs semaines mais ne peuvent vivre sans apport d'eau pendant plus que quelques jours[9].
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+ Les apports nutritionnels conseillés sont les quantités que l'on doit ingérer en une journée. Ils diffèrent selon l'âge, le sexe et le mode de vie.
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+ Les troubles du comportement ou des conduites alimentaires (TCA) se définissent par une relation « anormale » à l'alimentation. Ces troubles sont variés et peuvent altérer plus ou moins fortement la santé physique et mentale d'un individu touché. Ils touchent en moyenne plus de femmes que d'hommes à travers le monde et apparaissent souvent à l'adolescence. Les exemples les plus courants de TCA sont la boulimie, l'anorexie, ou encore l'hyperphagie. D'autres troubles comme l'orthorexie sont encore peu connus à l'heure actuelle.[réf. souhaitée]
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+ Le rapport à l'alimentation comprend une part de plaisir (gourmandise...) et une part d'inquiétude ou de précaution (crainte de manquer de nourriture, peur de l'intoxication ou d'un goût déplaisant)[10],[11] qui combinées sont à l'origine de nombreuses formes de répertoires du mangeable/non mangeable, de recettes de cuisines, de principes diététiques[12].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République de Lituanie
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+ Lietuvos Respublika
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+ 54° 41′ N, 25° 16′ E
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+ modifier
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+ La Lituanie, en forme longue la république de Lituanie (en lituanien : Lietuvos Respublika) est un pays d’Europe du Nord situé sur la rive orientale de la mer Baltique, au nord-est de la Pologne, au nord-ouest de la Biélorussie, au sud de la Lettonie et à l'est de l'oblast russe de Kaliningrad. Sa capitale est Vilnius. C'est le plus méridional des Pays baltes ainsi que le plus peuplé et le plus grand en superficie.
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+ Héritière du grand-duché de Lituanie, indépendante de 1918 à 1940 et de nouveau depuis 1991, sa situation et son histoire mouvementée ont longtemps placé la Lituanie sous dominations étrangères, russe en particulier.
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+ La Lituanie a été envahie puis incorporée à l'Union soviétique de juin 1940 à juin 1941, puis à partir de 1944 en dépit d'une résistance qui s'est prolongée jusqu'en 1953. Le pays a recouvré sa souveraineté en 1990. Depuis, comme ses voisins baltes septentrionaux, la Lituanie a intégré l'OTAN le 17 mars 2004, l'Union européenne le 1er mai 2004 et l’Espace Schengen le 21 décembre 2007. La Lituanie a également intégré la zone euro le 1er janvier 2015 et est pays membre de l'OCDE depuis 2018.
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+
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+ La Lituanie compte aujourd'hui environ 3 millions d'habitants. À ce titre, le pays est le plus peuplé et le plus visité des trois États baltes.
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+ Le lituanien est une langue balte.
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+ La graphie ancienne Lithuanie (avec un « h ») est abandonnée dans l'orthographe française[5].
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+ Les premiers hommes sont arrivés en Lituanie approximativement au XIIe millénaire av. J.-C.. En 3000-2500 av. J.-C., des Indo-Européens-Baltes s’y sont installés. Entre le Ve et le VIIIe siècle, des unions de tribus se sont constituées sur les terres occidentales : les Prussiens, les Yotvingiens (en), les Curoniens, les Sémigaliens, les Lituaniens, les Latgaliens. Au Xe siècle, les missions de l’Europe catholique ont commencé à s’intéresser aux Baltes païens. En 1009, le nom de la Lituanie est mentionné pour la première fois dans une description de la mission de St Bruno dans les Annales de Quedlinbourg[6].
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+
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+ L'histoire du royaume de Lituanie commence par l'unification des tribus lituaniennes par Mindaugas, au milieu du XIIIe siècle, en vue de lutter avec succès contre les chevaliers Teutoniques et les chevaliers Porte-Glaive. À l'exception de l'épisode de royaume catholique de Mindaugas et Morta, le pays est resté païen et est par la suite marqué par les règnes de Vytenis (en) à partir de 1290 et de Gediminas de 1316 à 1341. Après le déclin de la Rus' de Kiev, le grand-duché de Lituanie dispute aux Mongols l'hégémonie sur les pays russes et étend fortement ses frontières vers l'est et le sud, dans tout le bassin du Dniepr, jusqu'à la mer Noire atteinte en 1412. Son influence contribue à générer les particularités des Biélorusses et des Ukrainiens par rapport aux « Grands-Russes ».
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+ En 1386, le grand-duc de Lituanie, Jogaila, se marie avec la souveraine de Pologne Hedwige, ce qui crée l'union de Pologne-Lituanie qui aboutira en 1569 à la création de la République des Deux Nations. Cette union conduit à une forte acculturation des élites politiques lituanienne, biélorusse et ukrainienne qui adhèrent à la culture et à la langue polonaise, ainsi qu'à la foi catholique. Le grand-duché de Lituanie perd alors peu à peu de son autonomie[réf. nécessaire] dans la fédération jusqu'à être complètement intégré à la Pologne par la Constitution polonaise du 3 mai 1791. Au terme des trois partages de la Pologne de la fin du XVIIIe siècle, le pays cesse d'exister politiquement en 1795. L'actuel territoire de la Lituanie est alors intégré à l'Empire russe jusqu'à la Première Guerre mondiale. L'Empire allemand l'occupe en 1915.
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+ La république de Lituanie déclare son indépendance le 16 février 1918, mais ne participe pas aux négociations de Brest-Litovsk. L'Allemagne reconnaît la république de Lituanie le 23 mars 1918, la Russie soviétique le 12 juillet 1920, le Royaume-Uni le 24 septembre 1919 de facto et le 20 décembre 1922 de jure, les États-Unis le 28 juillet 1922, la France le 11 mai 1920 de facto et le 20 décembre 1922 de jure[7]. L'ambassadeur de la république de Lituanie en France était le Délégué du Gouvernement Oskaras W. De L. Milosz-Milašius, puis à partir de 1925, Petras Klimas ; en Angleterre, Vincas Čepinskis, en Russie, Simonaitis-Vanagas (1920-1921) puis Jurgis Baltrušaitis (1921-1939)[8], le père de l'historien de l'art Jurgis Baltrušaitis.
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+ La Lituanie acquiert Memel alias Klaipėda en 1923, après avoir perdu Vilnius en 1920. Vilnius comportait une forte population polonaise, et le maréchal polonais Józef Piłsudski, héros de l'indépendance polonaise de 1918, était né dans son ressort. À cause du désaccord sur Vilnius, la Lituanie et la Pologne n'entretinrent pas de relations diplomatiques entre 1920 et 1938. C'est donc Kaunas qui fut la capitale de la Lituanie de 1918 à 1940. Fin 1939, les Soviétiques rétrocèderont Vilnius à la Lituanie.
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+ Le 14 juin 1940, le jour-même où les troupes allemandes entrent dans Paris, Staline donne l'ordre d'occuper les trois États baltes : l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie[9],[10]. Un an plus tard, en juin, les Soviétiques ont déporté quelque 43 000 citoyens baltes[11].
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+
32
+ De l'opération Barbarossa en juin 1941 et jusqu'en juillet 1944, les nazis occupent à leur tour le pays et la Lituanie perd entre 83 % et 85 % de ses Juifs[12],[13],[14] (entre 130 000 et 140 000 personnes), selon les données de Yad Vashem et United States Holocaust Memorial Museum. Une partie de la population non juive a coopéré, mais également une grande partie ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs. Selon les données de Yad Vashem, la Lituanie a le plus grand nombre de Justes parmi les nations, c'est-à-dire de gens qui ont sauvé les Juifs avec succès, par habitant en Europe centrale[15] et le deuxième plus grand nombre dans le monde entier, après les Pays-Bas[15].
33
+
34
+ Après l'opération Bagration, la Lituanie est à nouveau annexée par l'Union soviétique de 1944 à 1990. Les Soviétiques ont mis en place dans les Pays baltes un système de répression brutale des opposants politiques et de déportations massives, dont des femmes et des enfants, dans des camps de travail forcé en Sibérie[11]. Les jeunes organisent la "Mission Sibérie" depuis 2006 pour s'occuper des tombes lituaniennes là-bas[16],[17],[18],[19]. La résistance contre l'occupation a duré jusqu'en 1953. Les États-Unis[20] et la plupart des pays non-communistes membres de l'ONU, ainsi que, par la suite, le Parlement européen[21],[22],[23], la CEDH et le Conseil des droits de l'homme de l'ONU[24] n'ont pas reconnu l'incorporation de la Lituanie parmi les 15 Républiques socialistes soviétiques et ont continué à la reconnaître de jure comme État souverain[25],[26],[27].
35
+
36
+ La Lituanie était la première république soviétique à déclarer son indépendance le 11 mars 1990[28], deux années avant la disparition de l'URSS.
37
+
38
+ Du fait de la non-reconnaissance internationale de son annexion par l'URSS, la Lituanie et ses voisins baltes ont pu, contrairement aux douze autres républiques ex-soviétiques, quitter la sphère d'influence russe, opter pour une politique euro-atlantique et finalement adhérer à l'OTAN en avril 2004, puis à l'Union européenne le 1er mai 2004.
39
+
40
+ La Lituanie est entourée au nord par la Lettonie, au sud-est et à l'est par la Biélorussie et au sud-ouest par la Pologne et l'enclave russe de Kaliningrad. Le pays est bordé par la mer Baltique sur son flanc occidental.
41
+
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+ La Lituanie, comme ses deux voisins baltes, est doté d'un climat continental dans les terres et les influences maritimes de la Baltique sur la côte. L'hiver commence dès le mois de novembre et les températures peuvent descendre jusqu'à −30 °C. Le printemps est relativement court et débute mi-avril par la fonte des neiges, engendrant des campagnes boueuses. L'été est plutôt chaud, avec un mercure variant de 17 à 30 °C dans la capitale. Néanmoins, l'ouest de la Lituanie est marqué par des précipitations importantes.
43
+
44
+ La Lituanie est un pays plutôt plat et la majeure partie du territoire, située sur le bassin du Niémen, ne dépasse pas 250 mètres d'altitude. Le pays est composé de 45 % de terre agricole[28] et de 35 % de forêt[29],[28], avec de nombreux petits lacs[28].
45
+
46
+ La Lituanie est une république parlementaire. Ratifiée en octobre 1992, la Constitution prévoit que le président de la République assure la charge exécutive. Celui-ci est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et nomme le Premier ministre. Le choix doit être approuvé par le Parlement.
47
+
48
+ Le Parlement lituanien est le Seimas et est monocaméral. Il se compose de 141 députés élus pour un mandat de quatre ans. Les électeurs disposent de deux bulletins de vote : le premier sert à élire, dans 71 circonscriptions, des députés élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours (le second tour éventuel se déroulant deux semaines après le premier), tandis que le second bulletin de vote sert à exprimer la préférence partisane de l’électeur, qui doit choisir entre plusieurs listes bloquées de 70 noms pour une circonscription nationale unique. Les 70 sièges de ce second contingent sont répartis, à la proportionnelle, entre tous les partis qui atteignent ou dépassent 5 % des suffrages exprimés (le décompte total étant fait à la fois sur les votes personnels exprimés dans les 71 circonscriptions et sur le vote partisan exprimé dans la circonscription unique), le décompte étant par ailleurs compliqué par le fait qu’un électeur a la faculté d’exprimer, au sein de la liste pour laquelle il se prononce, une préférence pour au plus cinq personnes parmi celles figurant sur cette liste.
49
+
50
+ La Cour constitutionnelle vérifie la conformité des lois à la Constitution, peut être saisie pour avis sur la ratification éventuelle d'un traité, est juge des élections présidentielles et législatives. Enfin elle peut être saisie par tout tribunal dans le cadre d'une question préjudicielle de constitutionnalité (article 110 de la Constitution).
51
+
52
+ Le pouvoir judiciaire est exercé par des tribunaux indépendants ayant à leur tête la Cour suprême. Depuis 2000, des tribunaux administratifs et une Cour administrative ont été institués.
53
+
54
+ La Lituanie est aussi un État observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie.
55
+
56
+ Les présidents de la Lituanie et de la France se rencontrent régulièrement[30],[31],[32],[33],[34],[35],[36],[37],[38].
57
+
58
+ Considérée comme « un maillon indispensable entre l'Europe et le monde slave », la Lituanie manifeste depuis son indépendance en 1990, selon les termes du groupe France-Pays Baltes du Sénat français, « une volonté réelle d'ancrage à l'Europe »[39].
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+
60
+ Le pays dépose officiellement sa demande d'adhésion à l'Union européenne le 8 décembre 1995. Elle s'efforce dès lors de satisfaire aux critères politiques et économiques qui conditionnent l'adhésion de tout nouvel État à l'Union européenne[40]. La fermeture exigée par Bruxelles de la centrale nucléaire d'Ignalina, de type Tchernobyl, est l'un des points sensibles de la négociation. Elle reste d'ailleurs un sujet épineux entre l'Europe et la Lituanie[41]. Les 12-13 décembre 1997, le Conseil européen de Luxembourg lance le processus d'adhésion de onze États, dont la Lituanie, et décide que la préparation des négociations avec la Bulgarie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie et la Slovaquie sera accélérée. Les 10-11 décembre 1999, le Conseil européen d'Helsinki décide d'ouvrir à partir de février 2000 les négociations d'adhésion avec six pays, dont la Lituanie, et les négociations d'adhésion entre l'UE et la Lituanie commencent le 15 février 2000. Les 12-13 décembre 2002, lors du Conseil européen de Copenhague, l'Union européenne et dix pays candidats à l'adhésion scellent leur union par un accord sur les conditions économiques et financières de l'élargissement. Il est décidé que Chypre, Malte, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et les trois États baltes, Estonie, Lituanie et Lettonie rejoindront l'Union le 1er mai 2004.
61
+
62
+ Le 10 mai 2003, un référendum concernant l'adhésion à l'Union européenne a lieu et aboutit à la victoire du « oui » par 89,92 % des voix, contre 8,85 % d'opinions négatives (et 1,23 % de bulletins invalidés) ; le traité d'adhésion est signé le 16 avril 2003 à Athènes.
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+ La Lituanie adhère officiellement à l'Union européenne le 1er mai 2004.
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+
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+ Le 6 mai 2006, la Commission propose que la Slovénie adopte l'euro au 1er janvier 2007, mais elle rejette la demande similaire de la Lituanie, constatant que les conditions économiques ne sont pas encore pleinement remplies par ce pays[42]. Le taux d'inflation en Lituanie dépasse alors de 0,1 point le maximum autorisé par les critères de convergence[43].
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+
68
+ En 2009, la Lituanie est vivement critiquée par l'Union européenne lors de l'adoption au Seimas, le parlement lituanien, d'un amendement à la loi sur la « protection des mineurs » pour interdire dans le pays tout propos favorable à l'homosexualité. Cet amendement considère en effet que toute information publique évoquant favorablement l'homosexualité a des conséquences néfastes sur le développement physique, intellectuel et moral des mineurs[44]. De nombreux députés européens protestent contre cette loi qui, selon les eurodéputés Sophia in't Veld et Ulrike Lunacek, « menace les valeurs européennes, le droit européen et la liberté d'êtres humains »[45]. Le parlement européen vote alors une résolution dans laquelle il demande à la Lituanie de « réexaminer les modifications récentes de sa législation sur la protection des enfants afin d'éviter toute possibilité de discrimination fondée sur l'orientation sexuelle »[46].
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+
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+ Le 1er juillet 2013, elle prend la présidence de l'UE après l'Irlande et passe le relais à la Grèce le 1er janvier 2014.
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+
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+ Le 4 juin 2014, le feu vert pour son passage à l'euro au 1er janvier 2015 lui est donné par la Commission européenne et La Banque centrale européenne[47],[48] : elle devient le 19e pays membre et abandonne de ce fait sa monnaie locale le litas. Cette adhésion entraîne une modification de la gouvernance de la BCE[49].
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+
74
+ La Lituanie fait partie de l'Organisation internationale de la francophonie en tant qu'État observateur[50].
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76
+ Les infrastructures francophones présentes en Lituanie comptent : l’Institut français de Lituanie[51], de l'École française de Vilnius[51] et de la Chambre de commerce franco-lituanienne[51].
77
+
78
+ Jusqu’en 2015, la monnaie nationale était le litas (LTL : 3,45 litas pour 1 euro, taux de change fixe). L'inflation a atteint un pic de 12,3 % en mai 2008[52].
79
+
80
+ Première république soviétique à avoir cherché à s’affranchir des liens avec l’URSS, la Lituanie a particulièrement souffert des bouleversements économiques consécutifs à la proclamation de son indépendance et à l’effondrement du bloc de l’Est.
81
+
82
+ Depuis 2004 et son adhésion à l'Union européenne (sans nécessairement de lien de cause à effet), l'économie du pays a connu une forte croissance pendant les années 2000 (près de 10 % par an) : le chômage a chuté grâce au boom de la construction, les prix de l'immobilier ont grimpé en flèche. Mais de nombreux jeunes ont quitté le pays pour la Grande-Bretagne et l'Irlande. Le secteur du textile s'est bien développé ces dernières années pour des marques européennes haut de gamme. L’entrée du pays dans la zone euro a été recherchée notamment afin de stabiliser les institutions financières.
83
+
84
+ Avant le déclenchement de la crise économique de 2008, la croissance était de 8 % en 2007[53]. En 2008, la crise frappe durement les pays baltes, dont la Lituanie, et les difficultés rencontrées par la Lettonie, l'Estonie et la Lituanie vont jusqu'à faire craindre la faillite des trois États[54]. La prévision de récession atteint 10 % en avril 2009. Toutefois, grâce à la crise, l'inflation s'est fortement ralentie, et les autorités espèrent ainsi intégrer la zone euro plus rapidement. La crise balte est attribuée partiellement au comportement des banques suédoises[55].
85
+
86
+ Le mercredi 4 juin 2014, la Commission européenne, ainsi que la Banque centrale européenne ont donné leur feu vert pour l'entrée de la Lituanie dans la zone euro. Le 1er janvier 2015, l’État balte est devenu le 19e membre de la zone euro[56].
87
+
88
+ Aujourd'hui, le PIB par habitant est environ 22 % plus grand que celui de la Pologne[57], 5 % plus grand que celui de la Lettonie[58] et deux fois plus grand que celui de la Russie[59].
89
+
90
+ Tableau récapitulatif de la population selon l'ethnicité[60] :
91
+
92
+ La religion prédominante est le catholicisme à 79 %, mais l'orthodoxie (4,07 %), le protestantisme, le judaïsme et l'islam (Tatars baltiques) existent aussi, en tant que religions minoritaires. On trouve également à Trakai les derniers karaïtes d'Europe. Le néo-paganisme est renaissant.[réf. nécessaire]
93
+
94
+ Il est à noter qu'en 2005, la Lituanie était le pays présentant le plus haut taux de suicides au monde, avec 68,1/100 000 hommes par an et 12,9/100 000 femmes par an[61],[62].
95
+
96
+ La Pologne accuse les autorités lituaniennes de discrimination envers les Polonais de Lituanie[63].
97
+
98
+ Environ 1,3 million de Lituaniens habitent en terre étrangère[64],[65].
99
+
100
+ La langue officielle de la Lituanie est le lituanien, qui est la langue maternelle de 85 % de la population.
101
+
102
+ Le russe est langue maternelle de 7 % de la population.
103
+
104
+ Le sport numéro 1 en Lituanie est le basket-ball. Depuis son indépendance en 1990, la Lituanie est devenu une équipe de premier plan mondial. L'équipe nationale a terminé trois fois à la troisième place des Jeux olympiques en 1992 à Barcelone, en 1996 à Atlanta et en 2000 à Sydney. C'est une des meilleures nations européennes (avec notamment un titre de championne d'Europe en 2003) avec l'Espagne, la France, la Serbie, la Russie et la Grèce. Parmi les meilleurs joueurs, Saulius Štombergas, Ramūnas Šiškauskas, Artūras Karnišovas, Kšyštof et Darjuš Lavrinovič, Šarūnas Jasikevičius qui fut porte-drapeau de la délégation lituanienne à Pékin et qui a longtemps évolué en NBA.
105
+
106
+ En football, l'équipe nationale lituanienne est une équipe très rugueuse et physique dont les points forts sont son bloc défensif ainsi que son jeu aérien. Elle peut poser des problèmes à nombre de bonnes équipes ; lors des qualifications pour l'Euro 2008, elle a notamment réussi un match nul en Italie et lors de ses deux confrontations avec l'équipe de France, cette dernière a dû attendre à chaque fois la fin du match pour réussir à l'emporter. Ses meilleurs joueurs sont Tomas Danilevičius (Bologne FC 1909) qui est le meilleur buteur en sélection de l'histoire avec 13 buts, Edgaras Jankauskas (CF Belenenses) qui est passé aussi par le FC Porto, le FC Bruges et l'OGC Nice, et Andrius Velička (Rangers Football Club).
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+ En cyclisme, la Lituanie possédait deux coureurs de bon niveau au début des années 2000 avec le grimpeur Marius Sabaliauskas (passé par chez Lampre notamment), et surtout avec Raimondas Rumšas qui termina troisième du Tour de France 2002, mais déchu pour dopage quelques jours après l'arrivée de ce Tour, et qui a depuis totalement disparu de la circulation. La relève fut assurée par le très bon Tomas Vaitkus qui est un bon sprinteur, un bon rouleur ainsi qu'un bon spécialiste des classiques flandriennes, il a notamment remporté une étape du Tour d'Italie en 2006 et terminé sixième du prestigieux Tour des Flandres en 2007. Ramūnas Navardauskas porta le maillot rose de leader sur le Tour d'Italie 2012 et remporta la 19e étape du tour de France 2014, ce qui fait de lui le premier Lituanien à remporter une étape du Tour de France.
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+ En hockey sur glace, l'équipe nationale lituanienne est classée 25e au classement IIFH et évolue en deuxième division mondiale. Elle a cependant un joueur de très haut niveau avec Dainius Zubrus qui a évolué dans la LNH de 1996 à 2016 chez les Flyers de Philadelphie, les Canadiens de Montréal, les Capitals de Washington, les Sabres de Buffalo, les Devils du New Jersey et les Sharks de San José.
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+ En athlétisme, la Lituanie est présente essentiellement à travers le lancer du disque, discipline très populaire. La Lituanie connut de grands lanceurs, comme Romas Ubartas (champion olympique en 1992 à Barcelone) et surtout Virgilijus Alekna qui est sûrement le meilleur lanceur de disque de la dernière décennie avec à son palmarès deux titres de champion olympique en 2000 et 2004 et 2 titres de champions du monde en 2003 et 2005. Cependant Virgilijus Alekna qui a dominé sa discipline de main de fer entre 2000 et 2006 est depuis deux ans un peu plus en retrait, notamment par rapport à l’Estonien Gerd Kanter, malgré une médaille de bronze aux JO de Pékin.
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+ Si le tennis lituanien est absent du haut-niveau mondial, la donne pourrait peut-être changer dans les années à venir avec Ričardas Berankis qui termina l'année 2007 à la place de numéro 1 mondial junior.
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+ Enfin, la Lituanie est aussi présente dans les compétitions de natation par l'intermédiaire de la nageuse Rūta Meilutytė, qui remporta l'or olympique à Londres en 2012 et qui améliora les records d'Europe des 100 m brasse en grand et en petit bassin ainsi que celui du 50 m brasse en petit bassin en 2012 alors qu'elle n'avait que 15 ans. Elle est toujours détentrice de ces trois records en mai 2013.
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+ Tomas Vaitkus lors du Tour d'Espagne 2008.
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+ Dainius Zubrus.
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+ Ričardas Berankis.
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+ La bande dessinée Haïkus de Sibérie raconte l'histoire des déportations d'enfants par les Soviétiques[66].
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+ La Lituanie a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République fédérale d’Allemagne
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+ (de) Bundesrepublik Deutschland
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+ 52° 31′ N, 13° 25′ E
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+ modifier
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+ L'Allemagne (/almaɲ/ ; en allemand : Deutschland /ˈdɔʏtʃlant/ Écouter), en forme longue la République fédérale d'Allemagne[a] abrégée en RFA (en allemand : Bundesrepublik Deutschland /ˈbʊn.dəs.ʁe.pu.ˌblik ˈdɔʏtʃ.lant/ Écouter, abrégée en BRD), est un État d'Europe centrale, entouré par la mer du Nord, le Danemark et la mer Baltique au nord, par la Pologne à l'est-nord-est, par la Tchéquie à l'est-sud-est, par l'Autriche au sud-sud-est, par la Suisse au sud-sud-ouest, par la France au sud-ouest, par la Belgique et le Luxembourg à l'ouest, enfin par les Pays-Bas à l'ouest-nord-ouest. Décentralisée et fédérale, l'Allemagne compte quatre métropoles de plus d'un million d'habitants : la capitale Berlin, ainsi que Hambourg, Munich et Cologne. Le siège du gouvernement est situé dans la ville de Berlin et dans la ville fédérale de Bonn. Francfort-sur-le-Main est considérée comme la capitale financière de l'Allemagne[b] : dans cette ville se trouve le siège de la BCE.
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+ Beaucoup de peuples germaniques occupent le Nord du territoire actuel depuis l'Antiquité classique. Durant ce que l'on nomme les invasions barbares, les tribus germaniques se rapprochent du Sud de ce territoire. À partir du Xe siècle, les territoires forment la partie centrale du Saint-Empire romain germanique. Au XVIe siècle, le Nord de l'Allemagne est au cœur de la réforme protestante. Le pangermanisme entraîne l'unification des États allemands en 1871 pour former l'Empire allemand. Après la Première Guerre mondiale, et la révolution allemande de 1918-1919, l'Empire est remplacé par la république parlementaire de Weimar. L'accès au pouvoir des nazis en 1933 mène à la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle le régime totalitaire connu sous le nom de Troisième Reich, fondé sur un racisme et un antisémitisme singulier, et dirigé par le dictateur Adolf Hitler perpètre des crimes de masse en Europe, dont la Shoah, et laisse le pays en ruines. Après sa défaite militaire en 1945, l'Allemagne perd des territoires et — par la volonté des vainqueurs alliés qui entrent dans la « guerre froide » — est contrainte de se scinder en deux nations : à l'ouest un État démocratique, la République fédérale d'Allemagne (en abrégé RFA) et, à l'est, la République démocratique allemande (en abrégé RDA) sous emprise de l'Union soviétique. Le mur de Berlin — qui symbolise cette division dans l'ancienne capitale — tombe le 9 novembre 1989 et l'Allemagne est à nouveau réunifiée le 3 octobre 1990, Berlin en redevenant la capitale.
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+ La langue officielle du pays est l'allemand, sa monnaie est l'euro, sa devise est Einigkeit und Recht und Freiheit (« Unité et Droit et Liberté ») et son drapeau est constitué de trois bandes horizontales aux couleurs nationales de l'Allemagne : noir, rouge et or. Son hymne national est Das Deutschlandlied (« Le Chant de l'Allemagne »). Avec plus de 83 millions d'habitants[2], l'Allemagne est le pays le plus peuplé de l'Union européenne. Elle est une grande puissance politique[5] et sa dirigeante politique, Angela Merkel en 2019, est largement perçue comme la personnalité politique la plus influente de l'Union européenne[6]. L'Allemagne est aussi la première puissance économique d'Europe ainsi que la quatrième puissance économique mondiale et elle compte parmi les pays industrialisés les plus développés et les plus performants dans le monde. Elle figure parmi les premiers mondiaux dans les secteurs de l'aéronautique, de l'automobile, de l'industrie chimique et de la construction mécanique. L'Allemagne est en 2017 le troisième exportateur mondial derrière la Chine et les États-Unis et elle est le pays présentant le plus grand excédent commercial du monde en 2018[7]. Elle a aussi le taux de chômage le plus bas parmi les 19 États membres de la zone euro, ce taux s'établissant à 3,3 % en décembre 2018, d'après Eurostat[8]. L'Allemagne affiche un niveau de vie « très élevé » : elle est 4e au classement IDH en 2019[4].
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+ Membre fondateur de l'Union européenne et membre du G7, du G20, de la zone euro, de l'espace Schengen et de l'OTAN, elle abrite le siège de la Banque centrale européenne, du Tribunal international du droit de la mer et de l'Office européen des brevets. L'Allemagne est le pays le plus apprécié du monde, ceci d'après des sondages effectués à la demande de la BBC en mai 2013[9], du GfK en novembre 2014[10] et de U.S. News en janvier 2016[11]. Comme destination d'immigration, elle est une des terres préférées, se classant ainsi deuxième dans le monde[12], après les États-Unis. L'Allemagne est en 2014 le principal pollueur d'Europe, émettant à elle seule près de 23 % de l'ensemble des émissions de CO2 du continent[13].
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+ Le mot gotique Thiuda signifiant « peuple », a comme adjectif Thiudisk. Thiudisk est transformé en Theodischus par les Romains, puis en Teudischus. Thiudisk devient Diutisca en vieux haut allemand pour aboutir à Deutsch en allemand moderne ou Tysk dans les langues scandinaves (d'où Tyskland). En ancien français, le latin Theodiscus donne Thodesche, puis Tudesque.
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+ Le français moderne préfère le mot Allemand issu du latin Alamanni désignant le peuple des Alamans[14]. Ceci est également valable, par exemple, en portugais (Alemão), en espagnol ou castillan (Alemán), et pour le catalan (Alemanys). L'italien lui, a conservé l'origine latine dans son adjectif Tedesco pour dire Allemand[15].
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+ Germany en anglais se réfère aux Germains et Saksa en finnois et en estonien se réfère aux Saxons.
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+ Dans les langues des peuples slaves, le nom renvoie à l'adjectif signifiant « muet ».
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+ En langue chinoise écrite, le nom de l'Allemagne est 德国 (Déguó). Ici, 德 (Dé) est l'abréviation de la transcription 德意志 (Déyìzhì) du mot allemand deutsch, et 国 (Guó) signifie pays[16].
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+ De 962 à 1806, l'Allemagne est la force centrifuge du Saint-Empire romain germanique. Après le Congrès de Vienne, les États allemands se regrouperont au sein de la Confédération germanique (de 1815 à 1866) alors en proie aux luttes d'influence entre l'Autriche et la Prusse. C'est en 1871, à la fin de la guerre franco-prussienne, les divers États allemands furent réunis dans un État dominé par la Prusse, donnant ainsi naissance à l'Allemagne unifiée moderne, dite également Deuxième Reich ou Reich Wilhelminien. La défaite allemande qui suivit la Première Guerre mondiale provoqua en 1918 l'avènement de la République, puis en 1933 celui du Troisième Reich, lequel s'effondra en 1945 dans la défaite qu'entraîna la Seconde Guerre mondiale. D'abord occupée par les forces armées de ses vainqueurs, l'Allemagne fut séparée en deux parties en 1949, qui formèrent la République fédérale d'Allemagne (dite « Allemagne de l'Ouest ») et la République démocratique allemande (dite « Allemagne de l'Est »). La réunification a eu lieu le 3 octobre 1990, onze mois après la chute du Mur de Berlin, qui marqua la réunification populaire. En 1990, sa capitale redevient Berlin.
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+ La linguistique et les textes latins nous montrent que la mention du peuple germain remonte à l'époque romaine. Cependant les historiens s'entendent pour trouver les origines d'un territoire allemand au partage de Verdun de 842. Louis le Germanique a obtenu, lors de ce partage, l'est de l'empire carolingien, nommé Francie orientale. C'est de la Francie orientale qu'est issu le Saint-Empire romain germanique fondé par Otton Ier, dit le Grand (936-973). Cet empire comprend, outre le territoire de l'actuelle Allemagne, l'Italie du nord et la Bourgogne. Dès sa fondation, ce nouvel empire est entravé par le peu d'institutions sur lesquelles l'empereur peut asseoir son autorité et la faiblesse des revenus, les empereurs ne disposant que de leurs propres domaines pour financer leur politique. Le système d'élection de l'empereur par les princes-électeurs conduisit souvent à affaiblir le pouvoir du monarque. Traditionnellement, l'empereur élu entreprenait un voyage à Rome pour être couronné par le pape.
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+ Le délitement du pouvoir impérial est accentué par l'obsession de certains empereurs à vouloir établir une autorité forte dans leurs possessions italiennes. Au XIIIe siècle, Frédéric II est tellement occupé par ses affaires italiennes qu'il renonce à tout pouvoir et tout contrôle dans les nombreuses principautés ecclésiastiques allemandes et qu'il abdique une grande partie de ceux-ci dans les principautés laïques. De ce fait, les terres allemandes sont pratiquement indépendantes du pouvoir impérial dès cette époque.
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+ À partir du XIe siècle, la Germanie déborde de ses limites traditionnelles entre le Rhin et l'Oder. Commence alors la colonisation de l'Europe centrale sous l'action de grands seigneurs, des rives de la mer Baltique par une croisade menée par les chevaliers Teutoniques et du Sud du pays à partir du règne de Otton Ier. Des centaines de milliers d'Allemands de l'Ouest poussés par la surpopulation ont ainsi migré vers l'Est où des tenures plus vastes et des droits féodaux plus légers les attendent. Les villes rhénanes et les ports se développent mais prennent une part peu active au grand commerce européen du XIIe siècle.
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+ Après 1438, l'empereur porte le titre d'un « empereur élu » après son élection formelle par les sept « électeurs » de l'Empire à Francfort. À l'époque moderne, le Saint-Empire compte plus de 300 États qui n'obéissent que de très loin à l'empereur Habsbourg.
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+ Au XVIe siècle, la réforme luthérienne continue à diviser l'Allemagne. En 1546, l'empereur Charles Quint entre en guerre contre les nombreux princes et villes allemands qui se sont convertis au luthéranisme. Son échec à réduire le protestantisme dans le Saint-Empire est sanctionné par la paix d'Augsbourg de 1555, qui permet à chaque prince et ville libre de choisir sa religion mais oblige les sujets à avoir la même religion que leur souverain — cujus regio, ejus religio. L'Allemagne n'en a pas pour autant fini avec les guerres de religion. Les progrès du calvinisme en Allemagne à la fin du XVIe siècle et la volonté de l'empereur Ferdinand II d'imposer son autorité et celle de la religion catholique aux États du Saint-Empire, entraînent la guerre de Trente Ans qui ravage le pays de 1618 à 1648. Les traités de Westphalie entérinent l'affaiblissement du pouvoir impérial en favorisant les droits des 350 États allemands. La liberté religieuse des princes est réaffirmée.
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+ Le rapprochement se fait partiellement par la finance. La Frankfurter Wertpapierbörse créée en 1585 par des marchands pour établir un cours unique des monnaies, devenue une bourse aux effets de commerce au XVIIe siècle, centralise depuis la fin du XVIIIe siècle la négociation de la dette publique. La Banque de Bethmann innove en fragmentant et revendant, par appel à l'épargne publique, les prêts souverains à François Ier[17].
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+ Sous la pression de la France, le Saint-Empire est dissous en 1806 et remplacé par la Confédération du Rhin sous protectorat français. Après le congrès de Vienne (novembre 1814 - juin 1815), celle-ci est remplacée par la Confédération germanique (en allemand : Deutscher Bund) qui ne regroupe plus que 39 États sous la direction honorifique des Habsbourg, lesquels ne portent plus que le titre d'Empereur d'Autriche. En fait, cette confédération ne peut exister que si l'Autriche et la Prusse s'entendent. À partir de 1834, le Zollverein ou union douanière commence à se constituer à l'initiative de la Prusse. Il construit un espace économique sans douane intérieure et définit une même politique commerciale vis-à-vis de l'extérieur. Cet espace, progressivement élargi, exclut délibérément l'Autriche. Les révolutions de 1848 touchent la plupart des États allemands. Une assemblée élue au suffrage universel se réunit à Francfort et propose la couronne d'une Allemagne unifiée au roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, qui la refuse, soucieux de ne pas tenir son pouvoir de la souveraineté du peuple. Il est prêt à accepter la couronne que lui proposent les princes allemands, mais l'Autriche force la Prusse à renoncer en 1850. L'Allemagne se retrouve dans la même situation politique qu'en 1815.
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+ En 1862, Otto von Bismarck devient le ministre-président du roi de Prusse Guillaume Ier. Il a compris que l'unité allemande ne se fera pas sans l'éviction de l'Autriche par la guerre. Il fait passer par la force les réformes modernisant l'armée. En 1866, l'armée prussienne écrase l'armée autrichienne à Sadowa.
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+ La Prusse annexe les territoires situés entre sa partie orientale et sa partie occidentale, et dirige la Confédération de l'Allemagne du Nord. Seuls les quatre États du Sud n'y adhèrent pas.
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+ La France, en déclarant la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870, permet de fédérer tous les États allemands autour d'un ennemi commun. La défaite française débouche sur la proclamation de l'Empire allemand le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, avec Guillaume Ier de Prusse à sa tête, entraînant également l'annexion de l'Alsace (sauf Belfort) et du nord de la Lorraine, dont la région de Metz, place-forte de première importance. L'unité allemande s'est faite par le haut et par la guerre, comme le souhaitait Bismarck.
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+ L'indemnité de guerre de 1871, forçant la France à emprunter 25 % de son PIB pour verser de l'or à l'Allemagne, dope la spéculation immobilière à Berlin, précipitant le krach de mai 1873, le plus profond de l'histoire boursière allemande, puis la Grande Dépression (1873-1896). Les banques se méfient les unes des autres. Les prêts interbancaires s'assèchent, mais la Deutsche Bank nouvellement créée résiste à la tempête et d'autres banques la suivent.
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+ La sidérurgie allemande connaît une formidable expansion car elle profite mieux des procédés Bessemer (1858) et surtout Thomas (1877), grâce à un charbon plus abondant, même s'il est moins rentable, exploité dans les mines de la Ruhr. Dans les années 1890 des dizaines de milliers de travailleurs polonais émigrent de Pologne vers la Ruhr pour s'embaucher dans les mines de charbon, dont une partie qui se feront embaucher après la Première Guerre mondiale par les industriels français souhaitant relancer leur économie, grâce à leur savoir-faire[18].
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+ L'Allemagne, devenue une des puissances politiques majeures en Europe s'engage dans la Première Guerre mondiale aux côtés de l'Autriche-Hongrie (1914) et tente d'envahir la France. Après les premiers assauts, la guerre s'oriente vers une longue et lente guerre de position dans les tranchées, meurtrière d'un côté comme de l'autre. Elle prend fin en 1918 avec la défaite allemande, et l'empereur allemand, le Kaiser Guillaume II, doit abdiquer en raison de la Révolution allemande de novembre 1918. Lors du traité de Versailles, l'Allemagne est considérée comme responsable de la guerre et condamnée à payer de très lourdes réparations, d'autant que les Allemands ont fait sauter les cuvelages de 18 des 19 sociétés minières françaises du nord pendant la guerre et noyé les galeries.
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+ L'Allemagne, chose unique dans l'histoire diplomatique, n'est pas invitée aux discussions versaillaises. Elle est jugée comme principalement responsable (avec l'Autriche-Hongrie) de la guerre, mais conserve néanmoins la Rhénanie, au regret de la France qui voulait fixer la frontière sur le Rhin. L'Alsace et la Lorraine perdues en 1871 reviennent à la France qui n'obtient cependant pas la Sarre (51 millions de tonnes de charbon, soit deux tiers des besoins français), en raison des pressions exercées par l'Angleterre. La Sarre est placée sous la tutelle de la Société des Nations et un référendum sera organisé quinze ans plus tard pour décider son rattachement à la France ou à l'Allemagne. Le Schleswig du Nord est rattaché au Danemark après consultation de la population. Les cantons d'Eupen et de Malmedy sont rattachés à la Belgique. La Pologne obtient un accès à la mer, le fameux « corridor de Dantzig », avec les populations Kachoubes parlant un dialecte polonais mais étant favorables aux Allemands. La ville de Dantzig n'est rattachée ni à l'Allemagne, ni à la Pologne, c'est une ville libre sous contrôle de la SDN. Solutions de compromis qui ne plaisent à personne. 80 kilomètres séparent la Prusse-Orientale du reste de l'Allemagne. La Haute-Silésie, rattachée après plébiscite à l'Allemagne en mars 1921, est occupée par la Pologne peu après. La SDN arbitre la situation et le partage, dénoncé par les deux parties, est réalisé arbitrairement.
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+ L'Allemagne perd 88 000 km2 et huit millions d'habitants. Le service militaire est aboli et l'armée est réduite à 100 000 hommes dont 5 000 officiers. Elle ne peut posséder ni blindés, ni artillerie lourde, ni aviation. Sa flotte de guerre se saborde à Scapa Flow le 26 juin 1919. Elle perd ses colonies, qui sont placées par la SDN sous mandats confiés aux vainqueurs. Comme responsable de la guerre, elle doit céder du matériel et des produits agricoles. Les réparations de guerre sont évaluées en 1921 à 132 milliards de marks-or à payer en 30 ans. Tous les brevets allemands sont perdus, les vainqueurs obtiennent la clause de « nation la plus favorisée » et le Rhin, l'Oder et l'Elbe sont internationalisés, l'Allemagne perdant tout pouvoir sur leur contrôle. La rive gauche du Rhin, avec des têtes de pont rive droite, est occupée, puis considérée comme démilitarisée perpétuellement.
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+ Malgré ces mesures intransigeantes, l'industrie allemande résiste et affiche une croissance plus forte que celle des Anglais, qui sont les perdants de la forte expansion européenne des années 1920. En 1939, le charbon français coûte 25 % plus cher qu'en Allemagne.
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+ Le pangermanisme dévoyé en un nationalisme hostile à l'impérialisme franco-britannique et raciste envers les populations juives et slaves, le ressentiment contre les conditions du traité de Versailles et les conséquences particulièrement dures de la crise économique mondiale de 1929 permettent au NSDAP (parti nazi) d'Adolf Hitler d'accéder par les urnes au pouvoir en 1933. Hitler élimine rapidement toute opposition puis prend le contrôle absolu de l'État allemand en instaurant un régime totalitaire[19]. En 1935, l'Allemagne devient officiellement antisémite en promulguant les lois de Nuremberg. La politique d'Hitler consistant à annexer ou envahir ses voisins finit par provoquer la Seconde Guerre mondiale le 1er septembre 1939.
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+ L'Allemagne domine le début du conflit. Elle conquiert une grande partie de l'Europe, de l'Afrique du Nord, de l'URSS. Mais pendant l'hiver 1941-1942, l'armée allemande subit de lourdes pertes sur le front russe. En 1942-1943, la guerre tourne en faveur des pays alliés : le Royaume-Uni, le Canada, les États-Unis, l'URSS écrasent finalement les armées de l'Axe, envahissant finalement Berlin. La Shoah est l'extermination systématique par l'Allemagne nazie d'entre cinq et six millions de juifs, soit les deux tiers des juifs d'Europe et environ 40 % des juifs du monde. Le 30 avril 1945, Hitler se suicide.
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+ Dévastée par la guerre (même si le potentiel industriel du pays est encore énorme car la politique de la terre brûlée souhaitée par Adolf Hitler n'est pas appliquée de façon conséquente), l'Allemagne est occupée par les Alliés. Le pays et Berlin sont divisés en quatre secteurs, chacun contrôlé par l'une des nations victorieuses (États-Unis, Royaume-Uni, Union soviétique et France). Après plusieurs propositions pour une nouvelle Allemagne (comme le plan Morgenthau), elle est finalement divisée en deux parties durant toute la Guerre froide : la RFA (République fédérale d'Allemagne) créée le 23 mai 1949 à l'Ouest avec Bonn pour capitale et siège administratif, et la RDA (République démocratique allemande) créée le 7 octobre 1949 à l'Est avec Berlin-Est pour capitale. Les territoires à l'est du fleuve Oder et son affluent Neisse de Lusace ont été intégrés à la Pologne et à l'URSS.
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+ Le creux démographique provoqué par la guerre est rapidement compensé par l'arrivée d'environ 13 millions d'Allemands expulsés des anciens territoires d'Allemagne-Orientale et des pays d'Europe de l'Est. Ces millions de réfugiés ont été intégrés dans la société d'après-guerre des territoires de la RFA et la RDA. Ils venaient principalement des anciennes provinces allemandes de la Silésie, de la Prusse-Orientale et aussi de l'est de la province de la Poméranie. En outre ils venaient de Pologne, notamment des anciennes provinces de la Prusse-Occidentale et de la Posnanie. Ils venaient encore des régions qui autrefois appartenaient à l'Autriche-Hongrie : de la Tchécoslovaquie - notamment des régions de Bohême, Moravie et Silésie Tchèque (Allemands des Sudètes) -, ainsi que de Hongrie et de Roumanie (Transylvanie). Par ailleurs ils venaient du territoire de Klaipėda (Memel), en Lituanie.
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+
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+ Sous l'impulsion du plan Marshall (1948-1952), l'Allemagne de l'Ouest renoue rapidement avec la croissance économique, au contraire de l'Allemagne de l'Est. L'amitié franco-allemande naît avec Konrad Adenauer et Charles de Gaulle, et est considérée encore aujourd'hui comme le moteur de l'Europe. À la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, prélude à la réunification de l'Allemagne du 3 octobre 1990, les deux pays de RFA et de RDA ne possèdent pas le même niveau économique. Cette différence persiste aujourd'hui, les Länder de l'Est (ancienne RDA) demeurant plus pauvres que ceux de l'Ouest. Le coût de la réunification a entraîné d'importantes difficultés économiques pour le pays depuis les années 1990. Son unification a cependant permis d'en faire une nation politiquement incontournable au sein de l'Union européenne et la première puissance économique du continent.
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+ De 1991 à 2000, 150 milliards de DM ont été investis chaque année à l'Est de l'Allemagne sans parvenir à sortir cette région de la crise, mais des réformes en profondeur sont entreprises dans les deux parties de l'Allemagne dans les années 1990, afin d'inciter le pays à être plus compétitif, en particulier celle du système de retraite. De 1998 à l'automne 2005, le gouvernement allemand est dirigé par Gerhard Schröder, du SPD (Parti social-démocrate). Les écologistes du parti Die Grünen participent à un gouvernement de coalition. Après les élections législatives anticipées de 2005, la chancelière chrétienne démocrate Angela Merkel dirige un gouvernement basé sur une « grande coalition » qui regroupe cette fois la CDU (et sa branche bavaroise la CSU) et le SPD. Depuis 2009, la même Angela Merkel est à la tête d'une coalition « noire-jaune » entre la CDU et les libéraux du FDP avant de former une nouvelle « grande coalition » après les élections fédérales en 2013.
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+ En 2005, le cardinal Joseph Ratzinger, ancien archevêque de Munich, et au Vatican préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, est élu pape sous le nom de Benoît XVI. Benoît XVI est le premier pape germanique depuis Benoît XI, qui a régné au XIIIe siècle.
74
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75
+ En 2015, lors de la crise migratoire en Europe, Angela Merkel affirme que l'Allemagne doit être un pays d'accueil et annonce vouloir accueillir 800 000 migrants[20]. Mais, rapidement confronté à une vague d'une ampleur inattendue qui dépasse le million de migrants[21] le gouvernement décide de rétablir sa frontière avec l'Autriche le 13 septembre 2015 afin de freiner le flux des arrivées[22].
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+ En 2016, les agressions sexuelles du Nouvel An qui font plus de 1 049 victimes ont un impact considérable dans la population allemande[23]. En juillet de la même année, le pays connaît ses premiers attentats islamistes[24],[25],[26]. Ceux-ci, impliquant des demandeurs d'asile, font 15 morts et plusieurs dizaines de blessés en moins d'un mois[27].
78
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+ Le Nord est occupé par la plaine d'Europe du Nord, formée par les glaciations du quaternaire, aux paysages fortement différenciés, le centre par des montagnes anciennes d'altitudes peu élevées, le sud par un bassin sédimentaire et par le massif alpin. Ce pays, bordé au nord-ouest par la mer du Nord et au nord-est par la mer Baltique, occupe une place centrale dans l'Union européenne par sa situation, sa puissance démographique, industrielle et commerciale. Une grande partie de l'Allemagne occidentale fait partie de l'Europe rhénane, la région la plus dynamique d'Europe et l'une des plus dynamiques du monde.
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+ La réunification de 1990 a changé l'organisation de l'espace allemand. L'espace rhénan reste cependant le cœur de l'Allemagne et l'axe le plus fréquenté, aussi bien sur le plan économique que sur le plan démographique malgré la nécessaire mutation de la Ruhr. Francfort et la conurbation de Région Rhin-Main continue de jouer son rôle de capitale financière du pays.
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+ Depuis le début des années 1960, les régions du Sud, le Bade-Wurtemberg et la Bavière sont des espaces attractifs. Ce sont des régions aussi bien industrielles (techniques de pointe, complexes militaro-industriels) que touristiques. Le solde migratoire régional est fortement positif.
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+ Depuis la réunification, le Centre et le Nord jouissent d'une position privilégiée. Ils sont devenus un nouveau centre géographique de l'Allemagne. Les ports de Hambourg et de Brême disposent de l'Hinterland de l'ancienne RDA dont ils étaient privés jusqu'en 1990. Le transit entre ces ports et les régions diverses d'Allemagne et d'Europe permet au Land de Basse-Saxe d'occuper une place majeure dans l'espace de l'Allemagne réunifiée.
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+ Les cinq Länder de l'est constituent une périphérie en reconstruction. Le passage d'une économie socialiste à une économie de marché a entraîné la fermeture de nombreuses usines vétustes et peu concurrentielles, le développement de friches industrielles, des migrations régionales vers les Länder de l'ouest et une forte augmentation du chômage. Le taux de chômage était, fin 2006, de 16,4 %[28] alors qu'il est de 10,1 % pour l'ensemble de l'Allemagne. Ceci est dû à une faible compétitivité qui persiste depuis plus de quinze ans, malgré les investissements consentis par le gouvernement fédéral. Cette situation a abouti à un « désamour » entre les Allemands de l'ouest « Wessis » et les Allemands de l'est « Ossis », les uns trouvant qu'ils ont payé trop cher l'union, les autres se sentant oubliés par les plus nantis et regrettant l'époque de la RDA. Ce dernier phénomène a été appelé Ostalgie par les journalistes. Cependant, les autorités misent sur les nouveaux élargissements de l'Union européenne à l'Est pour dynamiser l'économie des cinq Länder de l'est.
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+ Entre 1990 et 2017, l'Allemagne a perdu 75 % de ses insectes volants[29].
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+ En 2019, le jour du dépassement (date de l'année à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) de l'Allemagne[c] est le 3 mai[30]. L'Allemagne est l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète.
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+ L'Allemagne est le 25e pays ayant la plus forte concentration annuelle de particules. Celle-ci dépasse légèrement le seuil recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)[31].
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+ La disparition des insectes est massive en Allemagne : jusqu'à 67 % ont disparu entre 2010 et 2019 des prairies, et 41 % dans les forêts[32].
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+ L'Allemagne a connu des changements territoriaux successifs au XXe siècle. La défaite de 1918 a sonné le glas de l'Empire allemand. Le traité de Versailles de 1919 qui règle le sort de l'Allemagne fait passer la superficie de l'Allemagne de 540 848 km2 à 468 776 km2. Celle-ci est amputée de l'Alsace-Moselle, du Nord du Schleswig, d'Eupen et de Malmedy. De plus, pour permettre à la Pologne d'avoir un accès à la mer, la Prusse-Orientale est séparée du reste de l'Allemagne par le corridor de Dantzig.
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+ Après la défaite de 1945, l'Allemagne est occupée par les vainqueurs. À l'est, onze millions d'Allemands sont chassés ou fuient vers l'ouest. Environ 110 000 km2 de l'Est allemand sont rattachés à la Pologne ou à l'URSS. Une des conséquences de la Guerre froide est la création en 1949 de la RFA à l'ouest dans les zones d'occupations des occidentaux suivie par celle de la RDA dans la zone occupée par les soviétiques à l'est. Il y a désormais deux États allemands : la République fédérale allemande (RFA), une démocratie pluraliste et capitaliste et la République démocratique allemande (RDA), une démocratie populaire avec un parti unique au pouvoir, le Parti socialiste unifié d'Allemagne (SED), et une économie calquée sur celle de l'URSS.
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+ Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin, construit en 1961, tombe. L'année suivante la RDA est absorbée par la RFA. Les Allemands sont de nouveau réunis dans un seul État, la République fédérale d'Allemagne, le 3 octobre 1990. L'Allemagne renonce alors officiellement à ses revendications territoriales sur la Prusse-Orientale[33]. Ce nouvel État doit surmonter le coût de la réunification allemande, c'est-à-dire investir pour rattraper le retard économique des Länder de l'Est par rapport à ceux de l'Ouest. Il s'agit de reconnecter les deux territoires coupés par le rideau de fer durant la Guerre froide : le gouvernement a notamment mis en œuvre des chantiers d'infrastructures de transport : le projet « Unité allemande » lancé en 1992, prévoit des travaux jusqu'en 2010[34] pour un montant total de plusieurs dizaines de milliards d'euros. L'effort est porté en particulier sur les autoroutes à numéros pairs, d'orientation est-ouest : par exemple, la Bundesautobahn 4 qui va de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie à la frontière polonaise en passant par la Thuringe. Les canaux sont modernisés ou complétés, comme le Mittellandkanal. L'intégration de l'ex-Allemagne de l'Est à l'Union européenne reste encore inachevée et les inégalités sont toujours présentes.
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+ Les plus grandes îles de l'Allemagne sont
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+ Les plus longs fleuves d'Allemagne sont listés ci-dessous (avec la longueur entière et la longueur en Allemagne, entre parenthèses est indiquée la plus grande ville allemande dans le bassin versant du fleuve respectif).
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+ Affluent de la mer Noire :
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+ Affluent de la mer du Nord :
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+ Affluent de la mer Baltique :
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+ Les plus longs fleuves entièrement en Allemagne (mer du Nord) :
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+ Les villes d'Aix-la-Chapelle et Mönchengladbach sont situées dans le bassin versant de la Meuse.
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+ La Vltava froide (en tchèque : Studená Vltava ; en allemand : Kalte Moldau), le premier affluent de la Vltava, prend sa source en Bavière. Elle est le plus court des deux ruisseaux qui s'unissent pour former la Vltava. Le plus long est la Vltava chaude (en tchèque : Teplá Vltava).
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+ La Breg et la Brigach s'unissent à Donaueschingen, dans la Forêt-Noire, pour former le Danube.
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+ Le rapport de suivi du gouvernement fédéral allemand (« Monitoringbericht 2019 ») montre le tableau suivant pour l'Allemagne[35]: Les dernières années ont été très chaudes et caractérisées par de longues périodes de sécheresse et des phénomènes météorologiques extrêmes tels que des tempêtes et de fortes pluies. Les étés 2003, 2018 et 2019 ont été les plus chauds depuis le début des records météorologiques. La température de l'air a augmenté de 1,5 °C de 1881 à 2018. Au cours des dernières décennies, une tendance à la hausse des chaleurs extrêmes a été observée. En particulier, le nombre de journées chaudes (> 30 °C) a considérablement augmenté. Par exemple, en 2003, environ 7 500 personnes sont mortes de plus que ce à quoi on aurait pu s'attendre sans une vague de chaleur. Les mois où le niveau des eaux souterraines est inférieur à la moyenne deviennent nettement plus fréquents. En été, les rivières contiennent de moins en moins d'eau. Le niveau de la mer dans les mers Nord et Baltique est en forte hausse. Cela provoque une augmentation de l'intensité des ondes de tempête. La durée des périodes de végétation est de plus en plus longue. Un exemple est la saison des fleurs de pommier. La proportion de hêtres a diminué par rapport aux essences mieux adaptées à la sécheresse dans les réserves forestières naturelles chaudes et sèches. Les effets du réchauffement croissant sont également évidents si la température de l'eau des lacs et de la mer du Nord a considérablement augmenté.
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+ Les États fédérés de l'Allemagne se nomment Bundesland (singulier) ou Bundesländer (pluriel).
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+ * Berlin, Brême et Hambourg sont des « villes-Länder » (en allemand « Stadtstaat »). Pour Hambourg et Brême, il s'agit d'un héritage du passé commercial de ces villes (voir Hanse). Elles sont des Länder à part entière.
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+ Chaque Land a sa propre constitution (Verfassung). Il est aussi doté d'un Parlement (Landtag) et d'un gouvernement (Landesregierung) issu de la majorité du Landtag. Il est souverain en matière de culture (enseignement, théâtre, musique, etc.), d'organisation des services de police, de droit communal. La Fédération peut élargir les compétences des Länder par des prescriptions-cadres : l'enseignement supérieur, l'aménagement du territoire, la protection de la nature et la conservation des sites naturels sont passés de la compétence de la Fédération à celle des Länder. Enfin, les Länder ont la responsabilité de faire respecter les décisions fédérales sur leur territoire. Chacun des Länder peut également lever des impôts. De ce fait, 36 % des impôts directs collectés reviennent aux Länder, l'État fédéral en recevant près de 50 % et les communes se partageant le reste.
128
+ La loi fondamentale n'a pas délimité strictement certains domaines législatifs : pour le droit civil, le droit pénal, le droit économique, le droit du travail, la politique du logement, la politique énergétique, la circulation routière ou encore la gestion des déchets, les Länder peuvent légiférer à condition que l'État fédéral l'autorise. Et ce dernier ne peut légiférer que pour un besoin uniforme à l'échelle nationale.
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+ Une des particularités de la démocratie allemande est l'institutionnalisation du rôle des partis politiques : représenter les citoyens et leur apporter une formation politique.
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+ La Deutsche Bahn, souvent désignée par son nom commercial Die Bahn ou par le sigle DB, est l'entreprise ferroviaire publique en Allemagne, la plus importante d'Europe après la Russie, tant par la longueur de son réseau, que par le chiffre d'affaires ou les prestations de transport.
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+ Voici une liste des aéroports allemands avec plus de 1 000 000 passagers par an :
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+ Les alliés occidentaux ont réintroduit une structure fédéraliste en Allemagne en 1949. Le but était de préserver l'unité de la partie occupée par les occidentaux en empêchant le retour d'une Allemagne trop puissante sur le plan politique. Le fonctionnement du système politique allemand est donc régi depuis 1949 par une Constitution appelée Loi fondamentale (Grundgesetz). La Cour constitutionnelle qui siège à Karlsruhe veille à son respect. Depuis cette date, l'Allemagne est donc une république fédérale, composée d'abord de onze Länder[d], puis de seize depuis 1990. Depuis la réunification des deux Allemagnes la capitale fédérale est Berlin. Les pouvoirs exercés par la seule Fédération concernent les affaires étrangères, la défense, la nationalité, la monnaie, les frontières, le trafic aérien, les postes et télécommunications, et une partie du droit fiscal. Le Parlement allemand est composé de deux chambres, le Bundestag, élu au scrutin mixte pour quatre ans, et le Bundesrat (Conseil fédéral) qui comprend 68 représentants des gouvernements des Länder. Chaque Land donne toutes ses voix pour ou contre une loi.
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+ L'accroissement des pouvoirs du Bundesrat met ceux-ci en mesure de bloquer l'action du gouvernement fédéral. En même temps, les compétences de l'État fédéral ont augmenté aux dépens des Länder. L'imbrication des compétences rend toute décision de plus en plus difficile. En effet, le Bundesrat doit se prononcer sur toutes les lois dont le contenu est applicable dans les Länder. En cinquante ans, la proportion de lois fédérales exigeant l'accord du Bundesrat est passée de 10 % à 60 %. En cas de différence de majorité entre les Länder et le gouvernement fédéral, il y a parfois blocage. Cela gêne même l'action de l'Allemagne dans les instances européennes[39].
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+ Les Länder et le gouvernement fédéral ont donc réfléchi ensemble à une réforme des institutions allemandes qui a été votée en mars 2006. Les prérogatives législatives du Bundesrat sont diminuées. Le Bundesrat ne vote que les lois qui ont un impact sur les budgets des régions. En contrepartie, l'État fédéral abandonne à celles-ci des champs entiers de compétences dans l'éducation, la recherche et l'environnement[40].
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+ Le président de la République fédérale (Bundespräsident) est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois, au suffrage indirect, c'est-à-dire par les députés du Bundestag et des personnes élues par les parlements des Länder. Il représente l'unité allemande et défend les intérêts de l'Allemagne mais ses prérogatives restent serrées, son rôle étant essentiellement symbolique. Cependant, il s'agit d'une autorité morale respectée et écoutée. L'actuel président fédéral est Frank-Walter Steinmeier ; cet ancien ministre fédéral des Affaires étrangères a été élu à la fonction présidentielle le 12 février 2017.
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+ Le chancelier fédéral (Bundeskanzler) est le chef du gouvernement allemand. Il est élu par les membres du Bundestag, sur proposition du président fédéral pour un mandat de quatre ans, renouvelable à plusieurs reprises. Angela Merkel (CDU) est l'actuelle chancelière fédérale (Bundeskanzlerin) depuis le 22 novembre 2005 ; elle a été réélue en 2009, 2013 et 2017.
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+ La formation de coalitions (généralement désignées par référence aux couleurs qui symbolisent les grands partis) joue un grand rôle dans le fonctionnement politique de l'Allemagne, tant au niveau fédéral que dans chaque Land. Un seul des vingt-et-un gouvernements fédéraux ne reposait sur aucune coalition : le cabinet Adenauer III, entre 1960 et 1961. Deux grands partis dominent traditionnellement ces coalitions et s'opposent électoralement, quand ils ne sont pas unis dans une Grande coalition (große Koalition, de 1966 à 1969, de 2005 à 2009 et depuis 2013 au niveau fédéral) : l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (Christlich Demokratische Union Deutschlands, CDU, symbolisée par le noir, centre droit démocrate chrétien et libéral-conservateur, présent dans tous les Länder sauf la Bavière) et son allié bavarois l'Union chrétienne-sociale en Bavière (Christlich-soziale union in Bayern, CSU, symbolisée par le bleu ou le noir, droite démocrate chrétienne et conservatrice), membres du Parti populaire européen, ont dominé le gouvernement fédéral en occupant la chancellerie de 1949 à 1969, de 1982 à 1998 et depuis 2005) ; le Parti social-démocrate d'Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD, symbolisé par le rouge, centre gauche social-démocrate), membre du Parti socialiste européen, a dirigé l'Allemagne fédérale de 1969 à 1982 et de 1998 à 2005, et deuxième force d'une Grande coalition de 1966 à 1969, de 2005 à 2009 et depuis 2013.
