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Proxima du Centaure • Alpha Centauri C
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Localisation dans la constellation : Centaure
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α Cen C, V645 Cen, GCTP 3278.00, GJ 551, LHS 49, LFT 1110, LTT 5721, HIP 70890[2]
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Alpha Centauri C (en abrégé α Cen C, parfois ACC), ou en français Alpha du Centaure C, est le système planétaire le plus proche du système solaire au sein de la Voie lactée. Il se situe à 4,244 années-lumière[1] du Soleil (et donc de la Terre) dans la constellation du Centaure. C'est une des trois composantes qui forment le système Alpha Centauri avec le couple central Alpha Centauri A et B.
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L'objet primaire du système est l'étoile centrale, nommée Proxima Centauri (latin pour « [l'étoile] du Centaure la plus proche »), en français Proxima du Centaure, ou encore simplement Proxima, car il s'agit de l'étoile la plus proche de la Terre après le Soleil. C'est une naine rouge de magnitude apparente 11,05, dont le rayon est environ une fois et demi celui de Jupiter et la masse un huitième de celle du Soleil.
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Au moins une planète tourne autour de cette étoile, Proxima Centauri b (formellement Alpha Centauri Cb). La découverte de cet objet, effectuée grâce à des mesures de vitesse radiale de son étoile avec le spectrographe HARPS, de masse terrestre et sur une orbite tempérée, a été annoncée le 24 août 2016.
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Le 3 novembre 2017 est annoncée la découverte[réf. nécessaire] d'au moins une, voire trois ceintures de poussière autour de Proxima, ainsi que peut-être un autre compagnon planétaire à 1,6 unité astronomique de l'étoile, grâce à des observations effectuées avec l'Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA).
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Proxima Centauri a été découverte en 1915 par l'astronome britannique Robert T. A. Innes, alors qu'il était le directeur de l'observatoire de l'Union à Johannesbourg en Union d'Afrique du Sud[3].
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Le nom Proxima Centauri a été proposé par Innes lui-même[4], en 1917, mais sous la forme Proxima Centaurus[5]. Le latin Proxima Centauri signifie « la plus proche [étoile] du Centaure ». Le nom est validé par l'Union astronomique internationale depuis le 20 juillet 2016[6],[7].
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Proxima Centauri est une étoile de type naine rouge car elle est située sur la séquence principale sur le diagramme de Hertzsprung-Russell et son type spectral est M5.5 Ve. Sa magnitude absolue est de 15,48. Sa luminosité totale est égale à 0,17 % de celle du Soleil mais dans le domaine des longueurs d'onde appartenant à la lumière visible sa luminosité n'est égale qu'à 0,0056 % de celle du Soleil. En effet, 85 % de la lumière qu'elle rayonne se situe dans le domaine des longueurs d'onde de l'infrarouge.
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Sa magnitude apparente (11,05) est très faible, ce qui est typique des naines rouges qui sont toutes trop faibles pour être visibles à l'œil nu.
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En se basant sur la parallaxe de 772,33 ± 2,42 millisecondes d'arc (mas) mesurée par le satellite Hipparcos, valeur ramenée à 768,5 ± 0,2 mas dans l'édition 2 des données Gaia[1], Proxima Centauri est située à une distance d'environ 4,244 années-lumière (al) du Système solaire[8],[N 1], soit 270 000 unités astronomiques (au). Par comparaison, Pluton, à son aphélie, se trouve à 49 au du Soleil.
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En 2002, le VLT utilisa l'interférométrie pour mesurer le diamètre angulaire de Proxima Centauri : environ 1,02 ± 0,08 milliarcseconde. Comme l'on connaît sa distance, on peut dès lors déterminer son diamètre réel : environ 1/7e de celui du Soleil ou 1,5 fois celui de Jupiter, soit ~ 200 000 km.
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En utilisant une relation masse-luminosité, la masse de Proxima Centauri est estimée à environ 12,3 % de celle du Soleil ou 129 fois celle de Jupiter. Cette estimation est cependant indirecte. Une estimation directe de la masse grave de l'étoile est publiée par A. Zurlo et ses collaborateurs en juillet 2018 à la suite de l'étude de deux événements de lentille gravitationnelle dont Proxima était justement la lentille. La masse est alors estimée à 0,150+0,062 −0,051 masse solaire[9].
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On en déduit une masse volumique moyenne de 56 800 kg/m3 (densité 56,8), nettement supérieure aux 1 409 kg/m3 (densité 1,409) du Soleil. À cause de sa faible masse, l'intérieur de l'étoile est entièrement convectif. L'énergie produite à l'intérieur de celle-ci est donc transmise vers l'extérieur par les mouvements physiques du plasma et non par radiation. Par conséquent, l'hélium produit par fusion thermonucléaire ne s'accumule pas au centre de l'étoile, mais circule à l'intérieur de celle-ci. Alors que le Soleil n'aura consommé que 10 % de ses réserves d'hydrogène lorsqu'il quittera la séquence principale, Proxima Centauri en consommera une proportion plus importante avant que la fusion nucléaire de l'hydrogène ne prenne fin.
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Ce phénomène de convection génère un champ magnétique permanent. L'énergie magnétique engendrée par ce champ est libérée sous forme d'éruptions stellaires analogues aux éruptions solaires qui accroissent considérablement la luminosité totale de l'étoile. Ces éruptions peuvent atteindre des dimensions de la taille de l'étoile et faire s'élever la température du plasma de 1 à 5 millions de kelvins, suffisant pour qu'il puisse y avoir émission de rayons X.
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La chromosphère de cette étoile est active et son spectre présente une forte raie de magnésium ionisé à une longueur d'onde de 280 nanomètres. Environ 80 % de la surface de Proxima Centauri est active, ce taux est bien plus élevé que celui de la surface du Soleil même au moment du pic de son cycle solaire. Même durant les périodes de faible activité, la température de sa couronne s'élève à 3,5 millions de kelvins contre 2 millions pour celle du Soleil. Cependant, l'activité de cette étoile est relativement faible si on la compare à celle d'autres naines rouges. Mais ceci concorde avec l'âge élevé, estimé à plusieurs milliards d'années, de Proxima Centauri, conduisant à une diminution progressive de la vitesse de rotation de l'étoile.
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Proxima Centauri a un vent stellaire relativement faible, entraînant une perte de masse dont le taux est égal à 20 % de celui du Soleil. Mais compte tenu du fait qu'elle est plus petite, la perte de masse par unité de surface est environ 8 fois supérieure à celle du Soleil.
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Proxima Centauri, en tant que naine rouge, et d'après sa masse, devrait rester sur sa séquence principale pendant au moins des centaines de milliards d'années, voire plus de 1 000 milliards d'années. Au fur et à mesure que la proportion d'hélium augmentera au sein de l'étoile à cause de la fusion de l'hydrogène, celle-ci deviendra de plus en plus petite et plus chaude et sa couleur passera progressivement du rouge au bleu. À la fin de cette période, Proxima Centauri deviendra nettement plus brillante et sa luminosité atteindra 2,5 % de celle du Soleil. Une fois que tout l'hydrogène aura été épuisé, l'étoile évoluera en une naine blanche mais sans passer par la phase géante rouge.
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Proxima Centauri est depuis 32 000 ans l'étoile la plus proche du Soleil et le sera pendant encore 33 000 ans, après quoi l'étoile la plus proche sera Ross 248[10]. Proxima sera au plus près du Soleil dans environ 26 700 ans et elle en sera alors distante de 3,2 années-lumière. Proxima tourne autour du centre galactique à une distance variant entre 8,3 et 9,5 kpc, et avec une excentricité orbitale égale à 0,07.
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Proxima Centauri est éloignée de 13 000 UA (approximativement 2 000 milliards de kilomètres) de la paire centrale du système Alpha Centauri, c'est-à-dire à environ 1/20e de la distance entre Alpha Centauri et le Soleil. Elle est en orbite autour de cette étoile double (Alpha Centauri A et Alpha Centauri B), avec une période de 547+66−40 milliers d'années[11]. Pour cette raison, Proxima est parfois appelée Alpha Centauri C.
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Cet éloignement important de Proxima Centauri du système de la paire centrale fait que cette orbite n'est pas bien déterminée (même après des décennies d'observations), mais cette association est réelle car tous se déplacent d'un mouvement commun (quasi-parallèle) à travers l'espace. Proxima Centauri n'est pas une simple étoile de passage du couple central, contrairement à ce qu'ils sont pour le Soleil.
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À cause de sa proximité, on a souvent présenté Proxima Centauri comme la destination la plus logique pour un premier voyage interstellaire.
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Proxima Centauri b ou, plus simplement, Proxima b[12], est une planète en orbite (à 7 millions de kilomètres environ ) dans la zone habitable de Proxima Centauri[12].
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Sa découverte a été officiellement annoncée le 24 août 2016 par l'Observatoire européen austral (ESO) lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à partir de 13 h (HAEC, soit UTC+02) au siège de l'organisation intergouvernementale à Garching bei München[13]. La conférence a été suivie par la mise en ligne, le jour même à 19 h (HAEC), d'une part, d'un communiqué de presse sur le site de l'ESO[12] et, d'autre part, d'un article sur celui de la revue Nature[14].
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La planète a été détectée par la méthode des vitesses radiales à partir de données collectées avec les spectrographes HARPS et UVES[12],[14].
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Avec une masse minimale d'environ 1,3 masse terrestre, Proxima Centauri b serait une planète rocheuse de masse légèrement supérieure à celle de la Terre[12],[14]. Sa température d'équilibre serait compatible avec la présence d'eau à l'état liquide en surface[réf. nécessaire]. Elle a été détectée par le programme Pale Red Dot (« Point rouge pâle » en anglais)[réf. nécessaire].
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Cela faisait 16 ans que les astronomes analysaient des données de variations de vitesse radiale de l'étoile, provenant de plusieurs télescopes différents. En effet[style à revoir][interprétation personnelle], pouvoir annoncer la présence d'une exoplanète implique un grand nombre de valeurs concordantes, sinon les variations dans les mesures pourraient être dues à des parasitages des données[réf. nécessaire]. On[Qui ?] estime sa température de corps noir à -40 °C (contre -18 °C pour la Terre), c'est-à-dire que la température de Proxima Centauri b en supposant qu'elle n'ait pas d'atmosphère serait de -40 °C[réf. nécessaire].
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L'existence d'une seconde planète en orbite autour de Proxima Centauri n'est pas exclue. Il pourrait s'agir d'une super-Terre dont la période de révolution autour de la naine rouge serait supérieure à celle de Proxima Centauri b[14]. L'analyse, en 2019, de 17 années de données de vitesse radiale de Proxima Centauri a permis de déterminer un signal présentant une période de 5 ans, qui correspondrait à la période orbitale de cette seconde planète désignée Proxima Centauri c. Elle ferait au minimum 6 fois la masse de la Terre[15].
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Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde semblent révéler la présence d'une ceinture de poussière à environ 0,5 unité astronomique de l'étoile[16].
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Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde révèlent la présence d'une ceinture de poussière entre environ 1 et 4 unités astronomiques de l'étoile. Étant donné la faible luminosité de l'étoile, la ceinture aurait une température caractéristique de 40 kelvins (environ -230 °C), comparable à celle de la ceinture de Kuiper dans le système solaire. Sa masse totale, comprenant la poussière et les objets jusqu'à une taille de 50 kilomètres, est estimé à environ 0,01 fois celle de la Terre, similaire là aussi à celle de la ceinture de Kuiper[16].
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Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde semblent révéler, à 4 sigmas, la présence d'une source d'émission compacte à environ 1,2 seconde d'arc de l'étoile. Si l'objet fait partie du système, ce qui n'est pas prouvé pour le moment, il se situerait à 1,6 unité astronomique de l'étoile. La nature de cette source est inconnue à l'heure actuelle (novembre 2017) : il pourrait s'agir de la partie la plus brillante d'un autre disque de poussières dont la majeure portion est sous le seuil de détection d'ALMA, des anneaux d'une géante gazeuse de période orbitale supérieure à 5,8 années ou encore d'une galaxie présente en arrière-plan dans le cas où la source ne ferait pas partie du système[16].
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Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde semblent révéler la présence d'une ceinture de poussière très froide à environ 30 unités astronomiques de l'étoile, mais des observations supplémentaires seront nécessaires pour la confirmer. Cette ceinture aurait une température d'environ 10 kelvins. Elle serait inclinée d'environ 45 degrés sur le plan du ciel. Sa masse totale, comprenant la poussière et les objets jusqu'à une taille de 50 kilomètres, est estimé à environ 0,33 fois celle de la Terre[16].
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Dans le roman The Three Stigmata of Palmer Eldritch de Philip K. Dick, 1965 (trad. Le Dieu venu du Centaure), un astronaute, Palmer Eldritch, revient dans le Système solaire, en provenance de Proxima du Centaure, possédé par une entité mauvaise qui est peut-être un dieu ou peut-être une forme de vie intelligente avancée (exo-humain, extraterrestre, etc.).
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Le jeu Civilization premier opus en fait un objectif pour l'obtention d'une victoire scientifique et point de départ d'une nouvelle partie.
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: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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Proxima du Centaure • Alpha Centauri C
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α Cen C, V645 Cen, GCTP 3278.00, GJ 551, LHS 49, LFT 1110, LTT 5721, HIP 70890[2]
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Alpha Centauri C (en abrégé α Cen C, parfois ACC), ou en français Alpha du Centaure C, est le système planétaire le plus proche du système solaire au sein de la Voie lactée. Il se situe à 4,244 années-lumière[1] du Soleil (et donc de la Terre) dans la constellation du Centaure. C'est une des trois composantes qui forment le système Alpha Centauri avec le couple central Alpha Centauri A et B.
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L'objet primaire du système est l'étoile centrale, nommée Proxima Centauri (latin pour « [l'étoile] du Centaure la plus proche »), en français Proxima du Centaure, ou encore simplement Proxima, car il s'agit de l'étoile la plus proche de la Terre après le Soleil. C'est une naine rouge de magnitude apparente 11,05, dont le rayon est environ une fois et demi celui de Jupiter et la masse un huitième de celle du Soleil.
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Au moins une planète tourne autour de cette étoile, Proxima Centauri b (formellement Alpha Centauri Cb). La découverte de cet objet, effectuée grâce à des mesures de vitesse radiale de son étoile avec le spectrographe HARPS, de masse terrestre et sur une orbite tempérée, a été annoncée le 24 août 2016.
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Le 3 novembre 2017 est annoncée la découverte[réf. nécessaire] d'au moins une, voire trois ceintures de poussière autour de Proxima, ainsi que peut-être un autre compagnon planétaire à 1,6 unité astronomique de l'étoile, grâce à des observations effectuées avec l'Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA).
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Proxima Centauri a été découverte en 1915 par l'astronome britannique Robert T. A. Innes, alors qu'il était le directeur de l'observatoire de l'Union à Johannesbourg en Union d'Afrique du Sud[3].
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Le nom Proxima Centauri a été proposé par Innes lui-même[4], en 1917, mais sous la forme Proxima Centaurus[5]. Le latin Proxima Centauri signifie « la plus proche [étoile] du Centaure ». Le nom est validé par l'Union astronomique internationale depuis le 20 juillet 2016[6],[7].
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Proxima Centauri est une étoile de type naine rouge car elle est située sur la séquence principale sur le diagramme de Hertzsprung-Russell et son type spectral est M5.5 Ve. Sa magnitude absolue est de 15,48. Sa luminosité totale est égale à 0,17 % de celle du Soleil mais dans le domaine des longueurs d'onde appartenant à la lumière visible sa luminosité n'est égale qu'à 0,0056 % de celle du Soleil. En effet, 85 % de la lumière qu'elle rayonne se situe dans le domaine des longueurs d'onde de l'infrarouge.
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Sa magnitude apparente (11,05) est très faible, ce qui est typique des naines rouges qui sont toutes trop faibles pour être visibles à l'œil nu.
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En se basant sur la parallaxe de 772,33 ± 2,42 millisecondes d'arc (mas) mesurée par le satellite Hipparcos, valeur ramenée à 768,5 ± 0,2 mas dans l'édition 2 des données Gaia[1], Proxima Centauri est située à une distance d'environ 4,244 années-lumière (al) du Système solaire[8],[N 1], soit 270 000 unités astronomiques (au). Par comparaison, Pluton, à son aphélie, se trouve à 49 au du Soleil.
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En 2002, le VLT utilisa l'interférométrie pour mesurer le diamètre angulaire de Proxima Centauri : environ 1,02 ± 0,08 milliarcseconde. Comme l'on connaît sa distance, on peut dès lors déterminer son diamètre réel : environ 1/7e de celui du Soleil ou 1,5 fois celui de Jupiter, soit ~ 200 000 km.
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En utilisant une relation masse-luminosité, la masse de Proxima Centauri est estimée à environ 12,3 % de celle du Soleil ou 129 fois celle de Jupiter. Cette estimation est cependant indirecte. Une estimation directe de la masse grave de l'étoile est publiée par A. Zurlo et ses collaborateurs en juillet 2018 à la suite de l'étude de deux événements de lentille gravitationnelle dont Proxima était justement la lentille. La masse est alors estimée à 0,150+0,062 −0,051 masse solaire[9].
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On en déduit une masse volumique moyenne de 56 800 kg/m3 (densité 56,8), nettement supérieure aux 1 409 kg/m3 (densité 1,409) du Soleil. À cause de sa faible masse, l'intérieur de l'étoile est entièrement convectif. L'énergie produite à l'intérieur de celle-ci est donc transmise vers l'extérieur par les mouvements physiques du plasma et non par radiation. Par conséquent, l'hélium produit par fusion thermonucléaire ne s'accumule pas au centre de l'étoile, mais circule à l'intérieur de celle-ci. Alors que le Soleil n'aura consommé que 10 % de ses réserves d'hydrogène lorsqu'il quittera la séquence principale, Proxima Centauri en consommera une proportion plus importante avant que la fusion nucléaire de l'hydrogène ne prenne fin.
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Ce phénomène de convection génère un champ magnétique permanent. L'énergie magnétique engendrée par ce champ est libérée sous forme d'éruptions stellaires analogues aux éruptions solaires qui accroissent considérablement la luminosité totale de l'étoile. Ces éruptions peuvent atteindre des dimensions de la taille de l'étoile et faire s'élever la température du plasma de 1 à 5 millions de kelvins, suffisant pour qu'il puisse y avoir émission de rayons X.
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La chromosphère de cette étoile est active et son spectre présente une forte raie de magnésium ionisé à une longueur d'onde de 280 nanomètres. Environ 80 % de la surface de Proxima Centauri est active, ce taux est bien plus élevé que celui de la surface du Soleil même au moment du pic de son cycle solaire. Même durant les périodes de faible activité, la température de sa couronne s'élève à 3,5 millions de kelvins contre 2 millions pour celle du Soleil. Cependant, l'activité de cette étoile est relativement faible si on la compare à celle d'autres naines rouges. Mais ceci concorde avec l'âge élevé, estimé à plusieurs milliards d'années, de Proxima Centauri, conduisant à une diminution progressive de la vitesse de rotation de l'étoile.
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Proxima Centauri a un vent stellaire relativement faible, entraînant une perte de masse dont le taux est égal à 20 % de celui du Soleil. Mais compte tenu du fait qu'elle est plus petite, la perte de masse par unité de surface est environ 8 fois supérieure à celle du Soleil.
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Proxima Centauri, en tant que naine rouge, et d'après sa masse, devrait rester sur sa séquence principale pendant au moins des centaines de milliards d'années, voire plus de 1 000 milliards d'années. Au fur et à mesure que la proportion d'hélium augmentera au sein de l'étoile à cause de la fusion de l'hydrogène, celle-ci deviendra de plus en plus petite et plus chaude et sa couleur passera progressivement du rouge au bleu. À la fin de cette période, Proxima Centauri deviendra nettement plus brillante et sa luminosité atteindra 2,5 % de celle du Soleil. Une fois que tout l'hydrogène aura été épuisé, l'étoile évoluera en une naine blanche mais sans passer par la phase géante rouge.
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Proxima Centauri est depuis 32 000 ans l'étoile la plus proche du Soleil et le sera pendant encore 33 000 ans, après quoi l'étoile la plus proche sera Ross 248[10]. Proxima sera au plus près du Soleil dans environ 26 700 ans et elle en sera alors distante de 3,2 années-lumière. Proxima tourne autour du centre galactique à une distance variant entre 8,3 et 9,5 kpc, et avec une excentricité orbitale égale à 0,07.
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Proxima Centauri est éloignée de 13 000 UA (approximativement 2 000 milliards de kilomètres) de la paire centrale du système Alpha Centauri, c'est-à-dire à environ 1/20e de la distance entre Alpha Centauri et le Soleil. Elle est en orbite autour de cette étoile double (Alpha Centauri A et Alpha Centauri B), avec une période de 547+66−40 milliers d'années[11]. Pour cette raison, Proxima est parfois appelée Alpha Centauri C.
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Cet éloignement important de Proxima Centauri du système de la paire centrale fait que cette orbite n'est pas bien déterminée (même après des décennies d'observations), mais cette association est réelle car tous se déplacent d'un mouvement commun (quasi-parallèle) à travers l'espace. Proxima Centauri n'est pas une simple étoile de passage du couple central, contrairement à ce qu'ils sont pour le Soleil.
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À cause de sa proximité, on a souvent présenté Proxima Centauri comme la destination la plus logique pour un premier voyage interstellaire.
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Proxima Centauri b ou, plus simplement, Proxima b[12], est une planète en orbite (à 7 millions de kilomètres environ ) dans la zone habitable de Proxima Centauri[12].
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Sa découverte a été officiellement annoncée le 24 août 2016 par l'Observatoire européen austral (ESO) lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à partir de 13 h (HAEC, soit UTC+02) au siège de l'organisation intergouvernementale à Garching bei München[13]. La conférence a été suivie par la mise en ligne, le jour même à 19 h (HAEC), d'une part, d'un communiqué de presse sur le site de l'ESO[12] et, d'autre part, d'un article sur celui de la revue Nature[14].
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La planète a été détectée par la méthode des vitesses radiales à partir de données collectées avec les spectrographes HARPS et UVES[12],[14].
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Avec une masse minimale d'environ 1,3 masse terrestre, Proxima Centauri b serait une planète rocheuse de masse légèrement supérieure à celle de la Terre[12],[14]. Sa température d'équilibre serait compatible avec la présence d'eau à l'état liquide en surface[réf. nécessaire]. Elle a été détectée par le programme Pale Red Dot (« Point rouge pâle » en anglais)[réf. nécessaire].
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Cela faisait 16 ans que les astronomes analysaient des données de variations de vitesse radiale de l'étoile, provenant de plusieurs télescopes différents. En effet[style à revoir][interprétation personnelle], pouvoir annoncer la présence d'une exoplanète implique un grand nombre de valeurs concordantes, sinon les variations dans les mesures pourraient être dues à des parasitages des données[réf. nécessaire]. On[Qui ?] estime sa température de corps noir à -40 °C (contre -18 °C pour la Terre), c'est-à-dire que la température de Proxima Centauri b en supposant qu'elle n'ait pas d'atmosphère serait de -40 °C[réf. nécessaire].
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L'existence d'une seconde planète en orbite autour de Proxima Centauri n'est pas exclue. Il pourrait s'agir d'une super-Terre dont la période de révolution autour de la naine rouge serait supérieure à celle de Proxima Centauri b[14]. L'analyse, en 2019, de 17 années de données de vitesse radiale de Proxima Centauri a permis de déterminer un signal présentant une période de 5 ans, qui correspondrait à la période orbitale de cette seconde planète désignée Proxima Centauri c. Elle ferait au minimum 6 fois la masse de la Terre[15].
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Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde semblent révéler la présence d'une ceinture de poussière à environ 0,5 unité astronomique de l'étoile[16].
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Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde révèlent la présence d'une ceinture de poussière entre environ 1 et 4 unités astronomiques de l'étoile. Étant donné la faible luminosité de l'étoile, la ceinture aurait une température caractéristique de 40 kelvins (environ -230 °C), comparable à celle de la ceinture de Kuiper dans le système solaire. Sa masse totale, comprenant la poussière et les objets jusqu'à une taille de 50 kilomètres, est estimé à environ 0,01 fois celle de la Terre, similaire là aussi à celle de la ceinture de Kuiper[16].
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Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde semblent révéler, à 4 sigmas, la présence d'une source d'émission compacte à environ 1,2 seconde d'arc de l'étoile. Si l'objet fait partie du système, ce qui n'est pas prouvé pour le moment, il se situerait à 1,6 unité astronomique de l'étoile. La nature de cette source est inconnue à l'heure actuelle (novembre 2017) : il pourrait s'agir de la partie la plus brillante d'un autre disque de poussières dont la majeure portion est sous le seuil de détection d'ALMA, des anneaux d'une géante gazeuse de période orbitale supérieure à 5,8 années ou encore d'une galaxie présente en arrière-plan dans le cas où la source ne ferait pas partie du système[16].
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Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde semblent révéler la présence d'une ceinture de poussière très froide à environ 30 unités astronomiques de l'étoile, mais des observations supplémentaires seront nécessaires pour la confirmer. Cette ceinture aurait une température d'environ 10 kelvins. Elle serait inclinée d'environ 45 degrés sur le plan du ciel. Sa masse totale, comprenant la poussière et les objets jusqu'à une taille de 50 kilomètres, est estimé à environ 0,33 fois celle de la Terre[16].
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Dans le roman The Three Stigmata of Palmer Eldritch de Philip K. Dick, 1965 (trad. Le Dieu venu du Centaure), un astronaute, Palmer Eldritch, revient dans le Système solaire, en provenance de Proxima du Centaure, possédé par une entité mauvaise qui est peut-être un dieu ou peut-être une forme de vie intelligente avancée (exo-humain, extraterrestre, etc.).
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Le jeu Civilization premier opus en fait un objectif pour l'obtention d'une victoire scientifique et point de départ d'une nouvelle partie.
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: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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Prunus domestica L.
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Classification phylogénétique
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Le prunier ou prunier cultivé (Prunus domestica L.) est un arbre fruitier appartenant au genre Prunus, au clade Amygdalus-Prunus, section Prunus, de la famille des Rosaceae, cultivé pour ses fruits, les prunes. Il est plus rarement appelé prunier domestique.
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Le système taxonomique de GRIN[1] distingue quatre sous-espèces :
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Le prunier domestique (P. domestica) est le principal prunier cultivé d'Europe et d'Asie du sud-ouest. Il donne des fruits de formes et de couleurs variées qui ont conduit à la classification morphologique des Prunus domestica en deux classes interfertiles[3] :
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Les variétés françaises anciennes, à noyau libre, reine-claude verte ou dorée, mirabelle et quetsche d'Alsace, sont dites « variétés nobles ». Le prunier d'Ente donne des prunes pourpres qui après séchage deviennent des pruneaux.
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La variété Stanley, un croisement de prune d'ente et de Grand Duck, est devenue un des cultivars majeurs dans le monde. C'est un arbre vigoureux, très productif, auto-fertile, donnant des fruits bleu-violet, à chair ferme, destinés au séchage. Les autres variétés dérivées du prunier européen sur le marché français sont : Président, Ortenauer, Elena, Presenta, Quetsche précoce de Buhl, Quetsche d'Alsace, Prune de Vars, Reine Claude d'Oullins, Reine Claude verte ou dorée, Reine Claude d'Althan, Mirabelle de Nancy[4].
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L'origine biologique du prunier domestique n'est pas totalement élucidée.
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On peut semble-t-il, écarter une origine chinoise pour le prunier domestique, contrairement aux affirmations un peu rapides de certains auteurs publiant sur internet. En effet, en Chine, le fruit du prunier domestique (P. domestica) est connu sous le nom de Yangli 洋李 « prune étrangère », ou Ouzhouli 欧洲李 « prune européenne » (d'après l'ethnobotaniste chinoise Hu Shiuying[6]). Comme le précise la Flora of China[7], le prunier domestique (dans ses deux formes Prunus domestica L. subsp. insititia et subsp domestica) n'est pas originaire de Chine (mais de l'Asie du sud-ouest et de l'Europe) et ce n'est que depuis son introduction en Chine qu'il y est largement cultivé.
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L'encyclopédiste romain du Ier siècle, Pline l'Ancien, écrit dans son Histoire Naturelle[8], Livre XV :
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Actuellement, la variété de Saint-Julien qui pousse dans le Morvan est la seule variété d'insititia à pouvoir être correctement séchée, a remarqué Woldring[5].
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Les conquêtes romaines d'une grande partie de l'Europe amenèrent avec elles de nombreux fruits comme les prunes, pêches, cerises, vignes et noix. On suppose que la culture fruitière au nord des Alpes a commencé avec la romanisation mais les techniques de recherche archéobotanique classique ne permettent pas en général d'établir si les restes archéologiques de fruits sont le résultat de culture locale ou de fruits secs importés.
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L'analyse génétique et morphologique des noyaux de Prunus retrouvés immergés dans l'eau, lors des fouilles du site romain vicus Tasgetium''[9] (Eschenz, près du lac de Constance, en Suisse) ont permis d'établir que sur les 3500 noyaux de Prunus, 90 % venaient de cerises de P. avium/cerasus et sur le reste, 65 % de prunelliers (P. spinosa), 22 % de prunéoliers (P. insititia) et 4 % de prunes (P. domestica). Des séquences d'ADN ont pu être amplifiées et ont conduit à l'identification des P. spinosa. Le vicus a pu être daté du Ier siècle av. J.-C. avant notre ère, au IIIe siècle.
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L'étude des fruits et graines préservés dans plusieurs gisements gallo-romains des Ier - IIe siècle de Picardie et de l'Ile-de-France ont apporté des données inédites sur les changements dans l'alimentation[10]. La conquête romaine est l'époque de l’émergence de céréales panifiables et d'une nouvelle espèce, le seigle. Outre ces céréales, ces études d'archéobotaniques font état de la présence de légumineuses (lentille et vesce cultivée) et de quelques restes de fruits comme ceux de prunier (P domestica) et de prunéolier ou de pommier (Malus sp), sans pouvoir établir s'il s'agit d'espèces sauvages ou cultivées.
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Pline avait déjà signalé (H. N. livre XV) « la foule immense des prunes : bigarrées, noires, blanches ; la prune d'orge [prune précoce], ainsi nommée parce qu'elle accompagne cette céréale... ». La nomenclature ancienne ne correspond pas forcément avec les notions botaniques modernes d'espèces et de variétés. On connait seulement d'après plusieurs sources écrites, l'importance des vergers et de la fructiculture dans le monde romain[10], mais rien n'exclut l'introduction d'espèces fruitières en Gaule avant la conquête, notamment sur les oppida, à la faveurs des circuits commerciaux. Les variétés fruitières citées dans les traités anciens ne peuvent être identifiées à partir des restes de noyaux.
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Du Ve siècle au XVIe siècle, la présence de prunes, prunelles (et de pêches et merises) est attestée dans les dépotoirs de la France méridionale. Ces recherches[11] soulèvent les questions du rôle des espèces spontanées de pruniers comme réservoir génétique (comme porte-greffe) et du renouvellement génétique de certaines plantations allochtones ou indigènes de pruniers (ainsi que d'olivier et vigne).
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Une étude des restes carpologiques[12] d'un dépotoir comblé peu avant l'an mil, a révélé l'exploitation de plusieurs variétés fruitières (à Saint-Germain-des-Fossés, Allier). L'analyse des caractères morphologiques et biométriques de 104 noyaux de prunes a permis de dégager trois types de prunéoliers et un type de prunier commun :
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Le prunier européen (P. domestica), sous ses nombreuses formes et le prunier du Japon (P. salicina Lindl.) et leurs hybrides sont les deux espèces la plus cultivées dans le monde. Aux États-Unis, les fruits du prunier européen servent à faire des pruneaux mais ils ne sont que très rarement mangés frais[13]. En Europe, ses fruits sont consommés frais ou servent à faire des confitures, des tartes ou des pruneaux par séchage.
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Le prunier du Japon et ses hybrides sert essentiellement à la production de prunes de table fraîches. En France, il représente un quart des prunes de table[14] et aux États-Unis la quasi-totalité. Les fruits sont plus gros, plus sphériques que les prunes européennes. Aux États-Unis plusieurs hybrides de P. salicina et d'espèces indigènes (de la section Prunocerasus) sont cultivées en raison de leur meilleure adaptation au climat nord américain[13]. Le prunier du Japon est un arbre plus petit que le prunier européen, il vit moins longtemps et fleurit plus tôt.
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Les pruniers sauvages, indigènes d'Amérique du Nord (comme Prunus americana, P. angustifolia, P. hortulana, P. munsoniana, P. maritima) sont de petits arbres, donnant de petits fruits ronds, comestibles et utilisés localement pour faire des confitures ou de la gelée. Ils servent aussi dans les programmes de sélection des pruniers à renforcer la résistance aux maladies de P. salicina.
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Le prunier domestique est un arbre de taille moyenne (entre 3 et 8 mètres de haut), généralement non épineux, qui fleurit tôt au printemps (mars-avril).
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Les feuilles sont obovales ou oblongues, crénelées-dentées, glabre ou légèrement pubescente en dessous. Les stipules sont pubescents.
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Les fleurs blanches apparaissent avant les feuilles sur des rameaux de l'année précédente. Elles sont portées par un pédoncule pubescent et comportent un calice aussi pubescent ou velu. La floraison précoce, débute en mars et s'expose donc aux gelées mais elle est si abondante que le gel compromet rarement les récoltes.
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Le fruit, la prune, est de forme plus ou moins sphérique ou oblongue, glabre et couvert de « pruine », qui est une fine pellicule cireuse. Le noyau ovale contient une amande généralement amère.
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Sa longévité varie de 30 à 50 ans (pour les arbres francs de pied).
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Les pruniers ne sont pas exigeants quant à la nature du sol, ils se plaisent particulièrement dans les terrains silico-calcaires. Ce sont des fruitiers rustiques pouvant croître jusqu'à 1000 m d'altitude.
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Les porte-greffes les plus courants[14] sont :
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Les pruniers se greffent en fente en mars-avril, ou en écusson en juillet-août.
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Les mirabelles et certaines reine-claudes se reproduisent assez facilement par semis.
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La tendance à l'alternance est variable selon les variétés, sensible chez la Reine Claude, nulle chez Cœur de Bœuf[15].
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La moitié des variétés cultivées sont « auto-incompatibles »[16] (ou autostériles) : la fructification n'a lieu que si le pollen venant d'une autre variété se dépose sur le stigmate de leurs fleurs. Exemples : 'Reine Claude verte', 'Reine Claude dorée', 'Hackman', 'Coe's Golden drop'. On n'observe pas de pollinisation croisée entre cultivars européens et japonais.
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Il existe des variétés « auto-compatibles », capables de donner une fructification abondante par autofécondation, dans le cas d'un verger monovariétal. Exemples : 'Anna Spath', 'Prune du Vars', 'Quetsches d'Alsace', 'Reine Claude de Bavay', 'Reine Claude d'Oullins', 'Stanley'.
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Un cas intermédiaire, dit « partiellement auto-compatibles », est réalisé avec des arbres dont 2 à 10 % des fleurs donnent des fruits par autofécondation. C'est le cas de : 'Bonne de Bry', 'Mirabelle de Nancy'.
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Le prunier 'Reine-Claude d'Oullins' est une très bonne variété pollinisatrice.
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Le prunier est cultivé principalement pour son fruit, la prune.
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Les prunes sont consommées soit comme fruit de table (en particulier les variétés du type reine-claude), soit transformées : pâtisseries, confitures (mirabelles, quetsches), soit séchées (pruneaux d'Agen).
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On en tire aussi des liqueurs (mirabelle, quetsche).
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Le prunier est aussi un arbre d'ornement.
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Certains arbres portent le nom vernaculaire de prunier, alors que ce ne sont pas des Prunus, ni même des Rosaceae.
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modifier - modifier le code - modifier Wikidata
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La PlayStation 2 (abrégé officiellement PS2) est une console de jeux vidéo de sixième génération commercialisée par Sony Computer Entertainment, filiale de Sony. Elle est sortie le 4 mars 2000 au Japon, le 26 octobre 2000 en Amérique du Nord, le 24 novembre 2000 en Europe et le 30 novembre 2000 en Australie. La console était en concurrence avec la Dreamcast de Sega, la GameCube de Nintendo et la Xbox de Microsoft.
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La PlayStation 2 a succédé à la PlayStation dans la gamme du même nom. Elle a connu un succès immédiat avec un million d'exemplaires vendus en quelques jours au Japon. La PlayStation 2 atteint un total de 150 millions d'exemplaires expédiés en date du 31 janvier 2011[4],[5], ce qui en fait la console de salon la plus vendue de l'histoire des jeux vidéo. Sony affirme qu'il existe 10 828 titres de jeu vidéo disponibles sur la console et que 1,52 milliard d'exemplaires de ces titres ont été vendus depuis le lancement de la console[6]. Durant la fin de l'année 2009, alors que la console est commercialisée depuis près d'une décennie, Sony explique que la PlayStation 2 restera sur le marché tant qu'il y aura des acheteurs pour ses jeux[7]. Celle-ci est suivie par la PlayStation 3 en 2006.
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La PlayStation 2 est aujourd'hui la console la plus vendue de l'histoire du jeu vidéo[2].
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Plus de douze ans après son lancement, Sony annonce officiellement l'arrêt de la distribution de la PlayStation 2 au Japon, le 28 décembre 2012[8] (elle continuait toujours de se vendre honorablement, figurant encore dans le Top 10[9]) et dans le reste du monde[10],[11], le 4 janvier 2013[12].
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Une page se tourne dans l'histoire du jeu vidéo et pour le constructeur japonais, qui avait fait sensation avec la sortie de cette console en mars 2000, à une époque où inclure notamment de série la lecture des DVD (format alors tout récent) dans ce type d'appareil était une innovation importante.
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Le développement de la PlayStation 2 est mené par Ken Kutaragi. La console est officiellement annoncée au salon E3 le 11 mai 1999[13]. L'apparence de la console et la date de sortie japonaise sont dévoilées au salon Tokyo Game Show en septembre 1999. La console devait initialement sortir en France le 26 octobre 2000 mais son lancement sera repoussé au 24 novembre 2000[14].
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La PlayStation 2 est lancée le 4 mars 2000 au Japon, le 26 octobre 2000 en Amérique du Nord, le 24 novembre 2000 en Europe et le 30 novembre 2000 en Australie[15]. Le lancement est marqué par l'engouement du public et des retards d'approvisionnement[13]. Au Japon, les 980 000 consoles proposées sont parties en 48 heures[13]. Des difficultés de production amènent Sony à fournir deux fois moins de consoles que prévu pour les lancements américain et européen[13]. En France, 150 000 unités sont proposées avant Noël et seules la moitié sont disponibles au jour du lancement (dont 50 000 unités réservées)[16]. Au 23 mars 2001, Sony a déjà écoulé 10 millions de machines dans le monde[13].
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Au lancement de la console, dix jeux sont disponibles au Japon et vingt-neuf en Amérique du Nord, dont Dead or Alive 2, Dynasty Warriors 2, FIFA 2001, Kessen, Madden NFL 2001, Midnight Club, Ridge Racer V, SSX, Tekken Tag Tournament, TimeSplitters et Unreal Tournament[17].
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La console sort à Hong Kong, à Singapour, en Thaïlande et en Malaisie en décembre 2001, à Taïwan en janvier 2002, en Corée du Sud le 22 février 2002[15] et en Chine en décembre 2003. La PlayStation 2 « Slim », un nouveau modèle à la silhouette affinée (dénommé PlayStation 2 « Slim »)[8] est introduit le 1er novembre 2004[18] en Amérique du Nord et en Europe et le 3 novembre 2004 au Japon[15].
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Les ventes de la PlayStation 2 sont estimées à un peu plus de 150 millions d'exemplaires en 2011[19]. La barre des 100 millions d'unités distribuées est atteinte en novembre 2005, cinq ans et neuf mois après le lancement de la console au Japon[20]. La PlayStation, première console de salon à avoir atteint ce cap, a mis neuf ans et six mois en comparaison[20],[21]. La répartition des ventes sur les trois pôles du marché est d'environ 40 % pour l'Amérique du Nord, 38 % pour l'Europe et 22 % pour le Japon (et l'Asie). En 2004, la console occupe 70 % du marché des consoles de jeu vidéo[22].
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Le prix de la console au lancement est fixé à 39 800 ¥ au Japon, à 299 USD aux États-Unis et à 2990 francs ( 599 € en 2020 avec l'inflation) en France[15]. Le prix est ramené à 2790 francs ( 559 € d'aujourd'hui) en juin 2001, à 1990 francs ( 399 € d'aujourd'hui) en septembre 2001, à 249 € en juillet 2003, à 199 € en juin 2004, à 149 € en août 2005, à 129 € en août 2006 et à 99 € en avril 2009[15]. Fin 2010, elle est vendue en pack avec Gran Turismo 4 à 69,99 € en magasins.
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Le 7 novembre 2012, Sony a annoncé sur Twitter l'arrêt très prochain de la production de la PlayStation 2. La dernière usine en activité a fermé ses portes quelques heures plus tôt[23]. La production de la console est arrêtée le 30 novembre 2012 et Sony annonce cesser toute distribution sur le territoire japonais à compter du 28 décembre 2012. Le 7 janvier 2013 la production et la distribution de la PS2 est arrêtée dans le reste du monde.
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En août 2018, Sony annonce via son site officiel, la fermeture au 7 septembre du service après-vente, le dernier encore actif. Ainsi, Sony clôt définitivement l'ère de la PlayStation 2[24].
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Le bilan des ventes de la PlayStation 2 depuis son lancement :
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(Sell-in)[25]
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jusqu'au 31 mars 2012
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La PlayStation 2 présente de nombreux processeurs, ce qui en fait une console assez difficile à programmer. Il est indispensable d’utiliser ces différents processeurs en parallèle pour tirer les performances maximales de la console. Dans les grandes lignes, la Playstation 2 comprend trois processeurs principaux : l'Emotion Engine, le Graphics Synthetiser et le I/O Processor. Ceux-ci jouent respectivement le rôle de processeur principal (CPU), de carte graphique (GPU) et de contrôleur d'entrée-sortie.
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L'Emotion Engine (EE) est le processeur central de la console. Il contient plusieurs sous-processeurs et circuits spécialisées, qui sont reliés par un bus interne de 128 bits, cadencé à 150MHz. Le sous-processeur principal est un processeur SIMD 128 bits, cadencé à 300MHz. Il est secondé par deux unités de calcul vectoriel 128 bits, nommées VU0 et VU1. Le EE, VU0, VU1 et l'IOP sont programmables, sur deux niveaux (microcode et macrocode) pour les unités vectorielles. Le FPU et les VU0 et VU1 permettent à la console d'atteindre 6,2 GFLOPS. La PS2 est capable de calculer 66 millions de polygones nus par seconde. Outre des processeurs programmables, l'Emotion Engine comprend aussi des circuits de communication avec les entrées-sorties et la mémoire, avec la présence d'un contrôleur DMA intégré. On peut aussi noter que l'Emotion Engine intègre un décodeur de flux MPEG utilisé pour la lecture des vidéos (beaucoup utilisées pour les cinématiques dans les jeux de l'époque). Il s'agit d'un circuit spécialisé, câblé directement en hardware.
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Le Graphic Synthesizer (GS) est un circuit qui s’occupe du rendu graphique 3D (rastérisation à partir de primitives), et qui est strictement équivalent à une carte graphique. Il contient un processeur graphique (GPU), couplé à une petite mémoire vidéo. Le processeurs graphique comprend 16 unités programmables séparées, appelées pixels processors, cadencées à 150 MHz. La mémoire vidéo est une petite mémoire DRAM de 4 mébioctets. Le bus qui relie le processeur graphique et la mémoire vidéo a une largeur de 1024 bits en lecture et 1024 bits en écriture.
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Le I/O Processor (IOP) gère les entrées/sorties et assure la compatibilité avec la PlayStation. Celui-ci communique avec divers contrôleurs esclaves, qui gèrent chacun une entrée-sortie précise. Par exemple, la console intègre une carte son appelée *Sound Processor Unit (SPU), un lecteur DVD, un modem et des cartes PCMIA. Fait intéressant, le I/O Processor intègre aussi un processeur qui exécute les jeux Playstation 1. Ce processeur, destiné à « l'émulation » est un processeur MIPS cadencé à 34 MHz. Il n'est pas utilisé pour l’exécution de jeux Playstation 2[réf. nécessaire].
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La console dispose d'une ludothèque de plus de 4 000 jeux, où sont représentés des séries populaires comme la série Ratchet and Clank, Dragon Quest, Jak and Daxter, God of War, Sly, Final Fantasy, Grand Theft Auto, Kingdom Hearts, Tomb Raider, Metal Gear Solid, Medal of Honor, Need for Speed, SSX, Pro Evolution Soccer et Tekken[3]. Les trois jeux les plus vendus sur le support sont Grand Theft Auto: San Andreas (20 millions d'exemplaires), Gran Turismo 3 A-spec et Grand Theft Auto: Vice City (14 millions d'unités)[3]. Onimusha: Warlords est le premier titre de la console à dépasser la barre du million d'exemplaires vendus, un an après la sortie de la console[26]. En mars 2007, 1,2 milliard de copies de jeux PlayStation 2 ont été distribués à travers le monde[27]. Les jeux PlayStation 2 sont gravés au format DVD-ROM ou CD-ROM. Les versions « éditeur » des jeux, réservées aux professionnels et notamment destinées aux démonstrations en magasin, sont communément appelées blue disc.
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La console est rétrocompatible avec le catalogue de jeux PlayStation ainsi que divers accessoires de la machine (manette, carte mémoire, etc.).
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Un adaptateur réseau permet de connecter la console au réseau afin d'accéder à des parties multijoueur en ligne. Le module matériel se branche sur la baie d'extension à l'arrière de la console : il est doté d'une carte réseau ethernet. Une connexion internet haut débit est requise. L'adaptateur est à l'origine vendu séparément puis directement intégré dans les modèles PlayStation 2 « Slim ». Il n'est plus fabriqué depuis 2006. Battlefield 2: Modern Combat et SOCOM: US Navy Seals sont des exemples de jeux en ligne populaires sur la console. Contrairement à la PS3 qui a son service de jeu en réseau centralisé (le PlayStation network), les jeux PS2 ont chacun leur réseau dédié indépendant.
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Pro Evolution Soccer 2014, sorti le 7 novembre 2013 est officiellement le dernier jeu, à l'heure actuelle, paru sur cette console[28]. Le dernier jeu japonais commercialisé est la dernière extension de Final Fantasy XI : Explorateurs d'Adoulin qui est disponible au Japon en mars 2013[29].
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Sony a lancé un kit qui permet d’installer le système d'exploitation Linux sur la console. Le kit comprend un disque dur de 20 Go, une souris, un clavier, une carte ethernet et deux DVD, incluant une distribution Linux. Des chercheurs américains du National Center for Supercomputing Applications de l'Université de l'Illinois ont mené une étude de faisabilité pour créer une grappe de 70 PlayStation 2 afin d'utiliser la puissance brute de calcul à des fins scientifiques[30].
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En novembre 2004, une version compacte[31] de la PlayStation 2 est commercialisée[32]. Il s'agit de la troisième modification importante apportée à la PS2. Elle a pour numéro de version : V12, SCPH-70000. Sony a définitivement arrêté la fabrication de l'ancien modèle PS2, et seules les versions compactes sont produites jusqu'à la fin officielle de la production, le 30 novembre 2012. À sa sortie, cette version « allégée » fut largement dénommée PStwo par la presse spécialisée, mais cette terminologie n'a cependant jamais été utilisée de façon officielle par Sony (contrairement au modèle « slim » de la PS1 qui fut, lui, bien nommé officiellement PSone par le constructeur japonais).
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Les changements apportés concernent la modification du design pour obtenir une machine plus compacte et nettement plus fine. Ainsi, le chargement des disques qui s'effectuait par le biais d'un tiroir sur la version précédente (chargement frontal, comme sur les platines DVD), s'effectue désormais sur le dessus de la console (comme sur la PS1). De dimensions 230 × 28 × 152 mm, le volume a été réduit d’environ 75 % et son poids passe de plus de 2 kg à 900 grammes. Cette modification est associée à l'externalisation du boîtier d'alimentation 220v, l'alimentation délivre une tension continue de 8.5v (pour un courant d'environ 6,5 A), et de la suppression du bouton ON/OFF (marche/arrêt) situé derrière la machine; celle-ci reste donc constamment en veille si elle n'est pas débranchée. Elle concerne également l'ajout d'un port Ethernet pour le jeu en réseau (le modèle original demandant l'ajout d'une extension). Il devient alors impossible d'installer un disque dur par les voies officielles (même si des adaptateurs à souder ont été créés, les points de connexion étant encore présents sur la carte mère)
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Une nouvelle révision de la PlayStation 2 Slim sort en 2007 au Japon (et 2008 en Europe et aux USA) pour numéro de version V18 SCPH-9000x, en plus de quelques changements cosmétiques au niveau du design visant à la rendre plus moderne, elle supprime désormais le boîtier d'alimentation 220V en l'intégrant directement à l'intérieur de la console (à l'image de la FAT). Sony en profite pour corriger plusieurs défauts de conceptions tels que des problèmes de surchauffe et la console devient également légèrement plus silencieuse. Cependant, certains utilisateurs constatent que cette révision de modèle n'est plus capable de gérer la protection des jeux PS1 protégés, les bloquant au moment de l'accès à l'écran d'accueil ; seuls les jeux PS1 non protégés restent alors jouables[réf. nécessaire]. Il s'agit là de la dernière révision de la PlayStation 2 jusqu'à l’arrêt de la production en janvier 2013.
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La PSX est une station multimédia qui fait office de console de jeu PlayStation et PlayStation 2, de graveur DVD, de tuner Télé et de numériscope grâce à un disque dur intégré. La PSX est lancée le 13 décembre 2003 au Japon, au prix initial de 79,800 ¥ (160 GB) et 99,800 ¥ (250 GB). Malgré des baisses de prix successives, les ventes sont restées confidentielles et la production est arrêtée en février 2005[33].
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La manette de jeu officielle, la DualShock 2, reprend l'apparence globale de la DualShock. Les boutons sont désormais analogiques (sauf L3, R3 et Analog) et la manette produit deux niveaux de vibrations supplémentaires. Accompagnée de celle-ci, la carte mémoire Memory Card (8 MB), qui intègre la technologie MagicGate, est vendue séparément. D'autres accessoires sont proposés : une télécommande, un adaptateur réseau, un disque dur, le micro-casque HeadSet, les micros SingStar, les guitares Guitar Hero, des volants à retour de force, le pistolet optique GunCon 2, le clavier-contrôleur NetPlay Controller, le multiplicateur de manette Multitap, des câbles (AV analogique, S-Video, i.Link), le kit Linux, ou encore des socles (horizontal et vertical).
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L'EyeToy est une petite caméra développée par Sony qui se connecte au port USB de la console et permet d'interagir avec l'univers de jeu en réalisant des mouvements avec le corps. Lancé en Europe le 9 juillet 2003 en pack avec le jeu EyeToy: Play, l'accessoire connait un certain succès (plus d'un million de vente en octobre 2003[34]) et tout une gamme de jeux spécialement conçus pour le périphérique a vu le jour. La caméra peut aussi être utilisée comme webcam sur un ordinateur grâce à sa connectique USB et les pilotes appropriés. Sony a également commercialisé des buzzers dans le cadre de la série Buzz!. Vendus par quatre, ils sont munis de cinq boutons, dont quatre de couleurs, qui permettent d'interagir avec les jeux comme dans un jeu télévisé.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/4847.html.txt
ADDED
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Un pseudonyme est un nom d'emprunt adopté par une (ou plusieurs[1]) personne(s) pour exercer une activité sous un autre nom que celui de son identité officielle.
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Il se distingue du surnom en ceci qu'il est choisi par la personne qui le porte au lieu de lui être attribué par un tiers[2]. Son usage est fréquent dans certains milieux, tels que le milieu artistique : auteurs, acteurs, etc., ou scientifique : groupe d’auteurs (Bourbaki), confidentialité (Student), etc.
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L'usage du pseudonyme peut avoir plusieurs motivations : substitution à un nom jugé imprononçable, trop marqué ethniquement ou « peu glamour », protection de l'identité réelle, motivation artistique, etc.
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Un mode assez courant de formation de pseudonymes est d'utiliser une anagramme de son nom réel (certaines œuvres de François Rabelais sont parues sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier).
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Pour les arts du spectacle (acteurs, humoristes, chanteurs, etc.), on parle de nom de scène ou nom d'artiste.
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Le cas le plus connu reste sans doute celui de Molière, dont le vrai nom était Jean-Baptiste Poquelin. Citons aussi Bourvil ou Arletty.
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Dans le cinéma d'exploitation américain, bon nombre d'acteurs et réalisateurs d’origine étrangère ont pris un pseudonyme à consonance anglophone afin de rendre leurs films plus vendeurs. Mais pas toujours : Cary Grant se nommait Archibald Leach dans la vie. Dans ce même milieu, certains réalisateurs prennent un certain nombre de pseudonymes.
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En France, la mode des pseudonymes anglais s’est répandue du cinéma aux chanteurs « yéyés » dans les années 1960 : Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Dick Rivers, Richard Anthony, Sheila, etc.
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Le monde de la musique moderne est rempli de pseudo et de noms de groupes.
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Pendant la Renaissance artistique, beaucoup d'artistes italiens se nomment par rapport au métier de leur père ou par son lieu d'origine : par exemple, Le Caravage (issu du village de Caravaggio), les Da Sangallo (travaillant à la porte Saint-Gall de Florence), les Pollaiolo (du métier du père, éleveur de poules), Jacopo del Sellaio (le Sellier) par le métier de son père.
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Au début du XXe siècle, les historiens de l'art attribuent des surnoms aux artistes dont il ne connaissent pas (encore) le nom, qu’ils baptisent maîtres anonymes. Certains ouvrages de la littérature antique, dont le véritable auteur est inconnu, ont été attribués faussement à un auteur connu. Quand l'erreur a été reconnue, le nom de cet auteur est précédé du suffixe Pseudo- et l'on parle de pseudépigraphe.
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Le pseudonyme d’un écrivain ou d’un journaliste est appelé son « nom de plume ».
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Le phénomène apparaît dès la Renaissance, mais ne se répandra vraiment qu’à partir du XVIIIe siècle avec Voltaire. (Molière est un nom de scène plus qu’un nom de plume.)
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Gérard Labrunie a pris pour pseudonyme Gérard de Nerval en 1830[3] et Henri Beyle signe ses écrits Stendhal.
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D'autres écrivains signaient avec l'anagramme de leur nom : Alcofribas Nasier fut le pseudonyme de François Rabelais[4], tout comme Honoré de Balzac signait Lord R'Hoone, (anagramme d'Honoré) certaines œuvres de jeunesse[5].
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Les auteures de l'époque victorienne ont souvent choisi un nom de plume masculin, pour être agréées dans le milieu de l'édition. Les sœurs Charlotte, Emily et Anne Brontë ont publié d’abord sous les noms de Currer, Ellis et Acton Bell. George Eliot s’appelait Mary Evans. En France au XIXe siècle et début XXe , Aurore Dupin signe George Sand mais on trouve aussi Daniel Lesueur (Jeanne Loiseau), Daniel Stern (Marie d'Agoult), Gérard d'Houville (Marie de Heredia-Reignier)...
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Nombre d'écrivains ont choisi de signer leurs œuvres d'un pseudonyme, parfois pour des raisons de sécurité : Jean Bruller avait pris le nom de Vercors aux Éditions de Minuit pendant la seconde guerre mondiale, tout comme François Mauriac qui, chez le même éditeur publiait sous le nom de Forez. Les écrivains résistants avaient tous des noms de région de France comme pseudonyme[6].
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Pour se donner le « genre » américain, très à la mode dans les années 1940, Boris Vian signe « Vernon Sullivan » son roman « américain » J'irai cracher sur vos tombes, tandis que l'« Américain » James Hadley Chase n’était autre que l'Anglais René Brabazon Raymond, qui écrivait ses romans avec un dictionnaire d'argot américain[7].
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L'écrivain Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, obtint une première fois le prix Goncourt en 1956, puis une seconde fois sous le pseudonyme d'Émile Ajar en 1975, alors qu'un auteur n'est pas autorisé à recevoir ce prix plus d'une fois. La supercherie ne sera découverte qu'après sa mort.
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Dans la bande dessinée, les pseudonymes ont été nombreux, à la suite des « fondateurs » Christophe et le plus connu, Georges Remy, dont le pseudonyme « Hergé » vient des initiales RG de son vrai nom. « Jijé » (Joseph Gillain), « Jidéhem », « Achdé », reprennent le procédé.
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« Morris » est le prénom Maurice, « Peyo » (Pierre Culliford) vient d'une prononciation enfantine de son prénom, comme Didgé. « Lambil » (Willy Lambillotte) « Watch » (Wattier) ou « Mitacq » (Michel Tacq) sont directement inspirés des vrais noms.
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Cas original, Jean Giraud a utilisé plusieurs signatures : Giraud, Gir et Moebius parce que, disait-il, « je dessine des bandes tordues ».
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On trouve plusieurs appellations possibles : nom de guerre, nom de code, nom de résistance, nom de clandestinité. Pour diverses raisons (guerre, résistance, opposition politique, clandestinité ou sécurité de la personne concernée ou celle de la famille), il est parfois nécessaire de coder les messages et les noms d'état civil des protagonistes.
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La plupart des révolutionnaires de l'Empire russe prirent un pseudonyme :
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En France, pendant la Première Guerre mondiale, Gustave Dupin, militant ouvrier, prit comme pseudonyme le nom de la commune d'Ermenonville afin de publier divers ouvrages sur cette guerre.
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, les résistants ou les combattants des pays occupés par l'Allemagne nazie ayant rejoint les forces alliées prirent des « noms de guerre » ou de résistance. Certains noms restèrent attachés par la suite au nom initial de l'état-civil, en particulier pour les personnalités les plus en vue. On a même vu le pseudonyme remplacer purement et simplement, de façon officielle, le nom d'état civil initial. Quelques exemples :
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On utilisera également le terme « nom de code » ou « blaze ». Robert Barcia a ainsi été longtemps connu sous son seul « blaze », Hardy. Pierre Boussel est plus connu sous le nom de Pierre Lambert, nom porté dans la clandestinité politique et syndicale lors de la Seconde Guerre mondiale.
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Dans le milieu de la prostitution et de la galanterie, les pseudonymes sont d’usage courant, voire systématique, mais peuvent correspondre à plusieurs réalités :
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De nombreuses communautés (forums, chats, jeux vidéo en ligne, pages wiki) demandent à leurs usagers d'utiliser un pseudonyme lorsqu'ils communiquent entre eux. Le pseudonyme permet de masquer l'identité et les administrateurs d'une communauté encouragent les utilisateurs à révéler le moins de choses possibles sur leur identité non numérique. Ceci est fait afin de protéger les usagers qui seraient encore mineurs, empêcher toute forme de vol d'identité sur le site ou pour éviter à ces derniers d'être reliés à leur identité réelle. Par contre, étant donné cet usage des pseudonymes, une même personne peut visiter un site avec plusieurs pseudonymes différents ou plusieurs personnes peuvent visiter en partageant le même pseudonyme.
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À plus forte raison, sur les sites de rencontre et les sites libertins, les pseudonymes recouvrent le même double besoin de marquage identitaire et de protection de l’anonymat.
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L'usage du pseudonyme est également très courant dans les sites de partage vidéo comme Youtube. Il n'est cependant pas systématique et les vidéastes qui en utilisent un ne cachent pas toujours leur identité réelle.
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On retrouve un phénomène similaire avec la propagation des blogs et des plates-formes d'expression, où les pseudonymes sont utilisés comme noms de plume afin de séparer la personnalité publique de la personne privée, d'une manière similaire à ce qu'on peut trouver dans le monde de la littérature. À titre d'exemple, on peut citer Maître Eolas qui a notamment écrit une série de billets[10] sur son blog dans lesquels il explique son choix.
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De plus, l'usage des pseudonymes tend à devenir le centre d'un débat sur internet, certains l'accusant de faciliter le cyberharcèlement par l’anonymat qu'il confère et cherchent donc à les interdire ou les restreindre : on peut citer la tentative de la société de jeux vidéo Blizzard de rendre obligatoire l'utilisation du nom réel de l'utilisateur sur leurs forums dans le but de lutter contre les trolls et de réduire l'agressivité des discussions.
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Les pratiques graphiques et picturales du tag et du graff sont d'origine vouées à utiliser le pseudonyme, dit « blase » ou « blaze » en argot français, comme support d'une forme de calligraphie, c'est l'une des plus importantes sources de pseudonymes de notre époque après Internet.
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Dans le catch, les sportifs choisissent un ou plusieurs pseudonymes.
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Pour les sportifs lusophones et hispanophones, comme les noms de famille sont souvent redondants (voir Système traditionnel des noms espagnols), il est parfois d'usage d'utiliser un pseudonyme pour se démarquer des autres individus (Deco, Nenê, Ronaldinho, Rodri...). Certains sportifs ne sont connus que par le prénom qui fait alors usage de pseudonyme : (Jesé, Josimar, Neymar, Gilmar, Denílson...). Au Brésil, il est commun de voir des footballeurs brésiliens qui utilisent le nom de leur État en tant que complément de leur prénom pour pouvoir se différencier les uns des autres (Marcelo Goiano pour le Goiás, Éder Gaúcho pour le Rio Grande do Sul, Léo Mineiro pour le Minas Gerais, Marcelinho Paulista pour l'État de São Paulo...).
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Dans le monde de la tauromachie, les matadors se font parfois connaître du grand public sous un nom d'emprunt, l'apodo, pseudonyme choisi en fonction de leur ville d'origine, d'une caractéristique physique ou d'un ancien métier. Ainsi El Cordobés, de son véritable nom Manuel Benítez Pérez, a choisi comme nom de matador un pseudonyme signifiant « le Cordouan », par allusion à Cordoue, la ville où il est né[11]. Nimeño II (« le Nîmois »), pour l'état civil « Christian Montcouquiol », avait pris un pseudonyme en référence à Nîmes, sa ville d'origine[12].
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En droit, l'usage d'un pseudonyme est couramment admis, il se constitue du nom de l'intéressé suivi du préfixe « dit » avant le pseudonyme choisi. La mention du pseudonyme sur la carte d'identité en France est une tolérance de l'administration, elle n'est pas systématiquement accordée[13]. Il est également possible d'ouvrir un compte bancaire sous son pseudonyme, elle reste toutefois à la libre appréciation suivant les différentes administrations[14]. Pour obtenir la mention sur les papiers d'identité, il faudra pour cela obtenir un acte de notoriété confirmant votre pseudonyme choisi, réalisé en étude notariale ou bien également en déposant une requête prouvant l'usage « constant et ininterrompu et dénué de toute équivoque » de ce pseudonyme auprès du juge du Tribunal d'Instance du lieu de résidence qui délivrera un acte de notoriété.
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L'usage du pseudonyme est même parfois expressément autorisé, comme en droit d'auteur : le code de la propriété intellectuelle organise les droits de l'auteur qui publie sous pseudonyme[15].
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Certaines professions ne peuvent pas exercer sous couverture d'un pseudonyme comme les médecins, les dentistes et les sages-femmes, sous peine de 4 500 € d'amende. Et concernant les architectes, ils peuvent exercer sous pseudonyme, à la seule condition qu'ils soient inscrits au tableau de l'ordre des architectes sous ce pseudonyme avec en leurs possessions un acte de notoriété.
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L'appréciation du pseudonyme est laissée à l'administration préfectorale ou communale et un pseudonyme n'est pas transmissible à sa descendance ni à son conjoint.
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En France, on peut mentionner le pseudonyme d'une personne à la suite de l'identité réelle de l'intéressé en le faisant précéder du terme latin « alias », qui signifie « autrement », « par ailleurs ». Exemple pour Boris Vian, auteur ayant écrit également sous le nom de plume de Vernon Sullivan : « Boris Vian, alias Vernon Sullivan ».
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Il est toutefois préférable d'utiliser le participe « dit » suivi du pseudonyme. Exemple : « Roman Kacew, dit Romain Gary ».
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Sous l'influence de l'anglais, « aka » (ou a.k.a.), acronyme de « also known as » (littéralement « connu aussi sous le nom de »), est parfois utilisé, surtout par des musiciens contemporains.
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On a aussi la possibilité d'introduire le pseudonyme par l'expression « i.e. » (abréviation latine de id est, équivalent de « c'est-à-dire ») et du nom réel, comme dans certains systèmes bibliographiques, tel celui de la British Library : « Ajar, Émile, (c'est-à-dire Gary, Romain) ».
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Un pseudonyme est un nom d'emprunt adopté par une (ou plusieurs[1]) personne(s) pour exercer une activité sous un autre nom que celui de son identité officielle.
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Il se distingue du surnom en ceci qu'il est choisi par la personne qui le porte au lieu de lui être attribué par un tiers[2]. Son usage est fréquent dans certains milieux, tels que le milieu artistique : auteurs, acteurs, etc., ou scientifique : groupe d’auteurs (Bourbaki), confidentialité (Student), etc.
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L'usage du pseudonyme peut avoir plusieurs motivations : substitution à un nom jugé imprononçable, trop marqué ethniquement ou « peu glamour », protection de l'identité réelle, motivation artistique, etc.
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Un mode assez courant de formation de pseudonymes est d'utiliser une anagramme de son nom réel (certaines œuvres de François Rabelais sont parues sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier).
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Pour les arts du spectacle (acteurs, humoristes, chanteurs, etc.), on parle de nom de scène ou nom d'artiste.
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Le cas le plus connu reste sans doute celui de Molière, dont le vrai nom était Jean-Baptiste Poquelin. Citons aussi Bourvil ou Arletty.
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Dans le cinéma d'exploitation américain, bon nombre d'acteurs et réalisateurs d’origine étrangère ont pris un pseudonyme à consonance anglophone afin de rendre leurs films plus vendeurs. Mais pas toujours : Cary Grant se nommait Archibald Leach dans la vie. Dans ce même milieu, certains réalisateurs prennent un certain nombre de pseudonymes.
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En France, la mode des pseudonymes anglais s’est répandue du cinéma aux chanteurs « yéyés » dans les années 1960 : Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Dick Rivers, Richard Anthony, Sheila, etc.
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Le monde de la musique moderne est rempli de pseudo et de noms de groupes.
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Pendant la Renaissance artistique, beaucoup d'artistes italiens se nomment par rapport au métier de leur père ou par son lieu d'origine : par exemple, Le Caravage (issu du village de Caravaggio), les Da Sangallo (travaillant à la porte Saint-Gall de Florence), les Pollaiolo (du métier du père, éleveur de poules), Jacopo del Sellaio (le Sellier) par le métier de son père.
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Au début du XXe siècle, les historiens de l'art attribuent des surnoms aux artistes dont il ne connaissent pas (encore) le nom, qu’ils baptisent maîtres anonymes. Certains ouvrages de la littérature antique, dont le véritable auteur est inconnu, ont été attribués faussement à un auteur connu. Quand l'erreur a été reconnue, le nom de cet auteur est précédé du suffixe Pseudo- et l'on parle de pseudépigraphe.
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Le pseudonyme d’un écrivain ou d’un journaliste est appelé son « nom de plume ».
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Le phénomène apparaît dès la Renaissance, mais ne se répandra vraiment qu’à partir du XVIIIe siècle avec Voltaire. (Molière est un nom de scène plus qu’un nom de plume.)
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Gérard Labrunie a pris pour pseudonyme Gérard de Nerval en 1830[3] et Henri Beyle signe ses écrits Stendhal.
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D'autres écrivains signaient avec l'anagramme de leur nom : Alcofribas Nasier fut le pseudonyme de François Rabelais[4], tout comme Honoré de Balzac signait Lord R'Hoone, (anagramme d'Honoré) certaines œuvres de jeunesse[5].
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Les auteures de l'époque victorienne ont souvent choisi un nom de plume masculin, pour être agréées dans le milieu de l'édition. Les sœurs Charlotte, Emily et Anne Brontë ont publié d’abord sous les noms de Currer, Ellis et Acton Bell. George Eliot s’appelait Mary Evans. En France au XIXe siècle et début XXe , Aurore Dupin signe George Sand mais on trouve aussi Daniel Lesueur (Jeanne Loiseau), Daniel Stern (Marie d'Agoult), Gérard d'Houville (Marie de Heredia-Reignier)...
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Nombre d'écrivains ont choisi de signer leurs œuvres d'un pseudonyme, parfois pour des raisons de sécurité : Jean Bruller avait pris le nom de Vercors aux Éditions de Minuit pendant la seconde guerre mondiale, tout comme François Mauriac qui, chez le même éditeur publiait sous le nom de Forez. Les écrivains résistants avaient tous des noms de région de France comme pseudonyme[6].
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Pour se donner le « genre » américain, très à la mode dans les années 1940, Boris Vian signe « Vernon Sullivan » son roman « américain » J'irai cracher sur vos tombes, tandis que l'« Américain » James Hadley Chase n’était autre que l'Anglais René Brabazon Raymond, qui écrivait ses romans avec un dictionnaire d'argot américain[7].
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L'écrivain Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, obtint une première fois le prix Goncourt en 1956, puis une seconde fois sous le pseudonyme d'Émile Ajar en 1975, alors qu'un auteur n'est pas autorisé à recevoir ce prix plus d'une fois. La supercherie ne sera découverte qu'après sa mort.
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Dans la bande dessinée, les pseudonymes ont été nombreux, à la suite des « fondateurs » Christophe et le plus connu, Georges Remy, dont le pseudonyme « Hergé » vient des initiales RG de son vrai nom. « Jijé » (Joseph Gillain), « Jidéhem », « Achdé », reprennent le procédé.
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« Morris » est le prénom Maurice, « Peyo » (Pierre Culliford) vient d'une prononciation enfantine de son prénom, comme Didgé. « Lambil » (Willy Lambillotte) « Watch » (Wattier) ou « Mitacq » (Michel Tacq) sont directement inspirés des vrais noms.
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Cas original, Jean Giraud a utilisé plusieurs signatures : Giraud, Gir et Moebius parce que, disait-il, « je dessine des bandes tordues ».
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On trouve plusieurs appellations possibles : nom de guerre, nom de code, nom de résistance, nom de clandestinité. Pour diverses raisons (guerre, résistance, opposition politique, clandestinité ou sécurité de la personne concernée ou celle de la famille), il est parfois nécessaire de coder les messages et les noms d'état civil des protagonistes.
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La plupart des révolutionnaires de l'Empire russe prirent un pseudonyme :
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En France, pendant la Première Guerre mondiale, Gustave Dupin, militant ouvrier, prit comme pseudonyme le nom de la commune d'Ermenonville afin de publier divers ouvrages sur cette guerre.
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, les résistants ou les combattants des pays occupés par l'Allemagne nazie ayant rejoint les forces alliées prirent des « noms de guerre » ou de résistance. Certains noms restèrent attachés par la suite au nom initial de l'état-civil, en particulier pour les personnalités les plus en vue. On a même vu le pseudonyme remplacer purement et simplement, de façon officielle, le nom d'état civil initial. Quelques exemples :
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On utilisera également le terme « nom de code » ou « blaze ». Robert Barcia a ainsi été longtemps connu sous son seul « blaze », Hardy. Pierre Boussel est plus connu sous le nom de Pierre Lambert, nom porté dans la clandestinité politique et syndicale lors de la Seconde Guerre mondiale.
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Dans le milieu de la prostitution et de la galanterie, les pseudonymes sont d’usage courant, voire systématique, mais peuvent correspondre à plusieurs réalités :
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De nombreuses communautés (forums, chats, jeux vidéo en ligne, pages wiki) demandent à leurs usagers d'utiliser un pseudonyme lorsqu'ils communiquent entre eux. Le pseudonyme permet de masquer l'identité et les administrateurs d'une communauté encouragent les utilisateurs à révéler le moins de choses possibles sur leur identité non numérique. Ceci est fait afin de protéger les usagers qui seraient encore mineurs, empêcher toute forme de vol d'identité sur le site ou pour éviter à ces derniers d'être reliés à leur identité réelle. Par contre, étant donné cet usage des pseudonymes, une même personne peut visiter un site avec plusieurs pseudonymes différents ou plusieurs personnes peuvent visiter en partageant le même pseudonyme.
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À plus forte raison, sur les sites de rencontre et les sites libertins, les pseudonymes recouvrent le même double besoin de marquage identitaire et de protection de l’anonymat.
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L'usage du pseudonyme est également très courant dans les sites de partage vidéo comme Youtube. Il n'est cependant pas systématique et les vidéastes qui en utilisent un ne cachent pas toujours leur identité réelle.
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On retrouve un phénomène similaire avec la propagation des blogs et des plates-formes d'expression, où les pseudonymes sont utilisés comme noms de plume afin de séparer la personnalité publique de la personne privée, d'une manière similaire à ce qu'on peut trouver dans le monde de la littérature. À titre d'exemple, on peut citer Maître Eolas qui a notamment écrit une série de billets[10] sur son blog dans lesquels il explique son choix.
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De plus, l'usage des pseudonymes tend à devenir le centre d'un débat sur internet, certains l'accusant de faciliter le cyberharcèlement par l’anonymat qu'il confère et cherchent donc à les interdire ou les restreindre : on peut citer la tentative de la société de jeux vidéo Blizzard de rendre obligatoire l'utilisation du nom réel de l'utilisateur sur leurs forums dans le but de lutter contre les trolls et de réduire l'agressivité des discussions.
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Les pratiques graphiques et picturales du tag et du graff sont d'origine vouées à utiliser le pseudonyme, dit « blase » ou « blaze » en argot français, comme support d'une forme de calligraphie, c'est l'une des plus importantes sources de pseudonymes de notre époque après Internet.
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Dans le catch, les sportifs choisissent un ou plusieurs pseudonymes.
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Pour les sportifs lusophones et hispanophones, comme les noms de famille sont souvent redondants (voir Système traditionnel des noms espagnols), il est parfois d'usage d'utiliser un pseudonyme pour se démarquer des autres individus (Deco, Nenê, Ronaldinho, Rodri...). Certains sportifs ne sont connus que par le prénom qui fait alors usage de pseudonyme : (Jesé, Josimar, Neymar, Gilmar, Denílson...). Au Brésil, il est commun de voir des footballeurs brésiliens qui utilisent le nom de leur État en tant que complément de leur prénom pour pouvoir se différencier les uns des autres (Marcelo Goiano pour le Goiás, Éder Gaúcho pour le Rio Grande do Sul, Léo Mineiro pour le Minas Gerais, Marcelinho Paulista pour l'État de São Paulo...).
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Dans le monde de la tauromachie, les matadors se font parfois connaître du grand public sous un nom d'emprunt, l'apodo, pseudonyme choisi en fonction de leur ville d'origine, d'une caractéristique physique ou d'un ancien métier. Ainsi El Cordobés, de son véritable nom Manuel Benítez Pérez, a choisi comme nom de matador un pseudonyme signifiant « le Cordouan », par allusion à Cordoue, la ville où il est né[11]. Nimeño II (« le Nîmois »), pour l'état civil « Christian Montcouquiol », avait pris un pseudonyme en référence à Nîmes, sa ville d'origine[12].
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En droit, l'usage d'un pseudonyme est couramment admis, il se constitue du nom de l'intéressé suivi du préfixe « dit » avant le pseudonyme choisi. La mention du pseudonyme sur la carte d'identité en France est une tolérance de l'administration, elle n'est pas systématiquement accordée[13]. Il est également possible d'ouvrir un compte bancaire sous son pseudonyme, elle reste toutefois à la libre appréciation suivant les différentes administrations[14]. Pour obtenir la mention sur les papiers d'identité, il faudra pour cela obtenir un acte de notoriété confirmant votre pseudonyme choisi, réalisé en étude notariale ou bien également en déposant une requête prouvant l'usage « constant et ininterrompu et dénué de toute équivoque » de ce pseudonyme auprès du juge du Tribunal d'Instance du lieu de résidence qui délivrera un acte de notoriété.
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L'usage du pseudonyme est même parfois expressément autorisé, comme en droit d'auteur : le code de la propriété intellectuelle organise les droits de l'auteur qui publie sous pseudonyme[15].
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Certaines professions ne peuvent pas exercer sous couverture d'un pseudonyme comme les médecins, les dentistes et les sages-femmes, sous peine de 4 500 € d'amende. Et concernant les architectes, ils peuvent exercer sous pseudonyme, à la seule condition qu'ils soient inscrits au tableau de l'ordre des architectes sous ce pseudonyme avec en leurs possessions un acte de notoriété.
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En France, on peut mentionner le pseudonyme d'une personne à la suite de l'identité réelle de l'intéressé en le faisant précéder du terme latin « alias », qui signifie « autrement », « par ailleurs ». Exemple pour Boris Vian, auteur ayant écrit également sous le nom de plume de Vernon Sullivan : « Boris Vian, alias Vernon Sullivan ».
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Il est toutefois préférable d'utiliser le participe « dit » suivi du pseudonyme. Exemple : « Roman Kacew, dit Romain Gary ».
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Sous l'influence de l'anglais, « aka » (ou a.k.a.), acronyme de « also known as » (littéralement « connu aussi sous le nom de »), est parfois utilisé, surtout par des musiciens contemporains.
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On a aussi la possibilité d'introduire le pseudonyme par l'expression « i.e. » (abréviation latine de id est, équivalent de « c'est-à-dire ») et du nom réel, comme dans certains systèmes bibliographiques, tel celui de la British Library : « Ajar, Émile, (c'est-à-dire Gary, Romain) ».
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Un psychologue, au sens professionnel, est une personne diplômée en psychologie, discipline qui regroupe de nombreux courants théoriques et pratiques autour de l'analyse des faits psychiques individuels et de groupe et de leur traitement évolutif et réorganisateur, par des méthodes et démarches diverses. Le psychologue, qui est donc spécialisé dans un courant scientifique spécifique, est un professionnel du fonctionnement psychique dans ses aspects subjectifs, affectifs et cognitifs et de leurs psychopathologies, ainsi que du comportement humain, de la personnalité et des relations interpersonnelles.
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Il intervient de façon transversale selon son libre choix des divers courants et références théoriques qui orientent sa pratique, dans tous les domaines de la société (éducation, santé, médico-social, justice, travail, sport, etc.) avec pour objectif de préserver, évaluer, maintenir ou améliorer le bien-être, l'état psychique plus spécifiquement subjectif, affectif ou cognitif ou encore la qualité de vie de l'individu et sa santé psychique, développer son autonomie mentale, ses capacités ou favoriser son intégration sociale. Par conséquent, selon sa spécialisation (psychologie clinique, psychologie cognitive, psychologie du développement, psychologie du travail, orientation professionnelle, etc.), le psychologue utilise des méthodes d'analyse et d'intervention spécifiques basées sur des approches relationnelles et théoriques variées.
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En France, le titre de psychologue est protégé et reconnu par l’État depuis 1985[1]. Pour faire usage du titre, le psychologue a fait des études de psychologie permettant l'obtention d'une licence et d'un DESS de psychologie ou plus récemment d'un Master 1 et 2 en psychologie de l'université accompagnées de la réalisation d'un mémoire professionnel et de recherche et de stages annuels professionnalisants. Actuellement la plupart des organisations professionnelles de psychologues en France pensent qu'il serait nécessaire de porter la formation requise pour l'obtention du titre de psychologue au doctorat professionnel en psychologie. Un premier pas vers cette exigence de formation au plus haut niveau vient de se faire dans l'éducation nationale. En effet, désormais, il est exigé de tous les psychologues du nouveau corps des psychologues de l'éducation nationale qu'ils aient une formation supplémentaire d'un an après le Master 2 en psychologie, soit bac plus 6[2]. L'École de psychologues praticiens, basée à Paris et à Lyon, permet également d'accéder au titre protégé de psychologue (en vertu du décret no 90-255 du 22 mars 1990 fixant la liste des diplômes permettant de faire usage professionnel du titre de psychologue)
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Les psychologues sont par ailleurs tenus de faire enregistrer leurs diplômes auprès de l'agence régionale de santé (ARS) de leur secteur d'exercice (activité salariée, libérale ou mixte). Cette dernière établit et porte à la connaissance du public une liste actualisée des professionnels médicaux, paramédicaux ou exerçant, comme c'est le cas des psychologues, une activité relative à la santé. A ce titre, les psychologues ne sont pas des auxiliaires médicaux soumis à la prescription médicale. Ils assument la responsabilité professionnelle autonome en matière de diagnostic et de traitement psychologiques. C'est pourquoi ils n'exercent pas une profession paramédicale incluse dans la liste des professions de santé figurant au Code de la santé. Les psychologues en activité sont néanmoins répertoriés par l'ARS qui leur attribue un numéro de référence (listes ADELI).
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La Code de déontologie des psychologues est une référence incontournable pour l'exercice de la profession de psychologue en France. Le Code de déontologie affirme que « ces règles protègent le public des mésusages de la psychologie et de l'utilisation de méthodes et techniques se réclamant abusivement de la psychologie. » Par ailleurs, le Code de déontologie des psychologues n'est pas réglementé et n'a aucune valeur juridique. La mise en place d'une instance représentative qui serait chargée de légaliser ce Code ouvre une réflexion sur la possibilité d'habiliter ou non un organisme professionnel tel qu'un Haut conseil des psychologues. Ce projet a pour vocation d'être force de propositions, de protéger la profession de psychologue, tout en préservant le public d'exercice illégal de la psychologie.
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Au Canada, le psychologue est un professionnel de la santé titulaire d'un doctorat en psychologie (D.Psy. ou Ph.D. Clinique) et membre d'un ordre ou collège professionnel (ex.: Ordre des psychologues du Québec[3]).
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Pour entreprendre des études afin de devenir psychologue au Québec, il faut être titulaire d'un DEC en sciences de la nature et détenir une cote de rendement minimale de 25.
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ou être titulaire d'un diplôme d'études collégiales (DEC) ou l'équivalent et avoir réussi les cours suivants ou leur équivalent��: MAT360-300 et MAT201-300 (1) et un cours parmi les suivants : BIO101-301 (objectifs de formation 01Y5 ou 022V ou leur équivalent) ou 401 ou 911 ou 921. Le futur psychologue doit compléter un BAC et un Doctorat en psychologie (la Maîtrise de parcours pouvant ou non être délivrée) et réussir un cours portant sur la déontologie équivalent à un cours d'une durée d'au moins 45 heures offert par l'Ordre ou à un cours universitaire reconnu par l’Ordre, conformément aux dispositions du Règlement sur la condition et les modalités de délivrance des permis de l'Ordre professionnel des psychologues du Québec. Après tout ce parcours scolaire, le futur psychologue est prêt à s'exercer soit dans des secteurs publics ou à son propre compte.
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En Belgique, le titre de psychologue est protégé par la loi du 8 novembre 1993 : le titre y peut être porté seulement par les personnes inscrites sur la liste de la Commission des Psychologues, une instance publique au niveau fédéral[4].
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La Commission des Psychologues vérifie si des études universitaires en psychologie d’une durée de cinq ans ont été validées. Dans certains cas bien particuliers, la Commission des Psychologues peut reconnaître des personnes ayant une formation universitaire de quatre ans (diplômes étrangers ou obtenus avant la publication de la loi) ou une formation en haute école complétée d’une pratique professionnelles jugée suffisante (mesure de transition maintenant obsolète)[5].
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Selon leur lieu d'activités, les psychologues peuvent se spécialiser dans l'un ou l'autre de ces secteurs, toucher un public très diversifié (enfants, adolescents, adultes, personnes âgés, couples, entreprises, chômeurs, etc.), travailler en entretiens individuels ou dans des groupes. Ils peuvent exercer soit de manière indépendante, dans leur propre cabinet, soit de manière salariale, au sein d'institutions, d'associations, d'entreprises, d'administrations, etc. Ils collaborent souvent avec d'autres professionnels de l'action sociale (assistants sociaux, éducateurs sociaux, orthophonistes, psychomotriciens, psychiatres, etc.).
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Les compétences professionnelles sont diverses :
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Le psychologue peut réaliser des travaux de recherche dans tous les domaines de la psychologie, à l'université ou dans des services de recherche appliquée. Suivant une démarche scientifique, il élabore alors des hypothèses, construit une enquête ou une expérimentation, dépouille les données et fait la synthèse des résultats.
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En France, le psychologue intervenant en milieu hospitalier bénéficie d'un statut spécifique prévoyant la subdivision en tiers de ses activités. Si deux tiers de son temps de travail sont consacrés à son activité principale (soin, prévention, évaluation...), la rapidité d'évolution de la recherche, les constantes et nécessaires mises à jour de connaissances, et la formation particulière des futurs psychologues, ont entraîné la mise en place d'un tiers-temps consacré aux activités F.I.R. (Formation, information, recherche)[6]. Ainsi, le psychologue actif doit théoriquement consacrer un tiers de son temps de travail à l'une de ces trois activités, bien qu'en pratique, le temps F.I.R. ait tendance à se révéler souvent inexistant.
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En France, quelques associations nationales de psychologues se sont regroupées depuis 2003 dans la Fédération française des psychologues et de Psychologie (FFPP) sans toutefois réussir à fédérer les grandes organisations existantes, tel le Syndicat national des psychologues (SNP).
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Il existe également une certification européenne en psychologie : la certification Europsy qui regroupe 36 états[7]. Cette certification atteste que le psychologue qui en est titulaire satisfait à un certain nombre de critères de formation initiale et continue élevés et supérieurs aux critères initiaux nécessaires à la pratique de cette profession dans chacun de ces états. L'objectif est ainsi de tendre vers une harmonisation par le haut de la profession de psychologue en Europe. Il existe une certification de premier niveau Europsy, puis deux autres certifications supérieures nécessitant davantage de formation : la certification de psychologue spécialisé en psychothérapie et la certification de psychologue spécialisé en psychologie du travail et des organisations. Les spécialités Europsy ne sont pas décernées en France. La certification Europsy est la certification en psychologie nécessitant le plus haut niveau de formation initiale et continue en Europe.
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Au Canada, l'encadrement de la profession de psychologue est assurée par un Ordre professionnel dans chaque province. Afin de pouvoir légalement utiliser le titre de psychologue et pratiquer les actes qui lui sont réservés, dont la psychothérapie, il est impératif d'une part d'être titulaire d'un doctorat en psychologie et d'être membre de l'ordre des psychologues de sa province. Afin de maintenir l'inscription de son nom au tableau de l'ordre, le psychologue doit également justifier d'un certain nombre d'heures de formation continue et de supervision.
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Une avalanche (Écouter) de neige est d'abord un phénomène physique : une masse de neige qui se détache puis dévale un versant de montagne sous l'effet de la pesanteur, ou, formulé autrement, le mouvement rapide sur une grande pente d'un volume de neige, à la suite d'une rupture d'équilibre dans le manteau neigeux initial.
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Une avalanche de neige est aussi un aléa avec la possibilité qu'une telle menace (déclenchement, écoulement, impact) se réalise dans un lieu donné à un instant donné. Cette évaluation du danger concrétise alors un des risques naturels primordiaux en montagne. Sa survenue est toujours brutale. Ses capacités d'enfouissement et de destruction sont très importantes. Elles résultent de sa fluidité, de sa cohésion, de son potentiel à déplacer d'énormes masses de neige à des vitesses parfois très élevées.
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La description d'une avalanche est fortement liée aux dommages qu'elle a engendrés aux personnes (les victimes), aux biens ou à l'environnement (exemple : la forêt). Les avalanches sont endémiques à toute chaîne de montagnes qui accumule un manteau neigeux. Elles sont nettement plus fréquentes durant l'hiver ou au printemps, mais les mouvements de glacier peuvent causer des avalanches de neige et de glace mêlées à tout moment de l'année.
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Il n'y a pas de classification universellement acceptée des avalanches. Elles se distinguent selon leur mécanisme de déclenchement, leur qualité de neige, leur taille, leur dynamique, leur potentiel destructeur.
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Des méthodes et des techniques de prévention et de protection permettent de mieux gérer et de réduire le risque avalancheux, mais pas de l'annuler.
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Une avalanche de neige correspond d'abord à un phénomène physique[1],[2],[3] :
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avec notamment les caractéristiques suivantes :
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Une avalanche de neige est aussi un aléa[10],[15],[16] : la possibilité qu'une telle menace se réalise dans un lieu donné à un instant donné. Cette évaluation du danger concrétise alors un des risques naturels avec :
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Une avalanche de neige c'est enfin un événement, la description d'un phénomène particulier constaté, avec :
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Une avalanche évolue dans un site montagnard où l’on distingue trois zones morpho-dynamiques successives :
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Chacune de ces zones se caractérise principalement par sa superficie, ses altitudes, ses pentes (moyennes / maximales), sa dénivelée, son allure (profil en long (convexité / concavité) / en travers, digitations), ses expositions (au soleil / au vent), sa rugosité (éboulis / pelouse / forêt, ...), sa sinuosité. De même pour l'ensemble du site. Cette description en 3 zones est similaire à celle utilisée pour les torrents.
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Une phase de mouvement de l'avalanche[19] peut être associée à chacune de ces zones, avec le même qualificatif (exemple : phase d'arrêt).
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Globalement la typologie des avalanches peut se décrire selon les critères et les qualificatifs du tableau suivant :
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Le "classement" des avalanches dépend souvent de l'intérêt premier de l'observateur :
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Chacun d'eux pourra compléter sa description initiale par quelques éléments de l'autre approche. Assez fréquemment chaque hiver, le pisteur-secouriste doit aborder simultanément ces 2 approches. Lors de situations nivo-météorologiques relativement exceptionnelles (exemple : vigilance météorologique orange et surtout rouge), le maire de station de ski est également associé à ces travaux.
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Pour chacun de ces critères, des avalanches mixtes, qui combinent une phase coulante et un aérosol, ou pour lesquelles le déclenchement est d'abord ponctuel puis en plaque, sont également possibles.
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Les facteurs déclencheurs sont :
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On s'intéresse ici essentiellement au déclenchement d'une avalanche par un pratiquant de la montagne hivernale : skieur, snowboardeur, randonneur en raquettes… Dans la très grande majorité de ces cas, une fracture linéaire révèle l'instabilité du manteau neigeux dans une zone pentue : l'avalanche est alors dite « de plaque ». Ce type de déclenchement s'explique par la présence d'un empilement de couches de neige de différentes compositions :
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À l'état initial, la couche supérieure reste stable grâce à sa propre cohésion qui lui procure une résistance à l'amont (traction), à l'aval (compression) et sur les côtés (cisaillement), mais aussi (voire surtout) grâce à la résistance au cisaillement de son interface avec la couche sous-jacente.
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Il est difficile de décrire tous les mécanismes de déclenchement des avalanches, mais l'un d'entre eux semble correspondre à une majorité d'observations de terrain lors de déclenchements accidentels : lorsqu'une surcharge transmise jusqu'à la couche fragile dépasse sa capacité de portage, cette sous-couche s'effondre en compression, entraînant la rupture en cisaillement avec la couche située juste au-dessus (les deux modes de rupture peuvent être plus ou moins mêlés). En surface, on peut alors ressentir un léger affaissement, souvent accompagn�� d'un bruit caractéristique (« whump » ou « prouf » ou « whoumf ») ou de petites fissures visibles en surface.
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La superficie concernée par cette double rupture de la couche fragile est fonction des caractéristiques de la neige superficielle, qui transmettra plus ou moins les contraintes à la couche fragile en fonction de son épaisseur et de sa rigidité (Module de Young). Si la rupture initiale dépasse un certain seuil en superficie, elle peut se propager (comme une déchirure dans un tissu) sur de grandes étendues, voire dans certains cas donner lieu à des déclenchements à distance.
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Si la pente est suffisante, cette diminution des résistances de l'interface avec la couche sous-jacente suffit à rompre l'équilibre de la couche superficielle : le « whump » devient alors une avalanche.
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Du point de vue des types de neige concernées, la neige superficielle peut être très variable, tant qu'elle n'a pas été fortement transformée par le dégel/regel, plus précisément tant :
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Notamment, il n'est pas toujours besoin de vent pour former une plaque ; la plupart, dites plaques friables, sont faites de neiges poudreuses légères, très agréables à skier. On peut également trouver des départs en plaques de neige humide.
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La couche fragile est beaucoup plus déterminante, et fait intervenir dans la plupart des cas des grains anguleux (faces planes ou gobelets), du givre de surface recouvert, de la neige roulée (grésil) ou, dans certains cas, une croûte de regel.
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Les déclenchements avec un départ linéaire très étendu (plusieurs centaines de mètres) et / ou profond mettent en mouvement des volumes de neige très importants : ils sont susceptibles de faire de gros dommages aux bâtiments ou aux forêts. Avec ces ampleurs exceptionnelles, ces avalanches n'impliquent que très rarement les randonneurs.
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Les déclenchements à fracture limitée (extension de quelques mètres à quelques dizaines de mètres ou superficielle), concernent souvent de la neige fraîche parfois encore en cours de chute (exemple : transportée par le vent) ou de la neige en cours d'humidification massive (pluie, redoux) : ils génèrent la plupart des accidents avalancheux.
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Ces avalanches sont caractérisées dans leur zone de départ par une fracture linéaire du manteau neigeux, rupture en profondeur visible fréquemment en ligne brisée, qui génère ainsi la mise en mouvement d'une plaque de neige. Celle-ci peut être constituée de neige dure (cohésive) ou friable (poudreuse, parfois très légère). Ces avalanches impliquent très fréquemment une couche fragile sous-jacente de neige à faible cohésion, le plus souvent du givre de profondeur ou plus rarement du givre de surface enfoui, mais aussi parfois des plaques à vent dont le rôle peut toutefois être surestimé. Le départ de ces avalanches peut facilement s'étendre quasi instantanément sur une superficie importante, et mobiliser alors de très grandes quantités de neige, dans des zones parfois éloignées de la rupture initiale.
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Ces avalanches dites de plaque sont assez facilement déclenchées par des skieurs ou par des randonneurs et ce sont celles qui font le plus de victimes. Si parfois on peut être alerté par des bruits de soufflement ou d'effondrement quand on évolue dessus, il est généralement très difficile de les reconnaître a priori.
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Ces avalanches concernent des neiges avec peu ou pas de cohésion : poudreuse froide type faces planes, ou neige de fonte gorgée d'eau. Elles sont un peu moins dangereuses du fait des plus faibles quantités de neige mobilisées, et risquent moins d'emporter le pratiquant qui les déclenche car elles partent en dessous de lui.
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Selon le facteur déclenchant, on peut également distinguer :
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Selon la hauteur impliquée du manteau neigeux au départ, on distinguait jadis :
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Il s'agit de la forme d'écoulement par défaut des avalanches, qui peut donc concerner tout type de neige. Ces avalanches constituent un écoulement granulaire de neige, qui se comporte alors comme un fluide à seuil. Leur frottement interne, qui conditionne leur capacité à s'écouler sur des pentes très faibles, varie grandement en fonction de la qualité de la neige mobilisée : en premier lieu, la teneur en eau liquide (plus importante dans les neiges en cours de fonte) augmente le frottement interne.
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Ces avalanches peuvent causer d'importants dégâts aux bâtiments du fait des masses de neige en mouvement, malgré leur vitesse parfois faible. Leur trajectoire suit la ligne de plus grande pente, mais n'est pas pour autant très facile à prévoir, car un dépôt d'une précédente avalanche peut suffire pour les dévier.
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Pour générer une avalanche « poudreuse », en aérosol, il faut une neige sèche (= sans eau liquide) très froide et peu dense[8],[21], en quantité au départ et sur la pente (pour la reprise de neige), un écoulement rapide (plus de 20-25 m/s) ainsi qu'un impulseur de mise en suspension des particules de neige dans l'air (ex: ressaut topographique, petite barre rocheuse). La très forte turbulence ainsi créée forme un aérosol : un nuage de particules de glace en suspension (masse volumique moyenne jusqu'à 5 à 10 kg/m3) au front globuleux, qui se comporte comme un gaz alourdi par ces cristaux.
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Ces avalanches spectaculaires se produisent souvent après d'abondantes chutes de neige fraîche, et dévalent la pente à très grande vitesse (100 à 350 km/h), sur une trajectoire assez rectiligne peu sensible à la configuration du terrain. Dans des configurations resserrées du terrain, elles peuvent produire une onde[22] de pression/dépression dévastatrice (jusqu'à 3 bars de surpression) qui cause parfois d'importants dégâts soit aux massifs forestiers en brisant les arbres, soit à la toiture d'un chalet en l'arrachant et en la reposant plus loin, presque intacte. Elles sont capables de traverser des vallées et de remonter sur le versant opposé sur des hauteurs souvent impressionnantes (dizaines voire centaines de mètres).
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L'avalanche de neige étant un écoulement gravitaire de fluide compressible, sa dynamique dépend :
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Accumulée en strates dans la zone de départ, la neige est une mousse solide ouverte qui se désintègre plus ou moins rapidement en fragments souvent de plus en plus petits, selon le type d'écoulement, laminaire ou turbulent, selon la vitesse atteinte et la qualité de la neige. Ensuite, avec une neige sèche et légère, une couche de saltation peut se former au-dessus puis, parfois, évoluer en suspension. Au contraire, lorsque la neige est humide et dense, des boules de différentes tailles se forment progressivement en surface.
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Lors de l'arrêt de l'écoulement, la neige en mouvement se fige quasi instantanément, tout particulièrement si elle est compactée sur un obstacle.
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La très faible poussée d'Archimède de l'avalanche provoque l'enfouissement de la plupart des victimes emportées, plus ou moins rapidement selon la masse volumique moyenne et selon l'épaisseur de l'écoulement.
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La modélisation des avalanches est initiée au début du XXe siècle, notamment par le professeur genevois Lagotala[23] en préparation pour les Jeux olympiques d'hiver de 1924 à Chamonix. Sa méthode a ensuite été développée par le suisse A. Voellmy[24] en 1955 qui a utilisé une formule empirique simple, en traitant l'avalanche comme un bloc coulissant de neige se déplaçant avec une force de traînée proportionnelle au carré de la vitesse et à son débit. Plus tard, la formule et la méthode se sont perfectionnées notamment avec les modèles des Suisses Salm-Burkard-Gubler[25] en 1990 et des Canadiens Perla-Cheng-McClung et sont devenues largement utilisées pour modéliser les avalanches coulantes.
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Cette échelle d'intensité[26] peut s'appliquer aux événements constatés, à partir de l'analyse du phénomène physique, sans aucunement tenir compte des éventuelles conséquences humaines (ex : nombre de victimes). Il existe des avalanches classées exceptionnelles sans aucune victime et inversement.
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S= surface affectée par l'avalanche ; E= épaisseur moyenne de neige mobilisée ; V= volume déposé ; P= pression d'impact
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La puissance d'une avalanche est telle qu'elle emporte facilement tout élément sur son passage comme les êtres humains ou les animaux, les rochers, les arbres voire des secteurs entiers de forêts, mais aussi les pylônes, les bâtiments, etc. Dans certains cas, si la masse de neige en mouvement est suffisante, elle peut aussi bloquer un fond de vallée en constituant un barrage naturel temporaire sur un cours d'eau.
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Chaque année, les avalanches sont à l'origine de nombreux accidents mortels, le plus souvent lors de randonnées en montagne ou lors de sessions de ski hors-piste, parfois en alpinisme, plus rarement sur des routes ou dans des bâtiments. L'ensevelissement sous la neige peut être limité si le skieur est équipé d'un airbag avalanche. Les chances de survie de personnes ensevelies sous une avalanche sont minces, de l'ordre de quelques minutes, rarement davantage. Si les sauveteurs sont éloignés des victimes, l'hélicoptère s'avère indispensable pour les acheminer sur le site de l'accident. Une fois sur les lieux, les sauveteurs utilisent des systèmes de localisation comme les détecteurs de victime d'avalanche, DVA, des chiens d'avalanche et des sondes (fines perches métalliques). Ils procèdent ensuite au déblaiement de la neige en portant l'effort sur les voies respiratoires de l'accidenté. L'efficacité du sauvetage dépend de la rapidité d'intervention, des moyens disponibles et de l'entrainement à leur utilisation. Une grande expérience de la montagne hivernale diminue notablement le niveau de risque, en ayant à l'esprit que le risque zéro n'existe pas. Toutefois, des outils simples d'évaluation des risques sont disponibles[27] depuis le début des années 2000 comme la méthode 3x3[28],[29] de Werner Munter ou le NivoTest[30],[31] de Robert Bolognesi ou la méthode des 3 filtres décisionnels[32].
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+
L'expertise étant nécessaire, mais pas suffisante, la prévention passe donc par l'utilisation d'un matériel de secours efficace et maîtrisé qui permet de limiter les conséquences d'une avalanche. Des comportements adaptés pourront également réduire le risque, en diminuant la probabilité de départ (espacement suffisant au sein d'un groupe) ou le nombre de victimes (une seule personne à la fois dans les zones dangereuses ou suspectées comme telles).
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+
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+
Il arrive également que des avalanches surviennent dans des zones habitées, causant de véritables catastrophes en détruisant les habitations et en ensevelissant leurs occupants. La prévention se fait alors dans le cadre de l'aménagement du territoire, en cartographiant les couloirs d'avalanches historiquement connus de mémoire d'habitants ou dans les archives, en évitant d'abord - grâce à cette connaissance du terrain - de bâtir dans ces zones à risque (zonage), ou en érigeant des paravalanches (râteliers ou forêts fixant la neige dans les zones de départ, tournes déviant l'avalanche vers des zones non habitées...), ou encore en gérant l'évacuation des habitants des zones à risque lors des périodes de très fort risque d'avalanche.
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Les chances de survie[33], en fonction de la durée d'ensevelissement de la personne dans une avalanche, sont environ de :
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Ces statistiques ne tiennent pas compte des dommages éventuellement subis par la personne emportée par l'avalanche. Selon les sources, 10 à 20 % des victimes sont décédées à l'arrêt de l'avalanche. Exceptionnellement, des victimes sont retrouvées vivantes après plusieurs dizaines d'heures (une vingtaine d'heure dans un cas[35]). Il est donc vital d'adopter une stratégie permettant de dégager les victimes avant le quart d'heure fatidique, au moins pour leur permettre de respirer : tout doit être mis en œuvre sans délai avant l'arrivée des secours, par les survivants ou les témoins de l'accident.
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+
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+
Le traitement du patient relève généralement de la médecine d'urgence et de la traumatologie[36]. Les médecins et secouristes disposent maintenant de procédures de diagnostic différentiel[37] et de protocoles adaptés[38],[39].
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98 |
+
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99 |
+
En présence d'un grand nombre de victimes, il peut être nécessaire de « trier » sur place[40] les patients selon la gravité de leurs traumatismes[41].
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+
Dans tous les cas, et dans des conditions souvent difficiles (froid, manque de matériel...), il faut gérer les effets combinés[42] et synergiques du froid (hypothermie[43]), du manque d'oxygène et d'un excès de CO2 dans le sang (hypoxie et hypercapnie[44],[45]) et d'éventuels traumatismes physiques (fractures, entorses, déchirures, écrasement, gelures, etc.), sachant que l'hypercapnie repousse le seuil à partir duquel l'organisme produit des frissons, ce qui accélère la vitesse de refroidissement du corps humain pris dans le froid[46],[47].
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Les systèmes techniques de « survie » sont des systèmes de protection et survie in situ[48] à l'attention des alpinistes et des skieurs ou des militaires en opération et reposent sur un émetteur/balise permettant une localisation plus facile et rapide par les secours, une combinaison protégeant mieux du froid, un système inspiré du coussin gonflable de sécurité automobile (« airbag ») et/ou la création d'une « poche d'air » facilitant la respiration de la victime[49] ou encore l'élimination du CO2 exhalé[50].
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+
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La méthode la plus efficace actuellement pour la recherche des victimes d'avalanche est l'utilisation du détecteur de victimes d'avalanches (DVA, anciennement appelé ARVA), qui permet de localiser rapidement les personnes enfouies portant l'appareil en mode émission. Ensuite l'utilisation d'une sonde permet une localisation précise de la victime par contact physique. Enfin, le dégagement de la victime s'effectue à l'aide de la pelle en creusant la neige qui, en fonction de sa consistance, peut rendre l'opération physiquement pénible et particulièrement chronophage.
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Le temps imparti pour mener à bien ces trois phases de secours est d'un quart d'heure environ, ce qui implique qu'elles soient exécutées avec une très grande efficacité et une coordination sans faille.
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+
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+
Le triptyque DVA-pelle-sonde doit constituer l'équipement de base de tout freerider et faire l'objet d'un entraînement régulier à la recherche par DVA, puis à la sonde et enfin à la pelle sans négliger les autres aspects du secourisme : éviter le sur-accident, alerter les secours et porter les premiers soins aux victimes.
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+
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+
D'autres appareils ont été développés dans le but d'accroître les chances de survie des victimes, ainsi les sacs à dos Airbag sont-ils intéressants dans la mesure où ils évitent en grande partie l'ensevelissement[51].
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+
On peut aussi citer l'Avalung, qui permet d'éviter les risques de suffocation lorsqu'une victime est prise au piège sous une épaisseur de neige qui peut atteindre plusieurs mètres. Cependant, un inconvénient majeur commun à ces deux appareils est de nécessiter une action de la victime pour les mettre en œuvre au moment du départ de l'avalanche.
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+
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+
Depuis 1993, l'échelle européenne identifie cinq niveaux de risque (de 1 à 5, le risque 0 n'existant pas) basés sur l'accentuation et l'extension géographique de l'instabilité du manteau neigeux. Elle s'applique à l'échelle d'un massif sans distinction de versant ou d'heure. Elle hiérarchise l'alerte météorologique.
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Le drapeau à damier caractéristique se hisse pour les niveaux 3 et 4.
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Depuis 2012 l'European Avalanche Warning Service, EAWS, propose une nouvelle échelle européenne[52],[53] :
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Légende :
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Depuis la fin des années 1990, une échelle nord-américaine de risque d’avalanche aide les utilisateurs de l’arrière-pays à prendre de meilleures décisions fondées sur les risques lorsqu’ils accèdent à un terrain avalancheux. Cette échelle améliore la clarté et l’utilité des méthodes de communication au public en ce qui concerne le danger et le risque d’avalanche, notamment par les couleurs et les icônes utilisés.
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+
C'est un système d’avertissement à cinq niveaux, comme l'échelle européenne, qui indique pour chacun d'eux la probabilité de déclenchement d’une avalanche, la taille et l’étendue des phénomènes envisagés et qui recommande des mesures à prendre pour ceux qui se déplacent en hors-pistes ou en randonnée.
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Il est possible de déclencher volontairement des avalanches à titre préventif, pour sécuriser un domaine. Plusieurs techniques sont utilisées : le déclenchement par charge explosive, par explosion gazeuse ou par canon.
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En France, IRSTEA (Cemagref avant 2012) (unité Erosion torrentielle, neige et avalanches à Grenoble) et l'ONF (agences et services de restauration des terrains en montagne) sont responsables, pour le compte du ministère chargé de l'environnement, des deux dispositifs opérationnels d'observation des avalanches, dans les 11 départements des Alpes et des Pyrénées :
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Conduits selon des procédures fixes, ces deux dispositifs permettent de disposer de lots de données homogènes et systématiques. Les données de l'EPA servent principalement à l'analyse fréquentielle des événements, alors que la CLPA est utilisée pour l'étude des propriétés spatiales des phénomènes. Leurs informations sont publiques et servent de données d'entrée objectives pour la plupart des analyses de l'aléa ou du risque d'avalanche, notamment pour l'urbanisme ou plus généralement l'aménagement du territoire.
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De plus, une classification des sites habités sensibles aux avalanches, sur l'ensemble de la France, permet une évaluation rapide du risque avalanche dans plus de 1400 secteurs répartis sur 17 départements (Ain, Alpes de Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Ariège, Corse-du-Sud, Haute-Corse, Drôme, Haute-Garonne, Isère, Puy-de-Dome, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales, Haut-Rhin, Savoie et Haute-Savoie) et 292 communes.
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Les données de ces 3 dispositifs sont présentées et consultables sur le portail dédié[54]. La CLPA est également consultable en mairie.
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L'ANENA, Association nationale pour l'étude de la neige et des avalanches, gère la base française des accidents d'avalanche.
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Certains sites Internet enregistrent également des collections d'événements (ex : data-avalanche).
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L'article détaillé liste différentes avalanches mortelles historiques survenues en France, en 3 tableaux :
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Claude Ptolémée (en grec ancien Κλαύδιος Πτολεμαῖος Claúdios Ptolemaîos, en latin Claudius Ptolemaeus), communément appelé Ptolémée (Ptolémaïs de Thébaïde (Haute-Égypte), né vers 100 - mort vers 168 à Canope[1], est un astronome et astrologue grec qui vécut à Alexandrie (Égypte). Il est également l’un des précurseurs de la géographie. Sa vie est mal connue. Son cognomen Ptolemæus semble indiquer des origines gréco-égyptiennes, et son nomen Claudius une citoyenneté romaine. Son prænomen est inconnu.
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Ptolémée est l’auteur de plusieurs traités scientifiques, dont deux ont exercé une grande influence sur les sciences occidentales et orientales. L’un est le traité d’astronomie, aujourd’hui connu sous le nom d’Almageste (arabisation de Ἡ Μεγάλη Σύνταξις,ʿē Megálē Súntaxis, La Grande Composition, puis Ὴ μεγίστη,ʿē megístē, La Très Grande, al-Mijisti, mais dont le titre original en grec était Μαθηματική σύνταξις, Mathēmatikḗ súntaxis, Composition mathématique). L’autre est la Géographie, qui est une synthèse des connaissances géographiques du monde gréco-romain.
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L’œuvre de Ptolémée est la continuation d’une longue évolution de la science antique fondée sur l'observation des astres, les nombres, le calcul et la mesure. Avec l’œuvre d’Aristote, c’est essentiellement à travers elle, transmise à la fois par les Arabes et les Byzantins, que l’Occident redécouvrira la science grecque au Moyen Âge[N 1] et à la Renaissance[2], laissant leurs prédécesseurs dans l’obscurité[3]. Pourtant Ptolémée ne manque pas de faire abondamment référence à ceux-ci[N 2] dans ses écrits.
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L’Almageste est le seul ouvrage antique complet sur l’astronomie qui nous soit parvenu. Les astronomes babyloniens, qui avaient consigné soigneusement, pendant des siècles, de précieuses observations (positions des astres, datations des éclipses…)[N 3], avaient élaboré des techniques de calcul pour la prévision de phénomènes astronomiques. Les astronomes grecs, tels qu’Eudoxe de Cnide et surtout Hipparque, avaient intégré ces observations et les leurs dans des modèles géométriques (théorie des épicycles) pour calculer les mouvements de certains corps célestes. Dans son traité, Ptolémée reprend ces différents modèles astronomiques et les perfectionne[4], notamment en ajoutant la notion d’équant[5].
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Ses observations, jointes aux données antérieures dont il disposait, offrent un recul permettant une mesure fort précise des mouvements astronomiques, puisque l'ensemble couvre une période de près de neuf siècles. Ses « tables » de données, indispensables pour déterminer la position des astres, ont en effet comme point de départ le premier jour du calendrier égyptien de la première année du règne de Nabonassar, c’est-à-dire le 26 février 747 avant notre ère[6]. Ptolémée consacre donc le modèle géocentrique d’Hipparque, qui lui fut souvent attribué[N 4] et qui fut accepté pendant plus de mille trois cents ans, quoique de manière discontinue. En Europe occidentale, en effet, il sombra dans l’oubli au début du Moyen Âge, avant d’être redécouvert à la fin de cette période. Cet héritage fut cependant préservé dans le monde arabe et, avec des hauts et des bas, dans l’Empire romain d’Orient et plus spécifiquement à Byzance[7].
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Sa méthode et son modèle de calcul ont d’ailleurs été adoptés avec quelques modifications dans le monde arabophone et en Inde, car ils étaient d’une précision suffisante pour satisfaire les besoins des astronomes, des astrologues, des détenteurs de calendriers et des navigateurs.
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Ptolémée réalisa aussi une sorte de manuel essentiellement pratique, appelé « Les tables faciles » ou parfois « Les tables manuelles » (Πρόχειροι κανόνες, Prócheiroi kanónes), dérivé de l’Almageste[N 5] et destinées à réaliser des calculs de position des astres et d’éclipses.
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Contrairement à une idée reçue, Ptolémée ne reprit pas à son compte l’idée d’Aristote selon laquelle les astres étaient placés sur des sphères de cristal[8]. Il dit même expressément que « les astres nagent dans un fluide parfait qui n’oppose aucune résistance à leurs mouvements[9] ». On ignore si cette vision, proche de la notion de vide, était déjà présente chez Hipparque ou si elle doit être mise au crédit de Ptolémée. Pour celui-ci, déférents et épicycles sont donc immatériels. Nicolas Halma considère en outre que son choix du système des épicycles plutôt que de celui des excentriques résulte davantage d’une volonté de rendre les calculs plus commodes, que d’une foi dans la réalité matérielle du système[N 6].
