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De la France des années 1970 au Japon de 2009, deux écritures, une même pièce
"Par-dessus bord", de Vinaver, devenue "Tori no tobu takasa" dans l'adaptation d'Oriza Hirata, a été créée à Kyoto et Tokyo. Les secrets d'une réussite, à découvrir en France dès janvier.
Prenez une pièce française écrite en 1970, parlant de la France de 1970. Transposez-la au Japon, aujourd'hui. La pièce, c'est Par-dessus bord, sommet d'une oeuvre que le dramaturge Michel Vinaver, 83 ans aujourd'hui, et longtemps cadre dirigeant puis patron de l'entreprise Gillette-France, a tout entière consacrée à l'"homo economicus" contemporain. Montée au Japon en juin 2009 par le jeune metteur en scène français Arnaud Meunier, Par-dessus bord est devenue Tori no tobu takasa, ce qui veut dire, peu ou prou, "la hauteur à laquelle volent les oiseaux". Entre les deux titres, il y a tout le travail d'adaptation réalisé par un autre dramaturge, le Japonais Oriza Hirata, que l'on connaît bien en France, où ses pièces (Tokyo Notes, Gens de Séoul...) sont régulièrement jouées. L'enjeu, c'était de passer de la France des années 1960 au Japon de 2009 "sans toucher à l'intégrité de l'oeuvre originale", explique Michel Vinaver. Pour le dramaturge français, ce Tori no tobu takasa créé à Kyoto et Tokyo en juin 2009, et que l'on peut voir pour cette rentrée en France, est une totale réussite : "C'est devenu autant une pièce d'Oriza Hirata que de Michel Vinaver", constate, amusé, l'auteur de Par-dessus bord. Lequel, à son tour, a traduit en français la pièce réinventée par Hirata... C'est le metteur en scène Arnaud Meunier, animateur de la Compagnie de la mauvaise graine, qui est à l'origine de la rencontre entre les deux dramaturges. Presque quarante années les séparent, mais ce fut le coup de foudre. "Il y a une parenté forte entre nous sur ce qui nous pousse à écrire du théâtre, explique Vinaver qui dit s'être trouvé avec Hirata un "petit frère" en écriture : partir de l'indistinct, du banal, de ce qui en apparence n'a pas d'importance." "Les deux écritures ont le même sens de l'ironie comme moteur dramaturgique", souligne Arnaud Meunier qui, quand on lui a proposé de retravailler au Japon, où il avait déjà mis en scène une autre pièce de Vinaver, La Demande d'emploi, en collaboration avec la compagnie de théâtre qu'anime Oriza Hirata, a proposé à ce dernier d'adapter la pièce, plutôt que de se contenter d'une simple traduction. L'auteur de Tokyo Notes a été immédiatement emballé : au Japon, pays qui a pourtant fait de la vie économique son centre de gravité, aucun artiste ne s'est jusque-là attaqué à ce type de sujet. "Hirata trouvait aussi que la pièce avait de grandes résonances contemporaines, poursuit Arnaud Meunier. Le rachat de Nissan par le français Renault, notamment, y a été vécu comme un traumatisme national." Restait l'adaptation elle-même d'une pièce riche et complexe, qui superpose différents plans, économique, historique, mythologique, etc. Par-dessus bord raconte, par la voix d'un jeune cadre, Passemar, la vie d'une petite entreprise familiale française de papier toilette, Ravoire et Dehaze, rachetée par une multinationale américaine. Michel Vinaver en a fait le miroir de l'évolution de la société française au tournant de 1968, sous les effets de la mondialisation naissante. Passemar suit les cours d'un professeur de mythologie nordique qui doit beaucoup au grand Georges Dumézil, et qui donne à la pièce sa dimension d'épopée du capitalisme contemporain. Au coeur de sa dimension historique s'inscrit un autre personnage : Alex Klein, jeune juif rescapé des camps, représentatif des radicalités politiques et artistiques de la fin des années 1960. Autant d'éléments impossibles à décalquer dans le Japon de 2009. A commencer par cette histoire de papier toilette qui, pour Vinaver, n'est pas un simple élément de dérision pour faire carburer la comédie, mais aussi une métaphore du recyclage capitaliste, qui jette "par-dessus bord" les éléments inaptes à l'adaptation. Or, au Japon, le papier toilette ne fait pas partie des usages. Ravoire et Dehaze est donc devenue Saruwatari, entreprise fabriquant des cuvettes de WC high-tech nettoyantes et séchantes, laquelle entreprise est rachetée... par un groupe français. La question de la Shoah, dont les traces ne sont évidemment pas les mêmes dans l'inconscient collectif au Japon qu'en France, était particulièrement délicate. Après avoir longuement cherché un équivalent, notamment autour de la Corée, Hirata a choisi de faire du personnage d'Alex un jeune rescapé du génocide rwandais. "Cela nous permet, explique Arnaud Meunier, d'aborder la question du Noir, de l'étranger radical, très taboue dans la société japonaise." Mais pourquoi ce titre, "La hauteur à laquelle volent les oiseaux" ? Pour comprendre, il faut voir Tori no tobu takasa, comédie sur le capitalisme d'aujourd'hui, tel qu'il a évolué depuis 1970, quand Michel Vinaver écrivait sa pièce originelle. Tori no tobu takasa, de Michel Vinaver, adaptation d'Oriza Hirata. Mise en scène : Arnaud Meunier. Du 19 au 22 janvier au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines ; les 28 et 29 janvier au Forum du Blanc-Mesnil ; du 1er au 5 février au Théâtre le Point du jour, à Lyon ; du 15 au 20 février au Théâtre de la Ville-Théâtre des Abbesses, à Paris. En japonais surtitré et en français. Fabienne Darge
16/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/16/de-la-france-des-annees-1970-au-japon-de-2009-deux-ecritures-une-meme-piece_1292674_3246.html
Charles Dantzig, écrivain
Sollicité par "Le Monde", il nous explique pourquoi il ira voir "Gainsbourg (vie héroïque)", le film de Joann Sfar.
es poèmes ("La Diva aux longs cils"). Sollicité par "Le Monde", il nous explique pourquoi il ira voir "Gainsbourg (vie héroïque)", le film de Joann Sfar. "Dans une insomnie, j'ai vu un reportage télévisé sur Gainsbourg (vie héroïque). Il n'est pas sûr que ce soit le meilleur moyen de juger, encore que, avec un noctambule comme Gainsbourg, ce soit peut-être idéal. Cette imitation vaseuse de la vie éveillée correspond à la vie vaseuse qu'il semble, par moments, avoir eue. Et je regardais l'acteur imiter les bronchements de son modèle, comme quand un cheval lève la tête par à-coups. C'est un geste de timide. Il se rassure lui-même bien plutôt qu'il ne tente de s'imposer à l'autre. Et je regardais Laetitia Casta imiter la diction néo-enfantine de Brigitte Bardot, et je regardais Anna Mouglalis interprétant Greco. "Tiens ? Elle a des allures de Veronica Lake..." C'est à ce moment-là que je me suis dit que le cinéma est un art qui imite, non pas la vie, contrairement à ce qu'on pense souvent et en particulier à cause des biopics, mais l'art. Chaque acteur est un corps qui semble destiné à reproduire à la fois un genre et un type physique. Un autre exemple est Russell Crowe. On dirait qu'il est le rafraîchissement du type précédemment incarné par Richard Burton, lequel réanimait un acteur plus ancien. Les acteurs sont de merveilleux avatars. Le cinéma lui-même se perpétue par imitation à l'infini de modèles initiaux. Ce qui n'a rien d'amoindrissant. Un universitaire de la fin du XIXe siècle avait fait le décompte de toutes les situations qu'on trouvait dans le théâtre depuis son origine et il en avait, je crois, trouvé vingt-sept. Que la création soit une variation n'aurait pas choqué Gainsbourg. Avec son cynisme, il savait piocher dans des oeuvres anciennes. La belle chanson qu'il a écrite à Jane Birkin, Amour des feintes est inspirée d'Au jardin de l'Infante, un bon poème d'Albert Samain très aimé de nos arrière-grands-mères ("Mon âme est une infante en robe de parade..."). Et on connaît le nombre de chansons qu'il a écrites sur des airs du répertoire classique. C'était un de ses talents de savoir rafraîchir des arts fânés. Et comme étaient classiques, néo-Klimt, me disais-je en les regardant d'un oeil brouillé, ses dessins ! Ça ne l'empêchait pas d'avoir de l'inventivité et une grande imagination de forme. Un biopic saura-t-il montrer cela ? Gainsbourg était fait pour Douglas Sirk. Le sens ou plutôt le style de sa vie aurait été magnifié par l'exagération de l'auteur d'Imitation of Life, qui bien sûr faisait tout sauf des imitations de la vie. Je crois que Gainsbourg aimait Hollywood et ses divins mensonges, me suis-je dit en me rendormant sur l'air de "Fuir le bonheur de peur qu'..."" Gainsbourg (vie héroïque), en salles mercredi 20 janvier.
16/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/16/charles-dantzig-ecrivain_1292673_3476.html
Devant les assises de Meurthe-et-Moselle, silences et douleurs sourdes au procès d'un père infanticide
Xavier Haristoy a été condamné, vendredi, à vingt ans de prison pour l'empoisonnement de son fils.
Le samedi 2 juillet 2005, en fin d'après-midi, lorsqu'il conduit son petit garçon de 5 ans aux urgences du CHU de Nancy, Xavier Haristoy vient de lui faire boire un gobelet contenant de l'azoture de sodium. C'est un des toxiques les plus puissants, proche du cyanure, conservé dans des flacons à tête de mort dans la pharmacie de l'hôpital. Pendant sept heures, l'équipe médicale de l'hôpital d'enfants va se battre contre un ennemi qui ne dit pas son nom : le petit garçon présente des signes neurologiques rares, respiratoires, pulmonaires et cardio-vasculaires associés. Xavier est terrifié, mais il se tait. Il ne mettra pas les médecins sur la piste d'une intoxication. Vers 1 heure du matin, Alexis meurt, laissant les médecins dans la perplexité, compte tenu du tableau clinique insolite auquel ils étaient confrontés. La cour d'assises de Meurthe-et-Moselle, présidée par Michel Iogna-Prat, a jugé, depuis le 12 janvier, Xavier Haristoy, 36 ans, microbiologiste à la pharmacie de l'hôpital de Nancy pour avoir empoisonné son fils Alexis, et avoir tenté d'empoisonner son ex-épouse, Carinne, qui en a réchappé au printemps 2005. A l'époque du drame, l'univers de Xavier Haristoy, fils de famille parfait, né dans le Bordelais, étudiant doué et solitaire, père fusionnel et exclusif, s'effondrait sous ses pieds. Carinne, lassée du manque de communication dans le couple et de la froideur de son mari, s'était éloignée et avait fini par demander le divorce. La garde alternée avait été refusée. L'enfant vivait désormais avec Carinne à Pontarlier, où elle avait trouvé un emploi, pharmacienne comme son mari. "Rendre un peu malade" Pendant les deux premiers jours du procès d'où il émanait une tension sourde, Xavier Haristoy n'a pas ouvert la bouche. Au président qui lui donnait la parole dans les premiers instants, il avait déclaré d'un ton neutre : "Je reconnais être coupable de la mort de mon fils Alexis, mais en aucun cas avoir voulu empoisonner mon épouse." Aucune réaction quand psychiatres et psychologues ont disserté sur le mobile de son geste, quand les toxicologues se sont interrogés sur le paradoxe qu'il y a à administrer un produit potentiellement mortel à un enfant qu'il voulait seulement "rendre un peu malade" pour discréditer la mère. Quand Carinne avait appris que l'enfant était aux urgences, elle avait foncé à l'hôpital, en repoussant de toutes ses forces l'idée que Xavier ait pu empoisonner Alexis, convaincue d'avoir fait elle-même l'objet d'un empoisonnement quelques mois plus tôt. Elle cherchait alors "toutes les autres explications rationnelles, un traumatisme crânien après une chute, une méningite". C'est sa propre expérience qui, ajoutée aux interrogations des médecins, va permettre de confondre le père. "Sinon, c'était le poison parfait pour un crime parfait", note Me Hélène Strohmann, avocate de la mère. Lorsque Michel Iogna-Prat lui a posé, enfin, la question "pourquoi avoir tué l'être qui lui était le plus cher ?", Xavier Haristoy s'est levé, et sur un ton égal, d'une voix parfois peu audible, a raconté au présent comment il a tué son fils. Il se revoit, balayant du regard l'armoire contenant les produits, choisissant celui-là, qui n'est pas celui qu'il connaît le mieux. "A ce moment-là, je ne pense pas à mon fils... Au moment où je pourrais m'arrêter et me rendre compte de l'horreur, je verse le produit... Je sais ce que je fais mais c'est comme si j'oubliais qui je suis..." "Quand même, la tête de mort !", s'exclame le président. "Je n'étais pas dans mon état normal. Quand je suis dans mon état normal, je veux qu'il vive et qu'il soit heureux", murmure l'accusé. Me Hélène Strohmann le bouscule : "Croyez-vous qu'on va se satisfaire de ces explications, vous choisissez un produit en sachant qu'il est mortel... Est-ce parce que c'est trop difficile à dire que vous ne pouvez pas dire que vous avez voulu tuer Alexis ?" Elle n'aura pas de réponse. Xavier Haristoy dit juste qu'il doit vivre "avec son absence, un jour après l'autre, avec la douleur de ce que j'ai fait, le mal que j'ai fait aux autres". Dans la salle, le clan Haristoy, qui fait bloc autour de lui, est pétrifié. Après cinq heures de délibéré, les jurés ont condamné, vendredi 15 janvier, Xavier Haristoy à vingt ans de réclusion pour avoir empoisonné son fils, Alexis. Il a été acquitté de l'empoisonnement de son ex-femme. Monique Raux
16/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/16/devant-les-assises-de-meurthe-et-moselle-silences-et-douleurs-sourdes-au-proces-d-un-pere-infanticide_1292599_3224.html
"Le ""continuons ensemble"" de M. Sarkozy aux syndicats"
Nicolas Sarkozy, à l'occasion des voeux des organisations patronales et syndicales à l'Elysée, vendredi 15 janvier, leur a donné rendez-vous dans un mois, le 15 février.
Nicolas Sarkozy, à l'occasion des voeux des organisations patronales et syndicales à l'Elysée, vendredi 15 janvier, leur a donné rendez-vous dans un mois, le 15 février. Il sera temps alors de fixer l'agenda social pour l'année 2010. Et, comme en 2009, au plus fort de la crise, le chef de l'Etat espère bien pouvoir compter sur le sens des responsabilités des partenaires sociaux. "Notre pays ne s'est pas déchiré parce que nous avons agi vite, ensemble, avec un sens aigu des responsabilités qui sont les nôtres." Il n'a pas ménagé les paroles aimables à leur endroit, vantant un dialogue social "fréquent et dense". "Au lieu de souffler sur les braises, leur a-t-il dit, chacun a eu à coeur de trouver des solutions, sans qu'il y ait pour autant de coproduction." Chacun dans son rôle, a-t-il insisté, soulignant les nécessaires désaccords, mais ensemble. "Tout ceci témoigne d'une forme de maturité de notre démocratie", a-t-il expliqué. Mais, pour le président de la République, le travail n'est pas fini. Il a énoncé les sujets qu'il entendait soumettre à l'occasion du rendez-vous de la mi-février : "L'emploi va rester notre priorité en 2010", a-t-il dit. Les retraites, la dépendance, le dialogue dans les petites entreprises... sont autant de dossiers sur la table. Pour les responsables syndicaux, si les paroles gracieuses témoignent d'une reconnaissance parfois encombrante, le chef de l'Etat a trop vite enterré la crise. "La crise est toujours là, a expliqué François Chérèque, et on est en train de nous dire qu'elle est passée." Le secrétaire général de la CFDT veut profiter de l'agenda social pour demander "la reconduction de mesures qui étaient bonnes", comme le Fonds d'investissement social réclamé voici un an par son organisation. Son homologue de la CGT, Bernard Thibault, a regretté aussi que M. Sarkozy n'ait "pas davantage traité de la situation sociale qui continue de se dégrader". Il a surtout vu dans les propos du président "la volonté d'entretenir un consensus avant des échéances électorales". "Pas le droit de ralentir" Pour FO, Jean-Claude Mailly a rappelé les problèmes de pouvoir d'achat, "une revendication qui monte fort aujourd'hui". Il a aussi souhaité que l'agenda social ne soit pas "impossible", laissant la liberté de négocier aux syndicats et au patronat. Un souhait exprimé également par Jacques Voisin, le président de la CFTC, qui veut d'abord "aller au bout des chantiers ouverts". "Il faut calmer le rythme", a-t-il dit en réponse à un Nicolas Sarkozy qui a affirmé ne pas avoir " le droit de ralentir (...) parce que nous devons préparer des réformes que nous ne pouvons pas différer". Rémi Barroux
16/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/16/le-continuons-ensemble-de-m-sarkozy-aux-syndicats_1292585_3224.html
Guy-Pierre Couleau poursuit son voyage dans l'oeuvre de John Millington Synge
Le metteur en scène présente deux pièces méconnues de l'auteur irlandais, "Les Noces du rétameur" et "La Fontaine aux saints".
Longtemps, il y eut peu de théâtre à Colmar, où la musique a la part belle. Cela change avec l'arrivée de Guy-Pierre Couleau, qui signe sa prise de fonctions à la Comédie de l'Est en mettant en scène Les Noces du rétameur et La Fontaine aux saints, deux pièces méconnues de Synge (1871-1909). L'une d'elles, La Fontaine aux saints, est présentée pour la première fois sur une grande scène française. Toutes les deux nous emmènent dans un monde d'hier - les histoires se passent au début du XIXe siècle - qui croise celui d'aujourd'hui : il y a, chez les personnages, une ironie raide et une mélancolie de l'attente qui rappellent à la fois Samuel Beckett, grand admirateur de Synge, et Jon Fosse. Guy-Pierre Couleau connaît bien ce théâtre. Quand il a créé sa compagnie, en 1999, après avoir été acteur, il a monté Le Baladin du monde occidental, la pièce la plus célèbre de l'Irlandais, avec Deirdre des douleurs. Il a décidé de revenir à son auteur de prédilection au moment où il ouvre une nouvelle page de son histoire : diriger un centre dramatique régional. A son arrivée à Colmar, en janvier 2009, Guy-Pierre Couleau a changé le nom de la structure, L'Atelier du Rhin, en Comédie de l'Est, pour marquer le renouveau du théâtre dans une ville qui accueillit l'un des tout premiers centres de la décentralisation, dans les années 1950. Parmi les vingt employés de la Comédie de l'Est, il y a six acteurs permanents. Ce sont eux qui prennent en charge Les Noces du rétameur et La Fontaine aux saints, dont Guy-Pierre Couleau fait un diptyque. Comme toute l'oeuvre de Synge, ces pièces sont nées d'une expérience fondatrice : les voyages de l'auteur dans les îles d'Aran, "où on doit moissonner au couteau à cause des rochers", selon le poète Yeats qui avait rencontré son compatriote à Paris, en 1899, et lui avait conseillé de quitter la ville : "Laissez là Paris. Vous ne créerez jamais rien en lisant Racine (...). Vivez là-bas comme si vous faisiez partie des gens de l'île, exprimez une vie qui n'a jamais trouvé à s'exprimer." Ainsi Synge, le jeune homme bien né et sauvage, s'est-il frotté aux vents des îles d'Aran, à ses gens âpres nourris de légendes, à sa langue gaélique. Les histoires qu'il a entendues sont devenues des pièces, qui ont souvent fait scandale à leur création, les nationalistes considérant que l'auteur se moquait des paysans et des pêcheurs irlandais. On les voit, tous ces gens, dans Les Noces du rétameur et La Fontaine aux saints. Ils vivent à la croisée des chemins, paient leur tribut à la misère, affrontent le dieu catholique quand ils ne l'insultent pas, et ne se font pas de cadeaux. Mais ils rêvent, et leurs rêves sont vastes comme un ciel mouvementé et indéfini. Dans Les Noces, le rêve prend la forme d'un mariage que deux pauvres rétameurs, volontiers voleurs, voudraient obtenir d'un révérend vicieux. Dans La Fontaine, un couple d'aveugles mendiants rêvent de voir, ne serait-ce qu'une heure. Un saint leur offre la vue, qui s'avère un désastre : le monde est laid et partout règne "la mauvaiseté", comme l'écrit Françoise Morvan, la traductrice de Synge, qui est allée puiser dans le breton des équivalents au gaélique. S'il se comprend du point de vue de la recherche de l'authenticité, ce choix sonne bizarrement à l'oreille, qui, bien que la traductrice s'en défende, entend souvent un patois gavé de "pareil comme toi". Mais cela n'empêche pas les personnages de vivre leur vie, au-delà de la vie. Ils sont à la fois totalement terriens, et souvent odieux, ce qui rajoute à leur charme, et emportés vers un ailleurs qu'ils ne sauraient définir. Guy-Pierre Couleau les met en scène sur de légers ponts de bois dessinant les vallées et les tourbières d'Irlande. Il voit en eux des "vagabonds assoiffés de soleil et vérités frustes" et dirige les comédiens comme tels, ce qui n'incite pas toujours à la légèreté. Mais il y a de belles images, comme celles où les personnages apparaissent en ombres chinoises, avec des marionnettes qui semblent dire, à la manière de Synge : on est bien peu de chose. Les Noces du rétameur/La Fontaine aux saints, de Synge. Mise en scène : Guy-Pierre Couleau. Avec Xavier Chevereau, Flore Lefebvre des Noëttes, Carolina Pecheny, Pascal Durozier, Philippe Mercier, Anne Mauberret, Jérémie Reecht. Comédie de l'Est, 6, route d'Ingersheim, Colmar (Haut-Rhin). Tél. : 03-89-24-31-78. Du mardi au vendredi, à 19 heures ; le samedi à 18 heures. Jusqu'au 23 janvier. De 10 € à 19 €. Brigitte Salino
16/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/16/guy-pierre-couleau-poursuit-son-voyage-dans-l-oeuvre-de-john-millington-synge_1292672_3246.html
Les mille et une conférences d'Yves Michaud
En dix ans, l'Université de tous les savoirs a accueilli 600 000 personnes. Un succès qui perdure.
Dix ans que ça dure. L'Université de tous les savoirs (UTLS) a organisé plus de mille conférences depuis que le biologiste François Jacob a donné la première sur "Qu'est-ce que la vie ?", le 1er janvier 2000, dans l'amphi du Conservatoire national des arts et métiers, à Paris. Et ça continue. Jusqu'au 19 janvier, à la faculté de médecine cette fois, le public est invité à suivre des conférences sur le thème "Qu'est-ce qu'un ingénieur aujourd'hui ?". En juin, une série sera consacrée à la chimie. A l'automne ? "Il n'y en aura pas à cause d'une réduction de budget", regrette le philosophe Yves Michaud, pilote de l'UTLS. Ce sont 600 000 personnes qui ont suivi depuis dix ans cette université populaire et atypique, lancée sur une idée de Jean-Jacques Aillagon, qui pilotait la Mission 2000. L'idée fut mise en oeuvre par Yves Michaud à partir de quelques principes : aborder tous les sujets, comme une encyclopédie ; privilégier les sciences dures (mathématiques, physique) et les technologies ; réunir les conférences autour d'une thématique ; donner le meilleur en invitant des chercheurs réputés plutôt que des vulgarisateurs ; le lieu est un amphithéâtre, qui permet de tasser du monde (700 places aux Arts et métiers durant l'année 2000, 1 000 places à l'Ecole de médecine depuis) ; l'entrée est en accès libre ; la conférence commence à 18 h 30, afin que des jeunes et des personnes actives puissent grossir le rang des retraités ; elle dure une heure, est suivie de questions ; le conférencier est payé 1 000 euros. Yves Michaud commente : "Les conférenciers les plus compétents sont les meilleurs vulgarisateurs. Mais quand c'est ardu, c'est ardu... Je n'ai rien compris à la conférence sur la théorie des cordes en mathématiques. Je privilégie les sciences dures car je suis persuadé qu'elles font partie de la culture contemporaine. Rémunérer garantit une qualité. Il n'y a qu'en France qu'on ne paie pas bien une conférence !" L'Université de tous les savoirs ne devait durer que l'année 2000, sur le mode de l'exploit : une conférence par jour, les 365 jours de l'année. Y compris le 1er mai (Alain Touraine sur le travail) ou le 25 décembre (Jean Delumeau sur le paradis). Il était périlleux de commencer un 1er janvier, jour désert... "J'aime le côté Guinness, mais j'avais une peur bleue, se souvient Yves Michaud. On me disait qu'il n'y aurait personne. Je suis arrivé avec François Jacob et il y avait une longue file d'attente sur la rue Saint-Martin." Ce fut plein toute l'année. Souvent, l'UTLS a dû refuser du monde. Au point que le 31 décembre 2000, à l'issue d'une séance "très émouvante" sur l'attachement, par Michel Deguy, la décision fut prise de "rempiler, à la demande générale". Mais en réduisant le rythme : quarante conférences en 2009, dont deux séries "au succès monstre" sur le magnétisme et sur la Turquie ; vingt prévues en 2010, sur deux périodes. "Des conférences hebdomadaires", ça ne marche plus, explique Yves Michaud. Claude Cohen-Tannoudji a inauguré la nouvelle UTLS, le 5 juillet 2001, en ouvrant une session sur l'observation dans les sciences, dans l'amphi Binet de l'Ecole de médecine, qui a permis de doubler l'audience. L'UTLS est devenue une association financée par l'Etat (200 000 euros par an), présidée par Daniel Malingre, animée par Yves Michaud (bénévole), qui consulte une fois par an une trentaine de spécialistes pour définir les sujets et choisir les conférenciers. Trois salariés assurent la logistique. Quel public vient ? "J'en sais foutrement rien, répond Yves Michaud. J'ai la vision d'une masse chaleureuse. En 2000, beaucoup revenaient, même s'il fallait être cinglé pour assister aux 365 conférences. Aujourd'hui, le public cible le sujet qui l'intéresse." M. Michaud a dû constater que les jeunes ne se bousculaient pas. Comme il veut éviter "l'université du troisième âge", il envoie, depuis 2006, des conférenciers dans les lycées. 150 par an, rémunérés aussi 1 000 euros. Pas devant une classe mais "un événement" devant 200 élèves et professeurs. Les thèmes ? Qu'est-ce qu'un virus, l'exploration spatiale... Depuis un mois, Yves Michaud assure aussi des conférences de trois heures, à deux, destinées aux enseignants, sur l'autorité, la discipline, la sanction. "On est un peu pionniers dans les écoles." Cette action, limitée à cinq régions, pourrait s'étendre. Yves Michaud en est persuadé. L'Université de tous les savoirs a "dépoussiéré" le genre de la conférence. Le prestige des conférenciers, le haut niveau des interventions, l'audience large - une diffusion en direct sur Internet (lemonde.fr et Utls.fr), en différé à la radio (France Culture), la publication de livres chez Odile Jacob, des DVD -, tout cela fait de l'UTLS la première encyclopédie du XXIe siècle. "Qu'est-ce qu'un ingénieur aujourd'hui ?" Université René-Descartes, amphithéâtre Binet, 45, rue des Saints-Pères, Paris 6e. Mo Saint-Germain-des-prés. Jusqu'au 19 janvier, à 18 h 30. Toutes les conférences sont consultables et téléchargeables sur www.utls.fr. Michel Guerrin
16/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/16/les-mille-et-une-conferences-d-yves-michaud_1292669_3246.html
Istanbul s'installe dans son rôle de capitale européenne de la culture
Avec près de 500 projets, la plus grande ville d'Europe se heurte aux impératifs de la politique nationale.
En 2010, Istanbul, qui est pour un an capitale européenne de la culture, et ses 15 millions d'habitants vibreront au rythme de 467 projets artistiques disséminés à travers une agglomération hors normes, qui s'étale sur plus de 80 kilomètres et sur deux continents. L'organisation d'un tel événement dans la plus grande ville d'Europe, inauguré samedi 16 janvier par le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, est à elle seule un immense défi pour la Turquie, pays candidat à l'Union européenne. Le programme tentera de refléter le bouillonnement culturel intense de la métropole depuis quelques années et d'accompagner les transformations de ce monstre urbain. Istanbul aura d'abord l'occasion de valoriser un patrimoine foisonnant. De nombreux chantiers de restauration de monuments vont être lancés : la péninsule historique, autour de Sainte-Sophie et du palais ottoman de Topkapi, fera l'objet d'une attention toute particulière ; les murailles byzantines de Théodose, en piteux état, doivent être restaurées, même si le projet n'est pas encore bouclé et que la méthode reste à définir. L'Unesco a menacé de rayer Istanbul de sa liste du Patrimoine mondial de l'humanité si rien n'était fait pour son enceinte historique, abîmée par les restaurations précédentes. Ailleurs, une église arménienne en ruine ressuscitera en centre culturel et une ancienne usine à gaz va devenir le pôle artistique de la rive asiatique de la ville. Mais le choix des sites a déclenché une polémique au sein même du comité d'organisation d'Istanbul 2010. "La culture a tendance à être reléguée au rayon loisirs, ou utilisée pour servir une idéologie, décrypte Korhan Gümüs, directeur des projets urbains au sein du comité d'organisation. Il y a deux risques : essayer de vendre un passé glorifié et utiliser les fonds publics accordés à la culture pour développer le tourisme et les capacités économiques de la ville." Manifestement, Istanbul échappe difficilement à ces pièges. L'organisation des festivités a été freinée par les lourdeurs bureaucratiques, les conflits d'intérêt et de multiples démissions. "Istanbul 2010 aurait dû fonctionner avec une éthique historique et urbaine, mais on a surtout la dimension marchande et touristique, estime Jean-François Pérouse, universitaire et fondateur de l'Observatoire urbain d'Istanbul. Ce ne sera qu'une goutte d'eau dans la dynamique de transformation de la ville." LE DÉVELOPPEMENT DE LA VILLE Les grands chantiers qui redessinent Istanbul, tel que le Marmaray, un tunnel construit sous le Bosphore, sont déjà lancés. Les découvertes archéologiques réalisées sur le chantier de Yenikapi, où doit être construit le terminal ferroviaire du Marmaray, ont révolutionné la connaissance historique de la ville. Après le travail de sauvetage, que va devenir l'ancien port byzantin ? "Une partie du site peut être conservée, une section peut être incluse à la future gare", propose Korhan Gümüs, dont le souci est d'intégrer l'héritage culturel au développement de la ville. Pour animer les douze mois, la capitale européenne de la culture se reposera sur des rendez-vous déjà rodés, comme les festivals du film et de jazz. Les concerts d'Eric Clapton ou de U2 trouveront leur place dans la programmation. Garajistanbul, un espace avant-gardiste situé au coeur de Beyoglu, propose une série de performances pour montrer "un autre Istanbul". Les fondateurs de Garajistanbul, Mustafa et Övül Avkiran, viennent de présenter Kassas, une pièce mettant en scène les récits de 46 vendeurs ambulants : fleuriste, cireur de chaussures, vendeur de jus de réglisse ou de parfums... "Nous pensons que c'est cette diversité qui fait Istanbul, explique Mustafa Avkiran. Nous voulions aussi savoir ce que l'homme de la rue pense d'Istanbul 2010. Mais il n'arrivait pas à prononcer les mots "Istanbul capitale européenne de la culture". La terminologie est trop abstraite." La culture reste encore très élitiste et Istanbul 2010 peine à entraîner dans son sillage les populations périphériques. La décentralisation sera l'un des principaux défis de cette année. "Les institutions culturelles sont toutes situées dans les arrondissements centraux", constate Beral Madra, en charge des arts visuels. Avec le projet "Arts portatifs", elle veut amener la vie culturelle dans les quartiers qui en sont privés. Un centre d'art a ouvert pour un mois dans l'arrondissement populaire de Küçükçekmece. Selon elle, "2010 n'est qu'un point de départ". Images de la cérémonie d'ouverture d'Istanbul 2010 (Source : Euronews) Guillaume Perrier (Istanbul, correspondance) et Guillaume Perrier
16/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/16/istanbul-s-installe-dans-son-role-de-capitale-europeenne-de-la-culture_1292668_3246.html
Dix stations de montagne présentent leur premier bilan carbone
Deux ans après sa création, cinquante-huit communes ont signé la Charte nationale en faveur du développement durable.