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+ Deux autres partis ont été des partenaires mineurs de coalition au niveau fédéral : le Parti libéral-démocrate (Freie Demokratische Partei, FDP, symbolisé par le jaune, centre libéral), membre du Parti de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe, a été associé aussi bien à la CDU/CSU (coalition noire-jaune) de 1961 à 1966, de 1982 à 1998 et de 2009 à 2013, qu'au SPD (coalition sociale-libérale ou rouge-jaune) de 1969 à 1982, en s'affirmant pendant longtemps comme la troisième force politique du pays avant de disparaître du Bundestag en 2013 ; l'Alliance 90 / Les Verts (Bündnis 90 / Die Grünen, symbolisée par le vert, centre gauche écologiste), membre du Parti vert européen, n'a été membre d'un cabinet fédéral qu'en association avec le SPD (coalition rouge-verte) de 1998 à 2005, après avoir connu une progression électorale relativement soutenue depuis les années 1980. Une cinquième formation est représentée au Bundestag depuis 2009 sans avoir jamais fait partie d'une coalition au niveau fédéral et est devenue la troisième force politique allemande (et la première d'opposition) en 2013 : Die Linke (« La Gauche », symbolisé par le rouge, gauche et extrême gauche socialiste démocratique, antilibéral et populiste de gauche), membre du Parti de la gauche européenne. Plus récemment, durant les années 2010, à la suite successivement de la crise de la dette dans la zone euro et à la crise migratoire en Europe, un parti eurosceptique a vu ses résultats électoraux progresser très rapidement (cinquième force lors des élections européennes de 2014, la deuxième lors des élections législatives régionales de 2016 en Saxe-Anhalt et la troisième pour celles de Rhénanie-Palatinat et de Bade-Wurtemberg la même année) : l'Alternative pour l'Allemagne (Alternative für Deutschland, AfD symbolisé par le bleu et le rouge), à l'origine créé par des économistes critiques envers l'euro, devenu davantage national-conservateur depuis 2015 en se réorientant vers des positions anti-immigration et anti-islam.
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+ Au niveau des Länder, au 19 juillet 2016, neuf d'entre eux ont un ministre-président social-démocrate dont quatre dans le cadre d'une coalition rouge-verte (Brême, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Basse-Saxe et Hambourg), deux avec une Grande coalition (Berlin et Mecklembourg-Poméranie-Occidentale), deux dans une coalition en feu tricolore (avec l'Alliance 90 / Les Verts et un parti centriste libéral ou régionaliste, Schleswig-Holstein avec le parti de défense de la minorité danoise de la Fédération des électeurs du Schleswig-du-Sud ou SSW, et Rhénanie-Palatinat avec le FDP), un avec une coalition rouge-rouge (avec Die Linke, Brandebourg). Quatre Länder ont un chef de gouvernement issu de la CDU, dont deux en Grande coalition (Sarre et Saxe), un avec une coalition noire-verte (avec l'Alliance 90 / Les Verts, Hesse) et un avec une coalition noire-rouge-verte ou kényane (avec le SPD et l'Alliance 90 / Les Verts, Saxe-Anhalt), à quoi s'ajoute un Land traditionnellement dominé par la CSU seule (Bavière). Enfin, deux Länder ont un ministre-président issu d'autres mouvements que les deux grandes forces de gouvernement : le Bade-Wurtemberg a un dirigeant issu de l'Alliance 90 / Les Verts gouvernant en coalition avec la CDU (coalition verte-noire) depuis 2016 après l'avoir fait avec le SPD (coalition verte-rouge) de 2011 à 2016 ; la Thuringe avec un chef issu de Die Linke depuis 2014 qui mène une coalition rouge-rouge-verte (avec le SPD et l'Alliance 90 / Les Verts).
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+ La Bundeswehr (en allemand « force de défense fédérale ») est une armée exclusivement servie par des professionnels depuis 2011, composée en décembre 2012 de 191 818 militaires, dotée d'un budget de 31,68 milliards d'euros qui déploie aujourd'hui à l'étranger plus de 13 000 hommes.
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+ De 1945 à la réunification allemande de 1990, la RFA cultive l'« oubli de puissance »[41]. Elle devient le modèle de l'État-marchand civil qui renonce à toute ambition militaire et rôle important dans les relations internationales. Elle cherche à faire oublier son passé impérialiste en s'intégrant au sein du plus grand nombre d'alliances. De ce point de vue l'entrée de la RFA dans l'OTAN, en 1955, la fait passer de pays occupé à partenaire stratégique des États-Unis. La RFA tient d'autant plus à cette alliance que les États-Unis sont ses principaux protecteurs face à l'Union soviétique. La participation à la CECA en 1951 et à la naissance de la CEE marquent le retour de l'Allemagne dans le jeu européen. Néanmoins, les actions de la RFA sur la scène internationale étaient de l'ordre d'une « diplomatie du chéquier[42], » la RFA se montrant généreuse sur le plan des solidarités internationales. Le traité de l'Élysée signé en 1963, permet la réconciliation franco-allemande et une coopération profitable pour les deux pays.
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+ La chute du communisme et la réunification de l'Allemagne changent le statut du pays. L'unification intéresse directement les quatre vainqueurs de 1945 qui s'étaient partagé quatre secteurs d'occupation. Sans leur accord l'unité allemande est impossible, chacun ayant un droit de veto sur le processus. D'où la signature, à Moscou en 1990, du traité « 4 + 2 » ou « 2 + 4 », ou bien traité de Moscou, son véritable nom étant pour autant « Traité portant règlement définitif concernant l'Allemagne »[43]. Ce traité règle le nouveau statut international de l'Allemagne unie au cœur de l'Europe en fixant définitivement les frontières (art. 1er), et en plafonnant l'armée allemande à 370 000 hommes. Après 45 ans de tutelle étrangère, l'Allemagne retrouve sa souveraineté pleine et entière ; elle redevient un État comme les autres. Forte de sa puissance économique et de sa stabilité, elle s'efforce d'aider les autres États, principalement ses voisins de l'Est, à acquérir cette même stabilité politique. N'ayant plus de visée de puissance ou d'hégémonie, elle promeut les critères environnementaux, les droits de l'homme ou les droits sociaux[44], elle privilégie la culture d'influence via les investissements économiques dans les pays de l'Europe centrale et orientale dont elle favorise l'intégration à l'Europe politique. Elle est devenue un des piliers de l'Europe. Des troupes allemandes sont intervenues dans le cadre des missions de l'OTAN en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo et en Afghanistan. En ce qui concerne ce dernier pays, la Bundeswehr y participe depuis janvier 2002 à la mission de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) de l'OTAN[45]. En 2005, environ 7 000 soldats y étaient stationnés[46].
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+ Après une hausse considérable de la dette publique allemande à cause de paiements forts pour l'Allemagne de l'Est après la réunification allemande et la crise économique à partir de 2008, le taux de la dette publique trouvait son maximum en 2010 (80,9 % du PIB)[47]. À partir de 2012, l'Allemagne a réalisé des excédents budgétaires sur l'ensemble de l'État[48] et était capable de réduire ses dettes de 80,9 % en 2010 à 63,9 % du PIB (2 092,6 milliards d'euros) en 2017[47]. Cela signifie qu'aussi la dette absolue de l'Allemagne ne grossit plus mais au contraire désormais se rétracte.
159
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160
+ Par conséquent, l' Allemagne respecte le critère sur le déficit budgétaire du Pacte de stabilité et de croissance de la zone euro, qui limite le déficit à 3 % du PIB ainsi que les critères du Pacte budgétaire européen de 2012 qui limitent le déficit structurel à 0,5 % du PIB pour l'objectif budgétaire à moyen terme. La dette publique allemande rapportée au PIB pourrait passer dès 2018, avant l'objectif visé de 2019, sous le plafond de 60% fixé par l'Union européenne.
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162
+ En 2009 l'Allemagne a introduit un frein à l'endettement pour continuer à atteindre des budgets publiques sans déficits structurels (Länder, États fédéraux) ou au maximum un déficit très limité (0,35 % du PIB pour l'État fédéral). Le frein à l'endettement est maintenant fixé en article 109 paragraphe 3 de la Loi fondamentale. Entre-temps, quelques Länder ont aussi adopté le frein d'endettement dans leurs constitutions régionales. Avec le frein d'endettement, le déficit structurel fédéral, et non le déficit conjoncturel, ne doit plus surmonter 0,35 % du PIB à partir de 2016. Pour les Länder, des déficits structurels sont complètement interdits à partir de 2020. Seule exception sont des catastrophes naturelles ou récessions fortes.
163
+
164
+ La notation financière de l'Allemagne par les trois agences de notation les plus suivies Moody's, Standard & Poor's et Fitch est AAA, la note maximale. L'emprunt d'État à long terme (10 à 30 ans) émis par l'Allemagne s'appelle Bundesanleihe et constitue le marché directeur des taux d'intérêt à moyen et long terme dans la zone euro.
165
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166
+ L'Allemagne est peuplée de 83,1 millions d'habitants[2] en septembre 2019, dont 10,3 millions d'étrangers[2]. Avec ses 233 habitants par km2, l'Allemagne est l'un des pays les plus densément peuplés d'Europe (après les Pays-Bas, la Belgique et le Royaume-Uni). C'est le pays le plus peuplé de l'Union européenne. L'Ouest du pays reste plus peuplé que l'Est. En effet, on rencontre d'importantes concentrations urbaines à l'Ouest (région métropolitaine Rhin-Ruhr), dans le Sud-Ouest (région Rhin-Main, région métropolitaine Rhin-Neckar) et le Sud du pays (région métropolitaine de Stuttgart, région métropolitaine de Munich).
167
+
168
+ Le taux de natalité de l'Allemagne est l'un des plus faibles du monde (9,5 ‰) et son accroissement naturel est négatif depuis les années 1980 pour les onze Länder de l'Ouest, et dès 1972 à l'échelle nationale. Le nombre de naissances a atteint un minimum en 2011 avec 662.685 avant de remonter dans les années suivantes jusqu'à 792,000 naissances en 2016 du fait d'une immigration augmentée et une politique familiale plus ambitieuse. En 2016, le taux de fécondité allemand est de 1,60 enfant par femme et se trouve proche de la moyenne de l'Union européenne[54]. Jusqu'au début des années 1990 cependant, les cinq Länder de l'Est avaient un taux de fécondité bien plus élevé qu'à l'Ouest, mais la natalité de l'Est est aujourd'hui aussi faible que celle de l'Ouest. Une des raisons de cette faible fécondité résidait dans la difficulté pour les femmes de concilier vies familiale et professionnelle. Cela s'est amélioré dans les dernières années grâce à l'ouverture de beaucoup de nouvelles crèches[55].
169
+
170
+ Durant longtemps, l'Allemagne a été réticente à toute politique incitative qui lui rappelait l'époque nazie ou, en RDA, celle communiste. La récente coalition CDU-SPD a pris une série de mesures, sous la houlette de la ministre ancienne de la Famille, des Personnes âgées, des Femmes et de la Jeunesse, Ursula von der Leyen, qui bouleversent la politique familiale. En 2007, un salaire parental a été créé. Il vient s'ajouter aux allocations familiales. Le parent qui arrête son travail pendant un an touche une allocation représentant 67 % du salaire perdu, avec un plafond de 1 800 euros et un minimum de 300 euros[56]. La ministre a décidé la construction de crèches représentant 500 000 places jusqu'en 2013 pour les enfants de un à trois ans. Le nombre de places en crèches a atteint de nouveaux sommets en 2014[55]. L'aménagement du temps de travail, indispensable au développement de toute politique familiale, commence à entrer dans les négociations collectives. Ainsi, en 2016, l'Allemagne applique une des politiques familiales les plus coûteuses au monde, avec un total de 156 mesures, pour un coût annuel total de 55,4 milliards d'euros. En 2019, les allocations familiales sont augmentées de 10 € par mois et enfant : 204 € au lieu de 194 € pour le premier et deuxième enfant, 210 € au lieu de 200 € pour le troisième enfant et 235 € au lieu de 225 € par mois pour le quatrième enfant et les enfants suivants. Une nouvelle augmentation de 15 € par mois et enfant est prévue pour 2021.
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+
172
+ Actuellement, la population allemande n'augmente que grâce à un solde migratoire positif[2]. En 2018, ce solde migratoire net a atteint un niveau entre 340 000 et 380 000 personnes, mais le nombre de naissances était inférieur à celui des décès par 150 000 à 180 000[57]. L'essentiel des nouveaux immigrés en Allemagne est originaire des pays de l'Union européenne.
173
+
174
+ Pour résoudre le problème du financement des retraites, les assemblées allemandes ont choisi d'élever l'âge légal du départ à la retraite de 65 à 67 ans entre 2012 et 2029[58]. Il est ensuite question de le repousser à 69 ans et quatre mois. Les retraites en Allemagne sont assez faibles, ne représentant que 48 % du salaire moyen[59].
175
+
176
+ L'Allemagne accueille environ 10,3 millions d'étrangers[2], parmi lesquels les Turcs forment la plus importante minorité avec 1,5 million de ressortissants[60], devant les Italiens, les Polonais, les Russes et les Grecs.
177
+
178
+ L'Allemagne durcit son encadrement de l'immigration et des procédures d'intégration des nouveaux arrivants, et adopte en 2005 la Zuwanderungsgesetz (de), ou loi sur l'immigration, qui comprend la reconnaissance de l'Allemagne en tant que « pays d'immigration »[61].
179
+
180
+ Cette nouvelle loi sur l'immigration touche aussi la loi sur la Natalité, facilitant l'obtention du statut de Citoyen pour les enfants nés sur le territoire allemand d'au moins un parent ayant vécu légalement en Allemagne pendant cinq ans[61].
181
+
182
+ Le tableau ci-dessous donne la liste des principales aires urbaines au sens de l'Eurostat :
183
+
184
+ Dans le dernier classement de Mercer des villes les plus agréables à vivre dans le monde de mars 2019, cinq villes allemandes se trouvent parmi les 25 premières, en offrant une très haute qualité de vie à leurs habitants : Munich (3e), Düsseldorf (6e), Francfort (7e), Berlin (13e), Hambourg (19e) et Nuremberg 23e[62].
185
+
186
+ Faust spricht mit dem Erdgeist (« Faust parle avec le Erdgeist ») de Margret Hofheinz-Döring en 1969.
187
+
188
+ L'Allemand parlé : extrait du Faust de Goethe.
189
+
190
+ L'allemand est une langue indo-européenne appartenant à la branche occidentale des langues germaniques, de même que le néerlandais ou l'anglais. 92 % de la population a l'allemand comme langue maternelle, ce qui indique une très grande homogénéité linguistique. 8 % de locuteurs parlent une autre langue : le danois, le frison septentrional, le frison oriental, le sorabe, le polonais, les parlers de deux groupes roms (les Sintis et les Roms allemands) ainsi que le turc, le kurde, ou le serbe.
191
+
192
+ Il s'agit d'une estimation, car il n'existe en Allemagne aucun recensement basé sur les données linguistiques. Les immigrés ont contribué à l'élargissement du champ linguistique.
193
+
194
+ L'allemand standard, appelé en Allemagne Hochdeutsch, n'est pas la langue vernaculaire de tous les germanophones. En effet, plusieurs millions d'Allemands parlent dans leur vie quotidienne l'un des dialectes allemands. Ces nombreux dialectes peuvent être rattachés géographiquement à trois groupes, du nord au sud : le bas-allemand (Niederdeutsch), le bas francique, au centre les dialectes du moyen-allemand occidental et du moyen-allemand oriental, et au sud le haut allemand : le bavarois, l'alémanique, le francique méridional et le francique oriental (voir la liste complète des dialectes dans l'article détaillé sur la langue allemande). La différenciation nord-sud (bas-allemand / haut-allemand) est apparue à partir du VIe siècle. En 1980, on estimait qu'environ 50 % des Allemands utilisaient dans leur vie quotidienne l'un de ces dialectes sans jamais l'écrire[63].
195
+
196
+ L'anglais est très répandu, et est la première langue étrangère et commerciale : le quotidien Aktuelle Woche estime[source insuffisante] qu'au moins 50 % des Allemands parlent anglais, ou ont des notions d'anglais, et 30 % des Allemands parleraient anglais couramment. Le français, qui avait un taux de connaissance de quelque 15 % dans les années 1970, a maintenant moins de 5 % de locuteurs en seconde langue.
197
+
198
+ Minorités linguistiques historiques
199
+
200
+ Les lois fédérales reconnaissent quatre minorités nationales : les Danois, les Frisons, les Sorabes et les Tsiganes. Les quatre communautés reconnues ont fondé en 2004 un Conseil des minorités doté d'une convention commune pour promouvoir leurs intérêts devant le gouvernement fédéral.
201
+
202
+ Les Sorabes ou Sorbes, qui constituaient une minorité protégée dans la République démocratique allemande, vivent dans la région de la Lusace (dans les Länder de Saxe et de Brandebourg), qui est subdivisée en Haute Lusace et Basse Lusace. Ils parlent les langues slaves occidentales haut-sorabe et bas-sorabe (en sorabe hornjoserbšćina et delnjoserbšćina), et forment la minorité nationale reconnue la plus importante. Ils ont réussi à maintenir leur culture et leur langue malgré les tentatives de germanisation dans le passé. Tous parlent aussi l'allemand, le taux de bilinguisme atteignant près de 100 %[63]. Le sorabe se situe entre le tchèque et le polonais et s'écrit en caractères latins complétés par quelques signes diacritiques. Le haut sorabe est phonétiquement proche du tchèque mais dispose d'un lexique apparenté au polonais, alors que le bas sorabe à l'inverse est phonétiquement proche du polonais mais utilise un lexique plus proche du tchèque.
203
+ La ville de Budisse, Budyšin ou Budyšyn en sorabe, est considérée comme le centre des sorabes de la Haute Lusace, et la ville de Cottbus, Chóśebuz en sorabe, est considérée comme le centre politique et culturel des sorabes de la Basse Lusace.
204
+
205
+ Les Frisons vivent dans la Frise, principalement dans la région côtière du nord-ouest du Land de Schleswig-Holstein. Ils parlent le frison septentrional et le frison oriental, qui font partie du groupe des langues germaniques occidentales. Ils constituent avec l'anglais et le scots la branche anglo-frisonne de ce groupe. Ils ressemblent étroitement au vieil anglais, mais aussi au néerlandais et au bas-allemand.
206
+
207
+ Dans la moitié nord du Land de Schleswig-Holstein, il existe une petite minorité danoise (en danois : det danske mindretal i Sydslesvig), parlant le sydslesvigsdansk, le danois du sud du Schleswig. La minorité danoise représente entre 15 000 et 50 000 personnes. Elle dispose d'organisations culturelles, d'une Église (rattachée à l'Église du Danemark) et d'écoles spécifiques. La minorité danoise est reconnue officiellement et protégée dans le cadre de l'accord germano-danois de 1955 et de la convention-cadre sur les minorités du Conseil de l'Europe. La Fédération des électeurs du Schleswig-du-Sud, son parti, est exemptée de la règle des 5 % pour être représentée au parlement régional.
208
+
209
+ Entre 1570 et 1815, des centaines de milliers de Huguenots, ou Protestants Français fuient la France pour s'installer dans les états Allemands du Saint Empire Germanique. Après 1685, et la révocation de l'édit de Nantes en France, par Louis XIV, les départs de protestants pour les états Allemands s'accélèrent. On retrouve de nos jours les descendants de ces protestants à travers leurs noms, à consonance française.
210
+
211
+ On estime a plus de 10 millions le nombre de francophones en Allemagne[64]. Avant 1815, date du congrès de Vienne, certaines régions frontalières, comme celle de Landau étaient françaises. En 1815, l'Alsace sera maintenue française, mais les régions au-delà du Rhin ou au nord de la Lorraine, dont la Sarre et Sarrelouis, furent cédées aux états du Saint-Empire germanique (états Allemands dont la Prusse). Avec le temps et les divers conflits, les minorités francophones de ces régions ont disparu.
212
+
213
+ Un regain pour la langue française va revenir avec le rapprochement franco-allemand des années 1960, initié par les présidents de Gaulle et Adenauer.
214
+
215
+ En conséquence, l'organisation des francophones en Allemagne va retrouver une certaine vigueur en intégrant diverses structures francophones dont La Gazette de Berlin, Le Carrefour francophone de Hanovre et de sa région, la Société franco-allemande de Berlin ou encore la Société franco-allemande d'Osnabrück[65].
216
+
217
+ De plus, on peut noter la présence de paroisses francophones dont la communauté catholique d'Aix-la-Chapelle, la communauté catholique francophone et l'aumônerie de Bonn ou la communauté catholique francophone de Francfort[66].
218
+
219
+ Enfin, un point d'accès à la culture francophone en Allemagne vient consolider la présence française dans ce pays[67]. En effet, l'Institut français d'Allemagne y fait la promotion du français depuis 1949. Il est à noter que sur les 200 structures d'Institut français à travers le monde, l'Institut français d'Allemagne est un des plus développés sur la planète.
220
+
221
+ Les guerres de religions ont déchiré les Allemands aux XVIe et XVIIe siècles, au cours de la guerre de Trente Ans. La réforme luthérienne est introduite par le moine augustin Martin Luther. La diffusion de la Dispute de Martin Luther sur la puissance des indulgences (titre latin Disputatio pro declaratione virtutis indulgentiarum), plus connue comme les Quatre-vingt-quinze thèses, a déclenché la Réforme en Allemagne. Le document aurait été placardé à la porte de l'église de Wittemberg (aujourd'hui en Saxe-Anhalt) le 31 octobre 1517. Les 95 thèses sont finalement condamnées le 15 juin 1520 par la bulle Exsurge Domine du pape Léon X. Luther, alors ouvertement en conflit avec l'Église, est excommunié au début de l'année suivante.
222
+
223
+ Aujourd'hui, le Nord et l'Est de l'Allemagne sont majoritairement protestants. La grande majorité des protestants allemands appartient à l'Église évangélique en Allemagne qui rassemble 25,5 % de la population. Des majorités catholiques se trouvent avant tout en Rhénanie, au sud du Bade-Wurtemberg et en Bavière où est né le pape Benoît XVI. 27,7 % de la population est catholique[68]. L'Est de l'Allemagne et Hambourg sont majoritairement sans confession[69] mais la première religion reste le luthéranisme. Enfin, l'islam est pratiqué par la communauté turque, concentrée dans la Ruhr et à Berlin. La population alévi bektachi est estimée entre 500 000 et 625 000. En 2000, l'Allemagne accorde aux alévis le statut de « communauté religieuse »[70].
224
+
225
+ En Allemagne existe la Kirchensteuer, un impôt destiné aux institutions religieuses.
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+
227
+ Églises (édifices)
228
+
229
+ Quelques-unes des plus grandes et fameuses églises d'Allemagne :
230
+
231
+ L'Allemagne est la première puissance économique de l'Union européenne. Elle figure au quatrième rang mondial depuis 2008 derrière les États-Unis, le Japon, et la Chine[71] mais devant la France et le Royaume-Uni. Elle possède pour cela de nombreux atouts : un marché intérieur important, une population active qualifiée grâce à l'apprentissage professionnel, et un niveau de vie élevé. Les entreprises et les syndicats allemands fonctionnent en cogestion. Le PIB allemand s'élève à 3 876 milliards de dollars (GDP 2014, Fonds monétaire international)[72]. Le commerce extérieur représente un tiers du PNB : avec un volume d'exportations de 1 134 milliards d'euros (2014)[73]. L'excédent commercial était le plus élevé du monde en 2014 avec 217 milliards d'euros[73]. Le principal moteur de ce commerce extérieur est l'industrie, dont le pourcentage dans le total des exportations se situe à quelque 84 % (2004).
232
+
233
+ L'économie allemande dispose d'un réseau de communication de première qualité : le plus long réseau autoroutier d'Europe, un réseau ferré particulièrement dense et trois axes navigables, le Rhin premier fleuve mondial pour le fret, la liaison Rhin-Main-Danube et le canal du Mittelland.
234
+
235
+ L'Allemagne est la quatrième puissance maritime économique du monde. Au 1er janvier 2013, sa flotte s'élevait à 3 833 navires, totalisant 125,778 millions de tonnes de port en lourd, dont 109,136 millions battant pavillon étranger et répartis sur 3 437 unités. 52,41 % de la totalité du tonnage est immatriculée au Liberia et 10,43 % à Antigua-et-Barbuda, contre seulement 13,23 % en Allemagne[74].
236
+
237
+ Certaines entreprises allemandes occupent la première place du marché mondial dans leur domaine (par exemple BASF dans l'industrie chimique, Munich Re (aussi Münchener Rück) dans la réassurance, Aldi et Lidl pour les supermarchés hard-discount). Autres entreprises occupent la première place européenne dans leur domaine (par exemple Volkswagen dans la construction automobile, Bosch pour les équipementiers automobiles, Deutsche Bahn pour les entreprises ferroviaires, Lufthansa pour les compagnies aériennes, DHL pour la logistique, SAP pour les entreprises de logiciels ou Adidas dans la fabrication d'articles de sport). En outre, il y a beaucoup de petites et moyennes entreprises, le fameux « Mittelstand », qui occupent la première place du marché mondial ou européen dans une niche qui s'appellent « champions cachées »[75] ou « hidden champions »[76].
238
+
239
+ L'évasion fiscale représente 165 milliards d'euros par an selon Tax Justice Network[77].
240
+
241
+ Les inégalités comptent parmi les plus élevées d'Europe et se traduisent notamment par des bas salaires dans de nombreux secteurs. Ainsi, 22,5 % des actifs gagnent moins de 10,50 € de l'heure contre seulement 8,8 % pour la France[78].
242
+
243
+ L'Allemagne est confrontée depuis 2004 à une envolée du prix des loyers, pouvant déboucher sur l'éclatement d'une bulle immobilière. Entre 2016 et 2017, les prix ont augmenté de plus de 20 % à Berlin[79].
244
+
245
+ L'industrie est un secteur économique très important en Allemagne. Environ 33 % de la population active travaille dans ce secteur. Les principaux secteurs en chiffre d'affaires sont la construction automobile avec 777 000 salariés en 2004, suivie par l'électrotechnique avec 799 000 salariés, la construction mécanique avec 868 000 salariés et l'industrie chimique[80]. À côté des grandes entreprises mondialement connues comme Siemens, Volkswagen, ThyssenKrupp, Allianz, Bosch, BASF ou Bayer, les PME/PMI emploient plus de 20 millions de salariés. Dans la construction mécanique, secteur où la RFA détient 19,3 % du marché mondial, la grande majorité des entreprises a moins de 200 salariés. Ces succès sont dus à la réputation de bonne qualité des produits allemands en général. Les entreprises allemandes dépendent peu des banques pour leur financement. Grâce à leurs bons rendements, près de 70 % d'entre elles peuvent couvrir elles-mêmes leurs besoins financiers[81].
246
+
247
+ La construction automobile fournit 40 % des exportations allemandes. Un salarié sur sept travaille dans ce secteur. Les grands constructeurs Volkswagen et Audi, BMW, Daimler AG, Porsche et Opel, ce dernier filiale allemande de PSA depuis 2017, font de l'Allemagne le troisième producteur d'automobiles mondial. Environ six millions de voitures sortent chaque année des chaînes de montage allemandes et 4,8 millions de voitures de marque allemande sont produites à l'étranger.
248
+
249
+ L'industrie automobile allemande traverse une période de fortes convulsions due au dieselgate, au déploiement de l'électromobilité à marche forcée, et aux changements de paradigme tels que l'autopartage et le véhicule autonome[82]. L'arrivée de Tesla dans le Brandebourg, aux portes de Berlin, va compliquer la situation[83]. En 2020, la pandémie de Covid-19 vient encore affaiblir l'industrie automobile du pays, car les gens auront « tout autre chose en tête que l'achat d'une nouvelle voiture », dans tous les marchés, qu'ils soient européens, chinois ou américains[84]. En matière d'emploi, eu égard aux changements de paradigme, The Shift Project s'attend à « bilan globalement négatif [...] qui ne sera probablement pas entièrement compensé par le développement des mobilités actives et partagées »[85].
250
+
251
+ Comme dans toutes les économies développées, le secteur tertiaire est le premier employeur allemand. Près de 28 millions de personnes y travaillent dont 10 millions dans le commerce, l'hôtellerie, la restauration et les transports. Ce secteur est constitué à plus de 40 % de PME/PMI.
252
+
253
+ Le tourisme est en Allemagne un facteur économique important. L'Allemagne est le leader mondial du tourisme d'affaires avec une part de 11 % des voyages d'affaires internationaux. Des concerts, des festivals et de grandes manifestations sportives attirent beaucoup de vacanciers. Pour ne citer que quelques exemples, il y a les fêtes de rues ou les marchés de Noël (voir aussi: section de la culture)[86].
254
+
255
+ Quoique densément peuplée et fortement industrialisée, l'Allemagne offre encore une large place à la nature. Les forêts recouvrent 29 % du territoire. La forêt bavaroise constitue le plus grand espace de montagnes boisées en Europe centrale et la Forêt-Noire conserve toujours un caractère sauvage. Il y a des siècles gestion durable des forêts en Allemagne.
256
+
257
+ L'agriculture est également très importante, contrairement aux idées reçues ; en comparaison, l'Allemagne se situe juste derrière la France pour la production céréalière, mais la devance et occupe ainsi le premier rang européen en ce qui concerne la production de lait. Depuis 2007, les exportations agro-alimentaires allemandes ont dépassé celles de la France pour parvenir au second rang mondial derrière les États-Unis[87].
258
+
259
+ L'économie allemande est particulièrement orientée vers le marché mondial. Les grands partenaires commerciaux de l'Allemagne sont la France, les États-Unis, l'Italie et le Royaume-Uni. Mais l'Allemagne, qui a retrouvé un rôle de pivot de l'Europe depuis la chute du communisme et la réunification, cherche à développer de nouveaux débouchés. Elle a accru sa présence en Europe de l'Est. Depuis le début des années 1990, une partie de la production allemande a été délocalisée vers ces pays, si bien que 830 000 personnes travaillaient pour des entreprises allemandes dans les anciens pays communistes en 2002, contre presque aucune avant 1990. Des entreprises allemandes ont aussi absorbé des entreprises locales comme Volkswagen qui a racheté le constructeur tchèque Skoda[88]. Au total, plus de 10 % des exportations allemandes se font vers ces pays, soit autant que vers les États-Unis.
260
+
261
+ Les pays émergents constituent un défi de taille pour l'Allemagne. L'importance des relations économiques avec la Chine ou l'Inde ne cesse donc de croître. Les échanges avec l'Inde sont plus modestes. Les entreprises allemandes doivent relever le défi de la compétitivité face à des pays où le coût de la main-d'œuvre est très faible. Cependant, elles misent peu sur le faible prix de leurs produits pour exporter, mais beaucoup plus sur leur qualité ou leur spécificité. On achète les produits allemands non pas parce qu'ils sont bon marché, mais parce qu'ils sont de bonne qualité[89], ou parce qu'on a besoin d'un produit que seuls les Allemands fabriquent.
262
+
263
+ L'Allemagne a connu après la réunification des difficultés. La concurrence internationale est importante et les entreprises doivent se moderniser rapidement ou délocaliser, sous peine de faillite. L'Ouest du pays est le plus dynamique, tandis qu'à l'Est (ancienne RDA) de nombreuses entreprises ont dû fermer, ce qui a provoqué une forte hausse du chômage jusqu'à 2005 et un exode de l'Est vers l'Ouest.
264
+
265
+ À cause des reformes du marché de travail (réformes Hartz), la performance forte des entreprises, notamment dans l'export, et aussi à cause de la démographie (plus de nouveaux retraités que de jeunes entrants sur le marché de travail), le taux de chômage a fortement diminué depuis 2005 et s'établit selon Eurostat en décembre 2018 à seulement 3,3 %[8]. C'est le taux le plus bas de tous les 19 États membres de la zone euro devant les Pays-Bas (3,6 %) et la Malte (3,8 %). Le taux de chômage pour les jeunes de moins de 25 ans s'établit à seulement 6,0 %[8] - c'est le taux le plus bas de l'Union européenne devant les Pays-Bas (6,6 %) et l'Autriche (8,9 %).
266
+
267
+ Le nombre de postes proposés en Allemagne a crû fortement de 300 641 en 2009 à 556 831 en 2015[90]. Pour trouver plus de travailleurs étrangers, l'État allemand a lancé la campagne « Make it in Germany »[91].
268
+
269
+ En 2006, le PIB a crû de 2,9 %, après plusieurs années de stagnation[92]. Les entreprises profitent d'une compétitivité regagnée depuis dix ans à force de restructurations et de modération salariale. Depuis 2006, la production augmente chaque année, les carnets de commande restent remplis[93]. Après un fort recul du PIB pendant la crise économique de 2008/2009, la croissance de celui-ci a fortement repris en 2010 (4,1 %) et en 2011 (3,6 %), et plus légèrement en 2012 (0,4 %) et 2013 (0,1 %). En 2014, la croissance reprenait à 1,6 %[94], et en 2015, à 1,7 %[95].
270
+
271
+ Selon les données d'Eurostat, 70,8 % des chômeurs allemands vivent dans la pauvreté en 2016, le taux le plus élevé de l'Union européenne, contre 38,4 % en France. Cet écart serait lié entre autres aux conditions d'accès à l'indemnisation du chômage très restrictives en Allemagne[96].
272
+
273
+ Dans la dernière décennie, l'Allemagne a réformé son marché du travail avec les réformes Hartz (2003/2005) et pris des mesures contre la crise pour préserver son dynamisme économique. Ces mesures sont souvent vues comme un modèle pour les autres pays européens car l'Allemagne a été capable de diminuer le chômage à 3,3 % (Eurostat, décembre 2018)[8] et de réaliser des excédents budgétaires sur l'ensemble de l'État à partir de 2012[97], mais le prix à payer sur le plan social est également souligné par les économistes et il est jugé parfois excessif. Ainsi, Henrik Uterwedde, économiste et directeur adjoint de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg, parle-t-il de quasi-« abus et exploitation en ce qui concerne les temps partiels et les bas salaires »[98].
274
+
275
+ Pour maintenir son dynamisme économique, l'Allemagne a en effet privilégié l'emploi précaire sans salaire minimum : les mesures prises par le gouvernement allemand (définissant de nouveaux contrats de travail, exonérant les employeurs et ne donnant pas droit au chômage, avec la possibilité de payer des chômeurs de longue durée moins d'un euro par heure pour une activité à temps partiel afin d'aider ces personnes à se réintégrer dans le marché de travail normal), en accord avec le patronat et les syndicats ont ainsi entraîné une baisse de salaire de 20 % pour 1,6 million de personnes, et une stagnation depuis dix ans pour les autres[98].
276
+
277
+ Concernant la recherche d'emploi, il y a en tout 7 millions de personnes (soit 16 % de la population active) qui sont soit au chômage soit touchent des indemnités prévues par la loi Hartz IV. Les chômeurs allemands (dont le nombre s'est réduit de manière significative ces dernières années) sont les plus exposés à la pauvreté relative dans l'Union européenne : 70 % d'entre eux sont en danger de pauvreté (moins de 952 euros par mois de ressources), contre 45 % en moyenne dans l'Union européenne[99]. Cependant, le coût de la vie et en particulier du logement est beaucoup moins élevé en Allemagne - en moyenne les loyers à Paris avec 26,25 € par mètre carré sont beaucoup plus élevés qu'à Berlin (5,73 €/m2), Hambourg (6,30 €/m2), Munich (9,70 €/m2) ou Cologne (7,26 €/m2) en 2009[100]. Les loyers offerts pour les nouvelles locations dans les grandes villes ont en général augmenté fortement durant les dernières années mais ont aussi été plafonnés récemment par une nouvelle loi[101].
278
+
279
+ Pour restreindre l'emploi précaire, le gouvernement allemand avait décidé en printemps 2014 d'introduire un salaire minimum de 8,50 € bruts de l'heure à partir du 1er janvier 2015, mais une période de transition était prévue pour les secteurs qui étaient encore sous le coup d'un accord de branche. À partir de 2017, il concerne tout le monde, sauf les moins de 18 ans, les stagiaires et les chômeurs de longue durée, exemptés pendant les six mois suivant leur embauche[102]. Le salaire minimum a été relevé à 8,84 € bruts de l'heure à partir du 1er janvier 2017[103]. La commission chargée de le réévaluer statuera en 2018 sur une nouvelle augmentation, pour une application au 1er janvier 2019[104]. En septembre 2016, l'institut IAB de recherche sur l'emploi évalue à 60 000 le nombre de postes perdus ou non-créés à cause du salaire minimum[105].
280
+
281
+ Les personnes âgées sont également de plus en plus exposées à la pauvreté. Depuis l'adoption des réformes lancées en 2002 et 2005 par le chancelier Gerhard Schröder, le taux de remplacement (montant de la première pension en comparaison du dernier salaire) est tombé à 48 %. Plus d'un million de seniors, pour beaucoup âgés de plus de 70 ans, sont contraints en 2019 d'exercer des « mini-jobs » pour vivre. Soit une hausse de 40 % sur dix ans. La part des retraités précipités sous le seuil de pauvreté a nettement augmentée. 16,8 % des personnes âgées sont touchés aujourd'hui. Une enquête prospective publiée en septembre 2019 par l'institut de recherche économique de Berlin (DIW) relève qu'avec le système actuel, 21,6 % des retraités allemands seront en situation de grande pauvreté à l'horizon 2039[106].
282
+
283
+ L'Allemagne fait partie de l'aire de la civilisation occidentale et européenne et compte 46 sites inscrits au patrimoine mondial, dont quarante-trois culturels et trois naturels.
284
+
285
+ La notion de culture est perçue de façon différente en France et en Allemagne. En France, la culture désigne plus une connaissance « intellectuelle », individuelle. En Allemagne, les deux sens, individuel et collectif, sont exprimés par deux mots distincts : Bildung et Kultur. La définition de la culture individuelle ou culture générale correspond au mot Bildung[107]. C'est surtout cette dernière notion que l'article se propose de développer même si le mot culture et le mot civilisation sont désormais pratiquement synonymes en France[108]. La deuxième difficulté rencontrée pour parler de culture allemande est liée au fait que l'État allemand ne date que de la seconde moitié du XIXe siècle. Beaucoup d'artistes perçus comme allemands ne se revendiquent pas comme tels, mais sont assimilés à l'aire germanique qui se définit sur des bases linguistiques. À ce titre, il est difficile de distinguer culture allemande et culture autrichienne jusqu'au milieu du XIXe siècle. Enfin, les frontières du territoire allemands ont fluctué à travers les siècles, ce qui rend la définition géographique du sujet délicate.
286
+
287
+ Certaines grandes fêtes populaires - comme la Noël en Allemagne, la fête de la bière à Munich (« Oktoberfest »), le Christopher Street Day dans les grandes villes, le Carnaval des cultures à Berlin, les carnavals de Mayence, Düsseldorf et de Cologne, le Hanse Sail de Rostock - sont depuis longtemps des pôles d'attraction pour beaucoup de locaux et touristes.
288
+
289
+ L'Allemagne est également le pays possédant le plus de zoo au monde, ainsi que le plus grand nombre espèces différentes vivantes dans ces zoo[109].
290
+
291
+ Le pays compte plusieurs orchestres de renommée internationale, au premier rang desquels :
292
+
293
+ L'Allemagne a été riche en compositeurs, notamment :
294
+
295
+ Karl Friedrich Abel, Jean-Sébastien Bach[e] et ses fils Carl Philipp Emanuel Bach et Johann Christian Bach, Ludwig van Beethoven, Johannes Brahms, Johann Jakob Froberger, Christoph Willibald Gluck, Georg Friedrich Haendel, E.T.A. Hoffmann, Félix Mendelssohn, Johann Pachelbel, Johann Joachim Quantz, Max Reger, Heinrich Schütz, Robert Schumann, Richard Strauss[f], Georg Philipp Telemann, Richard Wagner, et Carl Maria von Weber entre autres.
296
+
297
+ Les principaux opéras d'Allemagne sont situés à :
298
+
299
+ L'Allemagne connaît aussi la pratique de musiques traditionnelles, notamment le Yodel encore connu de nos jours dans les régions alpines de Bavière.
300
+
301
+ La musique populaire allemande s'appelle le Schlager. Des groupes comme Modern Talking, Alphaville, Münchener Freiheit, Ireen Sheer, Dschinghis Khan ou la chanteuse de Nouvelle Vague Allemande (Neue Deutsche Welle) Nena originaires d'Allemagne ont connu un succès international.
302
+
303
+ Le pays a donné naissance à plusieurs groupes de rock allemand de renommée internationale, notamment avec Scorpions à partir des années 1980, Rammstein des années 1990 à aujourd'hui et Scooter (groupe) de 1994 à aujourd'hui, ou encore le groupe Tokio Hotel de 2001 à nos jours.
304
+
305
+ Jean-Sébastien Bach(1685-1750).
306
+
307
+ Ludwig van Beethoven(1770-1827).
308
+
309
+ Richard Wagner(1813-1883).
310
+
311
+ Semperoper, Dresde(construit 1878).
312
+
313
+ Rammstein(commencé en 1994).
314
+
315
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
316
+
317
+ Des philosophes allemands :
318
+ Theodor W. Adorno, Hannah Arendt, Jakob Böhme, Friedrich Engels, Johann Gottlieb Fichte, Jürgen Habermas, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Martin Heidegger, Max Horkheimer, Edmund Husserl, Karl Jaspers, Emmanuel Kant, Gottfried Wilhelm Leibniz, Karl Marx, Friedrich Nietzsche, Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, August Wilhelm Schlegel, Arthur Schopenhauer, Christian Wolff.
319
+
320
+ G. W. Leibniz(1646-1716).
321
+
322
+ Emmanuel Kant(1724-1804).
323
+
324
+ Arthur Schopenhauer(1788-1860).
325
+
326
+ Karl Marx(1818-1883).
327
+
328
+ Friedrich Nietzsche(1844-1900).
329
+
330
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
331
+
332
+ Des ingénieurs ou scientifiques allemands :
333
+
334
+ Johannes Gutenberg(1400-1468).
335
+
336
+ Alexander von Humboldt(1769-1859).
337
+
338
+ Max Planck(1858-1947).
339
+
340
+ Albert Einstein(1879-1955).
341
+
342
+ Konrad Zuse(1910-1995).
343
+
344
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345
+
346
+ La littérature allemande s'inscrit dans le cadre plus général de la littérature de langue allemande qui regroupe l'ensemble des œuvres littéraires de langue allemande, en englobant celles produites en Autriche ainsi que dans une partie de la Suisse.
347
+
348
+ Née au Moyen Âge, la littérature allemande a connu des périodes de grand rayonnement comme le « Sturm und Drang » (vers 1765-1785) avec Johann Wolfgang von Goethe et Friedrich von Schiller, le romantisme (vers 1796-1835) avec les Frères Grimm et les poètes Friedrich Hölderlin, Jean Paul Richter, Novalis, Joseph von Eichendorff, et un peu plus tard Heinrich Heine, avant la période « Klassische Moderne » (de 1900 aux années 1920) où dominent Hermann Hesse, Erich Kästner et Thomas Mann qui, avec les poètes et prosateurs autrichiens, ouvrent la voie de la modernité sur laquelle pèsera le nazisme qui conduira de nombreux auteurs à l'exil.
349
+
350
+ Enfin le renouveau littéraire depuis 1945 a été notable et marqué par plusieurs attributions du prix Nobel de littérature à des écrivains allemands : Nelly Sachs (1966, naturalisée suédoise), Heinrich Böll (1972), Günter Grass (1999) et Herta Müller (2009).
351
+
352
+ Goethe(1749-1832).
353
+
354
+ Friedrich von Schiller(1759-1805).
355
+
356
+ Les Frères Grimm(1785-1863).
357
+
358
+ Thomas Mann(1875-1955).
359
+
360
+ Hermann Hesse(1877-1962).
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+
364
+ Certains designers allemands ont apporté une contribution importante au design industriel moderne, en s'inspirant notamment de l'école du Bauhaus, de Dieter Rams et de Braun[111].
365
+
366
+ La mode vestimentaire en Allemagne, si elle ne dispose pas d'influence au niveau mondial, est source de plusieurs personnalités reconnues, telles Karl Lagerfeld ou Claudia Schiffer ainsi que de marques largement implantées internationalement comme Hugo Boss ou Esprit. Pour ces personnalités qui officient parfois pour des entreprises tierces, une grande part de leur réussite est liée à leur présence sur la scène européenne ou parisienne, ainsi que pour l'industrie, à l'exportation. La Semaine de la mode qui a lieu annuellement dans la capitale voit grandir peu à peu son importance sur la scène européenne, y compris à travers des événements annexes tel que le Bread & Butter.
367
+
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+ Karl Lagerfeld(1933-2019).
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+ Claudia Schiffer(*1970).
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+ Heidi Klum(*1973).
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+ Diane Kruger(*1976).
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+ Philipp Plein(*1978).
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+ L'Allemagne a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ En informatique, un logiciel est un ensemble de séquences d’instructions interprétables par une machine et d’un jeu de données nécessaires à ces opérations. Le logiciel détermine donc les tâches qui peuvent être effectuées par la machine, ordonne son fonctionnement et lui procure ainsi son utilité fonctionnelle. Les séquences d’instructions appelées programmes ainsi que les données du logiciel sont ordinairement structurées en fichiers. La mise en œuvre des instructions du logiciel est appelée exécution, et la machine est appelée ordinateur ou calculateur.
2
+
3
+ Un logiciel peut être classé comme système, applicatif, standard, spécifique, ou libre, selon la manière dont il interagit avec le matériel, selon la stratégie commerciale et les droits sur le code source des programmes. Le terme logiciel propriétaire est aussi employé.
4
+
5
+ Les logiciels sont créés et livrés à la demande d'un client, ou alors ils sont créés sur l'initiative du producteur, et mis sur le marché, parfois gratuitement. En 1980, 60 % de la production et 52 % de la consommation mondiale de logiciels est aux États-Unis. Les logiciels sont également distribués illégalement et la valeur marchande des produits ainsi distribués est parfois supérieure au chiffre d'affaires des producteurs. Les logiciels libres sont créés et distribués comme des commodités produites par coopération entre les utilisateurs et les auteurs.
6
+
7
+ Créer un logiciel est un travail intellectuel qui prend du temps. La création de logiciels est souvent le fait d'une équipe, qui suit une démarche logique et planifiée en vue d'obtenir un produit de bonne qualité dans les meilleurs délais. Le code source et le code objet des logiciels sont protégés par la convention de Berne concernant les œuvres littéraires.
8
+
9
+ Le terme anglais « (en) software » a été utilisé dès 1953 pour distinguer la partie modifiable de l'ordinateur, par opposition au « (en) hardware » qui est la partie matérielle permanente. Il apparut dans la littérature pendant les années 1960[1].
10
+
11
+ En français, le mot logiciel est formé en 1969 à partir des mots logique et matériel comme traduction par la Délégation à l’informatique chargée du Plan Calcul[2]. Ce terme a été adopté par l'Académie française en 1972[3]. Cette traduction est officialisée par un arrêté publié au Journal officiel le 12 janvier 1974[4] et confirmé par l'arrêté du 17 janvier 1982[5].
12
+
13
+ Un ordinateur est composé de matériel et de logiciels. Le matériel est constitué des musiciens et des instruments, tandis que le logiciel est la partition[6]. Sans logiciel l'ordinateur ne fait rien parce qu'il n'a pas reçu les instructions lui indiquant ce qu'il doit faire[6]. Les logiciels sont composés de programmes informatiques, qui indiquent à l'ordinateur comment effectuer les tâches[7]. Le logiciel détermine les tâches qu'un appareil informatique peut effectuer[7].
14
+
15
+ Alors qu'à la vente d'un appareil informatique, l'accent est souvent mis sur le matériel informatique, c'est avant tout le logiciel qui donne à l'ordinateur sa valeur ajoutée[6]. Le mot anglais software (en français : logiciel) était à l'origine utilisé pour désigner tout ce qui est immatériel dans un ordinateur : des programmes, des données, des documents, des photos[7]…
16
+
17
+ Logiciel n'est pas synonyme de programme informatique. Un logiciel est un ensemble typiquement composé de plusieurs programmes, ainsi que tout le nécessaire pour les rendre opérationnels : fichiers de configuration, images bitmaps, procédures automatiques[8]. Les programmes sont sous forme de code binaire ainsi que parfois sous forme de code source[9].
18
+
19
+ Les deux principales catégories de logiciels sont les logiciels applicatifs et les logiciels de système. Le logiciel applicatif est destiné à aider les usagers à effectuer une certaine tâche, et le logiciel de système est destiné à effectuer des opérations en rapport avec l'appareil informatique[7].
20
+
21
+ La plus importante pièce de logiciel est le système d'exploitation. Il sert à manipuler le matériel informatique, diriger le logiciel, organiser les fichiers, et faire l'interface avec l'utilisateur[6]. Les logiciels disponibles dans le commerce sont toujours destinés à être utilisés avec un ou plusieurs systèmes d'exploitation donnés[6].
22
+
23
+ Les logiciels sont couramment classifiés en fonction de[10] :
24
+
25
+ Les deux principales catégories de logiciels sont le logiciel applicatif et le logiciel de système :
26
+
27
+ Les autres types de logiciels sont les applications, les utilitaires, les programmes et les pilotes (anglais driver) :
28
+
29
+ Il n'y a pas de distinction claire entre un logiciel standard et un logiciel spécifique, et il existe un continuum entre ces deux extrêmes[10] :
30
+
31
+ Selon les droits accordés par le contrat de licence, on parle de :
32
+
33
+ Les principaux procédés de commercialisation des logiciels sont la production sur mesure de logiciels spécifiques pour les entreprises, la vente de logiciels standard destinés aux entreprises et la vente de ces derniers aux particuliers[10].
34
+
35
+ En 1990 les plus grands éditeurs de logiciels aux États-Unis sont IBM, Microsoft, Computer Associates, Digital et Oracle. Les États-Unis sont à la fois le premier consommateur et le premier producteur mondial de logiciels, concurrencé principalement par l'Europe et le Japon (SAP, Dassault Systèmes et Sony) : dans les années 1980 la production / consommation des États-Unis représente 60 % de la production mondiale de logiciels, et 52 % de la consommation[12]. 50 % des logiciels standards mis sur le marché sont des logiciels applicatifs[13].
36
+
37
+ Les activités des entreprises du secteur du logiciel sont, outre de créer des logiciels, d'assurer l'installation du logiciel chez le client ainsi que son exploitation. Pour une entreprise comme SAP (numéro un du logiciel en Europe) l'installation de leurs logiciels et la formation des utilisateurs est une part non négligeable de leur activité[10].
38
+
39
+ Les logiciels libres sont distribués comme des commodités produites en coopération entre les utilisateurs et les entreprises du secteur. Les entreprises qui les distribuent vendent parfois des contrats d'assistance dans l'utilisation et la modification de ces logiciels[14].
40
+
41
+ Dans les années 1950 les logiciels étaient souvent créés par les fabricants de matériel informatique et vendus avec le matériel, parfois des sociétés d'ingénierie créaient sur demande des logiciels applicatifs selon les besoins de l'utilisateur, cependant les systèmes d'exploitation étaient exclusivement le fait de fabricants de matériel. Les éditeurs de logiciels - sociétés spécialisées dans le logiciel - sont devenus courants dès les années 1960. Trente ans plus tard il existe plusieurs milliers d'éditeurs de logiciels aux États-Unis[12].
42
+
43
+ Pour les produits numériques tels que les logiciels, la création de la première copie coûte très cher, tandis que les copies subséquentes coûtent très peu. Pour un logiciel, la création du code source demande un investissement important, sans aucune garantie de succès[10]. Une fois créé, un logiciel peut être copié sans perte de qualité, la copie étant strictement identique à l'original. Des outils de partage de fichiers en pair à pair sont utilisés pour copier, parfois illégalement, des logiciels, comme ça se fait dans le marché de la musique. Les logiciels couramment copiés illégalement sont ceux qui peuvent être utilisés tels quels par les particuliers - logiciels de bureautique ou jeux vidéo. Les éditeurs de ces logiciels disent que ces copies illégales entraînent des manques à gagner et ceux-ci incluent dans leurs produits des mécanismes de protection[10].
44
+
45
+ Les lois du droit d’auteur et du secret industriel permettent de protéger les intérêts des producteurs de logiciel, et les motiver à investir le temps et l'argent nécessaire pour produire et distribuer de nouveaux produits. La distribution de copies illégales de logiciels a pour effet direct de diminuer la rentabilité de la production de logiciel par une baisse des ventes, et comme effet indirect de diminuer la motivation des producteurs.[non neutre][réf. nécessaire] La valeur marchande des copies vendues illégalement est souvent supérieure au chiffre d'affaires des ventes des producteurs et cette vente illégale est une des principales préoccupations de tous les éditeurs de logiciel[12].
46
+
47
+ Les situations de monopole sont caractéristiques du secteur du logiciel : il arrive souvent qu'une seule technologie ou un seul vendeur contrôle un pan du marché[10]. Le marché du logiciel est sujet à l'effet réseau : la popularité élevée d'un logiciel le rend d'autant plus intéressant pour l'acheteur. Ce phénomène renforce les fortes et grandes entreprises et fragilise les fragiles petites entreprises. Ce qui explique que les petites entreprises peu populaires doivent se battre pour survivre, et explique les situations de monopole[10]. L'adhésion des logiciels aux standards technologiques permet aux producteurs de profiter de l'effet réseau : le fait que plusieurs produits adhèrent au même standard facilite les échanges d'informations ce qui les rend plus intéressants pour l'utilisateur[10].
48
+
49
+ Le logiciel libre est un mouvement social basée sur la philosophie formulée par Richard Stallman dans les années 1980.
50
+
51
+ Richard Stallman, à l'origine de cette mouvance, se décrit lui-même comme étant « le dernier survivant de la culture Hacker ». Selon le livre de Steven Levy, les hackers sont une communauté et une culture née en 1960 à l'institut de recherche en intelligence artificielle du MIT et presque disparue dans les années 1980[14]. Dans cet institut de jeunes hobbyistes passent leur temps à étudier les ordinateurs et explorer les possibilités qu'offre la programmation de ces machines. Dans ce milieu les programmes informatiques sont traités de la même manière que n'importe quelle information scientifique : mis à la disposition de tout un chacun pour étude, exploitation et amélioration[14]. Il y règne un fort esprit de coopération et de partage, le code source des programmes est utilisé comme moyen de communication, et le fait de restreindre l'accès au code source limite les interactions de la communauté[14].
52
+
53
+ En 1984 Richard Stallman, selon sa philosophie libre - héritée du milieu hacker, lance la création d'un système d'exploitation (GNU) et fait appel à un conseiller juridique de la Free Software Foundation pour créer une nouvelle licence de distribution, la GNU General Public License (abr. GPL), qui garantit que le code source d'un logiciel, initialement publié par son auteur, ne sera jamais mis sous secret industriel en application des lois de copyright par quiconque le récupère et le redistribue[14].
54
+
55
+ Dans son ouvrage GNU Manifesto, Richard Stallman suggère aux producteurs de logiciels de changer leur manière de travailler, et, au lieu d'acheter et vendre du logiciel, de le considérer comme une commodité produite en coopération entre les utilisateurs et les entreprises du secteur. Il suggère que même si le logiciel est libre, les utilisateurs auront besoin d'assistance dans l'utilisation et la modification du logiciel, services que les entreprises peuvent vendre[14].
56
+
57
+ La GPL est la licence la plus fréquemment appliquée aux logiciels libres. En 2002 plus de 50 % des projets de SourceForge.net sont sous licence GPL, et c'est également la licence appliquée à la plupart des distributions GNU/Linux[14].
58
+
59
+ Certains comme Eric S. Raymond considèrent que la supériorité des logiciels libres est avant tout technique. Pour promouvoir cet aspect du logiciel libre ils ont créé l'Open Source Initiative en 1998.
60
+
61
+ En Europe de l'Ouest les logiciels sont protégés par la loi en tant qu’œuvres littéraires auxquelles s'applique la convention de Berne. Convention qui prévoit qu'un accord explicite de l'auteur est obligatoire avant de retoucher, de modifier, de publier le logiciel, ou de s'en servir comme base pour réaliser un autre logiciel[12].
62
+
63
+ Un contrat de licence fixe les droits et les obligations du fournisseur et de l'utilisateur du logiciel. Ce contrat formalise également les biens et les services qui devront être offerts par le fournisseur. Lorsque les logiciels ont commencé à être vendus en grande distribution, ce contrat - auparavant signé par l'acheteur - a été remplacé par une licence sous emballage (anglais shrink wrap), qui lie automatiquement et tacitement le fournisseur avec l'utilisateur du moment que ce dernier ouvre l'emballage du logiciel[12].
64
+
65
+ Les logiciels sont également protégés par les lois du secret industriel, destinées à empêcher la concurrence de se servir des caractéristiques techniques du logiciel dans ses produits. Pour les logiciels vendus en grande distribution sous licence sous emballage, cette protection est assurée en gardant secret le code source du logiciel et en commercialisant uniquement le code objet : la découverte des caractéristiques techniques à partir du code objet nécessite des outils spécialisés et un gros effort de réflexion[12].
66
+
67
+ La licence GNU General Public License (abr. GPL) a été créée en 1984 comme outil de soutien de la philosophie libre. Cette licence garantit à quiconque recevant une copie du logiciel d’obtenir les mêmes droits, c’est-à-dire le droit d’exécuter le logiciel dans n’importe quel but, de le copier, de l’étudier, de le modifier et d’en distribuer des copies exactes ainsi que des copies modifiées[14].
68
+
69
+ Les logiciels peuvent être distribués dans le commerce de détail, téléchargés en libre-service, incorporés dans un appareil informatique, ou mis en ligne sur un ordinateur du fournisseur. La distribution peut être gratuite, peut faire l'objet de commerce et peut être complétée par des contrats de service concernant par exemple de la maintenance ou de l'assistance technique. En plus de la distribution publique, des techniques permettent la distribution automatisée de logiciels aux employés d'une entreprise. La majorité des logiciels continuent d'appartenir à leur producteur après avoir été distribués.
70
+
71
+ Les logiciels sont « emballés » sous une forme qui facilite le transport avant d'être distribués aux utilisateurs. Pour un logiciel vendu en grande distribution, le colis (anglais package) est conçu pour permettre l'utilisation immédiate du logiciel sans l'intervention d'un informaticien. Il contient généralement le code objet des programmes, le nécessaire pour les installer et la documentation. Le colis est rarement vendu, et généralement mis à disposition assorti d'une licence d'utilisation. Le fournisseur peut y ajouter des services de formation, de maintenance, de mise à jour et de garantie, souvent sur paiement additionnel[15].
72
+
73
+ Le déploiement est effectué en plusieurs étapes qui visent à placer le logiciel dans son environnement cible de manière qu'il soit prêt à être utilisé. La première étape consiste à emballer (anglais package) un logiciel en vue de faciliter son envoi vers l'environnement cible. Puis une étape dite d´installation consiste à effectuer les opérations nécessaires pour placer le logiciel dans son environnement cible, ceci peut nécessiter une modification de la configuration des logiciels déjà en place. L'opération de désinstallation consiste à effectuer les opérations inverses de l'installation, en vue de retirer le logiciel[16].
74
+
75
+ La procédure d'installation est typiquement automatisée par des logiciels - qui sont essentiellement des outils de décompression[16]. Un logiciel évolue durant toute sa vie, et est typiquement distribué plusieurs fois, à plusieurs stades de son évolution, appelés versions ou release[9].
76
+
77
+ Le secteur public a été l’un des secteurs d’activité le plus moteur dans la diffusion et appropriation de l’open source et des logiciels libres. À titre d’exemple, en 2011, près de 19 % du budget informatique de l’administration française est affecté à des projets à composantes open source ou incluant des logiciels libres, générant ainsi un marché de plus de 1,2 milliard d’euros en 2011 (logiciels et services)[17].
78
+
79
+ Il faut aussi tenir compte des évolutions en cours dans les modèles de distribution des logiciels avec la montée en puissance de l’informatique en nuage, et notamment du mode SaaS (Software as a Service). Celui-ci change les modes de rémunérations associés et la facturation en regard. Même si en 2011, la part du mode SaaS dans l’ensemble du marché des logiciels est encore marginale[18], sa progression est rapide et devrait devenir un mode à ne pas négliger parmi les différentes formes couramment acceptées. Plusieurs indicateurs confortent l’évolution progressive vers des services applicatifs à la demande via le réseau[19].
80
+
81
+ Créer un logiciel est une activité intellectuelle et prend du temps[20]. La construction d'un logiciel comporte généralement différentes activités telles que l'étude de faisabilité, l'analyse des besoins, la conception, la programmation, les tests, le déploiement et la maintenance[20]. La construction d'un logiciel modérément complexe dans un délai raisonnable n'est généralement pas réalisable par une personne seule[20]. La construction nécessite alors d'être découpée en tâches qui seront réparties entre plusieurs personnes d'une entreprise ou d'une équipe[20].
82
+
83
+ L'étude de faisabilité permet de déterminer si le logiciel peut être réalisé : s'il est possible d'apporter une solution technique au problème posé, en tenant compte du système informatique à disposition. L'analyse des besoins permet de produire la spécification fonctionnelle qui servira de référence pour la conception et la programmation. La conception consiste à choisir les technologies et les outils qui devront être utilisés, tandis que la programmation consiste à créer des programmes exécutables en se servant des langages de programmation. Les tests consistent à simuler des scénarios d'utilisation en vue de vérifier le fonctionnement correct du programme. La maintenance est des travaux de modification effectués a posteriori, après la distribution du logiciel[20].
84
+
85
+ La construction doit suivre une démarche logique et réfléchie en vue d'éviter des produits de piètre qualité, qui donnent des résultats incorrects et tombent en panne. L'utilisation systématique d'une démarche réfléchie fait du travail de programmation une discipline d'ingénierie[20]. Si créer un logiciel simple, répondant à un problème simple, peut être effectué de manière informelle par une personne seule, plus le logiciel est complexe plus sa construction est complexe, coûteuse en temps et vouée à l'échec[20]. Les principales causes d'échec sont : la construction prend plus de temps que prévu, ce qui peut augmenter considérablement le coût de construction. Le logiciel ne donne pas les résultats attendus ou est abandonné par l'utilisateur parce qu'il tombe trop souvent en panne[20].