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Durant les treize siècles qui suivirent, l’astronomie ne progressa plus guère. L’Almageste et les tables faciles ne reçurent que des corrections mineures, bien qu’elles aient fait l’objet, à la fin de l’Antiquité, de nombreuses publications de la part des « commentateurs »[10], dont le plus connu est Théon d'Alexandrie. Ce furent donc les tables et les textes de Ptolémée qui furent utilisés directement ou indirectement comme références[11] jusqu’à ce que les progrès des instruments d’observation et la théorie élaborée par Nicolas Copernic et perfectionnée par Johannes Kepler n’entraînent son abandon. Mais ce fut à grand peine : le système héliocentrique de Copernic (1543), appuyé par Galilée (1630) fut rejeté par l’Église catholique et Galilée se vit contraint de renier officiellement ses théories en 1633. Le modèle de Ptolémée ne fut définitivement abandonné par l'Église que sous le pape Benoît XIV vers 1750[N 7].
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L’Almageste contient également un catalogue de 1 022 étoiles regroupées en quarante-huit constellations. Bien que ne couvrant pas toute la sphère céleste, ce système fut la référence pendant de nombreux siècles. Ptolémée a aussi décrit l’astrolabe, inventé probablement par Hipparque.
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Sa Géographie est une autre œuvre majeure. Il s’agit d’une compilation des connaissances géographiques à l’époque de l’empire romain sous le règne d’Hadrien (125), couvrant la totalité du monde connu ou écoumène[12]. Comme pour le modèle du système solaire dans l’Almageste, Ptolémée unifie dans un grand ensemble toutes les informations dont il dispose.
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Le premier livre définit le sujet de la Géographie et présente les données et la méthode utilisée pour dessiner une carte du monde habité[13]. Dans les livres deux à sept, il fournit des listes topographiques et attribue des coordonnées à tous les lieux et particularités géographiques, répertoriant 8 000 endroits d'Europe, d'Asie et d'Afrique disposés dans une grille. Il commence à l'ouest avec l'Irlande et la Grande-Bretagne puis se déplace vers l'est en passant par l'Allemagne, l'Italie, la Grèce, l'Afrique du nord, l'Asie mineure et la Perse, pour terminer en Inde. Le livre huit présente une division de l'écoumène en vingt-six cartes régionales : dix pour l'Europe, quatre pour l'Afrique (appelée Libye) et douze pour l'Asie[13]. Outre les données géographiques, Ptolémée intègre des données astronomiques et des témoignages de voyageurs.
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Ptolémée donne à la terre une forme sphérique et estime sa circonférence à 180 000 stades (environ 33 345 km). Il suit en cela le calcul de Posidonios plutôt que celui d'Ératosthène révisé par Hipparque, qui l'avait évaluée à 250 000 stades (environ 39 375 km), beaucoup plus près des 40 075 km réellement mesurés à l'équateur[14]. Reprenant le système sexagésimal des Babyloniens, il divise cette sphère en 360° de longitude de 500 stades chacun. Il fixe le méridien de longitude zéro au point le plus à l’ouest connu à son époque, soit les îles « Fortunata » (îles des Bienheureux), identifiées aux îles Canaries[14]. Il pose des intervalles de cinq degrés correspondant au tiers d'une heure d'équinoxe et couvrant au total douze heures, soit 180° jusqu'à Cattigara, qui correspondrait à Hanoï[15].
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La latitude était mesurée à partir de Thulé, situé à 63° N, jusqu'à Agisymba dans l'Afrique sub-saharienne, que Ptolémée situe à 16° S, la distance totale couvrant ainsi 79°. Posant le degré zéro à l’équateur, comme aujourd’hui, Ptolémée calcule la distance selon la durée du jour le plus long plutôt qu’en degrés, car la durée du solstice d’été passe de douze à vingt-quatre heures au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’équateur vers le cercle polaire. Il utilise des incréments de quinze minutes par degré, jusqu'au parallèle où le jour le plus long dure quinze heures et demie pour alors passer à des incréments de trente minutes, jusqu'à Thulé, où le jour le plus long dure vingt heures[14].
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Dans la zone ainsi délimitée, il distingue une partie habitable, étendue en longitude sur 72 000 stades et en latitude sur 40 000 stades[16].
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Ptolémée s’est essentiellement appuyé sur les travaux d’un autre géographe, Marinos de Tyr, dont les ouvrages ne nous sont pas parvenus. Il s'est aussi basé sur les index géographiques des empires romain et perse, mais la plupart de ses sources au-delà du périmètre de l’empire étaient d’origines douteuses.
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Des cartes fondées sur des critères scientifiques avaient été réalisées depuis Ératosthène, mais Ptolémée améliora les techniques de projection cartographique, en s'appuyant sur la géométrie d'Euclide, produisant une méthode qui exerça une influence durable sur la façon de projeter une sphère sur une surface plane[17]. Ses cartes sont orientées vers le nord[N 8]. Une carte du monde développée sur la base de sa Géographie était exposée à Autun en France à la fin de l’époque romaine.
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Cet ouvrage a été perdu dans le monde occidental jusqu'à sa redécouverte par le Byzantin Maximus Planudes, vers 1300. Il se peut que les cartes des manuscrits de la Géographie ne datent que de cette époque[18]. En revanche, dès le début du IXe siècle, il faisait l'objet d'une traduction en arabe pour le calife abbasside al-Mamun, et il servira de base aux travaux d'Ibn Khurradadhbih, Ibn Khordadbeh, Suhrab, Al Kwarizmi, Ibn Hawqal et Al Idrissi[19]. Il sera l'une des sources de l'Imago mundi de Pierre d'Ailly, qui inspirera Christophe Colomb : en particulier, son chapitre 8 reprend l'estimation de Ptolémée pour la circonférence terrestre, inférieure de 14 % à la réalité.
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À partir du XVe siècle, les premières reproductions imprimées sur papier firent leur apparition. Le premier exemplaire imprimé de la Géographie fut édité avec les cartes à Bologne en 1477, rapidement suivi par une édition romaine de 1478. Jusqu’au XVIe siècle, cet ouvrage a servi de guide à tous les voyageurs qui, à chaque découverte, croyaient reconnaître quelque contrée déjà indiquée par celui-ci.
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Le traité de Ptolémée sur l’astrologie, le Tetrabiblos (tetra signifie en grec « quatre » et biblos « livre »), était l’ouvrage astrologique le plus célèbre de l’Antiquité. Il exerça une grande influence dans l’étude des corps célestes dans la sphère sublunaire. Ainsi, il fournissait des explications des effets astrologiques des planètes, en fonction de leurs aspects[20] : effet chauffant, rafraîchissant, mouillant, et séchant. Celui-ci traite en particulier de l’astrologie individuelle en quatre livres qui consiste en une interprétation thématique à l’aide de l’érection d’une carte basée sur un tableau déterminant l’emplacement des sept planètes (Soleil compris) connues à l’époque à un moment donné.
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Ptolémée estimait que l’astrologie est comme la médecine qui est hypothétique en raison de nombreux facteurs variables à prendre en compte[21]. Ces facteurs étaient pour lui principalement, la race, le pays et l’éducation qui devaient affecter une personne au même titre que la position des planètes dans le ciel au moment de la naissance.
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À la différence de Vettius Valens, il semble aujourd’hui que Ptolémée, surtout connu pour son traité sur l’astronomie, était un compilateur (un théoricien) en astrologie[22]. L'innovation majeure de Ptolémée est théorique: le choix du zodiaque tropical en lieu et place du zodiaque sidéral[23]. Ainsi, on lit dans le Tetrabiblos : « Il existe deux signes tropiques, d'une part le premier intervalle de 30° depuis le solstice d'été, soit le signe du Cancer, de l'autre, le premier depuis le solstice d'hiver, soit le Capricorne. Il y a encore deux signes équinoxiaux, le Bélier printanier et l'automnale Balance[24]. » En effet, Ptolémée pensait que la Terre était immobile au centre du monde. Il en conclut que les points équinoxiaux et solsticiaux étaient fixes dans le ciel. Or Hipparque, prédécesseur de Ptolémée, avait observé qu'il existait un décalage entre les étoiles fixes[25] et les points marquant le début des saisons. Ces points étant supposés immobiles, le mouvement ne pouvait qu'être dû aux étoiles[26].
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Il convient de remarquer qu'il n'y a, chez Ptolémée, aucune confusion entre astronomie et astrologie : tout ce qui concerne cette dernière discipline est contenu dans le Tetrabiblos, pas une ligne à ce sujet dans l'Almageste.
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Ptolémée a également écrit les Harmoniques, un traité de musicologie de référence sur la théorie et les principes mathématiques de la musique[27]. Après une critique des approches de ses prédécesseurs, Ptolémée y plaide pour baser des intervalles musicaux sur des proportions mathématiques (contrairement aux partisans d’Aristoxène) soutenus par observation empirique (contrairement à l’approche purement théorique de l’École pythagoricienne). Il a présenté ses propres divisions du tétracorde et de l’octave, qu’il a dérivés avec l’aide d’un monocorde. L’intérêt de Ptolémée pour la théorie et les principes de l'harmonie en musique apparaît également dans une discussion sur la musique des sphères.
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Les Harmoniques contribuera au développement de la théorie musicale de Boèce De Institutione Musica au VIe siècle.
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Ptolémée a découvert un théorème qui porte son nom : dans un quadrilatère convexe inscrit dans un cercle, le produit des diagonales est égal à la somme des produits des côtés opposés[28],[29].
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Dans sa Composition mathématique (Almageste), Ptolémée veut suivre la méthode rigoureuse de la géométrie et procéder par la démonstration introduite par les mathématiciens de la Grèce antique, dont le représentant essentiel est Euclide. Sa trigonométrie se fonde sur celle d'Hipparque, mais il a également connaissance de l'œuvre de Ménélaos, qui a développé la trigonométrie sphérique et qu'il cite dans l'Almageste[30].
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Dans l’Optique, Ptolémée traite des propriétés de la lumière, notamment de la réflexion, de la réfraction et de la couleur, ainsi que d'une théorie de la vision, fondée sur une combinaison des propriétés des objets observés, de la lumière et d'un "flux visuel" (visus dans le texte latin) issu des yeux. Ce travail est une partie importante de l’histoire de l’optique, mais il nous est parvenu par l'intermédiaire d'une traduction latine réalisée par l'émir Eugène de Sicile vers 1150, elle-même issue d'une traduction arabe assez imparfaite et incomplète[31].
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En cette matière comme dans les autres, Ptolémée dispose d'apports antérieurs. Certains éléments d'optique sont présents chez Euclide[N 9], Archimède et Héron d'Alexandrie, mais les sources précises de Ptolémée sont discutées[32]. La rédaction de l’Optique est postérieure à l'Almageste, comme l'attestent en particulier certains progrès réalisés par Ptolémée dans l'intervalle. Ainsi, l’Optique expose le phénomène de réfraction atmosphérique qui se produit lors de l'observation du soleil ou de la lune, phénomène totalement ignoré dans l'Almageste[33].
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Claude Ptolémée (en grec ancien Κλαύδιος Πτολεμαῖος Claúdios Ptolemaîos, en latin Claudius Ptolemaeus), communément appelé Ptolémée (Ptolémaïs de Thébaïde (Haute-Égypte), né vers 100 - mort vers 168 à Canope[1], est un astronome et astrologue grec qui vécut à Alexandrie (Égypte). Il est également l’un des précurseurs de la géographie. Sa vie est mal connue. Son cognomen Ptolemæus semble indiquer des origines gréco-égyptiennes, et son nomen Claudius une citoyenneté romaine. Son prænomen est inconnu.
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Ptolémée est l’auteur de plusieurs traités scientifiques, dont deux ont exercé une grande influence sur les sciences occidentales et orientales. L’un est le traité d’astronomie, aujourd’hui connu sous le nom d’Almageste (arabisation de Ἡ Μεγάλη Σύνταξις,ʿē Megálē Súntaxis, La Grande Composition, puis Ὴ μεγίστη,ʿē megístē, La Très Grande, al-Mijisti, mais dont le titre original en grec était Μαθηματική σύνταξις, Mathēmatikḗ súntaxis, Composition mathématique). L’autre est la Géographie, qui est une synthèse des connaissances géographiques du monde gréco-romain.
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L’œuvre de Ptolémée est la continuation d’une longue évolution de la science antique fondée sur l'observation des astres, les nombres, le calcul et la mesure. Avec l’œuvre d’Aristote, c’est essentiellement à travers elle, transmise à la fois par les Arabes et les Byzantins, que l’Occident redécouvrira la science grecque au Moyen Âge[N 1] et à la Renaissance[2], laissant leurs prédécesseurs dans l’obscurité[3]. Pourtant Ptolémée ne manque pas de faire abondamment référence à ceux-ci[N 2] dans ses écrits.
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L’Almageste est le seul ouvrage antique complet sur l’astronomie qui nous soit parvenu. Les astronomes babyloniens, qui avaient consigné soigneusement, pendant des siècles, de précieuses observations (positions des astres, datations des éclipses…)[N 3], avaient élaboré des techniques de calcul pour la prévision de phénomènes astronomiques. Les astronomes grecs, tels qu’Eudoxe de Cnide et surtout Hipparque, avaient intégré ces observations et les leurs dans des modèles géométriques (théorie des épicycles) pour calculer les mouvements de certains corps célestes. Dans son traité, Ptolémée reprend ces différents modèles astronomiques et les perfectionne[4], notamment en ajoutant la notion d’équant[5].
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Ses observations, jointes aux données antérieures dont il disposait, offrent un recul permettant une mesure fort précise des mouvements astronomiques, puisque l'ensemble couvre une période de près de neuf siècles. Ses « tables » de données, indispensables pour déterminer la position des astres, ont en effet comme point de départ le premier jour du calendrier égyptien de la première année du règne de Nabonassar, c’est-à-dire le 26 février 747 avant notre ère[6]. Ptolémée consacre donc le modèle géocentrique d’Hipparque, qui lui fut souvent attribué[N 4] et qui fut accepté pendant plus de mille trois cents ans, quoique de manière discontinue. En Europe occidentale, en effet, il sombra dans l’oubli au début du Moyen Âge, avant d’être redécouvert à la fin de cette période. Cet héritage fut cependant préservé dans le monde arabe et, avec des hauts et des bas, dans l’Empire romain d’Orient et plus spécifiquement à Byzance[7].
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Sa méthode et son modèle de calcul ont d’ailleurs été adoptés avec quelques modifications dans le monde arabophone et en Inde, car ils étaient d’une précision suffisante pour satisfaire les besoins des astronomes, des astrologues, des détenteurs de calendriers et des navigateurs.
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Ptolémée réalisa aussi une sorte de manuel essentiellement pratique, appelé « Les tables faciles » ou parfois « Les tables manuelles » (Πρόχειροι κανόνες, Prócheiroi kanónes), dérivé de l’Almageste[N 5] et destinées à réaliser des calculs de position des astres et d’éclipses.
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Contrairement à une idée reçue, Ptolémée ne reprit pas à son compte l’idée d’Aristote selon laquelle les astres étaient placés sur des sphères de cristal[8]. Il dit même expressément que « les astres nagent dans un fluide parfait qui n’oppose aucune résistance à leurs mouvements[9] ». On ignore si cette vision, proche de la notion de vide, était déjà présente chez Hipparque ou si elle doit être mise au crédit de Ptolémée. Pour celui-ci, déférents et épicycles sont donc immatériels. Nicolas Halma considère en outre que son choix du système des épicycles plutôt que de celui des excentriques résulte davantage d’une volonté de rendre les calculs plus commodes, que d’une foi dans la réalité matérielle du système[N 6].
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Durant les treize siècles qui suivirent, l’astronomie ne progressa plus guère. L’Almageste et les tables faciles ne reçurent que des corrections mineures, bien qu’elles aient fait l’objet, à la fin de l’Antiquité, de nombreuses publications de la part des « commentateurs »[10], dont le plus connu est Théon d'Alexandrie. Ce furent donc les tables et les textes de Ptolémée qui furent utilisés directement ou indirectement comme références[11] jusqu’à ce que les progrès des instruments d’observation et la théorie élaborée par Nicolas Copernic et perfectionnée par Johannes Kepler n’entraînent son abandon. Mais ce fut à grand peine : le système héliocentrique de Copernic (1543), appuyé par Galilée (1630) fut rejeté par l’Église catholique et Galilée se vit contraint de renier officiellement ses théories en 1633. Le modèle de Ptolémée ne fut définitivement abandonné par l'Église que sous le pape Benoît XIV vers 1750[N 7].
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L’Almageste contient également un catalogue de 1 022 étoiles regroupées en quarante-huit constellations. Bien que ne couvrant pas toute la sphère céleste, ce système fut la référence pendant de nombreux siècles. Ptolémée a aussi décrit l’astrolabe, inventé probablement par Hipparque.
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Sa Géographie est une autre œuvre majeure. Il s’agit d’une compilation des connaissances géographiques à l’époque de l’empire romain sous le règne d’Hadrien (125), couvrant la totalité du monde connu ou écoumène[12]. Comme pour le modèle du système solaire dans l’Almageste, Ptolémée unifie dans un grand ensemble toutes les informations dont il dispose.
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Le premier livre définit le sujet de la Géographie et présente les données et la méthode utilisée pour dessiner une carte du monde habité[13]. Dans les livres deux à sept, il fournit des listes topographiques et attribue des coordonnées à tous les lieux et particularités géographiques, répertoriant 8 000 endroits d'Europe, d'Asie et d'Afrique disposés dans une grille. Il commence à l'ouest avec l'Irlande et la Grande-Bretagne puis se déplace vers l'est en passant par l'Allemagne, l'Italie, la Grèce, l'Afrique du nord, l'Asie mineure et la Perse, pour terminer en Inde. Le livre huit présente une division de l'écoumène en vingt-six cartes régionales : dix pour l'Europe, quatre pour l'Afrique (appelée Libye) et douze pour l'Asie[13]. Outre les données géographiques, Ptolémée intègre des données astronomiques et des témoignages de voyageurs.
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Ptolémée donne à la terre une forme sphérique et estime sa circonférence à 180 000 stades (environ 33 345 km). Il suit en cela le calcul de Posidonios plutôt que celui d'Ératosthène révisé par Hipparque, qui l'avait évaluée à 250 000 stades (environ 39 375 km), beaucoup plus près des 40 075 km réellement mesurés à l'équateur[14]. Reprenant le système sexagésimal des Babyloniens, il divise cette sphère en 360° de longitude de 500 stades chacun. Il fixe le méridien de longitude zéro au point le plus à l’ouest connu à son époque, soit les îles « Fortunata » (îles des Bienheureux), identifiées aux îles Canaries[14]. Il pose des intervalles de cinq degrés correspondant au tiers d'une heure d'équinoxe et couvrant au total douze heures, soit 180° jusqu'à Cattigara, qui correspondrait à Hanoï[15].
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La latitude était mesurée à partir de Thulé, situé à 63° N, jusqu'à Agisymba dans l'Afrique sub-saharienne, que Ptolémée situe à 16° S, la distance totale couvrant ainsi 79°. Posant le degré zéro à l’équateur, comme aujourd’hui, Ptolémée calcule la distance selon la durée du jour le plus long plutôt qu’en degrés, car la durée du solstice d’été passe de douze à vingt-quatre heures au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’équateur vers le cercle polaire. Il utilise des incréments de quinze minutes par degré, jusqu'au parallèle où le jour le plus long dure quinze heures et demie pour alors passer à des incréments de trente minutes, jusqu'à Thulé, où le jour le plus long dure vingt heures[14].
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Dans la zone ainsi délimitée, il distingue une partie habitable, étendue en longitude sur 72 000 stades et en latitude sur 40 000 stades[16].
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Ptolémée s’est essentiellement appuyé sur les travaux d’un autre géographe, Marinos de Tyr, dont les ouvrages ne nous sont pas parvenus. Il s'est aussi basé sur les index géographiques des empires romain et perse, mais la plupart de ses sources au-delà du périmètre de l’empire étaient d’origines douteuses.
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Des cartes fondées sur des critères scientifiques avaient été réalisées depuis Ératosthène, mais Ptolémée améliora les techniques de projection cartographique, en s'appuyant sur la géométrie d'Euclide, produisant une méthode qui exerça une influence durable sur la façon de projeter une sphère sur une surface plane[17]. Ses cartes sont orientées vers le nord[N 8]. Une carte du monde développée sur la base de sa Géographie était exposée à Autun en France à la fin de l’époque romaine.
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Cet ouvrage a été perdu dans le monde occidental jusqu'à sa redécouverte par le Byzantin Maximus Planudes, vers 1300. Il se peut que les cartes des manuscrits de la Géographie ne datent que de cette époque[18]. En revanche, dès le début du IXe siècle, il faisait l'objet d'une traduction en arabe pour le calife abbasside al-Mamun, et il servira de base aux travaux d'Ibn Khurradadhbih, Ibn Khordadbeh, Suhrab, Al Kwarizmi, Ibn Hawqal et Al Idrissi[19]. Il sera l'une des sources de l'Imago mundi de Pierre d'Ailly, qui inspirera Christophe Colomb : en particulier, son chapitre 8 reprend l'estimation de Ptolémée pour la circonférence terrestre, inférieure de 14 % à la réalité.
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À partir du XVe siècle, les premières reproductions imprimées sur papier firent leur apparition. Le premier exemplaire imprimé de la Géographie fut édité avec les cartes à Bologne en 1477, rapidement suivi par une édition romaine de 1478. Jusqu’au XVIe siècle, cet ouvrage a servi de guide à tous les voyageurs qui, à chaque découverte, croyaient reconnaître quelque contrée déjà indiquée par celui-ci.
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Le traité de Ptolémée sur l’astrologie, le Tetrabiblos (tetra signifie en grec « quatre » et biblos « livre »), était l’ouvrage astrologique le plus célèbre de l’Antiquité. Il exerça une grande influence dans l’étude des corps célestes dans la sphère sublunaire. Ainsi, il fournissait des explications des effets astrologiques des planètes, en fonction de leurs aspects[20] : effet chauffant, rafraîchissant, mouillant, et séchant. Celui-ci traite en particulier de l’astrologie individuelle en quatre livres qui consiste en une interprétation thématique à l’aide de l’érection d’une carte basée sur un tableau déterminant l’emplacement des sept planètes (Soleil compris) connues à l’époque à un moment donné.
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Ptolémée estimait que l’astrologie est comme la médecine qui est hypothétique en raison de nombreux facteurs variables à prendre en compte[21]. Ces facteurs étaient pour lui principalement, la race, le pays et l’éducation qui devaient affecter une personne au même titre que la position des planètes dans le ciel au moment de la naissance.
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À la différence de Vettius Valens, il semble aujourd’hui que Ptolémée, surtout connu pour son traité sur l’astronomie, était un compilateur (un théoricien) en astrologie[22]. L'innovation majeure de Ptolémée est théorique: le choix du zodiaque tropical en lieu et place du zodiaque sidéral[23]. Ainsi, on lit dans le Tetrabiblos : « Il existe deux signes tropiques, d'une part le premier intervalle de 30° depuis le solstice d'été, soit le signe du Cancer, de l'autre, le premier depuis le solstice d'hiver, soit le Capricorne. Il y a encore deux signes équinoxiaux, le Bélier printanier et l'automnale Balance[24]. » En effet, Ptolémée pensait que la Terre était immobile au centre du monde. Il en conclut que les points équinoxiaux et solsticiaux étaient fixes dans le ciel. Or Hipparque, prédécesseur de Ptolémée, avait observé qu'il existait un décalage entre les étoiles fixes[25] et les points marquant le début des saisons. Ces points étant supposés immobiles, le mouvement ne pouvait qu'être dû aux étoiles[26].
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Il convient de remarquer qu'il n'y a, chez Ptolémée, aucune confusion entre astronomie et astrologie : tout ce qui concerne cette dernière discipline est contenu dans le Tetrabiblos, pas une ligne à ce sujet dans l'Almageste.
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Ptolémée a également écrit les Harmoniques, un traité de musicologie de référence sur la théorie et les principes mathématiques de la musique[27]. Après une critique des approches de ses prédécesseurs, Ptolémée y plaide pour baser des intervalles musicaux sur des proportions mathématiques (contrairement aux partisans d’Aristoxène) soutenus par observation empirique (contrairement à l’approche purement théorique de l’École pythagoricienne). Il a présenté ses propres divisions du tétracorde et de l’octave, qu’il a dérivés avec l’aide d’un monocorde. L’intérêt de Ptolémée pour la théorie et les principes de l'harmonie en musique apparaît également dans une discussion sur la musique des sphères.
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Les Harmoniques contribuera au développement de la théorie musicale de Boèce De Institutione Musica au VIe siècle.
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Ptolémée a découvert un théorème qui porte son nom : dans un quadrilatère convexe inscrit dans un cercle, le produit des diagonales est égal à la somme des produits des côtés opposés[28],[29].
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Dans sa Composition mathématique (Almageste), Ptolémée veut suivre la méthode rigoureuse de la géométrie et procéder par la démonstration introduite par les mathématiciens de la Grèce antique, dont le représentant essentiel est Euclide. Sa trigonométrie se fonde sur celle d'Hipparque, mais il a également connaissance de l'œuvre de Ménélaos, qui a développé la trigonométrie sphérique et qu'il cite dans l'Almageste[30].
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Dans l’Optique, Ptolémée traite des propriétés de la lumière, notamment de la réflexion, de la réfraction et de la couleur, ainsi que d'une théorie de la vision, fondée sur une combinaison des propriétés des objets observés, de la lumière et d'un "flux visuel" (visus dans le texte latin) issu des yeux. Ce travail est une partie importante de l’histoire de l’optique, mais il nous est parvenu par l'intermédiaire d'une traduction latine réalisée par l'émir Eugène de Sicile vers 1150, elle-même issue d'une traduction arabe assez imparfaite et incomplète[31].
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En cette matière comme dans les autres, Ptolémée dispose d'apports antérieurs. Certains éléments d'optique sont présents chez Euclide[N 9], Archimède et Héron d'Alexandrie, mais les sources précises de Ptolémée sont discutées[32]. La rédaction de l’Optique est postérieure à l'Almageste, comme l'attestent en particulier certains progrès réalisés par Ptolémée dans l'intervalle. Ainsi, l’Optique expose le phénomène de réfraction atmosphérique qui se produit lors de l'observation du soleil ou de la lune, phénomène totalement ignoré dans l'Almageste[33].
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Claude Ptolémée (en grec ancien Κλαύδιος Πτολεμαῖος Claúdios Ptolemaîos, en latin Claudius Ptolemaeus), communément appelé Ptolémée (Ptolémaïs de Thébaïde (Haute-Égypte), né vers 100 - mort vers 168 à Canope[1], est un astronome et astrologue grec qui vécut à Alexandrie (Égypte). Il est également l’un des précurseurs de la géographie. Sa vie est mal connue. Son cognomen Ptolemæus semble indiquer des origines gréco-égyptiennes, et son nomen Claudius une citoyenneté romaine. Son prænomen est inconnu.
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Ptolémée est l’auteur de plusieurs traités scientifiques, dont deux ont exercé une grande influence sur les sciences occidentales et orientales. L’un est le traité d’astronomie, aujourd’hui connu sous le nom d’Almageste (arabisation de Ἡ Μεγάλη Σύνταξις,ʿē Megálē Súntaxis, La Grande Composition, puis Ὴ μεγίστη,ʿē megístē, La Très Grande, al-Mijisti, mais dont le titre original en grec était Μαθηματική σύνταξις, Mathēmatikḗ súntaxis, Composition mathématique). L’autre est la Géographie, qui est une synthèse des connaissances géographiques du monde gréco-romain.
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L’œuvre de Ptolémée est la continuation d’une longue évolution de la science antique fondée sur l'observation des astres, les nombres, le calcul et la mesure. Avec l’œuvre d’Aristote, c’est essentiellement à travers elle, transmise à la fois par les Arabes et les Byzantins, que l’Occident redécouvrira la science grecque au Moyen Âge[N 1] et à la Renaissance[2], laissant leurs prédécesseurs dans l’obscurité[3]. Pourtant Ptolémée ne manque pas de faire abondamment référence à ceux-ci[N 2] dans ses écrits.
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L’Almageste est le seul ouvrage antique complet sur l’astronomie qui nous soit parvenu. Les astronomes babyloniens, qui avaient consigné soigneusement, pendant des siècles, de précieuses observations (positions des astres, datations des éclipses…)[N 3], avaient élaboré des techniques de calcul pour la prévision de phénomènes astronomiques. Les astronomes grecs, tels qu’Eudoxe de Cnide et surtout Hipparque, avaient intégré ces observations et les leurs dans des modèles géométriques (théorie des épicycles) pour calculer les mouvements de certains corps célestes. Dans son traité, Ptolémée reprend ces différents modèles astronomiques et les perfectionne[4], notamment en ajoutant la notion d’équant[5].
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Ses observations, jointes aux données antérieures dont il disposait, offrent un recul permettant une mesure fort précise des mouvements astronomiques, puisque l'ensemble couvre une période de près de neuf siècles. Ses « tables » de données, indispensables pour déterminer la position des astres, ont en effet comme point de départ le premier jour du calendrier égyptien de la première année du règne de Nabonassar, c’est-à-dire le 26 février 747 avant notre ère[6]. Ptolémée consacre donc le modèle géocentrique d’Hipparque, qui lui fut souvent attribué[N 4] et qui fut accepté pendant plus de mille trois cents ans, quoique de manière discontinue. En Europe occidentale, en effet, il sombra dans l’oubli au début du Moyen Âge, avant d’être redécouvert à la fin de cette période. Cet héritage fut cependant préservé dans le monde arabe et, avec des hauts et des bas, dans l’Empire romain d’Orient et plus spécifiquement à Byzance[7].
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Sa méthode et son modèle de calcul ont d’ailleurs été adoptés avec quelques modifications dans le monde arabophone et en Inde, car ils étaient d’une précision suffisante pour satisfaire les besoins des astronomes, des astrologues, des détenteurs de calendriers et des navigateurs.
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Ptolémée réalisa aussi une sorte de manuel essentiellement pratique, appelé « Les tables faciles » ou parfois « Les tables manuelles » (Πρόχειροι κανόνες, Prócheiroi kanónes), dérivé de l’Almageste[N 5] et destinées à réaliser des calculs de position des astres et d’éclipses.
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Contrairement à une idée reçue, Ptolémée ne reprit pas à son compte l’idée d’Aristote selon laquelle les astres étaient placés sur des sphères de cristal[8]. Il dit même expressément que « les astres nagent dans un fluide parfait qui n’oppose aucune résistance à leurs mouvements[9] ». On ignore si cette vision, proche de la notion de vide, était déjà présente chez Hipparque ou si elle doit être mise au crédit de Ptolémée. Pour celui-ci, déférents et épicycles sont donc immatériels. Nicolas Halma considère en outre que son choix du système des épicycles plutôt que de celui des excentriques résulte davantage d’une volonté de rendre les calculs plus commodes, que d’une foi dans la réalité matérielle du système[N 6].
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Durant les treize siècles qui suivirent, l’astronomie ne progressa plus guère. L’Almageste et les tables faciles ne reçurent que des corrections mineures, bien qu’elles aient fait l’objet, à la fin de l’Antiquité, de nombreuses publications de la part des « commentateurs »[10], dont le plus connu est Théon d'Alexandrie. Ce furent donc les tables et les textes de Ptolémée qui furent utilisés directement ou indirectement comme références[11] jusqu’à ce que les progrès des instruments d’observation et la théorie élaborée par Nicolas Copernic et perfectionnée par Johannes Kepler n’entraînent son abandon. Mais ce fut à grand peine : le système héliocentrique de Copernic (1543), appuyé par Galilée (1630) fut rejeté par l’Église catholique et Galilée se vit contraint de renier officiellement ses théories en 1633. Le modèle de Ptolémée ne fut définitivement abandonné par l'Église que sous le pape Benoît XIV vers 1750[N 7].
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L’Almageste contient également un catalogue de 1 022 étoiles regroupées en quarante-huit constellations. Bien que ne couvrant pas toute la sphère céleste, ce système fut la référence pendant de nombreux siècles. Ptolémée a aussi décrit l’astrolabe, inventé probablement par Hipparque.
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Sa Géographie est une autre œuvre majeure. Il s’agit d’une compilation des connaissances géographiques à l’époque de l’empire romain sous le règne d’Hadrien (125), couvrant la totalité du monde connu ou écoumène[12]. Comme pour le modèle du système solaire dans l’Almageste, Ptolémée unifie dans un grand ensemble toutes les informations dont il dispose.
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Le premier livre définit le sujet de la Géographie et présente les données et la méthode utilisée pour dessiner une carte du monde habité[13]. Dans les livres deux à sept, il fournit des listes topographiques et attribue des coordonnées à tous les lieux et particularités géographiques, répertoriant 8 000 endroits d'Europe, d'Asie et d'Afrique disposés dans une grille. Il commence à l'ouest avec l'Irlande et la Grande-Bretagne puis se déplace vers l'est en passant par l'Allemagne, l'Italie, la Grèce, l'Afrique du nord, l'Asie mineure et la Perse, pour terminer en Inde. Le livre huit présente une division de l'écoumène en vingt-six cartes régionales : dix pour l'Europe, quatre pour l'Afrique (appelée Libye) et douze pour l'Asie[13]. Outre les données géographiques, Ptolémée intègre des données astronomiques et des témoignages de voyageurs.
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Ptolémée donne à la terre une forme sphérique et estime sa circonférence à 180 000 stades (environ 33 345 km). Il suit en cela le calcul de Posidonios plutôt que celui d'Ératosthène révisé par Hipparque, qui l'avait évaluée à 250 000 stades (environ 39 375 km), beaucoup plus près des 40 075 km réellement mesurés à l'équateur[14]. Reprenant le système sexagésimal des Babyloniens, il divise cette sphère en 360° de longitude de 500 stades chacun. Il fixe le méridien de longitude zéro au point le plus à l’ouest connu à son époque, soit les îles « Fortunata » (îles des Bienheureux), identifiées aux îles Canaries[14]. Il pose des intervalles de cinq degrés correspondant au tiers d'une heure d'équinoxe et couvrant au total douze heures, soit 180° jusqu'à Cattigara, qui correspondrait à Hanoï[15].
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La latitude était mesurée à partir de Thulé, situé à 63° N, jusqu'à Agisymba dans l'Afrique sub-saharienne, que Ptolémée situe à 16° S, la distance totale couvrant ainsi 79°. Posant le degré zéro à l’équateur, comme aujourd’hui, Ptolémée calcule la distance selon la durée du jour le plus long plutôt qu’en degrés, car la durée du solstice d’été passe de douze à vingt-quatre heures au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’équateur vers le cercle polaire. Il utilise des incréments de quinze minutes par degré, jusqu'au parallèle où le jour le plus long dure quinze heures et demie pour alors passer à des incréments de trente minutes, jusqu'à Thulé, où le jour le plus long dure vingt heures[14].
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Dans la zone ainsi délimitée, il distingue une partie habitable, étendue en longitude sur 72 000 stades et en latitude sur 40 000 stades[16].
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Ptolémée s’est essentiellement appuyé sur les travaux d’un autre géographe, Marinos de Tyr, dont les ouvrages ne nous sont pas parvenus. Il s'est aussi basé sur les index géographiques des empires romain et perse, mais la plupart de ses sources au-delà du périmètre de l’empire étaient d’origines douteuses.
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Des cartes fondées sur des critères scientifiques avaient été réalisées depuis Ératosthène, mais Ptolémée améliora les techniques de projection cartographique, en s'appuyant sur la géométrie d'Euclide, produisant une méthode qui exerça une influence durable sur la façon de projeter une sphère sur une surface plane[17]. Ses cartes sont orientées vers le nord[N 8]. Une carte du monde développée sur la base de sa Géographie était exposée à Autun en France à la fin de l’époque romaine.
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Cet ouvrage a été perdu dans le monde occidental jusqu'à sa redécouverte par le Byzantin Maximus Planudes, vers 1300. Il se peut que les cartes des manuscrits de la Géographie ne datent que de cette époque[18]. En revanche, dès le début du IXe siècle, il faisait l'objet d'une traduction en arabe pour le calife abbasside al-Mamun, et il servira de base aux travaux d'Ibn Khurradadhbih, Ibn Khordadbeh, Suhrab, Al Kwarizmi, Ibn Hawqal et Al Idrissi[19]. Il sera l'une des sources de l'Imago mundi de Pierre d'Ailly, qui inspirera Christophe Colomb : en particulier, son chapitre 8 reprend l'estimation de Ptolémée pour la circonférence terrestre, inférieure de 14 % à la réalité.
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À partir du XVe siècle, les premières reproductions imprimées sur papier firent leur apparition. Le premier exemplaire imprimé de la Géographie fut édité avec les cartes à Bologne en 1477, rapidement suivi par une édition romaine de 1478. Jusqu’au XVIe siècle, cet ouvrage a servi de guide à tous les voyageurs qui, à chaque découverte, croyaient reconnaître quelque contrée déjà indiquée par celui-ci.
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Le traité de Ptolémée sur l’astrologie, le Tetrabiblos (tetra signifie en grec « quatre » et biblos « livre »), était l’ouvrage astrologique le plus célèbre de l’Antiquité. Il exerça une grande influence dans l’étude des corps célestes dans la sphère sublunaire. Ainsi, il fournissait des explications des effets astrologiques des planètes, en fonction de leurs aspects[20] : effet chauffant, rafraîchissant, mouillant, et séchant. Celui-ci traite en particulier de l’astrologie individuelle en quatre livres qui consiste en une interprétation thématique à l’aide de l’érection d’une carte basée sur un tableau déterminant l’emplacement des sept planètes (Soleil compris) connues à l’époque à un moment donné.
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Ptolémée estimait que l’astrologie est comme la médecine qui est hypothétique en raison de nombreux facteurs variables à prendre en compte[21]. Ces facteurs étaient pour lui principalement, la race, le pays et l’éducation qui devaient affecter une personne au même titre que la position des planètes dans le ciel au moment de la naissance.
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À la différence de Vettius Valens, il semble aujourd’hui que Ptolémée, surtout connu pour son traité sur l’astronomie, était un compilateur (un théoricien) en astrologie[22]. L'innovation majeure de Ptolémée est théorique: le choix du zodiaque tropical en lieu et place du zodiaque sidéral[23]. Ainsi, on lit dans le Tetrabiblos : « Il existe deux signes tropiques, d'une part le premier intervalle de 30° depuis le solstice d'été, soit le signe du Cancer, de l'autre, le premier depuis le solstice d'hiver, soit le Capricorne. Il y a encore deux signes équinoxiaux, le Bélier printanier et l'automnale Balance[24]. » En effet, Ptolémée pensait que la Terre était immobile au centre du monde. Il en conclut que les points équinoxiaux et solsticiaux étaient fixes dans le ciel. Or Hipparque, prédécesseur de Ptolémée, avait observé qu'il existait un décalage entre les étoiles fixes[25] et les points marquant le début des saisons. Ces points étant supposés immobiles, le mouvement ne pouvait qu'être dû aux étoiles[26].
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Il convient de remarquer qu'il n'y a, chez Ptolémée, aucune confusion entre astronomie et astrologie : tout ce qui concerne cette dernière discipline est contenu dans le Tetrabiblos, pas une ligne à ce sujet dans l'Almageste.
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Ptolémée a également écrit les Harmoniques, un traité de musicologie de référence sur la théorie et les principes mathématiques de la musique[27]. Après une critique des approches de ses prédécesseurs, Ptolémée y plaide pour baser des intervalles musicaux sur des proportions mathématiques (contrairement aux partisans d’Aristoxène) soutenus par observation empirique (contrairement à l’approche purement théorique de l’École pythagoricienne). Il a présenté ses propres divisions du tétracorde et de l’octave, qu’il a dérivés avec l’aide d’un monocorde. L’intérêt de Ptolémée pour la théorie et les principes de l'harmonie en musique apparaît également dans une discussion sur la musique des sphères.
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Ptolémée a découvert un théorème qui porte son nom : dans un quadrilatère convexe inscrit dans un cercle, le produit des diagonales est égal à la somme des produits des côtés opposés[28],[29].
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Dans sa Composition mathématique (Almageste), Ptolémée veut suivre la méthode rigoureuse de la géométrie et procéder par la démonstration introduite par les mathématiciens de la Grèce antique, dont le représentant essentiel est Euclide. Sa trigonométrie se fonde sur celle d'Hipparque, mais il a également connaissance de l'œuvre de Ménélaos, qui a développé la trigonométrie sphérique et qu'il cite dans l'Almageste[30].
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En cette matière comme dans les autres, Ptolémée dispose d'apports antérieurs. Certains éléments d'optique sont présents chez Euclide[N 9], Archimède et Héron d'Alexandrie, mais les sources précises de Ptolémée sont discutées[32]. La rédaction de l’Optique est postérieure à l'Almageste, comme l'attestent en particulier certains progrès réalisés par Ptolémée dans l'intervalle. Ainsi, l’Optique expose le phénomène de réfraction atmosphérique qui se produit lors de l'observation du soleil ou de la lune, phénomène totalement ignoré dans l'Almageste[33].
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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La puberté est une étape du développement qui est atteinte lorsque les organes de la reproduction sont fonctionnels. Chez l'humain, elle désigne la transition de l'enfance à l'adulte. Elle se signale notamment par une croissance rapide due aux hormones de croissance et le développement des caractères sexuels primaires et secondaires dû aux hormones sexuelles, avec de notables changements comportementaux notamment un besoin accru de sommeil lié à un décalage de libération de la mélatonine.
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Le substantif féminin[1],[2],[3] « puberté » est un emprunt[1],[2] au latin pubertas[1],[2],[3], lui-même dérivé de pubes ou puber (« pubère »)[1].
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Il semble que la phase de puberté, avec pic de croissance avant une stabilisation, soit spécifique à l'espèce humaine et ne soit pas décrite en particulier chez les autres primates (croissance régulière). De même, l'étude des ossements de tout âge des préhominiens n'a pu retrouver de phase de croissance rapide[4].
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Chez l'homme, le démarrage de la puberté est médicalement constaté par l’augmentation du volume des testicules. Les étapes qui surviennent ensuite telles que la croissance des organes génitaux, l'apparition des premiers poils pubiens ainsi que la mue de la voix et la capacité à produire du sperme sont cependant plus remarquées par les individus.
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Certaines personnes, dites intersexuées, présentent des variations du développement sexuel, et donc n'ont pas une puberté typiquement masculine ou typiquement féminine. Pour ces personnes, la puberté est souvent le moment de la découverte de leur intersexuation (si celle-ci n'avait pas déjà été détectée à la naissance)[10].
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Les évolutions morphologiques de la puberté s'étendent sur plusieurs années. Leur durée et l'âge de leur subvenue dépendent beaucoup d'un individu à un autre mais suivent un schéma constant. James Mourilyan Tanner en a proposé, en 1962, une classification en cinq stades[11],[12]. Cette classification est actuellement utilisée comme référence clinique.
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Échelle de Tanner - hommes. Taille moyenne des testicules [cm] avec leur capacité en mL.
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Échelle de Tanner - femmes.
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L'age de départ et l'intensité du pic de croissance varie d'un individu à un autre.
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Elle est définie par l'absence d'augmentation de la taille des testicules au-delà de 14 ans ou de développement mammaire chez la fille au-delà de 13 ans[13].
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Outre les conséquences psychologiques possibles, le retard pubertaire peut provoquer une taille adulte plus petite, du moins chez le garçon[14].
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Depuis les années 2000, on constate une augmentation du nombre de cas de pubertés précoces chez les filles[15].
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La première hypothèse avancée pour rendre compte de ce phénomène est l'obésité[16],[17],[15]. D'autres explications sont aussi invoquées : le manque d'exercice ou différents polluants comme les perturbateurs endocriniens[15],[18].
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Exemples de différence de développements
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La puberté est parfois vue comme un changement d'état, garçons et filles passant d'un état asexué à un état sexué.
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Certaines pratiques culturelles tentent d'éviter le développement de la morphologie féminine afin de réduire les agressions sexuelles et viols. Ainsi au Cameroun, les mères procèdent au repassage des seins de leurs filles, une pratique qui n'empêche cependant pas les agressions.
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fr/4854.html.txt
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La publicité est une forme de communication de masse, dont le but est de fixer l'attention d'une cible visée (consommateur, utilisateur, usager, électeur, etc.) afin de l'inciter à adopter un comportement souhaité : achat d'un produit, élection d'une personnalité politique, incitation à l'économie d'énergie, etc.
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Évoquer, par exemple, le nom d'une entreprise, d'un magasin, ou encore d'une marque, n'implique pas automatiquement un acte publicitaire. Mais cela le devient à partir du moment où le but volontairement recherché est d'attirer l'attention sur l'objet évoqué et/ou de suggérer d'aller à tel ou tel endroit.
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La « pub » (l'apocope est devenue un synonyme à part entière) n'est pas limitée aux biens de consommations ou aux services. Elle peut aussi promouvoir des hommes ou des femmes[1], vanter un lieu touristique, une organisation gouvernementale[2] ainsi que des événements sportifs ou culturels[3]. La publicité peut viser des changements de comportement ou la promotion de valeurs considérées comme positives ou bénéfiques au niveau de la société, mettre en garde contre les drogues, inciter au respect de l'environnement, ou encore promouvoir la prévention routière.
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« Ni science, ni art »[4], la publicité est une technique largement empirique qui emprunte à l'économie, à la sociologie et à la psychologie, qui teste ses intuitions via des panels et des études de marché. La créativité en est le cœur mais elle n'est pas un art. La gratuité et l'objectivité lui font défaut. Si elle peut le devenir[5], ce n'est pas le but premier de son commanditaire qui cherche, lui, en premier lieu, à faire passer un message (vendre, inciter, faire agir, etc.).
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La question de la publicité comparative reste aujourd'hui un sujet qui fait débat : si le concept lui-même rencontre un écho réel dans le public et les associations de consommateurs, la mise en œuvre concrète de l'idée reste controversée.
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La majorité des auteurs rapprochent ou assimilent la publicité à un phénomène de propagande propre aux sociétés contemporaines[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13]. Au sein de la société, elle augmente les échanges et accélère la diffusion des nouveaux produits ou des innovations techniques et elle représente un poids économique très important. De nombreuses législations nationales préviennent ses dérives potentielles. Les produits toxiques ou dangereux pour la santé se voient interdire de publicité dans certains pays (le tabac, par exemple) alors que parallèlement la réglementation protège certaines catégories de personnes, les enfants en particulier, en interdisant la publicité pornographique et en encadrant rigoureusement la publicité qui leur est destinée.
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Des mouvements dits « antipub », dénonçant l'envahissement publicitaire, alimentent la critique et proposent des actions variées pour « s'en protéger ».
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Il est difficile de déterminer avec certitude la naissance de la publicité (autrefois baptisée « réclame »[14]). Des archéologues ont retrouvé des fresques datant de l'Antiquité qui annonçaient des combats de gladiateurs. Au Moyen Âge — la plupart des gens étant analphabètes — la communication se faisait par voie orale : les crieurs vantant les produits sur un marché ou annonçant les ordonnances royales aux citoyens peuvent être vus comme une forme de publicité.
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Mais ce n'est que vers 1830 que le terme publicité, « action de rendre public » ou « état de ce qui est public » a pris le sens moderne d'« ensemble des moyens utilisés pour faire connaître au public un produit, une entreprise industrielle ou commerciale »[15]. Cette date lie donc le développement de la publicité à celui de l'industrialisation et à l'essor des marchés de grande consommation[4].
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Edward Bernays, né le 22 novembre 1891, est un publicitaire américain. Bien qu'inconnu du grand public, il est le père de la propagande politique institutionnelle. Neveu de Sigmund Freud, il s'inspire des travaux du psychanalyste pour l'écriture de son ouvrage Propaganda, comment manipuler l'opinion en démocratie. Edward Bernays transforme ce que l'on appelle la communication aujourd'hui. À l'époque, les messages publicitaires se résument à vanter les caractéristiques d'un produit, mais Bernays utilise et profite de figures d'autorité, essentiellement des médecins, afin de promouvoir plus efficacement son produit et le rendre unique et indispensable pour le consommateur.
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Lors de la constitution de l'U.S. Committee on Public Information, plus connue sous le nom de commission Creel, de nombreuses actions de communication, anodines aujourd'hui, sont utilisées contre l'armée Allemande. La distribution massive de communiqués, l'utilisation du cinéma ou encore le recours à l'influence de leaders d'opinions ont pour effet de mobiliser les foules et faire basculer l'opinion publique.
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À la fin de la première guerre mondiale, Bernays, alors conseiller en « relations publiques », terme qu'il invente afin de bannir la connotation négative que renvoie le mot « propagande », s'inspire des travaux de son oncle et travaille pour la célèbre marque de cigarettes américaines Lucky Strike. Le 31 mars 1929, Bernays est chargé d'amener les femmes à fumer du tabac. Pendant une procession, la New York City Easter Parade (en), il fait défiler un groupe de jeunes mannequins et leur demande d'allumer des « flambeaux de la liberté », des cigarettes, le tout devant une grande foule de journalistes et de photographes. L'événement a un succès mondial.
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Outre les annonceurs, les agences et les « consommateurs » de la publicité, divers acteurs interviennent comme les instituts de sondage pour affiner, via des études de marché la compréhension du marché, pour valider le positionnement du produit et tester l'efficacité de la publicité en phase de finalisation. L'investissement de sommes parfois colossales incite à s'assurer de l'adéquation et de la perception du message publicitaire avant sa diffusion.
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Typiquement, la réalisation des spots publicitaires est le fait de sociétés de production qui réalisent les films, l'impression des affiches ou des dépliants, le fait d'imprimeurs, etc.
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L'annonceur, dans le langage publicitaire, désigne l'entreprise qui cherche à promouvoir son produit. L'analyse des dépenses de publicité par annonceur fait apparaître une répartition très concentrée. En France, en 1987[4], mille annonceurs représentent 90 % des dépenses totales de publicité et vingt annonceurs seulement 15 % de ce même total au premier rang desquels les constructeurs automobiles Renault et Peugeot, suivis de Procter & Gamble qui est alors le premier annonceur au niveau mondial[4].
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La très grande majorité des annonceurs sont des entreprises commerciales cherchant à accroître la notoriété de leur marque et la vente de leurs produits, mais la publicité sert aussi à lever des fonds pour financer les activités des associations caritatives, des musées et autres institutions culturelles afin d'augmenter leur fréquentation.
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Elle sert aussi aux gouvernements pour promouvoir des thèmes ardus dont les médias parlent mal ou peu, protection routière, promotion du patrimoine, promotion de l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, etc. Moins visibles au grand public, l'industrie et les sociétés de service qui vendent à des sociétés tierces, ont elles aussi besoin de se promouvoir et de faire connaître à leurs clients l'avantage compétitif dont ils disposent. C'est l'objet de la publicité dite « business to business ».
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Une agence est un organisme composé de spécialistes chargés, pour le compte des annonceurs, de la conception, de l'exécution et du contrôle des actions publicitaires.
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Le secteur des agences-conseils est oligopolistique et dominé par cinq acteurs de poids au niveau mondial. Dans son édition de 1993, Le Publicitor notait : « les cinq premiers groupes d'agences ont aujourd'hui une part de marché qui correspond à 2/3 du marché mondial. Les vingt premières enseignes représentent 90 % du marché mondial[4]. » À la suite du mouvement de concentration du secteur, dans les années 1990 et 2000, la tendance n'a fait que se renforcer, Saatchi and Saatchi, alors numéro deux mondial a été racheté par Publicis Groupe qui a aussi absorbé le numéro douze d'alors, Leo Burnett Worldwide ; Young and Rubicam, alors septième fait désormais partie de WPP Group, tout comme Grey Global Group, alors numéro neuf.
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Omnicom Group est le leader avec 12,7 milliards de dollars US de marge commerciale[19], talonné par WPP Group, avec 6,2 milliards de livres sterling[20]. Ces deux leaders sont suivis de loin par Interpublic Group qui affiche 6,55 milliards de dollars de marge[21], Publicis Groupe qui communique 4,7 milliards d'euros de marge[22], Dentsu, peu présente à l'international et néanmoins cinquième mondiale avec 348 milliards de yen[23] et Havas avec 1,5 milliard d'euros de marge[22].
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L'agence fait intervenir ses différents départements dans le processus de création et d'exécution d'une campagne publicitaire : le département commercial, en contact avec le client, le planning stratégique, qui recherche la meilleure adéquation entre la marque et les cibles visées par l'annonceur, le département créatif, chargé de la conception graphique ou audiovisuelle des annonces, et le département média, notamment pour l'achat d'espace.
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Le département média ou l'agence média, quant à lui, achète soit directement aux différents médias soit par l'intermédiaire de centrales d'achat d'espace ou des régies publicitaires.
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L'omniprésence de la publicité dans la civilisation moderne a suscité l'intérêt d'un public de plus en plus nombreux. Cette attirance pour les « pubs » cultes est due à la nostalgie provoquée par les publicités anciennes, reflet d'une époque (les amateurs de réclames antérieures aux années 1960 sont connus depuis longtemps, mais le phénomène s'observe désormais pour des publicités plus récentes, celles des années 1980 en particulier) ; à la participation d'artistes réputés (Emir Kusturica, David Lynch, Blanca Li...) à la réalisation de publicités ; au star system, les célébrités du sport et du spectacle qui posent pour des publicités ; à la séduction publicitaire par l'humour ou l'érotisme de certaines publicités (Aubade, Pirelli...) ; à un intérêt sociologique, décrypter le fonctionnement des publicités étant apprécié de certains (notamment de leurs détracteurs) ; à l'intérêt pour le caractère informatif de la publicité. Le développement de l'informatique et d'internet permet de stocker, et de mettre en ligne des publicités numérisées. Elles peuvent être consultées ou téléchargées par tous sur des sites spécialisés.
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Des émissions télévisées comme Culture Pub et des périodiques sont consacrés à la publicité ; leur succès a été notable à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Des manifestations collectives comme La Nuit des publivores diffusent les publicités cultes ou insolites de tous pays et de toutes époques.
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La fascination de certains amateurs et collectionneurs pour les publicités (anciennes notamment) peut faire partie des processus de captation du public, mais parfois aussi permettre un certain recul face à ces techniques et pratiques de captation par la séduction[24].
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Les enfants sont une cible privilégiée des annonceurs - à l’école et dans les crèches, dans les supermarchés, à la télévision, sur internet, et dans bien d’autres contextes encore -, le but étant d'obtenir des consommateurs fidèles des produits promus[25],[26],[27],[28].
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Suite à l'épidémie d'obésité de l'enfant, l'OMS recommande de réduire l'exposition des enfants aux publicités pour des aliments à haute teneur en graisses saturées, en acides gras trans, en sucres libres ou en sel[29],[30]. En France en 2020, le gouvernement ne souhaite pas interdire les publicités pour la malbouffe ciblant les enfants, et favorise l'autorégulation via l'adoption de codes de bonne conduite sur base volontaire[31].
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Les supports de la publicité sont multiples, de l'antique enseigne de magasin à la bannière internet en passant par la télévision, l'affichage fixe ou mobile (Les plaques émaillées sont devenus des objets de collection), les spots radiophoniques, les dépliants, le publipostage, le mobilier urbain, l'encart dans la presse écrite, les petites annonces, les écrans de télévision placés sur les lieux de vente, un homme-sandwich dans la rue, la publicité mobile, la publicité aérienne, le placement de produit dans les films ou les séries télévisées, le spam en allant jusqu'à se glisser dans des applications offertes par des sites internet de sociabilisation et enfin ; dans le domaine de la PLV interactive et de la communication ; les stations interactives intelligentes de nouvelle génération comprenant un système d'interface Homme-machine évolué.
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On distingue deux grandes catégories de supports publicitaires : les médias et le hors-média. Une campagne panachera typiquement différents types de médias et ira chercher dans le hors-média un soutien tactique.
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La publicité télévisée existe sous forme de courts-métrages publicitaires, de sponsoring d'émissions ou de téléshopping, la Radiodiffusion : de spots publicitaires ou slogan, et le cinéma en spots publicitaires avant la séance ou en placements de produit au sein des films. La presse écrite est présente via les annonces-presse, l'affichage fixe via le mobilier urbain, les abribus, l'affichage mobile via les camions publicitaires, les stations de vélos en libre service.
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La publicité en ligne utilise internet via des bannières publicitaires, des moteurs de recherche, le marketing viral, des publiciels. La publicité mobile consiste en des spots publicitaires sous forme de textos ou MMS.
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Le publireportage télévisé ou publié dans la presse, vise à promouvoir un produit, sous la forme d'information objective tout en étant payé par l'annonceur. Pour multiplier les revenus publicitaires, de nouvelles technologies apparaissent telles la publicité virtuelle dont le but est de présenter lors d'un même événement des publicités adaptées à l'audience visuelle.
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La publicité média recouvre les formes de communication interactive utilisant un support publicitaire payant mis en place pour le compte d'un émetteur en tant que tel. Pour être perçue, comprise et mémorisée, la publicité a généralement très peu de temps. Il lui faut simultanément capter l'attention, la retenir, et faire passer son message. En ce sens, la publicité pourrait être classée dans la catégorie des techniques de manipulation mentale.[évasif]
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En France, le marché de la publicité était de 11.61 milliards d'euros en 2015 : 28,3 % pour la télévision, 27,7 % en ligne, 21,2 % pour la presse[33].
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Le marketing direct dit aussi « mercatique directe », consiste à diffuser un message personnalisé et instantané vers une cible d'individus ou d'entreprises, dans le but d'obtenir une réaction immédiate et mesurable. Il comprend, entre autres, le télémarketing et le publipostage.
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Les relations publiques, dites aussi « relations presse », consistent à contacter des journalistes pour qu'ils relaient le message à leur lectorat au sein de leurs articles.
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La publicité sur le lieu de vente sert de soutien à la promotion des ventes.
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Le parrainage consiste à rémunérer un client existant (le « parrain ») pour tout client qu'il apporte.
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Le mécénat consiste à financer une association, une organisation non gouvernementale, etc., pour assurer une visibilité et asseoir un positionnement. Il recoupe une stratégie institutionnelle de valorisation sociale de l'entreprise qui se veut perçue comme acteur civique.
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Le street marketing est une campagne marketing qui se déroule dans la rue, au contact de la cible souhaitée. Il consiste à communiquer via des hommes-sandwich par exemple, dans les zones de chalandise. Il permet de renforcer une communication de proximité[non neutre][réf. nécessaire].
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La communication évènementielle organise un évènement (salon, congrès, festival, convention, soirée festive, cocktail, remise de prix ou rallye) pour communiquer sur l'entreprise ou ses marques.
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Les jeux vidéo intègrent parfois de la publicité (affiches, etc.), c'est le publidivertissement (voir aussi : « Placement de produit »).
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La communication par l'objet se présente sous huit segments[34] :
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La publicité prend des formes de plus en plus diverses, comme on peut le voir à travers le Skyvertising. Cela consiste en l'utilisation des airs pour communiquer sur un produit ou un service[35].
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Le sport possède une image très positive dans l'opinion, malgré une certaine contestation du modèle olympique dont les publicitaires savent tenir compte. Il porte à la fois les valeurs de l'individualisme et celles de l'entreprise : bien-être, forme, dynamisme, esprit de compétition et dépassement de soi (toujours plus de productivité et de stress), mais aussi d'équipe, prouesse technologique dans certains cas. Il relie donc les deux pôles des sociétés modernes : le loisir et le travail. Aussi, l'image du sportif en pleine action est-elle souvent utilisée dans la publicité. Les publicitaires entendent également profiter de l'impact médiatique des grands événements sportifs.
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Mais les liens entre la publicité et le sport ne s'arrêtent pas là. D'abord, le produit peut avoir un rapport direct avec l'activité physique : articles et vêtements de sport, boissons rafraîchissantes, aliments. Les champions font partie intégrante de l'image de la marque, de ce que les économistes appellent son « actif immatériel ». La performance sportive ne sert donc pas seulement de banc d'essai à la technologie intégrée dans le produit. Elle est une dimension de la politique de communication de l'entreprise, un aspect de sa « communication événementielle ». Mais la pratique du parrainage (commandite) ne se cantonne pas aux seuls articles et vêtements de sport. En 1989, le parrainage représentait 5 % des dépenses publicitaires en France (17 % en Italie). Ajoutons qu'en France les fabricants de cigarettes ou de boissons alcoolisées cherchent à détourner les restrictions à la publicité concernant leurs produits en s'affichant dans les stades, abus que la loi Évin de 1991 entend réprimer.
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La publicité tend à s'homogénéiser dans le cadre de la mondialisation, mais son contenu, sa forme et ses médias sont encore (en partie) différents selon les pays, les cultures et les âges des populations-cibles pour s'adapter à leur identité[36]. En retour, la publicité influe sur les désirs et les identités des personnes et des groupes humains, en changeant peu à peu leurs modèles sociaux-culturels, certaines normes alimentaires, vestimentaires et comportementales et leurs pratiques sociales.
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La publicité aurait un effet négatif sur le bien-être en suscitant de façon volontaire la frustration[37],[38].
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Si la publicité est un aspect essentiel de la société de consommation, son poids économique ainsi que son efficacité demeurent difficiles à évaluer.
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Ce secteur économique est sensible aux variations de la conjoncture. Les annonceurs, en cas de récession économique, réduisent les dépenses de communication, les plus faciles à diminuer. Au contraire, en phase de croissance économique, l'idée qu'il faille gagner des parts de marché « coûte que coûte » fait que la croissance du secteur est alors plus élevée que le reste de l'économie.
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En 2000, année faste en raison de l'avènement de nouveaux produits technologiques, les investissements de communication réalisés dans le monde par les entreprises avaient franchi la barre des 300 milliards de dollars. C'est un secteur en forte augmentation avec un taux de croissance annuel moyen de 6,5 %.
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En 2006, dans un rapport intitulé Prévisions 2006-2010 pour le secteur des loisirs et des médias[39] PricewaterhouseCoopers, estime les dépenses publicitaires mondiales à 385 milliards de dollars US. Ce cabinet comptable évalue à 500 milliards de dollars US son poids pour 2010.
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En 2006, la répartition des investissements publicitaires[39] donne, par ordre d'importance, 43 % pour la presse (dont 30 % pour les journaux et 13 % pour les magazines), 38 % pour la télévision, 8 % pour la radio, 4 % pour internet, moins de 1 % pour le cinéma et 6 % pour l'affichage (hors-média). La publicité média représente désormais 1 % du PIB mondial. De leur côté, le marketing direct et les opérations de promotion pèsent 120 milliards de dollars[réf. nécessaire].
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En 2017, les dépenses publicitaires mondiales auraient atteint 559 milliards de dollars des États-Unis[40].
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En 1990, le secteur publicitaire représentait 0,76 % du P.I.B. français et employait 50 000 personnes[réf. nécessaire]. En France, pour 2012, la dépense publicitaire globale (toutes activités et secteurs confondus) est estimée à 31 milliards d'euros[41]. Internet, en tant que média, pèse plus que le cinéma ou la publicité extérieure, mais environ 2,5 fois moins que la télévision avec, en 2012, 1,6 milliard d'euros d'investissements publicitaires en France[41].
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On accuse la publicité de favoriser la concentration des marchés et de fausser la concurrence[42]. En 1967, le gouvernement britannique oblige les lessiviers leaders sur le marché à vendre un produit générique, sans soutien publicitaire, ni promotion, à des prix inférieurs de 20 % au prix du marché (estimation gouvernementale de l'impact du marketing en termes de coûts). L'expérience fut peu concluante[4]. En France, l'interdiction de la publicité à la télévision faite aux réseaux de grande distribution, justifiée par des aspects économiques de protection de la concurrence, avait autant à voir avec les intérêts de la presse régionale, grande bénéficiaire[43] de cette mesure, qu'avec la défense du petit commerce[4].
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On peut s'appuyer, pour défendre la thèse selon laquelle la publicité fausse la concurrence, sur le fait que les achats d'espaces-médias sont fortement dégressifs : le coût unitaire est bien moindre quand on achète mille spots qu'un. Cela avantage donc les géants (de l'agroalimentaire par exemple) au détriment des petits producteurs.
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Comment mesurer l'efficacité de la publicité ? Une boutade, couramment véhiculée dans la profession dit : « la moitié de mes investissements publicitaires est dépensée en pure perte. Le problème, c'est que je ne sais pas laquelle. »[44] Bill Bernbach, pour sa part, affirme sans fausse modestie : « Don't measure opinion, make it! » (Ne mesurez pas l'opinion, faites-la !) [45]. Entre ces deux attitudes, se pose la question de l'évaluation de l'efficacité de la publicité, et plus précisément sur la demande. Stimule-t-elle la concurrence ? Favorise-t-elle la concentration de la demande sur un petit nombre de marques ?
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Mesurer l'efficacité d'une campagne, est quasiment impossible pour l'annonceur. Idéalement, l'investissement publicitaire est inférieur à l'augmentation des ventes. Mais on ne peut isoler l'effet - variable et dilué dans le temps - de la publicité dans l'ensemble des facteurs qui agissent sur le comportement des consommateurs. Faut il pour autant renoncer à en mesurer l'impact ? Des méthodes statistiques multivariables[46] existent utilisant la régression, l'analyse de la variance, etc. On peut aussi utiliser la méthode du marché test : ne lancer une campagne que sur une partie du territoire et comparer son effet sur les ventes par rapport au secteur sans campagne. Cette méthode, coûteuse en temps a le désavantage d'alerter la concurrence.
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Si l'effet d'une campagne-produit donnée sur les ventes est difficile, on sait mieux mesurer la perception globale de l'image de marque en mesurant la notoriété spontanée (pourcentage de personnes citant la marque dans un univers concurrentiel donné), en particulier le top of mind, c'est-à-dire la première marque citée, en évaluant la notoriété assistée (la marque est-elle citée comme connue dans une liste donnée ?). Pour mesurer l'impact d'une campagne, un institut de sondage peut demander, en passant plusieurs spots où les noms des annonceurs sont masqués, d'identifier correctement la marque et le produit.
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La publicité est loin de la toute-puissance qu'on lui attribue parfois comme en témoignent les échecs récurrents de produits lancés avec des efforts publicitaires considérables. En témoignent le lancement de la Ford Edsel, les échecs retentissants de produits comme la cigarette Zen de la Seita, le soda Mr Pibb par Coca-Cola ou le détergent Ala[47]. Cependant, de récentes recherches scientifiques montrent que la publicité agit sans que les personnes en soient conscientes. Les messages publicitaires laisseraient des traces dans la mémoire « non consciente » (mémoire dite « implicite »)[48]. Or les mesures d'efficacité actuellement utilisées par les agences de publicité et les annonceurs ne mesurent que les effets conscients, sous-estimant sans doute la réelle efficacité de la publicité[49].
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La publicité ne garantit pas à elle seule le succès. L'histoire publicitaire a connu des campagnes brillantes pour des produits médiocres vite dépassés par la concurrence et, a contrario, des budgets publicitaires dépensés dans une campagne peu convaincante, peu marquante, pour des produits qui se sont néanmoins bien vendus. La différenciation d'un produit par rapport à sa concurrence, basée sur la seule publicité a peu de chance de réussir. « La réceptivité la plus élevée est toujours observée vis-à-vis des arguments les plus tangibles du marketing. »[4]. Il s'agit donc avant tout de faire connaître un nouveau produit et de le vendre; d'accroître la consommation d'un produit existant, de fidéliser la clientèle ou de débaucher celle de la concurrence, de diminuer le caractère saisonnier des ventes. Le message lui-même a moins pour objet d'informer sur la nature de la marchandise ou de l'entreprise que de séduire, d'amener le client potentiel, convenablement ciblé, à voir dans le produit et surtout dans la marque la promesse de la satisfaction d'un désir, ou d'un besoin ; voire un élément de son identité propre. Ainsi, la publicité doit se conformer aux attentes du consommateur, aux normes de la société, même quand elle fait mine de les bousculer. Elle ne crée pas, elle amplifie et diffuse, note Dayan. Les créatifs s'interrogent sur le comportement des consommateurs, la modification de leurs styles de vie. Ils usent et abusent des sondages. Ils ne négligent ni les apports de la sociologie ni ceux de la psychologie.
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Toute campagne publicitaire commence par un briefing, document dans lequel l'annonceur définit pour l'agence la ou les cibles, les objectifs, décrit son produit ou sa marque dans le détail, énumère les contraintes de marché. Ces informations, quasi-contractuelles, serviront de base pour l'élaboration de la création et du plan média.
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Parallèlement rappelons que, bien que minoritaires dans une logique de marché dominante, et davantage visibles désormais sur la toile, certaines campagnes publicitaires sont toujours caractérisées et reconnues pour leurs objectifs non commerciaux. Au delà d'autres éventuels intérêts sous-jacents, liés à une association ou à un groupe spécifique, ces "publicités autres", pouvant être portées et promues par l'institution publique, se distinguent souvent par leur message socio-culturel.
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Ainsi, dans une nouvelle optique de "publicité-progrès", encore bien établie dans la Péninsule avec les "Pubblicità Progresso", nos causes communes peuvent être abordées avec la même créativité déployée par les publicités traditionnelles. Le nouvel objectif est, bien sûr, celui d'interpeller les consciences pour sensibiliser les esprits et réfléchir à un véritable changement face aux abus.
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Dans une perspective d'éducation, les manuels scolaires parviennent très souvent, au moyen de questionnements appropriés, à valoriser ces publicités éducatives ou promotions d'un autre ordre, complémentaires au marché et précieuses, en particulier face à ses dérives.
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La copy-strategy[50] est une méthode de création publicitaire créée par les grands lessiviers Procter & Gamble. C'est le carcan, le garde-fou que s'impose la création pour ne pas aller dans toutes les directions. Elle varie bien entendu d'agence à agence et de créatif à créatif mais, dans ses grandes lignes, doit apporter une réponse à la question « quel bénéfice le consommateur tirera-t-il ? ». Par conséquent, la copy-strategy s'articule autour de quatre éléments :
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La copy-strategy est la base sur laquelle les créatifs vont élaborer, de manière tactique pourrait-on dire en filant la métaphore militaire, les messages de la campagne publicitaire pour conquérir l’Homo œconomicus, le consommateur rationnel.
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Un message publicitaire est conçu comme une argumentation qui doit comporter trois éléments : un argument cognitif ou informatif : le consommateur doit savoir de quoi il s'agit, ce qui fait le plus-produit ; une part affective qui doit éveiller l'intérêt[51] du consommateur, l'intéresser, le séduire ; une étape conative (qui engage à l'action) : le consommateur est invité à acheter le produit, à appeler un numéro de téléphone, visiter les magasins. En ce qui concerne maintenant les affects, la publicité joue le plus facilement avec l'humour ou le décalage[52] mais un argument sérieux, à la limite de l'ennuyeux peut parfois être plus percutant. Une approche négative peut se montrer payante, culpabiliser les parents afin qu'ils donnent le meilleur à leurs enfants est courant. Choquer, surtout depuis les célébrissimes (et efficaces) campagnes d'Oliviero Toscani pour Benetton, se fait de plus en plus et donne lieu au néologisme shockvertising.
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L'annonce publicitaire se compose de plusieurs éléments qui peuvent être visuels, écrits ou sonores. Les principaux éléments sont : l'accroche (jingle qui annonce la pub), le visuel, le texte informatif (body copy), le slogan, la marque, le logo et la signature de l'agence de publicité (baseline).
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Le plan média recherche la combinaison optimale des supports médiatiques qui, compte tenu des moments de passage des messages, permettra d'atteindre la majeure partie de la cible visée au moindre coût, avec une dose de répétition par individu.
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Le choix des supports comprend plusieurs étapes. Tout d'abord, on doit éliminer les médias indisponibles (médias interdits, médias saturés ou médias inadaptés), ensuite évaluer les médias disponibles et choisir les mieux adaptés au produit, aux habitudes de la cible en matière de consommation médiatique et croiser cette information avec le coût unitaire des messages. Enfin, on évalue les différentes combinaisons possibles entre le média de base et d'autres médias.
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Le choix des supports s'effectue selon différents critères qualitatifs et quantitatifs… Le plan des supports doit préciser : la combinaison des supports sélectionnés, le nombre d'insertions ou de passages dans chaque support, le rythme de passage et le déroulement dans le temps, le budget, les personnes visées.
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Ces choix se doivent d'être rationnellement établis, en fonction d'études de l'audience des médias qu'ils soient imprimés, audiovisuels ou interactifs. Les écueils sont nombreux qui amènent une campagne publicitaire à s'orienter vers un média inadapté à la cible visée en fonction du budget. L'effet cliché (« il faut être présent sur internet », n'est pas forcément un choix valide si la cible est plus âgée), l'effet prestige (« ma campagne doit passer en prime time », alors qu'une couverture en presse régionale aurait mieux value, et pour moins cher, toucher une cible nationale), l'effet nombril fait que l'on juge la consommation des médias en fonction de sa propre expérience (« pendant les vacances, on ne lit plus la presse nationale mais on écoute la radio sur la plage »). Il arrive que l'on vise une cible autre que celle « affichée » et faire passer le message auprès de la concurrence ou des réseaux de distribution, partenaires essentiel de la grande consommation, que l'on est présent.
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Le plan média abouti à une stratégie d'achat d'espaces via différentes régies publicitaires, selon les médias choisis.
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De manière générale, la population est plutôt hostile à la publicité et à son emprise croissante sur la vie de tout un chacun[53],[54]. Parallèlement, des individus et mouvements dits « antipubs » dénoncent le « matraquage publicitaire » et remettent en question la légitimité de l'existence de la publicité. En France, un rapport sénatorial[55] remis le 17 juin 2009 à Chantal Jouanno (secrétaire d'État à l'écologie) sur la publicité extérieure, les enseignes et pré-enseignes a conclu cinq mois de travaux. Il visait à rénover la réglementation française (qui date de 1979 et n'est pas toujours respectée, notamment par les enseignes et pré-enseignes) et mieux lutter contre la pollution visuelle induite par la publicité, mais il a déçu les associations environnementales[56],[57],[58]. L'association Paysages de France déplore des mesures insuffisantes et l'« hypocrisie politique » de la loi Grenelle II en la matière[59].
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Divers courants se retrouvent au sein des « antipub » pour dénoncer l'envahissement publicitaire et proposer des actions pour « réagir et se protéger ».
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Comme toute activité, la publicité est soumise à une réglementation et à une déontologie. Des organes publics ou privés sont chargés de faire respecter des règles (très variables selon les pays, parfois plus strictes dans certains espaces tels que les écoles, parcs nationaux, régionaux, etc.). Il existe ainsi des organes de labellisation (publicité pour tout public, par exemple), des organes de contrôle (dans les pays libres, ce contrôle s'exerce a posteriori pour ne pas prendre la forme d'une censure), et les tribunaux peuvent être saisis. Ce contrôle s'exerce sur le fond (interdiction de la publicité mensongère ou cachée, comme un publireportage qui ne dit pas son nom) ou sur la forme (pas trop de sexe ou de violence, par exemple). Néanmoins les décideurs et tribunaux peinent à situer les limites entre exigences de protection de la nature et des paysages et des personnes, et défense et limites de la liberté d'expression (dont une contre-publicité sous forme de « publicité contradictoire » est déjà dans une certaine mesure autorisée dans certains pays).
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Il arrive aussi que la réglementation ne soit pas respectée par les annonceurs et que les autorités dont le rôle est de faire respecter la loi ne fassent pas preuve de zèle en la matière. En France, l'association Paysages de France fait régulièrement condamner l'État pour non-application de décisions de justice en matière d'affichage illégal.
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Ayant peu de temps pour faire passer une idée, elle s'appuiera souvent sur un cliché, une idée reçue. La publicité utilise souvent les stéréotypes traditionnels : la femme est à la cuisine, l'homme au travail, et les enfants dans une maison confortable, avec juste une pincée d'exotisme sympathique. Si elle utilise des contre-rôles, c'est pour susciter l'attention du consommateur. Au-delà des clichés, la publicité cherche à séduire à travers une image « politiquement correcte » telle que l'enfant et plus généralement le bébé que l'on retrouve aussi bien pour l'automobile que pour la restauration rapide.
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Il n'est pas facile de se faire remarquer au milieu de milliers de messages publicitaires. La publicité tente donc de provoquer pour mieux se graver dans les esprits. Cherchant l'efficacité, elle utilise chaque fois que possible des sentiments ou instincts forts, en court-circuitant la réflexion. La publicité voit donc fleurir des pin-up offertes, ainsi que des mâles avantageux. Georges Bernanos va encore plus loin dans cette vision en affirmant que les moteurs de choix de la publicité sont tout simplement les sept péchés capitaux, pour la raison qu'il est « beaucoup plus facile de s'appuyer sur les vices de l'homme que sur ses besoins »[60].
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La publicité, par définition, insiste sur les qualités supposées d'un produit sans en souligner les défauts. Elle passe surtout sous silence les conditions de production des produits qu'elle cherche à faire vendre. Et comme le souligne le Groupe Marcuse : « La publicité mystifie les consciences en mythifiant les marchandises pour leur donner une aura sans laquelle elles apparaîtraient telles quelles, ternes et industrielles »[61]. Une étude de la Harvard Business Review a confirmé que l'impact de la publicité était grand pour les produits envers lesquels le consommateur est indifférent, comme les lessives, et nul pour ceux qui lui tiennent à cœur, comme la religion.
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Le philosophe français Roland Barthes consacre à la publicité plusieurs articles de son recueil Mythologies paru en 1957, où il l'utilise pour élaborer sa notion de mythe en tant que système de communication au service d'une idéologie bourgeoise[62]. L'article « Saponicides et détergents » analyse les publicités pour les produits nettoyants dans un article écrit à l'occasion du premier Congrès mondial de la Détergence, tenu à Paris en 1954[63]. L'article « La nouvelle Citroën » décortique la présentation publicitaire de la DS 19 au salon de l'automobile, présentée comme « un de ces objets descendus d'un autre univers, qui ont alimenté la néomanie du XVIIIe siècle et celle de notre science-fiction », et la façon dont la mise en scène de la rencontre entre le nouveau produit et son public est représentatif d'une mythologie de l'automobile[64].
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Pour Friedman, la publicité ne déforme pas l'esprit critique mais ce sont les goûts des consommateurs qui sont jugés mauvais par certains critiques. Il écrit ainsi en 1980 dans La liberté du choix : « Le fond du problème posé par la plupart des critiques de la publicité n'est pas le fait que la publicité manipule les goûts mais le fait que le grand public a des goûts détestables – c'est-à-dire différents des goûts des critiques »[65]. Il y reprend la thèse qu'il développait dans Capitalisme et liberté en 1962 : « Une objection majeure contre une économie libre est précisément qu'elle apporte aux gens ce qu'ils veulent au lieu de ce qu'un certain groupe pense qu'ils devraient vouloir »[66].
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Selon l'encyclopédie du marketing de Jean-Marc Lehu, la publicité négative est un « message publicitaire dont le contenu est essentiellement composé de critiques plus ou moins acerbes, nominatives ou indirectes, des caractéristiques du ou des produits concurrents, ou peut-être interprété comme tel ».
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La publicité négative, apparue en 1956 aux États-Unis (durant l'élection présidentiel qui opposa Dwight D. Eisenhower face au démocrate Adlai E. Stevenson), connaît son essor à partir du fameux Daisy spot en 1964, dans lequel une fillette enlève inexorablement les pétales d'une fleur, les uns après les autres, à la manière d'un décompte nucléaire. Cette forme de communication, très utilisée pour discréditer le candidat adverse, lors des campagnes politiques dans certains pays (USA, etc.) n'emporte pas l'adhésion en France où on lui reproche de symboliser le manque de force de proposition de celui qui l'emploie.
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La publicité a des effets négatifs pour l'environnement, qui ont au moins deux origines :
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Une critique « écologiste » fréquente de la publicité est qu'elle incite à indirectement consommer des ressources pas, peu, difficilement ou coûteusement renouvelables, en ne prenant que rarement en compte les impacts environnementaux indirects qu'elle génère, en contradiction avec les objectifs d'économie circulaire de l'Europe et de la France.
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En juin 2020, les ONG Greenpeace, Réseau Action Climat et Résistance à l'agression publicitaire publient un rapport demandant une « loi Evin climat » limitant la publicité pour des secteurs contribuant au réchauffement climatique, notamment les transports utilisant les énergies fossiles, s'inspirant du contrôle de la publicité sur le tabac et l'alcool instauré par le loi Evin de 1991[67]. Matthieu Orphelin, président du groupe Écologie démocratie solidarité à l'Assemblée Nationale, dépose le 10 juillet 2020 une proposition de loi qui s'appuie sur les travaux de la Convention Citoyenne sur le Climat ; elle interdit toute campagne en faveur des énergies fossiles et de tout véhicule aérien, routier ou maritime fonctionnant aux énergies fossiles ; elle interdit aussi l'affichage extérieur dans l'espace public ; les maires seraient autorisés à interdire toute publicité sur le territoire de leur commune. Elle s'appliquerait pleinement au numérique, et la mention « En avez-vous vraiment besoin ? », visant à lutter contre la surconsommation, serait rendue obligatoire avant le paiement de tout achat de produits sur internet[68].
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En France, des ONG dont la coalition Alliance pour la planète, lors du Grenelle Environnement, ont pointé en 2007 que les contenus des messages publicitaires ne font pas l'objet d'analyses de leurs impacts par le système d'autorégulation du Bureau de vérification de la publicité, même si les bonnes pratiques qu'il promeut refusent l'argumentation trompeuse et les fausses raisons environnementales de vendre, ou les représentations contraires aux objectifs du développement durable. La publicité a sciemment contourné la loi Lalonde de 1991 interdisant de présenter des véhicules circulant en pleine nature française, en allant les photographier ou filmer dans les paysages sauvages d'Islande, de Nouvelle-Zélande ou dans les déserts américains. Le BVP a, en octobre 2007, dans le cadre du Grenelle encouragé les publicitaires à renoncer à ces pratiques et ont signé en avril 2008, proposer une charte d'engagement et d'objectifs pour une publicité éco-responsable, appuyée sur un organisme de veille incluant des professionnels et représentants d'ONG environnementales, d'associations de défenses des consommateurs pour co-réguler le marché publicitaire.
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En 2008, la fédération France Nature Environnement (FNE) craignait « une concertation vaseline », demandant que la publicité incitant à la « délinquance environnementale » et à l'écoblanchiment (greenwashing) soient contrée par plus de transparence et par des critères socio-environnementaux dans la vérification, ainsi que par une certification environnementale crédible et reconnue, avec des sanctions pour les contrevenants[69].
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Un second axe de critique pointe l'impact direct de la publicité sur l'environnement : consommation de ressources (papier, énergie) et pollutions sonore et visuelle notamment, problèmes contrariant aussi les objectifs d'économie circulaire de l'Europe et de la France.
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Pour limiter la production gaspilleuse de papier publicitaire, le Ministère de l'Écologie et du Développement durable français a ainsi édité dans les années 2000 un autocollant « Pas de publicité S.V.P. » pour les boîtes aux lettres. Aucune réglementation ne protège (en 2008) le consommateur contre la répétition d'un même message plusieurs dizaines de fois dans la semaine. La répétition à ce rythme de messages inchangés au téléphone ou dans la rue ouvrirait le droit à une plainte pour harcèlement[réf. nécessaire].
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Dans les années 2000 des publicitaires et des médias mettent en avant le développement durable mais une étude (mars 2008), du ministère de l'Écologie français montrait que, sur 57 grandes entreprises interrogées, seules treize (22 %) respectaient la loi sur les nouvelles régulations économiques[70] dans leur bilan 2006, alors que ces régulations, adoptées en 2001, leur imposaient depuis cinq ans de publier des informations environnementales. « Les sociétés de publicité sont particulièrement peu exemplaires »[71]. Havas et Publicis n'ont, en 2006, pas rempli une seule des trente-cinq rubriques environnementales concernant la consommation d'énergie, d'eau, la production de déchets, les émissions de polluants, etc.
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L'Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP, ancien BVP) publie régulièrement avec l’ADEME un bilan « Publicité et Environnement » faisant le point sur la conformité de certaines publicités (sur les thèmes de l’agriculture-jardinage, l’alimentation, l’ameublement-décoration, les appareils ménagers, l’automobile-transport, les bâtiments et travaux publics, les boissons, l’entretien, l’énergie, l’hygiène et la beauté et l’immobilier[72]) aux dispositions déontologiques de la Recommandation Développement Durable de l’ARPP. Son 9e rapport a ajouté les publicités faites sur les réseaux sociaux à l'ensemble de 25 000 publicités contenant des messages environnementaux, analysées. Comme en 2015, 50 % des manquements concernaient les publicités de véhicules dans des espaces naturels, principalement dans des bannières web, puis dans les post faits sur les réseaux sociaux. Plus de 23 500 publicités de 2015 ont été analysées, puis presque 25 000 en 2017 ; 5 % du volume de messages environnementaux examinés comportaient des manquements aux recommandations de l’ARPP. En France seules contenaient un argument écologique : elles étaient plus nombreuses depuis 2009 (6 % des 15 700 publicités alors étudiées) pour chuter à 3 % de 2013 à 2017. Le 9e rapport encourage à « familiariser les équipes communiquant sur les services réseaux sociaux avec les règles d’éthique »[73].
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La publicité télévisée est accusée de contribuer à l'augmentation de l'épidémie d'obésité qui touche les pays développés. Un rapport remis en 2003 à l'agence des normes alimentaires au Royaume-Uni selon lequel la publicité pour la nourriture a un effet sur les enfants en influant sur la préférence de nourriture et sur les demandes d'achats pour des produits malsains[74]. Un groupe de scientifiques français responsables de questions de nutrition affirmait en 2008, dans une tribune intitulée « Engraisser les enfants pour sauver la télévision »[75], et en se référant à des « rapports récents » : « Il existe même un lien entre une forte exposition aux publicités télévisées et l'obésité des enfants âgés de 2 à 11 ans ainsi que des adolescents de 12 à 18 ans. L'exposition à la publicité télévisée portant sur des aliments de haute densité énergétique (notamment sucrés et gras) est associée à une prévalence plus élevée de l'obésité ». En 2010, l'OMS enfonçait le clou : « la publicité télévisée influe sur les préférences alimentaires des enfants et sur leurs demandes d'achat et leurs modes de consommation »[76]. À la même époque, en France, Que choisir remarquait que 80 % des publicités destinées aux enfants l'étaient pour des aliments, et que 80 % d'entre eux étaient trop gras ou trop sucrés[77]. Cette étude était une critique aux engagements de l'industrie agro-alimentaire en 2008, sous l'égide de l'ANIA, pour la réduction de la publicité destinée aux enfants[78].
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Le tabagisme dans les films a un effet sur les adolescents : plus un adolescent voit de films avec du tabagisme, plus il risque de fumer. L'inverse est également vrai, à savoir que rares sont les adolescents fumeurs parmi ceux qui ne sont pas soumis à des films tabagiques[79]. L'Organisation mondiale de la santé rappelle l'article 13 de la convention cadre anti-tabac et appelle à des mesures pour limiter la présence de tabac dans les films[80].
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Les Américains Chomsky et Herman, dans leur critique du fonctionnement des médias en démocratie, ont théorisé un modèle de propagande dont la « régulation par la publicité » constitue l'un des cinq filtres. Pour des raisons de financement et de survie économique, les médias privés sont avant tout soucieux de bien vendre leur public potentiel aux annonceurs qui les « subventionnent » ; or ceux-ci sont, selon ces auteurs, « plus généralement portés à éviter les programmes trop compliqués ou touchant à des controverses dérangeantes, susceptibles de réduire le « temps de cerveau disponible » du public »[81].
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Des mouvements antipub, dont les militants d'Adbusters, considèrent que la publicité est néfaste en tant que telle. La publicité est dans cette optique une distraction au sens pascalien du terme, c'est-à-dire qu'elle fait perdre de vue des choses plus importantes, au profit du futile. Pour Jacques Ellul, la publicité est le principal moyen de faire définitivement entrer l'homme dans le « système technicien » de la société moderne, que d'« agent annexe de la vente, elle est devenue le moteur de tout le système », et qu'elle apparaît finalement comme « la dictature invisible de notre société » en modifiant radicalement les comportements des individus[82]. C'est également la position de Jean-Claude Michéa qui affirme que le « dressage capitaliste des humains resterait un vain mot » sans « cette omniprésente propagande publicitaire »[83]. Martelant des messages d'importance mineure, elle conduit inconsciemment à percevoir comme mineurs les sujets qui ne sont pas martelés[84]. La publicité participe selon eux d'un système économique vicieux, érigeant en norme sociale la consommation de biens inutiles, et des comportements compulsifs et sédentaires[réf. nécessaire] nuisibles en général à la santé physique et mentale des populations (qui doit être ensuite prise en charge par de nouveaux produits ou par des services sociaux).
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La publicité cherche à manipuler l'esprit de celui qui la regarde ou l'écoute. Le dessinateur de presse Willem emploie l'expression « coloniser notre cerveau ». Cet argument est tout particulièrement dirigé contre les campagnes de positionnement des marques, dont le but est de graver une marque dans l'esprit du consommateur, plutôt que de décrire les qualités du produit.
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Le propos de Patrick Le Lay, PDG de la chaîne privée française TF1, fait date : « Mon travail est de vendre du temps de cerveau disponible à Coca-Cola »[85].
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La publicité donne l'avantage au commanditaire sur le consommateur : le consommateur reçoit passivement une information biaisée (la publicité), qui peut flatter ses intérêts et ses goûts, mais qui le fait en fonction des intérêts du commanditaire, alors que grâce à des sondages et études de marché (ou par son expérience), le vendeur détient une information claire et objective sur le comportement du consommateur, ses désirs, ses critères de choix, etc.
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La publicité est également critiquée comme étant inéquitable envers les petits commerçants : 0, 0002% des entreprises françaises monopolisent 80 % des publicités[86].
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Afin de faire passer leur message antipub, ces mouvements utilisent des méthodes publicitaires classiques : usage de stéréotypes et slogans, affichage, mobilisation par internet (publicité « virale »), propos et actions provocantes visant à obtenir du temps média offert gratuitement par des journalistes à la recherche de sensationnel, etc. Ces mouvements sont suivis avec intérêt par les agences de publicité elles-mêmes, toujours promptes à récupérer ce qui permet de véhiculer une image de fronde et de liberté. On a vu ainsi apparaître des affiches pré-recouvertes de faux graffiti anti-pub afin de solliciter l'attention.
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La critique selon laquelle la publicité provoque peu à peu des modifications irrationnelles de la vision du monde se voit opposer par eux la critique inverse : modifier la vision du spectateur est également l'ambition normale de tout artiste. Mais comme il est bien souvent répété aux étudiants en école de publicité, la publicité n'est pas un art et le publicitaire n'est pas un artiste.
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Des actions illégales, conduisant à des poursuites et des procès, ont lieu. Il s'agit principalement de la destruction d'affiches et du détournement des messages publicitaires, dans le métro à Paris (à la manière des membres de l'Internationale situationniste dans les années 1960). De telles actions ont également lieu en France à Marseille, Montpellier, Grenoble, Lyon, Clermont-Ferrand et Toulouse, mais aussi en Belgique.
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Le financement des médias par la publicité pose une certaine atteinte à leur indépendance rédactionnelle. Certains annonceurs n'hésitent pas à supprimer ou menacent de supprimer, brutalement, la publicité dans un journal à la suite d'un article trop critique sur leur entreprise[87]. La multiplicité de ces cas et les besoins de financement contraignent les journalistes à une autocensure sur les informations[88].
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En mars 2019, un article dans Le Monde évoque le sexisme à l'œuvre dans le milieu de la publicité[89]. Sur les réseaux sociaux, dans le sillage de BalanceTonPorc, le mot-dièse #MeTooPub circule tandis que certaines agences prennent conscience du problème[90].
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Au début du XXIe siècle, plusieurs localités dans le monde expérimentent des politiques de forte réduction voire de suppression des publicités dans l'espace public.
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Au Brésil, dans la ville de São Paulo, en 2006, le maire de centre-droit Gilberto Kassab fait voter la loi « Ville propre » (Cidade Limpa) interdisant toute publicité dans l'espace public ; les panneaux publicitaires sont démantelés l'année suivante[91]. L'écrivain Roberto Pompeu de Toledo salue alors[92] « Une rare victoire de l’intérêt public sur le privé, de l’ordre sur le désordre, de l’esthétique sur la laideur, de la civilisation sur la barbarie ». Pour rhabiller les nombreuses façades couvertes de publicités qui se trouvent dénudées par la loi, la ville met en place une politique d'aménagement urbain consistant à les décorer à l'aide de graffs, de photographies, de sculptures, etc.[92]. La publicité ne disparaît pas totalement car la loi n'interdit pas la publicité sur le mobilier urbain (les abribus, par exemple), les horloges publiques et le métro, et elle ne concerne que l'affichage fixe, pas l'affichage mobile (des gens portant des panneaux ou vêtements publicitaires, par exemple)[92]. Un sondage réalisé cinq ans après indique que 70% des habitants de la ville approuvent la loi « Ville propre »[91]. Selon Dalton Silvano, ancien publicitaire, conseiller municipal dans la ville et seul opposant durant le vote de la loi, la loi « a eu un effet terrible, aboutissant à la fermeture d’entreprises de l’industrie ainsi qu’au renvoi de milliers de travailleurs, directement ou indirectement impliqués dans ce média », tandis que la ville argue que « les gens qui dépendaient de travail d’affichage ont été formés dans d’autres types de travaux tels que le marché qui a été créé pour répondre aux façades du commerce »[92]. La mise en œuvre de cette mesure devient une vitrine pour la ville. Dans les années suivant la loi, la municipalité est approchée par de nombreuses villes brésiliennes et étrangères désireuses d'informations et de conseils afin de réfléchir à leurs propres projets[92].
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En 2015, plusieurs États des États-Unis interdisaient les panneaux d'affichage publicitaire dans l'espace public : le Vermont, le Maine, Hawaii et l'Alaska[93].
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En France, durant l'été 2009, dans la ville de Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence, le maire socialiste Christophe Castaner ne renouvelle pas les contrats qui la lient avec les publicitaires et remplace les panneaux de publicité par des panneaux associatifs et des panneaux lumineux[94].
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À Grenoble, le 22 novembre 2014, Éric Piolle, maire écologiste de la ville, annonce une première en Europe[95] avec la suppression de tous les panneaux publicitaires de la ville afin de libérer de l'espace public et développer des lieux d'expression citoyenne[96],[97]. La ville annonce également vouloir planter une cinquantaine d'arbres à la place de certains panneaux[94]. La décision est saluée par plusieurs communes et villes, dont Bordeaux, qui réfléchissent à des politiques similaires[94]. La diminution programmée de 620 000 € de recettes fiscales annuelles pour la ville entraîne une vive réaction de l'un de ses opposants politiques, Matthieu Chamussy qui s'en émeut lors de l'émission Récap info sur TéléGrenoble Isère, expliquant alors que cette politique visant à ne plus vouloir travailler avec des acteurs économiques privés, lance un signal fort aux entreprises à ne plus venir s'installer à Grenoble, et font réfléchir certaines qui y travaillent à en partir[98].
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En 2009, la ville de Chennai, en Inde, vote une loi qui interdit l'installation de panneaux d'affichage publicitaire[93].
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La seule cinémathèque au monde destinée à l'archivage des films publicitaires est située en Suisse, dans la commune de Crissier (Vaud). Fondée en 1979, la Cinémathèque Jean Marie Boursicot (du nom de son fondateur) collecte et archive ces films publicitaires dont le premier date de 1898. La collection est estimée approximativement à 950 000 publicités[99]. La Cinémathèque fournit ces publicités à de nombreuses émissions de télévision, à des documentaires et à des étudiants pour leur mémoire[99]. C'est cette collection qui est à l'origine de la Nuit des publivores sus-citée.
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La publicité est une forme de communication de masse, dont le but est de fixer l'attention d'une cible visée (consommateur, utilisateur, usager, électeur, etc.) afin de l'inciter à adopter un comportement souhaité : achat d'un produit, élection d'une personnalité politique, incitation à l'économie d'énergie, etc.
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Évoquer, par exemple, le nom d'une entreprise, d'un magasin, ou encore d'une marque, n'implique pas automatiquement un acte publicitaire. Mais cela le devient à partir du moment où le but volontairement recherché est d'attirer l'attention sur l'objet évoqué et/ou de suggérer d'aller à tel ou tel endroit.
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La « pub » (l'apocope est devenue un synonyme à part entière) n'est pas limitée aux biens de consommations ou aux services. Elle peut aussi promouvoir des hommes ou des femmes[1], vanter un lieu touristique, une organisation gouvernementale[2] ainsi que des événements sportifs ou culturels[3]. La publicité peut viser des changements de comportement ou la promotion de valeurs considérées comme positives ou bénéfiques au niveau de la société, mettre en garde contre les drogues, inciter au respect de l'environnement, ou encore promouvoir la prévention routière.
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« Ni science, ni art »[4], la publicité est une technique largement empirique qui emprunte à l'économie, à la sociologie et à la psychologie, qui teste ses intuitions via des panels et des études de marché. La créativité en est le cœur mais elle n'est pas un art. La gratuité et l'objectivité lui font défaut. Si elle peut le devenir[5], ce n'est pas le but premier de son commanditaire qui cherche, lui, en premier lieu, à faire passer un message (vendre, inciter, faire agir, etc.).
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La question de la publicité comparative reste aujourd'hui un sujet qui fait débat : si le concept lui-même rencontre un écho réel dans le public et les associations de consommateurs, la mise en œuvre concrète de l'idée reste controversée.
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La majorité des auteurs rapprochent ou assimilent la publicité à un phénomène de propagande propre aux sociétés contemporaines[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13]. Au sein de la société, elle augmente les échanges et accélère la diffusion des nouveaux produits ou des innovations techniques et elle représente un poids économique très important. De nombreuses législations nationales préviennent ses dérives potentielles. Les produits toxiques ou dangereux pour la santé se voient interdire de publicité dans certains pays (le tabac, par exemple) alors que parallèlement la réglementation protège certaines catégories de personnes, les enfants en particulier, en interdisant la publicité pornographique et en encadrant rigoureusement la publicité qui leur est destinée.
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Des mouvements dits « antipub », dénonçant l'envahissement publicitaire, alimentent la critique et proposent des actions variées pour « s'en protéger ».
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Il est difficile de déterminer avec certitude la naissance de la publicité (autrefois baptisée « réclame »[14]). Des archéologues ont retrouvé des fresques datant de l'Antiquité qui annonçaient des combats de gladiateurs. Au Moyen Âge — la plupart des gens étant analphabètes — la communication se faisait par voie orale : les crieurs vantant les produits sur un marché ou annonçant les ordonnances royales aux citoyens peuvent être vus comme une forme de publicité.
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Mais ce n'est que vers 1830 que le terme publicité, « action de rendre public » ou « état de ce qui est public » a pris le sens moderne d'« ensemble des moyens utilisés pour faire connaître au public un produit, une entreprise industrielle ou commerciale »[15]. Cette date lie donc le développement de la publicité à celui de l'industrialisation et à l'essor des marchés de grande consommation[4].
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Edward Bernays, né le 22 novembre 1891, est un publicitaire américain. Bien qu'inconnu du grand public, il est le père de la propagande politique institutionnelle. Neveu de Sigmund Freud, il s'inspire des travaux du psychanalyste pour l'écriture de son ouvrage Propaganda, comment manipuler l'opinion en démocratie. Edward Bernays transforme ce que l'on appelle la communication aujourd'hui. À l'époque, les messages publicitaires se résument à vanter les caractéristiques d'un produit, mais Bernays utilise et profite de figures d'autorité, essentiellement des médecins, afin de promouvoir plus efficacement son produit et le rendre unique et indispensable pour le consommateur.
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Lors de la constitution de l'U.S. Committee on Public Information, plus connue sous le nom de commission Creel, de nombreuses actions de communication, anodines aujourd'hui, sont utilisées contre l'armée Allemande. La distribution massive de communiqués, l'utilisation du cinéma ou encore le recours à l'influence de leaders d'opinions ont pour effet de mobiliser les foules et faire basculer l'opinion publique.
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À la fin de la première guerre mondiale, Bernays, alors conseiller en « relations publiques », terme qu'il invente afin de bannir la connotation négative que renvoie le mot « propagande », s'inspire des travaux de son oncle et travaille pour la célèbre marque de cigarettes américaines Lucky Strike. Le 31 mars 1929, Bernays est chargé d'amener les femmes à fumer du tabac. Pendant une procession, la New York City Easter Parade (en), il fait défiler un groupe de jeunes mannequins et leur demande d'allumer des « flambeaux de la liberté », des cigarettes, le tout devant une grande foule de journalistes et de photographes. L'événement a un succès mondial.
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Outre les annonceurs, les agences et les « consommateurs » de la publicité, divers acteurs interviennent comme les instituts de sondage pour affiner, via des études de marché la compréhension du marché, pour valider le positionnement du produit et tester l'efficacité de la publicité en phase de finalisation. L'investissement de sommes parfois colossales incite à s'assurer de l'adéquation et de la perception du message publicitaire avant sa diffusion.
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Typiquement, la réalisation des spots publicitaires est le fait de sociétés de production qui réalisent les films, l'impression des affiches ou des dépliants, le fait d'imprimeurs, etc.
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L'annonceur, dans le langage publicitaire, désigne l'entreprise qui cherche à promouvoir son produit. L'analyse des dépenses de publicité par annonceur fait apparaître une répartition très concentrée. En France, en 1987[4], mille annonceurs représentent 90 % des dépenses totales de publicité et vingt annonceurs seulement 15 % de ce même total au premier rang desquels les constructeurs automobiles Renault et Peugeot, suivis de Procter & Gamble qui est alors le premier annonceur au niveau mondial[4].
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La très grande majorité des annonceurs sont des entreprises commerciales cherchant à accroître la notoriété de leur marque et la vente de leurs produits, mais la publicité sert aussi à lever des fonds pour financer les activités des associations caritatives, des musées et autres institutions culturelles afin d'augmenter leur fréquentation.
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Elle sert aussi aux gouvernements pour promouvoir des thèmes ardus dont les médias parlent mal ou peu, protection routière, promotion du patrimoine, promotion de l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, etc. Moins visibles au grand public, l'industrie et les sociétés de service qui vendent à des sociétés tierces, ont elles aussi besoin de se promouvoir et de faire connaître à leurs clients l'avantage compétitif dont ils disposent. C'est l'objet de la publicité dite « business to business ».
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Une agence est un organisme composé de spécialistes chargés, pour le compte des annonceurs, de la conception, de l'exécution et du contrôle des actions publicitaires.
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Le secteur des agences-conseils est oligopolistique et dominé par cinq acteurs de poids au niveau mondial. Dans son édition de 1993, Le Publicitor notait : « les cinq premiers groupes d'agences ont aujourd'hui une part de marché qui correspond à 2/3 du marché mondial. Les vingt premières enseignes représentent 90 % du marché mondial[4]. » À la suite du mouvement de concentration du secteur, dans les années 1990 et 2000, la tendance n'a fait que se renforcer, Saatchi and Saatchi, alors numéro deux mondial a été racheté par Publicis Groupe qui a aussi absorbé le numéro douze d'alors, Leo Burnett Worldwide ; Young and Rubicam, alors septième fait désormais partie de WPP Group, tout comme Grey Global Group, alors numéro neuf.
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Omnicom Group est le leader avec 12,7 milliards de dollars US de marge commerciale[19], talonné par WPP Group, avec 6,2 milliards de livres sterling[20]. Ces deux leaders sont suivis de loin par Interpublic Group qui affiche 6,55 milliards de dollars de marge[21], Publicis Groupe qui communique 4,7 milliards d'euros de marge[22], Dentsu, peu présente à l'international et néanmoins cinquième mondiale avec 348 milliards de yen[23] et Havas avec 1,5 milliard d'euros de marge[22].
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L'agence fait intervenir ses différents départements dans le processus de création et d'exécution d'une campagne publicitaire : le département commercial, en contact avec le client, le planning stratégique, qui recherche la meilleure adéquation entre la marque et les cibles visées par l'annonceur, le département créatif, chargé de la conception graphique ou audiovisuelle des annonces, et le département média, notamment pour l'achat d'espace.
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Le département média ou l'agence média, quant à lui, achète soit directement aux différents médias soit par l'intermédiaire de centrales d'achat d'espace ou des régies publicitaires.
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L'omniprésence de la publicité dans la civilisation moderne a suscité l'intérêt d'un public de plus en plus nombreux. Cette attirance pour les « pubs » cultes est due à la nostalgie provoquée par les publicités anciennes, reflet d'une époque (les amateurs de réclames antérieures aux années 1960 sont connus depuis longtemps, mais le phénomène s'observe désormais pour des publicités plus récentes, celles des années 1980 en particulier) ; à la participation d'artistes réputés (Emir Kusturica, David Lynch, Blanca Li...) à la réalisation de publicités ; au star system, les célébrités du sport et du spectacle qui posent pour des publicités ; à la séduction publicitaire par l'humour ou l'érotisme de certaines publicités (Aubade, Pirelli...) ; à un intérêt sociologique, décrypter le fonctionnement des publicités étant apprécié de certains (notamment de leurs détracteurs) ; à l'intérêt pour le caractère informatif de la publicité. Le développement de l'informatique et d'internet permet de stocker, et de mettre en ligne des publicités numérisées. Elles peuvent être consultées ou téléchargées par tous sur des sites spécialisés.
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Des émissions télévisées comme Culture Pub et des périodiques sont consacrés à la publicité ; leur succès a été notable à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Des manifestations collectives comme La Nuit des publivores diffusent les publicités cultes ou insolites de tous pays et de toutes époques.
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La fascination de certains amateurs et collectionneurs pour les publicités (anciennes notamment) peut faire partie des processus de captation du public, mais parfois aussi permettre un certain recul face à ces techniques et pratiques de captation par la séduction[24].
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Les enfants sont une cible privilégiée des annonceurs - à l’école et dans les crèches, dans les supermarchés, à la télévision, sur internet, et dans bien d’autres contextes encore -, le but étant d'obtenir des consommateurs fidèles des produits promus[25],[26],[27],[28].
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Suite à l'épidémie d'obésité de l'enfant, l'OMS recommande de réduire l'exposition des enfants aux publicités pour des aliments à haute teneur en graisses saturées, en acides gras trans, en sucres libres ou en sel[29],[30]. En France en 2020, le gouvernement ne souhaite pas interdire les publicités pour la malbouffe ciblant les enfants, et favorise l'autorégulation via l'adoption de codes de bonne conduite sur base volontaire[31].
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Les supports de la publicité sont multiples, de l'antique enseigne de magasin à la bannière internet en passant par la télévision, l'affichage fixe ou mobile (Les plaques émaillées sont devenus des objets de collection), les spots radiophoniques, les dépliants, le publipostage, le mobilier urbain, l'encart dans la presse écrite, les petites annonces, les écrans de télévision placés sur les lieux de vente, un homme-sandwich dans la rue, la publicité mobile, la publicité aérienne, le placement de produit dans les films ou les séries télévisées, le spam en allant jusqu'à se glisser dans des applications offertes par des sites internet de sociabilisation et enfin ; dans le domaine de la PLV interactive et de la communication ; les stations interactives intelligentes de nouvelle génération comprenant un système d'interface Homme-machine évolué.
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On distingue deux grandes catégories de supports publicitaires : les médias et le hors-média. Une campagne panachera typiquement différents types de médias et ira chercher dans le hors-média un soutien tactique.
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La publicité télévisée existe sous forme de courts-métrages publicitaires, de sponsoring d'émissions ou de téléshopping, la Radiodiffusion : de spots publicitaires ou slogan, et le cinéma en spots publicitaires avant la séance ou en placements de produit au sein des films. La presse écrite est présente via les annonces-presse, l'affichage fixe via le mobilier urbain, les abribus, l'affichage mobile via les camions publicitaires, les stations de vélos en libre service.
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La publicité en ligne utilise internet via des bannières publicitaires, des moteurs de recherche, le marketing viral, des publiciels. La publicité mobile consiste en des spots publicitaires sous forme de textos ou MMS.
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Le publireportage télévisé ou publié dans la presse, vise à promouvoir un produit, sous la forme d'information objective tout en étant payé par l'annonceur. Pour multiplier les revenus publicitaires, de nouvelles technologies apparaissent telles la publicité virtuelle dont le but est de présenter lors d'un même événement des publicités adaptées à l'audience visuelle.
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La publicité média recouvre les formes de communication interactive utilisant un support publicitaire payant mis en place pour le compte d'un émetteur en tant que tel. Pour être perçue, comprise et mémorisée, la publicité a généralement très peu de temps. Il lui faut simultanément capter l'attention, la retenir, et faire passer son message. En ce sens, la publicité pourrait être classée dans la catégorie des techniques de manipulation mentale.[évasif]
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En France, le marché de la publicité était de 11.61 milliards d'euros en 2015 : 28,3 % pour la télévision, 27,7 % en ligne, 21,2 % pour la presse[33].
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Le marketing direct dit aussi « mercatique directe », consiste à diffuser un message personnalisé et instantané vers une cible d'individus ou d'entreprises, dans le but d'obtenir une réaction immédiate et mesurable. Il comprend, entre autres, le télémarketing et le publipostage.
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Les relations publiques, dites aussi « relations presse », consistent à contacter des journalistes pour qu'ils relaient le message à leur lectorat au sein de leurs articles.
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La publicité sur le lieu de vente sert de soutien à la promotion des ventes.
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Le parrainage consiste à rémunérer un client existant (le « parrain ») pour tout client qu'il apporte.
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Le mécénat consiste à financer une association, une organisation non gouvernementale, etc., pour assurer une visibilité et asseoir un positionnement. Il recoupe une stratégie institutionnelle de valorisation sociale de l'entreprise qui se veut perçue comme acteur civique.
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Le street marketing est une campagne marketing qui se déroule dans la rue, au contact de la cible souhaitée. Il consiste à communiquer via des hommes-sandwich par exemple, dans les zones de chalandise. Il permet de renforcer une communication de proximité[non neutre][réf. nécessaire].
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La communication évènementielle organise un évènement (salon, congrès, festival, convention, soirée festive, cocktail, remise de prix ou rallye) pour communiquer sur l'entreprise ou ses marques.
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Les jeux vidéo intègrent parfois de la publicité (affiches, etc.), c'est le publidivertissement (voir aussi : « Placement de produit »).
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La communication par l'objet se présente sous huit segments[34] :
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La publicité prend des formes de plus en plus diverses, comme on peut le voir à travers le Skyvertising. Cela consiste en l'utilisation des airs pour communiquer sur un produit ou un service[35].
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Le sport possède une image très positive dans l'opinion, malgré une certaine contestation du modèle olympique dont les publicitaires savent tenir compte. Il porte à la fois les valeurs de l'individualisme et celles de l'entreprise : bien-être, forme, dynamisme, esprit de compétition et dépassement de soi (toujours plus de productivité et de stress), mais aussi d'équipe, prouesse technologique dans certains cas. Il relie donc les deux pôles des sociétés modernes : le loisir et le travail. Aussi, l'image du sportif en pleine action est-elle souvent utilisée dans la publicité. Les publicitaires entendent également profiter de l'impact médiatique des grands événements sportifs.
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Mais les liens entre la publicité et le sport ne s'arrêtent pas là. D'abord, le produit peut avoir un rapport direct avec l'activité physique : articles et vêtements de sport, boissons rafraîchissantes, aliments. Les champions font partie intégrante de l'image de la marque, de ce que les économistes appellent son « actif immatériel ». La performance sportive ne sert donc pas seulement de banc d'essai à la technologie intégrée dans le produit. Elle est une dimension de la politique de communication de l'entreprise, un aspect de sa « communication événementielle ». Mais la pratique du parrainage (commandite) ne se cantonne pas aux seuls articles et vêtements de sport. En 1989, le parrainage représentait 5 % des dépenses publicitaires en France (17 % en Italie). Ajoutons qu'en France les fabricants de cigarettes ou de boissons alcoolisées cherchent à détourner les restrictions à la publicité concernant leurs produits en s'affichant dans les stades, abus que la loi Évin de 1991 entend réprimer.
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La publicité tend à s'homogénéiser dans le cadre de la mondialisation, mais son contenu, sa forme et ses médias sont encore (en partie) différents selon les pays, les cultures et les âges des populations-cibles pour s'adapter à leur identité[36]. En retour, la publicité influe sur les désirs et les identités des personnes et des groupes humains, en changeant peu à peu leurs modèles sociaux-culturels, certaines normes alimentaires, vestimentaires et comportementales et leurs pratiques sociales.
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La publicité aurait un effet négatif sur le bien-être en suscitant de façon volontaire la frustration[37],[38].
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Si la publicité est un aspect essentiel de la société de consommation, son poids économique ainsi que son efficacité demeurent difficiles à évaluer.
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Ce secteur économique est sensible aux variations de la conjoncture. Les annonceurs, en cas de récession économique, réduisent les dépenses de communication, les plus faciles à diminuer. Au contraire, en phase de croissance économique, l'idée qu'il faille gagner des parts de marché « coûte que coûte » fait que la croissance du secteur est alors plus élevée que le reste de l'économie.
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En 2000, année faste en raison de l'avènement de nouveaux produits technologiques, les investissements de communication réalisés dans le monde par les entreprises avaient franchi la barre des 300 milliards de dollars. C'est un secteur en forte augmentation avec un taux de croissance annuel moyen de 6,5 %.
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En 2006, dans un rapport intitulé Prévisions 2006-2010 pour le secteur des loisirs et des médias[39] PricewaterhouseCoopers, estime les dépenses publicitaires mondiales à 385 milliards de dollars US. Ce cabinet comptable évalue à 500 milliards de dollars US son poids pour 2010.