Après quatorze mois de travail, dix stations de montagne ont présenté, mercredi 13 janvier, leur premier bilan carbone. Un constat sans appel : 57 % des gaz à effet de serre (GES) qu'elles émettent proviennent du transport de personnes, et 27 % de l'habitat - dont 11 % de l'hébergement résidentiel et 16 % des bâtiments touristiques. Les activités liées à la pratique du ski (remontées, dameuses, neige de culture) ne représentent que 2 % des émissions de GES. Soit, au total, 800 000 tonnes équivalent CO 2 . Réalisés dans le cadre de la Charte nationale en faveur du développement durable élaborée avec l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), ces diagnostics devraient permettre la mise en place de plans d'action pour réduire l'impact des stations sur le climat. Un outil de diagnostic carbone devrait bientôt être disponible en ligne. D'ici là, l'Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM)/Ski France propose différentes actions : lancement d'offres commerciales combinant forfaits de ski et transports en commun ou covoiturage ; hébergement en station pour les personnels saisonniers ; mesures pour aider locaux et propriétaires de résidences secondaires à réduire leurs besoins énergétiques. Biomasse contre fioul Pour préserver l'environnement et assurer un développement durable de leurs zones, plusieurs stations sont déjà passées à l'action. Chamrousse (Isère) vient d'inaugurer une télécabine nouvelle génération, en lieu et place de trois anciennes remontées mécaniques, vingt pylônes et huit kilomètres de câbles... A Saint-Lary-Soulan (Hautes-Pyrénées), une nouvelle remontée mécanique permet désormais d'accéder du village au pied des pistes, tandis qu'à La Plagne (Savoie), la biomasse a remplacé le fioul pour alimenter la chaufferie du site. Autant d'exemples qui font école. Deux ans après son lancement, cinquante-huit communes ont signé la Charte tandis que 40 % sont en train de finaliser leur bilan carbone. Dix stations ont réalisé leur bilan carbone : La Bresse (Vosges), Les Deux-Alpes (Isère), Le Corbier, Courchevel, Sainte-Martine-de-Belleville, Val-d'Isère (Savoie), Morzine-Avoriaz (Haute-Savoie), Les Orres (Hautes-Alpes), Saint-Lary-Soulan (Hautes-Pyrénées) et Valberg (Alpes-Maritimes). Martine Picouët
16/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/16/dix-stations-de-montagne-presentent-leur-premier-bilan-carbone_1292688_3238.html
Plus près de toi, mon bébé
Le maternage intensif (ou "proximal") se traduit par un allaitement long, le portage du bébé au plus près du corps, et parfois le "co-dodo", qui consiste à dormir avec son enfant dans le lit ou à proximité.
Herrade, 39 ans, traductrice, est adepte du maternage intensif. Maman d'un petit Volodia d'un an, elle continue à l'allaiter quand il le souhaite, bien qu'il soit passé à la nourriture diversifiée. Mère de deux autres enfants de 9 et 6 ans, elle prépare souvent le repas le soir avec Volodia plaqué contre son dos, dans une écharpe. La nuit, le petit dort dans son lit de bébé installé dans la chambre des parents et parfois, s'il se réveille, il lui arrive de finir dans le lit parental, "mais dans une turbulette, pas sous la couette", précise Herrade. La sexualité du couple n'en est pas perturbée : "On emmène le bébé, endormi, dans une autre pièce." L'aînée a dormi jusqu'à 2 ans dans la chambre de ses parents et la cadette jusqu'à 4 ans. "La petite enfance, c'est le meilleur moment pour remplir le réservoir affectif des enfants, explique la jeune femme. Cela construit leur confiance et les rend beaucoup plus indépendants que les autres." Géraldine, 35 ans, journaliste, donne encore une tétée, matin et soir, à Rose, un an. Grâce à un congé parental, elle n'a repris son travail que quand sa fille avait 6 mois. "Elle vient réclamer, c'est un moment de câlins. Jamais je n'aurais pensé allaiter jusque-là", avoue-t-elle. La petite a dormi jusqu'à 8 mois dans sa chambre, mais pas dans son lit. "Ça me rassurait", affirme Géraldine. Toute petite, Rose était portée en écharpe contre sa mère. "Les trois quarts de mes amies ont du mal à comprendre ma démarche, regrette-t-elle. Elles ont peur que le développement de l'enfant en soit perturbé." Tout en restant minoritaire, le maternage intensif ou "proximal" fait de plus en plus d'adeptes en France. La pratique a émergé outre-Atlantique, portée par le pédiatre américain William Sears, auteur de l'expression "attachment parenting" et s'est diffusée notamment par les canaux de l'association pour l'allaitement, la Leche League. Ses fondements théoriques reposent sur la théorie de l'attachement élaborée par John Bowlby, un psychiatre et psychanalyste anglais mort en 1990. Pour lui, l'attachement est un des besoins primaires du jeune enfant, comme manger ou dormir. Ce n'est que lorsque ses besoins de proximité sont satisfaits qu'il peut s'éloigner de la figure qui le sécurise, pour explorer le monde. Concrètement, le maternage proximal se traduit par un allaitement long et à la demande, le portage du bébé au plus près du corps grâce aux écharpes, et parfois le "co-dodo", qui consiste à dormir avec son enfant dans le lit ou à proximité, comme cela est pratiqué au Japon ou en Afrique. "Contrairement à beaucoup de mammifères, les bébés ne sont pas prêts à être autonomes dès la naissance. L'enfant a besoin d'une figure d'attachement stable et attentive à ses besoins fondamentaux pour devenir un adulte bien dans sa peau", explique Claude Didierjean-Jouveau, rédactrice en chef de la revue Allaiter de la Leche League France. Depuis le début des années 2000, elle constate que le maternage se développe. La promotion de l'allaitement par le Plan national nutrition santé (PNNS), dès 2001, en est l'une des raisons. La multiplication des sites Internet, des forums d'échanges et des blogs sur ces questions participent à cet essor également porté par les valeurs écologistes. "Je mange bio, je m'inscris dans une AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne), je materne mon bébé, c'est un ensemble de convictions qui traduisent l'envie de choses plus authentiques", explique Géraldine. Christine Coursaget, sage-femme, forme les professionnels de santé à l'accompagnement de l'allaitement maternel dans le cadre de l'association Co-naître. "Plus les bébés sont près de leur mère, plus ils ont envie de téter, témoigne-t-elle. Il faut en revenir à une culture de proximité et se détacher de cette culture de séparation héritée des années 1950." Portés par leur mère, les bébés retrouvent les sensations intra-utérines qui les rassurent : battements du coeur, mouvements, écho de la voix, odeurs. Le co-dodo reste la mesure la plus controversée. "Je n'ai rien contre mais je préconise d'être attentive à la sécurité de l'enfant", poursuit la sage-femme. Les parents ne doivent pas être fumeurs, boire ou se droguer ni être trop fatigués. L'enfant ne doit pas être sous la couette, ne pas risquer de tomber, etc. Pédopsychiatre, psychanalyste, Myriam Szejer émet elle aussi des réserves. "Il faut savoir que dormir avec son bébé est réprouvé par les pédiatres à cause des risques d'étouffement, explique-t-elle. Par ailleurs, nous ne sommes pas dans une culture où cette pratique est inscrite dans les rituels. Il va être d'autant plus compliqué de repérer à quel moment on arrête. Le maternage intensif peut devenir problématique si le couple mère-enfant vient prendre la place du couple conjugal ou s'il vient réparer une anxiété maternelle intense." Pour Sylvain Missonnier, psychanalyste et professeur de psychopathologie clinique de la périnatalité à l'université Paris-V-René-Descartes, on est passé d'un excès quasi phobique à l'égard de la fusion entre la mère et le bébé à un excès inverse avec éloge de l'allaitement long et du co-dodo militant. "La vie humaine est ponctuée d'épreuves de séparation – naissance, sevrage, apprentissage de la propreté, etc. –, qui sont des étapes importantes pour préparer l'enfant à prendre son envol. Par un peau à peau obsessionnel, on risque de priver le petit humain d'un apprentissage fondamental, et c'est une illusion d'imaginer un processus d'éducation sans la mise à l'épreuve de ces séparations", explique le professeur. A lire : Maman bio, de Martine Laganier et Claude Didierjean-Jouveau (Eyrolles, 2008, 192 p., 12,90 €). Planète Maternage, de Catherine Piraud-Rouet (Marabout, 2008, 348 p., 5,90 €). Si les bébés pouvaient parler, de Myriam Szejer (Bayard, 2009, 187 p., 18,50 €). Devenir parent, naître humain, de Sylvain Missonnier (PUF, 2009, 512 p., 38 €). Martine Laronche
16/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/16/le-maternage-proximal-fait-des-adeptes-et-provoque-la-controverse_1292686_3238.html
Le pape Benoît XVI en visite à la synagogue de Rome
Sur fond de controverse sur la béatification de Pie XII, le président des rabbins italiens dit vouloir boycotter la cérémonie.
Vingt-quatre ans après la visite historique qu'y avait effectuée son prédécesseur Jean Paul II, le pape Benoît XVI doit se rendre, dimanche 17 janvier, à la synagogue de Rome. La visite, prévue de longue date, intervient un mois après que Benoît XVI eut, une nouvelle fois, soulevé la colère d'une partie de la communauté juive mondiale en proclamant, le 19 décembre, les "vertus héroïques" du pape Pie XII. Cette étape a ouvert la voie à la possible béatification de ce pape controversé pour son attitude envers les juifs durant la seconde guerre mondiale. La relance du processus de béatification, qui avait pris de court le monde catholique, avait été suspendue afin de ne pas envenimer les relations entre le Vatican et le monde juif mises à mal en janvier 2009 par la levée de l'excommunication d'un évêque négationniste, Richard Williamson. L'annonce de décembre a durant quelques jours laissé planer le doute sur la venue du pape à la synagogue. Le président des rabbins italiens a décidé de boycotter l'événement. "Nous devons dire à la communauté juive ce que Pie XII a fait en faveur des juifs pendant la seconde guerre mondiale et qui n'est pas assez connu", a de son côté défendu le cardinal Walter Kasper, chargé au Vatican des relations avec les juifs. "Pie XII a suivi la volonté de Dieu telle qu'il la comprenait à cette époque, nous ne pouvons le juger avec la mentalité d'aujourd'hui." Cette explication lui a valu une réponse cinglante du grand rabbin de Rome, Riccardo di Segni, hôte de Benoît XVI dimanche : "Je pense qu'il est moralement et religieusement dangereux de dire que la volonté de Dieu est de rester silencieux." Le grand rabbin a néanmoins espéré que cette visite contribuera "à la lutte contre l'intolérance en général et envers les juifs en particulier". Pour Benoît XVI, qui sera accompagné par le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, cette visite marque "une nouvelle étape sur le chemin irrévocable de la concorde et de l'amitié". Soixante-dix ans après la Shoah et en l'absence de l'ouverture complète des archives vaticanes de cette époquela controverse sur l'attitude de Pie XII demeure vive. Les raisons qui, en dépit de ce contexte, ont amené le pape à donner un coup d'accélérateur à ce dossier ouvert en 1965 continuent de poser question. "IL ÉTAIT URGENT D'ATTENDRE" Benoît XVI a eu accès aux conclusions des historiens chargés, pour la Congrégation de la cause des saints, d'examiner le rôle de Pie XII durant la guerre : "Il en aurait conclu que rien d'accablant ne s'oppose au processus de béatification", estime un connaisseur du Vatican. "En revanche, rien ne dit que la reconnaissance d'un miracle, seconde étape nécessaire à la béatification, arrive rapidement." "Certaines personnalités ont été reconnues "vénérables" et attendent depuis des siècles que leur soit attribué un miracle", rappelle l'historien Jean-Dominique Durand. Cet élément a pu apaiser une partie de la communauté juive. Plus largement, la décision de Benoît XVI souligne la tendance du Vatican à béatifier tous les papes, y compris l'éphémère Jean Paul Ier. "Cela s'inscrit dans la volonté d'assurer la continuité de la papauté", défend un cardinal romain. "On n'approuve pas les actes d'un gouvernant mais ses vertus chrétiennes", précise-t-il, tout en reconnaissant que, dans le cas de Pie XII, "il était urgent d'attendre". Benoît XVI s'inscrirait donc dans cette tradition qui, depuis un siècle, voit là une manière de sacraliser la papauté et de réaffirmer son autorité sur fond de perte d'influence. Des groupes de pression, attachés à l'infaillibilité des papes, plaident en ce sens à Rome. "Béatifier, c'est proposer aux chrétiens un modèle de sainteté ; en quoi Pie XII correspond-il à ce modèle ?", s'interroge un théologien, qui tout en reconnaissant à ce pape des qualités, rappelle que son pontificat fut aussi celui de la condamnation de théologiens et des prêtres ouvriers. Stéphanie Le Bars
16/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/16/le-pape-benoit-xvi-en-visite-a-la-synagogue-de-rome_1292557_3214.html
Quand l'Etat administre la mort
Assiste-t-on à un bouleversement de la "gestion politique" de la mort ? C'est la question posée par la revue Sociétés contemporaines, qui s'interroge, dans son dernier numéro, sur les relations tourmentées entre l'Etat et la mort.
Assiste-t-on à un bouleversement de la "gestion politique" de la mort ? C'est la question posée par la revue Sociétés contemporaines, qui s'interroge, dans son dernier numéro, sur les relations tourmentées entre l'Etat et la mort. Si, au premier abord, cette question paraît quelque peu saugrenue, c'est parce que nous vivons dans une société marquée par un recul historique du "faire mourir" d'Etat : la peine de mort a été supprimée, l'héroïsme militaire a perdu de son prestige et le seuil de sensibilité à la violence n'a cessé de baisser. "Progressivement, la violence physique a été confinée à l'armée ou à la police ou restreinte aux pratiques sportives", notent Dominique Memmi et Emmanuel Taïeb dans leur introduction. Pour Michel Foucault, ce recul du "faire mourir" d'Etat s'est accompagné, aux XVIIe et XVIIIe siècle, de l'émergence d'un "biopouvoir" qui se soucie, lui, du "faire vivre". "Cette obsession d'empêcher la survenue de la mort en Occident se matérialise sous des formes multiples", ajoutent Mme Memmi et M. Taïeb. Apparition d'un nouvel hygiénisme, intensification de l'intérêt pour la santé publique, systématisation des campagnes de prévention, développement d'une société hantée par la crainte du risque et de l'incertitude. Cette attention nouvelle apportée, par l'Etat, au "faire vivre" n'a cependant pas fait disparaître toute forme de "faire mourir". Aujourd'hui encore, l'Etat continue à administrer la mort : c'est le cas lors des interruptions médicales de grossesse (IMG), qui conduisent à tuer in utero des foetus gravement malades, ou lors de la cessation des soins auprès des "morts encéphaliques", qui intervient après des prélèvements d'organes destinés aux personnes en attente de greffes. Au début comme à la fin de la vie, l'Etat a donc inventé des formes modernes de "faire mourir". Pour mieux comprendre ce "thanatopouvoir", les chercheurs qui ont contribué à Sociétés contemporaines ont analysé ces gestes là où ils sont pratiqués. La contribution sur les IMG est ainsi fondée sur 29 entretiens avec les soignants d'un hôpital de province qui effectue une centaine d'interventions par an ; celle sur la mort encéphalique sur 26 entretiens avec des soignants chargés d'annoncer cette situation aux familles et de poser la question du don d'organes. Leur travail montre avec subtilité qu'il est très difficile de penser ces nouvelles formes de "faire mourir", a fortiori dans un univers consacré au "faire vivre". Les soignants chargés des IMG sont ainsi placés au coeur des contradictions entre la défense traditionnelle de la "vie nue" et la valorisation croissante de la "vie bonne" - c'est-à-dire sans handicap. "L'impératif du faire vivre s'est transformé en impératif du "faire vivre bien", avec les contradictions que cela recèle", écrivent les auteurs de l'étude sur l'IMG. Des contradictions qui surgissent également lors du suivi des morts encéphaliques. Ces deux contributions démontrent que le "faire mourir", loin de constituer un pouvoir d'Etat, résulte aujourd'hui de "pratiques hésitantes et discutées" inventées au jour le jour par les professionnels. "Il repose, par capillarité, sur une myriade d'agents sociaux qui, en vertu de la "biopolitique déléguée" contemporaine, doivent en permanence inventer des relations avec le foetus ou l'individu mort/à mourir/menacé de mort, prendre des décisions vitales le concernant, improviser avec son entourage et construire progressivement et empiriquement un système de normes, de discours et de gestes utilisables dans ces situations particulières", concluent Mme Memmi et M. Taïeb. Sociétés contemporaines L'Etat et la mort Les Presses de Sciences Po, no 75, 166 pages, 16 € Anne Chemin
16/01/2010
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2010/01/16/quand-l-etat-administre-la-mort_1292654_3260.html
Le rapporteur du Parlement européen réclame le retrait de Roumiana Jeleva, la candidate bulgare à la Commission
Pressentie pour piloter l'aide humanitaire, Mme Jeleva est soupçonnée d'irrégularités financières.
Les libéraux et les socialistes n'en veulent pas. Les conservateurs la défendent du bout des lèvres. Le sort de Roumiana Jeleva, la candidate proposée par la Bulgarie pour siéger à la Commission européenne, jette le trouble sur les premiers pas de l'équipe Barroso II. A l'issue d'une semaine d'auditions, la situation est beaucoup plus confuse que n'aurait pu le souhaiter le président de la Commission. Le pacte de non-agression entre conservateurs, socialistes et libéraux a été ébranlé par la contre-performance de la Bulgare, pressentie pour piloter l'aide humanitaire. Mme Jeleva, actuelle ministre des affaires étrangères de son pays, est soupçonnée d'avoir conservé, en contravention avec la loi bulgare, certaines affaires quand elle est devenue eurodéputée en 2007. Des activités et un patrimoine qu'elle a en outre oublié de déclarer à l'époque. La tension est montée depuis l'audition houleuse de la candidate, mardi 12 janvier. "Le mieux qui puisse arriver désormais est que Mme Jeleva se retire", a déclaré au Monde Andrew Duff, le rapporteur de la procédure d'audition. Cet élu libéral britannique lance un avertissement au président de la Commission : "Si Mme Jeleva reste membre du collège, le risque est que les Verts, les libéraux, l'extrême gauche et les socialistes refusent de confirmer le collège." D'après M. Duff, le Parlement européen "ne peut se permettre d'accepter un commissaire corrompu, qui a de surcroît fait preuve de compétences fragiles". Vendredi soir, dans un courrier au président du Parlement européen, Jerzy Buzek, M. Barroso s'est gardé de se prononcer sur la probité de la commissaire désignée, soulignant que la Commission, "comme le Parlement, doit se fier aux déclarations de l'individu concerné, en l'absence de toute procédure spécifique de contrôle dans le droit européen". Le problème, pour M. Barroso, est que le premier ministre bulgare, le conservateur Boïko Borrisov, continue de soutenir "la compétence de Mme Jeleva", alors qu'un autre nom est mentionné par la presse bulgare : celui du ministre de la défense, Nikolaï Mladenov. Le vote au Parlement sur l'ensemble de la prochaine Commission est fixé au 26 janvier. M. Barroso a besoin, sur le papier, d'une majorité simple des votants, mais il espère davantage. "Avec Mme Jeleva, il n'y a pas de majorité, ou elle sera étroite", prévient M. Duff. En 2004, M. Barroso avait dû, à la dernière minute, renoncer au vote sur sa première Commission, car le candidat italien, Rocco Buttiglione, était accusé d'avoir tenu des propos homophobes et sexistes. L'intéressé avait été contraint de renoncer à son poste. Des commissaires épinglés Si elle se durcit encore, l'affaire Jeleva pourrait mettre d'autres commissaires en difficulté. Car le Parti populaire européen (PPE) - le groupe conservateur dont elle est issue - n'entend pas en rester là si elle devait se retirer. La principale famille politique du Parlement a pointé les "propos discriminatoires" prêtés au candidat slovaque, le socialiste Maros Sefcovic, à l'encontre des Tziganes. Une minorité "qui exploite l'Etat-providence slovaque", aurait dit le commissaire lors d'un colloque. L'intéressé, qui doit être auditionné lundi 18 janvier par les eurodéputés, a démenti avoir jamais fait de telles déclarations. "Si on veut parler de compétence, on peut mettre en cause Catherine Ashton, la haute représentante pour les affaires étrangères, dont la prestation n'a pas été éblouissante", dit un élu conservateur allemand. Certains libéraux pourraient aussi pâtir des déboires de Mme Jeleva. La Néerlandaise Neelie Kroes (économie numérique) a fait une prestation jugée médiocre, à droite comme à gauche, tout comme le Finlandais Olli Rehn (affaires économiques et monétaires). Philippe Ricard et Philippe Ricard
16/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/16/le-rapporteur-du-parlement-europeen-reclame-le-retrait-de-roumiana-jeleva-la-candidate-bulgare-a-la-commission_1292576_3214.html
En Ukraine, les villageois de Lehedzine célèbrent leur culture et se divisent sur la politique
Les Ukrainiens étaient appelés à voter, dimanche, pour désigner leur nouveau président
Comme tous les ans en cette mi-janvier, c'est la fête à Lehedzine, petit village situé à 200 km au sud de Kiev. Au musée local, qui sert aussi de dispensaire et de club pour les personnes âgées, vieux et jeunes, habillés en costumes ukrainiens, célèbrent la Malanka, le Nouvel An orthodoxe. Installé autour d'une table improvisée dans le couloir du musée, un choeur de babouchka ("grand-mères"), entonne des koliadki (chansons ukrainiennes), sous la conduite de Rouslan, l'accordéoniste. Avec ses maisons aux palissades colorées, Lehedzine, est typique de cette Ukraine "orange", rurale, pauvre et résolument ukrainienne, si distincte de l'Ukraine "bleue", industrielle et russophone à l'est du pays. Ici on parle ukrainien en priorité et non la langue de Pouchkine. "Ah vous parlez le russe et pas l'ukrainien ! Mais le russe c'est la langue de l'ennemi !", plaisante Sergueï, le directeur du musée, en accueillant ses hôtes étrangers. A l'époque soviétique, période d'érosion de l'identité nationale, fêter la Malanka était interdit. Aujourd'hui c'est possible, alors les gens de Lehedzine ne se le font pas dire deux fois. Les distractions sont plutôt rares dans ce hameau saigné par l'exode rural (2 000 habitants en 1980, 860 aujourd'hui). Le dénuement s'affiche à la porte du dispensaire. "Si vous voulez une piqûre, pensez à apporter ouate et alcool !" prévient l'affiche placardée à l'entrée. Mais les jeunes de Lehedzine n'en ont cure. C'est décidé, ils partiront. "Il n'y a rien à faire ici", explique Ira, venue de Kiev en visite. "Il n'y a pas d'emplois et quand il y en a c'est très mal payé", confirme Vitalina, 26 ans, la femme de l'accordéoniste. "Pas grand-chose de concret" Professeur de danse à l'école, elle est venue s'installer dans ce hameau perdu il y a trois ans. La vie au village lui plaît. Elle se réjouit de l'arrivée de deux nouveaux instituteurs nommés par Kiev. Vitalina est optimiste. Le plus important à ses yeux est que depuis la "révolution orange" qui porta le président Viktor Iouchtchenko au pouvoir en 2004, le retour aux sources de la culture ukrainienne est encouragé. Mais Viktor Iouchtchenko est en fin de mandat. Crédité de 3,5 % à 5 % des votes, l'actuel chef de l'Etat a peu de chance d'être réélu. Vitalina votera quand même pour lui. "Il a voulu faire de l'Ukraine une nation ! Voilà ce que je retiens de son bilan. Bien sûr nous sommes tous un peu déçus. Les promesses de mieux-être n'ont pas été tenues, mais pour moi il reste le meilleur", explique cette mère de famille. Anna, 67 ans, ancienne porchère au kolkhoze (ferme collective) est plus mitigée. "Beaucoup de bagout et pas grand-chose de concret", soupire-t-elle. Comme la plupart des habitants de Lehedzine, elle vit de son potager, boulange son pain. "A l'époque soviétique, je pouvais acheter, aujourd'hui je ne vais à l'épicerie qu'à la veille des fêtes", déplore-t-elle. "Maman, comment peux-tu dire une chose pareille ! A l'époque soviétique il n'y avait rien à acheter, les seules chaussures en vente étaient horribles, des galoches en plastique qui nous faisaient honte, maintenant c'est autre chose", tance sa fille, Valia. La mère se reprend : "On est plus libre dans la parole aujourd'hui." Elle aussi est pour l'éclosion de la culture ukrainienne, mais elle n'a rien contre les Russes, au contraire : "J'ai de la pitié pour tous les humains." Son héroïne à elle, c'est Ioulia Timochenko, le premier ministre à la natte : "Elle est belle, tout le monde l'aime. J'espère qu'elle va augmenter ma retraite et faire baisser les prix." Marie Jégo
16/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/16/en-ukraine-les-villageois-de-lehedzine-celebrent-leur-culture-et-se-divisent-sur-la-politique_1292559_3214.html
En Allemagne, Angela Merkel accentue le recentrage de la CDU
L'aile conservatrice du parti de la chancelière dénonce la perte d'identité de l'Union chrétienne.
Ne rien dire, laisser les critiques s'estomper d'elles-mêmes et agir au moment opportun. Le style de gouvernement d'Angela Merkel n'a pas changé d'un iota depuis sa réélection en octobre 2009. Face aux critiques qui se font entendre dans son parti sur l'identité politique de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) ou sur les projets de baisses d'impôts, la chancelière allemande reste impassible. "Chaque contribution à la discussion est la bienvenue", a-t-elle déclaré à l'issue d'un séminaire de la direction de la CDU à Berlin, vendredi 15 janvier. Justement, l'aile conservatrice de la CDU lui reproche de négliger la clientèle classique du parti, ceux qui vont régulièrement à l'église et restent attachés à une conception traditionnelle de la famille. Dans une tribune publiée récemment par l'édition dominicale du Frankfurter Allgemeine Zeitung, ses représentants la mettent en garde contre l'émergence de nouveaux partis à la droite de la CDU. Mme Merkel n'en a cure, et veut poursuivre sa stratégie de modernisation de sa formation pour attirer davantage d'électeurs venus du Parti social-démocrate (SPD) ou des Verts. Le débat n'est pas neuf. Tirant, en 2007, les leçons du piètre résultat de la CDU aux élections législatives de 2005, la chancelière avait décidé de dépoussiérer l'image de son parti en s'adressant explicitement aux femmes et aux citadins. Cette réorientation, qui avait conduit la CDU à revoir sa conception de la famille ou celle de l'environnement, avait suscité des grincements de dents dans les rangs conservateurs. Cette fois, sur la base de l'analyse du score de la CDU aux législatives de septembre 2009 - les chrétiens-démocrates ont recueilli 33,8 % des voix, leur plus mauvais résultat depuis 1949 -, elle veut aller encore plus loin. "La question est de savoir comment nous poursuivons notre développement en tant que parti du centre", explique Mme Merkel. Vendredi, la direction de la CDU a adopté une déclaration qui met l'accent sur les thématiques sociales telles que l'égalité des chances, le changement démographique et l'éducation. Les termes de "culture allemande dominante" ou "d'engagement en faveur des déplacés allemands (de la seconde guerre mondiale)", propres à l'électorat conservateur, sont absents. Pour ses représentants, ce texte va rendre un peu plus flous les contours de la CDU. Sur ce point, ils rejoignent les critiques de nombreux commentateurs : "Seule une très petite minorité réclame un profil conservateur de Mme Merkel. Beaucoup souhaitent surtout qu'elle ait un profil", souligne le quotidien Süddeutsche Zeitung. Pour Angela Merkel, "être conservateur, c'est s'adapter aux nouvelles réalités". Consciente que la part des électeurs traditionnels ne cesse de diminuer, la présidente de la CDU doit rendre son parti attrayant pour d'autres milieux. Pour rester un Volkspartei ("parti de rassemblement populaire"), il faut "faire une offre à chacun", explique-t-elle. "Elle n'a pas d'autre choix que d'ouvrir la CDU à d'autres électeurs", souligne un proche de la chancelière. La stratégie de Mme Merkel vise également à récupérer les électeurs chrétiens-démocrates qui avaient donné leur voix à ses alliés libéraux du FDP en septembre 2009. Ainsi, elle s'est prononcée en faveur d'une réforme fiscale en 2011 malgré les réserves de la CDU, qui préfère attendre l'estimation des recettes fiscales du mois de mai avant d'évoquer de nouvelles réductions d'impôts. Pour rassurer les siens, elle a néanmoins accepté d'intégrer dans le texte de la déclaration la nécessité de respecter le mécanisme de frein à la dette inscrit, depuis 2009, dans la Constitution allemande. Sur le plan gouvernemental, la chancelière devait s'employer à mettre fin à la cacophonie qui règne au sein de la coalition lors d'une réunion, à la chancellerie, des principaux représentants de la CDU-CSU et du FDP, dimanche 17 janvier. Depuis la formation du nouveau cabinet, fin octobre 2009, les désaccords ont émaillé les relations entre les unions chrétiennes et les libéraux. Ils s'opposent sur tous les grands chantiers de la législature, à commencer par les baisses d'impôts. La popularité de Mme Merkel s'en ressent puisque, selon un récent sondage, 52 % des Allemands trouvent qu'elle n'a pas suffisamment d'autorité sur son gouvernement. Or, en mai, aura lieu une élection test en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Cécile Calla
16/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/16/en-allemagne-angela-merkel-accentue-le-recentrage-de-la-cdu_1292564_3214.html
L'Algérie tente de s'attaquer au fléau de la corruption
La Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures, est au coeur d'un scandale.
L'affaire fait la "une" de tous les journaux algériens. Le PDG de la Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures, Mohamed Meziane, 60 ans, a été suspendu de ses fonctions et placé sous contrôle judiciaire, après avoir été inculpé en milieu de semaine pour malversations. Ses deux fils ont été placés sous mandat de dépôt. Dix membres de la direction de la Sonatrach, dont trois vice-présidents, ont en outre été soit placés sous mandat de dépôt, soit sous contrôle judiciaire. Au total, pas moins de quatorze personnes sont aujourd'hui poursuivies par la justice. Un véritable séisme pour le premier employeur de l'Algérie (125 000 personnes), et surtout le principal fournisseur en devises du pays grâce à ses recettes pétrolières et gazières : 9,2 milliards de dollars de bénéfice net en 2008, pour un chiffre d'affaires annuel de plus de 80 milliards de dollars. Le scandale a été rendu public, jeudi 14 janvier, par le quotidien francophone El Watan, qui révélait au passage que, "dans la précipitation", le ministre de l'énergie, Chakib Khelil, avait chargé la veille Abdelhafidh Feghouli, le seul des quatre vice-présidents de la Sonatrach à ne pas être éclaboussé par cette affaire, d'assurer l'intérim de la présidence du groupe. Il serait reproché à M. Meziane et aux autres cadres dirigeants du groupe d'avoir favorisé deux bureaux d'études et une entreprise spécialisée dans la sécurité, en échange de pots-de-vin. Les fils du PDG inculpé auraient joué le rôle d'intermédiaires. Cette affaire intervient quelques semaines après que la direction du ministère algérien des travaux publics eut été démantelée, elle aussi, pour corruption. Au coeur du scandale : l'autoroute Est-Ouest (920 kilomètres et 11 milliards de dollars), le projet phare du président Abdelaziz Bouteflika. Ce grand chantier, qui doit relier l'Algérie à ses voisins marocain et tunisien, est devenu soudain l'emblème de la corruption qui entoure l'octroi des marchés publics en Algérie. "Ombres chinoises" El Watan, et le site Internet TSA (Tout sur l'Algérie) ont révélé que sept hauts responsables du ministère des travaux publics étaient sous les verrous depuis octobre 2009, en particulier le secrétaire général et le directeur de cabinet du ministre. Ils sont soupçonnés d'avoir favorisé un consortium chinois, CITIC-CRCC, en échange de commissions tournant autour de 530 millions de dollars. Dans cette affaire d'"ombres chinoises sur l'autoroute Est-Ouest", comme la surnomme la presse, le nom de Pierre Falcone, (condamné à six ans de prison par la justice française pour ventes d'armes illégales à l'Angola) a été avancé à plusieurs reprises par les journaux algériens. Falcone, selon eux, serait intervenu à Alger en faveur des Chinois, avant même le dépôt des offres de leurs concurrents américains, franco-allemands, italiens ou encore portugais. Voilà plusieurs mois que la présidence de la République algérienne insiste sur sa volonté d'éradiquer la corruption. Elle sait que le fléau ne recule pas dans le pays, bien au contraire. En 2009, l'Algérie se classait à la 111e place (sur 180) de l'indice de perception sur la corruption établi par l'ONG Transparency International. Alors que le climat social est en ébullition, avec des grèves dures à répétition ici et là, notamment dans la sidérurgie, le pouvoir algérien a tout intérêt à montrer qu'il prend le problème au sérieux. Florence Beaugé
16/01/2010
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/01/16/l-algerie-tente-de-s-attaquer-au-fleau-de-la-corruption_1292614_3212.html
"Confrontée aux mutations de la presse, la fédération CGT du Livre est divisée entre ""rénovateurs"" et ""orthodoxes"""
Les dissensions entre les deux courants ont marqué les derniers mouvements sociaux.