86
+
87
+ L'évolution du matériel informatique, les nouveaux domaines d'utilisation des ordinateurs tels que la science, l'image et le son, l'industrie ou la communication ont augmenté l'importance du logiciel et la complexité moyenne de celui-ci[20]. Les logiciels simples ne sont alors plus que des exercices ou des résolutions théoriques de problèmes, tandis que la résolution de problèmes concrets nécessite des logiciels complexes où le travail discipliné de construction est une nécessité[20].
88
+
89
+ Un logiciel en version bêta (ou bêta-test) est un logiciel non finalisé, pour lequel on effectue une série de tests jusqu'à ce qu'une stabilité relative soit atteinte. Les personnes qui cherchent les dernières erreurs de ces versions de logiciels sont appelés des bêta-testeurs.
90
+
91
+ Un logiciel qui est opérationnel sera maintenu. La maintenance du logiciel désigne les modifications apportées à un logiciel, après sa mise en œuvre, pour en corriger les fautes, en améliorer l'efficacité ou autres caractéristiques, ou encore adapter celui-ci à un environnement modifié (ISO/IEC 14764).
92
+
93
+ Eric S. Raymond, dans son livre La Cathédrale et le Bazar, compare la démarche de construction utilisée pour les logiciels open source Linux et fetchmail — le bazar — avec la démarche traditionnelle des éditeurs de logiciels — la construction de cathédrales[21] :
94
+
95
+ Dans la démarche open source, les usagers sont co-développeurs du logiciel et ont un intérêt personnel pour le produit. Le code source est public et accessible à tout le monde. On considère que plus il y a d'yeux et plus les bugs sont aisés à repérer. Une nouvelle version du logiciel est publiée chaque jour, voire plus, ce qui permet aux utilisateurs de constater une évolution constante[21].
96
+
97
+ Dans la démarche classique des éditeurs de logiciels, les développeurs sont des employés qui, la plupart du temps, ne vont jamais utiliser le logiciel qu'ils ont construit. C'est une petite équipe très spécialisée qui s'occupe également de trouver et corriger des bogues éventuels, ce qui peut exiger des mois de travail. Les périodes entre chaque version de logiciel sont relativement longues. D'où de fréquentes déceptions quant aux imperfections du produit publié[21].
98
+
99
+ Dans la démarche dite open source, les développeurs ne sont pas choisis, mais sont le résultat d'une sélection naturelle : pour que le développeur participe il faut qu'il soit intéressé au produit, qu'il ait pris le temps de l'étudier, qu'il ait réussi à en comprendre suffisamment pour arriver à y apporter des modifications au code source. Un individu qui a réussi à aller si loin a forcément le profil adéquat pour devenir co-développeur du logiciel[21].
100
+
101
+ L'évaluation de la qualité d'un logiciel tient compte de :
102
+
103
+ Un logiciel est un produit qui ne se détériore pas. Les facteurs de qualité peuvent être directement observables par l'utilisateur, ou alors constatable par les ingénieurs lors des revues de code ou des travaux de maintenance[22].
104
+
105
+ Un consortium s'est créé le 6 octobre 2009 aux États-Unis pour établir un standard mondial de la qualité des logiciels. Ce consortium s'appelle le Consortium for IT Software Quality (CISQ).
106
+
107
+ Les bogues, ou bugs, sont des erreurs de conception ou de programmation dans les logiciels, qui peuvent causer des comportements incorrects. La gravité du dysfonctionnement peut aller de très mineure (apparence légèrement incorrecte d'un élément d'interface graphique), à des événements catastrophiques (explosion de la fusée Ariane lors du vol 501, irradiation incorrecte de patients par une machine de traitement…) en passant par des pertes plus ou moins grandes de données, et, rarement, par une détérioration du matériel.
108
+
109
+ Il est difficile, pour des raisons fondamentales, de produire des logiciels sans bogue. Cependant, il existe des mécanismes par lesquels on peut limiter la quantité de bogues, voire les supprimer. Citons d'une part des préceptes d'organisation des équipes de programmation et leur méthodologie, d'autre part les techniques de recherche de bogues dans les logiciels. La recherche en informatique a développé un domaine d'étude, la vérification formelle, dont l'objectif est de certifier la qualité des logiciels et de garantir leur fiabilité. Dans l'ensemble, l'obtention de logiciels complexes peu bogués est coûteuse en temps et en main d'œuvre. Plus les anomalies sont détectées tôt au long du développement du logiciel, moins leur correction est difficile.
110
+
111
+ Pour la sécurité globale des systèmes d'information d'une entité, il peut être nécessaire de définir des profils d'application, afin d'identifier les logiciels critiques sur lesquels il est nécessaire de porter une attention particulière du point de vue de la sécurité.
112
+
113
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+ La Lune[a], ou Terre I[b], est un objet céleste qui orbite autour de la planète Terre et le seul satellite naturel permanent de la Terre[c],[2]. C'est le cinquième plus grand satellite naturel du Système solaire et le plus grand des satellites planétaires par rapport à la taille de la planète autour de laquelle elle orbite. La Lune est, après le satellite de Jupiter Io, le deuxième satellite le plus dense du Système solaire parmi ceux dont la densité est connue.
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+ On pense que la Lune s'est formée il y a environ 4,51 milliards d'années, peu de temps après la Terre. L'explication la plus largement acceptée est que la Lune s'est formée à partir des débris restants après un impact géant entre la Terre et un corps de la taille de Mars appelé Théia.
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+ La Lune est en rotation synchrone avec la Terre, et montre donc toujours la même face à la Terre. Cette face visible est marquée par des mers volcaniques sombres qui remplissent les espaces entre les hautes terres claires de l'ancienne croûte lunaire et les cratères d'impact proéminents. Après le Soleil, la Lune est le deuxième objet céleste le plus lumineux régulièrement visible dans le ciel terrestre. Sa surface est en fait sombre, bien qu'elle semble très claire par rapport au ciel nocturne, avec une réflectance légèrement supérieure à celle de l'asphalte usé. Son influence gravitationnelle produit les marées océaniques, les marées terrestres et un léger allongement de la durée du jour.
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+ La distance orbitale moyenne de la Lune est de 384 402 km, soit 1,28 seconde-lumière. C'est environ trente fois le diamètre de la Terre. La taille apparente de la Lune dans le ciel est presque la même que celle du Soleil, puisque l'étoile fait environ 400 fois la distance et le diamètre lunaires. Par conséquent, la Lune couvre le Soleil presque exactement pendant une éclipse solaire totale. Cette correspondance de la taille visuelle apparente ne se poursuivra pas dans un avenir lointain parce que la distance de la Lune à la Terre augmente graduellement.
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+ La Lune est survolée pour la première fois par un engin spatial (Luna 2) en septembre 1959. Durant plus d'une décennie, notre satellite est étudié par un grand nombre de sondes spatiales d'origine soviétique ou américaine. Cette période d'exploration intensive culmine avec le programme Apollo de la NASA qui dépose à six reprises un équipage sur la surface de la Lune entre 1969 (Apollo 11) et 1972. Ces missions ont ramené sur Terre des roches lunaires qui, avec les observations effectuées sur place, permettent de développer une meilleure connaissance géologique de la Lune et de sa structure interne et de l'histoire de sa formation. La Lune est délaissée par les puissances spatiales à compter de 1974 au profit des autres corps célestes du système solaire. L'intérêt pour cet astre renait à la suite de deux petites missions de la NASA — Clementine et Lunar Prospector — qui découvrent des indices d'eau dans les régions polaires. À compter de la fin des années 1990, la Lune est la destination principale des sondes spatiales des nouvelles nations spatiales — Japon, Chine et Inde — qui l'utilisent pour mettre au point les techniques nécessaires à leur programme d'exploration du système solaire.
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+ L'importance naturelle de la Lune dans le ciel terrestre et son cycle régulier de phases, vu depuis la Terre, ont fourni des références et des influences culturelles aux sociétés et cultures humaines depuis des temps immémoriaux. Ces influences culturelles se retrouvent dans la langue, les systèmes de calendrier lunaire, l'art et la mythologie.
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+ Le substantif féminin lune provient du latin lūna, un substantif féminin[3] attesté depuis Ennius[4].
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+ Ce terme français est attesté dès le XIe siècle[5],[6] : sa première occurrence connue se trouve dans la Chanson de Roland[7], datée d'environ 1080[8].
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+ La racine la plus largement partagée parmi les langues indo-européennes est *mēns[9], à laquelle on doit le grec μῄνη mene (lune), les mots anglais moon (lune), month (mois) et les français mois, menstruation[10], etc. Le sens dérivé de « mois » remonte à l'origine du concept de mois, initialement une mesure de temps pragmatique correspondant à une lunaison. Cette unité de temps a été pérennisée dans les calendriers lunaires ou adaptée à un douzième d'année dans les calendriers solaires. De même, le cycle d'ovulation féminin était assimilé aux lunaisons[réf. nécessaire].
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+ Un autre terme, *louksnā, « la lumineuse »[9], une formation, dérivée de *loukís (lumière), lūx en latin (apparenté aussi au grec leukos 'blanc') décrit la lune comme un astre lumineux (pour la clarté nocturne qu'elle apporte). On lui doit le latin lūna ou l'arménien lusin.
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+ Des auteurs tels[11] Varron[12] et Cicéron[13], faisaient déjà dériver luna du verbe intransitif lucere, signifiant « luire, briller, éclairer »[14].
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+ La Lune a une période sidérale d'environ 27,3 jours, pendant laquelle elle effectue une orbite complète autour de la Terre par rapport à des étoiles fixes[d]. Mais comme la Terre se déplace en même temps sur son orbite autour du Soleil, il faut un peu plus de temps pour que la Lune montre la même phase à la Terre, soit environ 29,5 jours[e] (sa période synodique)[15]. Contrairement à la plupart des satellites des autres planètes, elle orbite plus près du plan de l'écliptique que du plan équatorial de la planète. Son orbite est subtilement perturbée par le Soleil et la Terre de nombreuses façons petites, complexes et interactives. Par exemple, le plan de l'orbite de la Lune tourne graduellement tous les 18,61 ans[16], ce qui affecte d'autres aspects du mouvement lunaire. Ces effets consécutifs sont mathématiquement décrits par les lois de Cassini[17].
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+ La période de rotation de la Lune est la même que sa période orbitale. Elle présente donc toujours le même hémisphère (nommé « face visible de la Lune ») à un observateur terrestre (l'autre hémisphère est donc appelé « face cachée de la Lune »). Cette rotation synchrone résulte des frottements qu’ont entraînés les marées causées par la Terre à la Lune, et qui ont progressivement amené la Lune à ralentir sa rotation sur elle-même, jusqu’à ce que la période de ce mouvement coïncide avec celle de la révolution de la Lune autour de la Terre. Actuellement les effets de marée de la Lune sur la Terre ralentissent la rotation de cette dernière et provoquent un léger éloignement des deux astres d'environ 3,8 cm par année[18]. Du fait de cet éloignement et du ralentissement qui fait que la durée du jour terrestre augmente de 15 μs par an, la Lune à sa naissance orbitait à une distance 2 fois moindre qu'aujourd'hui et la Terre tournait alors sur elle-même en 6 heures[19],[20].
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+ La Lune est un ellipsoïde très légèrement allongé en raison de l'étirement par les marées, avec son axe long déplacé de 30° par rapport à la Terre (en raison d'anomalies gravitationnelles provenant des bassins d'impact). Sa forme est plus allongée que ce que les forces de marée actuelles peuvent expliquer. Ce « renflement fossile » indique que la Lune s'est solidifiée lorsqu'elle a orbité à la moitié de sa distance actuelle par rapport à la Terre, et qu'elle est maintenant trop froide pour que sa forme puisse s'ajuster à son orbite[21].
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+ La longueur du demi grand axe entre la Lune et la Terre est de 384 399 km[22]. Le diamètre moyen de la Lune est de 3 474 km. La force qu’exerce la Terre sur la Lune[f] est d'environ 1,95 × 1020 newtons.
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+ La Lune est un corps différencié, structuré en une croûte, un manteau et un noyau. La Lune est le deuxième satellite le plus dense du Système solaire après Io[24], cependant son noyau (probablement constitué de fer métallique allié à une petite quantité de soufre et de nickel) est petit, avec un rayon d'environ 350 kilomètres ou moins[25], soit environ 20 % du rayon. Les analyses de la rotation variable dans le temps de la Lune indiquent qu'il est au moins partiellement fondu[26]. Le noyau est solide jusqu'à peut-être 240 km du centre, et liquide jusqu'à environ 300 km. Autour du noyau se trouve une couche limite de roches partiellement fondues jusqu'à environ 500 km du centre[27],[28]. Au-delà de cette couche limite on trouve le manteau et la croûte, tous deux formés de roches solides mais de compositions chimiques et minéralogiques différentes. La croûte, épaisse (en moyenne) d'environ 50 kilomètres[25], affleure dans les « terres » ; elle est présente aussi dans les « mers », mais recouverte par d'épaisses couches de lave.
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+ On pense que cette structure est due à la cristallisation fractionnée d'un océan magmatique global peu après la formation de la Lune, il y a 4,5 milliards d'années[29]. Le refroidissement de cet océan magmatique aurait d'abord produit la précipitation et la sédimentation de cristaux d'olivine, de clinopyroxène et d'orthopyroxène formant un manteau mafique puis, après qu'environ les trois quarts de l'océan magmatique se sont cristallisés, la formation et la flottation de cristaux de plagioclase[g], à l'origine de la croûte[30]. Les derniers liquides à cristalliser, pris en sandwich entre la croûte et le manteau, auraient été fortement enrichis en éléments incompatibles, parmi lesquels des éléments radioactifs producteurs de chaleur[25].
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+ La cartographie géochimique de la surface lunaire, réalisée à partir des orbiteurs, est en accord avec cette perspective : la surface des hauts plateaux (« terres »), représentative de la croûte, est principalement constituée d'anorthosites[31], des roches ignées principalement composées de plagioclase[32] ; celle des « mers », comme celle des échantillons de roches lunaires recueillis sur place, sont des laves de composition mafique, plus riches en fer que les basaltes terrestres[25].
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+ La topographie de la Lune (en) a été mesurée par altimétrie laser et analyse d'images en stéréo[33]. Son relief le plus visible est le bassin géant Pôle Sud-Aitken, d'environ 2 240 km de diamètre, le plus grand cratère de la Lune et le deuxième plus grand cratère d'impact confirmé du Système solaire[34],[35]. À 13 km de profondeur, son plancher est le point le plus bas de la surface de la Lune[34],[36]. Les altitudes les plus élevées de la surface sont situées directement au nord-est, et il a été suggéré que ces reliefs pourraient avoir été épaissis par l'impact oblique ayant formé le bassin[37]. D'autres grands bassins d'impact, tels que les mers des Pluies, de la Sérénité, des Crises, de Smyth et Orientale, possèdent également des élévations régionales basses et des bords élevés[34]. La face cachée de la surface lunaire est en moyenne environ 1,9 km plus haute que la face visible[25].
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+ La découverte d'escarpements de failles par Lunar Reconnaissance Orbiter suggère que la Lune s'est rétrécie d'environ 90 mètres au cours des derniers milliards d'années. Des caractéristiques de contraction similaires existent sur Mercure[38]. Une étude de 2019 de plus de 12 000 images de l'orbiteur affirme que le Mare Frigoris près du pôle nord, un vaste bassin supposé géologiquement mort, se craquelle et se déplace. Comme la Lune n'a pas de plaques tectoniques, son activité tectonique est lente et des fissures se développent à mesure qu'elle perd de la chaleur au fil des ans[39].
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+ Les plaines lunaires sombres et relativement dénuées de caractéristiques, clairement visibles à l'œil nu, sont appelées « mers », car on croyait autrefois qu'elles étaient remplies d'eau[40] ; elles sont maintenant connues comme de vastes bassins solidifiés de lave basaltique ancienne. Bien que semblables aux basaltes terrestres, les basaltes lunaires contiennent plus de fer et aucun minéral altéré par l'eau[41]. La majorité de ces laves a fait éruption ou s'est écoulée dans des dépressions associées à des bassins d'impact. Plusieurs provinces géologiques contenant des volcans boucliers et des dômes volcaniques se trouvent à l'intérieur, du côté des « mers » de la face visible[42].
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+ Presque toutes les mers se trouvent sur la face visible de la Lune, et couvrent 31 % de la surface sur cette face[15], contre 2 % sur la face cachée[43]. On pense que cela est dû à une concentration d'éléments produisant de la chaleur sous la croûte de la face visible, observée sur des cartes géochimiques obtenues par le spectromètre gamma de Lunar Prospector, qui aurait causé le réchauffement, la fonte partielle, la remontée à la surface et l'éruption du manteau sous-jacent[30][44],[45]. La plupart des basaltes des mers lunaires a fait éruption pendant la période ombrienne, il y a 3,0 à 3,5 milliards d'années; même certains échantillons datés par radiométrie pourraient être aussi vieux que 4,2 milliards d'années[46]. Jusqu'à récemment, les éruptions les plus récentes, datées par le dénombrement des cratères, semblaient n'avoir eu lieu qu'il y a 1,2 milliard d'années[47]. En 2006, une étude d'Ina, une minuscule dépression de Lacus Felicitatis, a trouvé des éléments dentelés et relativement exempts de poussière qui, en raison de l'absence d'érosion par les retombées de débris, semblaient n'avoir que 2 millions d'années[48]. Les tremblements de lune et les rejets de gaz indiquent également une certaine activité lunaire continue[48]. En 2014, la NASA a annoncé « de nombreuses preuves du volcanisme lunaire récent »[49] dans 70 parcelles irrégulières de mers identifiées par le Lunar Reconnaissance Orbiter, dont certaines datent de moins de 50 millions d'années. Cela soulève la possibilité d'un manteau lunaire beaucoup plus chaud qu'on ne le croyait auparavant, du moins sur la face visible où la croûte profonde est beaucoup plus chaude à cause de la plus grande concentration d'éléments radioactifs[50],[51],[52],[53]. Juste avant cela, des preuves de volcanisme basaltique de 2 à 10 millions d'années plus jeune ont été présentées à l'intérieur du cratère Lowell[54],[55], dans le bassin oriental, situé dans la zone de transition entre les face visible et cachée de la Lune. Un manteau initialement plus chaud et/ou un enrichissement local d'éléments produisant de la chaleur dans le manteau pourrait être responsable d'activités volcaniques prolongées également de l'autre côté du bassin oriental[56],[57].
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+ Les régions plus claires de la Lune sont appelées terrae, ou plus communément hautes terres, parce qu'elles sont plus hautes que la plupart des mers. Elles ont été datées radiométriquement comme ayant été formées il y a 4,4 milliards d'années, et peuvent représenter des cumulats de plagioclases cumulées de l'océan magmatique lunaire[46][47]. Contrairement à la Terre, aucune montagne lunaire majeure ne se serait formée à la suite d'événements tectoniques[58].
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47
+ La concentration de mers sur la face visible reflète probablement une croûte beaucoup plus épaisse des hautes terres de la face cachée, qui pourraient s'être formées lors de l'impact à faible vitesse d'une seconde lune de la Terre, quelques dizaines de millions d'années après leur formation[59],[60].
48
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49
+ L'autre processus géologique majeur qui a affecté la surface de la Lune est la cratérisation[61], avec des cratères formés lorsque des astéroïdes et des comètes entrent en collision avec la surface lunaire. On estime qu'il y a environ 300 000 cratères de plus de 1 km de largeur sur la seule face cachée de la Lune[62]. L'échelle de temps géologiques lunaire est basée sur les événements d'impact les plus importants, y compris Nectaris, Imbrium et Orientale, des structures caractérisées par de multiples anneaux de matériaux soulevés, entre des centaines et des milliers de kilomètres de diamètre et associés à un large tablier de dépôts d'éjectas qui forment un horizon stratigraphique régional[63]. L'absence d'atmosphère, de conditions météorologiques et de processus géologiques récents font que nombre de ces cratères sont bien préservés. Bien que seuls quelques bassins aient été datés avec certitude, ils sont utiles pour attribuer des âges relatifs. Comme les cratères d'impact s'accumulent à un rythme presque constant, le comptage du nombre de cratères par unité de surface peut être utilisé pour estimer l'âge de la surface. Les âges radiométriques des roches fondues par impact recueillies lors des missions Apollo se situent entre 3,8 et 4,1 milliards d'années, ce qui a été utilisé pour proposer un Grand bombardement tardif des impacts[64].
50
+
51
+ La croûte lunaire est recouverte d'une couche superficielle très fragmentée et labourée par les impacts, appelée régolithe, formée par les processus d'impact. Le régolithe le plus fin, le sol lunaire en verre de dioxyde de silicium, a une texture ressemblant à de la neige et un parfum ressemblant à de la poudre à canon usée[65]. Le régolithe des surfaces plus anciennes est généralement plus épais que celui des surfaces plus jeunes : son épaisseur varie de 10 à 20 km dans les hautes terres et de 3 à 5 km dans les mers[66]. Sous la couche de régolithe finement hachée se trouve le mégaregolithe, une couche de substrat rocheux très fracturé d'une épaisseur de plusieurs kilomètres[67].
52
+
53
+ La comparaison d'images à haute résolution obtenues par LRO a montré un taux de production de cratère contemporain significativement plus élevé que celui estimé précédemment. On pense qu'un processus de cratérisation secondaire causé par des éjections distales provoque le remuage des deux premiers centimètres de régolithe sur une échelle de temps de 81 000 ans, soit cent fois plus rapidement que les modèles précédents[68],[69].
54
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55
+ Les tourbillons lunaires sont des formes brillantes énigmatiques que l'on trouve à la surface de la Lune. Ils se caractérisent par un albédo élevé, apparaissent optiquement immatures (c'est-à-dire avec les caractéristiques optiques d'un régolithe relativement jeune), et ont souvent une forme sinueuse. Leur forme est souvent accentuée par des régions de faible albédo qui serpentent entre les tourbillons brillants[70].
56
+
57
+ L'eau liquide ne peut pas persister à la surface de la Lune. Lorsqu'elle est exposée au rayonnement solaire, l'eau se décompose rapidement par un processus appelé photolyse et se perd dans l'espace. Mais depuis les années 1960, les scientifiques ont émis l'hypothèse que la glace d'eau pourrait se déposer par l'impact de comètes ou être produite par la réaction de roches lunaires riches en oxygène et d'hydrogène provenant du vent solaire, laissant des traces d'eau qui pourraient persister dans des cratères froids et ombragés en permanence aux deux pôles sur la Lune[71],[72]. Des simulations informatiques suggèrent que jusqu'à 14 000 km2 de la surface peuvent être dans l'ombre permanente[73]. La présence de quantités d'eau utilisables sur le satellite est un facteur important pour rendre l'habitation lunaire rentable ; l'alternative consistant à transporter l'eau de la Terre serait d'un coût prohibitif[74].
58
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59
+ Au cours des années qui ont suivi, on a découvert des traces d'eau à la surface de la Lune[75]. En 1994, l'expérience radar bistatique réalisée à bord de l'orbiteur Clementine a révélé la présence de petites poches d'eau gelées près de la surface. Cependant, les observations radar ultérieures d'Arecibo suggèrent que ces résultats pourraient plutôt correspondre à des roches éjectées de jeunes cratères d'impact[76]. En 1998, le spectromètre neutronique de la sonde Lunar Prospector a montré que des concentrations élevées d'hydrogène sont présentes dans le premier mètre de profondeur du régolithe près des régions polaires[77]. Des perles de lave volcanique, ramenées sur Terre à bord d'Apollo 15, ont montré de petites quantités d'eau dans leur intérieur[78].
60
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61
+ Depuis, en 2008, la sonde spatiale Chandrayaan-1 a confirmé l'existence de glace d'eau de surface à l'aide du module embarqué Moon Mineralogy Mapper. Le spectromètre a observé dans la lumière solaire réfléchie des raies d'absorption communes à l'hydroxyle, ce qui indique la présence de grandes quantités de glace d'eau à la surface lunaire. La sonde a montré que les concentrations pourraient atteindre 1 000 ppm[79]. À l'aide des spectres de réflectance du cartographe, l'éclairage indirect des zones dans l'ombre a confirmé la présence de glace d'eau à 20° de latitude des deux pôles en 2018[80]. En 2009, le LCROSS a envoyé un impacteur de 2 300 kg dans un cratère polaire assombri en permanence et a détecté au moins 100 kg d'eau dans un panache de matériaux éjectés[81],[82]. Un autre examen des données du LCROSS a révélé que la quantité d'eau détectée était plus près de 155 ± 12 kg[83].
62
+
63
+ En mai 2011, on a trouvé 615 à 1 410 ppm d'eau dans les inclusions magmatiques de l'échantillon lunaire 74220[84], le fameux « sol de verre orange » à haute teneur en titane d'origine volcanique recueilli lors de la mission Apollo 17 en 1972. Les inclusions se sont formées lors d'éruptions explosives sur la Lune il y a environ 3,7 milliards d'années. Cette concentration est comparable à celle du magma dans le manteau supérieur de la Terre. Bien que d'un intérêt sélénologique considérable, cette annonce offre peu de réconfort aux colons lunaires potentiels. En effet, l'échantillon provient de plusieurs kilomètres sous la surface, et les inclusions sont si difficiles d'accès qu'il a fallu 39 ans pour les trouver avec une microsonde ionique dernier cri[85],[86].
64
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65
+ L'analyse des résultats de Moon Mineralogy Mapper (M3) a révélé en août 2018 pour la première fois des « preuves irréfutables » de la présence de glace d'eau à la surface de la Lune[85],[86]. Les données ont révélé les signatures réfléchissantes distinctes de la glace d'eau, par opposition à la poussière et à d'autres substances réfléchissantes[87]. Les dépôts de glace ont été trouvés sur les pôles Nord et Sud, bien qu'ils soient plus abondants dans le Sud, où l'eau est emprisonnée dans des cratères et des fissures ombragés en permanence, ce qui lui permet de persister en tant que glace à la surface car elle est à l'abri du soleil[85],[87].
66
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67
+ Le champ gravitationnel de la Lune a été mesuré en suivant l'effet Doppler des signaux radio émis par les appareils en orbite. Les principales caractéristiques de la gravité lunaire sont les réplétions, de grandes anomalies gravitationnelles positives associées à certains des bassins d'impact géants, en partie causées par les coulées de lave basaltique dense qui remplissent les mers lunaires[88],[89]. Les anomalies influencent grandement l'orbite des engins spatiaux autour de la Lune. Mais les coulées de lave ne peuvent à elles seules expliquer toute la signature gravitationnelle et il existe des mascottes qui ne sont pas liées au volcanisme des mers[90].
68
+
69
+ La Lune a un champ magnétique externe variant entre environ 1 et 100 nanoteslas, soit moins d'un centième de celui de la Terre. Elle n'a pas actuellement de champ magnétique dipolaire global et n'a qu'une magnétisation crustale, probablement acquise au début de son histoire lorsqu'une dynamo était encore en activité[91],[92]. Par ailleurs, une partie de l'aimantation résiduelle peut provenir de champs magnétiques transitoires générés par l'expansion d'un nuage de plasma généré lors d'un impact important dans un champ magnétique ambiant. Cela est confirmé par l'emplacement apparent des plus grandes magnétisations de la croûte près des antipodes des bassins d'impact géants[93].
70
+
71
+ La présence d'un champ magnétique global peu après la formation de la Lune est attestée par l'aimantation rémanente de ses roches les plus anciennes. L'étude détaillée d'un échantillon de troctolite vieux de 4,25 Ga montre un paléo-champ d'une intensité de 20 à 40 µT donc très comparable à celle du champ magnétique terrestre aujourd'hui. Ce résultat confirme la présence d'une dynamo à cette époque, mais ne permet pas d'en connaître précisément le mécanisme (convection thermique ou solutale, notamment)[94].
72
+
73
+ L'atmosphère de la Lune est si ténue qu'elle n'en a presque pas du tout, ici avec une masse totale inférieure à 10 tonnes[97]. La pression superficielle de cette petite masse est d'environ 3 × 10−15 atm (0,3 nPa) ; elle varie avec le jour lunaire. Ses sources sont notamment le dégazage et la pulvérisation cathodique, un produit du bombardement du sol par les ions du vent solaire. On trouve parmi les éléments détectés le sodium et le potassium, produits par pulvérisation cathodique (également présents dans les atmosphères de Mercure et Io) ; l'hélium-4 et le néon[98] provenant du vent solaire ; et l'argon-40, le radon-222 et le polonium-210, dégazés après leur création par désintégration radioactive dans la croûte et le manteau. L'absence d'espèces neutres (atomes ou molécules) comme l'oxygène, l'azote, le carbone, l'hydrogène et le magnésium, qui sont présents dans le régolithe, n'est pas comprise[99]. De la vapeur d'eau a été détectée par Chandrayaan-1 et varie en fonction de la latitude, avec un maximum à ~60-70 degrés ; elle est probablement produite par la sublimation de la glace d'eau du régolithe. Ces gaz y retournent en raison de la gravité de la Lune ou sont perdus dans l'espace, soit par la pression du rayonnement solaire, soit, s'ils sont ionisés, en étant emportés par le champ magnétique du vent solaire[99].
74
+
75
+ Un nuage de poussière lunaire asymétrique permanent existe autour de la Lune, créé par de petites particules de comètes. On estime que 5 tonnes de ces dernières frappent la surface toutes les 24 heures et éjectent cette poussière. Celle-ci reste en suspension pendant environ 10 minutes, prenant 5 minutes pour se lever et 5 minutes pour tomber. En moyenne, 120 kilogrammes de poussière sont présents au-dessus de la Lune, s'élevant à 100 kilomètres au-dessus de la surface. Les mesures de la poussière ont été effectuées par l'expérience LDEX (Lunar Dust EXperiment) du LADEE, entre 20 et 100 kilomètres au-dessus de la surface sur une période de six mois. LDEX a détecté en moyenne une particule de poussière lunaire de 0,3 micromètre par minute. Le comptage des particules de poussière a culminé pendant les pluies de météores des Géminides, des Quadrantides, des Taurides et Omicron Centaurides, lorsque la Terre et la Lune ont traversé des débris de comètes. Les nuages sont asymétriques, plus denses près de la limite entre le côté jour et le côté nuit de la Lune[100],[101].
76
+
77
+ En octobre 2017, des scientifiques de la NASA du Centre de vol spatial Marshall et du Lunar and Planetary Institute de Houston ont annoncé qu'ils avaient découvert, à partir d'études d'échantillons de magma de la Lune prélevés par les missions Apollo, que la Lune avait possédé une atmosphère relativement épaisse pendant une période de 70 millions d'années entre 3 et 4 milliards d'années auparavant. Cette atmosphère, provenant de gaz éjectés lors d'éruptions volcaniques lunaires, était deux fois plus épaisse que celle de l'actuelle planète Mars. L'ancienne atmosphère lunaire a été progressivement dépouillée par les vents solaires et dissipée dans l'espace[102].
78
+
79
+ L'inclinaison de l'axe de la Lune par rapport à l'écliptique n'est que de 1,5424°[103], soit beaucoup moins que les 23,44° de la Terre. À cause de ça, l'éclairement solaire de la première varie beaucoup moins selon les saisons, et les détails topographiques jouent un rôle crucial dans les effets saisonniers[104]. D'après les images prises par Clementine en 1994, il semble que quatre régions montagneuses au bord du cratère Peary, au pôle Nord de la Lune, puissent rester illuminées pendant toute la journée lunaire, créant ainsi des pics de lumière éternelle. De telles régions n'existent pas au pôle Sud. De même, il y a des endroits qui restent dans l'ombre permanente au fond de nombreux cratères polaires[73], et ces « cratères d'obscurité éternelle » sont extrêmement froids : Lunar Reconnaissance Orbiter a mesuré les températures estivales les plus basses dans les cratères du pôle Sud à 35 K (-238 °C)[105] et seulement 26 K (-247 °C) vers le solstice d'hiver dans le cratère Hermite au pôle Nord. C'est la température la plus froide du Système solaire jamais mesurée par un engin spatial, plus froide même que la surface de Pluton[104]. Les températures moyennes de la surface de la Lune sont connues, mais celles de ses différentes régions varieront grandement selon qu'elles sont au soleil ou à l'ombre[106].
80
+
81
+ La Lune influence le milieu terrestre de plusieurs façons, notamment :
82
+
83
+ La Lune s'est formée il y a 4,51 milliards d'années, c'est-à-dire environ 60 millions d'années après l'origine du système solaire. Plusieurs mécanismes de formation ont été proposés[115], notamment la fission de la Lune à partir de la croûte terrestre par la force centrifuge[116] (ce qui nécessiterait une vitesse de rotation initiale de la Terre trop élevée)[117], la capture gravitationnelle d'une Lune préformée[118] (ce qui nécessiterait une atmosphère terrestre étendue irréaliste pour dissiper l'énergie de la Lune de passage)[117] et la co-formation de la Terre et de la Lune dans le disque d'accrétion primordial (ce qui ne peut pas expliquer la disparition des métaux dans la Lune)[117]. Ces hypothèses ne peuvent pas non plus expliquer le moment cinétique élevé du système Terre-Lune[119].
84
+
85
+ L'hypothèse dominante est que le système Terre-Lune s'est formé après l'impact d'un corps de la taille de Mars (nommé Théia) avec la proto-Terre (impact géant). L'impact a projeté des matériaux sur l'orbite de la Terre, dont l’accrétion a formé la Lune[120],[121]. La face cachée de la Lune a une croûte plus épaisse de 48 km que celle de la face visible. Une explication possible (mais non consensuelle) serait que la Lune a fusionné à partir des matériaux de deux corps différents[122].
86
+
87
+ Cette hypothèse, bien qu'imparfaite, est celle qui explique le mieux les caractéristiques du système Terre-Lune actuel. Dix-huit mois avant la conférence d'octobre 1984 sur les origines de la Lune, les organisateurs Bill Hartmann, Roger Phillips et Jeff Taylor ont mis au défi leurs collègues scientifiques lunaires : « Vous avez dix-huit mois. Retournez à vos données d'Apollo, retournez à votre ordinateur, faites ce que vous avez à faire, mais décidez-vous. Ne venez à notre conférence que si vous avez quelque chose à dire sur la naissance de la Lune. »[h] Lors de la conférence de 1984 à Kona, à Hawaii, l'hypothèse de l'impact géant est apparue comme la théorie la plus consensuelle[122].
88
+
89
+ « Avant la conférence, il y avait des partisans des trois théories "traditionnelles", plus quelques personnes qui commençaient à prendre l'impact géant au sérieux, et il y avait un énorme milieu apathique qui ne pensait pas que le débat serait un jour résolu. Par la suite, il n'y avait pratiquement que deux groupes : le camp de l'impact géant et les agnostiques. »[i]
90
+
91
+ — Dana Mackenzie, The Big Splat, or How Our Moon Came to Be
92
+
93
+ Selon l’hypothèse de référence, la proto-Terre a été percutée par un impacteur de la taille de Mars, nommé Théia. L'impacteur, la croute et une partie du manteau terrestre sont disloqués. L'impacteur apporte à la Terre une grande partie du fer de son noyau et projette une grande quantité de débris dans l’orbite terrestre. La Lune se forme, par accrétion d'une partie de ce nuage de débris, en un temps très court, de l'ordre d'un siècle[123].
94
+
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+ On pense que les impacts géants ont été communs au début du Système solaire. Des simulations informatiques d'impacts géants ont donné des résultats qui correspondent à la masse du noyau lunaire et au moment cinétique du système Terre-Lune. Ces simulations montrent également que la plus grande partie de la Lune provient de l'impacteur plutôt que de la proto-Terre[124]. Cependant, des simulations plus récentes suggèrent qu'une plus grande partie de la Lune provient du proto-Terre[125],[126],[127],[128]. D'autres corps du Système solaire interne tels que Mars et Vesta ont, selon les météorites, des compositions isotopiques en oxygène et en tungstène très différentes de celles de la Terre. Cependant, la Terre et la Lune ont des compositions isotopiques presque identiques. L'égalisation isotopique du système Terre-Lune pourrait s'expliquer par le mélange après impact du matériau vaporisé qui a formé les deux[129], même si la question est débattue[130].
96
+
97
+ L'impact, d'une très grande énergie, a dispersé une grande quantité de matière à partir de laquelle s'est formé le système Terre-Lune. Cela aurait fait fondre la couche externe de la Terre, et ainsi formé un océan de magma[131],[132]. La Lune nouvellement formée aurait eu également son propre océan magmatique lunaire ; sa profondeur est estimée entre environ 550 et 1 737 km[131](cf section suivante).
98
+
99
+ Bien que l'hypothèse de l'impact géant puisse expliquer de nombreux paramètres, certaines questions demeurent sans réponse, dont la plupart concernent la composition de la Lune[133].
100
+
101
+ En 2001, une équipe du Carnegie Institute of Washington a rapporté la mesure la plus précise des signatures isotopiques des roches lunaires[134]. À leur grande surprise, les roches du programme Apollo avaient la même signature isotopique que les roches de la Terre, mais elles différaient de presque tous les autres corps du Système solaire. Cette observation était inattendue car on pensait que la plupart des matériaux qui formaient la Lune provenaient de Théia, or il a été annoncé en 2007 qu'il y avait moins de 1 % de chance que Théia et la Terre aient des signatures isotopiques identiques[135],[136], ce qui contredit les hypothèses d'une Lune formée loin de la Terre ou issue principalement de Théia[137].
102
+
103
+ Ces écarts peuvent s'expliquer par des variantes de l'hypothèse de l'impact géant. En 2017, une hypothèse alternative est proposée, celle d'une série d'impacts moins cataclysmiques : chaque impact forme un anneau de débris (formés principalement de matériaux terrestres) qui se rassemble en un petit satellite, que les effets de marée font ensuite s'éloigner ; ces petits satellites finissent par se rejoindre et fusionner tout à tour en un unique (gros) satellite, la Lune. Ce scénario serait plus compatible avec les contraintes de composition chimique et de moment cinétique, et nécessiterait des conditions moins particulières que celui de la collision Terre/Théia[138].
104
+
105
+ En 2018, une autre piste est proposée : une variante du modèle de référence mais avec formation d'une synestia.
106
+ En effet le modèle classique ne rend pas compte de certaines caractéristiques de la Lune comme son manque d'éléments volatils par rapport à la Terre.
107
+ Selon cette nouvelle hypothèse, la percussion d'une proto-Terre plus petite conduit à la vaporisation et au mélange de la croute et du manteau terrestre avec les matériaux de l'impacteur. Se crée alors une synestia — à savoir un nuage torique de gaz et de fragments rocheux. Selon cette hypothèse, la lune résulterait de l'accrétion des fragments rocheux en quelques décennies tandis que les éléments volatils restent dans le nuage de vapeur et rejoignent progressivement la terre au cours de son long refroidissement[123],[139].
108
+
109
+ Cette hypothèse a été formulée peu après les premières analyses des roches retournées par Apollo 11. Elle permet d'expliquer notamment la présence abondante de plagioclases en surface, et la présence de KREEP (voir #Composition et structure interne).
110
+
111
+ À la suite de l'impact géant, une telle quantité d'énergie a été produite qu'il est probable que la surface de la Lune consistait alors en un vaste océan de magma, sur une profondeur de plusieurs centaines de kilomètres. La cristallisation et la différenciation de ce magma lors de son refroidissement ont formé la croûte et ses roches anorthosiques typiques, ainsi que le manteau lunaire tels que nous les connaissons aujourd'hui.
112
+
113
+ Toutefois, ce modèle n'explique pas toutes les caractéristiques observées de la composition de la surface. Un peu comme la physique newtonienne n'est pas fausse en première approximation, mais peut être complétée par la théorie de la relativité, ce modèle doit être amélioré pour expliquer certains détails[140]. Notamment, on observe une forte dissymétrie entre la face cachée de la Lune, plus épaisse[141], où le thorium est rare en surface, et le relief plus exacerbé (ce qui a été démontré par le relevé topographique effectué par SELENE), et la face visible de la Lune où il existe de fortes concentrations en thorium et en KREEP, et où le relief est peu marqué, avec de vastes plaines lisses (dites « mers lunaires »). Même dans le cas de l'hypothèse de l'océan magmatique lunaire, des bassins profondément creusés comme le bassin Pôle Sud-Aitken auraient dû révéler des concentrations semblables sur les deux faces[140], et le relief aurait dû être plus homogène sur les deux faces de la Lune. Pour expliquer cette dichotomie géomorphologique et physicochimique, des planétologues ont proposé diverses explications :
114
+
115
+ Cette hypothèse suppose que la surface de la Lune a été abondamment et violemment bombardée, il y a à peu près 4 milliards d'années, pendant environ 200 millions d'années, par un grand nombre de météorites ou comètes. Les plus grands cratères ou bassins lunaires proviendraient de cet épisode cataclysmique[réf. nécessaire].
116
+
117
+ Avec une magnitude de -12,6 pendant la pleine lune, c'est le corps céleste le plus visible dans le ciel de la Terre, après le Soleil. Cette luminosité et sa proximité la rendent facilement observable, même à l’œil nu ou en plein jour. Des jumelles permettent de distinguer les mers et les plus gros cratères. De plus, de nombreux phénomènes observables, liés à son orbite caractéristique, la distinguent des autres astres[j].
118
+
119
+ Du fait de sa rotation synchrone, la Lune présente toujours quasiment la même partie de sa surface vue de la Terre : la face dite « visible ». Mais la moitié de la sphère éclairée par le soleil varie au cours des 29,53 jours d’un cycle synodique, et donc la portion éclairée de la face visible aussi. Ce phénomène donne naissance à ce que l’on appelle les phases lunaires, qui se succèdent au cours d’un cycle appelé « lunaison »[réf. nécessaire].
120
+
121
+ Les éclipses ne se produisent que lorsque le Soleil, la Terre et la Lune sont tous en ligne droite (ce qu'on appelle une « syzygie »). Les éclipses solaires se produisent à la nouvelle lune, lorsque la Lune se trouve entre le Soleil et la Terre. En revanche, les éclipses lunaires se produisent à la pleine lune, lorsque la Terre se trouve entre le Soleil et la Lune. La taille apparente de la Lune est à peu près la même que celle du Soleil, les deux étant vues à près d'un demi degré de large. Le Soleil est beaucoup plus grand que la Lune, mais c'est la distance beaucoup plus grande qui lui donne la même taille apparente que la Lune beaucoup plus proche et beaucoup plus petite du point de vue de la Terre. Les variations de taille apparente, dues aux orbites non circulaires, sont également presque identiques, bien que se produisant dans des cycles différents. Cela permet à la fois des éclipses solaires totales (la Lune apparaissant plus grande que le Soleil) et annulaires (la Lune apparaissant plus petite que le Soleil)[145]. Dans une éclipse totale, la Lune recouvre complètement le disque du Soleil et la couronne solaire devient visible à l'œil nu. Comme la distance entre la Lune et la Terre augmente très lentement avec le temps[146], le diamètre angulaire de la Lune diminue. De plus, au fur et à mesure qu'il évolue pour devenir une géante rouge, la taille du Soleil et son diamètre apparent dans le ciel augmentent lentement[k]. La combinaison de ces deux changements signifie qu'il y a des centaines de millions d'années, la Lune couvrirait toujours complètement le Soleil lors des éclipses solaires, et qu'aucune éclipse annulaire ne serait possible. De même, des centaines de millions d'années plus tard, la Lune ne couvrira plus complètement le Soleil et il n'y aura plus d'éclipses solaires totales[147].
122
+
123
+ Comme l'orbite de la Lune autour de la Terre est inclinée d'environ 5,145° (5° 9') par rapport à l'orbite de la Terre autour du Soleil, les éclipses ne se produisent pas à chaque pleine et nouvelle lune. Pour qu'une éclipse se produise, la Lune doit se trouver près de l'intersection des deux plans orbitaux[148]. La périodicité et la récurrence des éclipses du Soleil par la Lune et de la Lune par la Terre sont décrites par le saros, dont la période est d'environ 18 ans[149].
124
+
125
+ Parce que la Lune bloque continuellement notre vue d'une zone circulaire du ciel d'un demi-degré de large[l],[150], le phénomène lié d'occultation se produit lorsqu'une étoile ou une planète lumineuse passe derrière la Lune et est occultée : cachée à la vue. Ainsi, une éclipse solaire est une occultation du Soleil. Parce que la Lune est relativement proche de la Terre, les occultations des étoiles individuelles ne sont pas visibles partout sur la planète, ni en même temps. En raison de la précession de l'orbite lunaire, différentes étoiles sont occultées chaque année[151].
126
+
127
+ Au fil du cycle lunaire, la déclinaison de la Lune varie : d’un jour au suivant, elle augmente pendant une moitié du cycle et elle décroît pendant l’autre moitié. En un point de l’hémisphère nord :
128
+
129
+ La Lune renvoie la lumière du Soleil. Son spectre lumineux est proche de ce dernier du fait de l'atmosphère quasi nulle (raies de Fraunhofer). Toutefois, la roche poreuse à la surface absorbe une partie du rayonnement et renvoie la lumière sans direction privilégiée[152]. On dit que la lumière est polarisée (voir polarisation de la lumière).
130
+
131
+ La Lune présentant toujours le même hémisphère à la Terre (sa rotation étant synchrone, c’est-à-dire sa période de révolution étant égale à sa période de rotation), on appelle librations les phénomènes permettant à un observateur à la surface de la Terre de voir plus de 50 % de la surface de la Lune.
132
+
133
+ Ces phénomènes peuvent prendre quatre formes : les librations en longitude, les librations en latitude, les librations parallactiques et les librations physiques.
134
+
135
+ L’ensemble de ces phénomènes de libration au cours de lunaisons successives permet d’observer environ 59 % de la surface lunaire depuis la surface terrestre. Toutefois, les zones supplémentaires ainsi offertes à l’observation sont très déformées par l’effet de perspective, et rendent difficile l’observation de ces régions depuis le sol. Seules les sondes automatiques, par un survol régulier, en permettent l’étude topologique précise.
136
+
137
+ Ces phénomènes transitoires de quelques dixièmes de milliseconde, de magnitude généralement de 5 à 10 (mais pouvant être 3), ne sont visibles qu'au télescope ou lunette associés à une caméra vidéo et sur la partie non éclairée de la Lune. Le flash lunaire provient de la chute de corps (provenant essentiellement d'essaims de météorites ou de comètes) de 5 à 15 cm percutant la Lune à des vitesses de 20 à 30 km/s, ce qui fait fondre la roche en surface au point d'impact et projette des gouttelettes de roches liquides. L'éclair lumineux est produit par l'énergie dégagée lors de cet impact. Depuis cinq siècles, 570 phénomènes de flash lunaire ont été rapportés par 300 observateurs[153]
138
+
139
+ L'exploration de la Lune commence dès que l'homme parvient à lancer des engins capables de se satelliser dans l'espace à la fin des années 1950. Depuis cette époque plus de 90 missions dont 6 avec équipage ont été lancées vers notre satellite pour étudier ses caractéristiques. Les ingénieurs russes et américains sont rapidement passés au cours de la décennie 1960 d'engins seulement capables de collecter des données sur la Lune durant son survol ou avant de s'écraser sur celle-ci aux orbiteurs, atterrisseurs puis aux astromobiles (rover). Cette phase culmine avec les premiers pas de l'homme sur la Lune effectués par l'équipage de la mission Apollo 11. La Lune à compter de 1974 est délaissée par les puissances spatiales au profit des autres corps célestes du système solaire. L'intérêt pour la Lune renaît à la suite de deux petites missions de la NASA —-Clementine et Lunar Prospector — qui découvrent des indices d'eau dans les régions polaires. À compter de la fin des années 1990, la Lune est la destination principale des sondes spatiales des nouvelles nations spatiales qui développent des programmes d'exploration du système solaire, principalement le Japon, la Chine et l'Inde.
140
+
141
+ Le premier objet fabriqué par l’homme à atteindre la Lune fut la sonde soviétique Luna 2, qui s’y écrasa le 14 septembre 1959 à 21 h 2 min 24 sZ. L'année 2009 marque l'anniversaire des premières photographies de la face cachée de la Lune envoyées de l'espace pour la première fois le 7 octobre 1959 lorsque la sonde automatique Luna 3, également lancée par l’Union soviétique, passa derrière la Lune. Luna 9 fut la première sonde à se poser sur la Lune (plutôt que de s’y écraser) ; elle retourna des photographies de la surface lunaire le 3 février 1966. Le premier satellite artificiel de la Lune fut la sonde soviétique Luna 10, lancée le 31 mars 1966. Le 17 novembre 1970, Lunokhod 1 fut le premier véhicule robotisé à explorer sa surface.
142
+
143
+ Le 24 décembre 1968, les membres de l’équipage d’Apollo 8 (Frank Borman, James Lovell, et William Anders) furent les premiers humains à apercevoir directement la face cachée de la Lune. Les premiers humains à se poser sur la Lune le firent le 21 juillet 1969[154]. Ce fut le point culminant de la course spatiale engagée entre les États-Unis et l’URSS, alors en pleine Guerre froide. Le premier astronaute à poser le pied sur la Lune fut Neil Armstrong, le capitaine de la mission Apollo 11, et le second, Buzz Aldrin, le même jour. Les derniers hommes à marcher sur le sol lunaire furent le scientifique Harrison Schmitt et finalement l’astronaute Eugene Cernan, lors de la mission Apollo 17 en décembre 1972.
144
+
145
+ Au total, au XXe siècle et jusqu'à nos jours, 24 hommes orbitèrent autour de la Lune et 12 d'entre eux marchèrent sur celle-ci.
146
+
147
+ À la fin des années 1990, les sondes Clémentine et Lunar Prospector ont trouvé des indices de présence d’eau sur la Lune.
148
+
149
+ La sonde européenne SMART-1 s’est insérée en orbite autour de la Lune avec succès le 16 novembre 2004, elle doit trouver de l’eau et permettre de mieux déterminer l’origine de notre satellite (par calcul du taux de fer), grâce à une analyse étendue par des rayons X.
150
+
151
+ Récemment, l’agence spatiale chinoise (CNSA) a dévoilé son plan lunaire qui est fondé en 3 étapes :
152
+
153
+ Le programme Constellation de 2008 avait pour objectif de ramener des hommes à la surface de la Lune en 2020. La mission lunaire type comprend un séjour sur la Lune de 7 jours, soit 4 de plus que pour le programme Apollo. Les astronautes, au nombre de 4, descendent tous sur le sol lunaire. À une échéance non fixée, les plans de la NASA prévoient le développement d'un ensemble de modules (habitation, rover, autres équipements) déposés sur la Lune grâce à plusieurs lancements d'Ares V (celui-ci peut « livrer » jusqu'à 15 tonnes de fret sur le sol lunaire). Ces équipements doivent permettre de prolonger le séjour des astronautes pour des missions qui peuvent ainsi durer 210 jours. On envisage d'installer des avant-postes lunaires près du pôle sud pour bénéficier à la fois d'un ensoleillement plus important, donc de nuits plus courtes et de températures moins extrêmes.
154
+ Le projet est développé sans disposer d'un budget suffisant. Le1er février 2010, après analyse de la situation par la commission Augustine, le projet est annulé.
155
+
156
+ Bien qu’ils aient planté symboliquement à plusieurs reprises leur drapeau sur le sol lunaire, les Américains n’ont jamais émis de revendication territoriale sur aucune portion de surface de la Lune. Elle est considérée, grâce au traité de l'espace entré en vigueur le 10 octobre 1967, comme un espace international au même titre que les eaux du même nom. Le traité exclut de plus toute utilisation militaire de l’espace, en particulier le déploiement d’armes non conventionnelles.
157
+
158
+ Le traité lunaire de 1979[155] n’ayant pas été ratifié par les grandes nations de l’exploration spatiale, l’appropriation dans des buts économiques et commerciaux par des privés reste dans le flou juridique, ce qui entraîne parfois des revendications des plus fantaisistes. Ainsi, en 1953, l’avocat chilien Jenaro Gajardo Vera (en) enregistra la propriété de la Lune en payant 42 000 pesos de l’époque. On a officialisé l’écriture le 25 septembre 1954 dans le Conservateur des Biens Racines[réf. nécessaire] de la ville de Talca.
159
+
160
+ La face cachée de la Lune a été explorée essentiellement par photographie depuis des sondes spatiales, la première ayant été Luna 3, en 1959[156].
161
+
162
+ Le 16 juillet 2015, un satellite de la NASA a révélé des photographies de la face cachée de la Lune[157]. L'animation accélérée proposée par l'Agence Spatiale dure quelques secondes alors que le passage de la Lune devant la Terre dure en réalité près de cinq heures. Les clichés ont été pris par le satellite DSCOVR en orbite à 1,5 million de kilomètres de la Terre en direction du Soleil[158].
163
+
164
+ Le 3 janvier 2019 la sonde spatiale chinoise Chang'e 4 se pose sur la face cachée de la lune. Chang'e-4 s'est posé le 3 janvier à 2h26 h UTC dans le cratère Von Kármán situé sur la face cachée de la Lune (coordonnées : 177.6°E, 45.5°S)[159].
165
+
166
+ Depuis de nombreuses années, la Lune est reconnue en tant qu'excellent site pour les télescopes[161]. Elle se trouve relativement près ; la qualité de la visibilité n'est pas préoccupante ; certains cratères près des pôles sont en permanence sombres et froids, et donc particulièrement utiles pour les télescopes infrarouges ; et les radiotélescopes construits sur la face cachée seraient protégés des bruits radio de la Terre[162]. Le sol lunaire, même s'il pose un problème pour toutes les parties mobiles des télescopes, peut être mélangé avec des nanotubes de carbone et des époxies et utilisé dans la construction de miroirs d'un diamètre pouvant atteindre 50 mètres[163]. Un télescope zénithal (en) lunaire peut être fabriqué à peu de frais avec un liquide ionique[164].
167
+
168
+ En avril 1972, la mission Apollo 16 a enregistré différentes photos et spectres astronomiques dans l'ultraviolet avec la caméra/spectrographe ultraviolet lointain (en)[165].
169
+
170
+ Les astronomes de l'Antiquité ont proposé différentes interprétations, résumées notamment dans le chapitre De la substance de la Lune du Pseudo-Plutarque[166]. En -450, Démocrite y voyait « des montagnes élevées et des vallées creuses ». Plutarque (46-125) pensait que « la Lune est une terre céleste »[167], les zones sombres et régulières (les plaines) sont des dépressions remplies d’eau. Appelés maria (mot latin signifiant « mers » au pluriel), tandis que les hauts plateaux, de couleur claire furent baptisés terrae (« terres »)[168]; ces reliefs ne correspondaient pas à la conception du monde d'Aristote.
171
+
172
+ Pour Aristote[169], le monde supralunaire est parfait, et donc la Lune est une sphère lisse et inaltérable[170]. Le disciple d'Aristote Cléarque de Soles explique les taches lunaires par le fait que la Lune est un miroir poli qui réfléchit le paysage terrestre. Cette conception aristotélicienne subsista jusqu'au Moyen Âge. Ainsi, sur certaines cartes médiévales terrestres, sont reportées les taches lunaires : manuscrits du De Natura Rerum d'Isidore de Séville, représentation par le géographe Ibn Saïd de l'Afrique du Sud comme la Mare Orientale v. 1250. Cependant, cette théorie est invalidée par l'observation que, quand la Lune se déplace devant la Terre, le visage de la Lune reste inchangé. D'autres savants imaginent alors que les taches sont des vapeurs condensées d'un nuage ou émanant de la Terre. Bien que Galilée ait tourné son télescope vers le ciel et prouvé la réalité de ces reliefs, cette conception de la sphère parfaite est retrouvée dans la Perse du XIXe siècle et dans le folklore européen du XXe siècle[171].
173
+
174
+ Ces variations de teintes et de lumière à la surface de la Lune sont vues aussi comme des motifs que les hommes interprètent différemment suivant leur culture et leur imaginaire : les nœuds lunaires étaient la tête et la queue du dragon lapon ou du dragon oriental ; la Lune était associée aux animaux nocturnes : le chat (Mandingues en Afrique), le lapin ou le lièvre de jade[m] compagnon de Chang'e. Certains y voient un buffle aux cornes lunaires, une vieille femme au fagot ou à béquilles (Lune descendante), le visage poupin de Jean de la Lune[n] ou un visage de femme ou d’homme entre autres[172].
175
+
176
+ La Lune est très présente dans de nombreuses mythologies et croyances folkloriques, et a souvent été associée à des divinités féminines. Ainsi, la déesse grecque Séléné (Luna chez les Romains) a été associée à la Lune, avant d’être supplantée par Artémis (Diane chez les Romains). En revanche, la déesse japonaise Amaterasu est associée au Soleil et son frère, Tsukuyomi, est lui associé à la Lune, de même chez les Mésopotamiens, où le dieu Nanna (ou Sîn) est associé à la Lune. Cette inversion est également présente dans les mythologies nordiques et germaniques (scandinave, lettonne [réf. nécessaire] [Information douteuse]…), et c’est pourquoi J. R. R. Tolkien l’a reprise dans sa mythologie de la Terre du Milieu, faisant de Tilion le dieu de la Lune et d’Arien la déesse du Soleil[réf. nécessaire].
177
+
178
+ La Lune est également présente dans la culture religieuse musulmane. Non seulement elle est à la base de l'édification du calendrier musulman qui est un calendrier lunaire, mais elle est aussi évoquée dans les différentes biographies religieuses de Mahomet puisqu'on lui prête l'exploit d'avoir fendu la Lune en deux[173]. Une des apparitions de la nouvelle Lune marque pour les musulmans le début du mois de jeûne nommé ramadan. Lorsque la Lune est en direction du Soleil, elle est très difficilement observable de la Terre car le Soleil éclaire l’atmosphère et n’illumine pas la face que la Lune présente à la Terre : la Lune n’est visible qu’au coucher du Soleil, lorsque l’observateur n’est plus ébloui par la clarté du ciel. C’est cette apparition que les musulmans surveillent pour décider du début du ramadan, ainsi que tous les autres mois du calendrier hégirien, qui est un calendrier lunaire[réf. nécessaire].
179
+
180
+ Les connaissances empiriques des hommes sur l’agriculture ont toujours accordé une grande importance à la Lune, dans les diverses phases de développement des végétaux ou pour déterminer les moments propices aux semailles[110].
181
+
182
+ Le mot lunatique est dérivé de Luna par supposition ancienne en Europe que la Lune était liée au cycle menstruel de la femme (mais pas en Inde, où celui-ci est plus proche de 32 jours, voir article[Information douteuse]) ou de folie périodique[réf. nécessaire]. De même pour les légendes concernant les thérianthropes — tel le loup-garou — créatures mythiques qui tireraient leur force de la Lune et seraient capables de passer de leur forme humaine à leur forme bestiale pendant les nuits de pleine Lune.
183
+
184
+ Certains auteurs[Lesquels ?] ont fait remarquer que, si la Lune n’avait pas constamment présenté la même face à la Terre, l’histoire de la pensée aurait été différente. En effet, la voyant tourner, il serait devenu évident d’y voir une sphère et non un disque. Une généralisation de cette constatation à d’autres objets célestes, et en particulier à la représentation de la Terre, aurait pu accélérer considérablement l’adoption de conceptions de l’univers non géocentriques[réf. nécessaire].
185
+
186
+ La Lune a souvent fait rêver, notamment chez les amoureux qui considèrent souvent le clair de Lune comme très romantique. On appelle « lune de miel » un voyage en amoureux, en français comme en anglais (honeymoon)[réf. nécessaire].
187
+
188
+ L’imaginaire a par ailleurs doté la Lune d’habitants, les Sélénites. Ce nom vient du nom de la déesse grecque Séléné, qui était associée à la Lune[réf. souhaitée].
189
+
190
+ Dans la mythologie hindoue, la Lune est une entité masculine et se nomme Chandra, elle est représentée par un dieu masculin de la même désignation. Elle est aussi connue sous le nom de Soma, un dieu fameux dans le Rig-Véda. La Lune est considérée comme une planète édénique des plus importantes, où on boit le soma, une drogue qui a le pouvoir de donner l'immortalité, dans le cadre de la manifestation cosmique, manifestation qui prend fin après des milliards d'années puis reprend à nouveau dans un cycle sans fin. Même Brahma, le démiurge, meurt un jour ou l'autre. Le soma est aussi la sève des plantes et la Lune est réputée être responsable pour donner le suc et le goût aux plantes. Les êtres qui y vivent, selon les écrits religieux de l'Inde, n'ont évidemment pas de corps comme ceux des humains; ils sont constitués de matière brute comme l'eau et la terre. La Bhagavad-gita la mentionne à plusieurs reprises, et elle fait partie des douze astres qui, en astrologie, influencent la santé et la destinée de l'être humains: « D'entre les Additifs, je suis Vishnou, et d'entre les sources de lumière, le soleil radieux. Parmi les Maruts, je suis Marici, et parmi les astres de la nuit, la lune. »[réf. nécessaire]
191
+
192
+ La première définition littéraire de la Lune appartient aux Hymnes homériques où elle s'unit à Zeus et accouche de Pandée[174]. Son nom est Séléné (en grec ancien Σελήνη / Selếnê, « lune »).
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+ Une chanson populaire française très connue s’appelle Au clair de la lune[pertinence contestée].
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+ Mais la Lune est également très présente dans les films d’horreur, tels que Frankenstein et Freddy Krueger[pertinence contestée].
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+ Les phases régulières de la Lune en font un élément très pratique pour mesurer le temps, et les périodes de son ascension et de son déclin sont à la base de nombreux calendriers parmi les plus anciens. Certains archéologues croient que les bâtons de comptage, des os dentelés datant d'il y a 20 à 30 000 ans, marquent les phases de la Lune[175],[176],[177].
199
+
200
+ Le mois de ~30 jours est une approximation du cycle lunaire. Le nom anglais month (« mois ») et ses dérivés dans d'autres langues germaniques proviennent du proto-germanique *mǣnṓth-, qui est lié au proto-germanique *mǣnōn susmentionné, indiquant l'utilisation d'un calendrier lunaire chez les Germains (calendrier germanique) avant l'adoption d'un calendrier solaire[178]. La racine PIE de la lune, *mǣnōn, dérive de la racine verbale PIE *meh1-, "mesurer", "indiquer une conception fonctionnelle de la Lune, càd. faiseuse de mois" (cf. les mots anglais measure et menstrual)[179],[180],[181], et fait écho à l'importance de la Lune pour de nombreuses cultures anciennes dans la mesure du temps (voir le latin mensis et le grec ancien μείς (meis) ou μήν (mēn), signifiant "mois")[182],[183],[184],[185].
