10I4CE - Avril 20242. Le niveau de réchauffement compte aussiLe choix du niveau de réchauffement affecte direc-tement l’ampleur du problème à considérer – plus il est élevé et plus le stock d’actifs exposés et vulnérables – les kilomètres de voies ou de routes, le nombre de ponts ou de bâtiments, le nombre d’hectares de cultures – s’avère im-portant. Par exemple : alors que 48 % du parc de bâtiments en France hexagonale seraient exposés à un risque fort ou très fort avec un réchauffement de +2° C, la proportion pas-serait à 93 % à +4° C.Il est souvent impossible à date de qualifier préci-sément jusqu’à quel niveau de réchauffement les différentes options d’adaptation restent efficaces. Certaines mesures d’optimisation de l’irrigation peuvent par exemple être efficaces dans un premier temps puis insuf-fisantes pour maintenir le rendement de cultures si la res-source disponible est trop faible. Au-delà de certains ni-veaux de réchauffement, il est même probable qu’aucune option d’adaptation efficace ne soit disponible (ou alors pour des coûts extrêmement élevés) et que l’on atteigne ce que le GIEC qualifie de « limites à l’adaptation5 ».Décider en fonction de la durée de vie de chaque inves-tissement permet de considérer le bon niveau de réchauf-fement au bon moment et de conserver ainsi des marges de manœuvre. Pour certaines décisions facilement réversibles ou certains cycles d’investissement courts, il est possible de ré-évaluer périodiquement le niveau d’effort en fonction des niveaux de réchauffement réel. Une nouvelle occasion d’inter-venir se présentera et il sera possible de ré-évaluer si nécessaire le besoin de robustesse à ce moment-là. Tenir compte de niveaux de réchauffement élevés qui ne seraient de toutes façons pas atteints avant plusieurs décennies présenterait peu d’intérêt. Les chaussées routières sont par exemple renouvelées tous les 15 à 20 ans, ce qui laisse plusieurs occasions pour élever progressivement les standards. Pour d’autres décisions, impli-quant de fortes irréversibilités, il est largement plus robuste de tenir compte maintenant d’un réchauffement de +4° C en 2100. Il est par exemple fort peu probable qu’une deuxième campagne massive de rénovation des logements déjà construits soit menée d’ici la fin du siècle. Cela est d’autant plus important lorsque le risque de surinvestissement est bien inférieur aux conséquences d’un sous-investissement6. 5. « Point à partir duquel les objectifs d’un acteur (ou les besoins d’un système) ne peuvent se prémunir de risques intolérables par la prise de mesures d’adaptation ». GIEC, 2022. Annex II : Glossaire. Dans Changement Climatique 2022 : Impacts, adaptation et vulnérabilité. Contribution du Groupe de travail II au sixième Rapport d’évaluation du GIEC.6. Par exemple dans le cas – qui sort du périmètre des thématiques abordées ici - des installations nucléaires : l’ampleur des conséquences potentielles d’un incident généré par un aléa climatique invite à prévoir même les situations les moins probables. Il peut même être pertinent dans ces cas-là de considérer dès maintenant des scénarios de réchauffement encore plus importants qui, s’ils sont aujourd’hui jugés moins probables restent possibles. Voir par exemple. Sénat. 2023. « Pour une approche systémique de l’adaptation des centrales nucléaires au changement climatique. »QUEL HORIZON PRENDRE EN COMPTE POUR QUELLE DÉCISION ?@I4CE_Les opérations de mainte-nance courante ; de remplace-ment à l’identique de systèmes à courte durée de vie.Les opérations de rénovation énergétique globale.Les opérations de construc-tion neuve, les opérations de modernisation majeure, les opé-rations impliquant du réaména-gement d’espaces publics ; les programmes de R&D. Les décisions d’investisse-ment courantes. Les choix stratégiques opérés lors de l’installation ou de la trans-mission des exploitations. Les investissements dans le dévelop-pement de filières (formations, marques, réseaux et outils de transformation). Programmes de R&D, portant notamment sur les cultures pérennes. L’organisation de la mainte-nance et de la gestion de crise.Certaines opérations comme le renouvellement des chaus-sées routières qui ont des durées de vie de 15 à 20 ans. Le développement de nouvelles infrastructures et les grosses opé-rations de renouvellement ou de modernisation, par exemple des voies ferrées ou des ouvrages d’art.DURÉE DE VIE DES INVESTISSEMENTS2030205021002°C10 ans20 à 30 ansSupérieurs à 30 ans2,7°C4°CNIVEAU DE RÉCHAUFFEMENT |