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En 2006, la répartition des investissements publicitaires[39] donne, par ordre d'importance, 43 % pour la presse (dont 30 % pour les journaux et 13 % pour les magazines), 38 % pour la télévision, 8 % pour la radio, 4 % pour internet, moins de 1 % pour le cinéma et 6 % pour l'affichage (hors-média). La publicité média représente désormais 1 % du PIB mondial. De leur côté, le marketing direct et les opérations de promotion pèsent 120 milliards de dollars[réf. nécessaire].
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En 2017, les dépenses publicitaires mondiales auraient atteint 559 milliards de dollars des États-Unis[40].
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En 1990, le secteur publicitaire représentait 0,76 % du P.I.B. français et employait 50 000 personnes[réf. nécessaire]. En France, pour 2012, la dépense publicitaire globale (toutes activités et secteurs confondus) est estimée à 31 milliards d'euros[41]. Internet, en tant que média, pèse plus que le cinéma ou la publicité extérieure, mais environ 2,5 fois moins que la télévision avec, en 2012, 1,6 milliard d'euros d'investissements publicitaires en France[41].
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On accuse la publicité de favoriser la concentration des marchés et de fausser la concurrence[42]. En 1967, le gouvernement britannique oblige les lessiviers leaders sur le marché à vendre un produit générique, sans soutien publicitaire, ni promotion, à des prix inférieurs de 20 % au prix du marché (estimation gouvernementale de l'impact du marketing en termes de coûts). L'expérience fut peu concluante[4]. En France, l'interdiction de la publicité à la télévision faite aux réseaux de grande distribution, justifiée par des aspects économiques de protection de la concurrence, avait autant à voir avec les intérêts de la presse régionale, grande bénéficiaire[43] de cette mesure, qu'avec la défense du petit commerce[4].
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On peut s'appuyer, pour défendre la thèse selon laquelle la publicité fausse la concurrence, sur le fait que les achats d'espaces-médias sont fortement dégressifs : le coût unitaire est bien moindre quand on achète mille spots qu'un. Cela avantage donc les géants (de l'agroalimentaire par exemple) au détriment des petits producteurs.
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Comment mesurer l'efficacité de la publicité ? Une boutade, couramment véhiculée dans la profession dit : « la moitié de mes investissements publicitaires est dépensée en pure perte. Le problème, c'est que je ne sais pas laquelle. »[44] Bill Bernbach, pour sa part, affirme sans fausse modestie : « Don't measure opinion, make it! » (Ne mesurez pas l'opinion, faites-la !) [45]. Entre ces deux attitudes, se pose la question de l'évaluation de l'efficacité de la publicité, et plus précisément sur la demande. Stimule-t-elle la concurrence ? Favorise-t-elle la concentration de la demande sur un petit nombre de marques ?
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Mesurer l'efficacité d'une campagne, est quasiment impossible pour l'annonceur. Idéalement, l'investissement publicitaire est inférieur à l'augmentation des ventes. Mais on ne peut isoler l'effet - variable et dilué dans le temps - de la publicité dans l'ensemble des facteurs qui agissent sur le comportement des consommateurs. Faut il pour autant renoncer à en mesurer l'impact ? Des méthodes statistiques multivariables[46] existent utilisant la régression, l'analyse de la variance, etc. On peut aussi utiliser la méthode du marché test : ne lancer une campagne que sur une partie du territoire et comparer son effet sur les ventes par rapport au secteur sans campagne. Cette méthode, coûteuse en temps a le désavantage d'alerter la concurrence.
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Si l'effet d'une campagne-produit donnée sur les ventes est difficile, on sait mieux mesurer la perception globale de l'image de marque en mesurant la notoriété spontanée (pourcentage de personnes citant la marque dans un univers concurrentiel donné), en particulier le top of mind, c'est-à-dire la première marque citée, en évaluant la notoriété assistée (la marque est-elle citée comme connue dans une liste donnée ?). Pour mesurer l'impact d'une campagne, un institut de sondage peut demander, en passant plusieurs spots où les noms des annonceurs sont masqués, d'identifier correctement la marque et le produit.
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La publicité est loin de la toute-puissance qu'on lui attribue parfois comme en témoignent les échecs récurrents de produits lancés avec des efforts publicitaires considérables. En témoignent le lancement de la Ford Edsel, les échecs retentissants de produits comme la cigarette Zen de la Seita, le soda Mr Pibb par Coca-Cola ou le détergent Ala[47]. Cependant, de récentes recherches scientifiques montrent que la publicité agit sans que les personnes en soient conscientes. Les messages publicitaires laisseraient des traces dans la mémoire « non consciente » (mémoire dite « implicite »)[48]. Or les mesures d'efficacité actuellement utilisées par les agences de publicité et les annonceurs ne mesurent que les effets conscients, sous-estimant sans doute la réelle efficacité de la publicité[49].
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La publicité ne garantit pas à elle seule le succès. L'histoire publicitaire a connu des campagnes brillantes pour des produits médiocres vite dépassés par la concurrence et, a contrario, des budgets publicitaires dépensés dans une campagne peu convaincante, peu marquante, pour des produits qui se sont néanmoins bien vendus. La différenciation d'un produit par rapport à sa concurrence, basée sur la seule publicité a peu de chance de réussir. « La réceptivité la plus élevée est toujours observée vis-à-vis des arguments les plus tangibles du marketing. »[4]. Il s'agit donc avant tout de faire connaître un nouveau produit et de le vendre; d'accroître la consommation d'un produit existant, de fidéliser la clientèle ou de débaucher celle de la concurrence, de diminuer le caractère saisonnier des ventes. Le message lui-même a moins pour objet d'informer sur la nature de la marchandise ou de l'entreprise que de séduire, d'amener le client potentiel, convenablement ciblé, à voir dans le produit et surtout dans la marque la promesse de la satisfaction d'un désir, ou d'un besoin ; voire un élément de son identité propre. Ainsi, la publicité doit se conformer aux attentes du consommateur, aux normes de la société, même quand elle fait mine de les bousculer. Elle ne crée pas, elle amplifie et diffuse, note Dayan. Les créatifs s'interrogent sur le comportement des consommateurs, la modification de leurs styles de vie. Ils usent et abusent des sondages. Ils ne négligent ni les apports de la sociologie ni ceux de la psychologie.
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Toute campagne publicitaire commence par un briefing, document dans lequel l'annonceur définit pour l'agence la ou les cibles, les objectifs, décrit son produit ou sa marque dans le détail, énumère les contraintes de marché. Ces informations, quasi-contractuelles, serviront de base pour l'élaboration de la création et du plan média.
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Parallèlement rappelons que, bien que minoritaires dans une logique de marché dominante, et davantage visibles désormais sur la toile, certaines campagnes publicitaires sont toujours caractérisées et reconnues pour leurs objectifs non commerciaux. Au delà d'autres éventuels intérêts sous-jacents, liés à une association ou à un groupe spécifique, ces "publicités autres", pouvant être portées et promues par l'institution publique, se distinguent souvent par leur message socio-culturel.
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Ainsi, dans une nouvelle optique de "publicité-progrès", encore bien établie dans la Péninsule avec les "Pubblicità Progresso", nos causes communes peuvent être abordées avec la même créativité déployée par les publicités traditionnelles. Le nouvel objectif est, bien sûr, celui d'interpeller les consciences pour sensibiliser les esprits et réfléchir à un véritable changement face aux abus.
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Dans une perspective d'éducation, les manuels scolaires parviennent très souvent, au moyen de questionnements appropriés, à valoriser ces publicités éducatives ou promotions d'un autre ordre, complémentaires au marché et précieuses, en particulier face à ses dérives.
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La copy-strategy[50] est une méthode de création publicitaire créée par les grands lessiviers Procter & Gamble. C'est le carcan, le garde-fou que s'impose la création pour ne pas aller dans toutes les directions. Elle varie bien entendu d'agence à agence et de créatif à créatif mais, dans ses grandes lignes, doit apporter une réponse à la question « quel bénéfice le consommateur tirera-t-il ? ». Par conséquent, la copy-strategy s'articule autour de quatre éléments :
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La copy-strategy est la base sur laquelle les créatifs vont élaborer, de manière tactique pourrait-on dire en filant la métaphore militaire, les messages de la campagne publicitaire pour conquérir l’Homo œconomicus, le consommateur rationnel.
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Un message publicitaire est conçu comme une argumentation qui doit comporter trois éléments : un argument cognitif ou informatif : le consommateur doit savoir de quoi il s'agit, ce qui fait le plus-produit ; une part affective qui doit éveiller l'intérêt[51] du consommateur, l'intéresser, le séduire ; une étape conative (qui engage à l'action) : le consommateur est invité à acheter le produit, à appeler un numéro de téléphone, visiter les magasins. En ce qui concerne maintenant les affects, la publicité joue le plus facilement avec l'humour ou le décalage[52] mais un argument sérieux, à la limite de l'ennuyeux peut parfois être plus percutant. Une approche négative peut se montrer payante, culpabiliser les parents afin qu'ils donnent le meilleur à leurs enfants est courant. Choquer, surtout depuis les célébrissimes (et efficaces) campagnes d'Oliviero Toscani pour Benetton, se fait de plus en plus et donne lieu au néologisme shockvertising.
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L'annonce publicitaire se compose de plusieurs éléments qui peuvent être visuels, écrits ou sonores. Les principaux éléments sont : l'accroche (jingle qui annonce la pub), le visuel, le texte informatif (body copy), le slogan, la marque, le logo et la signature de l'agence de publicité (baseline).
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Le plan média recherche la combinaison optimale des supports médiatiques qui, compte tenu des moments de passage des messages, permettra d'atteindre la majeure partie de la cible visée au moindre coût, avec une dose de répétition par individu.
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Le choix des supports comprend plusieurs étapes. Tout d'abord, on doit éliminer les médias indisponibles (médias interdits, médias saturés ou médias inadaptés), ensuite évaluer les médias disponibles et choisir les mieux adaptés au produit, aux habitudes de la cible en matière de consommation médiatique et croiser cette information avec le coût unitaire des messages. Enfin, on évalue les différentes combinaisons possibles entre le média de base et d'autres médias.
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Le choix des supports s'effectue selon différents critères qualitatifs et quantitatifs… Le plan des supports doit préciser : la combinaison des supports sélectionnés, le nombre d'insertions ou de passages dans chaque support, le rythme de passage et le déroulement dans le temps, le budget, les personnes visées.
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Ces choix se doivent d'être rationnellement établis, en fonction d'études de l'audience des médias qu'ils soient imprimés, audiovisuels ou interactifs. Les écueils sont nombreux qui amènent une campagne publicitaire à s'orienter vers un média inadapté à la cible visée en fonction du budget. L'effet cliché (« il faut être présent sur internet », n'est pas forcément un choix valide si la cible est plus âgée), l'effet prestige (« ma campagne doit passer en prime time », alors qu'une couverture en presse régionale aurait mieux value, et pour moins cher, toucher une cible nationale), l'effet nombril fait que l'on juge la consommation des médias en fonction de sa propre expérience (« pendant les vacances, on ne lit plus la presse nationale mais on écoute la radio sur la plage »). Il arrive que l'on vise une cible autre que celle « affichée » et faire passer le message auprès de la concurrence ou des réseaux de distribution, partenaires essentiel de la grande consommation, que l'on est présent.
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Le plan média abouti à une stratégie d'achat d'espaces via différentes régies publicitaires, selon les médias choisis.
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De manière générale, la population est plutôt hostile à la publicité et à son emprise croissante sur la vie de tout un chacun[53],[54]. Parallèlement, des individus et mouvements dits « antipubs » dénoncent le « matraquage publicitaire » et remettent en question la légitimité de l'existence de la publicité. En France, un rapport sénatorial[55] remis le 17 juin 2009 à Chantal Jouanno (secrétaire d'État à l'écologie) sur la publicité extérieure, les enseignes et pré-enseignes a conclu cinq mois de travaux. Il visait à rénover la réglementation française (qui date de 1979 et n'est pas toujours respectée, notamment par les enseignes et pré-enseignes) et mieux lutter contre la pollution visuelle induite par la publicité, mais il a déçu les associations environnementales[56],[57],[58]. L'association Paysages de France déplore des mesures insuffisantes et l'« hypocrisie politique » de la loi Grenelle II en la matière[59].
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Divers courants se retrouvent au sein des « antipub » pour dénoncer l'envahissement publicitaire et proposer des actions pour « réagir et se protéger ».
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Comme toute activité, la publicité est soumise à une réglementation et à une déontologie. Des organes publics ou privés sont chargés de faire respecter des règles (très variables selon les pays, parfois plus strictes dans certains espaces tels que les écoles, parcs nationaux, régionaux, etc.). Il existe ainsi des organes de labellisation (publicité pour tout public, par exemple), des organes de contrôle (dans les pays libres, ce contrôle s'exerce a posteriori pour ne pas prendre la forme d'une censure), et les tribunaux peuvent être saisis. Ce contrôle s'exerce sur le fond (interdiction de la publicité mensongère ou cachée, comme un publireportage qui ne dit pas son nom) ou sur la forme (pas trop de sexe ou de violence, par exemple). Néanmoins les décideurs et tribunaux peinent à situer les limites entre exigences de protection de la nature et des paysages et des personnes, et défense et limites de la liberté d'expression (dont une contre-publicité sous forme de « publicité contradictoire » est déjà dans une certaine mesure autorisée dans certains pays).
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Il arrive aussi que la réglementation ne soit pas respectée par les annonceurs et que les autorités dont le rôle est de faire respecter la loi ne fassent pas preuve de zèle en la matière. En France, l'association Paysages de France fait régulièrement condamner l'État pour non-application de décisions de justice en matière d'affichage illégal.
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Ayant peu de temps pour faire passer une idée, elle s'appuiera souvent sur un cliché, une idée reçue. La publicité utilise souvent les stéréotypes traditionnels : la femme est à la cuisine, l'homme au travail, et les enfants dans une maison confortable, avec juste une pincée d'exotisme sympathique. Si elle utilise des contre-rôles, c'est pour susciter l'attention du consommateur. Au-delà des clichés, la publicité cherche à séduire à travers une image « politiquement correcte » telle que l'enfant et plus généralement le bébé que l'on retrouve aussi bien pour l'automobile que pour la restauration rapide.
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Il n'est pas facile de se faire remarquer au milieu de milliers de messages publicitaires. La publicité tente donc de provoquer pour mieux se graver dans les esprits. Cherchant l'efficacité, elle utilise chaque fois que possible des sentiments ou instincts forts, en court-circuitant la réflexion. La publicité voit donc fleurir des pin-up offertes, ainsi que des mâles avantageux. Georges Bernanos va encore plus loin dans cette vision en affirmant que les moteurs de choix de la publicité sont tout simplement les sept péchés capitaux, pour la raison qu'il est « beaucoup plus facile de s'appuyer sur les vices de l'homme que sur ses besoins »[60].
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La publicité, par définition, insiste sur les qualités supposées d'un produit sans en souligner les défauts. Elle passe surtout sous silence les conditions de production des produits qu'elle cherche à faire vendre. Et comme le souligne le Groupe Marcuse : « La publicité mystifie les consciences en mythifiant les marchandises pour leur donner une aura sans laquelle elles apparaîtraient telles quelles, ternes et industrielles »[61]. Une étude de la Harvard Business Review a confirmé que l'impact de la publicité était grand pour les produits envers lesquels le consommateur est indifférent, comme les lessives, et nul pour ceux qui lui tiennent à cœur, comme la religion.
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Le philosophe français Roland Barthes consacre à la publicité plusieurs articles de son recueil Mythologies paru en 1957, où il l'utilise pour élaborer sa notion de mythe en tant que système de communication au service d'une idéologie bourgeoise[62]. L'article « Saponicides et détergents » analyse les publicités pour les produits nettoyants dans un article écrit à l'occasion du premier Congrès mondial de la Détergence, tenu à Paris en 1954[63]. L'article « La nouvelle Citroën » décortique la présentation publicitaire de la DS 19 au salon de l'automobile, présentée comme « un de ces objets descendus d'un autre univers, qui ont alimenté la néomanie du XVIIIe siècle et celle de notre science-fiction », et la façon dont la mise en scène de la rencontre entre le nouveau produit et son public est représentatif d'une mythologie de l'automobile[64].
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Pour Friedman, la publicité ne déforme pas l'esprit critique mais ce sont les goûts des consommateurs qui sont jugés mauvais par certains critiques. Il écrit ainsi en 1980 dans La liberté du choix : « Le fond du problème posé par la plupart des critiques de la publicité n'est pas le fait que la publicité manipule les goûts mais le fait que le grand public a des goûts détestables – c'est-à-dire différents des goûts des critiques »[65]. Il y reprend la thèse qu'il développait dans Capitalisme et liberté en 1962 : « Une objection majeure contre une économie libre est précisément qu'elle apporte aux gens ce qu'ils veulent au lieu de ce qu'un certain groupe pense qu'ils devraient vouloir »[66].
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Selon l'encyclopédie du marketing de Jean-Marc Lehu, la publicité négative est un « message publicitaire dont le contenu est essentiellement composé de critiques plus ou moins acerbes, nominatives ou indirectes, des caractéristiques du ou des produits concurrents, ou peut-être interprété comme tel ».
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La publicité négative, apparue en 1956 aux États-Unis (durant l'élection présidentiel qui opposa Dwight D. Eisenhower face au démocrate Adlai E. Stevenson), connaît son essor à partir du fameux Daisy spot en 1964, dans lequel une fillette enlève inexorablement les pétales d'une fleur, les uns après les autres, à la manière d'un décompte nucléaire. Cette forme de communication, très utilisée pour discréditer le candidat adverse, lors des campagnes politiques dans certains pays (USA, etc.) n'emporte pas l'adhésion en France où on lui reproche de symboliser le manque de force de proposition de celui qui l'emploie.
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La publicité a des effets négatifs pour l'environnement, qui ont au moins deux origines :
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Une critique « écologiste » fréquente de la publicité est qu'elle incite à indirectement consommer des ressources pas, peu, difficilement ou coûteusement renouvelables, en ne prenant que rarement en compte les impacts environnementaux indirects qu'elle génère, en contradiction avec les objectifs d'économie circulaire de l'Europe et de la France.
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En juin 2020, les ONG Greenpeace, Réseau Action Climat et Résistance à l'agression publicitaire publient un rapport demandant une « loi Evin climat » limitant la publicité pour des secteurs contribuant au réchauffement climatique, notamment les transports utilisant les énergies fossiles, s'inspirant du contrôle de la publicité sur le tabac et l'alcool instauré par le loi Evin de 1991[67]. Matthieu Orphelin, président du groupe Écologie démocratie solidarité à l'Assemblée Nationale, dépose le 10 juillet 2020 une proposition de loi qui s'appuie sur les travaux de la Convention Citoyenne sur le Climat ; elle interdit toute campagne en faveur des énergies fossiles et de tout véhicule aérien, routier ou maritime fonctionnant aux énergies fossiles ; elle interdit aussi l'affichage extérieur dans l'espace public ; les maires seraient autorisés à interdire toute publicité sur le territoire de leur commune. Elle s'appliquerait pleinement au numérique, et la mention « En avez-vous vraiment besoin ? », visant à lutter contre la surconsommation, serait rendue obligatoire avant le paiement de tout achat de produits sur internet[68].
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En France, des ONG dont la coalition Alliance pour la planète, lors du Grenelle Environnement, ont pointé en 2007 que les contenus des messages publicitaires ne font pas l'objet d'analyses de leurs impacts par le système d'autorégulation du Bureau de vérification de la publicité, même si les bonnes pratiques qu'il promeut refusent l'argumentation trompeuse et les fausses raisons environnementales de vendre, ou les représentations contraires aux objectifs du développement durable. La publicité a sciemment contourné la loi Lalonde de 1991 interdisant de présenter des véhicules circulant en pleine nature française, en allant les photographier ou filmer dans les paysages sauvages d'Islande, de Nouvelle-Zélande ou dans les déserts américains. Le BVP a, en octobre 2007, dans le cadre du Grenelle encouragé les publicitaires à renoncer à ces pratiques et ont signé en avril 2008, proposer une charte d'engagement et d'objectifs pour une publicité éco-responsable, appuyée sur un organisme de veille incluant des professionnels et représentants d'ONG environnementales, d'associations de défenses des consommateurs pour co-réguler le marché publicitaire.
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En 2008, la fédération France Nature Environnement (FNE) craignait « une concertation vaseline », demandant que la publicité incitant à la « délinquance environnementale » et à l'écoblanchiment (greenwashing) soient contrée par plus de transparence et par des critères socio-environnementaux dans la vérification, ainsi que par une certification environnementale crédible et reconnue, avec des sanctions pour les contrevenants[69].
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Un second axe de critique pointe l'impact direct de la publicité sur l'environnement : consommation de ressources (papier, énergie) et pollutions sonore et visuelle notamment, problèmes contrariant aussi les objectifs d'économie circulaire de l'Europe et de la France.
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Pour limiter la production gaspilleuse de papier publicitaire, le Ministère de l'Écologie et du Développement durable français a ainsi édité dans les années 2000 un autocollant « Pas de publicité S.V.P. » pour les boîtes aux lettres. Aucune réglementation ne protège (en 2008) le consommateur contre la répétition d'un même message plusieurs dizaines de fois dans la semaine. La répétition à ce rythme de messages inchangés au téléphone ou dans la rue ouvrirait le droit à une plainte pour harcèlement[réf. nécessaire].
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Dans les années 2000 des publicitaires et des médias mettent en avant le développement durable mais une étude (mars 2008), du ministère de l'Écologie français montrait que, sur 57 grandes entreprises interrogées, seules treize (22 %) respectaient la loi sur les nouvelles régulations économiques[70] dans leur bilan 2006, alors que ces régulations, adoptées en 2001, leur imposaient depuis cinq ans de publier des informations environnementales. « Les sociétés de publicité sont particulièrement peu exemplaires »[71]. Havas et Publicis n'ont, en 2006, pas rempli une seule des trente-cinq rubriques environnementales concernant la consommation d'énergie, d'eau, la production de déchets, les émissions de polluants, etc.
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L'Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP, ancien BVP) publie régulièrement avec l’ADEME un bilan « Publicité et Environnement » faisant le point sur la conformité de certaines publicités (sur les thèmes de l’agriculture-jardinage, l’alimentation, l’ameublement-décoration, les appareils ménagers, l’automobile-transport, les bâtiments et travaux publics, les boissons, l’entretien, l’énergie, l’hygiène et la beauté et l’immobilier[72]) aux dispositions déontologiques de la Recommandation Développement Durable de l’ARPP. Son 9e rapport a ajouté les publicités faites sur les réseaux sociaux à l'ensemble de 25 000 publicités contenant des messages environnementaux, analysées. Comme en 2015, 50 % des manquements concernaient les publicités de véhicules dans des espaces naturels, principalement dans des bannières web, puis dans les post faits sur les réseaux sociaux. Plus de 23 500 publicités de 2015 ont été analysées, puis presque 25 000 en 2017 ; 5 % du volume de messages environnementaux examinés comportaient des manquements aux recommandations de l’ARPP. En France seules contenaient un argument écologique : elles étaient plus nombreuses depuis 2009 (6 % des 15 700 publicités alors étudiées) pour chuter à 3 % de 2013 à 2017. Le 9e rapport encourage à « familiariser les équipes communiquant sur les services réseaux sociaux avec les règles d’éthique »[73].
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La publicité télévisée est accusée de contribuer à l'augmentation de l'épidémie d'obésité qui touche les pays développés. Un rapport remis en 2003 à l'agence des normes alimentaires au Royaume-Uni selon lequel la publicité pour la nourriture a un effet sur les enfants en influant sur la préférence de nourriture et sur les demandes d'achats pour des produits malsains[74]. Un groupe de scientifiques français responsables de questions de nutrition affirmait en 2008, dans une tribune intitulée « Engraisser les enfants pour sauver la télévision »[75], et en se référant à des « rapports récents » : « Il existe même un lien entre une forte exposition aux publicités télévisées et l'obésité des enfants âgés de 2 à 11 ans ainsi que des adolescents de 12 à 18 ans. L'exposition à la publicité télévisée portant sur des aliments de haute densité énergétique (notamment sucrés et gras) est associée à une prévalence plus élevée de l'obésité ». En 2010, l'OMS enfonçait le clou : « la publicité télévisée influe sur les préférences alimentaires des enfants et sur leurs demandes d'achat et leurs modes de consommation »[76]. À la même époque, en France, Que choisir remarquait que 80 % des publicités destinées aux enfants l'étaient pour des aliments, et que 80 % d'entre eux étaient trop gras ou trop sucrés[77]. Cette étude était une critique aux engagements de l'industrie agro-alimentaire en 2008, sous l'égide de l'ANIA, pour la réduction de la publicité destinée aux enfants[78].
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Le tabagisme dans les films a un effet sur les adolescents : plus un adolescent voit de films avec du tabagisme, plus il risque de fumer. L'inverse est également vrai, à savoir que rares sont les adolescents fumeurs parmi ceux qui ne sont pas soumis à des films tabagiques[79]. L'Organisation mondiale de la santé rappelle l'article 13 de la convention cadre anti-tabac et appelle à des mesures pour limiter la présence de tabac dans les films[80].
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Les Américains Chomsky et Herman, dans leur critique du fonctionnement des médias en démocratie, ont théorisé un modèle de propagande dont la « régulation par la publicité » constitue l'un des cinq filtres. Pour des raisons de financement et de survie économique, les médias privés sont avant tout soucieux de bien vendre leur public potentiel aux annonceurs qui les « subventionnent » ; or ceux-ci sont, selon ces auteurs, « plus généralement portés à éviter les programmes trop compliqués ou touchant à des controverses dérangeantes, susceptibles de réduire le « temps de cerveau disponible » du public »[81].
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Des mouvements antipub, dont les militants d'Adbusters, considèrent que la publicité est néfaste en tant que telle. La publicité est dans cette optique une distraction au sens pascalien du terme, c'est-à-dire qu'elle fait perdre de vue des choses plus importantes, au profit du futile. Pour Jacques Ellul, la publicité est le principal moyen de faire définitivement entrer l'homme dans le « système technicien » de la société moderne, que d'« agent annexe de la vente, elle est devenue le moteur de tout le système », et qu'elle apparaît finalement comme « la dictature invisible de notre société » en modifiant radicalement les comportements des individus[82]. C'est également la position de Jean-Claude Michéa qui affirme que le « dressage capitaliste des humains resterait un vain mot » sans « cette omniprésente propagande publicitaire »[83]. Martelant des messages d'importance mineure, elle conduit inconsciemment à percevoir comme mineurs les sujets qui ne sont pas martelés[84]. La publicité participe selon eux d'un système économique vicieux, érigeant en norme sociale la consommation de biens inutiles, et des comportements compulsifs et sédentaires[réf. nécessaire] nuisibles en général à la santé physique et mentale des populations (qui doit être ensuite prise en charge par de nouveaux produits ou par des services sociaux).
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La publicité cherche à manipuler l'esprit de celui qui la regarde ou l'écoute. Le dessinateur de presse Willem emploie l'expression « coloniser notre cerveau ». Cet argument est tout particulièrement dirigé contre les campagnes de positionnement des marques, dont le but est de graver une marque dans l'esprit du consommateur, plutôt que de décrire les qualités du produit.
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Le propos de Patrick Le Lay, PDG de la chaîne privée française TF1, fait date : « Mon travail est de vendre du temps de cerveau disponible à Coca-Cola »[85].
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La publicité donne l'avantage au commanditaire sur le consommateur : le consommateur reçoit passivement une information biaisée (la publicité), qui peut flatter ses intérêts et ses goûts, mais qui le fait en fonction des intérêts du commanditaire, alors que grâce à des sondages et études de marché (ou par son expérience), le vendeur détient une information claire et objective sur le comportement du consommateur, ses désirs, ses critères de choix, etc.
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La publicité est également critiquée comme étant inéquitable envers les petits commerçants : 0, 0002% des entreprises françaises monopolisent 80 % des publicités[86].
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Afin de faire passer leur message antipub, ces mouvements utilisent des méthodes publicitaires classiques : usage de stéréotypes et slogans, affichage, mobilisation par internet (publicité « virale »), propos et actions provocantes visant à obtenir du temps média offert gratuitement par des journalistes à la recherche de sensationnel, etc. Ces mouvements sont suivis avec intérêt par les agences de publicité elles-mêmes, toujours promptes à récupérer ce qui permet de véhiculer une image de fronde et de liberté. On a vu ainsi apparaître des affiches pré-recouvertes de faux graffiti anti-pub afin de solliciter l'attention.
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La critique selon laquelle la publicité provoque peu à peu des modifications irrationnelles de la vision du monde se voit opposer par eux la critique inverse : modifier la vision du spectateur est également l'ambition normale de tout artiste. Mais comme il est bien souvent répété aux étudiants en école de publicité, la publicité n'est pas un art et le publicitaire n'est pas un artiste.
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Des actions illégales, conduisant à des poursuites et des procès, ont lieu. Il s'agit principalement de la destruction d'affiches et du détournement des messages publicitaires, dans le métro à Paris (à la manière des membres de l'Internationale situationniste dans les années 1960). De telles actions ont également lieu en France à Marseille, Montpellier, Grenoble, Lyon, Clermont-Ferrand et Toulouse, mais aussi en Belgique.
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Le financement des médias par la publicité pose une certaine atteinte à leur indépendance rédactionnelle. Certains annonceurs n'hésitent pas à supprimer ou menacent de supprimer, brutalement, la publicité dans un journal à la suite d'un article trop critique sur leur entreprise[87]. La multiplicité de ces cas et les besoins de financement contraignent les journalistes à une autocensure sur les informations[88].
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En mars 2019, un article dans Le Monde évoque le sexisme à l'œuvre dans le milieu de la publicité[89]. Sur les réseaux sociaux, dans le sillage de BalanceTonPorc, le mot-dièse #MeTooPub circule tandis que certaines agences prennent conscience du problème[90].
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Au début du XXIe siècle, plusieurs localités dans le monde expérimentent des politiques de forte réduction voire de suppression des publicités dans l'espace public.
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Au Brésil, dans la ville de São Paulo, en 2006, le maire de centre-droit Gilberto Kassab fait voter la loi « Ville propre » (Cidade Limpa) interdisant toute publicité dans l'espace public ; les panneaux publicitaires sont démantelés l'année suivante[91]. L'écrivain Roberto Pompeu de Toledo salue alors[92] « Une rare victoire de l’intérêt public sur le privé, de l’ordre sur le désordre, de l’esthétique sur la laideur, de la civilisation sur la barbarie ». Pour rhabiller les nombreuses façades couvertes de publicités qui se trouvent dénudées par la loi, la ville met en place une politique d'aménagement urbain consistant à les décorer à l'aide de graffs, de photographies, de sculptures, etc.[92]. La publicité ne disparaît pas totalement car la loi n'interdit pas la publicité sur le mobilier urbain (les abribus, par exemple), les horloges publiques et le métro, et elle ne concerne que l'affichage fixe, pas l'affichage mobile (des gens portant des panneaux ou vêtements publicitaires, par exemple)[92]. Un sondage réalisé cinq ans après indique que 70% des habitants de la ville approuvent la loi « Ville propre »[91]. Selon Dalton Silvano, ancien publicitaire, conseiller municipal dans la ville et seul opposant durant le vote de la loi, la loi « a eu un effet terrible, aboutissant à la fermeture d’entreprises de l’industrie ainsi qu’au renvoi de milliers de travailleurs, directement ou indirectement impliqués dans ce média », tandis que la ville argue que « les gens qui dépendaient de travail d’affichage ont été formés dans d’autres types de travaux tels que le marché qui a été créé pour répondre aux façades du commerce »[92]. La mise en œuvre de cette mesure devient une vitrine pour la ville. Dans les années suivant la loi, la municipalité est approchée par de nombreuses villes brésiliennes et étrangères désireuses d'informations et de conseils afin de réfléchir à leurs propres projets[92].
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En 2015, plusieurs États des États-Unis interdisaient les panneaux d'affichage publicitaire dans l'espace public : le Vermont, le Maine, Hawaii et l'Alaska[93].
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En France, durant l'été 2009, dans la ville de Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence, le maire socialiste Christophe Castaner ne renouvelle pas les contrats qui la lient avec les publicitaires et remplace les panneaux de publicité par des panneaux associatifs et des panneaux lumineux[94].
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À Grenoble, le 22 novembre 2014, Éric Piolle, maire écologiste de la ville, annonce une première en Europe[95] avec la suppression de tous les panneaux publicitaires de la ville afin de libérer de l'espace public et développer des lieux d'expression citoyenne[96],[97]. La ville annonce également vouloir planter une cinquantaine d'arbres à la place de certains panneaux[94]. La décision est saluée par plusieurs communes et villes, dont Bordeaux, qui réfléchissent à des politiques similaires[94]. La diminution programmée de 620 000 € de recettes fiscales annuelles pour la ville entraîne une vive réaction de l'un de ses opposants politiques, Matthieu Chamussy qui s'en émeut lors de l'émission Récap info sur TéléGrenoble Isère, expliquant alors que cette politique visant à ne plus vouloir travailler avec des acteurs économiques privés, lance un signal fort aux entreprises à ne plus venir s'installer à Grenoble, et font réfléchir certaines qui y travaillent à en partir[98].
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En 2009, la ville de Chennai, en Inde, vote une loi qui interdit l'installation de panneaux d'affichage publicitaire[93].
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La seule cinémathèque au monde destinée à l'archivage des films publicitaires est située en Suisse, dans la commune de Crissier (Vaud). Fondée en 1979, la Cinémathèque Jean Marie Boursicot (du nom de son fondateur) collecte et archive ces films publicitaires dont le premier date de 1898. La collection est estimée approximativement à 950 000 publicités[99]. La Cinémathèque fournit ces publicités à de nombreuses émissions de télévision, à des documentaires et à des étudiants pour leur mémoire[99]. C'est cette collection qui est à l'origine de la Nuit des publivores sus-citée.
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Porto Rico (en espagnol et en anglais : Puerto Rico) est un territoire non incorporé des États-Unis avec un statut de commonwealth. Située dans les Grandes Antilles, l'île est baignée au nord par l'océan Atlantique et au sud par la mer des Caraïbes. Le territoire est constitué de l'île de Porto Rico proprement dite, ainsi que de plusieurs îles plus petites, dont Vieques et Culebra, formant les Îles Vierges espagnoles, et Isla Mona.
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Christophe Colomb nomma l'île « San Juan Bautista », en l'honneur de saint Jean Baptiste alors que le port fut nommé « Ciudad de Puerto Rico » (« cité du port riche »). Finalement, les marchands et marins en sont venus à se référer à l'ensemble de l'île sous le nom de Puerto Rico tandis que San Juan est devenu le nom utilisé pour le port de commerce qui deviendra la capitale de l'île[3].
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« Puerto Rico » est le nom en langue espagnole mais également en anglais américain (« Porto Rico » étant l'ancienne dénomination dans le monde anglophone). Dans les années 2000, le nom espagnol « Puerto Rico » est devenu le seul nom officiel en usage sur l'île pour désigner le territoire. Le nom anglais de « Porto Rico » est en phase d'obsolescence rapide (il est maintenant désuet aux États-Unis). En revanche, Porto Rico reste la dénomination officielle par la France[4].
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Les Portoricains appellent souvent leur île « Boriquén », dérivé de « Borikén », son nom indigène taïno qui signifie « Terre du vaillant seigneur »[5],[6],[7]. Les noms « boricua » et « borincano » dérivés respectivement de « Borikén » et « Boriquén » sont communément utilisés pour identifier quelqu'un originaire de Porto Rico. L'île est aussi connue en espagnol sous le nom de « la isla del encanto » (« L'île de l'enchantement »).
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L'histoire de l'archipel de Porto Rico avant l'arrivée de Christophe Colomb est mal connue. Les connaissances actuelles viennent des recherches archéologiques et des premiers témoignages espagnols. Le premier livre approfondi sur l'histoire du Porto Rico a été écrit par Fray Íñigo Abbad y Lasierra (en) en 1786, 293 ans après que les premiers Espagnols sont arrivés sur l'île.
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Les premiers habitants dont on ait une trace étaient des Ortoiroides[8], pêcheurs et chasseurs, ils avaient développé une poterie primitive mais pas l'agriculture, on les classe dans la période archaïque. Les Archaïques venaient de Floride. En 1990, une fouille archéologique dans l'île de Vieques fit la découverte de ce qu'on pense être un homme archaïque (appelé homme Puerto Ferro), daté environ à 2000 av. J.-C.
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Entre 120 et 400, les Igneris (en) (saladoïdes), une tribu de la région sud-américaine d'Orinoco, arrivèrent. Tribu d'Arawaks, les Igneris étaient une civilisation plus avancée que celle des Archaïques. Entre le IVe siècle et Xe siècle, les Archaïques et les Igneris coexistèrent (et peut-être s'opposèrent)[9].
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Entre le VIe siècle et le XIe siècle, une autre tribu d'Arawak arriva. La culture des Taïnos se développa sur l'île, et vers l'an 1000, ils étaient devenus dominants. Les Taïnos avaient développé l'agriculture cependant ils ne connaissaient pas la poterie.
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Pour le monde occidental, Porto Rico fut découverte par Christophe Colomb[10], lors de son second voyage, et la baptisa « San Juan Bautista », en l'honneur de Jean, Prince des Asturies (1478-1497), fils de Ferdinand II d'Aragon et d'Isabelle Ire de Castille. Il en prit possession au nom de la Couronne de Castille, le 19 novembre 1493 en débarquant sur la plage de l'actuelle ville d'Aguadilla[11].
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La colonisation de l'île par les Espagnols ne commença néanmoins qu'en 1508. Elle inaugura une ère qui devait se prolonger jusqu'à la fin du XVIIIe siècle et pendant laquelle l'île fut soumise aux règles des politiques mercantilistes des autorités espagnoles qui ne laissèrent aux habitants de l'île que peu d'occasions d'accumuler le capital qui aurait permis de la développer.
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L'île était habitée par des Amérindiens Taïnos qui furent bientôt réduits en esclavage et décimés par les dures conditions de travail imposées par l'occupant, ainsi que par les maladies européennes contractées au contact des Espagnols. Des esclaves africains remplacèrent les Taïnos. Porto Rico devint un bastion et un port important pour l'empire espagnol.
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Au XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle l'emphase coloniale était sur les territoires plus prospères du continent américain.
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Après la rapide indépendance des États d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale dans la première partie du XIXe siècle, Porto Rico et Cuba devinrent les seuls restes du grand empire espagnol d'Amérique.
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À la suite de réformes, la population augmenta et l'économie s'améliora. Mais en 1868, la pauvreté et l'aliénation politique avec l'Espagne menèrent à un petit mais significatif soul��vement connu sous le nom de Grito de Lares.
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L'Espagne n'abolit l'esclavage à Porto Rico qu'en 1873. En réalité, les esclaves doivent passer un contrat de trois ans avec leurs maîtres qui seraient indemnisés sous le contrôle d'une assemblée de notables et de propriétaires. Les affranchis n'entraient en possession de leurs droits qu'au bout de cinq ans.
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Porto Rico était un territoire d'outre-mer de la Couronne espagnole depuis l'arrivée de Christophe Colomb en 1493 jusqu'à la promulgation de la Charte autonome de Porto Rico en 1897, province espagnole de 1897 jusqu'à la guerre hispano-américaine de 1898.
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Quatre siècles d'administration espagnole ont donné naissance à une culture latino-américaine, la langue espagnole et le catholicisme étant ses éléments les plus distinctifs.
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Le 25 juillet 1898, pendant la guerre hispano-américaine, Porto Rico fut envahie par les États-Unis après un débarquement à Guánica.
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Le 10 décembre 1898, le traité de Paris, signé entre les États-Unis d'Amérique et l'Espagne, est ratifié par le Sénat américain après un débat houleux. En échange de 20 millions de dollars, l'Espagne cède ses dernières possessions d'Amérique latine — Cuba et Porto Rico — ainsi que les Philippines.
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En 1945, Luis Muñoz Marin gagne les premières élections démocratiques de l'histoire de Porto Rico, et en 1952, il aide Porto Rico à obtenir une autonomie partielle vis-à-vis des États-Unis.
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En 1963, le radiotélescope d'Arecibo est inauguré. Avec son miroir sphérique de plus de 300 mètres de diamètre encastré dans le paysage karstique de la région d'Arecibo, il fut le plus grand radiotélescope du monde jusque dans les années 2010 et la construction du Radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture (FAST) en Chine. À son inauguration, un message fut envoyé vers l'espace à destination d'éventuelles civilisations extraterrestres.
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En juillet 2000 et juin 2007, le Comité spécial de la décolonisation de l'ONU a demandé aux États-Unis de permettre « d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance » ainsi que la restitution des terres occupées par les bases militaires de Vieques et de Ceiba[12].
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En 2005, à la suite de l'assassinat du leader indépendantiste Filiberto Ojeda Ríos, la situation se crispe de nouveau, malgré les annonces de George W. Bush.
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Le 1er mai 2006, les États-Unis interrompent le système de prêts à Porto Rico rendant impossible le paiement des salaires des fonctionnaires. À la suite de ces événements, l'ONU, via le Comité spécial de la décolonisation, décide de délibérer sur la situation portoricaine le 12 juin suivant.
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Le 29 avril 2010, la Chambre des représentants des États-Unis permet, par un vote de 223 voix contre 169, un processus formel d'autodétermination pour l'île. Le 6 novembre 2012, le gouverneur de Porto Rico organise un référendum en deux questions demandant aux Portoricains de proroger jusqu'en 2020 le statut actuel d'« État libre associé » ou commonwealth[13] et de choisir la forme future de l'administration de l'île au-delà de cette date. La volonté de changer de statut avant 2020 est approuvée à 53 % des suffrages et la volonté de devenir un État des États-Unis reçoit le soutien de 65 % des votes[14].
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En août 2015, Porto Rico en difficulté économique récurrente depuis la crise économique de 2008, fait un défaut de paiement sur sa dette, après un non-paiement d'une tranche de 58 millions de dollars de sa dette qui s'élève au total à 73 milliards de dollars[15]. Le mois suivant, l'administration de l'île met en avant un plan de réduction des dépenses publiques de 72 milliards de dollars sur 5 ans, avec une diminution des subventions aux subdivisions locales, une hausse de la TVA et une réduction de la masse salariale publique[16].
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En 2017, un référendum non contraignant sur le statut de Porto Rico a lieu, alors que le territoire, toujours lourdement endetté, subit une politique d'austérité[17]. Le rattachement aux États-Unis est choisi par 97 % des votants portoricains, mais le référendum est largement boycotté : le taux de participation est de 22,7 %[18].
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L'île est frappée en septembre 2017 par l'ouragan Maria. Longtemps minoré par les autorités, le nombre de morts s’est finalement élevé entre plus de 3 000 et 4 600[19]. Il aura fallu un an avant que le gouverneur Ricardo Rossello lance une enquête sur le bilan des victimes, d’abord officiellement évalué à quelques dizaines. La justice ordonne par ailleurs l'arrestation de six responsables accusés d'avoir détourné quinze millions de dollars de fonds fédéraux destinés à la reconstruction[20].
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Porto Rico est déclarée en banqueroute en mai 2017. La politique d'austérité instaurée par les autorités entraine la fermeture de centaines d'écoles. Parallèlement, des responsables politiques ont été accusés de corruption. La ministre de l’Éducation et la directrice de la Sécurité sociale sont arrêtées pour corruption et fraudes aux marchés publics[19].
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En mai 2020, la gouverneure Wanda Vázquez annonce un référendum en novembre 2020 pour décider si Porto Rico doit devenir un État américain.[21].
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État libre, mais associé aux États-Unis, Porto Rico n'est pas membre de l'Organisation des nations unies (ONU) ni de la plupart des organisations internationales.
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Les Portoricains ne paient pas d’impôts fédéraux, mais ils contribuent à la Sécurité sociale, au système Medicare et paient les taxes à l’import et à l’export, ainsi que les impôts locaux[20].
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Les habitants de Porto Rico ont la nationalité américaine depuis la signature du Jones–Shafroth Act (en) par Woodrow Wilson le 2 mars 1917, mais n'ont pas le droit de vote à l'élection présidentielle américaine. Paradoxalement, ils peuvent voter pour la désignation des candidats démocrates et républicains à cette élection lors des primaires. Ainsi, Hillary Clinton y remporta un de ses derniers succès électoraux lors des primaires de 2008. Ils élisent un seul membre du Congrès (qui n'a pas le droit de vote) à la Chambre des représentants des États-Unis (mais aucun au Sénat où seuls les États américains sont représentés).
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Selon un sondage publié dans The New York Times en 2019, seuls 54 % des Américains savent que les habitants de Porto Rico sont des citoyens américains[20].
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Le pouvoir exécutif est détenu par le gouverneur, élu au suffrage universel pour quatre ans, qui dirige l'administration du territoire.
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Le pouvoir législatif s'incarne dans l'Assemblée législative, législature bicamérale composée du Sénat, comprenant 30 membres, et de la Chambre des représentants, formée de 51 membres.
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La vie politique est marquée par un bipartisme entre le Parti populaire démocrate (PPD), proche des démocrates et le Nouveau Parti progressiste (PNP), proche des républicains.
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D'autres formations politiques existent comme le Parti indépendantiste portoricain (PIP), le Parti communiste (PCP) et le Parti du peuple travailleur (PPT).
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L'île est divisée administrativement en 78 communes, il n'y a pas d'autres divisions administratives, mais il existe une division politique-législative de 8 districts sénatoriaux (San Juan, Bayamón, Arecibo, Mayagüez-Aguadilla, Ponce, Guayama, Humacao et Carolina) et 40 districts représentatifs.
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Les plus grandes villes sont :
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Porto Rico est un archipel situé dans les Caraïbes, entre la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique. L'île principale, qui a donné son nom à l'archipel, se situe à 60 km à l’ouest de l'île Saint Thomas, aux îles Vierges, et à 114 km à l’est de la République dominicaine. L’île de Porto Rico est la plus petite et la plus orientale des îles des grandes Antilles (après Cuba, Saint-Domingue et la Jamaïque). Outre Porto Rico, les autres îles de l'archipel sont Vieques, Culebra, à l'est de l'île principale, Isla Mona, à l'ouest, et quelques îles secondaires. Seules Porto Rico, Vieques et Culebra sont habitées de manière permanente. Le nord de l'archipel forme aussi l'angle méridional du triangle des Bermudes.
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Plusieurs sites de l'île font l'objet d'une protection de la faune et de la flore :
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Depuis les années 1980, 98 % des insectes ont disparu à Porto Rico[22].
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De par sa situation géographique, Porto Rico est particulièrement touchée par la crise climatique. Les températures moyennes au XXe siècle ont augmenté en moyenne de 2 degrés. Les changements climatiques sont particulièrement visibles en raison de la forte augmentation de la fréquence des vagues de chaleur extrêmes, ce qui a des effets négatifs sur la flore et la faune[23].
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Les conditions économiques à Porto Rico se sont temporairement améliorées depuis la Grande Dépression en raison de l'investissement externe dans des activités onéreuses telles que les produits pharmaceutiques et la technologie de produits pétrochimiques. Après avoir été les bénéficiaires du régime fiscal spécial du gouvernement des États-Unis, des industries locales doivent concurrencer ceux des régions économiquement plus pauvres du monde où les salaires ne sont pas soumis à la législation de salaire minimum des États-Unis. Ces dernières années, des usines contrôlées par des capitaux internationaux ont été délocalisées vers des pays à plus faibles coûts salariaux, en Amérique latine et en Asie. Porto Rico est soumise aux lois du commerce et à des restrictions des États-Unis. Aujourd'hui le PIB par habitant y est de 18 700 USD (2008).[réf. nécessaire]
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Considérée comme la « Grèce des Caraïbes », Porto Rico a une dette d'environ 73 milliards de dollars équivalant à 100 % du PIB[24]. L'allemand Wolfgang Schäuble a répondu au secrétaire américain au Trésor : « échange Grèce contre Porto Rico » lorsque Jacob Lew a fait des remarques sur la gestion de la crise grecque[25]. Le journal La Tribune conclut qu' « une banqueroute de Porto Rico coûtera fort cher aux épargnants américains[26]. »
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En juin 2016, alors que la crise économique (dix années de récession) a été aggravée par un exode massif (-9 % de résidents, -20 % de la population active) de jeunes éduqués, en particulier vers la Floride, et que le Parti républicain critique les élites politiques de l'île qui ont pratiqué un endettement massif pour financer des services publics pléthoriques sans pour autant rendre Porto Rico attractif en termes d'infrastructures et de système éducatif, le Congrès américain adopte une loi lui permettant de renégocier sa dette et d'échapper aux saisies[27]. Le 3 mai 2017, le gouverneur de l'île Ricardo Rosselló annonce avoir demandé à entrer dans une procédure judiciaire de restructuration de dette similaire à une faillite de façon à pouvoir préserver les intérêts du peuple portoricain. La dette de Puerto Rico s'élève à 70 milliards de dollars[28].
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L’émigration corse vers Porto Rico s’inscrit dans un mouvement général d’émigration européenne vers les Amériques au cours du XIXe siècle. À partir de 1815, cette île de la Caraïbe, peu peuplée et possédant de vastes espaces à mettre en valeur, s’ouvrit aux étrangers. L'immigration corse, déjà attestée dans la première moitié du XIXe siècle, se renforça à partir de 1840. À côté des Cap-Corsins, les Balanins s’implantèrent principalement dans l’ouest de Porto Rico. Si certains y ont fait souche, d’autres sont rentrés en Corse. Source: Études caribéennes, 2017[source insuffisante].
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L'espagnol est la première langue officielle de Porto Rico, devant l'anglais[1].
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Selon l'American Community Survey, pour la période 2011-2015, 94,50 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler l'espagnol à la maison, 5,34 % déclare parler l'anglais et 0,16 % une autre langue[31].
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Selon le Pew Research Center, en 2014, 89 % des habitants de Porto Rico sont chrétiens, principalement catholiques (56 %) (en 1898 il y avait plus de 90 % de catholiques) et dans une moindre mesure protestants (33 %). De plus, 2 % en pratiquent une autre et 8 % de la population ne pratiquent aucune religion[32].
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La culture de Porto Rico est le résultat de plusieurs influences indigènes et internationales, principalement taïno, espagnole, africaine et nord-américaine[réf. nécessaire].
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L'île possède un comité national olympique sous le nom de Comité olympique de Porto Rico.
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La joueuse de tennis Mónica Puig, originaire de l'île, a remporté la médaille d'or aux jeux olympiques de Rio en 2016.
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L'île de Porto Rico est une importante destination touristique des Caraïbes, entre autres du fait de son rattachement administratif aux États-Unis ; les formalités d'accès sont les mêmes que pour ceux-ci. De plus, le climat est constant toute l'année avec des températures de l'ordre de 15 à 35 °C.
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La capitale San Juan, fondée en 1521, possède une riche histoire. Elle est le lieu d'attraction principal de l'île, notamment la vieille ville construite par les Espagnols. Elle possède de nombreux bâtiments historiques (forts, églises, etc.) et quelques musées. L'autre grande ville de l'île, Ponce, possède une atmosphère totalement différente, beaucoup moins touristique, mais plus coloniale et plus bourgeoise, industrieuse, notamment en raison de la production historique de canne à sucre dans la région pour la fabrication de rhum (c'est historiquement le siège de Destilería Serrallés (en), la grande distillerie portoricaine).
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Porto Rico est aussi le lieu d'accueil du radiotélescope d'Arecibo.
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Porto Rico possède à l'est une forêt tropicale humide montagneuse préservée par un parc national nommée El Yunque. De nombreux chemins de randonnée sont accessibles à tous, pourvu que l'équipement soit adapté (il tombe en moyenne 6 m d'eau par an sur la forêt). Ce parc est le lieu de prédilection d'un des symboles de l'île, une petite grenouille très bruyante appelée coquí.
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Il existe également des lagunes naturellement bioluminescentes en trois endroits de l'île (Fajardo, Vieques et vers Ponce).
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Les plages de l'île (surtout dans la partie nord-est et dans les îles de Culebra et Vieques) sont très attractives pour différentes activités : plongée, surf...
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L'île est un des berceaux de la civilisation précolombienne taïno. Elle en possède de nombreux vestiges dont les plus remarquables se situent à Tibes (en), près de Ponce, où a été ouvert le Centre cérémonial indigène (en).
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Dans le film West Side Story (1961), des Portoricaines de New York chantaient « Puerto Rico, you ugly island... I'd like to be in America » (« Porto Rico, île hideuse… Je voudrais vivre en Amérique »). Les responsables du tourisme de l'île mettent tout en œuvre pour changer cette représentation.
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Porto Rico, et principalement la ville de San Juan, est desservie par le principal aéroport des Grandes Antilles : l'aéroport international Luis-Muñoz-Marín, qui se trouve sur le territoire de la ville de Carolina. Les compagnies aériennes américaines considèrent Porto Rico comme une « destination internationale », alors que les avions des compagnies portoricaines doivent porter un numéro de registre américain.
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San Juan est, avec Saint-Domingue, l'une des seules villes des Caraïbes à posséder un réseau de métro : le Tren Urbano.
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Porto Rico a pour codes :
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Un pulsar est un objet astronomique produisant un signal périodique allant de l'ordre de la milliseconde à quelques dizaines de secondes. Ce serait une étoile à neutrons tournant très rapidement sur elle-même (période typique de l'ordre de la seconde, voire beaucoup moins pour les pulsars milliseconde) et émettant un fort rayonnement électromagnétique dans la direction de son axe magnétique.
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Attesté dès 1969[1],[2], le substantif[3] masculin[4] pulsar (prononcé en français : /pyl.saʁ/ Écouter) a été emprunté à l'anglais pulsar[3], un mot-valise[5] de même sens[3], créé à partir de la locution pulsating star[2],[4] (proprement « étoile pulsante »[2]), composée de pulsating (« vibrant ») et star (« étoile »).
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Le néologisme a d'abord été attribué à l'astronome et astrophysicien américain Frank Drake qui l'aurait proposé dès avril 1968[6], mais il s'avère qu'il est apparu antérieurement, la première fois dans une interview de l'astronome britannique Antony Hewish parue dans The Daily Telegraph du 5 mars 1968[7].
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Ce mot vient de ce que, lors de leur découverte, ces objets ont dans un premier temps été interprétés comme étant des étoiles variables sujettes à des pulsations très rapides. Cette hypothèse s'est rapidement révélée incorrecte, mais le nom est resté[8].
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L'abréviation PSR est le sigle de l'anglais pulsating source of radio (emission)[9], proprement « source pulsante d'ondes radio »[10].
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L'axe magnétique d'une étoile à neutrons n'étant en général, à l'instar de la Terre, pas parfaitement aligné avec son axe de rotation, la région d'émission correspond à un instant donné à un faisceau, qui balaie au cours du temps un cône du fait de la rotation de l'astre. Un pulsar se signale pour un observateur distant sous la forme d'un signal périodique, la période correspondant à la période de rotation de l'astre. Ce signal est extrêmement stable, car la rotation de l'astre l'est également, toutefois il ralentit très légèrement au cours du temps.
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Les pulsars sont issus de l'explosion d'une étoile massive en fin de vie, phénomène appelé supernova (plus précisément supernova à effondrement de cœur, l'autre classe de supernovas, les supernovas thermonucléaires ne laissant pas derrière elles de résidu compact). Toutes les supernovas à effondrement de cœur ne donnent pas naissance à des pulsars, certaines laissant derrière elles un trou noir. Si une étoile à neutrons a une durée de vie virtuellement infinie, le phénomène d'émission caractéristique d'un pulsar ne se produit en général que pendant quelques millions d'années, après quoi il devient trop faible pour être détectable avec les technologies actuelles.
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Les pulsars ont été découverts de façon quelque peu fortuite, en 1967, par Jocelyn Bell (maintenant Jocelyn Bell-Burnell) et son directeur de thèse Antony Hewish[11],[12]. Dans le laboratoire Cavendish de l'université de Cambridge, ils étudiaient des phénomènes de scintillation réfractive dans le domaine radio et avaient de ce fait besoin d'un appareil mesurant des variations d'un signal radio sur des courtes durées (une fraction de seconde). L'instrument a permis de détecter la variation périodique d'objets qui, considérés, un temps, pour plaisanter, comme des sources de signaux de communication émanant d'une intelligence extraterrestre[13], se sont avérés être des pulsars, le premier d'entre eux portant le nom de PSR B1919+21 (ou CP 1919 à l'époque). Sept ans plus tard, le prix Nobel de physique, le premier prix Nobel récompensant des recherches en astronomie[14], fut attribué à Hewish et à son collaborateur Martin Ryle, pour leurs travaux pionniers dans le domaine de la radioastrophysique[15]. Bien que la Fondation Nobel ait souligné la rôle décisif de Hewish dans la découverte des pulsars, elle n'a pas reconnu Jocelyn Bell comme codécouvreuse du nouvel objet astronomique[14]. Une partie de la communauté des astronomes estimait que Bell n'avait fait que rendre compte, dans son travail de thèse, d'un phénomène qu'elle n'avait pas compris[14]. D'autres scientifiques, dont Fred Hoyle[16], ont manifesté leur indignation devant ce qu'ils considéraient comme une injustice[17],[18].
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La découverte des pulsars a permis le développement important de très nombreuses disciplines de l'astrophysique, depuis les tests de la relativité générale et de la physique de la matière condensée jusqu'à l'étude de la structure de la Voie lactée, en passant bien sûr par les supernovas. L'étude d'un pulsar binaire, le PSR B1913+16, a pour la première fois permis de mettre en évidence la réalité du rayonnement gravitationnel prédit par la relativité générale, et a également été récompensée du prix Nobel de physique (Russell Alan Hulse et Joseph Hooton Taylor, en 1993).
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Du fait que l'émission d'un pulsar est cantonnée à un cône, un grand nombre de pulsars sont inobservables depuis la Terre, car celle-ci ne se trouve pas dans le cône balayé par le faisceau de nombreux pulsars. Néanmoins, plus de 2 000 pulsars sont connus à l'heure actuelle (2007), la quasi-totalité d'entre eux étant situés dans la Voie lactée ou certains de ses amas globulaires, les autres, très peu nombreux, étant situés dans les deux Nuages de Magellan. Même un pulsar aussi énergétique que le pulsar le plus énergétique connu (le pulsar du Crabe, aussi appelé PSR B0531+21) serait a priori indétectable s'il était observé depuis la galaxie d'Andromède (M31), aussi la Voie lactée et les Nuages de Magellan sont-elles les seules galaxies où il semble envisageable d'étudier ces objets avec les technologies actuelles.
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Il existe une grande variété de types de pulsar (pulsars radio, pulsars X, pulsars X anormaux, magnétars, pulsars milliseconde), dont les propriétés dépendent essentiellement de leur âge et de leur environnement.
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Les pulsars ont été découverts en 1967 par Jocelyn Bell et Antony Hewish à Cambridge alors qu'ils utilisaient un radiotélescope pour étudier la scintillation des quasars. Ils trouvèrent un signal très régulier, constitué de courtes impulsions de rayonnement se répétant de façon très régulière (la période de 1,337 301 192 seconde étant ultérieurement mesurée avec une très haute précision). L'aspect très régulier du signal plaidait pour une origine artificielle, mais une origine terrestre était exclue car le temps qu'il prenait pour réapparaitre était un jour sidéral et pas un jour solaire, indiquant une position fixe sur la sphère céleste, chose impossible pour un satellite artificiel.
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Ce nouvel objet fut baptisé CP 1919 pour « Cambridge Pulsar à 19 h 19 min d'ascension droite » et est nommé aujourd'hui PSR B1919+21 pour « Pulsar à 19h19m en ascension droite et +21° de déclinaison ». Jean-Pierre Luminet indique que « lors de la découverte de ces objets extraordinaires, en 1967, certains astronomes ont d’abord cru qu’il s’agissait de signaux artificiels émis par des intelligences extra-terrestres, car la régularité de la pulsation paraissait surnaturelle » : le premier pulsar a ainsi été baptisé « LGM-1 » — et ainsi de suite pour les suivants : LGM-2, etc. — pour Little Green Men-1 (litt. « petits hommes verts-1 »)[20]. Après maintes spéculations, il fut admis que le seul objet naturel qui pourrait être responsable de ce signal était une étoile à neutrons en rotation rapide. Ces objets n'avaient pas encore à l'époque été observés, mais leur existence comme produit de l'explosion d'une étoile massive en fin de vie ne faisait guère de doute. La découverte du pulsar PSR B0531+21 au sein de la nébuleuse du Crabe (M1), résultat de la supernova historique SN 1054 abondamment décrite par les astronomes d'Extrême-Orient (Chine, Japon) acheva de parfaire l'identification entre pulsars et étoiles à neutrons.
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La population de pulsars s'enrichit peu à peu de nouveaux objets, dont certains avaient des propriétés atypiques. Ainsi, le premier pulsar binaire, c'est-à-dire faisant partie d'un système binaire fut découvert en 1974. Il possédait la propriété remarquable de posséder comme compagnon une autre étoile à neutrons, formant avec lui un système binaire en orbite extrêmement serrée, au point que la gravitation universelle ne permet pas d'expliquer les détails de l'orbite du pulsar, révélée par les modulations des temps d'arrivée de l'émission pulsée de ces objets. La précision élevée des mesures a permis aux astronomes de calculer la perte d'énergie orbitale de ce système, que l'on attribue à l'émission d'ondes gravitationnelles. Un système encore plus remarquable fut découvert en 2004, le pulsar double PSR J0737-3039. Ce système est composé de deux étoiles à neutrons, qui sont toutes deux vues comme des pulsars. Ils forment le système avec une étoile à neutron le plus serré connu à ce jour, avec une période orbitale d'environ deux heures. Encore plus remarquable, l'inclinaison de ce système est très basse (le système est quasiment vu dans son plan orbital), au point qu'un phénomène d'éclipse se produit pendant quelques dizaines de secondes lors de la révolution du système. Cette éclipse n'est pas due au masquage du pulsar d'arrière-plan par la surface de celui d'avant-plan, mais au fait que les pulsars sont entourés d'une région fortement magnétisée, la magnétosphère, siège de phénomènes électromagnétiques complexes. Cette magnétosphère est susceptible d'empêcher la propagation du rayonnement issu du pulsar d'arrière-plan, offrant l'opportunité unique d'étudier la structure de la magnétosphère de ces objets.
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Dans les années 1980, on découvrit les pulsars milliseconde, qui, comme leur nom l'indique, possèdent des périodes de quelques millisecondes (typiquement entre 2 et 5). Depuis 1982, le pulsar PSR B1937+21 possédait la fréquence de rotation la plus élevée. Sa fréquence de rotation s'élevait à 642 Hz. Au cours du mois de janvier 2006, une publication a fait état de la détection d'un pulsar baptisé PSR J1748-2446ad (ou Ter5ad pour faire plus court, le pulsar étant situé au sein de l'amas globulaire Terzan 5) et dont la fréquence de rotation s'élève à 716 Hz. La recherche des pulsars à la rotation la plus rapide est d'un intérêt élevé pour l'étude de ces objets. En effet, leur période de rotation maximale est directement liée à leur taille : plus leur taille est petite, plus leur vitesse de rotation maximale peut être élevée, ceci parce que la vitesse de rotation d'un objet est limitée par le fait que la force centrifuge ne peut excéder la force de gravitation, sans quoi l'objet perdrait spontanément la masse située dans ses régions équatoriales. La force centrifuge subie par les régions équatoriales augmente avec la taille de l'objet, alors que sa gravité de surface diminue. Un objet en rotation très rapide est ainsi signe d'un objet intrinsèquement petit, ce qui peut permettre de fixer sa structure interne, une étoile à neutrons très petite étant signe non pas d'un objet peu massif, mais d'un objet très compact.
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Les pulsars sont en général plus facilement observables en radio. Leur détection requiert par contre un certain soin. En effet, la vitesse de propagation des ondes radio est très légèrement inférieure à celle de la lumière du fait de la densité très faible mais non nulle du milieu interstellaire. Les calculs indiquent que cette vitesse de propagation dépend de la longueur d'onde d'observation. En conséquence de quoi, le train de pulses d'un pulsar va arriver décalé d'une fréquence à l'autre, ce que l'on appelle mesure de dispersion. Si l'on observe sur une bande de fréquence trop large, alors le décalage des temps d'arrivée peut devenir supérieur à la période du pulsar, et l'on perd l'émission périodique de celui-ci. Pour détecter un pulsar, il convient donc d'observer des bandes de fréquences très étroites. Le problème est alors que la densité de flux reçue est très faible. En pratique, l'on contourne le problème en observant plusieurs bandes de fréquence et en regardant si l'on arrive à les combiner en un signal périodique une fois supposée la présence de dispersion.
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Le tableau ci-dessous liste les principales opérations dédiées sur l'un des grands radiotélescopes terrestres en vue de détecter des pulsars.
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Les impulsions observées sont produites par un rayonnement issu de l'étoile à neutrons en rotation. Du fait que le rayonnement n'est pas isotrope, la rotation de l'étoile provoque une modulation temporelle de celui-ci. L'interprétation en est que les processus de rayonnement sont liés au champ magnétique de l'étoile à neutrons, et que l'axe du champ magnétique n'est pas aligné avec son axe de rotation. Ainsi, le rayonnement, dont il semble vraisemblablement qu'il soit centré sur les pôles magnétiques de l'étoile, est-il émis à un instant donné sous forme de deux faisceaux dans des directions opposées. Ces deux faisceaux balaient l'espace du fait de la rotation de l'étoile à neutron en décrivant un cône d'une certaine épaisseur.
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La mise en évidence la plus convaincante du scénario ci-dessus provient de ce que l'étoile à neutrons se comporte ainsi comme un dipôle magnétique en rotation. Une telle configuration est amenée à perdre de l'énergie du fait de sa rotation, aussi la période des signaux du pulsar doit-elle s'allonger avec le temps. Ce phénomène de ralentissement des pulsars est en effet observé de façon quasi systématique dans ces objets[42]. De façon plus précise, il est possible de prédire la forme exacte du ralentissement observé des pulsars. D'une part, il est possible de comparer l'âge déduit de l'observation du ralentissement avec l'âge réel du pulsar quand celui-ci est connu (comme pour le pulsar du Crabe), d'autre part, la loi d'évolution temporelle de la période de rotation du pulsar doit dépendre d'un paramètre appelé indice de freinage dont la valeur attendue est 3. Cet indice est malheureusement assez difficile à mesurer (il ne peut être mis en évidence en quelques années que sur des pulsars jeunes), mais la valeur trouvée est souvent relativement proche de 3, quoique presque systématiquement inférieure à cette valeur. La raison de cet écart n'est pas bien connue à l'heure actuelle.
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Le phénomène de ralentissement des pulsars provoque une lente augmentation de la période P d'un pulsar, qui est vu comme étant lentement croissante au cours du temps. Cet accroissement est traditionnellement noté
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P
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{\displaystyle {\dot {P}}}
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(prononcer P point, ou P dot en anglais), la dérivée temporelle d'une quantité physique étant en général notée avec un point surmontant ladite quantité. Le temps caractéristique avec lequel la période augmente est de l'ordre de l'âge du pulsar. Ces objets étant pour la plupart détectables pendant plusieurs millions d'années, le taux d'accroissement de la période d'un pulsar est extrêmement lent. Même si ce taux d'accroissement est relativement facile à mettre en évidence (en quelques heures d'observation seulement), il n'en demeure pas moins que les pulsars peuvent être vus comme des horloges naturelles extraordinairement stables, dont la stabilité à long terme est comparable à celle des meilleures horloges atomiques terrestres.
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Le diagramme P-P point révèle plusieurs types de pulsar.
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Partant d'une période de rotation initiale sans doute très rapide (quelques dizaines de millisecondes, voire quelques millisecondes seulement), les pulsars ralentissent lentement. De temps en temps, on observe de très brusques quoique faibles variations de cette vitesse de rotation, un phénomène appelé glitch. Une interprétation de ce phénomène était que le pulsar devait régulièrement ajuster la forme de sa croûte solide du fait du ralentissement de sa rotation, la croûte devant être de plus en plus sphérique. On parle ainsi de « tremblement d'étoile », bien que le terme de « tremblement de croûte » soit plus opportun (starquake ou crustquake en anglais, par analogie à earthquake qui signifie « tremblement de terre »). Cette interprétation est compatible avec les observations pour certains pulsars, mais se heurte au comportement d'autres pulsars, notamment celui de Vela. Il est aujourd'hui établi qu'au moins pour certains pulsars, le phénomène de glitch est dû à un couplage complexe entre la croûte solide de l'étoile à neutrons et son cœur, qui est superfluide. Un modèle naïf décrit ainsi l'étoile à neutrons comme composée de deux couches, la croûte et le cœur, qui voient leur rotation amenée à se désolidariser brusquement avant que par viscosité les deux se synchronisent à nouveau, à l'instar d'un œuf frais auquel on imprime un mouvement de rotation. La rotation de la coquille de l'œuf, au début très rapide, ralentit à mesure que les forces visqueuse entraînent le jaune et le blanc d'œuf à la même vitesse que la coquille (au départ seule la coquille est en rotation et par conservation du moment cinétique, la rotation d'ensemble de la configuration d'équilibre où tout est en rotation synchrone est plus lente que celle où seule la coquille est en rotation).
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Les pulsars ont été utilisés dans des compositions musicales pour leur aspect métronomique, notamment Le noir de l'étoile de Gérard Grisey[43] (1990).
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La pochette de l'album Unknown Pleasures (1979) du groupe Joy Division[20] représente les ondes du tout premier pulsar découvert (le pulsar CP 1919).
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Les pulsars sont au cœur du jeu de société Pulsar 2849 (2017), de Vladimir Suchy.
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Le puma (Puma concolor), également appelé lion de montagne, ou cougar, est un mammifère carnivore qui appartient à la famille des félidés. C'est un animal solitaire qui vit en Amérique du Nord et du Sud. Difficile à observer, il ressemble à un léopard sans taches, ce qui explique que, par abus de langage, on le désigne parfois également sous le terme de « panthère ». En France, sa présence à l'état sauvage se limite à la Guyane.
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Le pelage du puma est uniforme (concolor signifie « d'une seule couleur »), même si l'on devine parfois des rayures sur ses membres antérieurs[1]. La couleur reste dans les tons fauves et varie du brun roux dans les régions tropicales au gris jaune dans les régions arides. Le dessous du corps est plus clair, allant de la couleur crème au blanc[2]. La longueur des poils dépend du milieu naturel dans lequel l'animal vit : ils sont rudes et courts dans les régions chaudes et longs en régions froides. Les cas d'albinisme sont rares mais les cas de mélanisme sont fréquents[3]. Un unique cas de leucisme (« Puma blanc ») est observé dans les années 2010 à l'état sauvage dans le parc national de Serra dos Órgãos[4].
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Le puma possède une petite tête de forme arrondie munie d'oreilles courtes, rondes et écartées. Le revers de l'oreille est noir. La fourrure du menton est blanchâtre comme celle du museau. La truffe est rose. La couleur des yeux varie du vert au jaune ambré et son champ de vision est très large[5].
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En moyenne, le mâle mesure entre 1 mètre et 2,30 mètres de longueur, le record étant de 2,90 mètres, queue comprise[1]. Celle-ci représente un tiers de la taille de l'animal[6]. La masse du puma est comprise en moyenne entre 53 et 72 kg pour les mâles ; le plus gros individu connu faisait 120 kg[3]. Sa taille varie de 60 à 76 cm au garrot[6],[3]. La femelle est moins grosse (environ 35 à 48 kg[3]) ; le mâle est de 40 à 60 % plus lourd que la femelle[7]. En outre, il existe une variation géographique de la taille : les plus grands spécimens vivent dans les montagnes Rocheuses et en Patagonie tandis que les plus petits évoluent dans les régions proches de l'équateur. Ainsi, les pumas vivant en région tropicale pèsent deux fois moins que les individus du sud du Chili ou du Canada[7].
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La silhouette du puma est fine et musclée et son postérieur est plus haut que sa tête ce qui lui permet de sauter facilement. Sa longue queue (entre 53 et 81 cm[8],[9]), plus foncée à son extrémité, est l'une des caractéristiques du puma. Enfin, il possède quatre doigts munis de griffes longues, pointues et rétractiles. Ses pieds sont larges, ce qui permet d'avancer aisément dans la neige[3]. Les pattes postérieures plus longues que les antérieures - ces premières étant, proportionnellement à la taille, les plus longues de toutes les espèces de félins[7] - sont une adaptation au bond[10].
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Le puma peut courir jusqu'à 72 km/h[11],[12], mais seulement sur de courtes distances. En outre, il peut franchir jusqu'à 12 mètres[13] en longueur, d'un bond à partir d'une position fixe. Enfin, il est capable de faire des bonds atteignant 4 à 5 mètres de haut, sans élan[13]. C'est un animal qui nage bien mais il ne le fait qu'en cas de menace. Pour les besoins de la chasse ou en cas de menace, il est capable de grimper aux arbres et de faire preuve d'une grande agilité.
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Le puma est un animal solitaire. Les mâles et les femelles ne se rencontrent qu'en période d'accouplement (environ deux semaines[14]). L'oestrus dure huit à quatorze jours[15]. Les pumas peuvent se reproduire toute l'année, toutefois, on observe souvent un pic de naissances durant la saison chaude (d'avril à septembre en Amérique du Nord)[15]. Le taux de recrutement est de 1,0 à 1,3 petits par femelle en âge de procréer[15]. La maturité sexuelle est atteinte pour les deux sexes dès l'âge de deux ans, parfois dès vingt mois[15]. Cependant, la première reproduction se produit plus probablement lorsque la femelle a pu s'établir sur un territoire[15].
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Après une gestation d’environ trois mois[16] (entre 88 et 96 jours[8]) la femelle met au monde jusqu'à six petits, généralement deux ou trois[14]. La femelle met bas dans une tanière qui peut être des fourrés, une cavité rocheuse ou encore un arbre creux[17]. Les petits restent avec leur mère jusqu'à leur deuxième année[18],[15]. L'intervalle entre deux naissances est de dix-huit à trente mois[15]. À la naissance, les jeunes pèsent de 600 à 800 grammes[8],[17],[9] et ont un pelage brun jaunâtre avec des points noirs ou marron qui disparaissent vers l'âge de 16 mois. Les chatons ouvrent les yeux à dix jours et mangent de la viande à six semaines[17], mais l'allaitement dure plus de trois mois[16].
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Dans son environnement naturel, un puma vit environ huit à dix ans[8],[17] ; en captivité, sa longévité peut dépasser 25 ans[réf. nécessaire]. Le sex-ratio adulte est généralement de deux femelles pour un mâle. La mortalité naturelle des adultes est inférieure à 5 %[15]. La mortalité causée par la chasse sportive peut être particulièrement élevée pour les mâles adultes et subadultes[15]. La mortalité est probablement plus élevée dans les zones de forts conflits intraspécifiques, comme les populations soumises à la chasse (conflits pour acquérir un territoire plus fréquents du fait de la disparition des individus prélevés) et dans les zones à faibles ressources alimentaires[15].
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Les cris du puma diffèrent selon les circonstances : très aigus ou ressembler à un sifflement en période de rut[19] ; ils peuvent faire aussi penser à un fort ronronnement. Pendant la saison de l'accouplement, les pumas émettent des sortes de miaulements (ou feulements) puissants[14],[6]. Le puma ne rugit pas en raison de l'ossification totale de son appareil hyoïde[16]. Il émet un gémissement aigu pour menacer les intrus osant s'aventurer sur son territoire.
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Les pumas sont carnivores, ils attaquent en général les grands mammifères comme les cerfs ou les élans mais aussi des animaux plus petits si nécessaire, jusqu'à pêcher ou se nourrir d'insectes[17] ou de lézards[9]. En moyenne, un puma d'Amérique du Nord consomme un cerf tous les sept à dix jours, parfois plus pour une femelle avec des petits[5]. Enfin, le puma peut tuer des animaux d'élevage (chevaux, moutons, vaches, chèvres, etc.)[17].
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Les pumas chassent seuls, à l'aube ou au crépuscule, le jour en montagne[9]. Ils traquent leur proie et l'approchent par derrière. Ils tuent leur proie en mordant la base du crâne, brisant le cou de leur victime. Ils peuvent ainsi s'attaquer à des animaux beaucoup plus gros qu'eux. Ils enterrent ensuite la carcasse ou la recouvrent partiellement afin de la protéger quelques jours des charognards avant de revenir pour s'en nourrir. Comme tous les prédateurs, ils changent de proies selon l'abondance de ces dernières. Ainsi sur une zone où l'on avait réintroduit une espèce de mouflon dit mouflon canadien (Ovis canadensis), on a constaté que les pumas ont augmenté leur prédation sur cette espèce alors que les populations de cervidés (leur nourriture préférée) avait diminué[21].
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Les mâles adultes occupent un territoire moyen de 250 km2 environ (de 100 à 1 000 km2)[14], qui est marqué par leur urine, leurs déjections ou des traces de leurs griffes sur les troncs, accompagnées d'un marquage odorant ; comme les autres félins, le puma possède des glandes sudoripares au niveau des pelotes digitales et plantaires. Le territoire des femelles est plus restreint (moins de 100 km2 en général), ce qui implique que le territoire d'un mâle recouvre plusieurs territoires de femelles.
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Des suivis de jeunes couguars par radiotracking dans un habitat relativement fragmenté, en Californie, ont montré qu'ils trouvent assez facilement les corridors biologiques qui leur conviennent et les écoducs leur permettant de traverser une autoroute[22]. La dispersion se fait au moment de l'abandon des petits par la mère en bordure de son domaine vital. Le jeune reste dans un rayon de 300 m à proximité durant 13 à 19 jours et explore ensuite son nouvel environnement dans la direction opposée à celle prise par la mère. L'âge moyen à la dispersion était de 18 mois (extrêmes : 13-21 mois)[22]. Les animaux fréquentent facilement les lisières ville-forêt et les corridors biologiques et écoducs, et semblent apprécier l'absence d'éclairage artificiel direct ou indirect[22], si ce n'est l'absence de pollution lumineuse.
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Le jaguar (Panthera onca) partage son aire de répartition Nord avec l'aire Sud du puma. Les cas de coexistence ne sont pas rares. Les deux espèces ont souvent été étudiées conjointement. Dans les zones tropicales, le puma est plus petit que dans les zones tempérées de son aire de répartition et chasse un plus grand nombre d'espèces, qui sont également de plus petite taille[23]. Le puma subit la concurrence du jaguar qui ne lui laisse que des proies de taille moyenne[17]. La compétition interspécifique avec le jaguar dans les zones tropicales est un facteur probable de ces différences[23],[Note 1]. Dans le parc national Santa Rosa au Costa Rica, il a été observé que les carcasses de proies fraichement tuées par un jaguar (des tortues de mer) sont par la suite visitées par un ou des pumas et jaguars[Note 2],[24]. Le puma est plus fréquemment observé durant la journée, tandis que le jaguar est plus nocturne[24]. Cette observation montre que le jaguar est relativement tolérant envers les autres prédateurs qui visitent les charognes qu'il a tuées[24]. Le jaguar peut s'attaquer aux jeunes pumas[25].
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Le Puma a peu de prédateurs mais en Amérique centrale et Amérique du Sud, il peut être attaqué par le Jaguar et l'Anaconda. En Amérique du Nord, il peut se trouver confronté à un Grizzly ou à une meute de loups.
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Le puma occupe une grande vari��té d'habitat[26]. Il se rencontre dans divers écosystèmes tels que les déserts arides, les zones de broussailles semi-arides, les forêts de conifères, les prairies et savanes inondées et les forêts tropicales humides[26]. Il n'est pas présent dans les régions côtières fortement anthropisées et dans les hautes Andes. Le puma se rencontre jusqu'à 5 800 mètres d'altitude[26].
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Avant la colonisation et l'explosion démographique du territoire, le puma occupait tout le continent américain : de la Colombie-Britannique au Sud de l'Argentine. Le puma est l'animal terrestre qui occupe l'aire la plus étendue du Nouveau Monde, couvrant près de 110 degrés de latitude. Le puma est également le félin le plus répandu après le chat domestique sur le continent américain.
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Le puma est absent des îles (Caraïbes, Antilles), de l'Uruguay ainsi que du Centre et de l'Est de l'Amérique du Nord. Il était autrefois présent dans les forêts du Grand Nord mais il a disparu à la suite de l'extinction des grands ongulés dans cette région[3]. Il a été beaucoup chassé aux XIXe et XXe siècles : on recensait en moyenne 350 pumas tués par an en Colombie-Britannique entre 1910 et 1957[17]. Le puma peut occuper une grande variété d'habitats mais l'extension humaine les a repoussés en montagne, dans une forêt morcelée et considérablement réduite depuis la colonisation européenne, dans les prairies, les déserts et les étendues sauvages du continent américain. On le trouve jusqu'à 5 900 mètres dans la cordillère des Andes[20].
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Le puma est classé en annexe II de la CITES, c'est-à-dire en espèce vulnérable. Les pumas de Floride et d'Amérique centrale appartiennent à l'annexe I et sont menacés d'extinction[27],[14],[3]. La chasse du puma est en général interdite ou réglementée, sauf au Guyana, en Équateur et au Salvador[17]. Les réserves et les parcs naturels tentent de préserver leur habitat (Yosemite, Yellowstone, Río Plátano, Iguazú, etc.). Cependant, certains éleveurs, dont les troupeaux sont menacés, les abattent ou les empoisonnent.
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L'espèce se trouvait autrefois dans presque toute l'Amérique du Nord, sur le territoire des cerfs, sa source de nourriture principale. Il a cependant été victime de la chasse pendant près de deux siècles, sa fourrure étant prisée et sa présence n'étant pas la bienvenue près du bétail. La sous-espèce de l'Est, Puma concolor couguar, qui occuperait actuellement le Sud-Est du Canada (Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse), avait apparemment disparu dès la seconde moitié du XIXe siècle mais une faible population semble encore subsister dans une partie de son aire de répartition historique[28].
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Au Québec, sa population n'a probablement jamais été abondante[29]. Seules quelques centaines d'observations ont été rapportées depuis 1955 : la majorité d'entre elles sont postérieures à 1991, période durant laquelle les mentions de cougar étaient systématiquement recueillies[29]. Les mentions proviennent de la partie méridionale de la province au sud du 50e parallèle, essentiellement dans les régions de l'Abitibi-Témiscamingue, de l'Estrie et du Bas-Saint-Laurent[29]. Cependant, un seul signalement a été confirmé en 1992 lorsqu'un individu a été abattu en Abitibi-Témiscamingue, une analyse génétique a démontré que l'individu provenait d'une sous-espèce présente en Amérique du Sud et il est probable que cet animal se soit échappé d'un parc zoologique ou gardé en captivité[29]. Les principaux facteurs limitatifs de la présence du cougar au Québec seraient sans doute liés aux diverses activités humaines et au morcellement des populations, qui rendrait difficile les rencontres lors de la période d'accouplement[29].
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La présence du cougar fait l'objet d'un suivi au Québec. Un système de collecte des observations (rapports d'observation) et d'analyse de leur qualité est en place dans chaque région par les bureaux de Protection de la Faune du Québec[29]. La présence d'environ huit individus répartis à travers la province est confirmée par les scientifiques[30]. En 2005, le ministère de la faune et des parcs du Québec a officiellement confirmé la présence du puma dans trois régions du Québec : la Capitale-Nationale (Québec), la Gaspésie et le Saguenay–Lac-Saint-Jean. D'autres observations auraient été faites dans le Centre-du-Québec et l'Estrie. Un puma a d'ailleurs été filmé dans un champ de Fortierville en mai 2007, alors qu'un autre a été aperçu et clairement identifié le 1er octobre 2007 à la forêt Montmorency située à environ 70 km au nord de la ville de Québec, près du parc national de la Jacques-Cartier. Un autre a également été observé au printemps 2007 dans le Parc de la Gatineau, dans l'Outaouais[30].
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Un biologiste du Parc national de Forillon en Gaspésie a confirmé que six échantillons de poils de cougar ont été recueillis dans le parc entre 2003 et 2010, dont le dernier en août 2009. Le projet d'observation a ensuite été arrêté puisqu'il ne visait qu'à confirmer la présence. Les tests génétiques ont permis de conclure qu'il s'agissait d'un cougar de l'Est[31]. Cependant, il existe un débat chez les biologistes concernant les dispositifs de prélèvement des échantillons et l'existence même de cougars vivant à l’état sauvage au Québec[32],[33].
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D'abord chassé jusqu'à sa quasi-extinction aux États-Unis, le puma fait un grand retour, avec une population estimée entre 10 000[8] et 30 000 individus dans l'Ouest du pays, principalement dans les montagnes Rocheuses. L'animal est présent dans quatorze États de l'Ouest et en Floride[34]. On estime entre 4 000 et 6 000 le nombre de lions des montagnes en Californie où il est protégé par la loi, entre 4 500 et 5 000 au Colorado ; les couguars de Floride sont estimés à une cinquantaine et constituent la sous-espèce la plus menacée du continent américain. Dans les autres États, sa chasse est légalisée mais soumise à l'autorisation de l'United States Fish and Wildlife Service[34]. Le Texas est le seul État où le puma peut être chassé librement.
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La Panthère de Floride est une population de puma qui était une sous-espèce selon l'ancienne classification (Puma concolor coryi). Autrefois présente dans tout le Sud-Est des États-Unis, elle survit dans le Sud de la Floride. Il ne subsisterait qu’une cinquantaine d'individus[35]. Elle est menacée d'extinction malgré les efforts du groupe de sauvegarde de la Panthère de Floride (The Florida Panther Recovery Team), fondé en 1976. Il y a actuellement un grand effort de la part de l’État de Floride pour sauver ces panthères locales, leur nombre étant en effet en inquiétante diminution : élevage en captivité, préservation du gibier, reproduction artificielle, etc. Néanmoins, la nouvelle classification permet d’envisager une reproduction de préservation par croisement avec d’autres anciennes sous-espèces moins menacées de couguars d’Amérique du Nord, qui sont dans la même lignée phylogénétique, et de parvenir, par sélection, à retrouver les caractères de la Panthère de Floride, avec l’aide d’élevages ou parcs naturels d’autres États.
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Les pumas tentent de reconquérir l'Est du pays, suivant les criques et les cours d'eau, ils ont à présent atteint les États du Missouri et du Michigan. Cette évolution pourrait permettre d'en trouver sur la quasi-totalité du territoire des États-Unis mais, la réintroduction du loup dans les montagnes Rocheuses est une menace pour le puma qui était jusque-là le seul grand prédateur carnivore avec l'ours dans ce territoire. Il y a par exemple environ 25 pumas dans le parc du Yellowstone[36] contre 118 loups[37].
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À cause de l'urbanisation, les pumas se retrouvent de plus en plus fréquemment en contact avec les humains, surtout dans les zones riches en cerfs, leur proie naturelle. Beaucoup de ces félins meurent percutés par des automobiles ou des camions (voir roadkill). Si on a compté des attaques d'animaux domestiques (chats, chiens), ils ne se tournent que très rarement vers le domaine des humains comme source de nourriture. Le 2 mars 2011, le puma de l'est américain est officiellement annoncé par l'USFWS comme étant éteint aux États-Unis[28], mais peut-être était-ce déjà le cas depuis les années 1930. En fait, le statut de cette population en tant que sous-espèce est incertain, et des migrations d'individus de l'ouest de la répartition sont possibles[38],[39].
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Après y avoir été exterminé par la chasse et la destruction de vastes superficies d'habitats naturels, le couguar a été confiné aux États de l'ouest des États-Unis depuis presque un siècle[40]. Il semble lentement recoloniser des zones situées plus à l'Est du pays[40]. Une modélisation écologique publiée en novembre 2015, basée sur plus de 40 années de statistiques populationnelles croisées à des informations sur l'éthologie et l'habitat de l'espèce laisse attendre une réapparition de populations de cougars dans les États du Midwest entre 2015 et 2040[40], à condition qu'il soit suffisamment accepté, ce qui implique selon les chercheurs une approche intégrée de la présence potentielle d'un grand carnivore dans la région.
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Le 2 mars 2011, le puma de l'est américain a été officiellement déclaré espèce éteinte au États-Unis. Ce cougar était sur la liste des espèces menacées depuis 1973 mais sa disparition était suspectée depuis les années 1930[41].
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L'homme impacte la population de puma en raison de la fragmentation ou de la disparition de ses habitats, de la pression de la chasse et du dérangement que subit l'espèce. Les pumas sont très discrets, n'attaquent que très rarement l'homme et dépensent beaucoup d'énergie pour le fuir[42]. Ceci peut arriver quand celui-ci s'aventure dans des zones sauvages ou que l'animal se sent menacé. De 1890 à janvier 2004, on a recensé environ 100 attaques de pumas sur des humains en Amérique du Nord (dont 16 mortelles). Sans doute en raison d'une pression plus forte sur leurs territoires, le phénomène semble s'intensifier avec 53 attaques dans les années 1980 dont neuf mortelles en Amérique du Nord[8].
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Le puma peut être apprivoisé. Inscrit à l'annexe ll de la Convention sur le commerce international des espèces de faunes sauvages, il peut donc être commercialisé avec un permis. Des fermiers en adoptent en Argentine et les laissent en liberté sur l'exploitation, où l'animal se révèle joueur et convivial.
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Les efforts que le cougar fait pour ne pas être aperçu par l'homme ont un coût important en termes d’énergie dépensée, et secondairement aussi en termes de chances de survie[42] ; c'est la conclusion d'une étude récente (2015) basée sur le suivi à distance (grâce à des balises GPS) de 30 couguars dans les montagnes de Californie (de 2008 à 2013). Un logiciel spécial a identifié 208 sites vers lesquels ces couguars retournaient plusieurs fois de suite durant plusieurs jours (ce qui est un indice fort qu'ils avaient attaqué une proie dans ce secteur)[42]. L'étude a montré que dans les zones de ce territoire un peu plus urbanisées (2 à 9 maisons par hectare), les femelles couguars ont tué 36 % de chevreuils de plus par rapport à celles qui vivaient dans des zones pas ou peu habitées, et qu'elles passaient moins de temps à se nourrir sur chaque carcasse, alors qu'une telle différence n'a pas été constatée chez les mâles)[42]. Les auteurs supposent que les femelles doivent dépenser beaucoup plus d'énergie pour à la fois rester discrètes et chasser pour leur progéniture quand elles vivent à proximité de l'homme, et que ceci se paye en termes de « chance de reproduction » (Ainsi, l'une des femelles suivies a perdu trois de ses portées en trois ans, et c'est celle qui vivait dans l'habitat le plus anthropisé[42]).
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Le puma fait partie des félins pouvant attaquer l'être humain. Entre 1890 et 1990, 53 attaques de pumas, dont 10 morts ont été répertoriées aux États-Unis et au Canada. Les deux tiers des attaques portaient sur des enfants jusqu'à neuf ans et tous les décès sont survenus sur des jeunes de moins de treize ans. Plus du tiers des incidents ont eu lieu sur l'île de Vancouver, ce qui est peut-être un cas d'apprentissage de prédation. 40 % des attaques ont lieu en été, ce qui est probablement dû aux sorties en nature plus fréquentes de l'homme en cette période. La majorité des attaques avaient lieu dans le dos de la victime. Bien qu'en forte augmentation sur la période étudiée, les tentatives de prédation reçoivent une couverture médiatique importante en comparaison d'autres prédateurs statistiquement plus dangereux pour l'homme, comme les chiens[43].
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Des lignes directrices ont été proposées pour sa protection et gestion[44], mais dans la nature, comme la plupart des grands carnivores, cet animal est souvent victime de collision avec des véhicules, empoisonnement, ou est mal accepté par les propriétaires de terrain, de gibier ou d'animaux d'élevage[45],[46].
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La phylogenèse est l'étude des fossiles d'un animal afin d'en préciser son apparition et son évolution. Cependant, il existe assez peu de fossiles de félins, et la phylogénie moderne s'appuie essentiellement sur les analyses génétiques (Cf. ADN). Le premier félin daterait d'il y a 11 millions d'années[47]. L’ancêtre commun des lignées Leopardus, Lynx, Puma, Prionailurus et Felis aurait traversé la Béringie et colonisé l’Amérique du Nord il y a environ 8 à 8,5 millions d’années. Des analyses génétiques effectuées en 2006 ont montré que ces lignées ont divergé dans l’ordre de leur citation : le genre Puma est donc la troisième lignée à se différencier[47],[48]. La lignée du Puma a probablement divergé il y a plus de huit millions d'années selon l'horloge moléculaire[48]. Les félins nord-américains ont ensuite envahi l’Amérique du Sud par l’isthme de Panama il y a 3 millions d’années durant le grand échange interaméricain.
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Le puma n'est pas doté d'un os hyoïde élastique et de larges cordes vocales, ce qui ne lui permet pas de rugir[7]. La capacité de rugir grâce à un os hyoïde peu ou pas ossifié est l’hypothèse historique ayant permis de classer les différentes espèces en félins « rugissants » de la sous-famille des panthérinés et les « non-rugissants » de la sous-famille des félinés[49]. Ainsi, le puma est le plus grand des félins de la sous-famille des Felinae et possède des caractéristiques similaires aux grands félins de la sous-famille des Pantherinae[50]. Le Puma fut d’abord considéré comme un membre du genre Felis (Felis concolor). Dès 1834, Jardine propose de classer le puma dans un genre à part[51] : Puma. Le puma a alternativement fait partie du genre Felis puis Puma[52]. Les différentes références taxinomiques s’accordent à présent pour le rattacher au genre Puma, qui a contenu une seule autre espèce : le Jaguarondi (Puma yagouaroundi). Des études ont montré que le puma et le Jaguarondi sont étroitement proches du gu��pard[47],[53]. Anatomiquement, la colonne vertébrale du puma est longue, comme celle du guépard, et lui permet une flexion lombaire étendue par rapport aux autres félins[7]. La nature de cette relation est cependant mal définie : une première hypothèse serait que les lignées du Guépard et du Puma aient divergé en Amérique (Guépard américain) puis que le guépard soit retourné vers l’Ancien Monde[47],[53] ; une autre suggère que le guépard a évolué indépendamment sur l'Afro-Eurasie[54].
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Le Puma d’Amérique du Nord présente un haut niveau de similarité génétique, ce qui suggère que l’espèce actuelle descend d’un petit groupe d’individus. Culver et al. pense que les populations nord-américaines de Puma concolor ont été extirpées durant les extinctions du Pléistocène il y a environ 10 000 ans (Holocène) puis que les populations sud-américaines ont par la suite repeuplé le Nord de l’Amérique[53].
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Jusqu’à la fin des années 1990, de 30[3],[Note 3] à 32[53],[7] sous-espèces différentes ont été validées. Certains auteurs ont même avancé jusqu’à 35 sous-espèces différentes[55]. Les différences majeures entre ses différentes subdivisions de l'espèce étaient la localisation et la taille du corps : la plupart de ces formes ne prenaient pas en compte la variabilité naturelle entre les individus. Une étude génétique effectué en 2000 sur l’ADN mitochondrial a diminué drastiquement le nombre de sous-espèces, passant d’une trentaine à six[53],[52],[56] :
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De nouvelles études menées sur le génome mitochondrial ont réduit le nombre de sous-espèces à deux : Puma concolor concolor (Linné, 1771) présent en Amérique du Sud et Puma concolor cougar (Kerr, 1792) réparti en Amérique du Nord et Centrale[7],[48], et peut-être au nord-ouest des Andes. Les populations nord-américaines se seraient étendues au reste de l'Amérique vers 8 000 avant le présent[48].
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Le mot « puma » [pyma] est dérivé d’un mot quechua introduit en français par l'intermédiaire de l'espagnol. Il est attesté en espagnol depuis 1602[61]. Les Incas les tuaient lorsqu'ils s'attaquaient aux guanacos et aux vigognes[17]. Le terme « couguar » [kuga:ʀ] est orthographié de diverses manières (« couguard » et parfois « cougouar », qui se prononce [kugua:ʀ][62]) au cours du XVIIIe siècle. Au Brésil, les Amérindiens Tupi appelaient l'animal susuarana, déformé ensuite par les Portugais en suçuarana puis cuguacuarana et qui devint au XVIIIe siècle le « couguar » du naturaliste français Buffon. Le mot se serait peu à peu altéré : la cédille est perdue, puis les sons [s] et [c] sont confondus[35],[63],[64].
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Les différents noms et expressions utilisés pour désigner le Puma reflètent la diversité des langues et des cultures du continent américain. Il est inscrit au livre Guinness des records en tant qu’animal ayant le plus grand nombre de dénominations, plus de quarante noms différents juste pour l’anglais, probablement grâce à sa large distribution en Amériques[65]. En français, il existe également de nombreux termes synonymes tels que « tigre rouge », « tigre poltron », « lion d'Amérique », « lion du Chili », « lion des Péruviens »[64]. Au Québec, l'Office québécois de la langue française recommande l'utilisation du terme « cougar »[62] ; les mots « cougouar », « puma », « lion des montagnes » et « lion de montagne » sont moins fréquemment utilisés dans la province canadienne[62].
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Les peuples amérindiens le baptisèrent de façons diverses : il était par exemple « cabcoh » pour les Mayas. Les peuples qui occupaient les rives des Grands Lacs pensaient que sa queue attisait les tempêtes[20] et l'appelaient Erielhonan, ce qui signifie « longue queue ». Le nom du lac Érié dérive de cette appellation[63]. Le félin est discret, il ne chasse qu'à la tombée de la nuit ou au lever du jour : c'est pourquoi il a été aussi surnommé le « chat fantôme » (ghost cat en anglais). Lorsque Christophe Colomb découvrit le puma, il crut que c'était un lion : les Américains l'appellent encore mountain lion, « lion des montagnes ». En anglais, le Puma est également appelé « catamount », « panther », « mountain screamer » et « painter ». Le président américain Theodore Roosevelt le surnommait le « seigneur du meurtre fugitif[66]. »
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Les civilisations précolombiennes vénéraient le puma comme un dieu ou un être surnaturel, à l'instar du jaguar. Dans les Andes, le dieu Viracocha est représenté par le motif du puma sur la porte du Soleil de Tiahuanaco. Pour les Incas, lors des éclipses de Soleil, Inti, dieu du soleil, était dévoré par un monstre céleste assimilé à un puma[67]. Les pumas étaient vus comme les représentants des dieux de la montagne. Lorsque ce phénomène céleste se produisait, les paysans des Andes faisaient là encore un maximum de bruit mais cette fois, pour effrayer le félin. Le nom du lac Titicaca signifie le « lac des pumas de pierre ». Les plans de la ville de Cuzco au Pérou auraient été conçus en reprenant la silhouette du félin[20],[67].
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Les Anasazis lui vouaient un culte. Au Nouveau-Mexique, les Cochites (en) ont sculpté deux pumas en pierre grandeur nature pour un autel et les Zuñis emportaient avec eux des amulettes en pierre représentant le félin[67]. D'autres peuples le chassaient pour s'en nourrir ou pour sa peau. Dans les croyances animistes des peuples d'Amérique du Nord, l'esprit du puma est celui du chef qui s'impose sans utiliser la violence ou la contrainte[63]. Il est un modèle de persévérance et de détermination, car il attend patiemment le passage d'une proie du haut d'un arbre ou d'un rocher. Le puma est un animal très vénéré de la mythologie andine. Il y occupe une place similaire à celle du lion dans le bestiaire occidental.
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Pyongyang (P'yŏngyang, en chosŏn'gŭl : 평양 et en hanja : 平壤 ; littéralement : « La localité calme ») Écouter est la capitale et la plus grande ville de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), fréquemment appelée Corée du Nord. La population officielle du centre-ville est estimée à 2,5 millions d'habitants en 2013, tandis que l'agglomération en rassemble environ 3,3 millions. Sa superficie est de 3 194 km2, soit près de trois fois celle de Los Angeles. Elle constitue le cœur politique, économique et culturel du pays.
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Pyongyang a été fondée dès le Néolithique et porta longtemps le nom de Ryugyŏng (류경). Devenue capitale de la dynastie Koguryŏ au Ve siècle, puis de la dynastie Goryeo au Xe siècle, la ville est l'une des plus importantes de la péninsule coréenne durant le Moyen Âge, avec Séoul et Kaesong. Pyongyang fut marquée par des affrontements répétés avec le Japon, en 1592 et 1593 lors de la guerre Imjin puis lors du conflit sino-japonais de 1894-1895, à l'issue duquel la ville est conquise et occupée jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Bombardée et quasiment rasée durant la guerre de Corée, Pyongyang est rapidement reconstruite avec l'aide de l'Union soviétique et devient la capitale de la Corée du Nord.
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Son urbanisme et son architecture sont profondément marqués par l'idéologie de la dynastie au pouvoir depuis l'indépendance du pays : le style est inspiré de l'architecture stalinienne, avec de grandes avenues, de vastes places telles que la place Kim Il-sung, ainsi que des équipements publics de dimension gigantesque, comme le Grand Théâtre de l'Est de Pyongyang, l'hôtel Ryugyong — un gratte-ciel pyramidal de plus de 300 mètres de haut — ou le stade du Premier-Mai, plus grand stade au monde. La ville compte également un réseau de métro aux stations richement décorées et un monument dédié à l'idéologie communiste nord-coréenne, la Tour du Juche. Cœur économique de la Corée du Nord, Pyongyang accueille enfin plusieurs sites industriels et universitaires, dont l'Usine de cosmétiques nationale, l'Institut de recherche architecturale Paektusan et le Centre de recherche informatique de Corée.
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Pyongyang est traversée par le fleuve Taedong, l'un des principaux cours d'eau du pays. La ville a été séparée de la province du Pyongan du Sud en 1946. Son climat est de type continental humide. Elle a le statut de ville d'administration directe (Chikhalsi, 직할시), au même titre que les neuf gouvernements provinciaux de la RPDC stricto sensu. Réputée extrêmement fermée et difficile d'accès pour les visiteurs étrangers, à l'image du pays, elle organise toutefois quelques manifestations culturelles internationales, telles que le festival international du film de Pyongyang.
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Située dans une plaine, traversée par le fleuve Taedong et à la confluence des rivières Pothong, Japzang et Sunhwa, Pyongyang est bordée de montagnes au nord-est, où sont exploitées des mines d'or et de charbon[2].
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P'yŏngyang a été détachée en 1946 de la province de Pyongan du Sud afin de former une ville administrée directement (chikhalsi). Celle-ci est divisée en 19 arrondissements/cantons municipaux ou districts métropolitains (kuyŏk ou guyŏk ; Hangeul : 구역, Hanja : 區域) et 4 arrondissements administratifs ou districts (kun ou gun ; Hangeul : 군, Hanja : 郡) :
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Pyongyang possède un climat continental humide (Dwa selon la classification de Köppen) avec des hivers secs dont l'impression de froid est renforcée par le vent venu de Sibérie. L'essentiel des précipitations tombe en juillet et en août.
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L'un des nombreux noms historiques de la ville est Ryugyŏng (류경 ; le 柳京), littéralement la « capitale des saules ». En effet, les saules ont toujours été nombreux dans l'histoire de la ville et ont inspiré de nombreux récits poétiques. Aujourd'hui encore, Pyongyang compte nombre de ces arbres. Les larges avenues de Pyongyang séparent ainsi de nombreux parcs, dans une ville qui compte près de 50 m2 d'espaces verts par habitant.
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Les autres noms historiques de la ville incluent Kisŏng, Hwangsŏng, Rangrang, Sŏgyŏng, Sŏdo, Hogyŏng, Changan, etc.
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Sous l'occupation japonaise, Pyongyang a été renommée Heijō, qui est simplement la lecture japonaise du nom (平壌) en caractères chinois.
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Selon la légende, la ville aurait été fondée en 2334 av. J.-C. sous le nom de Wanggŏmsŏng (왕검성 ; 王儉城).
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La mise au jour d'environ 500 tombes dans la région de Pyongyang atteste d'un peuplement humain il y a 5 000 ans. Une petite ville s'est développée au sud de l'île Yanggak il y a près de deux mille ans, sous la dynastie Koguryŏ, dont elle devient la capitale en 427.
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Dans le contexte des affrontements entre les dynasties Tang et Silla d'une part, Koguryŏ d'autre part (aboutissant à la chute de cette dynastie en 668), la ville a été investie par les forces du royaume de Silla en 676.
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À partir du Xe siècle, la ville s'affirme à nouveau comme un des deux principaux centres de la dynastie Goryeo avec la ville de Kaesong. En 1135, la ville est le centre de la révolte Myochong, d'inspiration bouddhiste.
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Sous la dynastie Goryeo, la ville a été rebaptisée Seogyeong (서경 ; 西京 ; « Capitale occidentale »).
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Pyongyang a été le siège de violents affrontements entre les Coréens et les envahisseurs japonais de la guerre Imjin en 1592 et 1593. La population a fortement souffert du conflit sino-japonais de 1894, et une épidémie de choléra a affecté ses habitants en 1895.
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Pyongyang a été la capitale de la province de Pyongan sous la dynastie de Joseon, avant de devenir le chef-lieu de la province du Pyongan du Sud en 1896, à la veille de l'occupation japonaise.
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Le Docteur Philip Jahison observait, en 1939, que la ville s'était peu développée sous l'occupation japonaise de la Corée depuis 1905[3].
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En 1945, après la capitulation japonaise, Pyongyang a été la principale ville de la partie Nord de la Corée où les troupes soviétiques sont demeurées jusqu'en 1948, date à laquelle elle est devenue la capitale provisoire de la République populaire démocratique de Corée lors de la fondation de celle-ci.
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Lors de l'offensive du Commandement des Nations unies en Corée pendant la deuxième phase de la guerre de Corée, la 1re division de cavalerie américaine dirigée par Hobart R. Gay et la 1re division d'infanterie sud-coréenne commandée par Paik Sun-yup prennent la ville après une bataille durant du 17 au 20 octobre 1950. L'intervention de l'Armée des volontaires du peuple chinois entraine la retraite des forces des Nations unies et les forces nord-coréennes reprennent la ville le 5 décembre 1950[4].
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Les 14 et 15 décembre 1950, 700 bombes de 250 kilos contenant du napalm et 175 tonnes de bombes de démolition à retardement, explosant quand les habitants tentaient de venir en aide aux victimes et d’éteindre les incendies, sont déversées sur Pyongyang par les troupes des Nations unies sous commandement américain[5].
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La ville a été intégralement rasée pendant la guerre de Corée par les bombardements. Après la guerre, elle a été rapidement reconstruite, avec l'aide notamment des Soviétiques. Ainsi, l'architecture stalinienne a servi de modèle : larges avenues, places monumentales dont la plus vaste (la place Kim Il-sung) peut accueillir un million de personnes, statues et mosaïques révolutionnaires, arc de triomphe et parcs. Quelques bâtiments, comme le théâtre Moranbong, sont les rares témoins du visage de Pyongyang avant 1950.
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La ville bénéficie d'un statut spécial et ne fait pas partie d'une province. Elle est donc dirigée directement par des institutions qui lui sont propres :
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Pyongyang est un des principaux pôles économiques de la Corée du Nord. Des industries lourdes, notamment chimiques et sidérurgiques, se sont installées dans la banlieue, tout comme la cimenterie avec celle du groupe français Lafarge. Pyongyang abrite également des industries de biens de consommation (en particulier l'usine de cosmétiques de Pyongyang et des usines textiles[7]), ainsi que l'institut de recherche architecturale Paektusan.
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Dans le domaine des nouvelles technologies, le Centre de recherche informatique de Corée a son siège dans la capitale nord-coréenne.
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La ville de Pyongyang dispose de plusieurs universités, dont l'université de technologie Kim Chaek et l'université de science et de technologie de Pyongyang.
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Situé dans la capitale, le cirque de Pyongyang est le plus connu en Corée du Nord et a une réputation internationale.
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Par ailleurs, la capitale nord-coréenne accueille tous les deux ans le Festival international du film de Pyongyang.
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Les curiosités à voir sont les berges du fleuve Taedong, les rues de l'Unification et de Changgwang, la porte du Taedong, la tombe du roi Tongmyong du Koguryo, les forteresses de Pyongyang et de Taesong, les pavillons de Ryongwang et d'Ulmil.
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Le quarantième anniversaire de la fondation de la Fédération internationale de taekwondo, qui regroupe plus de 120 associations nationales dans le monde, a été célébré en 2006 à Pyongyang, en présence notamment de délégations américaines et sud-coréennes[8].
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Pyongyang a été l'une des vingt villes internationales sur le trajet de la flamme olympique pour les Jeux olympiques de Pékin de 2008[9].
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La capitale nord-coréenne accueille des spectacles de masse dans le cadre du festival Arirang, environ tous les deux ans lors des principaux anniversaires de la République populaire démocratique de Corée. Les célébrations regroupent des dizaines de milliers de gymnastes.
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Pyongyang est le principal centre routier et ferroviaire de la Corée du Nord, ainsi que le premier aéroport national et international du pays (Aéroport international de Sunan).
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Inauguré en 1973, le métro de Pyongyang compte deux lignes et dix-sept stations.
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Il est enfoui à 120 mètres sous terre, pouvant ainsi devenir un abri anti-atomique.
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Un accident vasculaire cérébral (AVC), anciennement accident cérébrovasculaire (ACV) et populairement appelé attaque cérébrale, infarctus cérébral ou congestion cérébrale, est un déficit neurologique soudain d'origine vasculaire causé par un infarctus ou une hémorragie au niveau du cerveau[1]. Le terme « accident » souligne l'aspect soudain ou brutal des symptômes, mais dans la plupart des cas les causes de cette affection sont internes (liées à l'âge, l'alimentation ou l'hygiène de vie, notamment).
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Les symptômes varient beaucoup d'un cas à l'autre selon la nature de l'AVC (ischémique ou hémorragique), l'endroit et la taille de la lésion cérébrale : aucun signe remarquable, perte de la motricité, perte de la sensibilité, trouble du langage, perte de la vue, perte de connaissance, décès.
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Les symptômes sont brutaux : ils apparaissent en quelques secondes. Ils peuvent disparaître assez rapidement ; s'ils disparaissent dans l'heure on parle d'AIT[2], s'ils perdurent plus d'une heure on parle d'AIC[3]. En cas de survie, le processus de récupération (encore mal compris) passe par une phase de récupération spontanée durant de quelques semaines à quelques mois, suivie d'une période d'évolution plus lente, de plusieurs années.
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Dans les pays occidentaux — Europe, États-Unis, etc. — un individu sur 200 est atteint d'un accident vasculaire cérébral chaque année. En France en 2019, on dénombre chaque année plus de 140 000 nouveaux cas d’accidents vasculaires cérébraux, soit un toutes les quatre minutes selon l'INSERM[4]. 80 % de ces cas sont des ischémies et 20 % des hémorragies.
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La probabilité d'AVC ischémique augmente avec l'âge, tandis que la probabilité de faire un AVC hémorragique est indépendante de l'âge[réf. nécessaire].
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L'AVC est la première cause de handicap physique de l'adulte et la deuxième cause de décès dans la plupart des pays occidentaux[5].
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Au Canada, il était appelé Accident cérébrovasculaire (ACV) mais le sigle AVC est actuellement employé.
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L'apoplexie ou attaque d'apoplexie est un terme ancien et plus général, désignant en fait l'effet visible de l'accident vasculaire cérébral, incluant une perte de connaissance, avec arrêt partiel ou complet des fonctions cérébrales, ou une attaque provoquant la perte de conscience ou la mort soudaine du patient (apoplexie foudroyante). Dans certains ouvrages médicaux, l'appellation « ictus apoplectique » est utilisée[6].
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L'accident vasculaire cérébral peut être
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Il existe deux types d'AVC[7] :
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Les AVC sont donc classés en accidents ischémiques et en accidents hémorragiques.
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Les accidents ischémiques sont dus à l'occlusion d'une artère cérébrale ou à destination cérébrale (carotides internes ou vertébrales). Le cerveau est donc partiellement privé d'oxygène et de glucose. Cette occlusion entraîne un infarctus cérébral (appelé également ramollissement cérébral). Le mécanisme de cette occlusion est le plus souvent soit un athérome obstructif, soit un caillot (de formation locale ou par embolie, dans ce cas, le plus souvent d'origine cardiaque); L'embolie cérébrale représente environ 30 % des cas[8]. Cependant d'autres causes peuvent exister : déchirure de la paroi de l'artère (dissection), compression par une tumeur. Le déficit concerne un territoire bien défini du cerveau : il est dit systématisé.
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Le ramollissement cérébral d'origine ischémique peut se compliquer secondairement d'un saignement au niveau de la lésion : il est alors question de ramollissement hémorragique. La thrombophlébite cérébrale est une occlusion d'une veine cérébrale (et non pas d'une artère). Elle est beaucoup plus rare. La lacune cérébrale est une complication de l'hypertension artérielle et se caractérise par de multiples petites zones concernées par un infarctus cérébral.
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Les accidents hémorragiques sont causés par la rupture d'un vaisseau sanguin, souvent endommagé, ou en mauvais état à l'origine et soumis à une pression sanguine excessive. Ceci est particulièrement vrai lorsque l'hypertension artérielle est présente et en présence d'anomalie de la vascularisation du cerveau du type malformation artério-veineuse ou encore des anévrismes. Le tabagisme et l'alcoolisme sont des facteurs particulièrement fragilisants des vaisseaux sanguins.