Michel Müller n'hésite pas à mettre la question sur la table : "Le Syndicat du Livre existe-t-il encore ?" Le président de la Fédération des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication (Filpac-CGT), la branche de la CGT qui coiffe les industries du Livre, souhaite tourner la page d'un syndicalisme catégoriel centré sur les métiers. "Nous ne sommes plus une fédération du Livre, assène-t-il, mais des syndicats des entreprises de presse." Le syndicalisme du Livre a bel et bien éclaté en deux. D'un côté, les "rénovateurs", qui se réclament de Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, et plaident pour un syndicalisme centré sur l'entreprise, fédérant tous les salariés qui partagent une même approche. De l'autre, les "orthodoxes", défenseurs d'un syndicalisme propre aux industries de la presse, dont la particularité a longtemps été d'être axé sur les différents métiers de la chaîne d'impression, selon le principe "un métier, un statut, un syndicat". C'est pourquoi coexistaient des organisations pour les correcteurs, les typographes, les rotativistes, les électromécaniciens (chargés de la maintenance), le personnel chargé de l'expédition, etc. A partir des années 1980, toute cette chaîne a volé en éclats sous l'effet des mutations technologiques. Des métiers entiers ont disparu, comme celui de typographe ou de clicheur. Ce bouleversement est à l'origine d'une recomposition syndicale. Les rénovateurs se regroupent dans le Comité intersyndical du Livre parisien (CILP), qui fédère Infocom-CGT, le Syndicat des imprimeries parisiennes (SIP) et le Syndicat des correcteurs. Les tenants du modèle ancien sont majoritaires au Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE). Ces deux tendances ont montré leurs divisions au grand jour à l'occasion des différents conflits sociaux qui ont agité la presse ces derniers mois. Plan de départs En février 2009, lorsqu'une journaliste de Libération a été licenciée, Infocom-CGT est parvenu à un accord avec la direction du quotidien, prévoyant une formation et des indemnités plus importantes pour la salariée. De son côté, le SGLCE n'a pas accepté cette négociation et a bloqué à deux reprises la distribution du quotidien. Récemment, lorsque Le Monde a annoncé son intention d'ouvrir le capital de son imprimerie à un partenaire extérieur, le CILP a donné son accord à la condition d'une modernisation des rotatives. Le SGLCE s'y est, lui, opposé et a bloqué la parution du Monde daté des 6 et 7 janvier. Dernière pierre d'achoppement : la Filpac a accepté l'accord relatif à la modernisation de la presse quotidienne nationale, issu des Etats généraux de la presse écrite (accord dit "Imprime"), qui prévoit le départ de 350 personnes des imprimeries de presse nationale tandis que le SGLCE refuse de le signer. Marc Norguez, son secrétaire général, s'oppose notamment au départ de salariés de moins de 50 ans. Il se déclare aujourd'hui "plus à gauche que la Filpac" et se dit "déçu" par celle-ci. Beaucoup s'interrogent sur la stratégie du SGLCE. Patrick Eveno, historien de la presse, parle d'une "attitude suicidaire" : "Pour obtenir des dédommagements, ils sont prêts à tuer la presse", juge-t-il. Roger Lancry, qui a dirigé le syndicat du Livre jusqu'en 1990, n'est pas loin de partager cette analyse. "Dans une période de crise, les grèves ne sont pas souhaitables, car elles contribuent à affaiblir un peu plus la presse payante, déplore-t-il. Les mutations sont inéluctables. Il est temps de mettre un terme aux querelles du passé et de s'unir pour sauver ce métier." La Filpac doit tenir son comité général du 17 au 19 mars. M. Müller devrait céder la place à Marc Peyrade, d'Infocom-CGT, qui se situe lui aussi du côté des rénovateurs. Le SGLCE, dont les plus grands bataillons se trouvent chez Presstalis (ex-NMPP), premier opérateur de la distribution, se trouve isolé dans la fédération et tentera de se faire entendre. Xavier Ternisien
16/01/2010
actualite-medias
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/01/16/confrontee-aux-mutations-de-la-presse-la-federation-cgt-du-livre-est-divisee-entre-renovateurs-et-orthodoxes_1292633_3236.html
A Santiago du Chili, un Musée de la mémoire témoigne de la dictature
L'ouverture de l'établissement a créé une polémique en pleine campagne présidentielle.
Au premier étage du nouveau Musée de la mémoire de Santiago du Chili, dans le quartier historique deYungay, une gravure en cuivre montre deux mains accrochées à des barreaux de prison, avec l'inscription "ces mains sont douleur, poésie et amour ". Elle a été faite par le père de la présidente socialiste Michelle Bachelet, un général qui s'était opposé au coup d'Etat militaire d'Augusto Pinochet le 11 septembre 1973. Il est mort en détention des suites de tortures, en 1974. C'est l'un des objets donnés par les familles des 3 200 morts ou disparus de la dictature militaire (1973-1990). L'imposant musée en béton et verre de 5 600 mètres carrés a été inauguré, le 12 janvier, par Mme Bachelet qui, avec sa mère, fut emprisonnée et torturée en 1975 avant de partir en exil. A quelques jours du second tour d'une élection présidentielle où la droite a montré sa force, l'ouverture d'un tel musée, témoignant des violations de droits de l'homme commises durant dix-sept ans, a déclenché une vive polémique. La droite a dénoncé une manoeuvre politique visant à favoriser l'ex-président démocrate-chrétien Eduardo Frei (1994-1998), qui était le candidat de la coalition de centre-gauche au pouvoir depuis vingt ans. L'écart le séparant de son rival, Sebastian Piñera, s'était réduit à moins de 2 points à la veille du scrutin. "Ce musée répond à une nécessité civique, à un droit de mémoire qui n'a rien à voir avec la politique, dit une femme, née un an après le coup d'Etat. La plus grande victoire de Pinochet a été de contraindre les Chiliens à se taire et à oublier." Elle tient par la main son fils de 12 ans, planté devant l'immense écran où apparaissent d'anciens détenus qui ont survécu à la torture et racontent leurs souffrances. Quelque 28 000 cas de torture ont été recensés durant les "années de plomb". "En son grand coeur" Des centaines de personnes de tous âges se pressent silencieusement sur les trois étages du musée, qui réunit 40 000 pièces : des objets intimes, officiels, des archives ou de simples poupées de laine confectionnées par des prisonnières pour leurs enfants. Beaucoup ont les larmes aux yeux face au mur immense couvert de photos en noir et blanc des victimes, en majorité des visages jeunes et souriants. Un vieillard pleure doucement : il a reconnu son petit-fils, disparu, dans un documentaire montrant des arrestations dans le bidonville de La Victoria. "Il avait 20 ans, c'était un simple ouvrier, pas un guérillero", murmure-t-il. A son côté, un survivant des camps de détention ne parvient pas à parler, brisé par l'émotion. Parmi les lettres de détenus, l'une des plus émouvantes est celle d'une fillette de 9 ans. Elle a écrit à la femme du dictateur, Lucia Pinochet, confiante "en son grand coeur", pour lui demander de l'aider à retrouver son père, arrêté un matin de 1975. La réponse est, elle aussi, exposée : Mme Pinochet promet de transmettre la demande à la Dina, la police secrète.
16/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/16/a-santiago-du-chili-un-musee-de-la-memoire-temoigne-de-la-dictature_1292560_3222.html
La BBC vivement critiquée pour sa course à l'Audimat et le salaire de ses dirigeants
Malgré ses succès, la BBC est sous le feu des critiques, alors que l'approche des élections générales, qui doivent se dérouler d'ici à juin 2010 au Royaume-Uni, échauffe les esprits.
Malgré ses succès, la BBC est sous le feu des critiques, alors que l'approche des élections générales, qui doivent se dérouler d'ici à juin 2010 au Royaume-Uni, échauffe les esprits. "Il faut plus de qualité et moins de course à l'Audimat, moins de prime à la jeunesse et plus d'attention aux besoins de la population plus âgée." A écouter le réquisitoire du consultant Mark Oliver, le plus grand groupe audiovisuel au monde a perdu son chemin. Commandité par le centre d'études londonien Policy Exchange, ce document explosif propose un bouleversement total de la stratégie actuelle du service public britannique. L'expert préconise le redéploiement de 5 % des sommes récoltées par l'intermédiaire de la redevance annuelle fixée à 3,7 milliards de livres (4,2 milliards d'euros) pour soutenir les diffuseurs privés dans certains secteurs. Il s'agirait, par exemple, de confier les programmes de BBC3, la chaîne de divertissement destinée aux adolescents, à des concurrents à l'audience jeune, à l'instar de Channel Four, E4 ou MTV. Les réseaux commerciaux généralistes comme ITV ou Channel 5 pourraient retransmettre la formule 1 ou la Coupe d'Angleterre de football capturées récemment à prix d'or par la "Beeb". En échange du monopole sur l'information régionale, la BBC pourrait laisser au pôle commercial une partie des émissions grand public destinées aux enfants. Par ailleurs, les économies réalisées en réduisant l'achat de séries américaines devraient permettre de favoriser la mise en chantier de davantage de feuilletons ou de "dramatiques" maison. Sur le plan de l'organisation, le document propose l'abolition du "trust", le conseil d'administration de la BBC, aujourd'hui écartelé entre sa mission de champion du service public et de régulateur. M. Oliver se déclare favorable à la création d'une instance dirigeante "musclée" de la BBC, et d'un organisme de contrôle chargé de promouvoir les intérêts du public englobant à la fois le secteur commercial comme le secteur d'Etat. Cette attaque en règle vient s'ajouter à plusieurs scandales retentissants qui ont touché la BBC. Tout d'abord, les rémunérations excessives des animateurs stars ont révulsé le contribuable. La controverse sur ces contrats, qu'aucune chaîne privée n'aurait signés, a amené la vedette Jonathan Ross, le Laurent Ruquier britannique, payé 18 millions de livres sur trois ans (environ 20 millions d'euros) à rendre son tablier. De surcroît, même les très respectés services extérieurs n'échappent pas à la quête de l'Audimat. Que penser de ce récent programme du service africain du World Service demandant à ses auditeurs de répondre à la question : "Faut-il tuer les homosexuels ?" Autre dossier chaud : les salaires mirifiques que s'octroient les responsables, alors que le groupe est confronté à de graves difficultés financières. Malgré le plan qui prévoit la disparition de 20 % des 24 000 emplois, le directeur général de la BBC, Mark Thompson, est payé 664 000 livres (750 000 euros) par an, trois fois le salaire du premier ministre Gordon Brown, sans compter de généreuses notes de frais. Les critiques dénoncent également le coût exorbitant de la rénovation du siège londonien de Broadcasting House, tout comme celui du transfert d'une partie des effectifs à Manchester. Enfin, menés par le clan de Rupert Murdoch, actionnaire principal du bouquet satellite BSkyB, les rivaux du privé gravement touchés par la chute de leurs recettes publicitaires multiplient les accusations de concurrence déloyale à l'encontre de BBC Worldwide, filiale commerciale extrêmement profitable. Soumis à ce tir croisé, M. Thompson a lancé une contre-offensive en commanditant sa propre étude. Le cabinet Deloitte estime à 7,6 milliards de livres la contribution annuelle de la BBC à l'économie nationale via les ventes de programmes à l'étranger et la sous-traitance aux producteurs indépendants. Au hit-parade des programmes les plus originaux, la BBC l'emporte haut la main. Le site Internet de BBC News et la radio constituent une incroyable success story. Surtout, la grande majorité des Britanniques estime que le service public représente un bon rapport qualité-prix. Marc Roche et Marc Roche
16/01/2010
actualite-medias
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/01/16/la-bbc-vivement-critiquee-pour-sa-course-a-l-audimat-et-le-salaire-de-ses-dirigeants_1292618_3236.html
"M. Obama fait de l'aide une ""priorité"", et envoie 10 000 soldats en Haïti"
Le président américain a confié des missions à ses prédécesseurs George W. Bush et Bill Clinton.
Les Américains ont repris le chemin d'Haïti. Après les interventions de 1994 et de 2004, l'armée américaine est de nouveau à Port-au-Prince. Cette fois, il s'agit de sécuriser la distribution de l'aide humanitaire, mais les responsables à Washington n'excluent pas une mission de maintien de l'ordre si nécessaire. Barack Obama s'est entretenu pendant plus d'une demi-heure vendredi avec le président haïtien René Préval. Les responsables américains insistent sur le fait qu'ils agissent en liaison avec son gouvernement et avec l'ONU, qui "continue à avoir un rôle central", comme l'a assuré M. Obama. Mais il est clair que, pour M. Obama, les Etats-Unis ont une responsabilité particulière. "Nous sommes à un de ces moments où doit s'exercer le leadership américain", a-t-il dit. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton devait se rendre sur place samedi pour rencontrer M. Préval, afin de manifester clairement que Washington agit en concertation avec le gouvernement haïtien. Les parachutistes de la 82e division aéroportée ont pris officiellement vendredi le contrôle de l'aéroport, à la suite d'un accord conclu avec M. Préval, selon le département d'Etat. Le porte-avions à propulsion nucléaire Carl-Vinson est arrivé avec 19 hélicoptères qui ont commencé des rotations de distribution de vivres. Avant lundi, 10 000 soldats devaient être sur place à Port-au-Prince ou au large, selon le chef d'état-major interarmées, l'amiral Michael Mullen. Depuis le tremblement de terre, le président Obama est apparu tous les jours à la télévision pour faire le point de la mobilisation américaine. S'il avait été contesté pour sa réponse tardive à la tentative d'attentat contre un avion de ligne le jour de Noël, il a cette fois agi immédiatement. Dès mercredi, 24 heures après le séisme, il a tenu une réunion de crise d'une heure avec l'état-major militaire et civil dans la "situation room" qui abrite habituellement les réunions sur l'Afghanistan. Il a exigé une réponse "rapide, coordonnée et agressive" des différentes agences du gouvernement, en leur demandant de faire de l'aide à Haïti une "priorité". Dès le lendemain, les premiers soldats de la 82e division aéroportée sont arrivés à Port-au-Prince. Le 23e escadron tactique spécial de l'armée de l'air a rétabli le contrôle aérien. Plusieurs centaines de secouristes ont été dépêchés, ainsi que les garde-côtes. Une première aide de 100 millions de dollars d'assistance a été débloquée. Robert Gates, le ministre de la défense, a annulé son déplacement en Australie. Clairement, la Maison Blanche entend montrer que "ce n'est pas Katrina", comme l'a dit un membre de l'entourage présidentiel. Selon son porte-parole Robert Gibbs, M. Obama estime que la "réponse" américaine au désastre à Port-au-Prince est "importante", non seulement pour la population haïtienne et les Américains qui se trouvaient dans l'île (au nombre de 45 000, dont 850 ont pu être évacués) mais pour ce qu'elle dit "de notre identité en tant que pays et en tant que bons voisins" dans la région. La Maison Blanche signale aussi qu'elle est consciente que l'après-tremblement de terre n'est pas une crise humanitaire tout à fait comme les autres et qu'elle est potentiellement explosive. Miami ne se trouve qu'à 1 200 km de Port-au-Prince. Chaque crise en Haïti fait craindre aux Américains un exode massif, à l'image de la fuite de ces boat-people tentant de rejoindre la Floride après le renversement du président Jean-Bertrand Aristide, en 1991. Ils avaient été empêchés d'accoster et renvoyés vers la base navale de Guantanamo Bay. Les Clinton - qui ont une longue connaissance de l'île où ils ont passé leur voyage de noces en 1975 - ne sont pas pour rien dans la prise de conscience de l'urgence actuelle. Bill Clinton, le président qui a envoyé 20 000 soldats pour restaurer le pouvoir du Père Aristide en 1994 - et aujourd'hui envoyé spécial de l'ONU pour Haïti, a adressé des condoléances au secrétaire général Ban Ki-moon, quelques heures seulement après le séisme, anticipant le lourd tribut payé par l'Organisation. Son épouse Hillary, qui avait entamé une tournée asiatique, est rentrée d'urgence. Elle a été interrogée sur les offres de retour de M. Aristide, poussé à l'exil en 2004 par une partie de la communauté internationale, dont les Etats-Unis et la France. "Sans commentaire", a-t-elle tranché. M. Obama a convié son prédécesseur George W. Bush samedi à la Maison Blanche pour lui confier une mission de collecte de fonds en compagnie de Bill Clinton. Pour l'actuel président, c'est une manière de montrer que les républicains, qui lui mènent une guerre impitoyable sur la réforme de la santé, soutiennent certaines de ses initiatives. Et, incidemment, c'est une manière de ramener George Bush sur le devant de la scène, à quelques jours de l'anniversaire de l'investiture du 20 janvier, alors que les sondages n'accordent à M. Obama plus qu'une moitié d'opinions favorables.
16/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/16/m-obama-fait-de-l-aide-une-priorite-et-envoie-10-000-soldats-en-haiti_1292547_3222.html
Supporter l'insupportable
Thierry Baubet, psychiatre à l´hôpital Avicenne de Bobigny, relate la douleur et l'angoisse auxquelles sont confrontés ces ressortissants haïtiens.
Plusieurs centaines de membres de la communauté haïtienne de France se sont réunis à la Bourse du travail de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), jeudi 14 et vendredi 15 janvier, à l'initiative de la Plateforme d'associations franco-haïtiennes (Pafha). A la demande du SAMU, des membres de la Cellule d'urgence médico-psychologique de Seine-Saint-Denis (CUMP 93) étaient à leurs côtés. Thierry Baubet, psychiatre à l´hôpital Avicenne de Bobigny et responsable de la CUMP 93, relate la douleur et l'angoisse auxquelles sont confrontés ces ressortissants haïtiens, qui demeurent depuis plusieurs jours sans nouvelles de leurs proches. Quel est l'objet de ces réunions ? Permettre aux membres de la communauté haïtienne d'être ensemble, tout simplement. Durant la soirée de jeudi, ceux qui sont venus n'avaient pas de demande particulière. Ils se passaient le micro pour faire part de leur détresse, mais aussi pour raconter des histoires, chanter des chants haïtiens... Les secouristes de la Croix-Rouge qui étaient là ont dirigé vers nous ceux qui leur paraissaient les plus fragiles. Ce premier soir, nous avons parlé avec une soixantaine de personnes, et mené des entretiens plus approfondis avec une trentaine d'entre eux. Dans quel état psychologique les avez-vous trouvés ? Le moment est très particulier. Depuis le séisme, ces hommes et ces femmes sont dans l'attente de nouvelles, et s'inquiètent pour certains membres de leur famille sans savoir s'ils sont morts ou vivants. Cela crée un vécu psychique de grande confusion, pratiquement insupportable car ils ne peuvent ni commencer à faire le deuil ni en sortir tout à fait. C'est un équilibre très fragile, face auquel nous devons agir avec beaucoup de prudence. Ces gens sont suspendus à une information qui peut à n'importe quel moment faire basculer leur vie. Suspendus entre la vie et la mort, même si ce n'est pas la leur. Comment les aidez-vous à surmonter le choc ? Il n'y a pas de recette pour prendre en charge de telles situations. On les incite à s'exprimer, à mettre un peu d'ordre, par la parole, dans le chaos qu'ils peuvent ressentir. L'attente est d'autant plus insupportable que, pour beaucoup d'entre eux, les membres de la famille qui sont à Haïti ne sont pas seulement des grands-parents ou des parents, mais des frères, des soeurs, des enfants. Ce sont donc des très proches, et souvent des très jeunes dont ils espèrent des nouvelles. Quand ils parviennent à parler, on voit apparaître toute une série d'émotions extrêmement violentes : la culpabilité, l'envie de mourir soi-même pour que la souffrance s'arrête, le besoin d'aller sur place... Pour pouvoir agir, enfin ? Pour essayer de sortir de la passivité. La confusion qui règne en Haïti et l'absence de communications confrontent les migrants à une impuissance radicale : ils sont ici, ne pouvant rien savoir ni faire, si ce n'est être le jouet du réseau téléphonique. Or, nombre d'entre eux sont des gens courageux, qui ont eu l'habitude toute leur vie d'agir dans l'adversité. Ce sont des battants privés de toute possibilité d'agir, ce qui est douloureux. C'est pourquoi certains veulent aller sur place. Pour calmer l'angoisse à l'échelon individuel. Et, à l'échelon collectif, pour participer à la reconstruction et aider les survivants. Comment l'intense couverture médiatique dont Haïti fait l'objet est-elle vécue par ces ressortissants ? Pour les principaux concernés, l'hypermédiatisation qui accompagne une catastrophe comme celle-ci a d'abord un effet positif, dans la mesure où elle signifie une solidarité vis-à-vis des victimes et de leurs familles. Le revers, c'est que les médias, au bout de quelques jours ou de quelques semaines, se désintéressent de l'événement. Ce moment est toujours vécu comme une souffrance supplémentaire, comme un véritable abandon. Au-delà de l'immédiat, quelle aide psychologique faut-il prévoir à moyen terme ? Le soutien n'a pas de sens s'il s'arrête au bout de 24 heures, et nous avons veillé, pour tous ceux avec qui nous avons eu un entretien approfondi, à ce qu'ils prennent un nouveau rendez-vous avec un thérapeute dans les jours qui viennent. Cette vigilance est d'autant plus essentielle qu'il va y avoir de nombreuses personnes endeuillées, qui n'auront ni corps ni inhumation pour accepter cette réalité. Il faut anticiper ce moment, se tenir prêts à aider ces familles. Et surtout, avoir en tête la question des enfants, qui sont en général les grands oubliés. Pour la suite de leur vie, il est essentiel de prendre leur deuil en compte, de savoir parler de la mort avec eux. Et ce n'est pas facile. Propos recueillis par Catherine Vincent
16/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/16/supporter-l-insupportable_1292541_3222.html
Mme Ben Brik plaide la cause de son mari à Paris et à Strasbourg
Entre les proches de Taoufik Ben Brik, le journaliste tunisien qui purge une peine de six mois de prison ferme et le régime du président Ben Ali, une partie incertaine va se jouer mardi à Strasbourg.
Entre les proches de Taoufik Ben Brik, le journaliste tunisien qui purge une peine de six mois de prison ferme à la suite, selon ses mots, d'un "traquenard" de la police, et le régime du président Ben Ali, une partie incertaine va se jouer, mardi 19 janvier, à Strasbourg. L'enjeu pour les défenseurs du journaliste, connu pour ses écrits féroces contre le successeur de Habib Bourguiba : obtenir des parlementaires européens une résolution qui condamne la Tunisie pour son peu de respect des droits de l'homme et exige la libération de M. Ben Brik. La partie n'est pas gagnée d'avance. Les ONG ont beau fustiger régulièrement le "régime policier" mis en place par M. Ben Ali - au pouvoir depuis vingt-trois ans -, Tunis compte des alliés à Strasbourg jusque dans les rangs des socialistes français, espagnols et italiens. Pour raffermir leurs rangs, une délégation d'élus tunisiens est déjà à pied d'oeuvre à Strasbourg. "Ça va être difficile, reconnaît Azza Ben Brik, autorisée par Tunis à venir plaider la cause de son époux. A défaut d'une résolution, on devra peut-être se contenter d'une recommandation", d'une portée moindre. En attendant la joute de Strasbourg, Mme Ben Brik a choisi de plaider la cause de son mari à Paris. Arrivée mercredi soir en France, elle va demander à rencontrer le président Nicolas Sarkozy, son épouse, Carla Bruni, les "amis de la Tunisie", dont le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et les dirigeants des partis politiques de droite comme de gauche. Le ministre des affaires étrangères figure également sur sa liste. Le sort fait à Taoufik Ben Brik exaspère Bernard Kouchner, mais "que faire lorsque les démarches diplomatiques n'aboutissent à rien sinon à aggraver le sort du détenu", s'interrogeait en privé le ministre il y a quelques jours. Pour Mme Ben Brik, Tunis s'ingénie à détruire à petit feu son mari, de santé fragile et détenu loin de son lieu de résidence : "J'ai droit à une visite par semaine. Et ses avocats à aucune. Il me faut cinq heures de route aller-retour pour une visite de cinq minutes. Parfois moins, si l'on parle d'autre chose que de la famille ou de ses problèmes de santé." Placé dans une cellule collective, son mari est interdit de toute lecture. "Il n'a ni radio ni télé. Il n'a même pas le droit d'avoir un crayon", dit-elle. Pour faire libérer le journaliste, ses frères et soeurs, ainsi qu'Azza Ben Brik, observent depuis une semaine une grève de la faim. Jean-Pierre Tuquoi
16/01/2010
actualite-medias
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/01/16/mme-ben-brik-plaide-la-cause-de-son-mari-a-paris-et-a-strasbourg_1292562_3236.html
La guerre de Monsieur Z
Le milliardaire Romain Zaleski accuse la famille Duval, principal actionnaire du géant minier Eramet, qui exploite notamment les mines de nickel de Nouvelle-Calédonie, d'avoir dissimulé une dette colossale.
Personne, ou presque, n'a jamais entendu parler de la famille Duval. Elle cultive une discrétion de bon aloi, bien dans l'esprit des grandes familles de Clermont-Ferrand, comme les Michelin, avec qui elle est d'ailleurs apparentée. Les Duval sont pourtant classés au 23e rang des plus grandes fortunes de France, selon l'hebdomadaire Challenges, et sont à la tête d'Eramet, un groupe puissant qui exploite les mines de nickel en Nouvelle-Calédonie, de manganèse au Gabon et produit des aciers de haute qualité. Or, il y a chez Eramet un actionnaire influent, et non moins discret. Romain Zaleski, dit "Monsieur Z", 8e fortune française et ancien champion de France de bridge. Il a déposé, le 17 décembre, comme l'ont signalé Les Echos, une assignation un peu brutale devant le tribunal de commerce de Paris, et accuse les Duval d'une fraude colossale, de plus de 2 milliards d'euros. Le dossier est sensible, notamment en raison de la situation politique toujours tendue en Nouvelle-Calédonie et au Gabon, et Monsieur Z a pris soin de prévenir en haut lieu, et jusqu'à l'Elysée. Il y a un moment que Romain Zaleski s'agaçait. Sa société, Carlo Tassara, détient 13 % d'Eramet depuis octobre 2000. "J'ai été très déçu de la gestion d'Eramet, explique le financier. Le management m'a tenu à l'écart pendant dix ans - c'est peu dire à l'écart. Je comprends mieux pourquoi aujourd'hui. Ils ont géré ça n'importe comment." Il a essayé de s'en expliquer avec la famille Duval. Anne Lauvergeon, la présidente d'Areva, elle aussi actionnaire d'Eramet, a organisé un déjeuner, puis un banquier s'y est attelé. En vain. "Les Duval ne disent ni oui ni non, ils sont incapables de diriger un groupe comme Eramet, assure Romain Zaleski. Ils gèrent seulement leurs affaires personnelles par le petit bout de la lorgnette." Mais non sans un certain talent, si l'on en croit l'assignation. L'affaire remonte à 1999. Eramet est alors un groupe minier florissant, contrôlé par l'Etat, mais qui sort de la tempête. Le gouvernement, pour apaiser les tensions en Nouvelle-Calédonie, a voulu lui retirer ses droits sur le nickel. Après une longue bataille, Eramet est finalement indemnisé et les provinces calédoniennes reçoivent des parts de capital. Le groupe cherche un partenaire pour se privatiser. Justement, il y a les Duval. Le groupe Aubert & Duval fabrique depuis 1907 des aciers spéciaux de haute qualité pour les fusées Ariane, le TGV, Boeing, Airbus, les voiliers de la Coupe de l'America... Jean Duval, le père, tient le groupe d'une main ferme, jusqu'à sa mort, en 1997. Georges, son fils cadet, reprend les rênes avec trois de ses frères, et abrite les vieux ateliers Aubert & Duval dans une holding, la Société industrielle de métallurgie avancée (SIMA). Elle a les aciers, Eramet, les mines, la fusion paraît naturelle. On retient d'un commun accord le principe, après consultation de banques conseil, d'un échange mutuel de titres : une action SIMA pour 3,2 actions Eramet. Voilà la famille Duval à la tête de 37,11 % des actions d'Eramet - une fortune : l'action, fort mouvante il est vrai, est cotée aujourd'hui autour de 240 euros. Les Duval en ont 8,5 millions, soit 2 milliards d'euros et contrôlent de facto, avec les droits de vote double, 74,4 % du capital. Eramet, c'est eux. 4,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2008, 15 000 personnes dans 20 pays et une valeur boursière de près de 6 milliards d'euros. Le groupe essuie un léger coup de tabac le 11 septembre 2008 avec la parution d'un article du Point, intitulé "Le magot des Duval", qui explique crûment qu'Eramet "s'est fait rouler dans la farine", que les Duval étaient quasiment ruinés par des investissements hasardeux, mais "médiocres capitaines d'industrie, ils ont formidablement défendu leurs intérêts". Romain Zaleski, l'actionnaire minoritaire qui enrage dans son coin, se lance dans l'enquête. Et la moutarde lui est montée au nez par ce qu'il dit avoir découvert. Les Duval détenaient 38,5 % d'une société américaine, Special Metal Corps (SMC) qui, neuf mois avant que la famille entre dans Eramet, en 1999, a acheté à grands frais un concurrent canadien, Inco Alloys. SMC a emprunté 345 millions de dollars auprès du Crédit lyonnais USA, soit deux fois ce que pèse la société en bourse. Le prix est démesuré, Inco Alloys perd de l'argent, et SMC n'a aucune chance de faire face à ses engagements, ce qui va bientôt créer à SIMA, la maison mère, et donc aux Duval, de sérieux problèmes. Le Crédit lyonnais l'a bien compris, et risque lui aussi d'y perdre des plumes. C'est ainsi sa filiale, Clinvest, qui met en relation les Duval et Eramet, toujours à la recherche d'un partenaire. Le 11 février 1999, Georges Duval et le PDG d'Eramet, Yves Rambaud, signent un protocole secret qui définit les grandes lignes de l'opération. Avec une clause où Eramet accepte par avance de ramener l'endettement de SIMA dans des normes raisonnables. Mais SIMA ne fait état que d'un endettement de 180 millions d'euros. Malheureusement, la situation de SMC se dégrade à vue d'oeil. En 1999, Eramet prête à sa filiale SIMA 5,3 millions d'euros, puis 25,1 millions l'année suivante, 79,6 millions en 2001, 13,1 millions en 2002, 23 en 2003, 141,7 en 2004 : le gouffre américain semble sans fond. Ainsi, résume sèchement la plainte de Romain Zaleski, Eramet constate dans ses propres comptes "une perte sèche de près de 70 millions d'euros, dix-huit mois après l'entrée de la famille Duval dans le capital d'Eramet". Eramet a versé à SIMA entre 1999 et 2008 286,7 millions d'euros de prêts et d'apports en capital, selon l'assignation. Ce qui n'a pas empêché SMC de déposer le bilan en 2002. Mais Eramet a réglé la note, SIMA est sauvé. Monsieur Z note en passant que ces prêts n'ont pas fait l'objet d'une autorisation préalable auprès des actionnaires, comme c'est la règle. Surtout, il s'est penché sur les deux autres actionnaires de SMC, deux holdings luxembourgeoises, par définition assez opaques, AMI et LWH, qui détenaient à elles deux 36,6 % du capital de la société américaine naufragée et qu'il soupçonne d'être des prête-noms clandestins des Duval. Le représentant d'AMI (Advanced Materials Investments), est un certain Jean Chauveau. Qui se trouve être à l'époque administrateur de la Société belge d'aciers et d'alliages spéciaux, logée dans une rue chic de Bruxelles à l'adresse exacte de la filiale belge d'Aubert & Duval. Et la représentante et administratrice de LWH, Marie-Thérèse Gorges-Heinz, est également présente dans une autre holding luxembourgeoise, BV Investment qui était actionnaire de SIMA avec les Duval en 1999. De là à penser que les deux holdings étaient des cache-nez luxembourgeois de la famille Duval dans SMC, il n'y a qu'un pas, que Romain Zaleski franchit sans hésiter. Si c'était le cas, la famille Duval détenait non pas 38,5 % de SMC mais 75 %, et a caché à Eramet qu'elle était endettée jusqu'aux os. "C'est donc bien SIMA qui prenait seule en main les destinées de SMC, assure l'assignation. Ce qui prouve que les deux autres actionnaires n'étaient que des figurants agissant pour le compte de SIMA." Détail amusant, sauf pour Eramet : pendant que le groupe minier écopait la dette, SMC a versé 1,8 million de dollars de participation à LWH. Personne n'a l'air de savoir dans quelles poches ils sont tombés. Pour le plaignant, en tout cas, "la famille Duval a dissimulé aux commissaires aux apports et aux actionnaires d'Eramet la nature et l'étendue du contrôle que SIMA exerçait sur SMC". Selon lui, les Duval auraient dû intégrer dans leurs comptes la dette financière nette de SMC de 2,5 milliards de francs, et non pas la "mettre en équivalence", un procédé comptable qui revient de fait à la minorer. Si Eramet avait réalisé l'ampleur du naufrage de SMC, le mariage avec SIMA aurait été difficile. SIMA a été valorisé en 1999 à 2 milliards de francs. Selon les experts Olivier Marion et Claude Mathieu, missionnés par Romain Zaleski, "la prise en compte de l'intégralité de la dette (...) de SMC au 31 décembre 1998, qui aurait dû apparaître au bilan consolidé du groupe SIMA, aurait ainsi fait diminuer la valeur de SIMA à - 496,4 millions de francs." Selon Zaleski, les Duval n'auraient pas dû hériter de 37 % du capital d'Eramet, ni toucher 201 millions de dividendes depuis 1999. Pour Mes Yann Colin, Patrick Maisonneuve et Olivier Cren, qui portent la procédure, si une éventuelle escroquerie est prescrite, la fraude dont ils accusent les Duval ne l'est pas. Ils réclament l'annulation de l'échange d'actions, le remboursement des dividendes et de 76,4 millions d'euros de prêts, soit la ruine de la famille Duval. Les Duval fuient la presse comme la peste et n'entendent pas changer de cap, même dans la tempête. Ils ont, selon leurs proches, un moral d'acier, et font répondre que la situation de SMC, cotée au Nasdaq, le marché d'actions américain, était parfaitement connue. Qu'en tant que société américaine détenue à 38,5 %, elle ne pouvait qu'être mise en équivalence et non pas intégrée dans les comptes de SIMA. Et qu'enfin, même si LWH et AMI étaient "des véhicules financiers de familles amies" qui tiennent toujours à un sain anonymat, il n'y avait pas de pacte capitalistique au sein de SMC, donc pas de dissimulation, encore moins de fraude. Et les Duval se demandent quelle mouche a piqué Monsieur Z, dix ans après les faits. Reste un troisième acteur, qui s'efforce de regarder ailleurs. Areva assure "n'avoir pas à s'exprimer dans une procédure qui vise la famille Duval". Etonnante position, pour un groupe qui détient 26 % d'Eramet et y représente l'Etat - "26 %, c'est trop ou pas assez", a coutume de dire Anne Lauvergeon. La situation est embarrassante, au moment où Areva négocie sa sortie du groupe minier. D'autant que le numéro deux d'Areva, Gérald Arbola, est l'époux de Christine Duval, riche actionnaire d'Eramet, "mais il ne s'est jamais occupé du dossier", assure Areva. Le petit monde de l'industrie, Bercy et l'Elysée suivent l'affaire de près. Les deux parties sont convoquées le 28 janvier devant le tribunal de commerce. Franck Johannès
16/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/16/la-guerre-de-monsieur-z_1292651_3234.html
L'immobilier de luxe retrouve son dynamisme
L'immobilier de luxe constitue un marché microscopique, de moins de 5 % des ventes, soit 1 500 à 2 000 transactions à Paris chaque année, mais qui préfigure souvent la tendance générale. La baisse de 10 % à 20 % des prix et l'arrivée de nouveaux acheteurs sont en train de relancer les transactions à Paris.