201
+
202
+ La Lune joue un rôle important dans les calendriers lunaires et donc dans la notion de semaine qui, elle, n’a pas de signification lunaire. Le découpage du mois lunaire en quatre semaines existait dans le calendrier judaïque et a été mis en place par l’empereur romain Constantin Ier. Auparavant les Romains utilisaient des décades pour découper leurs mois en trois décades. Les changements de calendriers viennent de la difficulté de concilier la périodicité de la Lune « luminaire de la nuit » à la périodicité du Soleil, du fait de la rotation de la Terre sur elle-même et du fait de sa révolution autour du Soleil[réf. nécessaire].
203
+
204
+ La plupart des calendriers historiques sont lunisolaires. Le calendrier hégirien du VIIe siècle est un exemple exceptionnel de calendrier purement lunaire. Les mois sont traditionnellement déterminés par l'observation visuelle du hilal, ou premier croissant de lune, à l'horizon[186].
205
+
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+ En Unicode, plusieurs symboles existent :
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+ Lama glama
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3
+ Espèce
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+
5
+ Répartition géographique
6
+
7
+ Statut CITES
8
+
9
+ Le lama blanc ou lama (Lama glama) est un camélidé domestique d'Amérique du Sud. Sa longévité est comprise entre 10 et 20 ans[1].
10
+
11
+ Le terme « lama » est souvent utilisé de manière plus large pour s'appliquer aux quatre espèces animales proches qui constituent la branche sud-américaine des camélidés : le lama blanc lui-même, l'alpaga, le guanaco et la vigogne (voir le genre lama). Stricto sensu, malgré quelques croisements, le lama, animal domestique, a pour plus proche cousin le guanaco, animal sauvage, alors que l'alpaga, animal domestique, a pour plus proche cousin la vigogne, animal sauvage[2].
12
+
13
+ Le lama appartient à la famille des camélidés, leur sous-continent d'origine est l'Amérique du Nord. Ils ont disparu de l'Amérique du Nord pour une cause inconnue pendant la période de l'Éocène, certains ayant pu émigrer en Amérique du Sud[3].
14
+
15
+ Le lama a eu un rôle social et religieux. Utilisé comme bête de somme, il était aussi très apprécié pour sa fourrure et sa viande, mais sa charge maximale n'étant que d'une vingtaine de kilos, il ne peut être monté[4].
16
+
17
+ Les premiers écrits concernant le lama le comparent généralement au mouton. Pourtant, on s'aperçut très vite de sa parenté avec le chameau, et donc avec les camélidés.
18
+
19
+ Les paléontologues Joseph Leidy, Edward Drinker Cope et Othniel Charles Marsh ont interprété la découverte d'espèces disparues de l'ère tertiaire sur le continent américain, qui apporte des lumières sur l'apparition de cette famille et leurs relations avec les autres mammifères. À l'origine, les lamas n'étaient pas cantonnés à la partie du continent américain située au sud du canal de Panama comme ils le sont de nos jours. On en a découvert de nombreuses traces datées du Pléistocène dans la région des montagnes Rocheuses ainsi qu'en Amérique centrale, dont certains beaucoup plus grands que les spécimens actuels. De nombreux animaux apparentés aux chameaux, montrant des mutations génétiques et une série progressive de changements, y ont été découverts dans des strates allant du Pliocène au début du Miocène. Comme aucune trace de camélidé n'a, à ce jour, été découverte lors de fouilles du vieux continent, il est actuellement admis que les Amériques sont leur terre d'origine et que certains sont passés en Asie, descendant vers le sud en fonction des modifications climatiques pour devenir les chameaux. Il y a peu de mammifères dont le passé paléontologique ait été retracé avec autant de succès[3].
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
23
+ La denture des adultes est la suivante : dans la mâchoire supérieure on trouve un inciseur pointu et aiguisé au bord de la prémaxillaire, suivi d'une véritable canine pointue, incurvée et de taille moyenne sur la partie antérieure de la maxillaire. La prémolaire isolée ressemblant à une canine que l'on retrouve chez les chameaux n'est pas présente. Les molaires qui sont en contact les unes avec les autres sont deux très petites prémolaires (la première étant très rudimentaire) et trois molaires larges, construites généralement comme celles des autres camélidés. Dans la mâchoire inférieure, les trois incisives sont longues et en forme de spatule ; les extérieures sont les plus petites. À côté de celles-ci, il y a une canine courbée, suivie après un intervalle d'une simple prémolaire conique ; puis une série continue composée d'une prémolaire et de trois molaires, qui diffèrent de celles du chameau par une petite colonne formée sur le bord extérieur antérieur.
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+
25
+ Le crâne ressemble généralement à celui du chameau, sa taille plus réduite expliquant la cavité crânienne et les orbites relativement plus développées et les cloisons crâniennes plus modestes. Les os nasaux sont plus courts et plus larges, rejoints par la prémaxillaire.
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27
+ Vertèbres :
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+
29
+ Les oreilles sont plutôt longues et arrondies. Il n'y a pas de bosse dorsale. Les pieds sont proches, les doigts de pieds sont plus séparés que chez les chameaux, et possèdent chacun leur voûte plantaire distincte. La queue est courte, et la fourrure longue et laineuse.
30
+
31
+ Dans les caractéristiques structurelles essentielles, ainsi que dans l'apparence générale et leur comportement, tous les animaux de ce genre se ressemblent étroitement, et la question de savoir s'ils doivent être considérés comme appartenant à une, deux ou plusieurs espèces différentes a été la cause de nombreux débats et controverses chez les naturalistes.
32
+
33
+ Reproduction : l'ovulation de la femelle est induite. Il n'y a donc pas, comme chez d'autres mammifères, de périodes de « chaleur » et la fécondation peut ainsi avoir lieu en toute saison, sous réserve du respect d'un cycle folliculaire. La gestation dure généralement 11 mois mais peut en atteindre 13. La mise bas est rapide. Elle a lieu généralement en fin de matinée ou en début d'après-midi, la femelle restant en position debout.
34
+
35
+ Cri du lama : le lama s'exprime par toute une gamme de sons, qui peuvent traduire la tristesse, la mise en garde de ses congénères contre un danger supposé, l'hostilité vis-à-vis d'un rival, voire la satisfaction sexuelle.
36
+
37
+ Le lama crache pour sa défense (très rarement sur l'homme, plus souvent sur ses congénères). Ce crachat est constitué, dans les cas graves, de régurgitations gastriques visqueuses, plus fréquemment, d'une sorte de nébulisation salivaire qu'il projette sur l'objet de sa colère.
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+
39
+ Le lama rumine mais n'est pas classé parmi les ruminants.
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41
+ Lama exhibé dans un atelier de tissage.
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+
43
+ Lama domestiqué(photo. Christophe Moustier)
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+
45
+ Déjections de Lama. Le lama a pour habitude de faire ses selles à un seul endroit, contrairement à la chèvre qui essaime.
46
+
47
+ Un troupeau de lamas blancs assiste au coucher du soleil dans le désert d'Atacama, près de San Pedro de Atacama, au Chili.
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49
+ Vase mochica, Pérou 100-300 apr. J.-C.Lombards Museum
50
+
51
+ Un lama en Équateur.
52
+
53
+ Le lama apparaît fréquemment dans les arts des civilisations pré-colombiennes, principalement dans la culture des Moche et dans la civilisation inca. Dans la mythologie inca, le dieu Urcuchillay est représenté sous la forme d'un lama multicolore.
54
+
55
+ Dans la bande dessinée, l'album d'Hergé Tintin et le Temple du Soleil comporte un épisode célèbre au cours duquel un lama crache au visage du capitaine Haddock.
56
+
57
+ Au cinéma, le film d'animation des studios Disney Kuzco, l'empereur mégalo, sorti en 2000, montre un empereur inca transformé accidentellement en lama. Le film d'animation français Pachamama de Juan Antin met en scène deux enfants indiens précolombiens accompagnés d'un lama femelle.
58
+
59
+ Le lama est mis en avant par les marques de modes et les fabricants de produits dérivés au Royaume-Uni et en France à partir de l'année 2017[6].
60
+
61
+ Le premier élevage de lamas domestiques importés et reproduits pour la laine et le portage de charges date des années 1860 dans les Vosges lorraines[7]. Il existe de nombreux élevages de lamas en France en partie recensés par l’Association française des lamas et alpagas[8]. Plus rarement, après un dressage spécial, ils peuvent être utilisés comme gardiens de troupeaux, protégeant le bétail de l'attaque des prédateurs[9]. Les animaux sont élevés pour leur laine, le débroussaillage[10] ou leur intérêt touristique. Les animaux ne sont pas utilisés comme monture mais peuvent aider au transport des sacs lors de randonnées en montagne[11].
62
+
63
+ Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (12 février 2014)[12]
64
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65
+ Selon NCBI (12 février 2014)[13]
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67
+ « From then onwards, camelids have occupied a fundamental economic, social and religious role, both in pre-Hispanic and modern Andean cultures [3]. During the pre-Hispanic period, the llama was the only beast of burden and caravans providing goods to different ecological zones were crucial to the development of extensive trade networks [1,4–6]. Textiles were manufactured from camelid wool and traded throughout the Andes, their meat was consumed, leather and bones served as raw materials to make tools and various ornaments, and dung was used as fuel. »
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+ Espèce
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+ Statut CITES
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9
+ Le lama blanc ou lama (Lama glama) est un camélidé domestique d'Amérique du Sud. Sa longévité est comprise entre 10 et 20 ans[1].
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+ Le terme « lama » est souvent utilisé de manière plus large pour s'appliquer aux quatre espèces animales proches qui constituent la branche sud-américaine des camélidés : le lama blanc lui-même, l'alpaga, le guanaco et la vigogne (voir le genre lama). Stricto sensu, malgré quelques croisements, le lama, animal domestique, a pour plus proche cousin le guanaco, animal sauvage, alors que l'alpaga, animal domestique, a pour plus proche cousin la vigogne, animal sauvage[2].
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+ Le lama appartient à la famille des camélidés, leur sous-continent d'origine est l'Amérique du Nord. Ils ont disparu de l'Amérique du Nord pour une cause inconnue pendant la période de l'Éocène, certains ayant pu émigrer en Amérique du Sud[3].
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+ Le lama a eu un rôle social et religieux. Utilisé comme bête de somme, il était aussi très apprécié pour sa fourrure et sa viande, mais sa charge maximale n'étant que d'une vingtaine de kilos, il ne peut être monté[4].
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+ Les premiers écrits concernant le lama le comparent généralement au mouton. Pourtant, on s'aperçut très vite de sa parenté avec le chameau, et donc avec les camélidés.
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+ Les paléontologues Joseph Leidy, Edward Drinker Cope et Othniel Charles Marsh ont interprété la découverte d'espèces disparues de l'ère tertiaire sur le continent américain, qui apporte des lumières sur l'apparition de cette famille et leurs relations avec les autres mammifères. À l'origine, les lamas n'étaient pas cantonnés à la partie du continent américain située au sud du canal de Panama comme ils le sont de nos jours. On en a découvert de nombreuses traces datées du Pléistocène dans la région des montagnes Rocheuses ainsi qu'en Amérique centrale, dont certains beaucoup plus grands que les spécimens actuels. De nombreux animaux apparentés aux chameaux, montrant des mutations génétiques et une série progressive de changements, y ont été découverts dans des strates allant du Pliocène au début du Miocène. Comme aucune trace de camélidé n'a, à ce jour, été découverte lors de fouilles du vieux continent, il est actuellement admis que les Amériques sont leur terre d'origine et que certains sont passés en Asie, descendant vers le sud en fonction des modifications climatiques pour devenir les chameaux. Il y a peu de mammifères dont le passé paléontologique ait été retracé avec autant de succès[3].
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+ La denture des adultes est la suivante : dans la mâchoire supérieure on trouve un inciseur pointu et aiguisé au bord de la prémaxillaire, suivi d'une véritable canine pointue, incurvée et de taille moyenne sur la partie antérieure de la maxillaire. La prémolaire isolée ressemblant à une canine que l'on retrouve chez les chameaux n'est pas présente. Les molaires qui sont en contact les unes avec les autres sont deux très petites prémolaires (la première étant très rudimentaire) et trois molaires larges, construites généralement comme celles des autres camélidés. Dans la mâchoire inférieure, les trois incisives sont longues et en forme de spatule ; les extérieures sont les plus petites. À côté de celles-ci, il y a une canine courbée, suivie après un intervalle d'une simple prémolaire conique ; puis une série continue composée d'une prémolaire et de trois molaires, qui diffèrent de celles du chameau par une petite colonne formée sur le bord extérieur antérieur.
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+ Le crâne ressemble généralement à celui du chameau, sa taille plus réduite expliquant la cavité crânienne et les orbites relativement plus développées et les cloisons crâniennes plus modestes. Les os nasaux sont plus courts et plus larges, rejoints par la prémaxillaire.
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+ Les oreilles sont plutôt longues et arrondies. Il n'y a pas de bosse dorsale. Les pieds sont proches, les doigts de pieds sont plus séparés que chez les chameaux, et possèdent chacun leur voûte plantaire distincte. La queue est courte, et la fourrure longue et laineuse.
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+ Dans les caractéristiques structurelles essentielles, ainsi que dans l'apparence générale et leur comportement, tous les animaux de ce genre se ressemblent étroitement, et la question de savoir s'ils doivent être considérés comme appartenant à une, deux ou plusieurs espèces différentes a été la cause de nombreux débats et controverses chez les naturalistes.
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+ Cri du lama : le lama s'exprime par toute une gamme de sons, qui peuvent traduire la tristesse, la mise en garde de ses congénères contre un danger supposé, l'hostilité vis-à-vis d'un rival, voire la satisfaction sexuelle.
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+ Le lama crache pour sa défense (très rarement sur l'homme, plus souvent sur ses congénères). Ce crachat est constitué, dans les cas graves, de régurgitations gastriques visqueuses, plus fréquemment, d'une sorte de nébulisation salivaire qu'il projette sur l'objet de sa colère.
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+ Le lama rumine mais n'est pas classé parmi les ruminants.
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+ Le lama apparaît fréquemment dans les arts des civilisations pré-colombiennes, principalement dans la culture des Moche et dans la civilisation inca. Dans la mythologie inca, le dieu Urcuchillay est représenté sous la forme d'un lama multicolore.
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+ Au cinéma, le film d'animation des studios Disney Kuzco, l'empereur mégalo, sorti en 2000, montre un empereur inca transformé accidentellement en lama. Le film d'animation français Pachamama de Juan Antin met en scène deux enfants indiens précolombiens accompagnés d'un lama femelle.
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+ Le lama est mis en avant par les marques de modes et les fabricants de produits dérivés au Royaume-Uni et en France à partir de l'année 2017[6].
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+ Le premier élevage de lamas domestiques importés et reproduits pour la laine et le portage de charges date des années 1860 dans les Vosges lorraines[7]. Il existe de nombreux élevages de lamas en France en partie recensés par l’Association française des lamas et alpagas[8]. Plus rarement, après un dressage spécial, ils peuvent être utilisés comme gardiens de troupeaux, protégeant le bétail de l'attaque des prédateurs[9]. Les animaux sont élevés pour leur laine, le débroussaillage[10] ou leur intérêt touristique. Les animaux ne sont pas utilisés comme monture mais peuvent aider au transport des sacs lors de randonnées en montagne[11].
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+ Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (12 février 2014)[12]
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+ Selon NCBI (12 février 2014)[13]
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+ « From then onwards, camelids have occupied a fundamental economic, social and religious role, both in pre-Hispanic and modern Andean cultures [3]. During the pre-Hispanic period, the llama was the only beast of burden and caravans providing goods to different ecological zones were crucial to the development of extensive trade networks [1,4–6]. Textiles were manufactured from camelid wool and traded throughout the Andes, their meat was consumed, leather and bones served as raw materials to make tools and various ornaments, and dung was used as fuel. »
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+ La Marseillaise (Version masculine)
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7
+ La Marseillaise est un chant patriotique de la Révolution française adopté par la France comme hymne national : une première fois par la Convention pendant neuf ans du 14 juillet 1795 jusqu'à l'Empire en 1804, puis en 1879 sous la Troisième République[1].
8
+
9
+ Les six premiers couplets sont écrits par Rouget de Lisle[2] sous le titre de Chant de guerre pour l'armée du Rhin[3] en 1792 pour l'armée du Rhin à Strasbourg, à la suite de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche. Dans ce contexte originel, La Marseillaise est un chant de guerre révolutionnaire, un hymne à la liberté, un appel patriotique à la mobilisation générale et une exhortation au combat contre la tyrannie et l'invasion étrangère.
10
+
11
+ La Marseillaise est décrétée chant national le 14 juillet 1795 (26 messidor an III) par la Convention, à l'initiative du Comité de salut public. Abandonnée en 1804 sous l’Empire et remplacée par le Chant du départ, elle est reprise en 1830 pendant la révolution des Trois Glorieuses qui porte Louis-Philippe Ier au pouvoir. Berlioz en élabore une orchestration qu’il dédie à Rouget de Lisle. Mais Louis-Philippe impose La Parisienne, chant plus modéré. La Marseillaise est de nouveau interdite sous le second Empire[3].
12
+
13
+ La IIIe République en fait l'hymne national le 14 février 1879 et, en 1887, une « version officielle » est adoptée en prévision de la célébration du centenaire de la Révolution.
14
+
15
+ Le 14 juillet 1915, les cendres de Rouget de Lisle sont transférées aux Invalides.
16
+
17
+ Pendant la période du régime de Vichy, elle est remplacée par le chant Maréchal, nous voilà[4] ! En zone occupée, le commandement militaire allemand interdit de la jouer et de la chanter à partir du 17 juillet 1941[5].
18
+
19
+ Son caractère d’hymne national est à nouveau affirmé dans l’article 2 de la Constitution du 27 octobre 1946 par la IVe République, et en 1958 — par l’article 2 de la Constitution de la Cinquième République française.
20
+
21
+ Valéry Giscard d'Estaing, sous son mandat de président de la République française, fait ralentir le tempo de La Marseillaise afin de retrouver le rythme originel. Selon Guillaume Mazeau, la motivation était aussi « qu'elle ressemble moins à une marche militaire »[3].
22
+
23
+ Elle est écrite par Claude Joseph Rouget de Lisle, capitaine du Génie alors en poste à Strasbourg dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 à la suite de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche du 20 avril 1792[6].
24
+
25
+ Elle porte initialement différents noms, tous éphémères : Chant de guerre pour l'armée du Rhin ; Chant de marche des volontaires de l'armée du Rhin.
26
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27
+ Le Dr François Mireur, futur général des armées d'Italie et d'Égypte, venu à Marseille afin d'organiser la marche conjointe des volontaires du Midi (Montpellier et Marseille), publie ce chant, à Marseille, pour la première fois, avec un nouveau titre : Chant de guerre des armées aux frontières. De fait, ce sont les troupes des fédérés marseillais qui, l'ayant adopté comme chant de marche, l'entonnent lors de leur entrée triomphale, aux Tuileries, à Paris, le 30 juillet 1792. Immédiatement, la foule parisienne, sans se préoccuper de ses différents noms, baptise ce chant : La Marseillaise. Ce titre, outre sa simplicité, a l'avantage de marquer de Strasbourg à Marseille, de l'Est au Midi, l'unité de la Nation[7].
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+ Le 25 avril 1792, le maire de Strasbourg, le baron Philippe Frédéric de Dietrich, reçoit à son domicile de la place Broglie[8] le maréchal Luckner, les généraux Victor de Broglie, d'Aiguillon et du Châtelet, les futurs généraux Kléber, Desaix et Malet, ainsi que le capitaine du génie Rouget de Lisle. Il demande à ce dernier d'écrire un chant de guerre. Retourné en soirée à son domicile, rue de la Mésange (entre la place de l'Homme-de-Fer et la place Broglie), Rouget de Lisle compose son Chant de guerre pour l'armée du Rhin dédié au maréchal Luckner, qui commande cette armée et est d'origine bavaroise. Au matin, Rouget retourne chez Dietrich et lui présente son chant que ce dernier déchiffre. Le soir du 26, nouvelle réunion chez le maire, qui chante lui-même l'hymne, accompagné au clavecin par sa femme, Sybille de Dietrich, ou peut-être sa nièce Louise[9]. Le chant retentit ensuite publiquement pour la première fois sur la place d'Armes, à l'occasion d'une parade militaire le dimanche suivant 29 avril[10]. L'historien strasbourgeois Claude Betzinger conteste cependant le lieu de la première exécution de La Marseillaise : elle aurait eu lieu chez le maire, Philippe Frédéric de Dietrich, domicilié alors au 17, rue des Charpentiers à Strasbourg et non à la maison familiale des Dietrich[11]. A cette thèse qui remettait en cause deux siècles de consensus[12], il a été répondu quatre ans après qu'il n'y avait pas lieu de changer le lieu de la première exécution[13].
30
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31
+ Le texte est fortement inspiré d'une affiche apposée à l'époque sur les murs de Strasbourg par la Société des amis de la Constitution[14], qui commence ainsi : « Aux armes citoyens, l'étendard de la guerre est déployé, le signal est donné. Il faut combattre, vaincre ou mourir. Aux armes citoyens... Marchons[9],[15]… » L'expression les « enfants de la Patrie » ferait référence aux engagés volontaires du Bas-Rhin, dont faisaient partie les deux fils du maire. Un parent de Rouget de Lisle rapporte qu'il aurait affirmé, lors d'une réunion, s'être inspiré d'un chant protestant de 1560 exécuté lors de la conjuration d'Amboise. Enfin, certains ont suggéré que Rouget a pu songer à l'ode de Nicolas Boileau « sur un bruit qui courut, en 1656, que Cromwell et les Anglais allaient faire la guerre à la France »[14],[16].
32
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33
+ La cinquième strophe évoque les « complices de Bouillé », général en chef de l'armée de Sarre et Moselle de 1790 à 1791, à qui on reproche alors son rôle dans l'affaire de Nancy et la fuite de Varennes. Rouget de Lisle écrit le chant neuf jours seulement après la libération, le 15 avril, des Suisses de Nancy emprisonnés à Brest. De son côté, le Courrier de Strasbourg du 4 septembre 1792 a imprimé « les complices de Condé ». Puis, le 5 décembre, François Boissel propose au club des Jacobins de remplacer le vers par « Mais ces vils complices de Motier »[14],[17].
34
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35
+ Le septième couplet, dit « couplet des enfants », a été ajouté en octobre 1792 par Gossec lors de la représentation à l'Opéra de « l'Offrande de la liberté, scène religieuse sur la chanson des Marseillais »[18] ; le poète normand Louis Du Bois et l'abbé Antoine Pessonneaux en ont revendiqué la paternité, qui a également été attribuée à André Chénier ou à son frère Marie-Joseph[19],[20].
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37
+ L'origine de la musique est plus discutée, puisqu'elle n'est pas signée (contrairement aux autres compositions de Rouget de Lisle).
38
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39
+ En 1861, les journaux allemands ont prétendu que La Marseillaise était l'œuvre de Holtzmann, maître de chapelle dans le Palatinat (on a parlé du Credo de la Missa solemnis no 4), mais ce n'était qu'un canular[21]. L’air du début de l'Oratorio Esther, de Jean-Baptiste Lucien Grisons intitulé « Stances sur la Calomnie » a été évoqué[22] ; mais Hervé Luxardo dit que l'air en question a été introduit postérieurement[23]. La première phrase « allons enfants de la patrie » apparaît dans deux trios, La Flûte enchantée et l'allegro maestoso du concerto pour piano no 25[24] (datant de 1786) de Wolfgang Amadeus Mozart[14].
40
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41
+ De son côté, le prince Michel de Grèce évoque une parenté avec l'hymne des Wurtemberg[25] joué chaque jour dans la principauté de Montbéliard qu'ils possédaient[26], air que devait connaître la femme de Dietrich, Sybille Ochs, qui était d'origine bâloise[27]. Or cette dernière, excellente musicienne, a travaillé à orchestrer la Marseillaise[28].
42
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43
+ Même si André Grétry juge que « l'air des Marseillais a été composé par un amateur qui n'a que du goût et ignore les accords », d'autres comme Louis Garros et Philippe Barres avancent qu'il peut s'agir d'Ignace Joseph Pleyel, par ailleurs compositeur de L'Hymne de la liberté, dont Rouget de Lisle a écrit les paroles. Toutefois, il est absent de Strasbourg en décembre 1791 pour diriger les « Professional Concerts » à Londres, où il va résider jusqu'en mai 1792[14].
44
+
45
+ Plus tardivement, en 1863, François-Joseph Fétis prétend que Guillaume Navoigille est l'auteur de la musique[29]. Mais peu après, sous la menace d'un procès, il se rétracte et reconnaît avoir été mystifié[30].
46
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47
+ Dans le monde artistique, la scène de création de La Marseillaise est immortalisée, notamment dans le tableau d'Isidore Pils en 1849, conservé au Musée historique de Strasbourg[31]. Ce thème appartenant à la mémoire nationale, de nombreuses copies de ce tableau seront réalisées par la suite par des artistes français, voire étrangers comme celle du peintre polonais Waléry Plauszewski exécutée en 1890 et exposée au musée de la Révolution française[32].
48
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+ Une autre représentation de La Marseillaise a également été exécutée par Auguste de Pinelli en 1875 dont le tableau est conservé au musée de la Révolution française[33].
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+ Le 17 juin 1792 à Montpellier, une cérémonie funèbre eut lieu sur l'esplanade en l'honneur du maire Simoneau de la ville d'Étampes, récemment assassiné dans une émeute. L'absoute fut donnée par l’évêque Pouderous et fut suivie du Chant de Guerre pour l'Armée du Rhin interprété par un envoyé de Strasbourg. Un délégué du Club des amis de la Constitution de Montpellier, le docteur François Mireur, venu coordonner les départs de volontaires du Midi vers le front, assistait à cette cérémonie et « fut électrisé par son rythme exaltant »[34]. Après un discours prononcé le 21 juin devant le Club des amis de la Constitution de Marseille, rue Thubaneau[35], Mireur est l'invité d'honneur d'un banquet le lendemain et, prié de prononcer un nouveau discours, il entonne le chant entendu à Montpellier quelques jours plus tôt. Dans l'ardente atmosphère patriotique de l'heure, Mireur suscite l'enthousiasme et le chant est imprimé dès le lendemain par le journal des départements méridionaux daté du 23 juin 1792 et dirigé par Alexandre Ricord. Ce périodique donne sur sa seconde colonne de sa quatrième et dernière page le texte du Chant de guerre aux armées des frontières sur l'air de Sarguines[36]. Cette édition locale de la future Marseillaise pose un problème par son titre et par sa référence à l'opéra-comique de Nicolas Dalayrac[37]. Il est probable que les rédacteurs du journal ont voulu indiquer un air connu de leur lecteur qui offre quelque ressemblance avec celui de Rouget de Lisle[38]. En juillet 1792 un tiré à part de ce chant sera distribué aux volontaires marseillais qui l'entonneront tout au long de leur marche vers Paris en juillet 1792[39].
52
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+ De la rue Thubaneau aux Champs-Élysées, le chant de Rouget de Lisle devient l'hymne des Marseillais et bientôt La Marseillaise. De fait, on lui attribue souvent à tort d'avoir été écrite à Marseille mais elle a bien été écrite à Strasbourg, rue de la Mésange. François Mireur, lui, parti de Marseille en avant des Marseillais pour rejoindre le bataillon des volontaires de l'Hérault, fera une brillante carrière militaire et mourra général, en Égypte, à l'âge de 28 ans.
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+ La Marseillaise est déclarée chant national le 14 juillet 1795. Mais elle est concurrencée au début par un autre chant patriotique écrit en 1795 en réaction contre la Terreur : il s'agit du Réveil du Peuple.
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+ Sous l'Empire, Napoleon lui préfère Veillons au salut de l'Empire mais aussi le Chant du départ et la Marche consulaire. Mais il n'y a pas eu d'interdiction formelle[40]. La Restauration essaye de promouvoir l'ancien air populaire Vive Henri IV ! comme hymne de la nouvelle monarchie française[41]. La Marseillaise est reprise après la révolution de 1830. Hector Berlioz en compose une nouvelle version (H15A) pour solistes, 2 chœurs et orchestre (1830), régulièrement interprétée depuis. En 1871, La Marseillaise de la Commune de Mme Jules Faure devient l'hymne de la Commune de Paris. Les élites politiques de la IIIe République, soucieuses d'ordre moral dans le début des années 1870, considèrent La Marseillaise comme une chanson blasphématoire et subversive et, après maintes hésitations, commandent en 1877 à Charles Gounod la musique d'un hymne qu'il compose sur des paroles du poète patriote Paul Déroulède, Vive la France, un chant de concorde plus pacifique que La Marseillaise[42]. Mais, craignant un retour de la monarchie, les députés républicains redécouvrent les vertus émancipatrices de La Marseillaise et en font l'hymne national par la loi de 14 février 1879 — le président de la République de l'époque est alors Jules Grévy — qui indique que le décret du 14 juillet 1795 est toujours en vigueur[43]. Une version officielle est adoptée par le Ministère de la Guerre en 1887. Maurice-Louis Faure, ministre de l'Instruction publique, instaure en 1911 l'obligation de l'apprendre à l'école. Une circulaire de septembre 1944 du ministère de l'Éducation nationale préconise d'en pratiquer le chant dans toutes les écoles, pratique qui est dorénavant obligatoire à l'école primaire (proposition de loi du 19 février 2005, adoptée le 23 avril 2005, modifiant l'article L321-3 du Code de l'éducation). Les Constitutions de 1946 (IVe République) et de 1958 (Ve République) conservent La Marseillaise comme hymne national (article 2 de la Constitution de la Cinquième République française)[44].
58
+
59
+ Pendant l'occupation allemande (1940-1944), l'interprétation publique de La Marseillaise est contrôlée par les autorités allemandes et par le régime de Vichy. Le chef de l'État, Philippe Pétain, choisit de ne conserver qu'un certain nombre de strophes en fonction de leur pertinence par rapport à son projet politique (« Travail, famille, patrie »), notamment celles commençant par « Amour sacré de la patrie » et « Allons enfants de la patrie ». On jouait l'hymne chaque fois que le Maréchal faisait un discours ou qu'il se rendait dans une ville. En 1941, François Darlan, chef du gouvernement de Vichy, demande que l'hymne et le drapeau soient honorés comme il sied à des symboles de la nation. Une demande d'autorisation sera désormais exigée pour chanter l'hymne (sauf, toutefois, si un représentant du gouvernement est présent). Cette mesure vise à donner au régime le monopole de l'hymne et à empêcher la Résistance de se l'approprier. Cela n'empêchera pas pour autant les boîtes de nuit parisiennes de mêler quelques bribes de Marseillaise à leurs morceaux en défi à l'occupant allemand[45].
60
+
61
+ Avec les évolutions actuelles de la société (individualisation, démythification du « roman national » français), La Marseillaise a tendance aujourd'hui à être parfois désacralisée et remise en question[46].
62
+
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+ La Marseillaise n'est pas seulement l’hymne français. Comme chant révolutionnaire de la première heure, elle est reprise et adoptée par nombre de révolutionnaires sur tous les continents.
64
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+ Durant la Seconde Guerre mondiale, la loge maçonnique Liberté chérie, créée dans les camps de concentration nazis, tire son nom de cet hymne des combattants de la liberté.
66
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+ Arsène Wenger, ancien entraîneur de l'équipe de football Nagoya Grampus, de Nagoya (Japon), lui ayant fait gagner la Coupe du Japon de football, les supporters de cette équipe encouragent encore aujourd'hui leur équipe sur l'air de La Marseillaise.
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+ Le carillon à l'hôtel de ville de Cham (Bavière) sonne La Marseillaise pour commémorer Nicolas Luckner.
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+ En 1967, les Beatles cherchent une introduction à la résonance internationale pour leur titre All You Need is Love, et choisissent les premières notes de La Marseillaise.
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73
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74
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75
+ En réalité, la version complète de La Marseillaise ne compte pas moins de quinze couplets[49], mais le texte a subi plusieurs modifications. On compte aujourd'hui six couplets et un couplet dit « des enfants ». Seul le premier couplet est chanté lors des événements. Deux couplets (les « couplets des enfants ») ont été ajoutés ultérieurement ; l'un d'eux a depuis été supprimé de la version « officielle ». Enfin, eu égard à son caractère religieux, le 8e couplet a été supprimé par Joseph Servan, ministre de la Guerre, en 1792. Un autre couplet a été supprimé car il a été jugé trop violent.[Lequel ?]
76
+
77
+ Sur le manuscrit autographe de Rouget de Lisle, reproduit sur le site de l'Assemblée nationale[50], on remarque que certains « nos » originaux ont été remplacés dans la version « officielle » par « vos » : « Ils viennent jusques dans nos bras / Égorger nos fils, nos compagnes ! » On y voit clairement le refrain noté comme deux alexandrins[51] : « Aux armes, citoyens, formez vos bataillons, / Marchez, qu'un sang impur abreuve nos sillons. », les verbes « marchez » et « formez » étant tous deux à la 2e personne du pluriel. La transcription « officielle » est pourtant sur cinq vers avec une 1re personne du pluriel « Marchons, marchons », qui tenterait d'établir une rime avec « bataillons » et « sillons[52] ».
78
+
79
+ En réalité, Rouget de Lisle était capitaine. En qualité d'officier, il commandait ses hommes, d'où la 2e personne de l'impératif. Néanmoins, La Marseillaise est une marche et on peut imaginer que les soldats en manœuvre en reprenaient le refrain, en chantant « marchons » et non « marchez ». Cette version se serait imposée par transmission orale.
80
+
81
+ La version dite « officielle » est la suivante[53] :
82
+
83
+ Allons, enfants de la Patrie,
84
+ Le jour de gloire est arrivé !
85
+ Contre nous de la tyrannie
86
+ L'étendard sanglant est levé, (bis)
87
+ Entendez-vous dans les campagnes
88
+ Mugir ces féroces soldats ?
89
+ Ils viennent jusque dans vos bras
90
+ Égorger vos fils, vos compagnes !
91
+
92
+ Aux armes, citoyens,
93
+ Formez vos bataillons,
94
+ Marchons, marchons !
95
+ Qu'un sang impur
96
+ Abreuve nos sillons !
97
+
98
+ Que veut cette horde d'esclaves,
99
+ De traîtres, de rois conjurés ?
100
+ Pour qui ces ignobles entraves,
101
+ Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
102
+ Français, pour nous, ah ! quel outrage !
103
+ Quels transports il doit exciter !
104
+ C'est nous qu'on ose méditer
105
+ De rendre à l'antique esclavage !
106
+
107
+ Quoi ! des cohortes étrangères
108
+ Feraient la loi dans nos foyers !
109
+ Quoi ! ces phalanges mercenaires
110
+ Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
111
+ Grand Dieu ! par des mains enchaînées
112
+ Nos fronts sous le joug se ploieraient !
113
+ De vils despotes deviendraient
114
+ Les maîtres de nos destinées !
115
+
116
+ Tremblez, tyrans, et vous, perfides,
117
+ L'opprobre de tous les partis,
118
+ Tremblez ! vos projets parricides
119
+ Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
120
+ Tout est soldat pour vous combattre,
121
+ S'ils tombent, nos jeunes héros,
122
+ La terre en produit de nouveaux,
123
+ Contre vous tout prêts à se battre !
124
+
125
+ Français, en guerriers magnanimes,
126
+ Portez ou retenez vos coups !
127
+ Épargnez ces tristes victimes,
128
+ À regret s'armant contre nous. (bis)
129
+ Mais ces despotes sanguinaires,
130
+ Mais ces complices de Bouillé,
131
+ Tous ces tigres qui, sans pitié,
132
+ Déchirent le sein de leur mère !
133
+
134
+ Amour sacré de la Patrie,
135
+ Conduis, soutiens nos bras vengeurs.
136
+ Liberté, Liberté chérie,
137
+ Combats avec tes défenseurs ! (bis)
138
+ Sous nos drapeaux que la victoire
139
+ Accoure à tes mâles accents,
140
+ Que tes ennemis expirants
141
+ Voient ton triomphe et notre gloire !
142
+
143
+ Nous entrerons dans la carrière
144
+ Quand nos aînés n'y seront plus,
145
+ Nous y trouverons leur poussière
146
+ Et la trace de leurs vertus (bis)
147
+ Bien moins jaloux de leur survivre
148
+ Que de partager leur cercueil,
149
+ Nous aurons le sublime orgueil
150
+ De les venger ou de les suivre.
151
+
152
+ Rouget de Lisle n’ayant écrit que six couplets, le site officiel de l’Élysée indique que l’auteur du 7e couplet reste inconnu.
153
+
154
+ Dans son ouvrage posthume Sous le bonnet rouge de sa collection « La Petite Histoire », paru en 1936, G. Lenotre rapporte la rumeur viennoise traditionnelle, selon laquelle ce couplet aurait été composé par l’abbé Antoine Pessonneaux. Cette version a été reprise par Claude Muller dans Les Mystères du Dauphiné[54]. Selon lui, l'abbé, professeur de rhétorique au collège de Vienne de 1788 à 1793 né à Lyon le 31 janvier 1761, jugeant que le texte était incomplet, puisqu'il n'évoquait pas les nouvelles générations, écrivit le « couplet des enfants » qu'il fit chanter par les élèves lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 1792 en présence de la population et de soldats de bataillon de fédérés marseillais alors en transit dans la ville. Ce couplet passa ensuite à Paris, grâce au député Benoît Michel de Comberousse. Traduit devant le tribunal à Lyon — le 1er janvier 1794 (12 nivôse an II) selon G. Lenotre —, l'abbé aurait été sauvé de la mort en se présentant comme l'auteur du septième couplet de La Marseillaise. L'abbé Pessonneaux mourut le 10 mars 1835.
155
+
156
+ Un autre personnage, Louis Du Bois, ancien sous-préfet né à Lisieux le 16 novembre 1773, mort le 9 juillet 1855, en a clairement revendiqué la paternité dans sa Notice sur La Marseillaise publiée en 1848 : « Au mois d'octobre 1792, j'ajoutai un septième couplet qui fut bien accueilli dans les journaux : c'est le couplet des Enfants, dont l'idée est empruntée au chant des Spartiates, rapporté par Plutarque »[55]. Cette revendication est également mentionnée par Claude Muller[56].
157
+
158
+ Il existe aussi huit couplets supplémentaires qu'on peut lire dans Wikisource[57]. On peut mettre en évidence[interprétation personnelle] le 11e couplet qui parle de l'Europe et le 15e et dernier couplet, qui est le deuxième couplet adressé aux enfants. Il semble difficile de connaître là aussi avec certitude l'auteur ou les auteurs de tous ces couplets.
159
+
160
+ L'article 2 de la Constitution de la République française affirme : « l'hymne national est La Marseillaise ».
161
+
162
+ Le 24 janvier 2003, l'ensemble des députés adopte, dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi), un amendement créant le délit d'« outrage » au drapeau français et à l'hymne national, La Marseillaise, délit sanctionné par un emprisonnement de 6 mois et 7 500 euros d'amende[58]. Un certain nombre de citoyens et d'associations de défense des droits de l'homme se sont insurgés contre ce qu'ils considèrent comme une atteinte manifeste à la liberté d'expression et contre le flou entretenu par le mot « outrage »[59],[60].
163
+
164
+ Le Conseil constitutionnel en limite les possibilités d'application :
165
+
166
+ « […] Sont exclus du champ d'application de l'article critiqué les œuvres de l'esprit, les propos tenus dans un cercle privé, ainsi que les actes accomplis lors de manifestations non organisées par les autorités publiques ou non réglementées par elles ; que l'expression « manifestations réglementées par les autorités publiques », éclairée par les travaux parlementaires, doit s'entendre des manifestations publiques à caractère sportif, récréatif ou culturel se déroulant dans des enceintes soumises par les lois et règlements à des règles d'hygiène et de sécurité en raison du nombre de personnes qu'elles accueillent[61]. »
167
+
168
+ La loi Fillon, visant à réformer l'éducation et adoptée en mars 2005, a rendu obligatoire l'apprentissage de La Marseillaise dans les classes maternelles et primaires à partir de la rentrée 2005. On retrouve l'obligation d'enseigner l’hymne national dans d'autres pays, comme les États-Unis, la Serbie ou encore l’Autriche.
169
+
170
+ Pierre Dupont (1888-1969)[62], chef de la musique de la Garde républicaine de 1927 à 1944, compose l'arrangement officiel de l'hymne national. C'est cette version qui est encore actuellement en usage.
171
+
172
+ Mais La Marseillaise a eu de nombreux interprètes, dont :
173
+
174
+ De nombreux compositeurs ou critiques ont cherché à attribuer la musique de La Marseillaise à un autre auteur. Le seul cas indécidable, selon Frédéric Robert, serait celui de l'introduction d'Esther, un oratorio de Jean-Baptiste Grisons, contredisant ainsi l'avis de Constant Pierre, pour qui Esther est postérieur à La Marseillaise. Toutefois, Robert constate que dès 1786, « des accents, des rythmes, des figures mélodiques annoncent La Marseillaise » On trouve l'ébauche de la mélodie de La Marseillaise dans le concerto pour piano et orchestre no 25 (ut majeur KV 503) de Mozart composé en 1786[71] : les douze premières notes de l'hymne sont jouées au piano par la main gauche à la fin du premier mouvement allegro maestoso. Jacques-Gabriel Prod’homme retrouve les quinzième et seizième mesures de La Marseillaise dans les mesures 7 et 8 du Chant du 14 juillet (1791) de François-Joseph Gossec[71].
175
+
176
+ À partir d'un certain moment, l'air et la trame de construction de La Marseillaise étaient connus d'un large public. Il était tentant et commode d'inscrire des couplets proches, sur le même air, pour la défense et l'illustration d'une cause. C'est ce que firent certains auteurs qui, en agissant ainsi, ne prétendaient pas nécessairement parodier l'hymne original. Ce fut, par exemple, le cas de Léo Taxil, en 1881, qui rédigea Le chant des électeurs, plus connu sous le nom de la Marseillaise anticléricale. C'était une chanson politique, comique, violemment anticléricale, appelant à voter aux élections pour le Parti radical.
177
+
178
+ Dès 1792, de très nombreux compositeurs se livrent à des adaptations du thème « outre l'harmonisation, sont apparus en France et à l'étranger : variation, insertion, superposition contrapuntique et même développement symphonique avec Le Patriote de Cambini »[71]. Sous la Terreur, la compositrice et marquise Hélène de Montgeroult sauve sa tête de la guillotine en improvisant au piano-forte sur le thème de La Marseillaise.
179
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180
+ Claude Balbastre écrit des variations sur le thème : Marche des Marseillois et l’Air Ça ira / Arrangés pour le Forte Piano / Par le Citoyen C. Balbastre / Aux braves défenseurs de la République française l’an 1792 1er de la République[72].
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+ Jean-Jacques Beauvarlet Charpentier écrit dans les années 1790 une Marche des Marseillois avec Variations pour orgue[73].
183
+
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+ Jean-Baptiste Devaux compose en 1794 une Symphonie concertante, ponctuée de chants patriotiques, La Marseillaise et Ça ira.
185
+
186
+ Giuseppe Maria Cambini a pris le thème à Airs patriotiques pour deux violons, où il est cité et repris avec variations, avec d'autres mélodies patriotiques. On trouve aussi dans la même période François-Joseph Gossec avec Offrandes à la liberté (1792), Giovanni Battista Viotti avec Six quatuors d'air connus, dialogués et variés, op. 23 (1795), aux côtés de Ferdinand Albert Gautier, Albert Gautier, et de nombreux autres[71].
187
+
188
+ Il existe aussi plusieurs Marseillaises des francs-maçons, dont celle écrite par le frère Jouy de l'Orient de Toulouse en 1792[74] et la Nouvelle Marseillaise[75] du frère Delalande en 1796 pour une autre loge maçonnique, celle de l'Orient de Douay.
189
+
190
+ L'air de l'hymne officieux du royaume de Wurtemberg rappelle La Marseillaise mais les paroles dues à Justinus Kerner sont d'une tout autre inspiration. Cet hymne a pour titre : Preisend mit viel schönen Reden ou Der rechte Fürst.
191
+
192
+ Au stade Bollaert-Delelis à Lens, la Marseillaise lensoise accompagne l'entrée des joueurs en première mi-temps et reprend le premier couplet ainsi que le refrain, l'adaptant à un chant de supporter.
193
+
194
+ En 1830, Hector Berlioz arrange l'hymne dans une première version pour grand orchestre, double chœur, et « tout ce qui a une voix, un cœur et du sang dans les veines[76],[77]. ». Il en réalise une seconde version pour ténor solo, chœur et piano, en 1848.
195
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196
+ La même année, le compositeur italien Ferdinando Carulli publie son op. 330, des Variations sur La Marseillaise pour guitare solo[78]
197
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198
+ En 1839, Schumann inclut une citation des premières notes de La Marseillaise dans le premier mouvement du Carnaval de Vienne, par défi envers Metternich qui en avait interdit toute exécution à Vienne. Schumann l'évoquera également dans l'ouverture de Hermann et Dorothée en 1851 (opus 136) et dans Les Deux Grenadiers.
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200
+ En 1848, la Marseillaise des cotillons est un hymne féministe de L. de Chaumont publié dans La République des femmes, journal des cotillons et organe des Vésuviennes, jeunes femmes suivant la tradition saint-simonienne d'émancipation féminine.
201
+
202
+ En 1867, peu après la guerre de Sécession, La Marseillaise noire, version militante contre l'esclavage fut écrite par Camille Naudin, un afro-américain de la Nouvelle-Orléans, d'origine française[79]. Cette version ne doit pas être confondue avec celle de Lamartine pour sa pièce Toussaint-Louverture, et encore moins avec le poème de Louise Michel, sans rapport avec l'esclavage.
203
+
204
+ En 1871, le texte de l'hymne ouvrier l'Internationale fut probablement écrit à l'origine sur l'air de la Marseillaise, qui a la même coupe[80] (écouter ici[81] “La Marseillaise de la Commune”)
205
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206
+ Il fallut attendre 1888 pour que fût composé l'air actuel de l'Internationale, par Pierre Degeyter. En 1979, Coco Briaval enregistra ces deux œuvres sur un disque 45 tours, La Marseillaise - l'Internationale, paru chez Unidisc.
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208
+ En 1872, le compositeur hongrois Franz Liszt a composé une fantaisie pour piano sur l'air de la Marseillaise.
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210
+ En 1880, le thème de La Marseillaise a été repris par Piotr Ilitch Tchaïkovski dans son Ouverture solennelle 1812 opus 49 célébrant la victoire russe de 1812 sur les armées napoléoniennes. On peut y entendre les premières notes de la mélodie utilisées comme motif mélodique récurrent, en opposition aux thèmes mélodiques de différents chants patriotiques russes.
211
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212
+ Vers 1888 une version boulangiste fut composée[82].
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214
+ À l'occasion du 1er mai 1891, le mineur Séraphin Cordier a écrit La Nouvelle Marseillaise des mineurs, hymne de protestation contre l'exploitation des mineurs.
215
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216
+ En 1913, Claude Debussy termine son 2e Livre de Préludes pour piano par une pièce intitulée Feux d'Artifice qui se conclut par une citation de quelques notes du refrain de La Marseillaise.
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218
+ En 1914, Erik Satie introduit une brève citation des premières notes de la Marseillaise dans « Les Courses », treizième morceau de Sports et Divertissements.
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220
+ Durant la Première Guerre mondiale, une version corse, La Corsica, fut composée par Toussaint Gugliemi : « Adieu, Berceau de Bonaparte / Corse, notre île de Beauté[83]… »
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222
+ En 1919, Igor Stravinsky compose un arrangement pour violon.
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224
+ En 1929, Dmitri Chostakovitch l'a utilisé dans sa musique pour le film La Nouvelle Babylone, en la superposant parfois avec le french cancan d'Offenbach. De la même manière, en 1999, le compositeur polonais Wojciech Kilar a repris des fragments du thème de la Marseillaise dans le film Pan Tadeusz : Quand Napoléon traversait le Niémen, également dans le passage intitulé Rok 1812 (L'année 1812).
225
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226
+ En 1942, un arrangement au ton dramatique de la Marseillaise sert de générique au film américain Casablanca de Michael Curtiz avec une musique de Max Steiner. Le thème est réutilisé au cours du film dans différents tons. Une des scènes du film voit par ailleurs la confrontation entre la Marseillaise et Die Wacht am Rhein, hymne officieux de l'Allemagne nazie.
227
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228
+ En 1946, Django Reinhardt et le Quintette du Hot Club de France enregistrent Echos de France, reprise de La Marseillaise.
229
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230
+ En 1965, le saxophoniste Albert Ayler compose une oeuvre intitulée Spirits rejoice reprenant la musique des couplets de La Marseillaise.
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232
+ En 1967, dans la chanson All You Need Is Love, les Beatles se sont servis de l'intro de la Marseillaise pour illustrer le début de leur chanson.
233
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234
+ En 1981, Mel Brooks en a aussi fait une reprise, en introduction, sur son morceau It's Good To Be The King.
235
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236
+ En 1992, pour le bicentenaire de La Marseillaise, Guy Reibel compose La Marseillaise des Mille (par référence à la Symphonie des Mille de Mahler), créée aux Invalides en juillet et faisant intervenir dix formations instrumentales et cinq cents chanteurs tous provenant de divers corps des armées françaises[84].
237
+
238
+ Pierre Cochereau, organiste titulaire du grand-orgue de Notre-Dame de Paris de 1955 à sa mort en 1984, a improvisé plusieurs pièces remarquables sur cet instrument, dont Prélude, Adagio et Choral varié (1968)[85], Sortie de messe (1977)[86]
239
+
240
+ Les fans de l'équipe de football de Manchester United reprenaient l'air de la Marseillaise en l'honneur d'Éric Cantona lorsqu'il jouait dans leur club, remplaçant « Aux armes citoyens ! » par « Oh ah, Cantona[87] ! »
241
+
242
+ En 2006, CharlÉlie Couture a repris le thème musical dans une chanson intitulée Ma Marseillaise.
243
+
244
+ Le 21 juillet 2007, alors occupé à essayer de former un gouvernement, l'homme politique belge Yves Leterme l'entonne lorsqu’un journaliste de la RTBF lui demande de chanter La Brabançonne[88],[89], suscitant de nombreuses réactions dans la classe politique.
245
+
246
+ En 2012, la comédienne syrio-libanaise Darina Al Joundi crée le spectacle Ma Marseillaise[90].
247
+
248
+ En 2015, lors de la messe solennelle à Notre-Dame de Paris le dimanche 15 novembre en hommage aux victimes des attentats, Olivier Latry, l'un des 4 co-titulaires du grand-orgue, improvise une prenante fin d'offertoire sur La Marseillaise[91]
249
+
250
+ En 2018, pendant la finale de coupe du monde de football France/Croatie le 15 juillet, l'organiste anglais David Briggs improvise une Symphonie pour orgue sur le grand-orgue de la Cathédrale Saint-Étienne de Bourges[92]
251
+
252
+ En 2020, le compositeur franco-américain Francis Kayali fait paraître Rouget (12 variations sur La Marseillaise) pour piano solo[93]
253
+
254
+ L'Alliance populaire révolutionnaire américaine, principal parti politique péruvien, a repris l'air de la Marseillaise pour son hymne.
255
+
256
+ Le Parti socialiste du Chili utilise également la musique de la Marseillaise pour son hymne (La Marseillaise socialiste)[94].
257
+
258
+ Comme tout chant ou chanson célèbre, la Marseillaise a été souvent parodiée par divers artistes ou confréries, à des fins humoristiques ou politiques. On peut citer, comme exemples :
259
+
260
+ On trouve aussi Le chant des blancs, une « Marseillaise milanaise », En avant peuple d'Italie, la Marseillaisa dos Peréreus, la Marseillaise des femmes, etc.
261
+
262
+ Le nom même de « Marseillaise » a été employé au sens d'« hymne », dans divers textes ou chansons. Ainsi :
263
+
264
+ Selon une étude faite par deux musicologues[102], l’air entraînant de La Marseillaise, le fait que le public puisse chanter à pleins poumons sans crainte de se tromper, rendent particulièrement accessible ce chant national. Ces chercheurs ayant comparé six hymnes nationaux sur la base d’une trentaine de variables (effort vocal requis, longueur des strophes, vocabulaire, etc.), il s'avère que La Marseillaise, devant les hymnes australien, allemand et canadien, se distingue par sa facilité à être chantée ; les hymnes américain et britannique étant, pour leur part, qualifiés par les musicologues de « véritables épreuves ».
265
+
266
+ Le musicologue Maurice Le Roux[103] expliquait en 1972 que « Dans la Marseillaise ce qui projette les gens hors d'eux-mêmes ce sont les quatre premières notes. Le premier intervalle est une quarte, un intervalle considéré comme viril, comme fort (par exemple, toutes les interventions de Don Giovanni dans l'opéra de Mozart commencent par des quartes). C'est un intervalle ardent ! Les quatre premières notes de La Marseillaise forment ensemble l'intervalle le plus grand qu'en principe une voix peut chanter, c'est-à-dire une octave. On a dans ces quatre notes une sorte d'élan formidable. […] Il y a dans La Marseillaise tout ce qui est de plus caractéristique dans le langage musical européen du XVIIIe siècle. »
267
+
268
+ L’hymne national français est un chant guerrier hérité des guerres de la Révolution française et un hymne à la liberté. Le 20 avril 1792, l’Assemblée législative déclare la guerre à l’empereur romain germanique Léopold II. Dans la nuit du 25 au 26 avril, Rouget de Lisle compose le Chant de guerre pour l’armée du Rhin, destiné à encourager les troupes.
269
+
270
+ En France, certaines paroles de La Marseillaise n'ont pas été sans susciter des polémiques et des critiques, en particulier le vers « Qu'un sang impur abreuve nos sillons », dans lequel on a pu voir l'expression d'une violente xénophobie pouvant choquer la sensibilité moderne[104].
271
+
272
+ Selon une théorie tardive, avancée par le professeur de lettres Frédéric Dufourg dans la première édition (2003) de son livre La Marseillaise[105],[106] et reprise par l'écrivain et essayiste Dimitri Casali[107], ces vers font référence indirectement au « sang bleu » des aristocrates, sang « noble » et « pur »[105], les révolutionnaires se désignant par opposition comme les « sangs impurs », prêts à donner leur vie pour sauver la France et la République trahies par la famille royale[108],[109]. Cependant cette théorie est démentie par les historiens.
273
+
274
+ Pour l'homme politique Jean Jaurès[110], les historiens Jean-Clément Martin[111],[112], Diego Venturino[113], Élie Barnavi[114], le journaliste Paul Goossens[114], et l'historien Bernard Richard[115], aux yeux de Rouget de Lisle et des révolutionnaires, le « sang impur » est bel et bien celui de leurs ennemis. Les discours et les déclarations des révolutionnaires, de même que l'iconographie de l'époque[116], attribuent clairement le « sang impur » aux contre-révolutionnaires.
275
+
276
+ « C'est au Dieu des armées que nous adressons nos vœux : notre désir est d'abreuver nos frontières du sang impur de l'hydre aristocrate qui les infecte : la terreur est chez eux et la mort part de nos mains. Citoyens ! nous serons vainqueurs[117],[118]. »
277
+
278
+ — Lettre écrite par 45 volontaires du 3e bataillon de la Meurthe à la municipalité de Lunéville, le 10 août 1792.
279
+
280
+ « J’ai démontré la nécessité d’abattre quelques centaines de têtes criminelles pour conserver trois cent mille têtes innocentes, de verser quelques gouttes de sang impur pour éviter d’en verser de très-pur, c’est-à-dire d’écraser les principaux contre-révolutionnaires pour sauver la patrie[119]. »
281
+
282
+ — Jean-Paul Marat, Journal de la République française, le 7 novembre 1792.
283
+
284
+ « Cette partie de la République française présente un sol aride, sans eaux et sans bois ; les Allemands s'en souviendront, leur sang impur fécondera peut-être cette terre ingrate qui en est abreuvée[120]. »
285
+
286
+ — Discours de Dumouriez devant la Convention nationale, le 10 octobre 1792.
287
+
288
+ « Nous sommes ici à exterminer le restant des chouans, enfouis dans des bois ; le sang impur des prêtres et des aristocrates abreuve donc nos sillons dans les campagnes et ruisselle à grands flots sur les échafauds dans nos cités. Jugez quel spectacle est-ce pour un républicain animé, comme je le suis, du plus pur amour du feu le plus sacré de la liberté et de la patrie qui brûle dans mes veines[121]. »
289
+
290
+ — Lettre de Cousin à Robespierre, à Cossé le 27 nivôse an II (16 janvier 1794).
291
+
292
+ « Eh bien, foutre, il n'en coûtera pas plus pour anéantir les traîtres qui conspirent contre la République. La dernière heure de leur mort va sonner ; quand leur sang impur sera versé, les aboyeurs de l'aristocratie rentreront dans leurs caves comme au 10 août[122]. »
293
+
294
+ — Jacques-René Hébert, Le Père Duchesne
295
+
296
+ « Quel espoir peut rester à l’empereur et au roi d’Espagne depuis que la justice nationale a scellé la liberté française par le sang impur de ses tyrans[123] ? »
297
+
298
+ — Discours de Jacques-Nicolas Billaud-Varenne devant la Convention nationale, le 20 avril 1794.
299
+
300
+ « Par toute la France le sang a coulé mais presque partout cela a été le sang impur des ennemis de la Liberté, de la Nation et qui depuis longtemps, s'engraissent à leurs dépens[124]. »
301
+
302
+ — Napoléon Bonaparte, lettre écrite à son frère Joseph, le 9 août 1789.
303
+
304
+ En 1903, Jean Jaurès publie une défense des chants révolutionnaires socialistes, et notamment de l'Internationale, à laquelle ses détracteurs opposent La Marseillaise. Admirateur de ce chant, Jaurès en rappelle cependant la violence et critique le couplet sur le « sang impur », jugé méprisant envers les soldats étrangers de la Première Coalition :
305
+
306
+ « Mais ce n'est pas seulement sur la forme que porte la controverse ; c'est sur les idées. Or, je dis que La Marseillaise, la grande Marseillaise de 1792, est toute pleine des idées qu'on dénonce le plus violemment dans L'Internationale. Que signifie, je vous prie, le fameux refrain du « sang impur » ? — « Qu'un sang impur abreuve nos sillons ! », l'expression est atroce. C'est l'écho d'une parole bien étourdiment cruelle de Barnave. On sait qu'à propos de quelques aristocrates massacrés par le peuple, il s'écria : « Après tout, le sang qui coule est-il donc si pur ? » Propos abominable, car dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le répandre à flots et les révolutions deviennent des boucheries. Mais de quel droit la Révolution flétrissait-elle de ce mot avilissant et barbare tous les peuples, tous les hommes qui combattaient contre elle ?Quoi ! tous ces Italiens, tous ces Autrichiens, tous ces Prussiens qui sous le drapeau de leur gouvernement combattent la France révolutionnaire, tous les hommes qui, pour obéir à la volonté de leurs princes, c'est-à-dire à ce qui est alors la loi de leur pays, affrontent la fatigue, la maladie et la mort ne sont que des êtres vils ? Il ne suffit pas de les repousser et de les vaincre ; il faut les mépriser. Même la mort ne les protège pas contre l'outrage ; car de leurs larges blessures, c'est « un sang impur » qui a coulé. Oui, c'est une parole sauvage. Et pourquoi donc la Révolution l'a-t-elle prononcée ? Parce qu'à ses yeux tous les hommes qui consentaient, sous le drapeau de leur roi et de leur pays, à lutter contre la liberté française, espoir de la liberté du monde, tous ces hommes cessaient d'être des hommes ; ils n'étaient plus que des esclaves et des brutes. (…)Et qu'on ne se méprenne pas : toujours les combattants ont essayé de provoquer des désertions chez l'ennemi. Mais ici il y a quelque chose de nouveau : c'est qu'aux yeux de la Révolution, le déserteur, quand il quitte le camp de la tyrannie pour passer dans le camp de la liberté, ne se dégrade pas, mais se relève au contraire ; le sang de ses veines s'épure, et il cesse d'être un esclave, une brute, pour devenir un homme, le citoyen de la grande patrie nouvelle, la patrie de la liberté, les déserteurs, bien loin de se méfier d'eux, elle les traite en citoyens. Elle ne se borne pas à leur jeter une prime, elle leur assure sur les biens nationaux des petits domaines et elle les inscrit, par là, dans l'élite révolutionnaire ; elle les enracine à la noble terre de France, elle leur réserve la même récompense qu'elle donne aux vétérans de ses propres armées. Bien mieux, elle les organise en bataillons glorieux, elle les envoie en Vendée pour combattre la contre-révolution, non pas comme des mercenaires mais comme des fils en qui elle met sa complaisance. Seul Marat, avec son bon sens irrité et son réalisme aigu, rappelle la Révolution à plus de prudence. « Que pouvez-vous attendre, écrit-il, des hommes qui, quoique vous en pensiez, ne sont venus à vous que pour de l'argent[110] ? »
307
+
308
+ — Jean Jaurès, La Petite République socialiste, 30 août 1903.
309
+
310
+ Selon Diego Venturino, l'expression « sang bleu » est inexistante au XVIIIe siècle, à cette époque avoir le « sang pur » est synonyme de vertu et le « sang impur » est synonyme de vice : « Lorsque les Révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle chantaient « marchons, marchons, qu'un sang impur abreuve nos sillons », voulaient-ils discriminer le sang pur de la race française du sang impur des étrangers ? ou bien évoquer les traîtres à la patrie et les ennemis des valeurs de la révolution en particulier, ces hommes qui sont devenus impurs par leur refus de la nouvelle religion révolutionnaire. Il s'agit là d'une genèse historique non biologique de la pureté ou de l'impureté »[113].
311
+
312
+ Pour Élie Barnavi et Paul Goossens « Rouget de Lisle utilisera cette notion de sang impur (dans La Marseillaise) mais sans l'associer à un peuple. Pour lui, le sang impur est celui de l'ennemi »[114].