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Suivant la localisation du vaisseau, l'hémorragie peut être méningée par rupture d'un anévrisme artériel au sein des espaces sous-arachnoïdiens, intracérébral (dit aussi intraparenchymateux) et peut être associée à une inondation ventriculaire. L'hématome se forme rapidement, donnant des signes neurologiques focaux d'apparition brutale en rapport avec les structures détruites ou comprimées par la lésion. Par ailleurs il se constitue un œdème autour de l'hématome, qui aggrave la compression du cerveau dans la boîte crânienne, entraînant ou aggravant une hypertension intracrânienne (HTIC). L'hématome peut se rompre dans un ventricule cérébral.
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Parfois lors d'accidents hémorragiques il y a aussi une libération d'ions calcium qui induisent un vasospasme brutal à l'origine d'accidents ischémiques. L'hémorragie cérébrale représente environ 20 % des cas[8].
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L'accident vasculaire cérébral est causé par une diminution voire un arrêt brutal du débit sanguin dans les branches du réseau vasculaire en liaison avec le vaisseau (en général une artère) subissant une rupture de sa paroi (cas d'une hémorragie cérébrale) ou un blocage partiel ou total par un caillot (cas d'un infarctus cérébral). Ainsi, les cellules nerveuses alimentées par ces branches sont privées soudainement d'oxygène et de sucres, ce qui provoque en quelques minutes leur détérioration ou leur mort. Chaque minute qui passe voit la destruction de deux millions de neurones[7] en moyenne.
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Dans le cas hémorragique, la diminution est surtout due aussi à une compression des cellules nerveuses par l'hématome résultant du saignement. Il en résulte que des axones de neurones peuvent être sectionnés par déplacement en masse du tissu nerveux[réf. nécessaire]. Les natures ischémique ou hémorragique étant différentes, il en découle que les causes sous-jacentes sont différentes ainsi que les traitements.
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L'accident vasculaire cérébral reste une maladie grave, aux conséquences toujours dramatiques avec un risque de décès de 20 à 30 % au premier mois et la nécessité de placement en institution en raison du handicap chez plus de 10 % des survivants[9]. Le pronostic à moyen et à long terme dépend essentiellement du degré de l'atteinte[10]. Le risque vital se prolonge bien au-delà de la période aiguë puisque la mortalité à un an atteint près de 40 %[11].
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Dans l'ensemble, ces statistiques sont valables pour les pays stables et développés. Parmi les individus faisant un AVC, 80 % avec une origine ischémique et 20 % avec une origine hémorragique (15 % comme hématome intraparenchymateux, 5 % comme hémorragie méningée) sont recensés[1]. L'accident vasculaire cérébral est la seconde cause de mortalité au niveau mondial (la première dans les pays en voie de développement, la seconde dans les pays développés)[12] et la sixième cause, en termes d'années de handicap[13]. Dans le monde, 10,1 millions de personnes étaient victimes d'un AVC en 1990 et 4,7 millions en mourraient chaque année ; en 2010 les chiffres sont passés à 16,8 millions de victimes et 5,9 millions de morts ; les projections en 2030 donnent 23 millions d'AVC, 12 millions de morts et 200 millions de personnes avec des séquelles. 75 % des victimes ont plus de 65 ans et les hommes sont plus exposés que les femmes mais les AVC progressent chez les moins de 65 ans en raison des modes de vie (sédentarité, malnutrition, le facteur du stress est également évoqué)[7]. L'AVC est qualifié de pandémie par l'OMS[réf. nécessaire] dont la projection est la suivante : augmentation de l’incidence des AVC passant de 16 millions en 2005 à 23 millions en 2030 ; augmentation de la mortalité de 5,7 à 12 millions durant la même période[14].
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En France, les AVC sont la troisième cause de décès (après l'infarctus du myocarde et les cancers), responsables d'un décès par an pour 1 000 habitants[1],[3]. Chaque année, ils touchent 150 000 individus, dont 25 % âgées de moins de 65 ans et font environ 30 000 décès[15].
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Selon une étude publiée en 2018, la France serait le pays connaissant la plus faible mortalité liée aux AVC en Europe, avec une moyenne de 30 000 décès annuels pour 150 000 AVC[16].
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L'accident vasculaire cérébral est la première cause de handicap acquis[1] et la seconde cause de démence[17]. 25 % des individus actifs frappés d'un AVC pourront un jour travailler à nouveau[1]. L'âge moyen de survenue est de 68 à 70 ans, mais un AVC peut se produire à tout âge[1] et les jeunes sujets (moins de 45 ans) constituent 10 % des infarctus cérébraux (AVC ischémique seulement)[1]. Ils représentent la majorité des causes d'hémiplégie (paralysie d'un côté) récente. 25 % des victimes d'AVC ont moins de 55 ans ; et après 55 ans, le taux d'incidence est multiplié par deux tous les dix ans[18].
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Le coût correspond à plus de 4 % des dépenses de santé dans les pays développés[19].
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Le taux de létalité (pourcentage de personnes atteintes d'un AVC qui décèdent quelque temps après) est évalué à[1] :
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Ces données ont été actualisées (Luego Fernandez R et al., 2013; Stroke).
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Les facteurs de risque sont classés en trois catégories[20] : majeurs, moyens et faibles ou discutés, en fonction de leur risque relatif (risque de faire un AVC si l'on possède le facteur de risque par rapport au risque en l'absence du facteur de risque) :
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Un état dépressif semble être corrélé avec un risque plus important de survenue d'un accident vasculaire cérébral[24].
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Une étude récente (2018), basée sur l'analyse de plus de 2 millions d'hospitalisations pour AVC ischémique dans 172 villes de Chine, a montré qu'une augmentation transitoire des niveaux de pollution de l'air (PM2.5, SO2, NO2, et CO) augmente le risque d'AVC ischémique, surtout chez les personnes âgées[25]
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Théoriquement, n'importe quel symptôme neurologique peut révéler un AVC. La symptomatologie a un début brutal, focal (c'est-à-dire spécifique d'une région cérébrale) et engendre généralement un déficit.
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La caisse nationale de l'Assurance Maladie aide les personnes à reconnaître un AVC par les signes suivants :
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On peut fréquemment aussi retrouver :
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La symptomatologie dépend de l'artère atteinte et de son territoire de vascularisation.
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Dans le cadre d'une communication au grand public, l'American Stroke Association (ASA) mène une campagne de sensibilisation « « stroke heroes act FAST » (litt. « les héros de l'AVC agissent vite »), FAST étant l'acronyme de « face, arm, speech, time »[28] :
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Au Québec, la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC ont traduit l'outil pour « VITE »[29] :
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Les AVC peuvent aussi se traduire, beaucoup plus rarement, par une crise convulsive ou un état de confusion mentale, apparemment isolés.
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Ces signes peuvent avoir une autre cause, par exemple une tumeur au cerveau, une intoxication, un œdème cérébral ou un traumatisme crânien. Une des caractéristiques des AVC est que ces signes apparaissent de manière soudaine. Ils sont parfois négligés, minimisés lorsqu'ils sont brefs ; dans certains cas, on peut avoir l'impression que la personne est saoule. Dans les cas les plus graves, la victime perd conscience (coma). Quelle que soit la cause de ces signes (AVC ou autre), il s'agit d'une urgence vitale qui doit être traitée le plus rapidement possible. Il importe donc d'avoir une prise en charge médicale immédiate lorsqu'un de ces signes survient, en appelant les urgences médicales. Tout retard dans le traitement peut conduire à des séquelles importantes (paralysie) voire au décès.
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Selon la durée des symptômes, il est défini comme :
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Ils ont un double but :
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Elle permet de voir l'accident vasculaire, de le dater en partie, d'en connaître le mécanisme, d'éliminer d'autres maladies pouvant être responsable de l'accident déficitaire.
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Le scanner crânien est fait, sauf contre-indication, avec injection d'un produit de contraste iodé. Si l'accident est ischémique, il permet de visualiser la topographie, l'étendue et le nombre de lésions. S'il est hémorragique, il en fait le diagnostic.
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L'imagerie par résonance magnétique crânienne, fait également après injection d'un produit de contraste, donne le même type de renseignements mais est plus sensible si l'accident est très récent. Il peut être complété dans la même séance par une angio-IRM permettant de visualiser les grands axes vasculaires extra et intracrâniens.
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En cas d'accident ischémique, plusieurs examens sont faits à la recherche d'une cause !
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Chez le sujet jeune, sans cause évidente, la recherche d'une thrombophilie (état hypercoagulable du sang d'origine congénitale ou acquise) peut être faite.
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Une hospitalisation est nécessaire, idéalement en milieu spécialisé (« Unités de soins intensifs neurologiques » ou Unités Neuro-Vasculaires dont des expériences pilotes dès les années 1950 ont finalement montré dans les années 1980, grâce à des essais thérapeutiques randomisés, des bénéfices réels par rapport à une prise en charge conventionnelle avec un risque de mortalité et de séquelles réduit de 20 % chacun[30]).
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L'oxygénation par masque facial dès le transport en ambulance permettrait de réduire les lésions cérébrales[31].
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Les médicaments thrombolytiques comme l'altéplase, l'urokinase et la streptokinase (ils permettent la dissolution d'un caillot par thrombolyse ou fibrinolyse par voie intraveineuse[32]) sont utilisés en cas d'accident vasculaire cérébral d'origine ischémique qui doit être pris en charge idéalement dans les 90 minutes et au grand maximum moins de 4h30 après les premiers symptômes (notion de « fenêtre d'opportunité thérapeutique ») selon les recommandations des sociétés savantes neurovasculaires[30]. Il permet une récupération complète plus fréquente et diminue la mortalité (augmentation de 30 % de patients guéris ou avec des séquelles minimes)[33]. Cependant, étant donné ses effets indésirables potentiels (notamment les hémorragies intracrâniennes), la marge de manœuvre entre les bénéfices de ce traitement et ses risques est très étroite. De plus le faible délai disponible nécessite une prise en charge spéciale (avec entre autres un neurologue d'astreinte 24h/24 et la possibilité de réaliser une imagerie cérébrale, scanner ou IRM, en urgence pour éliminer un accident hémorragique) (recommandations selon l'échelle de l'AVC du NIH[34]). Dans les cas où l'imagerie démontre une viabilité du tissu cérébral, il peut exister un intérêt à une fibrinolyse tardive, jusqu'à neuf heures après le début des symptômes[35]. La thrombectomie, lorsqu'elle est possible (visualisation d'un thrombus dans un vaisseau à destinée cérébrale) peut constituer une alternative à la fibrinolyse[36] ou compléter cette dernière[37]. Le délai avant thrombectomie a pu être augmenté sur certains patients jusqu'à 24 heures après l'AVC[38],[39],[40].
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Des traitements endovasculaires complémentaires (injection directe du fibrinolytique au niveau du caillot ou dispositifs de retrait de ce dernier) permettent d'avoir un taux de reperfusion meilleur mais sans bénéfice prouvé pour le patient, probablement en raison du délai plus important imposé par la mise en route de ce type d'intervention[41].
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Après un bilan hospitalier, le traitement se confond avec celui de la cause. En aigu, on propose :
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La cérébrolysine est un mélange qui aurait un potentiel protecteur et nourricier pour le cerveau[42]. Il est essentiellement utilisé en Russie, Chine, Europe de l'Est et dans des pays post-soviétiques dans le traitement de l'AVC ischémique aiguë[42] mais son efficacité n'est pas démontré[42].
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Dans tous les cas, un régime plus équilibré[43] ainsi que l'exercice physique[44] permet de réduire le risque de récidive. Une supplémentation en oméga 3 et en acide folique peut être utile[45].
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Le dépistage et la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire sont impératifs dans la prévention primaire ou secondaire. Le traitement d'une hypertension artérielle s'avère être le point le plus important[46]. Certains médicaments antihypertenseurs, comme le périndopril, ont prouvé une diminution significative du risque de récidive[47]. L'arrêt du tabac, l'équilibration d'un diabète ou d'une hypercholestérolémie par le régime ou par des médicaments, sont également nécessaires en prévention secondaire. Toutefois, la prise en charge d'un diabète semble plus efficace sur la réduction des accidents cardiaques que sur la récidive d'un accident vasculaire cérébral[48]. La mise sous statines réduit le risque d'accident cardiaque mais pas celui de la récidive d'accident vasculaire cérébral[49].
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L'aspirine, à petites doses, réduit de près d'un cinquième le risque de survenue d'un nouvel accident[50]. Le dipyridamole (en association avec l'aspirine) et le clopidogrel[51] ont également prouvé une certaine efficacité. La prise d'un antidépresseur de la classe des IRS, du type fluoxetine (Prozac), pourrait apporter une récupération plus rapide et intense[52],[53]
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En cas de fibrillation auriculaire, la prescription de médicaments anti-coagulants de type anti-vitamine K reste indispensable. En plus du dépistage de complications neurologiques (notamment l'œdème cérébral), sont recherchées des infections possibles (poumon, rein).
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À distance de l'épisode aigu, doit être discutée une chirurgie carotidienne s'il existe une sténose carotidienne (endartériectomie).
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La rééducation après un AVC fait partie intégrante du traitement : selon les cas, kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie, régime alimentaire, activités physiques adaptées.
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Cette prise en charge des patients peut se faire par le biais de serious games. Ces jeux thérapeutiques visent à rééduquer le patient de manière plus ludique et motivante que les séances classiques, tout en effectuant les mêmes mouvements[54] :
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L'accompagnement médico-social en cas de séquelles est également une part importante du projet de vie après un accident vasculaire cérébral[59].
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En cas de déficit peu important à modéré, une technique de rééducation très utilisée dans les pays anglo-saxons semble être particulièrement adaptée : la thérapie par contrainte induite[60],[61].
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Chez les patients ayant été victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), la corrélation anatomo-clinique est très fréquente et observable de manière diverse. Dans les AVC de type ischémiques (80 % des AVC), on estime que les troubles persistants pendant plus de 6 mois deviendront définitifs et irréversibles alors que dans les AVC de type hémorragique (20 %) (OMS) une amélioration reste plausible même plusieurs mois, voire plusieurs années après l’atteinte cérébrale.[réf. nécessaire] Les affections cérébrovasculaires vont s’exprimer via divers troubles comportementaux et cognitifs chez le sujet atteint. Ces troubles et leurs manifestations dépendent de la région cérébrale touchée/atteinte et de la gravité de l’atteinte en elle-même. On remarque que les troubles comportementaux sont causés par des atteintes hémisphériques situées à droite.
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Le syndrome frontal (aussi appelé « démence fronto-temporale » (DFT) est une complication fréquente des AVC. Il est défini comme « trouble de la personnalité et du comportement dû à une affection, une lésion ou un dysfonctionnement cérébral » dans les troubles organiques de la personnalité (CIM 10, Chapitre V). Ce syndrome peut être de deux types, inhibé provoquant une hypoactivité générale ou désinhibé, provoquant au contraire une hyperactivité généralisée notamment caractérisée par de l'impulsivité marquée.
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La démence vasculaire est la 2e cause de démence après la maladie d'Alzheimer et représente un risque de 40 % dans le cas de récidive d’AVC. Elle est qualifiée « d’immédiate à l’AVC » (atteinte à la suite de la lésion) autant dans l’apparition même de la démence que dans son expression. Au contraire de la DFT, c’est une démence non soumise à une dégénérescence, souvent causée par une hypertension artérielle cérébrale découlant de l’AVC. Son expression comportementale la plus fréquente et la plus marquée est thymique avec ce que l’on nomme « syndrome athymhormique » impactant majoritairement le plan motivationnel. Les autres symptômes associés sont essentiellement dépressifs. En termes d’imagerie, sur une IRM, on pourra observer une destruction des zones lacunaires (contrairement à la maladie d'Alzheimer).
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De façon récurrente, une lésion hémisphérique droite laisse place à des troubles de types thymiques tels qu’impulsifs, colériques, ou encore le manque de contrôle (en lien avec un trouble de l'inhibition) des émotions (hyper ou hypoémotivité). On parle souvent « d’émoussement affectif ». On peut également retrouver un manque de tolérance et de patience. Des sautes d'humeur sont très récurrents et pathologiques parce que disproportionnés (en termes d’expression)[réf. nécessaire].
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L'amnésie est considérée comme trouble dissociatif de conversion. C’est un trouble de la mémoire pathologique provoqué par un facteur physique comme une rupture d'anévrisme, souvent à la suite d'une atteinte hémisphérique droite. L’amnésie peut être partielle ou totale et de 2 types, antérograde (incapacité à encoder et enregistrer de nouveaux souvenirs) ou rétrograde (incapacité à récupérer des informations en mémoire). Dans le cas des AVC, elle est souvent réversible[réf. nécessaire].
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Les troubles du langage sont dominés par l'aphasie, la dysphasie et la dysarthrie. On retrouve ce genre de troubles surtout dans les cas de lésions de l’hémisphère gauche et ils peuvent toucher autant l’expression (Lésion de l’aire de Broca) que la compréhension langagière (Lésion de l’aire de Wernicke). Ces troubles peuvent provoquer un handicap plus ou moins marqué.
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Les troubles de l’attention et de la concentration sont présents chez 80 % à 90 % des personnes ayant subi un AVC. Ils sont caractérisés par une difficulté à focaliser son attention de manière fixe et durable. Ils entraînent donc à la fois un « effet de déficit » par difficulté de l'encodage de la mémoire et une fatigabilité cognitive et physique[réf. nécessaire].
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fr/4860.html.txt
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@@ -0,0 +1,107 @@
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Le Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) est une espèce de rapaces qui vit en Amérique du Nord. Malgré son nom anglais de Bald Eagle (« aigle chauve ») ou sa dénomination populaire d'« aigle à tête blanche », il ne s'agit pas d'un aigle du genre Aquila mais d'un pygargue du genre Haliaeetus : il s'en distingue par son régime alimentaire, essentiellement composé de poissons, mais aussi par son bec massif et par le fait que ses pattes ne sont pas recouvertes de plumes jusqu'aux serres, l'un des caractères propres aux vrais aigles. Alors que l'aigle vit dans les massifs forestiers et les montagnes, le pygargue préfère les lacs, les rivières et les zones côtières, où il peut trouver sa nourriture. À ce titre, il est parfois nommé « aigle de mer » ou « aigle pêcheur » américain. Subdivisé en deux sous-espèces, il se rencontre sur presque toute la superficie de l'Amérique du Nord, de l'Alaska au nord jusqu'au Mexique au sud tant sur la côte Atlantique que Pacifique. Emblème national des États-Unis, l'espèce a été un temps menacée dans ce pays au XXe siècle.
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Parfois appelé à tort « Aigle royal » (dénomination se rapportant exclusivement à l'espèce Aquila chrysaetos), le Pygargue à tête blanche présente un dimorphisme sexuel car les femelles sont 25 % plus grandes que les mâles[1]. Aussi l'envergure maximale de l'oiseau varie de 168 centimètres pour le mâle à 244 pour la femelle[1]. De même, cette dernière pèse environ 5,8 kilogrammes et le mâle 4,1[2].
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La taille varie également en fonction des régions : les plus petits spécimens vivent en Floride, au sud-est des États-Unis, où l'adulte mâle dépasse rarement les 2,3 kilogrammes pour une envergure de 1,8 mètre. Les pygargues à tête blanche les plus imposants se trouvent en Alaska, où les plus grands pèsent plus de 7,5 kilogrammes pour une envergure de plus de 2,4 mètres[3].
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On reconnaît facilement l'individu adulte à son plumage brun, sa tête et sa queue blanches. Mâle et femelle ne présentent aucune différence de plumage. Les jeunes sont complètement bruns sauf pour les pattes.
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Les yeux et les pattes du Pygargue à tête blanche sont d'un jaune vif, tout comme son bec, crochu[3] et massif. La queue de l'animal est moyennement longue et légèrement en forme de coin. Les pattes sont dépourvues de plumes. Les orteils sont courts et munis de puissantes serres qui permettent de saisir et d'immobiliser les proies, celle qui se trouve à l'arrière du talon étant utilisée pour les transpercer[4].
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Le plumage du jeune est brun avec des taches blanches jusqu'à ce que l'individu atteigne sa maturité sexuelle, vers l'âge de quatre ou cinq ans[1],[4]. Bien qu'ils soient tous deux globalement bruns, l'immature de Pygargue à tête blanche se distingue de l'Aigle royal (également présent en Amérique du Nord) par ses parties inférieures plus largement blanches et aux motifs moins bien définis, son bec plus large, sa tête proéminente, ses pattes dépourvues de plumes et ses ailes larges tenues à plat en vol[5].
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En anglais, le pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) porte le nom de Bald Eagle qui provient du mot piebald désignant un animal bicolore ou pie. Le nom scientifique vient du grec haliaetos repris par le latin (Haliaeetus) qui signifie « aigle de mer ». Leucocephalus veut dire « tête blanche » et vient du grec « λευκος » (leukos = « blanc ») et de « κεφαλη » (kephale= « tête »)[6],[7].
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Le pygargue à tête blanche a été décrit par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), dans son ouvrage Systema Naturae, sous le nom de Falco leucocephalus[8].
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Deux sous-espèces de pygargue à tête blanche sont reconnues[1],[9] :
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Des études ont montré qu'il préfère les étendues d'eau d'une circonférence supérieure à 10 kilomètres[12].
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Ce rapace a besoin de grands arbres (conifères ou feuillus) pour se percher et faire son nid. Il choisit des forêts dont la canopée couvre de 20 à 60 % et se trouvant près d'un point d'eau[12].
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Le pygargue à tête blanche est sensible aux activités humaines et recherche les zones les plus sauvages. Selon les spécialistes, il vit à plus de 1,2 kilomètres des secteurs faiblement peuplés par l'Homme et à plus de 1,8 kilomètres des secteurs urbanisés ou moyennement occupés[12].
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L'aire de répartition naturelle du pygargue à tête blanche couvre la plus grande partie de l'Amérique du Nord, du Mexique au sud, au Canada et à l'Alaska au nord, en passant par les États-Unis. C'est la seule espèce de pygargue présente sur le continent nord-américain. L'oiseau peut vivre dans des milieux naturels très divers, des bayous de Louisiane au désert de Sonora, jusqu'aux forêts du Québec et de la Nouvelle-Angleterre. Ceux qui occupent le nord du continent américain migrent, alors que les autres restent toute l'année sur leur territoire de chasse.
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Les pygargues à tête blanche se rassemblent dans certains secteurs en hiver. Ainsi, de novembre à février, 1 000 à 2 000 oiseaux hivernent à Squamish, à mi-chemin entre Vancouver et Whistler. Ils se nourrissent de saumons dans les rivières Squamish et Cheakamus[13].
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En vol, le pygargue à tête blanche utilise les courants ascendants pour se déplacer. Il peut atteindre facilement les vitesses de 56 kilomètres par heure en vol plané à 70 en vol battu. Il peut voler à environ 50 kilomètres par heure pour attraper un poisson[14]. Dans les régions septentrionales, l'oiseau migre vers les côtes ou vers le Sud au début de l'hiver, lorsque les lacs et les cours d'eau commencent à geler. Il choisit ses routes de migration en fonction des courants, des ascendances et des ressources en nourriture. Il se déplace alors pendant le jour pour profiter des courants produits par la chaleur du soleil[4].
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Le pygargue à tête blanche émet un cri strident ponctué de sortes de grognements. Mais il ne produit pas le cri que l'on peut entendre dans les films, qui utilisent généralement celui de la Buse à queue rousse, pour renforcer l'effet dramatique.
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Sur le littoral nord-ouest du Pacifique, les truites et les saumons composent l'essentiel de son alimentation[15]. Localement, son régime peut toutefois s'écarter substantiellement du schéma général. Ainsi, en Colombie-Britannique, les poissons n'entrent que pour 10 % dans son alimentation, alors que les invertébrés marins en représentent 45 % et les oiseaux 41 %[16]. Dans certaines situations, notamment en hiver, il peut se nourrir de charognes d'ongulés, de baleines ou de poissons. Il lui arrive de prendre sa nourriture dans les campings, sur les aires de pique-nique et dans les décharges. Quand il pêche, il n'entre pas dans l'eau comme le balbuzard pêcheur, mais recherche les poissons morts ou mourants ou des poissons de surface. En plein vol, il tend son cou en avant, puis le rejette en arrière jusqu’à toucher son dos. Il capture poissons volants et anguilles en les retenant à l’aide de ses puissantes serres. Le pygargue à tête blanche peut nager s'il est menacé et il arrive qu'il se noie ou qu'il meure d'hypothermie.
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Il peut aussi se nourrir d'oiseaux comme les grèbes, les pingouins, les mouettes, les canards, les foulques, les aigrettes et les oies ; il peut parfois s'attaquer à des proies plus importantes comme le Grand Héron ou le cygne, mais aussi à des mammifères comme les lapins, les lièvres, les renards, les ratons laveurs, les rats musqués, les loutres de mer et les faons. Sur Protection Island, une très importante colonie d’oiseaux marins de l’État de Washington, les placentas et les cadavres de veaux marins nouveau-nés constituent une ressource alimentaire majeure pour les pygargues[17]. Les reptiles, amphibiens et crustacés (en particulier les crabes) complètent le régime alimentaire du pygargue à tête blanche. Dans les colonies d'oiseaux de mer, il peut exercer sa prédation sur les adultes et les poussins, mais aussi sur les œufs[18].
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Il utilise ses pattes aux serres acérées pour saisir et transporter ses proies. Lorsque la nourriture est insuffisante, le pygargue peut prendre la nourriture à d'autres prédateurs, comme le balbuzard pêcheur[19] ou bien attaquer des animaux comme le coyote, le renard, le vautour ou la corneille. Il peut lui-même être attaqué par l'aigle royal. En principe solitaires, les individus se rassemblent en groupes en hiver là où la nourriture est abondante. C’est notamment le cas pendant la migration des saumons.
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Le pygargue à tête blanche peut se reproduire dès l'âge de quatre ans (quelques cas avec succès à trois ans) mais le plus souvent à partir de cinq ans : il retourne alors souvent à l'endroit où il est né (phénomène de philopatrie).
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La saison de reproduction s'étend d'octobre à avril dans le sud de l'aire de répartition de l'espèce et d'avril à août dans le nord.
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Les couples se reforment chaque année et exécutent une parade nuptiale spectaculaire. Ils s’accrochent tous les deux par les serres en tournoyant en plein ciel, se laissent tomber et se séparent juste avant de toucher le sol[20].
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Les deux partenaires sont fidèles l'un à l'autre tout au long de leur vie. Ce lien cesse lorsque l'un meurt mais aussi si le couple ne peut se reproduire[21].
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Mâle et femelle construisent ensemble le nid, posé sur le sol, accroché à une falaise ou installé sur un buisson ou dans un grand arbre (de préférence un pin dans une grande partie de l'aire de répartition), près d'une étendue d'eau. Le pygargue à tête blanche construit les plus grands nids d'Amérique du Nord : ils peuvent atteindre quatre mètres de hauteur, pour 2,5 mètres de largeur et peser jusqu'à une tonne[1], mais la dépression centrale n'atteint qu'une dizaine de centimètres. On a trouvé en Floride un nid de 6,1 mètres de hauteur, 2,9 mètres de largeur et pesant 2,7 tonnes[22]. Les rapaces peuvent aussi tout simplement ajouter à leur aire déjà installée des matériaux divers : verdures, lambeaux de peau, pelotes de réjection, branches... Le nid peut ainsi être regarni chaque année pendant une très longue période, près de 70 ans, avant de s’effondrer sous son poids.
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La femelle pond généralement deux œufs par an, parfois seulement un ou jusqu'à trois, rarement quatre. Les œufs, d'un blanc terne, mesurent en moyenne 7,3 centimètres sur 5,5 centimètres[14]. Ils peuvent constituer des proies faciles pour les mouettes, les grands corbeaux, pies, les ours noirs et les ratons laveurs. Le temps moyen d'incubation est de 35 jours. Les parents couvent à tour de rôle puis demeurent avec les oisillons, naissant couverts d'un duvet gris pâle, jusqu'à ce qu'ils aient quatre semaines. Le mâle et la femelle se relaient pour s'occuper de leur progéniture, améliorer le nid et chercher de la nourriture. Les oisillons quittent le nid vers l’âge de dix à treize semaines.
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Le pygargue à tête blanche était une espèce commune dans toute l'Amérique du Nord avant d'être menacée par différents facteurs au milieu du XXe siècle. On attribua la fragilisation de la coquille des œufs à l'usage du pesticide DDT[23] et à la biomagnification. Si le DDT n'est pas mortel pour les adultes, il affecte néanmoins le métabolisme de l'oiseau, le rendant stérile ou incapable de produire des œufs viables[24]. Dans les années 1950, il ne restait plus que 412 couples de pygargues à tête blanche aux États-Unis, en dehors de l'Alaska. D'autres facteurs ont réduit la population des pygargues, comme la dégradation de leur milieu naturel. En 1983, une étude américaine établit, à partir de l'analyse de dépouilles, une liste des causes de mortalité du pygargue. Elle désigne la chasse illégale, l'électrocution sur les lignes à haute tension, l'empoisonnement (notamment au plomb et au mercure), les collisions et l'émaciation comme les causes les plus fréquentes[25].
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Le pygargue à tête blanche a d'abord été protégé par le traité sur les oiseaux migrateurs de 1918, d'abord aux États-Unis et au Canada, avant que ce statut soit étendu à toute l'Amérique du Nord. Le Bald Eagle Protection Act de 1940, qui prenait également en compte l'aigle royal, interdisait leur capture à des fins commerciales et leur chasse[26].
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Le pygargue à tête blanche fut déclaré espèce menacée par les États-Unis en 1967[27] ; des amendements à la loi de 1940 furent pris pour renforcer les restrictions commerciales et pour alourdir les peines envers les contrevenants[28]. En 1972, le DDT fut interdit aux États-Unis[29]. En 1989, le DDT fut complètement banni au Canada, après que son usage eut été strictement limité à la fin des années 1970[30].
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Ces mesures eurent pour effet une augmentation du nombre de pygargues. Au début des années 1980, on estimait leur population à 100 000 oiseaux, entre 110 000 et 115 000 en 1992[1], avec une forte concentration en Alaska (40 000 à 50 000 individus) et en Colombie-Britannique (20 000 à 30 000)[1].
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Aujourd'hui, la population s'est stabilisée et le pygargue à tête blanche a été retiré de la liste des espèces en danger par le gouvernement américain. Le 12 juillet 1995, l'United States Fish and Wildlife Service le classait sur la liste des espèces en danger. Le 6 juillet 1999, les spécialistes proposèrent de l'enlever de cette liste[31], ce qui fut fait officiellement le 28 juin 2007. Le pygargue a aussi été classé dans la catégorie « préoccupation mineure » sur la liste rouge de l'UICN[32].
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La population au Québec reste vulnérable même si l'espèce est en légère augmentation. La population y dépasserait cinq cents spécimens dont une centaine sur l'île d'Anticosti et le reste principalement en Outaouais[33].
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Garder un pygargue en captivité est soumis à autorisation aux États-Unis. Seules les institutions publiques à vocation éducative sont autorisées à posséder cet oiseau. Elles montrent des animaux qui ont été blessés et qui ne peuvent survivre dans le milieu naturel. Les pygargues doivent être élevés dans des équipements adaptés et par des personnels expérimentés. Ils ne peuvent en aucun cas être utilisés pour la fauconnerie[34]. En règle générale, le pygargue n'est pas un oiseau facile à dresser du fait de sa nature timide, stressée et imprévisible. Il ne peut pas vivre longtemps en captivité et ne se reproduit pas, même dans les meilleures conditions[35]. Au Canada, une autorisation est aussi nécessaire pour la fauconnerie[36].
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Le pygargue à tête blanche était un oiseau sacré dans plusieurs cultures des Nord-Amérindiens qui utilisaient ses plumes pour les coiffes et les costumes religieux. Les aigles en général étaient considérés comme des messagers spirituels entre les dieux et les êtres humains[37]. Au cours des pow wows, plusieurs danseurs portaient les serres des oiseaux comme marque de prestige. Les plumes étaient employées dans les cérémonies sacrées et dans l'ornementation des vêtements d'apparat. Les Lakotas par exemple donnaient des plumes comme symbole honorifique aux personnes ayant réalisé un exploit. Aujourd'hui, elles peuvent être données à l'issue d'une cérémonie de remise de diplôme universitaire[38].
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Pour les Pawnees, ces oiseaux étaient des symboles de fertilité parce que leurs nids sont aménagés en hauteur et parce qu'ils protègent farouchement leurs petits[39]. Les Kwakwaka'wakw éparpillaient des plumes pour accueillir des invités de marque[40]. Chez les tribus des Grandes Plaines, pendant la danse du Soleil, on émettait des sifflements en soufflant dans un os d'aigle. Aux États-Unis, la loi précise que seuls les membres d'une tribu amérindienne reconnue par le gouvernement fédéral peuvent obtenir des plumes de pygargue à tête blanche ou d'aigle royal pour des usages spirituels et religieux.
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Le pygargue à tête blanche est l'oiseau national des États-Unis. Il est l'un des symboles les plus connus du pays et apparaît sur la plupart des sceaux officiels, y compris sur celui du président américain. Il a été choisi le 20 juin 1782 par le Congrès continental : il est représenté tenant des flèches et une branche d'olivier entre ses serres[41].
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Grand sceau des États-Unis
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Pygargue à tête blanche sur un quarter américain
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Emblème du Département de l'Air Force
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En 1784, après la guerre d'indépendance, le savant et philosophe Benjamin Franklin écrivit de Paris une lettre célèbre à sa fille critiquant ce choix et proposant de remplacer le pygargue par le dindon sauvage qui, selon lui, représentait mieux les qualités américaines[42]. Il estimait en effet que le rapace était un oiseau de mauvaise moralité (a Bird of bad moral character), et trop paresseux pour pêcher lui-même (too lazy to fish for himself), survivant seulement en dérobant les prises du balbuzard. Il préférait le dindon sauvage, qui était à ses yeux un oiseau bien plus respectable (a much more respectable Bird), un peu vaniteux et ridicule mais courageux (a little vain & silly [but] a Bird of Courage)[41].
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Le pygargue à tête blanche apparaît sur plusieurs pièces de monnaie comme le quarter (25 cents), la pièce de 1 dollar et sur plusieurs monnaies commémoratives, ainsi que sur de nombreux timbres d'usage courant.
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Entre 1916 et 1945, le drapeau présidentiel montrait le rapace la tête tournée vers sa gauche, ce qui donna lieu à la légende urbaine : l'oiseau regarderait vers le rameau d'olivier en temps de paix et vers les flèches en temps de guerre[43].
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L'aigle « Sam » a été choisi en 1984 pour devenir la mascotte des Jeux olympiques d'été de Los Angeles. Dessiné par Robert Moore et ses associés des Productions Walt Disney, « Sam » prit une apparence très sympathique et joviale afin de plaire aux enfants.
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Représentation de « Pyguargue à tête blanche » sur timbres postaux
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Pyongyang (P'yŏngyang, en chosŏn'gŭl : 평양 et en hanja : 平壤 ; littéralement : « La localité calme ») Écouter est la capitale et la plus grande ville de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), fréquemment appelée Corée du Nord. La population officielle du centre-ville est estimée à 2,5 millions d'habitants en 2013, tandis que l'agglomération en rassemble environ 3,3 millions. Sa superficie est de 3 194 km2, soit près de trois fois celle de Los Angeles. Elle constitue le cœur politique, économique et culturel du pays.
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Pyongyang a été fondée dès le Néolithique et porta longtemps le nom de Ryugyŏng (류경). Devenue capitale de la dynastie Koguryŏ au Ve siècle, puis de la dynastie Goryeo au Xe siècle, la ville est l'une des plus importantes de la péninsule coréenne durant le Moyen Âge, avec Séoul et Kaesong. Pyongyang fut marquée par des affrontements répétés avec le Japon, en 1592 et 1593 lors de la guerre Imjin puis lors du conflit sino-japonais de 1894-1895, à l'issue duquel la ville est conquise et occupée jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Bombardée et quasiment rasée durant la guerre de Corée, Pyongyang est rapidement reconstruite avec l'aide de l'Union soviétique et devient la capitale de la Corée du Nord.
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Son urbanisme et son architecture sont profondément marqués par l'idéologie de la dynastie au pouvoir depuis l'indépendance du pays : le style est inspiré de l'architecture stalinienne, avec de grandes avenues, de vastes places telles que la place Kim Il-sung, ainsi que des équipements publics de dimension gigantesque, comme le Grand Théâtre de l'Est de Pyongyang, l'hôtel Ryugyong — un gratte-ciel pyramidal de plus de 300 mètres de haut — ou le stade du Premier-Mai, plus grand stade au monde. La ville compte également un réseau de métro aux stations richement décorées et un monument dédié à l'idéologie communiste nord-coréenne, la Tour du Juche. Cœur économique de la Corée du Nord, Pyongyang accueille enfin plusieurs sites industriels et universitaires, dont l'Usine de cosmétiques nationale, l'Institut de recherche architecturale Paektusan et le Centre de recherche informatique de Corée.
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Pyongyang est traversée par le fleuve Taedong, l'un des principaux cours d'eau du pays. La ville a été séparée de la province du Pyongan du Sud en 1946. Son climat est de type continental humide. Elle a le statut de ville d'administration directe (Chikhalsi, 직할시), au même titre que les neuf gouvernements provinciaux de la RPDC stricto sensu. Réputée extrêmement fermée et difficile d'accès pour les visiteurs étrangers, à l'image du pays, elle organise toutefois quelques manifestations culturelles internationales, telles que le festival international du film de Pyongyang.
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Située dans une plaine, traversée par le fleuve Taedong et à la confluence des rivières Pothong, Japzang et Sunhwa, Pyongyang est bordée de montagnes au nord-est, où sont exploitées des mines d'or et de charbon[2].
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P'yŏngyang a été détachée en 1946 de la province de Pyongan du Sud afin de former une ville administrée directement (chikhalsi). Celle-ci est divisée en 19 arrondissements/cantons municipaux ou districts métropolitains (kuyŏk ou guyŏk ; Hangeul : 구역, Hanja : 區域) et 4 arrondissements administratifs ou districts (kun ou gun ; Hangeul : 군, Hanja : 郡) :
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Pyongyang possède un climat continental humide (Dwa selon la classification de Köppen) avec des hivers secs dont l'impression de froid est renforcée par le vent venu de Sibérie. L'essentiel des précipitations tombe en juillet et en août.
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L'un des nombreux noms historiques de la ville est Ryugyŏng (류경 ; le 柳京), littéralement la « capitale des saules ». En effet, les saules ont toujours été nombreux dans l'histoire de la ville et ont inspiré de nombreux récits poétiques. Aujourd'hui encore, Pyongyang compte nombre de ces arbres. Les larges avenues de Pyongyang séparent ainsi de nombreux parcs, dans une ville qui compte près de 50 m2 d'espaces verts par habitant.
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Les autres noms historiques de la ville incluent Kisŏng, Hwangsŏng, Rangrang, Sŏgyŏng, Sŏdo, Hogyŏng, Changan, etc.
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Sous l'occupation japonaise, Pyongyang a été renommée Heijō, qui est simplement la lecture japonaise du nom (平壌) en caractères chinois.
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Selon la légende, la ville aurait été fondée en 2334 av. J.-C. sous le nom de Wanggŏmsŏng (왕검성 ; 王儉城).
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La mise au jour d'environ 500 tombes dans la région de Pyongyang atteste d'un peuplement humain il y a 5 000 ans. Une petite ville s'est développée au sud de l'île Yanggak il y a près de deux mille ans, sous la dynastie Koguryŏ, dont elle devient la capitale en 427.
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Dans le contexte des affrontements entre les dynasties Tang et Silla d'une part, Koguryŏ d'autre part (aboutissant à la chute de cette dynastie en 668), la ville a été investie par les forces du royaume de Silla en 676.
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À partir du Xe siècle, la ville s'affirme à nouveau comme un des deux principaux centres de la dynastie Goryeo avec la ville de Kaesong. En 1135, la ville est le centre de la révolte Myochong, d'inspiration bouddhiste.
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Sous la dynastie Goryeo, la ville a été rebaptisée Seogyeong (서경 ; 西京 ; « Capitale occidentale »).
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Pyongyang a été le siège de violents affrontements entre les Coréens et les envahisseurs japonais de la guerre Imjin en 1592 et 1593. La population a fortement souffert du conflit sino-japonais de 1894, et une épidémie de choléra a affecté ses habitants en 1895.
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Pyongyang a été la capitale de la province de Pyongan sous la dynastie de Joseon, avant de devenir le chef-lieu de la province du Pyongan du Sud en 1896, à la veille de l'occupation japonaise.
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Le Docteur Philip Jahison observait, en 1939, que la ville s'était peu développée sous l'occupation japonaise de la Corée depuis 1905[3].
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En 1945, après la capitulation japonaise, Pyongyang a été la principale ville de la partie Nord de la Corée où les troupes soviétiques sont demeurées jusqu'en 1948, date à laquelle elle est devenue la capitale provisoire de la République populaire démocratique de Corée lors de la fondation de celle-ci.
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Lors de l'offensive du Commandement des Nations unies en Corée pendant la deuxième phase de la guerre de Corée, la 1re division de cavalerie américaine dirigée par Hobart R. Gay et la 1re division d'infanterie sud-coréenne commandée par Paik Sun-yup prennent la ville après une bataille durant du 17 au 20 octobre 1950. L'intervention de l'Armée des volontaires du peuple chinois entraine la retraite des forces des Nations unies et les forces nord-coréennes reprennent la ville le 5 décembre 1950[4].
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Les 14 et 15 décembre 1950, 700 bombes de 250 kilos contenant du napalm et 175 tonnes de bombes de démolition à retardement, explosant quand les habitants tentaient de venir en aide aux victimes et d’éteindre les incendies, sont déversées sur Pyongyang par les troupes des Nations unies sous commandement américain[5].
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La ville a été intégralement rasée pendant la guerre de Corée par les bombardements. Après la guerre, elle a été rapidement reconstruite, avec l'aide notamment des Soviétiques. Ainsi, l'architecture stalinienne a servi de modèle : larges avenues, places monumentales dont la plus vaste (la place Kim Il-sung) peut accueillir un million de personnes, statues et mosaïques révolutionnaires, arc de triomphe et parcs. Quelques bâtiments, comme le théâtre Moranbong, sont les rares témoins du visage de Pyongyang avant 1950.
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La ville bénéficie d'un statut spécial et ne fait pas partie d'une province. Elle est donc dirigée directement par des institutions qui lui sont propres :
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Pyongyang est un des principaux pôles économiques de la Corée du Nord. Des industries lourdes, notamment chimiques et sidérurgiques, se sont installées dans la banlieue, tout comme la cimenterie avec celle du groupe français Lafarge. Pyongyang abrite également des industries de biens de consommation (en particulier l'usine de cosmétiques de Pyongyang et des usines textiles[7]), ainsi que l'institut de recherche architecturale Paektusan.
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Dans le domaine des nouvelles technologies, le Centre de recherche informatique de Corée a son siège dans la capitale nord-coréenne.
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La ville de Pyongyang dispose de plusieurs universités, dont l'université de technologie Kim Chaek et l'université de science et de technologie de Pyongyang.
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Situé dans la capitale, le cirque de Pyongyang est le plus connu en Corée du Nord et a une réputation internationale.
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Par ailleurs, la capitale nord-coréenne accueille tous les deux ans le Festival international du film de Pyongyang.
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Les curiosités à voir sont les berges du fleuve Taedong, les rues de l'Unification et de Changgwang, la porte du Taedong, la tombe du roi Tongmyong du Koguryo, les forteresses de Pyongyang et de Taesong, les pavillons de Ryongwang et d'Ulmil.
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Le quarantième anniversaire de la fondation de la Fédération internationale de taekwondo, qui regroupe plus de 120 associations nationales dans le monde, a été célébré en 2006 à Pyongyang, en présence notamment de délégations américaines et sud-coréennes[8].
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Pyongyang a été l'une des vingt villes internationales sur le trajet de la flamme olympique pour les Jeux olympiques de Pékin de 2008[9].
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La capitale nord-coréenne accueille des spectacles de masse dans le cadre du festival Arirang, environ tous les deux ans lors des principaux anniversaires de la République populaire démocratique de Corée. Les célébrations regroupent des dizaines de milliers de gymnastes.
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Pyongyang est le principal centre routier et ferroviaire de la Corée du Nord, ainsi que le premier aéroport national et international du pays (Aéroport international de Sunan).
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Inauguré en 1973, le métro de Pyongyang compte deux lignes et dix-sept stations.
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Il est enfoui à 120 mètres sous terre, pouvant ainsi devenir un abri anti-atomique.
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Les pyramides d'Égypte, de tous les vestiges monumentaux que nous ont légués les Égyptiens de l'Antiquité, et notamment les trois grandes pyramides de Gizeh, sont à la fois les plus impressionnantes et les plus emblématiques de cette civilisation. Si elle fut, à son origine, destinée au roi, l'idée d'une sépulture pyramidale fut rapidement reprise par les proches du souverain. Khéops semble avoir été le premier à autoriser ses femmes à se faire élever un tel tombeau.
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Tombeaux des rois, des reines et des grands personnages de l'État, dont l'édification remonte pour la grande majorité à l'Ancien Empire, la forme pyramidale de pierre accueille une ou plusieurs chambres internes reliées par des couloirs. La grande pyramide de Gizeh, construite par Khéops, fait partie des Sept Merveilles du monde antique et est classée au patrimoine mondial de l'humanité.
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Le mastaba, construction quasi rectangulaire, était la sépulture des souverains de l'Ancien Empire. Les raisons du passage des mastabas aux pyramides ne sont pas clairement établies, mais on évoque généralement le souhait d'atteindre des hauteurs de plus en plus considérables pour manifester l'importance et la puissance du pharaon défunt. Les premiers mastabas, à étage unique, ont tout d'abord évolué vers des mastabas à deux étages permettant d'accueillir de nouvelles structures funéraires, le second étage étant moins large et moins haut que le premier. Au début de la IIIe dynastie (vers -2700 à -2600), les mastabas sont devenus des pyramides dites à degrés, constituées de plusieurs étages successifs. La première et la plus célèbre de ces pyramides à degrés est la pyramide de Djéser à Saqqarah, dont l'architecte était Imhotep. Imhotep voulut ériger une pyramide à degrés s'élevant tel un escalier gigantesque vers le ciel afin de symboliser l'ascension du défunt du « monde souterrain » vers les « Cieux ».
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L'étape suivante de l'évolution des pyramides à degrés fut l'édification par le roi Snéfrou d'une « pyramide rhomboïdale » sur le site de Dahchour. La pyramide rhomboïdale est une étape intermédiaire entre la pyramide à degrés et la pyramide à faces lisses. La pyramide rhomboïdale est une pyramide dont les faces lisses constituent une pente à sections d'inclinaisons décroissantes en direction du sommet. La non-uniformité de cette pente pourrait s'expliquer par des difficultés architecturales et par l'instabilité de la maçonnerie de la pyramide. Ce type de pyramide est la dernière étape menant au stade ultime de l'évolution des pyramides d'Égypte vers les pyramide à faces lisses de la IVe dynastie (vers -2573 à -2454). Parmi les plus célèbres, on trouve les pyramides des pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos à Gizeh près du Caire.
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Ces pyramides sont suivies par les pyramides à textes des Ve et VIe dynasties, plus petites et fragiles, aujourd'hui en mauvais état de conservation, puis les pyramides de briques de la XIIe dynastie. Malgré un parement en pierre, ces pyramides sont généralement en ruine en raison de la fragilité de la brique et de l'abandon du modèle de macrostructure à noyau et accrétions[1]. Enfin les pharaons de la XXVe dynastie font construire des pyramides nubiennes aussi bien en briques qu'en pierre.
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Il existe donc quatre grandes formes de pyramides :
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Avec la période prédynastique puis la période thinite on assiste à une évolution caractéristique des coutumes funéraires des anciens Égyptiens qui se traduisent pour le personnage le plus puissant du royaume par le creusement d'impressionnantes galeries souterraines accédant au caveau royal et l'édification de monumentales constructions en briques crues signalant dans le désert abydénien l'ultime demeure du roi devenu dieu. Ces structures devinrent de plus en plus complexes tant par leurs dispositions internes qu'externes au cours des IIe et IIIe dynasties. Les pharaons de ces premières lignées développeront davantage cette architecture et les principes qui y présidaient en faisant bâtir de grandes enceintes destinées à servir au culte funéraire du roi qui lui restait enterré à l'écart dans son cénotaphe en dessous d'un monument rappelant le benben, le tertre primordial ou plus probablement la tombe d'Osiris.
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C'est avec Djéser de la IIIe dynastie que l'architecture des tombes royales prend un nouvel élan réunissant en un seul complexe ces deux éléments jusque-là distincts et donnant au monument funéraire une envergure inégalée. Non seulement l'architecture se fait de pierres, ce qui représente une véritable révolution technique, mais la forme pyramidale naît, traduisant le devenir de Pharaon une fois qu'il a rejoint le séjour des dieux, indice d'une révolution théologique. En effet, cette forme choisie va très rapidement devenir l'élément principal du complexe funéraire au point qu'il en qualifie la destination et qu'il s'agira désormais de complexe pyramidal. Tout au long de cet Ancien Empire il apparaît certain au vu des découvertes des textes des pyramides que cette architecture répondait à des codes précis, savamment pensés puis inscrits dans la pierre même des caveaux funéraires afin d'ajouter l'écrit éternel à cet écrin de pierre destiné à assurer l'immortalité d'un roi divin.
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Les pyramides montrent, pour leur époque, le grand savoir des ingénieurs égyptiens capables de faire s'élever de tels monuments avec des moyens très rudimentaires. Les méthodes de construction des pyramides égyptiennes demeurent incertaines. Les données documentaires[3] et archéologiques sur ces chantiers gigantesques restent très fragmentaires, tandis que les théories fleurissent et se multiplient, surtout depuis la fin du XIXe siècle. Des centaines d'ouvrages consacrés à la pyramide de Khéops prétendent avoir enfin réussi à percer le mystère qui entoure sa construction. Les théories se focalisent généralement sur la Grande pyramide, partant du principe qu'une méthode pouvant expliquer sa construction peut également s'appliquer à toutes les autres pyramides d'Égypte. En fait, rien ne permet d'affirmer que les mêmes méthodes aient été appliquées à toutes les pyramides, de tous types, toutes tailles et toutes époques.
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De tout temps, ces gigantesques constructions de pierre ont excité l'imaginaire. La raison principale tient peut-être au fait que rarement dans l'Histoire de l'humanité, les éléments ayant permis leur construction ne se réuniront à nouveau : un pouvoir théocratique tout-puissant, un pays riche et prospère, une main-d'œuvre nombreuse, une administration très développée et un grand savoir empirique. Dans ces conditions, il est plus valorisant pour les civilisations qui contempleront ces « merveilles », de leur attribuer une origine extraordinaire que d'admettre ses propres limites.
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L'égyptologie naissante du XIXe siècle posant plus de questions qu'elle ne pouvait apporter de réponses, des mythes modernes ont vite rempli les trous qu'elle avait laissés. Il faudra de longues années aux égyptologues pour tenter de faire tomber ces mythes, qui, malgré tout, restent encore bien vivaces dans la culture contemporaine. Ce qu'il reste de « mystères » ne sont en fait que des questions n'ayant pas encore de réponses unanimes. On peut citer : l'existence ou non de chambres cachées dans la pyramide de Khéops (avec les « trésors » qu'elles pourraient contenir), le protocole exact de construction des pyramides (si tant est qu'il fut unique), la période exacte de construction, ou encore la symbolique qu'avaient ces monuments aux yeux de leurs bâtisseurs.
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Certains égyptologues (comme Selim Hassan) ou archéo-astronomes (comme Robert Bauval) proposent une théorie selon laquelle il existerait une corrélation entre la position et l'orientation des pyramides de Gizeh et la position des étoiles et notamment de la constellation d'Orion.
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La grande pyramide de Khéops est sans nul doute la pyramide la plus célèbre. Formant une pyramide carrée de 137 m de hauteur (initialement de 146 m, c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome (139 m)), elle fut édifiée il y a plus de 4500 ans, sous la IVe dynastie, au centre d'un vaste complexe funéraire se situant à Gizeh. Elle est la seule des Sept Merveilles du monde de l'Antiquité à avoir survécu.
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Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records, la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Véritable symbole de tout un pays, ce monument est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche. Le tombeau, véritable chef-d'œuvre de l'Ancien Empire, représente la concentration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints en font une pyramide à part qui ne cesse de captiver l'imagination.
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Le classement ci-dessous utilise comme référence la longueur de la base de la pyramide (la hauteur est donnée à titre indicatif) :
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Quelques pyramides souffrant d'un état de délabrement très avancé, échappent encore à la classification :
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Cent vingt trois pyramides (pyramides subsidiaires et provinciales comprises) sont actuellement connues[4]. Les pyramides de plusieurs souverains de l'Ancien Empire n'ont pas encore pu être localisées, notamment celles de Ouserkarê, Mérenrê II et Nitocris. De même des pyramides de reines reposent toujours enfouies sous les sables, comme celle de Ânkhésenpépi Ire par exemple, auxquelles il faut sans doute ajouter quelques pyramides de souverains et reines obscurs de la Première Période intermédiaire et de la Deuxième Période intermédiaire n'ayant laissé aucune trace dans l'histoire.
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L'égyptologue allemand Rainer Stadelmann a décelé les vestiges de trois pyramides, toutes situées à Dahchour, la pyramide A de Dahchour Sud, la pyramide B de Dahchour sud et la pyramide anonyme de Dahchour. Cette dernière, située au sud de la pyramide d'Amenemhat II a malheureusement été très endommagée par la construction d'un pipeline. Les deux pyramides de Dahchour sud n'ont encore fait l'objet d'aucune étude.
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Une étude est effectuée en 2006 par l'équipe allemande du Deutsches Archäologisches Institut. Celle-ci visait à repérer des vestiges dans deux zones vierges de toutes prospections, celles de Saqqarah Sud et de Dahchour Sud (près de Mazghouna). Il en est ressorti que, outre de nombreux monuments divers, des pyramides inachevées devaient reposer sous les sables. L'équipe nomma deux pyramides, pyramide SAK S3 et pyramide SAK S7, situées près de la pyramide inachevée de Saqqarah sud et de la pyramide de Khendjer, ainsi que pyramide DAS 53, près de la pyramide nord de Mazghouna. Aucune fouille n'est actuellement programmée pour mettre au jour l'un ou l'autre de ces monuments.
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En 2013, une équipe belge découvre la pyramide de Khay à Louxor[5].
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« Tu ne t'éteindras pas, tu ne finiras pas. Ton nom durera auprès des hommes. Ton nom viendra à être auprès des dieux. » Cette promesse de vie éternelle adressée à Pépi Ier et gravée sur les parois de son appartement funéraire appartient à un des plus anciens recueils de textes de l'humanité. Il est probable que ces incantations, qui aidaient le souverain à renaître dans l'au-delà, furent récitées par les prêtres jusqu'à la Ve dynastie. Si quelques hiéroglyphes ornaient les monuments funéraires de Djéser, c'est à partir d'Ounas, dernier roi de la Ve dynastie, que les textes des pyramides sont gravés dans les appartements funéraires royaux. En les faisant graver sur les parois de leur tombeau, les rois se les appropriaient et surtout s'affranchissaient de l'influence des ecclésiastiques. Les textes comportaient aussi des formules qui assuraient au défunt la force nécessaire à son ultime voyage. Des formules magiques étaient censées protéger la sépulture contre les intrusions extérieures. Disposé en longues colonnes, le texte est tracé à l'aide de poudre de malachite, ce qui lui donne une teinte verte, symbole de renaissance à l'instar des jeunes pousses qui se dressent sur le limon après les crues du Nil. Mais à la fin de l'Ancien Empire, les pyramides royales en perdent l'exclusivité et dès la Première Période intermédiaire, les particuliers s'approprient des brides du texte qu'ils font inscrire à l'intérieur de leur sarcophage. Ces textes des sarcophages sont repris en partie dans le livre des morts. Inscrit sur papyrus, le texte sera alors déposé dans la tombe du défunt durant toute la Basse époque.
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L'étude des pyramides a produit une quantité d'ouvrages dont voici une liste non exhaustive :
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La pyramide de Khéops ou grande pyramide de Gizeh est un monument construit par les Égyptiens de l'Antiquité, formant une pyramide à base carrée. Tombeau présumé du pharaon Khéops, elle fut édifiée il y a plus de 4 500 ans, sous la IVe dynastie[1], au centre du complexe funéraire de Khéops se situant à Gizeh en Égypte. Elle est la plus grande des pyramides de Gizeh.
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Elle était considérée dans l'Antiquité comme la première des Sept Merveilles du monde. Seule des Sept Merveilles du monde à avoir survécu jusqu'à nos jours, elle est également la plus ancienne. Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records : la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Ce monument phare de l'Égypte antique est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche.
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La grande pyramide, chef-d'œuvre de l'Ancien Empire de l'architecte Hémiounou, est la consécration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser, à Saqqarah. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints pour sa construction en font une pyramide à part qui ne cesse de questionner la recherche.
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Ce monument forme une pyramide à base carrée de 440 coudées royales anciennes, soit environ 230,5 mètres. Les valeurs empiriques d'aujourd'hui sont : au sud de 230,384 m, au nord 230,329 m, à l'ouest 230,407 m, à l'est 230,334 m, soit une erreur pour obtenir un carré parfait de seulement 12 secondes d'arc sur l'angle formé par ses diagonales[2].
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La pyramide construite sur un socle rocheux avait une hauteur initiale d'environ 146,58 m (280 coudées royales égyptiennes), c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome de 139 m, mais l'érosion l'a réduite de 9,58 m (environ dix-huit coudées royales) pour atteindre 137 m de hauteur[3]. Elle détient le record du monument le plus haut du monde jusqu'en 1311, année qui voit l'érection de la cathédrale de Lincoln dont la flèche atteint 160 m de hauteur[4]. Elle fait un périmètre de 922 m, une surface de 53 056 m2 et un volume originel de 2 592 341 m3 (aujourd'hui 2 352 000 m3)[4].
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L'estimation traditionnelle du nombre de blocs de pierres qui composent la pyramide est de 2,3 millions mais le calcul des égyptologues va de 600 000[5] à quatre millions[6]. La pyramide pèse près de cinq millions de tonnes. Le volume de matériau entassé (corps et revêtement) s'élevait à 2,5 millions de m3 ; aujourd'hui, il n'en reste qu'environ 2,34 millions[7].
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Les premières assises de la pyramide sont faites directement dans la roche naturelle du plateau de Gizeh. D'après une étude géologique et géomorphologique de 2008, le volume minimum de ce substrat est estimé à 23 % du volume total[8].
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Le parement ou revêtement était composé de pierres calcaires blanchâtres soigneusement jointoyées et polies qui renvoyaient les rayons du soleil, lui donnant l'aspect d'une véritable colline de lumière (ce qui explique qu'elle eut pour nom Akouit « la brillante », mais elle fut plutôt appelée Akhet Khoufou, « L'horizon de Khéops »[9]) et soulignant sa géométrie par un jeu d'ombre et de lumière[10]. Contrairement à la pyramide de Khéphren, elle n'a pas gardé dans sa partie supérieure son revêtement de calcaire mais il subsiste quelques blocs au niveau de la base de la face Nord. Le nucléus est constitué de blocs de calcaire plus ou moins équarris de moins bonne qualité que ceux du parement, les premiers étant issus d'une carrière à 400 m de la pyramide, les seconds de la carrière de Tourah. Les deux premières assises, ainsi que la maçonnerie de la grande galerie et des appartements funéraires sont construites en blocs de granit rose d'Assouan. Les blocs qui sont aujourd'hui visibles à l'extérieur sont noircis par la pollution et souvent cachés par la brume[11].
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Chaque bloc de pierre calcaire a un volume de 1,10 m3 et pèse en moyenne 2,5 t, ce qui fait pour la pyramide (en négligeant le poids des 130 blocs de granite) une masse totale de 5 000 000 t[3].
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Des vestiges d'une enceinte à redans, située à dix mètres autour de la pyramide, sont présents autour du monument. Ces redans sont des parties saines conservées du socle rocheux qui ont permis de diminuer le nombre de blocs à mettre en œuvre lors de la construction[12].
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La pyramide de Khéops fait partie d'un complexe plus large, constitué :
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La grande pyramide de Khéops a bénéficié, pour sa construction, des développements et des innovations techniques des pyramides de son père Snéfrou à Dahchour. Elle ne semble avoir subi aucun changement de plans à l'extérieur. Ce point est par contre sujet à discussions en ce qui concerne l'intérieur du monument. Deux écoles s'affrontent : il y a les partisans d'un projet unique et les partisans de trois projets successifs[14]. Il semble que l'architecte en fut le vizir Hémiounou.
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L'entrée de la pyramide (1), située sur la face nord de la pyramide à une hauteur de 15,63 mètres[15], est surplombée par un système de décharge avec voûtes et linteaux monolithiques. Sa fonction est de protéger le couloir descendant de la masse située au-dessus. Cependant les dimensions de cette voûte semblent disproportionnées quand on considère les charges relativement faibles en cet endroit. Avait-elle une fonction plus symbolique[note 2] ?
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Cette entrée aurait été fermée au moyen d'une pierre mobile, ce qui confirmerait les indications de l'auteur antique Strabon. Ce type de dispositif de fermeture était déjà connu à Dahchour[16].
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On accède aujourd'hui aux infrastructures intérieures par la percée qu'effectua le corps expéditionnaire du calife Al-Mamoun, en 820, dans l'espoir d'y trouver un trésor (2). Le revêtement lisse de la pyramide était encore en place à cette époque et masquait le dispositif de fermeture antique[note 3], et les membres de l'expédition cherchèrent longtemps avant de trouver un endroit où la pierre sonnait creux. L'ouverture fut creusée quelques mètres sous la véritable entrée et débouche sur le couloir ascendant, juste derrière les blocs bouchant le passage (3). Les salles arbitrairement dénommées « chambre du roi » et « chambre de la reine » furent trouvées vides de tout trésor, et le coffre en granit ne renfermait pas de momie, selon le récit de l'expédition de 820. C'est dans une chambre de décharge au-dessus de la chambre du roi que l'égyptologue Vyse découvre en 1837 les seules inscriptions de la pyramide, le cartouche du roi Khéops, plusieurs fois tracé en rouge sur les blocs de pierre, si bien que le coffre est traditionnellement considéré comme le sarcophage ayant abrité la momie de Khéops[17]. La théorie de Gilles Dormion considère qu'il s'agit d'une chambre fausse destinée à tromper les voleurs[18].
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Le plan de la pyramide de Khéops est composé de trois niveaux principaux.
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Le couloir descendant (4) , incliné de 26°26'46" — soit une pente de 50% — et long de 105 mètres[15], aboutit à un couloir horizontal long de 8,90 mètres[15] menant à la chambre souterraine (5). Cette dernière, ainsi qu'une grande partie de la descenderie, a été creusée dans la roche naturelle et demeure inachevée. Dans le mur sud fut ébauché un corridor de seize mètres[15] de long ne débouchant sur rien. Un décaissement fut pratiqué dans le sol de la chambre. Les ingénieurs John Shae Perring et Howard Vyse y pratiquèrent en 1837[19], un puits profond de 11,60 mètres, lequel, espérèrent-ils, les conduirait jusqu'à la chambre sépulcrale. Leurs pensées étaient alors inspirées par le voyageur grec Hérodote selon qui le corps de Khéops reposait sur une île, entourée d'un canal et située en dessous de l'actuelle chambre souterraine. Leurs recherches ne menèrent à rien.
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L'aspect inachevé de la chambre souterraine semble prouver qu'elle constitue un premier projet abandonné, l'architecte ayant opté ensuite pour un aménagement dans la maçonnerie de la pyramide[20].
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La percée d'Al-Mamoun mène directement dans le couloir ascendant. Ce dernier fut aménagé par l'architecte de la grande pyramide dans l'appareillage de pierre existant, en perçant le plafond de la descenderie à 25 mètres de l'entrée[21]. Ce couloir est constitué de pierres placées en lits horizontaux sur plusieurs mètres. Il se prolonge ensuite avec une maçonnerie appareillée jusqu'à son extrémité. Trois blocs ceintures sont placés à intervalles réguliers dont la destination était très probablement d'accueillir des herses de fermeture[22]. Or, cette option a dû être rejetée pendant la construction, l'architecte ayant opté pour la mise en place de trois blocs bouchons de granite (3), blocs demeurant toujours aujourd'hui en bas du couloir ascendant.
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L'embranchement a la particularité d'offrir un accès à chaque niveau de la pyramide : tout d'abord à la descenderie, par un boyau reliant le bas de la grande galerie (9) à la grotte (12) et creusé à même la maçonnerie par les constructeurs, ensuite à la chambre de la reine (7), par un couloir horizontal (8), et enfin à la chambre du roi (10), en empruntant la grande galerie (9).
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Un boyau, reliant le bas de la descenderie à la surface au niveau du rocher naturel traversant une grotte naturelle (12) sans aucune forme construite. Il permettait l'évacuation des débris produits par les travaux dans la chambre souterraine. Ce puits fut rendu inopérant dès la pose des premières assises de pierres mais remis en fonction et accessible depuis l'embranchement quand la construction été fort bien entamée[23].
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Le couloir menant à la chambre de la reine (8) est appareillé dans une maçonnerie de belles pierres calcaires. Des particularités figurent sur ses murs tels que des faux joints et des joints anormalement croisés. Il y eut de nombreuses tentatives d'investigation (forages, mesures micro-gravimétriques) afin de déceler des couloirs secrets mais celles-ci furent sans succès[24].
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Le « ScanPyramids Big Void » (le grand vide) qui se trouve à environ quarante mètres de la chambre de la reine mesure au moins trente mètres de long et a des caractéristiques similaires aux galeries. Il a été dévoilé le jeudi 2 novembre 2017 après un scan de la pyramide de Khéops dans le cadre du projet Scanpyramids[25],[26].
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On accède à la « chambre de la reine » (7) (qui, en réalité, n'a jamais été destinée à une reine mais fut nommée ainsi par les explorateurs arabes). Cette chambre de base carrée[27], placée dans l'axe est-ouest de la pyramide, possède une couverture en voûte avec pierres disposées en chevrons. Une niche, protégée par une voûte en encorbellement, fut aménagée dans le mur est de la chambre. Une percée dans cette niche soulève aujourd'hui de nombreux débats. L'égyptologue Gilles Dormion a remarqué que cette sape s'avère être un boyau maçonné de cinq mètres (donc prévu par les constructeurs) prolongé par une sape de voleur de dix mètres[28]. La fonction de cette niche est toujours inconnue.
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Comme la « chambre du roi » cette pièce était munie de deux conduits dits de « ventilation » aménagés dans ses murs nord et sud. Ils étaient masqués par des dalles de fermeture qui ont été découvertes au XIXe siècle lors des explorations approfondies du monument[29].
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Ces conduits ont fait l'objet de plusieurs campagnes d'exploration dont la première en 1993 a été baptisée le projet Upuaut[note 4].
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Vue axonométrique de la chambre de la reine (7).
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La niche dans le mur est de la chambre de la reine.
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Le couloir à l'entrée de la chambre de la reine (1910).
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Entrée de la chambre de la reine (1910).
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La niche dans la chambre de la reine (1910).
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Un canal de ventilation de la chambre de la reine (1910).
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L'accès au couloir ascendant (1910).
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L'accès au couloir ascendant (à gauche, les blocs bouchons).
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La herse de granite (1910).
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Intérieur de la grotte (1910).
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Plan de la grotte (1910).
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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La grande galerie (9) est l'élément architectural le plus impressionnant et le plus élaboré de l'Ancien Empire. D'une longueur de 47,80 mètres et d'une hauteur de 8,60 mètres par rapport à la verticale, la galerie est inclinée de 26°10'16"[30]. Elle est surmontée d'un plafond plat sans voûte, mais les assises sont des saillies en encorbellement sur quatre faces (technique héritée de la pyramide rouge ayant les saillies en encorbellement que sur deux faces et de la pyramide rhomboïdale à Dahchour . Une marche à l'extrémité supérieure de cette galerie donne sur une antichambre (11) menant à la chambre du roi (10). Cette antichambre comportait un système de fermeture avec herses obstruant le passage mais aujourd'hui disparues[note 5].
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La « chambre du roi » est un magnifique ouvrage de granit[note 6] de 10,47 mètres sur 5,23 mètres (soit vingt coudées sur dix coudées) et d'une hauteur de 5,84 mètres[31]. La chambre est surmontée par une imposante couverture de blocs de granit répartis sur cinq niveaux[31], le dernier niveau étant surmonté d'une voûte de décharge avec pierres disposées en chevrons[31],[32]. C'est dans cet espace que fut trouvée la seule inscription permettant d'attribuer, avec certitude, cette pyramide à Khéops. Le toit de cette couverture s'élève à plus de vingt mètres du sol de la chambre. Un coffre en granit, vide et sans couvercle, est disposé à l'ouest de la salle[31]. Comme dans la « chambre de la reine », deux conduits de ventilation (10) s'élèvent depuis la « chambre du roi » vers les faces nord et sud de la pyramide[31],[note 7]. La fonction de ces conduits d'aération fait l'objet de débats[33] : ventilation ? Corridor symbolique pour conduire l'âme du roi (incarnation du pharaon en dieu Rê pour le puits nord, en dieu Horus pour le puits sud) ?
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Au fond de la chambre, à l'ouest, la cuve en granit (haute d'un mètre, longue de 2,30 m et large de 0,89 m[34]) posée sur le sol présente des traces de scie et une brèche à un angle, probablement l'œuvre de pilleurs de tombes qui ont tout emporté alors que le couvercle, jamais découvert, devait être encore en place (les rebords du sarcophage montrent un dispositif d'encastrement qui est la preuve de l'existence de ce couvercle). Il est possible que ce sarcophage ne soit qu'un cénotaphe, un tombeau érigé en mémoire du pharaon mais non destiné à recevoir son corps, ou que Khéops soit mort dans une bataille sans que les prêtres aient pu récupérer son cadavre afin de lui rendre les derniers devoirs[35].
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Plan de l'embranchement au bas de la grande galerie (1910).
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Plan de l'embranchement au bas de la grande galerie (1910).
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Accès au boyau (1910).
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Accès au boyau (1910).
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Embranchement, vue de la grande galerie vers le couloir ascendant.
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La grande galerie (1910).
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Vue axonométrique de la chambre du roi.
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La chambre du roi et le coffre en granit.
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Intérieur de l'antichambre vers la chambre du roi (1910).
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Canal de « ventilation » sud de la chambre du roi (1910).
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Bien que nombre d'auteurs arabes aient relaté la découverte du corps du pharaon accompagné de son trésor funéraire, les contradictions que l'on peut relever dans ces différents récits sèment le doute sur la véracité de ces témoignages souvent réalisés des siècles plus tard. Cette incertitude, ainsi que la réputation d'inviolabilité de la grande pyramide, incitent de nombreux archéologues et historiens à rechercher la chambre funéraire qu'ils supposent toujours cachée dans la masse du monument. Cette recherche s'est accentuée ces vingt dernières années, aidée en cela par les nouvelles technologies de mesure et de détection.
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Une étude lancée en novembre 2015 a permis d'établir la carte thermique de la pyramide, réalisée dans le cadre de la mission Scanpyramids[36],[37]. Celle-ci avance l'hypothèse de l'existence d'une niche encore inconnue à une centaine de mètres de hauteur, sur l’arête nord-est. Le 2 novembre 2017, l'équipe de la mission publie un article dans la revue Nature qui fait état de la découverte d'un nouveau vide au cœur de la pyramide de Khéops[38]. Grâce à l'étude des muons, particules élémentaires venant de la haute-atmosphère ayant la capacité de traverser la matière mais ralentissant au fur et à mesure. Les capteurs doivent être placés sous la zone à étudier et ensuite comparer la quantité de muons. S'ils constatent un surplus à un endroit, c'est que les muons ont traversé moins de matière, donc du vide[39]. Cette cavité, baptisée « ScanPyramids Big Void », a une longueur minimale de trente mètres[40]. L'existence de cette cavité a été confirmée par trois différentes techniques de détection de muons, via trois instituts distincts : l'université de Nagoya, le laboratoire de recherche sur les particules japonais KEK ainsi que le CEA français.
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Edme François Jomard, pendant l'expédition militaire en Égypte menée par Bonaparte, a étudié la Grande pyramide et a fait avec d'autres savants de l'expédition des mesures de la base au niveau du rocher, de la hauteur revêtue, de la hauteur des triangles composant les quatre faces de la pyramide[41]. À partir des écrits d'Achille Tatius, les savants soupçonnaient que les dimensions de la pyramide étaient en rapport avec une ancienne mesure de la Terre faite par les Égyptiens, mais sans autre preuve. Il a essayé de retrouver ce rapport et de déterminer les valeurs en mètre des anciennes mesures égyptiennes. Pour faire son étude il n'utilise pas la hauteur de la pyramide car cette hauteur n'est qu'une ligne théorique non accessible par la mesure sur site au moyen des instruments dont pouvaient se servir les Égyptiens. Il se sert de la longueur de la base au niveau du socle et de la hauteur des triangles constituant les faces de la pyramide.
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Il remarque le rapport entre la base et la hauteur du triangle d'une face : 230,902 / 184,722 = 1,25. Il suppose que ce rapport n'est pas fortuit[42]. Il remarque aussi que la hauteur d'une face du triangle a la longueur d'un stade. Partant de l'idée que la détermination a été faite dans une base 60, si on multiplie cette valeur du stade par 600, on obtient : 110 833 mètres, ce qui est à quelques mètres près la valeur du degré en Moyenne Égypte, pour tenir compte de l'aplatissement de la Terre (cela donnerait une circonférence de la Terre de : 110,833 x 360 = 39 900 kilomètres, au lieu de deux fois la longueur d'un méridien, soit 40 008 kilomètres).
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Les dimensions de la pyramide données par les écrivains de l'Antiquité sont assez variables. Les longueurs des unités utilisées peuvent être différentes car, si le nom est le même, elles dépendent du pays de référence. Strabon indique que la hauteur de la pyramide est égale à un stade, mais il s'agit de la hauteur de la face triangulaire.
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L'unité de mesure dans la haute Antiquité était la coudée. Sa valeur a varié suivant les pays et les périodes. Elle a fait l'objet de nombreuses discussions entre égyptologues. On ne connaît pas la valeur de la coudée dans l'Ancien Empire. Jomard suppose que la base de la pyramide mesurait quatre-cents coudées donnant une longueur de coudée égale à 0,577 25 m qu'il appelle pyk belady. Cette valeur est différente de celle couramment admise pour la coudée royale = 0,524 m dans le Nouvel Empire[43]. Les études récentes ont montré la variation de la coudée dans le temps et l'espace rendant tout débat à partir de cette valeur inopérant si on ne connaît la valeur de la coudée utilisée au moment de la construction. Jomard rapporte la longueur de la base donnée par plusieurs auteurs de l'Antiquité : Hérodote donne une longueur de 800 pieds, Diodore de Sicile une longueur de 700 pieds, Pline l'ancien de 883 pieds.
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C'est l'égyptologue William Matthew Flinders Petrie qui, au XIXe siècle, est le premier à avoir attiré l'attention sur l'extraordinaire précision obtenue par les anciens Égyptiens[44]. L'erreur obtenue pour un carré parfait est de seulement 20 cm (seulement 4,4 cm selon Mark Lehner[45]).
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La hauteur initiale de la pyramide était de 147 mètres. En coudées égyptiennes, on obtient alors :
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Les quatre angles de la base sont :
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L'erreur moyenne sur les angles droits de la base est de 0° 3´ 6".
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L'erreur moyenne sur l'orientation suivant les quatre points cardinaux est aussi de 0° 3´ 6". La base de la pyramide a été nivelée avec une erreur de quelques centimètres.
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La base de la pyramide est horizontale à 21 mm près.
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Il est plus aisé de décrire l'aspect externe de la pyramide que le massif interne dont la conception n'est pas certaine. Le boyau, reliant la grande galerie à la descenderie, nous permet tout de même d'entrevoir la maçonnerie du massif de la pyramide qui se limite à un libage de blocs de calcaire grossièrement équarris.
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Les pierres de la grande pyramide ont des dimensions variant en fonction de la hauteur à laquelle elles se trouvent. Il semblerait évident de constater que plus on se rapproche du sommet de la pyramide et plus la hauteur des assises diminue. Or, cette règle n'est pas applicable ici. Les assises diminuent de hauteur jusqu'à un certain niveau au-dessus du sol puis, à partir de celui-ci augmentent en taille jusqu'à diminuer encore et ainsi de suite. Il existe ainsi dix-huit groupes d'un nombre variable d'assises. L'égyptologue Georges Goyon explique cette particularité par la provenance et la nature des matériaux employés, une carrière de calcaire dont le sous-sol est composé de strates d'épaisseurs variables. La pyramide est aujourd'hui composée de 201 assises d'une hauteur moyenne de 0,69 mètre, les dernières ayant disparu et le sommet se réduisant à une plate-forme de quelque cent mètres carrés.
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La pyramide ne représente pourtant pas un volume entièrement artificiel. Les égyptiens bénéficièrent en effet d'une éminence rocheuse sur laquelle ils édifièrent le corps de la maçonnerie. La limite supérieure de cette éminence est bien visible au niveau de la grotte. Cette particularité pose encore plus le problème de l'extrême précision avec laquelle ils accomplirent le nivellement de la base sur ses quatre côtés.
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Le parement, originellement composé de pierres en calcaire fin de Tourah, a presque complètement disparu. Il n'en subsiste plus que quelques blocs au niveau de la base[46], reposant sur les pierres du socle.
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À propos de la maçonnerie, Flinders Petrie note que :
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« Plusieurs mesures ont été faites de l'épaisseur des joints entre les pierres de parement. L'épaisseur moyenne pour celles du nord-est est de 0,002 pouce[note 8] et donc l'erreur moyenne par rapport à la ligne droite et au carré parfait n'est que de 0,01 pouce pour une longueur de 75 pouces sur la hauteur de la face. Bien que les pierres eussent été amenées à 1/50 de pouce l'une de l'autre, autrement dit au contact, l'ouverture moyenne du joint n'était que de 1/100 de pouce[47]. »
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Une grande encoche est nettement visible dans l'angle nord-est de la grande pyramide.
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En 2008, et sous l'impulsion de Jean-Pierre Houdin, l'égyptologue Bob Brier est monté jusqu'à cette plateforme afin de trouver des indices pour valider la théorie de l'architecte français. Brier eut la surprise de découvrir vers l'est une cavité aménagée dans la maçonnerie.
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Celle-ci est passée complètement inaperçue aux yeux de Georges Goyon et de William Matthew Flinders Petrie, qui scrutèrent méthodiquement en leur temps cette partie de l'édifice.
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Pourtant, il existe deux mentions de cette cavité :
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« Aux deux-tiers environ de mon escalade de l'angle nord-est de la pyramide, je trouvai une petite cavité d'environ douze pieds de profondeur et de douze pieds de hauteur, qui semble avoir été formée en ôtant les quelques larges blocs de pierre. »
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« [...] Je fus ainsi conduit par l'extrémité orientale de la face nord de la pyramide, jusqu'à une large brèche faite dans l'arête du nord-est, où on me dit qu'étant à la moitié de l'ascension, je devais me reposer et « donner, selon l'usage, une piastre d'Espagne à chaque homme. »[48] »
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La présence de cette pièce conforterait la théorie de Jean-Pierre Houdin selon laquelle la pyramide contiendrait une rampe interne ayant servi à la construction de l'édifice.
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Il ne subsiste aucune trace du pyramidion qui couronnait jadis le sommet de la grande pyramide. Le pyramidion qui est exposé actuellement près du coin sud-est n'est autre que celui de la petite pyramide satellite. Celui-ci est en calcaire et anépigraphe, à l'instar du pyramidion de la pyramide rouge édifiée par le père de Khéops, Snéfrou. Aucun indice ne permet cependant d'indiquer une quelconque similitude avec le pyramidion disparu.
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Les quatre faces de la pyramide seraient légèrement mais très précisément incurvées, cette forme géométrique étant très délicate à réaliser sur de telles dimensions. Ce phénomène, dit d'apothème, a été découvert en 1934 par André Pochan, avec l'hypothèse qu'il marquerait les équinoxes. Cependant, dans son ouvrage L'énigme de la grande pyramide sorti en 1971, il revient sur cette hypothèse, indiquant que le phénomène était visible plusieurs mois de l'année[49]. On rencontre ce phénomène également sur d'autres pyramides égyptiennes[note 9]. L'érosion, un effondrement interne ou un endommagement dû à la chute des pierres de parement, furent souvent invoqués, et souvent contestés[réf. nécessaire].
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Il est également possible que la méthode de construction en soit l'origine. En effet, Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi ont noté qu'à la pyramide de Mykérinos, cette concavité disparaissait au niveau du parement de granite. I.E.S. Edwards attribue cette particularité au fait que les lits de pierre sont légèrement creusés vers le centre de chaque assise, d'où la dépression[source insuffisante][50]. À l'heure actuelle, aucune explication satisfaisante n'existe sur cette particularité architecturale déjà remarquée au XVIIIe siècle. En effet l'hypothèse indiquant que cela servirait à marquer les équinoxes est contestée, le phénomène n'étant pas visible uniquement aux équinoxes et cela n'explique pas non plus pourquoi les quatre faces sont creusées alors qu'une seule aurait suffit. L'hypothèse d'un effondrement est également contestée : s'il y avait eu un effondrement, l'intérieur en aurait été touché, ce qui n'est pas le cas. Les ingénieurs s'accordent d'ailleurs à dire qu'il est impossible que les quatre faces se soient effondrées simultanément vers le centre[réf. nécessaire].
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Quand on étudie la géométrie de la grande pyramide, il est délicat de faire la distinction entre les intentions des constructeurs et les propriétés qui découlent des proportions de l'édifice. On mentionne souvent le nombre d'or et le nombre pi inscrits dans les proportions de la pyramide : les Égyptiens ont en effet choisi une pente, pour les faces, de 14/11 (la hauteur étant de 280 coudées et la base de 2 × 220 coudées, la pente est égale à 280/220 = 14/11). Cette valeur fut pour la première fois appliquée à la pyramide de Meïdoum mais ne constitue pas une règle chez les constructeurs de l'Ancien Empire puisque certaines pyramides ont une pente de 6/5 (pyramide rouge), 4/3 (pyramide de Khéphren) ou encore 7/5 (pyramide rhomboïdale).
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Ces deux résultats découlent donc de l'utilisation d'une pente de 14/11. S'il faut y voir une volonté délibérée de les inscrire dans la construction, le mérite en reviendrait à l'architecte qui utilisa pour la première fois cette pente à la pyramide de Meïdoum, achevée sous le règne de Snéfrou, Meïdoum servant de modèle à Khéops reproduite par homothétie[52].
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Il y eut de nombreuses théories visant à faire de la pyramide un observatoire astronomique. Ainsi le couloir descendant aurait pointé vers l'étoile polaire de l'époque, Alpha Draconis[note 10]. Les couloirs de ventilation côté sud auraient pointé pour l'un, vers l'étoile Sirius, et pour l'autre, vers l'étoile Alnitak. Cependant, ici encore et comme pour la plupart des pyramides d'Égypte, les couloirs d'accès avaient des pentes simples et faciles à mettre en œuvre. Ils étaient inclinés d'un angle compris entre 26° et 26°30' soit une pente de 1/2.
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Une propriété géométrique semble pourtant avoir été voulue par l'architecte de la grande pyramide. Les conduits de ventilation de la chambre de la reine atteindraient tous les deux le même niveau de la pyramide. Ce fait est vérifié pour les conduits de la chambre du roi[53].
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Des souterrains sont assimilés à une ébauche (à échelle réduite) de la descenderie et du couloir ascendant de la grande pyramide. Ils se trouvent à l'angle nord-est de la grande pyramide[47],[54].
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Nous reconnaissons dans ces vestiges, la descenderie, passage long de 21 mètres suivant une pente de 26°32' et dont la section est de 1,05 mètre sur 1,20. À 11 mètres de l'entrée, un passage associé au couloir ascendant prend naissance dans le plafond de la descenderie et rejoint le bas de la grande galerie qui est ébauchée jusqu'au niveau du sol. La section du couloir ascendant est plus large que celle de la descenderie afin d'accueillir des blocs bouchons. Un puits vertical de section carrée de 0,727 m, sans équivalent dans la grande pyramide, a été aménagé afin de relier l'extérieur au premier embranchement.
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L'une des principales différences entre l'agencement interne de la grande pyramide et de cette infrastructure est, outre celle des proportions, la disposition souterraine dans la maquette d'éléments figurant dans le corps de la maçonnerie de la grande pyramide. De plus, la descenderie n'a pas été creusée sur sa totalité et la chambre souterraine est absente.
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Bien qu'elle ne soit accompagnée d'aucune superstructure, l'égyptologue Mark Lehner[55] y voit une sépulture inachevée. Malgré les similitudes de plan entre la pyramide et cette structure, le débat n'est toujours pas tranché[note 11].
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La construction de la « grande pyramide » aurait débuté entre -2600 et -2550 suivant les sources[56], au début de la IVe dynastie, et aurait duré environ une vingtaine d'années selon l'historien antique Manéthon. L'année de début et la durée de construction de la pyramide sont des estimations généralement validées par les égyptologues, parce qu'elles correspondent aux vingt-trois à vingt-cinq années, suivant les sources, du règne du pharaon Khéops[57]. Ces estimations ne sont malheureusement attestées par aucun écrit contemporain, mais déduites logiquement par la destination admise de la pyramide comme étant le tombeau de ce pharaon, hypothèse elle-même non attestée par des écrits.
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En se fondant sur les données traditionnellement admises (pyramide constituée de 2,3 millions de blocs de pierre, durée de chantier de vingt-trois ans), il est estimé que 340 blocs étaient posés chaque jour, soit pour une durée de travail de dix heures par jour, un bloc placé toutes les deux minutes, ce qui aurait mobilisé la main-d'œuvre de plus de 10 000 ouvriers (le nombre prodigieux de 100 000 hommes, ne travaillant que trois mois dans l'année pendant la saison des crues, a été proposé par Hérodote)[58]. Les graffitis découverts dans la chambre supérieure de décharge révèlent que le chantier des pyramides de Gizeh était organisé militairement en équipes de 2 000 ouvriers, chacune de ces équipes étant scindée en deux groupes de 1 000 hommes (ceux œuvrant sur la Grande pyramide s'appelant « les amis de Khéops »), eux-mêmes divisés en cinq phyles (terme grec désignant une « tribu »), unités de 200 ouvriers à leurs tours séparés en dix équipes de vingt travailleurs regroupés selon leurs compétences[58].
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De très nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer la construction de la grande pyramide. Mais aucune ne s'avère définitivement convaincante.
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Plusieurs campagnes de fouilles, dirigées par l'égyptologue américain Mark Lehner entre 1988 et 2003, ont permis de retrouver la configuration probable du site de la pyramide au moment de sa construction. On a ainsi pu retrouver le village des ouvriers du chantier, les carrières qui ont fourni l'essentiel du calcaire de la pyramide et le port.
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En 2013, la mission archéologique franco-égyptienne (Institut français d'archéologie orientale (IFAO) met au jour d’anciens papyrus, datant probablement de l’époque de Khéops (-2589/-2566). Ils sont découverts dans le port de Ouadi el-Jarf, sur la mer Rouge qui approvisionnait les chantiers des pharaons de l'Ancien Empire. À usage essentiellement comptable, ces documents consignent les événements comme prescris par l’administration contemporaine. Des livraisons de pierres à destination de la pyramide de Khéops y sont clairement évoquées. Ainsi, le journal de bord du fonctionnaire Merer, décrit quotidiennement son activité : « L'inspecteur Merer a passé la journée avec son homme à charger des pierres dans les carrières de Tourah (…) Je suis allé livrer des pierres à la pyramide de Khéops »[59],[60].
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Les premiers historiens et voyageurs à nous relater leurs explorations sont des auteurs grecs et latins : Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon, Pline l'Ancien[61]. Leurs descriptions sont plus centrées sur l'aspect historique et légendaire qui entoure le monument que sur la structure même de l'édifice. Hérodote, le premier voyageur dont les écrits nous soient parvenus, fait état d'inscriptions idéographiques sur les faces de la pyramide, détaillant ce qu'elle avait coûté en raifort, oignons et ail pour les ouvriers[61] (cette surprenante indication est reprise par Diodore). Seul Strabon, dans sa Géographie, cite une porte levante à l'entrée de la pyramide, permettant d'accéder à la descenderie ; mais il ne dit rien de la distribution interne.
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Plus tard, de nombreux auteurs arabes relatent les recherches du calife Al-Mamoun effectuées dans la grande pyramide en l'an 820. Mais les témoignages divergent. Selon certains, le calife n'aurait rien trouvé de plus qu'un sarcophage renfermant un corps corrompu[62]. Tandis que l'historien du Xe siècle, Maçoudi, raconte :
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« On pratiqua pour lui la brèche qui est encore béante aujourd'hui, on employa pour cela le feu, le vinaigre, les leviers... L'épaisseur du mur était d'environ vingt coudées ; étant parvenus à la fin de ce mur, ils trouvèrent au fond du trou un bassin vert rempli d'or monnayé ; il s'y trouvait mille dinars chaque dinar pesant une once... Ce bassin était, dit-on, d'émeraude[63],[62] »
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L'écrivain du XIIe siècle, Kaisi, écrit qu'Al-Mamoun y trouva
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« une chambre carrée à la base et voûtée au sommet, très grande et au milieu de laquelle était creusé un puits de dix coudées de profondeur... On raconte qu'un homme y étant pénétré arriva à une petite chambre où se trouvait une statue d'homme en pierre verte comme la malachite. Cette statue fut apportée à Al-Mamoun. Elle avait un couvercle que l'on retira et l'on trouva le corps d'un homme revêtu d'une cuirasse d'or, incrustée de toutes sortes de pierreries ; sur la poitrine était posée une épée d'un prix inestimable, et près de la tête se trouvait un rubis rouge... La statue d'où ce mort avait été tiré fut jetée près de la porte du palais du gouvernement au Caire, où je la vis en l'an 511 (1117-1118 de l'ère chrétienne)[62] »
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De nombreuses allusions aux caractères gravés sur les faces de la pyramide seront faites jusqu'à leur détérioration. Selon Maçoudi, ces caractères étaient de plusieurs sortes ; grecs, phéniciens et d'autres inconnus. Il s'agissait sans doute de témoignages gravés par les voyageurs et accumulés durant plusieurs siècles[64].
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Ibn Khaldoun rapporte dans ses Prolégomènes[65] que le calife Al-Mamoun voulut détruire les pyramides et rassembla des ouvriers pour cela, mais il n’y parvint pas. Ses conseillers lui recommandèrent alors de les laisser en place en témoignage de la grandeur des Arabes, puisqu'ils avaient pu vaincre une civilisation capable de créer de tels monuments. Une partie des débris de surface des pyramides auraient servi dans la construction de quelques maisons du Caire, selon les dires recueillis par ce même historien.
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Au Moyen Âge et au début de la Renaissance, les pyramides sont assimilées aux greniers de Joseph, et rares sont les explorateurs à donner une description quelque peu fidèle des lieux. Il faut attendre le milieu du XVIIe siècle et l'ouvrage Pyramidographia de John Greaves pour découvrir enfin un plan détaillé des agencements internes de la grande pyramide. On discerne la descenderie obstruée à mi-parcours par un amas de débris, la chambre de la reine encombrée de gravats, la grande galerie et la chambre du roi.
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Le livre Description de l'Égypte...[66] (livre de l'Abbé le Mascrier composé d'après les mémoires de Benoît de Maillet), dont la première édition date de 1735, relate le fait que Benoît de Maillet (ancien consul de France au Caire) a visité la grande Pyramide une quarantaine de fois. Un plan intérieur de la grande Pyramide y figure, plan qui sera repris par le livre Lettres sur l'Égypte... publié en 1785 (Claude-Étienne Savary).
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En 1754, l'ouvrage de l'historien Rollin édité par l'anglais Knapton est illustré d'une vue de la grande galerie.
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C'est entre les années 1798 et 1801 que la mission scientifique commandée par Vivant Denon durant la campagne d'Égypte va pouvoir établir les premières observations rigoureusement archéologiques de la grande pyramide. Outre de magnifiques planches représentant le site de Gizeh, la monumentale Description de l'Égypte, publiée sur l'ordre de Bonaparte nous livre les premières vues réalistes de l'intérieur de la grande pyramide, ainsi que des plans d'une très grande précision. La publication de la description va provoquer un véritable engouement. Les voyageurs et explorateurs vont se succéder durant le XIXe siècle. Les ingénieurs Howard Vyse et John Shae Perring vont fouiller, creuser et laisser de nombreuses traces de leurs passages dans la plupart des pyramides memphites et plus particulièrement dans la grande. Leurs résultats fournissent aujourd'hui encore des renseignements précieux pour qui veut étudier la grande pyramide.
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À partir de cette date, la grande pyramide sera étudiée et mesurée dans ses moindres détails par de très nombreux savants, spécialisés ou non dans cette discipline. Deux ouvrages sont alors largement diffusés : le très controversé Our Inheritance in the Great Pyramid, de l'astronome écossais Charles Piazzi Smyth et The Pyramids and Temples of Gizeh, de Flinders Petrie.
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Les pyramides de Gizeh (gravure de 1544)
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Coupe de la pyramide de Khéops (John Greaves, 1646)
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Plan intérieur de la grande Pyramide (Lettres sur l'Égypte, Claude Étienne Savary 1785)
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La grande galerie vers 1799 (Description de l'Égypte)
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Haut lieu touristique, les pyramides sont menacées par la rapide urbanisation du plateau de Gizeh.
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De ce fait une nouvelle politique de protection du plateau est en cours d'élaboration[Quand ?], avec notamment l'édification d'une clôture sur tout son pourtour délimitant ainsi la zone archéologique protégée et l'aménagement de deux entrées distinctes. L'accès des touristes non égyptiens se fait par le nord du site, précisément à proximité de la pyramide de Khéops[réf. souhaitée].
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Chacune des pyramides de Gizeh est tour à tour fermée une année pour réaliser des travaux de restauration et de conservation (nettoyage du sel[67], colmatage de fissures, développement d'un système de ventilation pour réduire l'humidité et l'odeur de renfermé). Le nombre de visiteurs de l'intérieur de la pyramide est limité à 300 par jour[68].
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Plusieurs thèses pseudo-scientifiques ont vu le jour, pour expliquer l'origine et la destination de ce monument :
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Certains n'hésitent pas à vandaliser le monument pour amener la preuve de leur théorie[82].
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Les pyramides d'Égypte, de tous les vestiges monumentaux que nous ont légués les Égyptiens de l'Antiquité, et notamment les trois grandes pyramides de Gizeh, sont à la fois les plus impressionnantes et les plus emblématiques de cette civilisation. Si elle fut, à son origine, destinée au roi, l'idée d'une sépulture pyramidale fut rapidement reprise par les proches du souverain. Khéops semble avoir été le premier à autoriser ses femmes à se faire élever un tel tombeau.
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Tombeaux des rois, des reines et des grands personnages de l'État, dont l'édification remonte pour la grande majorité à l'Ancien Empire, la forme pyramidale de pierre accueille une ou plusieurs chambres internes reliées par des couloirs. La grande pyramide de Gizeh, construite par Khéops, fait partie des Sept Merveilles du monde antique et est classée au patrimoine mondial de l'humanité.
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Le mastaba, construction quasi rectangulaire, était la sépulture des souverains de l'Ancien Empire. Les raisons du passage des mastabas aux pyramides ne sont pas clairement établies, mais on évoque généralement le souhait d'atteindre des hauteurs de plus en plus considérables pour manifester l'importance et la puissance du pharaon défunt. Les premiers mastabas, à étage unique, ont tout d'abord évolué vers des mastabas à deux étages permettant d'accueillir de nouvelles structures funéraires, le second étage étant moins large et moins haut que le premier. Au début de la IIIe dynastie (vers -2700 à -2600), les mastabas sont devenus des pyramides dites à degrés, constituées de plusieurs étages successifs. La première et la plus célèbre de ces pyramides à degrés est la pyramide de Djéser à Saqqarah, dont l'architecte était Imhotep. Imhotep voulut ériger une pyramide à degrés s'élevant tel un escalier gigantesque vers le ciel afin de symboliser l'ascension du défunt du « monde souterrain » vers les « Cieux ».
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L'étape suivante de l'évolution des pyramides à degrés fut l'édification par le roi Snéfrou d'une « pyramide rhomboïdale » sur le site de Dahchour. La pyramide rhomboïdale est une étape intermédiaire entre la pyramide à degrés et la pyramide à faces lisses. La pyramide rhomboïdale est une pyramide dont les faces lisses constituent une pente à sections d'inclinaisons décroissantes en direction du sommet. La non-uniformité de cette pente pourrait s'expliquer par des difficultés architecturales et par l'instabilité de la maçonnerie de la pyramide. Ce type de pyramide est la dernière étape menant au stade ultime de l'évolution des pyramides d'Égypte vers les pyramide à faces lisses de la IVe dynastie (vers -2573 à -2454). Parmi les plus célèbres, on trouve les pyramides des pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos à Gizeh près du Caire.
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Ces pyramides sont suivies par les pyramides à textes des Ve et VIe dynasties, plus petites et fragiles, aujourd'hui en mauvais état de conservation, puis les pyramides de briques de la XIIe dynastie. Malgré un parement en pierre, ces pyramides sont généralement en ruine en raison de la fragilité de la brique et de l'abandon du modèle de macrostructure à noyau et accrétions[1]. Enfin les pharaons de la XXVe dynastie font construire des pyramides nubiennes aussi bien en briques qu'en pierre.
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Il existe donc quatre grandes formes de pyramides :
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Avec la période prédynastique puis la période thinite on assiste à une évolution caractéristique des coutumes funéraires des anciens Égyptiens qui se traduisent pour le personnage le plus puissant du royaume par le creusement d'impressionnantes galeries souterraines accédant au caveau royal et l'édification de monumentales constructions en briques crues signalant dans le désert abydénien l'ultime demeure du roi devenu dieu. Ces structures devinrent de plus en plus complexes tant par leurs dispositions internes qu'externes au cours des IIe et IIIe dynasties. Les pharaons de ces premières lignées développeront davantage cette architecture et les principes qui y présidaient en faisant bâtir de grandes enceintes destinées à servir au culte funéraire du roi qui lui restait enterré à l'écart dans son cénotaphe en dessous d'un monument rappelant le benben, le tertre primordial ou plus probablement la tombe d'Osiris.
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C'est avec Djéser de la IIIe dynastie que l'architecture des tombes royales prend un nouvel élan réunissant en un seul complexe ces deux éléments jusque-là distincts et donnant au monument funéraire une envergure inégalée. Non seulement l'architecture se fait de pierres, ce qui représente une véritable révolution technique, mais la forme pyramidale naît, traduisant le devenir de Pharaon une fois qu'il a rejoint le séjour des dieux, indice d'une révolution théologique. En effet, cette forme choisie va très rapidement devenir l'élément principal du complexe funéraire au point qu'il en qualifie la destination et qu'il s'agira désormais de complexe pyramidal. Tout au long de cet Ancien Empire il apparaît certain au vu des découvertes des textes des pyramides que cette architecture répondait à des codes précis, savamment pensés puis inscrits dans la pierre même des caveaux funéraires afin d'ajouter l'écrit éternel à cet écrin de pierre destiné à assurer l'immortalité d'un roi divin.
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Les pyramides montrent, pour leur époque, le grand savoir des ingénieurs égyptiens capables de faire s'élever de tels monuments avec des moyens très rudimentaires. Les méthodes de construction des pyramides égyptiennes demeurent incertaines. Les données documentaires[3] et archéologiques sur ces chantiers gigantesques restent très fragmentaires, tandis que les théories fleurissent et se multiplient, surtout depuis la fin du XIXe siècle. Des centaines d'ouvrages consacrés à la pyramide de Khéops prétendent avoir enfin réussi à percer le mystère qui entoure sa construction. Les théories se focalisent généralement sur la Grande pyramide, partant du principe qu'une méthode pouvant expliquer sa construction peut également s'appliquer à toutes les autres pyramides d'Égypte. En fait, rien ne permet d'affirmer que les mêmes méthodes aient été appliquées à toutes les pyramides, de tous types, toutes tailles et toutes époques.
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De tout temps, ces gigantesques constructions de pierre ont excité l'imaginaire. La raison principale tient peut-être au fait que rarement dans l'Histoire de l'humanité, les éléments ayant permis leur construction ne se réuniront à nouveau : un pouvoir théocratique tout-puissant, un pays riche et prospère, une main-d'œuvre nombreuse, une administration très développée et un grand savoir empirique. Dans ces conditions, il est plus valorisant pour les civilisations qui contempleront ces « merveilles », de leur attribuer une origine extraordinaire que d'admettre ses propres limites.
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L'égyptologie naissante du XIXe siècle posant plus de questions qu'elle ne pouvait apporter de réponses, des mythes modernes ont vite rempli les trous qu'elle avait laissés. Il faudra de longues années aux égyptologues pour tenter de faire tomber ces mythes, qui, malgré tout, restent encore bien vivaces dans la culture contemporaine. Ce qu'il reste de « mystères » ne sont en fait que des questions n'ayant pas encore de réponses unanimes. On peut citer : l'existence ou non de chambres cachées dans la pyramide de Khéops (avec les « trésors » qu'elles pourraient contenir), le protocole exact de construction des pyramides (si tant est qu'il fut unique), la période exacte de construction, ou encore la symbolique qu'avaient ces monuments aux yeux de leurs bâtisseurs.
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Certains égyptologues (comme Selim Hassan) ou archéo-astronomes (comme Robert Bauval) proposent une théorie selon laquelle il existerait une corrélation entre la position et l'orientation des pyramides de Gizeh et la position des étoiles et notamment de la constellation d'Orion.
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La grande pyramide de Khéops est sans nul doute la pyramide la plus célèbre. Formant une pyramide carrée de 137 m de hauteur (initialement de 146 m, c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome (139 m)), elle fut édifiée il y a plus de 4500 ans, sous la IVe dynastie, au centre d'un vaste complexe funéraire se situant à Gizeh. Elle est la seule des Sept Merveilles du monde de l'Antiquité à avoir survécu.
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Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records, la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Véritable symbole de tout un pays, ce monument est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche. Le tombeau, véritable chef-d'œuvre de l'Ancien Empire, représente la concentration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints en font une pyramide à part qui ne cesse de captiver l'imagination.
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Le classement ci-dessous utilise comme référence la longueur de la base de la pyramide (la hauteur est donnée à titre indicatif) :
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Quelques pyramides souffrant d'un état de délabrement très avancé, échappent encore à la classification :
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Cent vingt trois pyramides (pyramides subsidiaires et provinciales comprises) sont actuellement connues[4]. Les pyramides de plusieurs souverains de l'Ancien Empire n'ont pas encore pu être localisées, notamment celles de Ouserkarê, Mérenrê II et Nitocris. De même des pyramides de reines reposent toujours enfouies sous les sables, comme celle de Ânkhésenpépi Ire par exemple, auxquelles il faut sans doute ajouter quelques pyramides de souverains et reines obscurs de la Première Période intermédiaire et de la Deuxième Période intermédiaire n'ayant laissé aucune trace dans l'histoire.
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L'égyptologue allemand Rainer Stadelmann a décelé les vestiges de trois pyramides, toutes situées à Dahchour, la pyramide A de Dahchour Sud, la pyramide B de Dahchour sud et la pyramide anonyme de Dahchour. Cette dernière, située au sud de la pyramide d'Amenemhat II a malheureusement été très endommagée par la construction d'un pipeline. Les deux pyramides de Dahchour sud n'ont encore fait l'objet d'aucune étude.
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Une étude est effectuée en 2006 par l'équipe allemande du Deutsches Archäologisches Institut. Celle-ci visait à repérer des vestiges dans deux zones vierges de toutes prospections, celles de Saqqarah Sud et de Dahchour Sud (près de Mazghouna). Il en est ressorti que, outre de nombreux monuments divers, des pyramides inachevées devaient reposer sous les sables. L'équipe nomma deux pyramides, pyramide SAK S3 et pyramide SAK S7, situées près de la pyramide inachevée de Saqqarah sud et de la pyramide de Khendjer, ainsi que pyramide DAS 53, près de la pyramide nord de Mazghouna. Aucune fouille n'est actuellement programmée pour mettre au jour l'un ou l'autre de ces monuments.
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En 2013, une équipe belge découvre la pyramide de Khay à Louxor[5].
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« Tu ne t'éteindras pas, tu ne finiras pas. Ton nom durera auprès des hommes. Ton nom viendra à être auprès des dieux. » Cette promesse de vie éternelle adressée à Pépi Ier et gravée sur les parois de son appartement funéraire appartient à un des plus anciens recueils de textes de l'humanité. Il est probable que ces incantations, qui aidaient le souverain à renaître dans l'au-delà, furent récitées par les prêtres jusqu'à la Ve dynastie. Si quelques hiéroglyphes ornaient les monuments funéraires de Djéser, c'est à partir d'Ounas, dernier roi de la Ve dynastie, que les textes des pyramides sont gravés dans les appartements funéraires royaux. En les faisant graver sur les parois de leur tombeau, les rois se les appropriaient et surtout s'affranchissaient de l'influence des ecclésiastiques. Les textes comportaient aussi des formules qui assuraient au défunt la force nécessaire à son ultime voyage. Des formules magiques étaient censées protéger la sépulture contre les intrusions extérieures. Disposé en longues colonnes, le texte est tracé à l'aide de poudre de malachite, ce qui lui donne une teinte verte, symbole de renaissance à l'instar des jeunes pousses qui se dressent sur le limon après les crues du Nil. Mais à la fin de l'Ancien Empire, les pyramides royales en perdent l'exclusivité et dès la Première Période intermédiaire, les particuliers s'approprient des brides du texte qu'ils font inscrire à l'intérieur de leur sarcophage. Ces textes des sarcophages sont repris en partie dans le livre des morts. Inscrit sur papyrus, le texte sera alors déposé dans la tombe du défunt durant toute la Basse époque.
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L'étude des pyramides a produit une quantité d'ouvrages dont voici une liste non exhaustive :
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Tombeaux des rois, des reines et des grands personnages de l'État, dont l'édification remonte pour la grande majorité à l'Ancien Empire, la forme pyramidale de pierre accueille une ou plusieurs chambres internes reliées par des couloirs. La grande pyramide de Gizeh, construite par Khéops, fait partie des Sept Merveilles du monde antique et est classée au patrimoine mondial de l'humanité.
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Le mastaba, construction quasi rectangulaire, était la sépulture des souverains de l'Ancien Empire. Les raisons du passage des mastabas aux pyramides ne sont pas clairement établies, mais on évoque généralement le souhait d'atteindre des hauteurs de plus en plus considérables pour manifester l'importance et la puissance du pharaon défunt. Les premiers mastabas, à étage unique, ont tout d'abord évolué vers des mastabas à deux étages permettant d'accueillir de nouvelles structures funéraires, le second étage étant moins large et moins haut que le premier. Au début de la IIIe dynastie (vers -2700 à -2600), les mastabas sont devenus des pyramides dites à degrés, constituées de plusieurs étages successifs. La première et la plus célèbre de ces pyramides à degrés est la pyramide de Djéser à Saqqarah, dont l'architecte était Imhotep. Imhotep voulut ériger une pyramide à degrés s'élevant tel un escalier gigantesque vers le ciel afin de symboliser l'ascension du défunt du « monde souterrain » vers les « Cieux ».
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L'étape suivante de l'évolution des pyramides à degrés fut l'édification par le roi Snéfrou d'une « pyramide rhomboïdale » sur le site de Dahchour. La pyramide rhomboïdale est une étape intermédiaire entre la pyramide à degrés et la pyramide à faces lisses. La pyramide rhomboïdale est une pyramide dont les faces lisses constituent une pente à sections d'inclinaisons décroissantes en direction du sommet. La non-uniformité de cette pente pourrait s'expliquer par des difficultés architecturales et par l'instabilité de la maçonnerie de la pyramide. Ce type de pyramide est la dernière étape menant au stade ultime de l'évolution des pyramides d'Égypte vers les pyramide à faces lisses de la IVe dynastie (vers -2573 à -2454). Parmi les plus célèbres, on trouve les pyramides des pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos à Gizeh près du Caire.
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Ces pyramides sont suivies par les pyramides à textes des Ve et VIe dynasties, plus petites et fragiles, aujourd'hui en mauvais état de conservation, puis les pyramides de briques de la XIIe dynastie. Malgré un parement en pierre, ces pyramides sont généralement en ruine en raison de la fragilité de la brique et de l'abandon du modèle de macrostructure à noyau et accrétions[1]. Enfin les pharaons de la XXVe dynastie font construire des pyramides nubiennes aussi bien en briques qu'en pierre.
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Avec la période prédynastique puis la période thinite on assiste à une évolution caractéristique des coutumes funéraires des anciens Égyptiens qui se traduisent pour le personnage le plus puissant du royaume par le creusement d'impressionnantes galeries souterraines accédant au caveau royal et l'édification de monumentales constructions en briques crues signalant dans le désert abydénien l'ultime demeure du roi devenu dieu. Ces structures devinrent de plus en plus complexes tant par leurs dispositions internes qu'externes au cours des IIe et IIIe dynasties. Les pharaons de ces premières lignées développeront davantage cette architecture et les principes qui y présidaient en faisant bâtir de grandes enceintes destinées à servir au culte funéraire du roi qui lui restait enterré à l'écart dans son cénotaphe en dessous d'un monument rappelant le benben, le tertre primordial ou plus probablement la tombe d'Osiris.
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C'est avec Djéser de la IIIe dynastie que l'architecture des tombes royales prend un nouvel élan réunissant en un seul complexe ces deux éléments jusque-là distincts et donnant au monument funéraire une envergure inégalée. Non seulement l'architecture se fait de pierres, ce qui représente une véritable révolution technique, mais la forme pyramidale naît, traduisant le devenir de Pharaon une fois qu'il a rejoint le séjour des dieux, indice d'une révolution théologique. En effet, cette forme choisie va très rapidement devenir l'élément principal du complexe funéraire au point qu'il en qualifie la destination et qu'il s'agira désormais de complexe pyramidal. Tout au long de cet Ancien Empire il apparaît certain au vu des découvertes des textes des pyramides que cette architecture répondait à des codes précis, savamment pensés puis inscrits dans la pierre même des caveaux funéraires afin d'ajouter l'écrit éternel à cet écrin de pierre destiné à assurer l'immortalité d'un roi divin.
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Les pyramides montrent, pour leur époque, le grand savoir des ingénieurs égyptiens capables de faire s'élever de tels monuments avec des moyens très rudimentaires. Les méthodes de construction des pyramides égyptiennes demeurent incertaines. Les données documentaires[3] et archéologiques sur ces chantiers gigantesques restent très fragmentaires, tandis que les théories fleurissent et se multiplient, surtout depuis la fin du XIXe siècle. Des centaines d'ouvrages consacrés à la pyramide de Khéops prétendent avoir enfin réussi à percer le mystère qui entoure sa construction. Les théories se focalisent généralement sur la Grande pyramide, partant du principe qu'une méthode pouvant expliquer sa construction peut également s'appliquer à toutes les autres pyramides d'Égypte. En fait, rien ne permet d'affirmer que les mêmes méthodes aient été appliquées à toutes les pyramides, de tous types, toutes tailles et toutes époques.
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De tout temps, ces gigantesques constructions de pierre ont excité l'imaginaire. La raison principale tient peut-être au fait que rarement dans l'Histoire de l'humanité, les éléments ayant permis leur construction ne se réuniront à nouveau : un pouvoir théocratique tout-puissant, un pays riche et prospère, une main-d'œuvre nombreuse, une administration très développée et un grand savoir empirique. Dans ces conditions, il est plus valorisant pour les civilisations qui contempleront ces « merveilles », de leur attribuer une origine extraordinaire que d'admettre ses propres limites.
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L'égyptologie naissante du XIXe siècle posant plus de questions qu'elle ne pouvait apporter de réponses, des mythes modernes ont vite rempli les trous qu'elle avait laissés. Il faudra de longues années aux égyptologues pour tenter de faire tomber ces mythes, qui, malgré tout, restent encore bien vivaces dans la culture contemporaine. Ce qu'il reste de « mystères » ne sont en fait que des questions n'ayant pas encore de réponses unanimes. On peut citer : l'existence ou non de chambres cachées dans la pyramide de Khéops (avec les « trésors » qu'elles pourraient contenir), le protocole exact de construction des pyramides (si tant est qu'il fut unique), la période exacte de construction, ou encore la symbolique qu'avaient ces monuments aux yeux de leurs bâtisseurs.
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Certains égyptologues (comme Selim Hassan) ou archéo-astronomes (comme Robert Bauval) proposent une théorie selon laquelle il existerait une corrélation entre la position et l'orientation des pyramides de Gizeh et la position des étoiles et notamment de la constellation d'Orion.