L'immobilier de luxe constitue un marché microscopique, de moins de 5 % des ventes, soit 1 500 à 2 000 transactions à Paris chaque année, mais qui préfigure souvent la tendance générale. Il est particulièrement difficile à cerner, car vendeurs comme acheteurs veulent rester discrets et se dissimulent souvent derrières des sociétés, à l'abri des curieux ou du fisc. "Après six effroyables mois, entre septembre 2008 et mars 2009, où nos chiffres d'affaires ont chuté de plus de 50 %, nous avons connu un frémissement, au printemps, et retrouvé un vrai dynamisme ces dernières semaines", se réjouit Charles-Marie Jottras, PDG du groupe Daniel Féau, dont le chiffre d'affaires 2009 surpasse de 4,5 % celui de 2008. Ses agences ont, rien qu'à Paris, réalisé 150 ventes de plus de 2,5 millions d'euros. Les notaires parisiens recensent, eux, 450 ventes de plus de 1 million d'euros, conclues au troisième trimestre 2009, dont seules 81 dépassent 2 millions d'euros. Le marché a redémarré d'abord parce que les vendeurs ont sérieusement revu leurs prétentions à la baisse, d'au moins 10 % à 20 %. En témoigne la mise en vente à Paris, pour 12 millions d'euros, de l'hôtel particulier du couturier Kenzo, près de la Bastille, qui a, début 2009, trouvé acheteur - un producteur de télévision - à 25 % de moins, soit 9 millions d'euros. De nouveaux acheteurs s'intéressent, en outre, au très haut de gamme, au-delà de 2,5 millions d'euros, dont les prix sont dictés par les riches étrangers. Les Russes, les Britanniques et les Américains sont nettement moins présents qu'auparavant, supplantés par des fortunes pétrolières venues du Kazakhstan ou du Moyen-Orient, notamment du Qatar, qui n'ont d'yeux que pour le triangle d'or parisien, dans le 8e arrondissement. Scandinaves, Belges et Suisses viennent aussi s'acheter un pied-à-terre à Paris, plutôt rive gauche. "J'observe également le retour de nombreux Français qui ont dû quitter leur job dans la finance, à Londres, ou sont un peu las de vivre à Uccle, la banlieue chic de Bruxelles", raconte M. Jottras. "Le cash est là", résume Eric Decailly, de l'agence parisienne Engel & Völkers, qui vient de vendre un bel appartement haussmannien à rénover, place de l'Alma, pour 2 millions d'euros, après que le vendeur a consenti un rabais de 20 %. "Mais, dans ces conditions, il faut acheter comptant, sans condition suspensive d'obtention d'un prêt, et en passant par une société pour éviter le délai de rétractation de huit jours imposé aux ventes immobilières depuis la loi Solidarité et renouvellement urbains (SRU) de décembre 2000", indique-t-il. La richesse n'est plus l'apanage d'hommes d'affaires ou d'industriels chenus. Toute une clientèle jeune, enrichie aux LBO, stock-options et autres bonus, fait évoluer le marché. Ainsi l'appartement haussmannien avec moulures, grande hauteur sous plafond et vue dégagée, est certes toujours très recherché, et à des prix qui peuvent atteindre 20 000 euros le mètre carré. Mais ces nouveaux riches veulent aussi des logements contemporains, duplex, lofts ou maisons de ville, qui font cruellement défaut dans la capitale. Ils font parfois appel à des décorateurs, qui s'improvisent eux-mêmes marchands de biens et revendent des appartements décorés, prêts à habiter, avec lits faits et vaisselier garni. "La rive gauche, et ses arrondissements historiques, attire beaucoup d'étrangers et a plus de succès que la rive droite - 16e, 17e arrondissements et Neuilly -, plus au goût des familles françaises bourgeoises classiques, dont le budget n'est, lui, pas illimité", estime Philippe Chevalier, de l'agence Emile Garcin, qui a récemment vendu un appartement donnant sur le jardin du Luxembourg au prix de 19 000 euros le m2. Les records de prix relevés par les notaires, au troisième trimestre 2009, ont été atteints par des appartements du 6e arrondissement, un 214 m2 de sept pièces, situé près des Invalides, qui a trouvé preneur à 5,26 millions d'euros, soit 24 600 euros le m2, et un duplex de 232 m2, près de l'église Saint-Thomas-d'Aquin, cédé 23 710 euros le m2, soit 5,5 millions d'euros. Cela reste cependant loin des 40 000, voire 50 000 euros le m2 de 2007... Autre type de biens très prisé des étrangers, les appartements avec services et conciergerie pouvant, comme dans un grand hôtel, dégotter une place de théâtre au dernier moment, réserver dans un restaurant ou réveiller un blanchisseur en pleine nuit... "Hélas ! ce type de biens est rarissime", déplore Stéphane Imowicz, de l'agence Ad Valorem. Isabelle Rey-Lefebvre
16/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/16/l-immobilier-de-luxe-retrouve-son-dynamisme_1292603_3234.html
A Paris, les ouvertures de supermarchés tout le dimanche se multiplient
Des employés dénoncent un "volontariat obligatoire" et des salaires qui ne sont pas majorés.
Une bataille entre supermarchés pour capter la clientèle du dimanche s'est-elle discrètement déclenchée ? A Paris, depuis quelques semaines, les enseignes multiplient les ouvertures dominicales. Et n'en déplaise à certains chefs d'entreprise, l'argument selon lequel les salariés opteraient pour le travail du dimanche "parce que ça les arrange", n'est que très rarement vérifié. "Evidemment que ça nous ennuie, on a une famille nous aussi !", indique ainsi Houssine, employé dans un Franprix près de la gare de l'Est dans le 10e arrondissement. Depuis septembre 2009, le magasin est ouvert le dimanche, le matin comme l'après-midi, grâce à une dérogation préfectorale. Depuis, les employés n'ont visiblement pas d'autre choix que de se plier à ce nouvel agenda. "C'est l'ordre des grands patrons", déplore un chef de rayon. Le gérant du supermarché, d'astreinte ce dimanche pluvieux de janvier, évoque, lui, la notion de "volontariat obligatoire", inventée par sa hiérarchie. "J'étais d'accord pour signer mon contrat de travail, mais ça s'arrêtait là !", dit-il. Ces employés sont d'autant plus amers que les salaires ne sont pas majorés. Et travailler le dimanche ne leur donne pas droit à un jour de repos supplémentaire. En outre, cette nouvelle contrainte ne dope pas spécialement les ventes. "Le chiffre d'affaires est le même que les autres jours de semaine. Dans d'autres magasins, c'est le double, mais pas chez nous", indique le gérant adjoint de ce Franprix. "Dérogations particulières" Un peu plus loin, dans un autre supermarché Franprix, lui aussi ouvert le dimanche, on évoque des ventes "significatives" ce jour-là. Mais le personnel n'est pas franchement plus enthousiaste. A la caisse, une employée d'origine indienne explique : "J'ai besoin d'argent, je n'ai pas vraiment le choix." A côté d'elle, sa collègue opine, discrètement. Le groupe Casino, qui chapeaute les enseignes Franprix, assure n'avoir pas donné de directive pour ces ouvertures dominicales. La grande distribution alimentaire s'est exclue des débats de 2009 concernant l'élargissement du travail du dimanche. Les acteurs se disaient satisfaits du dispositif en place les autorisant, de plein droit, à ouvrir le dimanche jusqu'à 13 heures. Le nouveau texte a accordé une demi-heure supplémentaire, soit jusqu'à 13 h 30. Mais certains indépendants gérés en franchise font "un peu comme cela les arrange", explique-t-on chez Casino. Pour les grandes enseignes, il n'est pas question d'être hors la loi. "Certaines peuvent bénéficier de dérogations particulières", indique la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD). Les autorisations préfectorales sont légion, et les enseignes peuvent négocier au cas pas cas avec les autorités. "Cela reste rarissime", assure la porte-parole de la FCD. La profession fait toutefois peu à peu part de ses ambitions dominicales de façon plus officielle. Chez Monoprix, la direction reconnaît ainsi se lancer dans ces ouvertures dominicales "pour s'adapter à la concurrence" et "parce que la clientèle le réclame". Depuis janvier, certains Monop' ouvrent ainsi les dimanches après-midi jusqu'à 22 heures pour tester, dans un premier temps, l'intérêt du dispositif. Et rue du 8-Mai-1945, dans le 10e arrondissement de Paris, le manager d'un de ces magasins nous explique qu'une équipe dédiée travaille ce jour-là. Et ce jour-là seulement. Dans les rayons, à la caisse, le personnel en poste est en majorité composé d'étudiants qui, comme Hakim, en deuxième année de licence en science de l'éducation, trouve même le concept adéquat : "Comme ça, j'ai le reste de la semaine pour réviser mes cours. Et puis, je suis célibataire, et sans enfants." Claire Gatinois
16/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/16/a-paris-les-ouvertures-de-supermarches-tout-le-dimanche-se-multiplient_1292583_3234.html
Sur les Bourses, l'hiver redevient rigoureux
A Paris, les valeurs vedettes de l'année 2009 ont été délaissées par les investisseurs.
Après dix mois de hausse quasi ininterrompue des marchés d'actions, l'hiver glacial a refroidi l'ardeur des investisseurs des deux côtés de l'Atlantique entre le lundi 11 et le vendredi 15 janvier. Les agapes des fêtes de fin d'année semblent déjà loin : les chiffres décevants de l'emploi américain, publiés le 8 janvier, ont montré à ceux qui en doutaient que la sortie de crise sera longue et difficile. Dans ce contexte, même si la grande majorité des investisseurs restent confiants dans la reprise en 2010, la moindre mauvaise nouvelle peut entraîner d'importantes prises de bénéfices : mieux vaut vendre ses actions que prendre le moindre risque. La consolidation a été plus précoce et plus marquée sur les places européennes qu'aux Etats-Unis. A Paris, le CAC 40 a cédé 2,24 %, à 3 954,38 points, tandis que Londres a perdu 1,43 % et Francfort 2,68 %. Wall Street a mieux résisté : le Dow Jones s'est replié de 0,8 %, le Nasdaq se tassant de 1,26 %. La semaine a surtout été marquée par les premières publications de résultats des entreprises américaines au quatrième trimestre 2009. Et globalement, elles ont dépassé les attentes des analystes, même si ces bonnes nouvelles n'ont pas forcément influé les cours de Bourse. Jeudi, Intel, leader mondial des microprocesseurs, a publié un bénéfice trimestriel de 2,3 milliards de dollars (1,6 milliard d'euros), quasiment multiplié par dix par rapport à la même période de 2008. Le groupe a aussi confirmé l'accélération de la demande de puces, ce qui laisse augurer une reprise des investissements des entreprises dans l'informatique. Cette bonne nouvelle a porté le titre, jeudi. Mais celui-ci reperdait vendredi le terrain gagné la veille pour terminer la semaine en légère baisse de 0,14 %. A la Bourse de Paris, le fabricant de puces STMicroelectronics était, lui aussi, orienté à la baisse : l'action a reculé de 3,93 %. En fait, le reflux des valeurs cycliques - celles dont l'activité dépend fortement de la conjoncture - est général, alors que celles-ci avaient été les grandes gagnantes de 2009 en Bourse. Le groupe de matériaux de construction Saint-Gobain a cédé 6,70 %, tandis que le sidérurgiste ArcelorMittal a perdu 4,25 %. Autre vedette de 2009, le secteur financier a aussi subi d'importantes baisses. L'avertissement sur résultats de la Société générale - à la suite d'une dépréciation de 1,4 milliard d'euros sur des actifs toxiques - a réveillé les suspicions. Certains analystes y voient la preuve que la facture de la crise n'a pas encore été complètement réglée par les banques. Le titre Société générale a chuté de 5,87 % sur la semaine. En revanche, les valeurs de la santé se sont distinguées. Délaissé en 2009, le secteur retrouve peu à peu la faveur des gérants, qui vantent son caractère "défensif" lié à la forte inertie des ventes de médicaments et aux dividendes élevés versés par les laboratoires. L'action Sanofi-Aventis a gagné 2,16 % et Essilor, leader mondial des verres ophtalmiques, a crû de 1,34 %. Dans les prochaines semaines, la tendance boursière restera certainement guidée par les publications de résultat, ce qui rend les gérants plutôt optimistes. "Vu les piètres résultats enregistrés au dernier trimestre 2008, les taux de croissance annuels des bénéfices ressortiront probablement en forte hausse", prédit Joost van Leenders, stratégiste allocation d'actifs chez Fortis Investments. Si l'évolution de la conjoncture a dicté le comportement des Bourses depuis le début de la crise, ce ne sera plus forcément le cas en 2010. Pour les experts de la Compagnie financière Edmond de Rothschild, "c'est la croissance des bénéfices des entreprises qui sera le moteur de la hausse des marchés d'actions. Les analystes prévoient une hausse de 25 % à 30% en moyenne, et de 16 % pour les sociétés non financières, ce qui paraît atteignable. Le potentiel de hausse des actions pourrait être un peu supérieur à 10 % pour les marchés européens et américains". Plus optimiste encore, Matthieu Grouès, responsable de la stratégie chez Lazard Frères Gestion, estime que les actions conservent un potentiel de hausse de 20 % à douze mois : "La reprise devrait être durable. La fin du déstockage des entreprises et le retour à un niveau normal d'investissement constituera un soutien important à l'activité. Ce mouvement sera particulièrement vigoureux aux Etats-Unis et son impact sera rapide." Jérôme Porier
16/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/16/sur-les-bourses-l-hiver-redevient-rigoureux_1292639_3234.html
La Grèce a de plus en plus mal à sa dette
Les taux de rendement des titres de dette à dix ans émis par le pays ont atteint, cette semaine, près de 6 %.
Qui veut la peau de la dette grecque ? La chancelière allemande, Angela Merkel, en se disant, jeudi 14 janvier, "préoccupée" par la situation budgétaire du pays ? La presse, notamment anglo-saxonne, qui multiplie les articles assassins et s'interroge sur la légitimité du pays au sein de la zone euro ? Certains opérateurs de marché, qui spéculent sur la glissade du déficit public grec ? Si aucun de ces protagonistes ne peut être soupçonné d'intentions maléfiques, tous ont sans doute contribué au nouveau coup de fièvre sur le marché des emprunts souverains de la Grèce. Les taux de rendement des titres de dette à dix ans émis par le pays ont atteint, cette semaine, près de 6 %. A titre de comparaison, l'emprunt allemand de même maturité se traite à un taux de l'ordre de 3,25 %. Ce qui signifie que, pour se financer, l'Etat grec doit offrir une rémunération très élevée à ses créanciers, illustrant la défiance des investisseurs. Les emprunts grecs leur brûlent les doigts et seuls les plus audacieux acceptent d'en acheter. De fait, même si Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE), a assuré, jeudi, qu'une éjection d'un pays de la zone euro était "une hypothèse absurde", le marché s'interroge. Et leurs interrogations ne sont pas totalement insensées. Le déficit public de la Grèce a atteint, en 2009, 12,7 % du produit intérieur brut (PIB). Le Fonds monétaire international (FMI) a fait une visite dans le pays pour étudier l'éventualité d'une "assistance technique" pour redresser les finances du pays. Rien de très rassurant... Et bien qu'Athènes soit en train de boucler un programme de sortie de crise sur trois ans, prévoyant de ramener le déficit à 2 % en 2013, les investisseurs doutent que le pays tienne ses promesses. Et pour cause. "On a du mal à avoir confiance en un pays qui a déjà triché plusieurs fois sur ses comptes", indique René Defossez, chez Natixis. La Grèce, par le passé, a en effet un peu trituré ses comptes publics pour donner l'illusion qu'elle respectait les critères de Maastricht, notamment celui d'un déficit public contenu à 3 % du PIB. Le pays l'a publiquement reconnu en 2004. "Le vrai problème de la Grèce, c'est qu'il est peu crédible", dit Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel BGC. Pour sortir de l'impasse, le marché veut plus que des paroles, il veut des preuves. Ainsi que certains pays d'Europe, l'Allemagne en tête. D'où le rappel à l'ordre de Mme Merkel. Et celui de M. Trichet, évoquant les responsabilités qui incombent aux membres de la zone euro. "Chaque pays doit faire son boulot", a-t-il dit, jeudi, en marge de la réunion de politique monétaire - où il fut décidé, une fois encore, de ne rien faire. Les taux d'intérêt ont été maintenus à 1 %. Eviter la panique Le président de la BCE est une fois de plus dans une situation délicate. Il doit éviter une panique sur les marchés, balayer la probabilité que la Grèce sorte et fasse éclater la zone euro. Autrement dit, montrer que la jeune Europe est une union de pays solidaires. Mais il doit aussi éviter tout aléa moral en laissant croire que l'on peut laisser filer ses déficits et qu'appartenir à l'Union monétaire donne des droits sans exiger de devoirs. M. Trichet a raison de sermonner la Grèce. Car ses problèmes éclaboussent toute la zone euro. Durant la semaine du 11 au 15 janvier, les inquiétudes des opérateurs ont notamment contribué à faire plier l'euro face au dollar. En fin de semaine, la monnaie unique s'échangeait à moins de 1,44 dollar contre 1,45 dollar en début de semaine. Mais si le léger repli de la monnaie unique, qui permet de faire baisser le prix des exportations européennes vers l'extérieur est plutôt une bonne nouvelle, le sauvetage de la Grèce pourrait lui, coûter beaucoup d'argent aux Vingt-Sept. Pour l'éviter, la Grèce doit donc se mettre au travail. Claire Gatinois
16/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/16/la-grece-a-de-plus-en-plus-mal-a-sa-dette_1292642_3234.html
Prudence
Depuis le 1er janvier, 1,6 milliard d'euros ont été empruntés par des entreprises à haut risque, 6,7 milliards par des entreprises non financières de bonne qualité, et enfin 22,5 milliards d'euros ont été émis sous forme d'obligations sécurisées, gagées sur des crédits.
Pour que les intervenants se réveillent, quelques jours ont été nécessaires. Mais tous les compartiments du marché obligataire de l'euro ont été actifs ces derniers jours. Ainsi, depuis le 1er janvier, 1,6 milliard d'euros ont été empruntés par des entreprises à haut risque, 6,7 milliards par des entreprises non financières de bonne qualité, et enfin 22,5 milliards d'euros ont été émis sous forme d'obligations sécurisées, gagées sur des crédits. Si toutes les opérations se sont déroulées sans incident, les professionnels notent une plus grande prudence du côté des investisseurs. Pas tant sur le risque assumé que sur le prix payé. Car tous les indices Itraxx, utilisés comme référence sur le marché du crédit, ont atteint des plus bas, à peine 55 points pour l'Itraxx Europe, qui traduit le comportement des obligations émises par des entreprises de bonne qualité, 400 points pour l'Itraxx Crossover, qui reflète l'évolution des obligations pourries. Et s'il est une chose que détestent les investisseurs, c'est bien de risquer d'acheter au plus haut, qui plus est en début d'année. D'où une légère nervosité. Du côté du marché du crédit, toutes les émissions prévues ont été lancées ; les constructeurs automobiles qui étaient attendus, à l'instar de BMW, Renault Crédit international ou Daimler, mais aussi l'opérateur de téléphonie, Vodafone, ou l'espagnol Gas Natural Capital Market. Mais les banquiers ont remarqué la fin des ordres "aveugles". Désormais, une fois le prix des obligations définitivement fixé, le livre d'ordres se trouve allégé des demandes faites avec des limites de prix. Cette très relative méfiance se lit aussi dans l'évolution du prix des obligations après leur lancement. Fini les resserrements des primes de risque des quelques points ou dizaines de points de base, tant la demande est importante. Si l'on a pas encore assisté à un flop, les prix des obligations restent stables une fois vendues les obligations. Il n'y a plus de bénéfice immédiat à encaisser en revendant immédiatement les titres acquis lors de leur émission. Dernier exemple : la nécessité de s'adapter à ce que demandent les investisseurs. C'est du côté des obligations sécurisées qu'il a fallu faire preuve de souplesse. Ce compartiment est fort sollicité par les émetteurs, et pour l'instant apprécié des investisseurs, ce que montre le volume des émissions, et leur succès. Le Crédit foncier de France, via sa filiale dédiée, la Compagnie de financement foncier (CFF), a ainsi réalisé une très belle opération en empruntant 2 milliards d'euros. Mais en venant le 12 janvier, la CFF réalisait la 16e opération de l'année, après toutes une série d'émissions d'obligations dont la maturité oscillait entre cinq et sept ans. Alors que l'émetteur aurait souhaité emprunter plus long, ses obligations seront remboursées dans trois ans. C'était la condition du succès. Le livre d'ordres a totalisé 2,4 milliards d'euros, permettant à la CFF d'émettre les 2 milliards souhaités. Isabelle Ehrhart
16/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/16/prudence_1292645_3234.html
L'or dure, mais...
Ruez-vous sur l'or, car la fête de l'once ne devrait pas se prolonger au-delà de cette année.
Ruez-vous sur l'or, car la fête de l'once ne devrait pas se prolonger au-delà de cette année. C'est Philip Klapwijk, le président du cabinet GMFS réputé pour le sérieux de ses études sur les métaux précieux, qui l'a dit, mercredi 13 janvier à Londres, en présentant les perspectives du marché : "La lune de miel ne sera pas éternelle." Quelle lune de miel ? L'or devrait retrouver et battre son record historique de décembre 2009 à 1 226,56 dollars. Vendredi, l'once est retombée à 1 131 dollars à Londres, mais M. Klapwijk "pense qu'au second semestre, nous pourrions voir les prix pousser au-delà des 1 300 dollars". A condition qu'un courant vigoureux d'argent frais se dirige vers le marché de l'or, "en provenance des institutions comme les compagnies d'assurances, les fonds de pension et les fonds souverains de plus en plus actifs". Qu'est-ce qui inciterait ces riches moutons de Panurge à miser sur le métal précieux ? "La peur d'une rechute dans la récession, la persistance d'énormes déficits publics, une politique monétaire très laxiste et la conviction qu'une inflation forte, sinon galopante, va faire son retour", explique le patron de GMFS. "Comme la reprise économique sera molle, poursuit-il, il y aura donc peu ou pas de tour de vis monétaire dans les grandes économies cette année, et cela soulève de sérieuses questions sur la solvabilité des gouvernements." "Cela tisse une toile de fond qui reste très favorable à l'investissement or", poursuit-il. Autrement dit, la vocation de coffre-fort de l'or devrait se confirmer de façon éclatante. C.Q.F.D. Mais alors pourquoi M. Klapwijk parle-t-il de "lune de miel" qui pourrait tourner mal ? Pourquoi, après nous avoir fait miroiter un eldorado, parle-t-il de "possibilité d'une correction significative dans les six prochains mois" ? D'abord parce que, comme tous les prévisionnistes, il se protège en disant que le contraire de ce qu'il annonce peut arriver. On ne sait jamais. Ensuite, parce que la pierre philosophale pourrait tout à fait fonctionner à l'envers, changeant l'or en métal plus vulgaire. Si le dollar redresse la tête, parce que l'euro pâtit des malheurs de la Grèce, les investisseurs miseront sur le billet vert et plus sur l'or. Si les belles Indiennes persistent à snober la bijouterie en or devenue hors de prix (- 23 % pour la demande mondiale en 2009), l'argent en profitera. Sauve-qui-peut Si la production minière (+6 % en 2009) et le recyclage (+27 %) continuent à doper l'offre d'or, les investisseurs pourraient y voir les prémices d'une baisse des cours et se lancer dans un sauve-qui-peut. Si la reprise économique et un retour du goût pour le risque se confirment, on verra les capitaux quitter le douillet refuge de l'or et se placer dans des valeurs de vraie croissance. Combien pariez-vous que le cours du beau métal qui ne craint "ni la rouille ni les vers" sera tout sauf un long fleuve tranquille en 2010 ? Alain Faujas
16/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/16/l-or-dure-mais_1292637_3234.html
Les juifs en France, une présence oubliée
L'essor de l'archéologie préventive au cours des vingt dernières années a révélé une myriade de vestiges qui rappellent que des communautés juives vécurent en Europe de l'Antiquité jusqu'au Moyen Age.
Nécropoles antiques, cimetières médiévaux, synagogues, bains rituels, écoles talmudiques, juiveries, carrières en Provence, calls en Catalogne : l'essor de l'archéologie préventive au cours des vingt dernières années a révélé une myriade de vestiges qui rappellent que des communautés juives vécurent en Europe de l'Antiquité jusqu'au Moyen Age. Ces découvertes font émerger la réalité de communautés connues à travers la littérature rabbinique mais dont ne subsistait la trace que dans de rares monuments et dans des noms de lieux : on recense ainsi, dans des centaines de communes, des "rues aux juifs", "de la juiverie" ou "de la synagogue", mais aussi des chemins, pas, prés, champs, herbages "aux juifs" ou "aux juives", remontant à l'époque médiévale. Sur notre territoire, ces communautés, qui purent compter jusqu'à 100 000 habitants à la fin du XIIIe siècle, ont presque toutes disparu à la fin du Moyen Age en raison des édits d'expulsion dont le premier - pris par Philippe Auguste en 1182 - inaugure la sinistre litanie des bannissements des juifs d'Europe occidentale. Un jeu de rappels moyennant finances, et d'expulsions accompagnées de la spoliation des biens et des terres, se poursuivra avec les décrets pris par Philippe le Bel en 1306, Philippe V en 1322 et Charles VI en 1394. De Provence, les juifs ne seront chassés qu'en 1501, tandis qu'ils demeureront sous la protection des papes dans le Comtat Venaissin, et que des communautés de "nouveaux chrétiens", d'origine hispano-portugaise, renaîtront à Bayonne et à Bordeaux au XVIe siècle. Ces découvertes "contribuent à recomposer un passé plus complexe, échappant à la réécriture strictement chrétienne (...) des sociétés médiévales européennes", comme le notent les archéologues Astrid Huser et Claude de Mecquenem. Et si l'expulsion de 1306 a pu faire l'objet d'une très discrète mention au titre de commémoration nationale en 2006, la présence juive dans la France médiévale est presque absente des synthèses historiques sur le Moyen Age. Du "Petit Lavisse" aux manuels scolaires des années 1980, le judaïsme médiéval n'appartient pas au "roman national", comme l'a montré l'historienne Suzanne Citron. Et au-delà de l'historiographie scolaire, rares sont les ouvrages généraux sur l'histoire de France qui abordent ces persécutions en dehors des lapidaires chronologies de fin de volume. Il en va de même pour les synthèses d'histoire de l'art et les grandes expositions, qui font l'impasse sur les manuscrits juifs médiévaux français, admirables par l'originalité de la calligraphie et la singularité du rapport de l'image au texte. Un corps étranger Il en est également ainsi des sommes d'histoire culturelle qui ignorent, par exemple, le nom de Rachi, le maître champenois dont les commentaires monumentaux sur la Bible et le Talmud constituent, dès son vivant et jusqu'à aujourd'hui, l'accès le plus indispensable à la compréhension de ces textes. Sa méthode l'a conduit à insérer dans l'hébreu de ses commentaires des traductions en langue romane des termes rares ou difficiles à une époque où la langue des lettrés chrétiens reste le latin. Rachi rassemble ainsi un thésaurus de cinq mille mots qui constitue le premier témoignage de l'ancien français. Omettrait-on Bernard de Clairvaux et Pierre Abélard, ses (presque) contemporains, ou Chrétien de Troyes dans nos synthèses historiques ? Dans un raisonnement circulaire qui prévaut encore aujourd'hui en dehors des études juives, les juifs du Moyen Age n'appartiennent pas à la communauté nationale et n'ont pas leur place dans l'histoire de France. Les représentations conventionnelles font d'eux un corps étranger, un Autre dont l'exclusion est un fait "normal", donc inexorable. L'absence de référence au judaïsme dans l'histoire médiévale entérine l'idée fausse que les juifs n'auraient pas existé en France avant la fin du XVIIIe siècle ou que leur contribution à la société médiévale serait dérisoire. On peut s'étonner de l'amnésie durable qui frappe l'historiographie française. L'antijudaïsme chrétien dans la France médiévale serait-il d'une telle "évidence" qu'il ne mériterait pas d'être évoqué et que l'histoire contrastée, parfois catastrophique, des juifs sur notre territoire serait insignifiante ? Les exactions, massacres et expulsions ont eu raison des êtres. En 1242, le brûlement de monceaux de manuscrits du Talmud à Paris en place de Grève tenta d'en effacer l'esprit. Qui se souvient de Yéhiel de Paris qui avec ses pairs - Moïse de Coucy, Samuel dit Morel de Falaise et Juda Ben David de Melun - fut sommé à une disputation théologique par Louis IX (le "bon roi" Saint Louis), lequel ordonna la destruction par le feu du texte incriminé. Les découvertes récentes signalent donc, comme par effraction, que les "archives du sol" recèlent les traces d'une histoire ignorée. La connaissance de la présence juive y gagne en profondeur : chaque site exhumé témoigne d'une terre où, au Moyen Age, les juifs ont vécu, produit, reçu, pensé, échangé mais aussi été persécutés et chassés. Il ne s'agit pas ici de stigmatiser les historiens, mais de montrer un déni collectif qui contribue à la persistance du fantasme d'une France historiquement chrétienne et homogène. A l'instar des recherches archéologiques concernant le paléolithique, le néolithique ou l'Antiquité tardive, qui montrent que notre pays est le fruit de vagues de peuplement et d'acculturations successifs, chaque découverte de vestiges juifs vient réinscrire une réalité ancienne dans l'environnement d'aujourd'hui et, par là même, modifie nos représentations. L'archéologie provoque ainsi une forme de "retour du refoulé" et contribue à l'écriture d'une nouvelle histoire nationale. p Directrice du Musée d'art et d'histoire du judaïsme à Paris Directeur du développement culturel à l'Institut national de recherches archéologiques préventives Laurence Sigal-KlagsbaldPaul Salmona
16/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/16/les-juifs-en-france-une-presence-oubliee_1292663_3232.html
"A l'usine Philips de Dreux, le rêve inabouti d'une ""prise de contrôle"" par les salariés"
Après avoir stocké la production pendant quelques jours, les syndicats dénoncent la fermeture de ce site de fabrication de téléviseurs
Certains ont hâte de s'en aller avec les indemnités de licenciement les plus élevées possible. D'autres parlent de "se battre jusqu'au bout" pour défendre l'emploi dans une commune frappée de plein fouet par le chômage. Mais personne ne prononce le mot autogestion parmi les dizaines de salariés de Philips EGP réunis en assemblée générale, vendredi 15 janvier, à Dreux. Pourtant, huit jours plus tôt, un représentant de la CGT avait affirmé à l'AFP que le personnel avait "pris le contrôle" de la production dans cette usine qui fabrique des téléviseurs à écrans plats. Le lancement d'une nouvelle coopérative ouvrière trente-sept ans après l'aventure Lip, ce fleuron de l'industrie horlogère relancé par ses salariés ? La réalité est plus prosaïque. Tout commence en septembre 2009, lorsque le personnel de Philips EGP apprend que la direction a l'intention de fermer le site de Dreux. L'émotion est vive. A une époque, le groupe électronique employait environ 4 000 personnes dans deux établissements sur l'agglomération, rapporte Nathalie Neil-Riou, de la CGT. La plupart des familles établies de longue date à Dreux ont eu au moins un proche qui a travaillé chez Philips. Pour les syndicats, l'extinction de cette marque dans la ville s'apparente à une "casse industrielle " orchestrée depuis des années. "Blocage des stocks" Les semaines passent, le moral des troupes décline, la production aussi. Le 5 janvier, les salariés décident de passer à l'action et de stocker la marchandise dans un atelier, au lieu de l'aiguiller vers le service expédition. L'initiative est approuvée par une très large majorité des quelque 220 personnes employées par Philips EGP, explique alors Manuel Georget, secrétaire du syndicat CGT dans l'usine. Celui-ci évoque même la création d'une société coopérative de production (SCOP). "Il s'agissait juste de bloquer les stocks. Une action syndicale tout à fait traditionnelle", objecte Dominique Maillot, secrétaire de l'union locale FO de Dreux. Quelques jours plus tard, la direction du site demande à plusieurs salariés de réinjecter les téléviseurs dans le circuit habituel. Faute de quoi, ils s'exposeront à des sanctions. Les intéressés s'exécutent, le "contrôle de la production" par les travailleurs prend fin. Vendredi, à la fin de l'assemblée générale, Mme Neil-Riou a signalé que des contacts avaient été noués avec la Confédération des SCOP. Dans l'assistance, personne ne l'a questionnée à ce sujet, certains rangeant même des chaises au moment où elle prenait la parole. Aujourd'hui, les syndicats, suivis par une large partie du personnel, réclament le retrait du plan social car, selon eux, il n'est pas justifié sur un plan économique. Dans la procédure, plaident-ils, le site de Dreux a été présenté comme une entité dépendant d'une branche d'activité télévision (business unit) parfaitement imaginaire ; normalement, il aurait dû être intégré dans un ensemble "électronique grand public" qui gagne de l'argent, d'après les syndicats. Réceptifs à ces arguments, le préfet et le directeur départemental du travail doivent écrire à la direction pour attirer son attention sur ce point. De tous les fabricants de téléviseurs, Philips est le seul à avoir conservé un site en Europe de l'Ouest, fait valoir un porte-parole du groupe. Mais, aujourd'hui, ce n'est plus tenable, dit-il. D'après lui, l'établissement de Dreux a perdu 19 millions d'euros en 2009. Bertrand Bissuel et Bertrand Bissuel
16/01/2010
economie
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Quand Tony Judt racontait sa vie avec la maladie
L'historien d'origine britannique Tony Judt, spécialiste notemment de la gauche française, est décédé dimanche à New York.