313
+
314
+ Pour Jean-Clément Martin, les paroles de La Marseillaise sont à replacer dans le contexte de l'époque, où les diverses factions révolutionnaires sont fortement divisées et rivales. Rouget de Lisle, révolutionnaire monarchien, surenchérit dans la violence des paroles pour s'opposer à Marat et aux sans-culottes :
315
+
316
+ « Le Chant de guerre de l'armée du Rhin, devenu quelques mois plus tard La Marseillaise, est une chanson initialement proposée en alternative aux couplets jugés dangereux de La Carmagnole qu'il fallait contrer dans l'esprit du compositeur Rouget de Lisle et de son promoteur le Strasbourgeois Dietrich. La chanson est popularisée, sur les routes vers Paris, par les fédérés marseillais, autant fervents patriotes que fermement opposés à Marat ! Selon un schéma fréquent au sein de toute période révolutionnaire, les divisions, d'origine politiques, sociales, culturelles, régionales aussi, ne jouent donc pas entre deux camps mais aussi à l'intérieur de chacun. Il faut ainsi comprendre la véhémence des paroles de La Marseillaise dénonçant la « horde d'esclaves » et poussant à répandre le « sang impur » des « complices de Bouillé » et des traîtres. Dans la lutte contre les « barbares », le plus révolutionnaire est le plus radical. On attend aussi que les troupes étrangères se rallient à la Révolution, rejoignant leurs frères véritables. Ce ne sera que par la suite que l'ennemi sera identifié à l'étranger et que la Révolution s'engagera dans une défense de l'identité nationale[111]. »
317
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318
+ — Jean-Clément Martin, Violence et Révolution : Essai sur la naissance d'un mythe national.
319
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320
+ Toujours selon Jean-Clément Martin à propos de l’interprétation de Casali qui a depuis été largement véhiculée sur Internet :
321
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322
+ « Une interprétation aussi fausse que dangereuse, parce qu’elle nourrit la confusion des esprits, court à propos de l’expression « sang impur » dans la Marseillaise, pour faire de ce sang impur celui des « révolutionnaires », du « peuple » sacrifié pour la bonne cause. Les textes de l’époque démentent catégoriquement cette vision sacrificielle et a-historique. Il faut assumer son passé et éviter de le déformer, pour empêcher des dérives dramatiques[125]. »
323
+
324
+ — Jean-Clément Martin, « Qu'un sang impur abreuve nos sillons » à propos d'une mauvaise querelle.
325
+
326
+ Éric Besson, alors ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a rappelé le sens de ces paroles de La Marseillaise sur France Inter le 8 février 2010[126] :
327
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328
+ « Sur La Marseillaise, […] je pense que tous nos concitoyens et notamment les plus jeunes d’entre eux, doivent comprendre et connaître les paroles de La Marseillaise, et notamment pour une raison qui ne vous a pas échappé, c’est que la formule, la phrase « qu’un sang impur abreuve nos sillons » en 2010, elle n’a rien d’évident. Qu’est-ce qu’il faut expliquer ? Que le sang impur ce n’est pas le sang des étrangers, c’est historiquement le sang de ceux qui voulaient abattre la Révolution française, le sang de ceux qui voulaient mettre fin à notre République. »
329
+
330
+ Nombreuses furent les tentatives de réécriture du texte[127]. Ainsi peut-on citer un poème d'Alphonse de Lamartine, La Marseillaise de la paix[128], la version avec le même titre de Paul Robin à la fin du XIXe siècle[129], la Franceillaise d'André Breton[130], L'hymne pour la jeune Europe de Muse Dalbray[131] dans les années 1930, récemment les versions de Graeme Allwright[132], Christian Guillet[133], Philippe Dac, Pierre Ménager[134], Pascal Lefèvre, Aude Gagnier ou encore Édith de Chalon[135].
331
+
332
+ « Pour une Marseillaise de la Fraternité » fut une initiative conduite dans les années 1990 par le Père Jean Toulat pour obtenir une révision des paroles avec le soutien de personnes telles que l'abbé Pierre et Théodore Monod[136],[137].
333
+
334
+ En octobre 2007, Christine Boutin, présidente du Forum des républicains sociaux, a proposé de changer l'ordre des couplets de La Marseillaise en cas d'élection à la fonction présidentielle, afin de rendre l'hymne national « moins sanguinaire et moins révolutionnaire »[138].
335
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336
+ Depuis longtemps déjà, plusieurs personnes et associations proposent des textes de révision de la Marseillaise et veulent organiser des concours ou des forums dans les écoles ou sur internet[139],[140],[141].
337
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338
+ L'interprétation de l'hymne en accompagnement de manifestations sportives auxquelles participent des représentants français a été, depuis les années 1990, l'occasion de certaines polémiques, principalement dans le domaine du football.
339
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340
+ Une controverse, épisodique mais récurrente, concerne l'interprétation de l'hymne par les joueurs de l'équipe de France de football avant le début des rencontres. En 1996, durant le championnat d'Europe, Jean-Marie Le Pen déplore qu'une partie des membres de l'équipe de France, venus selon lui « de l'étranger », ne reprennent pas en chœur l'hymne national[142]. Dans le courant des années 2000, la polémique autour de la nécessité ou non, pour des athlètes français, d'entonner La Marseillaise, refait surface au point de devenir un sujet de débat régulier. En 2010, la secrétaire d'État aux sports Rama Yade et sa ministre de tutelle Roselyne Bachelot s'expriment ainsi sur le sujet, la première jugeant qu'il ne faut pas imposer aux joueurs de chanter l'hymne avant les rencontres, la seconde émettant le souhait qu'il soit chanté[143],[144],[145]. Une partie de la classe politique française réclame que les Bleus entonnent systématiquement La Marseillaise ; en 2010, le sélectionneur Laurent Blanc incite ses joueurs à reprendre l'hymne, soulignant que « les gens sont très sensibles à ce sujet »[146]. Michel Platini rappelle pour sa part qu'il n'a jamais, au cours de sa carrière, chanté La Marseillaise, précisant qu'il aime la France mais pas cet « hymne guerrier qui n'a rien à voir avec le jeu »[147]. En 2012, Noël Le Graët, président de la Fédération française de football, déplore que des joueurs de l'équipe de France ne chantent pas La Marseillaise, ce qui lui apparaît comme un « problème de savoir-vivre, de culture, de respect »[148], et dit souhaiter que l'hymne, « sinon chanté », « soit au moins ressenti »[149],.
341
+
342
+ Parallèlement aux controverses sur l'attitude des sportifs représentant la France envers leur hymne national, La Marseillaise est à plusieurs reprises, durant les années 2000, l'objet d'outrages dans le contexte de matches de football, ce qui entraîne d'importantes polémiques publiques, puis des conséquences législatives. Le 6 octobre 2001, lors du match France – Algérie au stade de France qui a été par la suite interrompu par l'irruption sur le terrain des spectateurs, La Marseillaise avait été sifflée par une partie du public[150] ; ceci avait provoqué une vive réaction à travers le pays. Au printemps 2002, certains supporters corses du Sporting Club Bastiais avaient sifflé à nouveau l'hymne national à l'occasion de la finale de la Coupe de France, provoquant l'ire du président Jacques Chirac, qui avait décidé en conséquence de boycotter la remise du trophée au vainqueur. À la suite de ces affaires, en mars 2003, un amendement à la loi pour la sécurité intérieure crée en France le délit d'outrage au drapeau ou à l'hymne national[151].
343
+
344
+ Lors d'un déplacement en 2005 en Israël, comptant pour les qualifications pour le Mondial 2006, les spectateurs du stade Ramat-Gan de Tel-Aviv sifflent l'hymne français et conspuent Fabien Barthez tout au long de la partie[152].
345
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346
+ Ce type d'événement s'est reproduit lors des matchs amicaux de football France – Maroc, le 17 novembre 2007[153], et France – Tunisie, le 14 octobre 2008[154], là encore au stade de France. L'ambassade de Tunisie en France, sollicitée par la presse, émet un communiqué dont le dernier point invite à « éviter les amalgames afin de ne pas donner du grain à moudre aux intolérants de tous bords »[155].
347
+
348
+ Michel Platini, ancien capitaine international français et président de l'UEFA estime que ces sifflets représentent des « manifestations contre un adversaire d'un soir, en l'occurrence l'équipe de France » et « ne sont pas une insulte à la France »[156]. Il déplore ce qu'il appelle la récupération politique qui est faite de ces sifflets, inhérents au monde du football et du sport en général. Il rappelle les manifestations de joie au lendemain de la victoire des « Black-Blancs-Beurs » de la coupe du monde de 1998, les drapeaux français tenus à bout de bras et la Marseillaise chantée par les supporters français.
349
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350
+ La Marseillaise a également été sifflée, de même que le sélectionneur Raymond Domenech lors de l'apparition de son portrait sur écran géant dans le stade, par des supporters italiens lors du match Italie — France le 8 septembre 2007 et Tunisie — France en 2008, dans le cadre d'une rencontre de qualification pour l'Euro 2008 disputée à San Siro (Milan). Ces sifflements ont été commis en réponse aux attaques répétées du sélectionneur français dans la presse contre la sélection italienne avant ce match[152]. Selon le sociologue Emmanuel Todd, ce type de manifestation lors des matchs de football qui survient en pleine crise financière en 2008 serait instrumentalisé par les hommes politiques pour masquer les réels problèmes que connaît la France comme la « crise de la démocratie » et les menaces qui pèsent sur son industrie[157].
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352
+ Sur les autres projets Wikimedia :
353
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+ « Gavroche : « …En avant les hommes ! qu'un sang impur inonde les sillons ! Je donne mes jours pour la patrie, … » »
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+ La Marseillaise (Version masculine)
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+ La Marseillaise est un chant patriotique de la Révolution française adopté par la France comme hymne national : une première fois par la Convention pendant neuf ans du 14 juillet 1795 jusqu'à l'Empire en 1804, puis en 1879 sous la Troisième République[1].
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+ Les six premiers couplets sont écrits par Rouget de Lisle[2] sous le titre de Chant de guerre pour l'armée du Rhin[3] en 1792 pour l'armée du Rhin à Strasbourg, à la suite de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche. Dans ce contexte originel, La Marseillaise est un chant de guerre révolutionnaire, un hymne à la liberté, un appel patriotique à la mobilisation générale et une exhortation au combat contre la tyrannie et l'invasion étrangère.
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+ La Marseillaise est décrétée chant national le 14 juillet 1795 (26 messidor an III) par la Convention, à l'initiative du Comité de salut public. Abandonnée en 1804 sous l’Empire et remplacée par le Chant du départ, elle est reprise en 1830 pendant la révolution des Trois Glorieuses qui porte Louis-Philippe Ier au pouvoir. Berlioz en élabore une orchestration qu’il dédie à Rouget de Lisle. Mais Louis-Philippe impose La Parisienne, chant plus modéré. La Marseillaise est de nouveau interdite sous le second Empire[3].
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+ La IIIe République en fait l'hymne national le 14 février 1879 et, en 1887, une « version officielle » est adoptée en prévision de la célébration du centenaire de la Révolution.
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+ Le 14 juillet 1915, les cendres de Rouget de Lisle sont transférées aux Invalides.
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+ Pendant la période du régime de Vichy, elle est remplacée par le chant Maréchal, nous voilà[4] ! En zone occupée, le commandement militaire allemand interdit de la jouer et de la chanter à partir du 17 juillet 1941[5].
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+ Son caractère d’hymne national est à nouveau affirmé dans l’article 2 de la Constitution du 27 octobre 1946 par la IVe République, et en 1958 — par l’article 2 de la Constitution de la Cinquième République française.
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+ Valéry Giscard d'Estaing, sous son mandat de président de la République française, fait ralentir le tempo de La Marseillaise afin de retrouver le rythme originel. Selon Guillaume Mazeau, la motivation était aussi « qu'elle ressemble moins à une marche militaire »[3].
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+ Elle est écrite par Claude Joseph Rouget de Lisle, capitaine du Génie alors en poste à Strasbourg dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 à la suite de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche du 20 avril 1792[6].
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+ Elle porte initialement différents noms, tous éphémères : Chant de guerre pour l'armée du Rhin ; Chant de marche des volontaires de l'armée du Rhin.
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+ Le Dr François Mireur, futur général des armées d'Italie et d'Égypte, venu à Marseille afin d'organiser la marche conjointe des volontaires du Midi (Montpellier et Marseille), publie ce chant, à Marseille, pour la première fois, avec un nouveau titre : Chant de guerre des armées aux frontières. De fait, ce sont les troupes des fédérés marseillais qui, l'ayant adopté comme chant de marche, l'entonnent lors de leur entrée triomphale, aux Tuileries, à Paris, le 30 juillet 1792. Immédiatement, la foule parisienne, sans se préoccuper de ses différents noms, baptise ce chant : La Marseillaise. Ce titre, outre sa simplicité, a l'avantage de marquer de Strasbourg à Marseille, de l'Est au Midi, l'unité de la Nation[7].
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+ Le 25 avril 1792, le maire de Strasbourg, le baron Philippe Frédéric de Dietrich, reçoit à son domicile de la place Broglie[8] le maréchal Luckner, les généraux Victor de Broglie, d'Aiguillon et du Châtelet, les futurs généraux Kléber, Desaix et Malet, ainsi que le capitaine du génie Rouget de Lisle. Il demande à ce dernier d'écrire un chant de guerre. Retourné en soirée à son domicile, rue de la Mésange (entre la place de l'Homme-de-Fer et la place Broglie), Rouget de Lisle compose son Chant de guerre pour l'armée du Rhin dédié au maréchal Luckner, qui commande cette armée et est d'origine bavaroise. Au matin, Rouget retourne chez Dietrich et lui présente son chant que ce dernier déchiffre. Le soir du 26, nouvelle réunion chez le maire, qui chante lui-même l'hymne, accompagné au clavecin par sa femme, Sybille de Dietrich, ou peut-être sa nièce Louise[9]. Le chant retentit ensuite publiquement pour la première fois sur la place d'Armes, à l'occasion d'une parade militaire le dimanche suivant 29 avril[10]. L'historien strasbourgeois Claude Betzinger conteste cependant le lieu de la première exécution de La Marseillaise : elle aurait eu lieu chez le maire, Philippe Frédéric de Dietrich, domicilié alors au 17, rue des Charpentiers à Strasbourg et non à la maison familiale des Dietrich[11]. A cette thèse qui remettait en cause deux siècles de consensus[12], il a été répondu quatre ans après qu'il n'y avait pas lieu de changer le lieu de la première exécution[13].
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+ Le texte est fortement inspiré d'une affiche apposée à l'époque sur les murs de Strasbourg par la Société des amis de la Constitution[14], qui commence ainsi : « Aux armes citoyens, l'étendard de la guerre est déployé, le signal est donné. Il faut combattre, vaincre ou mourir. Aux armes citoyens... Marchons[9],[15]… » L'expression les « enfants de la Patrie » ferait référence aux engagés volontaires du Bas-Rhin, dont faisaient partie les deux fils du maire. Un parent de Rouget de Lisle rapporte qu'il aurait affirmé, lors d'une réunion, s'être inspiré d'un chant protestant de 1560 exécuté lors de la conjuration d'Amboise. Enfin, certains ont suggéré que Rouget a pu songer à l'ode de Nicolas Boileau « sur un bruit qui courut, en 1656, que Cromwell et les Anglais allaient faire la guerre à la France »[14],[16].
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+ La cinquième strophe évoque les « complices de Bouillé », général en chef de l'armée de Sarre et Moselle de 1790 à 1791, à qui on reproche alors son rôle dans l'affaire de Nancy et la fuite de Varennes. Rouget de Lisle écrit le chant neuf jours seulement après la libération, le 15 avril, des Suisses de Nancy emprisonnés à Brest. De son côté, le Courrier de Strasbourg du 4 septembre 1792 a imprimé « les complices de Condé ». Puis, le 5 décembre, François Boissel propose au club des Jacobins de remplacer le vers par « Mais ces vils complices de Motier »[14],[17].
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+ Le septième couplet, dit « couplet des enfants », a été ajouté en octobre 1792 par Gossec lors de la représentation à l'Opéra de « l'Offrande de la liberté, scène religieuse sur la chanson des Marseillais »[18] ; le poète normand Louis Du Bois et l'abbé Antoine Pessonneaux en ont revendiqué la paternité, qui a également été attribuée à André Chénier ou à son frère Marie-Joseph[19],[20].
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+ L'origine de la musique est plus discutée, puisqu'elle n'est pas signée (contrairement aux autres compositions de Rouget de Lisle).
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+ En 1861, les journaux allemands ont prétendu que La Marseillaise était l'œuvre de Holtzmann, maître de chapelle dans le Palatinat (on a parlé du Credo de la Missa solemnis no 4), mais ce n'était qu'un canular[21]. L’air du début de l'Oratorio Esther, de Jean-Baptiste Lucien Grisons intitulé « Stances sur la Calomnie » a été évoqué[22] ; mais Hervé Luxardo dit que l'air en question a été introduit postérieurement[23]. La première phrase « allons enfants de la patrie » apparaît dans deux trios, La Flûte enchantée et l'allegro maestoso du concerto pour piano no 25[24] (datant de 1786) de Wolfgang Amadeus Mozart[14].
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+ De son côté, le prince Michel de Grèce évoque une parenté avec l'hymne des Wurtemberg[25] joué chaque jour dans la principauté de Montbéliard qu'ils possédaient[26], air que devait connaître la femme de Dietrich, Sybille Ochs, qui était d'origine bâloise[27]. Or cette dernière, excellente musicienne, a travaillé à orchestrer la Marseillaise[28].
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+ Même si André Grétry juge que « l'air des Marseillais a été composé par un amateur qui n'a que du goût et ignore les accords », d'autres comme Louis Garros et Philippe Barres avancent qu'il peut s'agir d'Ignace Joseph Pleyel, par ailleurs compositeur de L'Hymne de la liberté, dont Rouget de Lisle a écrit les paroles. Toutefois, il est absent de Strasbourg en décembre 1791 pour diriger les « Professional Concerts » à Londres, où il va résider jusqu'en mai 1792[14].
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+ Plus tardivement, en 1863, François-Joseph Fétis prétend que Guillaume Navoigille est l'auteur de la musique[29]. Mais peu après, sous la menace d'un procès, il se rétracte et reconnaît avoir été mystifié[30].
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+ Dans le monde artistique, la scène de création de La Marseillaise est immortalisée, notamment dans le tableau d'Isidore Pils en 1849, conservé au Musée historique de Strasbourg[31]. Ce thème appartenant à la mémoire nationale, de nombreuses copies de ce tableau seront réalisées par la suite par des artistes français, voire étrangers comme celle du peintre polonais Waléry Plauszewski exécutée en 1890 et exposée au musée de la Révolution française[32].
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+ Une autre représentation de La Marseillaise a également été exécutée par Auguste de Pinelli en 1875 dont le tableau est conservé au musée de la Révolution française[33].
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+ Le 17 juin 1792 à Montpellier, une cérémonie funèbre eut lieu sur l'esplanade en l'honneur du maire Simoneau de la ville d'Étampes, récemment assassiné dans une émeute. L'absoute fut donnée par l’évêque Pouderous et fut suivie du Chant de Guerre pour l'Armée du Rhin interprété par un envoyé de Strasbourg. Un délégué du Club des amis de la Constitution de Montpellier, le docteur François Mireur, venu coordonner les départs de volontaires du Midi vers le front, assistait à cette cérémonie et « fut électrisé par son rythme exaltant »[34]. Après un discours prononcé le 21 juin devant le Club des amis de la Constitution de Marseille, rue Thubaneau[35], Mireur est l'invité d'honneur d'un banquet le lendemain et, prié de prononcer un nouveau discours, il entonne le chant entendu à Montpellier quelques jours plus tôt. Dans l'ardente atmosphère patriotique de l'heure, Mireur suscite l'enthousiasme et le chant est imprimé dès le lendemain par le journal des départements méridionaux daté du 23 juin 1792 et dirigé par Alexandre Ricord. Ce périodique donne sur sa seconde colonne de sa quatrième et dernière page le texte du Chant de guerre aux armées des frontières sur l'air de Sarguines[36]. Cette édition locale de la future Marseillaise pose un problème par son titre et par sa référence à l'opéra-comique de Nicolas Dalayrac[37]. Il est probable que les rédacteurs du journal ont voulu indiquer un air connu de leur lecteur qui offre quelque ressemblance avec celui de Rouget de Lisle[38]. En juillet 1792 un tiré à part de ce chant sera distribué aux volontaires marseillais qui l'entonneront tout au long de leur marche vers Paris en juillet 1792[39].
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+ De la rue Thubaneau aux Champs-Élysées, le chant de Rouget de Lisle devient l'hymne des Marseillais et bientôt La Marseillaise. De fait, on lui attribue souvent à tort d'avoir été écrite à Marseille mais elle a bien été écrite à Strasbourg, rue de la Mésange. François Mireur, lui, parti de Marseille en avant des Marseillais pour rejoindre le bataillon des volontaires de l'Hérault, fera une brillante carrière militaire et mourra général, en Égypte, à l'âge de 28 ans.
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+ La Marseillaise est déclarée chant national le 14 juillet 1795. Mais elle est concurrencée au début par un autre chant patriotique écrit en 1795 en réaction contre la Terreur : il s'agit du Réveil du Peuple.
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+ Sous l'Empire, Napoleon lui préfère Veillons au salut de l'Empire mais aussi le Chant du départ et la Marche consulaire. Mais il n'y a pas eu d'interdiction formelle[40]. La Restauration essaye de promouvoir l'ancien air populaire Vive Henri IV ! comme hymne de la nouvelle monarchie française[41]. La Marseillaise est reprise après la révolution de 1830. Hector Berlioz en compose une nouvelle version (H15A) pour solistes, 2 chœurs et orchestre (1830), régulièrement interprétée depuis. En 1871, La Marseillaise de la Commune de Mme Jules Faure devient l'hymne de la Commune de Paris. Les élites politiques de la IIIe République, soucieuses d'ordre moral dans le début des années 1870, considèrent La Marseillaise comme une chanson blasphématoire et subversive et, après maintes hésitations, commandent en 1877 à Charles Gounod la musique d'un hymne qu'il compose sur des paroles du poète patriote Paul Déroulède, Vive la France, un chant de concorde plus pacifique que La Marseillaise[42]. Mais, craignant un retour de la monarchie, les députés républicains redécouvrent les vertus émancipatrices de La Marseillaise et en font l'hymne national par la loi de 14 février 1879 — le président de la République de l'époque est alors Jules Grévy — qui indique que le décret du 14 juillet 1795 est toujours en vigueur[43]. Une version officielle est adoptée par le Ministère de la Guerre en 1887. Maurice-Louis Faure, ministre de l'Instruction publique, instaure en 1911 l'obligation de l'apprendre à l'école. Une circulaire de septembre 1944 du ministère de l'Éducation nationale préconise d'en pratiquer le chant dans toutes les écoles, pratique qui est dorénavant obligatoire à l'école primaire (proposition de loi du 19 février 2005, adoptée le 23 avril 2005, modifiant l'article L321-3 du Code de l'éducation). Les Constitutions de 1946 (IVe République) et de 1958 (Ve République) conservent La Marseillaise comme hymne national (article 2 de la Constitution de la Cinquième République française)[44].
58
+
59
+ Pendant l'occupation allemande (1940-1944), l'interprétation publique de La Marseillaise est contrôlée par les autorités allemandes et par le régime de Vichy. Le chef de l'État, Philippe Pétain, choisit de ne conserver qu'un certain nombre de strophes en fonction de leur pertinence par rapport à son projet politique (« Travail, famille, patrie »), notamment celles commençant par « Amour sacré de la patrie » et « Allons enfants de la patrie ». On jouait l'hymne chaque fois que le Maréchal faisait un discours ou qu'il se rendait dans une ville. En 1941, François Darlan, chef du gouvernement de Vichy, demande que l'hymne et le drapeau soient honorés comme il sied à des symboles de la nation. Une demande d'autorisation sera désormais exigée pour chanter l'hymne (sauf, toutefois, si un représentant du gouvernement est présent). Cette mesure vise à donner au régime le monopole de l'hymne et à empêcher la Résistance de se l'approprier. Cela n'empêchera pas pour autant les boîtes de nuit parisiennes de mêler quelques bribes de Marseillaise à leurs morceaux en défi à l'occupant allemand[45].
60
+
61
+ Avec les évolutions actuelles de la société (individualisation, démythification du « roman national » français), La Marseillaise a tendance aujourd'hui à être parfois désacralisée et remise en question[46].
62
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+ La Marseillaise n'est pas seulement l’hymne français. Comme chant révolutionnaire de la première heure, elle est reprise et adoptée par nombre de révolutionnaires sur tous les continents.
64
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+ Durant la Seconde Guerre mondiale, la loge maçonnique Liberté chérie, créée dans les camps de concentration nazis, tire son nom de cet hymne des combattants de la liberté.
66
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+ Arsène Wenger, ancien entraîneur de l'équipe de football Nagoya Grampus, de Nagoya (Japon), lui ayant fait gagner la Coupe du Japon de football, les supporters de cette équipe encouragent encore aujourd'hui leur équipe sur l'air de La Marseillaise.
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69
+ Le carillon à l'hôtel de ville de Cham (Bavière) sonne La Marseillaise pour commémorer Nicolas Luckner.
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+ En 1967, les Beatles cherchent une introduction à la résonance internationale pour leur titre All You Need is Love, et choisissent les premières notes de La Marseillaise.
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+
75
+ En réalité, la version complète de La Marseillaise ne compte pas moins de quinze couplets[49], mais le texte a subi plusieurs modifications. On compte aujourd'hui six couplets et un couplet dit « des enfants ». Seul le premier couplet est chanté lors des événements. Deux couplets (les « couplets des enfants ») ont été ajoutés ultérieurement ; l'un d'eux a depuis été supprimé de la version « officielle ». Enfin, eu égard à son caractère religieux, le 8e couplet a été supprimé par Joseph Servan, ministre de la Guerre, en 1792. Un autre couplet a été supprimé car il a été jugé trop violent.[Lequel ?]
76
+
77
+ Sur le manuscrit autographe de Rouget de Lisle, reproduit sur le site de l'Assemblée nationale[50], on remarque que certains « nos » originaux ont été remplacés dans la version « officielle » par « vos » : « Ils viennent jusques dans nos bras / Égorger nos fils, nos compagnes ! » On y voit clairement le refrain noté comme deux alexandrins[51] : « Aux armes, citoyens, formez vos bataillons, / Marchez, qu'un sang impur abreuve nos sillons. », les verbes « marchez » et « formez » étant tous deux à la 2e personne du pluriel. La transcription « officielle » est pourtant sur cinq vers avec une 1re personne du pluriel « Marchons, marchons », qui tenterait d'établir une rime avec « bataillons » et « sillons[52] ».
78
+
79
+ En réalité, Rouget de Lisle était capitaine. En qualité d'officier, il commandait ses hommes, d'où la 2e personne de l'impératif. Néanmoins, La Marseillaise est une marche et on peut imaginer que les soldats en manœuvre en reprenaient le refrain, en chantant « marchons » et non « marchez ». Cette version se serait imposée par transmission orale.
80
+
81
+ La version dite « officielle » est la suivante[53] :
82
+
83
+ Allons, enfants de la Patrie,
84
+ Le jour de gloire est arrivé !
85
+ Contre nous de la tyrannie
86
+ L'étendard sanglant est levé, (bis)
87
+ Entendez-vous dans les campagnes
88
+ Mugir ces féroces soldats ?
89
+ Ils viennent jusque dans vos bras
90
+ Égorger vos fils, vos compagnes !
91
+
92
+ Aux armes, citoyens,
93
+ Formez vos bataillons,
94
+ Marchons, marchons !
95
+ Qu'un sang impur
96
+ Abreuve nos sillons !
97
+
98
+ Que veut cette horde d'esclaves,
99
+ De traîtres, de rois conjurés ?
100
+ Pour qui ces ignobles entraves,
101
+ Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
102
+ Français, pour nous, ah ! quel outrage !
103
+ Quels transports il doit exciter !
104
+ C'est nous qu'on ose méditer
105
+ De rendre à l'antique esclavage !
106
+
107
+ Quoi ! des cohortes étrangères
108
+ Feraient la loi dans nos foyers !
109
+ Quoi ! ces phalanges mercenaires
110
+ Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
111
+ Grand Dieu ! par des mains enchaînées
112
+ Nos fronts sous le joug se ploieraient !
113
+ De vils despotes deviendraient
114
+ Les maîtres de nos destinées !
115
+
116
+ Tremblez, tyrans, et vous, perfides,
117
+ L'opprobre de tous les partis,
118
+ Tremblez ! vos projets parricides
119
+ Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
120
+ Tout est soldat pour vous combattre,
121
+ S'ils tombent, nos jeunes héros,
122
+ La terre en produit de nouveaux,
123
+ Contre vous tout prêts à se battre !
124
+
125
+ Français, en guerriers magnanimes,
126
+ Portez ou retenez vos coups !
127
+ Épargnez ces tristes victimes,
128
+ À regret s'armant contre nous. (bis)
129
+ Mais ces despotes sanguinaires,
130
+ Mais ces complices de Bouillé,
131
+ Tous ces tigres qui, sans pitié,
132
+ Déchirent le sein de leur mère !
133
+
134
+ Amour sacré de la Patrie,
135
+ Conduis, soutiens nos bras vengeurs.
136
+ Liberté, Liberté chérie,
137
+ Combats avec tes défenseurs ! (bis)
138
+ Sous nos drapeaux que la victoire
139
+ Accoure à tes mâles accents,
140
+ Que tes ennemis expirants
141
+ Voient ton triomphe et notre gloire !
142
+
143
+ Nous entrerons dans la carrière
144
+ Quand nos aînés n'y seront plus,
145
+ Nous y trouverons leur poussière
146
+ Et la trace de leurs vertus (bis)
147
+ Bien moins jaloux de leur survivre
148
+ Que de partager leur cercueil,
149
+ Nous aurons le sublime orgueil
150
+ De les venger ou de les suivre.
151
+
152
+ Rouget de Lisle n’ayant écrit que six couplets, le site officiel de l’Élysée indique que l’auteur du 7e couplet reste inconnu.
153
+
154
+ Dans son ouvrage posthume Sous le bonnet rouge de sa collection « La Petite Histoire », paru en 1936, G. Lenotre rapporte la rumeur viennoise traditionnelle, selon laquelle ce couplet aurait été composé par l’abbé Antoine Pessonneaux. Cette version a été reprise par Claude Muller dans Les Mystères du Dauphiné[54]. Selon lui, l'abbé, professeur de rhétorique au collège de Vienne de 1788 à 1793 né à Lyon le 31 janvier 1761, jugeant que le texte était incomplet, puisqu'il n'évoquait pas les nouvelles générations, écrivit le « couplet des enfants » qu'il fit chanter par les élèves lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 1792 en présence de la population et de soldats de bataillon de fédérés marseillais alors en transit dans la ville. Ce couplet passa ensuite à Paris, grâce au député Benoît Michel de Comberousse. Traduit devant le tribunal à Lyon — le 1er janvier 1794 (12 nivôse an II) selon G. Lenotre —, l'abbé aurait été sauvé de la mort en se présentant comme l'auteur du septième couplet de La Marseillaise. L'abbé Pessonneaux mourut le 10 mars 1835.
155
+
156
+ Un autre personnage, Louis Du Bois, ancien sous-préfet né à Lisieux le 16 novembre 1773, mort le 9 juillet 1855, en a clairement revendiqué la paternité dans sa Notice sur La Marseillaise publiée en 1848 : « Au mois d'octobre 1792, j'ajoutai un septième couplet qui fut bien accueilli dans les journaux : c'est le couplet des Enfants, dont l'idée est empruntée au chant des Spartiates, rapporté par Plutarque »[55]. Cette revendication est également mentionnée par Claude Muller[56].
157
+
158
+ Il existe aussi huit couplets supplémentaires qu'on peut lire dans Wikisource[57]. On peut mettre en évidence[interprétation personnelle] le 11e couplet qui parle de l'Europe et le 15e et dernier couplet, qui est le deuxième couplet adressé aux enfants. Il semble difficile de connaître là aussi avec certitude l'auteur ou les auteurs de tous ces couplets.
159
+
160
+ L'article 2 de la Constitution de la République française affirme : « l'hymne national est La Marseillaise ».
161
+
162
+ Le 24 janvier 2003, l'ensemble des députés adopte, dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi), un amendement créant le délit d'« outrage » au drapeau français et à l'hymne national, La Marseillaise, délit sanctionné par un emprisonnement de 6 mois et 7 500 euros d'amende[58]. Un certain nombre de citoyens et d'associations de défense des droits de l'homme se sont insurgés contre ce qu'ils considèrent comme une atteinte manifeste à la liberté d'expression et contre le flou entretenu par le mot « outrage »[59],[60].
163
+
164
+ Le Conseil constitutionnel en limite les possibilités d'application :
165
+
166
+ « […] Sont exclus du champ d'application de l'article critiqué les œuvres de l'esprit, les propos tenus dans un cercle privé, ainsi que les actes accomplis lors de manifestations non organisées par les autorités publiques ou non réglementées par elles ; que l'expression « manifestations réglementées par les autorités publiques », éclairée par les travaux parlementaires, doit s'entendre des manifestations publiques à caractère sportif, récréatif ou culturel se déroulant dans des enceintes soumises par les lois et règlements à des règles d'hygiène et de sécurité en raison du nombre de personnes qu'elles accueillent[61]. »
167
+
168
+ La loi Fillon, visant à réformer l'éducation et adoptée en mars 2005, a rendu obligatoire l'apprentissage de La Marseillaise dans les classes maternelles et primaires à partir de la rentrée 2005. On retrouve l'obligation d'enseigner l’hymne national dans d'autres pays, comme les États-Unis, la Serbie ou encore l’Autriche.
169
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170
+ Pierre Dupont (1888-1969)[62], chef de la musique de la Garde républicaine de 1927 à 1944, compose l'arrangement officiel de l'hymne national. C'est cette version qui est encore actuellement en usage.
171
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172
+ Mais La Marseillaise a eu de nombreux interprètes, dont :
173
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174
+ De nombreux compositeurs ou critiques ont cherché à attribuer la musique de La Marseillaise à un autre auteur. Le seul cas indécidable, selon Frédéric Robert, serait celui de l'introduction d'Esther, un oratorio de Jean-Baptiste Grisons, contredisant ainsi l'avis de Constant Pierre, pour qui Esther est postérieur à La Marseillaise. Toutefois, Robert constate que dès 1786, « des accents, des rythmes, des figures mélodiques annoncent La Marseillaise » On trouve l'ébauche de la mélodie de La Marseillaise dans le concerto pour piano et orchestre no 25 (ut majeur KV 503) de Mozart composé en 1786[71] : les douze premières notes de l'hymne sont jouées au piano par la main gauche à la fin du premier mouvement allegro maestoso. Jacques-Gabriel Prod’homme retrouve les quinzième et seizième mesures de La Marseillaise dans les mesures 7 et 8 du Chant du 14 juillet (1791) de François-Joseph Gossec[71].
175
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176
+ À partir d'un certain moment, l'air et la trame de construction de La Marseillaise étaient connus d'un large public. Il était tentant et commode d'inscrire des couplets proches, sur le même air, pour la défense et l'illustration d'une cause. C'est ce que firent certains auteurs qui, en agissant ainsi, ne prétendaient pas nécessairement parodier l'hymne original. Ce fut, par exemple, le cas de Léo Taxil, en 1881, qui rédigea Le chant des électeurs, plus connu sous le nom de la Marseillaise anticléricale. C'était une chanson politique, comique, violemment anticléricale, appelant à voter aux élections pour le Parti radical.
177
+
178
+ Dès 1792, de très nombreux compositeurs se livrent à des adaptations du thème « outre l'harmonisation, sont apparus en France et à l'étranger : variation, insertion, superposition contrapuntique et même développement symphonique avec Le Patriote de Cambini »[71]. Sous la Terreur, la compositrice et marquise Hélène de Montgeroult sauve sa tête de la guillotine en improvisant au piano-forte sur le thème de La Marseillaise.
179
+
180
+ Claude Balbastre écrit des variations sur le thème : Marche des Marseillois et l’Air Ça ira / Arrangés pour le Forte Piano / Par le Citoyen C. Balbastre / Aux braves défenseurs de la République française l’an 1792 1er de la République[72].
181
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182
+ Jean-Jacques Beauvarlet Charpentier écrit dans les années 1790 une Marche des Marseillois avec Variations pour orgue[73].
183
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184
+ Jean-Baptiste Devaux compose en 1794 une Symphonie concertante, ponctuée de chants patriotiques, La Marseillaise et Ça ira.
185
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186
+ Giuseppe Maria Cambini a pris le thème à Airs patriotiques pour deux violons, où il est cité et repris avec variations, avec d'autres mélodies patriotiques. On trouve aussi dans la même période François-Joseph Gossec avec Offrandes à la liberté (1792), Giovanni Battista Viotti avec Six quatuors d'air connus, dialogués et variés, op. 23 (1795), aux côtés de Ferdinand Albert Gautier, Albert Gautier, et de nombreux autres[71].
187
+
188
+ Il existe aussi plusieurs Marseillaises des francs-maçons, dont celle écrite par le frère Jouy de l'Orient de Toulouse en 1792[74] et la Nouvelle Marseillaise[75] du frère Delalande en 1796 pour une autre loge maçonnique, celle de l'Orient de Douay.
189
+
190
+ L'air de l'hymne officieux du royaume de Wurtemberg rappelle La Marseillaise mais les paroles dues à Justinus Kerner sont d'une tout autre inspiration. Cet hymne a pour titre : Preisend mit viel schönen Reden ou Der rechte Fürst.
191
+
192
+ Au stade Bollaert-Delelis à Lens, la Marseillaise lensoise accompagne l'entrée des joueurs en première mi-temps et reprend le premier couplet ainsi que le refrain, l'adaptant à un chant de supporter.
193
+
194
+ En 1830, Hector Berlioz arrange l'hymne dans une première version pour grand orchestre, double chœur, et « tout ce qui a une voix, un cœur et du sang dans les veines[76],[77]. ». Il en réalise une seconde version pour ténor solo, chœur et piano, en 1848.
195
+
196
+ La même année, le compositeur italien Ferdinando Carulli publie son op. 330, des Variations sur La Marseillaise pour guitare solo[78]
197
+
198
+ En 1839, Schumann inclut une citation des premières notes de La Marseillaise dans le premier mouvement du Carnaval de Vienne, par défi envers Metternich qui en avait interdit toute exécution à Vienne. Schumann l'évoquera également dans l'ouverture de Hermann et Dorothée en 1851 (opus 136) et dans Les Deux Grenadiers.
199
+
200
+ En 1848, la Marseillaise des cotillons est un hymne féministe de L. de Chaumont publié dans La République des femmes, journal des cotillons et organe des Vésuviennes, jeunes femmes suivant la tradition saint-simonienne d'émancipation féminine.
201
+
202
+ En 1867, peu après la guerre de Sécession, La Marseillaise noire, version militante contre l'esclavage fut écrite par Camille Naudin, un afro-américain de la Nouvelle-Orléans, d'origine française[79]. Cette version ne doit pas être confondue avec celle de Lamartine pour sa pièce Toussaint-Louverture, et encore moins avec le poème de Louise Michel, sans rapport avec l'esclavage.
203
+
204
+ En 1871, le texte de l'hymne ouvrier l'Internationale fut probablement écrit à l'origine sur l'air de la Marseillaise, qui a la même coupe[80] (écouter ici[81] “La Marseillaise de la Commune”)
205
+
206
+ Il fallut attendre 1888 pour que fût composé l'air actuel de l'Internationale, par Pierre Degeyter. En 1979, Coco Briaval enregistra ces deux œuvres sur un disque 45 tours, La Marseillaise - l'Internationale, paru chez Unidisc.
207
+
208
+ En 1872, le compositeur hongrois Franz Liszt a composé une fantaisie pour piano sur l'air de la Marseillaise.
209
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210
+ En 1880, le thème de La Marseillaise a été repris par Piotr Ilitch Tchaïkovski dans son Ouverture solennelle 1812 opus 49 célébrant la victoire russe de 1812 sur les armées napoléoniennes. On peut y entendre les premières notes de la mélodie utilisées comme motif mélodique récurrent, en opposition aux thèmes mélodiques de différents chants patriotiques russes.
211
+
212
+ Vers 1888 une version boulangiste fut composée[82].
213
+
214
+ À l'occasion du 1er mai 1891, le mineur Séraphin Cordier a écrit La Nouvelle Marseillaise des mineurs, hymne de protestation contre l'exploitation des mineurs.
215
+
216
+ En 1913, Claude Debussy termine son 2e Livre de Préludes pour piano par une pièce intitulée Feux d'Artifice qui se conclut par une citation de quelques notes du refrain de La Marseillaise.
217
+
218
+ En 1914, Erik Satie introduit une brève citation des premières notes de la Marseillaise dans « Les Courses », treizième morceau de Sports et Divertissements.
219
+
220
+ Durant la Première Guerre mondiale, une version corse, La Corsica, fut composée par Toussaint Gugliemi : « Adieu, Berceau de Bonaparte / Corse, notre île de Beauté[83]… »
221
+
222
+ En 1919, Igor Stravinsky compose un arrangement pour violon.
223
+
224
+ En 1929, Dmitri Chostakovitch l'a utilisé dans sa musique pour le film La Nouvelle Babylone, en la superposant parfois avec le french cancan d'Offenbach. De la même manière, en 1999, le compositeur polonais Wojciech Kilar a repris des fragments du thème de la Marseillaise dans le film Pan Tadeusz : Quand Napoléon traversait le Niémen, également dans le passage intitulé Rok 1812 (L'année 1812).
225
+
226
+ En 1942, un arrangement au ton dramatique de la Marseillaise sert de générique au film américain Casablanca de Michael Curtiz avec une musique de Max Steiner. Le thème est réutilisé au cours du film dans différents tons. Une des scènes du film voit par ailleurs la confrontation entre la Marseillaise et Die Wacht am Rhein, hymne officieux de l'Allemagne nazie.
227
+
228
+ En 1946, Django Reinhardt et le Quintette du Hot Club de France enregistrent Echos de France, reprise de La Marseillaise.
229
+
230
+ En 1965, le saxophoniste Albert Ayler compose une oeuvre intitulée Spirits rejoice reprenant la musique des couplets de La Marseillaise.
231
+
232
+ En 1967, dans la chanson All You Need Is Love, les Beatles se sont servis de l'intro de la Marseillaise pour illustrer le début de leur chanson.
233
+
234
+ En 1981, Mel Brooks en a aussi fait une reprise, en introduction, sur son morceau It's Good To Be The King.
235
+
236
+ En 1992, pour le bicentenaire de La Marseillaise, Guy Reibel compose La Marseillaise des Mille (par référence à la Symphonie des Mille de Mahler), créée aux Invalides en juillet et faisant intervenir dix formations instrumentales et cinq cents chanteurs tous provenant de divers corps des armées françaises[84].
237
+
238
+ Pierre Cochereau, organiste titulaire du grand-orgue de Notre-Dame de Paris de 1955 à sa mort en 1984, a improvisé plusieurs pièces remarquables sur cet instrument, dont Prélude, Adagio et Choral varié (1968)[85], Sortie de messe (1977)[86]
239
+
240
+ Les fans de l'équipe de football de Manchester United reprenaient l'air de la Marseillaise en l'honneur d'Éric Cantona lorsqu'il jouait dans leur club, remplaçant « Aux armes citoyens ! » par « Oh ah, Cantona[87] ! »
241
+
242
+ En 2006, CharlÉlie Couture a repris le thème musical dans une chanson intitulée Ma Marseillaise.
243
+
244
+ Le 21 juillet 2007, alors occupé à essayer de former un gouvernement, l'homme politique belge Yves Leterme l'entonne lorsqu’un journaliste de la RTBF lui demande de chanter La Brabançonne[88],[89], suscitant de nombreuses réactions dans la classe politique.
245
+
246
+ En 2012, la comédienne syrio-libanaise Darina Al Joundi crée le spectacle Ma Marseillaise[90].
247
+
248
+ En 2015, lors de la messe solennelle à Notre-Dame de Paris le dimanche 15 novembre en hommage aux victimes des attentats, Olivier Latry, l'un des 4 co-titulaires du grand-orgue, improvise une prenante fin d'offertoire sur La Marseillaise[91]
249
+
250
+ En 2018, pendant la finale de coupe du monde de football France/Croatie le 15 juillet, l'organiste anglais David Briggs improvise une Symphonie pour orgue sur le grand-orgue de la Cathédrale Saint-Étienne de Bourges[92]
251
+
252
+ En 2020, le compositeur franco-américain Francis Kayali fait paraître Rouget (12 variations sur La Marseillaise) pour piano solo[93]
253
+
254
+ L'Alliance populaire révolutionnaire américaine, principal parti politique péruvien, a repris l'air de la Marseillaise pour son hymne.
255
+
256
+ Le Parti socialiste du Chili utilise également la musique de la Marseillaise pour son hymne (La Marseillaise socialiste)[94].
257
+
258
+ Comme tout chant ou chanson célèbre, la Marseillaise a été souvent parodiée par divers artistes ou confréries, à des fins humoristiques ou politiques. On peut citer, comme exemples :
259
+
260
+ On trouve aussi Le chant des blancs, une « Marseillaise milanaise », En avant peuple d'Italie, la Marseillaisa dos Peréreus, la Marseillaise des femmes, etc.
261
+
262
+ Le nom même de « Marseillaise » a été employé au sens d'« hymne », dans divers textes ou chansons. Ainsi :
263
+
264
+ Selon une étude faite par deux musicologues[102], l’air entraînant de La Marseillaise, le fait que le public puisse chanter à pleins poumons sans crainte de se tromper, rendent particulièrement accessible ce chant national. Ces chercheurs ayant comparé six hymnes nationaux sur la base d’une trentaine de variables (effort vocal requis, longueur des strophes, vocabulaire, etc.), il s'avère que La Marseillaise, devant les hymnes australien, allemand et canadien, se distingue par sa facilité à être chantée ; les hymnes américain et britannique étant, pour leur part, qualifiés par les musicologues de « véritables épreuves ».
265
+
266
+ Le musicologue Maurice Le Roux[103] expliquait en 1972 que « Dans la Marseillaise ce qui projette les gens hors d'eux-mêmes ce sont les quatre premières notes. Le premier intervalle est une quarte, un intervalle considéré comme viril, comme fort (par exemple, toutes les interventions de Don Giovanni dans l'opéra de Mozart commencent par des quartes). C'est un intervalle ardent ! Les quatre premières notes de La Marseillaise forment ensemble l'intervalle le plus grand qu'en principe une voix peut chanter, c'est-à-dire une octave. On a dans ces quatre notes une sorte d'élan formidable. […] Il y a dans La Marseillaise tout ce qui est de plus caractéristique dans le langage musical européen du XVIIIe siècle. »
267
+
268
+ L’hymne national français est un chant guerrier hérité des guerres de la Révolution française et un hymne à la liberté. Le 20 avril 1792, l’Assemblée législative déclare la guerre à l’empereur romain germanique Léopold II. Dans la nuit du 25 au 26 avril, Rouget de Lisle compose le Chant de guerre pour l’armée du Rhin, destiné à encourager les troupes.
269
+
270
+ En France, certaines paroles de La Marseillaise n'ont pas été sans susciter des polémiques et des critiques, en particulier le vers « Qu'un sang impur abreuve nos sillons », dans lequel on a pu voir l'expression d'une violente xénophobie pouvant choquer la sensibilité moderne[104].
271
+
272
+ Selon une théorie tardive, avancée par le professeur de lettres Frédéric Dufourg dans la première édition (2003) de son livre La Marseillaise[105],[106] et reprise par l'écrivain et essayiste Dimitri Casali[107], ces vers font référence indirectement au « sang bleu » des aristocrates, sang « noble » et « pur »[105], les révolutionnaires se désignant par opposition comme les « sangs impurs », prêts à donner leur vie pour sauver la France et la République trahies par la famille royale[108],[109]. Cependant cette théorie est démentie par les historiens.
273
+
274
+ Pour l'homme politique Jean Jaurès[110], les historiens Jean-Clément Martin[111],[112], Diego Venturino[113], Élie Barnavi[114], le journaliste Paul Goossens[114], et l'historien Bernard Richard[115], aux yeux de Rouget de Lisle et des révolutionnaires, le « sang impur » est bel et bien celui de leurs ennemis. Les discours et les déclarations des révolutionnaires, de même que l'iconographie de l'époque[116], attribuent clairement le « sang impur » aux contre-révolutionnaires.
275
+
276
+ « C'est au Dieu des armées que nous adressons nos vœux : notre désir est d'abreuver nos frontières du sang impur de l'hydre aristocrate qui les infecte : la terreur est chez eux et la mort part de nos mains. Citoyens ! nous serons vainqueurs[117],[118]. »
277
+
278
+ — Lettre écrite par 45 volontaires du 3e bataillon de la Meurthe à la municipalité de Lunéville, le 10 août 1792.
279
+
280
+ « J’ai démontré la nécessité d’abattre quelques centaines de têtes criminelles pour conserver trois cent mille têtes innocentes, de verser quelques gouttes de sang impur pour éviter d’en verser de très-pur, c’est-à-dire d’écraser les principaux contre-révolutionnaires pour sauver la patrie[119]. »
281
+
282
+ — Jean-Paul Marat, Journal de la République française, le 7 novembre 1792.
283
+
284
+ « Cette partie de la République française présente un sol aride, sans eaux et sans bois ; les Allemands s'en souviendront, leur sang impur fécondera peut-être cette terre ingrate qui en est abreuvée[120]. »
285
+
286
+ — Discours de Dumouriez devant la Convention nationale, le 10 octobre 1792.
287
+
288
+ « Nous sommes ici à exterminer le restant des chouans, enfouis dans des bois ; le sang impur des prêtres et des aristocrates abreuve donc nos sillons dans les campagnes et ruisselle à grands flots sur les échafauds dans nos cités. Jugez quel spectacle est-ce pour un républicain animé, comme je le suis, du plus pur amour du feu le plus sacré de la liberté et de la patrie qui brûle dans mes veines[121]. »
289
+
290
+ — Lettre de Cousin à Robespierre, à Cossé le 27 nivôse an II (16 janvier 1794).
291
+
292
+ « Eh bien, foutre, il n'en coûtera pas plus pour anéantir les traîtres qui conspirent contre la République. La dernière heure de leur mort va sonner ; quand leur sang impur sera versé, les aboyeurs de l'aristocratie rentreront dans leurs caves comme au 10 août[122]. »
293
+
294
+ — Jacques-René Hébert, Le Père Duchesne
295
+
296
+ « Quel espoir peut rester à l’empereur et au roi d’Espagne depuis que la justice nationale a scellé la liberté française par le sang impur de ses tyrans[123] ? »
297
+
298
+ — Discours de Jacques-Nicolas Billaud-Varenne devant la Convention nationale, le 20 avril 1794.
299
+
300
+ « Par toute la France le sang a coulé mais presque partout cela a été le sang impur des ennemis de la Liberté, de la Nation et qui depuis longtemps, s'engraissent à leurs dépens[124]. »
301
+
302
+ — Napoléon Bonaparte, lettre écrite à son frère Joseph, le 9 août 1789.
303
+
304
+ En 1903, Jean Jaurès publie une défense des chants révolutionnaires socialistes, et notamment de l'Internationale, à laquelle ses détracteurs opposent La Marseillaise. Admirateur de ce chant, Jaurès en rappelle cependant la violence et critique le couplet sur le « sang impur », jugé méprisant envers les soldats étrangers de la Première Coalition :
305
+
306
+ « Mais ce n'est pas seulement sur la forme que porte la controverse ; c'est sur les idées. Or, je dis que La Marseillaise, la grande Marseillaise de 1792, est toute pleine des idées qu'on dénonce le plus violemment dans L'Internationale. Que signifie, je vous prie, le fameux refrain du « sang impur » ? — « Qu'un sang impur abreuve nos sillons ! », l'expression est atroce. C'est l'écho d'une parole bien étourdiment cruelle de Barnave. On sait qu'à propos de quelques aristocrates massacrés par le peuple, il s'écria : « Après tout, le sang qui coule est-il donc si pur ? » Propos abominable, car dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le répandre à flots et les révolutions deviennent des boucheries. Mais de quel droit la Révolution flétrissait-elle de ce mot avilissant et barbare tous les peuples, tous les hommes qui combattaient contre elle ?Quoi ! tous ces Italiens, tous ces Autrichiens, tous ces Prussiens qui sous le drapeau de leur gouvernement combattent la France révolutionnaire, tous les hommes qui, pour obéir à la volonté de leurs princes, c'est-à-dire à ce qui est alors la loi de leur pays, affrontent la fatigue, la maladie et la mort ne sont que des êtres vils ? Il ne suffit pas de les repousser et de les vaincre ; il faut les mépriser. Même la mort ne les protège pas contre l'outrage ; car de leurs larges blessures, c'est « un sang impur » qui a coulé. Oui, c'est une parole sauvage. Et pourquoi donc la Révolution l'a-t-elle prononcée ? Parce qu'à ses yeux tous les hommes qui consentaient, sous le drapeau de leur roi et de leur pays, à lutter contre la liberté française, espoir de la liberté du monde, tous ces hommes cessaient d'être des hommes ; ils n'étaient plus que des esclaves et des brutes. (…)Et qu'on ne se méprenne pas : toujours les combattants ont essayé de provoquer des désertions chez l'ennemi. Mais ici il y a quelque chose de nouveau : c'est qu'aux yeux de la Révolution, le déserteur, quand il quitte le camp de la tyrannie pour passer dans le camp de la liberté, ne se dégrade pas, mais se relève au contraire ; le sang de ses veines s'épure, et il cesse d'être un esclave, une brute, pour devenir un homme, le citoyen de la grande patrie nouvelle, la patrie de la liberté, les déserteurs, bien loin de se méfier d'eux, elle les traite en citoyens. Elle ne se borne pas à leur jeter une prime, elle leur assure sur les biens nationaux des petits domaines et elle les inscrit, par là, dans l'élite révolutionnaire ; elle les enracine à la noble terre de France, elle leur réserve la même récompense qu'elle donne aux vétérans de ses propres armées. Bien mieux, elle les organise en bataillons glorieux, elle les envoie en Vendée pour combattre la contre-révolution, non pas comme des mercenaires mais comme des fils en qui elle met sa complaisance. Seul Marat, avec son bon sens irrité et son réalisme aigu, rappelle la Révolution à plus de prudence. « Que pouvez-vous attendre, écrit-il, des hommes qui, quoique vous en pensiez, ne sont venus à vous que pour de l'argent[110] ? »
307
+
308
+ — Jean Jaurès, La Petite République socialiste, 30 août 1903.
309
+
310
+ Selon Diego Venturino, l'expression « sang bleu » est inexistante au XVIIIe siècle, à cette époque avoir le « sang pur » est synonyme de vertu et le « sang impur » est synonyme de vice : « Lorsque les Révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle chantaient « marchons, marchons, qu'un sang impur abreuve nos sillons », voulaient-ils discriminer le sang pur de la race française du sang impur des étrangers ? ou bien évoquer les traîtres à la patrie et les ennemis des valeurs de la révolution en particulier, ces hommes qui sont devenus impurs par leur refus de la nouvelle religion révolutionnaire. Il s'agit là d'une genèse historique non biologique de la pureté ou de l'impureté »[113].
311
+
312
+ Pour Élie Barnavi et Paul Goossens « Rouget de Lisle utilisera cette notion de sang impur (dans La Marseillaise) mais sans l'associer à un peuple. Pour lui, le sang impur est celui de l'ennemi »[114].
313
+
314
+ Pour Jean-Clément Martin, les paroles de La Marseillaise sont à replacer dans le contexte de l'époque, où les diverses factions révolutionnaires sont fortement divisées et rivales. Rouget de Lisle, révolutionnaire monarchien, surenchérit dans la violence des paroles pour s'opposer à Marat et aux sans-culottes :
315
+
316
+ « Le Chant de guerre de l'armée du Rhin, devenu quelques mois plus tard La Marseillaise, est une chanson initialement proposée en alternative aux couplets jugés dangereux de La Carmagnole qu'il fallait contrer dans l'esprit du compositeur Rouget de Lisle et de son promoteur le Strasbourgeois Dietrich. La chanson est popularisée, sur les routes vers Paris, par les fédérés marseillais, autant fervents patriotes que fermement opposés à Marat ! Selon un schéma fréquent au sein de toute période révolutionnaire, les divisions, d'origine politiques, sociales, culturelles, régionales aussi, ne jouent donc pas entre deux camps mais aussi à l'intérieur de chacun. Il faut ainsi comprendre la véhémence des paroles de La Marseillaise dénonçant la « horde d'esclaves » et poussant à répandre le « sang impur » des « complices de Bouillé » et des traîtres. Dans la lutte contre les « barbares », le plus révolutionnaire est le plus radical. On attend aussi que les troupes étrangères se rallient à la Révolution, rejoignant leurs frères véritables. Ce ne sera que par la suite que l'ennemi sera identifié à l'étranger et que la Révolution s'engagera dans une défense de l'identité nationale[111]. »
317
+
318
+ — Jean-Clément Martin, Violence et Révolution : Essai sur la naissance d'un mythe national.
319
+
320
+ Toujours selon Jean-Clément Martin à propos de l’interprétation de Casali qui a depuis été largement véhiculée sur Internet :
321
+
322
+ « Une interprétation aussi fausse que dangereuse, parce qu’elle nourrit la confusion des esprits, court à propos de l’expression « sang impur » dans la Marseillaise, pour faire de ce sang impur celui des « révolutionnaires », du « peuple » sacrifié pour la bonne cause. Les textes de l’époque démentent catégoriquement cette vision sacrificielle et a-historique. Il faut assumer son passé et éviter de le déformer, pour empêcher des dérives dramatiques[125]. »
323
+
324
+ — Jean-Clément Martin, « Qu'un sang impur abreuve nos sillons » à propos d'une mauvaise querelle.
325
+
326
+ Éric Besson, alors ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a rappelé le sens de ces paroles de La Marseillaise sur France Inter le 8 février 2010[126] :
327
+
328
+ « Sur La Marseillaise, […] je pense que tous nos concitoyens et notamment les plus jeunes d’entre eux, doivent comprendre et connaître les paroles de La Marseillaise, et notamment pour une raison qui ne vous a pas échappé, c’est que la formule, la phrase « qu’un sang impur abreuve nos sillons » en 2010, elle n’a rien d’évident. Qu’est-ce qu’il faut expliquer ? Que le sang impur ce n’est pas le sang des étrangers, c’est historiquement le sang de ceux qui voulaient abattre la Révolution française, le sang de ceux qui voulaient mettre fin à notre République. »
329
+
330
+ Nombreuses furent les tentatives de réécriture du texte[127]. Ainsi peut-on citer un poème d'Alphonse de Lamartine, La Marseillaise de la paix[128], la version avec le même titre de Paul Robin à la fin du XIXe siècle[129], la Franceillaise d'André Breton[130], L'hymne pour la jeune Europe de Muse Dalbray[131] dans les années 1930, récemment les versions de Graeme Allwright[132], Christian Guillet[133], Philippe Dac, Pierre Ménager[134], Pascal Lefèvre, Aude Gagnier ou encore Édith de Chalon[135].
331
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332
+ « Pour une Marseillaise de la Fraternité » fut une initiative conduite dans les années 1990 par le Père Jean Toulat pour obtenir une révision des paroles avec le soutien de personnes telles que l'abbé Pierre et Théodore Monod[136],[137].
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+ En octobre 2007, Christine Boutin, présidente du Forum des républicains sociaux, a proposé de changer l'ordre des couplets de La Marseillaise en cas d'élection à la fonction présidentielle, afin de rendre l'hymne national « moins sanguinaire et moins révolutionnaire »[138].
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+ Depuis longtemps déjà, plusieurs personnes et associations proposent des textes de révision de la Marseillaise et veulent organiser des concours ou des forums dans les écoles ou sur internet[139],[140],[141].
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+ L'interprétation de l'hymne en accompagnement de manifestations sportives auxquelles participent des représentants français a été, depuis les années 1990, l'occasion de certaines polémiques, principalement dans le domaine du football.
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+ Une controverse, épisodique mais récurrente, concerne l'interprétation de l'hymne par les joueurs de l'équipe de France de football avant le début des rencontres. En 1996, durant le championnat d'Europe, Jean-Marie Le Pen déplore qu'une partie des membres de l'équipe de France, venus selon lui « de l'étranger », ne reprennent pas en chœur l'hymne national[142]. Dans le courant des années 2000, la polémique autour de la nécessité ou non, pour des athlètes français, d'entonner La Marseillaise, refait surface au point de devenir un sujet de débat régulier. En 2010, la secrétaire d'État aux sports Rama Yade et sa ministre de tutelle Roselyne Bachelot s'expriment ainsi sur le sujet, la première jugeant qu'il ne faut pas imposer aux joueurs de chanter l'hymne avant les rencontres, la seconde émettant le souhait qu'il soit chanté[143],[144],[145]. Une partie de la classe politique française réclame que les Bleus entonnent systématiquement La Marseillaise ; en 2010, le sélectionneur Laurent Blanc incite ses joueurs à reprendre l'hymne, soulignant que « les gens sont très sensibles à ce sujet »[146]. Michel Platini rappelle pour sa part qu'il n'a jamais, au cours de sa carrière, chanté La Marseillaise, précisant qu'il aime la France mais pas cet « hymne guerrier qui n'a rien à voir avec le jeu »[147]. En 2012, Noël Le Graët, président de la Fédération française de football, déplore que des joueurs de l'équipe de France ne chantent pas La Marseillaise, ce qui lui apparaît comme un « problème de savoir-vivre, de culture, de respect »[148], et dit souhaiter que l'hymne, « sinon chanté », « soit au moins ressenti »[149],.