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La grande pyramide de Khéops est sans nul doute la pyramide la plus célèbre. Formant une pyramide carrée de 137 m de hauteur (initialement de 146 m, c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome (139 m)), elle fut édifiée il y a plus de 4500 ans, sous la IVe dynastie, au centre d'un vaste complexe funéraire se situant à Gizeh. Elle est la seule des Sept Merveilles du monde de l'Antiquité à avoir survécu.
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Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records, la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Véritable symbole de tout un pays, ce monument est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche. Le tombeau, véritable chef-d'œuvre de l'Ancien Empire, représente la concentration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints en font une pyramide à part qui ne cesse de captiver l'imagination.
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Le classement ci-dessous utilise comme référence la longueur de la base de la pyramide (la hauteur est donnée à titre indicatif) :
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Quelques pyramides souffrant d'un état de délabrement très avancé, échappent encore à la classification :
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Cent vingt trois pyramides (pyramides subsidiaires et provinciales comprises) sont actuellement connues[4]. Les pyramides de plusieurs souverains de l'Ancien Empire n'ont pas encore pu être localisées, notamment celles de Ouserkarê, Mérenrê II et Nitocris. De même des pyramides de reines reposent toujours enfouies sous les sables, comme celle de Ânkhésenpépi Ire par exemple, auxquelles il faut sans doute ajouter quelques pyramides de souverains et reines obscurs de la Première Période intermédiaire et de la Deuxième Période intermédiaire n'ayant laissé aucune trace dans l'histoire.
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L'égyptologue allemand Rainer Stadelmann a décelé les vestiges de trois pyramides, toutes situées à Dahchour, la pyramide A de Dahchour Sud, la pyramide B de Dahchour sud et la pyramide anonyme de Dahchour. Cette dernière, située au sud de la pyramide d'Amenemhat II a malheureusement été très endommagée par la construction d'un pipeline. Les deux pyramides de Dahchour sud n'ont encore fait l'objet d'aucune étude.
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Une étude est effectuée en 2006 par l'équipe allemande du Deutsches Archäologisches Institut. Celle-ci visait à repérer des vestiges dans deux zones vierges de toutes prospections, celles de Saqqarah Sud et de Dahchour Sud (près de Mazghouna). Il en est ressorti que, outre de nombreux monuments divers, des pyramides inachevées devaient reposer sous les sables. L'équipe nomma deux pyramides, pyramide SAK S3 et pyramide SAK S7, situées près de la pyramide inachevée de Saqqarah sud et de la pyramide de Khendjer, ainsi que pyramide DAS 53, près de la pyramide nord de Mazghouna. Aucune fouille n'est actuellement programmée pour mettre au jour l'un ou l'autre de ces monuments.
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En 2013, une équipe belge découvre la pyramide de Khay à Louxor[5].
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« Tu ne t'éteindras pas, tu ne finiras pas. Ton nom durera auprès des hommes. Ton nom viendra à être auprès des dieux. » Cette promesse de vie éternelle adressée à Pépi Ier et gravée sur les parois de son appartement funéraire appartient à un des plus anciens recueils de textes de l'humanité. Il est probable que ces incantations, qui aidaient le souverain à renaître dans l'au-delà, furent récitées par les prêtres jusqu'à la Ve dynastie. Si quelques hiéroglyphes ornaient les monuments funéraires de Djéser, c'est à partir d'Ounas, dernier roi de la Ve dynastie, que les textes des pyramides sont gravés dans les appartements funéraires royaux. En les faisant graver sur les parois de leur tombeau, les rois se les appropriaient et surtout s'affranchissaient de l'influence des ecclésiastiques. Les textes comportaient aussi des formules qui assuraient au défunt la force nécessaire à son ultime voyage. Des formules magiques étaient censées protéger la sépulture contre les intrusions extérieures. Disposé en longues colonnes, le texte est tracé à l'aide de poudre de malachite, ce qui lui donne une teinte verte, symbole de renaissance à l'instar des jeunes pousses qui se dressent sur le limon après les crues du Nil. Mais à la fin de l'Ancien Empire, les pyramides royales en perdent l'exclusivité et dès la Première Période intermédiaire, les particuliers s'approprient des brides du texte qu'ils font inscrire à l'intérieur de leur sarcophage. Ces textes des sarcophages sont repris en partie dans le livre des morts. Inscrit sur papyrus, le texte sera alors déposé dans la tombe du défunt durant toute la Basse époque.
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L'étude des pyramides a produit une quantité d'ouvrages dont voici une liste non exhaustive :
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La pyramide de Khéops ou grande pyramide de Gizeh est un monument construit par les Égyptiens de l'Antiquité, formant une pyramide à base carrée. Tombeau présumé du pharaon Khéops, elle fut édifiée il y a plus de 4 500 ans, sous la IVe dynastie[1], au centre du complexe funéraire de Khéops se situant à Gizeh en Égypte. Elle est la plus grande des pyramides de Gizeh.
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Elle était considérée dans l'Antiquité comme la première des Sept Merveilles du monde. Seule des Sept Merveilles du monde à avoir survécu jusqu'à nos jours, elle est également la plus ancienne. Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records : la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Ce monument phare de l'Égypte antique est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche.
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La grande pyramide, chef-d'œuvre de l'Ancien Empire de l'architecte Hémiounou, est la consécration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser, à Saqqarah. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints pour sa construction en font une pyramide à part qui ne cesse de questionner la recherche.
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Ce monument forme une pyramide à base carrée de 440 coudées royales anciennes, soit environ 230,5 mètres. Les valeurs empiriques d'aujourd'hui sont : au sud de 230,384 m, au nord 230,329 m, à l'ouest 230,407 m, à l'est 230,334 m, soit une erreur pour obtenir un carré parfait de seulement 12 secondes d'arc sur l'angle formé par ses diagonales[2].
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La pyramide construite sur un socle rocheux avait une hauteur initiale d'environ 146,58 m (280 coudées royales égyptiennes), c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome de 139 m, mais l'érosion l'a réduite de 9,58 m (environ dix-huit coudées royales) pour atteindre 137 m de hauteur[3]. Elle détient le record du monument le plus haut du monde jusqu'en 1311, année qui voit l'érection de la cathédrale de Lincoln dont la flèche atteint 160 m de hauteur[4]. Elle fait un périmètre de 922 m, une surface de 53 056 m2 et un volume originel de 2 592 341 m3 (aujourd'hui 2 352 000 m3)[4].
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L'estimation traditionnelle du nombre de blocs de pierres qui composent la pyramide est de 2,3 millions mais le calcul des égyptologues va de 600 000[5] à quatre millions[6]. La pyramide pèse près de cinq millions de tonnes. Le volume de matériau entassé (corps et revêtement) s'élevait à 2,5 millions de m3 ; aujourd'hui, il n'en reste qu'environ 2,34 millions[7].
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Les premières assises de la pyramide sont faites directement dans la roche naturelle du plateau de Gizeh. D'après une étude géologique et géomorphologique de 2008, le volume minimum de ce substrat est estimé à 23 % du volume total[8].
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Le parement ou revêtement était composé de pierres calcaires blanchâtres soigneusement jointoyées et polies qui renvoyaient les rayons du soleil, lui donnant l'aspect d'une véritable colline de lumière (ce qui explique qu'elle eut pour nom Akouit « la brillante », mais elle fut plutôt appelée Akhet Khoufou, « L'horizon de Khéops »[9]) et soulignant sa géométrie par un jeu d'ombre et de lumière[10]. Contrairement à la pyramide de Khéphren, elle n'a pas gardé dans sa partie supérieure son revêtement de calcaire mais il subsiste quelques blocs au niveau de la base de la face Nord. Le nucléus est constitué de blocs de calcaire plus ou moins équarris de moins bonne qualité que ceux du parement, les premiers étant issus d'une carrière à 400 m de la pyramide, les seconds de la carrière de Tourah. Les deux premières assises, ainsi que la maçonnerie de la grande galerie et des appartements funéraires sont construites en blocs de granit rose d'Assouan. Les blocs qui sont aujourd'hui visibles à l'extérieur sont noircis par la pollution et souvent cachés par la brume[11].
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Chaque bloc de pierre calcaire a un volume de 1,10 m3 et pèse en moyenne 2,5 t, ce qui fait pour la pyramide (en négligeant le poids des 130 blocs de granite) une masse totale de 5 000 000 t[3].
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Des vestiges d'une enceinte à redans, située à dix mètres autour de la pyramide, sont présents autour du monument. Ces redans sont des parties saines conservées du socle rocheux qui ont permis de diminuer le nombre de blocs à mettre en œuvre lors de la construction[12].
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La pyramide de Khéops fait partie d'un complexe plus large, constitué :
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La grande pyramide de Khéops a bénéficié, pour sa construction, des développements et des innovations techniques des pyramides de son père Snéfrou à Dahchour. Elle ne semble avoir subi aucun changement de plans à l'extérieur. Ce point est par contre sujet à discussions en ce qui concerne l'intérieur du monument. Deux écoles s'affrontent : il y a les partisans d'un projet unique et les partisans de trois projets successifs[14]. Il semble que l'architecte en fut le vizir Hémiounou.
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L'entrée de la pyramide (1), située sur la face nord de la pyramide à une hauteur de 15,63 mètres[15], est surplombée par un système de décharge avec voûtes et linteaux monolithiques. Sa fonction est de protéger le couloir descendant de la masse située au-dessus. Cependant les dimensions de cette voûte semblent disproportionnées quand on considère les charges relativement faibles en cet endroit. Avait-elle une fonction plus symbolique[note 2] ?
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Cette entrée aurait été fermée au moyen d'une pierre mobile, ce qui confirmerait les indications de l'auteur antique Strabon. Ce type de dispositif de fermeture était déjà connu à Dahchour[16].
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On accède aujourd'hui aux infrastructures intérieures par la percée qu'effectua le corps expéditionnaire du calife Al-Mamoun, en 820, dans l'espoir d'y trouver un trésor (2). Le revêtement lisse de la pyramide était encore en place à cette époque et masquait le dispositif de fermeture antique[note 3], et les membres de l'expédition cherchèrent longtemps avant de trouver un endroit où la pierre sonnait creux. L'ouverture fut creusée quelques mètres sous la véritable entrée et débouche sur le couloir ascendant, juste derrière les blocs bouchant le passage (3). Les salles arbitrairement dénommées « chambre du roi » et « chambre de la reine » furent trouvées vides de tout trésor, et le coffre en granit ne renfermait pas de momie, selon le récit de l'expédition de 820. C'est dans une chambre de décharge au-dessus de la chambre du roi que l'égyptologue Vyse découvre en 1837 les seules inscriptions de la pyramide, le cartouche du roi Khéops, plusieurs fois tracé en rouge sur les blocs de pierre, si bien que le coffre est traditionnellement considéré comme le sarcophage ayant abrité la momie de Khéops[17]. La théorie de Gilles Dormion considère qu'il s'agit d'une chambre fausse destinée à tromper les voleurs[18].
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Le plan de la pyramide de Khéops est composé de trois niveaux principaux.
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Le couloir descendant (4) , incliné de 26°26'46" — soit une pente de 50% — et long de 105 mètres[15], aboutit à un couloir horizontal long de 8,90 mètres[15] menant à la chambre souterraine (5). Cette dernière, ainsi qu'une grande partie de la descenderie, a été creusée dans la roche naturelle et demeure inachevée. Dans le mur sud fut ébauché un corridor de seize mètres[15] de long ne débouchant sur rien. Un décaissement fut pratiqué dans le sol de la chambre. Les ingénieurs John Shae Perring et Howard Vyse y pratiquèrent en 1837[19], un puits profond de 11,60 mètres, lequel, espérèrent-ils, les conduirait jusqu'à la chambre sépulcrale. Leurs pensées étaient alors inspirées par le voyageur grec Hérodote selon qui le corps de Khéops reposait sur une île, entourée d'un canal et située en dessous de l'actuelle chambre souterraine. Leurs recherches ne menèrent à rien.
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L'aspect inachevé de la chambre souterraine semble prouver qu'elle constitue un premier projet abandonné, l'architecte ayant opté ensuite pour un aménagement dans la maçonnerie de la pyramide[20].
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La percée d'Al-Mamoun mène directement dans le couloir ascendant. Ce dernier fut aménagé par l'architecte de la grande pyramide dans l'appareillage de pierre existant, en perçant le plafond de la descenderie à 25 mètres de l'entrée[21]. Ce couloir est constitué de pierres placées en lits horizontaux sur plusieurs mètres. Il se prolonge ensuite avec une maçonnerie appareillée jusqu'à son extrémité. Trois blocs ceintures sont placés à intervalles réguliers dont la destination était très probablement d'accueillir des herses de fermeture[22]. Or, cette option a dû être rejetée pendant la construction, l'architecte ayant opté pour la mise en place de trois blocs bouchons de granite (3), blocs demeurant toujours aujourd'hui en bas du couloir ascendant.
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L'embranchement a la particularité d'offrir un accès à chaque niveau de la pyramide : tout d'abord à la descenderie, par un boyau reliant le bas de la grande galerie (9) à la grotte (12) et creusé à même la maçonnerie par les constructeurs, ensuite à la chambre de la reine (7), par un couloir horizontal (8), et enfin à la chambre du roi (10), en empruntant la grande galerie (9).
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Un boyau, reliant le bas de la descenderie à la surface au niveau du rocher naturel traversant une grotte naturelle (12) sans aucune forme construite. Il permettait l'évacuation des débris produits par les travaux dans la chambre souterraine. Ce puits fut rendu inopérant dès la pose des premières assises de pierres mais remis en fonction et accessible depuis l'embranchement quand la construction été fort bien entamée[23].
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Le couloir menant à la chambre de la reine (8) est appareillé dans une maçonnerie de belles pierres calcaires. Des particularités figurent sur ses murs tels que des faux joints et des joints anormalement croisés. Il y eut de nombreuses tentatives d'investigation (forages, mesures micro-gravimétriques) afin de déceler des couloirs secrets mais celles-ci furent sans succès[24].
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Le « ScanPyramids Big Void » (le grand vide) qui se trouve à environ quarante mètres de la chambre de la reine mesure au moins trente mètres de long et a des caractéristiques similaires aux galeries. Il a été dévoilé le jeudi 2 novembre 2017 après un scan de la pyramide de Khéops dans le cadre du projet Scanpyramids[25],[26].
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On accède à la « chambre de la reine » (7) (qui, en réalité, n'a jamais été destinée à une reine mais fut nommée ainsi par les explorateurs arabes). Cette chambre de base carrée[27], placée dans l'axe est-ouest de la pyramide, possède une couverture en voûte avec pierres disposées en chevrons. Une niche, protégée par une voûte en encorbellement, fut aménagée dans le mur est de la chambre. Une percée dans cette niche soulève aujourd'hui de nombreux débats. L'égyptologue Gilles Dormion a remarqué que cette sape s'avère être un boyau maçonné de cinq mètres (donc prévu par les constructeurs) prolongé par une sape de voleur de dix mètres[28]. La fonction de cette niche est toujours inconnue.
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Comme la « chambre du roi » cette pièce était munie de deux conduits dits de « ventilation » aménagés dans ses murs nord et sud. Ils étaient masqués par des dalles de fermeture qui ont été découvertes au XIXe siècle lors des explorations approfondies du monument[29].
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Ces conduits ont fait l'objet de plusieurs campagnes d'exploration dont la première en 1993 a été baptisée le projet Upuaut[note 4].
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Vue axonométrique de la chambre de la reine (7).
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La niche dans le mur est de la chambre de la reine.
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Le couloir à l'entrée de la chambre de la reine (1910).
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Entrée de la chambre de la reine (1910).
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La niche dans la chambre de la reine (1910).
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Un canal de ventilation de la chambre de la reine (1910).
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L'accès au couloir ascendant (1910).
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L'accès au couloir ascendant (à gauche, les blocs bouchons).
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La herse de granite (1910).
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Intérieur de la grotte (1910).
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Plan de la grotte (1910).
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La grande galerie (9) est l'élément architectural le plus impressionnant et le plus élaboré de l'Ancien Empire. D'une longueur de 47,80 mètres et d'une hauteur de 8,60 mètres par rapport à la verticale, la galerie est inclinée de 26°10'16"[30]. Elle est surmontée d'un plafond plat sans voûte, mais les assises sont des saillies en encorbellement sur quatre faces (technique héritée de la pyramide rouge ayant les saillies en encorbellement que sur deux faces et de la pyramide rhomboïdale à Dahchour . Une marche à l'extrémité supérieure de cette galerie donne sur une antichambre (11) menant à la chambre du roi (10). Cette antichambre comportait un système de fermeture avec herses obstruant le passage mais aujourd'hui disparues[note 5].
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La « chambre du roi » est un magnifique ouvrage de granit[note 6] de 10,47 mètres sur 5,23 mètres (soit vingt coudées sur dix coudées) et d'une hauteur de 5,84 mètres[31]. La chambre est surmontée par une imposante couverture de blocs de granit répartis sur cinq niveaux[31], le dernier niveau étant surmonté d'une voûte de décharge avec pierres disposées en chevrons[31],[32]. C'est dans cet espace que fut trouvée la seule inscription permettant d'attribuer, avec certitude, cette pyramide à Khéops. Le toit de cette couverture s'élève à plus de vingt mètres du sol de la chambre. Un coffre en granit, vide et sans couvercle, est disposé à l'ouest de la salle[31]. Comme dans la « chambre de la reine », deux conduits de ventilation (10) s'élèvent depuis la « chambre du roi » vers les faces nord et sud de la pyramide[31],[note 7]. La fonction de ces conduits d'aération fait l'objet de débats[33] : ventilation ? Corridor symbolique pour conduire l'âme du roi (incarnation du pharaon en dieu Rê pour le puits nord, en dieu Horus pour le puits sud) ?
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Au fond de la chambre, à l'ouest, la cuve en granit (haute d'un mètre, longue de 2,30 m et large de 0,89 m[34]) posée sur le sol présente des traces de scie et une brèche à un angle, probablement l'œuvre de pilleurs de tombes qui ont tout emporté alors que le couvercle, jamais découvert, devait être encore en place (les rebords du sarcophage montrent un dispositif d'encastrement qui est la preuve de l'existence de ce couvercle). Il est possible que ce sarcophage ne soit qu'un cénotaphe, un tombeau érigé en mémoire du pharaon mais non destiné à recevoir son corps, ou que Khéops soit mort dans une bataille sans que les prêtres aient pu récupérer son cadavre afin de lui rendre les derniers devoirs[35].
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Plan de l'embranchement au bas de la grande galerie (1910).
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Plan de l'embranchement au bas de la grande galerie (1910).
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Accès au boyau (1910).
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Accès au boyau (1910).
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Embranchement, vue de la grande galerie vers le couloir ascendant.
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La grande galerie (1910).
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La chambre du roi et le coffre en granit.
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La chambre du roi (1910).
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Intérieur de l'antichambre vers la chambre du roi (1910).
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Canal de « ventilation » sud de la chambre du roi (1910).
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Bien que nombre d'auteurs arabes aient relaté la découverte du corps du pharaon accompagné de son trésor funéraire, les contradictions que l'on peut relever dans ces différents récits sèment le doute sur la véracité de ces témoignages souvent réalisés des siècles plus tard. Cette incertitude, ainsi que la réputation d'inviolabilité de la grande pyramide, incitent de nombreux archéologues et historiens à rechercher la chambre funéraire qu'ils supposent toujours cachée dans la masse du monument. Cette recherche s'est accentuée ces vingt dernières années, aidée en cela par les nouvelles technologies de mesure et de détection.
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Une étude lancée en novembre 2015 a permis d'établir la carte thermique de la pyramide, réalisée dans le cadre de la mission Scanpyramids[36],[37]. Celle-ci avance l'hypothèse de l'existence d'une niche encore inconnue à une centaine de mètres de hauteur, sur l’arête nord-est. Le 2 novembre 2017, l'équipe de la mission publie un article dans la revue Nature qui fait état de la découverte d'un nouveau vide au cœur de la pyramide de Khéops[38]. Grâce à l'étude des muons, particules élémentaires venant de la haute-atmosphère ayant la capacité de traverser la matière mais ralentissant au fur et à mesure. Les capteurs doivent être placés sous la zone à étudier et ensuite comparer la quantité de muons. S'ils constatent un surplus à un endroit, c'est que les muons ont traversé moins de matière, donc du vide[39]. Cette cavité, baptisée « ScanPyramids Big Void », a une longueur minimale de trente mètres[40]. L'existence de cette cavité a été confirmée par trois différentes techniques de détection de muons, via trois instituts distincts : l'université de Nagoya, le laboratoire de recherche sur les particules japonais KEK ainsi que le CEA français.
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Edme François Jomard, pendant l'expédition militaire en Égypte menée par Bonaparte, a étudié la Grande pyramide et a fait avec d'autres savants de l'expédition des mesures de la base au niveau du rocher, de la hauteur revêtue, de la hauteur des triangles composant les quatre faces de la pyramide[41]. À partir des écrits d'Achille Tatius, les savants soupçonnaient que les dimensions de la pyramide étaient en rapport avec une ancienne mesure de la Terre faite par les Égyptiens, mais sans autre preuve. Il a essayé de retrouver ce rapport et de déterminer les valeurs en mètre des anciennes mesures égyptiennes. Pour faire son étude il n'utilise pas la hauteur de la pyramide car cette hauteur n'est qu'une ligne théorique non accessible par la mesure sur site au moyen des instruments dont pouvaient se servir les Égyptiens. Il se sert de la longueur de la base au niveau du socle et de la hauteur des triangles constituant les faces de la pyramide.
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Il remarque le rapport entre la base et la hauteur du triangle d'une face : 230,902 / 184,722 = 1,25. Il suppose que ce rapport n'est pas fortuit[42]. Il remarque aussi que la hauteur d'une face du triangle a la longueur d'un stade. Partant de l'idée que la détermination a été faite dans une base 60, si on multiplie cette valeur du stade par 600, on obtient : 110 833 mètres, ce qui est à quelques mètres près la valeur du degré en Moyenne Égypte, pour tenir compte de l'aplatissement de la Terre (cela donnerait une circonférence de la Terre de : 110,833 x 360 = 39 900 kilomètres, au lieu de deux fois la longueur d'un méridien, soit 40 008 kilomètres).
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Les dimensions de la pyramide données par les écrivains de l'Antiquité sont assez variables. Les longueurs des unités utilisées peuvent être différentes car, si le nom est le même, elles dépendent du pays de référence. Strabon indique que la hauteur de la pyramide est égale à un stade, mais il s'agit de la hauteur de la face triangulaire.
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L'unité de mesure dans la haute Antiquité était la coudée. Sa valeur a varié suivant les pays et les périodes. Elle a fait l'objet de nombreuses discussions entre égyptologues. On ne connaît pas la valeur de la coudée dans l'Ancien Empire. Jomard suppose que la base de la pyramide mesurait quatre-cents coudées donnant une longueur de coudée égale à 0,577 25 m qu'il appelle pyk belady. Cette valeur est différente de celle couramment admise pour la coudée royale = 0,524 m dans le Nouvel Empire[43]. Les études récentes ont montré la variation de la coudée dans le temps et l'espace rendant tout débat à partir de cette valeur inopérant si on ne connaît la valeur de la coudée utilisée au moment de la construction. Jomard rapporte la longueur de la base donnée par plusieurs auteurs de l'Antiquité : Hérodote donne une longueur de 800 pieds, Diodore de Sicile une longueur de 700 pieds, Pline l'ancien de 883 pieds.
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C'est l'égyptologue William Matthew Flinders Petrie qui, au XIXe siècle, est le premier à avoir attiré l'attention sur l'extraordinaire précision obtenue par les anciens Égyptiens[44]. L'erreur obtenue pour un carré parfait est de seulement 20 cm (seulement 4,4 cm selon Mark Lehner[45]).
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La hauteur initiale de la pyramide était de 147 mètres. En coudées égyptiennes, on obtient alors :
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Les quatre angles de la base sont :
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L'erreur moyenne sur les angles droits de la base est de 0° 3´ 6".
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L'erreur moyenne sur l'orientation suivant les quatre points cardinaux est aussi de 0° 3´ 6". La base de la pyramide a été nivelée avec une erreur de quelques centimètres.
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La base de la pyramide est horizontale à 21 mm près.
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Il est plus aisé de décrire l'aspect externe de la pyramide que le massif interne dont la conception n'est pas certaine. Le boyau, reliant la grande galerie à la descenderie, nous permet tout de même d'entrevoir la maçonnerie du massif de la pyramide qui se limite à un libage de blocs de calcaire grossièrement équarris.
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Les pierres de la grande pyramide ont des dimensions variant en fonction de la hauteur à laquelle elles se trouvent. Il semblerait évident de constater que plus on se rapproche du sommet de la pyramide et plus la hauteur des assises diminue. Or, cette règle n'est pas applicable ici. Les assises diminuent de hauteur jusqu'à un certain niveau au-dessus du sol puis, à partir de celui-ci augmentent en taille jusqu'à diminuer encore et ainsi de suite. Il existe ainsi dix-huit groupes d'un nombre variable d'assises. L'égyptologue Georges Goyon explique cette particularité par la provenance et la nature des matériaux employés, une carrière de calcaire dont le sous-sol est composé de strates d'épaisseurs variables. La pyramide est aujourd'hui composée de 201 assises d'une hauteur moyenne de 0,69 mètre, les dernières ayant disparu et le sommet se réduisant à une plate-forme de quelque cent mètres carrés.
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La pyramide ne représente pourtant pas un volume entièrement artificiel. Les égyptiens bénéficièrent en effet d'une éminence rocheuse sur laquelle ils édifièrent le corps de la maçonnerie. La limite supérieure de cette éminence est bien visible au niveau de la grotte. Cette particularité pose encore plus le problème de l'extrême précision avec laquelle ils accomplirent le nivellement de la base sur ses quatre côtés.
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Le parement, originellement composé de pierres en calcaire fin de Tourah, a presque complètement disparu. Il n'en subsiste plus que quelques blocs au niveau de la base[46], reposant sur les pierres du socle.
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À propos de la maçonnerie, Flinders Petrie note que :
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« Plusieurs mesures ont été faites de l'épaisseur des joints entre les pierres de parement. L'épaisseur moyenne pour celles du nord-est est de 0,002 pouce[note 8] et donc l'erreur moyenne par rapport à la ligne droite et au carré parfait n'est que de 0,01 pouce pour une longueur de 75 pouces sur la hauteur de la face. Bien que les pierres eussent été amenées à 1/50 de pouce l'une de l'autre, autrement dit au contact, l'ouverture moyenne du joint n'était que de 1/100 de pouce[47]. »
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Une grande encoche est nettement visible dans l'angle nord-est de la grande pyramide.
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En 2008, et sous l'impulsion de Jean-Pierre Houdin, l'égyptologue Bob Brier est monté jusqu'à cette plateforme afin de trouver des indices pour valider la théorie de l'architecte français. Brier eut la surprise de découvrir vers l'est une cavité aménagée dans la maçonnerie.
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Celle-ci est passée complètement inaperçue aux yeux de Georges Goyon et de William Matthew Flinders Petrie, qui scrutèrent méthodiquement en leur temps cette partie de l'édifice.
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Pourtant, il existe deux mentions de cette cavité :
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« Aux deux-tiers environ de mon escalade de l'angle nord-est de la pyramide, je trouvai une petite cavité d'environ douze pieds de profondeur et de douze pieds de hauteur, qui semble avoir été formée en ôtant les quelques larges blocs de pierre. »
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« [...] Je fus ainsi conduit par l'extrémité orientale de la face nord de la pyramide, jusqu'à une large brèche faite dans l'arête du nord-est, où on me dit qu'étant à la moitié de l'ascension, je devais me reposer et « donner, selon l'usage, une piastre d'Espagne à chaque homme. »[48] »
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La présence de cette pièce conforterait la théorie de Jean-Pierre Houdin selon laquelle la pyramide contiendrait une rampe interne ayant servi à la construction de l'édifice.
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Il ne subsiste aucune trace du pyramidion qui couronnait jadis le sommet de la grande pyramide. Le pyramidion qui est exposé actuellement près du coin sud-est n'est autre que celui de la petite pyramide satellite. Celui-ci est en calcaire et anépigraphe, à l'instar du pyramidion de la pyramide rouge édifiée par le père de Khéops, Snéfrou. Aucun indice ne permet cependant d'indiquer une quelconque similitude avec le pyramidion disparu.
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Les quatre faces de la pyramide seraient légèrement mais très précisément incurvées, cette forme géométrique étant très délicate à réaliser sur de telles dimensions. Ce phénomène, dit d'apothème, a été découvert en 1934 par André Pochan, avec l'hypothèse qu'il marquerait les équinoxes. Cependant, dans son ouvrage L'énigme de la grande pyramide sorti en 1971, il revient sur cette hypothèse, indiquant que le phénomène était visible plusieurs mois de l'année[49]. On rencontre ce phénomène également sur d'autres pyramides égyptiennes[note 9]. L'érosion, un effondrement interne ou un endommagement dû à la chute des pierres de parement, furent souvent invoqués, et souvent contestés[réf. nécessaire].
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Il est également possible que la méthode de construction en soit l'origine. En effet, Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi ont noté qu'à la pyramide de Mykérinos, cette concavité disparaissait au niveau du parement de granite. I.E.S. Edwards attribue cette particularité au fait que les lits de pierre sont légèrement creusés vers le centre de chaque assise, d'où la dépression[source insuffisante][50]. À l'heure actuelle, aucune explication satisfaisante n'existe sur cette particularité architecturale déjà remarquée au XVIIIe siècle. En effet l'hypothèse indiquant que cela servirait à marquer les équinoxes est contestée, le phénomène n'étant pas visible uniquement aux équinoxes et cela n'explique pas non plus pourquoi les quatre faces sont creusées alors qu'une seule aurait suffit. L'hypothèse d'un effondrement est également contestée : s'il y avait eu un effondrement, l'intérieur en aurait été touché, ce qui n'est pas le cas. Les ingénieurs s'accordent d'ailleurs à dire qu'il est impossible que les quatre faces se soient effondrées simultanément vers le centre[réf. nécessaire].
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Quand on étudie la géométrie de la grande pyramide, il est délicat de faire la distinction entre les intentions des constructeurs et les propriétés qui découlent des proportions de l'édifice. On mentionne souvent le nombre d'or et le nombre pi inscrits dans les proportions de la pyramide : les Égyptiens ont en effet choisi une pente, pour les faces, de 14/11 (la hauteur étant de 280 coudées et la base de 2 × 220 coudées, la pente est égale à 280/220 = 14/11). Cette valeur fut pour la première fois appliquée à la pyramide de Meïdoum mais ne constitue pas une règle chez les constructeurs de l'Ancien Empire puisque certaines pyramides ont une pente de 6/5 (pyramide rouge), 4/3 (pyramide de Khéphren) ou encore 7/5 (pyramide rhomboïdale).
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Ces deux résultats découlent donc de l'utilisation d'une pente de 14/11. S'il faut y voir une volonté délibérée de les inscrire dans la construction, le mérite en reviendrait à l'architecte qui utilisa pour la première fois cette pente à la pyramide de Meïdoum, achevée sous le règne de Snéfrou, Meïdoum servant de modèle à Khéops reproduite par homothétie[52].
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Il y eut de nombreuses théories visant à faire de la pyramide un observatoire astronomique. Ainsi le couloir descendant aurait pointé vers l'étoile polaire de l'époque, Alpha Draconis[note 10]. Les couloirs de ventilation côté sud auraient pointé pour l'un, vers l'étoile Sirius, et pour l'autre, vers l'étoile Alnitak. Cependant, ici encore et comme pour la plupart des pyramides d'Égypte, les couloirs d'accès avaient des pentes simples et faciles à mettre en œuvre. Ils étaient inclinés d'un angle compris entre 26° et 26°30' soit une pente de 1/2.
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Une propriété géométrique semble pourtant avoir été voulue par l'architecte de la grande pyramide. Les conduits de ventilation de la chambre de la reine atteindraient tous les deux le même niveau de la pyramide. Ce fait est vérifié pour les conduits de la chambre du roi[53].
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Des souterrains sont assimilés à une ébauche (à échelle réduite) de la descenderie et du couloir ascendant de la grande pyramide. Ils se trouvent à l'angle nord-est de la grande pyramide[47],[54].
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Nous reconnaissons dans ces vestiges, la descenderie, passage long de 21 mètres suivant une pente de 26°32' et dont la section est de 1,05 mètre sur 1,20. À 11 mètres de l'entrée, un passage associé au couloir ascendant prend naissance dans le plafond de la descenderie et rejoint le bas de la grande galerie qui est ébauchée jusqu'au niveau du sol. La section du couloir ascendant est plus large que celle de la descenderie afin d'accueillir des blocs bouchons. Un puits vertical de section carrée de 0,727 m, sans équivalent dans la grande pyramide, a été aménagé afin de relier l'extérieur au premier embranchement.
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L'une des principales différences entre l'agencement interne de la grande pyramide et de cette infrastructure est, outre celle des proportions, la disposition souterraine dans la maquette d'éléments figurant dans le corps de la maçonnerie de la grande pyramide. De plus, la descenderie n'a pas été creusée sur sa totalité et la chambre souterraine est absente.
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Bien qu'elle ne soit accompagnée d'aucune superstructure, l'égyptologue Mark Lehner[55] y voit une sépulture inachevée. Malgré les similitudes de plan entre la pyramide et cette structure, le débat n'est toujours pas tranché[note 11].
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La construction de la « grande pyramide » aurait débuté entre -2600 et -2550 suivant les sources[56], au début de la IVe dynastie, et aurait duré environ une vingtaine d'années selon l'historien antique Manéthon. L'année de début et la durée de construction de la pyramide sont des estimations généralement validées par les égyptologues, parce qu'elles correspondent aux vingt-trois à vingt-cinq années, suivant les sources, du règne du pharaon Khéops[57]. Ces estimations ne sont malheureusement attestées par aucun écrit contemporain, mais déduites logiquement par la destination admise de la pyramide comme étant le tombeau de ce pharaon, hypothèse elle-même non attestée par des écrits.
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En se fondant sur les données traditionnellement admises (pyramide constituée de 2,3 millions de blocs de pierre, durée de chantier de vingt-trois ans), il est estimé que 340 blocs étaient posés chaque jour, soit pour une durée de travail de dix heures par jour, un bloc placé toutes les deux minutes, ce qui aurait mobilisé la main-d'œuvre de plus de 10 000 ouvriers (le nombre prodigieux de 100 000 hommes, ne travaillant que trois mois dans l'année pendant la saison des crues, a été proposé par Hérodote)[58]. Les graffitis découverts dans la chambre supérieure de décharge révèlent que le chantier des pyramides de Gizeh était organisé militairement en équipes de 2 000 ouvriers, chacune de ces équipes étant scindée en deux groupes de 1 000 hommes (ceux œuvrant sur la Grande pyramide s'appelant « les amis de Khéops »), eux-mêmes divisés en cinq phyles (terme grec désignant une « tribu »), unités de 200 ouvriers à leurs tours séparés en dix équipes de vingt travailleurs regroupés selon leurs compétences[58].
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De très nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer la construction de la grande pyramide. Mais aucune ne s'avère définitivement convaincante.
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Plusieurs campagnes de fouilles, dirigées par l'égyptologue américain Mark Lehner entre 1988 et 2003, ont permis de retrouver la configuration probable du site de la pyramide au moment de sa construction. On a ainsi pu retrouver le village des ouvriers du chantier, les carrières qui ont fourni l'essentiel du calcaire de la pyramide et le port.
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En 2013, la mission archéologique franco-égyptienne (Institut français d'archéologie orientale (IFAO) met au jour d’anciens papyrus, datant probablement de l’époque de Khéops (-2589/-2566). Ils sont découverts dans le port de Ouadi el-Jarf, sur la mer Rouge qui approvisionnait les chantiers des pharaons de l'Ancien Empire. À usage essentiellement comptable, ces documents consignent les événements comme prescris par l’administration contemporaine. Des livraisons de pierres à destination de la pyramide de Khéops y sont clairement évoquées. Ainsi, le journal de bord du fonctionnaire Merer, décrit quotidiennement son activité : « L'inspecteur Merer a passé la journée avec son homme à charger des pierres dans les carrières de Tourah (…) Je suis allé livrer des pierres à la pyramide de Khéops »[59],[60].
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Les premiers historiens et voyageurs à nous relater leurs explorations sont des auteurs grecs et latins : Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon, Pline l'Ancien[61]. Leurs descriptions sont plus centrées sur l'aspect historique et légendaire qui entoure le monument que sur la structure même de l'édifice. Hérodote, le premier voyageur dont les écrits nous soient parvenus, fait état d'inscriptions idéographiques sur les faces de la pyramide, détaillant ce qu'elle avait coûté en raifort, oignons et ail pour les ouvriers[61] (cette surprenante indication est reprise par Diodore). Seul Strabon, dans sa Géographie, cite une porte levante à l'entrée de la pyramide, permettant d'accéder à la descenderie ; mais il ne dit rien de la distribution interne.
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Plus tard, de nombreux auteurs arabes relatent les recherches du calife Al-Mamoun effectuées dans la grande pyramide en l'an 820. Mais les témoignages divergent. Selon certains, le calife n'aurait rien trouvé de plus qu'un sarcophage renfermant un corps corrompu[62]. Tandis que l'historien du Xe siècle, Maçoudi, raconte :
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« On pratiqua pour lui la brèche qui est encore béante aujourd'hui, on employa pour cela le feu, le vinaigre, les leviers... L'épaisseur du mur était d'environ vingt coudées ; étant parvenus à la fin de ce mur, ils trouvèrent au fond du trou un bassin vert rempli d'or monnayé ; il s'y trouvait mille dinars chaque dinar pesant une once... Ce bassin était, dit-on, d'émeraude[63],[62] »
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L'écrivain du XIIe siècle, Kaisi, écrit qu'Al-Mamoun y trouva
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« une chambre carrée à la base et voûtée au sommet, très grande et au milieu de laquelle était creusé un puits de dix coudées de profondeur... On raconte qu'un homme y étant pénétré arriva à une petite chambre où se trouvait une statue d'homme en pierre verte comme la malachite. Cette statue fut apportée à Al-Mamoun. Elle avait un couvercle que l'on retira et l'on trouva le corps d'un homme revêtu d'une cuirasse d'or, incrustée de toutes sortes de pierreries ; sur la poitrine était posée une épée d'un prix inestimable, et près de la tête se trouvait un rubis rouge... La statue d'où ce mort avait été tiré fut jetée près de la porte du palais du gouvernement au Caire, où je la vis en l'an 511 (1117-1118 de l'ère chrétienne)[62] »
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De nombreuses allusions aux caractères gravés sur les faces de la pyramide seront faites jusqu'à leur détérioration. Selon Maçoudi, ces caractères étaient de plusieurs sortes ; grecs, phéniciens et d'autres inconnus. Il s'agissait sans doute de témoignages gravés par les voyageurs et accumulés durant plusieurs siècles[64].
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Ibn Khaldoun rapporte dans ses Prolégomènes[65] que le calife Al-Mamoun voulut détruire les pyramides et rassembla des ouvriers pour cela, mais il n’y parvint pas. Ses conseillers lui recommandèrent alors de les laisser en place en témoignage de la grandeur des Arabes, puisqu'ils avaient pu vaincre une civilisation capable de créer de tels monuments. Une partie des débris de surface des pyramides auraient servi dans la construction de quelques maisons du Caire, selon les dires recueillis par ce même historien.
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Au Moyen Âge et au début de la Renaissance, les pyramides sont assimilées aux greniers de Joseph, et rares sont les explorateurs à donner une description quelque peu fidèle des lieux. Il faut attendre le milieu du XVIIe siècle et l'ouvrage Pyramidographia de John Greaves pour découvrir enfin un plan détaillé des agencements internes de la grande pyramide. On discerne la descenderie obstruée à mi-parcours par un amas de débris, la chambre de la reine encombrée de gravats, la grande galerie et la chambre du roi.
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Le livre Description de l'Égypte...[66] (livre de l'Abbé le Mascrier composé d'après les mémoires de Benoît de Maillet), dont la première édition date de 1735, relate le fait que Benoît de Maillet (ancien consul de France au Caire) a visité la grande Pyramide une quarantaine de fois. Un plan intérieur de la grande Pyramide y figure, plan qui sera repris par le livre Lettres sur l'Égypte... publié en 1785 (Claude-Étienne Savary).
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En 1754, l'ouvrage de l'historien Rollin édité par l'anglais Knapton est illustré d'une vue de la grande galerie.
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C'est entre les années 1798 et 1801 que la mission scientifique commandée par Vivant Denon durant la campagne d'Égypte va pouvoir établir les premières observations rigoureusement archéologiques de la grande pyramide. Outre de magnifiques planches représentant le site de Gizeh, la monumentale Description de l'Égypte, publiée sur l'ordre de Bonaparte nous livre les premières vues réalistes de l'intérieur de la grande pyramide, ainsi que des plans d'une très grande précision. La publication de la description va provoquer un véritable engouement. Les voyageurs et explorateurs vont se succéder durant le XIXe siècle. Les ingénieurs Howard Vyse et John Shae Perring vont fouiller, creuser et laisser de nombreuses traces de leurs passages dans la plupart des pyramides memphites et plus particulièrement dans la grande. Leurs résultats fournissent aujourd'hui encore des renseignements précieux pour qui veut étudier la grande pyramide.
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À partir de cette date, la grande pyramide sera étudiée et mesurée dans ses moindres détails par de très nombreux savants, spécialisés ou non dans cette discipline. Deux ouvrages sont alors largement diffusés : le très controversé Our Inheritance in the Great Pyramid, de l'astronome écossais Charles Piazzi Smyth et The Pyramids and Temples of Gizeh, de Flinders Petrie.
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Les pyramides de Gizeh (gravure de 1544)
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Coupe de la pyramide de Khéops (John Greaves, 1646)
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Plan intérieur de la grande Pyramide (Lettres sur l'Égypte, Claude Étienne Savary 1785)
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La grande galerie vers 1799 (Description de l'Égypte)
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Haut lieu touristique, les pyramides sont menacées par la rapide urbanisation du plateau de Gizeh.
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De ce fait une nouvelle politique de protection du plateau est en cours d'élaboration[Quand ?], avec notamment l'édification d'une clôture sur tout son pourtour délimitant ainsi la zone archéologique protégée et l'aménagement de deux entrées distinctes. L'accès des touristes non égyptiens se fait par le nord du site, précisément à proximité de la pyramide de Khéops[réf. souhaitée].
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Chacune des pyramides de Gizeh est tour à tour fermée une année pour réaliser des travaux de restauration et de conservation (nettoyage du sel[67], colmatage de fissures, développement d'un système de ventilation pour réduire l'humidité et l'odeur de renfermé). Le nombre de visiteurs de l'intérieur de la pyramide est limité à 300 par jour[68].
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Plusieurs thèses pseudo-scientifiques ont vu le jour, pour expliquer l'origine et la destination de ce monument :
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Certains n'hésitent pas à vandaliser le monument pour amener la preuve de leur théorie[82].
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Les pyramides d'Égypte, de tous les vestiges monumentaux que nous ont légués les Égyptiens de l'Antiquité, et notamment les trois grandes pyramides de Gizeh, sont à la fois les plus impressionnantes et les plus emblématiques de cette civilisation. Si elle fut, à son origine, destinée au roi, l'idée d'une sépulture pyramidale fut rapidement reprise par les proches du souverain. Khéops semble avoir été le premier à autoriser ses femmes à se faire élever un tel tombeau.
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Tombeaux des rois, des reines et des grands personnages de l'État, dont l'édification remonte pour la grande majorité à l'Ancien Empire, la forme pyramidale de pierre accueille une ou plusieurs chambres internes reliées par des couloirs. La grande pyramide de Gizeh, construite par Khéops, fait partie des Sept Merveilles du monde antique et est classée au patrimoine mondial de l'humanité.
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Le mastaba, construction quasi rectangulaire, était la sépulture des souverains de l'Ancien Empire. Les raisons du passage des mastabas aux pyramides ne sont pas clairement établies, mais on évoque généralement le souhait d'atteindre des hauteurs de plus en plus considérables pour manifester l'importance et la puissance du pharaon défunt. Les premiers mastabas, à étage unique, ont tout d'abord évolué vers des mastabas à deux étages permettant d'accueillir de nouvelles structures funéraires, le second étage étant moins large et moins haut que le premier. Au début de la IIIe dynastie (vers -2700 à -2600), les mastabas sont devenus des pyramides dites à degrés, constituées de plusieurs étages successifs. La première et la plus célèbre de ces pyramides à degrés est la pyramide de Djéser à Saqqarah, dont l'architecte était Imhotep. Imhotep voulut ériger une pyramide à degrés s'élevant tel un escalier gigantesque vers le ciel afin de symboliser l'ascension du défunt du « monde souterrain » vers les « Cieux ».
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L'étape suivante de l'évolution des pyramides à degrés fut l'édification par le roi Snéfrou d'une « pyramide rhomboïdale » sur le site de Dahchour. La pyramide rhomboïdale est une étape intermédiaire entre la pyramide à degrés et la pyramide à faces lisses. La pyramide rhomboïdale est une pyramide dont les faces lisses constituent une pente à sections d'inclinaisons décroissantes en direction du sommet. La non-uniformité de cette pente pourrait s'expliquer par des difficultés architecturales et par l'instabilité de la maçonnerie de la pyramide. Ce type de pyramide est la dernière étape menant au stade ultime de l'évolution des pyramides d'Égypte vers les pyramide à faces lisses de la IVe dynastie (vers -2573 à -2454). Parmi les plus célèbres, on trouve les pyramides des pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos à Gizeh près du Caire.
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Ces pyramides sont suivies par les pyramides à textes des Ve et VIe dynasties, plus petites et fragiles, aujourd'hui en mauvais état de conservation, puis les pyramides de briques de la XIIe dynastie. Malgré un parement en pierre, ces pyramides sont généralement en ruine en raison de la fragilité de la brique et de l'abandon du modèle de macrostructure à noyau et accrétions[1]. Enfin les pharaons de la XXVe dynastie font construire des pyramides nubiennes aussi bien en briques qu'en pierre.
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Il existe donc quatre grandes formes de pyramides :
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Avec la période prédynastique puis la période thinite on assiste à une évolution caractéristique des coutumes funéraires des anciens Égyptiens qui se traduisent pour le personnage le plus puissant du royaume par le creusement d'impressionnantes galeries souterraines accédant au caveau royal et l'édification de monumentales constructions en briques crues signalant dans le désert abydénien l'ultime demeure du roi devenu dieu. Ces structures devinrent de plus en plus complexes tant par leurs dispositions internes qu'externes au cours des IIe et IIIe dynasties. Les pharaons de ces premières lignées développeront davantage cette architecture et les principes qui y présidaient en faisant bâtir de grandes enceintes destinées à servir au culte funéraire du roi qui lui restait enterré à l'écart dans son cénotaphe en dessous d'un monument rappelant le benben, le tertre primordial ou plus probablement la tombe d'Osiris.
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C'est avec Djéser de la IIIe dynastie que l'architecture des tombes royales prend un nouvel élan réunissant en un seul complexe ces deux éléments jusque-là distincts et donnant au monument funéraire une envergure inégalée. Non seulement l'architecture se fait de pierres, ce qui représente une véritable révolution technique, mais la forme pyramidale naît, traduisant le devenir de Pharaon une fois qu'il a rejoint le séjour des dieux, indice d'une révolution théologique. En effet, cette forme choisie va très rapidement devenir l'élément principal du complexe funéraire au point qu'il en qualifie la destination et qu'il s'agira désormais de complexe pyramidal. Tout au long de cet Ancien Empire il apparaît certain au vu des découvertes des textes des pyramides que cette architecture répondait à des codes précis, savamment pensés puis inscrits dans la pierre même des caveaux funéraires afin d'ajouter l'écrit éternel à cet écrin de pierre destiné à assurer l'immortalité d'un roi divin.
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Les pyramides montrent, pour leur époque, le grand savoir des ingénieurs égyptiens capables de faire s'élever de tels monuments avec des moyens très rudimentaires. Les méthodes de construction des pyramides égyptiennes demeurent incertaines. Les données documentaires[3] et archéologiques sur ces chantiers gigantesques restent très fragmentaires, tandis que les théories fleurissent et se multiplient, surtout depuis la fin du XIXe siècle. Des centaines d'ouvrages consacrés à la pyramide de Khéops prétendent avoir enfin réussi à percer le mystère qui entoure sa construction. Les théories se focalisent généralement sur la Grande pyramide, partant du principe qu'une méthode pouvant expliquer sa construction peut également s'appliquer à toutes les autres pyramides d'Égypte. En fait, rien ne permet d'affirmer que les mêmes méthodes aient été appliquées à toutes les pyramides, de tous types, toutes tailles et toutes époques.
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De tout temps, ces gigantesques constructions de pierre ont excité l'imaginaire. La raison principale tient peut-être au fait que rarement dans l'Histoire de l'humanité, les éléments ayant permis leur construction ne se réuniront à nouveau : un pouvoir théocratique tout-puissant, un pays riche et prospère, une main-d'œuvre nombreuse, une administration très développée et un grand savoir empirique. Dans ces conditions, il est plus valorisant pour les civilisations qui contempleront ces « merveilles », de leur attribuer une origine extraordinaire que d'admettre ses propres limites.
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L'égyptologie naissante du XIXe siècle posant plus de questions qu'elle ne pouvait apporter de réponses, des mythes modernes ont vite rempli les trous qu'elle avait laissés. Il faudra de longues années aux égyptologues pour tenter de faire tomber ces mythes, qui, malgré tout, restent encore bien vivaces dans la culture contemporaine. Ce qu'il reste de « mystères » ne sont en fait que des questions n'ayant pas encore de réponses unanimes. On peut citer : l'existence ou non de chambres cachées dans la pyramide de Khéops (avec les « trésors » qu'elles pourraient contenir), le protocole exact de construction des pyramides (si tant est qu'il fut unique), la période exacte de construction, ou encore la symbolique qu'avaient ces monuments aux yeux de leurs bâtisseurs.
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Certains égyptologues (comme Selim Hassan) ou archéo-astronomes (comme Robert Bauval) proposent une théorie selon laquelle il existerait une corrélation entre la position et l'orientation des pyramides de Gizeh et la position des étoiles et notamment de la constellation d'Orion.
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La grande pyramide de Khéops est sans nul doute la pyramide la plus célèbre. Formant une pyramide carrée de 137 m de hauteur (initialement de 146 m, c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome (139 m)), elle fut édifiée il y a plus de 4500 ans, sous la IVe dynastie, au centre d'un vaste complexe funéraire se situant à Gizeh. Elle est la seule des Sept Merveilles du monde de l'Antiquité à avoir survécu.
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Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records, la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Véritable symbole de tout un pays, ce monument est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche. Le tombeau, véritable chef-d'œuvre de l'Ancien Empire, représente la concentration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints en font une pyramide à part qui ne cesse de captiver l'imagination.
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Le classement ci-dessous utilise comme référence la longueur de la base de la pyramide (la hauteur est donnée à titre indicatif) :
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Quelques pyramides souffrant d'un état de délabrement très avancé, échappent encore à la classification :
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Cent vingt trois pyramides (pyramides subsidiaires et provinciales comprises) sont actuellement connues[4]. Les pyramides de plusieurs souverains de l'Ancien Empire n'ont pas encore pu être localisées, notamment celles de Ouserkarê, Mérenrê II et Nitocris. De même des pyramides de reines reposent toujours enfouies sous les sables, comme celle de Ânkhésenpépi Ire par exemple, auxquelles il faut sans doute ajouter quelques pyramides de souverains et reines obscurs de la Première Période intermédiaire et de la Deuxième Période intermédiaire n'ayant laissé aucune trace dans l'histoire.
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L'égyptologue allemand Rainer Stadelmann a décelé les vestiges de trois pyramides, toutes situées à Dahchour, la pyramide A de Dahchour Sud, la pyramide B de Dahchour sud et la pyramide anonyme de Dahchour. Cette dernière, située au sud de la pyramide d'Amenemhat II a malheureusement été très endommagée par la construction d'un pipeline. Les deux pyramides de Dahchour sud n'ont encore fait l'objet d'aucune étude.
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Une étude est effectuée en 2006 par l'équipe allemande du Deutsches Archäologisches Institut. Celle-ci visait à repérer des vestiges dans deux zones vierges de toutes prospections, celles de Saqqarah Sud et de Dahchour Sud (près de Mazghouna). Il en est ressorti que, outre de nombreux monuments divers, des pyramides inachevées devaient reposer sous les sables. L'équipe nomma deux pyramides, pyramide SAK S3 et pyramide SAK S7, situées près de la pyramide inachevée de Saqqarah sud et de la pyramide de Khendjer, ainsi que pyramide DAS 53, près de la pyramide nord de Mazghouna. Aucune fouille n'est actuellement programmée pour mettre au jour l'un ou l'autre de ces monuments.
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En 2013, une équipe belge découvre la pyramide de Khay à Louxor[5].
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« Tu ne t'éteindras pas, tu ne finiras pas. Ton nom durera auprès des hommes. Ton nom viendra à être auprès des dieux. » Cette promesse de vie éternelle adressée à Pépi Ier et gravée sur les parois de son appartement funéraire appartient à un des plus anciens recueils de textes de l'humanité. Il est probable que ces incantations, qui aidaient le souverain à renaître dans l'au-delà, furent récitées par les prêtres jusqu'à la Ve dynastie. Si quelques hiéroglyphes ornaient les monuments funéraires de Djéser, c'est à partir d'Ounas, dernier roi de la Ve dynastie, que les textes des pyramides sont gravés dans les appartements funéraires royaux. En les faisant graver sur les parois de leur tombeau, les rois se les appropriaient et surtout s'affranchissaient de l'influence des ecclésiastiques. Les textes comportaient aussi des formules qui assuraient au défunt la force nécessaire à son ultime voyage. Des formules magiques étaient censées protéger la sépulture contre les intrusions extérieures. Disposé en longues colonnes, le texte est tracé à l'aide de poudre de malachite, ce qui lui donne une teinte verte, symbole de renaissance à l'instar des jeunes pousses qui se dressent sur le limon après les crues du Nil. Mais à la fin de l'Ancien Empire, les pyramides royales en perdent l'exclusivité et dès la Première Période intermédiaire, les particuliers s'approprient des brides du texte qu'ils font inscrire à l'intérieur de leur sarcophage. Ces textes des sarcophages sont repris en partie dans le livre des morts. Inscrit sur papyrus, le texte sera alors déposé dans la tombe du défunt durant toute la Basse époque.
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L'étude des pyramides a produit une quantité d'ouvrages dont voici une liste non exhaustive :
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Tombeaux des rois, des reines et des grands personnages de l'État, dont l'édification remonte pour la grande majorité à l'Ancien Empire, la forme pyramidale de pierre accueille une ou plusieurs chambres internes reliées par des couloirs. La grande pyramide de Gizeh, construite par Khéops, fait partie des Sept Merveilles du monde antique et est classée au patrimoine mondial de l'humanité.
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Le mastaba, construction quasi rectangulaire, était la sépulture des souverains de l'Ancien Empire. Les raisons du passage des mastabas aux pyramides ne sont pas clairement établies, mais on évoque généralement le souhait d'atteindre des hauteurs de plus en plus considérables pour manifester l'importance et la puissance du pharaon défunt. Les premiers mastabas, à étage unique, ont tout d'abord évolué vers des mastabas à deux étages permettant d'accueillir de nouvelles structures funéraires, le second étage étant moins large et moins haut que le premier. Au début de la IIIe dynastie (vers -2700 à -2600), les mastabas sont devenus des pyramides dites à degrés, constituées de plusieurs étages successifs. La première et la plus célèbre de ces pyramides à degrés est la pyramide de Djéser à Saqqarah, dont l'architecte était Imhotep. Imhotep voulut ériger une pyramide à degrés s'élevant tel un escalier gigantesque vers le ciel afin de symboliser l'ascension du défunt du « monde souterrain » vers les « Cieux ».
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L'étape suivante de l'évolution des pyramides à degrés fut l'édification par le roi Snéfrou d'une « pyramide rhomboïdale » sur le site de Dahchour. La pyramide rhomboïdale est une étape intermédiaire entre la pyramide à degrés et la pyramide à faces lisses. La pyramide rhomboïdale est une pyramide dont les faces lisses constituent une pente à sections d'inclinaisons décroissantes en direction du sommet. La non-uniformité de cette pente pourrait s'expliquer par des difficultés architecturales et par l'instabilité de la maçonnerie de la pyramide. Ce type de pyramide est la dernière étape menant au stade ultime de l'évolution des pyramides d'Égypte vers les pyramide à faces lisses de la IVe dynastie (vers -2573 à -2454). Parmi les plus célèbres, on trouve les pyramides des pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos à Gizeh près du Caire.
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Ces pyramides sont suivies par les pyramides à textes des Ve et VIe dynasties, plus petites et fragiles, aujourd'hui en mauvais état de conservation, puis les pyramides de briques de la XIIe dynastie. Malgré un parement en pierre, ces pyramides sont généralement en ruine en raison de la fragilité de la brique et de l'abandon du modèle de macrostructure à noyau et accrétions[1]. Enfin les pharaons de la XXVe dynastie font construire des pyramides nubiennes aussi bien en briques qu'en pierre.
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Il existe donc quatre grandes formes de pyramides :
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Avec la période prédynastique puis la période thinite on assiste à une évolution caractéristique des coutumes funéraires des anciens Égyptiens qui se traduisent pour le personnage le plus puissant du royaume par le creusement d'impressionnantes galeries souterraines accédant au caveau royal et l'édification de monumentales constructions en briques crues signalant dans le désert abydénien l'ultime demeure du roi devenu dieu. Ces structures devinrent de plus en plus complexes tant par leurs dispositions internes qu'externes au cours des IIe et IIIe dynasties. Les pharaons de ces premières lignées développeront davantage cette architecture et les principes qui y présidaient en faisant bâtir de grandes enceintes destinées à servir au culte funéraire du roi qui lui restait enterré à l'écart dans son cénotaphe en dessous d'un monument rappelant le benben, le tertre primordial ou plus probablement la tombe d'Osiris.
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C'est avec Djéser de la IIIe dynastie que l'architecture des tombes royales prend un nouvel élan réunissant en un seul complexe ces deux éléments jusque-là distincts et donnant au monument funéraire une envergure inégalée. Non seulement l'architecture se fait de pierres, ce qui représente une véritable révolution technique, mais la forme pyramidale naît, traduisant le devenir de Pharaon une fois qu'il a rejoint le séjour des dieux, indice d'une révolution théologique. En effet, cette forme choisie va très rapidement devenir l'élément principal du complexe funéraire au point qu'il en qualifie la destination et qu'il s'agira désormais de complexe pyramidal. Tout au long de cet Ancien Empire il apparaît certain au vu des découvertes des textes des pyramides que cette architecture répondait à des codes précis, savamment pensés puis inscrits dans la pierre même des caveaux funéraires afin d'ajouter l'écrit éternel à cet écrin de pierre destiné à assurer l'immortalité d'un roi divin.
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Les pyramides montrent, pour leur époque, le grand savoir des ingénieurs égyptiens capables de faire s'élever de tels monuments avec des moyens très rudimentaires. Les méthodes de construction des pyramides égyptiennes demeurent incertaines. Les données documentaires[3] et archéologiques sur ces chantiers gigantesques restent très fragmentaires, tandis que les théories fleurissent et se multiplient, surtout depuis la fin du XIXe siècle. Des centaines d'ouvrages consacrés à la pyramide de Khéops prétendent avoir enfin réussi à percer le mystère qui entoure sa construction. Les théories se focalisent généralement sur la Grande pyramide, partant du principe qu'une méthode pouvant expliquer sa construction peut également s'appliquer à toutes les autres pyramides d'Égypte. En fait, rien ne permet d'affirmer que les mêmes méthodes aient été appliquées à toutes les pyramides, de tous types, toutes tailles et toutes époques.
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De tout temps, ces gigantesques constructions de pierre ont excité l'imaginaire. La raison principale tient peut-être au fait que rarement dans l'Histoire de l'humanité, les éléments ayant permis leur construction ne se réuniront à nouveau : un pouvoir théocratique tout-puissant, un pays riche et prospère, une main-d'œuvre nombreuse, une administration très développée et un grand savoir empirique. Dans ces conditions, il est plus valorisant pour les civilisations qui contempleront ces « merveilles », de leur attribuer une origine extraordinaire que d'admettre ses propres limites.
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L'égyptologie naissante du XIXe siècle posant plus de questions qu'elle ne pouvait apporter de réponses, des mythes modernes ont vite rempli les trous qu'elle avait laissés. Il faudra de longues années aux égyptologues pour tenter de faire tomber ces mythes, qui, malgré tout, restent encore bien vivaces dans la culture contemporaine. Ce qu'il reste de « mystères » ne sont en fait que des questions n'ayant pas encore de réponses unanimes. On peut citer : l'existence ou non de chambres cachées dans la pyramide de Khéops (avec les « trésors » qu'elles pourraient contenir), le protocole exact de construction des pyramides (si tant est qu'il fut unique), la période exacte de construction, ou encore la symbolique qu'avaient ces monuments aux yeux de leurs bâtisseurs.
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Certains égyptologues (comme Selim Hassan) ou archéo-astronomes (comme Robert Bauval) proposent une théorie selon laquelle il existerait une corrélation entre la position et l'orientation des pyramides de Gizeh et la position des étoiles et notamment de la constellation d'Orion.
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La grande pyramide de Khéops est sans nul doute la pyramide la plus célèbre. Formant une pyramide carrée de 137 m de hauteur (initialement de 146 m, c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome (139 m)), elle fut édifiée il y a plus de 4500 ans, sous la IVe dynastie, au centre d'un vaste complexe funéraire se situant à Gizeh. Elle est la seule des Sept Merveilles du monde de l'Antiquité à avoir survécu.
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Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records, la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Véritable symbole de tout un pays, ce monument est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche. Le tombeau, véritable chef-d'œuvre de l'Ancien Empire, représente la concentration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints en font une pyramide à part qui ne cesse de captiver l'imagination.
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Le classement ci-dessous utilise comme référence la longueur de la base de la pyramide (la hauteur est donnée à titre indicatif) :
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Quelques pyramides souffrant d'un état de délabrement très avancé, échappent encore à la classification :
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Cent vingt trois pyramides (pyramides subsidiaires et provinciales comprises) sont actuellement connues[4]. Les pyramides de plusieurs souverains de l'Ancien Empire n'ont pas encore pu être localisées, notamment celles de Ouserkarê, Mérenrê II et Nitocris. De même des pyramides de reines reposent toujours enfouies sous les sables, comme celle de Ânkhésenpépi Ire par exemple, auxquelles il faut sans doute ajouter quelques pyramides de souverains et reines obscurs de la Première Période intermédiaire et de la Deuxième Période intermédiaire n'ayant laissé aucune trace dans l'histoire.
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L'égyptologue allemand Rainer Stadelmann a décelé les vestiges de trois pyramides, toutes situées à Dahchour, la pyramide A de Dahchour Sud, la pyramide B de Dahchour sud et la pyramide anonyme de Dahchour. Cette dernière, située au sud de la pyramide d'Amenemhat II a malheureusement été très endommagée par la construction d'un pipeline. Les deux pyramides de Dahchour sud n'ont encore fait l'objet d'aucune étude.
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Une étude est effectuée en 2006 par l'équipe allemande du Deutsches Archäologisches Institut. Celle-ci visait à repérer des vestiges dans deux zones vierges de toutes prospections, celles de Saqqarah Sud et de Dahchour Sud (près de Mazghouna). Il en est ressorti que, outre de nombreux monuments divers, des pyramides inachevées devaient reposer sous les sables. L'équipe nomma deux pyramides, pyramide SAK S3 et pyramide SAK S7, situées près de la pyramide inachevée de Saqqarah sud et de la pyramide de Khendjer, ainsi que pyramide DAS 53, près de la pyramide nord de Mazghouna. Aucune fouille n'est actuellement programmée pour mettre au jour l'un ou l'autre de ces monuments.
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En 2013, une équipe belge découvre la pyramide de Khay à Louxor[5].
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« Tu ne t'éteindras pas, tu ne finiras pas. Ton nom durera auprès des hommes. Ton nom viendra à être auprès des dieux. » Cette promesse de vie éternelle adressée à Pépi Ier et gravée sur les parois de son appartement funéraire appartient à un des plus anciens recueils de textes de l'humanité. Il est probable que ces incantations, qui aidaient le souverain à renaître dans l'au-delà, furent récitées par les prêtres jusqu'à la Ve dynastie. Si quelques hiéroglyphes ornaient les monuments funéraires de Djéser, c'est à partir d'Ounas, dernier roi de la Ve dynastie, que les textes des pyramides sont gravés dans les appartements funéraires royaux. En les faisant graver sur les parois de leur tombeau, les rois se les appropriaient et surtout s'affranchissaient de l'influence des ecclésiastiques. Les textes comportaient aussi des formules qui assuraient au défunt la force nécessaire à son ultime voyage. Des formules magiques étaient censées protéger la sépulture contre les intrusions extérieures. Disposé en longues colonnes, le texte est tracé à l'aide de poudre de malachite, ce qui lui donne une teinte verte, symbole de renaissance à l'instar des jeunes pousses qui se dressent sur le limon après les crues du Nil. Mais à la fin de l'Ancien Empire, les pyramides royales en perdent l'exclusivité et dès la Première Période intermédiaire, les particuliers s'approprient des brides du texte qu'ils font inscrire à l'intérieur de leur sarcophage. Ces textes des sarcophages sont repris en partie dans le livre des morts. Inscrit sur papyrus, le texte sera alors déposé dans la tombe du défunt durant toute la Basse époque.
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Les pyramides d'Égypte, de tous les vestiges monumentaux que nous ont légués les Égyptiens de l'Antiquité, et notamment les trois grandes pyramides de Gizeh, sont à la fois les plus impressionnantes et les plus emblématiques de cette civilisation. Si elle fut, à son origine, destinée au roi, l'idée d'une sépulture pyramidale fut rapidement reprise par les proches du souverain. Khéops semble avoir été le premier à autoriser ses femmes à se faire élever un tel tombeau.
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Tombeaux des rois, des reines et des grands personnages de l'État, dont l'édification remonte pour la grande majorité à l'Ancien Empire, la forme pyramidale de pierre accueille une ou plusieurs chambres internes reliées par des couloirs. La grande pyramide de Gizeh, construite par Khéops, fait partie des Sept Merveilles du monde antique et est classée au patrimoine mondial de l'humanité.
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Le mastaba, construction quasi rectangulaire, était la sépulture des souverains de l'Ancien Empire. Les raisons du passage des mastabas aux pyramides ne sont pas clairement établies, mais on évoque généralement le souhait d'atteindre des hauteurs de plus en plus considérables pour manifester l'importance et la puissance du pharaon défunt. Les premiers mastabas, à étage unique, ont tout d'abord évolué vers des mastabas à deux étages permettant d'accueillir de nouvelles structures funéraires, le second étage étant moins large et moins haut que le premier. Au début de la IIIe dynastie (vers -2700 à -2600), les mastabas sont devenus des pyramides dites à degrés, constituées de plusieurs étages successifs. La première et la plus célèbre de ces pyramides à degrés est la pyramide de Djéser à Saqqarah, dont l'architecte était Imhotep. Imhotep voulut ériger une pyramide à degrés s'élevant tel un escalier gigantesque vers le ciel afin de symboliser l'ascension du défunt du « monde souterrain » vers les « Cieux ».
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L'étape suivante de l'évolution des pyramides à degrés fut l'édification par le roi Snéfrou d'une « pyramide rhomboïdale » sur le site de Dahchour. La pyramide rhomboïdale est une étape intermédiaire entre la pyramide à degrés et la pyramide à faces lisses. La pyramide rhomboïdale est une pyramide dont les faces lisses constituent une pente à sections d'inclinaisons décroissantes en direction du sommet. La non-uniformité de cette pente pourrait s'expliquer par des difficultés architecturales et par l'instabilité de la maçonnerie de la pyramide. Ce type de pyramide est la dernière étape menant au stade ultime de l'évolution des pyramides d'Égypte vers les pyramide à faces lisses de la IVe dynastie (vers -2573 à -2454). Parmi les plus célèbres, on trouve les pyramides des pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos à Gizeh près du Caire.
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Ces pyramides sont suivies par les pyramides à textes des Ve et VIe dynasties, plus petites et fragiles, aujourd'hui en mauvais état de conservation, puis les pyramides de briques de la XIIe dynastie. Malgré un parement en pierre, ces pyramides sont généralement en ruine en raison de la fragilité de la brique et de l'abandon du modèle de macrostructure à noyau et accrétions[1]. Enfin les pharaons de la XXVe dynastie font construire des pyramides nubiennes aussi bien en briques qu'en pierre.
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Il existe donc quatre grandes formes de pyramides :
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Avec la période prédynastique puis la période thinite on assiste à une évolution caractéristique des coutumes funéraires des anciens Égyptiens qui se traduisent pour le personnage le plus puissant du royaume par le creusement d'impressionnantes galeries souterraines accédant au caveau royal et l'édification de monumentales constructions en briques crues signalant dans le désert abydénien l'ultime demeure du roi devenu dieu. Ces structures devinrent de plus en plus complexes tant par leurs dispositions internes qu'externes au cours des IIe et IIIe dynasties. Les pharaons de ces premières lignées développeront davantage cette architecture et les principes qui y présidaient en faisant bâtir de grandes enceintes destinées à servir au culte funéraire du roi qui lui restait enterré à l'écart dans son cénotaphe en dessous d'un monument rappelant le benben, le tertre primordial ou plus probablement la tombe d'Osiris.
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C'est avec Djéser de la IIIe dynastie que l'architecture des tombes royales prend un nouvel élan réunissant en un seul complexe ces deux éléments jusque-là distincts et donnant au monument funéraire une envergure inégalée. Non seulement l'architecture se fait de pierres, ce qui représente une véritable révolution technique, mais la forme pyramidale naît, traduisant le devenir de Pharaon une fois qu'il a rejoint le séjour des dieux, indice d'une révolution théologique. En effet, cette forme choisie va très rapidement devenir l'élément principal du complexe funéraire au point qu'il en qualifie la destination et qu'il s'agira désormais de complexe pyramidal. Tout au long de cet Ancien Empire il apparaît certain au vu des découvertes des textes des pyramides que cette architecture répondait à des codes précis, savamment pensés puis inscrits dans la pierre même des caveaux funéraires afin d'ajouter l'écrit éternel à cet écrin de pierre destiné à assurer l'immortalité d'un roi divin.
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Les pyramides montrent, pour leur époque, le grand savoir des ingénieurs égyptiens capables de faire s'élever de tels monuments avec des moyens très rudimentaires. Les méthodes de construction des pyramides égyptiennes demeurent incertaines. Les données documentaires[3] et archéologiques sur ces chantiers gigantesques restent très fragmentaires, tandis que les théories fleurissent et se multiplient, surtout depuis la fin du XIXe siècle. Des centaines d'ouvrages consacrés à la pyramide de Khéops prétendent avoir enfin réussi à percer le mystère qui entoure sa construction. Les théories se focalisent généralement sur la Grande pyramide, partant du principe qu'une méthode pouvant expliquer sa construction peut également s'appliquer à toutes les autres pyramides d'Égypte. En fait, rien ne permet d'affirmer que les mêmes méthodes aient été appliquées à toutes les pyramides, de tous types, toutes tailles et toutes époques.
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De tout temps, ces gigantesques constructions de pierre ont excité l'imaginaire. La raison principale tient peut-être au fait que rarement dans l'Histoire de l'humanité, les éléments ayant permis leur construction ne se réuniront à nouveau : un pouvoir théocratique tout-puissant, un pays riche et prospère, une main-d'œuvre nombreuse, une administration très développée et un grand savoir empirique. Dans ces conditions, il est plus valorisant pour les civilisations qui contempleront ces « merveilles », de leur attribuer une origine extraordinaire que d'admettre ses propres limites.
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L'égyptologie naissante du XIXe siècle posant plus de questions qu'elle ne pouvait apporter de réponses, des mythes modernes ont vite rempli les trous qu'elle avait laissés. Il faudra de longues années aux égyptologues pour tenter de faire tomber ces mythes, qui, malgré tout, restent encore bien vivaces dans la culture contemporaine. Ce qu'il reste de « mystères » ne sont en fait que des questions n'ayant pas encore de réponses unanimes. On peut citer : l'existence ou non de chambres cachées dans la pyramide de Khéops (avec les « trésors » qu'elles pourraient contenir), le protocole exact de construction des pyramides (si tant est qu'il fut unique), la période exacte de construction, ou encore la symbolique qu'avaient ces monuments aux yeux de leurs bâtisseurs.
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Certains égyptologues (comme Selim Hassan) ou archéo-astronomes (comme Robert Bauval) proposent une théorie selon laquelle il existerait une corrélation entre la position et l'orientation des pyramides de Gizeh et la position des étoiles et notamment de la constellation d'Orion.
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La grande pyramide de Khéops est sans nul doute la pyramide la plus célèbre. Formant une pyramide carrée de 137 m de hauteur (initialement de 146 m, c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome (139 m)), elle fut édifiée il y a plus de 4500 ans, sous la IVe dynastie, au centre d'un vaste complexe funéraire se situant à Gizeh. Elle est la seule des Sept Merveilles du monde de l'Antiquité à avoir survécu.
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Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records, la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Véritable symbole de tout un pays, ce monument est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche. Le tombeau, véritable chef-d'œuvre de l'Ancien Empire, représente la concentration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints en font une pyramide à part qui ne cesse de captiver l'imagination.
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Le classement ci-dessous utilise comme référence la longueur de la base de la pyramide (la hauteur est donnée à titre indicatif) :
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Quelques pyramides souffrant d'un état de délabrement très avancé, échappent encore à la classification :
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Cent vingt trois pyramides (pyramides subsidiaires et provinciales comprises) sont actuellement connues[4]. Les pyramides de plusieurs souverains de l'Ancien Empire n'ont pas encore pu être localisées, notamment celles de Ouserkarê, Mérenrê II et Nitocris. De même des pyramides de reines reposent toujours enfouies sous les sables, comme celle de Ânkhésenpépi Ire par exemple, auxquelles il faut sans doute ajouter quelques pyramides de souverains et reines obscurs de la Première Période intermédiaire et de la Deuxième Période intermédiaire n'ayant laissé aucune trace dans l'histoire.
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L'égyptologue allemand Rainer Stadelmann a décelé les vestiges de trois pyramides, toutes situées à Dahchour, la pyramide A de Dahchour Sud, la pyramide B de Dahchour sud et la pyramide anonyme de Dahchour. Cette dernière, située au sud de la pyramide d'Amenemhat II a malheureusement été très endommagée par la construction d'un pipeline. Les deux pyramides de Dahchour sud n'ont encore fait l'objet d'aucune étude.
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Une étude est effectuée en 2006 par l'équipe allemande du Deutsches Archäologisches Institut. Celle-ci visait à repérer des vestiges dans deux zones vierges de toutes prospections, celles de Saqqarah Sud et de Dahchour Sud (près de Mazghouna). Il en est ressorti que, outre de nombreux monuments divers, des pyramides inachevées devaient reposer sous les sables. L'équipe nomma deux pyramides, pyramide SAK S3 et pyramide SAK S7, situées près de la pyramide inachevée de Saqqarah sud et de la pyramide de Khendjer, ainsi que pyramide DAS 53, près de la pyramide nord de Mazghouna. Aucune fouille n'est actuellement programmée pour mettre au jour l'un ou l'autre de ces monuments.
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En 2013, une équipe belge découvre la pyramide de Khay à Louxor[5].
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« Tu ne t'éteindras pas, tu ne finiras pas. Ton nom durera auprès des hommes. Ton nom viendra à être auprès des dieux. » Cette promesse de vie éternelle adressée à Pépi Ier et gravée sur les parois de son appartement funéraire appartient à un des plus anciens recueils de textes de l'humanité. Il est probable que ces incantations, qui aidaient le souverain à renaître dans l'au-delà, furent récitées par les prêtres jusqu'à la Ve dynastie. Si quelques hiéroglyphes ornaient les monuments funéraires de Djéser, c'est à partir d'Ounas, dernier roi de la Ve dynastie, que les textes des pyramides sont gravés dans les appartements funéraires royaux. En les faisant graver sur les parois de leur tombeau, les rois se les appropriaient et surtout s'affranchissaient de l'influence des ecclésiastiques. Les textes comportaient aussi des formules qui assuraient au défunt la force nécessaire à son ultime voyage. Des formules magiques étaient censées protéger la sépulture contre les intrusions extérieures. Disposé en longues colonnes, le texte est tracé à l'aide de poudre de malachite, ce qui lui donne une teinte verte, symbole de renaissance à l'instar des jeunes pousses qui se dressent sur le limon après les crues du Nil. Mais à la fin de l'Ancien Empire, les pyramides royales en perdent l'exclusivité et dès la Première Période intermédiaire, les particuliers s'approprient des brides du texte qu'ils font inscrire à l'intérieur de leur sarcophage. Ces textes des sarcophages sont repris en partie dans le livre des morts. Inscrit sur papyrus, le texte sera alors déposé dans la tombe du défunt durant toute la Basse époque.
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L'étude des pyramides a produit une quantité d'ouvrages dont voici une liste non exhaustive :
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On appelle combustible fossile tous les combustibles riches en carbone — essentiellement des hydrocarbures — issus de la méthanisation d'êtres vivants morts et enfouis dans le sol depuis plusieurs millions d’années, jusqu’à parfois 650 millions d’années[1]. Il s’agit du pétrole, du charbon, de la tourbe et du gaz naturel. Parmi ces derniers, le méthane (CH4) présente le rapport H/C le plus élevé, alors que l’anthracite et certaines houilles sont composés de carbone presque pur.
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Ces sources d'énergie ne sont pas renouvelables car elles demandent des millions d'années pour se constituer et qu'elles sont utilisées beaucoup plus rapidement que le temps nécessaire pour recréer des réserves. L’utilisation de combustibles fossiles a plus que doublé depuis les années 1970[2].
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Les combustibles fossiles représentaient en 2002 environ 80 % des 10 078 MTep d'énergie consommée dans le monde. Ils sont généralement classés en deux grandes catégories :
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Les combustibles fossiles conventionnels représentent la quasi-totalité de la consommation actuelle d’énergies fossiles.
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Parmi les combustibles fossiles non conventionnels, on peut citer :
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Les réserves prouvées de combustibles fossiles dans le monde au 1er janvier 2013 sont les suivantes (entre parenthèses, les 3 premiers pays du monde en termes de réserves pour chaque catégorie) :
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Les ressources sont inégalement réparties à l'échelle planétaire. Pour le pétrole, les 3 pays les mieux dotés possèdent 45 % des réserves mondiales totales, et les 20 premiers pays plus de 95 %[4]. En ce qui concerne le gaz, les 20 premiers pays détiennent plus de 91 % des réserves prouvées[5]. Finalement, environ 60 % des réserves de charbon sont détenues par 3 pays[6].
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Aujourd'hui (année 2018), l’utilisation par l’humanité de quantités considérables de combustibles fossiles est à l’origine d’un déséquilibre important du cycle du carbone, ce qui provoque une augmentation de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre et, par voie de conséquence, entraîne des changements climatiques.
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Les réserves de combustibles fossiles de la planète se renouvellent bien plus lentement que leur vitesse de consommation actuelle, ce qui a laissé présager leur épuisement au cours des prochaines décennies. Pour donner un ordre de grandeur de la vitesse d’utilisation des combustibles fossiles, on considère que, au rythme actuel, l’humanité aura épuisé en moins de 200 ans les réserves accumulées pendant plusieurs centaines de millions d’années (pour fixer les idées, on prendra 200 millions d’années, sachant que le carbonifère dura environ 60 millions d’années[pourquoi ?]). On constate ainsi que l’humanité épuise les réserves de combustibles fossiles environ un million de fois plus vite que ce que la nature a mis pour les constituer.
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La théorie du pic pétrolier (ou de pic de Hubbert), popularisée au début des années 2000, prédisait la survenue sous quelques années du moment où la production mondiale de pétrole plafonnerait et commencerait à décliner en raison d'un épuisement des ressources disponibles. Ces prédictions ont cependant été rendues caduques à la suite de la crise économique de 2008, qui a entraîné un affaiblissement de la demande mondiale. L'entrée en exploitation du pétrole de schiste aux États-Unis et dans d'autres pays à partir de 2010 a quant à elle contribué à étendre les réserves exploitables, repoussant d'autant la perspective d'un épuisement du pétrole. En 2014, l'Agence internationale de l'énergie prévoyait une hausse de 15 % de la production mondiale de pétrole d'ici 2040, en fonction d'arbitrages opérés par les pays de l'OPEP[7].
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La part des énergies fossiles dans le mix énergétique mondial devrait passer de 82 % en 2014 à 75 % en 2040, au profit d'une progression des énergies renouvelables[8].
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En novembre 2019, la Banque européenne d'investissement (BEI) annonce la fin de ses financements de projets énergétiques en lien avec les énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) à partir de 2022[9]. Cette annonce fait suite à d'autres engagements semblables comme celui du fonds souverain norvégien[10],[11].
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La Chine et quelques pays continuent à fortement soutenir le développement du charbon.
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Le gaz de schiste a connu un fort développement aux États-Unis, mais pourrait connaitre un ralentissement en raison des impacts environnementaux des techniques de fracturation hydraulique et des fluides de fracturation nécessaires pour extraire ce gaz des couches de schiste compact.
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En 2013, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publie un premier inventaire de la « fiscalité noire », c'est-à-dire des soutiens aux énergies fossiles accordés par les 34 pays-membres de cette institution ; de même qu'un inventaire des « effets des taux légaux des taxes sur divers carburants et combustibles, lorsque ces taux sont exprimés par unité d’énergie ou par unité d’émission de dioxyde de carbone (CO2) »[12]. Les conclusions de cette étude et le communiqué qui l'accompagne encouragent les États-membres de l’OCDE à accélérer de développement de leur fiscalité écologique (« fiscalité verte ») pour notamment favoriser l’efficacité énergétique et la transition énergétique (afin de sortir de la dépendance aux énergies fossiles en particulier) en développant les énergies propres et sûres, tout en diminuant la pollution. En France, Pascal Saint-Amans (directeur du Centre de politique et d'administration fiscales), rappelant que la fiscalité relève de la souveraineté des États, a encouragé le sénat à soutenir l'action politique en faveur de l'écotaxe en France, lors d’une audition par la commission des finances du Sénat (20 février 2013)[13].
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L'OCDE dénonce à cette occasion la persistance et l'importance de cette « fiscalité noire » et encourage à la supprimer (les subventions à la production et consommation d’énergies fossiles ont représenté de 55 à 90 Md$ (de 41 à 67 Md€) par an de 2005 à 2011 pour les 34 États de l’OCDE, les 2⁄3 de ces subventions ayant été touchés par l’industrie pétrolière, le 1⁄3 restant ayant été équitablement partagé entre l'Industrie du charbon et la filière gaz naturel. L'OCDE note aussi une « distorsion inquiétante », de la fiscalité du Gazole (carburant très polluant et affectant le plus la santé en termes de mortalité), surfavorisé par une moindre taxation (−37 % par rapport à l’essence).
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Le Danemark est félicité pour ses écotaxes.
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L'Allemagne est encouragée à poursuivre une réforme qui a déjà (en 2012) divisé par 2 les soutiens à la production de combustibles fossiles (2 Md€ en 2011, soit environ 0,1 % du PIB) tout en soutenant le développement du solaire et de l’éolien.<vbr/>la France fait encore figure de mauvaise élève avec de nombreuses exonérations (carburants de navires, taxis, pour certains usages agricole, pour des droits d'accise offertes producteurs de gaz naturel, l'industrie du raffinage, avec également des exonérations de TVA pour les équipements de forage en mer, des aides aux stations-service des régions isolées, des soutiens au Diesel, etc.)[13].
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En 2013, l’OCDE liste une trentaine de subventions encourageant les énergies fossiles et polluantes, sur la base de données fournies par la France (qui a oublié la détaxation du kérosène utilisé par les vols intérieurs)[13].
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En septembre 2015, l'OCDE publie un nouvel Inventaire des mesures de soutien pour les combustibles fossiles : le soutien public (affiché dans les budgets nationaux) à la production et à la consommation de combustibles fossiles dans les pays de l’OCDE et les grandes économies émergentes y est évalué à environ 160-200 milliards USD par an, ce qui entrave l'effort mondial de réduction des émissions et de lutter contre le changement climatique. Près de 800 programmes de dépenses et d'allégements fiscaux ont été mis en œuvre dans les 34 pays de l’OCDE et six grandes économies émergentes du G20 (Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Russie et Afrique du Sud), qui incitent encore à produire ou consommer des combustibles fossiles, notamment en réduisant les prix pour les consommateurs ainsi que les coûts d’exploration et d’exploitation pour les compagnies pétrolières et gazières. Au sein de l'OCDE, le montant de ces mesures a chuté d'un tiers en 6 ans (2008-2014) mais principalement grâce aux efforts du Mexique et de l'Inde, et en ne décroissant que depuis 2013 dans les pays émergents[14]. La France continue à soutenir des énergies fossiles en encourageant le diesel, et en subventionnant certains outils de cogénération, le secteur agricoles, les raffineries. Ce travail n'inclut pas les subventions existantes dans les pays pétroliers hors OCDE, ni les soutiens transnationaux comme les crédits à l'export de charbon ; il ne présente qu'une partie de la fiscalité noire dans le monde[14].
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L'Agence internationale de l'énergie, avec une méthodologie différente et un champ plus large, évalue à 548 Mds $ (milliards de dollars) en 2013 les subventions à la consommation mondiale de combustibles fossiles, dont plus de la moitié pour les produits pétroliers ; c'est quatre fois le montant de celles attribuées aux énergies renouvelables et plus de quatre fois supérieures aux investissements dans l'amélioration de l'efficacité énergétique[15]. Les pays pétroliers (Moyen-Orient, Afrique du Nord) ne sont pas repris dans les statistiques de l'OCDE (ci-dessus), or ce sont ceux qui subventionnent le plus le carbone fossile : Iran 84 Mds $, Arabie Saoudite 62 Mds $, Russie 47 Mds $, Venezuela 38 Mds $, Égypte 30 Mds $, Indonésie 29 Mds $, etc. L'AIE note aussi que les deux pays les plus peuplés ont aussi des subventions importantes : Inde 47 Mds $ et Chine 21 Mds $[16].
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Des initiatives courageuses ont été prises récemment : le président indonésien Joko Widodo, à peine intronisé en 2014, a d'emblée imposé une hausse de 30 % du prix de l'essence, afin de récupérer le coût des subventions à l'énergie, estimé à plus de 20 milliards de dollars par an, pour dégager des marges suffisantes en vue de moderniser les infrastructures et investir dans l'éducation[17].
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Ce sont des énergies non renouvelables à l'échelle de l'humanité car leur reconstitution naturelle demanderait des millions d’années pour être achevée[18]. Outre leur épuisement inéluctable, l’exploitation de ces combustibles est à l’origine de problèmes environnementaux relatifs aux dégâts écologiques liés à leur extraction (celle des sables bitumineux de l’Athabasca a été particulièrement médiatisée) et à leur utilisation (réchauffement climatique dont seraient en grande partie responsables les gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone massivement émis par leur combustion et le méthane émis lors de l'extraction et du transport du gaz naturel).
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Selon la revue Nature (janvier 2015), un tiers des réserves de pétrole, la moitié de celles de gaz, et 80 % de celles de charbon devraient rester sous terre pour que soit respecté l’objectif de seuil maximal de hausse des températures de 2 °C d’ici à 2050[19].
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De nombreuses conférences sur le climat ont eu lieu depuis des décennies pour essayer de contenir le réchauffement climatique. La plus médiatisée a été la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP21). Malgré ces mises en garde répétées, le quasi-consensus scientifique sur l'impact de l'exploitation des combustibles fossiles sur le climat, et les risques d'accident sur les plateformes en mer, les grandes entreprises des secteurs pétrolier et gazier, profitant d'une certaine absence de réglementation internationale sur l'exploitation en mer des hydrocarbures, poursuivent cette exploitation. Depuis 2004, elles organisent chaque année une conférence sur l'exploitation des hydrocarbures en eaux profondes, appelée MCE Deepwater Development (MCEDD)[20]. La conférence de 2016 s'est tenue à Pau du 5 au 7 avril 2016, et avait pour objectif de « réussir une baisse significative des coûts pour que l’industrie opérant en mer profonde puisse rester compétitive »[21].
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L'ONU rappelait en 2007 dans son rapport GEO-4[22] que la « combustion des carburants fossiles dans les centrales électriques et dans les véhicules est la principale source d’émissions de CO2, de SO2 et de NOx », précisant que « les liens entre l’exposition aux polluants atmosphériques et les problèmes sanitaires humains ne font aucun doute. Dans les premières années de notre décennie, on estime que la pollution de l’air a été à l’origine de 70 000 morts prématurées par an aux États-Unis et de 5 900 au Canada. On sait qu’elle favorise l’asthme, dont l’augmentation du nombre de cas est importante, en particulier chez les enfants. Le mercure émis lors de la combustion du charbon dans les centrales électriques entre dans la chaîne alimentaire, affectant les peuples indigènes du Nord de l'Amérique plus que tout autre Nord Américain (voir Chapitre 2 et la section de ce chapitre consacrée aux régions polaires). Ses effets sur la santé peuvent être très graves ».
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Les pyramides d'Égypte, de tous les vestiges monumentaux que nous ont légués les Égyptiens de l'Antiquité, et notamment les trois grandes pyramides de Gizeh, sont à la fois les plus impressionnantes et les plus emblématiques de cette civilisation. Si elle fut, à son origine, destinée au roi, l'idée d'une sépulture pyramidale fut rapidement reprise par les proches du souverain. Khéops semble avoir été le premier à autoriser ses femmes à se faire élever un tel tombeau.
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Tombeaux des rois, des reines et des grands personnages de l'État, dont l'édification remonte pour la grande majorité à l'Ancien Empire, la forme pyramidale de pierre accueille une ou plusieurs chambres internes reliées par des couloirs. La grande pyramide de Gizeh, construite par Khéops, fait partie des Sept Merveilles du monde antique et est classée au patrimoine mondial de l'humanité.
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Le mastaba, construction quasi rectangulaire, était la sépulture des souverains de l'Ancien Empire. Les raisons du passage des mastabas aux pyramides ne sont pas clairement établies, mais on évoque généralement le souhait d'atteindre des hauteurs de plus en plus considérables pour manifester l'importance et la puissance du pharaon défunt. Les premiers mastabas, à étage unique, ont tout d'abord évolué vers des mastabas à deux étages permettant d'accueillir de nouvelles structures funéraires, le second étage étant moins large et moins haut que le premier. Au début de la IIIe dynastie (vers -2700 à -2600), les mastabas sont devenus des pyramides dites à degrés, constituées de plusieurs étages successifs. La première et la plus célèbre de ces pyramides à degrés est la pyramide de Djéser à Saqqarah, dont l'architecte était Imhotep. Imhotep voulut ériger une pyramide à degrés s'élevant tel un escalier gigantesque vers le ciel afin de symboliser l'ascension du défunt du « monde souterrain » vers les « Cieux ».
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L'étape suivante de l'évolution des pyramides à degrés fut l'édification par le roi Snéfrou d'une « pyramide rhomboïdale » sur le site de Dahchour. La pyramide rhomboïdale est une étape intermédiaire entre la pyramide à degrés et la pyramide à faces lisses. La pyramide rhomboïdale est une pyramide dont les faces lisses constituent une pente à sections d'inclinaisons décroissantes en direction du sommet. La non-uniformité de cette pente pourrait s'expliquer par des difficultés architecturales et par l'instabilité de la maçonnerie de la pyramide. Ce type de pyramide est la dernière étape menant au stade ultime de l'évolution des pyramides d'Égypte vers les pyramide à faces lisses de la IVe dynastie (vers -2573 à -2454). Parmi les plus célèbres, on trouve les pyramides des pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos à Gizeh près du Caire.
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Ces pyramides sont suivies par les pyramides à textes des Ve et VIe dynasties, plus petites et fragiles, aujourd'hui en mauvais état de conservation, puis les pyramides de briques de la XIIe dynastie. Malgré un parement en pierre, ces pyramides sont généralement en ruine en raison de la fragilité de la brique et de l'abandon du modèle de macrostructure à noyau et accrétions[1]. Enfin les pharaons de la XXVe dynastie font construire des pyramides nubiennes aussi bien en briques qu'en pierre.
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Il existe donc quatre grandes formes de pyramides :
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Avec la période prédynastique puis la période thinite on assiste à une évolution caractéristique des coutumes funéraires des anciens Égyptiens qui se traduisent pour le personnage le plus puissant du royaume par le creusement d'impressionnantes galeries souterraines accédant au caveau royal et l'édification de monumentales constructions en briques crues signalant dans le désert abydénien l'ultime demeure du roi devenu dieu. Ces structures devinrent de plus en plus complexes tant par leurs dispositions internes qu'externes au cours des IIe et IIIe dynasties. Les pharaons de ces premières lignées développeront davantage cette architecture et les principes qui y présidaient en faisant bâtir de grandes enceintes destinées à servir au culte funéraire du roi qui lui restait enterré à l'écart dans son cénotaphe en dessous d'un monument rappelant le benben, le tertre primordial ou plus probablement la tombe d'Osiris.
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C'est avec Djéser de la IIIe dynastie que l'architecture des tombes royales prend un nouvel élan réunissant en un seul complexe ces deux éléments jusque-là distincts et donnant au monument funéraire une envergure inégalée. Non seulement l'architecture se fait de pierres, ce qui représente une véritable révolution technique, mais la forme pyramidale naît, traduisant le devenir de Pharaon une fois qu'il a rejoint le séjour des dieux, indice d'une révolution théologique. En effet, cette forme choisie va très rapidement devenir l'élément principal du complexe funéraire au point qu'il en qualifie la destination et qu'il s'agira désormais de complexe pyramidal. Tout au long de cet Ancien Empire il apparaît certain au vu des découvertes des textes des pyramides que cette architecture répondait à des codes précis, savamment pensés puis inscrits dans la pierre même des caveaux funéraires afin d'ajouter l'écrit éternel à cet écrin de pierre destiné à assurer l'immortalité d'un roi divin.
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Les pyramides montrent, pour leur époque, le grand savoir des ingénieurs égyptiens capables de faire s'élever de tels monuments avec des moyens très rudimentaires. Les méthodes de construction des pyramides égyptiennes demeurent incertaines. Les données documentaires[3] et archéologiques sur ces chantiers gigantesques restent très fragmentaires, tandis que les théories fleurissent et se multiplient, surtout depuis la fin du XIXe siècle. Des centaines d'ouvrages consacrés à la pyramide de Khéops prétendent avoir enfin réussi à percer le mystère qui entoure sa construction. Les théories se focalisent généralement sur la Grande pyramide, partant du principe qu'une méthode pouvant expliquer sa construction peut également s'appliquer à toutes les autres pyramides d'Égypte. En fait, rien ne permet d'affirmer que les mêmes méthodes aient été appliquées à toutes les pyramides, de tous types, toutes tailles et toutes époques.
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De tout temps, ces gigantesques constructions de pierre ont excité l'imaginaire. La raison principale tient peut-être au fait que rarement dans l'Histoire de l'humanité, les éléments ayant permis leur construction ne se réuniront à nouveau : un pouvoir théocratique tout-puissant, un pays riche et prospère, une main-d'œuvre nombreuse, une administration très développée et un grand savoir empirique. Dans ces conditions, il est plus valorisant pour les civilisations qui contempleront ces « merveilles », de leur attribuer une origine extraordinaire que d'admettre ses propres limites.
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L'égyptologie naissante du XIXe siècle posant plus de questions qu'elle ne pouvait apporter de réponses, des mythes modernes ont vite rempli les trous qu'elle avait laissés. Il faudra de longues années aux égyptologues pour tenter de faire tomber ces mythes, qui, malgré tout, restent encore bien vivaces dans la culture contemporaine. Ce qu'il reste de « mystères » ne sont en fait que des questions n'ayant pas encore de réponses unanimes. On peut citer : l'existence ou non de chambres cachées dans la pyramide de Khéops (avec les « trésors » qu'elles pourraient contenir), le protocole exact de construction des pyramides (si tant est qu'il fut unique), la période exacte de construction, ou encore la symbolique qu'avaient ces monuments aux yeux de leurs bâtisseurs.
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Certains égyptologues (comme Selim Hassan) ou archéo-astronomes (comme Robert Bauval) proposent une théorie selon laquelle il existerait une corrélation entre la position et l'orientation des pyramides de Gizeh et la position des étoiles et notamment de la constellation d'Orion.
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La grande pyramide de Khéops est sans nul doute la pyramide la plus célèbre. Formant une pyramide carrée de 137 m de hauteur (initialement de 146 m, c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome (139 m)), elle fut édifiée il y a plus de 4500 ans, sous la IVe dynastie, au centre d'un vaste complexe funéraire se situant à Gizeh. Elle est la seule des Sept Merveilles du monde de l'Antiquité à avoir survécu.
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Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records, la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Véritable symbole de tout un pays, ce monument est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche. Le tombeau, véritable chef-d'œuvre de l'Ancien Empire, représente la concentration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints en font une pyramide à part qui ne cesse de captiver l'imagination.
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Le classement ci-dessous utilise comme référence la longueur de la base de la pyramide (la hauteur est donnée à titre indicatif) :
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Quelques pyramides souffrant d'un état de délabrement très avancé, échappent encore à la classification :
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Cent vingt trois pyramides (pyramides subsidiaires et provinciales comprises) sont actuellement connues[4]. Les pyramides de plusieurs souverains de l'Ancien Empire n'ont pas encore pu être localisées, notamment celles de Ouserkarê, Mérenrê II et Nitocris. De même des pyramides de reines reposent toujours enfouies sous les sables, comme celle de Ânkhésenpépi Ire par exemple, auxquelles il faut sans doute ajouter quelques pyramides de souverains et reines obscurs de la Première Période intermédiaire et de la Deuxième Période intermédiaire n'ayant laissé aucune trace dans l'histoire.
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L'égyptologue allemand Rainer Stadelmann a décelé les vestiges de trois pyramides, toutes situées à Dahchour, la pyramide A de Dahchour Sud, la pyramide B de Dahchour sud et la pyramide anonyme de Dahchour. Cette dernière, située au sud de la pyramide d'Amenemhat II a malheureusement été très endommagée par la construction d'un pipeline. Les deux pyramides de Dahchour sud n'ont encore fait l'objet d'aucune étude.
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Une étude est effectuée en 2006 par l'équipe allemande du Deutsches Archäologisches Institut. Celle-ci visait à repérer des vestiges dans deux zones vierges de toutes prospections, celles de Saqqarah Sud et de Dahchour Sud (près de Mazghouna). Il en est ressorti que, outre de nombreux monuments divers, des pyramides inachevées devaient reposer sous les sables. L'équipe nomma deux pyramides, pyramide SAK S3 et pyramide SAK S7, situées près de la pyramide inachevée de Saqqarah sud et de la pyramide de Khendjer, ainsi que pyramide DAS 53, près de la pyramide nord de Mazghouna. Aucune fouille n'est actuellement programmée pour mettre au jour l'un ou l'autre de ces monuments.
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En 2013, une équipe belge découvre la pyramide de Khay à Louxor[5].
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« Tu ne t'éteindras pas, tu ne finiras pas. Ton nom durera auprès des hommes. Ton nom viendra à être auprès des dieux. » Cette promesse de vie éternelle adressée à Pépi Ier et gravée sur les parois de son appartement funéraire appartient à un des plus anciens recueils de textes de l'humanité. Il est probable que ces incantations, qui aidaient le souverain à renaître dans l'au-delà, furent récitées par les prêtres jusqu'à la Ve dynastie. Si quelques hiéroglyphes ornaient les monuments funéraires de Djéser, c'est à partir d'Ounas, dernier roi de la Ve dynastie, que les textes des pyramides sont gravés dans les appartements funéraires royaux. En les faisant graver sur les parois de leur tombeau, les rois se les appropriaient et surtout s'affranchissaient de l'influence des ecclésiastiques. Les textes comportaient aussi des formules qui assuraient au défunt la force nécessaire à son ultime voyage. Des formules magiques étaient censées protéger la sépulture contre les intrusions extérieures. Disposé en longues colonnes, le texte est tracé à l'aide de poudre de malachite, ce qui lui donne une teinte verte, symbole de renaissance à l'instar des jeunes pousses qui se dressent sur le limon après les crues du Nil. Mais à la fin de l'Ancien Empire, les pyramides royales en perdent l'exclusivité et dès la Première Période intermédiaire, les particuliers s'approprient des brides du texte qu'ils font inscrire à l'intérieur de leur sarcophage. Ces textes des sarcophages sont repris en partie dans le livre des morts. Inscrit sur papyrus, le texte sera alors déposé dans la tombe du défunt durant toute la Basse époque.
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Tombeaux des rois, des reines et des grands personnages de l'État, dont l'édification remonte pour la grande majorité à l'Ancien Empire, la forme pyramidale de pierre accueille une ou plusieurs chambres internes reliées par des couloirs. La grande pyramide de Gizeh, construite par Khéops, fait partie des Sept Merveilles du monde antique et est classée au patrimoine mondial de l'humanité.
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Le mastaba, construction quasi rectangulaire, était la sépulture des souverains de l'Ancien Empire. Les raisons du passage des mastabas aux pyramides ne sont pas clairement établies, mais on évoque généralement le souhait d'atteindre des hauteurs de plus en plus considérables pour manifester l'importance et la puissance du pharaon défunt. Les premiers mastabas, à étage unique, ont tout d'abord évolué vers des mastabas à deux étages permettant d'accueillir de nouvelles structures funéraires, le second étage étant moins large et moins haut que le premier. Au début de la IIIe dynastie (vers -2700 à -2600), les mastabas sont devenus des pyramides dites à degrés, constituées de plusieurs étages successifs. La première et la plus célèbre de ces pyramides à degrés est la pyramide de Djéser à Saqqarah, dont l'architecte était Imhotep. Imhotep voulut ériger une pyramide à degrés s'élevant tel un escalier gigantesque vers le ciel afin de symboliser l'ascension du défunt du « monde souterrain » vers les « Cieux ».
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L'étape suivante de l'évolution des pyramides à degrés fut l'édification par le roi Snéfrou d'une « pyramide rhomboïdale » sur le site de Dahchour. La pyramide rhomboïdale est une étape intermédiaire entre la pyramide à degrés et la pyramide à faces lisses. La pyramide rhomboïdale est une pyramide dont les faces lisses constituent une pente à sections d'inclinaisons décroissantes en direction du sommet. La non-uniformité de cette pente pourrait s'expliquer par des difficultés architecturales et par l'instabilité de la maçonnerie de la pyramide. Ce type de pyramide est la dernière étape menant au stade ultime de l'évolution des pyramides d'Égypte vers les pyramide à faces lisses de la IVe dynastie (vers -2573 à -2454). Parmi les plus célèbres, on trouve les pyramides des pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos à Gizeh près du Caire.
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Ces pyramides sont suivies par les pyramides à textes des Ve et VIe dynasties, plus petites et fragiles, aujourd'hui en mauvais état de conservation, puis les pyramides de briques de la XIIe dynastie. Malgré un parement en pierre, ces pyramides sont généralement en ruine en raison de la fragilité de la brique et de l'abandon du modèle de macrostructure à noyau et accrétions[1]. Enfin les pharaons de la XXVe dynastie font construire des pyramides nubiennes aussi bien en briques qu'en pierre.
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Avec la période prédynastique puis la période thinite on assiste à une évolution caractéristique des coutumes funéraires des anciens Égyptiens qui se traduisent pour le personnage le plus puissant du royaume par le creusement d'impressionnantes galeries souterraines accédant au caveau royal et l'édification de monumentales constructions en briques crues signalant dans le désert abydénien l'ultime demeure du roi devenu dieu. Ces structures devinrent de plus en plus complexes tant par leurs dispositions internes qu'externes au cours des IIe et IIIe dynasties. Les pharaons de ces premières lignées développeront davantage cette architecture et les principes qui y présidaient en faisant bâtir de grandes enceintes destinées à servir au culte funéraire du roi qui lui restait enterré à l'écart dans son cénotaphe en dessous d'un monument rappelant le benben, le tertre primordial ou plus probablement la tombe d'Osiris.
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C'est avec Djéser de la IIIe dynastie que l'architecture des tombes royales prend un nouvel élan réunissant en un seul complexe ces deux éléments jusque-là distincts et donnant au monument funéraire une envergure inégalée. Non seulement l'architecture se fait de pierres, ce qui représente une véritable révolution technique, mais la forme pyramidale naît, traduisant le devenir de Pharaon une fois qu'il a rejoint le séjour des dieux, indice d'une révolution théologique. En effet, cette forme choisie va très rapidement devenir l'élément principal du complexe funéraire au point qu'il en qualifie la destination et qu'il s'agira désormais de complexe pyramidal. Tout au long de cet Ancien Empire il apparaît certain au vu des découvertes des textes des pyramides que cette architecture répondait à des codes précis, savamment pensés puis inscrits dans la pierre même des caveaux funéraires afin d'ajouter l'écrit éternel à cet écrin de pierre destiné à assurer l'immortalité d'un roi divin.
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Les pyramides montrent, pour leur époque, le grand savoir des ingénieurs égyptiens capables de faire s'élever de tels monuments avec des moyens très rudimentaires. Les méthodes de construction des pyramides égyptiennes demeurent incertaines. Les données documentaires[3] et archéologiques sur ces chantiers gigantesques restent très fragmentaires, tandis que les théories fleurissent et se multiplient, surtout depuis la fin du XIXe siècle. Des centaines d'ouvrages consacrés à la pyramide de Khéops prétendent avoir enfin réussi à percer le mystère qui entoure sa construction. Les théories se focalisent généralement sur la Grande pyramide, partant du principe qu'une méthode pouvant expliquer sa construction peut également s'appliquer à toutes les autres pyramides d'Égypte. En fait, rien ne permet d'affirmer que les mêmes méthodes aient été appliquées à toutes les pyramides, de tous types, toutes tailles et toutes époques.
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De tout temps, ces gigantesques constructions de pierre ont excité l'imaginaire. La raison principale tient peut-être au fait que rarement dans l'Histoire de l'humanité, les éléments ayant permis leur construction ne se réuniront à nouveau : un pouvoir théocratique tout-puissant, un pays riche et prospère, une main-d'œuvre nombreuse, une administration très développée et un grand savoir empirique. Dans ces conditions, il est plus valorisant pour les civilisations qui contempleront ces « merveilles », de leur attribuer une origine extraordinaire que d'admettre ses propres limites.
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L'égyptologie naissante du XIXe siècle posant plus de questions qu'elle ne pouvait apporter de réponses, des mythes modernes ont vite rempli les trous qu'elle avait laissés. Il faudra de longues années aux égyptologues pour tenter de faire tomber ces mythes, qui, malgré tout, restent encore bien vivaces dans la culture contemporaine. Ce qu'il reste de « mystères » ne sont en fait que des questions n'ayant pas encore de réponses unanimes. On peut citer : l'existence ou non de chambres cachées dans la pyramide de Khéops (avec les « trésors » qu'elles pourraient contenir), le protocole exact de construction des pyramides (si tant est qu'il fut unique), la période exacte de construction, ou encore la symbolique qu'avaient ces monuments aux yeux de leurs bâtisseurs.
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Certains égyptologues (comme Selim Hassan) ou archéo-astronomes (comme Robert Bauval) proposent une théorie selon laquelle il existerait une corrélation entre la position et l'orientation des pyramides de Gizeh et la position des étoiles et notamment de la constellation d'Orion.
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La grande pyramide de Khéops est sans nul doute la pyramide la plus célèbre. Formant une pyramide carrée de 137 m de hauteur (initialement de 146 m, c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome (139 m)), elle fut édifiée il y a plus de 4500 ans, sous la IVe dynastie, au centre d'un vaste complexe funéraire se situant à Gizeh. Elle est la seule des Sept Merveilles du monde de l'Antiquité à avoir survécu.
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Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records, la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Véritable symbole de tout un pays, ce monument est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche. Le tombeau, véritable chef-d'œuvre de l'Ancien Empire, représente la concentration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints en font une pyramide à part qui ne cesse de captiver l'imagination.
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Cent vingt trois pyramides (pyramides subsidiaires et provinciales comprises) sont actuellement connues[4]. Les pyramides de plusieurs souverains de l'Ancien Empire n'ont pas encore pu être localisées, notamment celles de Ouserkarê, Mérenrê II et Nitocris. De même des pyramides de reines reposent toujours enfouies sous les sables, comme celle de Ânkhésenpépi Ire par exemple, auxquelles il faut sans doute ajouter quelques pyramides de souverains et reines obscurs de la Première Période intermédiaire et de la Deuxième Période intermédiaire n'ayant laissé aucune trace dans l'histoire.
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L'égyptologue allemand Rainer Stadelmann a décelé les vestiges de trois pyramides, toutes situées à Dahchour, la pyramide A de Dahchour Sud, la pyramide B de Dahchour sud et la pyramide anonyme de Dahchour. Cette dernière, située au sud de la pyramide d'Amenemhat II a malheureusement été très endommagée par la construction d'un pipeline. Les deux pyramides de Dahchour sud n'ont encore fait l'objet d'aucune étude.
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Une étude est effectuée en 2006 par l'équipe allemande du Deutsches Archäologisches Institut. Celle-ci visait à repérer des vestiges dans deux zones vierges de toutes prospections, celles de Saqqarah Sud et de Dahchour Sud (près de Mazghouna). Il en est ressorti que, outre de nombreux monuments divers, des pyramides inachevées devaient reposer sous les sables. L'équipe nomma deux pyramides, pyramide SAK S3 et pyramide SAK S7, situées près de la pyramide inachevée de Saqqarah sud et de la pyramide de Khendjer, ainsi que pyramide DAS 53, près de la pyramide nord de Mazghouna. Aucune fouille n'est actuellement programmée pour mettre au jour l'un ou l'autre de ces monuments.
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En 2013, une équipe belge découvre la pyramide de Khay à Louxor[5].
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« Tu ne t'éteindras pas, tu ne finiras pas. Ton nom durera auprès des hommes. Ton nom viendra à être auprès des dieux. » Cette promesse de vie éternelle adressée à Pépi Ier et gravée sur les parois de son appartement funéraire appartient à un des plus anciens recueils de textes de l'humanité. Il est probable que ces incantations, qui aidaient le souverain à renaître dans l'au-delà, furent récitées par les prêtres jusqu'à la Ve dynastie. Si quelques hiéroglyphes ornaient les monuments funéraires de Djéser, c'est à partir d'Ounas, dernier roi de la Ve dynastie, que les textes des pyramides sont gravés dans les appartements funéraires royaux. En les faisant graver sur les parois de leur tombeau, les rois se les appropriaient et surtout s'affranchissaient de l'influence des ecclésiastiques. Les textes comportaient aussi des formules qui assuraient au défunt la force nécessaire à son ultime voyage. Des formules magiques étaient censées protéger la sépulture contre les intrusions extérieures. Disposé en longues colonnes, le texte est tracé à l'aide de poudre de malachite, ce qui lui donne une teinte verte, symbole de renaissance à l'instar des jeunes pousses qui se dressent sur le limon après les crues du Nil. Mais à la fin de l'Ancien Empire, les pyramides royales en perdent l'exclusivité et dès la Première Période intermédiaire, les particuliers s'approprient des brides du texte qu'ils font inscrire à l'intérieur de leur sarcophage. Ces textes des sarcophages sont repris en partie dans le livre des morts. Inscrit sur papyrus, le texte sera alors déposé dans la tombe du défunt durant toute la Basse époque.
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Les pyramides d'Égypte, de tous les vestiges monumentaux que nous ont légués les Égyptiens de l'Antiquité, et notamment les trois grandes pyramides de Gizeh, sont à la fois les plus impressionnantes et les plus emblématiques de cette civilisation. Si elle fut, à son origine, destinée au roi, l'idée d'une sépulture pyramidale fut rapidement reprise par les proches du souverain. Khéops semble avoir été le premier à autoriser ses femmes à se faire élever un tel tombeau.
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Tombeaux des rois, des reines et des grands personnages de l'État, dont l'édification remonte pour la grande majorité à l'Ancien Empire, la forme pyramidale de pierre accueille une ou plusieurs chambres internes reliées par des couloirs. La grande pyramide de Gizeh, construite par Khéops, fait partie des Sept Merveilles du monde antique et est classée au patrimoine mondial de l'humanité.
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Le mastaba, construction quasi rectangulaire, était la sépulture des souverains de l'Ancien Empire. Les raisons du passage des mastabas aux pyramides ne sont pas clairement établies, mais on évoque généralement le souhait d'atteindre des hauteurs de plus en plus considérables pour manifester l'importance et la puissance du pharaon défunt. Les premiers mastabas, à étage unique, ont tout d'abord évolué vers des mastabas à deux étages permettant d'accueillir de nouvelles structures funéraires, le second étage étant moins large et moins haut que le premier. Au début de la IIIe dynastie (vers -2700 à -2600), les mastabas sont devenus des pyramides dites à degrés, constituées de plusieurs étages successifs. La première et la plus célèbre de ces pyramides à degrés est la pyramide de Djéser à Saqqarah, dont l'architecte était Imhotep. Imhotep voulut ériger une pyramide à degrés s'élevant tel un escalier gigantesque vers le ciel afin de symboliser l'ascension du défunt du « monde souterrain » vers les « Cieux ».