L'historien d'origine britannique Tony Judt, spécialiste notemment de la gauche française, est décédé à New York où il enseignait. Enseignant à la New York University, âgé de 62 ans, il souffrait de sclérose latérale amyotrophique (SLA), également appelée maladie de Charcot. En janvier, il publiait dans "Le Monde" un texte où il témoignait de sa vie avec la maladie. Je souffre d'une affection du motoneurone, en l'occurrence une variante de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) : la maladie de Charcot. Les affections des neurones moteurs sont loin d'être rares : la maladie de Parkinson, la sclérose multiple et une série de maladies moins graves entrent dans cette catégorie. Ce qui distingue la SLA - la moins commune de cette famille d'affections neuromusculaires - est tout d'abord qu'elle n'entraîne aucune perte de sensation (ce qui n'est pas forcément une bénédiction) et, deuxièmement, qu'elle n'est pas douloureuse. Contrairement à presque toutes les autres maladies graves ou mortelles, on peut donc observer à loisir et avec un minimum d'inconfort la progression catastrophique de sa propre détérioration. Concrètement, la SLA équivaut à un emprisonnement progressif sans possibilité de libération conditionnelle. On commence par perdre l'usage d'un ou deux doigts ; puis d'un membre ; puis, de façon presque inévitable, des quatre membres. Les muscles du torse sombrent peu à peu dans une quasi-torpeur, ce qui devient vite un problème pratique sur le plan digestif, mais qui constitue aussi un danger mortel puisque respirer devient d'abord difficile et bientôt impossible sans un appareil d'assistance respiratoire. Dans les formes les plus extrêmes de la maladie, il devient impossible de déglutir, de parler et même de contrôler les mouvements de la mâchoire et de la tête. Je ne souffre pas (encore) de cet aspect de la maladie, car sinon je n'aurais pu dicter ce texte. Vu le stade de déclin où je suis, je suis donc, de fait, quadriplégique. Je peux, au prix d'un immense effort, remuer légèrement ma main droite et déplacer mon bras gauche d'une quinzaine de centimètres sur ma poitrine. Mes jambes, même si elles arrivent à se bloquer en position debout le temps qu'une infirmière me déplace d'une chaise à une autre, ne peuvent plus supporter mon poids et une seule d'entre elles garde encore un semblant d'autonomie de mouvement. Aussi, une fois que mes jambes et mes bras se trouvent dans une certaine position, ils y restent jusqu'à ce que quelqu'un les déplace pour moi. Il en va de même de mon torse, de sorte que je suis en permanence gêné par la douleur au dos que provoquent l'inertie et la pression. Ne pouvant me servir de mes bras, je ne peux me gratter lorsque cela me démange, ajuster mes lunettes, ôter les particules de nourriture coincées entre mes dents, ni faire aucun de ces mouvements que chacun accomplit plusieurs dizaines de fois par jour. Pendant la journée, je peux au moins demander que l'on me gratte ou ajuste mes lunettes, que l'on me donne à boire ou que l'on déplace mes bras et jambes sans motif particulier - car l'immobilité forcée durant de longues heures d'affilée n'est pas seulement inconfortable physiquement, mais psychologiquement proche de l'intolérable. En effet vous ne perdez aucunement le désir de vous étirer, de vous pencher, de vous tenir debout ou allongé, de courir ou même de faire de la gymnastique. Mais, lorsque l'envie vous en prend, il n'y a rien que vous puissiez faire sinon chercher quelque dérisoire substitut, ou trouver un moyen de chasser cette idée ainsi que la mémoire musculaire qui lui est associée. Ensuite vient la nuit. Je retarde l'heure de me mettre au lit jusqu'au moment où cela empiéterait sur le temps de sommeil de mon infirmière. Une fois que j'ai été "préparé", on me pousse jusqu'à ma chambre dans le fauteuil roulant où je viens de passer les dix-huit dernières heures. On me transfère sur ma couchette. On m'assied selon un angle d'environ 110 degrés et on me cale en position avec des oreillers et des serviettes roulées, la jambe gauche tournée sur le côté comme celle d'une danseuse, afin de compenser sa propension à retomber vers l'intérieur. Ce positionnement exige une extrême concentration, car si je laisse placer un membre dans une mauvaise position, ou n'insiste pas pour que mon ventre soit exactement dans l'alignement de ma tête et de mes jambes, je souffrirai comme un damné durant la nuit. Ensuite, on me couvre, les mains sorties sur la couverture afin de me procurer l'illusion de la mobilité, mais emmitouflées, car - comme le reste de mon corps - elles souffrent désormais d'une sensation permanente de froid. On me propose une dernière fois de me gratter à la douzaine d'endroits où j'éprouve des démangeaisons, de la naissance des cheveux à l'extrémité des orteils ; on m'insère dans le nez le tube d'assistance respiratoire, fixé solidement, et donc de manière inconfortable, pour qu'il ne glisse pas pendant la nuit ; on m'ôte mes lunettes... et je reste allongé, ligoté, myope et aussi immobile qu'une momie, seul dans ma prison corporelle, avec mes pensées comme seule compagnie pour le restant de la nuit. Bien entendu, je peux demander de l'aide en cas de besoin. Du fait que je suis incapable de bouger le moindre muscle, à l'exception de ma tête et de mon cou, mon moyen de communication est un écoute-bébé installé à mon chevet. Aux premiers temps de ma maladie, la tentation d'appeler était presque irrépressible : j'avais l'impression que chacun de mes muscles avait besoin de bouger, chaque centimètre carré de peau me démangeait, ma vessie, qui trouvait de mystérieux moyens de se remplir pendant la nuit, demandait à se soulager et je ressentais un besoin désespéré d'être rassuré par la lumière, la compagnie et le simple réconfort d'un échange humain. Aujourd'hui, j'ai appris à me passer de tout cela et à trouver réconfort et soutien dans mes propres pensées. Ce qui, je le dis sans forfanterie, n'est pas une mince affaire. Demandez-vous combien de fois vous bougez chaque nuit. Imaginez un instant que vous soyez obligé de rester allongé absolument immobile sur le dos pendant sept heures d'affilée et de trouver le moyen de rendre ce calvaire supportable non seulement pour une nuit, mais pour le restant de votre existence. La solution que j'ai trouvée consiste à faire défiler mentalement ma vie, mes pensées, mes fantasmes, mes souvenirs, mes faux souvenirs et autres, jusqu'à ce que je tombe par hasard sur des événements, des gens ou des récits dont je peux me servir pour détourner mon esprit du corps dans lequel il est enfermé. Ces exercices mentaux doivent être assez intéressants pour captiver mon attention et me faire oublier une démangeaison insupportable à l'intérieur d'une oreille ou au bas des reins. Mais ils doivent être également assez ennuyeux et prévisibles pour servir de prélude et d'incitation efficace au sommeil. Il m'a fallu un certain temps pour découvrir que cette méthode constituait une alternative possible à l'insomnie et à l'inconfort physique, et aussi qu'elle n'était pas infaillible. Mais de temps à autre, quand j'y pense, je suis stupéfait par la relative facilité avec laquelle je surmonte ce qui était autrefois une épreuve nocturne presque insupportable. Je me réveille exactement dans la même position, la même disposition d'esprit et le même état de désespoir en sursis que la veille. Le prolongement jour après jour de cette existence de cafard finit par être intolérable même si, durant chaque nuit prise isolément, elle est gérable. Le terme de cafard est naturellement une allusion à la Métamorphose de Kafka, livre dans lequel le protagoniste découvre un matin en se réveillant qu'il s'est transformé en insecte. Le thème du roman évoque aussi bien les réactions et l'incompréhension de la famille du protagoniste que ses propres sensations, et il est bien difficile de se débarrasser de l'idée que même l'ami ou le parent le mieux disposé et le plus attentif ne pourra jamais comprendre le sentiment d'isolement et la sensation d'emprisonnement que cette maladie impose à ses victimes. L'impuissance est humiliante même lorsqu'elle est passagère. Imaginez la réaction de l'esprit lorsqu'il prend conscience que l'impuissance humiliante de la SLA est une peine à vie (nous parlons parfois allègrement de peine de mort dans ce cas-là, mais en réalité celle-ci serait un soulagement). Le matin apporte un certain répit ! Avoir quelque chose à faire, même de purement cérébral et verbal dans mon cas, procure une diversion salutaire - ne serait-ce qu'au sens presque littéral où cela fournit une occasion de communiquer avec le monde extérieur et d'exprimer avec des mots, qui sont souvent des mots de colère, les irritations et les frustrations contenues dans l'inanition physique. Dans cette maladie, on est conscient aussi et toujours de la nécessaire normalité de la vie des autres : leur besoin d'exercice, de distraction et de sommeil. C'est pourquoi mes nuits ressemblent apparemment à celles de n'importe qui. Je me prépare pour la nuit ; je me mets au lit ; je me lève (ou plutôt, on me lève). Mais, comme la maladie elle-même, ce qui se passe entre le coucher et le lever est incommunicable. Je suppose que je devrais au moins trouver un semblant de satisfaction dans le fait d'avoir découvert en moi-même le genre de mécanisme de survie dont la plupart des gens n'entendent parler que dans les récits des survivants de catastrophes naturelles ou de cellules d'isolement. Et il est vrai que cette maladie possède une dimension positive : grâce à mon incapacité à prendre des notes ou à en préparer, ma mémoire - qui était déjà très bonne - s'est considérablement améliorée avec l'aide de techniques adaptées que Le Palais de mémoire de Matteo Ricci (Payot, 1986) décrit de façon si captivante par le biais de Jonathan Spence. Mais chacun sait que les satisfactions de compensation sont fugitives. Il n'y a aucune grâce salvatrice à être confiné dans un corset d'acier, froid et implacable. Les plaisirs de l'agilité mentale sont très surestimés - j'en prends conscience à présent -, par ceux qui ne dépendent pas exclusivement d'eux. Et l'on peut dire à peu près la même chose des encouragements bien intentionnés à trouver des compensations non physiques à l'incapacité physique. De ce côté est la futilité. La perte est la perte, et l'on ne gagne rien à l'appeler d'un terme plus agréable. Mes nuits sont captivantes ; mais je pourrais m'en passer. Traduit de l'anglais par Gilles Berton © The Wylie Agency, Ltd Tony Judt Historien et écrivain Cet intellectuel, collaborateur régulier de la "New York Review of Books", est né en Angleterre en 1948. Spécialiste de l'Europe, intervenant fréquemment sur Israël et l'histoire juive, il dirige l'Institut Erich Maria Remarque de l'université de New York. Dernier ouvrage paru : "Après-guerre. Une histoire de l'Europe depuis 1945" (Armand Colin, 2007)
16/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/16/la-maladie-ce-cauchemar_1292657_3232.html
François Gerbaud, ancien sénateur RPR
L'ancien sénateur RPR puis UMP de l'Indre François Gerbaud est mort mercredi 13 janvier, à l'âge de 82 ans.
Né le 10 avril 1927 à Châteauroux, il s'était tourné vers le journalisme et avait travaillé dans la presse régionale avant d'entrer, en 1955, dans une radio qui venait de se créer, Europe 1. Il passe ensuite à l'ORTF, en 1962. Puis il troque ses habits de journaliste pour endosser ceux de l'homme politique. En 1967, il se présente aux élections législatives dans la circonscription de Châteauroux. Il est élu avec 19 voix d'avance, puis réélu après la dissolution de 1968. Mais il perd son siège en 1973. Après avoir trouvé des points de chute dans des cabinets ministériels, il effectue un retour à la télévision en 1985, à FR3, où il crée l'émission "En direct du Parlement", qui deviendra par la suite "Questions d'actualité". Il mène de pair une carrière politique, au conseil général de l'Indre puis au conseil régional du Centre, avant de se faire élire au Sénat en 1989. Il y conservera son siège jusqu'en 2008. Il a été un des principaux artisans de la loi Pasqua de 1995 sur l'aménagement du territoire. Jacques Chirac, ancien président de la République, a salué la mémoire d'"un ami cher", "un compagnon de toujours". Patrick Roger
16/01/2010
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/01/16/francois-gerbaud-ancien-senateur-rpr_1292692_3382.html
Miep Gies
Jusqu'au bout, elle aura arboré le gentil sourire qui la caractérisait.
Morte à presque 101 ans, à Amsterdam, Miep Gies n'a jamais revendiqué, jamais protesté, jamais montré de colère. Même lorsque, dans ses Mémoires, elle a dû se défendre de ce qui lui apparaissait comme la plus odieuse des calomnies : non, expliquait-elle, ce n'est pas elle qui avait livré Anne Frank aux nazis. Ce fut bien elle, en revanche, qui sauva le manuscrit du célèbre Journal écrit par la jeune fille juive et permit à ce témoignage sur la Shoah d'acquérir une renommée planétaire. Comme il fut pénible pour elle de devoir prouver son innocence, alors qu'elle fut, au contraire, l'un de ceux qui, pendant deux ans, de juillet 1942 à l'été 1944, aidèrent Otto Frank, sa femme Edith, ses filles Margot et Anne, ainsi que quatre de leurs amis à échapper à la Gestapo. Jusqu'au jour où, comme elle l'expliqua, une voiture de la Grüne Polizei vint, en son absence, cueillir tous les occupants de la cache située au 263, Prinsengracht. Tous allaient mourir en déportation, sauf Otto, le patron de Miep Gies. Qui a trahi les Frank ? La question, toujours sans réponse, hante aujourd'hui encore les Pays-Bas et aura tourmenté jusqu'au bout la vieille dame, dont la Maison d'Anne Frank, le célèbre musée bâti à Amsterdam, a annoncé le décès, mardi 12 janvier. Miep Gies était née à Vienne en 1909. Elle s'appelait alors Hermine Santrouschitz. Emigrée à l'âge de 13 ans pour fuir la famine qui sévissait en Autriche, elle a été rebaptisée Miep par sa famille d'accueil. Elle a pris le nom de son compagnon, Jan Gies, en 1941, lorsqu'elle l'épousa à la hâte pour éviter d'être expulsée. Elle avait refusé d'intégrer une organisation de sympathisantes du régime hitlérien, ce qui l'avait rendue suspecte. Honorée après la guerre par l'Allemagne, les Pays-Bas et Israël, l'amie d'Anne Frank aura jusqu'au bout cultivé une grande modestie, se présentant en général comme "une secrétaire et une épouse ordinaire". Elle se considérait comme une résistante, mais soulignait toujours le rôle que d'autres avaient joué à ses côtés, dont les trois autres employés de l'entreprise d'Otto Frank. Dans la dernière période de sa vie, elle s'attacha surtout à défendre le Journal d'Anne Frank contre les attaques lancées par les milieux révisionnistes, mais aussi par des intellectuels qui reprochent au livre un prétendu excès de sentimentalisme. Miep Gies voulait simplement accomplir jusqu'au bout ce qu'elle estimait être son devoir. Et s'estimait largement récompensée par la jeune Anne, qui, la remerciant pour l'aide qu'elle apportait aux siens, avait écrit dans son Journal : "On dirait que nous ne sommes jamais loin des pensées de Miep." 15 février 1909 Naissance à Vienne (Autriche) 1933 Secrétaire dans l'entreprise d'Otto Frank aux Pays-Bas Août 1944 Découvre le manuscrit du journal d'Anne Frank 1987 Publie ses Mémoires "Elle s'appelait Anne Frank" 1997 Reçoit la médaille de Yad Vashem 11 janvier 2010 Mort à Amsterdam
16/01/2010
disparitions
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Georges Anglade, écrivain québécois d'origine haïtienne
L'écrivain québécois d'origine haïtienne Georges Anglade et sa femme ont péri, mardi 12 janvier, à Port-au-Prince, dans le séisme qui a ravagé Haïti.
L'écrivain québécois d'origine haïtienne Georges Anglade et sa femme ont péri, mardi 12 janvier, à Port-au-Prince, dans le séisme qui a ravagé Haïti. Il faisait partie de la cinquantaine d'écrivains invités à la deuxième édition du festival littéraire Etonnants Voyageurs en Haïti. Il est à ce jour le seul auteur dont les organisateurs de la manifestation aient à déplorer la disparition. Figure de la diaspora haïtienne, vivant au Canada, ancien ministre des présidents Jean-Bertrand Aristide et René Préval dans les années 1990, Georges Anglade, âgé de 65 ans, était écrivain et géographe. Né le 18 juillet 1944 à Port-au-Prince, Georges Anglade avait commencé ses études à Port-au-Prince à l'Ecole normale puis à la faculté de droit. En 1965, il les continue en France, obtenant un doctorat en géographie et une licence ès lettres de l'université de Strasbourg, avant de s'installer au Québec à partir de 1969. Il comptait parmi les fondateurs de l'université du Québec à Montréal (UQAM), où il a enseigné la géographie sociale jusqu'en 2002. Opposant de la dictature des Duvalier (père et fils), Georges Anglade sera emprisonné en 1974, exilé à deux reprises (1974 et 1991), souvent menacé de mort. Il avait fondé dans les années 1980 à Montréal le Mouvement haïtien de solidarité. En 1990, il rédigea un manifeste retentissant La Chance qui passe, en faveur de la démocratie. Nommé conseiller, puis ministre des travaux publics sous MM. Aristide et Préval dans les années 1990, il se consacrera ensuite à la littérature. Parmi ses titres publiés chez différents éditeurs de Montréal figurent Les Blancs de mémoire (éd. Boréal), Leurs jupons dépassent et Ce pays qui m'habite (tous deux chez Lanctôt), et aussi Et si Haïti déclarait la guerre aux USA ? (Ecosociété) En tant qu'écrivain, Georges Anglade est à la fois théoricien et praticien de la lodyans, un genre littéraire majeur en Haïti, dont le modèle remonte à Justin Lhérisson (1837-1907), et qu'il définit ainsi dans l'avant-propos de son essai Les Blancs de mémoire : "La lodyans doit être classée parmi les créations collectives haïtiennes les plus significatives que sont le vaudou, le créole (...), le compagnonnage des jardins paysans, la peinture, le marronnage, la gaguère des combats de coqs, le carnaval (...). Et cette lodyans est le mode littéraire le plus généralisé, le plus populaire, le plus ancien aussi dans l'expression du romanesque de ce peuple profond tel qu'il s'exprime en son pays profond." 18 juillet 1944 Naissance à Port-au-Prince (Haïti) 1969 S'installe au Québec 1990 Rédige un manifeste en faveur de la démocratie en Haïti 1999 Publie "Les Blancs de mémoire " 12 janvier 2010 Mort à Port-au-Prince Alain Beuve-Méry
16/01/2010
disparitions
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Jean-Yves Calvez
Il était l'une des plus grandes personnalités jésuites du XXe siècle.
A la fois philosophe, théologien et penseur de la doctrine sociale de l'Eglise catholique, Jean-Yves Calvez est mort lundi 11 janvier à Paris. Ses obsèques ont eu lieu jeudi 14, à l'église Saint-Ignace, en présence de personnalités du monde du catholicisme social et du secrétaire général de la Conférence des évêques de France, Mgr Antoine Hérouard. On pouvait considérer cet homme, né le 3 février 1927 à Saint-Brieuc, comme un pur produit de la Compagnie de Jésus, l'ordre religieux créé en 1534 par Ignace de Loyola, dédié à la formation intellectuelle des chrétiens. Jean-Yves Calvez y était entré dès l'âge de 16 ans, au noviciat de Laval. Ordonné prêtre en 1957, il prononce ses derniers voeux en 1961. Les jésuites prononcent leurs quatre voeux à l'issue de leur formation : voeu de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, auquel s'ajoute le voeu d'obéissance au pape, spécifique à cet ordre religieux. Avant même son ordination, il rédige en 1956 l'ouvrage qui deviendra un best-seller : La Pensée de Karl Marx (Seuil). Ce livre va le propulser dans le cercle des spécialistes du marxisme. Le voilà introduit dans les milieux politiques et idéologiques des pays du bloc de l'Est. Cette situation perdurera jusqu'à l'effondrement des régimes communistes. "Dans l'immédiat après-guerre, dans le contexte de la guerre froide, j'ai voulu clarifier mes propres idées et voilà pourquoi j'ai consacré un gros livre à la pensée de Marx", expliquait le jésuite dans un entretien à l'agence de presse religieuse Apic, en 2005. "Ce n'était pas un doctrinaire, mais un philosophe témoignant d'une grande rigueur intellectuelle", souligne Michel Kubler, assomptionniste, ancien rédacteur en chef chargé de la religion au quotidien catholique La Croix. "Sa liberté intérieure, que ce soit à l'égard de l'Eglise ou de ses interlocuteurs communistes, le protégeait de toute complaisance." La carrière d'enseignant de Jean-Yves Calvez débute par des cours de philosophie sociale à la faculté de philosophie de Chantilly. Il enseignera ensuite à l'institut d'études sociales de l'Institut catholique de Paris puis à l'Institut d'études politiques de Paris et dirigera l'Action populaire, ancêtre de l'actuel Centre de recherche et d'action sociale de la Compagnie en France (Ceras). Professeur en Argentine, il fut aussi membre du conseil d'administration de la Georgetown University à Washington, la plus importante université jésuite des Etats-Unis. Au nombre de ses activités intellectuelles : la direction de la revue Etudes de 1989 à 1995. Il remplaçait, dans un climat tendu avec l'épiscopat français, le Père Paul Valadier. Jean-Yves Calvez collaborera à la revue jusqu'à la fin de sa vie. Polyglotte - il parlait anglais, allemand, italien, espagnol et russe -, il commence très tôt ses voyages pour son ordre, notamment en Union soviétique et en Amérique latine, où il s'était encore rendu récemment. Dès 1967, alors qu'il a tout juste 40 ans, la Compagnie lui confie le soin de réorganiser ses structures françaises, jusque-là éclatées en plusieurs "provinces". Il devient provincial de France de 1967 à 1971. Remarqué lors de la 31e congrégation générale de la Compagnie de Jésus (en 1967-1968), il est ensuite appelé à Rome auprès du Père général, Pedro Aruppe, en 1971. Durant plus de dix ans, il sera l'un des conseillers les plus influents du chef de file des jésuites. La période est troublée. Dans les années 1970, les relations entre le Vatican et la Compagnie sont marquées par des divergences de vues, notamment des différences d'appréciation face à la théologie de la libération, qui se développe en Amérique latine au grand dam du pape Paul VI. Sur ce sujet et sur d'autres, davantage liés à la nature de la Compagnie, le Père Calvez, au tempérament "placide", selon ses amis, joue les intermédiaires entre les parties. Lorsque, en 1974-1975, la 32e congrégation générale de la Compagnie de Jésus insiste sur "le service de la foi et la promotion de la justice", il s'impose comme l'un des artisans puis l'un des défenseurs de cette orientation sociale. "Il est l'un des rares, au niveau de l'Eglise universelle, à avoir maintenu vive la doctrine sociale de l'Eglise à une époque, les années 1960 et 1970, où elle n'avait pas bonne presse", rappelle Michel Kubler. Prenant la parole sur les conflits dans le monde, la pauvreté, les injustices sociales, dans des tribunes de journaux ou lors de conférences à travers le monde, Jean-Yves Calvez s'était affirmé, dès le début de la vague de décolonisation, comme un défenseur des pays en voie de développement, de la solidarité Nord-Sud et de la paix à travers le monde. Il plaidait même, en 2005, en faveur de l'instauration du "droit et (du) devoir de destituer des gouvernements criminels". "Chrétiens penseurs du social" Jean-Yves Calvez fut aussi un auteur prolifique, produisant quasiment un livre par an à partir des années 1980. Il alternait réflexions politiques et ouvrages théologiques, s'intéressant aussi à l'orthodoxie russe, un dossier oecuménique qu'il avait suivi à la demande des instances vaticanes. Il s'était beaucoup intéressé au tiers-monde. D'autres de ses ouvrages ont fait date, en particulier la somme qu'il consacra aux Chrétiens penseurs du social, déclinée en trois tomes qui embrassent la période allant des années 1920 à 1988 (éd. du Cerf 2002, 2006, 2008). Au-delà de l'histoire intellectuelle de la doctrine sociale de l'Eglise, ces livres interrogent le rapport entre foi et société, ou foi et politique. Convaincu que "la doctrine sociale-chrétienne se doit de questionner le capitalisme", Jean-Yves Calvez avait posé, dès 1961, dans Eglise et société économique, l'enseignement social des papes de Léon XIII à Pie XII (éd. Montaigne), les fondements de cette réflexion qu'il développera durant quarante ans. Son ouvrage dénonçant Les Silences de la doctrine sociale de l'Eglise, paru en 1999 (éd. L'Atelier), montre aussi "sa capacité à poser des questions à sa propre institution", souligne Pierre de Charentenay, rédacteur en chef de la revue Etudes. Il y décrivait les lacunes de l'enseignement social de l'Eglise catholique, dans des domaines tels que le chômage et la financiarisation de l'économie. Sa dernière contribution sur le sujet remonte à quelques mois à peine, après la parution de l'encyclique sociale du pape Benoît XVI, en juillet 2009. Jean-Yves Calvez livrait sa grille de lecture et une nouvelle mise en perspective de l'enseignement social de l'Eglise dans Le Discours social de l'Eglise catholique : de Léon XIII à Benoît XVI (Bayard). Le fil conducteur de toute son oeuvre. 3 février 1927 Naissance à Saint-Brieuc 1956 Publication de "La Pensée de Karl Marx" 1967 Nommé provincial de France de la Compagnie de Jésus 1971-1983 Assistant général du Père général de la Compagnie, Pedro Arrupe 11 janvier 2010 Mort à Paris Stéphanie Le Bars
16/01/2010
disparitions
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LA MALADIE DE L'ENTASSEMENT
FRANCE CULTURE DIFFUSE UN DOCUMENTAIRE PASSIONNANT SUR LE SYNDROME DE "DIOGÈNE"
Les personnes atteintes du syndrome de Diogène ont une curieuse manie : elles ne jettent rien, font des tas. Elles vivent au milieu de vieux journaux, de sacs plastiques, d'emballages vides et de détritus en tous genres, qu'elles ont accumulés, entassés pendant des années. Parfois, les monticules d'objets et de déchets s'élèvent jusqu'au plafond. Lorsqu'ils n'abandonnent pas leur domicile pour dormir sur le palier, les "Diogène", comme on les appelle, se préservent alors un passage. Ils construisent une sorte de tranchée au milieu des tas, comme des galeries qu'ils auraient creusées pour pouvoir se déplacer. Si ce syndrome et l'ensemble de symptômes qui l'accompagnent touchent souvent des personnes âgées et sont parfois liés à une maladie neurodégénérative, ce n'est pas toujours le cas. Décrit en 1975 par deux gériatres anglais, Clark et Mankikar, ce trouble du comportement peu connu mais répandu doit son nom au philosophe grec né à Sinope en 413 avant Jésus-Christ et qui vivait dans un tonneau. "Diogène est le représentant par excellence des cyniques. Il y a apparemment dans sa vie une sorte de retour à la sauvagerie élémentaire", explique le philosophe Jean Maurel. Pour le psychiatre Jean-Claude Monfort, "un "Diogène", c'est avant tout quelqu'un qui semble avoir besoin de tout, et qui ne demande rien". Pour mieux cerner cet étrange syndrome, Stéphane Manchematin et Jean-Philippe Navarre ont notamment rencontré des sujets présentant les symptômes de "Diogène" et les psychiatres qui les suivent. A partir de ces entretiens, ils ont construit un documentaire aussi passionnant que bien réalisé, s'intéressant à des personnes chez qui des manifestations de la déchéance coexistent avec une forme d'instinct de survie gigantesque. "Sur les docks : le syndrome de Diogène", vendredi 22 janvier à 17 heures sur France Culture. Hél. D.
16/01/2010
vous
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PREMIÈRES NUITS AU POSTE
DIX CITOYENS RACONTENT LEUR GARDE À VUE, SUR RADIO NOVA. INQUIÉTANT VOIRE AHURISSANT.
Personne n'est à l'abri. Griller un feu rouge pour piéton, participer à une manifestation citoyenne pour le droit au logement, militer au sein d'une association de barbouilleurs de panneaux publicitaires : autant de situations a priori anodines qui peuvent conduire un homme ou une femme en garde à vue. C'est l'ahurissante et traumatisante expérience qu'ont vécue les dix personnes rencontrées par le réalisateur Joseph Beauregard pour sa série de microdocumentaires "Ma première nuit en garde à vue", diffusée sur Radio Nova pendant deux semaines. Dix exemples concrets, alarmants et parfois bouleversants qui témoignent de l'absurdité et des dérives de la "politique du chiffre" imposée aux policiers par le ministère de l'intérieur et le président de la République. MENOTTES, HUMILIATIONS... En à peine trois minutes, chaque témoin raconte les raisons (ou les prétextes) qui ont motivé son interpellation, puis le déroulement de sa garde à vue au commissariat. Le tout est rythmé par une Marseillaise titubante. "J'ai demandé à un ami de me faire une Marseillaise dégénérée, qui sonne faux. Il s'agit de montrer que la République tourne mal et d'introduire un peu de recul, de décalage. Car ce que l'on entend est dur...", explique le réalisateur. En écoutant le témoignage de Jean-François, on est effectivement pris par une forme de malaise. Le 20 août 2008, cet homme âgé de 59 ans a traversé un passage piéton alors que le "bonhomme " du feu de signalisation était rouge. Quelques heures après cet écart au code de la route, des agents de police sont venus le chercher chez lui, pour l'emmener au commissariat, en pyjama. Un interrogatoire menotté, beaucoup d'humiliations et une nuit en garde à vue plus tard, Jean-François a finalement été relâché. "Lorsque je suis rentré chez moi, j'étais bousculé, j'avais perdu tous mes repères", raconte l'homme vraisemblablement marqué, dont la voix rappelle celle du comédien Michael Lonsdale. "Depuis mon premier film, Les Avocats du salopard (2006), les questions de l'arbitraire et de la dignité humaine me préoccupent. Ici, ce sont autant les motifs que les conditions de garde à vue qui me heurtent. La police est l'incarnation de l'Etat républicain. Or, lorsque j'entends ces expériences, je ne pense que ce soit ça, le maintien de l'ordre dans une République. Les policiers que j'ai rencontrés ne le pensent pas non plus...", ajoute Joseph Beauregard, avant de conclure : " Ce que je souhaite plus que tout, c'est une réforme de la garde à vue." En 2008, près de 600 000 personnes en France ont été placées en garde à vue (1 % de la population de plus de 15 ans !), soit une augmentation de plus de 55 % en huit ans. Des chiffres effarants, que pointe Patrick Klugman dans Le Livre noir de la garde à vue, parfait manuel de savoir-vivre en commissariat (Nova Editions), publié parallèlement à la collection sonore de Joseph Beauregard. "Ma première nuit en garde à vue", de Joseph Beauregard. Du lundi 18 au vendredi 22 janvier, puis du lundi 25 au vendredi 29 janvier, à 8 h 10 et à 18 h 20 sur Radio Nova. Hél. D.
16/01/2010
vous
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ONE SHOT NOT, SAISON 3
ARTE 23.00 MUSIQUE RYTHME DÉSORMAIS HEBDO POUR MANU KATCHÉ ET SES INVITÉS SUR SCÈNE
Ambiance intime, son direct et proximité du public : grâce à cette alchimie, le batteur et compositeur Manu Katché - plus célèbre dans son rôle d'ex-juré de la "Nouvelle Star" sur M6 que pour avoir joué aux côtés de Sting, Peter Gabriel, les Bee Gees, Laurent Voulzy, Jean-Jacques Goldmann ou de grands noms du jazz - propose l'un des rares rendez-vous de musique vivante. Nagui sur France 4, avec "Tatatata", est le seul à investir ce créneau avec un même bonheur. Jusqu'alors mensuelle, "One Shot Not", produite par Arte France et KM, est devenue hebdomadaire et a raccourci sa formule de 75 à 50 minutes, ce qui, pour le meilleur, en accroît la densité. "Le rythme hebdomadaire nous permet de créer une sorte de feuilleton musical", plaide Manu Katché, dans le document de promotion de l'émission, qui ne précise pas qu'elle a failli migrer sur M6 ainsi que le musicien le confie dans VSD du 6 janvier. Lors de ce deuxième rendez-vous fédérateur où les occasions de boeufs ne manquent pas, le batteur convie le talent de Madness qui, depuis trente ans, acoquine pop blanche et rythmes ska, le groupe Nouvelle Vague qui, surtout via la bossa, rend hommage à la scène post-punk anglaise, la belle voix du Sénégalais Baaba Maal, griot moderne, et l'immense Archie Shepp. Ultime porte-voix de ce que furent les formes les plus revendicatives du jazz, le saxophoniste et compositeur américain signe pour l'occasion une brève suite de blues élégiaques. Fred Fiol (France, 2008, 50 minutes). J.-J. L.