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+ Parallèlement aux controverses sur l'attitude des sportifs représentant la France envers leur hymne national, La Marseillaise est à plusieurs reprises, durant les années 2000, l'objet d'outrages dans le contexte de matches de football, ce qui entraîne d'importantes polémiques publiques, puis des conséquences législatives. Le 6 octobre 2001, lors du match France – Algérie au stade de France qui a été par la suite interrompu par l'irruption sur le terrain des spectateurs, La Marseillaise avait été sifflée par une partie du public[150] ; ceci avait provoqué une vive réaction à travers le pays. Au printemps 2002, certains supporters corses du Sporting Club Bastiais avaient sifflé à nouveau l'hymne national à l'occasion de la finale de la Coupe de France, provoquant l'ire du président Jacques Chirac, qui avait décidé en conséquence de boycotter la remise du trophée au vainqueur. À la suite de ces affaires, en mars 2003, un amendement à la loi pour la sécurité intérieure crée en France le délit d'outrage au drapeau ou à l'hymne national[151].
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+ Lors d'un déplacement en 2005 en Israël, comptant pour les qualifications pour le Mondial 2006, les spectateurs du stade Ramat-Gan de Tel-Aviv sifflent l'hymne français et conspuent Fabien Barthez tout au long de la partie[152].
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+ Ce type d'événement s'est reproduit lors des matchs amicaux de football France – Maroc, le 17 novembre 2007[153], et France – Tunisie, le 14 octobre 2008[154], là encore au stade de France. L'ambassade de Tunisie en France, sollicitée par la presse, émet un communiqué dont le dernier point invite à « éviter les amalgames afin de ne pas donner du grain à moudre aux intolérants de tous bords »[155].
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+ Michel Platini, ancien capitaine international français et président de l'UEFA estime que ces sifflets représentent des « manifestations contre un adversaire d'un soir, en l'occurrence l'équipe de France » et « ne sont pas une insulte à la France »[156]. Il déplore ce qu'il appelle la récupération politique qui est faite de ces sifflets, inhérents au monde du football et du sport en général. Il rappelle les manifestations de joie au lendemain de la victoire des « Black-Blancs-Beurs » de la coupe du monde de 1998, les drapeaux français tenus à bout de bras et la Marseillaise chantée par les supporters français.
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+ La Marseillaise a également été sifflée, de même que le sélectionneur Raymond Domenech lors de l'apparition de son portrait sur écran géant dans le stade, par des supporters italiens lors du match Italie — France le 8 septembre 2007 et Tunisie — France en 2008, dans le cadre d'une rencontre de qualification pour l'Euro 2008 disputée à San Siro (Milan). Ces sifflements ont été commis en réponse aux attaques répétées du sélectionneur français dans la presse contre la sélection italienne avant ce match[152]. Selon le sociologue Emmanuel Todd, ce type de manifestation lors des matchs de football qui survient en pleine crise financière en 2008 serait instrumentalisé par les hommes politiques pour masquer les réels problèmes que connaît la France comme la « crise de la démocratie » et les menaces qui pèsent sur son industrie[157].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ « Gavroche : « …En avant les hommes ! qu'un sang impur inonde les sillons ! Je donne mes jours pour la patrie, … » »
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+ La Mecque[1] (en arabe : مكة, makka) est une ville de l'ouest de l'Arabie saoudite, non loin de la charnière séparant le Hedjaz de l'Asir, à 80 km de la mer Rouge, et capitale de la province de la Mecque.
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+ Lieu de naissance, selon la tradition islamique, du prophète de l'islam Mahomet à la fin du VIe siècle[2], elle abrite la Kaaba au cœur de la mosquée Masjid Al-Haram (« La Mosquée sacrée ») et la tradition musulmane a lié sa fondation à Ibrahim (Abraham), ce qui en fait la ville sainte la plus sacrée de l'islam. L'accès est interdit aux personnes qui ne sont pas de confession musulmane ainsi qu'aux femmes seules, même musulmanes[3].
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+ L'histoire pré-islamique de la ville est assez obscure et difficilement accessible. C'est annuellement et depuis le VIIe siècle le lieu du pèlerinage de La Mecque (hajj) qui rassemble, depuis la fin du XXe siècle, des millions de fidèles des différentes confessions de l'islam, venus du monde entier. C'est également le lieu vers lequel se tournent pour leurs prières quotidiennes les croyants musulmans[4].
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+ Depuis les années 1970, des spéculateurs immobiliers construisent des infrastructures, avec un gigantisme comparable à celles de Las Vegas, pour permettre d'accueillir plus de fidèles, mais détruisant dans le même temps des sites historiques islamiques[5],[6].
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+ La ville de La Mecque a pour nom officiel actuel Makkah[7] (en arabe : مَكَّة [makkaʰ al mukarramaʰ], « La Mecque »).
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+ Le géographe grec Ptolémée (IIe siècle) mentionne dans son ouvrage Géographie VI, 7, 31-37[8] une « Makoraba » située en Arabie heureuse (Arabia felix)[9],[10] c'est-à-dire l'actuel Yémen. Certains chercheurs y voient la première mention de la Mecque, une thèse qui reste débattue.
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17
+ L'étymologie de Macoraba est incertaine. Certains chercheurs la font remonter à l'arabe yéménite maqrab qui signifierait « sanctuaire »[11] d'autres à l'éthiopien mikrab, « le temple »[12]. Mekwarb peut signifier le « palais », le « lieu sacré » ou la « synagogue », sans être antinomique du sens surbaissé pour désigner « le lieu du sanctuaire »[13]. Makoraba peut suggérer la présence d'une ressource en eau pérenne qui attirait une population sédentaire et près de laquelle la Kaa'ba fut bâtie à une époque indéterminée[14]. Cependant, à partir de la langue afar, une langue du même groupe que l'arabe yéménite appartenant au groupe de l'afrasiatique, la traduction du mot maqrab (pl. maqrooba) signifie « amas de pierres rouges et plates »[15].
18
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19
+ En 1987, dans son livre Meccan trade and the Rise of Islam, l'historienne Patricia Crone remet en question l'identification de la Makoraba avec le site de la Mecque[16] : selon elle, une évolution de la racine krb de « Makoraba » en mkk de Mekka est impossible[16]. En 2010, Mikhaïl D. Bukharin, soutient que le nom Macoraba pourrait dériver — via le grec — de l'arabe maghrib (« ouest »), conjecturant que le sud-ouest du Hedjaz et la région de La Mecque étaient connus des romains et des grecs de la seconde moitié du IIe siècle sous le nom de « l'Ouest »[17], dans une hypothèse « curieuse »[18] qui, identifiant la Mecque à la Macoraba de Ptolémée[19], demeure spéculative et conforte paradoxalement[20] les positions de Crone[21].
20
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21
+ En 2018, l'historien Ian D. Morris relève que le consensus sur l'identification entre la Mecque et Macoraba a pu exister car la question, peu approfondie[22], n'a pas été réexaminé avant Crone et que cette attribution, arbitraire et fragile, doit être requestionnée[23]. En 2019, l'historien Guillaume Dye, citant Morris, remet également cette hypothèse en question dans Le Coran des historiens[19].
22
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23
+ Selon les commentateurs musulmans, le nom la Mecque apparaîtrait à deux reprises dans des passages tardifs du Coran sous la dénomination de Makka (48,24) et sous celle, plus controversée, de Bakka (3,96) ; certains de ces commentateurs considèrent que ces termes puissent être des dérivatifs de noms plus anciens dont il existe peut-être des traces.
24
+
25
+ Le verset 3,96 mentionne : « Certes, le premier sanctuaire qui ait été édifiée pour les gens, c'est bien celle de Bakka bénie et une bonne direction pour l'univers ». L'exégèse traditionnelle du Coran (Tafsir) assimile également ce nom de Bakka à celui de Makka/La Mecque pour revendiquer une grande antiquité à la ville, qui en ferait ainsi le premier centre cultuel du monde. Cette assimilation et l'interprétation du nom sont également débattues[24]. L'archéologie montre cependant que les premières constructions datent du VIIIe siècle. Lors de la construction du complexe Abraj Al Bait Towers des fouilles ont été entreprises sur le site. L'architecte Sami Angawi en sa qualité de docteur de philosophie en architecture islamique a dirigé ces fouilles et relève que les première strates d'occupations du sol remonte au mieux à la formation de l'islam il y a 1 400 ans, l'architecture est de type abbasside[25].
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27
+ Pour Tesei, si les commentateurs ont relié Bakka à la Mecque, celui-ci considère ce lien comme douteux. Ce toponyme apparaît, en effet, dans le psaume 84 sans référence à une ville arabe. Ce passage semble davantage lié à l’autel d’Abraham sur une montagne du pays de Moriyya. Pour Reynolds, il est possible que le Coran, par ce passage, « transfère ces traditions à un lieu en Arabie » et il n’est pas impossible que la Mecque ait été choisie comme site de la « Maison », par la correspondance avec certains traits de la description coranique[26]. Pour Holmgren, dans la Bible, la vallée de Baca désigne une vallée au sud-ouest de Jérusalem (Psaume 84:6)[27].
28
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29
+ Selon certaines interprétations enfin, Bakka désignerait l’esplanade où la Kaaba fut construite, tandis que Makkah (pour « La Mecque » en arabe) désigne l’ensemble de la cité[28]. Enfin, al Haram signifiant « sacré », le territoire autour des deux villes saintes de La Mecque et de Médine se dit al-balad al-ḥarām, « le territoire sacré ».
30
+
31
+ Le philologue Christoph Luxenberg, dans un article daté de 2012[29], traduit l'expression « dans la vallée de la Makka » par « au milieu d'un conflit ». Ainsi, selon cette approche, le nom de La Mecque ne serait pas même cité dans le Coran.
32
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33
+ Dans les parties géographiques des puranas, composés au Ier millénaire ap. J.-C.[évasif], on trouve La Mecque sous le nom de मकेश्वर / Makeśvara. Pour le texte hindou, la pierre noire qui y est entreposée est l’emblème du dieu Shiva (le Lingam)[30].
34
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35
+ Selon le philologue Christoph Luxenberg qui théorisa en 2007 une origine syro-araméenne du Coran, le nom de la Mecque proviendrait plutôt de la racine araméenne Makk désignant une dépression topographique, soit notamment et justement une « vallée » qui accréditerait l'origine syro-araméenne[31].
36
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37
+ La ville de La Mecque se situe à l'ouest de l'Arabie saoudite, sur les pentes de la chaîne d'al-Sarawat, entre les massifs du Hedjaz et de l'Asir, plus précisément dans la vallée de l'oued Ibrahim au pied de collines de 60 à plus de 500 mètres de hauteur. Le port de Djeddah n'est distant que de 80 kilomètres. La partie est de la ville se situe entre 194 et 310 m au-dessus du niveau de la mer. La partie ouest, à 400 m, se caractérise par la présence de certains monts qui peuvent atteindre jusqu'à 900 m d'altitude comme le mont Jabal Tarki (qui est la plus haute montagne de la Mecque) et le Jabal Khandama qui culmine à 914 m. La partie centrale a une altitude moyenne de 294 m et la Kaaba est à 300 m. Cette partie est caractérisée par le mont Jabal Thor (759 m) qui a joué un rôle important dans la vie du prophète de l'islam Mahomet.
38
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39
+ La température à La Mecque atteint un maximum de 48 degrés l'été et un minimum de 18 degrés l'hiver, avec une moyenne comprise entre 29,9 et 31 degrés, ce qui en fait une des villes les plus chaudes du monde après In-Salah (et non Aïn-Salah) en Algérie.
40
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41
+ Sa population est estimée à 1 547 360 habitants (estimation 2012)[32]. La ville de La Mecque prospère surtout grâce aux millions de pèlerins qui s'y rendent chaque année. Le sanctuaire de La Mecque atteint sa pleine capacité de deux millions et demi de personnes lors des nuits du mois de ramadan (pour les prières nocturnes tarawih), ou lors du pèlerinage hajj.
42
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43
+ Le point antipodal de La Mecque (21° 25′ 21″ S, 140° 10′ 26″ O[33]) se situe dans l'océan Pacifique, en Polynésie française, à 55 kilomètres à l'est-nord-est de l'atoll de Tematangi (archipel des Tuamotu, commune de Tureia).
44
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45
+ La Mecque possède un climat subtropical désertique avec des étés très chauds et très secs et des hivers chauds et secs. Contrairement aux autres villes d'Arabie saoudite, La Mecque conserve une température moyenne maximale supérieure à 30 °C en période hivernale. En hiver, il peut y avoir de grands changements de température, qui peuvent par exemple en quelques jours passer de 45 °C à 30 °C. il peut faire rarement 25 °C, tout comme les températures peuvent souvent dépasser les 40 °C. Il ne neige jamais, il n'y a jamais de gel, et les pluies sont rares mais souvent brutales, orageuses, avec des inondations fréquentes. En été, les températures moyennes maximales dépassent 40 °C et les températures nocturnes restent supérieures à 28 °C. Les orages secs sont fréquents. Depuis 2004, de septembre à mai, les températures minimales observées dépassent toujours les 29 °C. À partir de mai, il n'est pas rare de voir des températures supérieures à 48 °C.
46
+
47
+ En 2009 une importante découverte paléontologique a lieu près de la Mecque, le paléontologue Iyad Zalmout[35], université du Michigan aux États-Unis, qui était à la recherche de fossiles de baleines et de dinosaures, a découvert un crâne fossilisé datant de 29 à 28 millions d’années, qui correspond à l'espèce Saadanius hijazensis[36], un Primate catarrhinien apparenté à l’ancêtre commun des Grands Singes (dont l'Homme) et des Cercopithèques. Les chercheurs vont accentuer les recherches dans cette région d'Asie et particulièrement dans les strates géologiques de cette période.
48
+
49
+ On appelle généralement « Tradition musulmane » ou « islamique » « l'ensemble des textes produits ou enregistrés aux premiers siècles de l'islam »[37]. Selon le Coran et les hadith, la ville aurait été fondée avant la période islamique par Ibrahim et Ismaël. Dieu renouvelant solennellement son alliance en leur faveur convoque les hommes à « la Maison », al-bayt (البيت), transposition directe du syro-araméen bayta (ܐܬܝܒ) pour qu’ils adoptent « pour lieu de prière ce lieu où Abraham se tint » (s. 2/v. 125).
50
+
51
+ Cette tradition coranique correspond au dogme religieux selon lequel la première « demeure (bayt) divine » terrestre a été créée par Abraham à La Mecque[38], affirmation qui atteste de la polémique entre Mahomet et la communauté judaïque de Médine, ainsi dépossédée de la figure patriarcale fondatrice désormais islamisée[39].
52
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53
+ Les récits anciens transmis par la tradition musulmane expliquent que c'est une source miraculeusement apparue grâce à une intervention divine qui est à l'origine de la ville. L'histoire rapportée par les Qisas Al-Anbiya (en), le Livre des Prophètes, rejoignant partiellement un récit de la Genèse[40], explique que l'épouse d’Abraham (Ibrahim), Sarah (Śāra), exigea de celui-ci qu'il exile sa concubine Agar (Hajar) et l'enfant qu'elle lui a donné, Ismaël (Ismāʿīl)[41].
54
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55
+ Le patriarche s'exécuta et, au terme d'une longue marche, abandonna son enfant et sa concubine à la providence divine dans un endroit inhabité, désertique et sauvage. Agar chercha âme qui vive entre les collines de Safâ et Marwah mais c'est à une intervention de l'ange Gabriel (Djibril) qu'elle dut son salut : celui-ci lui apparut et donna un coup de talon sur le sol d'où jaillit la source connue aujourd'hui sous le nom de Zamzam[41]. La source attira bientôt des nuées d'oiseaux qui attirèrent à leur tour l'attention de la tribu de Jurhum à laquelle Agar donna accès à la source en échange de leur protection pour elle et son fils. Les membres de cette tribu, surnommée par l'historiographie musulmane les « Vrais Arabes », installèrent leur campement à cet endroit et sont considérés comme les premiers habitants de la Mecque[41].
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57
+ Ismaël, devenu un homme, prit pour épouse une Jurhum. Abraham vint le visiter une fois par an et, au cours de l'un de ses séjours, reçut l'injonction divine de construire le sanctuaire de la Kaaba. Les deux hommes se firent aider par les Jurhum qui se convertirent alors au monothéisme du Patriarche[42].
58
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+ L'histoire pré-islamique de La Mecque est assez obscure[39]. Dans les dernières décennies du XXe siècle, les vestiges antiques, médiévaux et modernes de la ville ont été détruits systématiquement et l'on ignore dès lors tout de son archéologie[43]. Cette histoire pré-islamique repose sur des traditions musulmanes tandis que plusieurs chercheurs remettent en cause l’existence de La Mecque à cette époque. Pour R. Simon, « Les spécialistes qui n'utilisent que les informations de la tradition musulmane, n'ont jusqu'à ce jour pas été à même de mettre convenablement au point la préhistoire de la Mecque[44]. »
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+ Selon la tradition musulmane, son implantation ne devrait rien à une oasis. Cette singularité qui serait relevée par le Coran[45] participerait de son caractère sacré, préexistant à l'implantation de l'islam. Mais, en vérité, la ville s'est probablement structurée dans cette région aride autour d'un point d'eau qui, d'ailleurs, existe toujours et qui est à l'origine de la Kaaba, lieu sacré où se seraient retrouvées les caravanes et les tribus. Et il reste la trace d'une divinité protectrice. Il accueille à proximité et à une date indéterminée un bétyle — une « demeure (bayt) du dieu (el) » — qui fait l'objet d'un pèlerinage aux environs de l'équinoxe de printemps[39].
62
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+ Reprenant la tradition musulmane, la Mecque serait, aux VIe et VIIe siècles, un centre économique modeste au regard des grandes cités caravanières comme Palmyre et Pétra, ses ressources apparaissent limitées et on y souffre régulièrement de la faim[37]. Mais c'est un centre sanctuaire et cultuel polythéiste qui abrite la Kaaba et accueille des pèlerinages donnant lieu à de grands rassemblements, notamment au cours des trêves, coïncidant avec la tenue d'importantes foires[46].
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+ La tradition musulmane présente une Arabie préislamique misérable et anarchique appelée l'« Âge de l'Ignorance », traduisant une période de crise, d'appauvrissement et de dérèglements qui a probablement existé mais seulement pendant quelques dizaines d'années avant l'hégire[47]. Des populations nouvelles auraient alors pris la place de populations plus anciennes, dispersées ou disparues. À La Mecque, c'est Qusay qui, ayant uni les différentes tribus qurayshites au début du VIe siècle[48], prend le contrôle de la ville, six générations avant Mahomet[49].
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+ À la veille de l'islam, la ville est passée de la domination du clan Hashîm et de la tribu Quraysh, au sein duquel Mahomet voit le jour, à celle du clan Umayya[50] qui a bénéficié du commerce caravanier renaissant[51].
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+ Sur le plan religieux, la tradition atteste du polythéisme mecquois des qurayshites dont le panthéon se compose d'idoles que l'on trouve dans l'enceinte sacrée — le Haram — panthéon dominé par le dieu ancestral Hubal, accompagné de Manaf (en), Isaf et Na'ila (culte de Isaf et Na'ila)[52]. S'y superposent les divinités propres à l’association cultuelle, dite Hums, qui unit les tribus d'Arabie occidentale au sanctuaire mecquois[53] ; on compte parmi elles Allâh[54] — dieu qui a pour sanctuaire la Kaaba et qui donne la victoire à Quraysh lors de la « campagne de l'Éléphant » — ainsi que les déesses Allât, al-Uzzâ et Manât, ces dernières n'ayant ni idole ni sanctuaire dans la ville[52].
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+ À l'époque de la naissance de Mahomet et à l'instar du paganisme arabe ancien, le polythéisme mecquois est en déclin, et il semble que les principales références intellectuelles et culturelles de la région soient essentiellement juives et issues des différentes confessions chrétiennes, ce qu'atteste notamment la familiarité des auditeurs de Mahomet avec les récits bibliques[55]. À côté de l'adoption de cultes monothéistes existants, on constate également une tendance à adapter les cultes anciens à l'exigence monothéiste, tout en conservant les formes ancestrales de la religiosité locale, une tendance dont relèvent plusieurs réformateurs religieux parmi lesquels Mahomet[56].
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+ Bien que la région autour de la Mecque soit complètement aride et déserte, selon la tradition musulmane, la cité était riche, et la plus riche parmi les tribus installées dans cette partie de l'Arabie, grâce au puits Zamzam, dont l'eau a toujours été abondante et à sa position géographique sur la route des grandes caravanes. Au Ve siècle, les Quraychites auraient pris le contrôle de la Mecque pour devenir des marchands et commerçants très habiles. Jusqu'au début du VIIe siècle, le dieu principal de la mythologie arabe est Hubal[57].
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+ Toujours selon la tradition, La Mecque était une place commerciale importante sur la route reliant le Yémen à la Mésopotamie. Les Quraychites participèrent au commerce lucratif des épices au VIe siècle. La route des épices de plus en plus menacée sur mer (piraterie) s'était déplacée sur des voies terrestres plus sûres. La Mecque devint un important centre de commerce surpassant les villes de Pétra (Jordanie) et Palmyre (Syrie)[58].
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+ Ce lieu d'échanges aurait été à l'origine d'alliances entre les marchands de la Mecque et les tribus nomades qui commerçaient par caravanes de chameaux avec des villes de Syrie et d'Irak auxquelles ils apportaient du cuir, du bétail et des métaux qu'ils tiraient des mines locales dans les montagnes. Des récits historiques confirment le passage des marchandises venant d'Afrique plus particulièrement d'Algérie et d'Asie (médecines, tissus, épices, cuirs, esclaves) grâce à des accords commerciaux avec les Byzantins et les Bédouins qui rapportaient des céréales, du vin, des armes ensuite redistribués en Arabie[59].
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+ Selon la Sunna, c'était aussi une ville sacrée du paganisme arabe, la Kaaba étant vénérée pour les idoles qu'elle contenait, dont la Pierre noire. Les pèlerinages étaient l'occasion de rassemblement pacifique entre les clans nomades qui, le reste du temps, s'affrontaient fréquemment. Une fois par an avait lieu un pèlerinage qui rassemblait les tribus nomades afin de célébrer les différentes déités arabes. Cet événement permettait le développement des relations sociales et des foires. S'est créée ainsi une notion d'appartenance et d'identité qui a fait de la Mecque un endroit important dans la péninsule. À la fin du VIe siècle, le commerce de la Mecque était à son apogée et représentait le pouvoir principal qui liait les habitants de la péninsule arabique[60].
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+ Le royaume d'Axoum, conduit par le général éthiopien chrétien Abraha tente d'envahir La Mecque mais ses troupes sont décimées par la peste. Les tribus menacées craignant une nouvelle attaque font appel au roi perse Khosro Ier : l'intervention des Sassanides en 575 fait échouer une nouvelle tentative d'invasion[61]. Les études sur cette expédition montrent qu'elle ne concernait pas directement la Mecque mais est « passé de l'histoire arabe préislamique dans la tradition mecquoise plus tardive qui s'en empara, la transforma en légende et s'en servit pour accroître la gloire de la Mecque préislamique[44]. »
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83
+ L'historien grec Diodorus Siculus (60 – 30 av. J.-C.), dans ses écrits « Bibliothèque historique » décrit un lieu sacré pour tous les Arabes et hautement révéré (les musulmans pensent qu'il s'agit de la Kaaba à La Mecque)[62]. Dès 1931, pour H. Leclercq, la description est tellement peu précise que l'association à la Mecque n'est pas certaine[63]. Par ailleurs, Diodore de Sicile associe clairement cet « autel bâti de pierres dures » à la Phénicie :
84
+
85
+ « Au-dessus du golfe, on rencontre des terres maritimes que leur fertilité a rendues fameuses. Ceux qui les habitent leur ont donné le nom de Phénicie parce qu'elles produisent des palmiers qui portent une grande abondance de fruits aussi utiles pour la santé que délicieux au goût. Toute la contrée voisine manque absolument de rivières et étant située au midi il y fait des chaleurs brûlantes. Ainsi ce n'est pas sans raison que les barbares ont consacré aux dieux le pays des palmiers, qui tout environné qu'il est de terres inhabitables, satisfait abondamment aux besoins et aux plaisirs de ceux qui y sont renfermés. Car il est arrosé par quantité de sources, de fontaines dont l'eau est plus fraîche que la neige et qui rendent cette contrée plus verdoyante et plus agréable qu'aucun lieu du monde. On y trouve un ancien autel bâti de pierres dures et dont l'inscription est en caractères qu'on ne connaît plus. Cet autel est entretenu par un homme et une femme qui en sont les prêtres pendant tout le cours de leur vie. »
86
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+ — Diodore de Sicile[64]
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+ On remarque l'absence de sources concernant La Mecque jusqu'à la fin du VIIe siècle, contrairement aux autres villes de l'Arabie, telle Médine. Les sources concernant l'histoire de La Mecque sont dépendantes du matériau islamique et sont tardives : à partir de la fin du VIIe siècle. H. Holma (1944), dans Que signifie, chez Diodore de Sicile, le nom propre arabe Βανιζομεν (εῖς) ?, Orientalia, déclarait : « En préparant mon livre Le Grand Prophète des Arabes, et en parcourant à cette fin la vaste littérature consacrée à l’étude de l’œuvre du prophète et à l’histoire de sa ville natale, La Mecque, j’ai été surpris de n’y trouver aucune indication sûre concernant la première apparition, chez les Arabes eux-mêmes, de ce fameux nom propre[65]. »
90
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91
+ A.-L. de Prémare rappelle que la charte de Médine ne mentionne jamais le nom de La Mecque et que la recherche sur les origines de l'islam est dépendante du matériau islamique à ce sujet. Il déclare : « Faute de données externes estimées suffisantes, et faute de vouloir considérer celles qui existent, bien des chercheurs se limitent au matériel islamique traditionnel tel qu’il se présente à eux. Ils sont contraints d’entrer dans le jeu des clercs musulmans d’autrefois ; ce sont ceux-ci, en effet, qui en ont sélectionné et compilé les éléments selon l’idée qu’ils voulaient donner des origines de leur communauté et de la vie de leur prophète »[66].
92
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93
+ Bien que l'Arabie eut une importance politique et religieuse au VIe siècle, il n'est pas fait mention des Quraychites ni du centre commercial de La Mecque dans toute la littérature grecque et latine de l'époque. Certains chercheurs, tels Patricia Crone, Alfred-Louis de Prémare, Günter Lüling, Christoph Luxenberg, Claude Gilliot et Edouard-Marie Gallez, remettent en cause l’existence de La Mecque du vivant de Mahomet. Elle aurait été fondée sous le calife Muawiya[67] ou vers le milieu du VIIe siècle[68]. C'est également la thèse de Robert M. Kerr[69].
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95
+ Défendant la thèse d'une existence préislamique, R. Simon, étudiant la géostratégie de l'Arabie préislamique, considère « qu'à l'époque de la campagne [d'Abraha], la Mecque n'était encore qu'une agglomération insignifiante contrôlée par les Lahmides. ». Pour lui, La Mecque n'avait pas de commerce indépendant et elle était dirigée par les marchands de la Hira[44]. Il semble même plutôt que les habitants aient pris les nomades à leur service, établissant de multiples réseaux d'alliances commerciales et religieuses[70]. L'importance ainsi que le poids commercial et économique de la ville à cette époque ont été réévalués à la baisse depuis les travaux de Patricia Crone. La chercheuse montre la limitation des ressources et la modestie relative de la taille de cette cité dont on ne trouve d'ailleurs pas, pour cette période, d'attestation dans la littérature non musulmane[37]. La Mecque semble néanmoins avoir été, avec Najran et Adan, une ville active de la région, témoignant d'une relative sécurité et prospérité[71].
96
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97
+ La première mention historique de La Mecque (sous la forme latine Maccam) apparaît en 741 dans la chronique Continuatio Byzantia Arabica [72]. La chronique contient un peu d'histoire espagnole ; les 14 premières sections contiennent de très brèves mentions des rois wisigoths jusqu'au règne de Suintila (621-631), tirées de l'Historia de regibus Gothorum, Vandalorum et Suevorum d'Isidore de Séville. Le reste du contenu consiste en des sections alternées traitant des empereurs byzantins et des chefs arabes en commençant par Mahomet. L'auteur du document situe La Mecque entre Our en Chaldée et Carrhes, ce qui en ferait une ville mésopotamienne et non pas arabe.
98
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+ Citation latine extraite de ce document : « ad ultimum apud Maccam, Abrahae, ut ipsi putant, domum, quae inter Ur Chaldaeorum et Carras Mesopotamiae urbem in heremo adiacet. » (enfin à La Mecque, la maison d'Abraham, selon leur [les Arabes] croyance, une ville mésopotamienne située entre Our en Chaldée et Carrhes, dans le désert).
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+ Le chrétien Jean Damascène en parle dans son Traité des Hérésies en 746 également comme un lieu situé en plein désert[73].
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+ Un documentaire de Dan Gibson, The Sacred City, développe la thèse que La Mecque de l'époque de Mahomet serait Pétra[74]. Dan Gibson base sa thèse sur le constat archéologique que les premières mosquées construites on leur direction de prière (qibla) orientée vers Pétra et non vers La Mecque (le changement de qibla vers la Mecque actuelle est postérieur à la mort de Mahomet). Il observe de plus que les descriptions de La Mecque à travers la littérature musulmane ne correspondent pas à La Mecque actuelle. Les hadiths de Bukhari, Muslim ou encore Tabari décrivent La Mecque comme une ville antique (mère de toutes les cités) alors qu'aucune trace archéologique n'est antérieure au IXe et Xe siècle, comme une terre agricole (présence de limon, d'arbres et de plantes absents de la Mecque actuelle), comme une ville disposant de gorges (thaniya)[75].
104
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105
+ Dans le cercle des historiens arméniens du Moyen Âge (Moyse De Khoren Ve siècle, Thomas Ardzrouni Xe siècle), Vartabied (docteur en arménien) Vartan Pardserpertsi [XIIIe siècle]), on mentionne une Makka (ou Mak'ha) en Arabie pétrée dans le Pays de Pharan[76],[77],[78]. Cette région est localisée selon le « dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique, et littéral de la bible » d’Augustin Calmet « au midi de la Terre promise, au nord et à l’orient du golfe élanitique. La plupart des demeures de ce pays étaient creusées dans le roc »[79]. Cette description de Pharan peut correspondre à Pétra.
106
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107
+ La Tradition, dont les plus anciennes sources proviennent d'Irak dans la seconde moitié du VIIIe siècle, voit la naissance de Mahomet dans cette ville en 570 dans une famille influente de marchands caravaniers. Lorsque Mahomet fait état de premières révélations divines qu'il impute à l'ange Gabriel dans la grotte de Hira à Jabal al-Nour (située à 4 km au nord-ouest de la cité), il rencontre peu d'adhésion de la part de la majorité de ses concitoyens (juifs, chrétiens nestoriens et polythéistes), en général les plus riches[réf. nécessaire], mais il en rencontre de sa femme, très fortunée, de la part des pauvres[réf. nécessaire] de la ville et d'esclaves chez qui sa religion se répand assez vite[Combien ?]. Mahomet est l'arrière petit-fils de Hâchim, prince des Quraychites, gouverneur de La Mecque et intendant de la Ka`ba. Il est marchand. Khadija ou Khadidja bint Khuwaylid, sa première épouse, est commerçante issue d'une famille chrétienne, et aussi son employeur.
108
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+ Les Quraychites hostiles à cette nouvelle religion menaçant l'ordre établi, donc peut-être aussi leur aisance et leur commerce, le chassèrent, peu après la mort de sa première femme, avec ses premiers compagnons. Ils s'exilent vers l'oasis de Yathrib (Médine) le 16 juillet 622. Cet évènement appelé « hégire » sera le point de départ du calendrier musulman.
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+ Après des campagnes militaires victorieuses accompagnées de conversions, Mahomet revient en 630 à La Mecque à la tête d'une armée de dix-mille hommes pendant le mois de ramadan de la huitième année de l'hégire. Il entoure la ville de nuit avec des torches allumées. Les habitants effrayés lui envoient un parlementaire, Abû Sufyân, qui se convertit à l'Islam et revient annoncer aux Mecquois que s'ils se rendent, aucun mal ne leur sera fait. Ainsi donc Mahomet et ses partisans pénètrent dans la Mecque et épargne les Quraychites, qui l'avaient auparavant chassé. Il leur offre son pardon[80]. Les Mecquois se convertissent alors en nombre à la nouvelle religion monothéiste, la plupart sans combattre[81]. Lors d'une escarmouche, quelques hommes et une femme furent tués. Une tribu ralliée aux Quraychites, celle des Bakrites, eut cependant à souffrir de la vengeance des Khuzâ'ites, ralliés aux musulmans, qui entendaient réparer une attaque par traîtrise commise lors de la trêve d'Hudaibîyah, à laquelle avaient adhéré les deux tribus. Voyant les excès commis durant ces représailles, Mahomet intervint et proclama la paix générale[82].
112
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+ Une légende ponctue ce voyage dans les récits musulmans et concerne l'attitude du prophète envers les animaux. Il aurait posté un soldat près d'une chienne allaitant ses petits afin de la protéger. Il est à noter que selon les ahadith Mahomet insistait beaucoup sur le bien-être des animaux et les respectait [83] ; « Il n’y a point un moineau ou un animal plus gros, que l’homme ne tue sans excuse, sans qu’Allah ne lui demande des comptes le jour de la résurrection au sujet de ce qu’il a tué. » (rapporté par An-Nassa'i).
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+ Après avoir pris la cité, Mahomet la consacre ville sainte. Les idoles païennes de la Kaaba sont détruites en janvier 630 (sauf la Pierre noire et une icône de la Vierge à l'Enfant, selon une tradition rapportée par Al-Azraqi (en)[84]). La Ka'ba à la Mecque sera interdite aux seuls païens l'année suivante, décision accompagnée de la sourate 9, verset 28[85]. L'interdiction à tous les non-musulmans de la Mecque et de Medine sera postérieure aux quatre premiers califes. Muhammad Hamidullah la date de « basse époque, peut-être de celle des Ottomans », rappelant au passage que le deuxième calife Omar recevait les plaintes des dhimmis au sein même de la mosquée de la Kaaba et qu'un peu plus tard un médecin chrétien disposait d'un cabinet au pied du minaret de cette dernière[86]. À la suite d'une nouvelle révélation alléguée par le Prophète, le pèlerinage à la Ka'ba devient l'un des cinq piliers de l'islam pour les musulmans sunnites et l'une des dix pratiques de la foi (ou Furû' ad-Dîn) pour les chiites duodécimains.
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+ À la mort de Mahomet (632), l'islam commence une expansion géographique et La Mecque prend de l'importance. Auparavant, elle n'était qu'une ville médiocre, non située sur la route de pèlerinages importants, qui ne comportait que quelques milliers d'habitants à la fin du VIe siècle. Tous appartenaient à la même tribu et s'étaient établis là parce que s'y trouvait un point d'eau (un puits)[87]. Les Mecquois n'étaient ni de grands marchands ni de grands caravaniers, plutôt de petits trafiquants qui exerçaient à l'échelle locale. La Mecque attire alors davantage de nouveaux convertis venus en pèlerinage et gardera son caractère de capitale religieuse et de cité commerciale. Cependant, la ville ne sera jamais un centre politique, ni même la capitale d'un quelconque califat, y compris pendant la période ottomane.
118
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+ Elle tombe quelque temps sous la domination d'Abd Allah ibn az-Zubayr, compagnon de Mahomet et neveu de sa femme Aïcha, qui refuse de faire allégeance aux Omeyyades et se proclame lui-même calife. Il est vaincu, décapité puis crucifié par Al-Hajjaj ben Yusef à l'automne 692.
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+ À partir de la fin du IXe, la « Mecque cosmopolite devient peu à peu un bastion du hanbalisme, l’école juridique la plus rigoriste de l’islam sunnite, source originelle dont se réclament toujours la doctrine wahhabite intransigeante prônée par l’Arabie saoudite actuelle[88]. »
122
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+ En 930, les Qarmates — une secte ismaélienne originaire de l'est de la péninsule arabique qui, dénonçant les inégalités et les privilèges du califat, prêche le partage équitable des biens — se livrent, sous le commandement d’Abou Tahir, au sac de la ville sainte au cours d'un raid[89]. Considérant le pèlerinage à La Mecque comme une superstition et la ville elle-même corrompue[90], ils massacrent les pèlerins et habitant puis empoisonnent la source de Zamzam avec des cadavres[91]. Dans l'attente de l'arrivée imminente du mahdi, ils emportent la Pierre noire de la Kaaba dans leur capitale Al-Hassa[90], qui ne sera restituée que vingt ans plus tard contre une rançon payée par les Abbassides[89].
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+ À partir de 1201, la Mecque devient un chérifat chiite zaïdite dirigé par les hassanides[92],[93] (des descendants de Hassan, le petit-fils de Mahomet).
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+ En 1349, la ville sainte est touchée par la Peste noire.
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+ En 1517, le chérif de La Mecque, Barakat II ibn Muhammad al-Hachimi, reconnaît la souveraineté du nouveau calife ottoman Sélim Ier, mais obtient un fort degré d'autonomie locale (c'est également autour de cette période que les hassanides passent du chiisme zaïdite au rite shâfi'îte de l'islam sunnite[92],[93]). Cependant, la création du premier État saoudien en 1744, mais surtout la prise de La Mecque par les Wahhabites en 1803 porte un rude coup au prestige des Turcs. Ceci, jusqu'à ce que Méhémet Ali, le vice-roi d'Égypte, reprenne son contrôle en 1813. Un second État saoudien sera aussitôt créé en 1824, six années après la disparition du premier, mais ne réussira cependant pas à prendre le contrôle des deux villes saintes et s'effondrera à son tour le 24 janvier 1891, défait par l'émirat de Haïl lors de la bataille de Mulayda (en).
130
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+ C'est à faveur du premier conflit mondial, que la révolte arabe contre la domination turque éclate en 1916. Le chérif de La Mecque, Hussein ben Ali proclame la même année l'indépendance du royaume du Hejaz à la suite de la bataille du 10 juin au 4 juillet 1916 et fait de La Mecque sa capitale. Cette année-là, Hussein Ibn Ali se déclare lui-même roi du Hejaz (reconnu internationalement le 10 août 1920) alors que son armée combat les Turcs et les expulse de la péninsule arabique, avec d'autres forces militaires arabes et celles de l'Empire britannique.
132
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+ Mais cette indépendance est de courte durée puisqu'en octobre 1924 Hussein ibn Ali est vaincu lors d'une deuxième bataille (en) par Abdelaziz Al Saoud, fondateur du troisième État saoudien, l'actuelle Arabie saoudite. Le nouveau souverain supprime alors le poste de chérif de La Mecque et se proclame lui-même gardien des deux saintes mosquées.
134
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135
+ La prise de la Mecque par Abd al Aziz ben Abd al Rahman Al Saoud en 1924 inaugure une nouvelle ère. La ville sainte dut en effet se mettre à l'heure de l'imam Abdelwahab, l'ardent théologien du XVIIIe siècle (ère chrétienne), la tête pensante et légiférante de la dynastie Séoudite (monuments rasés, pratiques cultuelles « païennes » abolies, tabac et musique bannis…). Les ressortissants des diverses obédiences minoritaires islamiques — chiites, druzes, etc. — sont tolérés dans le sens propre du terme. Ce sont des « fautifs » qu'on supporte. Le wahhabisme devient, de facto, le seul courant de l'islam à administrer et gérer la ville à compter de cette date[94],[95],[96].
136
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137
+ En décembre 1975 l'explosion d'une bouteille de gaz provoque un incendie dans un camp de tentes ce qui tue plus de 200 pèlerins.
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+ Le 20 novembre 1979, 1er jour de l'an 1400 de l'hégire, 200 militants islamistes armés, opposants au régime monarchiste, prennent le contrôle de la grande mosquée, prenant des dizaines de milliers de pèlerins en otages. Ils reprochent à la dynastie des Al-Saoud « son culte de l’argent, sa corruption et sa déviance religieuse[88] » mettant ainsi en péril la « vraie foi ». Le siège dure deux semaines, et le régime saoudien se résout finalement à employer la force pour reprendre le contrôle de la mosquée, demandant discrètement l'aide de la France. Ainsi, le Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale français (GIGN) assura une « aide technique et logistique » durant l'opération[97]. Les membres du GIGN participant à l'opération durent toutefois « se convertir » à l'islam en récitant la shahada avant d'être autorisés à combattre dans la mosquée interdite (indiscrétion du magazine Le Point suivant article du journaliste Jean-Michel Gourevitch en date du 28 janvier 1980)[98],[99]. L'assaut terminé le 4 décembre[100] a fait plus de 244 morts[101].
140
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+ Le 31 juillet 1987, une manifestation anti-américaine organisée par des pèlerins iraniens tourne à l'émeute, lorsque la police saoudienne ouvre le feu contre les manifestants non armés. Il y eut ce jour-là 402 morts (275 pèlerins iraniens, 85 saoudiens (y compris les policiers), et de 45 pèlerins en provenance d'autres pays) et 649 blessés (303 pèlerins iraniens, 145 saoudiens, [y compris policiers] et de 201 pèlerins en provenance d'autres pays). Des violences ont régulièrement opposé, depuis la révolution islamique de 1979, les forces saoudiennes aux pèlerins iraniens accusés de transformer le pèlerinage en tribune politique anti-israélienne, anti-américaine et hostile au régime saoudien. Ces affrontements de 1987 ont provoqué une rupture de plusieurs années des relations entre Ryad et Téhéran[102],[103].
142
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143
+ Le 2 juillet 1990, le jour de l'Aïd al-Adha, la fête du sacrifice, 1 426 pèlerins meurent piétinés et asphyxiés dans le tunnel reliant Mina à La Mecque.
144
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145
+ En 1994, 270 personnes meurent dans une bousculade, en 1998, 118 morts, en 2004, 251 morts.
146
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147
+ Le 12 janvier 2006 362 personnes périssent piétinées ou étouffées à l’entrée nord du pont Djamarat, à Mina, dans une vallée étroite qui s’ouvre à l’extérieur de La Mecque, pendant la cérémonie de la lapidation des stèles. L'incident fait également 289 blessés parmi les pèlerins[104]. Des failles dans la sécurité et l'encadrement sont alors mises en cause.
148
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149
+ Le 11 septembre 2015, la chute d'une grue de chantier fait 107 morts parmi les fidèles[105].
150
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151
+ Le 24 septembre 2015, lors du pèlerinage près de la Mecque (rituel de la lapidation de Satan), un très grand nombre de pèlerins trouvent la mort lors d'une bousculade dans la vallée de Mina (2 432 morts selon le Middle East Eye (en)[106]).
152
+
153
+ Les deux principales branches de l'islam, sunnite et chiite, considèrent cette ville comme sainte, puisqu'elle est la ville natale du prophète de l'islam et se rapporte à la période d'avant le schisme.
154
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155
+ La Mecque est un centre fondamental de la vie religieuse musulmane. Le cinquième pilier de l'islam[107] dispose en effet que tout croyant doit faire un pèlerinage à La Mecque, s'il en a les moyens. Ce pèlerinage porte le nom de hajj (ou hadj, selon les graphies). Il réunit plusieurs millions de fidèles depuis la fin du XXe siècle qui s'y recueillent entre le 8 et le 12 ou le 13 du mois de dhou al-hijja, douzième mois du calendrier musulman ou hégirien. Ce dernier étant lunaire, contrairement au calendrier grégorien occidental — donc onze jours plus court — le pèlerinage se déplace sur l'année du calendrier grégorien sur une période de trente ans ; alors qu'à l'origine, le pèlerinage était saisonnier[107]. Ce pèlerinage n'est réalisé chaque année que par une minorité de musulmans : en 2012, sur plus d’1,5 milliard de musulmans dans le monde, 3 millions de pèlerins ont été recensés, soit 0,2 %[88].
156
+
157
+ Un nombre élevé de croyants accomplissent également le pèlerinage mineur (la oumra), qui peut être exécuté à tout moment de l'année, mais plus particulièrement pendant le ramadan. Cet afflux a profondément modifié les infrastructures de la ville, devenue un centre cosmopolite[108],[109]. Environ 30 000 pèlerins partent de France et 30 000 d'Algérie vers l'Arabie Saoudite par an[110].
158
+
159
+ La Mecque est aussi la direction, la qibla, vers laquelle les musulmans qui prient se tournent au cours de leurs prières. L'historien Dan Gibson soutient dans son livre Qur'anic Geography que la ville sainte originale du Coran serait Pétra, située dans une vallée, et que la relocalisation de la pierre noire par Abd Allah ibn az-Zubayr à l'emplacement actuel de La Mecque aurait été la cause du changement de la qibla des mosquées de Petra vers La Mecque au deuxième siècle après l'hégire[111].
160
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161
+ Lors de funérailles musulmanes, le défunt est inhumé sur le côté droit, en direction de La Mecque.
162
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163
+ L'accès à La Mecque est interdit aux non-musulmans[6],[88], c'est un « territoire sacré » (en arabe : البَلَد الحرام, al-balad al-harām)[112]. Afin de garantir cette interdiction, des postes de contrôle sur les routes surveillent l'accès à la ville. De plus, les autorités saoudiennes exigent désormais la présentation d'un « certificat de conversion à l'islam » pour toutes les personnes converties qui souhaitent pénétrer dans le « périmètre sacré ». Ce document est normalement délivré dans n'importe quelle mosquée, après entretien et contrôle des connaissances mais n'est pas nécessaire lorsqu'on possède un nom et un prénom musulman arabe. Il est préférable de faire cette attestation auprès des grandes mosquées, ou à défaut, auprès des associations.
164
+
165
+ C'est la Mosquée sacrée, le premier lieu saint de l'islam, qui comporte en son centre la Kaaba.
166
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167
+ L'esplanade de la Grande mosquée de La Mecque s'étend sur 368 000 m2. Sa capacité d'accueil, actuellement de plus de 1,5 million de fidèles, devrait passer à plus de deux millions dans le cadre d'un plan d'extension en cours d'exécution. Au moins 1 500 caméras de surveillance ont été installées autour de la Grande mosquée à La Mecque et ses environs[113].
168
+
169
+ À cause des travaux à la Grande mosquée et sur l'esplanade, le nombre de visas accordés aux fidèles est réduit en 2013 par les autorités saoudiennes. Mais il est possible qu'il s'agisse aussi de prévention sanitaire en relation avec l’épidémie du coronavirus.[réf. nécessaire]
170
+
171
+ Ces travaux ont entraîné la destruction de certaines anciennes parties de la Grande mosquée, et notamment des dizaines de sites historiques majeurs remontant à la naissance de l'islam, et, relève l'islamologue Robert M. Kerr, des anciennes inscriptions sud-arabiques[114] et des colonnes datant de l'Empire ottoman[5].
172
+
173
+ En arabe, « kaaba » signifie « cube ». Il s'agit toutefois d'un parallélépipède dont la base est un rectangle de 10 mètres par 12 mètres et de 15 mètres de haut. Selon la tradition musulmane, la Kaaba fut construite par Adam, premier prophète et premier homme sur Terre, et fut reconstruite plus tard par Ibrahim (Abraham) et son fils Ismaïl.
174
+
175
+ Une pierre noire, creuse, est enclose dans l'un des angles de la Kaaba.
176
+
177
+ La ville sainte a construit un complexe comportant plusieurs tours, les Abraj Al Bait Towers, qui surplombent la Sainte mosquée. La plus élevée d'entre elles, la Makkah Clock Royal Tower, fait 601 mètres de haut, ce qui, au moment de son inauguration, la classait à la deuxième place des plus hautes tours au monde, après la Burj Khalifa de Dubai. L'édifice, qui abrite un hôtel, a ouvert ses portes en 2010[115].
178
+
179
+ Cet hôtel est surmonté, depuis le 10 août 2010, d’une horloge (Arabian Standard Time) six fois plus grande que celle de Big Ben, à Londres[116]. D’un diamètre de plus d'une quarantaine de mètres, l’horloge est visible jusqu’à 30 km à la ronde de nuit, et jusqu'à 11 à 12 km le jour[117]. Elle est dotée de quatre cadrans de 46 mètres de diamètre en partie recouverts d'or[118] et décorés de 98 millions de pièces de mosaïque. Deux millions d'ampoules électriques éclairent l'inscription « Au nom d'Allah », présente sur chaque cadran de l'horloge. Pour appeler les fidèles à prier, 21 000 luminaires verts et blancs s'illuminent cinq fois par jour au sommet de la tour[118]. Le tout est surmonté d'une flèche portant un croissant, symbole de l'islam.
180
+
181
+ La ville sainte est desservie par l'aéroport international King Abdulaziz de Djeddah, qui se situe à 93 kilomètres (par route ou autoroute) au nord-ouest de la ville.
182
+
183
+ Une ligne ferroviaire à grande vitesse, la LGV Haramain, fonctionne depuis le 11 octobre 2018 et relie La Mecque à Djeddah, à la Ville économique du roi Abdallah à Rabigh et à Médine.
184
+
185
+ La Mecque s'est dotée d'une ligne de métro aérienne. Elle dessert les principaux lieux de pèlerinage, a été inaugurée en novembre 2010 pour l'Aïd et a une longueur de 18,1 km. D'après l'AFP, l'ouvrage, « construit par un consortium conduit par China Railway Corp. […] serait l'unique train au monde à ne circuler que cinq jours par an »[119]. Il a été réservé la première année aux seuls pèlerins des monarchies du Golfe[119]. D'un coût de 1,8 milliard de dollars[119], cette ligne de métro fait partie d'un vaste projet de développement de la ville sainte, estimé à 20 milliards de dollars.
186
+
187
+ Un appel d'offres auprès d'entreprises internationales a été lancé début 2013 pour la construction d'un métro à La Mecque. C'est un projet de 16,53 milliards de dollars. Osama Al Bar, le maire de la ville, a annoncé que les quatre lignes du futur métro couvriront au total 182 kilomètres. La première étape du projet, qui concerne 122 kilomètres du réseau, devrait être construite en trois ans. Le projet total devrait être réalisé sous dix ans[120].
188
+
189
+ « She [...] was unable because she lacked a mahram, or male guardian — usually a husband, brother or father — to accompany her; male pilgrims can come alone.[...] She got here only because the Saudi government allows some women over 45 to come with an older female companion.. »
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+ La mer Noire est située entre l’Europe, le Caucase et l’Anatolie. Principalement alimentée par le Danube, le Dniepr et le Don, elle est issue de la fermeture d’une mer océanique ancienne, l'océan ou mer Paratéthys. Elle est bordée au nord par la steppe pontique, en Crimée, à l’est et au sud par des chaînes issues de l’orogénèse himalayo-alpine : respectivement monts de Crimée, Caucase et chaîne pontique. Les pays riverains sont (dans le sens des aiguilles d'une montre) : l’Ukraine au nord-ouest, la Russie au nord-est, la Géorgie à l’est, la Turquie au sud, la Bulgarie et la Roumanie à l’ouest. Large d'environ 1 150 km d’ouest en est et de 600 km du nord au sud, elle s’étend sur une superficie de 413 000 km2. L'adjectif correspondant est « pontique », qui vient du nom antique de cette mer, le Pont-Euxin.
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+ Le terme océanographique d'« euxinisme » y fait également référence, il désigne une anoxie des eaux profondes, plus salées qu'en surface et provenant de la Méditerranée via la mer de Marmara par un courant de fond inverse de celui des eaux plus douces de la surface alimentées par les fleuves se jetant dans la mer Noire.
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+ Elle communique au sud-ouest avec la mer Méditerranée par le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles. Sur ses côtes ouest et nord, elle communique avec de nombreux limans (lagunes navigables dont la salinité et la turbidité varient avec la saison, et qui servaient de frayères pour le poisson). Au nord-est, la mer d'Azov, reliée par le détroit de Kertch, est considérée comme le plus grand des limans. Son climat spécifique doux et humide, aux épais brouillards aux saisons intermédiaires, subit des influences méditerranéennes au sud-ouest et en été (chaud, sec et ensoleillé), continentales au nord et en hiver (froid glacial, la mer peut geler, les chutes de neige sont fréquentes), et subtropicales au sud-est. Pendant les tempêtes, surtout hivernales, les vagues sont courtes, mais hautes, et peuvent venir de plusieurs directions à la fois, rendant la navigation difficile.
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+ Depuis 1996, le 31 octobre est la « journée internationale pour la protection de la mer Noire »[1].
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+ L'Organisation hydrographique internationale détermine les limites de la mer Noire de la façon suivante[2] :
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+ La mer Noire a une superficie comprise entre 417 000 et 423 000 km2 et un volume compris entre 537 000 et 555 000 km3.
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+ Ces données ne prennent pas en compte la mer d'Azov[3] dont la surface est de 37 600 km2.
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+ Le bassin pontique a une profondeur maximale de 2 252 m. Sa formation fait l'objet de deux hypothèses :
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+ Quoi qu'il en soit, les sédiments déposés au fond du bassin sont essentiellement Pléistocènes et Holocènes, de faciès détritique (voir Roche détritique) et dulçaquicole en profondeur (voir Organisme dulçaquicole, témoignage d'importants apports fluviaux lors des périodes de dégel interglaciaires), et marin au-dessus (sédiments de moins de 8 000 ans). Les sédiments détritiques et dulçaquicoles correspondent à une période dite « sarmatique » commencée il y a 5 millions d'années, durant laquelle une mer intérieure d'eau douce recouvrait les actuelles Hongrie, Roumanie, mer Noire, Ukraine littorale, Russie méridionale, mer Caspienne et Asie centrale. Le niveau de cette étendue d'eau a beaucoup varié, et à l'Holocène récent (durant la dernière glaciation, dite Würmienne), il était 180 m plus bas que le niveau actuel des mers, de sorte que seuls les bassins profonds pontique et caspien étaient encore en eau[4].
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+ Dans les années 1960, en analysant au carbone 14 des coquillages d'eau douce trouvés dans les carottages des sédiments de la mer Noire sous les sédiments actuels marins, les chercheurs bulgares, roumains et soviétiques avaient découvert que l'actuelle mer Noire a été il y a près de 8 000 ans un lac d'eau douce appelé « lac Pontique » qui se trouvait à 150 mètres au-dessous du niveau général des mers. À l'époque, le Bosphore n'était pas un détroit mais un isthme qui séparait ce grand lac de la mer de Marmara, elle-même isolée de la mer Égée par l'isthme des Dardanelles. Après la chute du rideau de fer et avec le développement d'internet, les géologues américains Walter Pitman et William Ryan découvrent en 1997 les publications bulgares, roumaines et soviétiques modélisant les effets de la déglaciation post-würmienne qui, élevant le niveau de la mer Méditerranée, finit par entraîner le déversement d'eaux salées en mer de Marmara puis dans la mer Noire, mais sans donner d'opinion sur la vitesse du phénomène, ni sur son caractère répétitif ou unique.
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+ Pitman et Ryan rapprochèrent ces faits du mythe de l'arche de Noé, de la légende de Gilgamesh dans le royaume de Sumer, du déluge de Deucalion et du mythe de l'Atlantide dans la Grèce antique. Selon eux, le remplissage a dû être unique, brutal et catastrophique, une cascade gigantesque se serait formée par érosion hydraulique au débouché du Bosphore, et le niveau de la mer Noire serait monté de 180 m en seulement quelques semaines, ses rives reculant d'un kilomètre par jour ou plus. Or, les rives de ce lac étaient déjà peuplées d'agriculteurs, car, en Anatolie et en Europe orientale, l'agriculture a commencé très tôt. Ryan et Pitman pensent que ces agriculteurs, chassés par la montée des eaux, se seraient dispersés en Anatolie et en Mésopotamie, véhiculant le mythe du Déluge. Ils en firent des livres et des documentaires[5].
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+ L'hypothèse de Pitman et Ryan n'a toutefois pas convaincu la majorité des chercheurs : des études géologiques publiées en 2007 récusent l'idée d'un déversement catastrophique unique, pour modéliser une série d'oscillations des niveaux des bassins pontique, marmarien et égéen, avec des périodes de déversements multiples, graduels et pas toujours dans le même sens[6],[7]. Actuellement, trois reconstructions très différentes de l'histoire de la mer Noire coexistent donc : l'hypothèse catastrophiste de Pitman et Ryan, une hypothèse gradualiste à déversement unique mais lent, et l'hypothèse des déversements multiples, qui recueille l'assentiment de la majorité des auteurs[8].
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+ Quoi qu'il en soit, en devenant salée, la mer Noire désormais reliée à la mer Méditerranée, reste une mer particulière : la mort du biotope lacustre a provoqué une séparation des eaux profondes et des eaux superficielles (voir ci-dessous) et la salinité est restée très en dessous de la moyenne mondiale : 12 à 16 grammes de sel par litre au lieu de 35. De ce fait, un courant d'eau salée coule toujours en profondeur à travers le Bosphore (la « cascade » d'eau marine ne s'est jamais arrêtée) tandis qu'en surface, les eaux moins salées de la mer Noire coulent vers la mer de Marmara. Les sous-mariniers notamment soviétiques et américains connaissent bien le phénomène et ont essayé d'en profiter, mais l'étroitesse du Bosphore (un demi-mille à peine à son point le plus étroit) et l'intense circulation de navires rend l'exercice extrêmement dangereux (et il y eut des accidents). La faible salinité et le climat continental expliquent que les eaux les moins salées du nord-ouest gèlent fréquemment en hiver contraignant notamment l'utilisation de brise-glace pour dégager le port d'Odessa en janvier et février[9].
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+ Les eaux de cette mer, au-delà de 200 mètres de profondeur, sont anoxiques, c’est-à-dire sans dioxygène dissous. L'eau profonde concentre assez de sulfure d'hydrogène pour que les bois, cuirs et tissus des épaves soient préservés de l'action bactérienne, au profit des chercheurs d'épaves. Ce phénomène, également présent en mer Caspienne, en mer Baltique et dans le lac Tanganyika, est appelé euxinisme[10].
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+ De 2005 à 2009, le projet européen Hermes[11] explore les écosystèmes marins sur 15 000 kilomètres de marge continentale profonde pour notamment mesurer les formes du méthane mer Noire et Baltique. On devrait ainsi mieux comprendre les écosystèmes microbiens anoxiques, et leurs bilans énergétiques et en termes de puits/sources de carbone et GES.
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+ On a ainsi pu explorer le méiobenthos (de taille moyenne, c'est-à-dire de 1 mm à 63 µm ou 0,063 mm) et les espèces d'une zone active de production naturelle de gaz méthane et de H2S toxique, ses variations[12] (de -182 à −252 m, dans le canyon sous-marin du Dniepr au nord-ouest de la mer Noire). Le méiobenthos était essentiellement constitué de nématodes et foraminifères (Ciliophora notamment), cohabitant avec des polychètes[13], mais aussi de bivalves, gastéropodes, amphipodes, et Acarina. On a aussi trouvé dans des sédiments des stades juvéniles de Copépodes et Cladocères probablement d'origine planctonique. L'abondance du méiobenthos variait de 2 397 à 52 593 individus par mètre carré (plus nombreux dans la couche superficielle de sédiment pour les nématodes et foraminifères d'une zone permanente H2S à des profondeurs de 220 à 250 m). Cette forte concentration de méiobenthos a été trouvée dans un secteur d'intenses émanations de méthane, associées à un tapis microbien (biofilm méthanotrophe ou méthane-oxydant). L'étude suggère que le méthane et de ses produits d'oxydation microbienne expliqueraient la survie de nombreuses espèces benthiques adaptées à ce milieu extrême, et la bioproductivité élevée dans des zones fortement sulfurées. Une corrélation inverse a été trouvée entre la densité en méiofaune et les taux de méthane des couches superficielles de sédiments. Les chercheurs supposent que le taux de nématodes et de foraminifères des zones enrichies en méthane est un compromis entre les exigences écologiques et les besoins alimentaires de ces organismes et leurs adaptations à l'environnement rendu toxique par l'H2S[14].
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+ La grande majorité des espèces animales et végétales présentes dans la mer Noire sont d'origine méditerranéenne. Seules 150 espèces sont considérées comme « autochtones », c'est-à-dire présentes avant la dernière transgression du Bosphore qui a de nouveau permis les échanges d'eau vers la Méditerranée. Parmi les espèces d'origine méditerranéenne, seules celles supportant une faible salinité ont pu s'adapter[9].
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+
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+ Du fait de l'anoxie de l'eau au-delà de 200 m de profondeur qui ne permet une vie aérobie que dans ses couches supérieures, la mer Noire est un milieu biologiquement pauvre[9]. Elle compte 167 espèces de poissons. Parmi celles-ci, 37 espèces d'eau douce et 27 espèces d'eau saumâtre[9].
38
+
39
+ La mer Noire abrite un pic de la biodiversité planétaire avec par exemple 42 espèces d'amphipodes benthiques relevées dans la région[15], où l'on découvre encore de nouvelles espèces[16] mais elle est très menacée par la pollution et par des « espèces invasives »[17].
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+
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+ Éponge bleue
42
+
43
+ Méduse Rhizostoma pulmo
44
+
45
+ Anémone de mer Dedițel
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+
47
+ Autre espèce d'anémone
48
+
49
+ Bernard l'ermite Diogenes pugilator
50
+
51
+ Esturgeon à caviar Huso huso, espèce menacée
52
+
53
+ Aiguillat
54
+
55
+ Raie
56
+
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+ Gobie
58
+
59
+ Rougets de vase pontiques
60
+
61
+ Hippocampe
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+ Phoques moines à ventre blanc (Monachus monachus albiventer) naturalisés, sous-espèce de la mer Noire disparue en 1940.
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+
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+ Dauphins Delphinus delphis à Sotchi
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+ Le pourtour de la mer Noire est caractérisé par un climat quasi endémique appelé « climat pontique » : on parlera donc d'écorégion à son propos. C'est une variante transitionnelle du climat tempéré, avec des caractéristiques méditerranéennes, mais aussi continentales au nord (climat drossopontique à l'été méditerranéen et à l'hiver continental) et subtropicales humides au sud (climat eupontique)[18]. Le climat drossopontique est assez frais et sec en Bulgarie, Roumanie, Ukraine et nord-ouest de la Crimée ; le climat eupontique est plus doux et humide dans le sud-est de la Crimée (péninsule de Kertch), autour de Sotchi en Russie, en Abkhazie, en Colchide (Géorgie) et surtout dans la région pontique de la Turquie[19]. Ce climat pontique est propice à une forte productivité végétale et c'est pourquoi dès les VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. les pourtours de la mer Noire ont été densément colonisés par les Grecs antiques, la région devenant le « grenier à blé » des cités grecques dans sa partie drossopontique propice aux cultures céréalières, et la « réserve de bois » de la marine grecque dans sa partie eupontique en grande partie recouverte de forêts, aujourd'hui encore assez préservées[20]. Cette abondance forestière a tant impressionné les anciens grecs qu'ils nommèrent les forêts pontiques Amarante, soit, littéralement, « qui ne peut se corrompre »[21].