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L'étape suivante de l'évolution des pyramides à degrés fut l'édification par le roi Snéfrou d'une « pyramide rhomboïdale » sur le site de Dahchour. La pyramide rhomboïdale est une étape intermédiaire entre la pyramide à degrés et la pyramide à faces lisses. La pyramide rhomboïdale est une pyramide dont les faces lisses constituent une pente à sections d'inclinaisons décroissantes en direction du sommet. La non-uniformité de cette pente pourrait s'expliquer par des difficultés architecturales et par l'instabilité de la maçonnerie de la pyramide. Ce type de pyramide est la dernière étape menant au stade ultime de l'évolution des pyramides d'Égypte vers les pyramide à faces lisses de la IVe dynastie (vers -2573 à -2454). Parmi les plus célèbres, on trouve les pyramides des pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos à Gizeh près du Caire.
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Ces pyramides sont suivies par les pyramides à textes des Ve et VIe dynasties, plus petites et fragiles, aujourd'hui en mauvais état de conservation, puis les pyramides de briques de la XIIe dynastie. Malgré un parement en pierre, ces pyramides sont généralement en ruine en raison de la fragilité de la brique et de l'abandon du modèle de macrostructure à noyau et accrétions[1]. Enfin les pharaons de la XXVe dynastie font construire des pyramides nubiennes aussi bien en briques qu'en pierre.
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Il existe donc quatre grandes formes de pyramides :
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Avec la période prédynastique puis la période thinite on assiste à une évolution caractéristique des coutumes funéraires des anciens Égyptiens qui se traduisent pour le personnage le plus puissant du royaume par le creusement d'impressionnantes galeries souterraines accédant au caveau royal et l'édification de monumentales constructions en briques crues signalant dans le désert abydénien l'ultime demeure du roi devenu dieu. Ces structures devinrent de plus en plus complexes tant par leurs dispositions internes qu'externes au cours des IIe et IIIe dynasties. Les pharaons de ces premières lignées développeront davantage cette architecture et les principes qui y présidaient en faisant bâtir de grandes enceintes destinées à servir au culte funéraire du roi qui lui restait enterré à l'écart dans son cénotaphe en dessous d'un monument rappelant le benben, le tertre primordial ou plus probablement la tombe d'Osiris.
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C'est avec Djéser de la IIIe dynastie que l'architecture des tombes royales prend un nouvel élan réunissant en un seul complexe ces deux éléments jusque-là distincts et donnant au monument funéraire une envergure inégalée. Non seulement l'architecture se fait de pierres, ce qui représente une véritable révolution technique, mais la forme pyramidale naît, traduisant le devenir de Pharaon une fois qu'il a rejoint le séjour des dieux, indice d'une révolution théologique. En effet, cette forme choisie va très rapidement devenir l'élément principal du complexe funéraire au point qu'il en qualifie la destination et qu'il s'agira désormais de complexe pyramidal. Tout au long de cet Ancien Empire il apparaît certain au vu des découvertes des textes des pyramides que cette architecture répondait à des codes précis, savamment pensés puis inscrits dans la pierre même des caveaux funéraires afin d'ajouter l'écrit éternel à cet écrin de pierre destiné à assurer l'immortalité d'un roi divin.
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Les pyramides montrent, pour leur époque, le grand savoir des ingénieurs égyptiens capables de faire s'élever de tels monuments avec des moyens très rudimentaires. Les méthodes de construction des pyramides égyptiennes demeurent incertaines. Les données documentaires[3] et archéologiques sur ces chantiers gigantesques restent très fragmentaires, tandis que les théories fleurissent et se multiplient, surtout depuis la fin du XIXe siècle. Des centaines d'ouvrages consacrés à la pyramide de Khéops prétendent avoir enfin réussi à percer le mystère qui entoure sa construction. Les théories se focalisent généralement sur la Grande pyramide, partant du principe qu'une méthode pouvant expliquer sa construction peut également s'appliquer à toutes les autres pyramides d'Égypte. En fait, rien ne permet d'affirmer que les mêmes méthodes aient été appliquées à toutes les pyramides, de tous types, toutes tailles et toutes époques.
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De tout temps, ces gigantesques constructions de pierre ont excité l'imaginaire. La raison principale tient peut-être au fait que rarement dans l'Histoire de l'humanité, les éléments ayant permis leur construction ne se réuniront à nouveau : un pouvoir théocratique tout-puissant, un pays riche et prospère, une main-d'œuvre nombreuse, une administration très développée et un grand savoir empirique. Dans ces conditions, il est plus valorisant pour les civilisations qui contempleront ces « merveilles », de leur attribuer une origine extraordinaire que d'admettre ses propres limites.
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L'égyptologie naissante du XIXe siècle posant plus de questions qu'elle ne pouvait apporter de réponses, des mythes modernes ont vite rempli les trous qu'elle avait laissés. Il faudra de longues années aux égyptologues pour tenter de faire tomber ces mythes, qui, malgré tout, restent encore bien vivaces dans la culture contemporaine. Ce qu'il reste de « mystères » ne sont en fait que des questions n'ayant pas encore de réponses unanimes. On peut citer : l'existence ou non de chambres cachées dans la pyramide de Khéops (avec les « trésors » qu'elles pourraient contenir), le protocole exact de construction des pyramides (si tant est qu'il fut unique), la période exacte de construction, ou encore la symbolique qu'avaient ces monuments aux yeux de leurs bâtisseurs.
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Certains égyptologues (comme Selim Hassan) ou archéo-astronomes (comme Robert Bauval) proposent une théorie selon laquelle il existerait une corrélation entre la position et l'orientation des pyramides de Gizeh et la position des étoiles et notamment de la constellation d'Orion.
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La grande pyramide de Khéops est sans nul doute la pyramide la plus célèbre. Formant une pyramide carrée de 137 m de hauteur (initialement de 146 m, c'est-à-dire plus haute que la basilique Saint-Pierre à Rome (139 m)), elle fut édifiée il y a plus de 4500 ans, sous la IVe dynastie, au centre d'un vaste complexe funéraire se situant à Gizeh. Elle est la seule des Sept Merveilles du monde de l'Antiquité à avoir survécu.
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Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records, la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Véritable symbole de tout un pays, ce monument est depuis plus de 4 500 ans scruté et étudié sans relâche. Le tombeau, véritable chef-d'œuvre de l'Ancien Empire, représente la concentration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture monumentale en pierre de taille par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints en font une pyramide à part qui ne cesse de captiver l'imagination.
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Le classement ci-dessous utilise comme référence la longueur de la base de la pyramide (la hauteur est donnée à titre indicatif) :
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Quelques pyramides souffrant d'un état de délabrement très avancé, échappent encore à la classification :
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Cent vingt trois pyramides (pyramides subsidiaires et provinciales comprises) sont actuellement connues[4]. Les pyramides de plusieurs souverains de l'Ancien Empire n'ont pas encore pu être localisées, notamment celles de Ouserkarê, Mérenrê II et Nitocris. De même des pyramides de reines reposent toujours enfouies sous les sables, comme celle de Ânkhésenpépi Ire par exemple, auxquelles il faut sans doute ajouter quelques pyramides de souverains et reines obscurs de la Première Période intermédiaire et de la Deuxième Période intermédiaire n'ayant laissé aucune trace dans l'histoire.
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L'égyptologue allemand Rainer Stadelmann a décelé les vestiges de trois pyramides, toutes situées à Dahchour, la pyramide A de Dahchour Sud, la pyramide B de Dahchour sud et la pyramide anonyme de Dahchour. Cette dernière, située au sud de la pyramide d'Amenemhat II a malheureusement été très endommagée par la construction d'un pipeline. Les deux pyramides de Dahchour sud n'ont encore fait l'objet d'aucune étude.
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Une étude est effectuée en 2006 par l'équipe allemande du Deutsches Archäologisches Institut. Celle-ci visait à repérer des vestiges dans deux zones vierges de toutes prospections, celles de Saqqarah Sud et de Dahchour Sud (près de Mazghouna). Il en est ressorti que, outre de nombreux monuments divers, des pyramides inachevées devaient reposer sous les sables. L'équipe nomma deux pyramides, pyramide SAK S3 et pyramide SAK S7, situées près de la pyramide inachevée de Saqqarah sud et de la pyramide de Khendjer, ainsi que pyramide DAS 53, près de la pyramide nord de Mazghouna. Aucune fouille n'est actuellement programmée pour mettre au jour l'un ou l'autre de ces monuments.
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En 2013, une équipe belge découvre la pyramide de Khay à Louxor[5].
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L'étude des pyramides a produit une quantité d'ouvrages dont voici une liste non exhaustive :
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Les Pyrénées sont une chaîne montagneuse du sud-ouest de l'Europe. Elles s'étendent en longueur selon une direction est-ouest sur une distance approximative de 430 kilomètres depuis la mer Méditerranée (Cap de Creus) jusqu'au golfe de Gascogne (Cap Higuer). Culminant à 3 404 mètres d'altitude au pic d'Aneto, les Pyrénées forment une barrière géographique séparant la péninsule Ibérique au sud du reste de l'Europe continentale au nord. Elles constituent une frontière naturelle entre l'Espagne et la France et abritent aussi la principauté d’Andorre.
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La chaîne des Pyrénées traverse deux régions et six départements français : d’est en ouest les régions Occitanie (Pyrénées-Orientales, Aude, Ariège, Haute-Garonne et Hautes-Pyrénées) et Nouvelle-Aquitaine (Pyrénées-Atlantiques). Côté espagnol, elle traverse quatre communautés autonomes et sept provinces d'Espagne : d’est en ouest la Catalogne (Gérone, Barcelone et Lérida), l'Aragon (Huesca et Saragosse), la Navarre (communauté composée d'une seule province du même nom) et la Communauté autonome basque (Guipuscoa).
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Trois sentiers de grande randonnée traversent les Pyrénées d'ouest en est : le GR 10 côté français, le GR 11 côté espagnol et la Haute randonnée pyrénéenne.
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L'origine du nom « Pyrénées » reste assez floue. De nombreuses étymologies qui furent proposées au cours des siècles[2] ne sont plus retenues aujourd'hui, où l'on estime que Pyrénées est un toponyme savant emprunté tardivement aux géographes grecs[3].
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Au Ve siècle av. J.-C., l'historien grec Hérodote croit savoir que l'Istros (le Danube) « vient du pays des Celtes et de la ville de Pyréné »[4]. Le terme Πυρηναῖα (Pyrēnaîa) se trouve ensuite, par exemple, chez l'écrivain Plutarque (vers 46 - 125 ap. J.-C.)[5]. Plus tard, le mot transitera par le latin Pyrenaeus, avant de devenir un emprunt savant au Moyen Âge : à titre d'exemple, sa première apparition en occitan est, en 1660, als confins dels Pireneus[6]. Dans les diverses langues de la chaîne montagneuse, Pyrenaeus donne : en aragonais o Pireneu / os Perinés, en catalan els Pirineus / el Pirineu, en espagnol los Pirineos / el Pirineo, en gascon eths/los Pirenèus (ou simplement los montios), en occitan los Pirenèus, ainsi qu'en basque Pirinioak ou Auñamendiak. Dans toutes ces langues (sauf en basque, langue ne possédant pas de genre), le nom est masculin ; en français, cependant, « les Pyrénées » est souvent perçu comme un mot féminin, confusion entretenue par le fait que l'article pluriel n'a pas de genre. De plus, par contact linguistique cela a conduit l'occitan à développer la forme erronée las Pirenèas[6].
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Dans la mythologie grecque, le terme « Pyrénées » était associé au personnage légendaire nommé Pyrène (Πυρήνη), fille du roi Bebryce. Selon Silius Italicus, la jeune fille fut aimée d'Héraclès qui la délaissa. Elle donna naissance à un serpent et alla enfouir sa honte dans les forêts où elle fut dévorée par les bêtes sauvages. Héraclès lui construisit un tombeau[7]. Diodore de Sicile (vers 90 - 30 av. J.-C.) explique en revanche le nom Pyrénées à partir du grec ancien πῦρ (pŷr, feu) à cause d'un immense incendie qu'auraient provoqué les bergers[8].
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Un certain nombre de termes sont spécifiques des Pyrénées :
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En géographie physique, les Pyrénées forment une chaîne d'allure rectiligne, assez étroite, d'une longueur totale de 430 kilomètres de la Méditerranée (cap de Creus) à l'Atlantique (Jaizkibel). La délimitation occidentale peut paraître arbitraire puisque les Pyrénées se fondent progressivement dans les montagnes basques qui à leur tour rejoignent les monts Cantabriques (soit un axe pyrénéo-cantabrique atteignant 1 000 km de continuité montagneuse). La plus simple définition géographique des Pyrénées tient à leur caractère « isthmique » : entre la Méditerranée et le point le plus proche du golfe de Gascogne. Au-delà commence la chaîne (cordillera) basco-cantabrique.
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Pour fixer une largeur limite approximative au massif, on peut dire que le piémont pyrénéen se dilue dans le bassin de l'Èbre versant espagnol, dans le bassin aquitain et la basse vallée de l'Aude versant français. La superficie du massif est alors estimée à environ 19 000 km2[11].
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D'ouest en est, on distingue traditionnellement trois aires de montagne[12] :
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La Rhune dans les Pyrénées atlantiques.
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Vallée de Barétous vue du pic d'Issarbe (Pyrénées ouest).
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Cylindre du Marboré, Pyrénées centrales.
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Parmi les caractéristiques distinctives des paysages pyrénéens[13], on peut citer :
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La plus haute chute d'eau (422 m) se trouve à la source du gave de Pau au niveau du cirque de Gavarnie[14]. Ce dernier fait partie avec le massif du Mont-Perdu d’un massif montagneux transfrontalier plus vaste désigné sous le nom de Pyrénées-Mont Perdu, et inscrit depuis 1997 sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des paysages naturels et des paysages culturels[15],[16].
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Le point culminant des Pyrénées est le pic d'Aneto (3 404 mètres), situé en territoire espagnol. Les hauts sommets, situés au-dessus de 3 000 m, se situent principalement dans les Pyrénées centrales, en région Occitanie, côté français, et dans la communauté autonome d'Aragon côté espagnol : il existe en tout 129 sommets principaux et 83 secondaires se hissant au-dessus des 3 000 mètres et répartis en 11 zones. À noter que cette limite mythique des 3 000 m est née courant XIXe siècle à la suite de la Révolution française qui a institutionnalisé le système métrique (avant on comptait en toise), engendrant un véritable engouement pour l'ascension de tel sommets (voir pyrénéisme).
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Tous les massifs et sommets célèbres n'atteignent pas 3 000 mètres : par exemple, le massif des Corbières qui culmine à 1 230 m avec le pic de Bugarach, le pic du Midi de Bigorre (2 877 m) et le pic du Midi d'Ossau (2 885 m) bien visibles depuis la plaine, le pic du Canigou (2 785 m), le pic d'Anie (2 504 m), le Grand Gabizos (2 692 m), le Montardo (2 833 m), La Rhune (905 m), sans oublier le Mont Valier (2 838 m) dans le Couserans, etc.
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Les vallées pyrénéennes sont fréquemment orientées nord-sud (à l'exception des vallées catalanes, le plus souvent orientées ouest-est[17]) et ses hauts sommets s'égrènent sans grande discontinuité, ce qui explique que d'un bout à l'autre de la chaîne il existe peu de points de passage praticables entre le versant septentrional et le versant méridional. Ainsi la frontière franco-espagnole suit à peu près la ligne des crêtes, la principale exception à cette règle étant formée par le val d'Aran qui dépend de l’Espagne mais se situe sur le versant septentrional du massif. Autre « anomalie », la chute de Cerdagne, située sur le versant méridional de la chaîne mais partagée entre la France et l’Espagne. Seul le versant français compte des vallées glaciaires typiques en « U », comme celle d'Aspe, ou d'Ossau.
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Les vallées pyrénéennes sont en général étroites, orientées nord-sud et particulièrement encaissées du côté français à proximité de la haute chaîne frontalière (jusqu'à 2 000 mètres de dénivelé).
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La plupart des vallées ont subi l'érosion glaciaire comme en témoignent les dépôts morainiques (remarquables en vallée de Campan) et certains fonds plats (vallée d'Aure vers St Lary Soulan, valée du Louron, vallée de la Noguera Pallaresa vers Esterri d'Aneu, vallée du Rio Cinqueta vers Plan…). Si elles sont moins larges que celles des Alpes et dépourvues de lacs cela s'explique surtout par la plus faible superficie des Pyrénées, qui n'a pas permis la formation de grandes langues glaciaires (les plus grands glaciers atteignaient cependant le piémont : Ossau, Gave de Pau, Garonne, Ariège).
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Dans les massifs calcaires, surtout versant espagnol, on observe de nombreux canyons (Kakouetta, Vellos, Anisclo…), signe d'une érosion de type fluvial plus que glaciaire (certains ont pu être jadis glacés, mais les glaciers n'y ont pas stationné suffisamment longtemps ou étaient de trop faible taille pour y laisser des traces significatives). Les canyons recèlent une très grande diversité floristique et faunistique.
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Le système hydrographique des Pyrénées est composé d'un très grand nombre de petits lacs et étangs (ibón en aragonais) jalonnant de non moins nombreux gaves et autres cours d'eau. Il n'y a pas de « grands lacs » dans les Pyrénées (comme dans les Alpes) : les plus grands sont des retenues artificielles telles que la retenue de Yesa (Navarre) avec une superficie de 1 900 ha. Toutefois le nombre de lacs et étangs est impressionnant, environ 2 500, ainsi que leur profondeur qui peut être supérieure à 100 mètres.
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On trouve de nombreux lacs artificiels et de nombreux barrages, dont les principaux côté français sont Puyvalador, Matemale, Bouillouses, Paset, Lanoux, Naguilhe, Orgeix, Grandes Patures, Besines, Goulours, Laparan, Gnioure, Fourcat, Izourt, Bassies, Soulcem, Oô, Portillon, Cap de Long, Gloriettes, Gavarnie, Ossoue, Oredon, Escoubous, La Mongie, Laquets, Aumar, Aubert, Oule, Migouelou, Tech, Artouste, Bious Artigues, Fabrèges[18], etc.
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Selon la région, les noms des rivières diffèrent : depuis la vallée d'Argelès-Gazost, en Bigorre, jusqu'en Béarn, les rivières sont appelées « gaves » et se rejoignent dans l'Adour. En revanche, depuis la vallée de Bagnères-de-Bigorre jusqu'en vallée d'Aure, on parle de « nestes ».
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Les gaves creusant la roche commencent souvent par de longues rivières souterraines comme celles de Bétharram[réf. nécessaire] avant de jaillir sous forme de petits torrents, pouvant donner place à des gorges très étroites et profondes comme les gorges de Galamus, ou des trouées impressionnantes comme celle de la grotte du Mas d'Azil. Par ailleurs, les importants cours d'eau ont donné leur nom aux départements, provinces d'Espagne ou comarques qu'ils traversent : l'Aragon, l'Ariège, l'Aude, la Garonne, etc.
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La chaîne est à la fois jeune et ancienne selon l'échelle des temps géologiques[20]: jeune car la surrection du relief s'est produite il y a 40 millions d'années, en même temps que les Alpes, durant l'ère tertiaire ; ancienne car les roches et matériaux surélevés ne se sont pas formés à ce moment-là mais bien plus tôt : ils pré-existaient à la chaîne, durant les ères secondaire et primaire, voire avant[21].
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Les sédiments de la genèse des Pyrénées se déposèrent dans des bassins littoraux au cours du Paléozoïque (ère primaire) et du Mésozoïque (ère secondaire). Les roches métamorphiques et magmatiques (granite et gneiss par exemple), qui s'étaient formées dans le manteau et la croûte terrestre, commencèrent à affleurer il y a 260 millions d'années (Permien)[19].
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Puis, au Crétacé inférieur (150 - 100 Ma), sous l'effet d'une ouverture océanique, le golfe de Gascogne s'ouvrit en éventail, serrant l'Espagne contre la France et prenant en étau de grandes couches de sédiments d'une mer peu profonde présente à l'époque. La collision continentale fut progressive d'est en ouest : le serrage et le soulèvement de l'écorce terrestre commencèrent par affecter la partie orientale pour s'étendre progressivement à toute la chaîne, surrection et déformation culminant à l'Éocène, au début du Cénozoïque (ère tertiaire).
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La zone axiale des Pyrénées (qui forme une ellipse très allongée tout le long de la ligne des hautes altitudes, du pic d'Anie jusqu'au Roussillon) est constituée de roches bien plus anciennes que la formation des sommets elle-même. La prépondérance dans cette zone de roches crustales (granites et gneiss) offrant peu de prise à l'érosion est responsable de l’aspect massif et peu découpé de la chaîne.
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Tout autour de la zone axiale, les sédiments des formations jurassiques et crétacées se sont plissés en bandes concentriques. Ils sont plus étalés sur le versant sud où ils forment des étagements successifs de sierras et de hauts plateaux. Au nord, ils forment une bande relativement étroite dans les Pyrénées centrales, par exemple pour les Petites Pyrénées, avant-mont s'étendant de l'Aude au confluent du Salat et de la Garonne et comprenant des chaînons calcaires comme le Plantaurel ; ils s’élargissent à l’ouest au-delà du pic d'Anie où les sommets de granite sont flanqués de couches calcaires et à l’est, dans les Corbières, où les soubassements schisteux et calcaires reparaissent, fortement plissés et ravinés.
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Au Pléistocène, l'érosion glaciaire façonna les cirques et vallées glaciaires en forme de U, fréquents sur le versant nord, de même qu'elle fut responsable de la création de plateaux fluvio-glaciaires au nord de la chaîne (comme le Lannemezan) par l'accumulation des alluvions de graviers et d'argiles transportées par les cours d’eau[22].
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Curiosités géologiques :
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Carte géologique de l'Andorre : granite, mica, gneiss du Paléozoïque.
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Pic du Balaïtous (3 144 m) entièrement en roches granitiques du Paléozoïque.
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Brèche de Roland.
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Mallos de Riglos.
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Par leur latitude et leur orientation les Pyrénées séparent deux grands ensembles climatiques et végétaux : océanique à l'ouest et au nord, continental et méditerranéen au sud et à l'est. Seul le versant français présente des vallées glaciaires, typiques et impressionnantes comme la vallée d'Ossau ou celle d'Aspe par exemple. Les glaciers s'étendaient alors au nord jusqu'aux portes de Pau, les coteaux de Jurançon étant d'ailleurs d'anciennes moraines glaciaires.
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L'influence océanique du nord-ouest, en provenance du golfe de Gascogne tout proche, est intense au Pays basque (cumuls pluviométriques de 150 à 250 cm/an, hivers relativement doux et étés frais[23] : moyennes de +1 °C en janvier à +13 °C en juillet vers 1 200 m d'altitude). Elle se prolonge sur les quatre cinquièmes de la chaîne en versant nord (jusqu'au département de l'Aude), tandis qu'elle pénètre peu sur le versant sud (guère plus loin que les montagnes de Navarre puis à proximité immédiate des crêtes frontalières).
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En s'enfonçant dans les terres la pluviométrie se modère tout en restant régulière (100 à 150 cm/an en moyenne montagne, localement 200 cm sur les plus hauts massifs des Pyrénées Occidentales) et l'amplitude thermique augmente (à 1 200 m : −1 °C en janvier, +13 °C en juillet).
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Les pâturages verdoyants alternent avec des forêts de chênes à feuilles caduques en vallée et piémont, de hêtres et sapins en moyenne montagne. La limite haute de la forêt se situe entre 2 000 et 2 500 m (pins à crochets), laissant place aux landes subalpines (bruyère, rhododendrons) puis, au-dessus de 2 500 à 3 000 m, aux pierriers, névés et petits glaciers.
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Sur le versant sud (Aragon, Catalogne occidentale, Andorre, Cerdagne) le régime des précipitations est essentiellement alimenté par les perturbations de sud à sud-ouest d'origine atlantique, qui subissent une influence continentale lors de leur traversée de la péninsule ibérique et se réactivent au contact du relief pyrénéen. Les précipitations sont plus rares mais souvent plus intenses qu'en versant nord, ce qui explique que l'ensoleillement soit bien meilleur alors que les cumuls pluviométriques sont comparables (100 à 150 cm/an) si l'on excepte le piémont aride (environ 50 cm/an). L'air océanique tempéré étant repoussé par la haute chaîne, les hivers sont relativement froids et les étés chauds (à 1 200 m : 0 °C en janvier, +15 °C en juillet)[24]. La moyenne montagne présente une végétation typiquement méditerranéenne : garrigue pierreuse et buissonneuse, forêts de chênes verts, pins noirs, pins sylvestres. Les plus hautes vallées accueillent de vertes prairies, des forêts de hêtres, sapins, pins sylvestres et à crochets. L'étage altimontain ne serait guère différent de celui du versant nord si la prédominance des terrains calcaires au sud n'était une contrainte se superposant au climat et qui abaisse la limite du végétal. La frontière franco-espagnole est aussi une frontière climatique : alpin, frais et humide au nord, en France, méditerranéen, sec et plus chaud au sud en Espagne. En avion au-dessus de la chaîne, il n'est pas rare de voir les nuages se bloquer côté français au versant nord et d'admirer l'Espagne, juste derrière cette frontière, ensoleillée comme l'Afrique[précision nécessaire]. Sur le versant nord, en Béarn, Comminges et Béarn, deux phénomènes sont courants : le blocage orographique, avec ses abondantes précipitations (jusqu'à 7 mètres de neige en quelques semaines), phénomène dû à la présence d'un anticyclone sur l'Atlantique et les dépressions anglaises et scandinaves qui basculent leurs fronts froids vers le sud, ces derniers se bloquant sur cette barrière montagneuse est-ouest ; et deuxième phénomène, le foehn, ce vent chaud qui dévale des montagnes vers les vallées françaises, lorsqu'un front froid et humide de sud se bloque sur le versant espagnol à cause d'une dépression sur le golfe de Gascogne, l'air froid qui remonte du sud vers les hauts sommets est aspiré par les basses pressions situées de l'autre côté de la barrière, au large de Biarritz, et se comprime et perd sa vapeur d'eau en s'échauffant brusquement. Il est possible de constater une température de 24 °C en plein mois de janvier à Luchon et seulement 0 °C à Saint-Gaudens, 45 km plus au nord, mais le foehn peut atteindre Pau, Tarbes, Lourdes et Foix. Quelques jours après, il peut neiger à basse altitude.
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L'Hôspitalet-près-l'Andorre en Ariège est la dernière commune à l'est des Pyrénées françaises qui connaisse le climat alpin atlantico-continental avec tous les mois de l'année frais, nuageux et humides, particulièrement neigeux en hiver. Dès que l'on passe le col de Puymorens, on bascule dans la zone méditerranéenne, le contraste est saisissant : à Latour-de-Carol, à quelques kilomètres à vol d'oiseau plus à l'est, la sécheresse domine et le soleil brille plus de 3 000 heures par an.
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Enfin, l'orient de la chaîne plus proche du versant sud par sa végétation mais qui diffère par son régime des précipitations : la Méditerranée génère des perturbations, rares mais parfois diluviennes sur les premiers versants montagneux rencontrés. La région transfrontalière située entre le Canigou et la ville d'Olot est particulièrement arrosée (100 à 150 cm/an) ainsi qu'en témoignent les nombreuses hêtraies. L'ensoleillement est cependant important, avec de longues périodes de beau temps et une sécheresse estivale atténuée sur les massifs par des orages.
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La flore des Pyrénées comporte environ 4 500 espèces, dont 160 espèces endémiques[25] comme le saxifrage des Pyrénées (Saxifraga longifolia), l'ancolie des Pyrénées (Aquilegia pyrenaica), le chardon bleu des Pyrénées (Eryngium bourgatii), etc.
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Les principales essences d'arbre sont le pin à crochets (Pinus uncinata) en altitude (étage subalpin) ; le hêtre commun (Fagus sylvatica) et le sapin blanc (Abies alba) en moyenne montagne (étage montagnard) ; puis le chêne et le châtaignier sur les basses pentes (étage collinéen).
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L'agriculture est limitée dans les vallées aux céréales et aux arbres fruitiers.
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L’influence méditerranéenne fait que les Pyrénées orientales, plus ensoleillées, ont une composition floristique différente du reste de la chaîne. L’orientation d’ouest en est de la chaîne a eu pour conséquence qu’un grand nombre d’espèces qui étaient présentes au nord de cette région durant l’ère tertiaire ont disparu en raison du froid pendant la dernière grande glaciation (maximum glaciaire vers -20 000 ans) : elles ont en effet buté en migrant vers des zones de basses latitudes plus clémentes contre la chaîne de montagnes, qu’elles n’ont pas pu franchir. Toutefois, quelques espèces ont pu subsister dans des vallées protégées des Pyrénées, devenant endémiques de la zone.
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La faune des Pyrénées présente également quelques exemples saisissants d'endémisme : le desman des Pyrénées ou rat-trompette (Galemys pyrenaicus), mammifère aquatique dont l'aire de répartition s'étend aux deux versants des Pyrénées et aux massifs montagneux du nord-ouest de la Péninsule Ibérique (seule une espèce voisine appartenant au même genre est confinée aux fleuves du Caucase, en Russie méridionale). L'euprocte des Pyrénées (Euproctus asper), batracien urodèle proche de la salamandre, vivant dans les cours d'eau d'altitude, est également caractéristique. Le bouquetin des Pyrénées (Capra pyrenaica ssp. pyrenaica) s'est éteint dans les années 1998-2001. Dès 2014, la réintroduction du bouquetin ibérique a été opérée dans le parc national des Pyrénées et le parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises[26].
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D'autres espèces comme le gypaète barbu ou l'isard ont elles aussi été en voie d'extinction mais sont aujourd'hui protégées et commencent petit à petit à se repeupler. Quant à l'ours brun indigène des Pyrénées (voir ours des Pyrénées), il a été chassé jusqu'à sa quasi-extinction dans les années 1990. Des tentatives de renforcement de l'espèce ont lieu depuis 1996 en relâchant des ours apportés de Slovénie[27].
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Une des particularités de la faune pyrénéenne est la richesse et la diversité de sa vie souterraine, ayant donné lieu à l'installation en 1948 du Laboratoire souterrain de Moulis[28]. En particulier, toutes les espèces cavernicoles du genre Aphaenops (coléoptères) sont endémiques de la chaîne pyrénéenne[29] (voir aussi René Jeannel).
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Autres espèces :
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La plus ancienne présence d'un membre de la lignée humaine (genre Homo) est attestée dans la région dès -800 000 ans (Paléolithique inférieur) avec Homo antecessor à Atapuerca[30] (nord de l'Espagne), puis avec l'homme de Tautavel vers -450 000 ans[31],[32] (commune de Tautavel dans le département des Pyrénées-Orientales).
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Durant tout le Paléolithique moyen, la zone des Pyrénées sera occupée par l'Homme de Néandertal (grottes de Gargas, du Noisetier ou d'Isturitz), avant que ce dernier ne soit remplacé par l'Homme moderne au Paléolithique supérieur. Les grottes de Gargas (période gravetienne) et de Niaux (période magdalénienne) témoignent à travers l'art pariétal de la présence et de la complexité des sociétés humaines de l'époque. Le radoucissement climatique vers -10 000 ans (Holocène) met fin à cette culture de « l'âge du renne » dans la zone du piémont pyrénéen : les grands troupeaux des steppes remontent vers le nord ; la couverture forestière s'étend, la technique de chasse évolue alors en conséquence vers l'Azilien (du nom de la commune du Mas-d'Azil en Ariège).
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La néolithisation, ou passage d'une économie de prédation (chasseurs-cueilleurs) à une économie de production (agriculture-élevage), se fera lentement par diffusion à partir de la côte méditerranéenne (voir courant cardial) : la pénétration des nouvelles techniques se fait depuis la côte suivant les fleuves (Èbre, Aude). La côte atlantique connaît aussi un courant de néolithisation plus tardif avec le mégalithisme (attestation de nombreux harrespils ou cromlechs (Occabe, plateau du Bénou), tumulus et menhirs dans le département des Pyrénées-Atlantiques).
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Avec l'âge du bronze et l'âge du fer commence l'exploitation minière du massif, riche aussi en or et en argent. La Protohistoire voit le développement des Gaztelu zahar.
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La zone « rentre dans l'Histoire » avec les premiers comptoirs grecs côté méditerranéen (Empúries), puis les conquêtes romaines de la Catalogne vers 210 av. J.-C. et de la Narbonnaise vers 118 av. J.-C. Rome conquiert finalement toute la zone (conquête romaine de l'Hispanie progressivement, conquête de l'Aquitaine par Crassus en 56 av. J.-C.) et divise le territoire suivant 3 provinces romaines sous l'empire romain : Novempopulanie côté Aquitaine, Narbonnaise côté Languedoc, et Tarraconaise côté péninsule ibérique.
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Au haut Moyen Âge, le territoire tombe sous la domination des Wisigoths au Ve siècle puis des arabo-musulmans au VIIIe siècle. Les Francs conquerront rapidement la zone au nord-ouest des Pyrénées appartenant aux Vascons[33] (ancêtre des Basques et des Gascons), et la Reconquista sur versant espagnol verra naître des royaumes à partir des vallées pyrénéennes que seront le royaume de Navarre et le royaume d'Aragon.
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Voir aussi :
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Aux XIIe et XIIIe siècles, l'Aude et l'Ariège furent des foyers importants de l'hérésie cathare. En 1209 démarre la Croisade des Albigeois ordonnée par le pape Innocent III pour la réprimer. Elle fut l'occasion de nombreux sièges et affrontements auxquels participèrent les seigneurs des fiefs pyrénéens, comme le roi Pierre II d'Aragon, le comte Raymond-Roger de Foix ou le comte Bernard IV de Comminges. La prise du château de Montségur (Ariège) en 1244, où plus de deux cents croyants furent condamnés au bûcher, reste un des épisodes les plus connus de cette période. À l'issue de la croisade, le royaume de France étendra son influence jusqu'au pied des Pyrénées[34].
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La frontière franco-espagnole est le fruit d'une longue évolution dans les relations entre la France et l'Espagne : un premier traité, le traité de Corbeil (1258) sous Saint-Louis établit des zones d'influences entre le royaume de France et le royaume d'Aragon de chaque côté des Pyrénées, excepté le Roussillon qui fait partie de la Catalogne. La partie nord de la Navarre, ou Basse-Navarre, est rattachée à la France sous Henri IV tandis que le reste de la Navarre, ou Haute-Navarre, revient à la couronne d'Espagne. Il faudra attendre 1659 et le traité des Pyrénées[35] pour qu'une "frontière" sur papier soit fixée : le Roussillon est rattaché définitivement à la couronne de France, la frontière suit grosso-modo la ligne de partage des eaux, c'est-à-dire la ligne des plus hautes crêtes, excepté quelques territoires comme l'enclave de Llívia (voir le traité de Llivia). Toutefois, cette délimitation n'étant pas marquée "physiquement" sur le terrain, aucune zone de droit n'est définie et les communautés paysannes continuent de jouir par exemple de coutumes de pacages sur les terres du pays voisin de l'autre côté de la frontière. Il faudra attendre le traité de Bayonne en 1856 pour que soient réglés les litiges entre communautés frontalières, et qu'il soit décidé la pose de 602 bornes régulièrement espacées définissant ainsi la frontière actuelle.
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L'évolution historique récente explique la prépondérance de la langue française au nord et espagnole au sud même si elles ne sont pas originaires de la région. Parmi les langues locales qui se maintiennent, existent le catalan (Catalogne - Roussillon - Andorre - frange orientale de l'Aragon), l'occitan (côté français et Val d'Aran), le basque (Biscaye - Guipuscoa - nord de la Navarre - sud-ouest des Pyrénées-Atlantiques) et l'aragonais (nord de l'Aragon).
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L'ensemble pyrénéen a connu une occupation humaine ininterrompue. Si le caractère montagnard a pu faciliter un relatif isolement des populations, comme un certain esprit d'indépendance vis-à-vis des pouvoirs centraux, il n'en demeure pas moins que les Pyrénées sont aussi un axe de passage, dès la Préhistoire. On a quelques témoignages de croyances pouvant remonter au Paléolithique[36]. Il existe aussi des cultes très anciens portant sur des « dieux pyrénéens » pouvant se rattacher à des traditions celtes et gauloises, et plus spécifiquement basques, dont on sait que la zone d'influence couvrait la majeure partie des Pyrénées centrales et occidentales. Beaucoup de ces dieux ont été par la suite assimilés à des dieux romains.
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Conformément à la tradition, les cultes se sont succédé sans discontinuer. Beaucoup d'églises ont, enchâssés dans leurs murs, des stèles et des autels « païens ». Les mégalithes ont fait l'objet de rituels jusqu'au XIXe siècle[réf. nécessaire], où l'Église a procédé à des « christianisations » autoritaires. Par la suite, les dieux perdent peu à peu leur statut pour céder la place à des divinités plus ou moins familières et inquiétantes, présidant aux activités agro-pastorales, protégeant troupeaux et cultures et punissant les malfaiteurs. De là, les sylvains comme Tantugou en haut Comminges, le Silvan aragonais, et une infinie variété d'hommes sauvages, souvent couverts de poils, comme Jan de l'Ours en Béarn, ou le Basajaun basque, pour finir par des géants faisant figure de croquemitaines, Bécuts, Tartaro ou autres, avatars des cyclopes de l'Antiquité, d'abord effrayants, puis victimes de leur bêtise dans des contes populaires. L'actualité des temps leur trouve toujours une nouvelle jeunesse : des hommes sauvages sont appelés Iretges (hérétiques) en souvenir d'un temps où on pourchassait les déviants du christianisme, cathares ou autres. Les nains et lutins, comme les laminak du Pays basque, sont omniprésents.
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Le christianisme apporte ses propres mythologies. Notamment le mythe de Milharis, berger légendaire ayant vécu 909 ans ou 999 ans selon les légendes (Mulat-Barbe, Millaris, le Berger de Mille ans moins un jour, etc.), liées à l'apparition de la première neige, symbole d'un monde nouveau, sont rapportées à l'apparition du christianisme et à la fin de peuples anciens, détenteurs de savoirs perdus (les Jentils). Les saints protecteurs des activités agro-pastorales prennent la place des divinités. Les mégalithes, objets de cultes souvent ininterrompus jusqu'au XIXe siècle, sont christianisés autoritairement par l'Église. Enfin, les apparitions de la Vierge Marie, nombreuses avant la plus célèbre, celle de Lourdes, sont quasiment une spécificité pyrénéenne. Beaucoup de ces apparitions se sont produites dans ou à proximit�� de grottes ayant connu un habitat préhistorique, et où étaient relatées des apparitions de damas blancas, dames blanches, c'est-à-dire des fées.
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En dehors de quelques recueils isolés, d'abord sur le versant français, puis, de manière plus poussée, sur le versant espagnol, il y a eu peu d'études globales de la mythologie pyrénéenne jusqu'à Olivier de Marliave[37].
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Voir aussi :
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En 1999, les statistiques concernant la répartition socio-professionnelle (côté français)[38] étaient les suivantes :
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L'administration du territoire est bien sûr différente suivant les pays. En France, le territoire est découpé en régions, départements, arrondissements et cantons ; en Espagne, le découpage se fait en communautés autonomes, provinces et comarques ; en Andorre, la division est effectuée en paroisses.
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Côté français, l'espace pyrénéen est défini et délimité administrativement d'après la loi Montagne[39] du 9 janvier 1985 : le massif pyrénéen est constitué par « chaque zone de montagne et les zones qui lui sont immédiatement contiguës et qui forment avec elle une même entité géographique, économique et sociale » (Art.5L no 85-30). C'est une unité d'aménagement de l'espace et de programmation. L'aménagement du territoire y vise le regroupement économique de communes avec la création d'intercommunalités et de pays (voir l'article Pays des Pyrénées), ainsi que le désenclavement de la zone massif avec la construction de voie rapides ou d'autoroutes sur chaque versant ou transnationales (voir l'article frontière franco-espagnole).
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Le réseau routier comprend l'autoroute A64 (la Pyrénéenne) qui compte 90 km dans la zone massif, 500 km de routes nationales et 2 000 km de routes départementales[40]. Les autoroutes A9 et AP-7 permettent de traverser les Pyrénées orientales, l'A63 et l'AP-8 les Pyrénées occidentales ; l'autoroute A66 permettra à terme de relier Toulouse et Foix à Barcelone en ligne directe en passant près d'Andorre.
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Le réseau ferré quant à lui comprend 350 km dont un pôle d'échange transfrontalier à Enveitg (département des Pyrénées-Orientales) avec l'Espagne et l'Andorre.
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Du Pays basque à l’Ariège, en passant par le Béarn et la Bigorre, 35 Commissions Syndicales du massif Pyrénéen, des structures intercommunales créées par l’ordonnance royale du 18 juillet 1837, ont mission de gérer et développer le patrimoine naturel d’un territoire en montagne (forêts, espaces montagnards, faune et flore). Mêmes si elles sont bien présentes dans le code des Collectivités Territoriales (art L 5222-1 et suivants du code général des collectivités territoriales), les Commissions Syndicales sont peu connues au niveau du public et des instances nationales.
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La faune et la flore de la partie centrale des Pyrénées sont protégées par le parc national des Pyrénées, versant français, et par deux parcs nationaux, le parc national d'Aigüestortes et lac Saint-Maurice en "Encantats" et le parc national d'Ordesa et du Mont-Perdu, versant espagnol. À cela, s'ajoute le parc naturel régional des Pyrénées catalanes, le Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises et des réserves naturelles nationales comme celle du Néouvielle, du Soussouéou dans la vallée d'Ossau dans les Pyrénées occidentales, ou les nombreuses réserves naturelles catalanes (Prats-de-Mollo, Nohèdes, Py, Mantet, Vallée d'Eyne, Jujols, Conat, La Massane). Il existe enfin des réserves naturelles régionales en Ariège (Embeyre), dans les Pyrénées-Orientales (Nyer) et dans les Hautes-Pyrénées (Pibeste). Les nombreux sites naturels classés au titre de la loi sur la protection des paysages et les arrêtés préfectoraux de protection de biotope, les réserves biologiques et les réserves de faune sauvage témoignent également de l'intérêt écologique du massif pyrénéen.
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Les Pyrénées sont une chaîne montagneuse du sud-ouest de l'Europe. Elles s'étendent en longueur selon une direction est-ouest sur une distance approximative de 430 kilomètres depuis la mer Méditerranée (Cap de Creus) jusqu'au golfe de Gascogne (Cap Higuer). Culminant à 3 404 mètres d'altitude au pic d'Aneto, les Pyrénées forment une barrière géographique séparant la péninsule Ibérique au sud du reste de l'Europe continentale au nord. Elles constituent une frontière naturelle entre l'Espagne et la France et abritent aussi la principauté d’Andorre.
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La chaîne des Pyrénées traverse deux régions et six départements français : d’est en ouest les régions Occitanie (Pyrénées-Orientales, Aude, Ariège, Haute-Garonne et Hautes-Pyrénées) et Nouvelle-Aquitaine (Pyrénées-Atlantiques). Côté espagnol, elle traverse quatre communautés autonomes et sept provinces d'Espagne : d’est en ouest la Catalogne (Gérone, Barcelone et Lérida), l'Aragon (Huesca et Saragosse), la Navarre (communauté composée d'une seule province du même nom) et la Communauté autonome basque (Guipuscoa).
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Trois sentiers de grande randonnée traversent les Pyrénées d'ouest en est : le GR 10 côté français, le GR 11 côté espagnol et la Haute randonnée pyrénéenne.
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L'origine du nom « Pyrénées » reste assez floue. De nombreuses étymologies qui furent proposées au cours des siècles[2] ne sont plus retenues aujourd'hui, où l'on estime que Pyrénées est un toponyme savant emprunté tardivement aux géographes grecs[3].
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Au Ve siècle av. J.-C., l'historien grec Hérodote croit savoir que l'Istros (le Danube) « vient du pays des Celtes et de la ville de Pyréné »[4]. Le terme Πυρηναῖα (Pyrēnaîa) se trouve ensuite, par exemple, chez l'écrivain Plutarque (vers 46 - 125 ap. J.-C.)[5]. Plus tard, le mot transitera par le latin Pyrenaeus, avant de devenir un emprunt savant au Moyen Âge : à titre d'exemple, sa première apparition en occitan est, en 1660, als confins dels Pireneus[6]. Dans les diverses langues de la chaîne montagneuse, Pyrenaeus donne : en aragonais o Pireneu / os Perinés, en catalan els Pirineus / el Pirineu, en espagnol los Pirineos / el Pirineo, en gascon eths/los Pirenèus (ou simplement los montios), en occitan los Pirenèus, ainsi qu'en basque Pirinioak ou Auñamendiak. Dans toutes ces langues (sauf en basque, langue ne possédant pas de genre), le nom est masculin ; en français, cependant, « les Pyrénées » est souvent perçu comme un mot féminin, confusion entretenue par le fait que l'article pluriel n'a pas de genre. De plus, par contact linguistique cela a conduit l'occitan à développer la forme erronée las Pirenèas[6].
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Dans la mythologie grecque, le terme « Pyrénées » était associé au personnage légendaire nommé Pyrène (Πυρήνη), fille du roi Bebryce. Selon Silius Italicus, la jeune fille fut aimée d'Héraclès qui la délaissa. Elle donna naissance à un serpent et alla enfouir sa honte dans les forêts où elle fut dévorée par les bêtes sauvages. Héraclès lui construisit un tombeau[7]. Diodore de Sicile (vers 90 - 30 av. J.-C.) explique en revanche le nom Pyrénées à partir du grec ancien πῦρ (pŷr, feu) à cause d'un immense incendie qu'auraient provoqué les bergers[8].
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Un certain nombre de termes sont spécifiques des Pyrénées :
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En géographie physique, les Pyrénées forment une chaîne d'allure rectiligne, assez étroite, d'une longueur totale de 430 kilomètres de la Méditerranée (cap de Creus) à l'Atlantique (Jaizkibel). La délimitation occidentale peut paraître arbitraire puisque les Pyrénées se fondent progressivement dans les montagnes basques qui à leur tour rejoignent les monts Cantabriques (soit un axe pyrénéo-cantabrique atteignant 1 000 km de continuité montagneuse). La plus simple définition géographique des Pyrénées tient à leur caractère « isthmique » : entre la Méditerranée et le point le plus proche du golfe de Gascogne. Au-delà commence la chaîne (cordillera) basco-cantabrique.
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Pour fixer une largeur limite approximative au massif, on peut dire que le piémont pyrénéen se dilue dans le bassin de l'Èbre versant espagnol, dans le bassin aquitain et la basse vallée de l'Aude versant français. La superficie du massif est alors estimée à environ 19 000 km2[11].
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D'ouest en est, on distingue traditionnellement trois aires de montagne[12] :
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La Rhune dans les Pyrénées atlantiques.
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Vallée de Barétous vue du pic d'Issarbe (Pyrénées ouest).
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Cylindre du Marboré, Pyrénées centrales.
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Parmi les caractéristiques distinctives des paysages pyrénéens[13], on peut citer :
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La plus haute chute d'eau (422 m) se trouve à la source du gave de Pau au niveau du cirque de Gavarnie[14]. Ce dernier fait partie avec le massif du Mont-Perdu d’un massif montagneux transfrontalier plus vaste désigné sous le nom de Pyrénées-Mont Perdu, et inscrit depuis 1997 sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des paysages naturels et des paysages culturels[15],[16].
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Le point culminant des Pyrénées est le pic d'Aneto (3 404 mètres), situé en territoire espagnol. Les hauts sommets, situés au-dessus de 3 000 m, se situent principalement dans les Pyrénées centrales, en région Occitanie, côté français, et dans la communauté autonome d'Aragon côté espagnol : il existe en tout 129 sommets principaux et 83 secondaires se hissant au-dessus des 3 000 mètres et répartis en 11 zones. À noter que cette limite mythique des 3 000 m est née courant XIXe siècle à la suite de la Révolution française qui a institutionnalisé le système métrique (avant on comptait en toise), engendrant un véritable engouement pour l'ascension de tel sommets (voir pyrénéisme).
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Tous les massifs et sommets célèbres n'atteignent pas 3 000 mètres : par exemple, le massif des Corbières qui culmine à 1 230 m avec le pic de Bugarach, le pic du Midi de Bigorre (2 877 m) et le pic du Midi d'Ossau (2 885 m) bien visibles depuis la plaine, le pic du Canigou (2 785 m), le pic d'Anie (2 504 m), le Grand Gabizos (2 692 m), le Montardo (2 833 m), La Rhune (905 m), sans oublier le Mont Valier (2 838 m) dans le Couserans, etc.
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Les vallées pyrénéennes sont fréquemment orientées nord-sud (à l'exception des vallées catalanes, le plus souvent orientées ouest-est[17]) et ses hauts sommets s'égrènent sans grande discontinuité, ce qui explique que d'un bout à l'autre de la chaîne il existe peu de points de passage praticables entre le versant septentrional et le versant méridional. Ainsi la frontière franco-espagnole suit à peu près la ligne des crêtes, la principale exception à cette règle étant formée par le val d'Aran qui dépend de l’Espagne mais se situe sur le versant septentrional du massif. Autre « anomalie », la chute de Cerdagne, située sur le versant méridional de la chaîne mais partagée entre la France et l’Espagne. Seul le versant français compte des vallées glaciaires typiques en « U », comme celle d'Aspe, ou d'Ossau.
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Les vallées pyrénéennes sont en général étroites, orientées nord-sud et particulièrement encaissées du côté français à proximité de la haute chaîne frontalière (jusqu'à 2 000 mètres de dénivelé).
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La plupart des vallées ont subi l'érosion glaciaire comme en témoignent les dépôts morainiques (remarquables en vallée de Campan) et certains fonds plats (vallée d'Aure vers St Lary Soulan, valée du Louron, vallée de la Noguera Pallaresa vers Esterri d'Aneu, vallée du Rio Cinqueta vers Plan…). Si elles sont moins larges que celles des Alpes et dépourvues de lacs cela s'explique surtout par la plus faible superficie des Pyrénées, qui n'a pas permis la formation de grandes langues glaciaires (les plus grands glaciers atteignaient cependant le piémont : Ossau, Gave de Pau, Garonne, Ariège).
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Dans les massifs calcaires, surtout versant espagnol, on observe de nombreux canyons (Kakouetta, Vellos, Anisclo…), signe d'une érosion de type fluvial plus que glaciaire (certains ont pu être jadis glacés, mais les glaciers n'y ont pas stationné suffisamment longtemps ou étaient de trop faible taille pour y laisser des traces significatives). Les canyons recèlent une très grande diversité floristique et faunistique.
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Le système hydrographique des Pyrénées est composé d'un très grand nombre de petits lacs et étangs (ibón en aragonais) jalonnant de non moins nombreux gaves et autres cours d'eau. Il n'y a pas de « grands lacs » dans les Pyrénées (comme dans les Alpes) : les plus grands sont des retenues artificielles telles que la retenue de Yesa (Navarre) avec une superficie de 1 900 ha. Toutefois le nombre de lacs et étangs est impressionnant, environ 2 500, ainsi que leur profondeur qui peut être supérieure à 100 mètres.
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On trouve de nombreux lacs artificiels et de nombreux barrages, dont les principaux côté français sont Puyvalador, Matemale, Bouillouses, Paset, Lanoux, Naguilhe, Orgeix, Grandes Patures, Besines, Goulours, Laparan, Gnioure, Fourcat, Izourt, Bassies, Soulcem, Oô, Portillon, Cap de Long, Gloriettes, Gavarnie, Ossoue, Oredon, Escoubous, La Mongie, Laquets, Aumar, Aubert, Oule, Migouelou, Tech, Artouste, Bious Artigues, Fabrèges[18], etc.
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Selon la région, les noms des rivières diffèrent : depuis la vallée d'Argelès-Gazost, en Bigorre, jusqu'en Béarn, les rivières sont appelées « gaves » et se rejoignent dans l'Adour. En revanche, depuis la vallée de Bagnères-de-Bigorre jusqu'en vallée d'Aure, on parle de « nestes ».
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Les gaves creusant la roche commencent souvent par de longues rivières souterraines comme celles de Bétharram[réf. nécessaire] avant de jaillir sous forme de petits torrents, pouvant donner place à des gorges très étroites et profondes comme les gorges de Galamus, ou des trouées impressionnantes comme celle de la grotte du Mas d'Azil. Par ailleurs, les importants cours d'eau ont donné leur nom aux départements, provinces d'Espagne ou comarques qu'ils traversent : l'Aragon, l'Ariège, l'Aude, la Garonne, etc.
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La chaîne est à la fois jeune et ancienne selon l'échelle des temps géologiques[20]: jeune car la surrection du relief s'est produite il y a 40 millions d'années, en même temps que les Alpes, durant l'ère tertiaire ; ancienne car les roches et matériaux surélevés ne se sont pas formés à ce moment-là mais bien plus tôt : ils pré-existaient à la chaîne, durant les ères secondaire et primaire, voire avant[21].
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Les sédiments de la genèse des Pyrénées se déposèrent dans des bassins littoraux au cours du Paléozoïque (ère primaire) et du Mésozoïque (ère secondaire). Les roches métamorphiques et magmatiques (granite et gneiss par exemple), qui s'étaient formées dans le manteau et la croûte terrestre, commencèrent à affleurer il y a 260 millions d'années (Permien)[19].
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Puis, au Crétacé inférieur (150 - 100 Ma), sous l'effet d'une ouverture océanique, le golfe de Gascogne s'ouvrit en éventail, serrant l'Espagne contre la France et prenant en étau de grandes couches de sédiments d'une mer peu profonde présente à l'époque. La collision continentale fut progressive d'est en ouest : le serrage et le soulèvement de l'écorce terrestre commencèrent par affecter la partie orientale pour s'étendre progressivement à toute la chaîne, surrection et déformation culminant à l'Éocène, au début du Cénozoïque (ère tertiaire).
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La zone axiale des Pyrénées (qui forme une ellipse très allongée tout le long de la ligne des hautes altitudes, du pic d'Anie jusqu'au Roussillon) est constituée de roches bien plus anciennes que la formation des sommets elle-même. La prépondérance dans cette zone de roches crustales (granites et gneiss) offrant peu de prise à l'érosion est responsable de l’aspect massif et peu découpé de la chaîne.
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Tout autour de la zone axiale, les sédiments des formations jurassiques et crétacées se sont plissés en bandes concentriques. Ils sont plus étalés sur le versant sud où ils forment des étagements successifs de sierras et de hauts plateaux. Au nord, ils forment une bande relativement étroite dans les Pyrénées centrales, par exemple pour les Petites Pyrénées, avant-mont s'étendant de l'Aude au confluent du Salat et de la Garonne et comprenant des chaînons calcaires comme le Plantaurel ; ils s’élargissent à l’ouest au-delà du pic d'Anie où les sommets de granite sont flanqués de couches calcaires et à l’est, dans les Corbières, où les soubassements schisteux et calcaires reparaissent, fortement plissés et ravinés.
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Au Pléistocène, l'érosion glaciaire façonna les cirques et vallées glaciaires en forme de U, fréquents sur le versant nord, de même qu'elle fut responsable de la création de plateaux fluvio-glaciaires au nord de la chaîne (comme le Lannemezan) par l'accumulation des alluvions de graviers et d'argiles transportées par les cours d’eau[22].
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Curiosités géologiques :
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Carte géologique de l'Andorre : granite, mica, gneiss du Paléozoïque.
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Pic du Balaïtous (3 144 m) entièrement en roches granitiques du Paléozoïque.
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Brèche de Roland.
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Mallos de Riglos.
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Par leur latitude et leur orientation les Pyrénées séparent deux grands ensembles climatiques et végétaux : océanique à l'ouest et au nord, continental et méditerranéen au sud et à l'est. Seul le versant français présente des vallées glaciaires, typiques et impressionnantes comme la vallée d'Ossau ou celle d'Aspe par exemple. Les glaciers s'étendaient alors au nord jusqu'aux portes de Pau, les coteaux de Jurançon étant d'ailleurs d'anciennes moraines glaciaires.
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L'influence océanique du nord-ouest, en provenance du golfe de Gascogne tout proche, est intense au Pays basque (cumuls pluviométriques de 150 à 250 cm/an, hivers relativement doux et étés frais[23] : moyennes de +1 °C en janvier à +13 °C en juillet vers 1 200 m d'altitude). Elle se prolonge sur les quatre cinquièmes de la chaîne en versant nord (jusqu'au département de l'Aude), tandis qu'elle pénètre peu sur le versant sud (guère plus loin que les montagnes de Navarre puis à proximité immédiate des crêtes frontalières).
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En s'enfonçant dans les terres la pluviométrie se modère tout en restant régulière (100 à 150 cm/an en moyenne montagne, localement 200 cm sur les plus hauts massifs des Pyrénées Occidentales) et l'amplitude thermique augmente (à 1 200 m : −1 °C en janvier, +13 °C en juillet).
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Les pâturages verdoyants alternent avec des forêts de chênes à feuilles caduques en vallée et piémont, de hêtres et sapins en moyenne montagne. La limite haute de la forêt se situe entre 2 000 et 2 500 m (pins à crochets), laissant place aux landes subalpines (bruyère, rhododendrons) puis, au-dessus de 2 500 à 3 000 m, aux pierriers, névés et petits glaciers.
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Sur le versant sud (Aragon, Catalogne occidentale, Andorre, Cerdagne) le régime des précipitations est essentiellement alimenté par les perturbations de sud à sud-ouest d'origine atlantique, qui subissent une influence continentale lors de leur traversée de la péninsule ibérique et se réactivent au contact du relief pyrénéen. Les précipitations sont plus rares mais souvent plus intenses qu'en versant nord, ce qui explique que l'ensoleillement soit bien meilleur alors que les cumuls pluviométriques sont comparables (100 à 150 cm/an) si l'on excepte le piémont aride (environ 50 cm/an). L'air océanique tempéré étant repoussé par la haute chaîne, les hivers sont relativement froids et les étés chauds (à 1 200 m : 0 °C en janvier, +15 °C en juillet)[24]. La moyenne montagne présente une végétation typiquement méditerranéenne : garrigue pierreuse et buissonneuse, forêts de chênes verts, pins noirs, pins sylvestres. Les plus hautes vallées accueillent de vertes prairies, des forêts de hêtres, sapins, pins sylvestres et à crochets. L'étage altimontain ne serait guère différent de celui du versant nord si la prédominance des terrains calcaires au sud n'était une contrainte se superposant au climat et qui abaisse la limite du végétal. La frontière franco-espagnole est aussi une frontière climatique : alpin, frais et humide au nord, en France, méditerranéen, sec et plus chaud au sud en Espagne. En avion au-dessus de la chaîne, il n'est pas rare de voir les nuages se bloquer côté français au versant nord et d'admirer l'Espagne, juste derrière cette frontière, ensoleillée comme l'Afrique[précision nécessaire]. Sur le versant nord, en Béarn, Comminges et Béarn, deux phénomènes sont courants : le blocage orographique, avec ses abondantes précipitations (jusqu'à 7 mètres de neige en quelques semaines), phénomène dû à la présence d'un anticyclone sur l'Atlantique et les dépressions anglaises et scandinaves qui basculent leurs fronts froids vers le sud, ces derniers se bloquant sur cette barrière montagneuse est-ouest ; et deuxième phénomène, le foehn, ce vent chaud qui dévale des montagnes vers les vallées françaises, lorsqu'un front froid et humide de sud se bloque sur le versant espagnol à cause d'une dépression sur le golfe de Gascogne, l'air froid qui remonte du sud vers les hauts sommets est aspiré par les basses pressions situées de l'autre côté de la barrière, au large de Biarritz, et se comprime et perd sa vapeur d'eau en s'échauffant brusquement. Il est possible de constater une température de 24 °C en plein mois de janvier à Luchon et seulement 0 °C à Saint-Gaudens, 45 km plus au nord, mais le foehn peut atteindre Pau, Tarbes, Lourdes et Foix. Quelques jours après, il peut neiger à basse altitude.
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L'Hôspitalet-près-l'Andorre en Ariège est la dernière commune à l'est des Pyrénées françaises qui connaisse le climat alpin atlantico-continental avec tous les mois de l'année frais, nuageux et humides, particulièrement neigeux en hiver. Dès que l'on passe le col de Puymorens, on bascule dans la zone méditerranéenne, le contraste est saisissant : à Latour-de-Carol, à quelques kilomètres à vol d'oiseau plus à l'est, la sécheresse domine et le soleil brille plus de 3 000 heures par an.
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Enfin, l'orient de la chaîne plus proche du versant sud par sa végétation mais qui diffère par son régime des précipitations : la Méditerranée génère des perturbations, rares mais parfois diluviennes sur les premiers versants montagneux rencontrés. La région transfrontalière située entre le Canigou et la ville d'Olot est particulièrement arrosée (100 à 150 cm/an) ainsi qu'en témoignent les nombreuses hêtraies. L'ensoleillement est cependant important, avec de longues périodes de beau temps et une sécheresse estivale atténuée sur les massifs par des orages.
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La flore des Pyrénées comporte environ 4 500 espèces, dont 160 espèces endémiques[25] comme le saxifrage des Pyrénées (Saxifraga longifolia), l'ancolie des Pyrénées (Aquilegia pyrenaica), le chardon bleu des Pyrénées (Eryngium bourgatii), etc.
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Les principales essences d'arbre sont le pin à crochets (Pinus uncinata) en altitude (étage subalpin) ; le hêtre commun (Fagus sylvatica) et le sapin blanc (Abies alba) en moyenne montagne (étage montagnard) ; puis le chêne et le châtaignier sur les basses pentes (étage collinéen).
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L'agriculture est limitée dans les vallées aux céréales et aux arbres fruitiers.
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L’influence méditerranéenne fait que les Pyrénées orientales, plus ensoleillées, ont une composition floristique différente du reste de la chaîne. L’orientation d’ouest en est de la chaîne a eu pour conséquence qu’un grand nombre d’espèces qui étaient présentes au nord de cette région durant l’ère tertiaire ont disparu en raison du froid pendant la dernière grande glaciation (maximum glaciaire vers -20 000 ans) : elles ont en effet buté en migrant vers des zones de basses latitudes plus clémentes contre la chaîne de montagnes, qu’elles n’ont pas pu franchir. Toutefois, quelques espèces ont pu subsister dans des vallées protégées des Pyrénées, devenant endémiques de la zone.
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La faune des Pyrénées présente également quelques exemples saisissants d'endémisme : le desman des Pyrénées ou rat-trompette (Galemys pyrenaicus), mammifère aquatique dont l'aire de répartition s'étend aux deux versants des Pyrénées et aux massifs montagneux du nord-ouest de la Péninsule Ibérique (seule une espèce voisine appartenant au même genre est confinée aux fleuves du Caucase, en Russie méridionale). L'euprocte des Pyrénées (Euproctus asper), batracien urodèle proche de la salamandre, vivant dans les cours d'eau d'altitude, est également caractéristique. Le bouquetin des Pyrénées (Capra pyrenaica ssp. pyrenaica) s'est éteint dans les années 1998-2001. Dès 2014, la réintroduction du bouquetin ibérique a été opérée dans le parc national des Pyrénées et le parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises[26].
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D'autres espèces comme le gypaète barbu ou l'isard ont elles aussi été en voie d'extinction mais sont aujourd'hui protégées et commencent petit à petit à se repeupler. Quant à l'ours brun indigène des Pyrénées (voir ours des Pyrénées), il a été chassé jusqu'à sa quasi-extinction dans les années 1990. Des tentatives de renforcement de l'espèce ont lieu depuis 1996 en relâchant des ours apportés de Slovénie[27].
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Une des particularités de la faune pyrénéenne est la richesse et la diversité de sa vie souterraine, ayant donné lieu à l'installation en 1948 du Laboratoire souterrain de Moulis[28]. En particulier, toutes les espèces cavernicoles du genre Aphaenops (coléoptères) sont endémiques de la chaîne pyrénéenne[29] (voir aussi René Jeannel).
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Autres espèces :
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La plus ancienne présence d'un membre de la lignée humaine (genre Homo) est attestée dans la région dès -800 000 ans (Paléolithique inférieur) avec Homo antecessor à Atapuerca[30] (nord de l'Espagne), puis avec l'homme de Tautavel vers -450 000 ans[31],[32] (commune de Tautavel dans le département des Pyrénées-Orientales).
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Durant tout le Paléolithique moyen, la zone des Pyrénées sera occupée par l'Homme de Néandertal (grottes de Gargas, du Noisetier ou d'Isturitz), avant que ce dernier ne soit remplacé par l'Homme moderne au Paléolithique supérieur. Les grottes de Gargas (période gravetienne) et de Niaux (période magdalénienne) témoignent à travers l'art pariétal de la présence et de la complexité des sociétés humaines de l'époque. Le radoucissement climatique vers -10 000 ans (Holocène) met fin à cette culture de « l'âge du renne » dans la zone du piémont pyrénéen : les grands troupeaux des steppes remontent vers le nord ; la couverture forestière s'étend, la technique de chasse évolue alors en conséquence vers l'Azilien (du nom de la commune du Mas-d'Azil en Ariège).
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La néolithisation, ou passage d'une économie de prédation (chasseurs-cueilleurs) à une économie de production (agriculture-élevage), se fera lentement par diffusion à partir de la côte méditerranéenne (voir courant cardial) : la pénétration des nouvelles techniques se fait depuis la côte suivant les fleuves (Èbre, Aude). La côte atlantique connaît aussi un courant de néolithisation plus tardif avec le mégalithisme (attestation de nombreux harrespils ou cromlechs (Occabe, plateau du Bénou), tumulus et menhirs dans le département des Pyrénées-Atlantiques).
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Avec l'âge du bronze et l'âge du fer commence l'exploitation minière du massif, riche aussi en or et en argent. La Protohistoire voit le développement des Gaztelu zahar.
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La zone « rentre dans l'Histoire » avec les premiers comptoirs grecs côté méditerranéen (Empúries), puis les conquêtes romaines de la Catalogne vers 210 av. J.-C. et de la Narbonnaise vers 118 av. J.-C. Rome conquiert finalement toute la zone (conquête romaine de l'Hispanie progressivement, conquête de l'Aquitaine par Crassus en 56 av. J.-C.) et divise le territoire suivant 3 provinces romaines sous l'empire romain : Novempopulanie côté Aquitaine, Narbonnaise côté Languedoc, et Tarraconaise côté péninsule ibérique.
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Au haut Moyen Âge, le territoire tombe sous la domination des Wisigoths au Ve siècle puis des arabo-musulmans au VIIIe siècle. Les Francs conquerront rapidement la zone au nord-ouest des Pyrénées appartenant aux Vascons[33] (ancêtre des Basques et des Gascons), et la Reconquista sur versant espagnol verra naître des royaumes à partir des vallées pyrénéennes que seront le royaume de Navarre et le royaume d'Aragon.
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Aux XIIe et XIIIe siècles, l'Aude et l'Ariège furent des foyers importants de l'hérésie cathare. En 1209 démarre la Croisade des Albigeois ordonnée par le pape Innocent III pour la réprimer. Elle fut l'occasion de nombreux sièges et affrontements auxquels participèrent les seigneurs des fiefs pyrénéens, comme le roi Pierre II d'Aragon, le comte Raymond-Roger de Foix ou le comte Bernard IV de Comminges. La prise du château de Montségur (Ariège) en 1244, où plus de deux cents croyants furent condamnés au bûcher, reste un des épisodes les plus connus de cette période. À l'issue de la croisade, le royaume de France étendra son influence jusqu'au pied des Pyrénées[34].
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La frontière franco-espagnole est le fruit d'une longue évolution dans les relations entre la France et l'Espagne : un premier traité, le traité de Corbeil (1258) sous Saint-Louis établit des zones d'influences entre le royaume de France et le royaume d'Aragon de chaque côté des Pyrénées, excepté le Roussillon qui fait partie de la Catalogne. La partie nord de la Navarre, ou Basse-Navarre, est rattachée à la France sous Henri IV tandis que le reste de la Navarre, ou Haute-Navarre, revient à la couronne d'Espagne. Il faudra attendre 1659 et le traité des Pyrénées[35] pour qu'une "frontière" sur papier soit fixée : le Roussillon est rattaché définitivement à la couronne de France, la frontière suit grosso-modo la ligne de partage des eaux, c'est-à-dire la ligne des plus hautes crêtes, excepté quelques territoires comme l'enclave de Llívia (voir le traité de Llivia). Toutefois, cette délimitation n'étant pas marquée "physiquement" sur le terrain, aucune zone de droit n'est définie et les communautés paysannes continuent de jouir par exemple de coutumes de pacages sur les terres du pays voisin de l'autre côté de la frontière. Il faudra attendre le traité de Bayonne en 1856 pour que soient réglés les litiges entre communautés frontalières, et qu'il soit décidé la pose de 602 bornes régulièrement espacées définissant ainsi la frontière actuelle.
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L'évolution historique récente explique la prépondérance de la langue française au nord et espagnole au sud même si elles ne sont pas originaires de la région. Parmi les langues locales qui se maintiennent, existent le catalan (Catalogne - Roussillon - Andorre - frange orientale de l'Aragon), l'occitan (côté français et Val d'Aran), le basque (Biscaye - Guipuscoa - nord de la Navarre - sud-ouest des Pyrénées-Atlantiques) et l'aragonais (nord de l'Aragon).
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L'ensemble pyrénéen a connu une occupation humaine ininterrompue. Si le caractère montagnard a pu faciliter un relatif isolement des populations, comme un certain esprit d'indépendance vis-à-vis des pouvoirs centraux, il n'en demeure pas moins que les Pyrénées sont aussi un axe de passage, dès la Préhistoire. On a quelques témoignages de croyances pouvant remonter au Paléolithique[36]. Il existe aussi des cultes très anciens portant sur des « dieux pyrénéens » pouvant se rattacher à des traditions celtes et gauloises, et plus spécifiquement basques, dont on sait que la zone d'influence couvrait la majeure partie des Pyrénées centrales et occidentales. Beaucoup de ces dieux ont été par la suite assimilés à des dieux romains.
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Conformément à la tradition, les cultes se sont succédé sans discontinuer. Beaucoup d'églises ont, enchâssés dans leurs murs, des stèles et des autels « païens ». Les mégalithes ont fait l'objet de rituels jusqu'au XIXe siècle[réf. nécessaire], où l'Église a procédé à des « christianisations » autoritaires. Par la suite, les dieux perdent peu à peu leur statut pour céder la place à des divinités plus ou moins familières et inquiétantes, présidant aux activités agro-pastorales, protégeant troupeaux et cultures et punissant les malfaiteurs. De là, les sylvains comme Tantugou en haut Comminges, le Silvan aragonais, et une infinie variété d'hommes sauvages, souvent couverts de poils, comme Jan de l'Ours en Béarn, ou le Basajaun basque, pour finir par des géants faisant figure de croquemitaines, Bécuts, Tartaro ou autres, avatars des cyclopes de l'Antiquité, d'abord effrayants, puis victimes de leur bêtise dans des contes populaires. L'actualité des temps leur trouve toujours une nouvelle jeunesse : des hommes sauvages sont appelés Iretges (hérétiques) en souvenir d'un temps où on pourchassait les déviants du christianisme, cathares ou autres. Les nains et lutins, comme les laminak du Pays basque, sont omniprésents.
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Le christianisme apporte ses propres mythologies. Notamment le mythe de Milharis, berger légendaire ayant vécu 909 ans ou 999 ans selon les légendes (Mulat-Barbe, Millaris, le Berger de Mille ans moins un jour, etc.), liées à l'apparition de la première neige, symbole d'un monde nouveau, sont rapportées à l'apparition du christianisme et à la fin de peuples anciens, détenteurs de savoirs perdus (les Jentils). Les saints protecteurs des activités agro-pastorales prennent la place des divinités. Les mégalithes, objets de cultes souvent ininterrompus jusqu'au XIXe siècle, sont christianisés autoritairement par l'Église. Enfin, les apparitions de la Vierge Marie, nombreuses avant la plus célèbre, celle de Lourdes, sont quasiment une spécificité pyrénéenne. Beaucoup de ces apparitions se sont produites dans ou à proximit�� de grottes ayant connu un habitat préhistorique, et où étaient relatées des apparitions de damas blancas, dames blanches, c'est-à-dire des fées.
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En dehors de quelques recueils isolés, d'abord sur le versant français, puis, de manière plus poussée, sur le versant espagnol, il y a eu peu d'études globales de la mythologie pyrénéenne jusqu'à Olivier de Marliave[37].
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Voir aussi :
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En 1999, les statistiques concernant la répartition socio-professionnelle (côté français)[38] étaient les suivantes :
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L'administration du territoire est bien sûr différente suivant les pays. En France, le territoire est découpé en régions, départements, arrondissements et cantons ; en Espagne, le découpage se fait en communautés autonomes, provinces et comarques ; en Andorre, la division est effectuée en paroisses.
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Côté français, l'espace pyrénéen est défini et délimité administrativement d'après la loi Montagne[39] du 9 janvier 1985 : le massif pyrénéen est constitué par « chaque zone de montagne et les zones qui lui sont immédiatement contiguës et qui forment avec elle une même entité géographique, économique et sociale » (Art.5L no 85-30). C'est une unité d'aménagement de l'espace et de programmation. L'aménagement du territoire y vise le regroupement économique de communes avec la création d'intercommunalités et de pays (voir l'article Pays des Pyrénées), ainsi que le désenclavement de la zone massif avec la construction de voie rapides ou d'autoroutes sur chaque versant ou transnationales (voir l'article frontière franco-espagnole).
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Le réseau routier comprend l'autoroute A64 (la Pyrénéenne) qui compte 90 km dans la zone massif, 500 km de routes nationales et 2 000 km de routes départementales[40]. Les autoroutes A9 et AP-7 permettent de traverser les Pyrénées orientales, l'A63 et l'AP-8 les Pyrénées occidentales ; l'autoroute A66 permettra à terme de relier Toulouse et Foix à Barcelone en ligne directe en passant près d'Andorre.
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Le réseau ferré quant à lui comprend 350 km dont un pôle d'échange transfrontalier à Enveitg (département des Pyrénées-Orientales) avec l'Espagne et l'Andorre.
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Du Pays basque à l’Ariège, en passant par le Béarn et la Bigorre, 35 Commissions Syndicales du massif Pyrénéen, des structures intercommunales créées par l’ordonnance royale du 18 juillet 1837, ont mission de gérer et développer le patrimoine naturel d’un territoire en montagne (forêts, espaces montagnards, faune et flore). Mêmes si elles sont bien présentes dans le code des Collectivités Territoriales (art L 5222-1 et suivants du code général des collectivités territoriales), les Commissions Syndicales sont peu connues au niveau du public et des instances nationales.
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La faune et la flore de la partie centrale des Pyrénées sont protégées par le parc national des Pyrénées, versant français, et par deux parcs nationaux, le parc national d'Aigüestortes et lac Saint-Maurice en "Encantats" et le parc national d'Ordesa et du Mont-Perdu, versant espagnol. À cela, s'ajoute le parc naturel régional des Pyrénées catalanes, le Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises et des réserves naturelles nationales comme celle du Néouvielle, du Soussouéou dans la vallée d'Ossau dans les Pyrénées occidentales, ou les nombreuses réserves naturelles catalanes (Prats-de-Mollo, Nohèdes, Py, Mantet, Vallée d'Eyne, Jujols, Conat, La Massane). Il existe enfin des réserves naturelles régionales en Ariège (Embeyre), dans les Pyrénées-Orientales (Nyer) et dans les Hautes-Pyrénées (Pibeste). Les nombreux sites naturels classés au titre de la loi sur la protection des paysages et les arrêtés préfectoraux de protection de biotope, les réserves biologiques et les réserves de faune sauvage témoignent également de l'intérêt écologique du massif pyrénéen.
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Les Pyrénées sont une chaîne montagneuse du sud-ouest de l'Europe. Elles s'étendent en longueur selon une direction est-ouest sur une distance approximative de 430 kilomètres depuis la mer Méditerranée (Cap de Creus) jusqu'au golfe de Gascogne (Cap Higuer). Culminant à 3 404 mètres d'altitude au pic d'Aneto, les Pyrénées forment une barrière géographique séparant la péninsule Ibérique au sud du reste de l'Europe continentale au nord. Elles constituent une frontière naturelle entre l'Espagne et la France et abritent aussi la principauté d’Andorre.
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La chaîne des Pyrénées traverse deux régions et six départements français : d’est en ouest les régions Occitanie (Pyrénées-Orientales, Aude, Ariège, Haute-Garonne et Hautes-Pyrénées) et Nouvelle-Aquitaine (Pyrénées-Atlantiques). Côté espagnol, elle traverse quatre communautés autonomes et sept provinces d'Espagne : d’est en ouest la Catalogne (Gérone, Barcelone et Lérida), l'Aragon (Huesca et Saragosse), la Navarre (communauté composée d'une seule province du même nom) et la Communauté autonome basque (Guipuscoa).
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Trois sentiers de grande randonnée traversent les Pyrénées d'ouest en est : le GR 10 côté français, le GR 11 côté espagnol et la Haute randonnée pyrénéenne.
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L'origine du nom « Pyrénées » reste assez floue. De nombreuses étymologies qui furent proposées au cours des siècles[2] ne sont plus retenues aujourd'hui, où l'on estime que Pyrénées est un toponyme savant emprunté tardivement aux géographes grecs[3].
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Au Ve siècle av. J.-C., l'historien grec Hérodote croit savoir que l'Istros (le Danube) « vient du pays des Celtes et de la ville de Pyréné »[4]. Le terme Πυρηναῖα (Pyrēnaîa) se trouve ensuite, par exemple, chez l'écrivain Plutarque (vers 46 - 125 ap. J.-C.)[5]. Plus tard, le mot transitera par le latin Pyrenaeus, avant de devenir un emprunt savant au Moyen Âge : à titre d'exemple, sa première apparition en occitan est, en 1660, als confins dels Pireneus[6]. Dans les diverses langues de la chaîne montagneuse, Pyrenaeus donne : en aragonais o Pireneu / os Perinés, en catalan els Pirineus / el Pirineu, en espagnol los Pirineos / el Pirineo, en gascon eths/los Pirenèus (ou simplement los montios), en occitan los Pirenèus, ainsi qu'en basque Pirinioak ou Auñamendiak. Dans toutes ces langues (sauf en basque, langue ne possédant pas de genre), le nom est masculin ; en français, cependant, « les Pyrénées » est souvent perçu comme un mot féminin, confusion entretenue par le fait que l'article pluriel n'a pas de genre. De plus, par contact linguistique cela a conduit l'occitan à développer la forme erronée las Pirenèas[6].
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Dans la mythologie grecque, le terme « Pyrénées » était associé au personnage légendaire nommé Pyrène (Πυρήνη), fille du roi Bebryce. Selon Silius Italicus, la jeune fille fut aimée d'Héraclès qui la délaissa. Elle donna naissance à un serpent et alla enfouir sa honte dans les forêts où elle fut dévorée par les bêtes sauvages. Héraclès lui construisit un tombeau[7]. Diodore de Sicile (vers 90 - 30 av. J.-C.) explique en revanche le nom Pyrénées à partir du grec ancien πῦρ (pŷr, feu) à cause d'un immense incendie qu'auraient provoqué les bergers[8].
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Un certain nombre de termes sont spécifiques des Pyrénées :
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En géographie physique, les Pyrénées forment une chaîne d'allure rectiligne, assez étroite, d'une longueur totale de 430 kilomètres de la Méditerranée (cap de Creus) à l'Atlantique (Jaizkibel). La délimitation occidentale peut paraître arbitraire puisque les Pyrénées se fondent progressivement dans les montagnes basques qui à leur tour rejoignent les monts Cantabriques (soit un axe pyrénéo-cantabrique atteignant 1 000 km de continuité montagneuse). La plus simple définition géographique des Pyrénées tient à leur caractère « isthmique » : entre la Méditerranée et le point le plus proche du golfe de Gascogne. Au-delà commence la chaîne (cordillera) basco-cantabrique.
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Pour fixer une largeur limite approximative au massif, on peut dire que le piémont pyrénéen se dilue dans le bassin de l'Èbre versant espagnol, dans le bassin aquitain et la basse vallée de l'Aude versant français. La superficie du massif est alors estimée à environ 19 000 km2[11].
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D'ouest en est, on distingue traditionnellement trois aires de montagne[12] :
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La Rhune dans les Pyrénées atlantiques.
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Vallée de Barétous vue du pic d'Issarbe (Pyrénées ouest).
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Cylindre du Marboré, Pyrénées centrales.
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Parmi les caractéristiques distinctives des paysages pyrénéens[13], on peut citer :
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La plus haute chute d'eau (422 m) se trouve à la source du gave de Pau au niveau du cirque de Gavarnie[14]. Ce dernier fait partie avec le massif du Mont-Perdu d’un massif montagneux transfrontalier plus vaste désigné sous le nom de Pyrénées-Mont Perdu, et inscrit depuis 1997 sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des paysages naturels et des paysages culturels[15],[16].
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Le point culminant des Pyrénées est le pic d'Aneto (3 404 mètres), situé en territoire espagnol. Les hauts sommets, situés au-dessus de 3 000 m, se situent principalement dans les Pyrénées centrales, en région Occitanie, côté français, et dans la communauté autonome d'Aragon côté espagnol : il existe en tout 129 sommets principaux et 83 secondaires se hissant au-dessus des 3 000 mètres et répartis en 11 zones. À noter que cette limite mythique des 3 000 m est née courant XIXe siècle à la suite de la Révolution française qui a institutionnalisé le système métrique (avant on comptait en toise), engendrant un véritable engouement pour l'ascension de tel sommets (voir pyrénéisme).
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Tous les massifs et sommets célèbres n'atteignent pas 3 000 mètres : par exemple, le massif des Corbières qui culmine à 1 230 m avec le pic de Bugarach, le pic du Midi de Bigorre (2 877 m) et le pic du Midi d'Ossau (2 885 m) bien visibles depuis la plaine, le pic du Canigou (2 785 m), le pic d'Anie (2 504 m), le Grand Gabizos (2 692 m), le Montardo (2 833 m), La Rhune (905 m), sans oublier le Mont Valier (2 838 m) dans le Couserans, etc.
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Les vallées pyrénéennes sont fréquemment orientées nord-sud (à l'exception des vallées catalanes, le plus souvent orientées ouest-est[17]) et ses hauts sommets s'égrènent sans grande discontinuité, ce qui explique que d'un bout à l'autre de la chaîne il existe peu de points de passage praticables entre le versant septentrional et le versant méridional. Ainsi la frontière franco-espagnole suit à peu près la ligne des crêtes, la principale exception à cette règle étant formée par le val d'Aran qui dépend de l’Espagne mais se situe sur le versant septentrional du massif. Autre « anomalie », la chute de Cerdagne, située sur le versant méridional de la chaîne mais partagée entre la France et l’Espagne. Seul le versant français compte des vallées glaciaires typiques en « U », comme celle d'Aspe, ou d'Ossau.
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Les vallées pyrénéennes sont en général étroites, orientées nord-sud et particulièrement encaissées du côté français à proximité de la haute chaîne frontalière (jusqu'à 2 000 mètres de dénivelé).
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La plupart des vallées ont subi l'érosion glaciaire comme en témoignent les dépôts morainiques (remarquables en vallée de Campan) et certains fonds plats (vallée d'Aure vers St Lary Soulan, valée du Louron, vallée de la Noguera Pallaresa vers Esterri d'Aneu, vallée du Rio Cinqueta vers Plan…). Si elles sont moins larges que celles des Alpes et dépourvues de lacs cela s'explique surtout par la plus faible superficie des Pyrénées, qui n'a pas permis la formation de grandes langues glaciaires (les plus grands glaciers atteignaient cependant le piémont : Ossau, Gave de Pau, Garonne, Ariège).
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Dans les massifs calcaires, surtout versant espagnol, on observe de nombreux canyons (Kakouetta, Vellos, Anisclo…), signe d'une érosion de type fluvial plus que glaciaire (certains ont pu être jadis glacés, mais les glaciers n'y ont pas stationné suffisamment longtemps ou étaient de trop faible taille pour y laisser des traces significatives). Les canyons recèlent une très grande diversité floristique et faunistique.
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Le système hydrographique des Pyrénées est composé d'un très grand nombre de petits lacs et étangs (ibón en aragonais) jalonnant de non moins nombreux gaves et autres cours d'eau. Il n'y a pas de « grands lacs » dans les Pyrénées (comme dans les Alpes) : les plus grands sont des retenues artificielles telles que la retenue de Yesa (Navarre) avec une superficie de 1 900 ha. Toutefois le nombre de lacs et étangs est impressionnant, environ 2 500, ainsi que leur profondeur qui peut être supérieure à 100 mètres.
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On trouve de nombreux lacs artificiels et de nombreux barrages, dont les principaux côté français sont Puyvalador, Matemale, Bouillouses, Paset, Lanoux, Naguilhe, Orgeix, Grandes Patures, Besines, Goulours, Laparan, Gnioure, Fourcat, Izourt, Bassies, Soulcem, Oô, Portillon, Cap de Long, Gloriettes, Gavarnie, Ossoue, Oredon, Escoubous, La Mongie, Laquets, Aumar, Aubert, Oule, Migouelou, Tech, Artouste, Bious Artigues, Fabrèges[18], etc.
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Selon la région, les noms des rivières diffèrent : depuis la vallée d'Argelès-Gazost, en Bigorre, jusqu'en Béarn, les rivières sont appelées « gaves » et se rejoignent dans l'Adour. En revanche, depuis la vallée de Bagnères-de-Bigorre jusqu'en vallée d'Aure, on parle de « nestes ».
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Les gaves creusant la roche commencent souvent par de longues rivières souterraines comme celles de Bétharram[réf. nécessaire] avant de jaillir sous forme de petits torrents, pouvant donner place à des gorges très étroites et profondes comme les gorges de Galamus, ou des trouées impressionnantes comme celle de la grotte du Mas d'Azil. Par ailleurs, les importants cours d'eau ont donné leur nom aux départements, provinces d'Espagne ou comarques qu'ils traversent : l'Aragon, l'Ariège, l'Aude, la Garonne, etc.
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La chaîne est à la fois jeune et ancienne selon l'échelle des temps géologiques[20]: jeune car la surrection du relief s'est produite il y a 40 millions d'années, en même temps que les Alpes, durant l'ère tertiaire ; ancienne car les roches et matériaux surélevés ne se sont pas formés à ce moment-là mais bien plus tôt : ils pré-existaient à la chaîne, durant les ères secondaire et primaire, voire avant[21].
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Les sédiments de la genèse des Pyrénées se déposèrent dans des bassins littoraux au cours du Paléozoïque (ère primaire) et du Mésozoïque (ère secondaire). Les roches métamorphiques et magmatiques (granite et gneiss par exemple), qui s'étaient formées dans le manteau et la croûte terrestre, commencèrent à affleurer il y a 260 millions d'années (Permien)[19].
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Puis, au Crétacé inférieur (150 - 100 Ma), sous l'effet d'une ouverture océanique, le golfe de Gascogne s'ouvrit en éventail, serrant l'Espagne contre la France et prenant en étau de grandes couches de sédiments d'une mer peu profonde présente à l'époque. La collision continentale fut progressive d'est en ouest : le serrage et le soulèvement de l'écorce terrestre commencèrent par affecter la partie orientale pour s'étendre progressivement à toute la chaîne, surrection et déformation culminant à l'Éocène, au début du Cénozoïque (ère tertiaire).
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La zone axiale des Pyrénées (qui forme une ellipse très allongée tout le long de la ligne des hautes altitudes, du pic d'Anie jusqu'au Roussillon) est constituée de roches bien plus anciennes que la formation des sommets elle-même. La prépondérance dans cette zone de roches crustales (granites et gneiss) offrant peu de prise à l'érosion est responsable de l’aspect massif et peu découpé de la chaîne.
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Tout autour de la zone axiale, les sédiments des formations jurassiques et crétacées se sont plissés en bandes concentriques. Ils sont plus étalés sur le versant sud où ils forment des étagements successifs de sierras et de hauts plateaux. Au nord, ils forment une bande relativement étroite dans les Pyrénées centrales, par exemple pour les Petites Pyrénées, avant-mont s'étendant de l'Aude au confluent du Salat et de la Garonne et comprenant des chaînons calcaires comme le Plantaurel ; ils s’élargissent à l’ouest au-delà du pic d'Anie où les sommets de granite sont flanqués de couches calcaires et à l’est, dans les Corbières, où les soubassements schisteux et calcaires reparaissent, fortement plissés et ravinés.
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Au Pléistocène, l'érosion glaciaire façonna les cirques et vallées glaciaires en forme de U, fréquents sur le versant nord, de même qu'elle fut responsable de la création de plateaux fluvio-glaciaires au nord de la chaîne (comme le Lannemezan) par l'accumulation des alluvions de graviers et d'argiles transportées par les cours d’eau[22].
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Curiosités géologiques :
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Carte géologique de l'Andorre : granite, mica, gneiss du Paléozoïque.
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Pic du Balaïtous (3 144 m) entièrement en roches granitiques du Paléozoïque.
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Brèche de Roland.
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Mallos de Riglos.
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Par leur latitude et leur orientation les Pyrénées séparent deux grands ensembles climatiques et végétaux : océanique à l'ouest et au nord, continental et méditerranéen au sud et à l'est. Seul le versant français présente des vallées glaciaires, typiques et impressionnantes comme la vallée d'Ossau ou celle d'Aspe par exemple. Les glaciers s'étendaient alors au nord jusqu'aux portes de Pau, les coteaux de Jurançon étant d'ailleurs d'anciennes moraines glaciaires.
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L'influence océanique du nord-ouest, en provenance du golfe de Gascogne tout proche, est intense au Pays basque (cumuls pluviométriques de 150 à 250 cm/an, hivers relativement doux et étés frais[23] : moyennes de +1 °C en janvier à +13 °C en juillet vers 1 200 m d'altitude). Elle se prolonge sur les quatre cinquièmes de la chaîne en versant nord (jusqu'au département de l'Aude), tandis qu'elle pénètre peu sur le versant sud (guère plus loin que les montagnes de Navarre puis à proximité immédiate des crêtes frontalières).
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En s'enfonçant dans les terres la pluviométrie se modère tout en restant régulière (100 à 150 cm/an en moyenne montagne, localement 200 cm sur les plus hauts massifs des Pyrénées Occidentales) et l'amplitude thermique augmente (à 1 200 m : −1 °C en janvier, +13 °C en juillet).
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Les pâturages verdoyants alternent avec des forêts de chênes à feuilles caduques en vallée et piémont, de hêtres et sapins en moyenne montagne. La limite haute de la forêt se situe entre 2 000 et 2 500 m (pins à crochets), laissant place aux landes subalpines (bruyère, rhododendrons) puis, au-dessus de 2 500 à 3 000 m, aux pierriers, névés et petits glaciers.
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Sur le versant sud (Aragon, Catalogne occidentale, Andorre, Cerdagne) le régime des précipitations est essentiellement alimenté par les perturbations de sud à sud-ouest d'origine atlantique, qui subissent une influence continentale lors de leur traversée de la péninsule ibérique et se réactivent au contact du relief pyrénéen. Les précipitations sont plus rares mais souvent plus intenses qu'en versant nord, ce qui explique que l'ensoleillement soit bien meilleur alors que les cumuls pluviométriques sont comparables (100 à 150 cm/an) si l'on excepte le piémont aride (environ 50 cm/an). L'air océanique tempéré étant repoussé par la haute chaîne, les hivers sont relativement froids et les étés chauds (à 1 200 m : 0 °C en janvier, +15 °C en juillet)[24]. La moyenne montagne présente une végétation typiquement méditerranéenne : garrigue pierreuse et buissonneuse, forêts de chênes verts, pins noirs, pins sylvestres. Les plus hautes vallées accueillent de vertes prairies, des forêts de hêtres, sapins, pins sylvestres et à crochets. L'étage altimontain ne serait guère différent de celui du versant nord si la prédominance des terrains calcaires au sud n'était une contrainte se superposant au climat et qui abaisse la limite du végétal. La frontière franco-espagnole est aussi une frontière climatique : alpin, frais et humide au nord, en France, méditerranéen, sec et plus chaud au sud en Espagne. En avion au-dessus de la chaîne, il n'est pas rare de voir les nuages se bloquer côté français au versant nord et d'admirer l'Espagne, juste derrière cette frontière, ensoleillée comme l'Afrique[précision nécessaire]. Sur le versant nord, en Béarn, Comminges et Béarn, deux phénomènes sont courants : le blocage orographique, avec ses abondantes précipitations (jusqu'à 7 mètres de neige en quelques semaines), phénomène dû à la présence d'un anticyclone sur l'Atlantique et les dépressions anglaises et scandinaves qui basculent leurs fronts froids vers le sud, ces derniers se bloquant sur cette barrière montagneuse est-ouest ; et deuxième phénomène, le foehn, ce vent chaud qui dévale des montagnes vers les vallées françaises, lorsqu'un front froid et humide de sud se bloque sur le versant espagnol à cause d'une dépression sur le golfe de Gascogne, l'air froid qui remonte du sud vers les hauts sommets est aspiré par les basses pressions situées de l'autre côté de la barrière, au large de Biarritz, et se comprime et perd sa vapeur d'eau en s'échauffant brusquement. Il est possible de constater une température de 24 °C en plein mois de janvier à Luchon et seulement 0 °C à Saint-Gaudens, 45 km plus au nord, mais le foehn peut atteindre Pau, Tarbes, Lourdes et Foix. Quelques jours après, il peut neiger à basse altitude.
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L'Hôspitalet-près-l'Andorre en Ariège est la dernière commune à l'est des Pyrénées françaises qui connaisse le climat alpin atlantico-continental avec tous les mois de l'année frais, nuageux et humides, particulièrement neigeux en hiver. Dès que l'on passe le col de Puymorens, on bascule dans la zone méditerranéenne, le contraste est saisissant : à Latour-de-Carol, à quelques kilomètres à vol d'oiseau plus à l'est, la sécheresse domine et le soleil brille plus de 3 000 heures par an.
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Enfin, l'orient de la chaîne plus proche du versant sud par sa végétation mais qui diffère par son régime des précipitations : la Méditerranée génère des perturbations, rares mais parfois diluviennes sur les premiers versants montagneux rencontrés. La région transfrontalière située entre le Canigou et la ville d'Olot est particulièrement arrosée (100 à 150 cm/an) ainsi qu'en témoignent les nombreuses hêtraies. L'ensoleillement est cependant important, avec de longues périodes de beau temps et une sécheresse estivale atténuée sur les massifs par des orages.
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La flore des Pyrénées comporte environ 4 500 espèces, dont 160 espèces endémiques[25] comme le saxifrage des Pyrénées (Saxifraga longifolia), l'ancolie des Pyrénées (Aquilegia pyrenaica), le chardon bleu des Pyrénées (Eryngium bourgatii), etc.
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Les principales essences d'arbre sont le pin à crochets (Pinus uncinata) en altitude (étage subalpin) ; le hêtre commun (Fagus sylvatica) et le sapin blanc (Abies alba) en moyenne montagne (étage montagnard) ; puis le chêne et le châtaignier sur les basses pentes (étage collinéen).
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L'agriculture est limitée dans les vallées aux céréales et aux arbres fruitiers.
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L’influence méditerranéenne fait que les Pyrénées orientales, plus ensoleillées, ont une composition floristique différente du reste de la chaîne. L’orientation d’ouest en est de la chaîne a eu pour conséquence qu’un grand nombre d’espèces qui étaient présentes au nord de cette région durant l’ère tertiaire ont disparu en raison du froid pendant la dernière grande glaciation (maximum glaciaire vers -20 000 ans) : elles ont en effet buté en migrant vers des zones de basses latitudes plus clémentes contre la chaîne de montagnes, qu’elles n’ont pas pu franchir. Toutefois, quelques espèces ont pu subsister dans des vallées protégées des Pyrénées, devenant endémiques de la zone.
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La faune des Pyrénées présente également quelques exemples saisissants d'endémisme : le desman des Pyrénées ou rat-trompette (Galemys pyrenaicus), mammifère aquatique dont l'aire de répartition s'étend aux deux versants des Pyrénées et aux massifs montagneux du nord-ouest de la Péninsule Ibérique (seule une espèce voisine appartenant au même genre est confinée aux fleuves du Caucase, en Russie méridionale). L'euprocte des Pyrénées (Euproctus asper), batracien urodèle proche de la salamandre, vivant dans les cours d'eau d'altitude, est également caractéristique. Le bouquetin des Pyrénées (Capra pyrenaica ssp. pyrenaica) s'est éteint dans les années 1998-2001. Dès 2014, la réintroduction du bouquetin ibérique a été opérée dans le parc national des Pyrénées et le parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises[26].
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D'autres espèces comme le gypaète barbu ou l'isard ont elles aussi été en voie d'extinction mais sont aujourd'hui protégées et commencent petit à petit à se repeupler. Quant à l'ours brun indigène des Pyrénées (voir ours des Pyrénées), il a été chassé jusqu'à sa quasi-extinction dans les années 1990. Des tentatives de renforcement de l'espèce ont lieu depuis 1996 en relâchant des ours apportés de Slovénie[27].
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Une des particularités de la faune pyrénéenne est la richesse et la diversité de sa vie souterraine, ayant donné lieu à l'installation en 1948 du Laboratoire souterrain de Moulis[28]. En particulier, toutes les espèces cavernicoles du genre Aphaenops (coléoptères) sont endémiques de la chaîne pyrénéenne[29] (voir aussi René Jeannel).
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Autres espèces :
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La plus ancienne présence d'un membre de la lignée humaine (genre Homo) est attestée dans la région dès -800 000 ans (Paléolithique inférieur) avec Homo antecessor à Atapuerca[30] (nord de l'Espagne), puis avec l'homme de Tautavel vers -450 000 ans[31],[32] (commune de Tautavel dans le département des Pyrénées-Orientales).
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Durant tout le Paléolithique moyen, la zone des Pyrénées sera occupée par l'Homme de Néandertal (grottes de Gargas, du Noisetier ou d'Isturitz), avant que ce dernier ne soit remplacé par l'Homme moderne au Paléolithique supérieur. Les grottes de Gargas (période gravetienne) et de Niaux (période magdalénienne) témoignent à travers l'art pariétal de la présence et de la complexité des sociétés humaines de l'époque. Le radoucissement climatique vers -10 000 ans (Holocène) met fin à cette culture de « l'âge du renne » dans la zone du piémont pyrénéen : les grands troupeaux des steppes remontent vers le nord ; la couverture forestière s'étend, la technique de chasse évolue alors en conséquence vers l'Azilien (du nom de la commune du Mas-d'Azil en Ariège).
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La néolithisation, ou passage d'une économie de prédation (chasseurs-cueilleurs) à une économie de production (agriculture-élevage), se fera lentement par diffusion à partir de la côte méditerranéenne (voir courant cardial) : la pénétration des nouvelles techniques se fait depuis la côte suivant les fleuves (Èbre, Aude). La côte atlantique connaît aussi un courant de néolithisation plus tardif avec le mégalithisme (attestation de nombreux harrespils ou cromlechs (Occabe, plateau du Bénou), tumulus et menhirs dans le département des Pyrénées-Atlantiques).
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Avec l'âge du bronze et l'âge du fer commence l'exploitation minière du massif, riche aussi en or et en argent. La Protohistoire voit le développement des Gaztelu zahar.
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La zone « rentre dans l'Histoire » avec les premiers comptoirs grecs côté méditerranéen (Empúries), puis les conquêtes romaines de la Catalogne vers 210 av. J.-C. et de la Narbonnaise vers 118 av. J.-C. Rome conquiert finalement toute la zone (conquête romaine de l'Hispanie progressivement, conquête de l'Aquitaine par Crassus en 56 av. J.-C.) et divise le territoire suivant 3 provinces romaines sous l'empire romain : Novempopulanie côté Aquitaine, Narbonnaise côté Languedoc, et Tarraconaise côté péninsule ibérique.
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Au haut Moyen Âge, le territoire tombe sous la domination des Wisigoths au Ve siècle puis des arabo-musulmans au VIIIe siècle. Les Francs conquerront rapidement la zone au nord-ouest des Pyrénées appartenant aux Vascons[33] (ancêtre des Basques et des Gascons), et la Reconquista sur versant espagnol verra naître des royaumes à partir des vallées pyrénéennes que seront le royaume de Navarre et le royaume d'Aragon.
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Voir aussi :
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Aux XIIe et XIIIe siècles, l'Aude et l'Ariège furent des foyers importants de l'hérésie cathare. En 1209 démarre la Croisade des Albigeois ordonnée par le pape Innocent III pour la réprimer. Elle fut l'occasion de nombreux sièges et affrontements auxquels participèrent les seigneurs des fiefs pyrénéens, comme le roi Pierre II d'Aragon, le comte Raymond-Roger de Foix ou le comte Bernard IV de Comminges. La prise du château de Montségur (Ariège) en 1244, où plus de deux cents croyants furent condamnés au bûcher, reste un des épisodes les plus connus de cette période. À l'issue de la croisade, le royaume de France étendra son influence jusqu'au pied des Pyrénées[34].
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La frontière franco-espagnole est le fruit d'une longue évolution dans les relations entre la France et l'Espagne : un premier traité, le traité de Corbeil (1258) sous Saint-Louis établit des zones d'influences entre le royaume de France et le royaume d'Aragon de chaque côté des Pyrénées, excepté le Roussillon qui fait partie de la Catalogne. La partie nord de la Navarre, ou Basse-Navarre, est rattachée à la France sous Henri IV tandis que le reste de la Navarre, ou Haute-Navarre, revient à la couronne d'Espagne. Il faudra attendre 1659 et le traité des Pyrénées[35] pour qu'une "frontière" sur papier soit fixée : le Roussillon est rattaché définitivement à la couronne de France, la frontière suit grosso-modo la ligne de partage des eaux, c'est-à-dire la ligne des plus hautes crêtes, excepté quelques territoires comme l'enclave de Llívia (voir le traité de Llivia). Toutefois, cette délimitation n'étant pas marquée "physiquement" sur le terrain, aucune zone de droit n'est définie et les communautés paysannes continuent de jouir par exemple de coutumes de pacages sur les terres du pays voisin de l'autre côté de la frontière. Il faudra attendre le traité de Bayonne en 1856 pour que soient réglés les litiges entre communautés frontalières, et qu'il soit décidé la pose de 602 bornes régulièrement espacées définissant ainsi la frontière actuelle.
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L'évolution historique récente explique la prépondérance de la langue française au nord et espagnole au sud même si elles ne sont pas originaires de la région. Parmi les langues locales qui se maintiennent, existent le catalan (Catalogne - Roussillon - Andorre - frange orientale de l'Aragon), l'occitan (côté français et Val d'Aran), le basque (Biscaye - Guipuscoa - nord de la Navarre - sud-ouest des Pyrénées-Atlantiques) et l'aragonais (nord de l'Aragon).
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L'ensemble pyrénéen a connu une occupation humaine ininterrompue. Si le caractère montagnard a pu faciliter un relatif isolement des populations, comme un certain esprit d'indépendance vis-à-vis des pouvoirs centraux, il n'en demeure pas moins que les Pyrénées sont aussi un axe de passage, dès la Préhistoire. On a quelques témoignages de croyances pouvant remonter au Paléolithique[36]. Il existe aussi des cultes très anciens portant sur des « dieux pyrénéens » pouvant se rattacher à des traditions celtes et gauloises, et plus spécifiquement basques, dont on sait que la zone d'influence couvrait la majeure partie des Pyrénées centrales et occidentales. Beaucoup de ces dieux ont été par la suite assimilés à des dieux romains.
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Conformément à la tradition, les cultes se sont succédé sans discontinuer. Beaucoup d'églises ont, enchâssés dans leurs murs, des stèles et des autels « païens ». Les mégalithes ont fait l'objet de rituels jusqu'au XIXe siècle[réf. nécessaire], où l'Église a procédé à des « christianisations » autoritaires. Par la suite, les dieux perdent peu à peu leur statut pour céder la place à des divinités plus ou moins familières et inquiétantes, présidant aux activités agro-pastorales, protégeant troupeaux et cultures et punissant les malfaiteurs. De là, les sylvains comme Tantugou en haut Comminges, le Silvan aragonais, et une infinie variété d'hommes sauvages, souvent couverts de poils, comme Jan de l'Ours en Béarn, ou le Basajaun basque, pour finir par des géants faisant figure de croquemitaines, Bécuts, Tartaro ou autres, avatars des cyclopes de l'Antiquité, d'abord effrayants, puis victimes de leur bêtise dans des contes populaires. L'actualité des temps leur trouve toujours une nouvelle jeunesse : des hommes sauvages sont appelés Iretges (hérétiques) en souvenir d'un temps où on pourchassait les déviants du christianisme, cathares ou autres. Les nains et lutins, comme les laminak du Pays basque, sont omniprésents.
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Le christianisme apporte ses propres mythologies. Notamment le mythe de Milharis, berger légendaire ayant vécu 909 ans ou 999 ans selon les légendes (Mulat-Barbe, Millaris, le Berger de Mille ans moins un jour, etc.), liées à l'apparition de la première neige, symbole d'un monde nouveau, sont rapportées à l'apparition du christianisme et à la fin de peuples anciens, détenteurs de savoirs perdus (les Jentils). Les saints protecteurs des activités agro-pastorales prennent la place des divinités. Les mégalithes, objets de cultes souvent ininterrompus jusqu'au XIXe siècle, sont christianisés autoritairement par l'Église. Enfin, les apparitions de la Vierge Marie, nombreuses avant la plus célèbre, celle de Lourdes, sont quasiment une spécificité pyrénéenne. Beaucoup de ces apparitions se sont produites dans ou à proximit�� de grottes ayant connu un habitat préhistorique, et où étaient relatées des apparitions de damas blancas, dames blanches, c'est-à-dire des fées.
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En dehors de quelques recueils isolés, d'abord sur le versant français, puis, de manière plus poussée, sur le versant espagnol, il y a eu peu d'études globales de la mythologie pyrénéenne jusqu'à Olivier de Marliave[37].
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Voir aussi :
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En 1999, les statistiques concernant la répartition socio-professionnelle (côté français)[38] étaient les suivantes :
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L'administration du territoire est bien sûr différente suivant les pays. En France, le territoire est découpé en régions, départements, arrondissements et cantons ; en Espagne, le découpage se fait en communautés autonomes, provinces et comarques ; en Andorre, la division est effectuée en paroisses.
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Côté français, l'espace pyrénéen est défini et délimité administrativement d'après la loi Montagne[39] du 9 janvier 1985 : le massif pyrénéen est constitué par « chaque zone de montagne et les zones qui lui sont immédiatement contiguës et qui forment avec elle une même entité géographique, économique et sociale » (Art.5L no 85-30). C'est une unité d'aménagement de l'espace et de programmation. L'aménagement du territoire y vise le regroupement économique de communes avec la création d'intercommunalités et de pays (voir l'article Pays des Pyrénées), ainsi que le désenclavement de la zone massif avec la construction de voie rapides ou d'autoroutes sur chaque versant ou transnationales (voir l'article frontière franco-espagnole).
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Le réseau routier comprend l'autoroute A64 (la Pyrénéenne) qui compte 90 km dans la zone massif, 500 km de routes nationales et 2 000 km de routes départementales[40]. Les autoroutes A9 et AP-7 permettent de traverser les Pyrénées orientales, l'A63 et l'AP-8 les Pyrénées occidentales ; l'autoroute A66 permettra à terme de relier Toulouse et Foix à Barcelone en ligne directe en passant près d'Andorre.
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Le réseau ferré quant à lui comprend 350 km dont un pôle d'échange transfrontalier à Enveitg (département des Pyrénées-Orientales) avec l'Espagne et l'Andorre.
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Du Pays basque à l’Ariège, en passant par le Béarn et la Bigorre, 35 Commissions Syndicales du massif Pyrénéen, des structures intercommunales créées par l’ordonnance royale du 18 juillet 1837, ont mission de gérer et développer le patrimoine naturel d’un territoire en montagne (forêts, espaces montagnards, faune et flore). Mêmes si elles sont bien présentes dans le code des Collectivités Territoriales (art L 5222-1 et suivants du code général des collectivités territoriales), les Commissions Syndicales sont peu connues au niveau du public et des instances nationales.
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La faune et la flore de la partie centrale des Pyrénées sont protégées par le parc national des Pyrénées, versant français, et par deux parcs nationaux, le parc national d'Aigüestortes et lac Saint-Maurice en "Encantats" et le parc national d'Ordesa et du Mont-Perdu, versant espagnol. À cela, s'ajoute le parc naturel régional des Pyrénées catalanes, le Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises et des réserves naturelles nationales comme celle du Néouvielle, du Soussouéou dans la vallée d'Ossau dans les Pyrénées occidentales, ou les nombreuses réserves naturelles catalanes (Prats-de-Mollo, Nohèdes, Py, Mantet, Vallée d'Eyne, Jujols, Conat, La Massane). Il existe enfin des réserves naturelles régionales en Ariège (Embeyre), dans les Pyrénées-Orientales (Nyer) et dans les Hautes-Pyrénées (Pibeste). Les nombreux sites naturels classés au titre de la loi sur la protection des paysages et les arrêtés préfectoraux de protection de biotope, les réserves biologiques et les réserves de faune sauvage témoignent également de l'intérêt écologique du massif pyrénéen.
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Les Pyrénées sont une chaîne montagneuse du sud-ouest de l'Europe. Elles s'étendent en longueur selon une direction est-ouest sur une distance approximative de 430 kilomètres depuis la mer Méditerranée (Cap de Creus) jusqu'au golfe de Gascogne (Cap Higuer). Culminant à 3 404 mètres d'altitude au pic d'Aneto, les Pyrénées forment une barrière géographique séparant la péninsule Ibérique au sud du reste de l'Europe continentale au nord. Elles constituent une frontière naturelle entre l'Espagne et la France et abritent aussi la principauté d’Andorre.
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La chaîne des Pyrénées traverse deux régions et six départements français : d’est en ouest les régions Occitanie (Pyrénées-Orientales, Aude, Ariège, Haute-Garonne et Hautes-Pyrénées) et Nouvelle-Aquitaine (Pyrénées-Atlantiques). Côté espagnol, elle traverse quatre communautés autonomes et sept provinces d'Espagne : d’est en ouest la Catalogne (Gérone, Barcelone et Lérida), l'Aragon (Huesca et Saragosse), la Navarre (communauté composée d'une seule province du même nom) et la Communauté autonome basque (Guipuscoa).
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Trois sentiers de grande randonnée traversent les Pyrénées d'ouest en est : le GR 10 côté français, le GR 11 côté espagnol et la Haute randonnée pyrénéenne.
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L'origine du nom « Pyrénées » reste assez floue. De nombreuses étymologies qui furent proposées au cours des siècles[2] ne sont plus retenues aujourd'hui, où l'on estime que Pyrénées est un toponyme savant emprunté tardivement aux géographes grecs[3].
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Au Ve siècle av. J.-C., l'historien grec Hérodote croit savoir que l'Istros (le Danube) « vient du pays des Celtes et de la ville de Pyréné »[4]. Le terme Πυρηναῖα (Pyrēnaîa) se trouve ensuite, par exemple, chez l'écrivain Plutarque (vers 46 - 125 ap. J.-C.)[5]. Plus tard, le mot transitera par le latin Pyrenaeus, avant de devenir un emprunt savant au Moyen Âge : à titre d'exemple, sa première apparition en occitan est, en 1660, als confins dels Pireneus[6]. Dans les diverses langues de la chaîne montagneuse, Pyrenaeus donne : en aragonais o Pireneu / os Perinés, en catalan els Pirineus / el Pirineu, en espagnol los Pirineos / el Pirineo, en gascon eths/los Pirenèus (ou simplement los montios), en occitan los Pirenèus, ainsi qu'en basque Pirinioak ou Auñamendiak. Dans toutes ces langues (sauf en basque, langue ne possédant pas de genre), le nom est masculin ; en français, cependant, « les Pyrénées » est souvent perçu comme un mot féminin, confusion entretenue par le fait que l'article pluriel n'a pas de genre. De plus, par contact linguistique cela a conduit l'occitan à développer la forme erronée las Pirenèas[6].
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Dans la mythologie grecque, le terme « Pyrénées » était associé au personnage légendaire nommé Pyrène (Πυρήνη), fille du roi Bebryce. Selon Silius Italicus, la jeune fille fut aimée d'Héraclès qui la délaissa. Elle donna naissance à un serpent et alla enfouir sa honte dans les forêts où elle fut dévorée par les bêtes sauvages. Héraclès lui construisit un tombeau[7]. Diodore de Sicile (vers 90 - 30 av. J.-C.) explique en revanche le nom Pyrénées à partir du grec ancien πῦρ (pŷr, feu) à cause d'un immense incendie qu'auraient provoqué les bergers[8].