16/01/2010
vous
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L'AFFAIRE RANUCCI : LE COMBAT D'UNE MÈRE
VIRGIN 17 22.10 TÉLÉFILM RETOUR SUR L'UNE DES GRANDES AFFAIRES CRIMINELLES DU XXe SIÈCLE
L'affaire Ranucci fait partie des grandes affaires criminelles du XXe siècle. Condamné à mort et guillotiné le 28 juillet 1976 pour le meurtre de la petite Marie-Dolorès Rambla en 1974, Christian Ranucci n'a cessé tout au long de son procès de clamer son innocence. Le jeune homme de 22 ans avait pourtant avoué le crime et désigné l'endroit où il avait jeté son couteau. Une enquête policière à charge, des témoignages non pris en compte, un mystérieux pull-over rouge retrouvé sur les lieux et n'appartenant pas à l'accusé, ont toutefois jeté le doute sur sa culpabilité. Ces zones d'ombre ont déjà alimenté bon nombre de documentaires et un film (Le Pull-Over rouge, de Michel Drach, en 1979, tiré du livre éponyme de Gilles Perrault). Elles n'ont pas suffi à sauver la vie de Christian Ranucci, dans une France secouée par des meurtres d'enfants, dont celui du petit Philippe Bertrand, tué par Patrick Henry. UN PLAIDOYER CONTRE LA PEINE DE MORT Le téléfilm de Denys Granier-Deferre, déjà diffusé en 2007 sur TF1, reconstitue avec justesse le déroulement de l'enquête et du procès de Christian Ranucci. Il n'est pas question ici de prendre parti ou non sur sa culpabilité, mais bien de replacer ce fait divers dans le contexte de l'époque et surtout de suivre le combat acharné d'Héloïse Ranucci, la mère de Christian, convaincue de l'innocence de son fils. Un rôle tout en sobriété pour Catherine Frot, qui rend palpable le désarroi d'une mère face à ce drame. De son côté, Alexandre Hamidi compose un Ranucci paumé et arrogant, jeune homme pris dans des contradictions et des mystères qui, trente ans après, continuent de dérouter. L'Affaire Ranucci : le combat d'une mère prend aussi le parti de ne pas insister sur la douleur de la famille de la victime. Un choix assumé qui éloigne cette fiction d'une charge émotionnelle trop lourde pour en faire un plaidoyer contre la peine de mort au-delà de l'horreur du crime commis. Denys Granier-Deferre (France, 2007, 90 minutes). Avec Catherine Frot, Didier Flamand, Alexandre Hamidi. G. F.
16/01/2010
vous
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ENKI BILAL : AU-DELÀ DE L'IMAGE
FRANCE 5 7.55 DOCUMENTAIRE L'AUTEUR DE BD SE LIVRE AVEC LA SÉRÉNITÉ DE LA MATURITÉ
Des cieux gris parfois troués de nuées bleues. Que ce soit à Paris, Belgrade ou Berlin, ces tons célestes habillent le portrait que dresse Gloria Campana d'Enki Bilal. Comme s'ils faisaient écho à l'oeuvre de l'auteur de BD le plus doué de sa génération, à ses gouaches rêveuses et ses encres cafardeuses, à ses visages mélancoliques et ses corps impatients, à ses sujets hantés par l'Histoire, conflits, ruptures et espoirs mêlés. Troisième film de la série "Empreintes" consacré à un auteur de BD (après Plantu et Claire Bretécher, et avant Sempé), ce portrait intitulé "Enki Bilal : au-delà de l'image" est un tour de force réussi : le très secret Enki Bilal y livre des éléments inédits de son enfance à Belgrade puis en banlieue parisienne, lors de cette année 1960 aux aigreurs d'exil qui fait "qu'il ne peut plus , depuis, dessiner un mur lisse et utiliser une règle". Il évoque le jeune pionnier au foulard rouge qui défilait au stade du Partisan et, de retour à Belgrade, fait visiter le parc Kalemegdane et sa noria d'engins de guerre anciens, entre dans une cabine de projection où l'auteur de la trilogie "Nikopol " se remémore sa passion pour le western et pour le héros du Trésor du pendu, Richard Widmark, sous les photos officielles du maréchal Tito. La création, la politique, les femmes, Baudelaire ou ses écrivains fétiches de science-fiction : Enki Bilal se livre avec la sérénité de la maturité. Et a contrario d'autres documentaires parfois trop bavards, aucun thuriféraire ni exégète ne brouillent ses paroles. Seul le scénariste Pierre Christin évoque brièvement leur amitié et leur collaboration pour Les Phalanges de l'ordre noir ou Partie de chasse. Ce tour de force, ces confidences passionnantes parfois teintées d'humour sont dus à l'amitié qui lie la documentariste Gloria Campana et l'auteur de BD - ce qui n'a pas empêché les tensions dans ce travail commencé il y a deux ans. Ils sont aussi le fruit des réflexions d'un créateur d'univers, d'un artiste dont les regards et les intuitions filtrent la réalité, même si, confie Enki Bilal, "il est un peu dépassé par les événements". Ce qui incite à plus de liberté encore, et pousse l'auteur de BD à s'intéresser à d'autres arts : peinture, bien sûr, mais aussi cinéma, musique, décors et costumes de ballet, expériences ludiques comme ce croisement entre les échecs et la boxe, "magnifique et dérisoire". Gloria Campana (France, 2009, 52 minutes). Première diffusion vendredi 22 janvier à 20 h 35 sur France 5. Yves-Marie Labé
16/01/2010
vous
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LE GRAND SPECTACLE DES OCÉANS
FRANCE 3 20.35 MAGAZINE "THALASSA" PREND LE LARGE AVEC JACQUES PERRIN
Il y a quelque chose d'irréel dans les images d'Océans, le nouveau film de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, qui sort sur les écrans le 27 janvier. On en découvre quelques-unes dans cette édition spéciale de "Thalassa", présentée par Georges Pernoud. Elles ont bénéficié d'un tel travail sur la lumière et les couleurs qu'on jurerait voir des images de synthèse. L'émission revient sur le périple du tournage, un tour de force technique comme on le voit dans ce making of. Quatre cent soixante-dix heures d'images, quatre ans de travail et de patience pour donner à voir la faune d'une façon inédite. Jacques Perrin, producteur de Microcosmos (1996) puis réalisateur du Peuple migrateur (2001), sait qu'il faut du temps. Les acteurs sont en effet atypiques et le casting capricieux. Alors, quand les bélugas jouent les divas, c'est toute l'équipe qui retient son souffle pour avoir une prise exploitable. Ces océans, sources d'émerveillement pour Jacques Perrin, sont aussi d'immenses décharges. Entre le making of du film et le reportage Océans de plastique proposé juste après, le contraste est saisissant : s'agit-il de la même planète ? Devant le triste spectacle des méduses prises au piège des déchets, le spectateur peine à le croire. Malgré un dernier reportage sur l'île paradisiaque de Lord Howe, au large de l'Australie, le retour au réel est brutal. Gu. Pa.
16/01/2010
vous
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CHARLOTTE GAINSBOURG, CONCERT PRIVÉ
CANAL+ 22.35 CONCERT LA DÉCOUVERTE EN LIVE DU NOUVEL ALBUM DE LA CHANTEUSE
On avait quitté Charlotte Gainsbourg après sa récompense à Cannes pour Antichrist (2009), le dérangeant dernier film de Lars von Trier. C'est aux antipodes de ce rôle qu'on la retrouve sur le plateau de Canal+, pour un concert privé. Elle est venue défendre son nouvel album, IRM, sorti en décembre 2009, un morceau de ouate coincé entre les cordes d'une guitare folk. Ecrites, composées et produites par l'Américain Beck, les chansons mélangent les rythmes pop à la voix juvénile de la chanteuse. "Ça me plaisait de m'approprier des styles qui ne sont pas les miens", explique-t-elle. En coulisses, elle rayonne, mais dès que le micro est branché, les sourires se font rares. Le show est minimaliste. Charlotte Gainsbourg n'est pas de celles qui enflamment les foules. Les musiciens de Beck l'accompagnent sur le plateau, comme pour la rassurer. Beck, elle " l'admire " et se plaît à croire qu'il la suit "encore un petit peu". Même absent, le chanteur compositeur semble partout. Dans le xylophone qui ponctue Time of the Assassins, le meilleur morceau du concert. Dans le riff de guitare de Trick Pony, un titre plus rock. Et bien sûr dans Heaven Can Wait, auquel Beck prête sa voix sur l'album. Alors que la reprise de Just Like A Woman, de Bob Dylan, vient confirmer l'orientation folk rock du concert, les derniers morceaux surprennent par leur originalité. Ce samedi, à 23 h 25, le magazine "Metropolis" d'Arte est également consacré à Charlotte Gainsbourg et à Beck. Gu. Pa.
16/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/16/charlotte-gainsbourg-concert-prive_1292540_3238.html
Le FBI emprunte les traits d'un homme politique espagnol pour le portrait robot de Ben Laden
Le portrait robot actualisé d'Oussama Ben Laden, confectionné par le FBI, s'est inspiré par erreur des traits d'un homme politique espagnol connu, Gaspar Llamazares.
Le portrait robot actualisé d'Oussama Ben Laden, confectionné par le FBI, s'est inspiré par erreur des traits d'un homme politique espagnol connu, Gaspar Llamazares, indique samedi le journal El Mundo citant un porte-parole du FBI. La photo incriminée est toujours visible sur le site officiel américain Rewards for justice consacré aux personnes recherchées par la justice américaine. Le portrait montrait le chef d'Al-Qaida tel qu'il pourrait être aujourd'hui, sans turban, avec des cheveux grisonnant et une barbe de quelques jours, selon une reproduction publiée par El Mundo. D'après Ken Hoffman, porte-parole du FBI cité par le journal espagnol, un technicien du FBI a fait appel "de sa propre initiative à des images de Google" pour s'aider à composer ce portrait robot actualisé de Ben Laden. Il "n'était pas satisfait des solutions offertes pour les cheveux par le programme" qu'utilise le FBI pour ce type de simulation, a expliqué M. Hoffman, selon El Mundo. Dans l'une de ses recherches, le technicien est tombé sur une photo du député espagnol, ex-leader de la coalition d'Izquierda Unida, un petit parti situé à gauche du Parti socialiste espagnol (PSOE) du chef de gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero. L'agent du FBI a utilisé les cheveux et le front de Gaspar Llamazares, connu pour ses positions anti-américaines, pour composer le nouveau portrait de Ben Laden, selon El Mundo. "Ce qu'a fait [cet agent du FBI] est totalement irrégulier. Il est contraire au processus établi de voler les traits d'une photographie publiée dans sa totalité", a déclaré le porte-parole du FBI, selon El Mundo. M. Llamazares a annoncé samedi qu'il demanderait des explications aux autorités américaines, notamment à travers le gouvernement socialiste espagnol, ajoutant qu'il ne voyagerait pas aux Etats-Unis même s'il y était invité. "La sécurité de Ben Laden ne craint rien mais la mienne si!", a-t-il déclaré, avant d'indiquer qu'il se réservait la possibilité d'engager une procédure en justice contre les Etats-Unis.
16/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/16/le-fbi-emprunte-les-traits-d-un-homme-politique-espagnol-pour-le-portrait-robot-de-ben-laden_1292489_3222.html
SENTIMENTS PROVISOIRES
UNE PIÈCE, EN DIRECT, METTANT À L'ÉPREUVE LE LIEN AMOUREUX
L'amour a ceci de particulier qu'il crée un rapport élastique au temps. Il l'allège ou le rend pesant, selon qu'il libère ou emprisonne. Nul ne peut aujourd'hui être habité de la conviction qu'une passion va durer toute une vie, mais cette doxa de l'éphémère n'est pas assez puissante pour écraser la sensation d'invincibilité qui est l'apanage de l'exaltation sentimentale. Voilà, toute relation a un début, un milieu et une fin qui consiste en un désamour partagé ou une rupture brutale. Il en est question dans Sentiments provisoires, la pièce de Gérald Aubert, mise en scène par Bernard Murat, directeur du Théâtre Edouard-VII où celle-ci tient l'affiche. L'argument en est simple : Hélène (Sylvie Testud), 30 ans, annonce à Marc, 60 ans, son compagnon depuis dix ans, qu'elle le quitte pour Félix, l'ami d'enfance de ce dernier, venu une nouvelle fois dans leur maison de campagne. Désillusion, certes ; trahison, aussi. Vaciller, tituber, ne pas couler... La pièce est structurée sur une inversion de la chronologie. Plongés dans l'obscurité, les trois personnages méditent isolément sur ce qui vient d'advenir, les effets de la révélation. Situés sur la même ligne, ils s'expriment en alternance. A l'aube poindra le temps des conclusions. LE SÉDUCTEUR TRAHI PAR LE PLEUTRE Rien de grave, nulle acidité dans l'évocation fugace de la corrosion conjugale sur fond champêtre. Le chagrin est effleuré, le désespoir atténué par l'humour, les peines de coeur masquées par les fanfaronnades. On n'est pas chez Ibsen ni chez Strindberg. Pas de drame ni de cris comme dans Britannicus. La pièce ne tient pas du vaudeville, mais assume pleinement son statut de comédie mettant à l'épreuve le sentiment amoureux et le lien d'amitié. Et dans le genre, sur cette partition questionnant le bonheur, les solistes que sont François Berléand et Pierre Arditi font merveille, l'un pleutre, envieux, pas mécontent de ravir la femme de son meilleur ami, l'autre séducteur, désinvolte, surpris d'être quitté pour la première fois de sa vie, tous deux cabochards, hâbleurs, spectateurs et commentateurs narquois de leur vie. Ces intellos font des phrases et se disent aussitôt qu'il faudrait les noter. Vanité, vanité, mal incurable qui ravale les hommes au rang de gamins soucieux d'être admirés et félicités... "Quand je pense à moi, ça se termine toujours mal", confie Félix. "Si elle revient, je le jure, je me coupe la barbe... Enfin, d'abord, je la laisse pousser et ensuite je la coupe", songe Marc. Ils s'aiment plus qu'ils ne le pensent. Entre eux, une souris gracieuse et gracile, Sylvie Testud. A son personnage, la maturité n'a pas entamé les envies d'escapade, une forme de gaieté primesautière. "Après tout, quitter un homme c'est aussi normal que de le rencontrer." Peut-être est-ce la première décision de sa vie de femme. Avec Sentiments provisoires, Gérard Aubert revendique la référence à Mélo, d'Henri Bernstein, adapté par Alain Resnais, avec le même Pierre Arditi. M. S.
16/01/2010
vous
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ART SPIEGELMAN, TRAITS DE MÉMOIRE
ARTE 17.00 DOCUMENTAIRE EN COMPAGNIE DE L'AUTEUR DU GÉNIAL MAIS TERRIFIANT "MAUS"
Plus de 4 000 titres par an, plus de festivals qu'il n'y a de semaines dans l'année - ce qui ne les empêchent pas d'attirer des milliers de fans -, des genres divers (biographie, humour, polar, science-fiction...). La bande dessinée vit depuis une quinzaine d'années un nouvel âge d'or, que concrétise la collection de films baptisée "Univers BD" lancée par Arte Editions le 2 février. Le premier DVD intitulé La BD s'en va-t-en guerre décrit la façon dont des "BD de journalistes" comme Joe Sacco, Ted Rall, Patrick Chapatte, Marjane Satrapi ou Keiji Nakazawa rendent compte de conflits actuels ou passés. Le deuxième film de cette collection, qu'Arte diffuse ce dimanche, dresse un portrait d'Art Spiegelman, en s'intéressant à la manière dont la vie de ce grand lecteur de Mad et éditeur de Raw Magazine (avec son épouse française Françoise Mouly), s'imbrique à son oeuvre. Et qui sait si ce documentaire, riche en archives et entretiens, ne sera pas prolongé par l'attribution du grand prix de la BD d'Angoulême, fin janvier, à l'auteur du génial mais terrifiant Maus. Clara Kuperberg et Joëlle Oosterlinck (France., 2009, 43 minutes.) Y.-M. L.
16/01/2010
vous
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UN BOUQUET DE RARETÉS
DE "FRIC FRAC" À "L'ARLÉSIENNE", EN PASSANT PAR "MIROIR", SIX FILMS D'HIER OUBLIÉS
La nouvelle livraison de la collection des "Classiques français " ressort quelques raretés des tiroirs. Tourné en 1939, en pleine vogue des spectacles inspirés par des figures homériques de la pègre, Fric-Frac, de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara, est adapté d'une pièce d'Edouard Bourdet qui avait fait un triomphe quelques années plus tôt au théâtre, avec les mêmes interprètes, Arletty et Michel Simon. La version cinéma intronise Fernandel à la place de Victor Bouchet, ce qui ne fut pas du goût de Michel Simon qui détestait le comique troupier niais et le malmena durant le tournage. Régals que ces prestations d'acteurs faisant un sort à des répliques argotiques : le "Ou quéti ? Ou quéti ?" du truculent voyou jouant au bonneteau, les "Pas de carbure, pas de frichti !" ou "Vous nous prenez pour des cââves !" d'une Arletty débutante en qui un critique de Comoedia diagnostique une grande actrice. Deux films de Marc Allégret figurent dans cette sélection. Symptôme de l'âge d'or du cinéma provençal qui propulsa des comédiens formés à l'opérette marseillaise, L'Arlésienne (1942) conte les amours contrariés d'un jeune homme et nous fait retrouver Fernandel. Adapté d'un roman d'Anatole France situé à la Belle Epoque, Félicie Nanteuil (1945) révèle Micheline Presle en petite provinciale introduite par un acteur dans le monde du spectacle parisien. Au rayon des curiosités, on trouvera Les Ennemis (1962), d'Edouard Molinaro, où Roger Hanin enquête sur un vol de documents secrets à l'ambassade de Russie. DÉRAPAGE ET BONNE SURPRISE Deux films peu connus avec Jean Gabin complètent le lot. Le Port du désir (1955) n'est pas l'un des meilleurs films d'Edmond T. Gréville qui, dans ses mémoires, le range dans la catégorie de ses dérapages commerciaux. Il s'agit d'une histoire de triangle amoureux (Gabin étant épris d'Andrée Debar qui lui préfère Henri Vidal) greffée sur une intrigue pseudo policière (un cadavre de femme trouvé dans un rafiot de contrebande). Gabin lui-même ne prisait pas ce film à propos duquel il se plaignait de n'être qu'un second rôle, engagé par un producteur qui voulait par son nom donner un certain standing au projet. Il aurait réclamé "une brique" pour le tourner. Mais la bonne surprise vient de Miroir, de Raymond Lamy (1947), avec Gabrielle Dorziat, Martine Carol et une certaine Colette Mars, chanteuse de cabaret que Gabin fit engager et à laquelle il fit (en vain) la cour, en pleine rupture avec Marlene Dietrich. L'acteur y est un homme au double visage, respectable patron de casino le jour, finançant la réfection d'un couvent de religieuses, et chef de bande la nuit. Scénario classique de l'ex-voyou rattrapé par son passé, Miroir est un film noir à la française, avec un héros "en marge dans sa façon de se conduire mais pas dans sa façon d'être", analyse Alain Corneau, et un arrière-plan social affûté, très critique même à l'égard des élites corrompues. 6 DVD, M6/Warner. Jean-Luc Douin
16/01/2010
vous
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Haïti : le témoignage bouleversant de l'écrivain Dany Laferrière
Prix Médicis 2009, le romancier haïtien était à Port-au-Prince pendant le tremblement de terre "Nous sommes à un de ces moments où doit s'exercer le leadership américain", déclare le président Obama
ENTRETIEN Romancier récompensé à l'automne 2009 par le prix Médicis pour L'Enigme du retour (Grasset), Dany Laferrière faisait partie des écrivains invités au festival Etonnants Voyageurs en Haïti, qui devait avoir lieu à Port-au-Prince du 14 au 21 janvier. Après plusieurs jours passés dans la capitale haïtienne, de retour à Montréal, où il réside depuis de longues années, il nous a accordé, vendredi 15 janvier, un entretien. Où étiez-vous lorsque le séisme s'est produit ? J'étais à l'Hôtel Karibé, qui se situe à Pétionville, en compagnie de l'éditeur Rodney Saint-Eloi. Il venait juste d'arriver et voulait aller dans sa chambre. Comme j'avais faim, je l'ai entraîné au restaurant et cela l'a peut-être sauvé... Nous étions donc en train de dîner lorsque nous avons entendu un bruit très fort. Dans un premier temps, j'ai pensé que c'était une explosion qui venait des cuisines, puis ensuite j'ai compris qu'il s'agissait d'un tremblement de terre. Je suis aussitôt sorti dans la cour et me suis couché par terre. Il y a eu soixante secondes interminables où j'ai eu l'impression que ça allait non seulement jamais finir, mais que le sol pouvait s'ouvrir. C'est énorme. On a le sentiment que la terre devient une feuille de papier. Il n'y plus de densité, vous ne sentez plus rien, le sol est totalement mou. Et après ces soixante secondes ? Nous nous sommes relevés et nous nous sommes dit qu'il fallait s'éloigner de l'hôtel, qui est un bâtiment assez haut, donc peu sûr. Nous sommes alors descendus vers le terrain de tennis, où tout le monde s'est regroupé. Deux ou trois minutes plus tard, nous avons commencé à entendre des cris... Près de l'hôtel, où il n'y avait que peu de dégâts, il y a, dans la cour, de petits immeubles où les gens vivent à l'année. Tous étaient effondrés. On a dénombré neuf morts. Alors qu'on redoutait d'autres secousses, des personnes se sont levées pour commencer à porter secours. Un énorme silence est tombé sur la ville. Personne ne bougeait ou presque. Chacun essayait d'imaginer où pouvaient se trouver ses proches. Car lorsque le séisme s'est produit, mardi 12 janvier, Port-au-Prince était en plein mouvement. A 16 heures, les élèves traînent encore après les cours. C'est le moment où les gens font leurs dernières courses avant de rentrer et où il y a des embouteillages. Une heure d'éclatement total de la société, d'éparpillement. Entre 15 et 16 heures, vous savez où se trouvent vos proches mais pas à 16 h 50. L'angoisse était totale. Elle a créé un silence étourdissant qui a duré des heures. Ensuite, on a commencé à rechercher les gens. Nous sommes retournés à l'hôtel et, grâce à la radio américaine et au bouche-à-oreille, on a appris que le palais présidentiel s'était effondré mais que le président Préval était sauf. Mais personne autour de nous n'avait de nouvelles de sa famille. Comment en avez-vous eu ? Grâce à mon ami, le romancier Lyonel Trouillot, admirable. Bien qu'il ait des difficultés pour marcher, il est venu à pied jusqu'à l'hôtel. Nous étions sur le terrain de tennis, il ne nous a pas vus. Il est revenu le lendemain en voiture pour m'emmener chez ma mère. Après quoi, nous sommes passés voir le grand Frankétienne (dramaturge et écrivain), qui avait sa maison fissurée et qui était en larmes. Juste avant le séisme, il répétait le solo d'une de ses pièces de théâtre qui évoque un tremblement de terre à Port-au-Prince. Il m'a dit : "On ne peut plus jouer cette pièce." Je lui ai répondu : "Ne laisse pas tomber, c'est la culture qui nous sauvera. Fais ce que tu sais faire." Ce tremblement de terre est un événement tragique, mais la culture, c'est ce qui structure ce pays. Je l'ai incité à sortir en lui disant que les gens avaient besoin de le voir. Lorsque les repères physiques tombent, il reste les repères humains. Frankétienne, cet immense artiste, est une métaphore de Port-au-Prince. Il fallait qu'il sorte de chez lui. En me rendant chez ma mère, j'étais angoissé car j'ai vu des immeubles en apparence solides totalement détruits, et aussi d'innombrables victimes. Même à Pétionville, moins touchée ? Oui, beaucoup. J'ai commencé à les compter, puis j'ai cessé... C'étaient des piles de corps que les gens disposaient avec soin, le long des routes, en les couvrant d'un drap ou d'un tissu. Après le temps de silence et d'angoisse, les gens ont commencé à sortir et à s'organiser, à colmater leurs maisons. Car ce qui a sauvé cette ville c'est l'énergie des plus pauvres. Pour aider, pour aller chercher à manger, tous ces gens ont créé une grande énergie dans toute la ville. Ils ont donné l'impression que la ville était vivante. Sans eux, Port-au-Prince serait restée une ville morte, car les gens qui ont de quoi vivre sont restés chez eux pour la plupart. C'est pour témoigner de cette énergie que vous êtes rentré ? En effet, mais pas seulement. Lorsque l'ambassade du Canada m'a proposé d'embarquer vendredi, j'ai accepté car je craignais que cette catastrophe ne provoque un discours très stéréotypé. Il faut cesser d'employer ce terme de malédiction. C'est un mot insultant qui sous-entend qu'Haïti a fait quelque chose de mal et qu'il le paye. C'est un mot qui ne veut rien dire scientifiquement. On a subi des cyclones, pour des raisons précises, il n'y a pas eu de tremblement de terre d'une telle magnitude depuis deux cents ans. Si c'était une malédiction, alors il faudrait dire aussi que la Californie ou le Japon sont maudits. Passe encore que des télévangélistes américains prétendent que les Haïtiens ont passé un pacte avec le diable, mais pas les médias... Ils feraient mieux de parler de cette énergie incroyable que j'ai vue, de ces hommes et de ces femmes qui, avec courage et dignité, s'entraident. Bien que la ville soit en partie détruite et que l'Etat soit décapité, les gens restent, travaillent et vivent. Alors de grâce, cessez d'employer le terme de malédiction, Haïti n'a rien fait, ne paye rien, c'est une catastrophe qui pourrait arriver n'importe où. Il y a une autre expression qu'il faudrait cesser d'employer à tort et à travers, c'est celle de pillage. Quand les gens, au péril de leur vie, vont dans les décombres chercher de quoi boire et se nourrir avant que des grues ne viennent tout raser, cela ne s'apparente pas à du pillage mais à de la survie. Il y aura sans doute du pillage plus tard, car toute ville de deux millions d'habitants possède son quota de bandits, mais jusqu'ici ce que j'ai vu ce ne sont que des gens qui font ce qu'ils peuvent pour survivre. Comment est perçue la mobilisation internationale ? Les gens sentent que cette fois, cette aide est sérieuse, que ce n'est pas un geste théâtral comme cela a pu se produire par le passé. On perçoit que les gouvernements étrangers veulent vraiment faire quelque pour chose pour Haïti, et aussi que dans le pays personne ne veut détourner cette aide. Car ce qui vient de se produire est bien trop grave. Il y a tant à faire, à commencer par ramasser les morts. Cela prendra sans doute plusieurs semaines. Ensuite, il faudra déblayer toute la ville pour éviter les épidémies. Mais le problème numéro un, c'est l'eau, car à Port-au-Prince, elle est polluée. Habituellement, on la fait bouillir pour la boire, mais il n'y a plus de gaz. Les Haïtiens espèrent beaucoup de la communauté internationale. Si des choses sont décidées à un très haut niveau, dans le cadre d'un vaste plan de reconstruction, alors les Haïtiens sont prêts à accepter cette dernière souffrance. La représentation de l'Etat, à travers le gouvernement décimé, étant touchée, c'est le moment d'aller droit vers le peuple et de faire enfin quelque chose d'audacieux pour ce pays. Propos recueillis par Christine Rousseau
16/01/2010
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2010/01/16/haiti-le-temoignage-bouleversant-de-l-ecrivain-dany-laferriere_1292511_3208.html
CUT UP : LE PLAISIR
ARTE 23.40 MAGAZINE UNE MOSAÏQUE LUDIQUE ET DYNAMIQUE DE COURTS DOCUMENTAIRES
Bonne nouvelle ! "Cut up", "le programme documentaire qui tranche", réapparaît sur Arte une fois par mois, le mardi un peu avant minuit. Selon le même principe qu'en 2009 : des films de quelques minutes (pas plus de sept !), tournés par des réalisateurs aux écritures, aux expériences et aux centres d'intérêts très divers. Ce défilé de courts documentaires étant placé sous la bannière d'un thème chaque mois différent : le plaisir aujourd'hui, avant le crime, les sportifs, Dieu... Le plaisir ne se limite pas aux films sélectionnés ce mois-ci : il tient aussi au ludion loufoque Jackie Berroyer qui, en maître de cérémonie de "Cut up", noue les pièces du patchwork en assortissant chaque film de quelques commentaires politiquement incorrects ou astucieusement naïfs. "Je pense qu'il faudrait faire s'embrasser des gens à l'aveugle, toutes sortes de gens (...), puis retirer le bandeau", s'amuse ainsi l'acteur, avant le film israélien A Kiss Is a Kiss Is a Kiss, signé Uri Bar-On. Le grand intérêt de ce magazine tient à ce qu'il n'exclut aucune forme, aucune écriture. Ni l'animation, à l'image du très inventif Western Spaghetti signé PES. Ni l'enregistrement d'une discussion : ici, l'étonnant échange entre deux jeunes en Chine sur les positions sexuelles, dans Les Demoiselles de Nankin, de Camille Ponsin. Ni l'enquête, telle celle que propose ce soir William Karel sur la phobie du tabac aux Etats-Unis, dans Hollywood. Martine Delahaye
16/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/16/cut-up-le-plaisir_1292521_3238.html
GAINSBOURG, L'HOMME QUI AIMAIT LES FEMMES
FRANCE 3 20.35 DOCUMENTAIRE L'ARTISTE ESQUISSÉ PAR LES CONQUÊTES FÉMININES DE SA VIE
Elles sont toutes plus belles les unes que les autres. Françoise Hardy, Brigitte Bardot, Anna Karina, Isabelle Adjani, Catherine Deneuve, Mireille Darc, France Gall, Vanessa Paradis... Et évidemment Jane Birkin. Toutes sont passées dans la vie de Gainsbourg. A toutes, il a écrit des chansons. Avec la plupart, il a vécu des histoires d'amour plus ou moins longues. La rupture avec certaines le laissa sonné, en miettes. L'homme avait ses fragilités. Particulièrement avec les femmes. Amoureux souvent blessé, Gainsbourg ne s'en cache pas : "Elles m'ont fait souffrir, oui. Je me suis fait jeter et j'en ai pris plein la gueule. C'est pour cela que mes chansons sont si agressives". Et encore : "Je me casse pas parce que ce sont les gonzesses qui se cassent. Je ne suis pas un tombeur, je suis tombé, oui. Mais, c'est bien, un mec doit souffrir." Et pourtant, dans ce documentaire signé Didier Varrod et réalisé par Pascal Forneri, Gainsbourg, l'homme qui aimait les femmes, elles sont toutes là, en voix off, parlant de lui avec finesse, et cette affection qui persiste parfois au-delà des histoires d'amour qui finissent mal. SON RAFFINEMENT ET SES OUTRANCES Elles témoignent de l'élégance de Gainsbourg, parlent de l'esthète, de l'homme raffiné, bien élevé, strict sur l'éducation. Indulgentes ? Probablement. Elles disent aussi l'avoir trouvé beau. Sincères ? A coup sûr. Buzy, la chanteuse et amie trouve la plus juste définition de cette "sacrée gueule" où "tous les sens sont marqués". Elles trouvent enfin des circonstances atténuantes aux attitudes et propos provocateurs de Gainsbourg, sa misogynie, son cynisme, mais ne taisent pas non plus ses travers et ses excès qui pouvaient devenir invivables, comme le raconte Jane Birkin. "J'en ai eu ras le bol d'entendre au petit matin le bruit hésitant de la clé dans la porte d'entrée. J'en ai eu assez qu'il décide de tout autour de lui. Il n'en avait rien à foutre de ce que je pensais, moi." Toutes les femmes qui dessinent ce portrait de Gainsbourg n'apparaissent jamais à l'écran. Seules se font entendre leurs voix. Ce parti pris voulu par Didier Varrod et Pascal Forneri a permis de recueillir une parole plus libre. "Le fait de ne pas être filmées a rassuré toutes ces femmes qui témoignaient sur leur vie avec Gainsbourg, et le ton de la confidence s'est peu à peu installé", explique Didier Varrod. Cette écriture évite la terrible confrontation des visages d'hier et d'aujourd'hui, permet de rester concentré sur les images d'archives et l'artiste lui-même. Et de ne jamais perdre le fil d'un discours que rien ne vient brouiller. Pascal Forneri (France, 2009, 110 min). Véronique Cauhapé
16/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/16/gainsbourg-l-homme-qui-aimait-les-femmes_1292517_3238.html
"PHILIPPE VAILLANT : ""LE PUBLIC A BESOIN DE RIRE"""
LE PRODUCTEUR SPÉCIALISTE DE L'HUMOUR PROFITE DE L'ENVIE DE SE DISTRAIRE DES FRANÇAIS
Producteur d'Anne Roumanoff (dont il est le mari) et d'autres humoristes et auteurs de one-man-show, Philippe Vaillant est l'un des poids lourds de l'industrie de l'humour à la télévision, sur les ondes et sur Internet. Comment expliquez-vous l'engouement actuel pour les humoristes, sur scène et dans les médias ? Le théâtre tel qu'il existait dans les années 1980 à Paris s'est réduit progressivement à six ou sept comédies qui marchent. Cela a laissé la place à une pléthore de one-man-shows fonctionnant avec des frais de production et de mise en scène moindres. Et le public est demandeur, il a besoin de détente, de rire... Une quinzaine d'artistes sont des vedettes, une petite quarantaine travaillent correctement. Quand un producteur signe un contrat d'exclusivité avec un artiste sur quatre ans, il investit de l'argent pendant deux ans et quand ça marche, il cherche à le rentabiliser à outrance. Les artistes sont essorés et leurs carrières brèves. Quelles évolutions le paysage français a-t-il enregistré ? Quand il n'y avait que trois chaînes de télévision, les artistes mis en avant avaient des propos universels et intergénérationnels. On assiste depuis une quinzaine d'années à des succès plus segmentants, des artistes davantage liés et reliés aux chaînes qui les emploient. Comment êtes-vous devenu producteur de programmes humoristiques pour la télévision ? En 2001, j'ai pris conscience qu'il allait y avoir une multiplicité de chaînes, qu'elles allaient avoir besoin d'humour, d'invités pour les talk-shows. Depuis les années 1950 et Fernand Raynaud, il n'y avait eu aucune évolution dans l'enregistrement des spectacles vivants, filmés invariablement dans un studio télé ou sur scène derrière un fond noir, alors que les artistes étaient aussi vêtus de noir. J'ai introduit de la couleur, recruté des scénographes et des directeurs de la photo. Sur Philippevaillant.com, il y a un stock d'émissions d'humour prêtes à être diffusées dans tous les formats. J'ai vendu 650 heures de programmes aux chaînes de la TNT mais aussi aux "historiques". Quel rôle joue Internet dans votre travail ? C'est ma meilleure vitrine. J'ai créé une base de données riche de 160 artistes. J'y propose des sketches à destination des chaînes de la TNT et du câble. La navigation sur ce site, ouvert en mars 2009, se fait par thèmes et inclut des reportages en coulisses, sur des festivals et des cafés-théâtres. Beaucoup de formats courts sont adaptés pour France Inter. Et votre site Youhumour.com ? C'est une plate-forme qui a vocation à devenir une Web-télé. On compte 18 000 pages vues par jour. Les sketches mis en ligne sont enregistrés sur la scène de l'espace Altigone de Toulouse. Nous avons créé un festival - les Soirées Youhumour - qui sera itinérant et s'intégrera désormais à des saisons culturelles avec abonnements. Propos recueillis par Macha Séry
16/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/16/philippe-vaillant-le-public-a-besoin-de-rire_1292515_3238.html
LE CHASSEUR
FRANCE 2 20.35 SÉRIE ITINÉRAIRE D'UN TUEUR À GAGES RATTRAPÉ PAR SES MENSONGES
Images léchées, décors high-tech et glamour, montage sec, éclairages alternant couleurs chaudes et teintes froides quasi cliniques : "Le Chasseur", nouvelle série de France 2, se distingue d'abord par une réalisation précise, élégante et dynamique qui a le mérite d'épouser, voire de souligner l'histoire qu'elle met en scène. L'histoire n'a d'ailleurs rien de commun, qui repose essentiellement sur un antihéros, Samuel Delaunay (Yannick Soulier), tueur professionnel qui, pour beaucoup d'argent, exécute sans état d'âme. A la tête de cette entreprise très bien organisée et lucrative : la mère de Samuel, Natacha (Marie-France Pisier), monstre séduisant et froidement ironique qu'un pacte originel et une relation sur le fil de l'inceste lient à son fils. Ces deux-là ne peuvent se passer l'un de l'autre. Elle le commande, le manipule. Il obéit, la protège. "Ces deux êtres vivent dans une absolue nécessité l'un de l'autre", souligne Yannick Soulier. UNE MISSION RATÉE QUI VA TOUT CHAMBOULER L'un étant le bras armé de l'autre, la petite société familiale tourne à plein régime, effectue des crimes parfaits, accumule des millions d'euros sans jamais laisser de traces. Mais voilà, durant sa carrière de tueur, Samuel a raté une mission, Lauren (Estelle Skornik). Non seulement il n'est pas parvenu à exécuter cette jeune femme fragile et douce mais il l'a épousée. Elle ignore tout des activités de son mari. Il a trouvé avec elle un sens à sa vie. Ces deux-là s'aiment passionnément jusqu'au jour où le commanditaire du meurtre de Lauren apprend que sa cible est toujours vivante et réclame son dû. Le chasseur Samuel devient la proie. L'équilibre qu'il a construit sur les mensonges va voler en éclats. Lorsque le producteur Vassili Clert (Son et Lumière) lui a proposé de réfléchir à la conception d'une série dont le vecteur serait un tueur à gages, l'auteur Gérard Carré a tout de suite répondu présent. "Mais, très vite, un vrai problème moral s'est posé à moi, confie-t-il. Comment passer deux ans de ma vie avec un homme qui tuait des innocents pour de l'argent ? Car il n'était évidemment pas question d'en faire un justicier, un palliatif à la police, à la justice, à la peine de mort." La solution, il l'a trouvée en abordant son personnage comme une métaphore de la société actuelle où le fric, la réussite, l'apparence ont " symboliquement ou non, finalement plus d'importance que la valeur de la vie elle-même", précise l'auteur. Du coup, contrairement au héros de "Dexter", la série américaine à laquelle "Le Chasseur" fait irrémédiablement penser, Samuel Delaunay n'inspire aucune sympathie. Le comédien mais aussi le réalisateur Nicolas Cuche ("David Nolande", "Flics...") soutiennent de bout en bout la neutralité d'un tueur dont chaque crime est étudié et capté avec cette précision méthodique que l'on nous montre d'ordinaire du côté des enquêteurs et experts scientifiques de la police. Nicolas Cuche (France, 2009, 6 x 52 minutes). Avec Yannick Soulier, Marie-France Pisier, Estelle Skornick, Jean-François Stevenin). V. Ca.