68
+
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+ On cherche à mieux modéliser la cinétique environnementale de ces polluants, dont les polychlorobiphényles, via des modèles numériques tridimensionnels[22].
70
+
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+ Aujourd'hui une population d'environ onze millions de personnes, par ordre d'importance notamment Turcs, Ukrainiens, Russes, Bulgares, Roumains et roumanophones, Géorgiens ou Abkhazes vivent à moins d'un kilomètre de la mer Noire, notamment dans les villes suivantes :
72
+
73
+ Bulgarie :
74
+
75
+ Géorgie :
76
+
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+ Roumanie :
78
+
79
+ Russie :
80
+
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+ Turquie :
82
+
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+ Ukraine :
84
+
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+ Péninsule de Crimée (Ukraine (de jure) / Russie (de facto)) :
86
+
87
+ La mer Noire a longuement été historiquement frontalière de grands espaces géostratégiques : au nord, les nomades de la steppe pontique (Cimmériens, Scythes, Sarmates, Roxolans, Huns, Avars, Onogoures, Khazars, Bulgares, Magyars, Alains, Petchénègues, Coumans, Mongols, Tatars...), au sud les royaumes et empires organisés (hittite, perse, hellénistique, romain, byzantin, ottoman...). À l’ouest et à l’est, des « zones tampon » au contact de ces deux mondes (bouches du Danube, Scythie mineure, Caucase...), ont depuis toujours été à la fois disputées, et en même temps des refuges pour les perdants, donc multiethniques. Ce fut aussi le cas de la Crimée.
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+ Au XVe siècle, il fallait l'autorisation du sultan ottoman pour entrer ou sortir de la mer Noire. Au XVIe siècle, l'accès était totalement interdit aux étrangers[23].
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+ Plus récemment la mer Noire a été une zone de contact entre les Russes au nord-ouest, et au sud les Turcs et l'OTAN : le rideau de fer la traversait donc. Aujourd'hui elle se trouve sur les marges les plus orientales de l'Union européenne, face à la CEI et à la Turquie. Ne pouvant se faire admettre en Europe, ces dernières développent désormais leurs propres voies en puisant à leurs racines historiques respectivement russo-soviétiques et ottomanes. Les bases militaires de Crimée, stratégiques pour la Russie, sont depuis 2014 sous son contrôle direct, la péninsule et ses eaux territoriales appartenant de jure à l'Ukraine, mais de facto à la Russie.
92
+
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+ Du point de vue économique, les grains, le bois, le poisson séché, les esclaves du pourtour de la mer Noire, ainsi que les épices et la soieries d'Asie, ont attiré ici d'abord les colons grecs, ensuite les Perses, les Romains, les Varègues, les Russes, les Vénitiens et leurs rivaux génois, les Mongols et Tamerlan. De nos jours ce sont les gisements d'hydrocarbures off-shore qui attisent tensions et conflits.
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+ La convention de Montreux de 1936 fixe l'accès des navires à la mer Noire par les détroits.
96
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+ Le tableau suivant donne le nom de la mer Noire dans les langues riveraines[24] ; s'il n'y a pas de traduction, c'est que le terme signifie seulement « mer noire ».
98
+
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+ L’étymologie du nom grec antique « Πόντος » - Pòntos, signifiant « large mer », est la même que pour les îles Pontines de la Mer Tyrrhénienne, (Italie). Dans l’Antiquité, les Grecs la désignèrent d’abord par Skythikos Pontos (la « mer Scythique »). Les Scythes, peuple de langue iranienne, la désignaient comme axšaēna (« indigo »). Les Grecs comprirent d’abord ce terme comme axeinos (de a- privatif et xeinos « étranger ») signifiant dans leur langue : « inamicale aux étrangers ». Plus tard, quand ses courants et ses vents leur devinrent familiers, elle fut désignée comme Pontos (Pontos signifiant « la mer », « le flot ») Euxeinos (eu- « bien » et xeinos « étranger » c’est-à-dire mer « amicale » ou « accueillante », traduit en français par Pont-Euxin)[25].
100
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+ Les Romains l'appelèrent Pontus Euxinus ou Mare Scythicum et les grecs byzantins καικίας : kaikías, mot désignant le « vent du nord », terme repris par les Bulgares en « mer Cécile » (« море Сесил »).
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+ Au XIIIe siècle, les portulans des génois (qui avaient alors des comptoirs tout autour de ses rives), ainsi que dans les chroniques de Wavrin et de Villehardouin l'appellent mer Majoure c'est-à-dire « grande mer » (Mare maggiore en italien, Marea cea Mare en roumain).
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+ Pour expliquer le nom de Noire, terme apparu dans les textes et les cartes à partir du XVe siècle, il existe trois théories : la plus populaire est que ce serait sa couleur lors des tempêtes, mais c'est le cas de toute mer. On avance parfois que son appauvrissement en oxygène et sa richesse en sulfures, dont certains sont noirs ou très sombres, lui donnerait cette couleur, mais en réalité, ces caractéristiques physico-chimiques ne concernent que les eaux profondes, et en surface la mer « noire » est bleue comme les autres mers.
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+
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+ Des deux théories scientifiques, la plus ancienne est que ce nom de « noire » serait une traduction de l'adjectif axaïna (« sombre ») donné par les Scythes, mais le problème, c’est qu’entre la disparition des Scythes et le XVe siècle, il y a un millénaire pendant lequel seul Pont-Euxin est utilisé, dans le sens grec du terme. Selon l’autre hypothèse, ce nom lui aurait été donné par les Turcs Selçuks puis Osmanlıs installés en Anatolie à partir du XIe siècle. Chez ces derniers, les points cardinaux sont désignés par des couleurs[26] avec différentes variantes. Ainsi, dans le cas présent :
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+ Le Pont-Euxin étant situé au nord de la Turquie, aurait donc été désigné en turc : Karadeniz, « mer Noire », sombre, alors que la mer Méditerranée, au sud, a été appelée mer Blanche, claire (Akdeniz) (qui ne doit pas être confondue avec la mer Blanche des Russes). Les savants turcs eux-mêmes sont divisés sur le sujet, car chez les anciens turcophones de la steppe, le nord était désigné par Ak (blanc comme la neige) et le sud par kızıl (rouge comme la chaleur). La logique désignant le nord (obscur) par le noir, le sud (la clarté) par le blanc et l'ouest (soleil couchant) par le rouge, ne serait apparue que tardivement, en Asie mineure.
110
+
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+ Le pourtour de la mer Noire est entré dès le VIIe millénaire av. J.-C. dans le Néolithique et dans l'agriculture sédentaire. Côté sud, en Anatolie, des bourgades néolithiques ont prospéré à Çatal Höyük, Çayönü, Nevalı Çori ou Göbekli Tepe ; côté nord et ouest se sont succédé des civilisations néolithiques, comme celles de Lepenski Vir, de Starčevo, des catacombes, de Sredny Stog, de Vinča, de Karanovo, de Cernavodă, de Coucouténi-Tripolié, de Hamangia, de Varna ou d'Usatovo, parsemées de villages, de nécropoles, de sanctuaires rustiques. Il a été suggéré que certaines de ces cultures ont pu avoir été développées par des populations pré-indo-européennes puis, progressivement, proto-indo-européennes, parlant la branche anatolienne des langues indo-européennes (hittite et louvite)[27],[28].
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+ Lorsque l'écriture apparaît, avec l'âge du bronze et l'âge du fer, des noms de populations sont mentionnés. Tout autour de la mer Noire, Hérodote place les Cimmériens, dont le nom (Κιμμέριοι) signifie en grec « ceux du bout du monde » (Κιμὴ). Il évoque également les Taures de Crimée. En Anatolie et dans le Caucase apparaissent les Goutéens, les Colques qui ont donné leur nom à la Colchide, les Chalybes, peuple de forgerons, les Scythènes implantés autour de Trébizonde, à proximité de la passe de Zigana, les Driles belliqueux plus à l'ouest, constructeurs de forteresses en bois, les Mosynèques (ou Moses) qui vivaient dans des tours en bois dont la plus haute servait de résidence à leurs rois qui y demeuraient cloîtrés, les Tibarènes, peuple de la côte bâtisseur de forteresses et de grands navires[29] ou encore les Macrons tributaires du grand roi perse[30]. Ces populations pouvaient être indo-européennes ou caucasiennes. Dans les Balkans, aux bouches du Danube et dans la steppe pontique sont mentionnés les Thraces, des Gètes et les Scythes, mais avant eux avaient vécu à l'ouest de la mer Noire d'autres indo-européens, dont certains prirent la mer pour aller jusqu'en Égypte, tandis que d'autres passèrent en Anatolie (les Phrygiens) et d'autres encore en Grèce : ce sont les ancêtres des Mycéniens, Achéens, Ioniens et Doriens.
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+ À partir du VIIe siècle av. J.-C., la colonisation grecque fait de la mer Noire, alors appelée Pont euxin, un « lac grec ». De ces épopées naîtront diverses légendes, dont la plus connue est celle des Argonautes, atteignant la Colchide (actuelle Géorgie) pour y chercher la Toison d'Or.
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+ La mer Noire est, au Moyen Âge, le théâtre de huit guerres russo-byzantines entre 830 et 1043, qui voient s'affronter les mahonnes des Varègues et des Russes/Ruthènes contre les dromons de la marine byzantine. C'est encore en mer Noire, plus précisément en Crimée, que subsiste jusqu'en 1475 (22 ans après la chute de Constantinople et la disparition de l'Empire byzantin) le dernier royaume grec avant la Grèce moderne. À ce moment, pendant environ un siècle et demi, la mer Noire sera un « lac italien » appelé Mare maggiore, car la République de Gênes s'y taille un empire maritime, rival des Vénitiens, et y conquiert ou obtient une bonne vingtaine de ports et de comptoirs fortifiés (Amastris et Sinope en Anatolie, Cherson, Cembalos, Halopsis, Yalta, Soudak, Caffa et Kertch en Crimée, San Giorgio, Barilla, Caladda, Licovrissi, Licostomo, Montecastro, Policromia, Eraclea aujourd'hui en ruine et Constanța dans les parages des Principautés danubiennes[31], Matrida, Taman et Tana dans le khanat de la Horde d'or autour de la mer d'Azov[32]). Les routes maritimes italiennes rejoignant ici l'extrémité ouest de la route de la soie, Italie et Chine se disputent l'honneur culinaire d'avoir inventé les pâtes, qui, quel que soit le sens, ont probablement transité par la mer Noire, tout comme les cocons de vers à soie volés aux Chinois et qui firent la prospérité des premières magnaneries européennes...Aidé par les Tatars, l'Empire ottoman conquiert ensuite l'ensemble des rives de la Mare maggiore et en fait cette fois un « lac turc » appelé Kara deniz (« mer Noire »), mais quant aux populations vivant sur la côte même, jusqu'en 1923 ce sont principalement des grecs pontiques qui se maintiennent, soit deux millénaires et demi de présence continue. Leur vocabulaire maritime et halieutique (touchant à la pêche) a imprégné toutes les autres langues riveraines, et leurs traditions (construction navale, architecture, costumes, musique, cuisine) se sont transmises aux peuples successeurs, même si ceux-ci n'en sont pas toujours conscients et même si le voyageur étranger trop pressé, aveuglé par les apparences de la modernité, ne perçoit pas forcément cette continuité[33].
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+ Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'Empire turc recule face aux Russes, revenus après mille ans d'absence, et face aux autres états chrétiens des Balkans ; toutefois, les tsars échouent dans leur projet de faire de la mer Noire un « lac russe ». Progressivement, les Grecs pontiques deviennent minoritaires au milieu de l'afflux de nouvelles populations sur les rives de la mer Noire. Au XXe siècle, les Pontiques sont chassés de leurs habitats bi-millénaires lors du gouvernement des Jeunes-Turcs qui persécutent les minorités de l'Empire Ottoman (notamment les Arméniens). Au mieux ils s'assimilent dans les états ou ils vivent, tandis que la mer Noire est divisée entre les états riverains, politiquement rivaux (durant des décennies, le rideau de fer y passe, séparant le bloc communiste de la Turquie capitaliste).
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+ La mode (ou les modes), et plus précisément la mode vestimentaire, désigne la manière de se vêtir, conformément au goût d'une époque dans une région donnée. C'est un phénomène impliquant le collectif via la société, le regard qu'elle renvoie, les codes qu'elle impose et le goût individuel.
2
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3
+ La mode est l'une des plus puissantes industries du monde : elle représente 6 % de la consommation mondiale et elle est en croissance constante[1].
4
+
5
+ La mode concerne non seulement le vêtement mais aussi les accessoires, le maquillage, le parfum et même les modifications corporelles.
6
+ Les facteurs déterminant la mode sont parfois une recherche esthétique (notamment pour les grands créateurs). Néanmoins, la mode est aussi déterminée par d'autres facteurs, pour ceux qui la suivent : un moyen d'affirmer son rang social, son groupe social, son pouvoir d'achat et sa personnalité ; ou bien pour les créateurs qui imitent, un moyen commode de gagner de l'argent et du succès.
7
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8
+ L'une de ses caractéristiques vient de son changement incessant, incitant par là même à renouveler le vêtement avant que celui-ci ne soit usé ou inadapté.
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+ La notion de mode ne saurait être appréhendée sous un angle utilitariste, elle dépasse amplement la nécessité de se vêtir. La mode existe depuis l'Antiquité. Le terme romain « modus » signifie à peu près la même chose qu'aujourd'hui et au Moyen Âge le mot « mode » est déjà présent avec notamment une définition liée à l'habillement, comme aujourd'hui.
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+ Le XVIIIe siècle marque la naissance des premiers magazines de mode, notamment des gazettes peu illustrées, mais les livres sur la mode sont déjà présents avant. La Galerie des modes et costumes français est ainsi publiée dès 1778. Livres, gravures, poupées de mode pandores[2] sont quelques moyens permettant aux nouvelles tendances de se répandre. Les poupées de France sont des figurines habillées que les dames prennent plaisir à se présenter et à s'échanger entre elles à l'occasion de rencontres afin de découvrir et de faire découvrir la mode qui ne dispose pas encore de canaux de diffusion à grande échelle.
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+ Au début du XIXe siècle, les premiers magasins de vêtements à prix réduit voient le jour.
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+ Tous les livres sérieux sur l'histoire de la mode remontent à la plus haute Antiquité, comme Histoire du Costume de François Boucher (1965). Charles Frederick Worth aurait le premier eu l'idée, vers 1858, de faire défiler ses modèles sur de vraies femmes (alors appelées « sosies ») dans des salons où les clientes venaient choisir.
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+ Depuis des siècles, chaque génération possède sa nouvelle mode vestimentaire et ses élégants : fringants, coqueplumets, mignons, précieuses, muguets, petits-maîtres, merveilleuses, incroyables, dandys, gommeux, garçonnes, zazous, branchés, etc.[3].
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+ Le vêtement, lui, est apparu pour des raisons initialement fonctionnelles : de nouveau pour se protéger des intempéries et des agressions extérieures mais également pour protéger son corps du regard des autres en respectant la pudeur et en ménageant les attitudes de séduction. Puis, au fur et à mesure, il a été étoffé, décoré, et accompagné d'accessoires. On va commencer à porter des bijoux, à se maquiller et à se parfumer ; c'est à ce moment qu'on ne parle plus seulement de vêtement, qui a d'abord un but fonctionnel, mais de mode, qui a des fins plus séductrices.
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+ À la fin du XIXe siècle, l'essor de la mode est en grande partie lié à trois principaux facteurs constitutifs de la société de consommation contemporaine :
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+ La mode est un phénomène multifactoriel. Elle combine des aspects créatifs, médiatiques, industriels et commerciaux, ce qui en fait un élément complexe de la société. Avec le développement des moyens de communications et des transports, toutes les créations dans le domaine de l'habillement sont accessibles à la majorité des gens, tous groupes sociaux confondus.
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+ Depuis le milieu du XXe siècle, la mode s'est petit à petit construit une image de phénomène de société incontournable. Les couturiers, tel Paul Poiret au début du siècle évoqué, puis Madeleine Vionnet, Cristóbal Balenciaga, Christian Dior, Yves Saint Laurent, Hubert de Givenchy, Pierre Cardin et Coco Chanel ou André Courrèges, Nina Ricci et, plus récemment, Thierry Mugler, Giorgio Armani, Gianni Versace, Christian Lacroix, Helmut Lang, Miuccia Prada, Jean-Paul Gaultier ou Tom Ford, sont devenus des personnages publics. Ils se sont progressivement transformés en créateurs de tendances pour les grands noms de la distribution internationale. Leur rôle est ainsi devenu plus proche du public consommateur ordinaire. Le paradoxe restant que leur notoriété les classe parmi les célébrités.
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+ Dans les pays tempérés, la mode est renouvelée selon un système de saisons couvrant une période de six mois : Automne/Hiver et Printemps/Été. Avant que les collections n'arrivent dans les boutiques, un gros travail d'équipe est fourni. Les collections sont conçues six à huit mois à l'avance.
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+ De plus en plus de compagnies font même jusqu'à quatre collections par an : Automne/Hiver, Holliday (collection des fêtes), croisière ou Early Spring et finalement Printemps/Été. Cela permet d'augmenter les ventes.
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+ La première étape consiste à chercher des indices, à flairer la mode de demain. Avec ce regroupement d'informations, un carnet de tendance est monté, plus communément appelé par son nom anglais « trend book ».
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+ Pour cette chasse aux idées, il existe plusieurs terrains incontournables. Il y a d'abord les salons de mode tels que Première Vision et Tex World à Paris, Pitti Uomo et Pitti Immagine à Florence et à Milan où il y a un nombre incroyable de salons. Il y a aussi les défilés de mode. Mais le moyen le plus accessible est le « lèche-vitrine » et regarder les gens dans les rues. Pour cela, les détails intéressants de vêtements des passants peuvent être photographiés, ou même des fashion buyers vont acheter des vêtements et accessoires dans diverses boutiques.
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+ Ensuite, un compte rendu des différents éléments trouvés est établi, et les regroupements d'idées se mettent en place : les thèmes. Chacun de ces thèmes comprend différentes matières, différentes formes de vêtements et des détails particuliers.
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+ Ainsi, chaque page d'un carnet de tendances sera munie d'un échantillon textile, de dessins techniques détaillés, d'une illustration de mode (figurine) et, éventuellement, de photos références. Ils seront exposés dans les salons de mode des saisons suivantes ou vendus directement à des marques. Ces trend books peuvent anticiper la mode sur deux à trois saisons, c’est-à-dire qu'en automne/hiver 2005, les trend books printemps/été 2006 sont présentés, ceux d'automne/hiver 2006/2007 sont en cours de finition et les recherches pour printemps/été 2007 ont commencé.
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+ Un trend book est un regroupement d'idées, aucune collection n'y est créée. Le styliste l'utilise pour créer sa propre collection en ne s'inspirant que des éléments qui l'intéressent.
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+ Exemple de créateurs de trend books : NellyRodi, PeclersParis ou Promostyl (Paris), Les Garçons - 2G2L (Paris) A+A (Milan).
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+ Une fois que les idées et thèmes ont été choisis, les stylistes vont créer leurs collections avec une saison d'avance, voire deux. Il faut sélectionner les idées et tissus définitifs, prévoir les imprimés ou broderies, et les petits accessoires (attaches, boutons, clips, etc.). Ils vont ensuite monter une collection qui comprend comme dans le trend books plusieurs groupes différents. Par exemple, pour un thème sur la magie, une dizaine de pièces (vêtements) sera réalisée avec pour idée la sorcellerie, une autre partie sur les fées, une autre sur les baguettes magiques, etc. Dans une collection, selon l'ampleur de la marque, il peut y avoir deux à six groupes.
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+ Les stylistes s'assurent que la collection est équilibrée (les différents éléments sont coordonnés et il y a un peu plus de hauts que de bas).
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+ Chaque modèle est représenté par un dessin technique indiquant clairement tous les détails, avec une vue de face et de dos, voire de côté quand il a des éléments à préciser.
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+
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+ Une fois ce travail terminé, la présentation sera faite sous forme de dessins techniques accompagnés pour chacun d'un échantillon textile ou de la référence du tissu choisi. Chaque groupe est illustré pour véhiculer l'état d'esprit.
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+
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+ Le modéliste prend à son compte les dessins techniques afin de réaliser un patronage du vêtement. À cette étape se produisent de fréquents allers-retours entre le modéliste et le styliste afin d'ajuster le souhait aux contraintes de la réalité.
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+ Enfin, le modéliste monte les prototypes qui permettent de voir si les modèles ont le rendu voulu. Il est alors encore possible de les améliorer. La partie création est terminée une fois que les dernières modifications sont faites.
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+
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+ Une fois que le patron de chaque prototype a été réalisé par le modéliste, une phase d'industrialisation intervient. Il s'agit le plus souvent du travail du patronnier et du gradeur.
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+ Le patronnier est chargé, à partir du patron comportant les pièces principales du vêtement, de créer l'ensemble des pièces techniques annexes telles que les doublures, certains thermocollants, ainsi que les gabarits de montage.
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+ Le gradeur est chargé de dériver du modèle réalisé dans une taille de référence, la taille de base, un modèle décrit dans toutes les tailles à produire.
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+ Une fois que le patron de chaque modèle a été industrialisé, le vêtement est produit en plus ou moins grande quantité selon la distribution prévue. C'est la « confection de vêtement ». Les vêtements sont ensuite emballés et expédiés dans les différents points de vente.
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+ Certains modèles peuvent avoir été créés spécialement pour un défilé de mode afin de mettre en avant la collection de la marque en question. Dans une collection, environ 20 % des modèles ne seront jamais commercialisés.
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+ La mode et l'habillement mettent en exergue les inégalités et les paradoxes Nord / Sud.
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+ La plupart des produits textiles sont fabriqués dans le Tiers monde, et particulièrement en Asie. Certains matériaux utilisés sont parmi les plus polluants du monde. La culture du coton, par exemple, utilise 28 % des pesticides mondiaux, alors qu’il ne représente pas plus de 2,5 % des terres cultivées.
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+ Cette situation soulève de graves problèmes, tant au regard de l'impact environnemental local qu'au niveau des conséquences humaines et sanitaires sur les populations concernées.
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+ Les industries textiles du Tiers-Monde font largement appel au travail des enfants[4]. Selon l'Organisation internationale du travail, un enfant sur six travaille à travers le monde. Les enfants qui travaillent dans les usines de textile sont exposés aux produits chimiques. Dans l'industrie du tapis ou du tissage, les enfants sont entassés dans des lieux sombres et pollués de poussières de laine. Ils abîment leurs yeux et leurs poumons. Les enfants chiffonniers sont souvent atteints de maladie de peau.
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+ La mode a une responsabilité dans les principaux enjeux sociaux et environnementaux. En Europe, des créateurs ont pris conscience de ces enjeux et proposent de plus en plus de créations plus respectueuses de l'homme et de l'environnement, par exemple Misericordia, les baskets Veja, Ideo... Le boycott des produits fabriqués par des enfants pourrait être un outil de pression pour encourager un pays à signer des traités contre le travail des enfants dans les usines de textile.
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+ La mode est devenue aujourd'hui une discipline à part entière, et pour maîtriser cet art, un bon nombre de stylistes sont passés par des écoles de mode. Pourtant, à Paris capitale de la mode, 300 diplômés sortent des écoles spécialisées tous les ans mais moins de dix — par décennie — resteront sur le devant de la scène[5].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Mongolie
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+ ᠮᠣᠩᠭᠣᠯᠤᠯᠤᠰ
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+
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+ Монгол Улс
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+
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+ Mongol Uls
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+
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+ 47°55'0"N, 106° 55' 0" E
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+ La Mongolie (en mongol bitchig : ᠮᠣᠩᠭᠣᠯᠤᠯᠤᠰ, cyrillique : Монгол Улс, transcription latine : Mongol Uls, littéralement : « Pays mongol ») est un pays d'Asie, situé entre la Russie au nord et la Chine au sud. Sa capitale est Oulan-Bator (mongol : Улаанбаатар, Ulaanbaatar), qui est aussi la plus grande ville du pays, la langue officielle est le mongol et la monnaie le tugrik.
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+
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+ La Mongolie fut le centre de l’Empire mongol au XIIIe siècle et fut ensuite gouvernée par la dynastie mandchoue Qing de la fin du XVIIe siècle à 1911, date à laquelle l'indépendance de la Mongolie fut proclamée à la faveur de la chute de l'Empire chinois. La politique de la République populaire mongole, bien que conservant officiellement son indépendance pendant la période soviétique, était alignée sur celle du kremlin de Moscou. Après la fin de la guerre froide et la chute du communisme en Mongolie en 1990, le pays adopta une constitution démocratique en 1992.
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+
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+ Son territoire est immense, mais possède très peu de terres arables, le pays étant montagneux et couvert de steppes dont l'aridité croît en allant vers le sud (désert de Gobi). Près de 28 % des 3 millions d’habitants sont nomades ou semi-nomades. La religion principale est l'école des bonnets jaunes de la branche tibétaine du bouddhisme vajrayāna. La majorité des citoyens (80 %) est d’origine mongole. Il existe néanmoins des minorités turcophones, comme les Kazakhes et Touvains, surtout à l’ouest. Près du tiers des habitants vit à Oulan-Bator.
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+ La Mongolie est le pays qui a la plus faible densité de population au monde avec 2 hab./km2.
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+ Au cours de l'histoire, beaucoup d'ethnies ont peuplé le territoire actuel de la Mongolie. La plupart étaient nomades, et formaient des confédérations plus ou moins puissantes.
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+ Durant la Préhistoire, dans les plaines du Nord de la Mongolie, de mystérieuses représentations de créatures cornues à bec d'oiseau semblent grimper le long de monolithes de granite appelés « pierres à cerf ». Ces stèles dont certaines atteignent 4,5 m de hauteur, montrent aussi des ceintures équipées de flèches, de haches et d'outils de l'âge du bronze. Selon les spécialistes qui tentent de déchiffrer ces monuments, ils ont été érigés entre 1100 et 800 av. J.-C. « Ce sont des hommages à des chefs ou à des guerriers, peut-être tombés au combat », avance l'anthropologue William Fitzhugh (en). Pour lui, ces créatures mi-renne mi-oiseau devaient montrer le chemin vers l'au-delà. Quelle que soit leur signification, déclare Fitzhugh, elle était forte, car, pour chaque stèle, plusieurs chevaux ont été sacrifiés. Leurs têtes ont été enterrées en cercle autour des monolithes, le nez pointé vers le soleil levant. On a déjà retrouvé plus de 600 pierres en Mongolie, au Kazakhstan et en Russie. Ces monolithes sont très souvent associés à des tumulis, des monuments funéraires constitués d'un amas de pierres central ceinturé de cercles ou de carrés de pierres[3].
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+ Vers -245 apparaissent les Xiongnu, ils deviennent les principaux ennemis de la Chine pour les siècles qui suivent, et la Grande Muraille de Chine fut construite en partie pour se protéger de leurs incursions. Certains historiens pensent que les Huns descendent des Xiongnu.
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+ Après la disparition des Xiongnu, apparaissent les Ruanruan, qui sont à leur tour supplantés par les Göktürk (ou Turcs bleus) qui dominent la région du VIe au VIIIe siècle.
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+ Au VIIIe siècle apparaissent les ancêtres des Ouïghours, puis les Khitans et les Jürchen. Vers le Xe siècle le territoire est peuplé de Mongols qui seraient une branche du peuple Xianbei. À cette période, le pays est divisé en plusieurs tribus liées par des alliances et en guerre perpétuelle.
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+
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+ Au XIIIe siècle, un chef nommé Temudjin unifie les tribus mongoles, prend le nom de Gengis Khan et crée un empire, œuvre poursuivie par ses successeurs Ögedeï, Güyük, Möngke et Khubilai. La Chine est dominée à partir de la deuxième moitié du XIIIe siècle par les Mongols qui y fondent la dynastie Yuan, 1234~1279 – 1368). Cet empire commence à s'effondrer en 1368, avec la perte de la Chine. Au XVIe siècle, sous le règne d'Altan Khan, les Mongols se convertissent au bouddhisme tibétain. Un siècle plus tard, ils tombent sous la domination des Mandchous et les soutiennent pour la conquête de la Chine. La Mongolie est transformée en deux provinces chinoises, la Mongolie-Intérieure et la Mongolie-Extérieure.
32
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+ Au cours du XVIIe siècle, la région sibérienne du lac Baïkal, au nord de la Mongolie, est annexée par l'Empire russe. Le Bogdo Gegen du monastère de Gandantegchinlin aurait cherché l'appui de la Russie pour se libérer de l'emprise politique chinoise[réf. nécessaire].
34
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+ Avant 1910, la Mongolie est plus ou moins un protectorat russe. Néanmoins, avec la défaite russe de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, désastre financier, et militaire, où l'Empire russe perd le port de Port-Arthur en Chine, les Russes préfèrent ne pas entériner un protectorat. La Mongolie sert de zone tampon entre la Chine, et l'Empire russe, et même avec le Japon, à l'est, qui annexe la péninsule coréenne en 1910, et a des vues sur la Chine du Nord-Est. L'Empire russe renonce à annexer la Mongolie en 1908, car il n'a pas assez de cadres pour administrer un territoire aussi immense, de plus, l'Empire russe préfère concentrer le plus gros de son armée à l'ouest et au centre de son empire, où la menace des empires allemand et austro-hongrois, et aussi turc, se fait déjà plus oppressante. Globalement, à cette époque, l'Empire russe n'avait pas les moyens financiers pour gérer un tel territoire, alors qu'il avait déjà des difficultés ailleurs (surtout dans ses possessions d'Asie centrale).[réf. nécessaire]
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+ Profitant de la révolution chinoise de 1911 et de l'éviction du dernier empereur mandchou, Puyi, l'actuelle Mongolie proclama son indépendance le 1er décembre 1911 en tant que Mongolie autonome, quelques semaines après la sécession de la province de Hubei, lors du soulèvement de Wuchang, le 10 octobre. Le Bogdo Gegen prit la direction politique du pays avec le titre de Bogdo Khan, tandis-que la Mongolie-Intérieure prend une autre voie. À partir de 1914, la Mongolie-Intérieure est divisée en trois districts spéciaux de Rehe, Chahar, Suiyuan ainsi qu'en une province du Ningxia. En 1925 est créé le Parti révolutionnaire du peuple de Mongolie-Intérieure, qui fusionne avec le parti communiste chinois en 1947. Elle évoluera plus tard vers un statut de région autonome chinoise, le Ningxia ayant quant à lui un statut de région autonome pour la minorité Hui.
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+ Avec les désordres de la révolution chinoise, où la Chine se retrouve désormais confrontée au Japon, la Mongolie passe totalement sous influence des Russes, puis de l'URSS.
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+ Une révolte populaire menée par Damdin Sükhbaatar se produit en 1921. Un Parti populaire mongol fut créé sous l'impulsion de la Russie soviétique en 1921 et un gouvernement provisoire fut nommé le 11 juillet 1921. Au même moment, Touva, autre région mongole, prend son indépendance avec la Chine et devient rapidement un oblast autonome de Russie.
42
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+ Après la mort de Damdin Sükhbaatar en 1923 et celle du Bogdo Khan en 1924, la République populaire mongole fut proclamée le 26 novembre 1924. La capitale du pays est baptisée Oulan-Bator « la ville du héros rouge » en référence à Damdin Sükhbaatar.
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+ Durant la guerre frontalière soviéto-japonaise de 1939, l'URSS défend la Mongolie contre le Japon. Les forces mongoles participent ensuite à l'offensive soviétique contre les forces japonaises en Mongolie Intérieure, Mandchourie et Corée, en août 1945. Sur fond de menace russe d'une reprise de la Mongolie-Intérieure par la Mongolie, la république de Chine accepte de reconnaître l'indépendance de la Mongolie à la condition d'un référendum. Le 20 octobre 1945, un référendum est organisé et les Mongols votent pour l'indépendance (97,8 % de oui ; 98,4 % de participation[4]) sous le contrôle de l'Armée rouge. Après l'établissement de la République populaire de Chine, les deux pays se reconnaîtront mutuellement le 6 octobre 1949.
46
+
47
+ Ainsi, la République populaire mongole fut reconnue à la fois par la république de Chine et la République populaire de Chine. Le pays s'est cependant rapproché des Soviétiques après 1958 et a abrité de nombreuses bases soviétiques pendant la guerre froide. La Mongolie a rejoint les Nations unies en 1961.
48
+
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+ En 1990, le parti communiste a relâché son contrôle sur le gouvernement à la suite de la révolution démocratique. En 1992, la république populaire a été abandonnée et a été remplacée par un État hybride, entre système parlementaire et système présidentiel.
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+
51
+ Le 3 octobre 2002, la République de Chine (Taïwan), reconnaît officiellement l'indépendance de la Mongolie-Extérieure par rapport à la Chine, des bureaux représentant les deux nations doivent être ouvert dans les 2 capitales, et il est prévu de faire venir de la main d'œuvre mongole à Taïwan[5].
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+
53
+ La Mongolie possède un territoire de 1 566 500 km2. La Mongolie se situe sur un vaste plateau montagneux incliné d’ouest en est dont 80 % des espaces se situent à plus de 1 000 m d’altitude. Le climat de la Mongolie est l’un des plus continentaux du globe : les températures descendent régulièrement autour de −40 °C en hiver dans la plupart des régions et peuvent dépasser +40 °C en été dans le désert de Gobi.
54
+
55
+ D’un point de vue écologique, la Mongolie occupe une région charnière en Asie centrale. Par sa position centrale en Asie et sa continentalité, la Mongolie est à la croisée de cinq grands écosystèmes asiatiques : la steppe herbeuse dans la partie centrale n'occupe pas moins de 20 % du territoire national, le désert et la steppe désertique du Gobi au sud occupent un même pourcentage d’espace, viennent ensuite les hautes montagnes et milieux de type alpins, la steppe semi boisée et, au nord, la taïga constituée de vastes forêts denses de mélèzes et pins.
56
+
57
+ À l’extrême ouest domine la haute chaîne montagneuse de l’Altaï aux sommets de plus de 4 300 m où vivent notamment des Kazakhs (unique peuple musulman d’une Mongolie bouddhiste). Le point culminant de la Mongolie, le Kujten Uul à 4 374 m, fait partie de cet ensemble.
58
+
59
+ Le centre du pays, plus fertile, est traversé par les monts Khangaï. Il constitue un territoire riche en pâturages pour les nomades. C’est une région de volcans éteints atteignant pour certains plus de 3 000 m d’altitude.
60
+
61
+ Une partie du pays est constituée de steppes. La désertification touche 140 000 des 1 565 500 km2[6]. Le désert de Gobi recouvre une partie du sud du pays, alors qu'au nord et à l'ouest, se trouvent des régions montagneuses aux forêts abondantes.
62
+
63
+ Le climat est chaud en été et extrêmement froid en hiver, avec des températures hivernales pouvant descendre jusqu'à −40 °C et en été, des températures avoisinant très régulièrement les 30 °C à 40 °C. Le pays est aussi sujet au dzud ou zud. Les dzuds blancs sont d'importantes chutes de neige empêchant l'accès aux pâturages. Les dzuds noirs correspondent à l'absence de couverture neigeuse protégeant la terre, provoquant la déshydratation du bétail. De telles conditions climatiques entraînent des pertes de bétail inévitables et se révèlent problématiques pour l'homme, dans l'incapacité de prévoir l'augmentation du nombre d'animaux[7]. Oulan-Bator est la capitale possédant la température moyenne la plus basse au monde (−2,4 °C).
64
+
65
+ L'ensemble du pays reçoit très peu de précipitations : une moyenne annuelle de 200 à 350 mm dans le Nord, qui décroît en allant vers le sud, l'Extrême-Sud étant occupé par le désert de Gobi, où certaines régions ne reçoivent aucune précipitation durant des années. Le pays se trouve généralement au cœur d’un système de hautes pressions (anticyclone) qui font que le ciel est très souvent dégagé (moyenne annuelle de 257 jours sans nuages). La Mongolie est d'ailleurs parfois surnommée le « pays au ciel bleu ».
66
+
67
+ La Mongolie est fortement affectée par le réchauffement climatique[8]. Entre 1940 et 2001, la température annuelle moyenne de l'air a augmenté de plus de 1,5 degrés Celsius[8]. La température hivernale a augmenté de plus de 3,6 degrés au cours de cette période[8]. La glace ancienne de la Mongolie fond rapidement en raison du changement climatique et du réchauffement des températures estivales[9]. Comme l'afflux des champs de glace s'assèche plus fréquemment pendant l'été, l'approvisionnement en eau potable est de plus en plus restreint[9]. Cela mettra à la fois le patrimoine culturel et l'élevage traditionnel de rennes en danger extrême dans les années à venir[9]. En conséquence, la crise climatique met en danger les éleveurs de rennes domestiques dans les basses latitudes, vivant dans les zones de toundra montagneuse du nord de la Mongolie[9].
68
+
69
+ La Commission des noms géographiques mongols est créée en 1925 sous l'égide de l'Académie des sciences de Mongolie dans le but de retranscrire tous les noms géographiques écrits en alphabet mongol traditionnel. En 1949, le gouvernement interdit la modification arbitraire des noms géographiques (tous les habitants n'adhérant pas aux noms transcrits). En 1961, le gouvernement change de direction et charge les collectivités locales de restaurer les noms géographiques de leur région. Après une étude de 7 ans, la Commission permanente sur les noms géographiques enregistre 424 388 noms géographiques en 1987. Suite à de nouvelles lois sur la géodésie et la cartographie promulguées en 1997, l'administration réduit cette liste à 214 805 noms, liste approuvée par le Parlement en 2003. Alors que le gouvernement s'apprête à établir une nouvelle carte 1/25 000 de l'intégralite de son territoire, un décret est voté en 2017 visant à protéger cette liste établie. Une base de données des noms géographiques est en construction (2019)[10].
70
+
71
+ La longueur totale des frontières Nord avec la Russie et Sud avec la république populaire de Chine est de 8 162 km.
72
+
73
+ Grâce à la multiplicité de ses habitats et sa très faible densité humaine, la Mongolie accueille une quantité d’espèces importante, tant par leur adaptation que par leur rareté à l’échelle mondiale.
74
+
75
+ Au nombre des espèces animales, on peut noter l’hémione (âne sauvage), le mazaalai (ours du Gobi), la panthère des neiges, le saïga, le cheval sauvage de Przewalski, le chameau sauvage de Bactriane, le loup, et chez les oiseaux des rapaces et charognards et plusieurs espèces migratrices de grue. On remarque également la présence de petits mammifères : hérisson du désert à longues oreilles et de petits rongeurs comme le hamster du désert.
76
+
77
+ La flore n’est pas en reste, une grande partie de la flore alpine actuelle proviendrait d’espèces de la lointaine Asie centrale. L’espèce reine de la steppe est sans aucun doute l’armoise odoriférante ou grande absinthe, tandis que le roi en serait le saxaul, un petit arbre robuste du désert de Gobi. On trouve également en abondance l’edelweiss, l'ancolie, la matricaire, le lis martagon, le petit dent de chien, la pivoine, la dryade à huit pétales, le trolle, l'anémone pulsatille, la gentiane, diverses renoncules, etc.
78
+
79
+ Le climat et l'altitude limitent les plantes cultivables. La céréale principalement cultivée en Mongolie est le millet, on cultive également le blé sarrasin.
80
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81
+ Dans certaines provinces comme Khövsgöl, Khentii ou Khovd, ainsi que dans les régions géographiques des monts Khangaï et du Grand Khingan, on cultive le cassis (үхрийн нүд), une baie de montagne, dont on fait notamment de la confiture (чанамал)[11], et l'argousier (чацаргана), dont on tire le jus[12],[13].
82
+
83
+ La Mongolie est divisée en 21 provinces ou aïmag et 1 municipalité (khot) avec statut de province.
84
+
85
+ Les aïmag sont eux-mêmes subdivisés en 315 districts ou sum.
86
+
87
+ Les chefs-lieus des aïmag ont le double statut de sum et de municipalité.
88
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89
+ Oulan-Bator est elle-même divisée en khoroo.
90
+
91
+ La Mongolie a un exécutif bicéphale, avec à la tête de l'État un président élu et à la tête du gouvernement un Premier ministre. Le Parlement monocaméral, appelé le Grand Khoural d'État, comporte 76 sièges.
92
+
93
+ Le parti dominant en Mongolie est le Parti révolutionnaire du peuple mongol (PRPM) formé par les anciens communistes mongols après la guerre froide. Le principal parti d'opposition est le Parti démocrate (PD) qui a contrôlé une coalition au pouvoir entre 1996 et 2000. En 1999, une femme, Nyam-Osoryn Tuyaa, devient Première ministre pour un court mandat. L'incapacité de cette coalition à maintenir sa cohésion, ainsi qu'à régler les problèmes économiques du pays, a été très lourdement sanctionnée par les électeurs lors des élections législatives mongoles de 2000 (en) : ils ont donné la victoire au PRPM avec une écrasante majorité de 51,6 % contre 1,8 %.
94
+
95
+ Durant les élections législatives du 27 juin 2004, le PRPM, avec 48,23 % des voix obtient 36 sièges, contre 34 sièges pour la Coalition démocratique de la patrie (Ekh Oron-Ardchilal) regroupant trois partis, avec 44,27 % des bulletins. Afin que le développement de la Mongolie ne soit pas entravé par des crises politiques, ils ont décidé d'élaborer un programme commun et de former un gouvernement d'union nationale. Tsakhiagiyn Elbegdorj, issu du PD, a été nommé Premier ministre, tandis qu'un communiste est devenu président du Grand Khoural.
96
+
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+ À l'issue de l'élection présidentielle du 22 mai 2005, l'ancien Premier ministre Nambaryn Enkhbayar, candidat du PRPM, est élu président de la République avec 53,4 % des suffrages exprimés. Son principal adversaire, Mendsaikhanii Enkhsaikhan, candidat du PD, obtient 20 % des voix. Enkhbayar commence son mandat à la fin du mois de juin 2005 en remplaçant le président Natsagiyn Bagabandi, lui aussi issu du PRPM, qui ne s'était pas représenté.
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+
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+ Le 11 janvier 2006, le PRPM décide de quitter la coalition gouvernementale avec le PD arguant de la mauvaise gestion économique et de la forte inflation du tugrik. Le PD considère que le départ du PRPM est dû à la lutte contre la corruption lancée par Elbegdorj. Conséquence du retrait du PRPM de la coalition, les 10 ministres du PRPM quittent le gouvernement. Le 13, Elbegdorj démissionne de son poste de Premier ministre et le gouvernement est dissous par le Grand Khoural d'État. Le PRPM forme une nouvelle coalition avec des petits partis et le secrétaire général du PRPM Miyeegombyn Enkhbold est investi Premier ministre le 24 janvier.
100
+
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+ Lors des élections legislatives de 2008, le 29 juin, le PRPM obtient 52,67 % des votes et conserve ses 45 sièges, le PD en obtient 28 avec 40,43 % des voix. Sanjaagiin Bayar, Premier ministre depuis le 22 novembre 2007, conserve son siège.
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+ Khaltmaagiyn Battulga est président de la République depuis le 10 juillet 2017.
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+ Le bouddhisme tibétain apparu au XIIIe siècle est devenu religion d'État de l'Empire mongol au XVIe siècle après la visite du 3e dalaï-lama, Sonam Gyatso[14],[15]. Il éclipsa le chamanisme, qui fit alors l'objet d'une campagne de quasi-éradication[16]. Sous couvert de modernisation, le bouddhisme subit les foudres d’un régime athée proche de Joseph Staline dans les années 1930[17]. S'il n'est plus religion d'État, le bouddhisme tibétain reste aujourd'hui la religion de plus de la moitié des Mongols[18] alors que le chamanisme est revenu en faveur à partir des années 1990[16].
106
+
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+ Environ 50 % des Mongols sont bouddhistes tibétains, 40 % athées, 6 % chamanistes ou chrétiens, et 4 % musulmans[19].
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109
+ Bien que la majorité de la population soit d’origine mongole (Khalkhas, Dörbets, etc.), il existe une forte minorité de Kazakhs, Touvains, Bouriates et Toungouses. Le taux d’accroissement de la population est estimé à 1,54 % (recensement de 2000). Près des 2/3 de la population est âgé de moins de 30 ans et 36 % de moins de 14.
110
+
111
+ La population est de plus en plus urbanisée, près de la moitié vivant dans la capitale et les centres provinciaux. La vie semi-nomade reste prédominante dans les campagnes où les familles vivent dans des villages durant le rude hiver et dans des gers durant l’été.
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+ La population de la Mongolie à mi-2016 est estimée à 3 031 330 par la CIA[1].
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+ Le recensement réalisé en novembre 2010 a comptabilisé 2 754 685 habitants[20].
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+ Les ressources naturelles de la Mongolie sont constituées par les minéraux (cuivre, molybdène, fluorine, tungstène) et les pierres précieuses et semi-précieuses, ainsi que de métaux précieux tel que l'or. On trouve aussi du charbon, ainsi que du pétrole dans une moindre mesure, mais qui n'est pas exploité par manque d'infrastructure. Tous ces produits représentent, en valeur, les deux tiers des exportations mongoles. Durant les 6 premiers mois de 2004, 287 000 tonnes de minerais concentrés de cuivre ont été exportés, pour la somme de 138 millions de dollars US. C'est presque la moitié du total de toutes les exportations (307 millions de dollars pour cette même période). Cette situation rend la Mongolie vulnérable aux variations des cours des matières premières ainsi le prix des minerais de cuivre a chuté de 54,3 % entre 1995 et 2001. Il a ensuite augmenté de plus de 100 % entre 2005 et 2006 et continue d'augmenter, soutenu par la croissance de la consommation chinoise des métaux non ferreux.
118
+
119
+ Environ la moitié de la population loge dans des yourtes. Un tiers des Mongols sont de purs nomades, qui vivent de l'élevage de petits chevaux, de moutons, de chèvres, de bovins (yacks, vaches) et de chameaux. Huit millions de ces animaux ont péri lors de l'hiver 2009-2010. Grâce à eux, la Mongolie est exportatrice de produits d'origine animale : viande, laine et poils d'animaux, dont le cachemire (1er producteur mondial ; 2e ressource nationale après le cuivre). L'élevage de chèvres à cachemire pose malheureusement des problèmes écologiques [réf. nécessaire]. Jusque dans les années 1970, avant la mise en service de mines comme celle d'Erdenet, l'élevage et les industries qui leur étaient liées constituaient de loin la première ressource du pays.
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+
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+ L'industrie textile intervient pour un quart des exportations, mais 85 % des usines sont à capitaux étrangers (surtout chinois) ou mixtes. Elles utilisent des matériaux importés, comme le coton.
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+ Malgré la pratique de l'élevage et la culture du blé, la Mongolie ne peut pas subvenir à ses besoins en nourriture, à cause d'un changement culturel. Ceci contribue au déficit chronique de sa balance commerciale et à son endettement.
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+ Après des décennies d'économie planifiée, ce pays a effectué une difficile transition vers l'économie de marché. L'inflation a atteint 325 % en 1992, après l'effondrement du régime communiste, mais elle a par la suite été maîtrisée. En 1998, on estimait que le taux de chômage était de 15 % de la population active et qu'il atteignait 30 % en zone urbaine. En 2002, le salaire mensuel moyen n'était que de 75 500 tugriks (soit environ 68 euros). Bien que le chômage sévisse surtout en ville, le revenu moyen y est plus élevé qu'à la campagne.
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+ La Mongolie a rejoint l'Organisation mondiale du commerce en 1997[21].
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+ La Banque mondiale et les Nations unies pressent le gouvernement d'investir dans les infrastructures, l'éducation et l'économie.
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+ Entre 1600 et 1920, la Mongolie était un centre d'art bouddhiste. Le plus connu était l'art du mandala. La peinture et la sculpture servaient principalement comme objets de méditation pour les ecclésiastiques ou comme objets de prière pour les laïcs. En règle générale, ils ont été détruits après utilisation. Dans les monastères, en revanche, la thangka, les rouleaux, jouaient un rôle important. Ils suivent largement le style tibétain et intègrent également la représentation des animaux.
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+ L'artiste bouddhiste le plus important de son temps était le sculpteur et peintre Zanabazar[22], qui fut également le premier Jebtsundamba Khutukhtu. Son travail se caractérise par une forte référence aux traditions indo-tibétaines; certaines de ses sculptures qui subsistent se trouvent au monastère de Gandan à Oulan-Bator. Jusqu'à présent, aucune œuvre de sa peinture ne peut être attribuée sans équivoque. Marzan Sharav a développé l'art du Thangka plus connu. Influencé par l'art soviétique, en plus des peintures Mongol Zurag, il crée également des illustrations de livres, des billets de banque et des portraits de politiciens. Cependant, un grand nombre de ses œuvres ont été perdues. Des artistes tels que Dolgoryn Manibadar ou Monkor Erdenbajar peuvent être inclus dans le réalisme socialiste. Purewbat Gankhuu est un important peintre contemporain qui suit les traditions de l'art bouddhiste et a été décrit dans le film Peintre du Bouddha[23],[24]. Parmi les premières tentatives pour introduire le modernisme dans les beaux-arts de la Mongolie, il y a le tableau Ehiin setgel (l'amour de la mère) créé par O. Tsevegjav[25] dans les années 1960. L'artiste a été purgé car son travail a été censuré. Toutes les formes des beaux-arts n'ont prospéré qu'après la «perestroïka» à la fin des années 1980. Otgonbayar Ershuu est sans doute l'un des artistes contemporains mongols le plus indépendant comme il a été décrit dans le film ZURAG de Tobias Wulff[26]. Ershuu vit à Oulan-Bator et à Berlin. En plus de son attachement à la tradition de la miniature mongole, sa peinture des dernières années - toiles de grand format - montre un traitement visuel d'éléments de la peinture occidentale après 1945. Son succès auprès des collectionneurs montre qu'il est sur le point de devenir l'un des plus importants représentants de l'art mongol contemporain.
134
+
135
+ Le romancier Galsan Tschinag, citoyen mongol d'origine ethnique touvain, a une petite notoriété. Neuf de ses ouvrages ont été traduits de l'allemand en français. La réalisatrice Byambasuren Davaa a fait connaître la culture mongole et les paysages de Mongolie au travers de ses trois films : L'Histoire du chameau qui pleure (2004 – une nomination aux Oscars), Le Chien jaune de Mongolie (2006) et Les Deux Chevaux de Gengis Khan (2011).
136
+
137
+ Il existe différentes langues mongoles. La principale langue est le mongol (parlé par 95 % de la population), langue des Khalkhas, Mongols orientaux, utilisée comme langue vernaculaire en Mongolie. Les Mongols occidentaux utilisent quant à eux l'oïrate regroupant également plusieurs dialectes. Enfin, on y parle également le bouriate, une langue mongole parlée par des populations qui semblent originaires du lac Baïkal, en Sibérie dont l'extrême sud est à une centaine de kilomètres au nord de la Mongolie.
138
+
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+ Le russe est la première langue secondaire des Mongols de Mongolie. Au moins 100 000 Mongols parlent russe en seconde langue[27]. Le mandarin et l'anglais sont aussi des langues parlées.
140
+
141
+ À l'ouest de la Mongolie, les Kazakhs parlent le kazakh, une langue turque.
142
+
143
+ Il existe de nombreuses écritures mongoles. La plus ancienne est le mongol bitchig, datant de la fondation de l'Empire mongol. Vers 1204, Gengis Khan demande sa création à Tata Tonga, un scribe ouïghour capturé, qui adapte l'alphabet ouïghour à la langue mongole. Cette écriture est aujourd'hui lue et écrite par environ 6 millions de Mongols en Chine.
144
+
145
+ Parmi les autres écritures mongoles, toutes langues confondues, on peut citer : l'écriture phagspa (dérivée du tibétain), le todo bitchig (principalement oïrate, dérivée du mongol bitchig), le soyombo, dérivée de l'écriture ranjana, népalaise).
146
+
147
+ Entre 1941 et 1991, sous influence de l'Union des républiques socialistes soviétiques, la seule écriture officielle de Mongolie a été le mongol cyrillique. Depuis 1991, le mongol bitchig est de nouveau une écriture officielle (mais elle n'est que très peu utilisée).
148
+
149
+ Parmi les jeux de plateau, on peut citer les échecs mongols (shatar), la tortue multicolore (Alag Melkhii), un des nombreux jeux basés sur les osselets. Parmi les jeux d'adresse, une grande partie est également basée sur le tir aux osselets, comme le shagai ou la course de chevaux. On peut aussi citer des jeux de dominos, cartes ou casse-têtes chinois. Il existe également différents jeux utilisant des pierres, tels que le ail ger (signifiant maison familiale) est un jeu se jouant avec des pierres représentant la maison par un cercle et d'autres pierres colorées représentent le mobilier de la maison ou les moutons de l'élevage dans une société majoritairement centrée sur l'élevage[28],[29].
150
+
151
+ Les activités sportives traditionnelles sont la lutte mongole, le tir à l'arc et les courses de chevaux. Elles sont mises à l'honneur lors du Naadam, une célébration traditionnelle devenue fête nationale les 11 et 12 juillet. Le judo est lui aussi populaire, le judoka Naidangiin Tüvshinbayar étant notamment le seul champion olympique mongol de l'histoire. Le sumo est aussi populaire et, en 2016, les trois Yokozuna (Hakuhō, Harumafuji, Kakuryū) sont mongols.
152
+
153
+ Le football mongol possède un championnat de huit équipes (la plupart basées à Oulan-Bator, comme le club de Selenge Press). L'équipe de Mongolie de football regroupe les meilleurs joueurs du pays.
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+
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+ Paysage de Mongolie.
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157
+ Détail d'un poteau intérieur d'une yourte.
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159
+ Un ovoo, dans l'aïmag d'Övörhangay.
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161
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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163
+ La Mongolie a pour codes :
164
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165
+ L'organisme de normalisation de Mongolie est l'Agence mongole de normalisation et de métrologie.
166
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167
+ Article(s)
168
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169
+ Monographies
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+ Récits locaux
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173
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Asie de l’Est
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+ Asie de l'Ouest
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+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
188
+
189
+ Asie du Sud-Est
190
+
191
+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
192
+
193
+ Asie du Sud
194
+
195
+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
196
+
197
+ Asie du Nord
198
+
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
fr/3129.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,194 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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3
+ L'amour désigne un sentiment intense d'affection et d'attachement envers un être vivant ou une chose qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, intellectuelle ou même imaginaire avec l'objet de cet amour. Dans le cas d'une autre personne, l'amour peut conduire à adopter un comportement particulier et aboutir à une relation amoureuse si cet amour est partagé.
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5
+ En tant que concept général, l'amour renvoie la plupart du temps à un profond sentiment de tendresse et d'empathie envers une personne. Toutefois, même cette conception spécifique de l'amour comprend un large éventail de sentiments différents, allant de la passion amoureuse et de l'amour romantique, à la tendre proximité sans sexualité de l'amour familial ou de l'amour platonique et à la dévotion spirituelle de l'amour religieux.
6
+ L'amour sous ses diverses formes agit comme un facteur majeur dans les relations sociales et occupe une place centrale dans la psychologie humaine, ce qui en fait également l'un des thèmes les plus courants dans l'art.
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+ Le verbe français « aimer » peut renvoyer à une grande variété de sentiments, d'états et de comportements, allant d'un plaisir général lié à un objet ou à une activité (« j'aime le chocolat », « j'aime danser ») à une attirance profonde ou intense pour une personne (« Roméo aime Juliette ») ou plusieurs personnes (« Il aime ses enfants »). Cette diversité d'emplois et de significations du mot le rend difficile à définir de façon unie et universelle, même en le comparant à d'autres états émotionnels.
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+ Le mot français « amour », comme le verbe « aimer » qui lui est relatif, recouvre une large variété de significations distinctes quoique liées. Ainsi, le français utilise le même verbe pour exprimer ce que d'autres langues expriment par des verbes différents : « j’aime ma femme » et « j’aime les sucreries » par exemple (alors qu'en anglais, on dira respectivement « to love » et « to like » et, en espagnol, « querer » ou « amar » et « gustar »). On constate aussi une telle variété pour le mot « amour », par exemple dans la pluralité des mots grecs désignant l’« amour ». Les différences culturelles dans la conception de l'amour redoublent donc la difficulté d'en donner une définition universelle.
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12
+ Le substantif « amour » a néanmoins une extension moins large que le verbe « aimer » : on parlera rarement, par exemple, d'« amour » des sucreries, même si l'on dit les « aimer ». Le sens du verbe « aimer », qui peut aussi exprimer l'amitié, ou plus simplement une affection pour quelque chose qui est source de plaisir, est donc plus large que celui du mot « amour ».
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14
+ Bien que la nature ou l’essence de l'amour soit un sujet de débats, on peut éclaircir plusieurs aspects de cette notion en s'appuyant sur ce que l'amour n'est pas. En tant qu'il exprime un sentiment fort et positif, on l'oppose communément à la haine, voire à l'indifférence, la neutralité ou l'apathie. En tant que sentiment, plus spirituel que physique, on l'oppose souvent au sexe ou au désir sexuel. En tant que relation privilégiée et de nature romantique avec une personne, on le distingue souvent de l'amitié, bien que l'amitié puisse être définie comme une forme d'amour, et que certaines définitions de l'amour s'appliquent à une proche amitié[1].
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+ L'amour désigne un fort attachement affectif à quelqu'un ou à quelque chose. S'il renvoie souvent, dans l'usage courant, aux relations humaines, et plus précisément à ce qu'une personne ressent pour une autre, l'amour peut néanmoins aussi être « impersonnel » : il est en effet possible de dire qu'une personne éprouve de l'amour pour un pays (par exemple son propre pays : voir Patriotisme), pour la nature, ou encore pour un principe ou un idéal, si elle lui accorde une grande valeur et qu'elle s'y sent très attachée. De même, on peut ressentir de l’amour pour un objet matériel, un animal ou une activité, si l'on entretient des liens affectifs forts ou étroits avec ces objets (ou qu'on s'identifie à eux). Lorsque l'amour d'un objet devient exclusif, voire excessif ou pervers, on parle de fétichisme ou d'idolâtrie.
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18
+ L'amour entre les personnes, quant à lui, est un sentiment généralement plus intense qu'un simple sentiment amical ou affectueux. Il peut cependant se présenter sous différentes formes et à des degrés d'intensité divers, de la simple tendresse (quand on dit « aimer » les enfants, par exemple) au désir le plus ardent (chez les amants passionnés par exemple). Ainsi, l'amour entre les membres d'une même famille n'est pas le même qu'entre des amis ou au sein d'un couple d'amoureux. Quand il est ressenti avec une grande intensité et qu'il exerce un fort pouvoir érotique (ou une attirance sexuelle), on parle d'amour « passionnel » ou de « passion amoureuse », utilisant souvent l'image de la flamme ou de la brûlure pour décrire l'effet qu'il exerce sur les sens et l'esprit. Quand cette passion provoque une identification si étroite avec une personne qu'elle tend à unifier les deux amants, on parle d'amour « fusionnel ».
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+ L'apparition plus ou moins subite de l'amour passionnel est décrite dans la langue courante comme un dessaisissement (« tomber amoureux », « coup de foudre »), provoquant chez celui qui l'éprouve des comportements destinés à séduire l'être aimé et visant à obtenir la réciprocité de cet amour, qui s'exprimera le cas échéant par des actions et des gestes amoureux – parmi lesquels les caresses, les baisers et les rapports sexuels, ces derniers étant désignés dans plusieurs langues par l'expression « faire l'amour ». Ces pratiques et ces gestes sont en partie culturels et peuvent faire l'objet – tout comme l'étude des interdits liés à l'amour – d'une approche anthropologique ou sociologique.
21
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22
+ Outre les différences culturelles dans les pratiques liées à l'amour, les idées et les représentations sur l'amour ont également beaucoup changé selon les époques. L'amour platonique, l'amour courtois et l'amour romantique sont ainsi des conceptions distinctes et apparues à des époques précises de l'Histoire. Il existe aussi un certain nombre de désordres psychiques liés à l'amour, et étudiés par la psychologie, comme l'érotomanie ou le narcissisme. Certaines formes d'amour sont par ailleurs perçues comme des perversions ou des déviances (voir paraphilie), telles que la pédophilie (attirance sexuelle pour les enfants) et la zoophilie (attirance sexuelle pour les animaux). De telles amours peuvent être étudiées aussi bien par la psychologie que par les sciences humaines et sociales.
23
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24
+ À cause de la nature complexe et difficile à saisir de l'amour, les discours sur l'amour se réduisent souvent à des clichés, que l'on retrouve dans un certain nombre de dictons sur l'amour, depuis la phrase du poète Virgile : « L'amour triomphe de tout (omnia vincit amor) », jusqu'au célèbre : « L'amour rend aveugle ». Le philosophe Leibniz en donnait, lui, cette définition : « Aimer, c'est trouver plaisir au bonheur d'autrui »[2].
25
+
26
+ Dans l'Histoire, la philosophie et la religion (ainsi que la théologie qui lui est liée) ont beaucoup médité sur le phénomène amoureux, source constante d'inspiration pour les arts plastiques, littéraires et musicaux. La psychologie, au siècle dernier, a renouvelé les réflexions sur le sujet. Ces dernières années, des sciences telles que la biologie, la neurologie et les neurosciences, mais aussi la zoologie[réf. souhaitée] et l'anthropologie[réf. souhaitée], ont amélioré notre compréhension de la nature et de la fonction de l'amour.
27
+
28
+ Le terme est employé au XIIIe siècle en langue française sous la forme amor venant de l'ancien occitan et se prononçant "amour"[3]. On le note dès les Serments de Strasbourg (842) dans une forme romane dans la locution Pro deo amur (pour l'amour de dieu)[4].
29
+
30
+ Le terme amour recouvre quatre sentiments distincts de la Grèce antique : l'éros, la philia, l'agapè et la storgê.
31
+
32
+ La storgê est l’amour entre parent et enfant, particulièrement l'amour mère-enfant.
33
+
34
+ La philia se rapproche de l'amitié telle qu'on l'entend aujourd'hui, c'est une forte estime réciproque entre deux personnes de statuts sociaux proches, qui mène aussi à l'entraide. Elle ne pouvait exister à l'époque qu'entre deux personnes du même sexe, du fait de l'inégalité entre les sexes.