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Un certain nombre de termes sont spécifiques des Pyrénées :
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En géographie physique, les Pyrénées forment une chaîne d'allure rectiligne, assez étroite, d'une longueur totale de 430 kilomètres de la Méditerranée (cap de Creus) à l'Atlantique (Jaizkibel). La délimitation occidentale peut paraître arbitraire puisque les Pyrénées se fondent progressivement dans les montagnes basques qui à leur tour rejoignent les monts Cantabriques (soit un axe pyrénéo-cantabrique atteignant 1 000 km de continuité montagneuse). La plus simple définition géographique des Pyrénées tient à leur caractère « isthmique » : entre la Méditerranée et le point le plus proche du golfe de Gascogne. Au-delà commence la chaîne (cordillera) basco-cantabrique.
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Pour fixer une largeur limite approximative au massif, on peut dire que le piémont pyrénéen se dilue dans le bassin de l'Èbre versant espagnol, dans le bassin aquitain et la basse vallée de l'Aude versant français. La superficie du massif est alors estimée à environ 19 000 km2[11].
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D'ouest en est, on distingue traditionnellement trois aires de montagne[12] :
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La Rhune dans les Pyrénées atlantiques.
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Vallée de Barétous vue du pic d'Issarbe (Pyrénées ouest).
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Cylindre du Marboré, Pyrénées centrales.
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Parmi les caractéristiques distinctives des paysages pyrénéens[13], on peut citer :
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La plus haute chute d'eau (422 m) se trouve à la source du gave de Pau au niveau du cirque de Gavarnie[14]. Ce dernier fait partie avec le massif du Mont-Perdu d’un massif montagneux transfrontalier plus vaste désigné sous le nom de Pyrénées-Mont Perdu, et inscrit depuis 1997 sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des paysages naturels et des paysages culturels[15],[16].
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Le point culminant des Pyrénées est le pic d'Aneto (3 404 mètres), situé en territoire espagnol. Les hauts sommets, situés au-dessus de 3 000 m, se situent principalement dans les Pyrénées centrales, en région Occitanie, côté français, et dans la communauté autonome d'Aragon côté espagnol : il existe en tout 129 sommets principaux et 83 secondaires se hissant au-dessus des 3 000 mètres et répartis en 11 zones. À noter que cette limite mythique des 3 000 m est née courant XIXe siècle à la suite de la Révolution française qui a institutionnalisé le système métrique (avant on comptait en toise), engendrant un véritable engouement pour l'ascension de tel sommets (voir pyrénéisme).
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Tous les massifs et sommets célèbres n'atteignent pas 3 000 mètres : par exemple, le massif des Corbières qui culmine à 1 230 m avec le pic de Bugarach, le pic du Midi de Bigorre (2 877 m) et le pic du Midi d'Ossau (2 885 m) bien visibles depuis la plaine, le pic du Canigou (2 785 m), le pic d'Anie (2 504 m), le Grand Gabizos (2 692 m), le Montardo (2 833 m), La Rhune (905 m), sans oublier le Mont Valier (2 838 m) dans le Couserans, etc.
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Les vallées pyrénéennes sont fréquemment orientées nord-sud (à l'exception des vallées catalanes, le plus souvent orientées ouest-est[17]) et ses hauts sommets s'égrènent sans grande discontinuité, ce qui explique que d'un bout à l'autre de la chaîne il existe peu de points de passage praticables entre le versant septentrional et le versant méridional. Ainsi la frontière franco-espagnole suit à peu près la ligne des crêtes, la principale exception à cette règle étant formée par le val d'Aran qui dépend de l’Espagne mais se situe sur le versant septentrional du massif. Autre « anomalie », la chute de Cerdagne, située sur le versant méridional de la chaîne mais partagée entre la France et l’Espagne. Seul le versant français compte des vallées glaciaires typiques en « U », comme celle d'Aspe, ou d'Ossau.
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Les vallées pyrénéennes sont en général étroites, orientées nord-sud et particulièrement encaissées du côté français à proximité de la haute chaîne frontalière (jusqu'à 2 000 mètres de dénivelé).
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La plupart des vallées ont subi l'érosion glaciaire comme en témoignent les dépôts morainiques (remarquables en vallée de Campan) et certains fonds plats (vallée d'Aure vers St Lary Soulan, valée du Louron, vallée de la Noguera Pallaresa vers Esterri d'Aneu, vallée du Rio Cinqueta vers Plan…). Si elles sont moins larges que celles des Alpes et dépourvues de lacs cela s'explique surtout par la plus faible superficie des Pyrénées, qui n'a pas permis la formation de grandes langues glaciaires (les plus grands glaciers atteignaient cependant le piémont : Ossau, Gave de Pau, Garonne, Ariège).
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Dans les massifs calcaires, surtout versant espagnol, on observe de nombreux canyons (Kakouetta, Vellos, Anisclo…), signe d'une érosion de type fluvial plus que glaciaire (certains ont pu être jadis glacés, mais les glaciers n'y ont pas stationné suffisamment longtemps ou étaient de trop faible taille pour y laisser des traces significatives). Les canyons recèlent une très grande diversité floristique et faunistique.
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Le système hydrographique des Pyrénées est composé d'un très grand nombre de petits lacs et étangs (ibón en aragonais) jalonnant de non moins nombreux gaves et autres cours d'eau. Il n'y a pas de « grands lacs » dans les Pyrénées (comme dans les Alpes) : les plus grands sont des retenues artificielles telles que la retenue de Yesa (Navarre) avec une superficie de 1 900 ha. Toutefois le nombre de lacs et étangs est impressionnant, environ 2 500, ainsi que leur profondeur qui peut être supérieure à 100 mètres.
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On trouve de nombreux lacs artificiels et de nombreux barrages, dont les principaux côté français sont Puyvalador, Matemale, Bouillouses, Paset, Lanoux, Naguilhe, Orgeix, Grandes Patures, Besines, Goulours, Laparan, Gnioure, Fourcat, Izourt, Bassies, Soulcem, Oô, Portillon, Cap de Long, Gloriettes, Gavarnie, Ossoue, Oredon, Escoubous, La Mongie, Laquets, Aumar, Aubert, Oule, Migouelou, Tech, Artouste, Bious Artigues, Fabrèges[18], etc.
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Selon la région, les noms des rivières diffèrent : depuis la vallée d'Argelès-Gazost, en Bigorre, jusqu'en Béarn, les rivières sont appelées « gaves » et se rejoignent dans l'Adour. En revanche, depuis la vallée de Bagnères-de-Bigorre jusqu'en vallée d'Aure, on parle de « nestes ».
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Les gaves creusant la roche commencent souvent par de longues rivières souterraines comme celles de Bétharram[réf. nécessaire] avant de jaillir sous forme de petits torrents, pouvant donner place à des gorges très étroites et profondes comme les gorges de Galamus, ou des trouées impressionnantes comme celle de la grotte du Mas d'Azil. Par ailleurs, les importants cours d'eau ont donné leur nom aux départements, provinces d'Espagne ou comarques qu'ils traversent : l'Aragon, l'Ariège, l'Aude, la Garonne, etc.
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La chaîne est à la fois jeune et ancienne selon l'échelle des temps géologiques[20]: jeune car la surrection du relief s'est produite il y a 40 millions d'années, en même temps que les Alpes, durant l'ère tertiaire ; ancienne car les roches et matériaux surélevés ne se sont pas formés à ce moment-là mais bien plus tôt : ils pré-existaient à la chaîne, durant les ères secondaire et primaire, voire avant[21].
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Les sédiments de la genèse des Pyrénées se déposèrent dans des bassins littoraux au cours du Paléozoïque (ère primaire) et du Mésozoïque (ère secondaire). Les roches métamorphiques et magmatiques (granite et gneiss par exemple), qui s'étaient formées dans le manteau et la croûte terrestre, commencèrent à affleurer il y a 260 millions d'années (Permien)[19].
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Puis, au Crétacé inférieur (150 - 100 Ma), sous l'effet d'une ouverture océanique, le golfe de Gascogne s'ouvrit en éventail, serrant l'Espagne contre la France et prenant en étau de grandes couches de sédiments d'une mer peu profonde présente à l'époque. La collision continentale fut progressive d'est en ouest : le serrage et le soulèvement de l'écorce terrestre commencèrent par affecter la partie orientale pour s'étendre progressivement à toute la chaîne, surrection et déformation culminant à l'Éocène, au début du Cénozoïque (ère tertiaire).
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La zone axiale des Pyrénées (qui forme une ellipse très allongée tout le long de la ligne des hautes altitudes, du pic d'Anie jusqu'au Roussillon) est constituée de roches bien plus anciennes que la formation des sommets elle-même. La prépondérance dans cette zone de roches crustales (granites et gneiss) offrant peu de prise à l'érosion est responsable de l’aspect massif et peu découpé de la chaîne.
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Tout autour de la zone axiale, les sédiments des formations jurassiques et crétacées se sont plissés en bandes concentriques. Ils sont plus étalés sur le versant sud où ils forment des étagements successifs de sierras et de hauts plateaux. Au nord, ils forment une bande relativement étroite dans les Pyrénées centrales, par exemple pour les Petites Pyrénées, avant-mont s'étendant de l'Aude au confluent du Salat et de la Garonne et comprenant des chaînons calcaires comme le Plantaurel ; ils s’élargissent à l’ouest au-delà du pic d'Anie où les sommets de granite sont flanqués de couches calcaires et à l’est, dans les Corbières, où les soubassements schisteux et calcaires reparaissent, fortement plissés et ravinés.
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Au Pléistocène, l'érosion glaciaire façonna les cirques et vallées glaciaires en forme de U, fréquents sur le versant nord, de même qu'elle fut responsable de la création de plateaux fluvio-glaciaires au nord de la chaîne (comme le Lannemezan) par l'accumulation des alluvions de graviers et d'argiles transportées par les cours d’eau[22].
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Curiosités géologiques :
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Carte géologique de l'Andorre : granite, mica, gneiss du Paléozoïque.
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Pic du Balaïtous (3 144 m) entièrement en roches granitiques du Paléozoïque.
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Brèche de Roland.
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Mallos de Riglos.
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Par leur latitude et leur orientation les Pyrénées séparent deux grands ensembles climatiques et végétaux : océanique à l'ouest et au nord, continental et méditerranéen au sud et à l'est. Seul le versant français présente des vallées glaciaires, typiques et impressionnantes comme la vallée d'Ossau ou celle d'Aspe par exemple. Les glaciers s'étendaient alors au nord jusqu'aux portes de Pau, les coteaux de Jurançon étant d'ailleurs d'anciennes moraines glaciaires.
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L'influence océanique du nord-ouest, en provenance du golfe de Gascogne tout proche, est intense au Pays basque (cumuls pluviométriques de 150 à 250 cm/an, hivers relativement doux et étés frais[23] : moyennes de +1 °C en janvier à +13 °C en juillet vers 1 200 m d'altitude). Elle se prolonge sur les quatre cinquièmes de la chaîne en versant nord (jusqu'au département de l'Aude), tandis qu'elle pénètre peu sur le versant sud (guère plus loin que les montagnes de Navarre puis à proximité immédiate des crêtes frontalières).
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En s'enfonçant dans les terres la pluviométrie se modère tout en restant régulière (100 à 150 cm/an en moyenne montagne, localement 200 cm sur les plus hauts massifs des Pyrénées Occidentales) et l'amplitude thermique augmente (à 1 200 m : −1 °C en janvier, +13 °C en juillet).
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Les pâturages verdoyants alternent avec des forêts de chênes à feuilles caduques en vallée et piémont, de hêtres et sapins en moyenne montagne. La limite haute de la forêt se situe entre 2 000 et 2 500 m (pins à crochets), laissant place aux landes subalpines (bruyère, rhododendrons) puis, au-dessus de 2 500 à 3 000 m, aux pierriers, névés et petits glaciers.
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Sur le versant sud (Aragon, Catalogne occidentale, Andorre, Cerdagne) le régime des précipitations est essentiellement alimenté par les perturbations de sud à sud-ouest d'origine atlantique, qui subissent une influence continentale lors de leur traversée de la péninsule ibérique et se réactivent au contact du relief pyrénéen. Les précipitations sont plus rares mais souvent plus intenses qu'en versant nord, ce qui explique que l'ensoleillement soit bien meilleur alors que les cumuls pluviométriques sont comparables (100 à 150 cm/an) si l'on excepte le piémont aride (environ 50 cm/an). L'air océanique tempéré étant repoussé par la haute chaîne, les hivers sont relativement froids et les étés chauds (à 1 200 m : 0 °C en janvier, +15 °C en juillet)[24]. La moyenne montagne présente une végétation typiquement méditerranéenne : garrigue pierreuse et buissonneuse, forêts de chênes verts, pins noirs, pins sylvestres. Les plus hautes vallées accueillent de vertes prairies, des forêts de hêtres, sapins, pins sylvestres et à crochets. L'étage altimontain ne serait guère différent de celui du versant nord si la prédominance des terrains calcaires au sud n'était une contrainte se superposant au climat et qui abaisse la limite du végétal. La frontière franco-espagnole est aussi une frontière climatique : alpin, frais et humide au nord, en France, méditerranéen, sec et plus chaud au sud en Espagne. En avion au-dessus de la chaîne, il n'est pas rare de voir les nuages se bloquer côté français au versant nord et d'admirer l'Espagne, juste derrière cette frontière, ensoleillée comme l'Afrique[précision nécessaire]. Sur le versant nord, en Béarn, Comminges et Béarn, deux phénomènes sont courants : le blocage orographique, avec ses abondantes précipitations (jusqu'à 7 mètres de neige en quelques semaines), phénomène dû à la présence d'un anticyclone sur l'Atlantique et les dépressions anglaises et scandinaves qui basculent leurs fronts froids vers le sud, ces derniers se bloquant sur cette barrière montagneuse est-ouest ; et deuxième phénomène, le foehn, ce vent chaud qui dévale des montagnes vers les vallées françaises, lorsqu'un front froid et humide de sud se bloque sur le versant espagnol à cause d'une dépression sur le golfe de Gascogne, l'air froid qui remonte du sud vers les hauts sommets est aspiré par les basses pressions situées de l'autre côté de la barrière, au large de Biarritz, et se comprime et perd sa vapeur d'eau en s'échauffant brusquement. Il est possible de constater une température de 24 °C en plein mois de janvier à Luchon et seulement 0 °C à Saint-Gaudens, 45 km plus au nord, mais le foehn peut atteindre Pau, Tarbes, Lourdes et Foix. Quelques jours après, il peut neiger à basse altitude.
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L'Hôspitalet-près-l'Andorre en Ariège est la dernière commune à l'est des Pyrénées françaises qui connaisse le climat alpin atlantico-continental avec tous les mois de l'année frais, nuageux et humides, particulièrement neigeux en hiver. Dès que l'on passe le col de Puymorens, on bascule dans la zone méditerranéenne, le contraste est saisissant : à Latour-de-Carol, à quelques kilomètres à vol d'oiseau plus à l'est, la sécheresse domine et le soleil brille plus de 3 000 heures par an.
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Enfin, l'orient de la chaîne plus proche du versant sud par sa végétation mais qui diffère par son régime des précipitations : la Méditerranée génère des perturbations, rares mais parfois diluviennes sur les premiers versants montagneux rencontrés. La région transfrontalière située entre le Canigou et la ville d'Olot est particulièrement arrosée (100 à 150 cm/an) ainsi qu'en témoignent les nombreuses hêtraies. L'ensoleillement est cependant important, avec de longues périodes de beau temps et une sécheresse estivale atténuée sur les massifs par des orages.
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La flore des Pyrénées comporte environ 4 500 espèces, dont 160 espèces endémiques[25] comme le saxifrage des Pyrénées (Saxifraga longifolia), l'ancolie des Pyrénées (Aquilegia pyrenaica), le chardon bleu des Pyrénées (Eryngium bourgatii), etc.
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Les principales essences d'arbre sont le pin à crochets (Pinus uncinata) en altitude (étage subalpin) ; le hêtre commun (Fagus sylvatica) et le sapin blanc (Abies alba) en moyenne montagne (étage montagnard) ; puis le chêne et le châtaignier sur les basses pentes (étage collinéen).
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L'agriculture est limitée dans les vallées aux céréales et aux arbres fruitiers.
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L’influence méditerranéenne fait que les Pyrénées orientales, plus ensoleillées, ont une composition floristique différente du reste de la chaîne. L’orientation d’ouest en est de la chaîne a eu pour conséquence qu’un grand nombre d’espèces qui étaient présentes au nord de cette région durant l’ère tertiaire ont disparu en raison du froid pendant la dernière grande glaciation (maximum glaciaire vers -20 000 ans) : elles ont en effet buté en migrant vers des zones de basses latitudes plus clémentes contre la chaîne de montagnes, qu’elles n’ont pas pu franchir. Toutefois, quelques espèces ont pu subsister dans des vallées protégées des Pyrénées, devenant endémiques de la zone.
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La faune des Pyrénées présente également quelques exemples saisissants d'endémisme : le desman des Pyrénées ou rat-trompette (Galemys pyrenaicus), mammifère aquatique dont l'aire de répartition s'étend aux deux versants des Pyrénées et aux massifs montagneux du nord-ouest de la Péninsule Ibérique (seule une espèce voisine appartenant au même genre est confinée aux fleuves du Caucase, en Russie méridionale). L'euprocte des Pyrénées (Euproctus asper), batracien urodèle proche de la salamandre, vivant dans les cours d'eau d'altitude, est également caractéristique. Le bouquetin des Pyrénées (Capra pyrenaica ssp. pyrenaica) s'est éteint dans les années 1998-2001. Dès 2014, la réintroduction du bouquetin ibérique a été opérée dans le parc national des Pyrénées et le parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises[26].
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D'autres espèces comme le gypaète barbu ou l'isard ont elles aussi été en voie d'extinction mais sont aujourd'hui protégées et commencent petit à petit à se repeupler. Quant à l'ours brun indigène des Pyrénées (voir ours des Pyrénées), il a été chassé jusqu'à sa quasi-extinction dans les années 1990. Des tentatives de renforcement de l'espèce ont lieu depuis 1996 en relâchant des ours apportés de Slovénie[27].
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Une des particularités de la faune pyrénéenne est la richesse et la diversité de sa vie souterraine, ayant donné lieu à l'installation en 1948 du Laboratoire souterrain de Moulis[28]. En particulier, toutes les espèces cavernicoles du genre Aphaenops (coléoptères) sont endémiques de la chaîne pyrénéenne[29] (voir aussi René Jeannel).
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Autres espèces :
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La plus ancienne présence d'un membre de la lignée humaine (genre Homo) est attestée dans la région dès -800 000 ans (Paléolithique inférieur) avec Homo antecessor à Atapuerca[30] (nord de l'Espagne), puis avec l'homme de Tautavel vers -450 000 ans[31],[32] (commune de Tautavel dans le département des Pyrénées-Orientales).
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Durant tout le Paléolithique moyen, la zone des Pyrénées sera occupée par l'Homme de Néandertal (grottes de Gargas, du Noisetier ou d'Isturitz), avant que ce dernier ne soit remplacé par l'Homme moderne au Paléolithique supérieur. Les grottes de Gargas (période gravetienne) et de Niaux (période magdalénienne) témoignent à travers l'art pariétal de la présence et de la complexité des sociétés humaines de l'époque. Le radoucissement climatique vers -10 000 ans (Holocène) met fin à cette culture de « l'âge du renne » dans la zone du piémont pyrénéen : les grands troupeaux des steppes remontent vers le nord ; la couverture forestière s'étend, la technique de chasse évolue alors en conséquence vers l'Azilien (du nom de la commune du Mas-d'Azil en Ariège).
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La néolithisation, ou passage d'une économie de prédation (chasseurs-cueilleurs) à une économie de production (agriculture-élevage), se fera lentement par diffusion à partir de la côte méditerranéenne (voir courant cardial) : la pénétration des nouvelles techniques se fait depuis la côte suivant les fleuves (Èbre, Aude). La côte atlantique connaît aussi un courant de néolithisation plus tardif avec le mégalithisme (attestation de nombreux harrespils ou cromlechs (Occabe, plateau du Bénou), tumulus et menhirs dans le département des Pyrénées-Atlantiques).
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Avec l'âge du bronze et l'âge du fer commence l'exploitation minière du massif, riche aussi en or et en argent. La Protohistoire voit le développement des Gaztelu zahar.
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La zone « rentre dans l'Histoire » avec les premiers comptoirs grecs côté méditerranéen (Empúries), puis les conquêtes romaines de la Catalogne vers 210 av. J.-C. et de la Narbonnaise vers 118 av. J.-C. Rome conquiert finalement toute la zone (conquête romaine de l'Hispanie progressivement, conquête de l'Aquitaine par Crassus en 56 av. J.-C.) et divise le territoire suivant 3 provinces romaines sous l'empire romain : Novempopulanie côté Aquitaine, Narbonnaise côté Languedoc, et Tarraconaise côté péninsule ibérique.
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Au haut Moyen Âge, le territoire tombe sous la domination des Wisigoths au Ve siècle puis des arabo-musulmans au VIIIe siècle. Les Francs conquerront rapidement la zone au nord-ouest des Pyrénées appartenant aux Vascons[33] (ancêtre des Basques et des Gascons), et la Reconquista sur versant espagnol verra naître des royaumes à partir des vallées pyrénéennes que seront le royaume de Navarre et le royaume d'Aragon.
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Voir aussi :
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Aux XIIe et XIIIe siècles, l'Aude et l'Ariège furent des foyers importants de l'hérésie cathare. En 1209 démarre la Croisade des Albigeois ordonnée par le pape Innocent III pour la réprimer. Elle fut l'occasion de nombreux sièges et affrontements auxquels participèrent les seigneurs des fiefs pyrénéens, comme le roi Pierre II d'Aragon, le comte Raymond-Roger de Foix ou le comte Bernard IV de Comminges. La prise du château de Montségur (Ariège) en 1244, où plus de deux cents croyants furent condamnés au bûcher, reste un des épisodes les plus connus de cette période. À l'issue de la croisade, le royaume de France étendra son influence jusqu'au pied des Pyrénées[34].
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La frontière franco-espagnole est le fruit d'une longue évolution dans les relations entre la France et l'Espagne : un premier traité, le traité de Corbeil (1258) sous Saint-Louis établit des zones d'influences entre le royaume de France et le royaume d'Aragon de chaque côté des Pyrénées, excepté le Roussillon qui fait partie de la Catalogne. La partie nord de la Navarre, ou Basse-Navarre, est rattachée à la France sous Henri IV tandis que le reste de la Navarre, ou Haute-Navarre, revient à la couronne d'Espagne. Il faudra attendre 1659 et le traité des Pyrénées[35] pour qu'une "frontière" sur papier soit fixée : le Roussillon est rattaché définitivement à la couronne de France, la frontière suit grosso-modo la ligne de partage des eaux, c'est-à-dire la ligne des plus hautes crêtes, excepté quelques territoires comme l'enclave de Llívia (voir le traité de Llivia). Toutefois, cette délimitation n'étant pas marquée "physiquement" sur le terrain, aucune zone de droit n'est définie et les communautés paysannes continuent de jouir par exemple de coutumes de pacages sur les terres du pays voisin de l'autre côté de la frontière. Il faudra attendre le traité de Bayonne en 1856 pour que soient réglés les litiges entre communautés frontalières, et qu'il soit décidé la pose de 602 bornes régulièrement espacées définissant ainsi la frontière actuelle.
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L'évolution historique récente explique la prépondérance de la langue française au nord et espagnole au sud même si elles ne sont pas originaires de la région. Parmi les langues locales qui se maintiennent, existent le catalan (Catalogne - Roussillon - Andorre - frange orientale de l'Aragon), l'occitan (côté français et Val d'Aran), le basque (Biscaye - Guipuscoa - nord de la Navarre - sud-ouest des Pyrénées-Atlantiques) et l'aragonais (nord de l'Aragon).
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L'ensemble pyrénéen a connu une occupation humaine ininterrompue. Si le caractère montagnard a pu faciliter un relatif isolement des populations, comme un certain esprit d'indépendance vis-à-vis des pouvoirs centraux, il n'en demeure pas moins que les Pyrénées sont aussi un axe de passage, dès la Préhistoire. On a quelques témoignages de croyances pouvant remonter au Paléolithique[36]. Il existe aussi des cultes très anciens portant sur des « dieux pyrénéens » pouvant se rattacher à des traditions celtes et gauloises, et plus spécifiquement basques, dont on sait que la zone d'influence couvrait la majeure partie des Pyrénées centrales et occidentales. Beaucoup de ces dieux ont été par la suite assimilés à des dieux romains.
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Conformément à la tradition, les cultes se sont succédé sans discontinuer. Beaucoup d'églises ont, enchâssés dans leurs murs, des stèles et des autels « païens ». Les mégalithes ont fait l'objet de rituels jusqu'au XIXe siècle[réf. nécessaire], où l'Église a procédé à des « christianisations » autoritaires. Par la suite, les dieux perdent peu à peu leur statut pour céder la place à des divinités plus ou moins familières et inquiétantes, présidant aux activités agro-pastorales, protégeant troupeaux et cultures et punissant les malfaiteurs. De là, les sylvains comme Tantugou en haut Comminges, le Silvan aragonais, et une infinie variété d'hommes sauvages, souvent couverts de poils, comme Jan de l'Ours en Béarn, ou le Basajaun basque, pour finir par des géants faisant figure de croquemitaines, Bécuts, Tartaro ou autres, avatars des cyclopes de l'Antiquité, d'abord effrayants, puis victimes de leur bêtise dans des contes populaires. L'actualité des temps leur trouve toujours une nouvelle jeunesse : des hommes sauvages sont appelés Iretges (hérétiques) en souvenir d'un temps où on pourchassait les déviants du christianisme, cathares ou autres. Les nains et lutins, comme les laminak du Pays basque, sont omniprésents.
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Le christianisme apporte ses propres mythologies. Notamment le mythe de Milharis, berger légendaire ayant vécu 909 ans ou 999 ans selon les légendes (Mulat-Barbe, Millaris, le Berger de Mille ans moins un jour, etc.), liées à l'apparition de la première neige, symbole d'un monde nouveau, sont rapportées à l'apparition du christianisme et à la fin de peuples anciens, détenteurs de savoirs perdus (les Jentils). Les saints protecteurs des activités agro-pastorales prennent la place des divinités. Les mégalithes, objets de cultes souvent ininterrompus jusqu'au XIXe siècle, sont christianisés autoritairement par l'Église. Enfin, les apparitions de la Vierge Marie, nombreuses avant la plus célèbre, celle de Lourdes, sont quasiment une spécificité pyrénéenne. Beaucoup de ces apparitions se sont produites dans ou à proximit�� de grottes ayant connu un habitat préhistorique, et où étaient relatées des apparitions de damas blancas, dames blanches, c'est-à-dire des fées.
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En dehors de quelques recueils isolés, d'abord sur le versant français, puis, de manière plus poussée, sur le versant espagnol, il y a eu peu d'études globales de la mythologie pyrénéenne jusqu'à Olivier de Marliave[37].
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En 1999, les statistiques concernant la répartition socio-professionnelle (côté français)[38] étaient les suivantes :
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L'administration du territoire est bien sûr différente suivant les pays. En France, le territoire est découpé en régions, départements, arrondissements et cantons ; en Espagne, le découpage se fait en communautés autonomes, provinces et comarques ; en Andorre, la division est effectuée en paroisses.
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Côté français, l'espace pyrénéen est défini et délimité administrativement d'après la loi Montagne[39] du 9 janvier 1985 : le massif pyrénéen est constitué par « chaque zone de montagne et les zones qui lui sont immédiatement contiguës et qui forment avec elle une même entité géographique, économique et sociale » (Art.5L no 85-30). C'est une unité d'aménagement de l'espace et de programmation. L'aménagement du territoire y vise le regroupement économique de communes avec la création d'intercommunalités et de pays (voir l'article Pays des Pyrénées), ainsi que le désenclavement de la zone massif avec la construction de voie rapides ou d'autoroutes sur chaque versant ou transnationales (voir l'article frontière franco-espagnole).
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Le réseau routier comprend l'autoroute A64 (la Pyrénéenne) qui compte 90 km dans la zone massif, 500 km de routes nationales et 2 000 km de routes départementales[40]. Les autoroutes A9 et AP-7 permettent de traverser les Pyrénées orientales, l'A63 et l'AP-8 les Pyrénées occidentales ; l'autoroute A66 permettra à terme de relier Toulouse et Foix à Barcelone en ligne directe en passant près d'Andorre.
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Le réseau ferré quant à lui comprend 350 km dont un pôle d'échange transfrontalier à Enveitg (département des Pyrénées-Orientales) avec l'Espagne et l'Andorre.
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Du Pays basque à l’Ariège, en passant par le Béarn et la Bigorre, 35 Commissions Syndicales du massif Pyrénéen, des structures intercommunales créées par l’ordonnance royale du 18 juillet 1837, ont mission de gérer et développer le patrimoine naturel d’un territoire en montagne (forêts, espaces montagnards, faune et flore). Mêmes si elles sont bien présentes dans le code des Collectivités Territoriales (art L 5222-1 et suivants du code général des collectivités territoriales), les Commissions Syndicales sont peu connues au niveau du public et des instances nationales.
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La faune et la flore de la partie centrale des Pyrénées sont protégées par le parc national des Pyrénées, versant français, et par deux parcs nationaux, le parc national d'Aigüestortes et lac Saint-Maurice en "Encantats" et le parc national d'Ordesa et du Mont-Perdu, versant espagnol. À cela, s'ajoute le parc naturel régional des Pyrénées catalanes, le Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises et des réserves naturelles nationales comme celle du Néouvielle, du Soussouéou dans la vallée d'Ossau dans les Pyrénées occidentales, ou les nombreuses réserves naturelles catalanes (Prats-de-Mollo, Nohèdes, Py, Mantet, Vallée d'Eyne, Jujols, Conat, La Massane). Il existe enfin des réserves naturelles régionales en Ariège (Embeyre), dans les Pyrénées-Orientales (Nyer) et dans les Hautes-Pyrénées (Pibeste). Les nombreux sites naturels classés au titre de la loi sur la protection des paysages et les arrêtés préfectoraux de protection de biotope, les réserves biologiques et les réserves de faune sauvage témoignent également de l'intérêt écologique du massif pyrénéen.
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La pyrotechnie est la science de la combustion des matériaux et de ses effets.
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Historiquement, elle trouve une application festive dans les feux d'artifice mais elle est également utilisée dans les secteurs de l'armement, de l'aérospatiale, des mines et carrières ainsi que dans la sécurité automobile ou les signaux de détresse marins.
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Elle permet la conception d'engins pyrotechniques, utilisés par exemple pour le fonctionnement des coussins gonflables de sécurité (« airbag ») dans les véhicules ou pour les sièges éjectables dans l’aviation, ou encore comme moyens de signalisation lumineux ou sonores en cas de détresse.
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+
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+
Des applications de production d'oxygène médical en situation d'urgence ou, de manière générale, de composants de sécurité de haute fiabilité sont également utilisatrices de solutions pyrotechniques.
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L'usage des fusées est connu de longue date en Chine et dans l'Inde ; il pénétra au VIIe siècle chez les Grecs byzantins qui s'en servirent pour lancer le feu grégeois ; au XIIIe siècle chez les Arabes, puis enfin chez les chrétiens occidentaux[1].
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+
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+
La plus ancienne mention en Occident ne remonte qu’à l’année 1380 : elle nous apprend que les Padouans employèrent des fusées contre la ville de Mestre[2].
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+
Les Italiens les appelaient rochete, mot que les Français traduisirent par rochette, devenu ensuite roquette, et les Anglais par rocket. L'une des premières compositions est la poudre noire.
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+
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La pyrotechnie a fait l'objet d'utilisations des plus variées, comme en chirurgie[3].
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+
La réaction pyrotechnique peut être de différents types en fonction de sa chimie et de sa vitesse. Le matériau énergétique ne requiert pas l'oxygène de l'air pour brûler : sa composition et son enthalpie de formation suffisent. Les réactions chimiques exploitées peuvent être :
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+
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+
En fonction de la vitesse de réaction en couche parallèle, on distingue trois régimes:
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20 |
+
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Seuls les régimes de combustion et de détonation sont stables, le régime de déflagration est métastable et un matériau énergétique peut transiter d'un régime à l'autre en fonction de son bilan thermique et de son confinement.
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+
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Le caractère relativement imprévisible de ces emballements conduit chaque année à de nombreux accidents chez des adolescents tentant de réaliser des pétards artisanaux[4].
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+
Les effets pyrotechniques sont :
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Dans une réaction pyrotechnique un composé constitué d'atomes et ayant une enthalpie de formation donnée se transforme en molécules plus simples. L'enthalpie se conservant, la température de l'équilibre augmente selon les principes suivants.
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+
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+
La transformation du matériau énergétique en produits de réaction s'exprime selon l'équation suivante, Xi étant les différents atomes présents dans le ou les composés :
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+
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X
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X
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A
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|
142 |
+
|
143 |
+
|
144 |
+
2
|
145 |
+
|
146 |
+
|
147 |
+
|
148 |
+
X
|
149 |
+
|
150 |
+
a
|
151 |
+
23
|
152 |
+
|
153 |
+
|
154 |
+
3
|
155 |
+
|
156 |
+
|
157 |
+
⋯
|
158 |
+
|
159 |
+
X
|
160 |
+
|
161 |
+
a
|
162 |
+
2
|
163 |
+
k
|
164 |
+
|
165 |
+
|
166 |
+
k
|
167 |
+
|
168 |
+
|
169 |
+
+
|
170 |
+
⋯
|
171 |
+
+
|
172 |
+
|
173 |
+
n
|
174 |
+
|
175 |
+
n
|
176 |
+
e
|
177 |
+
s
|
178 |
+
p
|
179 |
+
e
|
180 |
+
c
|
181 |
+
e
|
182 |
+
s
|
183 |
+
|
184 |
+
|
185 |
+
|
186 |
+
X
|
187 |
+
|
188 |
+
a
|
189 |
+
n
|
190 |
+
e
|
191 |
+
s
|
192 |
+
p
|
193 |
+
e
|
194 |
+
c
|
195 |
+
e
|
196 |
+
s
|
197 |
+
,
|
198 |
+
1
|
199 |
+
|
200 |
+
|
201 |
+
1
|
202 |
+
|
203 |
+
|
204 |
+
|
205 |
+
X
|
206 |
+
|
207 |
+
a
|
208 |
+
n
|
209 |
+
e
|
210 |
+
s
|
211 |
+
p
|
212 |
+
e
|
213 |
+
c
|
214 |
+
e
|
215 |
+
s
|
216 |
+
,
|
217 |
+
2
|
218 |
+
|
219 |
+
|
220 |
+
2
|
221 |
+
|
222 |
+
|
223 |
+
|
224 |
+
X
|
225 |
+
|
226 |
+
a
|
227 |
+
n
|
228 |
+
e
|
229 |
+
s
|
230 |
+
p
|
231 |
+
e
|
232 |
+
c
|
233 |
+
e
|
234 |
+
s
|
235 |
+
,
|
236 |
+
3
|
237 |
+
|
238 |
+
|
239 |
+
3
|
240 |
+
|
241 |
+
|
242 |
+
⋯
|
243 |
+
|
244 |
+
X
|
245 |
+
|
246 |
+
a
|
247 |
+
n
|
248 |
+
e
|
249 |
+
s
|
250 |
+
p
|
251 |
+
e
|
252 |
+
c
|
253 |
+
e
|
254 |
+
s
|
255 |
+
,
|
256 |
+
k
|
257 |
+
|
258 |
+
|
259 |
+
k
|
260 |
+
|
261 |
+
|
262 |
+
|
263 |
+
|
264 |
+
{\displaystyle X_{A1}^{1}X_{A2}^{2}X_{A3}^{3}\cdots X_{Ak}^{k}\rightarrow n_{1}X_{a11}^{1}X_{a12}^{2}X_{a13}^{3}\cdots X_{a1k}^{k}+n_{2}X_{a21}^{1}X_{a22}^{2}X_{a23}^{3}\cdots X_{a2k}^{k}+\cdots +n_{nespeces}X_{anespeces,1}^{1}X_{anespeces,2}^{2}X_{anespeces,3}^{3}\cdots X_{anespeces,k}^{k}}
|
265 |
+
|
266 |
+
La conservation de la masse s'exprime alors par
|
267 |
+
|
268 |
+
|
269 |
+
|
270 |
+
|
271 |
+
∀
|
272 |
+
k
|
273 |
+
∈
|
274 |
+
[
|
275 |
+
1
|
276 |
+
⋯
|
277 |
+
n
|
278 |
+
a
|
279 |
+
t
|
280 |
+
o
|
281 |
+
m
|
282 |
+
e
|
283 |
+
s
|
284 |
+
]
|
285 |
+
⇒
|
286 |
+
|
287 |
+
∑
|
288 |
+
|
289 |
+
i
|
290 |
+
=
|
291 |
+
1
|
292 |
+
|
293 |
+
|
294 |
+
i
|
295 |
+
=
|
296 |
+
n
|
297 |
+
e
|
298 |
+
s
|
299 |
+
p
|
300 |
+
e
|
301 |
+
c
|
302 |
+
e
|
303 |
+
s
|
304 |
+
|
305 |
+
|
306 |
+
|
307 |
+
a
|
308 |
+
|
309 |
+
i
|
310 |
+
k
|
311 |
+
|
312 |
+
|
313 |
+
|
314 |
+
n
|
315 |
+
|
316 |
+
i
|
317 |
+
|
318 |
+
|
319 |
+
=
|
320 |
+
|
321 |
+
A
|
322 |
+
|
323 |
+
k
|
324 |
+
|
325 |
+
|
326 |
+
|
327 |
+
|
328 |
+
{\displaystyle \forall k\in [1\cdots natomes]\Rightarrow \sum _{i=1}^{i=nespeces}a_{ik}n_{i}=A_{k}}
|
329 |
+
|
330 |
+
La réaction étant à l'équilibre, l'enthalpie libre F est minimale.
|
331 |
+
|
332 |
+
F
|
333 |
+
=
|
334 |
+
|
335 |
+
∑
|
336 |
+
|
337 |
+
i
|
338 |
+
=
|
339 |
+
1
|
340 |
+
|
341 |
+
|
342 |
+
n
|
343 |
+
e
|
344 |
+
s
|
345 |
+
p
|
346 |
+
e
|
347 |
+
c
|
348 |
+
e
|
349 |
+
s
|
350 |
+
|
351 |
+
|
352 |
+
|
353 |
+
μ
|
354 |
+
|
355 |
+
i
|
356 |
+
|
357 |
+
|
358 |
+
.
|
359 |
+
|
360 |
+
n
|
361 |
+
|
362 |
+
i
|
363 |
+
|
364 |
+
|
365 |
+
|
366 |
+
|
367 |
+
{\displaystyle F=\sum _{i=1}^{nespeces}\mu _{i}.n_{i}}
|
368 |
+
|
369 |
+
avec
|
370 |
+
|
371 |
+
μ
|
372 |
+
|
373 |
+
i
|
374 |
+
|
375 |
+
|
376 |
+
=
|
377 |
+
|
378 |
+
μ
|
379 |
+
|
380 |
+
i
|
381 |
+
|
382 |
+
|
383 |
+
∘
|
384 |
+
|
385 |
+
|
386 |
+
(
|
387 |
+
T
|
388 |
+
)
|
389 |
+
+
|
390 |
+
R
|
391 |
+
T
|
392 |
+
l
|
393 |
+
n
|
394 |
+
|
395 |
+
(
|
396 |
+
|
397 |
+
|
398 |
+
Φ
|
399 |
+
|
400 |
+
|
401 |
+
Φ
|
402 |
+
^
|
403 |
+
|
404 |
+
|
405 |
+
|
406 |
+
|
407 |
+
)
|
408 |
+
|
409 |
+
|
410 |
+
|
411 |
+
{\displaystyle \mu _{i}=\mu _{i}^{\circ }(T)+RTln\left({\frac {\Phi }{\hat {\Phi }}}\right)}
|
412 |
+
|
413 |
+
soit, pour une équation d'état des gaz parfaits,
|
414 |
+
|
415 |
+
μ
|
416 |
+
|
417 |
+
i
|
418 |
+
|
419 |
+
|
420 |
+
=
|
421 |
+
|
422 |
+
μ
|
423 |
+
|
424 |
+
i
|
425 |
+
|
426 |
+
|
427 |
+
∘
|
428 |
+
|
429 |
+
|
430 |
+
(
|
431 |
+
T
|
432 |
+
)
|
433 |
+
+
|
434 |
+
X
|
435 |
+
.
|
436 |
+
|
437 |
+
(
|
438 |
+
|
439 |
+
R
|
440 |
+
T
|
441 |
+
l
|
442 |
+
n
|
443 |
+
|
444 |
+
(
|
445 |
+
|
446 |
+
|
447 |
+
|
448 |
+
n
|
449 |
+
|
450 |
+
i
|
451 |
+
|
452 |
+
|
453 |
+
|
454 |
+
∑
|
455 |
+
|
456 |
+
n
|
457 |
+
|
458 |
+
i
|
459 |
+
|
460 |
+
|
461 |
+
|
462 |
+
|
463 |
+
|
464 |
+
)
|
465 |
+
|
466 |
+
+
|
467 |
+
R
|
468 |
+
T
|
469 |
+
l
|
470 |
+
n
|
471 |
+
|
472 |
+
(
|
473 |
+
|
474 |
+
|
475 |
+
P
|
476 |
+
|
477 |
+
P
|
478 |
+
|
479 |
+
0
|
480 |
+
|
481 |
+
|
482 |
+
|
483 |
+
|
484 |
+
)
|
485 |
+
|
486 |
+
|
487 |
+
)
|
488 |
+
|
489 |
+
|
490 |
+
|
491 |
+
{\displaystyle \mu _{i}=\mu _{i}^{\circ }(T)+X.\left(RTln\left({\frac {n_{i}}{\sum n_{i}}}\right)+RTln\left({\frac {P}{P^{0}}}\right)\right)}
|
492 |
+
|
493 |
+
X=0 pour les produits de réaction solides ou liquides et X=1 pour les gaz.
|
494 |
+
|
495 |
+
avec
|
496 |
+
|
497 |
+
μ
|
498 |
+
|
499 |
+
i
|
500 |
+
|
501 |
+
|
502 |
+
|
503 |
+
|
504 |
+
{\displaystyle \mu _{i}}
|
505 |
+
|
506 |
+
: potentiel chimique pour l'espèce i
|
507 |
+
|
508 |
+
Φ
|
509 |
+
|
510 |
+
|
511 |
+
{\displaystyle \Phi }
|
512 |
+
|
513 |
+
: fugacité standard
|
514 |
+
|
515 |
+
La valeur de l'enthalpie libre doit être calculée pour chaque espèce de produit de réaction en fonction de la valeur de l'enthalpie et de l'entropie à la température T, en général soit à partir des valeurs tabulées[6] soit par évaluation à partir des grandeurs spectroscopiques[7]. La résolution du système non linéaire peut être fait soit par la méthode des multiplicateurs de Lagrange soit par la méthode de Monte-Carlo[8].
|
516 |
+
|
517 |
+
Selon que la combustion s'effectue dans un volume constant (isochore) ou à pression constante (isobare), la température d'équilibre est atteinte lorsque l'énergie ou l'enthalpie interne des produits de réaction à cette température, généralement située entre 1000 et 4000 K, est égale à l'énergie ou l'enthalpie de formation du matériau énergétique initiale à la température de référence (298K). Les caractéristiques recherchées sont :
|
518 |
+
|
519 |
+
La vitesse de combustion dépend de la microstructure du matériau, de sa densité et de son environnement et n'est pas estimable précisément par le calcul. Elle est mesurable soit en bombe manométrique (loi de Vieille :
|
520 |
+
|
521 |
+
|
522 |
+
|
523 |
+
v
|
524 |
+
(
|
525 |
+
m
|
526 |
+
|
527 |
+
/
|
528 |
+
|
529 |
+
s
|
530 |
+
)
|
531 |
+
=
|
532 |
+
a
|
533 |
+
.
|
534 |
+
|
535 |
+
P
|
536 |
+
|
537 |
+
n
|
538 |
+
|
539 |
+
|
540 |
+
+
|
541 |
+
b
|
542 |
+
|
543 |
+
|
544 |
+
{\displaystyle v(m/s)=a.P^{n}+b}
|
545 |
+
|
546 |
+
), soit en gouttière[9].
|
547 |
+
|
548 |
+
Selon le SFEPA[10], le chiffre d'affaires de la pyrotechnie en France est de l'ordre de 1 200 M€ (37 % défense/espace, 34 % automobile, 13 % mines et carrières, 7 % divertissement et 7 % chasse)[11], pour environ 50 000 t/an, constitués à 80 % par la production de matériaux pour mines et carrières. Le secteur emploie de l'ordre de 10 000 personnes. La plupart des secteurs sont exportateurs, sauf celui des explosifs industriels qui est majoritairement sur le marché national.
|
549 |
+
|
550 |
+
Les activités pyrotechniques ont donné lieu à des accidents historiques particulièrement meurtriers et ont fait l'objet, très tôt, d'une réglementation très efficace pour réduire le risque pyrotechnique[12]. Les matériaux mis en œuvre appartiennent à la classe 1, et font l'objet de règles strictes à la fois pour leur usage et pour leur transport[13].
|
551 |
+
|
552 |
+
L'apparente simplicité des recettes de fabrication des compositions pyrotechniques conduisent chaque année à de nombreux accidents domestiques mortels ou conduisant à des mutilations chez des personnes ayant voulu reproduire des formulations pyrotechniques parfois trouvées sur internet. Les produits pyrotechniques sont, par nature, métastables et peuvent réagir à la suite d'une sollicitation extérieure involontaire :
|
553 |
+
|
554 |
+
La réaction est d'autant plus favorisée que le matériau est confiné et donc incapable d'évacuer l'énergie reçue. Si de nombreux accidents pyrotechniques se sont produits au cours de l'histoire industrielle de la France, un des plus récents et des plus spectaculaires demeure l'explosion du dépôt de feux d'artifice de Enschede aux Pays-Bas[14] le 13 mai 2000, qui a entraîné des dégâts très importants et une boule de feu de 135 m[15], ainsi que le décès de 22 personnes (974 blessés).
|
555 |
+
|
556 |
+
La technologie pyrotechniques permet d'obtenir des avantages par rapport à des dispositifs électroniques ou mécaniques :
|
557 |
+
|
558 |
+
La plupart des dispositifs sont à usage unique.
|
559 |
+
|
560 |
+
Pour être tirées, les bombes sont insérées dans des tubes appelés mortiers (en fibre de verre, carton, plastique, acier) qui peuvent être rassemblés entre eux pour réaliser des batteries de mortiers.
|
561 |
+
|
562 |
+
L'allumage peut être manuel ou électrique. Seul l'allumage électrique permet d'obtenir le maximum de sécurité.
|
563 |
+
|
564 |
+
Le diamètre des bombes peut varier entre 20 mm et 1 200 mm, mais en France, les plus grosse bombes utilisées varient aux environs de 300 mm. Plus une bombe est grosse, plus elle doit exploser en altitude, pour étendre ses effets. Plus une bombe est grosse, plus les distances de sécurité sont importantes. On peut résumer ainsi : pour un diamètre de 75 mm par exemple, la bombe montera environ à 75 mètres et son diamètre d'éclatement sera de 75 mètres également, soit du 1 pour 1. Pour les distances de sécurité, elles sont obligatoirement indiquées sur les étiquettes des produits. Pour l'exemple d'une bombe de 75 mm, les distances de sécurité sont comprises entre 75 et 90 m suivant le poids de matière active contenue à l'intérieur.
|
565 |
+
|
566 |
+
La plus grosse bombe jamais tirée a été lancée au festival « Katakai-Matsuri », dans la ville de Katakai à Ojiva, au Japon. Elle s'appelait Yonshakudama et pesait 450 kg pour un diamètre de 1 200 mm. L'effet de la première bombe fut un filet d'or suivi de petites fleurs colorées. La seconde offrit de multiples bouquets à double changement de couleur[16].
|
567 |
+
|
568 |
+
Parmi les dispositifs de sécurité ou de coupure, on peut citer :
|
569 |
+
|
570 |
+
Seringues sans aiguilles[réf. nécessaire], générateurs d'oxygène[réf. nécessaire], piles thermiques[réf. nécessaire], etc.
|
571 |
+
|
572 |
+
Le prix Paul Vieille[23] est décerné régulièrement.
|
573 |
+
|
574 |
+
En France, les principaux sites pyrotechniques se situent à Bourges, Toulouse, Bordeaux, Sorgues. Le terme pyrotechnie peut alors désigner l'établissement (exemple : la pyrotechnie de Toulon).
|
575 |
+
L'École centrale de pyrotechnie fut transférée de Metz à Bourges à la suite d'un décret impérial de 1860 (effectif en juin 1870). Elle a généré de nombreuses documentations techniques. Durant la Première Guerre mondiale, la production journalière est de 80 000 cartouches, 40 000 fusées d'amorçage[24].
|
576 |
+
|
577 |
+
Le service interarmées des munitions (SIMu) est le service militaire spécialisée en pyrotechnie. Il est directement rattaché à l'État-Major des armées (EMA). Ce service interarmées est constituées d'artificiers de l'arme du matériel de l'Armée de Terre, de Pétaf de l'Armée de l'air et de pyrotechniciens de la Marine.
|
578 |
+
|
579 |
+
Il est constitué de :
|
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La formation initiale est très restreinte, en raison de la spécificité du métier. On peut citer un mastère spécialisé
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pyrotechnie propulsion[25] et l'option systèmes pyrotechniques pour les étudiants du cycle ingénieur[26] de l'ENSTA Bretagne, ainsi que le Centre de formation de la Défense de Bourges[27].
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Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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Pythagore (en grec ancien Πυθαγόρας / Pythagóras) est un réformateur religieux et philosophe présocratique qui serait né aux environs de 580 av. J.-C. à Samos, une île de la mer Égée au sud-est de la ville d'Athènes ; on établit sa mort vers 495 av. J.-C., à l'âge de 85 ans. Il aurait été également mathématicien et scientifique selon une tradition tardive. Le nom de Pythagore (étymologiquement, Pyth-agoras : « celui qui a été annoncé par la Pythie »), découle de l'annonce de sa naissance faite à son père lors d'un voyage à Delphes.
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La vie énigmatique de Pythagore permet difficilement d'éclaircir l'histoire de ce réformateur religieux, mathématicien, philosophe et thaumaturge. Il n’a jamais rien écrit, et les soixante et onze lignes des Vers d’Or qu'on lui attribue sont apocryphes et sont le signe de l'immense développement de la légende formée autour de son nom[1].
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Le néopythagorisme est néanmoins empreint d'une mystique des nombres[n 1], déjà présente dans la pensée de Pythagore. Hérodote le mentionne comme « l'un des plus grands esprits de la Grèce, le sage Pythagore »[3]. Il conserve un grand prestige ; Hegel disait qu'il était « le premier maître universel[4] ».
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D'après un écho marquant d’Héraclide du Pont, Pythagore serait le premier penseur grec à s’être qualifié lui-même de « philosophe »[5]. Cicéron évoque l'anecdote célèbre sur la création du mot φιλόσοφος (philosophos) : « amoureux de la sagesse », par Pythagore :
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« Par la même raison, sans doute, tous ceux qui se sont attachés depuis aux sciences contemplatives, ont été tenus pour Sages, et ont été nommés tels, jusques au temps de Pythagore, qui mit le premier en vogue le nom de philosophes. Héraclide de Pont, disciple de Platon, et très habile homme lui-même, en raconte ainsi l'histoire. Un jour, dit-il, Léon, roi des Phliasiens, entendit Pythagore discourir sur certains points avec tant de savoir et d'éloquence, que ce prince, saisi d'admiration, lui demanda quel était donc l'art dont il faisait profession. À quoi Pythagore répondit, qu'il n'en savait aucun ; mais qu'il était philosophe. Et sur ce, le roi, surpris de la nouveauté de ce nom, le pria de lui dire qui étaient donc les philosophes, et en quoi ils différaient des autres hommes. »
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— Cicéron, Tusculanes, V, 3, § 8
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Beaucoup de documents, tardifs, ont été publiés sur la vie de Pythagore[6],[7],[8],[9]. Des chercheurs, dont Eduard Zeller[10] et André-Jean Festugière, contestent en particulier les voyages en Égypte et en Chaldée.
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Pythagore naît à Samos en 569 av. J.-C. ou 606 av. J.-C. selon Ératosthène et Diogène Laërce, en 590 selon Jamblique, en 580 selon Porphyre[11], et il meurt en 494 ou 497 à Métaponte, en Italie.
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Son père, Mnésarque[12], ciseleur de bagues, et sa mère, Parthénis, dont le mythe dit qu'elle était la plus belle des Samiennes, descendraient tous deux du héros Ancée, fils de Poséidon, qui avait fondé la ville de Samos. Ce Mnésarque de Samos interroge la Pythie de Delphes sur un voyage et obtient une réponse selon laquelle :
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« sa femme était enceinte et mettrait au monde un enfant qui l'emporterait en beauté et en sagesse. De ce moment, il changea le nom de sa femme de « Parthénis » en « Pythaïs » [la pythienne], il appela son fils « Pythagore » [Πυθαγόρας, « prédit par la Pythie », ou « annoncé par le dieu pythien », pour la raison qu'il avait été annoncé par le dieu pythien]. »
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— Jamblique, Vie de Pythagore, § 7[13].
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Plus tard, Pythagore affirme qu'il est la réincarnation d'Éthalidès (fils d'Hermès), d'Euphorbe (héros de la guerre de Troie), d'Hermotime de Clazomènes (chamane apollinien), et de Pyrrhos (un pêcheur de Délos), et qu'il se souvenait de ces incarnations antérieures[14],[15].
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Pythagore est un athlète[16]. Selon une tradition, Pythagore participe aux Jeux olympiques à l'âge de 17 ans. Ce serait la 57e olympiade (-552) ou la 48e (-588) selon Ératosthène. Il remporte toutes les compétitions de pugilat[17] (sport de l'Antiquité comparable à la boxe).
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Les sources divergent sur le nombre d'enfants qu'il aurait eus de Théanô : deux ou quatre. Les noms cités sont : Télaugès (qui succéda à son père et qui, selon certains, enseigna à Empédocle), Mnésarque, Myïa (qui épousa Milon de Crotone), Arignotè[18].
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Première initiation : à 18 ans, en 551 av. J.-C., il quitte Samos. Il va s'instruire à Lesbos auprès de Phérécyde de Syros (vers 585/499 av. J.-C.)[19],[20], un sage, le premier à avoir dit que « les âmes des hommes sont éternelles »[21] le premier à enseigner que l'homme a deux âmes, l'une d'origine terrestre, l'autre d'origine divine ; un magicien, aussi, qui fait des prédictions, reçoit des songes[22]. Que les philosophies se ressemblent, c'est sûr ; que les hommes se soient rencontrés, c'est incertain, mais la théorie de l'âme immortelle, individuelle de Phérécyde autorise la théorie pythagoricienne de la transmigration (en grec ancien, παλιγγενεσία) des âmes.
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Ensuite, les biographes se plaisent à le doter de toutes les initiations possibles auprès des initiés de l'époque et dans les Mystères. Il rencontrerait « les descendants du prophète et naturaliste Mochus » et les hiérophantes de Phénicie, les hiérogrammates d'Égypte, les Mages de Chaldée, les initiés du mont Ida, les orphiques de Thrace, les prêtresses de Delphes.
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Deuxième initiation, en « Syrie » ou « Phénicie ». Il rencontre les descendants du prophète et naturaliste MochusMochus. Il fréquente des hiérophantes. Il se fait initier à Tyr et à Byblos et ailleurs[23]. Il revient à Samos, une première fois, suivre les enseignements d'Hermodamas de Samos, un lettré en matière homérique[24],[25].
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Troisième initiation. Dès Hécatée d'Abdère, les historiens soutiennent que Pythagore part en Égypte vers 547 av. J.-C., vers Memphis et Diospolis (Thèbes d'Égypte), pour plusieurs années[26],[27]. Dans cette ville se trouve le sanctuaire de Zeus Ammon. Il est reçu par les prêtres, sous Amasis, pharaon de 568 à 526 av. J.-C. et connu de Polycrate de Samos[28]. Il apprend la langue à Memphis dans un centre d'interprétariat fondé par Psammétique Ier (pharaon en 663 av. J.-C.). Il étudie la géométrie, l'astronomie des Égyptiens. Il est initié aux Mystères de Diospolis et à la doctrine de la résurrection d'Osiris ; selon Plutarque, les prêtres lui auraient appliqué sur la cuisse le disque ailé d'Atoum-Râ, en feuille d'or, ce qui lui valut le surnom de Pythagore « chrysomère, à la cuisse d'or »[29].
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Quatrième initiation. Certaines traditions ajoutent qu'il est expulsé comme esclave ou prisonnier d'Égypte à Babylone, par Cambyse II, roi de Perse venu conquérir l'Égypte en 525 av. J.-C.[30]. Il serait alors allé « chez les Chaldéens et les Mages ». Cet épisode est beaucoup moins attesté que le voyage en Égypte, et les dates posent problème, surtout quand Antiphon prétend que Pythagore est resté 22 ans en Égypte (de 547 à 525 av. J.-C. ?) et 12 ans à Babylone (de 525 à 513 av. J.-C. ?)[31]. Il est impossible qu'il ait rencontré Zoroastre — comme le voudrait Porphyre de Tyr — car le prophète iranien enseignait vers 594 av. J.-C. environ. Plutarque dans son explication Sur la création du monde selon le Timée de Platon lui donne également pour maître Zaratas d'Assyrie, en qui certains auteurs voient en fait une déformation du prénom de Zoroastre.
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Cinquième initiation : Pythagore se rend en Crète, dans l'antre de l'Ida, haut lieu ésotérique, sous la conduite, dit-on, d'Épiménide de Crète, et des initiés du Dactyle (magicien), Morgès[32],[33]. Cinquième initiation : il va en Thrace, pour rencontrer les orphiques.
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Sixième initiation : il rencontre « Thémistocléa, la prêtresse de Delphes »[34],[35].
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Il revient à Samos une seconde fois. Il commence à enseigner dans un amphithéâtre à ciel ouvert, l'Hémicycle, sans grand succès.
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Banni par Polycrate, tyran de Samos de -535 à -522, ou bien fuyant, selon Aristoxène, « la tyrannie de Polycrate »[36], il quitte Samos vers -535, il part avec son vieux maître Hermodamas. Il va en Grande-Grèce et débarque à Sybaris, ville riche et voluptueuse sur le golfe de Tarente.
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Il préfère s'installer à Crotone, toujours sur le golfe de Tarente, en Calabre, car la ville a un culte pour Apollon et une école de médecine célèbre. Le célèbre athlète Milon de Crotone, six fois champion aux jeux Olympiques[37], et prêtre d'Héra Lacinia, épouse sa fille, Myïa. Son influence sur Crotone s'étend de l'assemblée aux enfants en passant par les adolescents et les femmes qui venaient tous l'écouter. Il ne donne sans doute pas des lois aux Crotoniates, mais il appuie un régime politique de type oligarchique, c'est-à-dire aristocratique, réservé à une élite. Antidémocrate, il pense que « c'est une chose insensée de tenir compte de l'opinion du grand nombre »[38]. Les 300 disciples administrent la cité. Ses conférences publiques attirent 600 personnes. Les Crotoniates l'identifient à Apollon Hyperboréen[39]. Cette influence à Crotone est l'occasion pour Porphyre de Tyr[40] de donner une présentation enthousiaste de Pythagore :
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« Les citoyens de Crotone comprirent qu'ils avaient affaire à un homme qui avait beaucoup voyagé, un homme exceptionnel, qui tenait de la Fortune de nombreux avantages physiques : il était, en effet, noble et élancé d'allure et, de sa voix, de son caractère et de tout le reste de sa personne émanaient une grâce et une beauté infinies. »
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Il fonde son école à Crotone en -532[41]. C'est une communauté, quasiment une secte, à la fois philosophique, scientifique, politique, religieuse, initiatique. Il fonde d'autres communautés dans les villes d'Italie et de Grèce : Tarente, Métaponte, Sybaris, Caulonia, Locres, et, en Sicile, Rhégium, Tauroménium, Catane, Syracuse. Il ne semble pas qu'il veuille fonder une fédération politique des cités du golfe de Tarente (Tarente, Métaponte, Sybaris, Crotone, dans le talon de la botte d’Italie). À Crotone, il ferait la rencontre d'Abaris le Scythe, grand magicien et « chamane ».
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En -510, une révolution populaire à Sybaris, sous la conduite d'un orateur démocrate, Télys, massacre des pythagoriciens, et 500 aristocrates se réfugient à Crotone. Une guerre s'ensuit entre Sybaris et Crotone, recommandée — selon Diodore de Sicile — par Pythagore. L'aristocratie de Crotone, sous la conduite de Milon de Crotone, l'emporte avec 100 000 hommes contre 300 000 : elle massacre à son tour la population et rase Sybaris[42].
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Il s'inquiète du progrès du parti démocratique. « Il annonça à ses disciples qu'un soulèvement allait éclater »[43], et les invite à partir — selon Aristoxène — pour Métaponte, port de la Lucanie, toujours sur le golfe de Tarente. Sans doute il y trouve une communauté pythagoricienne déjà installée. Il a des disciples qui deviennent illustres, dont le médecin Alcméon de Crotone, le mathématicien Hippase de Métaponte[44],[45]. Les habitants de Métaponte appelaient sa maison « le temple de Déméter », et sa ruelle « temple des Muses ».
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Peut-être, en -499, il va enterrer à Délos, grand centre religieux, son vieux maître Phérécyde de Syros[46].
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Pythagore meurt à Métaponte en -497. Cicéron témoigne : « Je suis allé avec toi à Métaponte. Je n'ai pas accepté de me rendre chez notre hôte avant d'avoir vu le lieu où Pythagore est mort et où il avait son siège[47]. »
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Entre -440 ou -454, vers -450, se produit une émeute anti-pythagoricienne, amalgamée par certains historiens à la guerre pro-pythagoricienne de -510. Un noble de Crotone, Cylon de Crotone, gouverneur de Sybaris, fomente un complot. Il veut se venger de Pythagore qui l'aurait jugé inapte à suivre les enseignements de l'école. Il soulève la population contre les pythagoriciens, partisans d'un régime aristocratique et conservateur. Le feu est mis à la maison de Milon de Crotone où sont réunis 40 pythagoriciens. Trois seulement réussissent à se sauver : Philolaos de Crotone, Lysis de Tarente et Archippe de Tarente, ou Lysis et Philolaos[48],[49],[50]. Ces persécutions conduisent à la dispersion des membres de l'école pythagoricienne, qui fondent des centres ailleurs, surtout à Rhegium, Phlionte et Thèbes de Lucanie[51]. Le déclin de l'influence pythagoricienne en Italie commence. Le dernier bastion fut Tarente, avec Archytas de Tarente, stratège, philosophe, mathématicien, inventeur, mais aussi ami et sauveur de Platon en -388 et -361. Les autres versions de la mort de Pythagore semblent douteuses : Diogène Laërce et Porphyre soutiennent que Pythagore serait mort dans l'incendie de la maison de Milon, Hermippe de Smyrne déclare que Pythagore aurait été tué par les Syracusiens, lors de sa fuite, devant un champ de fèves qu'il refusait, par tabou des fèves, de traverser[52].
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La légende (surtout chez Porphyre et Jamblique) attribue à Pythagore des pouvoirs merveilleux : il apprivoise une ourse, à Olympie il fait descendre un aigle du ciel, il connaît ses existences antérieures, il prédit la révolution à Crotone, il devine la quantité de poissons que vont ramener des pêcheurs, il charme et guérit par sa musique, il entend l'harmonie des sphères célestes, il commande à la grêle et aux vents, etc. Bien entendu, il est donné comme expert en arithmologie (art occulte des nombres), arithmosophie (connaissance ésotérique des nombres), arithmomancie (divination par les nombres) : « Grâce aux nombres en question, il pratiquait une admirable méthode de prédiction, et il rendait un culte aux dieux selon les nombres, parce que la nature du nombre leur est complètement apparentée »[53],[54]. À l'époque hellénistique, l'adjectif « pythagoricien » (πυθαγόρειος) finit par signifier « occultiste, ésotériste, magicien »[55]. Même le sobre Aristote l'admet : « Pythagore avant tout œuvra durement dans les sciences mathématiques et autour des nombres, mais plus tard il lui arriva de ne pas savoir renoncer à la pratique miraculeuse de Phérécyde de Syros »[56].
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L'école pythagoricienne de Crotone devint par la suite une hétairie (en grec ancien, ἑταιρεία = confrérie)[57] politique de courant aristocratique[58]. Il s'agit d'une fraternité philosophique, religieuse et scientifique, proche de l'orphisme.
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La communauté s'échelonne sur quatre degrés initiatiques et hiérarchiques[59], comme dans de nombreuses organisations initiatiques. Les femmes et les étrangers sont admis. Les profanes (en grec ancien βέβηλοι, bébêloi) sont « les gens du dehors » (oi exô, οἱ ἒξω), les gens du commun, auxquels rien n'est révélé.
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Pythagore observe, chez ceux qui se présentent comme candidats, les traits du visage (physiognomonie) et les gestes (kinésique)[60], mais aussi les relations avec les parents, le rire, les désirs, les fréquentations. On est admis ou pas[61].
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Leur période de probation dure trois ans, pendant laquelle Pythagore examine la persévérance, le désir d'apprendre. Au terme ils sont refusés ou acceptés. Acceptés, ils prononcent le serment de silence[62] :
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« Non, par celui [Pythagore] qui a trouvé la tétraktys de notre sagesse,Source qui contient en elle les racines de la nature éternelle. »
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Les acousmaticiens - ou acousmatiques - (άκουσματικοί : « auditeurs »). Ils reçoivent un enseignement de cinq ans, donné sous forme de préceptes oraux (άκούσματα), sans démonstration, destinés à être gardés en mémoire ; par exemple : « Ne pas avoir sur les dieux des opinions ou des paroles hâtives. » Ces cinq ans sont cinq ans de silence. Les auditeurs sont devant le rideau derrière lequel Pythagore se dissimule. Ils mettent leurs biens en commun[63].
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Postulants, néophytes et auditeurs forment le grade des « exotériques » (έξωτερικοί) ou novices.
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Les mathématiciens (μαθηματικοί, « savants ») ou « ésotériques » ou sindonites (habillés de lin). « Ils devenaient des ésotériques (έσωτερικοί) »[64], dans la mesure où ils accèdent à la connaissance intérieure, cachée. Ils sont admis à voir Pythagore derrière son rideau. Lui-même enseigne sous forme de « symboles » (σύμβολα), au sens de formules codées, qui sont démontrées ; par exemple : « Ne pas toucher un coq blanc. » D'après Photius[65] on voit une division des « ésotériques » en « vénérables » (σεβαστικοί, sebastikoi), « politiques » (πολιτικοί, politikoi), « contemplatifs ». Les vénérables ou pieux s'occupent de religion. Les politiques s'intéressent aux lois, aux affaires humaines, tant dans la communauté pythagoricienne que dans la cité. Les « contemplatifs » étudient arithmétique, musique, géométrie, astronomie : les quatre sciences selon Archytas, qui formeront le quadrivium du Moyen Âge. Il faudrait ajouter les physiciens ou naturalistes (φυσικοί), qui se penchent sur les sciences concrètes : géographie, météorologie, médecine, mécanique… mais aussi grammaire, poésie… Il est plus vraisemblable que les « acousmaticiens » soient des « politiques, administrateurs ou législateurs » et les « mathématiciens » des « pieux » ou « contemplatifs »[66].
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De nombreuses règles, pour ne pas dire tabous, s'imposent à celui qui adopte « la vie pythagorique » (βίος πυθαγορικός)[67].
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Dès Hippase (vers 450 ?), il semble qu'il y ait eu rivalité entre deux tendances idéologiques (et non plus degrés initiatiques) chez les pythagoriciens : les « acousmaticiens » et les « mathématiciens »[73]. Il ne s'agit plus de la hiérarchie novice/initié, mais de la polarité moraliste/scientifique. D'un côté, les acousmaticiens insistent sur les paroles (« acousmates ») léguées par Pythagore et privilégient la morale, les prescriptions rituelles, le « mode de vie pythagoricien » ; entre 420 et 350, les auteurs de comédies (Cratinos, Mnésimaque, etc.) décrivent des « pythagoristes », dès Diodore d'Aspendos (vers -380) et Lycon d'Iasos, végétariens et buveurs d'eau, chevelus et barbus, pieds nus, vêtus d'un simple manteau (tribôn), un bâton à la main, faisant vœu de silence et ne se lavant pas. De l'autre côté, les « Mathématiciens » (Hippase, Philolaos, Archytas, Eurytos, Eudoxe de Cnide), au sens de savants, insistent sur les démonstrations et privilégient la science.
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De même que le personnage historique de Pythagore est mal connu, sa pensée s'assimile à l'école pythagoricienne. La pensée de Pythagore lui-même est ainsi recouverte par les apports successifs de ses disciples. Celle de l'école pythagoricienne couvre tous les domaines : « la science relative aux intelligibles et aux dieux ; ensuite la physique ; la philosophie éthique et la logique ; toutes sortes de connaissances en mathématiques et les sciences »[74]. Archytas, le premier, conçoit ce que sera le quadrivium : arithmétique, musique (arithmétique sensible), géométrie, enfin astronomie (géométrie sensible)[75]. Pythagore voyait leurs liens : il ramenait les figures de la géométrie aux nombres de l'arithmétique, les sons des musiciens aux proportions des arithméticiens… Des correspondances (ὁμοιὠματα) sont établies, par exemple « le 1 est le point, le 2 la ligne, le 3 le triangle [le plan], le 4 la pyramide [le volume] »[76].
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« Tout est nombre. » Le grand apport de Pythagore, c'est l'importance de la notion de nombre et le développement d'une mathématique démonstrative (mais aussi religieuse)[77]. Pour un Grec de l'Antiquité, le nombre désigne toujours un nombre entier et signifie « système arrangé numériquement »[78], « pluralité ordonnée », « chose structurée » ; d'autre part, « un » n'est pas considéré comme un nombre avant Archytas[79]. Chez les pythagoriciens, les choses sont des nombres, ou les choses consistent en nombres, ou les choses imitent les nombres (qui seraient des principes), ou les choses ont des nombres : un certain flou demeure.
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Selon Aristote, pour les pythagoriciens, les choses sont des nombres ; par exemple, un et esprit sont identiques, en musique les intervalles des tons sont des rapports de nombres[80] ; selon Philolaos de Crotone : les choses ont des nombres, sont faites de nombres ; par exemple, la pyramide contient le nombre 10, le ciel consiste en 10 corps célestes (étoiles, 8 planètes, Anti-Terre)[81] ; selon Hippase, les choses ont pour modèles les nombres[82].
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La fameuse déclaration « Les choses sont nombre » signifie à la fois : a) c'est le nombre qui constitue la structure intelligible des choses (ce principe fonde en raison la physique mathématique) ; b) les éléments fondamentaux des mathématiques sont les éléments des choses (ce principe affirme la possibilité de définir une structure de l'esprit qui est une structure des choses et que constituent les notions de fini et d'infini, d'un et de multiple, etc.)[83].
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Aristote[84] : « Les Pythagoriciens s'appliquèrent tout d'abord aux mathématiques… Trouvant que les choses [dont les sons musicaux] modèlent essentiellement leur nature sur tous les nombres et que les nombres sont les premiers principes de la nature entière, les Pythagoriciens conclurent que les éléments des nombres sont aussi les éléments de tout ce qui existe, et ils firent du monde une harmonie et un nombre… Les éléments du nombre sont le pair et l'impair ; et l'un [impair] est fini [limité, structurant, comme une figure géométrique], tandis que l'autre [le pair] est infini [illimité, désordonné, comme l'air]. » Il y a « similitude du pair et du féminin, de l'impair et du mâle »[85].
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Pythagore donne des nombres une représentation géométrique[86]. Arithmétique et géométrie sont sœurs. Les démonstrations arithmétiques s'appuient sur des figures et cette méthode porte le nom d'arithmétique géométrique. Chaque unité est figurée par un point, de sorte qu'on a des nombres plans (1, 4, 9, 16, etc. sont carrés ; 1, 3, 6, 10, etc. sont triangulaires), rectangulaires, solides (cubiques, pyramidaux, etc.), linéaires, polygonaux. Le premier nombre pyramidal est 4 (selon Philolaos). Cette méthode permet le calcul de la somme des premiers entiers, des premiers entiers impairs ou encore le calcul de triplets pythagoriciens[87].
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Photius : « Ils proclamaient que tout est nombre et que le nombre complet est dix. Le nombre dix, la [décade], est un composé des quatre premiers nombres que nous comptons dans leur ordre. C'est pourquoi ils appelaient Tétraktys [Tétrade] le tout constitué par ce nombre[88]. » 1 + 2 + 3 + 4 = 10 : nombre triangulaire de côté 4, où la tétrade vaut la décade et cache les rapports harmoniques des intervalles de quarte (3:4), quinte (2:3) et octave (1:2)[89]. Dès Archytas peut-être ou après Platon, les pythagoriciens associent le 1 au point, le 2 à la ligne, le 3 à la surface (la figure géométrique à deux dimensions : cercle, triangle, carré, etc.), le 4 au solide (la figure géométrique à trois dimensions : cube, sphère, pyramide, etc.).
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« Il a découvert les médiétés » : les proportions, les formules des moyennes[90]. Pythagore découvre 3 des 11 proportions possibles entre 3 termes (a, b, c) : les proportions arithmétique, géométrique et harmonique ; les autres seront découvertes par d'autres pythagoriciens, dont Hippase de Métaponte, Archytas.
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La science des nombres est à la fois arithmétique, donc scientifique, et arithmologie, donc symbolique. Chaque nombre est un symbole. La justice est quatre, la vie (et le mariage) est cinq[91], la perfection est dix, etc.[92]. Philolaos tient que le nombre 1 symbolise le point, le 2 la ligne, le 3 le triangle, le 4 le volume [voir Platon], le 5 les qualités et les couleurs, le 6 l'âme, le 7 l'esprit, la santé et la lumière, le 8 l'amour, l'amitié, la ruse et l'intellection, le 9 la gestation[n 2], le 10 la perfection[94].
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Tout commence avec la découverte qu'il existe une relation entre la longueur d'une corde vibrante et la hauteur du son émis. Soit quatre cordes tendues, la première vaut 1, la deuxième a une longueur représentant les 3/4 de la première, la troisième les 2/3 et la dernière la 1/2. Quand on pince successivement ces cordes, on entend le Do, puis la quarte du Do = le Fa, puis la quinte de Do = le Sol, enfin le Do à l'octave. Le son est mathématique.
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« Les pythagoriciens affirment que la musique est une combinaison harmonique des contraires, une unification des multiples et un accord des opposés. » (Théon de Smyrne)
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Pythagore a découvert les lois de l'harmonique[95]. Aristote : « Ces philosophes remarquèrent que tous les modes de l'harmonie musicale et les rapports qui la composent se résolvent dans des nombres proportionnels[96]. » La proportion harmonique gouverne les intervalles musicaux. Dans la proportion harmonique 12, 8 et 6, le rapport 12/6 = 2 correspond à l'octave, le rapport 8/6 = 4/3 correspond à la quarte, le rapport 12/8 = 3/2 correspond à la quinte. L'accord pythagoricien est un système musical construit sur des intervalles de quintes justes, dont le rapport de fréquences vaut 3/2. Les fréquences pythagoriciennes de la note Do sont celles des puissances de deux. Le rapport 9/8 donne également l'epogdoon, c'est-à-dire la seconde majeure ou le ton.
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Diogène Laërce fait aussi de Pythagore l'inventeur du canon monocorde, un instrument de musique monocorde, appelé « canon ». Il illustre la loi selon laquelle « la hauteur du son est inversement proportionnelle à la longueur de la corde ».
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La musique a une valeur éthique et médicale. « Il faisait commencer l'éducation par la musique, au moyen de certaines mélodies et rythmes, grâce auxquels il produisait des guérisons dans les traits de caractère et les passions des hommes, ramenait l'harmonie entre les facultés de l'âme »[97].
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La musique a une dimension cosmique, comme l'astronomie a une dimension musicale : Platon dira que musique et astronomie sont « sciences sœurs »[98] (cf. L'harmonie des sphères, la musique planétaire)[99]. Pythagore aurait posé que les distances entre les orbites du Soleil, de la Lune et des étoiles fixes correspondent aux proportions réglant les intervalles de l'octave, de la quinte et de la quarte[100]. Plus tard, « de la voix des sept planètes, de celle de la sphère des [étoiles] fixes » et, en outre, de celle de la sphère au-dessus de nous que l'on appelle « Anti-Terre », il faisait les neuf Muses. L'ordre est (pour Pythagore ou les premiers pythagoriciens)[101] : sphère des étoiles fixes, Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure, Lune, Terre, Anti-Terre, Feu central, soit 10 unités. Pythagore retrouve la proportion harmonique où, pour 12 : 8 : 6, on voit que 12:6 est l'octave, 12:8 la quinte, 8:6 la quarte. Si le rayon du Feu central est 1, le rayon de l'orbite de l'Anti-Terre est 3, de la Terre 9, de la Lune 27, de Mercure 81, de Vénus 243, du Soleil 729. Entre la sphère des étoiles fixes et Saturne, entre Saturne et Jupiter, Jupiter et Mars il y a un demi-ton, un ton entre Mars et Soleil, et on obtient une quarte ; entre Soleil et Terre on obtient une quinte, entre étoiles fixes et Terre une octave[102]. « Pythagore tendait son ouïe et fixait son intellect sur les accords célestes de l'univers. Lui seul, à ce qu'il paraissait, entendait et comprenait l'harmonie et l'unisson universels des sphères [planétaires] et des astres[103]. »
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L'école de Pythagore hérite d'une double culture mathématique. La mathématique ionienne, amorcée par Thalès de Milet, lui apporte une orientation géométrique, ainsi qu'une volonté de démonstration[104]. L'héritage mésopotamien offre des procédures de calcul permettant la résolution de l'équation du second degré, ou encore l'évaluation approximative des racines carrées par des fractions[105].
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Ce double héritage s'associe sur une idée fausse, celle selon laquelle toute longueur peut s'exprimer comme une fraction : « les Pythagoriciens sont partis de l’idée, naturelle à tout homme non instruit, que toute longueur est nécessairement commensurable à l’unité[106]. » Cette erreur est néanmoins fructueuse. Si toute longueur est une fraction et à condition de bien choisir l'unité de la figure, il devient possible de ne travailler que sur des figures dont les longueurs sont entières. Cette approche permet les premières preuves partielles, du théorème de Pythagore, déjà connu par les Égyptiens et les Mésopotamiens mais probablement jamais démontré, dans le bassin méditerranéen. Le type de démonstration est explicité sur la figure de gauche[107]. Un triangle rectangle dont les côtés autres que l'hypoténuse sont de longueurs 3 et 4, possède une hypoténuse de carré (en bleu sur la figure) égal à 25.
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Le calcul mésopotamien permet d'autres progrès. Construire un pentagone régulier suppose la construction de la proportion d'extrême et de moyenne raison, maintenant appelée nombre d'or. Elle correspond au rapport entre une diagonale et un côté. Le calcul mésopotamien[108] permet d'en venir à bout et c'est probablement au pythagoricien Hippase de Métaponte que l'on doit cette découverte[109]. Cependant, ici, la procédure mésopotamienne n'a plus pour objectif un calcul, mais une construction géométrique.
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Cet usage du calcul, permettant de traiter des questions du second degré, met en évidence des proportions qui ne sont pas des fractions. On peut construire ainsi des longueurs, comme la diagonale et le côté d'un pentagone régulier, telles qu'il n'existe aucune unité permettant d'exprimer ces deux longueurs comme des entiers. De telles longueurs sont dites incommensurables. La découverte de ces proportions est probablement l'œuvre des premiers pythagoriciens[110]. On l'attribue parfois à Hippase à l'aide d'un raisonnement sur le pentagone[111]. Cette découverte, que les historiens Michel (it) et Itard qualifient de viol fécond[112] engendre initialement une grave crise, puis nourrit et enrichit pendant deux siècles les mathématiques grecques.
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Pythagore apporte une connaissance qui émerveille encore le logicien Frege[113] : l'étoile du soir (celle qu'on voit en premier à la tombée de la nuit) et l'étoile du matin sont une seule et même : Vénus[114]. Cette identité était connue à Babylone depuis -685.
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Pythagore « fut le premier à appeler le ciel cosmos (ordre) et à dire que la Terre est ronde »[115] ; mais on attribue plus souvent la théorie de la sphéricité de la Terre à Parménide. Les disciples développent l'astronomie pythagoricienne[116].
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Philolaos de Crotone (-470/-fin -Ve s.) affirmerait, le premier, bien avant Copernic, la mobilité de la Terre.
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Philolaos dit : « C'est le Feu qui occupe le milieu. »[117], or ce Feu central n'est pas le Soleil, il reste invisible, on ne perçoit sa lumière que reflétée par le Soleil, c'est une force physique située au milieu du monde. Donc le pythagorisme n'a pas découvert l'héliocentrisme[réf. nécessaire]. En revanche, la découverte de la rotation de la Terre sur elle-même revient à un autre pythagoricien, Hicétas de Syracuse (400-335), pour qui « la Terre tourne et pivote sur son axe à très grande vitesse »[118]. Ecphantos, disciple d’Hicétas selon le philologue allemand August Böckh, dit aussi que « la Terre, centre du monde [géocentrisme], tourne sur elle-même d’Ouest en Est [rotation] ». Copernic cite les pythagoriciens :
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« D’autres pensent que la Terre se meut. Ainsi, Philolaos le Pythagoricien dit que la Terre se meut autour du Feu en un cercle oblique, de même que le Soleil et la Lune. Héraclide du Pont et Ecphantos le Pythagoricien ne donnent pas, il est vrai, à la Terre un mouvement de translation [mouvement autour du Soleil, héliocentrisme]… Partant de là, j'ai commencé, moi aussi, à penser à la mobilité de la Terre »
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(Copernic : Lettre au pape Paul III, préface à Des révolutions des orbes célestes. De revolutionibus orbium caelestium, 1543).
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Aristarque de Samos, astronome aristotélicien, affirmera le premier, vers -280, la rotation de la Terre sur son propre axe et la translation de la Terre autour du Soleil.
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Pour Pythagore, le corps (sôma) est un tombeau (sêma), à la fois prison et « signe » ou « protection » de l'âme[119] : cela est bien une thèse pythagoricienne, pas orphique[120]. Philolaos : « Les anciens théologiens et devins témoignent eux aussi que c'est en punition de certaines fautes que l'âme a été attelée au corps et ensevelie en lui comme un tombeau. »
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L'âme est un nombre, en ce sens qu'elle est harmonie, bonne proportion, combinaison des propriétés composant le corps (c'est la théorie du pythagoricien Simmias dans le Phédon, 86 d, de Platon). Elle est vie, car mouvement.
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Pythagore pensait « que l'âme est immortelle ; ensuite, qu'elle passe dans d'autres espèces animales ; en outre, qu'à des périodes déterminées ce qui a été renaît, que rien n'est absolument nouveau, qu'il faut reconnaître la même espèce à tous les êtres qui reçoivent la vie. […] À beaucoup de ceux qui l'abordaient il rappelait la vie antérieure que leur âme avait jadis vécue avant d'être enchaînée à leur corps actuel. Et lui-même, par des preuves irrécusables, démontrait qu'il réincarnait Euphorbe, fils de Panthoos »[121]. L'intervalle entre incarnations serait 216 ans (6 au cube). Et l'explication vient de la nature de l'âme : il y a transmigration de l'âme parce que, par nature, elle est immortelle et mouvante, Pythagore ne fait pas intervenir la justice divine, une rétribution de l'âme, puisque n'importe quelle âme peut entrer dans n'importe quel corps[122].
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D'où vient à Pythagore sa théorie de la transmigration (« παλιγγενεσία ») des âmes ? d'Orphée ? de Phérécyde de Syros ? depuis l'Inde ? On l'ignore. Pythagore a indiqué ses existences antérieures, dans une liste fixée par Héraclide du Pont[123] : Æthalidès[124], Euphorbe (prêtre d'Apollon), Hermotime (chamane), Pyrrhus (simple pêcheur). Il est possible que Pythagore n'ait cru à la réincarnation que pour lui-même.
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« Il (Pythagore) racontait sur lui-même les choses suivantes : il avait été autrefois Aithalidès et passait pour le fils d’Hermès ; Hermès lui avait dit de choisir ce qu’il voulait, excepté l’immortalité. Il avait donc demandé de garder, vivant comme mort, le souvenir de ce qui lui arrivait. Ainsi dans sa vie, il se souvenait de tout, et une fois mort il conservait des souvenirs intacts. Plus tard, il entra dans le corps d’Euphorbe et fut blessé par Ménélas. Et Euphorbe disait qu’il avait été Aithalidès [fils d'Hermès], et qu’il tenait d’Hermès ce présent et cette manière qu’avait l’âme de passer d’un lieu à un autre, et il racontait comment elle avait accompli ses parcours, dans quelles plantes et quels animaux elle s’était trouvée présente, et tout ce que son âme avait éprouvé dans l’Hadès, et ce que les autres y supportaient. Euphorbe mort, son âme passa dans Hermotime qui, voulant lui-même donner une preuve, retourna auprès des Branchidées et pénétrant dans le sanctuaire d’Apollon, montra le bouclier que Ménélas y avait consacré (il disait en effet que ce dernier, lorsqu’il avait appareillé de Troie, avait consacré ce bouclier à Apollon), un bouclier qui était dès cette époque décomposé, et dont il ne restait que la face en ivoire. Lorsque Hermotime mourut, il devint Pyrrhos, le pécheur délien ; derechef, il se souvenait de tout, comment il avait été auparavant Aithalidès, puis Euphorbe, puis Hermotime, puis Pyrrhos. Quand Pyrrhos mourut, il devint Pythagore et se souvint de tout ce qui vient d’être dit »
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— Diogène Laërce, VIII, 5.
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Dans sa théorie de la transmigration des âmes, Pythagore admet un type de réincarnation comparable à celle conçue dans l'hindouisme ou le jaïnisme, car sa croyance en la métempsycose correspond à une âme qui peut provenir et entrer dans un corps non humain, végétal ou animal :
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« Un jour, passant près de quelqu'un qui maltraitait son chien, on raconte qu'il [Pythagore] fut pris de compassion et qu'il adressa à l'individu ces paroles : '« Arrête et ne frappe plus, car c'est l'âme d'un homme qui était mon ami, et je l'ai reconnu en entendant le son de sa voix »
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— Diogène Laërce, VIII, 36.
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Pythagore est considéré dans la tradition occidentale comme le premier adepte du végétarisme de l'humanité qui ne vit plus dans l'âge d'or, âge d'or où l'on était effectivement végétarien (que ce soit dans la mythologie philosophique gréco-romaine, ou la mythologie hébraïque (Bible), avec Adam et Ève jusqu'au Déluge).
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Les Présocratiques sont zoophiles[125]. C'est Ovide qui défend le végétarisme par le biais de ce passage concernant Pythagore, dans son célèbre ouvrage les Métamorphoses :
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« Le premier [Pythagore], il fit un crime à l’homme de charger sa table de la chair des animaux ; le premier, il fit entendre ces sublimes leçons qui ne furent pourtant pas écoutées : « Cessez, mortels, de vous souiller de mets abominables ! Vous avez les moissons ; vous avez les fruits dont le poids incline les rameaux vers la terre, les raisins suspendus à la vigne, les plantes savoureuses et celles dont le feu peut adoucir les sucs et amollir le tissu ; vous avez le lait des troupeaux, et le miel parfumé de thym ; la terre vous prodigue ses trésors, des mets innocents et purs, qui ne sont pas achetés par le meurtre et le sang. […] Chose horrible ! des entrailles engloutir des entrailles, un corps s’engraisser d’un autre corps, un être animé vivre de la mort d’un être animé comme lui ! Quoi ! au milieu des richesses que la terre, cette mère bienfaisante, produit pour nos besoins, tu n’aimes qu’à déchirer d’une dent cruelle des chairs palpitantes ; tu renouvelles les goûts barbares du Cyclope, et, sans la destruction d’un être, tu ne peux assouvir les appétits déréglés d’un estomac vorace ! Mais dans cet âge antique dont nous avons fait l’âge d’or, l’homme était riche et heureux avec les fruits des arbres et les plantes de la terre ; le sang ne souillait pas sa bouche. Alors l’oiseau pouvait, sans péril, se jouer dans les airs ; le lièvre courait hardiment dans la campagne ; le poisson crédule ne venait pas se suspendre à l’hameçon. Point d’ennemis, nuls pièges à redouter ; mais une paix profonde. Maudit soit celui qui, le premier, dédaigna la frugalité de cet âge, et dont le ventre avide engloutit des mets vivants ! il a ouvert le chemin au crime[126]. »
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Ce végétarisme étant lié à la réincarnation que propose Pythagore dans sa philosophie, pensant ainsi le destin des vivants dans le sens d’une totale interdépendance, le philosophe propose une sensibilité particulière que l'on retrouve habituellement dans la civilisation hindoue (avec l'Ahimsâ et le jaïnisme tout particulièrement) :
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« Le ciel et tout ce qu’on voit au-dessous de lui, la terre et tout ce qu’elle contient, changent de formes. Nous aussi, portion de ce monde, nous changeons ; et, comme nous avons une âme vagabonde qui peut, de notre corps, passer dans le corps des animaux, laissons en paix et respectons l’asile où vivent les âmes de nos parents, de nos frères, de ceux que nous aimions, des âmes d’hommes, enfin : prenons garde de faire des festins de Thyeste. Comme il se fait d’horribles goûts, comme il se prépare à verser un jour le sang humain, celui qui égorge de sang-froid un agneau, et qui prête une oreille insensible à ses bêlements plaintifs ; celui qui peut sans pitié tuer le jeune chevreau et l’entendre vagir comme un enfant ; celui qui peut manger l’oiseau qu’il a nourri de sa main ! Y a-t-il loin de ce crime au dernier des crimes, l’homicide ? N’en ouvre-t-il pas le chemin ? Laissez le bœuf labourer, et ne mourir que de vieillesse ; laissez les brebis nous munir contre le souffle glacial de Borée, et les chèvres présenter leurs mamelles pleines à la main qui les presse. Plus de rêts et de lacs, plus d’inventions perfides ; n’attirez plus l’oiseau sur la glu, ne poussez plus le cerf épouvanté dans vos toiles, ne cachez plus, sous un appât trompeur, la pointe de l’hameçon. »
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— Ovide, Les Métamorphoses[126].
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Le grand principe biologique n'est ni l'harmonie du semblable par le semblable ni la lutte du contraire par le contraire, mais — comme en musique — l'harmonie des contraires, l'équilibre des puissances dans le corps. De même que l'âme (confondue avec la vie) se définit comme une bonne proportion des propriétés du corps, la santé est la restauration des bonnes proportions entre les propriétés opposées du corps, à savoir l'humide et le sec, le fluide et le visqueux, l'amer et le doux, le pair et l'impair, etc.[127].
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En médecine, les pythagoriciens ont leurs techniques : régime, cataplasmes, médicaments, refus des incisions et cautérisations, « incantations pour certaines maladies », musique, « vers choisis d'Homère et d'Hésiode ». On trouve la tripartition indo-européenne :
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Alcméon de Crotone, qui semble pythagoricien, pratique la dissection[131], il place la pensée dans le cerveau, et non plus dans le cœur, comme tous les autres penseurs : « L'hégémonique a son siège dans le cerveau[132]. »
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Pythagore est le fondateur de la science politique.
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Il défend le régime aristocratique, c'est-à-dire qui confie le gouvernement à une élite, pour lui celle de savants. Il donne un modèle en réduction de l'État dans le fonctionnement de sa communauté[133]. Il divise la société en trois fonctions sociales - comme tous les Indo-Européens : producteurs, guerriers, rois-prêtres. Il veut organiser la cité de façon mathématique et rationnelle. Il élabore des lois, conservatrices, favorables à la famille, recommandant le respect des lois et des magistrats. Le pythagoricien est militariste, à défendre cette idée : « Il faut combattre, non en paroles, mais en actes, car il est juste et pieux de faire la guerre quand on la fait homme contre homme. » La grande idée, c'est qu'il faut remplacer l'égalité démocratique, de type arithmétique (x = y), plébéienne, par une proportionnalité, de type géométrique (A/B=C/D), aristocratique, selon le mérite, et que cette constitution de la société se répandra à l'organisation du monde. En justice, le pythagorisme recommanderait donc la loi du talion, ce qui scandalise Aristote : « C’est la réciprocité qui constitue purement et simplement la justice. Telle était la doctrine des pythagoriciens, qui définissaient le juste simplement comme la réciprocité. Mais la réciprocité ne coïncide ni avec la justice distributive ni même avec la justice corrective »[134].
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Archytas de Tarente, stratège de Tarente pendant 7 ans mais aussi savant et philosophe pythagoricien, est le type du philosophe-roi. Platon le rencontre physiquement dès -388 et il imagine le philosophe-roi idéal en -370 dans sa République : « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes… il n'y aura de cesse aux maux des cités » (La République, V, 473 c).
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Quelques pythagoriens furent cependant démocrates, dont Théagès[135].
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Pythagore dispense des principes exotériques, connus de tous, par exemple : « Il est interdit de prier pour soi-même », « Entre amis, tout est commun »[136]. Mais d'autres enseignements sont ésotériques, c'est-à-dire réservés aux initiés et d'expression symbolique ; et ils portent sur les secrets de la nature et des dieux. Ces enseignements secrets sont appelés Mémoires (hypomnêmata, Ύπομνήματα), car il faut s'en souvenir, sans les écrire. Ce sont, d'une part, les « acousmates » (άκούσματα), des dits (prononcés en grec dorien, la langue des pythagoriciens), des préceptes oraux ; ce sont, d'autre part, les « symboles » (σύμβολα), des formules codées, des sommaires (kephalaia, κεφάλαια)[137],[138]. Car « tout ne peut pas être dit à tout le monde. »[139] « Il y avait chez eux [les pythagoriciens] la règle absolue du silence »[140].
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Jamblique classe les acousmates en trois types, selon qu'ils révèlent l'essence (« qu'est-ce ? »), l'absolu (« qu'est-ce qui est le plus ? ») ou le devoir (« que faut-il faire ou pas ? »).
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En plus des acousmates, préceptes abstraits, il existe une autre catégorie de préceptes, les symboles, qui sont des préceptes pratiques imagés. Les profanes y voient des superstitions ou des bêtises, mais les initiés (μύσται) savent y déchiffrer une idée ou un acte.
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En plus, il y a les « symboles secrets » (απόρρητα σύμβολα, aporrêta sumbola) ou « signes de reconnaissance » (sunthémata, συνθήματα), qui permettaient aux pythagoriciens initiés de se reconnaître entre eux. Les plus célèbres symboles secrets sont le fameux pentagramme à 5 branches et 5 côtés et la tétraktys. « Le divin Pythagore […] ne mettait jamais en tête de ses lettres, ni « Joie » ni « Prospérité » ; il commençait toujours par « hygiainé ! », (ὑγίαινε, Santé !). […] Voilà pourquoi le triple triangle enlacé, formé de cinq lignes [le pentagramme], qui servait de symbole à tous ceux de cette secte, était nommé par eux « le signe de la santé »[142]. »
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[Information douteuse]
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Les successeurs (diadoques) de Pythagore à la tête de la communauté pythagoricienne furent : Aristée de Crotone (en -494), son fils Mnésarque ou son fils Théagès ; Boulagoras (-380), Gartydas de Crotone, Arésas de Lucanie, Diodore d'Aspendos (-380).
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Le courant pythagoricien se divise en diverses écoles :
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Manifestement, le pythagorisme a été influencé par l'orphisme, mais aussi par le chamanisme apollinien des Hyperboréens (Aristée de Proconnèse, etc.), certainement par la pensée égyptienne, peut-être par les mathématiques et l'astronomie de Babylone.
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La richesse des travaux entrepris par l'école pythagoricienne a été telle que ses idées et découvertes ont inspiré nombre de courants de pensée. Pythagore a influencé toutes les époques et toutes les cultures d'Occident et d'Orient, toutes les disciplines : mathématiques, musique, philosophie, astronomie, etc. Son encyclopédisme en fait une pensée totale, avec interpénétrations et ramifications.
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En art, Pythagore inspire l'architecte romain Vitruve au Ier siècle puis les théoriciens du nombre d'or comme Luca Pacioli illustré par Léonard de Vinci en 1509.
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Les écoliers qui étudient le théorème de Pythagore ou apprennent la table de multiplication - dite de Pythagore - s'inscrivent dans sa lignée.
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Pythagore a fondé une véritable religion, et quantité de légendes. Dans le domaine ésotérique et initiatique, son œuvre continue. Dès 1410, le manuscrit Cooke (ligne 216), un document de base de la franc-maçonnerie opérative, mentionne Hermès et « Pictagoras »[149]. Des loges franc-maçonniques se réclament de la pensée pythagoricienne, comme la Grande loge suisse alpine (GLSA)[150], la franc-maçonnerie française ainsi que la Loge italienne.
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Selon la majorité des auteurs, Pythagore n'aurait rien écrit. Le philosophe Porphyre de Tyr est, à ce sujet, formel : « Car de Pythagore lui-même il n'y avait aucun écrit. »[151]. Ce point est contredit par plusieurs auteurs notamment Héraclite qui attribue à Pythagore les trois traités suivants : De l'éducation, De la politique et De la nature. Selon Alexandre Polyhistor, Pythagore aurait laissé uniquement cet ouvrage : Mémoires Pythagoriques. Ces attributions sont fort incertaines, et, dès l'Antiquité, on pensait que ces livres avaient été écrits par des disciples de Pythagore. Et puis, on peut aussi considérer qu'en raison de la coutume persistante de l'ésotérisme chez Pythagore, il n'aurait jamais engagé le moindre écrit de ses pensées.
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État du Qatar
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(ar) دولة قطر / Dawlat Qaṭar
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25° 18′ N, 51° 31′ E
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Le Qatar[4] Écouter (en arabe : قطر / qaṭar), en forme longue l'État du Qatar (en arabe : دولة قطر / dawlat qaṭar), est un petit émirat du Moyen-Orient d'une superficie de 11 586 km2. Le Qatar est situé sur une petite péninsule s'avançant dans le golfe Persique et reliée à la péninsule Arabique au sud, où elle a une frontière terrestre avec l'Arabie saoudite. Sa capitale est Doha, sa langue officielle l'arabe, et sa monnaie le riyal qatarien.
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Le Qatar est le quatrième producteur de gaz naturel du monde après les États-Unis, la Russie et l'Iran[5] ; il est devenu le premier exportateur de gaz naturel liquéfié. Le pays est aussi un producteur de pétrole, mais de taille moyenne. Il est membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) entre 1961 et 2018. Il est membre associé de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) depuis le 13 octobre 2012 sans être passé par le statut d'observateur[6].
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Les traces d'habitation humaine au Qatar remontent à 50 000 ans[7]. Des colonies et des outils datant de l'âge de pierre ont été mis au jour dans la péninsule. Des objets mésopotamiens, datant de la période d'Obeïd (vers 6500-3800 av. J.-C.), ont été découverts dans des établissements côtiers abandonnés[8].
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En 224 après J.-C., l'empire sassanide prend le contrôle des territoires entourant le golfe Persique[9]. Les territoires de l'actuel Qatar ont joué un rôle dans l'activité commerciale des Sassanides, contribuant notamment à l'apparition de deux produits : les perles précieuses et les colorants[10].
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En 628, le prophète de l'islam Mahomet envoie un émissaire musulman à un dirigeant en Arabie orientale nommé Munzir ibn Sawa Al Tamimi et demande que lui et ses sujets acceptent l'islam[11]. Munzir accepte et, par conséquent, la plupart des tribus arabes de l'est se convertissent. Après l'adoption de l'islam, les Arabes mènent la conquête musulmane du Moyen-Orient, notamment de la Perse, causant la chute de l'Empire sassanide.
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Par la suite, le Qatar fera systématiquement partie des différents empires arabes qui se succéderont : Califat des bien guidés, Califat omeyyade, Califat abbasside, etc.
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Malgré un climat aride et difficile, le Qatar a toujours connu une présence humaine durant des milliers d'années. Cette présence est le fait de plusieurs tribus nomades ou sur les côtes avec de petits villages de pêche. Les tribus ont longtemps combattu pour les terres les plus riches, formant et cassant ainsi des coalitions.
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Les Portugais occupent le détroit d'Ormuz, puis Mascate et Bahreïn. En 1517, ils prennent le Qatar et imposent leurs contrôles maritimes et commerciaux dans le Golfe. En 1538, le Qatar a été rattaché à l'Empire ottoman, rattachement qui a duré quatre siècles[12].
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Les Ottomans n'imposent pas la langue turque aux habitants, cette langue restant l'apanage de la seule administration. Au cours du XVIIe siècle, le pays est marqué par de violentes rivalités entre les tribus désirant contrôler le territoire. Ces conflits se poursuivent jusqu'au début du XIXe siècle, quand les Britanniques décident d’intervenir[13].
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Les Britanniques considèrent tout d'abord le Qatar et le golfe Persique comme une position intermédiaire stratégique pour leurs intérêts coloniaux en Inde, mais la découverte de pétrole et d'hydrocarbures cent ans plus tard change cette vision.
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Pendant le XIXe siècle, période de développement des entreprises britanniques, la famille Al Khalifa règne sur la péninsule qatarienne et l'île de Bahreïn. Bien que le Qatar soit une possession légale, des contestations naissent, le long du littoral oriental dans les villages de pêche de Doha et d'Al Wakrah, contre la domination des Bahreïniens Al Khalifa.
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En 1867, les Al Khalifa lancent une offensive massive contre les rebelles qatariens en envoyant une force navale à Wakrah. Malgré le succès de l'opération, l'agression bahreïnie viole un traité de 1820 entre le Royaume-Uni et les Bahreïniens. La réponse diplomatique britannique ne se fait pas attendre, le colonel Lewis Pelly, responsable du protectorat, commence des pourparlers avec un responsable du Qatar. Ces pourparlers aboutissent à une séparation tacite du statut du Qatar d'avec celui de Bahreïn. L'homme choisi pour négocier avec le colonel Pelly est un entrepreneur respecté et un résidant de longue date de Doha : Muhammed Ben Thani. La famille Al Thani a jusqu'alors été relativement inactive dans la politique du Golfe, mais cet événement lui assure l'ascendant sur le Qatar en tant que famille régnante, toujours en place à ce jour.
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La Seconde Guerre mondiale remet en cause l'emprise des Britanniques sur leur Empire, particulièrement quand l'Inde devient indépendante en 1947. L'incitation à un retrait semblable des émirats du Golfe s’accélère pendant les années 1950, et les Britanniques accueillent bien la déclaration d'indépendance du Koweït en 1961.
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Sept ans plus tard, ils annoncent officiellement qu’ils se désengagent (politiquement, mais pas économiquement) du Golfe dans un délai de trois ans. Le Qatar, Bahreïn et sept autres États forment une fédération. Néanmoins, des conflits régionaux amènent le Qatar à déclarer son indépendance vis-à-vis de la coalition qui devient les Émirats arabes unis. 1971 marque la naissance du Qatar comme État souverain, qui devient membre de l'Organisation des Nations unies.
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De 1995 à 2013, le Qatar est dirigé par l’émir Hamad ben Khalifa Al Thani, qui a pris les commandes du pays en renversant son père Khalifa ben Hamad Al Thani, alors que celui-ci était en vacances en Suisse (qui vécut en exil en France puis en Italie jusqu’à son retour au Qatar en 2004).
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Sous l’émir Hamad ben Khalifa Al Thani, le Qatar semble enregistrer des réformes sociales (droits des femmes) et politiques ; le nouvel émir apparaît comme plus libéral que son père. Il dote aussi le pays d'une nouvelle constitution, et il crée Al Jazeera, la CNN arabe, qui est pour beaucoup dans la notoriété du pays.[réf. nécessaire]
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En 2004, un attentat tue Zelimkhan Iandarbiev, le président de Tchétchénie, exilé au Qatar. En 2005, un attentat-suicide visant un petit théâtre à Doha tue un ressortissant britannique, professeur d'anglais et de théâtre. Cet événement choque le pays, qui n'avait jamais auparavant connu d’acte terroriste. En 2009, les autorités qatariennes refusent d'arrêter le président soudanais Omar el-Bechir, en visite officielle dans le pays, malgré un mandat d'arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et génocide. Le 2 décembre 2010, le Qatar est désigné pour organiser la Coupe du monde de football 2022, et, le 27 janvier 2011, il est désigné pour organiser le championnat du monde masculin de handball 2015.
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Le gouvernement qatarien garde un certain nombre de restrictions sur la liberté d'expression et les mouvements pour l'égalité.
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Au Qatar, la famille souveraine Al Thani (آل ثاني) continue de détenir seule le pouvoir à la suite de la déclaration d'indépendance du pays en 1971. L'émir, qui est le chef de l'État, gère le Qatar en s'appuyant sur sa famille.
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En 1970, la base des lois du Qatar institutionnalise les coutumes locales enracinées dans l'héritage conservateur wahhabite (son influence a diminué aujourd'hui) du Qatar, conférant à l'émir un très grand pouvoir. Le maintien des traditions de consultation, gérées par consensus, et du droit du citoyen de faire appel personnellement à l'émir, influencent le rôle de l'émir. Celui-ci, tandis qu'il n'est soumis à aucun individu, ne peut violer la charia (la loi islamique) et, en pratique, doit prendre en compte les opinions des dirigeants notables et de l'autorité religieuse. Le Conseil consultatif, un groupe aux membres désignés qui assiste l'émir dans l'élaboration de nouvelles politiques, institutionnalise la position de ces genres de groupes d'influences. Aucun parti politique n'existe dans le pays.
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En février 1972, le Premier ministre, Khalifa ben Hamad Al Thani, destitue son cousin, l'émir Ahmad ben Ali Al Thani, et assume tous les pouvoirs. Les membres importants de la famille Al-Thani soutiennent sa décision, exécutée sans aucune violence ni signe d'agitation politique.
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Le 27 juin 1995, le Premier ministre, Hamad bin Khalifa Al Thani, destitue son père, l'émir Khalifa, sans violence[14], et s’est fixé pour objectif la visibilité du Qatar sur la scène régionale et, autant que possible, internationale[15]. L'émir Hamad et son père se réconcilient en 1996, mais le souverain renversé ne revient au pays qu'en 2004, après avoir séjourné en France puis en Italie. La liberté de la presse s'est étendue, et la station de télévision Al Jazeera située au Qatar, a acquis une réputation unique en tant que source libre et non-censurée de l'information dans les pays arabes. En 1999, les premières élections pour un Conseil communal sont organisées, candidature pour tous les adultes, femmes comprises, et en avril 2003 le pays se dote d'une constitution, dont la rédaction a duré quatre ans. Sa principale nouveauté : l'institution d'un Majlis Al-Choura (conseil consultatif) dont trente des quarante-cinq membres seront élus au suffrage universel direct, les quinze autres étant nommés par l'émir (article 77). La première élection de ce Parlement a eu lieu en 2004. La nouvelle Constitution n'autorise pas pour autant la formation de partis politiques. L'un des articles les plus novateurs est celui qui garantit la liberté de culte, sans la restreindre aux religions monothéistes[16]. Lors de la guerre contre l'Irak, le pays a servi de base à l’état-major américain (Commandement central américain de Tampa, Floride, CENTCOM, responsable des opérations de guerre en Irak)[14].
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Le 11 décembre 2002, est signé, avec les États-Unis, un accord de coopération militaire relatif à l’utilisation de la base aérienne d’Al-Eideïd par les forces américaines[15]. En 2011, le Qatar a envoyé ses avions Mirage combattre les forces libyennes de Mouammar Kadhafi aux côtés des troupes occidentales, il a quitté le terrain de la médiation pour celui de l'action.
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Après avoir progressivement préparé sa succession pendant deux ans en l’impliquant dans les dossiers les plus importants, l’émir Hamad ben Khalifa Al Thani, de santé fragile, abdique le 25 juin 2013 en faveur de son fils Tamim ben Hamad Al Thani qui devient, à 33 ans, le plus jeune chef d'État du monde arabe[17].
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En 2011, le Qatar soutient les révolutions du Printemps arabe[18]. En Syrie, en Égypte, en Libye et en Tunisie, il appuie principalement les mouvements liés aux Frères musulmans[18],[19],[20],[21]. Ce soutien provoque cependant de fortes tensions avec l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, très hostiles à ces mouvements[18],[19],[20],[21]. Par contre, le Qatar soutient la répression des soulèvements populaires à Bahreïn. Cette apparente contradiction s'explique par la lecture confessionnelle qui sous-tend la géopolitique du Qatar. Le Qatar soutient les révolutions sunnites et la répression des printemps chiites[22].
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En Syrie, le Qatar, allié du régime syrien, ne bascule en faveur de l'opposition qu'au bout de plusieurs semaines[23],[24]. Comme dans d'autres pays, il appuie ouvertement les Frères musulmans[18]. Il finance de nombreux groupes rebelles, ainsi que la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution (CNFOR)[18]. Cependant les Qataris sont écartés de la CNFOR en 2013, après l'élection d'Ahmad Jarba, soutenu par les Saoudiens[18]. En septembre 2014, le Qatar rejoint la coalition internationale contre l'État islamique.
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Le Qatar est régulièrement accusé d'être l'une des principales sources financières du terrorisme islamique[25]. Il est notamment avancé que l'association humanitaire Qatar Charity, étroitement liée au gouvernement qatari, finance dans le monde entier et notamment en Europe des groupes et des projets fondamentalistes islamistes[26],[22]. Le Qatar est accusé de soutenir des groupes comme l'État islamique ou al-Qaïda, ce qu'il nie vigoureusement[18],[27]. Ces accusations sont formulées par ses rivaux : l'Iran[28], l'ancien Premier ministre irakien et proche allié de l'Iran Nouri al-Maliki[29] et les Émirats arabes unis — qui, selon Ignace Dalle et Wladimir Glasman, financeraient une campagne de communication pour accuser les Qatariens de soutenir des groupes terroristes[18]. Ce soutien au terrorisme est devenu, selon l'ambassadeur du Qatar à Paris, un « présupposé communément admis » au sein du débat sur l'extrémisme en Europe[25]. Des groupes djihadistes bénéficient de soutiens financiers venus d'acteurs privés, activités au sujet desquelles, le Département d'État des États-Unis accuse le pays de vigilance « inexistante »[30],[31] ou, pour Les Échos de « fermer les yeux »[25].
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Selon Pierre-Jean Luizard, historien et chercheur au CNRS : « L'Etat qatari ne soutient pas plus le terrorisme que l'Etat saoudien : aucun des deux ne le fait de façon directe. Beaucoup de fonds privés venus d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis financent l'Etat islamique. Ce n'est pas le cas au Qatar, qui ne veut pas gâcher sa course économique par des compromissions qui risqueraient de le voir accusé de complicité de terrorisme. Mais il est vrai que le Qatar a accueilli des prédicateurs salafistes, et ceux-ci diffusent dans le pays un discours djihadiste contre lequel l'Etat qatari ne fait rien, devenant ainsi la base arrière de beaucoup de prédicateurs salafistes »[32]. Une ancienne figure des français installés au Qatar, Jean-Pierre Marongiu, pointe, lui, une ONG, Qatar Charity, non gouvernementale mais pilotée par la famille souveraine du Qatar, les Al Thani, qui apporte son concours, selon lui, à l'islam dans la politique française et en Europe[33]
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Pour François Burgat, directeur de recherche à l'Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), ni le Qatar, ni l'Arabie saoudite ne soutiennent financièrement al-Qaïda ou l'État islamique : « Sachant que les monarchies pétrolières sont la toute première des cibles régionales de Daech ou d'Al-Qaïda, l'idée que leurs élites gouvernantes les soutiendraient me paraît totalement hors de propos. Cela ne préjuge bien sûr pas de l'attitude des opposants à ces monarchies dont certains peuvent être tentés, par la voie de la révolution djihadiste »[34].
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En Syrie, le Qatar soutient de nombreuses factions rebelles comme Ahrar al-Cham[35], le Liwa al-Tawhid[36], le Front islamique de libération syrien[36], la Brigade Ahfad al-Rassoul[37],[38], Faylaq al-Rahmane[39] ou Faylaq al-Cham[40]. En 2017, L'Orient-Le Jour indique que « selon les analystes et des factions sur le terrain » le Hayat Tahrir al-Cham pourrait avoir des liens avec le Qatar, ce que le Qatar dément formellement[35].
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Lors de la Deuxième guerre civile libyenne, le Qatar soutient le gouvernement de Tripoli, dominé par les Frères musulmans, et finance la coalition militaire Fajr Libya[41],[42].
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En Égypte, le Qatar soutient Mohamed Morsi et condamne le coup d'État mené par l'armée qui porte le maréchal Abdel Fattah al-Sissi au pouvoir[43],[19].
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Le 19 décembre 2014, le Qatar signe un accord de défense avec la Turquie[18].
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Le 4 mars 2014, David Cohen, sous-secrétaire américain au Trésor, chargé du combat contre le financement du terrorisme, a révélé que le Qatar, pourtant un allié américain de longue date, finance depuis de nombreuses années le Hamas[44],[30].