16/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/16/le-chasseur_1292522_3238.html
"""LA COLLECTION"" SE REBIFFE CONTRE LA CRISE"
CANAL+ RÉUNIT HUIT COURTS MÉTRAGES SUR LES LAISSÉS-POUR-COMPTE DE NOS SOCIÉTÉS
Augustin Legrand, le comédien et cofondateur de l'association militant pour le droit au logement Les Enfants de Don Quichotte, a vu juste. En préambule de la projection à la presse de Ya basta !, le beau court métrage réalisé par Gustave Kervern ("Groland") et Sébastien Rost, dans lequel il tient l'un des rôles principaux, il a lancé : "On mesure le bon fonctionnement d'une société à la manière dont elle traite ses fous et ses sans-abri." Son introduction présageait du meilleur, le film qui suivit l'a démontré. En collaboration avec le comédien militant, les deux réalisateurs ont écrit une histoire dans laquelle un groupe de handicapés mentaux se retrouve victime de la crise économique. Le centre spécialisé qui les accueille s'apprête à fermer, remplacé par un centre commercial, plus "rentable". Heureusement, les pensionnaires et les deux animateurs qui les encadrent (Augustin Legrand et Stéphanie Pillonca) ont un plan... Engagé, émouvant et drôle (grâce entre autres à une splendide apparition de la comédienne Yolande Moreau), ce court métrage est le plus réussi de "La collection pique sa crise". Proposée depuis huit ans par Canal+, pour encourager la création d'oeuvres courtes, cette série réunit cette année huit films autour du thème de la crise. Parmi les autres courts métrages, il faudra aussi voir celui de Nicolas Engel, le seul qui s'intéresse à un autre pays que la France, en l'occurrence l'Ukraine. Intitulé Le Crocodile du Dniepr, il met en scène la comédienne Lou Doillon. Sensible, bien interprété et modeste, il brille, aussi, grâce au travail de son chef opérateur, visiblement inspiré. Dans les six autres courts métrages qui composent cette collection (diffusée en intégralité le mercredi 3 février à 22 heures sur Canal+), on verra aussi l'humoriste Fabrice Eboué, l'auteur François Bégaudeau, l'ancien footballeur Vikash Dhorasoo, l'écrivain Virginie Despentes, le chanteur Didier Wampas et le comédien Jules-Edouard Moustic. Hél. D.
16/01/2010
vous
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LES VIES POSSIBLES DE CHRISTIAN BOLTANSKI
ARTE 23.35 DOCUMENTAIRE PORTRAIT D'UN ARTISTE MAJEUR ET ARCHIVISTE CONSCIENCIEUX
Tandis qu'un panoramique balaie l'horizon d'une mer brumeuse, une horloge parlante égrène le temps : 11 heures 15 minutes, 20 secondes. En surimpression sonore, une voix lasse fredonne Fais Dodo, rengaine extraite de Reconstitution de chansons qui ont été chantés par Christian Boltanski entre 1944 et 1946, un travail réalisé en 1972. Ainsi débutent Les Vies possibles de Christian Boltanski, documentaire produit par Arte et Schuch Productions : "Je suis un conteur, dit-il. Je raconte des paraboles, pas par les mots, mais par des signes, des images et des sons..." Né en 1944 et prénommé Christian "Liberté" par le désir d'un père juif qui vécut les deux dernières années de l'Occupation caché sous un plancher, il dit avoir connu une enfance "bizarre" (il est sorti seul de chez lui pour la première fois à l'âge de 18 ans). Dès le début des années 1970, il est devenu l'un des artistes majeurs de son temps. Archiviste et accumulateur consciencieux (photos, vêtements, objets) animé d'"une volonté de garder la trace de tout, comme un désir d'arrêter la mort", marqué par cette "défaite de la raison" que fut la Shoah, Boltanski élabore des oeuvres obscures dont le vocabulaire minimaliste sublime le pouvoir d'émotion. Soucieux de "parler de la vie" plutôt que "de l'art", il poursuit la collecte d'enregistrements de battements de coeurs. Jusqu'au 21 février, Personnes, le titre de son installation, investit la vaste nef du Grand Palais à Paris dans le cadre du cycle "Monumenta". Heinz Peter Schwerfel (Fr., 2009, 52 min.) Jean-Jacques Larochelle
16/01/2010
vous
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DANS LA PEAU DE FIDEL CASTRO
DOCUMENTAIRE KARL ZÉRO FAIT PARLER, À SA MANIÈRE, LE LIDER MAXIMO. EFFICACE.
On connaissait déjà le docu-fiction ; Karl Zéro y a ajouté depuis quelques années le docu-parodie, notamment avec cette collection "Dans la peau de..." commencée avec Jacques Chirac (César du meilleur documentaire en 2007), poursuivie avec George W. Bush, et qui s'enrichit d'un nouveau titre avec Fidel Castro. La méthode n'a pas varié : le sujet du documentaire commente lui-même les images de son parcours comme on raconte sa vie au café du commerce. Il prend à témoin le spectateur, le bon copain, à qui il ne cachera rien de ses turpitudes. Du coup, les archives historiques défilent sur l'écran tel un diaporama de vacances. Nous sommes à Cuba donc. Fidel Castro (auquel le comédien Pierre Arditi prête sa voix) nous met à l'aise d'entrée : "Je suis toujours là, le vieux, bon pied bon oeil. D'ailleurs quand je serai mort, vous croyez qu'on vous le dira ?" Puis défile sur fond de cha-cha-cha le demi-siècle cubain raconté par son héros barbu, jamais à court de métaphores. Le débarquement à Cuba à bord du Granma en 1956 ? "La vieille barcasse n'avançait pas, elle prenait l'eau, on écopait, mais rien n'y faisait. On est arrivés avec quatre jours de retard, à moitié morts de chaud..." La crise des missiles qui opposa Khrouchtchev à Kennedy en 1962 ? "Les deux molosses ont sorti les crocs, montré les griffes et aboyé pendant treize jours. Et je priais pour que Nikita, mon pitbull, arrache les couilles au caniche permanenté. J'ai dû déchanter, il a eu les foies, Nikita." PLAISIR NOSTALGIQUE C'est toujours efficace. Quelquefois, franchement drôle. L'accumulation des effets peut lasser, mais elle finit par donner l'étonnante impression que c'est bien Fidel Castro qui commente. En plaçant des images où le Lider Maximo est vraiment grotesque, en donnant des extraits bien choisis de ses vrais discours, la méthode Karl Zéro atteint son but : la réalité dépasse la parodie. Au final, si on n'a pas appris grand-chose sur Cuba - mais est-ce le but ? -, on a pu apprécier certaines séquences rares : une interview de Che Guevara en français - et en langue de bois ; ce moment où Castro déclare à un Jean-Edern Hallier qui en reste muet : "Les requins et les barracudas, il faut les traiter comme les impérialistes. Si vous les fuyez, ils vous poursuivent. Si vous les combattez, ils vous respectent." Sans oublier un pur moment de plaisir nostalgique. Au détour d'un dégagement de Castro sur l'import-export cubain, Karl Zéro nous offre le bonheur de revoir cette publicité des années 1970 où des ménagères françaises se trémoussaient dans un décor tropical en chantant les mérites de la langouste de Cuba. Qu'il en soit remercié. Karl Zéro et Daisy d'Errata (France, 2009, 88 minutes). Isabelle Talès
16/01/2010
vous
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QUAND LE RÉEL ET LE VIRTUEL NE FONT QU'UN
LA NOUVELLE TECHNOLOGIE DE LA RÉALITÉ AUGMENTÉE VA RÉVOLUTIONNER LES SERVICES WEB
Comme dans la réalité, mais en mieux. C'est la technologie qui monte actuellement : on l'appelle la réalité augmentée. De quoi s'agit-il ? D'incruster en surimpression sur des images réelles des informations provenant du Web. Le concept fait beaucoup de bruit sur la Toile. Force est de constater que le cocktail réel virtuel laisse entrevoir beaucoup de promesses. Exemple avec Nomao, moteur de recherche et de recommandations communautaires. L'application, lancée en 2009 sur Internet (nomao.com), vient de se doter d'une application iPhone et d'un module de réalité augmentée, que l'on peut télécharger gratuitement sur l'AppStore. Nomao se flatte d'être ainsi le premier service français à avoir adopté la technologie. Il faut dire que le concept se prête à la réalité augmentée. Nomao, c'est un moteur de recherche en ligne, pour trouver restaurants ou hôtels, et qui classe les résultats en fonction des recommandations des autres internautes et des personnes faisant partie de votre réseau. Couplé à Facebook, le moteur donne le meilleur de lui-même, puisqu'il repère les lieux appréciés par vos contacts et vos amis, auxquels vous pouvez à votre tour conseiller, par exemple, des bonnes tables, directement sur leur mur. On comprend que le service profite pleinement de la géolocalisation sur téléphone portable : plus besoin de saisir l'adresse, Nomao vous indique automatiquement les meilleurs lieux là où vous vous trouvez. Avec la réalité augmentée, tout est encore plus spectaculaire. Vous prenez une photographie de la rue où vous vous trouvez, et Nomao incruste sur l'image, en surimpression, des Post-It virtuels vous indiquant les bonnes adresses selon les critères de recommandations communautaires. D'un clic sur l'étiquette, on peut se rendre sur le site Web du restaurant ou de l'hôtel, ou bien consulter la carte, téléphoner, réserver, et consulter les avis. En une semaine, l'application a été téléchargée 20 000 fois. O. Z.
16/01/2010
vous
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Deuxième revers pour Hamid Karzaï
Les 223 députés présents n'ont approuvé que 7 des 17 portefeuilles ministériels que le président afghan leur avait présentés.
L'Assemblée nationale afghane a rejeté, samedi 16 janvier, la majorité des ministres proposés par le président Hamid Karzaï deux semaines après avoir déjà écarté les deux tiers de ses propositions. Les 223 députés présents n'ont approuvé que 7 des 17 portefeuilles ministériels que le président afghan leur avait présentés samedi dernier. Après les sept ministres approuvés début janvier, le pays a donc désormais 14 ministres sur les 25 que le gouvernement doit compter. Il s'agit d'un nouveau revers pour Hamid Karzaï qui avait déjà vu quatorze de ses ministres rejetés en début d'année. Samedi, les députés ont accepté de nommer Zalmay Rasul, le conseiller à la sécurité nationale du président, à la tête de la diplomatie afghane. La nouvelle liste incluait trois femmes contre une seule dans le gouvernement sortant. Seule Amina Afzali a été retenue, aux affaires sociales. Toute la semaine, la wolesi jirga (chambre basse du Parlement) avait entendu et interrogé chacun des 17 ministres proposés par la présidence samedi dernier. Le président Karzaï devra soumettre de nouveaux noms pour pourvoir aux portefeuilles qui ne sont toujours pas attribués. Il se peut fort qu'il se rende à la conférence de Londres sur l'Afghanistan, le 28 janvier, sans avoir encore un gouvernement complet en fonction. Un porte-parole de Karzaï a déclaré d'ores et déjà cette semaine que le président disposait d'une troisième liste de candidats aux portefeuilles pour remplacer ceux qui seraient "retoqués" par les députés. Le 2 janvier, les députés avaient approuvé sept ministres seulement sur les 24 présentés par le chef de l'Etat afghan. Plusieurs ministres clés comme celui de l'intérieur, Mohammad Hanif Atmar, et de la défense, Abdul Rahim Wardak, avaient toutefois été reconduits dans leurs fonctions. Dans la foulée, M. Karzaï avait dû ordonner par décret aux parlementaires de retarder leurs vacances d'hiver pour pouvoir terminer d'approuver son gouvernement. Après le scrutin présidentiel du 20 août marqué par des fraudes massives en sa faveur et sa réélection le 2 novembre, M. Karzaï avait mis plus d'un mois et demi à présenter son gouvernement au Parlement. La liste remaniée de son gouvernement avait mis en lumière un retour au clientélisme avec des ministres à l'expérience réduite mais récompensés pour le soutien qu'ils lui ont apporté lors de la présidentielle d'août dernier, estiment les analystes.
16/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/16/deuxieme-revers-pour-hamid-karzai_1292487_3216.html
Vincent Peillon continue à se faire étriller
Après Manuel Valls et Pierre Moscovici, qui citiquent l'attitude de leur collègue, les éditorialistes de la presse s'en donnent à cœur joie.
Après Pierre Moscovici, le député PS Manuel Valls critique, samedi 16 janvier, la défection de son collègue de parti Vincent Peillon lors de l'émission télévisée où il devait être confronté au ministre Eric Besson sur le thème de l'identité nationale. "Je crois qu'on a toujours intérêt à débattre, à présenter ses idées", a déclaré l'élu de l'Essonne interrogé par France Inter. "Et puis surtout il y a la méthode!", a ajouté Manuel Valls. "Dire qu'on y va pour ne pas y aller après, ça pose forcément toujours un problème de crédibilité". Il a décelé "une forme de frustration de la part du téléspectateur en général, et notamment de ceux qui nous sont proches" après ce faux bond de dernière minute de l'eurodéputé PS, jeudi soir dans l'émission "A vous de juger" sur France 2. Vincent Peillon (PS) a souhaité vendredi soir que soit organisé un débat avec le ministre de l'immigration Eric Besson. "Je veux dialoguer avec Eric Besson dans des conditions normales, je demande un débat politique", a déclaré l'eurodéputé sur Canal+. "Qu'(Arlette Chabot, directrice de l'information de France2) organise un débat démocratique — ce sera utile à tous les Français — dans des conditions d'égalité du service public", a-t-il poursuivi. M. Peillon a de nouveau regretté que le service public organise de la "politique spectacle" avec ce "grand match Besson-Le Pen". Les éditoriaux de samedi ne sont pas en reste. "Courage, Peillon ! Ainsi aurait-on pu rebaptiser l'émission d'Arlette Chabot" persifle Jacques Camus dans La République du Centre, qui estime que "le pire est que l'ancien soutien de Ségolène Royal a maquillé son insultante dérobade (soigneusement préméditée) en acte de résistance républicaine". "En fuyant le plateau, il offre une tribune inespérée à Éric Besson qui, agressé à l'excès par Marine Le Pen, apparaît comme un Saint-Bernard des droits de l'homme, explique Michel Urvoy, dans Ouest-France. En désertant le débat, il présente de lui-même et du PS une image poltronne et, à ses détracteurs, une merveilleuse occasion de l'affaiblir. En faisant un coup, il réitère ce qu'il reproche à Ségolène Royal dont il fut l'allié." Le plus sévère est Le Figaro, dont l'éditorialiste Yves Thréard brocarde Vincent Peillon en "Saint-Just aux petits pieds". "Plus encore que sa dérobade, la justification de Vincent Peillon laisse pantois" écrit Patrick Fluckiger dans L'Alsace, car "en désertant le plateau, (il) laissé le champ libre à la droite et à l'extrême droite qu'il affirme vouloir combattre". "Le combat politique ne s'honore pas de l'abandon de poste", tranche Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne.
16/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/16/vincent-peillon-continue-a-se-faire-etriller_1292480_823448.html
Course contre la mort dans le chaos de Port-au-Prince
Le déploiement de l'aide tarde et l'insécurité monte dans la capitale haïtienne. Les autorités restent impuissantes.
Trois jours après le séisme qui a dévasté Port-au-Prince, mardi 12 janvier, des survivants sont encore dégagés des décombres. Samaël Lochard, 5 ans, est l'un de ces miraculés. Son petit corps couvert de poussière blanchâtre est allongé sur une planche dans la cour du centre hospitalier de la Renaissance, où il a été déposé par des sauveteurs haïtiens bénévoles. Le bâtiment à moitié détruit par le tremblement de terre est inutilisable. Douze médecins cubains ont improvisé une salle d'urgence dans la cour, à deux pas de la cathédrale de Port-au-Prince, dont seuls quelques murs sont encore debout. "Nous l'avons dégagé dans un immeuble de la rue Saint-Gérard. Une équipe de sauveteurs nous avait dit qu'il n'y restait plus de survivants. Nous avons continué à chercher et avons trouvé ce garçon en vie, le fils d'un ancien commissaire de police", raconte Claire Lydie Parent. Maire de Pétionville, une banlieue de la capitale, cette femme dynamique a organisé des équipes de sauveteurs dès les premières heures qui ont suivi la catastrophe. Alice Anaya, une infirmière cubaine, ausculte doucement le petit Samaël, en état de choc. Elle nettoie ses paupières, collées par le plâtre et lui fait une injonction d'analgésique. "Il est déshydraté, un médecin viendra l'examiner", dit-elle avant de retourner prodiguer les premiers soins à une longue file de blessés. L'équipe cubaine est arrivée dès mardi soir, quelques heures après le séisme, et attend un chirurgien. Dans un bloc opératoire de fortune, sous une bâche, un médecin ampute un blessé. "Il nous manque des antibiotiques, du sérum pour hydrater les patients, des pansements, des seringues", énumère l'infirmière. "C'est comme une nouvelle naissance. J'étais dans mon bureau quand la terre a tremblé et j'ai bien cru que je n'en ressortirais jamais", raconte Edwin Paraison, le ministre des Haïtiens de l'étranger. Les membres du gouvernement qui ont survécu au séisme, sortent d'une réunion avec le président René Préval et des représentants de la communauté internationale, au siège de la direction centrale de la police judiciaire. Jouxtant l'aéroport, le bâtiment, épargné par le tremblement de terre, abrite ce qui reste de l'Etat haïtien. C'est là que le président Préval réunit ses ministres le matin pour une réunion de la cellule de coordination stratégique. Le Palais national et la grande majorité des dix-huit ministères ne sont plus que des montagnes de décombres. "Aucun des ministères n'est opérationnel et nous n'avons aucun moyen de communication", ajoute M.Paraison. Le président Préval et son premier ministre, Jean-Max Bellerive, viennent tout juste d'obtenir des téléphones satellite, la seule façon de communiquer en Haïti depuis le séisme. "Nous sommes tous à la même enseigne, le peuple comme les ministres, la nation a été détruite mais nous allons la reconstruire", assure Patrick Delatour, le ministre du tourisme. Son père et sa mère ont péri, ensevelis dans la maison familiale. "Tout est détruit, la population est dans les rues et il y a très peu d'incidents violents", ajoute-t-il, lui qui s'efforçait depuis plus d'un an de restaurer l'image de son pays pour attirer les visiteurs étrangers. Pourtant, la tension semble monter dans certains quartiers. Sur le vaste Champ-de-Mars, transformé en un gigantesque campement au centre de la capitale, des groupes de jeunes manifestaient en fin d'après-midi, réclamant de l'eau et de la nourriture. La destruction de la grande prison du centre a permis aux truands de la ville de s'évader. Des habitants dont les maisons sont encore debout disent avoir été pillés. Si des sinistrés cherchent dans les décombres des magasins de quoi se nourrir, des bandes recherchent du matériel stéréo et tout autre objet de valeur. Outre la capitale, les villes de Jacmel, de Léogane et de Petit-Goâve ont été dévastées, confirme le ministre de l'éducation nationale, Joël Desrosier Jean-Pierre. "Environ 90 % des écoles de ces villes ont été détruites. Souvent, les élèves étaient dans les salles de classe", soupire-t-il. Son ministère est totalement détruit. "Des dizaines de fonctionnaires sont morts, on ne sait pas encore combien. Nous avons dû pratiquer des amputations avec des scies à métaux pour dégager certains survivants. Mon travail de ministre aujourd'hui, c'est organiser les secours, sans bureau, sans téléphone", raconte le titulaire de l'éducation nationale. Son collègue, Paul Antoine Bien-Aimé, le ministre de l'intérieur, a dressé, vendredi, un nouveau bilan du séisme, qui aurait tué entre 100 000 et 200 000 personnes. C'est la bousculade à l'entrée de l'aéroport de la capitale, dont le contrôle a été cédé temporairement aux Etats-Unis par les Haïtiens. Des dizaines de personnes veulent embarquer dans un avion militaire américain venu décharger de l'aide humanitaire. Les appareils se succèdent sur l'unique piste de l'aéroport Toussaint-Louverture. Beaucoup ne pourront pas atterrir et devront repartir soit vers les Antilles, soit vers Saint-Domingue. Les Nations unies tentent de coordonner l'afflux d'aides, depuis un QG provisoire installé à l'aéroport. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, a demandé au Guatemaltèque Edmond Mulet de reprendre la direction de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), fonction qu'il occupait avant le Tunisien Hedi Annabi, porté disparu. Port-au-Prince Envoyé spécial
16/01/2010
ameriques
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Haïti : le témoignage bouleversant de l'écrivain Dany Laferrière
Prix Médicis 2009, le romancier haïtien était à Port-au-Prince pendant le tremblement de terre.
A Port-au-Prince, le 15 janvier 2010. AFP/Olivier Laban Mattei Romancier récompensé à l'automne 2009 par le prix Médicis pour L'Enigme du retour (Grasset), Dany Laferrière faisait partie des écrivains invités au festival Etonnants Voyageurs en Haïti, qui devait avoir lieu à Port-au-Prince du 14 au 21 janvier. Après plusieurs jours passés dans la capitale haïtienne, de retour à Montréal, où il réside depuis de longues années, il nous a accordé, vendredi 15 janvier, un entretien. Où étiez-vous lorsque le séisme s'est produit ? J'étais à l'Hôtel Karibé, qui se situe à Pétionville, en compagnie de l'éditeur Rodney Saint-Eloi. Il venait juste d'arriver et voulait aller dans sa chambre. Comme j'avais faim, je l'ai entraîné au restaurant et cela l'a peut-être sauvé… Nous étions donc en train de dîner lorsque nous avons entendu un bruit très fort. Dans un premier temps, j'ai pensé que c'était une explosion qui venait des cuisines, puis ensuite j'ai compris qu'il s'agissait d'un tremblement de terre. Je suis aussitôt sorti dans la cour et me suis couché par terre. Il y a eu soixante secondes interminables où j'ai eu l'impression que ça allait non seulement jamais finir, mais que le sol pouvait s'ouvrir. C'est énorme. On a le sentiment que la terre devient une feuille de papier. Il n'y plus de densité, vous ne sentez plus rien, le sol est totalement mou. Et après ces soixante secondes ? Nous nous sommes relevés et nous nous sommes dit qu'il fallait s'éloigner de l'hôtel, qui est un bâtiment assez haut, donc peu sûr. Nous sommes alors descendus vers le terrain de tennis, où tout le monde s'est regroupé. Deux ou trois minutes plus tard, nous avons commencé à entendre des cris… Près de l'hôtel, où il n'y avait que peu de dégâts, il y a, dans la cour, de petits immeubles où les gens vivent à l'année. Tous étaient effondrés. On a dénombré neuf morts. Alors qu'on redoutait d'autres secousses, des personnes se sont levées pour commencer à porter secours. Un énorme silence est tombé sur la ville. Personne ne bougeait ou presque. Chacun essayait d'imaginer où pouvaient se trouver ses proches. Car lorsque le séisme s'est produit, mardi 12 janvier, Port-au-Prince était en plein mouvement. A 16 heures, les élèves traînent encore après les cours. C'est le moment où les gens font leurs dernières courses avant de rentrer et où il y a des embouteillages. Une heure d'éclatement total de la société, d'éparpillement. Entre 15 et 16 heures, vous savez où se trouvent vos proches mais pas à 16h50. L'angoisse était totale. Elle a créé un silence étourdissant qui a duré des heures. Ensuite, on a commencé à rechercher les gens. Nous sommes retournés à l'hôtel et, grâce à la radio américaine et au bouche-à-oreille, on a appris que le palais présidentiel s'était effondré mais que le président Préval était sauf. Mais personne autourde nous n'avait de nouvelles de sa famille. L'écrivain Dany Laferrière, au "Monde", en octobre 2009. AFP/MIGUEL MEDINA Comment en avez-vous eu ? Grâce à mon ami, le romancier Lyonel Trouillot, admirable. Bien qu'il ait des difficultés pour marcher, il est venu à pied jusqu'à l'hôtel. Nous étions sur le terrain de tennis, il ne nous a pas vus. Il est revenu le lendemain en voiture pour m'emmener chez ma mère. Après quoi, nous sommes passés voir le grand Frankétienne [dramaturge et écrivain], qui avait sa maison fissurée et qui était en larmes. Juste avant le séisme, il répétait le solo d'une de ses pièces de théâtre qui évoque un tremblement de terre à Port-au-Prince. Il m'a dit: "On ne peut plus jouer cette pièce." Je lui ai répondu: "Ne laisse pas tomber, c'est la culture qui nous sauvera. Fais ce que tu sais faire." Ce tremblement de terre est un événement tragique, mais la culture, c'est ce qui structure ce pays. Je l'ai incité à sortir en lui disant que les gens avaient besoin de le voir. Lorsque les repères physiques tombent, il reste les repères humains. Frankétienne, cet immense artiste, est une métaphore de Port-au-Prince. Il fallait qu'il sorte de chez lui. En me rendant chez ma mère, j'étais angoissé car j'ai vu des immeubles en apparence solides totalement détruits, et aussi d'innombrables victimes. Même à Pétionville, moins touchée ? Oui, beaucoup. J'ai commencé à les compter, puis j'ai cessé… C'étaient des piles de corps que les gens disposaient avec soin, le long des routes, en les couvrant d'un drap ou d'un tissu. Après le temps de silence et d'angoisse, les gens ont commencé à sortir et à s'organiser, à colmater leurs maisons. Car ce qui a sauvé cette ville c'est l'énergie des plus pauvres. Pour aider, pour aller chercher à manger, tous ces gens ont créé une grande énergie dans toute la ville. Ils ont donné l'impression que la ville était vivante. Sans eux, Port-au-Prince serait restée une ville morte, car les gens qui ont de quoi vivre sont restés chez eux pour la plupart. C'est pour témoigner de cette énergie que vous êtes rentré ? En effet, mais pas seulement. Lorsque l'ambassade du Canada m'a proposé d'embarquer vendredi, j'ai accepté car je craignais que cette catastrophe ne provoque un discours très stéréotypé. Il faut cesser d'employer ce terme de malédiction. C'est un mot insultant qui sous-entend qu'Haïti a fait quelque chose de mal et qu'il le paye. C'est un mot qui ne veut rien dire scientifiquement. On a subi des cyclones, pour des raisons précises, il n'y a pas eu de tremblement de terre d'une telle magnitude depuis deux cents ans. Si c'était une malédiction, alors il faudrait dire aussi que la Californie ou le Japon sont maudits. Passe encore que des télévangélistes américains prétendent que les Haïtiens ont passé un pacte avec le diable, mais pas les médias… Ils feraient mieux de parler de cette énergie incroyable que j'ai vue, de ces hommes et de ces femmes qui, avec courage et dignité, s'entraident. Bien que la ville soit en partie détruite et que l'Etat soit décapité, les gens restent, travaillent et vivent. Alors de grâce, cessez d'employer le terme de malédiction, Haïti n'a rien fait, ne paye rien, c'est une catastrophe qui pourrait arriver n'importe où. Il y a une autre expression qu'il faudrait cesser d'employer à tort et à travers, c'est celle de pillage. Quand les gens, au péril de leur vie, vont dans les décombres chercher de quoi boire et se nourrir avant que des grues ne viennent tout raser, cela ne s'apparente pas à du pillage mais à de la survie. Il y aura sans doute du pillage plus tard, car toute ville de deux millions d'habitants possède son quota de bandits, mais jusqu'ici ce que j'ai vu ce ne sont que des gens qui font ce qu'ils peuvent pour survivre. Comment est perçue la mobilisation internationale ? Les gens sentent que cette fois, cette aide est sérieuse, que ce n'est pas un geste théâtral comme cela a pu se produire par le passé. On perçoit que les gouvernements étrangers veulent vraiment faire quelque pour chose pour Haïti, et aussi que dans le pays personne ne veut détourner cette aide. Car ce qui vient de se produire est bien trop grave. Il y a tant à faire, à commencer par ramasser les morts. Cela prendra sans doute plusieurs semaines. Ensuite, il faudra déblayer toute la ville pour éviter les épidémies. Mais le problème numéro un, c'est l'eau, car à Port-au-Prince, elle est polluée. Habituellement, on la fait bouillir pour la boire, mais il n'y a plus de gaz. Les Haïtiens espèrent beaucoup de la communauté internationale. Si des choses sont décidées à un très haut niveau, dans le cadre d'un vaste plan de reconstruction, alors les Haïtiens sont prêts à accepter cette dernière souffrance. La représentation de l'Etat, à travers le gouvernement décimé, étant touchée, c'est le moment d'aller droit vers le peuple et de faire enfin quelque chose d'audacieux pour ce pays. Propos recueillis par Christine Rousseau
16/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/16/haiti-le-temoignage-bouleversant-de-l-ecrivain-dany-laferriere_1292475_3222.html
Eric Besson veut créer une charte des droits et des devoirs
C'est ce que le ministre de l'immigration a déclaré vendredi soir lors d'un débat sur l'identité nationale à Marseille.
neraient au moment de leur majorité. C'est ce que le ministre de l'immigration a déclaré vendredi soir lors d'un débat sur l'identité nationale à Marseille. A la question d'un jeune homme sur l'opportunité de faire signer à chaque Français "une sorte de contrat commun (...) établissant des principes à la fois moraux et politiques qui constituerait un ensemble de règles et de droits", M. Besson a répondu : "Tout jeune Français au moment où il bascule dans sa majorité à 18 ans et va recevoir sa carte d'électeur pourrait se voir proposer de signer un serment, une charte, quelque chose qui l'attache à la République", ajoutant que si "l'on est dans l'ordre du symbole, c'est un symbole qui peut toucher". Quelque 200 personnes, toutes conviées par carton d'invitation, ont assisté à ce deuxième débat marseillais, organisé à la préfecture. La discussion a tourné davantage autour de l'intégration des immigrés et plus particulièrement des musulmans et maghrébins. Elle s'est déroulée dans le calme hormis une prise de bec qui a opposé des membres de l'assistance au maire UMP de la ville, Jean-Claude Gaudin, sur les démonstrations de joie des supporters de l'équipe d'Algérie de football après sa victoire contre l'Egypte. A Marseille, "où la communauté musulmane est très forte nous faisons l'effort de formation, d'accueil, de recherche d'emplois et de logements pour que tout le monde soit traité de la même manière. Cependant nous voulons aussi la réciprocité. Quand il y a des matches de football, quand après il déferle 15.000 musulmans sur la Canebière et qu'il n'y a que le drapeau algérien, cela ne nous plaît pas", a déclaré M. Gaudin lors d'une rencontre avec des militants UMP précédant le débat. "Vous m'avez blessé, ma famille et les 200.000 musulmans qui vivent à Marseille", a déclaré un élu municipal d'origine algérienne. Une enseignante d'histoire-géographie s'est déclarée "heurtée par les propos tenus". "Nous ne sommes pas 15.000 musulmans mais 15.000 franco-algériens. Il y avait aussi de nombreuses personnes qui portaient les couleurs des drapeaux français et algérien et la fête s'est bien passée", a-t-elle affirmé. Avant le débat, quelque 200 personnes ont manifesté contre sa tenue et pour réclamer la suppression du "ministère de l'indignité nationale" et la régularisation des 6.000 grévistes sans papiers, à l'appel notamment de La Cimade, de RESF, de la LDH et de syndicats.