35
+
36
+ L’agapè est l'amour du prochain proche de l'altruisme aujourd'hui, le don désintéressé. Il se caractérise par sa spontanéité, ce n'est pas un acte réfléchi ou une forme de politesse mais une réelle empathie pour les autres qu'ils soient inconnus ou intimes. Dans la tradition chrétienne des pères de l'Église, ce mot est assimilé au concept de charité, bien que celui-ci soit plus proche d'une relation matérielle établie avec des personnes en souffrance. L’agapè originel ne revêt pas cette connotation morale de responsabilité devant une autorité divine.
37
+
38
+ L’éros, lui, est l'amour au sens d’être amoureux, l'amour des poètes pour ainsi dire. Cet amour est parfois romantique ou passionné, et s'accompagne presque toujours de désir sexuel. Dans la pensée platonicienne, il est parfois vu comme l'une des passions néfastes que produit l’épithumia (ou « appétit »), mais aussi comme une « divine folie » qui est « la cause des plus grands biens pour les hommes »[5]. Cependant il pouvait se mêler à la philia à travers la pédérastie[6], qui liait un amant d'âge mûr (« éraste ») à un jeune aimé (« éromène »).
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+ D'après la revue Planète, les relations amoureuses aux États-Unis, selon leur type, s'exprimaient dans les années 1960 par trois mots : « love », le sentiment amoureux ; « sex », les rapports sexuels sans préjuger des sentiments, présents ou non ; et « fun », le simple échange de relations intersexe allant du simple flirt à des relations plus poussées, mais sans intention d'engagement ni d'une part ni de l'autre.
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+ Les réflexions philosophiques se développent sur des vécus différents. Citons l'amour reçu des parents, l'amitié, la passion amoureuse. L'amour reçu des parents est idéalement vécu d'abord comme un donné inconditionnel, mais fusionnel ; puis de plus en plus comme responsabilisant (l'enfant reconnu dans son altérité doit fonder son propre foyer) ; pour se poursuivre, à travers des conflits plus ou moins aigus dans une nécessaire distance où l'enfant s'assume dans une relation dont il se sent responsable, qu'il peut vivre avec d'autres comme amitié. La passion amoureuse se vit d'abord comme une aliénation, elle nait de l'émotion, vise la possession. Elle peut se prolonger dans un engagement de volonté, comme don de soi dans la fidélité.
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+ Certains philosophes ont développé le concept d'amour comme fusion. Empédocle imaginait l'amour et la haine comme les deux forces originaires de l'être. L'amour, pour lui, est le contraire de la haine qui sépare. L'idée d'unité, voire de fusion, sous-tend sa notion d'amour. Dans la même veine, Aristophane, dans le Banquet de Platon, imagine l'amour comme une aspiration à l'unité originelle. Étendu à sa dimension cosmique, l'amour ne semble plus qu'un leurre pour nous faire participer à la dynamique cosmique. Arthur Schopenhauer, inspiré par le bouddhisme, en arrive ainsi à un pessimisme métaphysique : puisque l'amour nous fait entrer dans un cycle cosmique sans cesse répété, dans un cycle de souffrances menant à une unité impersonnelle, ne vaut-il pas mieux renoncer au désir, à l'amour ? Schopenhauer avance que l'amour n'est qu'une illusion du Vouloir-Vivre (l'essence de toute chose selon lui) qui est défini comme le désir inconditionnel d'une espèce de subsister et de se perpétuer elle-même à travers la reproduction.
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+ Socrate va au-delà du concept d'amour-fusion. Il comprend l'amour comme étant l'enfant de Pénia, le dénuement, et Poros, la ressource. Aimer, c'est désirer ce qu'on n'a pas. L'amour, à la différence du besoin, est une insatisfaction radicale : enfant de dénuement. L'amour cherche la contemplation de la beauté, et ultimement de la beauté absolue. Cet amour est aussi riche en ressources - enfant de Poros -, donc fécond, non dans la possession, mais dans la créativité, car né de la différence entre le même et l'autre, il est source d'imprévisible nouveauté.
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+ Aristote conceptualise la différence entre eros et philia, mettant en valeur cette dernière. La philia idéale est celle où on s'unit non par intérêt ou plaisir, mais comme recherche du bien de l'autre sans rien attendre en retour. La joie de ces 'amis' vient de l'amitié elle-même. Aristote introduit dans l'idée d'amour l'idée d'opposition entre amour de soi et amour de l'autre. Cependant il résout l'opposition dans l'idée que l'amour de soi bien pensé demande de s'attacher à la « partie supérieure de l'âme », à rechercher le Bien supérieur, à vivre harmonieusement en commun, et cette harmonie qui est le bien vivre, qui est le cœur de l'être, ne peut se vivre qu'en vivant l'amour de l'autre qui fait sentir la joie de l'être à travers l'existence de l'autre. L'autre est nommé par lui « alter ego » : j'ai besoin de l'autre pour me comprendre.
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+ Pour répondre à cette question : « l'homme est-il à la source de l'amour qu'il vit ou l'amour est-il un concept naturel qui s'impose à l'homme ? », le philosophe Baruch Spinoza, qui s'est sérieusement penché sur la question, notamment dans son Éthique, définit ainsi que : « L'amour n'est autre chose que la joie, accompagnée de l'idée d'une cause extérieure ; (...) Nous voyons également que celui qui aime s'efforce nécessairement de se rendre présent et de conserver la chose qu'il aime[7]. » Il semble que c'est par le biais de la littérature que le thème de l'amour a été traité par les philosophes à partir de la Renaissance. Pensons à Rousseau, Goethe, Voltaire, etc. Sur le déplacement de l'interrogation sur l'agapé grec vers la littérature, nous renvoyons à Derrida.
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+ Emmanuel Levinas a développé le thème de l'altérité notamment dans : Le Temps et l'autre, Totalité et Infini. Il porta l'éthique au rang de philosophie première, réel bouleversement dans le rationalisme occidental.
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+ Le XXe siècle ressuscite aussi une conception hédoniste de l'amour, notamment à travers le mouvement hippie :
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+ « Vivre d'amour et d'eau fraîche ». Ni guerre ni labeur ; uniquement l'amour. « Peace and Love » (« Paix et amour »). Plaisir de la séduction, de l'érotisme et des divertissements sexuels mêlé de pacifisme.
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+ Sur le plan psychique, la psychanalyse considère que les premières relations parents-enfants sont déterminantes dans l'esprit d'une personne et de sa perception de l'amour. Les relations mère-fils ou père-fille, notamment, sont particulièrement marquantes. Les relations parents-enfants sont généralement déséquilibrées : le parent répond aux besoins de l'enfant. Il est dit dans ce cas que l'amour de l'enfant est captatif et celui des parents oblatif.
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+ En grandissant l'enfant apprend à rééquilibrer ces relations. Cet apprentissage peut échouer à tel ou tel moment, et l'adulte en garder un manque de maturité (s'il n'en prend pas conscience) et une perception de l'amour plus ou moins blessée. Les relations de ses parents entre eux seraient aussi importantes dans la construction de cette idée de l'amour.
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+ L'amour peut être perçu essentiellement comme la quête d'un manque, lorsque la notion oblative ne s'est pas développée. L'amour apporté à un individu ou un objet naîtrait par ce qu'il apporte à un individu ou qu'il serait susceptible de lui apporter. « Aimer » ne serait autre qu'une façon inconsciente d'avouer sa propre impuissance à l'autonomie pour un besoin particulier à un moment donné. Besoin d’aimer ou besoin de se sentir aimé ne serait autre qu'un besoin égoïste, qu'une attente de la personne qui pourrait combler les ‘manques’ immatériels ou matériels qu'elle ne serait pas capable de satisfaire par elle-même. Par exemple, en Occident, le besoin d'un enfant entraînerait le besoin d’une compagne ou d’un compagnon à nos côtés, besoin qui nourrit un sentiment d’amour ou de besoin d’amour pour la personne attendue pour concevoir cet enfant.
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+ La réalité psychique du besoin d’enfant résiderait plus dans un besoin de sécurité motivé apparemment par le bien de l'enfant : le nourrir et l'accompagner vers l’âge adulte. Mais cette attitude, apparemment généreuse, sous-tendrait en fait un désir caché chez certains parents d'être accompagné vers la vieillesse. Dans ce type de situation, « aimer » ou dire « je suis amoureux(se) », serait une façon inconsciente de dire : « j’espère que la personne pour laquelle j’éprouve des sentiments amoureux m’apportera les choses que j’attends d’elle ». Tant qu'il est senti chez la personne aimée la présence des choses attendues de sa part, le sentiment perdure, mais si la personne aimée perd ou ne dispose pas d'une partie de ce que l'autre attend, le sentiment d’amour s’estompe ou s’éteint. Lorsque ce sentiment s'estompe, il n'est pas rare d’entendre : « Nos deux chemins se sont séparés » car « mes besoins ont changé », « nous n'avons pas suivi la même route », etc. À ce moment, la personne qui se sent « en danger » peut être sujette à des crises d'anxiété. La personne quittée peut y être plus ou moins indifférente ; si tel n’est pas le cas celui qui est « abandonné » aura probablement un sentiment de tristesse, de jalousie, de colère ou même de haine…
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+ Selon l'universitaire Nicolas Favez, l'amour a longtemps été absent en psychologie du couple, à la fois pour des raisons morales et en raison de la difficulté à aborder l’objet[8].
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+ Isaac « Zick » Rubin (1970) est considéré comme le précurseur des recherches empiriques et psychométriques en la matière ; ses travaux s'appuient sur une théorie de l’amour compris comme « une attitude qui prédispose l’individu à penser, ressentir et agir d’une façon particulière envers un objet d’amour », vision semblable à l’attachement romantique.
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+ Plusieurs typologies ont été proposées comme celle du sociologue John Alan Lee (en) dans Les couleurs de l’amour en 1970 (déclinée en plusieurs « styles » de « Eros » à « Agape ») ou encore la théorie dite « triangulaire » (1977) du psychologue Robert Sternberg (où l’amour est constitué de trois composants : la passion, l’intimité et l’engagement, dimensions susceptibles de varier en intensité, représenté sous forme d’un triangle, et qui donne sept styles de l’« affection » à l’« amour accompli »[8]).
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+ Si conceptualiser l’amour au niveau psychologique est déjà difficile, le mesurer est plus compliqué encore, et la plupart des chercheurs ont renoncé devant la difficulté à trouver des critères le rendant quantifiable (Rubin, 1988). Quelques tentatives ont cependant eu lieu : en 1986, Elaine Hatfield et Susan Sprecher, respectivement psychologue et sociologue américaines, élaborent la Passionate Love Scale (PLS) (« échelle d'amour passionnel »), un test visant à mesurer le degré d'intensité de l'amour porté par un individu pour un autre ; celui-ci intègre des composants cognitifs, émotionnels et comportementaux[9],[10]. Le protocole est ensuite réutilisé par de nombreux chercheurs dans les décennies suivantes[10],[11]. D'autres échelles sont ensuite élaborées : la Love Attitudes Scale (« échelle d’attitudes amoureuses ») (C. Hendrick & S. Hendrick, 1990; C. Hendrick, S. Hendrick & Dicke, 1998) et la Triangular Love Scale (« échelle d'amour triangulaire ») (Sternberg, 1997)[8].
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+ En 1999, les universitaires Roy F. Baumeister et Ellen Bratslavsky exposent une théorie selon laquelle l'amour est la dérivée première de l'intimité mesurée dans le temps, ce qui signifie que si le sentiment amoureux est peu intense lorsque l'intimité est stable (qu'elle soit forte ou faible), il va en se renforçant dès que l'intimité va croissant[12],[13]. En 2003, les chercheurs Anne Falconi et Étienne Mullet déterminent la « structure algébrique exacte » de l'amour tout au long d'une vie adulte en attribuant un facteur multiplicateur à chacune des trois grandes composantes de l'amour : 0,51 pour la passion, 0,29 pour l'intimité et 0,20 pour l'engagement[14],[13].
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+ Selon Nicolas Favez, la principale critique concernant l'appréhension générale de l'amour en psychologie « est l’indétermination de leur objet : il n’est jamais très clair si l’on parle, avec ces styles d’amour, de la personnalité des individus – leur inclinaison à aimer d’une certaine façon, ce qui en ferait donc un trait de personnalité, ou si l’on parle de relations – le style serait une qualité émergente de la rencontre entre deux personnes. [...] Or, la question est de savoir dans quelle mesure nous avons deux systèmes séparés, l’un d’amour et l’autre qui évalue l’importance de la relation et pilote le premier, ou si l’importance que nous attribuons à une relation ne dépend pas justement de l’amour ressenti »[8].
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+ Zoologiquement, la vie et le comportement sexuels des êtres humains présentent de nombreux points communs avec ceux des primates, et plus généralement avec l'ensemble des mammifères. L'observation de l'espèce la plus proche de l'Homo sapiens, le chimpanzé nain du Congo ou bonobo (Pan paniscus), ainsi que celle des autres grands singes, suggère que l'amour chez l'homme ne serait qu'une forme culturellement complexifiée d'un phénomène existant déjà chez ces animaux.
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+ Physiologiquement, le coït tel qu'il est observé chez l'Homo sapiens ne diffère guère de l'accouplement chez les grands singes. En revanche, la séquence amoureuse, des premières approches, de la séduction jusqu'à l'accouplement, semble avoir évolué parallèlement à l'hypertrophie du cortex cérébral dont a été dotée notre espèce au cours de son évolution récente. Les aptitudes à l'idéation, l'imagination, l'anticipation et à la stratégie qui en résultent ont complexifié le processus à l'extrême.
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+ L'attachement durable, la formation de couples relativement stables s'observe également chez ces animaux, mais sans atteindre la diversité des comportements individuels, la durée et le rôle fondamental de l'imaginaire constatés dans la vie amoureuse humaine. Un autre facteur qui distingue l'humain des singes, avec d'énormes conséquences, est la disponibilité quasi constante de la femelle humaine à l'accouplement, ce qui n'existe pas chez les autres mammifères.
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+ Les zoologues se sont en outre intéressés à l'avantage concurrentiel, du point de vue de l'espèce, que donne l'amour tel qu'il se manifeste chez les êtres humains. Il apparaîtrait comme nécessaire à la sécurisation du couple durant la période d'extrême vulnérabilité des jeunes, elle-même suivie de la phase de développement de l'intelligence d'un adulte, moments qui, rapportés à leurs équivalents chez les espèces proches, sont extrêmement longs.
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+ En outre, les comportements sexuels se manifestent de manière extrêmement variable chez les animaux[15]. D'un point de vue évolutif, la grande variété des comportements amoureux influencerait la diversité des espèces.
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+ Les études animales de l’attachement ont montré que les différents types d’attachement (filial, romantique, fraternel, amical, pour un animal, un habitat, un milieu ou pour un objet) ont des bases neurobiologiques en partie communes. Chez l’humain, l’attachement « romantique » met en jeu globalement les mêmes régions cérébrales, ainsi que certaines structures impliquées dans les récompenses[16]. L’attachement « romantique » dépendrait, au moins en partie, du contexte socioculturel. En effet, il est observé que dans les sociétés où l’activité érotique se déroule simplement et quotidiennement, l’attachement romantique est moins marqué et plus « apaisé » que dans les passions et les extases sentimentales de l’amoureux occidental, « qui soupire comme une fournaise » pour un impossible idéal romantique[17]. Plusieurs auteurs ont souligné la ressemblance entre certains aspects de la passion amoureuse (altération de l’état mental, exaltation de l’humeur, pensées intrusives de l’objet aimé…) et certains troubles psychiques (observés par exemple dans les troubles bipolaires et obsessionnels-compulsifs)[18]. En schématisant, il semblerait que la mise en jeu du système des récompenses, facteur primordial de la sexualité humaine[19],[20], induise une « dépendance » à l’objet « aimé » qui conduirait à des états de « manque » lorsque cet objet est inaccessible[21]. Ces états psychiques intenses provoqués par les passions amoureuses sont à l'origine, non seulement d'accomplissements remarquables dans les arts, la poésie et la litt��rature, mais également de bouleversements individuels (tentatives de suicide, crimes passionnels…) ou sociaux (selon la légende, la guerre de Troie fut provoqué par l'enlèvement d'Hélène par le prince Pâris, subjugué par sa beauté extraordinaire).
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+ L’anthropologue Helen Fisher assimile la puissance de ce sentiment à une addiction proche de la cocaïno-dépendance[22].
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+ Quant à l'amour maternel, chez les animaux, une intervention dans un processus naturel comme l'accouchement perturbe l'attachement de la femelle envers son petit. Ainsi, « des brebis parturientes ayant subi une anesthésie péridurale ne manifestent pas de comportement maternel »[23].
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+ Dans son dernier ouvrage, Le Premier Amour (Plon, 1999), les enfants sont de grands passionnés et savent très tôt ce qu'aimer veut dire, on aime à trois ans comme on aimera toute sa vie, explique le psychosociologue Francesco Alberoni[24].
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+ Le lien originel serait la première histoire d’amour selon les chercheurs, une continuation de quête à toutes les histoires amoureuses convoitées. L’attachement sexuel présenterait dès la naissance une activité neurophysiologique qui se maintiendrait dans l'enfance pour déborder physiquement sur l’âge adulte avec l’afflux d’hormones provoquant des réponses physiologiques à l'adolescence. Jean-Pol Tassin, neurobiologiste au Collège de France, indique que les histoires d'amour sont des éléments émotionnels dans le processus cérébral qui sont un prolongement du lien maternel. « Dès la naissance, un rapport à la mère fondé sur la recherche de plaisirs sensoriels se crée, explique-t-il. Avec ce premier rapport hédoniste, l'enfant au cours de son développement se bâtit ce que l'on peut appeler un « bassin attracteur » : il intègre petit à petit ses satisfactions premières et va passer sa vie à rechercher chez les autres des stimuli analogues. »[25]
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+ La famille est un lieu riche en relations amoureuses : amour conjugal, amour maternel, et de manière plus générale, parental, amour filial, fratrie.
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+ L'importance de l'affection des membres d'une même famille entre eux est illustrée par l'émotion vécue dans les grands évènements tels qu'une naissance, un mariage, un succès, une épreuve, un accident, un décès.
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+ L'amour ne diffère pas fondamentalement dans les diverses cultures humaines, les parades de séduction restant à la base les mêmes en Afrique, en Orient, en Europe ou en Amérique du Nord[réf. nécessaire]. C'est plutôt l'attitude à l'égard du désir féminin, dont la répression est fréquente dans beaucoup de sociétés (voir aussi Comportement et langage), qui change de forme extérieure. Il semble qu'un abandon de soi permet la délivrance ou l'expression d'un aboutissement à autrui.
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+ Le comportement sexuel varie fort peu suivant les diverses sociétés humaines. Les modes de séduction, de contacts, les parades et les expressions faciales ne présentent que des différences mineures et très extérieures.[réf. nécessaire] L'Europe n'a plus le monopole de la représentation massifiée du comportement amoureux ; pourtant, les deux grandes industries cinématographiques du monde, occidentale et indienne[réf. nécessaire], montrent de manière saisissante le caractère uniforme des représentations collectives de la sexualité dans des cultures différentes, a fortiori sachant que ces deux cinémas ont chacun une aire d'influence qui va bien au-delà de leurs sphères géographiques propres. Les films indiens sont depuis longtemps projetés dans tous les cinémas du Moyen-Orient et du monde arabe, tandis que le cinéma occidental a depuis longtemps fait la conquête du Japon et de la zone d'influence chinoise.[réf. nécessaire]
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106
+ Néanmoins, certains détails comportementaux sont culturellement acquis. Le baiser avec la langue, par exemple, qui semble naturel en Occident, en Chine, dans le monde arabe, en Inde, était probablement inconnu en Afrique subsaharienne avant l'arrivée des Européens[réf. nécessaire]. Dans Ma vie secrète, un anonyme licencieux de l'époque victorienne rapporte qu'il a dû enseigner cette pratique, qui n'allait pas de soi. Il s'agirait donc d'un trait culturel, mineur, mais réel.
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+ L'éthnolinguistique, l'anthropologie linguistique et les études en traduction mettent en question la démarche anthropologique qui consiste à analyser le rapport entre les êtres humains et l'amour dans diverses langues-cultures. L'éthnolinguistique de Underhill (2012) montre par exemple que l'amour est représenté en termes métaphoriques, et que les cadres et les configurations métaphoriques diffèrent en anglais, français et tchèque. Mais si on va au-delà de la langue et on entre dans le discours, on ne peut maintenir le modèle d'un individu qui incarne sa culture et sa langue. On constate que les individus adoptent, adaptent et résistent les cadres culturels qu'ils trouvent dans la langue. L'anthropologie qui focalise sur les études multilingues montre que la langue n'est que le modèle qui est entretenu par les discours et par les « stratégies discursives ». L'amour se négocie en langage. Et souvent les locuteurs résistent ou rejettent les métaphores conceptuelles selon lesquelles l'amour serait « fusion », le « centre » ou le « but » de la vie. L'humour ne cesse d'innover à partir de paradigmes traditionnels. La vulgarité aussi (voir Underhill 2012).
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+ L'homosexualité est un comportement attesté depuis la plus haute Antiquité et fort bien documenté. D'un point de vue psychologique, l'amour entre homosexuels ne diffère pas significativement de l'amour hétérosexuel.
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+ Internet a modifié quelque peu les relations amoureuses dans le monde en facilitant les contacts à distance. De nombreux couples issus de continents différents se sont formés grâce à ce nouveau média.[réf. nécessaire]
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+ Paradoxalement, l'acte le plus naturel du monde (la reproduction) tout comme certaines fonctions corporelles (la défécation) sont accompagnés chez les êtres humains d'interdits sociaux visibles au niveau du langage et du comportement.
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+ Il existe dans toutes les sociétés humaines des tabous relatifs à ces fonctions. Par exemple l'homme est la seule créature[réf. nécessaire] qui se réunit en groupe pour manger mais, dans certaines cultures, s'isole pour déféquer. De même, l'acte sexuel se fait de préférence dans l'isolement (l'amour en groupe est considéré comme déviant). Le langage est lui-même empreint de ces valeurs morales qui distinguent ce qui est « propre » de ce qui est « sale ». La plupart des religions ont considéré comme nuisible pour la vie de l'individu le fait de vouloir satisfaire toutes les pulsions sans critères de limite (voir libertinage, célibat, abstinence) ou au contraire pour en faire le centre de leur philosophie dans certaines sectes (le gourou s'adjuge toutes les femmes du groupe). Le langage distingue ainsi dans toutes les langues du monde plusieurs niveaux pour désigner la copulation : poétique (union), vulgaire (baiser et une infinité d'autres termes), médical-scientifique (coït), etc. Quelques exemples d'euphémismes évitent d'être trop explicite comme faire l'amour ou coucher avec quelqu'un.
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+ Le choix du partenaire résulte en fin de compte d'un équilibre subtil entre l'attirance consciente ou culturelle (goûts ou passions communs, niveau de langage, richesse, comportement social, etc.) et l'attirance inconsciente ou naturelle (physique, odeur, sentiment de sécurité, etc.) Il est naturel d'exprimer métaphysiquement ses envies, désirs et besoins.
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+ De toute époque, l'amour, comme « désir », a inspiré les artistes de toutes les disciplines artistiques. C'est un thème récurrent et majeur avec le temps ; conséquences de la naissance, de la vie et la mort.
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+ L'amour a toujours été un thème de prédilection dans l'histoire de la peinture et de la sculpture, par la représentation de situations amoureuses ou par la symbolique ou l'allégorie, faisant intervenir des personnages mythologiques.
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+ Certains thèmes ou personnages mythologiques ou historiques reviennent :
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+ Par ailleurs, nombre de scènes amoureuses de la vie quotidienne des hommes ont été représentées, depuis la cour faite à l'être aimé au drame amoureux, en passant par le baiser langoureux ou le libertinage. Un exemple est le tableau de Jean-Honoré Fragonard nommé le Verrou.
126
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+ L'art poétique et le roman sont, avec la chanson, quelques-uns des moyens de prédilection de l'expression verbale de l'amour. À travers les âges, la littérature a reflété des tendances de l'amour, des divinités mythologiques à l'amour réaliste de notre époque.
128
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129
+ Le français présente une curiosité grammaticale : le mot amour est ordinairement au masculin au singulier, mais souvent au féminin au pluriel (« Un amour mort » / « Des amours mortes »)[26], mais il peut également être au féminin au singulier (« La belle amour, la vraie amour »).
130
+
131
+ Une des principales lois du judaïsme dicte d'aimer l’Éternel « de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces »[27]. Elle est régulièrement citée par les pratiquants lors du Chema Israël (« écoute Israël »), prière quotidienne.
132
+
133
+ Un autre commandement concernant l'amour est « tu aimeras ton prochain comme toi-même »[28]. Le judaïsme distingue trois types d'amour[29] : physique, charitable et spirituel. L'amour physique est manifesté dans le récit de la Création où Eve naît à partir d'une côte d'Adam.
134
+
135
+ Selon la conférencière Gila Manolson[30], l'amour dans le judaïsme est avant tout spirituel (le partage des valeurs et la bonté à déceler chez les autres est ce qui importe le plus). C'est également un amour qui se démontre par des actes, ainsi que l'écrit Jill Murray[31] : « L'amour est un comportement. » Ce comportement implique la Tsedaka, charité pratiquée par les juifs. D'après l'essai sur la Bonté du Rav Eliashou Dessler[réf. non conforme], « donner nous conduit à aimer. » La Tsedaka est donc une cause de l'amour, et non pas une conséquence. Ainsi, se comporter de manière juste (notamment en respectant les mitzvot et les lois) permet de manifester son amour envers Dieu et son prochain.
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137
+ Le christianisme « se définit comme religion du Verbe incarné et de l'amour révélé »[32].
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139
+ La révélation chrétienne tient en ceci : « Dieu est Amour » et rien d'autre[33] (1Jn4, 8.16). Cet énoncé constitue le cœur du discours chrétien sur Dieu : « Dieu interprété comme amour ; en cela consiste l'idée chrétienne[34] »
140
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141
+ Selon Laurent Gagnebin, « dans les religions en général, [Dieu] commence avant tout par être compris comme un Dieu terrifiant, redoutable, très éloigné du Dieu d'amour révélé par Jésus-Christ et qui caractérise aujourd'hui encore tout le christianisme[35]. »
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+ L'amour du prochain est la réponse à cet amour reçu :
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145
+ « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. »
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+ — Jn 13, 34-35
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+
149
+ Lorsqu'un Juif demande à Jésus : qui est mon prochain ? Jésus, par la parabole du bon Samaritain, signifie que le prochain est aussi l'étranger, l'ennemi, sans considération de religion. (Cfr Luc 10, 29-37). Ailleurs Jésus appelle à l'amour des ennemis : « Aimez vos ennemis et faites du bien à ceux qui vous haïssent. Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament. » (Luc 6, 27-28).
150
+
151
+ Le christianisme se différencie d'autres religions par l'abandon des lois et règles : seul le commandement de l'amour est sacré, est volonté de Dieu[36]. Tout le reste est rendu relatif à ce seul commandement. L'évangile selon Matthieu, notamment, l'exprime nettement lorsqu'un docteur de la Loi s'adresse au Christ :
152
+
153
+ « Et l'un d'eux, docteur de la loi, lui demanda pour l'embarrasser :
154
+ « Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? »
155
+ Il lui dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
156
+ C'est là le plus grand et le premier commandement.
157
+ Un second lui est égal : tu aimeras ton proche comme toi-même.
158
+ En ces deux commandements tient toute la Loi, et les Prophètes. » »
159
+
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+ — Mt 22, 35, 40
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+
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+ La recherche de l'amour du prochain, inextricablement liée à l'amour de Dieu, est le fondement de la relation humaine dans la Bible. Le rôle de l'Église et des Écritures est d'ouvrir le cœur des êtres humains (leur conscience) pour qu'il puisse vivre cet amour toujours plus profondément.
163
+
164
+ Pour certains[Qui ?], l'amour du prochain se définit comme une force intérieure qui pousse un être humain à rechercher la paix et à la partager avec les autres. Le désir d'amour se traduit par celui d'être avec l'autre ou les autres, celui d'accepter de recevoir et de donner, celui de dialoguer, de vivre avec, de comprendre, d'accompagner, etc.
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+
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+ Selon saint Paul : « Si je n’ai pas d’amour je ne suis rien. L'amour est patient, il est plein de bonté ; l'amour n'est point envieux, il ne se vante point, il ne s'enfle pas d'orgueil. Il ne fait rien de malhonnête. Il ne cherche point son intérêt, il ne s'irrite point, il ne soupçonne point le mal. Il ne se réjouit point de l'injustice, mais il se réjouit de la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L'amour ne meurt jamais[37]. »
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+ L'amour dont parle le christianisme se nomme parfois charité (du latin caritas), terme qui le distingue de l'amour érotique ou de l'amitié, et qui comporte, dans son sens religieux initial, une dimension transcendante. Il ne dépend pas du sentiment, mais de la volonté[38] en lien avec l'intelligence. Benoît XVI proclame : « Ce n'est que dans la vérité que l'amour resplendit et qu'il peut être vécu avec authenticité. (...) Dépourvu de vérité, l'amour bascule dans le sentimentalisme. (...) Il est alors la proie des émotions et de l'opinion contingente des êtres humains ; il devient un terme galvaudé et déformé jusqu'à signifier son contraire. La vérité libère l'amour des étroitesses de l'émotivité qui le prive de contenus relationnels et sociaux, et d'un fidéisme qui le prive d'un souffle humain et universel[39]. » (La charité a parfois pris le sens d'une sorte de pitié paternaliste : ce sens est très loin du sens de l’Évangile).
169
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170
+ Lanza del Vasto précise : « La Charité est un amour conscient partant de la connaissance de soi et de la reconnaissance de soi en autrui. (...) C'est un amour « théologal », c'est-à-dire « découlant de la connaissance de Dieu ». C'est la découverte dans l'âme de tout homme de "l'image et ressemblance de Dieu"(cfr Genèse 1, 26) déposées en elle comme en nous-mêmes[40] ». « Apprends à aimer non parce que ton cœur incontinent déborde, mais pour répondre au commandement de Dieu. Apprends la charité virile qui possède des paroles sévères pour ceux qui t'aiment, sereines pour ceux qui te combattent, chaudes pour ceux qui faiblissent, fortes pour ceux qui souffrent, claires pour les aveugles, écrasantes pour les orgueilleux, un seau d'eau et un bâton pour ceux qui dorment. L'amour qui demande et qui pleure, tue-le ; l'amour qui étreint et qui force, tue-le. Apprends l'amour qui n'attend rien du monde mais rayonne de par sa vertu propre, l'amour qui insuffle force à la personne aimée, et l'amène à la délivrance[41]. »
171
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172
+ Le pape François a rappelé ce commandement en conclusion de son message pour la Journée mondiale de la paix 2014, en soulignant que l'amour se traduit par la fraternité, qui est « fondement et route pour la paix »[42], qui est avec la liberté et l'égalité, l'une des trois vertus républicaines fondatrices de la conception contemporaine des droits de l'homme, comme l'a souligné Jean-Paul II dans une homélie lors de son premier voyage en France en 1980[43].
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+ L'étude de l’Évangile selon Marc amène Benoît et Ariane Thiran à préciser ce qu'est l'amour vécu-enseigné par Jésus-Christ[44]. L'amour, ils le définissent à partir du regard (intérieur) posé sur l'autre et soi-même, regard qui cesse d'être binaire et en opposition, par exemple lorsque je me pose comme le bon, le pur, le méritant face à « l'autre » qui ne l'est pas[45]. L'amour exige d'exister, de s'affirmer, mais sans écraser, d'interpeller l'autre mais en partant du respect le plus grand pour l'autre et en étant prêt à souffrir à l'instar du Maître[46].
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+ L'amour est un sujet qui, principalement, "apparaît dans la pensée musulmane que sous l’impulsion des soufis qui lui connaissent diverses formes et en recherchent les germes coraniques"[47].
177
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+ Le texte coranique associe plusieurs termes du champ lexical de l'amour à Dieu. « Dieu se qualifie dans le Coran de « Miséricordieux par essence » (Rahmân en arabe) et de « Miséricordieux d'une façon existentielle et efficiente » (Rahîm en arabe) : 329 occurrences ; Il est « le plus Miséricordieux des miséricordieux » ; [Les mots] Rahmân et Rahîm dérivent de la racine RHM qui renvoie à la matrice de la mère : rahim. Dieu est la matrice de l'univers, et aime Ses créatures d'un amour matriciel »[48]. La traduction du premier sens, aujourd'hui traduit par "miséricordieux" n'est pourtant pas assurée à l'époque de la rédaction du Coran. En effet, le terme Rahmân n'acquiert la signification de clément, de celui qui fait pitié, absente du champ sémantique de Rahman dans le Coran[49], qu'à partir de l’époque islamique[50].
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+ « L'islam est la religion de la « rah mah », [un mot arabe] qu'on rendrait par charité, amour, clémence, bienveillance et générosité dans tous les sens de ce dernier mot ; c'est cette « rah mah » qui fonde l'éthique islamique »[51]. Cet amour, cité dans le Coran, concerne principalement Allah, sauf trois fois où le terme est utilisé pour des humains :« les fils envers leurs père et mère (XVII, 24), les époux entre eux (XXX, 21), les Chrétiens entre eux (LVII, 27). »[52]. Dans sa définition, l'amour divin coranique pour les hommes n'est pas "inconditionné" mais est lié à la conduite morale de ceux-ci. Il aime "ceux qui agissent pour le mieux", "ceux qui accomplissent de belles actions"[53].
181
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+ L'amour pour les hommes, dans le Coran, est teinté d'une connotation négative, celui-ci pouvant être source de conflits, s'il n'est pas enraciné dans "l'amour véritable que l'on doit porter à Dieu". Pour l'islam, l'amour entre les hommes n'a aucune valeur s'il n'est pas lié à la foi. Ainsi le Coran déclare que le croyant doit aimer ses proches mais aussi que le non-croyant ne peut avoir d'amis sincères[53]. L'amour entre époux est, quant à lui, une injonction divine[53].
183
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184
+ Dans les bouddhismes Mahayana et Vajrayana (bouddhismes vietnamiens, chan, zen, lamaïsme), l'Amour est l'une des quatre qualités d'être que le pratiquant doit développer, l'un des « Quatre Infinis » ou « Quatre Incommensurables » : l'amour, la compassion, la joie et l'équanimité. Les tibétains définissent l'amour comme un souhait du bonheur de l'autre ; la compassion, comme un souhait de cessation de la souffrance de l'autre ; la joie, comme une participation à son bonheur ; l'équanimité comme le fait d'être attentif de façon semblable à tout être et toute chose sans établir un attachement privilégié. Tout pratiquant du bouddhisme Mahayana doit souhaiter la « bodhicitta » - « l'esprit d'éveil » - : souhaiter obtenir l'éveil ou les qualités spirituelles pour le bien des êtres, et ultimement, libérer définitivement les souffrances humaines. Karuna (sansk.), est traduit par « compassion » en français et « loving-kindness » en anglais, une activité d'attention aimante envers l'autre. Au Tibet, la compassion est décrite comme l'attitude de la mère attentive face à ses enfants.
185
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+ Dans le bouddhisme Mahayana, d'une façon générale, la compassion, ou « amour-tendresse » est à développer conjointement à la sagesse (compréhension de la nature réelle, objective des phénomènes, philosophie du non-soi, etc.). La sagesse permet de s'affranchir de l'idée du soi, donc de toute tendance égotique ou narcissique. En cela, elle participe à l'émergence d'une « compassion infinie ». De même, la sagesse exige une grande compassion pour être actualisée : l'extinction de l'illusion du soi, pour les bouddhistes, exige une infinie dévotion, une immense abnégation. Aussi, pour les bouddhistes du Tibet, sagesse et compassion (ou « amour-tendresse ») se développent l'un l'autre jusqu'à conduire le pratiquant dans une « Terre pure » de bodhisattva - c'est-à-dire jusqu'à l'actualisation du potentiel humain d'amour, de joie, de compassion et d'équanimité.
187
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+ Dans le bouddhisme ancien, selon l'enseignement du Bouddha, cette vision de l'amour n'apparaît pas. Le Bouddha insiste surtout sur le détachement qui conduit à la suppression du « désir » (Taṇhā), et donc au bonheur durable (cessation de la souffrance, nirvana). Ce n'est qu'entre les Ier et IVe siècles apr. J.-C. qu’émergera le bouddhisme Mahayana pour lequel l’action de compassion et d’amour envers l’autre prime sur l’ascèse et la méditation.
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+ Pour les bouddhismes issus des développements du Mahayana et du Vajrayana, amour, joie et compassion ne sont pas des émotions mais de véritables qualités d'êtres. Les émotions telles la colère, la jalousie, la peur, l'avidité, l'orgueil, passion, ne sauraient durer, elles sont passagères et proviennent de l'attachement et du désir. Au contraire, l'amour, la joie et la compassion peuvent se développer infiniment et sans être nécessairement dépendantes d'un objet ou de la présence d'un être. Le pratiquant peut les porter en lui, les développer infiniment et au-delà de tout attachement.
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+ Selon Vivekananda, maître spirituel de l'hindouisme, l'amour de Dieu (bhakti en sanskrit) est le véritable amour, non égoïste : « Nous ne pourrons concevoir une jouissance plus haute que l’amour, mais ce mot amour a différentes significations. Il ne signifie pas l’amour égoïste qui est courant dans le monde ; (...) l’amour qui est parfaitement sans égoïsme est le seul amour, et c’est celui de Dieu. Il est très difficile à atteindre. Nous passons à travers toutes ces amours différentes, amour des enfants, du père, de la mère, etc. Nous développons lentement notre faculté d’amour, mais dans la majorité des cas, nous n’apprenons rien, nous nous enchaînons à un stade, à une personne. »[54]
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+ En informatique, un logiciel est un ensemble de séquences d’instructions interprétables par une machine et d’un jeu de données nécessaires à ces opérations. Le logiciel détermine donc les tâches qui peuvent être effectuées par la machine, ordonne son fonctionnement et lui procure ainsi son utilité fonctionnelle. Les séquences d’instructions appelées programmes ainsi que les données du logiciel sont ordinairement structurées en fichiers. La mise en œuvre des instructions du logiciel est appelée exécution, et la machine est appelée ordinateur ou calculateur.
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+ Un logiciel peut être classé comme système, applicatif, standard, spécifique, ou libre, selon la manière dont il interagit avec le matériel, selon la stratégie commerciale et les droits sur le code source des programmes. Le terme logiciel propriétaire est aussi employé.
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+ Les logiciels sont créés et livrés à la demande d'un client, ou alors ils sont créés sur l'initiative du producteur, et mis sur le marché, parfois gratuitement. En 1980, 60 % de la production et 52 % de la consommation mondiale de logiciels est aux États-Unis. Les logiciels sont également distribués illégalement et la valeur marchande des produits ainsi distribués est parfois supérieure au chiffre d'affaires des producteurs. Les logiciels libres sont créés et distribués comme des commodités produites par coopération entre les utilisateurs et les auteurs.
6
+
7
+ Créer un logiciel est un travail intellectuel qui prend du temps. La création de logiciels est souvent le fait d'une équipe, qui suit une démarche logique et planifiée en vue d'obtenir un produit de bonne qualité dans les meilleurs délais. Le code source et le code objet des logiciels sont protégés par la convention de Berne concernant les œuvres littéraires.
8
+
9
+ Le terme anglais « (en) software » a été utilisé dès 1953 pour distinguer la partie modifiable de l'ordinateur, par opposition au « (en) hardware » qui est la partie matérielle permanente. Il apparut dans la littérature pendant les années 1960[1].
10
+
11
+ En français, le mot logiciel est formé en 1969 à partir des mots logique et matériel comme traduction par la Délégation à l’informatique chargée du Plan Calcul[2]. Ce terme a été adopté par l'Académie française en 1972[3]. Cette traduction est officialisée par un arrêté publié au Journal officiel le 12 janvier 1974[4] et confirmé par l'arrêté du 17 janvier 1982[5].
12
+
13
+ Un ordinateur est composé de matériel et de logiciels. Le matériel est constitué des musiciens et des instruments, tandis que le logiciel est la partition[6]. Sans logiciel l'ordinateur ne fait rien parce qu'il n'a pas reçu les instructions lui indiquant ce qu'il doit faire[6]. Les logiciels sont composés de programmes informatiques, qui indiquent à l'ordinateur comment effectuer les tâches[7]. Le logiciel détermine les tâches qu'un appareil informatique peut effectuer[7].
14
+
15
+ Alors qu'à la vente d'un appareil informatique, l'accent est souvent mis sur le matériel informatique, c'est avant tout le logiciel qui donne à l'ordinateur sa valeur ajoutée[6]. Le mot anglais software (en français : logiciel) était à l'origine utilisé pour désigner tout ce qui est immatériel dans un ordinateur : des programmes, des données, des documents, des photos[7]…
16
+
17
+ Logiciel n'est pas synonyme de programme informatique. Un logiciel est un ensemble typiquement composé de plusieurs programmes, ainsi que tout le nécessaire pour les rendre opérationnels : fichiers de configuration, images bitmaps, procédures automatiques[8]. Les programmes sont sous forme de code binaire ainsi que parfois sous forme de code source[9].
18
+
19
+ Les deux principales catégories de logiciels sont les logiciels applicatifs et les logiciels de système. Le logiciel applicatif est destiné à aider les usagers à effectuer une certaine tâche, et le logiciel de système est destiné à effectuer des opérations en rapport avec l'appareil informatique[7].
20
+
21
+ La plus importante pièce de logiciel est le système d'exploitation. Il sert à manipuler le matériel informatique, diriger le logiciel, organiser les fichiers, et faire l'interface avec l'utilisateur[6]. Les logiciels disponibles dans le commerce sont toujours destinés à être utilisés avec un ou plusieurs systèmes d'exploitation donnés[6].
22
+
23
+ Les logiciels sont couramment classifiés en fonction de[10] :
24
+
25
+ Les deux principales catégories de logiciels sont le logiciel applicatif et le logiciel de système :
26
+
27
+ Les autres types de logiciels sont les applications, les utilitaires, les programmes et les pilotes (anglais driver) :
28
+
29
+ Il n'y a pas de distinction claire entre un logiciel standard et un logiciel spécifique, et il existe un continuum entre ces deux extrêmes[10] :
30
+
31
+ Selon les droits accordés par le contrat de licence, on parle de :
32
+
33
+ Les principaux procédés de commercialisation des logiciels sont la production sur mesure de logiciels spécifiques pour les entreprises, la vente de logiciels standard destinés aux entreprises et la vente de ces derniers aux particuliers[10].
34
+
35
+ En 1990 les plus grands éditeurs de logiciels aux États-Unis sont IBM, Microsoft, Computer Associates, Digital et Oracle. Les États-Unis sont à la fois le premier consommateur et le premier producteur mondial de logiciels, concurrencé principalement par l'Europe et le Japon (SAP, Dassault Systèmes et Sony) : dans les années 1980 la production / consommation des États-Unis représente 60 % de la production mondiale de logiciels, et 52 % de la consommation[12]. 50 % des logiciels standards mis sur le marché sont des logiciels applicatifs[13].
36
+
37
+ Les activités des entreprises du secteur du logiciel sont, outre de créer des logiciels, d'assurer l'installation du logiciel chez le client ainsi que son exploitation. Pour une entreprise comme SAP (numéro un du logiciel en Europe) l'installation de leurs logiciels et la formation des utilisateurs est une part non négligeable de leur activité[10].
38
+
39
+ Les logiciels libres sont distribués comme des commodités produites en coopération entre les utilisateurs et les entreprises du secteur. Les entreprises qui les distribuent vendent parfois des contrats d'assistance dans l'utilisation et la modification de ces logiciels[14].
40
+
41
+ Dans les années 1950 les logiciels étaient souvent créés par les fabricants de matériel informatique et vendus avec le matériel, parfois des sociétés d'ingénierie créaient sur demande des logiciels applicatifs selon les besoins de l'utilisateur, cependant les systèmes d'exploitation étaient exclusivement le fait de fabricants de matériel. Les éditeurs de logiciels - sociétés spécialisées dans le logiciel - sont devenus courants dès les années 1960. Trente ans plus tard il existe plusieurs milliers d'éditeurs de logiciels aux États-Unis[12].
42
+
43
+ Pour les produits numériques tels que les logiciels, la création de la première copie coûte très cher, tandis que les copies subséquentes coûtent très peu. Pour un logiciel, la création du code source demande un investissement important, sans aucune garantie de succès[10]. Une fois créé, un logiciel peut être copié sans perte de qualité, la copie étant strictement identique à l'original. Des outils de partage de fichiers en pair à pair sont utilisés pour copier, parfois illégalement, des logiciels, comme ça se fait dans le marché de la musique. Les logiciels couramment copiés illégalement sont ceux qui peuvent être utilisés tels quels par les particuliers - logiciels de bureautique ou jeux vidéo. Les éditeurs de ces logiciels disent que ces copies illégales entraînent des manques à gagner et ceux-ci incluent dans leurs produits des mécanismes de protection[10].
44
+
45
+ Les lois du droit d’auteur et du secret industriel permettent de protéger les intérêts des producteurs de logiciel, et les motiver à investir le temps et l'argent nécessaire pour produire et distribuer de nouveaux produits. La distribution de copies illégales de logiciels a pour effet direct de diminuer la rentabilité de la production de logiciel par une baisse des ventes, et comme effet indirect de diminuer la motivation des producteurs.[non neutre][réf. nécessaire] La valeur marchande des copies vendues illégalement est souvent supérieure au chiffre d'affaires des ventes des producteurs et cette vente illégale est une des principales préoccupations de tous les éditeurs de logiciel[12].
46
+
47
+ Les situations de monopole sont caractéristiques du secteur du logiciel : il arrive souvent qu'une seule technologie ou un seul vendeur contrôle un pan du marché[10]. Le marché du logiciel est sujet à l'effet réseau : la popularité élevée d'un logiciel le rend d'autant plus intéressant pour l'acheteur. Ce phénomène renforce les fortes et grandes entreprises et fragilise les fragiles petites entreprises. Ce qui explique que les petites entreprises peu populaires doivent se battre pour survivre, et explique les situations de monopole[10]. L'adhésion des logiciels aux standards technologiques permet aux producteurs de profiter de l'effet réseau : le fait que plusieurs produits adhèrent au même standard facilite les échanges d'informations ce qui les rend plus intéressants pour l'utilisateur[10].
48
+
49
+ Le logiciel libre est un mouvement social basée sur la philosophie formulée par Richard Stallman dans les années 1980.
50
+
51
+ Richard Stallman, à l'origine de cette mouvance, se décrit lui-même comme étant « le dernier survivant de la culture Hacker ». Selon le livre de Steven Levy, les hackers sont une communauté et une culture née en 1960 à l'institut de recherche en intelligence artificielle du MIT et presque disparue dans les années 1980[14]. Dans cet institut de jeunes hobbyistes passent leur temps à étudier les ordinateurs et explorer les possibilités qu'offre la programmation de ces machines. Dans ce milieu les programmes informatiques sont traités de la même manière que n'importe quelle information scientifique : mis à la disposition de tout un chacun pour étude, exploitation et amélioration[14]. Il y règne un fort esprit de coopération et de partage, le code source des programmes est utilisé comme moyen de communication, et le fait de restreindre l'accès au code source limite les interactions de la communauté[14].
52
+
53
+ En 1984 Richard Stallman, selon sa philosophie libre - héritée du milieu hacker, lance la création d'un système d'exploitation (GNU) et fait appel à un conseiller juridique de la Free Software Foundation pour créer une nouvelle licence de distribution, la GNU General Public License (abr. GPL), qui garantit que le code source d'un logiciel, initialement publié par son auteur, ne sera jamais mis sous secret industriel en application des lois de copyright par quiconque le récupère et le redistribue[14].
54
+
55
+ Dans son ouvrage GNU Manifesto, Richard Stallman suggère aux producteurs de logiciels de changer leur manière de travailler, et, au lieu d'acheter et vendre du logiciel, de le considérer comme une commodité produite en coopération entre les utilisateurs et les entreprises du secteur. Il suggère que même si le logiciel est libre, les utilisateurs auront besoin d'assistance dans l'utilisation et la modification du logiciel, services que les entreprises peuvent vendre[14].
56
+
57
+ La GPL est la licence la plus fréquemment appliquée aux logiciels libres. En 2002 plus de 50 % des projets de SourceForge.net sont sous licence GPL, et c'est également la licence appliquée à la plupart des distributions GNU/Linux[14].
58
+
59
+ Certains comme Eric S. Raymond considèrent que la supériorité des logiciels libres est avant tout technique. Pour promouvoir cet aspect du logiciel libre ils ont créé l'Open Source Initiative en 1998.
60
+
61
+ En Europe de l'Ouest les logiciels sont protégés par la loi en tant qu’œuvres littéraires auxquelles s'applique la convention de Berne. Convention qui prévoit qu'un accord explicite de l'auteur est obligatoire avant de retoucher, de modifier, de publier le logiciel, ou de s'en servir comme base pour réaliser un autre logiciel[12].
62
+
63
+ Un contrat de licence fixe les droits et les obligations du fournisseur et de l'utilisateur du logiciel. Ce contrat formalise également les biens et les services qui devront être offerts par le fournisseur. Lorsque les logiciels ont commencé à être vendus en grande distribution, ce contrat - auparavant signé par l'acheteur - a été remplacé par une licence sous emballage (anglais shrink wrap), qui lie automatiquement et tacitement le fournisseur avec l'utilisateur du moment que ce dernier ouvre l'emballage du logiciel[12].
64
+
65
+ Les logiciels sont également protégés par les lois du secret industriel, destinées à empêcher la concurrence de se servir des caractéristiques techniques du logiciel dans ses produits. Pour les logiciels vendus en grande distribution sous licence sous emballage, cette protection est assurée en gardant secret le code source du logiciel et en commercialisant uniquement le code objet : la découverte des caractéristiques techniques à partir du code objet nécessite des outils spécialisés et un gros effort de réflexion[12].
66
+
67
+ La licence GNU General Public License (abr. GPL) a été créée en 1984 comme outil de soutien de la philosophie libre. Cette licence garantit à quiconque recevant une copie du logiciel d’obtenir les mêmes droits, c’est-à-dire le droit d’exécuter le logiciel dans n’importe quel but, de le copier, de l’étudier, de le modifier et d’en distribuer des copies exactes ainsi que des copies modifiées[14].
68
+
69
+ Les logiciels peuvent être distribués dans le commerce de détail, téléchargés en libre-service, incorporés dans un appareil informatique, ou mis en ligne sur un ordinateur du fournisseur. La distribution peut être gratuite, peut faire l'objet de commerce et peut être complétée par des contrats de service concernant par exemple de la maintenance ou de l'assistance technique. En plus de la distribution publique, des techniques permettent la distribution automatisée de logiciels aux employés d'une entreprise. La majorité des logiciels continuent d'appartenir à leur producteur après avoir été distribués.
70
+
71
+ Les logiciels sont « emballés » sous une forme qui facilite le transport avant d'être distribués aux utilisateurs. Pour un logiciel vendu en grande distribution, le colis (anglais package) est conçu pour permettre l'utilisation immédiate du logiciel sans l'intervention d'un informaticien. Il contient généralement le code objet des programmes, le nécessaire pour les installer et la documentation. Le colis est rarement vendu, et généralement mis à disposition assorti d'une licence d'utilisation. Le fournisseur peut y ajouter des services de formation, de maintenance, de mise à jour et de garantie, souvent sur paiement additionnel[15].
72
+
73
+ Le déploiement est effectué en plusieurs étapes qui visent à placer le logiciel dans son environnement cible de manière qu'il soit prêt à être utilisé. La première étape consiste à emballer (anglais package) un logiciel en vue de faciliter son envoi vers l'environnement cible. Puis une étape dite d´installation consiste à effectuer les opérations nécessaires pour placer le logiciel dans son environnement cible, ceci peut nécessiter une modification de la configuration des logiciels déjà en place. L'opération de désinstallation consiste à effectuer les opérations inverses de l'installation, en vue de retirer le logiciel[16].
74
+
75
+ La procédure d'installation est typiquement automatisée par des logiciels - qui sont essentiellement des outils de décompression[16]. Un logiciel évolue durant toute sa vie, et est typiquement distribué plusieurs fois, à plusieurs stades de son évolution, appelés versions ou release[9].
76
+
77
+ Le secteur public a été l’un des secteurs d’activité le plus moteur dans la diffusion et appropriation de l’open source et des logiciels libres. À titre d’exemple, en 2011, près de 19 % du budget informatique de l’administration française est affecté à des projets à composantes open source ou incluant des logiciels libres, générant ainsi un marché de plus de 1,2 milliard d’euros en 2011 (logiciels et services)[17].
78
+
79
+ Il faut aussi tenir compte des évolutions en cours dans les modèles de distribution des logiciels avec la montée en puissance de l’informatique en nuage, et notamment du mode SaaS (Software as a Service). Celui-ci change les modes de rémunérations associés et la facturation en regard. Même si en 2011, la part du mode SaaS dans l’ensemble du marché des logiciels est encore marginale[18], sa progression est rapide et devrait devenir un mode à ne pas négliger parmi les différentes formes couramment acceptées. Plusieurs indicateurs confortent l’évolution progressive vers des services applicatifs à la demande via le réseau[19].
80
+
81
+ Créer un logiciel est une activité intellectuelle et prend du temps[20]. La construction d'un logiciel comporte généralement différentes activités telles que l'étude de faisabilité, l'analyse des besoins, la conception, la programmation, les tests, le déploiement et la maintenance[20]. La construction d'un logiciel modérément complexe dans un délai raisonnable n'est généralement pas réalisable par une personne seule[20]. La construction nécessite alors d'être découpée en tâches qui seront réparties entre plusieurs personnes d'une entreprise ou d'une équipe[20].
82
+
83
+ L'étude de faisabilité permet de déterminer si le logiciel peut être réalisé : s'il est possible d'apporter une solution technique au problème posé, en tenant compte du système informatique à disposition. L'analyse des besoins permet de produire la spécification fonctionnelle qui servira de référence pour la conception et la programmation. La conception consiste à choisir les technologies et les outils qui devront être utilisés, tandis que la programmation consiste à créer des programmes exécutables en se servant des langages de programmation. Les tests consistent à simuler des scénarios d'utilisation en vue de vérifier le fonctionnement correct du programme. La maintenance est des travaux de modification effectués a posteriori, après la distribution du logiciel[20].
84
+
85
+ La construction doit suivre une démarche logique et réfléchie en vue d'éviter des produits de piètre qualité, qui donnent des résultats incorrects et tombent en panne. L'utilisation systématique d'une démarche réfléchie fait du travail de programmation une discipline d'ingénierie[20]. Si créer un logiciel simple, répondant à un problème simple, peut être effectué de manière informelle par une personne seule, plus le logiciel est complexe plus sa construction est complexe, coûteuse en temps et vouée à l'échec[20]. Les principales causes d'échec sont : la construction prend plus de temps que prévu, ce qui peut augmenter considérablement le coût de construction. Le logiciel ne donne pas les résultats attendus ou est abandonné par l'utilisateur parce qu'il tombe trop souvent en panne[20].
86
+
87
+ L'évolution du matériel informatique, les nouveaux domaines d'utilisation des ordinateurs tels que la science, l'image et le son, l'industrie ou la communication ont augmenté l'importance du logiciel et la complexité moyenne de celui-ci[20]. Les logiciels simples ne sont alors plus que des exercices ou des résolutions théoriques de problèmes, tandis que la résolution de problèmes concrets nécessite des logiciels complexes où le travail discipliné de construction est une nécessité[20].
88
+
89
+ Un logiciel en version bêta (ou bêta-test) est un logiciel non finalisé, pour lequel on effectue une série de tests jusqu'à ce qu'une stabilité relative soit atteinte. Les personnes qui cherchent les dernières erreurs de ces versions de logiciels sont appelés des bêta-testeurs.
90
+
91
+ Un logiciel qui est opérationnel sera maintenu. La maintenance du logiciel désigne les modifications apportées à un logiciel, après sa mise en œuvre, pour en corriger les fautes, en améliorer l'efficacité ou autres caractéristiques, ou encore adapter celui-ci à un environnement modifié (ISO/IEC 14764).
92
+
93
+ Eric S. Raymond, dans son livre La Cathédrale et le Bazar, compare la démarche de construction utilisée pour les logiciels open source Linux et fetchmail — le bazar — avec la démarche traditionnelle des éditeurs de logiciels — la construction de cathédrales[21] :
94
+
95
+ Dans la démarche open source, les usagers sont co-développeurs du logiciel et ont un intérêt personnel pour le produit. Le code source est public et accessible à tout le monde. On considère que plus il y a d'yeux et plus les bugs sont aisés à repérer. Une nouvelle version du logiciel est publiée chaque jour, voire plus, ce qui permet aux utilisateurs de constater une évolution constante[21].
96
+
97
+ Dans la démarche classique des éditeurs de logiciels, les développeurs sont des employés qui, la plupart du temps, ne vont jamais utiliser le logiciel qu'ils ont construit. C'est une petite équipe très spécialisée qui s'occupe également de trouver et corriger des bogues éventuels, ce qui peut exiger des mois de travail. Les périodes entre chaque version de logiciel sont relativement longues. D'où de fréquentes déceptions quant aux imperfections du produit publié[21].
98
+
99
+ Dans la démarche dite open source, les développeurs ne sont pas choisis, mais sont le résultat d'une sélection naturelle : pour que le développeur participe il faut qu'il soit intéressé au produit, qu'il ait pris le temps de l'étudier, qu'il ait réussi à en comprendre suffisamment pour arriver à y apporter des modifications au code source. Un individu qui a réussi à aller si loin a forcément le profil adéquat pour devenir co-développeur du logiciel[21].
100
+
101
+ L'évaluation de la qualité d'un logiciel tient compte de :
102
+
103
+ Un logiciel est un produit qui ne se détériore pas. Les facteurs de qualité peuvent être directement observables par l'utilisateur, ou alors constatable par les ingénieurs lors des revues de code ou des travaux de maintenance[22].
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105
+ Un consortium s'est créé le 6 octobre 2009 aux États-Unis pour établir un standard mondial de la qualité des logiciels. Ce consortium s'appelle le Consortium for IT Software Quality (CISQ).
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+
107
+ Les bogues, ou bugs, sont des erreurs de conception ou de programmation dans les logiciels, qui peuvent causer des comportements incorrects. La gravité du dysfonctionnement peut aller de très mineure (apparence légèrement incorrecte d'un élément d'interface graphique), à des événements catastrophiques (explosion de la fusée Ariane lors du vol 501, irradiation incorrecte de patients par une machine de traitement…) en passant par des pertes plus ou moins grandes de données, et, rarement, par une détérioration du matériel.
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+
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+ Il est difficile, pour des raisons fondamentales, de produire des logiciels sans bogue. Cependant, il existe des mécanismes par lesquels on peut limiter la quantité de bogues, voire les supprimer. Citons d'une part des préceptes d'organisation des équipes de programmation et leur méthodologie, d'autre part les techniques de recherche de bogues dans les logiciels. La recherche en informatique a développé un domaine d'étude, la vérification formelle, dont l'objectif est de certifier la qualité des logiciels et de garantir leur fiabilité. Dans l'ensemble, l'obtention de logiciels complexes peu bogués est coûteuse en temps et en main d'œuvre. Plus les anomalies sont détectées tôt au long du développement du logiciel, moins leur correction est difficile.
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+ Pour la sécurité globale des systèmes d'information d'une entité, il peut être nécessaire de définir des profils d'application, afin d'identifier les logiciels critiques sur lesquels il est nécessaire de porter une attention particulière du point de vue de la sécurité.
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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+ La lampe est un objet destiné à produire de la lumière, généralement polychromatique[1].
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5
+ La lampe la plus ancienne est la lampe à huile. Depuis l'avènement de l'électricité, les lampes les plus utilisées sont les lampes à incandescence qui convertissent l'énergie électrique en énergie lumineuse.
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+ Par extension, ce terme est utilisé pour désigner un objet destiné à supporter la lampe proprement dite ; on parle ainsi de lampe de chevet, de bureau, frontale, etc. Il désigne ainsi très souvent des objets d'art ou décoratifs servant à s'éclairer ou à brûler des essences odoriférantes.
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+ Les premières lampes étaient constituées d'un réservoir contenant un combustible (huile, paraffine, cire, pétrole) destiné à être brûlé en une petite flamme au bout d'une mèche.
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+ Ces lampes étaient destinées à un usage local, voire individuel et portatif. Bien que peu performantes, l'humanité les a utilisées pour s'éclairer, lorsque la lumière prodiguée par le soleil faisait défaut.
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+ Depuis les premières lampes électriques industriellement produites par Edison et destinées à remplacer les réverbères à gaz des villes, les lampes électriques ont beaucoup évolué et présentent aujourd'hui une grande diversité de techniques et de formes.
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+ Peut-être parce qu'elles constituent un substitut au soleil, ou comme dispositif de mise en valeur, les lampes sont l'objet d'appropriations symboliques, de coutumes et de rituels.
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17
+ Les lumières peuvent venir de différentes matières. Leur spectre lumineux dépend donc de la matière ayant produit la lumière. Par exemple une lampe à incandescence pourra produire toutes les lumières, alors qu'une lampe à gaz se limite à certaines fréquences.
18
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19
+ Inversement, un abat-jour peut éventuellement filtrer certaines fréquences et donc réduire la lumière. C'est le cas en particulier de ceux en verre orientables des lampes de banquier (également utilisées dans les bibliothèques) dont la partie blanche réflectrice concentre la lumière visible sur ce qui est à lire et la partie colorée extérieure en laisse passer une partie par transparence pour éviter aux yeux la fatigue du contraste trop violent que créerait un réflecteur opaque.
20
+
21
+ Ces objets, dénommés lampes, n'ont pas pour objectif d'éclairer :
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23
+ Lampe à huile rappelant un modèle antique
24
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+ Lampes de poche
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27
+ Lampe à lave
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29
+ Festival de lampions à Nagasaki
30
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31
+ Remplissage des lampes dans un temple bouddhiste
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33
+ Une lampe cassée. Le fil qui la tenait au plafond a soudainement rompu. Novembre 2018.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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