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En 2017, une crise diplomatique secoue les pays du Golfe après des propos conciliants attribués à l'émir du Qatar envers l'Iran, le Hamas et le Hezbollah[45],[46],[47],[48],[49],[20],[21]. Bien que l'émir Tamim ben Hamad Al Thani ait démenti avoir formulé de telles déclarations, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte, Bahreïn, le gouvernement yéménite d'Abdrabbo Mansour Hadi, le gouvernement libyen de Tobrouk, la Mauritanie, les Maldives, les Comores et l'île Maurice annoncent à partir du 5 juin 2017 la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar, en l'accusant de soutenir pêle-mêle « les Houthis, [...] les Frères musulmans, Daech et Al-Qaïda »[46],[47],[48],[50],[51],[52],[20],[21]. Le Qatar est exclu de la coalition qui mène alors l'« opération redonner espoir » au Yémen[46],[48]. Il est également mis sous quarantaine avec la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes[47],[21]. Plusieurs compagnies aériennes Etihad, Emirates, Flydubai et Air Arabia, ainsi que la Saudia et Gulf Air suspendent leurs vols en direction du Qatar[53]. L'Arabie saoudite annonce la fermeture des bureaux de la chaine Al Jazeera de Riyad[54].
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Le 25 octobre 2017, un accord de défense et de coopération militaire est signé entre le Qatar et la Russie, ainsi qu'un mémorandum d'entente concernant la coopération dans le domaine de la défense anti-aérienne et les fournitures d'armes[55].
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Bien que le Qatar soit un très petit pays, il possède une armée importante, et détient même le record mondial des armements toutes catégories, par rapport à son nombre d'habitants[56]. Outre leurs 27 500 soldats, le Qatar a entamé en 2018 l'embauche de 25 000 mercenaires contractuels étrangers, venus essentiellement du Pakistan, de Turquie et de quelques autres pays amis. Hormis les officiers supérieurs, la grande majorité des forcées armées qatariennes sont composées de soldats étrangers[57].
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L'armée qatarie est surtout pourvue d'un équipement extrêmement sophistiqué, constitué notamment d'avions français et américains, de chars Leopard allemands, et de missiles chinois[56].
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Le pays abrite une énorme base militaire américaine à Al-Udeid, et constitue le siège du Commandement central de l'armée américaine pour la région arabe[56].
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Les importations d'armes au Qatar ont augmenté de 166 % entre 2013 et 2017 en comparaison de la période 2008-2012[57].
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La situation des droits de l'homme au Qatar est une préoccupation importante de plusieurs organisations non gouvernementales, bien que des améliorations significatives aient été enregistrées depuis que Hamad ben Khalifa Al Thani s'est emparé du pouvoir, au milieu des années 1990. Sous son gouvernement, l'émirat a connu une période de rapide libéralisation et de modernisation, tout en conservant néanmoins son identité islamique. Entre autres choses, le Qatar est connu pour être le premier pays des États arabes du Golfe à donner aux femmes le droit de vote[58],[59]. La possibilité pour les femmes d'occuper des postes qualifiés s'est également accrue, y compris celle de briguer et de tenir des mandats électifs.
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Cependant, la situation de la très nombreuse population de travailleurs migrants est très préoccupante. Selon Human Rights Watch, en juin 2012, des centaines de milliers de travailleurs migrants, pour la plupart en provenance d'Asie du Sud et employés au Qatar sur des chantiers de construction, courent le risque d'une grave exploitation et de maltraitance, au point que l'on peut parler de travaux forcés[60] ou d'esclavage[61]. Les fortes réactions suscitées dans le monde par les morts sur les chantiers de la Coupe du monde de football 2022 et la crainte que les conditions de travail sur ces chantiers n'occasionnent la mort de plus de 4 000 travailleurs étrangers avant même le début de la Coupe du monde[61] ont amené le gouvernement du Qatar à promettre une nouvelle législation qui abolirait le système de « parrainage », le kafala, au cœur des problèmes constatés. En 2016, en dépit des promesses du Qatar d'améliorer les conditions de vie des travailleurs migrants, la présence de travail forcé, de violences, les « logements insalubres et étroits » demeurent prépondérants[62],[63]. Un rapport d'Amnesty International de mai 2017 évoque également ces problèmes[64]. En novembre 2017, l'Organisation internationale du travail (OIT) décide de clore la plainte qui visait le Qatar sur la violation des droits des travailleurs immigrés[65].
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Pour ce qui est du droit de la nationalité, le Qatar veille particulièrement à ne pas permettre aux travailleurs immigrés d'obtenir la nationalité qatarienne. Les enfants n'acquièrent pas la nationalité qatarienne lorsqu'ils naissent au Qatar, même si leur mère est elle-même qatarienne. La peine de mort reste en vigueur, ainsi que les punitions corporelles, notamment la flagellation.
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La liberté d'expression a subi une atteinte grave avec la condamnation à la prison à vie du poète qatarien Mohammed al-Ajami du fait des critiques qu'il avait formulées contre le gouvernement du Qatar lors de la Conférence de Doha de 2012 sur les changements climatiques[66]. Une certaine liberté de culte est admise en faveur des travailleurs étrangers et des touristes, à condition que la pratique de leur religion reste discrète et s'abstienne de tout signe extérieur lié à cette religion.
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Dans le domaine de la vie privée, la charia interdisant toute relation sexuelle hors mariage, les relations extraconjugales sont interdites, et l'homosexualité peut être punie de mort au Qatar[67].
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Depuis 2004, le Qatar comprend sept subdivisions appelées baladiyat (arabe : بلدية baladiyah, pluriel بلديات baladiyat) :
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Le Qatar est une presqu'île de 11 586 km2 située sur la rive sud du golfe Persique. Il est limitrophe de l’Arabie saoudite au sud et est bordé par le golfe de Bahreïn à l'ouest, il partage une frontière maritime avec Bahreïn au nord-ouest. Le pays s'étend sur 160 km de longueur et 80 km dans sa plus grande largeur. Ses 563 km de côtes furent jusqu'au XXe siècle la source de ses principales richesses, tirées de la pêche et des huîtres perlières.
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La majeure partie de la péninsule qatarienne est une plaine stérile recouverte de sable. Au sud-est se trouve Khawr al Udayd ou « la mer intérieure ». Le pays est très majoritairement plat. Son point culminant est le Qurayn Abu al Bawl. Il est situé dans le Jebel Dukhan et ne dépasse guère 90 m. C’est dans ce secteur que l’on trouve les principaux gisements terrestres de pétrole du Qatar, alors que les gisements de gaz naturel sont en mer, au nord-ouest de la péninsule.
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Le climat du Qatar est désertique, chaud en été et très doux en hiver. Pendant l’été, les températures varient de 40 °C à 50 °C. Les averses hivernales sont minimes et la pluviométrie n’excède pas 75,2 mm par an. La végétation du Qatar est typique d’un tel climat : maigre, éparse, constituée de quelques broussailles épineuses et de quelques arbres d’espèces peu variées (parmi lesquelles prédominent les palmiers…). Les pluies d’hiver et de printemps viennent chaque année reverdir le désert, mais seulement pendant quelques semaines.
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Doha, la capitale du Qatar, est aussi sa principale ville. Elle concentre la moitié de la population qatarienne et la quasi-totalité des infrastructures hôtelières et sportives du pays, et abrite le Palais royal (Diwan Emiri).
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En 1986, un contentieux régional est ravivé lorsque les forces qatariennes occupent l'îlot de Fecht el-Dibel, également revendiqué par Bahreïn ; il est finalement apaisé par les termes d'un accord de paix. La découverte de gisements pétroliers, au début des années 1990, est le prétexte à de nouveaux différends territoriaux concernant la région de Zubarah et les îles Hawar situées à l'ouest du pays. Le règlement proposé par la Cour internationale de justice en mars 2001 déclare[68] :
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Le règlement est accepté par les deux pays et le Qatar déclare fériés les deux jours suivant la proclamation de la décision.
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Pendant l'été 2018, l'Arabie affirme sa volonté de construire le Canal Salwa qui transformerait le pays en île.
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Le Qatar est en 2012, le pays rejetant le plus de CO2 par habitant dans l'atmosphère[69]. Ces rejets sont de l'ordre de 45,4 tonnes métriques par habitant en 2014, quand la moyenne mondiale s'élève à 5,0 tonnes métriques[70]. Ceci est dû à la fois à un niveau de consommation par habitant très élevé, supérieur à celui des pays développés, et à une forte extraction d'hydrocarbures, très énergivore.
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En 2019, le Qatar a la pire empreinte écologique des pays figurant au classement de Global Footprint Network, le « jour du dépassement » tombant le 11 février [71].
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En 2012, le pays a accueilli deux rencontres internationales sur le thème de l’environnement et du développement durable : le troisième sommet qatarien sur les énergies alternatives[72] et le sommet 2012 sur le climat sous l'égide des Nations unies[73].
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95 % de la population du pays se concentre sur moins de 10 % de la superficie du pays, surtout à Doha et sa grande banlieue, et la côte nord. Donc, moins de 5 % de la population vit sur une surface de plus de 90 % du territoire, surtout des Bédouins, en des terres très arides et désertiques, ce qui laisse vide d'hommes la majeure partie du territoire.
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La température moyenne a augmenté de deux degrés depuis a période préindustrielle et peut dépasser 46 degrés en été. En raison de la chaleur extrême, les rues sont climatisées, aggravant encore le réchauffement. Alors que 60 % de la consommation d'électricité est destinée à la climatisation, la consommation électrique pourrait presque doubler au cours de la décennies 2020 selon certaines projections[74].
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Le Qatar n’a presque pas de terres cultivables sur son territoire et dépend donc à 90 % des importations étrangères pour ses besoins alimentaires[75]. Il a mis en place en 2009 le Programme national pour la sécurité alimentaire.
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Par ailleurs le Qatar a créé en 2012 l'Alliance mondiale des pays désertiques, une coalition de gouvernements de pays secs, dont l'Algérie, l'Égypte, l'Irak ou encore le Mexique.
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L'unité monétaire est le riyal qatarien, divisible en 100 dirhams.
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Le taux de croissance annuel était de 6,2 % en 2012[76].
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Jusqu'en 2014 le Qatar possède la croissance économique la plus vive de la région du Golfe grâce aux renchérissements des cours du pétrole mais aussi depuis quelques années à la mise en place de son programme gazier mais l'économie du pays reste très dépendante du pétrole qui représentait en 2014 plus de 66 % de ses revenus. Aussi le krach sur le cours du baril qui passe de 127 $ fin 2014 à 30 $ en janvier 2016[77], a mis le budget 2015 en déficit, le budget 2016 étant prévu en déficit de 12,77 milliards de dollars[78]. Le pays est à la onzième place au palmarès des producteurs OPEP pendant la décennie 2010, derrière l'Arabie saoudite et l'Irak, l'Iran et les Emirats.
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Avant que l’on y découvre du pétrole, le Qatar était essentiellement une région de pêche et de culture de perles. Après l’arrivée de la perle japonaise sur le marché mondial dans les années 1920 et 1930, l’industrie de la perle au Qatar stagne du fait de cette nouvelle concurrence. C'est la découverte du pétrole dans les années 1940, qui va complètement transformer l'économie du pays. Les ressources principales du Qatar proviennent maintenant des exportations de pétrole et de gaz naturel. À fin 2013, les réserves de pétrole du pays sont estimées à 25,1 milliards de barils (2,6 milliards de tonnes), soit 1,5 % des réserves prouvées mondiales[5], ce qui le classe parmi les vingt premières puissances pétrolières de la planète, juste devant la Chine et le Brésil. Le Qatar détient actuellement les troisièmes réserves de gaz (24 700 milliards de mètres cubes soit 13,3 % des réserves prouvées mondiales à fin 2013)[5] après l’Iran et la Russie. Il est le quatrième producteur loin derrière les États-Unis et la Russie et à peu près au même niveau que l'Iran et le Canada[5].
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Le pays accueille la première bourse des matières énergétiques du Moyen-Orient, Energy City. La ville s'étendra sur 2 km2 et accueillera les bureaux des sociétés du secteur, ainsi qu’une myriade de services : laboratoires, banques, assurances, centres de formations, hôtels pour un coût de construction global de 2,6 milliards de dollars[79]. La dépendance à l’égard du gaz et, dans une moindre mesure, du pétrole, a incité les autorités qatariennes à s’orienter vers une diversification de l’économie. Elles entendent ainsi développer le tourisme et se confronter à la concurrence de Dubaï[15], notamment avec la construction de The Pearl, un archipel artificiel dédié au tourisme. Le Qatar est par ailleurs le premier émetteur mondial de CO2 par habitant, avec une émission par habitant trois fois supérieure à celle des États-Unis. Le PIB par habitant du Qatar est l'un des plus élevés du monde. Au PIB nominal, le Qatar, avec un PIB estimé à 173 milliards en 2012, est cependant très loin derrière les dix grandes puissances que sont (dans l'ordre) les États-Unis, la Chine, le Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, le Brésil, la Russie, l'Inde, et l'Italie. Il est également derrière des moyennes puissances comme la Colombie, l'Argentine, le Nigeria, l'Indonésie ou l'Afrique du Sud. De ce fait, le Qatar n'est classé qu'au 50e rang des puissances économiques.
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L'économie du Qatar dépend en grande partie d'une importante main-d'œuvre étrangère travaillant principalement dans le secteur de la construction. Le PIB du Qatar a plus que triplé en cinq ans, atteignant le chiffre de 173 milliards de dollars en 2013. En outre, le pays génère de très confortables excédents financiers, ce qui lui permet de lancer de grands programmes industriels. Les hydrocarbures emploient 38 % de la population et génèrent 60 % du PIB, le secteur des services (tourisme, construction) emploie quant à lui 59 % de la population[80].
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À côté du pétrole et du gaz, l’agriculture, l’élevage et la pêche, ressources traditionnelles du Qatar, sont également à l’ordre du jour, grâce à l’implantation de fermes expérimentales de l’État. La pêche, quant à elle, satisfait à 90 % la demande locale. Défendant cependant le principe de la libre entreprise, il encourage l’investissement privé par certaines incitations fiscales comme la suppression d’impôt sur le revenu des personnes physiques. Quant aux sociétés étrangères, elles sont imposées de 5 % à 35 % sur les bénéfices qu’elles réalisent sur place, encore que nombre d’entre elles fassent exception à la règle, soit parce qu’elles sont des coentreprises, soit parce qu’elles sont sous contrat avec l’État[81].
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Le PIB par habitant atteint, selon le FMI, 78 260 $ en 2009[réf. nécessaire]. Sur 1,7 million d'habitants estimés en avril 2010, plus de 350 000 sont des Népalais (selon l'ambassade, en 2011), formant la deuxième communauté d'expatriés après les Indiens[82]. L'immense majorité n'est pas ou peu qualifiée et 61 % d'entre eux gagnent entre 114 et 152 € par mois[82].
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En moins d'une génération, l'émirat a connu un enrichissement sans précédent, notamment grâce à un homme : Hamad ben Khalifa Al Thani[réf. nécessaire]. Au pouvoir de 1995 à 2013, l'émir a fait de cette péninsule l'un des États les plus prospères du monde. Gratte-ciel, centres commerciaux, hôtels, lotissements chics, villas luxueuses, universités, musées… La capitale, Doha, a triplé en superficie depuis la fin des années 1990, et n'en finit pas de grignoter le désert. Aujourd'hui (2012), elle accueille à elle seule la moitié de la population.
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Qatar Airways est l'une des quatre compagnies aériennes mondiales classées 5 étoiles Skytrax et élue meilleure compagnie aérienne au monde en 2011, 2012, 2015, 2017 et 2019[83].
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En ce qui concerne la population active, 69 % travaille dans le secteur des services, 28 % dans l’industrie et 3 % dans l’agriculture. L'agriculture réalise uniquement 1 % du PNB. Malgré d'importants investissements, principalement dans le système d'irrigation, le pays n'est pas autosuffisant[84].
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Le premier client du Qatar est de loin le Japon. Les fournisseurs sont plus diversifiés : Japon, Royaume-Uni, France, États-Unis et Allemagne. Le pays est doté d'un réseau routier assez développé, de 1 230 km de routes et 418 km d'autoroutes. Il possède un aéroport international à Doha, agrandi et rénové à l'occasion des Jeux asiatiques de 2006. La capitale, Doha, et Mesaieed (pour les industries pétrolières) sont les deux ports importants du pays.
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Le taux de chômage du Qatar est presque nul puisqu'il avoisine les 0,1 % en 2017. En 2015, les Qataris occupent moins de 2 % de l'ensemble des emplois (la plupart des travailleurs sont des immigrés)[57].
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Jusqu'en 2016, les travailleurs migrants sont soumis à la « Kafala ». Celle-ci peut s'apparenter à une sujétion où le salarié n'a aucun droit, étant placé sous la tutelle d'un « parrain », généralement son employeur. La médiatisation internationale de la dureté des conditions de travail sur les chantiers, notamment les stades en construction pour la coupe du monde de football 2022, a poussé l'émirat à entreprendre certaines réformes. La Kafala est officiellement abolie et la poursuite du travail lorsque la température dépasse les 40 degrés est interdite. Toutefois, les syndicats restent interdits, le ministère du travail n'a guère d'inspecteurs pour faire respecter la loi et les peines encourues (400 euros d'amende) sont peu dissuasives. Les employés peuvent difficilement se risquer à présenter leur cas devant les tribunaux ; une femme de ménage qui dénoncerait des mauvais traitements pourrait facilement être expulsée[85]
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Le juriste égyptien Adnan Fayçal souligne que « le Qatar, comme ses voisins, est plus sensibles aux législations du monde anglo-saxon. L’État est un simple arbitre, un régulateur des relations au sein de l'entreprise. En l'absence de syndicats, interdits, c'est un paradis pour les employeurs »[85]
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Selon l'institut national de statistiques, la population du Qatar est estimée à 2 561 643 habitants en 2018[57]. Le Qatar ne publie toutefois aucune statistique sur le nombre de ses ressortissants, qui représenteraient selon des organismes indépendants 10 % de la population en 2018[57]. La densité de population est de 185 habitants au kilomètre carré. La majorité de la population est concentrée dans la capitale, Doha ; Al Rayyan est la deuxième ville du pays ; ces deux villes concentrent environ 80 % de la population[86]. Les habitants du Qatar se nomment les Qatariens et Qatariennes[87],[88], les Qataris et Qataries (selon une variante acceptée par la commission de terminologie de l'ONU[89],[88]) ou les Qatariotes[90] (ou encore les Katariens et Katariennes, les Kataris et Kataries ou les Katariotes (formes précédentes déclinées avec un K d’après la variante orthographique « Katar »[91]).
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L'arabe sert comme langue officielle mais l'anglais est largement utilisé. Le Qatar est une véritable mosaïque culturelle, du fait de l'important poids des étrangers. L'industrie pétrochimique attirant des gens du monde entier, la population du Qatar est composée à 65 % d'ouvriers immigrés. La plupart des immigrants proviennent du sous-continent indien et des proches pays arabes qui ne sont pas riches en pétrole.
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En raison de la grande quantité d'expatriés, majoritairement masculins, le Qatar a l'une des plus grosses différences de ratio entre les sexes dans le monde, avec environ 3 hommes pour une femme[92]. Ceci vaut également mais de façon moindre dans les autres pays arabes du Golfe Persique.
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Il existe au Qatar une triglossie linguistique institutionnelle, celle-ci comprenant : l'arabe littéraire, l'arabe dialectal qatarien et la langue des signes qatarienne.
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L'anglais est fréquemment usité dans les rapports commerciaux. Non seulement il a tendance à s'imposer comme une langue véhiculaire entre les différentes communautés culturelles qui composent le pays, mais également à devenir une langue de communication privilégiée pour l'importante diaspora d'expatriés que compte le pays. Face à ce tout-à-l'anglais en nette expansion[93], le gouvernement qatarien a mis en œuvre des mesures ayant pour but la revalorisation de l'utilisation de la langue arabe dans le pays.
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Le farsi (ou persan) est la seconde langue étrangère importante, du fait que l'Iran est proche, et que ce pays est un important partenaire économique, surtout pour des ventes concernant l'alimentation (viandes, laitages, fruits et légumes, etc.). De plus, le Qatar a une minorité musulmane chiite dont une grande partie de ce groupe confessionnel parle couramment le Farsi.
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En 2012[94], notamment pour des raisons de proximité géopolitique avec l'Afrique francophone, le Qatar adhère à l'Organisation internationale de la francophonie en tant que membre associé, bravant ainsi la règle qui nécessite d'être d'abord reconnu comme membre observateur avant de pouvoir accéder au statut de membre associé. Une position que l'Organisation a justifiée à l'époque par le nombre non négligeable de francophones dans le pays : 200 000 expatriés parleraient ainsi français, soit le dixième de la population qatarienne[95]. Toutefois, il semblerait que le Qatar ait rapidement perdu intérêt dans l'Organisation et trois ans plus tard le pays risquait l'expulsion pour non-paiement de sa cotisation annuelle[96].
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Conséquence de la mosaïque multiculturelle du pays, de nombreuses autres langues y sont parlées telles que : l'hindi, l'ourdou, le tamoul, le népalais ou encore le tagalog[97].
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L'islam d'obédience wahhabite est la religion d'État du Qatar. En dehors de l'Arabie saoudite, le seul autre pays « dont la population indigène est wahhabite et qui adhère à la croyance wahhabite », est la petite monarchie du Golfe du Qatar[98],[99], dont la version du wahhabisme est nettement moins stricte. Contrairement à l'Arabie saoudite, le Qatar a apporté des changements significatifs dans les années 1990. Les femmes sont désormais autorisées à conduire et voyager seules ; les non-musulmans sont autorisés à consommer de l'alcool et du porc. Le pays parraine un festival de cinéma, a des « musées d'art de classe mondiale », abrite la chaîne d'informations Al Jazeera et accueillera la Coupe du monde de football 2022. Des qataris attribuent son interprétation différente de l'Islam à l'absence d'une classe cléricale indigène et à l'autonomie de la bureaucratie (vis-à-vis de l'autorité des affaires religieuses, des dotations, du Grand Mufti), et au fait que les dirigeants qataris ne tirent pas leur légitimité d'une telle classe[99],[100].
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En revanche, il y a des fidèles d'autres religions, notamment des chrétiens, parmi les nombreux travailleurs étrangers.
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Selon le recensement de 2004, 77,5 % de la population est musulmane, 9 % sont hindouistes, 8,5 % sont chrétiens et 5 % sont adeptes d'autres religions[101].
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La plupart des Qataris sunnites sont wahhabites : 46,87 % de l'ensemble des Qataris[102].
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Le secteur du tourisme n’occupe à ce stade qu’une place de second plan dans l’économie qatarienne - toujours dominée par le secteur des hydrocarbures – et souffre de la crise régionale depuis le 5 juin 2017. Il constitue toutefois l’un des piliers de la stratégie de diversification de l’économie et les autorités mettent les moyens pour développer ce secteur.
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Les citoyens des pays faisant partie du Conseil de coopération du Golfe (Bahreïn, Koweït, Oman, Arabie saoudite et Émirats arabes unis) n'ont pas besoin de visa pour entrer au Qatar.[réf. nécessaire]
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Les flux touristiques à destination du Qatar ont connu une forte hausse sur la période 2010 2016 (+10,5 % par an en moyenne) notamment grâce au développement rapide de la compagnie nationale Qatar Airways, qui dessert plus de 160 destinations à travers le monde, et à la mise en service du nouvel aéroport international de Doha en 2014. Ces flux sont néanmoins sur une tendance baissière dans le contexte de crise régionale depuis juin 2017, la frontière terrestre avec l’Arabie Saoudite étant fermée et Les vols en provenance des Émirats arabes unis, de l’Arabie Saoudite, de Bahreïn et de l’Égypte suspendus. Le trafic passager à l’aéroport de Doha a ainsi été ramené de 37,3 millions de personnes en 2016 à 34,5 millions en 2018. Dans ce contexte, le Qatar a accueilli 1,8 millions de visiteurs en 2018 (contre 2,3 millions en 2017 et 2,9 millions en 2016), la voie aérienne constituant le premier point d’entrée suivie de la voie maritime (cf. supra). La provenance des touristes a par ailleurs quelque peu évolué. Les ressortissants des pays du CCEAG représentaient 48 % des visiteurs en 2016, ceux d’Asie 22 % et ceux d’Europe 15 %. En 2018, ceux d’Asie (41 %) et de l’Europe (29 %) sont en revanche majoritaires devant ceux des pays du CCEAG (11 %).
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Le parc hôtelier a connu une croissance rapide, le nombre de chambres étant passé de 15 900 en 2014 à 25 900 en 2018 (dont 80 % de chambres 4 et 5 étoiles).
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Ce programme de développement devrait se poursuivre à un rythme soutenu ces prochaines années, les établissements en projet représentant un stock supplémentaire de plus de 23000 chambres. Environ 50 000 chambres devraient ainsi être disponibles pour 2022.
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Cette hausse de l’offre ne s’accompagne pas à ce stade d’une hausse comparable de la demande si bien que les performances du secteur hôtelier se sont dégradées. Le taux d’occupation des chambres a été ramené de 62 % en 2016 à 58 % en 2017 avant de remonter à 61 % en 2018.
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Le prix moyen par chambre est tombé sous les 400 QAR (après 437 QAR en 2017 et 483 QAR en 2016), impliquant une baisse du revenu par chambre disponible (232 QAR en 2018, après 254QAR en 2017 et 299 QAR en 2016).
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En 2014, une campagne est lancée pour rappeler aux touristes l'importance de l'aspect vestimentaire au Qatar. Les touristes de sexe féminin sont tenues de ne pas porter de leggins, minijupes, hauts sans manche, ni de vêtements courts ou moulants dans les espaces publics[103]. Les touristes de sexe masculin sont tenus de ne pas porter de shorts ou de débardeurs[104].
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L’un des principaux axes de développement du secteur est le tourisme d’affaires, qui passe par l’accueil d’évènements d’affaires d’envergure internationale. Le Qatar dispose d’une surface d’exposition de plus de 70 000 m2, répartie entre le Qatar National Convention Center (QNCC), le Doha Exhibition and Convention Center (DECC) et les nombreux hôtels de la ville, qui lui permet d’accueillir plus de 100 forums d’affaires chaque année.
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Le sport constitue le deuxième axe structurant de la stratégie du Qatar en matière de tourisme. Sous l’impulsion de Hamad ben Khalifa Al Thani, père de l’actuel Emir du Qatar, le pays s’est lancé dans une politique de rayonnement par le sport, qui lui a permis de remporter l’organisation de prestigieux tournois internationaux : jeux asiatiques de 2006, championnats du monde de handball de 2015, championnats du monde de cyclisme sur route en 2016, championnats du monde de gymnastique artistique en 2018, championnats du monde d’athlétisme en 2019, et Coupe du monde de football 2022. Le pays a également mis l’accent sur la formation et la médecine sportives, avec pour objectif de faire du Qatar une destination prisée des athlètes internationaux.
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Le Qatar met l’accent sur la promotion de Doha comme escale pour les croisières qui parcourent la région en hiver. 22 paquebots ont ainsi fait escale au Qatar pour la saison 2017 (soit 66 000 passagers). La saison 2018-2019 devrait constituer un record avec 43 paquebots et 140 000 visiteurs.
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Enfin, le Qatar investit dans le développement de son patrimoine culturel et dispose aujourd’hui de plusieurs musées phares (notamment le Musée National conçu par Jean Nouvel et inauguré le 27 mars 2019, le Musée d’art islamique conçu par l’architecte chinois I.M. Pei, d’un « village culturel » ou encore d’un vaste souk, entièrement remis à neuf en 2008 [105].
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L’islam est la religion officielle de l’État du Qatar. On y compte plus de mille mosquées. La majorité des Qatariens sont des musulmans sunnites. La langue officielle du Qatar est l’arabe, mais l'anglais est la deuxième langue officielle du pays, et il est parlé couramment. D'autres langues comme le persan, l'ourdou et certaines langues orientales y sont parlées.
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L'Ardha est la danse traditionnelle du pays ; elle est effectuée par l'émir lors des évènements majeurs, comme le jour de l'indépendance ou le jour de l'aïd. Les chanteurs qatariens sont peu nombreux, et peu connus dans le monde arabe, à part Ali Abdel Sattar, mais ce dernier n'est apprécié que par les habitants du Golfe. Le plat traditionnel qatarien est à base de riz et d’épices : le majbouss.
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Le Qatar comporte aussi une francophonie qui se manifeste dans des festivités annuelles, sur un site internet[106] et grâce à une station de radio. Doha compte également un Institut français.
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Le Qatar investit également beaucoup dans la culture en général – la salle de cinéma numérique du Royal Monceau à Paris, par exemple – et en particulier dans les arts plastiques arabes : peinture, sculpture, photographie… Son premier musée d'art moderne et contemporain, le Mathaf, ouvre ses portes en décembre 2010. Il existe également, à Doha, un musée des Arts Islamiques, construit sur la baie, selon une architecture moderne ; il rassemble de nombreuses œuvres, poteries, etc. du monde arabe.
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Le Qatar demeure une société patriarcale où l'homme décide de tout. Ainsi, dans certaines familles, les femmes ne sont pas encore autorisées à sortir seules. Les mariages restent souvent arrangés. Quant à la mixité, elle est loin d'être la norme : à l'université du Qatar par exemple, filles et garçons étudient sur deux campus séparés. Ces règles sont si profondément ancrées que beaucoup de jeunes y adhèrent[107].
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Certains journaux qatariens sont rédigés en arabe Al-Raya, Al-Sharq et Al-Watan et d'autres sont en anglais Gulf Times (version anglaise de Al-Raya) et The Peninsula (version anglaise de Al-Sharq). La première chaîne de télévision qatarienne, Qatar Television, a été lancée en 1970. Après quatre ans en noir et blanc, les retransmissions en couleur ont commencé en 1974. Une deuxième chaîne, principalement en anglais, a été inaugurée en 1982 et diffuse un hebdomadaire en français le lundi (vers 18 h 45). La chaîne de télévision Al Jazeera, première chaîne d’informations en continu du monde arabe, est basée à Doha et est entièrement financée par l’État du Qatar[réf. nécessaire]. Elle est diffusée via satellite et regardée par près de quarante-cinq millions d’arabophones dans le monde. Le président du Conseil d’administration d’Al Jazeera est un membre de la famille royale[13]. Présente dans trente-cinq pays, la chaîne de télévision Al Jazeera s'est imposée comme un véritable outil d'influence médiatique et diplomatique. Elle a permis de faire connaître le Qatar au reste du monde. Elle a aussi offert à l'émir une légitimité sans précédent, pour se positionner dans les négociations internationales. Ainsi, depuis 2007, peu de discussions géopolitiques ont lieu sans que le Qatar soit présent. Au point que l'émir est désormais surnommé le « Kissinger arabe »[108].
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En 2018, Reporters sans frontières place le Qatar au 125e rang de son classement mondial de la liberté de la presse, notant les blocages et la censure dont sont l'objet les journalistes abordant les sujets de la famille royale et de l’islam[109].
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L'enseignement au Qatar est gratuit et obligatoire à la fois pour les enfants qatariens et pour ceux des travailleurs immigrés [réf. nécessaire]. Au cours des dernières années, le Qatar a donné une grande importance à l'éducation. Au même titre que les services de soins de santé gratuits pour tous les citoyens, chaque enfant a droit à l'éducation gratuite à partir de la garderie jusqu'à la fin du collège. Chaque communauté du pays a une école qui suit le programme de son pays d'origine. Le pays a une université, l'université du Qatar, et un certain nombre d'institutions permettant la poursuite d'études supérieures. De plus, avec le support de la Fondation du Qatar, des universités américaines réputées ont ouvert des campus dans la Cité de l'éducation. Celles-ci incluent l'université Carnegie-Mellon, l'université de Georgetown, l'université A&M du Texas, l'université du Commonwealth de Virginie, le collège médical Weill de l'université Cornell, l'University College de Londres et HEC. En 2004, le Qatar a établi le Parc des Sciences et Technologies du Qatar dans la Cité de l'éducation pour relier ces universités avec l'industrie.
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En novembre 2002, l'émir Hamad ben Khalifa Al Thani a créé, par le décret numéro 37, le Conseil d'Éducation Suprême, qui inclut, parmi les membres de sa famille, la femme de l'émir, Sheikha Moza bint Nasser al-Missned, ambassadrice de l'UNESCO pour l'éducation de base et l'enseignement supérieur[110], et qui a pour but de superviser la réforme complète du système de l'enseignement public au Qatar[111]. Le Conseil dirige et contrôle l'éducation pour tout âge, à partir du préscolaire jusqu'au niveau universitaire, incluant la réforme de l'Éducation pour une Nouvelle Ère. Des écoles indépendantes financées par l'État ont été créées au cours des années qui ont suivi la création du Conseil. Ces établissements scolaires seront guidés par de nouveaux programmes d'enseignement en arabe, en anglais, en mathématiques et en sciences. En 2005, 3,3 % du PIB du Qatar était consacré aux dépenses d'éducation[112].
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Des frais trop élevés privent de scolarité des milliers d'enfants de travailleurs étrangers au Qatar, leurs parents étant incapables de payer les frais de scolarité, relève en décembre 2019 la rapporteure spéciale de l'ONU sur le droit à l'éducation. Selon elle, ces frais devraient être « levés pour que tous les enfants jouissent du droit à l'éducation »[113].
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Le musée d'Art islamique de Doha est le plus grand musée de Doha, devant le Musée national du Qatar. Il dispose d’une collection d’œuvres d’art islamique datant du VIIe au XIXe siècle.
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En 1977 la fédération d'athlétisme engage comme entraîneur l'ancien décathlonien belge Freddy Herbrand qui deviendra ensuite directeur technique et travaille au Qatar pendant trente-trois ans[114].
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Aux Jeux olympiques d'été, le Qatar a remporté quatre médailles de bronze. Aux Jeux olympiques d'été de 1992 à Barcelone, une médaille de bronze au 1 500 m hommes avec Mohamed Ahmed Sulaiman. Aux Jeux olympiques d'été de 2000 à Sydney, Said Saif Asaad a fini 3e en haltérophilie hommes, plus de 105 kg. Enfin aux Jeux olympiques d'été de 2012 à Londres, Nasser al-Attiyah a pris la 3e place au tir (skeet) et Mutaz Essa Barshim celle du saut en hauteur. Dans le but de se faire connaître dans le monde, le pays utilise le sport pour accueillir des évènements importants et des sportifs célèbres.
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La Fédération qatarienne est reconnue par le CIO depuis 1980. Le pays accueille chaque année le tournoi de tennis de Doha, ainsi que l'Open du Qatar de tennis de table au tennis de table. Le pays a accueilli les jeux asiatiques en décembre 2006, le troisième événement sportif mondial, après la Coupe du monde et les Jeux olympiques. Dans ce but, le stade Khalifa à Doha a été agrandi, un ensemble de complexes sportifs a été construit tout autour recouvrant une surface de 130 hectares. Le Campus ASPIRE, académie sportive du Qatar à la pointe de la modernité, représente l’un des édifices centraux de ce complexe. Pour son inauguration, Diego Maradona, Pelé et Hicham El Guerrouj ont été invités[115]. Le pays a lancé une politique pour naturaliser des sportifs de haut niveau. Le Qatar a même remporté une médaille d’or aux championnats du monde d’athlétisme de Paris d’août 2003, en fait grâce à un ex-Kényan, Stephen Cherono, qui venait d’être naturalisé et rebaptisé Saif Said Shaheen en échange d’un salaire à vie. Le Qatar propose même à des footballeurs qui n’auraient pas été sélectionnés dans leur pays la nationalité qatarienne afin de qualifier l’Émirat pour la Coupe du monde 2006, mais la Fédération internationale de football (FIFA) a mis un veto à un tel projet[14].
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En 2005, Tracy Edwards a reçu 55 millions d’euros pour baptiser son bateau Qatar-2006 (ex-Club Med). Quarante millions d’euros ont été injectés dans le championnat de football, où Gabriel Batistuta, Frank Lebœuf, Stefan Effenberg et Pep Guardiola gagnent entre 100 000 et 200 000 euros par mois. Le pays accueille également le tour du Qatar depuis 2002, qui est organisé par les organisateurs du tour du France ainsi qu'une étape du Moto GP depuis 2004. Le Qatar était candidat à l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2020.
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Le 27 janvier 2011, l'IHF désigne le Qatar pour organiser le championnat du monde masculin de handball 2015[116]. Pour cette 24e édition des championnats du monde, le Qatar constitue une équipe composée essentiellement de joueurs naturalisés les dernières années. Le Qatar est le premier pays non-européen à atteindre la finale et finit médaillé d’argent, avec de nombreux joueurs naturalisés, en perdant le dernier match contre la France sur le score de 22 buts à 25.
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La FIFA a décidé le 2 décembre 2010 qu'il serait le pays hôte de la coupe du monde de football en 2022 (les autres candidats étaient les États-Unis, le Japon, l'Australie et la Corée du Sud). Ainsi, le Qatar sera le premier pays arabe à organiser un des deux plus grands évènements sportifs du monde avec les Jeux olympiques. L'attribution de la Coupe du monde de football de 2022 au Qatar fait état de nombreux soupçons de corruption[117]. La chaîne de télévision Al-Jazeera, propriété de l'État qatarien, aurait offert dans le plus grand secret 400 millions de dollars américains à la FIFA à vingt et un jours du vote pour l'attribution de la Coupe du monde 2022, dont 100 millions de dollars de « bonus » qui devaient être versés seulement si le Qatar remportait l'organisation de la compétition[118]. Des dizaines de milliers de travailleurs sont embauchés pour bâtir les infrastructures[108] dans des conditions de travail souvent décriées par les ONG[119] qui accusent le pays ne de pas payer les travailleurs étrangers sous le système de la kafala[120]. Des centaines de travailleurs immigrés employés dans la construction des infrastructures sportives décèdent chaque année. Le 1er février 2019, le Qatar a remporté son premier trophée international majeur de football grâce à une victoire en finale de Coupe d'Asie des nations face au Japon (3-1). Le pays a aussi pris part, grâce à une invitation des organisateurs, à la Copa América 2019 au mois de juin.
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En novembre 2014, le Qatar obtient l'organisation des championnats du monde d'athlétisme 2019.
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Le Qatar s'investit également beaucoup dans le sport équestre et hippique. Il s'y élève des purs-sangs et des purs-sangs arabes réputés[121]. Le souverain investit beaucoup, à travers des achats de haras et de chevaux de valeur, ou encore le sponsoring du prix de l'Arc de Triomphe[122]. L'endurance est, de loin, le sport équestre le plus pratiqué[121]. L'arrivée du Qatar sur la scène équestre et hippique internationale s'accompagne aussi de controverses, en raison d'affaires de dopage et de chevaux morts d'épuisement après les épreuves[123],[124],[125].
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Le Qatar a pour codes :
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Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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Le quotient intellectuel, ou QI, est le résultat d'un test psychométrique qui entend fournir une indication quantitative standardisée de l'intelligence humaine.
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Le QI est mesuré par un psychologue pour des raisons qui peuvent être éducatives ou psychiatriques. Cependant, le QI, tout comme les notions associées de déficience mentale ou d'enfant à haut potentiel intellectuel, n'est pas un diagnostic. Le QI est généralement évalué dans le cadre plus complet d'un examen psychologique.
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Créé au début du XXe siècle pour dépister les élèves en difficulté et leur faire bénéficier d'un soutien, la notion d'un QI a fait l'objet de nombreuses critiques, méthodologiques et psychométriques, ou théoriques (discussions sur la nature de l'intelligence).
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Le calcul d'un quotient intellectuel est l'idée du psychologue allemand William Stern[1]. En 1905 est publiée la première échelle mesurant l'intelligence, l'Échelle métrique de l'Intelligence d'Alfred Binet et Théodore Simon, ou test de Binet et Simon. Cette échelle donne lieu à la détermination d'un âge mental de l'enfant. L'âge mental correspond au groupe d'âge ayant réussi les mêmes tests que le participant. Ainsi un enfant de 10 ans montrant les mêmes résultats que la moyenne des enfants de 12 ans a « douze ans d'âge mental »[1].
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Le quotient intellectuel calculé par Stern (appelé aussi plus tard « QI classique ») est un quotient calculé en comparant l'âge réel (chronologique) de l'enfant à son âge mental. Le QI égale le rapport entre l'âge mental et l'âge chronologique, multiplié par 100. Ainsi dans l'exemple précédent, un enfant de 10 ans obtenant un âge mental de 12 ans obtient un QI de : (12 / 10) × 100 = 120[1].
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Conçu pour détecter et aider les enfants en difficulté, ce calcul n'est pas efficace pour évaluer un QI chez les adultes.
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Le QI par rang ou « QI standard » est calculé de manière différente. Il correspond au rang auquel se situe une personne relativement à une population représentée par une loi normale (courbe de Gauss). Les tests de David Wechsler ont été les premiers à utiliser ce type d'étalonnage[2]. Les tests sont « étalonnés » lors de leur conception pour que les résultats suivent une courbe de Gauss (appelée aussi courbe normale). L'étalonnage est régulièrement mis à jour.
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L'étalonnage fixe « par construction » la moyenne (ou l'espérance), l'écart type et la distribution a priori associée à ces contraintes dans la méthode bayésienne (c'est-à-dire la seule n'introduisant pas d'« information ajoutée ») se trouve être la courbe de Gauss. C'est donc sur elle qu'on étalonne le test. Tous les tests fixent la moyenne à 100. L'écart-type est le plus souvent fixé à 15 (il s'agit alors de QI standard)[3].
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Certains tests postérieurs à ceux de Wechsler ont fixé des écarts-types à 16 ou à 24 (c'est le cas du test américain Culture Fair Intelligence Test de Raymond Cattell).
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La moyenne du QI standard est fixée à 100 pour des raisons arbitraires et historiques. L'écart-type à 15 indique que, puisque la distribution est normale, 68 % de la population est située à un écart-type de la moyenne, et 95 % de la population est située entre deux écart-types (voir figure)[3].
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Le QI doit être mesuré par un psychologue dûment qualifié. Sa mesure s'effectue dans le cadre d'un examen psychologique qui peut se dérouler sur plusieurs sessions (la mesure proprement dite devant se dérouler, autant que possible, en une seule séance). L'examen psychologique comprend un ou des entretiens psychologiques. Il appartient au psychologue de faire passer le test dans des conditions optimales pour la personne. Le psychologue doit suivre les instructions du manuel de l'échelle pour que les résultats puissent être valides[2].
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La fin XIXe siècle assiste aux débuts de la psychologie scientifique. De nombreux chercheurs s’intéressent à la mesure de l’intelligence. Le plus avancé sur le sujet est l’Anglais Sir Francis Galton, un cousin de Charles Darwin, qui ne parviendra cependant pas à mettre en place un test utilisable. Galton, inventeur du terme eugénisme, publie son livre L’intelligence héréditaire, la raison de ses travaux étant de montrer qu'une partie au moins de celle-ci est héréditaire, et d’en tirer des conclusions pour l’amélioration de l’espèce humaine. En 1890, le terme de « mental test » est employé pour la première fois par l’Américain McKeen Cattell pour désigner une série d’épreuves destinées à mesurer les différences entre étudiants.
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La première échelle de l'intelligence est publiée en 1905. Les Français Alfred Binet et Théodore Simon, travaillant à la demande de l’État sur un moyen de détecter d’avance les élèves faibles scolairement, mettent au point le premier test utilisable, l'Échelle métrique de l'intelligence appelé aussi du nom de ses auteurs, le test de Binet et Simon[3],[2].
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En 1912 à l’Université de Breslau, l'Allemand William Stern a l’idée de faire le rapport entre les résultats obtenus au Binet-Simon et l’âge réel. Il crée l'expression de « quotient intellectuel »[1].
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Le calcul du QI tel que proposé par Stern pose plusieurs problèmes statistiques, le principal étant qu'il n'est pas applicable aux adultes.
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Quand, en 1939, le psychologue américain David Wechsler publie un nouveau test d'intelligence, il conserve la notion de quotient intellectuel, mais applique une mesure tout à fait différente qu'il applique non seulement à l'échelle entière mais également aux sous-tests de son échelle[2]. Cette approche est conservée dans les batteries de tests publiées ultérieurement par Wechsler (Wechsler Adult Intelligence Scale et WISC).
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Ainsi, la notion de quotient est conservée par Wechsler bien que ses calculs pour aboutir à ce quotient ne reposent plus sur une division mathématique. C'est donc pour des raisons historiques, et non pour des raisons mathématiques, que le terme de quotient intellectuel est conservé par Wechsler et reste utilisé de nos jours.
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En 1939, l'Américain Louis Leon Thurstone remet en cause la thèse d'un facteur g de Spearman en soulevant sept facteurs principaux qui font partie d'une multitude de facteurs : facteur spatial (représentation des configurations), facteur perception (saisie de détails dans une configuration), facteur verbal (compréhension des données), facteur lexical (mobilisation du vocabulaire), facteur mémoire (faculté de mémorisation), facteur numérique (réalisation de calculs) et facteur raisonnement (définir et trouver des liens entre des éléments). En reprenant les analyses de Spearman, Thurstone conclut que ces sept facteurs sont orthogonaux, c'est-à-dire représentent autant de types d’intelligence et n'ont pas de lien entre eux. Le g de Spearman serait donc inexistant. Les conclusions de Thurstone sont que l’existence même de l'intelligence générale, comme entité mesurable, ne reposerait sur aucune base empirique réelle, ni ne pourrait être quantifiée de manière rigoureuse et logique (sauf évidemment dans le cas particulier de deux individus dont l'un surpasserait l'autre dans « tous » les types mentionnés)[réf. nécessaire].
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La notion de facteur g mise en évidence par Spearman et la notion d'habiletés cognitives spécifiques mises en évidence par Thurstone ont été étudiées et élaborées par les nombreuses études qui ont suivi. Les moyens technologiques ont évolué et les tests d'intelligence se sont multipliés, permettant l'élaboration de modèles plus précis qui concilient les deux théories. La théorie de Cattell-Horn-Carroll est le modèle actuellement le plus reconnu et le plus étudié de l'approche psychométrique. Ce modèle suggère que le QI général représente le facteur g, mais que des habiletés cognitives spécifiques corrèlent et prédisent le QI à différents degrés[4].
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Le QI mesuré par les tests psychométriques est le meilleur prédicteur statistique de la réussite ou de l'échec scolaire de l'enfant et de l'adolescent. Son pouvoir prédictif est modéré. Les corrélations entre le QI et la réussite scolaire ou académique sont de l'ordre de 0,50. Ce chiffre indique que le QI prédit (ou explique) 25 % de la variance des scores[4]. D'autres facteurs entrent en jeu dans la réussite scolaire puis professionnelle, cependant ces facteurs sont variés. Chez l'enfant, la motivation, l'effort[5], le sentiment d'efficacité personnelle et d'autres facteurs non cognitifs jouent également un rôle sur les performances scolaires et la réussite professionnelle ou sociale ultérieure[4]. L'autodiscipline, la consistance, la fiabilité ont également un impact important sur les résultats professionnels et personnels chez l'adulte[6]. Malgré son pouvoir prédictif modéré, le QI reste le meilleur prédicteur de la réussite scolaire ultérieure comparé aux autres facteurs[4].
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Le QI, ainsi que les outils analogues de mesure de g, sont également les meilleurs prédicteurs de la performance au travail[7] et de la réussite socio-professionnelle[8].
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Un certain nombre d'études ont montré une relation négative entre le QI et la délinquance[9], ainsi qu'entre le QI et les comportements antisociaux et criminels[10].
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Le QI est corrélé positivement à une bonne santé[11].
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Le QI est corrélé négativement à la religiosité[12],[13]. Cependant, les raisons de cette corrélation ne sont pas claires. L'analyse des résultats montrent que les différences de QI ne sont pas sur g et doivent, par conséquent, être attribuées à des capacités spécialisées[14]. Les auteurs d'une étude de 2019, suggèrent « prudemment » que les différences pourraient s'expliquer en termes de caractéristiques des troubles du spectre autistique chez les personnes ayant un QI élevé, parce que ces caractéristiques sont associées de façon négative à la religiosité[14].
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Le QI moyen dans le monde se situe entre 84 et 88[15].
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L'effet Flynn est le nom attribué à l'accroissement lent et régulier du résultat moyen à des tests de type QI observé au cours du XXe siècle dans les pays industrialisés. Ce sont les tests les plus liés aux matières scolaires qui connaissent les plus faibles progressions. L'accroissement de la scolarité, et le niveau scolaire, jouent un rôle majeur dans l'augmentation des scores.
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La croissance des scores s'est stabilisée et des effets inverses ont été observés depuis le début des années 2000. Les causes en sont encore à l'étude et le phénomène ne se montre pas homogène[16]. Une étude d'Aden et Shayer datée de 2005[17] et portant sur 25 000 enfants scolarisés en Grande-Bretagne suggère une régression du QI général et de certaines habiletés cognitives et scolaires chez des élèves britanniques entre 1975 et 2005[17]. Il est possible que cette stagnation de l'effet Flynn date des années 1980[18].
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Or la tendance à une stagnation voire à une légère régression de l'effet Flynn en Occident a été observée dans d'autres pays. En 2004, Jon Martin de l'Université d'Oslo et ses collègues ont publié un article décrivant les résultats aux tests de QI des conscrits norvégiens entre 1950 et 2002 démontrant que l'amélioration des scores en intelligence générale s'est arrêtée après le milieu des années 1990 mais a régressé légèrement dans nombre d'autres tests[19],[20]. Le Conservatoire national des arts et métiers s'est également fait écho d'un début d'inversion de l'effet Flynn en se basant sur des tests dans le canton de Vaud en Suisse en 1991 et 2002[21]. Teasdale et Owen déclarent : « les analyses de tests d'intelligence de près de 500 000 jeunes hommes Danois entre 1959 et 2004 montrent que l'augmentation a connu son apogée fin des années 1990 et aurait légèrement régressé jusqu'à un niveau d’avant 1991 ». Ils estiment qu'« un facteur lié à cette récente chute pourrait être un déclin simultané du nombre d'étudiants en avance de 3 ans pour les 16-18 ans »[19].
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Cette baisse a depuis été observée dans plusieurs pays tels que la Finlande, l'Estonie, les Pays-Bas ou la France[22].
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Historiquement, le QI a parfois été instrumentalisé pour étayer des propositions élitistes, eugénistes, racialistes. Dans plusieurs régions protestantes du monde durant le XXe siècle, des groupes entiers de personnes ont été soumis à un programme de stérilisation contrainte, à la suite de mauvais résultats au test de QI. Cela s'est vu au Canada consécutivement à la loi dite Sexual Sterilization Act of Alberta (en) (1928) (cf. le cas de Leilani Muir qui a poursuivi en justice et gagné le procès qu'elle a intenté contre la province d'Alberta). Ce phénomène n'a pas touché les pays catholiques, où toute atteinte au corps non justifiée par des raisons de santé est réprouvée.
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Le livre The Bell Curve de Richard J. Herrnstein et Murray souligne et commente longuement les différences de QI entre groupes ethniques aux États-Unis, en particulier les scores plus faibles des minorités noires par rapport à la majorité blanche, et leurs implications politiques. Ce livre a provoqué beaucoup de polémiques aux États-Unis après sa parution[4]. Certains spécialistes ont avancé des explications qualifiées de racistes par d'autres spécialistes. L'Association américaine de psychologie et le Conseil national des affaires scientifiques américains ont commandé un rapport d'experts indépendants pour faire le point sur la question[4]. Certains spécialistes défendent l'idée que ces différences sont majoritairement génétiques (cf. Mainstream Science on Intelligence, tribune signée par un groupe de psychologues américains spécialistes de la question et défendant cette idée[23]). Pour d'autres, les différences observées entre les groupes ethniques correspondent aux conséquences de milieux environnementaux défavorables aux minorités noires américaines[4]. Le sujet reste très controversé, en 2013, 90% des spécialistes interrogés dans un sondage international pensaient qu'au moins une partie des différences de QI entre populations étaient génétiques, et 43% des experts pensaient que la génétique a une influence plus importante que l'environnement pour expliquer l'écart entre l'intelligence moyenne des Blancs et des Noirs aux États-Unis[24].
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Les scores de QI sont influencés à la fois par des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux[25],[26],[27],[28].
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Le système thyroïdien de la mère durant la grossesse, puis de l'enfant et de l'adulte agit sur le cerveau, de même que la qualité du sommeil, qui dépend entre autres choses d'une hormone ; la mélatonine[29],[30]. Des perturbateurs endocriniens pourraient donc affecter le QI, éventuellement en conjonction avec des polluants neurotoxiques.
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L'imagerie des zones cérébrales connues pour jouer un rôle dans l'intelligence verbale ou non-verbale montre ou confirme la possibilité que les capacités intellectuelles d'un individu par rapport à ses pairs puissent significativement diminuer ou augmenter dans les années d'adolescence[31], sans qu'on sache encore dans quelle mesure jouent le contexte environnemental (polluants neurotoxiques, perturbateurs endocriniens…), d'évolution personnelle (période où intervient fréquemment un changement dans le mode d'alimentation, avec alcool, tabac éventuellement, ou un changement dans le mode d'apprentissage) ou social (psychologie de la motivation), réorganisation des priorités de l'individu (dont sexualité adolescente), éventuellement sous l'influence de l'entourage ou d'un modèle social autre[31].
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Plusieurs études ont montré des corrélations modérées entre le volume du cerveau (en particulier la substance grise[32]) et le QI. Cette relation a été de nombreuses fois répliquée et les corrélations observées sont modérées, d'environ 0,4 en moyenne[33],[34]. Arthur Jensen cite une dizaine d'études indépendantes effectuées au Japon, en Europe et en Amérique qui ont toutes trouvé une corrélation positive entre la capacité crânienne et le quotient intellectuel (la moyenne des corrélations se situant à 0,4)[35]. J. Philippe Rushton fait un constat similaire[36].
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Cependant, les relations de cause à effet et les explications de ces corrélations restent incomprises et débattues par les spécialistes[37],[34]. Le spécialiste Ian Deary conclut en 2001 que les explications sont manquantes. Les relations entre QI, morphologie du cerveau et physiologie sont complexes et ne sont pas encore éclaircies. Les avancées scientifiques dans ce domaine dépendent en grande partie des technologies d'imagerie cérébrale, et ce domaine technologique est en développement[34].
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Des mesures physiologiques sont également corrélées au QI sans que les relations de cause à conséquence soient éclaircies. Ces mesures sont :
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Les études sur les relations entre morphologie et réaction physiologiques cérébrales et le QI se sont multipliées dans des populations de tous âges, avec ou sans problèmes cognitifs. Les enjeux de ces recherches sont de mieux comprendre les relations observées[43].
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L'héritabilitié du QI est un outil statistique à la pertinence contestée, mais qui est souvent utilisé et confondu avec un éventuel caractère héréditaire de l'intelligence[44]
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L'héritabilité des scores de QI ou d'autres mesures de l'intelligence (facteur g, réussite scolaire,...), toujours calculée pour une population donnée et uniquement valable pour celle-ci, est la mesure de leur part de variance attribuable aux différences génétiques entre les individus de la population. Quelle que soit la valeur de cette héritabilité, cela ne fixe aucune limite de principe à la malléabilité des scores de QI/intelligence dans une population. Cette héritabilité ne peut pas être calculée avec précision : elle doit être estimée, et il existe diverses méthodes pour le faire. Les scores de QI sont influencés à la fois par des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux[25],[26],[27],[28].
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Des études sur les jumeaux homozygotes séparés à la naissance ont trouvé que les QI de ces jumeaux (ainsi que de nombreuses autres caractéristiques physiques et mentales) étaient fortement corrélés. Ces observations ont commencé à l'université du Minnesota, où une unité de recherche a été mise en place par Thomas Bouchard pour étudier une cohorte nationale de jumeaux et triplés élevés séparément dans des familles adoptives[34],[47]. Dans une méta-analyse publiée en 1981, Bouchard et McGue rapportent des résultats portant sur 111 études de jumeaux[48]. Leurs observations (étude MISTRA) indiquent que les corrélations entre les scores de jumeaux homozygotes élevés séparément sur des tests de mesure du QI sont étonnamment élevées (0,69 pour les échelles de Wechsler et 0,78 aux matrices de Raven ; les corrélations pour des jumeaux homozygotes élevés ensemble sont de, respectivement 0,88 et 0,76)[34].
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Une autre méta-analyse indépendante a été publiée en 1997 dans le journal Nature. Elle porte sur 212 études. Des corrélations sont mises en évidence pour chacun des liens de parenté, et notamment la corrélation la plus forte est celle des « jumeaux élevés ensemble ». Devlin et al. interprètent ces corrélations comme une importance plus forte de la période prénatale que ce qui était considéré auparavant, et par conséquent une importance moindre du patrimoine génétique[45].
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Dickens et Flynn ont proposé une explication de ces résultats apparemment tout à fait contradictoire. Dickens a avancé que l'influence des facteurs génétiques ne signifie pas que l'environnement n'entre pas en compte dans l'équation. Il est possible que des différences d'origine biologique modifient précocement l'environnement de l'enfant puis plus tard, celui de l'adulte[49].
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Ian Deary indique que ces corrélations ne signifient pas que l'intelligence est d'abord d'origine génétique. Les corrélations observées ne portent que sur les différences entre les scores. Les résultats suggèrent qu'environ 50 % de ces différences sont expliquées par des variables sans doute génétiques et 50 % par des influences environnementales[34]. Des études plus récentes montrent que ce ratio d'héritabilitié du QI varie fortement avec l'âge, passant de 20 % durant l'enfance à 80 % chez l'adulte[50],[51].
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Selon une étude menée en 2014, il n'y aurait que très peu d'influence du QI des parents adoptifs sur les capacités verbales des enfants[52]. Certains types d’entraînements peuvent avoir un effet sur le score du QI mais n'ont qu'un effet limité sur l'intelligence générale[53],[54],[55].
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Depuis les années 2000 ont été développées des méthodes d'estimation de l'héritabilité basées sur les données génomiques de gros échantillons d'individus. Le principe général de la méthode qui a pour l'instant été le plus utilisée consiste à bâtir un modèle mathématique de l'effet statistique du génotype comme étant la combinaison des effets statistiques d'un sous-ensemble plus ou moins grand des polymorphismes mono-nucléotidiques (SNP). Le QI n'étant pas disponible sur ces gros échantillons, ce sont des indicateurs fortement corrélés au QI qui sont utilisés (typiquement le niveau d'études).
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Seule la prise en compte de plusieurs dizaines de milliers de SNP permet de reconstituer, via un modèle statistique ad hoc, une part de variance substantielle attribuable aux génotypes dans l'échantillon de population utilisé, c'est-à-dire une héritabilité dite génomique estimée approchant parfois 50%[56]. Toutefois, le cas échéant ces modèles souffrent d'overfitting, c'est-à-dire de sur-ajustement du modèle aux données. Dans ce cas, le modèle "explique" une grande part de variance par les SNP, mais seulement parce qu'il a incorporé un bruit aléatoire présent dans les données de l’échantillon qui a servi à le construire (une partie de cette héritabilité estimée est donc fictive). Pour limiter l'overfitting, il est recommandé d'opérer des validations croisées du modèle sur d'autres échantillons[57]. La mise en œuvre de ces validations croisées dans les études humaines reste insuffisante et de fait, la part de variance expliquée par ces modèles chute souvent drastiquement lorsqu'ils sont appliqués à un autre échantillon.
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Ainsi, dans Hill et al. 2018 par exemple, les auteurs ont pu construire un modèle mathématique expliquant 25,44 % de la variance d'une mesure de l'intelligence dans l'échantillon initial, mais lorsque ce modèle a été appliqué à trois échantillons de réplication, seuls 3,64 % à 6,84% de la variance de mesures de l'intelligence ont été prédits par le modèle[58].
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De même, le modèle bâti par Lee et al. 2018 sur la base d'un échantillon de 1,1 million de personnes d'ascendance génétique européenne, utilisant environ 250 000 SNP, n'a permis de rendre compte que de 12,7% de la variance du nombre d'années d'études et 6,9 % de celle d'une mesure de performance cognitive dans une cohorte de réplication, et de respectivement 10,6% et 9.7 % dans une autre[59]. De plus, selon les auteurs, le modèle a perdu 85 % de son pouvoir prédictif lorsqu'il a été appliqué à un échantillon de personnes afro-américaines. Les auteurs soulignent en outre que l'effet propre des variants génétiques est probablement surestimé par le modèle en raison d'une « corrélation entre le niveau d'éducation et un environnement éducatif propice à la réussite scolaire ». En 2019, la part de variance prédite par ce modèle était la plus élevée jamais atteinte par ce type d'approche, tous traits cognitifs ou comportementaux confondus[60].
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La méthode RDR est une méthode récente également basée sur des données génomiques, visant à compenser certains défauts des méthodes basées sur une modélisation des effets statistiques des SNP. Elle estime l'héritabilité en examinant la façon dont la similarité phénotypique entre individus varie en fonction de leur proximité génétique, mesurée par la fraction du génome partagée par deux individus car héritée d'un ancêtre commun. Mise en œuvre pour la première fois en 2018 sur un échantillon de près de 55 000 Islandais, elle a abouti a des estimations d'héritabilité nettement plus faibles que celles produites par les méthodes existantes[61]. En particulier, l'héritabilité du niveau d'études a été estimée dans cet échantillon à 17%, contre respectivement 52%, 29% et 40% avec trois autres méthodes et 43% avec l'étude de jumeaux de référence.
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Les pesticides liés au Chlorpyrifos, très utilisés en Europe, diminueraient en moyenne de 2,5 points le quotient intellectuel de chaque enfant européen[62]. La substance active est interdite dans l'Union Européenne depuis 2020[63].
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En 1926, la psychologue Catharine Cox Miles, dans une recherche pour sa thèse doctorale dirigée par le psychométricien Lewis Terman, utilise les informations biographiques sur l’enfance de personnes célèbres pour estimer leur QI sur la base de leurs écrits et de données historiques (Voltaire : 170 ; John Stuart Mill : 190 ; Goethe : 210)[64],[65]. Sa méthode dite « historiométrique » est tout à fait différente et indirecte mais cherche néanmoins à se baser sur des principes scientifiques[66]. La méthode historiométrique est disputée et ne fait pas consensus chez les psychologues[67].
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Pour Bertrand Russell, J. B. Watson (voir béhaviorisme) « estime qu’il n’y a nul besoin de mesurer par des tests la qualité d’une personne, puisque selon la définition qu’il en donne cette qualité est très précisément indiquée par son revenu[68] ». Russell s'empresse d'ajouter dans le même paragraphe qu'il ne partage pas cet avis[69].
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Selon Ilan M. Edelstein, « l'intelligence ne se résume pas à un chiffre. […] on ne peut pas classer l'intelligence des gens de façon linéaire, […] les tests de QI ne mesurent pas toutes les intelligences ni tous les secteurs de l'intelligence »[70].
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Les scientifiques n'ont pas dégagé un consensus quant à la définition ou la nature de l'intelligence humaine. Cette absence de définition est commune lorsque des concepts ne sont pas encore tout à fait compris par les scientifiques qui les étudient. L'absence de définition consensuelle reflète le fait que la description de l’intelligence sur un plan scientifique reste un sujet d'étude et de débats, sur lequel de nombreuses questions importantes ne sont pas encore résolues[4].
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Il n'existe pas de test d'intelligence purement aculturel, c'est-à-dire échappant à toute influence de la culture sur la performance au test. Historiquement, des psychologues ont développé plusieurs tests de performance pour tester des enfants sans langage ou des enfants immigrés ne parlant pas la langue de leur pays d'accueil. Les tests de connaissance faisant intervenir le langage ne peuvent s'affranchir de composantes culturelles comme l'étendue du vocabulaire. Les autres restent cependant corrélés à la culture. Ainsi, dans un pays donné, les sujets issus de minorités culturelles obtiennent des QI plus faibles que les étudiants de la population majoritaire[4]. Ces différences, souvent observées, peuvent faire soupçonner un éventuel biais culturels des tests, y compris non verbaux[71].
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Plusieurs différences observées entre pays seraient attribuables à des effets culturels plutôt que cognitifs[72].
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Dans la tribune Mainstream Science on Intelligence, Linda Gottfredson et les cosignataires estiment que les tests d'intelligence ne sont pas biaisés culturellement, qu'ils prédisent avec précision le QI pour tous les américains, indépendamment de leur race et de leur classe sociale[23].
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Les psychologues (et en premier lieu David Wechsler, auteur des échelles d'intelligence les plus utilisées au monde) s'accordent sur le fait que les performances aux tests mesurant les QI contiennent une part de variance inexpliquée. Il est probable que des facteurs non cognitifs soient à l'origine d'une partie de cette part de variance[73].
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Il a été reproché aux scores de QI de perdre en précision sur les scores extrêmes. La principale raison réside dans la faiblesse de l’échantillon disponible à ce niveau[réf. nécessaire].
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En 1956, Marilyn vos Savant aurait obtenu l'un des plus grands QI mesurés, mais les tests qu'elle a passés n'ont pas été surveillés selon la procédure normale.
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En 1977[réf. nécessaire], le Sud-Coréen Kim Ung-yong établit un record du monde du QI le plus élevé avec un score de 210 (on présume, sur l'échelle de Cattell et non l'échelle de Wechsler communément utilisée en Europe qui plafonne à 160. Un QI de 210 sur l'échelle de Cattell équivaut environ à un QI de 168 sur l'échelle de Wechsler) et est répertorié dans le Livre Guinness des records of World Records. Enfant prodige, il est invité par la NASA à l'âge de 8 ans, et y travaille pendant dix ans[74]. Fatigué par l'attention médiatique et par un rythme de travail élevé ainsi qu'une grande solitude, il rentre en Corée du Sud pour y retrouver sa mère et surtout, pour étudier afin de rencontrer des jeunes de son âge. Il vit et travaille toujours en Corée du Sud et se déclare heureux d'avoir choisi une vie « normale »[74].
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Terence Tao a un QI estimé[Quand ?] à 230[réf. souhaitée] (également, sur l'échelle de Cattell et non l'échelle de Wechsler communément utilisée en Europe qui plafonne à 160).
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En 1961 en France, un jeune travailleur agricole nommé Jean Frêne se voit crédité aux trois jours de sélection militaire d'un QI exceptionnel[75]. L'affaire remonte au ministère des Armées, qui lui accorde un sursis et une bourse : cinq ans plus tard, Jean Frêne décroche son diplôme d'ingénieur à l'Institut national des sciences appliquées de Lyon et embraye directement sur un doctorat. En 2004, il est professeur à l'université de Poitiers en chaire de tribologie. Cette affaire popularisera l’intérêt de la notion de QI en France[réf. nécessaire]. Jean Frêne y est devenu le troisième Français à obtenir la prestigieuse médaille d'or internationale de tribologie[76].
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En 1980, Robert Klark Graham, généticien eugéniste américain, crée une banque de sperme réservée aux hauts QI. L'entreprise est très critiquée dès sa mise en place. Elle conduit à la naissance de 218 enfants. Cependant, à sa mort en 1997, Graham n'a pas réussi à démontrer que les enfants nés de cette banque de sperme sont plus intelligents ou plus brillants, dans leurs études, que des enfants élevés dans un milieu comparable[77].
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Plusieurs associations internationales réservées aux hauts QI existent, dont les membres sont exclusivement des personnes ayant passé un test de QI et réussi ce test au-delà d'un score donné.
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Ulysse ou Odysseus (en grec ancien Ὀδυσσεύς / Odusseús, en latin Ulixes, puis par déformation Ulysses) est l'un des héros les plus célèbres de la mythologie grecque. Roi d'Ithaque, fils de Laërte et d'Anticlée, il est marié à Pénélope dont il a un fils, Télémaque. Il est renommé pour sa mètis, cette « intelligence rusée » qui rend son conseil très apprécié dans la guerre de Troie à laquelle il participe. C'est encore par la mètis qu'il se distingue dans le long périple qu'il connaît au retour de Troie, chanté par Homère dans son Odyssée.
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Chez le Pseudo-Apollodore, qui organise les récits de la mythologie grecque en un ensemble chronologique globalement cohérent, la mort d'Ulysse, annoncée par une prophétie, marque la fin de l'âge des héros, et donc des récits de la mythologie classique. Ulysse est le personnage central du poème de l’Odyssée, à laquelle il donne son nom.
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Le nom d'Ulysse existe sous plusieurs formes en grec ancien ; on trouve par exemple : Ὀλυσσεύς / Olusseús, Ὀλυττεύς / Olutteús, Οὑδυσσεύς / Houdusseús ; Οὐλιξεύς / Oulixeús et Οὐλίξης / Oulíxês. L'emprunt latin Ulixēs vient de cette dernière forme.
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Le nom d'Ulysse donne naissance à quelques dérivés : Ὀδυσσεία / Odusseía (l’Odyssée), Ὀδὐσσειον / Odússeion (sanctuaire d'Ulysse) et Ὀλισσεῖδαι / Olisseîdai, nom d'une phratrie à Thèbes et Argos.
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Chez Homère comme chez la plupart des mythographes, Ulysse est le fils de Laërte et Anticlée. Laërte est lui-même fils d’Arcésios, fils de Céphale et Procris, tandis qu’Anticlée est fille d’Autolycos fils d’Hermès.
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Une version minoritaire tente de rattacher Ulysse à Sisyphe. Plutarque, par exemple, attribuant l’histoire à Ister d'Alexandrie, raconte qu’Anticlée fut violée par Sisyphe, et qu’elle était enceinte lors de son mariage à Laërte[1].
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Chaque fois qu'Homère évoque le royaume d'Ulysse, il nomme toujours un archipel composé de quatre îles, et qui correspond à l'archipel actuel des îles Ioniennes : Ithaque, Doulichion qu'on peut identifier Leucade, Samé, actuelles Céphalonie, et Zante. Parlant de ces îles, Ulysse précise qu'elles sont « habitées »[2],[3], affirmant ainsi qu'il exerce son pouvoir politique sur leur peuple. Loin de se réduire à la seule île d'Ithaque, le royaume d'Ulysse est donc constitué d'un véritable bassin méditerranéen délimité au nord-est par de multiples îles et îlots comme ceux d’Arkoudi, Méganisi, Oxia et les Échinades[4]. Les ressources naturelles de ces îles sont précisées : Ithaque et Doulichion produisent du blé mais aussi du vin ; Ithaque « bon pays à chèvres et à porcs »[5], connaît un élevage prospère : Ulysse possède un cheptel de plusieurs milliers de bêtes, sous la conduite d'Eumée, son porcher-chef, ainsi que de plusieurs bouviers et pâtres. L'île possède en outre des forêts, tout comme Zante. Quand Télémaque dresse le catalogue des nobles pouvant prétendre à la main de Pénélope, il livre une précieuse indication sur les ressources en hommes de ces différentes composantes du royaume : de Doulichion sont venus « cinquante-deux jeunes gens distingués », tandis que d’Ithaque n'en sont venus que douze[6]. Ithaque apparaît ainsi la moins riche, mais l'exploitation de l'ensemble du royaume et les richesses tirées du commerce et des expéditions maritimes permettent à son roi de mener grand train. Ulysse affirme en outre : « J'habite dans Ithaque »[7], indiquant par là que le siège politique de son royaume se trouve sur cette île.
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Au moment du déclenchement de la guerre de Troie, Ulysse, persuadé par les arguments de Ménélas et Agamemnon, quitte Ithaque pour prendre part à la guerre dans le camp achéen — alors qu'une prophétie lui a prédit un retour semé d'embûches. Selon d'autres versions[8], il est lié par le serment de Tyndare, obligeant les prétendants malheureux à la main d'Hélène à aider celui qui l'emporterait. Ulysse, qui a entretemps épousé Pénélope et ne veut pas laisser son jeune fils Télémaque, simule alors la folie pour éviter de partir à la guerre, labourant un champ avec un attelage composé d'un bœuf et d'un cheval et y semant du sel (ou des pierres, selon les versions). La ruse est éventée par Palamède, envers qui Ulysse gardera une rancune fatale. En effet, il va placer Télémaque au milieu du champ que laboure son père, qui, pour ne pas le blesser, révèle sa lucidité. Ulysse est contraint de rejoindre le camp grec. Dans l’Iliade, il est représenté comme un roi sage, favori d'Athéna, et habile orateur ; il prit part à la guerre à la tête de douze nefs. Il occupe de ce fait une place d'honneur dans le Conseil des rois. Le Conseil, par ailleurs, se tient, tout comme le tribunal de guerre, devant ses nefs, qui sont au milieu de la ligne formée par les vaisseaux grecs sur la plage à Troie. Il est dès lors normal[9] que les Grecs s'y réunissent, parce qu'il est un point central au propre comme au figuré, pour les sacrifices et les décisions de justice.
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Lors de l'une de ces assemblées, il châtie le manant Thersite, qui prétend contester la parole des rois, en le frappant de son bâton de commandement. Jugé digne de confiance par les autres rois, il est chargé par Agamemnon de récupérer Briséis auprès d'Achille, après avoir en vain plaidé auprès de ce dernier retranché dans sa tente. C'est également lui qui est chargé des ambassades : avec Ménélas, il se rend à Troie pour négocier le retour d'Hélène, enlevée par Pâris. Ami du jeune guerrier Diomède, il l'accompagne dans la capture de l'espion Dolon. Selon une légende cyclique, ils dérobent également tous deux le Palladion.
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Après la mort d'Achille, Ulysse vainc en duel Ajax fils de Télamon, et remporte les armes du Péléide. Enfin, il est l'auteur du stratagème du cheval de Troie, évoqué dans l’Odyssée et les épopées cycliques, parmi les premiers à sortir attaquer[10].
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La guerre de Troie ayant pris fin, Ulysse erre sur la mer après avoir provoqué le courroux de Poséidon. Ses errances comprennent notamment l'épisode des sirènes poussant grâce à leurs chants enchanteurs, les navires vers les récifs ; Ulysse, prévenu par Circé, demande à son équipage de se boucher les oreilles avec de la cire ; quant à lui, il se fait attacher au mât du bateau car il voulait écouter leur chant. Dans un autre épisode, Ulysse lutte contre le cyclope du nom de Polyphème, un fils de Poséidon, dont il crève l'œil grâce à un pieu après l'avoir enivré. Le cyclope, blessé, lance vers Ulysse d'énormes rochers, qui le manquent et s'abiment dans la mer. On identifiait certains îlots de la mer Ionienne à ces rochers. Au cours de nouvelles aventures, Ulysse rencontre la nymphe Calypso qui le garde sur son île durant sept ans et lui offre l'immortalité. Il découvre le peuple des Lotophages et affronte aussi la magicienne Circé, connue pour avoir le pouvoir de transformer les hommes en animaux.
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Ulysse se rend au pays des Cimmériens, qui sont, dans l’Odyssée, les Enfers ou royaume d'Hadès : c'est l'épisode de la Nekuia. Il y rencontre les ombres errantes de nombreux héros qu'il a côtoyés : Agamemnon, Achille devenu le roi du monde des ombres, Ajax, fils de Télamon… Au bout de vingt ans, lorsqu'il rentre à Ithaque, sa patrie, déguisé en mendiant, il tue les prétendants de sa femme Pénélope et la retrouve, elle et son fils Télémaque.
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Dans l’Odyssée, Ulysse n'a qu'un fils, Télémaque, qu'il a eu de son épouse Pénélope. La Théogonie d'Hésiode mentionne deux fils, Nausinoos et Nausithoos, issus de l'union entre Ulysse et Calypso[11]. D'autres sources lui prêtent d'autres enfants : Télégonos, Agrios, Cassiphoné et Latinos avec Circé.
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La mort d'Ulysse n'est pas racontée dans l’Odyssée, qui s'achève à son retour à Ithaque, mais l'ombre du devin Tirésias prédit à Ulysse qu'il connaîtra une mort douce et heureuse, qui lui viendra « de la mer » ou l'atteindra « hors de la mer », selon le sens que l'on donne à la préposition ἐξ[12],[13].
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En revanche, la mort d'Ulysse est relatée dans une autre épopée du Cycle troyen, la Télégonie, attribuée à Eugammon de Cyrène, et dont nous ne connaissons qu'un résumé très postérieur attribué au grammairien Proclos. Selon la Télégonie, Télégonos, fils d'Ulysse et de Circé, fit le voyage à Ithaque avec quelques compagnons pour connaître son père. Ayant été jeté sur les côtes d'Ithaque sans le connaître, il alla faire des vivres avec ses compagnons qui se livrèrent au pillage. Ulysse, à la tête des habitants d'Ithaque, vint pour repousser ces étrangers : il y eut combat sur le rivage, et Télégonos frappa Ulysse d'une lance dont le bout était fait d'un dard venimeux de raie, accomplissant ainsi la prédiction de Tirésias dans l’Odyssée. Ulysse, mortellement blessé, se souvint alors d'un oracle qui l'avait averti de se méfier de la main de son fils ; il s'informa de l'identité de l'étranger et de son origine. Il reconnut Télégonos et mourut dans ses bras. Athéna les consola tous les deux, en leur disant que tel était l'ordre du destin : elle ordonna même à Télégonos d'épouser Pénélope et de porter à Circé le corps d'Ulysse pour lui faire rendre les honneurs de la sépulture.
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Selon les Mémorables[14],[15] de Xénophon, Socrate, éduquant ses disciples à la tempérance en nourriture et en boisson, dit que c’est en excitant à manger sans faim et à boire sans soif, que Circé a changé des hommes en pourceaux. Si Ulysse a échappé à la métamorphose, c’est grâce à l’avertissement d’Hermès et sa tempérance naturelle qu’il s'était abstenu de dépasser la satiété.
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Dans le Phèdre[16],[17] de Platon, Socrate fait de Palamède le sujet d’un jeu de mots dans lequel Nestor et Ulysse deviennent des auteurs d’écrits d’art oratoire.
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Dans une série d'articles parus entre 1965 et 1974 puis regroupés en volume en 1974, les hellénistes Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne ont mis en avant la cohérence d'une notion propre à la pensée grecque : la mètis, une forme d'intelligence rusée à laquelle sont associés des modes d'action, des structures de pensée et des connotations ambivalentes[18]. Les dieux, les héros et les créatures de la mythologie grecque ont recours à la mètis, mais les Grecs la percevaient aussi chez certains animaux et l'associaient à certains domaines de compétence (la chasse, la pêche, l'équitation). Sans avoir le monopole de cette intelligence rusée, Ulysse est l'un des héros qui lui sont le plus étroitement associés. Dans l’Odyssée, il est dit polutropos, « Ulysse aux mille tours », c'est-à-dire aux mille ruses, qui surpasse en ingéniosité tous les autres héros : sa prudence et sa ruse (déguisements, mensonges) lui sauvent la vie à plusieurs reprises au cours de son périple puis de sa vengeance contre les prétendants de Pénélope[19]. Le mot est cependant remis en question par Antisthène, qui dit que l’expression ne loue pas plus qu'elle ne blâme Ulysse.
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Sur le plan symbolique, l'étude des interpolations de textes d'époques et de styles différents dans l’Odyssée montre selon certains auteurs[20] qu'il s'agissait à l'origine d'un parcours initiatique symbolique, transformé par Homère en un récit de voyage géographique rappelant peut-être des courants de navigation antiques entre les Pélasges, les Peuples de la mer, les Phéniciens et l'Asie Mineure. À part Troie et la Sicile, la plupart des lieux cités dans l’Odyssée sont difficiles à identifier.
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D'importantes découvertes archéologiques effectuées dans la grotte de Loïzos à Port Polis, au nord d'Ithaque, permettent d'affirmer qu'un culte héroïque a été rendu à Ulysse[21]. Cette grotte, aujourd'hui à demi-submergée et écroulée à la suite de plusieurs tremblements de terre, a en effet été un sanctuaire depuis l'âge du Bronze ancien jusqu'à l'époque romaine. En tant que sanctuaire, elle était fermée, placée sous l'autorité de prêtres et gardée par des officiers de la cité. On y a retrouvé entre autres les restes de trépieds en bronze, tout semblables à ceux qui furent offerts à Ulysse par les Phéaciens[22], restes exposés aujourd'hui dans le petit musée de Stavros. Dans l'Antiquité, de tels trépieds étaient des objets de prestige et de prix, « exclusivement destinés à des usages cérémoniels dans les palais des princes ou à des usages cultuels dans les temples des dieux » écrit l'ethnologue Jean Cuisenier. Ils constituaient également le prix offert aux vainqueurs des jeux funèbres en l'honneur des héros. Or, au IIIe siècle encore, on célébrait à Ithaque des jeux appelés Ὀδύσσεια, Odysseia, en l'honneur d'Ulysse. L'analyse des bronzes de la grotte Loïzos permet de les dater du VIIIe siècle av. J.-C., ils sont donc très postérieurs à l'époque d'Ulysse, héros du XIIIe siècle av. J.-C.. Des masques en terre cuite hellénistiques ont aussi été découverts et surtout un tesson de terre cuite de masque votif portant en toutes lettres, et parfaitement déchiffrable, une dédicace à Ulysse : ΕΥΧΗΝ ΟΔΥΣΣΕΙ, « prière (ou vœu) à Ulysse ». Ce fragment daté du IIIe-IIe siècle av. J.-C., aujourd'hui célèbre, atteste sans contestation possible qu'en ces lieux un culte était rendu au héros divinisé ou au dieu Ulysse. Le professeur allemand H.G. Buhholz a localisé près de Stavros, au lieu-dit The School of Homer, le sanctuaire d'Ulysse datant de l'époque hellénistique.
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La signification de ce culte est que l’île d'Ithaque était un point de passage obligé pour tous les matelots, capitaines de navires ou chefs d'expéditions en route vers la mer Adriatique, la mer de Sicile ou la mer Tyrrhénienne. Grands navigateurs, les Grecs ont eu besoin de reconnaître des routes maritimes aisément navigables vers l'ouest, de repérer des mouillages, des amers, et de connaître les régimes des vents et des courants. Ulysse lui-même dit que sa navigation est « une recherche des portes (ou passes) de la mer », πόρους ἁλὸς ἐξερεείνων[23]. Dans ces aventures qui précèdent les expéditions pour la fondation de colonies, la grotte a servi à célébrer une liturgie appropriée pour prononcer avant l'embarquement un vœu qu'on imagine identique à celui qu'Ulysse dans sa nostalgie d'Ithaque répète si souvent : « Puissé-je au logis retrouver sains et saufs ma femme et tous les miens ! »[24] ; et en cas de retour heureux, matelots et capitaines pouvaient y déposer une offrande à Ulysse, ce héros du νόστος, du grand retour, « l'homme aux mille ruses », modèle exemplaire de la mètis grecque.
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La localisation de l'Ithaque décrite par Homère a été longtemps débattue : certains auteurs[réf. nécessaire] pensent qu'il s'agit de l'actuelle Céphalonie, et l'Ithaque actuelle pourrait alors être la Phéacie homérique - souvent identifiée dans l'actuelle Corfou - car d'une part un village du nom de Φεάκοι (Phéakoi) était localisé sur l'île, à Platrithrias[25], et d'autre part le nom populaire de l'île, Θιάκη, « Thiaki », pourrait venir de Φεάκια (Phéakia : il ne serait alors pas une déformation d'Ιθάκη - Ithaque). Cependant, il est très probable que l'île actuelle d'Ithaque, qui n'a pratiquement jamais cessé de porter ce nom à travers l'histoire, correspond à l'Ithaque homérique, comme tendent à le prouver les travaux de recherches de plusieurs universitaires grecs[26].
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Depuis longtemps hellénistes et archéologues ont cherché à retrouver les vestiges du palais d'Ulysse. Homère situe ce palais « au pied du mont Néion[27] », et à une hauteur suffisante pour apercevoir les bateaux dans la rade et le port, en distinguant les manœuvres des marins[28]. Des fouilles archéologiques ont été menées par l'École britannique d'Athènes à partir de 1930 sur les hauteurs du village actuel de Stavros, au nord d'Ithaque, au lieu-dit « Platreithrias », en grec Πλατρειθρίας. Le site est familièrement appelé The School of Homer. Au terme de seize ans de recherches, la mission archéologique de l'université de Ioannina conduite par les professeurs d'archéologie préhistorique Athanase Papadopoulos et Litsa Kondorli a annoncé avoir mis au jour le palais du légendaire roi d'Ithaque[29]. Cette découverte a été menée en collaboration avec plusieurs archéologues de réputation internationale, entre autres, le professeur suédois Paul Aström de l'université de Göteborg. Elle s'appuie sur de multiples indices concordants. Les restes de l'important bâtiment qui a été découvert suit le modèle des palais mycéniens de Mycènes, Tirynthe et Pylos ; il est construit sur deux niveaux à onze mètres de profondeur et de différence de hauteur, avec des escaliers taillés à même le rocher au flanc de la colline, ce qui confirme les descriptions de l'Odyssée qui évoque les serviteurs montant et descendant sans cesse les escaliers du palais d'Ulysse ; le bâtiment comporte des assises de pierre de grande taille et il est entouré de murailles fortifiées ; les travaux d'aménagement d'une fontaine en sous-sol ont été formellement datés du XIIIe siècle av. J.-C. par un archéologue spécialiste de l'Université de Munich ; des fragments de poterie d'époque mycénienne et des tablettes de terre cuite en Linéaire B ont été récemment découverts. De ces hauteurs, on a vue sur les rades d'Ormos Polis et de Frikès[30]. En 2011, les fouilles se poursuivaient sur ce site. Cette hypothèse est suffisamment étayée selon les chercheurs pour permettre d'affirmer que ce palais d'époque mycénienne n'a pu appartenir qu'au roi d'Ithaque ; il est connu sous le nom de « palais d'Ulysse », comme celui de Pylos est traditionnellement connu sous le nom de « palais de Nestor »[31].
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Le personnage d'Ulysse n'a cessé d'inspirer poètes et écrivains, tantôt comme personnage de la mythologie, tantôt comme source d'une réécriture ou d'une actualisation du mythe. « De Tennyson[32] (1833) à Moravia[33] (1955), en passant par Pascoli[34] (1904), Joyce[35] (1922), Séféris[36] (1935), Kazantzakis[37] (1938), la fortune moderne du mythe d’Ulysse est à la fois variée, et le plus souvent, pertinente dans ses choix thématiques », écrit Denis Kohler[38]. Les poètes ont mis en avant tour à tour certains aspects de la personnalité d'Ulysse : Dante évoque Ulysse, homme de ruse et de vengeance, au chant XXVI de l'Enfer, première partie de la Divine Comédie :
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« ...et je voulais te demander qui est dans ce feu, si divisé à son sommet qu’on dirait qu’il s’élève du bûcher sur lequel Étéocle fut mis avec son frère ? Il me répondit : « Là dedans sont tourmentés Ulysse et Diomède ; ils sont ensemble emportés par la vengeance, comme ils le furent par la colère[39]. »
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Dans cette scène, Dante invente un ultime voyage fait par Ulysse après son retour à Ithaque et qui le conduit à sa perte : incapable de retenir sa soif de voyage, Ulysse repart avec ses compagnons et explore les mers jusqu'au bout du monde, mais finit englouti au cours d'une tempête par la volonté divine[40]. Dans le poème de Dante, auteur chrétien, Ulysse est coupable du péché de libido sciendi, le désir de connaissance excessif. Mais au cours des siècles suivants, les lecteurs de Dante font d'autres interprétations plus positives de ce passage, surtout à l'époque romantique[41].
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Joachim Du Bellay chante le voyageur au début du sonnet 31 des Regrets avec le célèbre vers : « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage ».
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Au XXe siècle, dans son recueil Alcools, (1920) Apollinaire exalte « le sage Ulysse », fidèle à Pénélope, dans deux strophes de la Chanson du Mal-Aimé. Romanciers et dramaturges ont réinterprété le personnage et son mythe : Ulysse (1922), roman le plus connu de James Joyce, est une transcription de l’Odyssée (organisation en chapitres, symbolisme des aventures…) sur une journée de personnages de Dublin, dont l'artiste qui y joue le rôle de Télémaque. De Le mythe d'Ulysse a aussi inspiré à Jean Giono Naissance de l'Odyssée. Mais dans ce roman, Ulysse est un coureur de jupons qui invente l’Odyssée pour justifier sa longue absence. Le personnage d'Ulysse intervient dans la pièce La guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean Giraudoux (1935) comme l'homme de la négociation, lucide et réaliste. Enfin, dans le roman Ulysse from Bagdad (2008), Éric-Emmanuel Schmitt réinterprète le personnage et les aventures d'Ulysse sous la forme d'un clandestin qui, partant d'Irak, tenterait de gagner Londres. Schmitt opère une réécriture du mythe : il met en scène un voyage de départ (et non pas un retour comme dans l’Odyssée) et recourt à un humour parodique qui rappelle celui de Giraudoux, sans toutefois renoncer au sérieux de son propos sur la condition des immigrants[42]. Ulysse est aussi un des trois personnages de la pièce de Heiner Müller Philoctète, recomposition de la tragédie de Sophocle, où Ulysse contraint Néoptolème, qui le hait, de l'accompagner pour convaincre Philoctète de lui remettre l'arc d'Hercule nécessaire à la victoire des Grecs[43].
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Le chorégraphe français Jean-Claude Gallotta crée en 1981 son œuvre fondatrice, Ulysse, qu'il revisite à de nombreuses reprises tout au long de sa carrière.
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Ulysse apparaît principalement dans des péplums (films à sujets antiques) qui apparaissent très tôt dans l'histoire du cinéma. La plupart sont des adaptations souvent très libres de l’Iliade ou de l’Odyssée. Dès 1905, le Français Georges Méliès réalisé un court métrage muet en noir et blanc intitulé L'Île de Calypso : Ulysse et le Géant Polyphème qui, comme son nom l'indique, fusionne deux épisodes de l’Odyssée. En 1909, Le Retour d'Ulysse, film muet d'André Calmettes et Charles Le Bargy, se concentre sur la seconde moitié de l'épopée avec la vengeance d'Ulysse contre les prétendants[45]. L'un des péplums les plus connus adaptés de l'épopée est Ulysse, péplum italien réalisé par Mario Camerini en 1954, avec Kirk Douglas dans le rôle d'Ulysse. Camerini suit globalement la trame de l'épopée, mais alterne les scènes du voyage d'Ulysse avec quelques scènes se déroulant à Ithaque afin de montrer Pénélope et Télémaque confrontés aux prétendants en l'absence du héros. Surtout, il introduit plusieurs innovations, comme le fait qu'Ulysse feint d'avoir perdu la mémoire lorsqu'il s'échoue sur l'île des Phéaciens, et il fusionne certains épisodes (par exemple l'île de Calypso et le voyage au pays des morts). Plus expérimental, Pink Ulysses, de l'Allemand Eric de Kuyper, sorti en 1990, relate l'épopée dans une esthétique homoérotique[46].
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En 2004, le péplum hollywoodien Troie, de Wolfgang Petersen, adapte très librement l'histoire de la guerre de Troie en s'attardant sur les événements de l’Iliade mais en poursuivant le récit jusqu'à la prise de la ville. Ulysse est interprété par Sean Bean et ses ruses et son pouvoir de persuasion jouent un rôle important dans l'intrigue, qu'il s'agisse de convaincre Achille de rejoindre l'armée ou d'avoir l'idée de la ruse du cheval de Troie.
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En dehors des adaptations de l’Odyssée, Ulysse apparaît dans d'autres péplums aux intrigues entièrement originales. Dans Ulysse contre Hercule, film italien de Mario Caiano sorti en 1962, Ulysse provoque le courroux des dieux en crevant l'œil du Cyclope et ceux-ci envoient Hercule pour le capturer[47].
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En dehors des péplums, Ulysse est parfois évoqué dans d'autres types de films qui peuvent s'inspirer du personnage et de ses aventures en les transposant dans d'autres contextes ou en y faisant simplement allusion. Ainsi, dans Le Retour de Mervyn LeRoy, sorti en 1948, le médecin Ulysses Lee Johnson (Clark Gable) est partagé entre son amour pour son épouse Penny (Anne Baxter ; Penny est le diminutif américain de Pénélope), qui l'attend aux États-Unis, et un amour adultère pour une infirmière rencontrée pendant son séjour loin de chez lui durant la guerre. O'Brother des frères Coen (sorti en 2000) est une transposition libre de l’Odyssée dans le Middle West américain.
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En 1968, le réalisateur italien Franco Rossi réalise la première adaptation de l’Odyssée en série télévisée, sous le titre L'Odyssée, une co-production franco-italo-germano-yougoslave en huit épisodes de 50 minutes qui suit de très près la trame de l'épopée homérique.
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Une mini-série américaine, L'Odyssée, adapte à son tour l'épopée en 1997. Ulysse y est incarné par Armand Assante.
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En 2013, une série franco-italo-portugaise, Odysseus, créée par Frédéric Azémar, réalisé par Stéphane Giusti et diffusée en France sur la chaîne Arte, s'inspire quant à elle de la seconde moitié de l’Odyssée et met en scène le retour d'Ulysse à Ithaque vu par ceux qui l'y attendent, Pénélope, Télémaque et les prétendants à la main de Pénélope. La série imagine ensuite ce qui se passe après la fin de l'épopée et donne une vision assez sombre d'Ulysse, rendu paranoïaque et violent par la guerre et par sa longue errance.
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Le personnage d'Ulysse apparaît aussi dans des séries télévisées d'animation destinées à un public enfantin ou familial. La série animée franco-japonaise Ulysse 31 (1981) transpose très librement les aventures d'Ulysse dans un univers de science-fiction mâtiné de science fantasy situé au XXXIe siècle ap. J.-C. Ulysse voyage dans un immense vaisseau spatial appelé Odysseus en compagnie de son fils Télémaque et de ses compagnons. L'intrigue commence lorsqu'Ulysse quitte la planète Troie pour rentrer sur Terre. Mais au cours du premier épisode, le vaisseau s'égare sur une planète où vit le Cyclope, une machine monstrueuse faisant l'objet d'un culte sanglant ; pour avoir tué le Cyclope, Ulysse et les passagers de l'Odysseus sont condamnés par les dieux à errer dans la galaxie jusqu'à atteindre le royaume d'Hadès. En 2002, une série animée française, L'Odyssée (2002), créée par David Michel, met en scène les aventures d'Ulysse durant son voyage de retour à Ithaque en s'inspirant très librement de l’Odyssée, dans un univers de péplum agrémenté de fantasy.
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Les Français George Pichard et Jacques Lob ont réalisé entre 1966 et 1974 une adaptation en bande dessinée des aventures d'Ulysse qui lorgne vers la science-fiction semi-érotique.
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Ulysse est l'un des personnages récurrents de la série Les petits mythos. Créée par Christophe Cazenove et Philippe Larbier, cette série d'albums humoristiques[48] parait depuis 2012 chez Bamboo édition.
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Ulysse apparaît dans la série de bandes-dessinées pour la jeunesse Télémaque écrite par Kid Toussaint et dessinée par Kenny Ruiz[49], parue chez Dupuis dès 2018[50].
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Deux astéroïdes sont nommés d'après Ulysse : (1143) Odyssée (d'après son nom grec) et (5254) Ulysse (d'après sa forme latinisée).
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Un quasar (source de rayonnement quasi-stellaire, quasi-stellar radiosource en anglais, ou plus récemment « source de rayonnement astronomique quasi-stellaire », quasi-stellar astronomical radiosource) est un noyau de galaxie extrêmement lumineux (noyau actif). Les quasars sont les entités les plus lumineuses de l'Univers. Bien qu'il y ait d'abord eu une certaine controverse sur la nature de ces objets jusqu'au début des années 1980, il existe maintenant un consensus scientifique selon lequel un quasar est la région compacte entourant un trou noir supermassif au centre d'une galaxie massive. Leur taille est de 10 à 10 000 fois le rayon de Schwarzschild du trou noir. Leur source d'énergie provient du disque d'accrétion entourant le trou noir.
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Avec les télescopes optiques, la plupart des quasars ressemblent à de petits points lumineux, bien que certains soient vus comme étant les centres de galaxies actives (couramment connus sous l'abréviation AGN, pour Active Galaxy Nucleus). La majorité des quasars sont beaucoup trop éloignés pour être vus avec de petits télescopes, mais 3C 273, avec une magnitude apparente (ou relative) de 12,9, est une exception. À 2,44 milliards d'années-lumière, c’est un des objets lointains observables avec un équipement d’amateur.
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Certains quasars montrent de rapides changements de luminosité, ce qui implique qu’ils sont assez petits (un objet ne peut pas changer plus vite que le temps qu’il faut à la lumière pour voyager d’un bout à l'autre ; voir l'article sur le quasar J1819+3845 pour une autre explication). Le quasar ULAS J1120+0641, observé en 2011[1], est longtemps resté le plus lointain jamais observé, à z = 7,09 (donc à environ 12,9 milliards d'années-lumière de la Terre). Fin 2017 est annoncée l'observation du quasar ULAS J1342+0928, à z = 7,54 ; ce quasar a une luminosité bolométrique de 4 × 1014 L⊙ et est interprété comme un trou noir de 8 × 108 M⊙[2].
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On pense que les quasars gagnent en puissance par l’accrétion de matière autour des trous noirs supermassifs qui se trouvent dans le noyau de ces galaxies, faisant des « versions lumineuses » de ces objets connus comme étant des galaxies actives. Aucun autre mécanisme ne parait capable d’expliquer l’immense énergie libérée et leur rapide variabilité.
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Un phénomène encore inexpliqué à ce jour autour des quasars existe : certaines galaxies « relativement tranquilles » passent tout à coup au stade de quasars actifs, et ceci en quelques mois à peine[3][source insuffisante].
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Le substantif masculin[4],[5],[6] quasar est un emprunt[4],[5] à l'anglais[4],[5] américain[6],[7] quasar, un substantif[8] de même sens[4],[8], attesté en 1964[5],[9],[10]. Sa plus ancienne occurrence connue[11],[12] se trouve dans un article de l'astrophysicien sino-américain Hong‐Yee Chiu relatif à l'effondrement gravitationnel et paru dans la revue Physics Today en mai 1964[13]. C'est un mot-valise[14], contraction[15] de l'adjectif[16] quasi-stellar (« quasi-stellaire »), abréviation de quasi-stellar radio source (« source d'émission radio quasi-stellaire ») par adjonction de quas- — de quasi — à -ar — de stellar.
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En français, le mot quasar est employé dès 1965[5],[17], avec sa première occurrence publique connue dans « Les monstres du Cosmos », un article de Pierre-Charles Pathé paru dans Le Nouvel Observateur le 7 janvier 1965[5],[17],[18].
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Un quasar est composé de trois grandes parties principales[19][source insuffisante] :
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On recense plus de 100 000 quasars (113 666 d'après le plus grand catalogue en 2006[22]). Tous les spectres observés montrent des décalages vers le rouge allant de 0,06 à 6,4 (voir la loi de Karlsson). Par conséquent, tous les quasars connus se situent à de très grandes distances de nous, le plus proche de nous étant à environ 240 Mpc (∼783 millions d'a.l.) et le plus éloigné étant à environ 4 Gpc (∼13 milliards d'a.l.), aux limites de l’univers observable[23].
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Quoique faibles quand ils sont observés optiquement (leur décalage vers le rouge élevé implique que ces objets s'éloignent de nous) les quasars sont les objets les plus brillants connus dans l’Univers[24][source insuffisante]. Le quasar qui apparait le plus brillant dans notre ciel est l'hyper-lumineux 3C 273, dans la constellation de la Vierge. Il a une magnitude apparente d’environ 12,9 (assez brillant pour être vu avec un petit télescope) mais sa magnitude absolue est de −26,7. Cela veut dire qu’à une distance de 10 pc (~ 33 années-lumière), cet objet luirait dans le ciel aussi fortement que le Soleil. La luminosité de ce quasar est donc 2 × 1012 fois plus forte que celle du Soleil, ou environ 100 fois plus forte que la lumière totale d’une galaxie géante, telle que notre Voie lactée.
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Le quasar super-lumineux APM 08279+5255 avait, lorsqu’on l'a découvert en 1998, une magnitude absolue de −32,2, quoique les images à haute résolution des télescopes Hubble et Keck révèlent que ce système est gravitationnellement grossi. Une étude du grossissement gravitationnel dans ce système suggère qu'il a été amplifié par un facteur d’environ 10. Cela est encore beaucoup plus lumineux que les quasars tout proches tels que 3C 273. On pensait que HS 1946+7658 avait une magnitude absolue de −30,3, mais lui aussi était mis en valeur par l’effet de grossissement gravitationnel.
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On a découvert que les quasars variaient en luminosité sur différentes échelles de temps. Certains varient en brillance tous les x mois, semaines, jours ou heures. Cette découverte a permis aux scientifiques de théoriser le fait que les quasars génèrent et émettent leur énergie dans une petite région, puisque chaque partie de quasar doit être en contact avec d’autres parties sur une échelle de temps pour coordonner les variations de luminosité. Ainsi, un quasar dont la luminosité varie sur une échelle de temps de quelques semaines ne peut être plus grand que quelques semaines-lumière.
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Les quasars montrent beaucoup de propriétés comparables à celles des galaxies actives : le rayonnement est non-thermique et quelques-uns ont des jets et des lobes comme ceux des radiogalaxies. Les quasars peuvent être observés sur de nombreuses régions du spectre électromagnétique : les ondes radio, les infrarouges, la lumière visible, les ultraviolets, les rayons X et même les rayons gamma.
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La plupart des quasars sont les plus brillants dans le domaine du proche ultraviolet (~ 121,6 nanomètres, ce qui correspond à la raie d'émission Lyman-α de l'hydrogène) dans leur référentiel propre, mais à cause des décalages vers le rouge considérables de ces sources, le pic de luminosité a été observé aussi loin que 900 nanomètres, soit dans le très proche infrarouge.
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Les quasars de fer montrent des raies d’émission très fortes résultant du fer ionisé, tel que IRAS 18508-7815.
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Comme les quasars montrent des propriétés communes à toutes les galaxies actives, beaucoup de scientifiques ont comparé les émissions des quasars et celles des petites galaxies actives due à leur similarité. La meilleure explication pour les quasars est qu’ils deviennent puissants grâce aux trous noirs supermassifs. Pour créer une luminosité de 1040 W (la brillance typique d'un quasar), un trou noir supermassif devrait consumer la matière équivalente de 10 étoiles par an. Les quasars les plus brillants sont connus pour dévorer 1 000 masses solaires de matière par an. Les quasars sont connus pour s’allumer ou s’éteindre selon leur environnement. Une des implications est qu’un quasar ne pourrait, par exemple, continuer de se nourrir à ce rythme pendant 10 milliards d'années. Ce qui explique plutôt bien pourquoi il n’y a aucun quasar près de nous. Dans ce cas de figure, lorsqu’un quasar a terminé d’avaler du gaz et de la poussière, il devient une galaxie ordinaire.
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Les quasars fournissent également des indices quant à la fin de la réionisation du Big Bang. Les plus vieux quasars (z > 4) montrent une onde Gunn-Peterson et des régions d’absorption devant eux, indiquant que le milieu intergalactique était fait de gaz neutre, à ce moment-là. Des quasars plus récents montrent qu’ils n’ont aucune région d’absorption mais plutôt des spectres contenant une zone avec un pic connu sous le nom de forêt Lyman-α. Cela indique que l’espace intergalactique a subi une réionisation dans le plasma, et que le gaz neutre existe seulement sous la forme de petits nuages.
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Une autre caractéristique intéressante des quasars est qu’ils montrent des traces d’éléments plus lourds que l’hélium. Cela indique que ces galaxies ont subi une importante phase de formation d’étoiles créant une population III d'étoile, entre l’époque du Big Bang et l’observation des premiers quasars. La lumière de ces étoiles a pu être observée grâce au télescope spatial Spitzer de la NASA (quoique fin 2005, cette interprétation demande encore à être confirmée).
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Les premiers quasars furent découverts avec des radiotélescopes vers la fin des années 1950. Beaucoup furent enregistrés comme des sources radio sans objet visible associé. En utilisant de petits télescopes et le télescope Lovell comme interféromètre, on a remarqué qu’ils avaient une très petite taille angulaire. Des centaines de ces objets ont été répertoriés dès 1960 et répertoriés dans le Third Cambridge Catalogue. En 1960, la source radio 3C 48 fut finalement reliée à un objet optique. Les astronomes détectèrent ce qui paraissait être une pâle étoile bleue à l’endroit des sources radios et obtinrent son spectre. Contenant énormément de raies d’émission inconnues — le spectre irrégulier défiait toute interprétation — la revendication de John Bolton parlant d’un grand décalage vers le rouge ne fut pas acceptée.
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En 1962, une percée fut accomplie. Une autre source radio, 3C 273, allait subir cinq occultations par la Lune. Les mesures effectuées par Cyril Hazard et John Bolton durant l’une des occultations en utilisant le radiotélescope de Parkes permirent à Maarten Schmidt d’identifier l’objet du point de vue optique. Il obtint un spectre optique en utilisant le télescope Hale (5,08 m) du mont Palomar. Ce spectre révéla les mêmes raies d’émission étranges. Schmidt réalisa que c’étaient les raies de l’hydrogène redshiftées (décalées vers le rouge) de 15,8 % ! Cette découverte démontra que 3C 273 s’éloignait à la vitesse de 47 000 km/s. Cette découverte révolutionna l’observation des quasars et permit à d’autres astronomes de trouver des redshifts émanant des raies d'émission et venant d’autres sources radio. Comme Bolton l’avait prédit plus tôt, 3C 48 s’avéra avoir un décalage vers le rouge équivalent à 37 % de la vitesse de la lumière.
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Le mot « quasar » fut inventé par l’astrophysicien chinois⇔sino-américain Hong-Yee Chiu (en) dans la revue Physics Today, pour désigner ces intrigants objets qui devenaient populaires peu après leur découverte, mais qui se désignaient alors par leur appellation complète (quasi-stellar radio source) :
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« Pour l'instant, le mot plutôt maladroit et indéterminable de « quasi-stellar radio source » est utilisé pour décrire ces objets. Comme la nature de ces objets nous est complètement inconnue, il est difficile de leur donner une nomenclature courte et appropriée, même si leurs propriétés essentielles viennent de leur nom. Par esprit pratique, la forme abrégée « quasar » sera utilisée tout au long de cet article. »
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— Hong-Yee Chiu, Physics Today, Mai 1964
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Plus tard, on découvrit que certains quasars (en fait, seulement ~10 %) n’avaient pas de fortes émissions radio. De là, le nom de « QSO » (quasi-stellar object[25]) utilisé (en plus du mot « quasar ») en référence à ces objets[26][source insuffisante],[27][source insuffisante], comprenant la classe des radio-fort et des radio-silencieux.
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Le grand sujet de débat dans les années 1960 était de savoir si les quasars étaient des objets proches ou lointains comme le suppose leur redshift. On suggéra, par exemple, que le redshift des quasars n’était pas dû à l’effet Doppler, mais plutôt à la lumière s’échappant d’un puits gravitationnel profond. Cependant, une étoile avec une masse suffisante pour former un tel puits serait instable. Les quasars montrent également des raies spectrales inhabituelles, auparavant visibles sur une nébuleuse chaude de basse densité, qui serait trop diffuse pour générer l’énergie observée et pour accéder au profond puits gravitationnel. Il y eut également de sérieux soucis en ce qui concerne l’idée de quasars cosmologiques lointains. Un des principaux arguments en leur défaveur était qu’ils impliquaient des énergies qui excédaient les processus de conversion connus, y compris la fusion nucléaire. Ces objections se sont effacées avec la proposition d’un mécanisme de disque d’accrétion, dans les années 1970. Et aujourd’hui, la distance cosmologique des quasars est acceptée par la majorité des chercheurs.
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En 1979, l’effet de lentille gravitationnelle prédit par la théorie de la relativité générale d’Einstein fut confirmée lors de l’observation des premières images du double quasar 0957+561.
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Dans les années 1980, des modèles unifiés furent développés dans lesquels les quasars étaient vus simplement comme une classe de galaxies actives, et un consensus général a émergé : dans beaucoup de cas, c’est seulement l’angle de vue qui les distingue des autres classes, tels que les blazars et les radiogalaxies. L’immense luminosité des quasars serait le résultat d’une friction causée par le gaz et la poussière tombant dans le disque d’accrétion des trous noirs supermassifs, qui peut transformer en énergie de l’ordre de 10 % de la masse d’un objet (à comparer à 0,7 % pour l'énergie produite lors du processus p-p de fusion nucléaire qui domine la production d'énergie dans les étoiles comme le Soleil)[28].
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Ce mécanisme explique aussi pourquoi les quasars étaient plus communs lorsque l’Univers était plus jeune, comme le fait que cette production d’énergie se termine lorsque le trou noir supermassif consume tous les gaz et toutes les poussières se trouvant près de lui. Cela implique la possibilité que la plupart des galaxies, dont notre Voie Lactée, soient passées par un stade actif (apparaissant comme étant des quasars ou une autre classe de galaxie actives dépendant de la masse du trou noir et de son disque d’accrétion) et soient maintenant paisibles car elles n’ont plus de quoi se nourrir (au centre de leur trou noir) pour générer des radiations.
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4 (quatre) est l'entier naturel qui suit 3 et qui précède 5.
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Le préfixe du Système international pour 4 est tétra.
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Les Romains représentaient les chiffres en montrant le nombre de doigts simplifiés nécessaire. Les trois premiers chiffres ont conservé jusqu'au bout ce graphisme. Le cinq était une main ouverte symbolisée par ses deux doigts extrêmes, ce que nous croyons être la lettre V. Le quatre dessiné sous forme de quatre doigts[1] a évolué en une main avec un doigt à gauche, donc 5-1, distinct de 5+1, une main avec un doigt à droite que nous appelons 6. Il est évident que 10 est somme des deux mains qui, dessinées dos à dos nous semblent la lettre X.
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La numération romaine était exclusivement décimale, ce que montre l'organisation des légions composées de centuries (groupes de cent hommes) commandées par des centurions, divisées en décuries (groupes de dix hommes) commandées par des décurions. Ailleurs les choses se passent tout autrement.
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Représenter « 1 », « 2 » et « 3 » avec autant de barres que ce que le chiffre représente était raisonnable, mais avec le chiffre 4, écrire quatre traits commençait à devenir fatigant. Les brahmanes indiens simplifièrent 4 en joignant ses quatre lignes en une croix qui ressemble à notre signe moderne plus. Les Sungas et d'autres Hindous auraient ajouté une ligne horizontale au sommet du chiffre, les Kshatrapas et Pallava l'ont amélioré au point où la vitesse d'écriture devenait correcte. Les Arabes n'avaient pas de temps pour faire des cursives fantaisistes : leur 4 a encore le concept primaire de la croix mais, pour conserver la rapidité d'écriture, ils l'ont résumé en une boucle connectant la fin de gauche avec la fin du haut ; la fin de droite était complétée d'une courbe. Les Européens enlevèrent la courbe finale et ont rendu graduellement le chiffre moins cursif, en finissant avec un glyphe qui aurait pu être amélioré d'une manière beaucoup plus simple que la route bouleversée qu'il avait prise : en prenant simplement la croix des brahmanes et ajoutant une ligne pour connecter les extrémités gauche et supérieure.
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La graphie « 4 » n'est pas la seule utilisée dans le monde ; un certain nombre d'alphabets — particulièrement ceux des langues du sous-continent indien et du sud-est asiatique — utilisent des graphies différentes.
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graphie du nombre 4 sur un afficheur 7 segments.
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Une figure plane de quatre côtés est un quadrilatère, quelquefois appelé sous forme grecque tétragone (cas particulier : trapèze).
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Un solide de quatre faces est un tétraèdre. Un tétraèdre régulier est le plus simple des solides de Platon. Il peut aussi être appelé un 3-simplexe, il possède quatre faces triangulaires et quatre sommets.
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Le théorème des quatre couleurs, démontré en 1976, établit qu'un graphe planaire (ou, de manière équivalente, une carte plate à deux dimensions avec des régions, telles que les pays) peuvent être colorées en utilisant au plus quatre couleurs, donc les régions adjacentes sont toujours de couleurs différentes (trois couleurs ne sont pas suffisantes en général).
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Le théorème des quatre carrés de Joseph-Louis Lagrange établit que tout entier naturel peut être écrit sous la forme d'une somme de quatre carrés (trois ne sont pas toujours suffisants).
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Un entier naturel est divisible par 4 si et seulement s’il est la différence des carrés de deux entiers naturels de même parité, car (m + n)2 – (m – n)2 = 4mn.
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Les puissances entières successives de 4 sont : 1, 4, 16, 64, 256, 1024, 4096…
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Le chiffre 4 est le grand chiffre magique de toutes les civilisations d'Amérique centrale : 4 âges pour la terre, 4 saisons, 4 races, 4 groupes sanguins, 4 points cardinaux, 4 couleurs de références (variables selon les tribus), 4 animaux symboles de pouvoir (ours, aigle, souris, bison), 4 montagnes pour marquer leur territoire, 4 faces pour les pyramides, etc.
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En raison de cela, beaucoup de numéros de série évitent le « quatre » : c'est-à-dire qu'il n'existe pas de série commençant par 4 ; par exemple, les PDA sous Palm OS, les téléphones portables Nokia etc. De même, les bâtiments ayant plus de 4 étages ne comportent pas de 4e étage, il est souvent évité ou remplacé par 3A ou 3B. Ainsi, dans les ascenseurs en Asie de l'Est, il n'existe pas de bouton reliant directement ledit 4e étage.
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