16/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/16/eric-besson-veut-creer-une-charte-des-droits-et-des-devoirs_1292472_823448.html
L'insécurité, inquiétude croissante pour les habitants et les sauveteurs
Si la mission d'assistance reste prioritaire, les troupes américaines, des militaires français et les forces de l'ONU pourraient être appelées à maintenir l'ordre.
Environ 6 000 détenus se sont évadés des prisons haïtiennes, partiellement détruites et laissées sans surveillance après le séisme de mardi indiquent de sources gouvernementales. Sur ce total, 4 000 détenus étaient incarcérés dans la prison de la capitale, Port-au-Prince, et un grand nombre d'entre eux étaient condamnés à la prison à vie, ont précisé ces sources. La prison de la capitale est partiellement détruite et que plus personne ne s'y trouve. L'insécurité est un des principaux sujets d'inquiétude des équipes internationales d'aide humanitaire et des habitants de Port-au-Prince, victimes de vols et de pillages trois jours après le tremblement de terre. "Il y a des pillages et des gens armés, parce que c'est un pays très pauvre et qu'ils sont désespérés", observait, vendredi, Delfin Antonio Rodriguez, chef des opérations de la défense civile dominicaine. Vendredi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé que ses entrepôts de stocks de nourriture avaient été "pillés" à Port-au-Prince. Ce genre de problème est "prévisible" dans des situations de catastrophe, a expliqué un porte-parole du PAM, Emilia Casella. Le général Ken Keen, qui dirige l'opération d'assistance américaine en Haïti, a reconnu vendredi qu'il était "au courant des préoccupations croissantes concernant la sécurité". "Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas eu à faire face à beaucoup d'insécurité, mais évidemment c'est une préoccupation. Nous travaillerons avec le gouvernement et la police nationale pour traiter ce problème de notre mieux", a déclaré le général, interrogé par la chaîne CNN depuis l'aéroport de Port-au-Prince. Plus de 5 000 soldats américains doivent arriver en Haïti. La mission d'assistance des Etats-Unis reste concentrée sur le sauvetage des vies humaines mais les troupes américaines pourraient être appelées à maintenir l'ordre si les conditions de sécurité venaient à se détériorer, selon des responsables à Washington. Le navire militaire français Francis Garnier, un bâtiment de transport et ravitaillement léger, qui a quitté vendredi le port de Fort-de-France avec 100 tonnes de fret emporte 60 militaires de l'armée de terre qui ont pour mission d'assurer la sécurité des sauveteurs qui recherchent les victimes du séisme de mardi. Haïti n'a pas d'armée et ses forces de police ont quasiment disparu dans le chaos qui a suivi le tremblement de terre. Le maintien de l'ordre repose presque entièrement sur la force de l'ONU, dont les quelque 7 000 soldats et 2 000 policiers sont déployés depuis 2004 pour aider à stabiliser le pays.
16/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/16/l-insecurite-inquietude-croissante-pour-les-habitants-et-les-sauveteurs_1292470_3222.html
Un bilan incertain mais très lourd
Les corps de 15 000 personnes ont été collectés selon le premier ministre. Le ministre de l'intérieur craint aun total de 100 000 à 200 000 morts.
Le président hatien René Préval a remercié vendredi la communauté internationale pour sa mobilisation rapide tout en comparant la situation de son pays à celle d'un Etat victime d'une guerre. "Les dégts que j'ai pu constater ici sont comparables aux dégâts que l'ont aurait pu voir dans un pays qui aurait été bombardé pendant 15 ans. C'est comme dans une guerre", a déclaré Préval dans un entretien accordé à Reuters. Le bilan des victimes du séisme ne cesse lui de s'alourdir."Les corps de plus de 15 000 personnes ont déjà été collectés et ensevelis", a déclaré le premier ministre à la presse après une rencontre avec le secrétaire d'Etat français à la coopération, Alain Joyandet. "Nous nous attendons à ce qu'il y ait au total entre 100 000 et 200 000 morts, même si nous ne connaîtrons jamais le nombre exact", affirme le ministre de l'intérieur Paul Antoine Bien-Aimé. Un décompte précis des victimes est pour l'instant impossible, mais tous les chiffres fournis pointent vers une catastrophe gigantesque, et d'ores et déjà, 50 000 cadavres ont été comptabilisés et ramassés. "Nous débarrassons les rues des cadavres et nous les mettons dans des fosses communes. Nous avons enterré 40 000 personnes. Nous pensons qu'il y en a 100 000 de plus", a déclaré à Reuters Aramick Louis, secrétaire d'Etat à la sécurité publique. "Il y a encore beaucoup de gens sous les décombres". Les trois quarts de la capitale Port-au-Prince devront être reconstruits, a dit à Reuters le ministre de la santé, Alex Larsen.
16/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/16/un-bilan-incertain-mais-tres-lourd_1292468_3222.html
L'OM accroche Bordeaux (1-1) : un nouveau championnat après la trêve ?
La trêve va-t-elle remettre en cause la suprématie des Girondins sur le chamionnat de Ligue 1?
La trêve hivernale peut changer la donne, remettre dans le droit chemin ceux qui s'étaient égarés, ou faire perdre le fil à ceux qui étaient lancés dans une belle série. Rupture de rythme, changement d'effectif avec le mercato d'intersaison... au mois de janvier, c'est une nouvelle saison qui commence. A l'heure de la reprise, on lit avec attention les résultats de la 20e journée, première étape des matches retour. BORDEAUX DÉTRÔNABLE ? Solide leader du championnat avant la trêve, Bordeaux a laissé filer des points d'entrée en 2010, face à Marseille (1-1). Après une ouverture du score contestable sur une charge de Chamakh sur Mandanda en fin de première mi-temps, les Girondins réduits à dix après l'expulsion de Planus ont cédé sur une reprise de volée de Cheyrou. Les joueurs de Laurent Blanc conservent 7 points d'avance sur leur premier poursuivant, Lille, mais n'ont pas montré grand chose samedi. A l'inverse, l'OM a fini le match en trombe mais semble trop loin pour revenir (11 points avec un match de retard). LYON N'Y CROIT DÉJÀ PLUS. En 2010, Lyon a gagné ses trois premiers matches, dont deux rencontres de Coupe contre Strasbourg et Metz. Et pourtant l'OL n'inspire pas confiance. Pour sa reprise en championnat, Lyon affrontait encore un club de l'Est. Sa prestation contre Nancy n'a rien eu de rassurant, et Lyon a dû attendre de voir son adversaire s'épuiser au bout du temps réglementaire pour s'imposer (2-0). Les dernières déclarations de Claude Puel témoignent déjà d'une résignation de l'ancien n°1 du championnat. Aujourd'hui, l'objectif, c'est le podium, et au regard de la première partie de saison, c'est réaliste, sinon ambitieux. LILLE EST À SA PLACE. La répétition des bons résultats du LOSC ne doit plus rien au hasard. La trêve n'y a rien changé. Le LOSC repart en 2010 sur les mêmes bases qu'en 2009, avec un potentiel offensif toujours aussi impressionnant. Le PSG en a fait les frais samedi (3-1). On imagine mal les Lillois, dauphins du leader, sombrer complètement, d'autant que le résultat de samedi a été acquis sans le buteur maison, Gervinho, parti à la CAN. Plus incertaine est la position de Montpellier, étonnant 3e du championnat. Le promu a subi en début d'année une lourde défaite contre Monaco (4-0) et ne pourra se contenter de sa victoire contre Nice (1-0) pour se rassurer. LE BUDGET NE FAIT PAS TOUT. Cette saison encore, le PSG déçoit. Son classement après 20 journées - 10e - n'est pas digne de ses moyens. De même pour Rennes, 9e du classement. Monaco occupe à la reprise une heureuse 6e place, mais sa victoire contre Sochaux (2-0) a été acquise in extremis grâce à Nenê, meilleur buteur du championnat. L'inconstance des grosses écuries de Ligue 1 peut encore ménager des surprises en haut de classement cette année. ET EN BAS ? Au terme de la 20e journée, les Verts sont sortis de la zone de relégation après la victoire contre Grenoble (2-1). Sous la direction de Christophe Galtier, les Verts sauront-ils sauver leur peau dans l'élite. La prestation des Stéphanois samedi peut le laisser espérer. Boulogne et Le Mans sont en position de relégables mais peuvent encore se sortir de ce mauvais pas, contrairement à Grenoble dont le sort semble scellé (7 points en 20 journées, à 8 points du 19e)
17/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/17/l-om-accroche-bordeaux-1-1-un-nouveau-championnat-apres-la-treve_1292955_3242.html
Hugo Chavez exproprie une chaîne d'hypermarchés franco-colombienne
La chaîne d'hypermarchés Exito (groupe Casino) est accusée d'avoir augmenté ses prix à des fins "spéculatives" après la dévaluation de la monnaie locale le 8 janvier.
Le président vénézuélien Hugo Chavez a ordonné dimanche 17 janvier l'expropriation de la chaîne d'hypermarchés franco-colombienne Exito (groupe Casino), accusée d'avoir augmenté ses prix à des fins "spéculatives" après la dévaluation de la monnaie locale le 8 janvier. "Jusqu'à quand allons-nous permettre qu'une multinationale vienne faire cela ici ? J'ordonne que l'on ouvre une enquête et j'attends la nouvelle loi [sur la spéculation en voie d'adoption] pour entamer une procédure d'expropriation de la chaîne Exito", a déclaré M. Chavez lors de son programme radio-télévisé hebdomadaire, "Alo Presidente". "Cela doit passer sous contrôle de la nation. Cela peut faire partie de Comerso", a ajouté le chef de file de la gauche radicale latino-américaine, en faisant référence à la Corporation de marchés socialistes, un nouveau réseau de commerces vendant à des prix cassés divers types de produits. Le gouvernement a décidé le 8 janvier de dévaluer le bolivar, qui s'échangeait depuis 2005 au taux de 2,15 bolivars pour un dollar, et d'instaurer un double taux de change pour stimuler la production nationale, dans un pays largement importateur. Le bolivar s'échange désormais à 2,60 bolivars pour un dollar pour les importations des produits de base (santé, alimentation, équipements) et à 4,30 bolivars pour les autres produits (voitures, télécommunications, électronique, tabac, boissons...). Hugo Chavez avait menacé d'exproprier les commerçants qui augmenteraient les prix de manière abusive après la dévaluation du bolivar, présentée par les économistes comme un facteur d'inflation. Peu après, un hypermarché de Caracas appartenant au groupe Exito, contrôlé par le français Casino, avait été le premier magasin investi par la garde nationale et avait été fermé pour 24 heures. Des dizaines d'autres commerces ont depuis subi le même sort.
17/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/17/hugo-chavez-exproprie-une-chaine-d-hypermarches-franco-colombienne_1292950_3222.html
La France et l'Allemagne déconseillent l'utilisation d'Internet Explorer
En France et en Allemagne, deux organismes recommandent l'utilisation de navigateurs alternatifs à celui de Microsoft, dont des failles de sécurité ont été dévoilées cette semaine.
Deux organismes allemands et français ont émis une mise en garde en fin de semaine contre l'utilisation d'Internet Explorer, demandant à Microsoft de régler les défauts de sécurité de son navigateur. Jeudi 14 janvier, le géant américain du logiciel avait annoncé qu'une faille de sécurité de son navigateur avait été exploitée pour mener les cyber-attaques qui ont poussé Google à menacer de cesser ses activités en Chine (Voir l'enquête du Monde "L'avenir incertain de Google en Chine"). Suite à cette annonce, l'Office fédéral allemand pour la sécurité de l'information (BSI) a demandé aux Allemands de cesser d'utiliser Internet Explorer. De son côté, le Certa (Centre d'expertise de réponse et de traitement des attaques informatiques) recommande depuis vendredi "l'utilisation d'un navigateur alternatif" à Internet Explorer "dans l'attente d'un correctif". Selon le Certa, une "vulnérabilité" dans le navigateur "permet à une personne malintentionnée d'exécuter du code arbitraire à distance". Cette mise en garde concerne les versions 6, 7 et 8 d'Internet Explorer. Microsoft a toutefois rejeté ces accusations, assurant que les défauts de sécurité rencontrés par Google ne concernent pas les particuliers. Selon Microsoft, la faille rencontrée cette semaine peut être solutionnée en réglant les paramètres de sécurité du navigateur sur "élevé". Mais selon le BSI, cette disposition est insuffisante. "Utiliser Internet Explorer en 'mode sécurité' rend les attaques plus difficiles, mais ne les empêche pas complètement", explique le BSI. Le Certa conseille de son côté de naviguer avec un compte aux droits limités quel que soit le navigateur, et de désactiver les fonctions JavaScript et ActiveX, ce qui peut toutefois rendre inaccessibles certains sites. Selon le site Market Share, 63 % des internautes utilisent Internet Explorer, contre 25 % pour Firefox.
17/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/17/la-france-et-l-allemagne-deconseillent-l-utilisation-d-internet-explorer_1292928_651865.html
CAN : le Cameroun arrache la victoire, le Gabon contrôle
Dimanche 17 janvier, le Cameroun a été éliminé pendant 68 minutes de jeu avant de renverser le score face à la Zambie (victoire 3-2). Le Gabon et la Tunisie se sont séparés sur un score vierge 0-0 dans le groupe D.
Les Gabonais conservent la place de leader du groupe D grâce à un match nul 0-0 face à la Tunisie. Le Cameroun a frôlé l'élimination mais a réussi à retourner la situation face à la Zambie. Menés 1-0 jusqu'à la 68e minute, les hommes de Paul Le Guen ont renversé le score en quelques minutes (68e et 72e, 2-1) avant de concéder l'égalisation sur penalty par Katongo (81e). C'est Idrissou qui a finalement libéré les "Lions indomptables" en inscrivant le but décisif à la 86e (3-2). Le Cameroun, favori de la CAN avec la Côte d'Ivoire, se replace dans la course aux quarts de finale. Deuxièmes du groupe D avec 3 points, les Camerounais possèdent désormais 1 point de retard sur le leader gabonais et 1 point d'avance sur le troisième, la Tunisie. Au bout du suspens, Samuel Eto'o et ses coéquipiers ont évité une grande désillusion à leur pays. La Tunisie et le Gabon se sont, eux, neutralisés sous la pluie dans un 0-0 terne dimanche 17 janvier. La Tunisie reste à la traîne du groupe D en concédant son 2e match nul de la compétition après le 1-1 face à la Zambie. Le Gabon, surprenant vainqueur du Cameroun en ouverture, est en tête de ce groupe avec 4 points. La situation commence à devenir critique pour la Tunisie : sa qualification pourrait passer par une victoire impérative contre le Cameroun jeudi. On connaît défi plus facile. Le Gabon en revanche, après avoir maté ce même Cameroun (1-0), accroche le deuxième favori de son groupe. Les deux équipes ont offert une prestation mitigée. Pour les heureux retardataires, elles proposaient même à l'entame du dernier quart d'heure un joli résumé de cette partie d'approximations et de loupés : le Gabonais Aubameyang, seul au second poteau, ratait son contrôle (76e), et le Tunisien Jemâa, dans la même position, arrivait en retard sur le centre de Dhaouadhi (77e). Les Gabonais peuvent cependant se montrer satisfait de leur début de compétition. La qualification leur tend les bras. Tout se jouera lors de la dernière rencontre face à la Zambie.
17/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/17/can-le-gabon-tient-en-echec-la-tunisie_1292938_3242.html
"Benoît XVI souligne l'aide ""discrète et cachée"" du Vatican aux juifs pendant la Shoah"
Sur fond de controverse sur la béatification de Pie XII, le pape effectuait sa première visite à la synagogue de Rome.
Benoît XVI a défendu dimanche 17 janvier l'attitude de son prédécesseur Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale, affirmant qu'il avait œuvré de manière discrète, en coulisse, en faveur des juifs persécutés par les nazis. "Le Siège apostolique a procuré son assistance [aux juifs], souvent de façon discrète et cachée", a dit le pape dans son intervention. Benoît XVI a auparavant été interpellé par le président de la communauté juive de Rome, qui a estimé que Pie XII, pape de 1939 à 1958, aurait dû dénoncer l'Holocauste. "Le silence de Pie XII face à la Shoah continue de faire mal car quelque chose aurait dû être fait", a déclaré Riccardo Pacifici, réclamant l'ouverture des archives du Vatican sur cette période. Cela n'aurait peut-être pas arrêté les trains de la mort mais cela aurait constitué un signe, un mot d'extrême réconfort, de solidarité humaine, pour ceux de nos frères transportés vers les fours d'Auschwitz". "COMMENT NE PAS SE SOUVENIR ?" A son arrivée à la synagogue pour une visite de deux heures, le pape a été accueilli par des personnalités juives romaines et étrangères. Avant de pénétrer dans le bâtiment, les dirigeants juifs lui ont montré une plaque rappelant la rafle du 16 octobre 1943, qui avait abouti à la déportation des juifs de Rome, et une autre inscription en hommage à un petit garçon de deux ans tué dans un attentat contre le lieu de culte en 1982. "En ce lieu, comment ne pas se souvenir des Juifs romains qui furent emportés de leurs maisons, devant ces murs (...) et furent tués à Auschwitz ? Comment est-il possible d'oublier leurs visages, leurs noms, les larmes, le désespoir des hommes, des femmes et des enfants?", a déclaré le pape. "En ce lieu, comment ne pas se souvenir des Juifs romains qui furent emportés de leurs maisons, devant ces murs (...) et furent tués à Auschwitz ? Comment est-il possible d'oublier leurs visages, leurs noms, les larmes, le désespoir des hommes, des femmes et des enfants?", a-t-il ajouté. "UNE NOUVELLE ÉTAPE" Quelques heures auparavant, lors de son adresse dominicale aux pèlerins et touristes massés place Saint-Pierre, Benoît XVI avait présenté sa visite à la synagogue des bords du Tibre comme un nouveau jalon dans les relations entre juifs et catholiques, sans pour autant dissimuler les "En ce lieu, comment ne pas se souvenir des Juifs romains qui furent emportés de leurs maisons, devant ces murs (...) et furent tués à Auschwitz ? Comment est-il possible d'oublier leurs visages, leurs noms, les larmes, le désespoir des hommes, des femmes et des enfants?" entre les deux religions. "En ce lieu, comment ne pas se souvenir des Juifs romains qui furent emportés de leurs maisons, devant ces murs (...) et furent tués à Auschwitz ? Comment est-il possible d'oublier leurs visages, leurs noms, les larmes, le désespoir des hommes, des femmes et des enfants?", avait-il dit, ajoutant cependant que respect et dialogue n'empêchaient pas "En ce lieu, comment ne pas se souvenir des Juifs romains qui furent emportés de leurs maisons, devant ces murs (...) et furent tués à Auschwitz ? Comment est-il possible d'oublier leurs visages, leurs noms, les larmes, le désespoir des hommes, des femmes et des enfants?". Cette visite inédite du souverain pontife allemand dans un sanctuaire juif intervient vingt-quatre ans après que son prédécesseur, Jean Paul II, a été le premier pape à pénétrer dans une synagogue en près de 2 000 ans et s'y soit adressé à des "En ce lieu, comment ne pas se souvenir des Juifs romains qui furent emportés de leurs maisons, devant ces murs (...) et furent tués à Auschwitz ? Comment est-il possible d'oublier leurs visages, leurs noms, les larmes, le désespoir des hommes, des femmes et des enfants?".
17/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/17/benoit-xvi-souligne-l-aide-discrete-et-cachee-du-vatican-aux-juifs-pendant-la-shoah_1292935_3214.html
En Haïti, nourriture et soins peinent à parvenir aux sinistrés
Alors que l'Europe a dit vouloir faire de la reconstruction d'Haïti une priorité, la population sur place est encore confrontée aux plus grandes difficultés pour subvenir à ses besoins élémentaires.
Alors que l'Europe a dit vouloir faire de la reconstruction d'Haïti une priorité, la population sur place est encore confrontée aux plus grandes difficultés pour subvenir à ses besoins élémentaires, dimanche 17 janvier. Cinq jours après de séisme de magnitude 7 qui a frappé l'île, eau, nourriture et soins peinent à parvenir aux sinistrés, malgré la tentative de prise en main de la situation par l'armée américaine. L'OMS avance toujours un bilan probable de 50 000 morts. Des problèmes de logistique empêchent une grande partie des secours de parvenir aux victimes et des centaines de milliers de Haïtiens affamés attendent désespérément de l'aide. Ils survivent dans des camps de fortune, dans des rues jonchées de débris et de cadavres en décomposition. Pour le moment, les Nations unies fournissent de la nourriture à 40 000 personnes par jour et espèrent porter ce nombre à un million d'ici deux semaines. "Il s'agit de l'une des plus graves crises humanitaires en plusieurs décennies", a déclaré Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l'organisation qui est arrivé à Port-au-Prince dans l'après-midi (lire la note de blog L'OMS dresse un premier bilan du séisme). Des pillards ont fait leur apparition dans les rues au cours du week-end, s'emparant dans les magasins éventrés de tout ce qu'ils pouvaient y trouver. Des affrontements ont éclaté entre groupes d'hommes armés de couteaux, de haches ou de pierres. La police a ouvert le feu sur des groupes de pilliards dimanche, faisant au moins un mort (voir le portfolio Port-au-Prince confronté à la violence). De nombreuses distributions de nourriture ont tourné au pugilat tant la situation est critique. "La distribution est totalement désorganisée. [Les secours] n'identifient pas ceux qui ont besoin d'eau. Les personnes âgées ou malades n'ont aucune chance", se désole Estimé Pierre Deny, un habitant de Port-au-Prince, en observant une foule se précipiter vers un camion distribuant de l'eau. De nombreuses personnes fuient à pied la capitale, emportant sur leur tête des valises avec les quelques biens qu'elles ont pu récupérer, dans l'espoir de trouver vivres et abri à la campagne et d'échapper aux répliques et aux violences. Les secours ne désespèrent pas de retrouver des survivants parmis les décombres de la capitale en ruines. Dimanche, trois Haïtiens ont été extraits vivants des décombres d'un supermarché de Port-au-Prince. Les sauveteurs étaient sur le point d'arrêter leurs recherches à cet endroit, samedi, lorsqu'une caissière a réussi à appeler un proche à Miami pour dire qu'elle était vivante sous les décombres. Une personne coincée dans les ruines de l'hôtel Montana a également émis des signes de vie et l'équipe américaine Fairfax Urban Search and Rescue s'est rendue sur place pour tenter d'établir un contact. Les trois personnes dégagées s'ajoutent aux soixante-dix survivants retrouvés jusque là sous les décombres de Port-au-Prince par les 43 équipes internationales engagées sur place (soit 1 739 sauveteurs et 161 chiens). "Il y a toujours de l'espoir [de retrouver des rescapés]. (...) C'est exceptionnel, Dieu merci", a souligné dimanche une porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU. Les Etats-Unis ont pris une place prépondérante dans l'organisation des secours avec déjà 1 000 soldats sur le sol haïtien et 3 600 dans des navires au large de ses côtes(lire la note Paris ne veut pas polémiquer avec Washington sur les secours). "Dans les prochains jours, des Marines vont arriver", ainsi que des engins lourds pour dégager les routes, a annoncé le général Keen qui dirige la force spéciale mise sur pied par les Etats-Unis en Haïti. Il a également annoncé la venue d'un navire hôpital le 20 janvier. "Nous sommes face à plusieurs problèmes critiques. L'un d'eux est le carburant. Celui-ci arrive par l'un de ces ports et nous avons besoin de le rendre opérationnel pour que les fournitures de carburant puissent arriver", a-t-il expliqué. "Actuellement, nous comptons essentiellement sur les hélicoptères" pour assurer la fourniture de notre aide, a dit le général Keen. Selon lui, les parachutistes américains qui ont distribué de l'aide samedi "n'ont pas rencontré de problèmes de sécurité". Le responsable américain a fait état d'un seul incident "avec un hélicoptère qui n'a pu atterrir et a dû larguer ses fournitures".
17/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/17/en-haiti-nourriture-et-soins-peinent-a-parvenir-aux-sinistres_1292931_3222.html
Téhéran n'accueillera pas les Jeux islamiques
La Fédération de la solidarité islamique a décidé d'annuler les Jeux islamiques qui devaient avoir lieu en avril 2010 en Iran en raison d'un désaccord sur l'utilisation de l'expression "Golfe persique".
La Fédération de la solidarité islamique (ISF), basée en Arabie saoudite, a annulé dimanche 17 janvier les Jeux islamiques prévus en avril 2010 en Iran. A l'origine de cette annulation se trouve l'utilisation de l'expression "Golfe persique" par Téhéran dans le cadre de cette compétition, notamment sur les médailles. La dénomination des eaux séparant la péninsule arabique de l'Iran est l'objet d'une vieille bataille : Téhéran insiste sur le "Golfe persique" tandis que les pays arabes ne reconnaissent que les termes "Golfe arabique" voire "Golfe", sans autre mention. Réuni en urgence, le bureau de l'ISF "a décidé d'annuler les Jeux (...) prévus en Iran", a déclaré dans un communiqué l'organisation, qui compte à sa tête le président du Comité olympique saoudien, le Prince Sultan ben Fahd. Le comité d'organisation iranien "a pris des décisions unilatérales sans en référer à la Fédération (ISF) par la rédaction de slogans sur les médailles et des documents des Jeux", explique le texte. L'Iran "ne s'est pas conformé aux lois de la Fédération des Jeux de la solidarité islamique" et n'a pas "suivi les décisions prises par l'AG de la Fédération lors de sa dernière réunion à Ryad", ajoute le communiqué. Le comité d'organisation iranien a critiqué sur son site internet cette décision prise "de manière regrettable et sans raison logique malgré la présentation d'arguments convaincants" par le comité. Selon le site internet des "2e Jeux de la solidarité islamique", 38 nations avaient fait part de leur intention de participer à la compétition, et une invitation avait été lancée au président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge. Les premiers Jeux islamiques avaient eu lieu en 2005 à Jeddah (Arabie saoudite). L'édition iranienne, initialement prévue en octobre 2009, avait été reportée à avril en raison des craintes de propagation de la grippe A et du contentieux déjà existant sur le recours à l'expression "Golfe persique".
17/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/17/teheran-n-accueillera-pas-les-jeux-islamiques_1292927_3242.html
En Ukraine, Ianoukovitch et Timochenko s'affronteront pour la présidence
L'opposant pro-russe et la première ministre sont arrivés en tête du premier tour de la présidentielle ukrainienne, dimanche. Second tour le 7 février.
L'opposant pro-russe Viktor Ianoukovitch et la première ministre Ioulia Timochenko s'affronteront au second tour de la présidentielle en Ukraine le 7 février, selon les résultats officiels publiés lundi. M. Ianoukovitch a obtenu 35,36 % des suffrages exprimés lors du premier tour de scrutin, et Mme Timochenko 25 %. Cet écart plutôt modeste entre les deux grands favoris annonce une lutte acharnée pour le second tour, la combative Ioulia Timochenko, égérie de la "révolution orange", paraissant en mesure de combler son retard. La troisième place revient à l'ex-banquier Sergui Tiguipko, qui a récolté 13,01 % des voix, tandis que le président sortant Viktor Iouchtchenko, héros de la "révolution orange" de fin 2004, devenu très impopulaire depuis, est arrivé en cinquième position avec seulement 5,51 % des voix. Il a été légèrement devancé par l'ancien président du Parlement, Arseni Iatseniouk (6,97 %). Fervent pro-occidental et pro-OTAN, M. Iouchtchenko a profondément déçu ses compatriotes, faute d'avoir réussi à enrayer la corruption et la crise économique qui malmènent le pays. "Les Ukrainiens ont voté contre le chaos politique qui régnait dans le pays ces cinq dernières années. Ils ont voté contre Iouchtchenko et toutes ses initiatives", a commenté Kateryna Kiritchenko, directrice de l'Institut des stratégies anti-crise à Kiev. Le vote de dimanche s'est déroulé globalement dans le calme, mais il a été marqué par une polémique due à la présence à Donetsk, fief électoral de M. Ianoukovitch, de "soi-disant observateurs" géorgiens que son parti accuse de vouloir troubler le vote au profit de sa rivale. A Tbilissi, ces accusations ont fait bondir le gouvernement, qui a dénoncé des "mensonges énormes". Cela mis à part, observateurs et organisateurs cités par les médias ukrainiens ont jugé que les incidents constatés lors du vote étaient mineurs. Le thème des fraudes est éminemment sensible en Ukraine depuis que la justice a invalidé la victoire de M. Ianoukovitch pour cette raison en 2004, ouvrant la voie à l'arrivée au pouvoir de M. Iouchtchenko. Au premier tour, la participation a atteint 66,44 %, selon des chiffres provisoires, soit un net recul par rapport à 2004 (77 %). RETOUR À UN ÉQUILIBRE ENTRE BRUXELLES ET MOSCOU Quel que soit le vainqueur, le ou la futur(e) président(e) n'aura pas la partie facile pour relever un pays en mal de stabilité politique et sous perfusion financière du Fonds monétaire international depuis un an. Après avoir tourné le dos à Moscou sous M. Iouchtchenko, l'Ukraine devrait en revanche revenir à une politique "d'équilibre d'intérêts" entre l'Occident et la Russie, estiment nombre d'analystes. Les deux candidats sortis en tête dimanche prônent un rapprochement avec l'UE – même si la porte de l'adhésion n'est pas ouverte pour l'heure – tout en ménageant Moscou. Ils sont aussi tous deux opposés à une adhésion à l'OTAN, un des chevaux de bataille de M. Iouchtchenko.
17/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/17/presidentielle-ukrainienne-la-presence-d-observateurs-georgiens-critiquee_1292924_3214.html
Les propos de l'Elysée sur les journalistes enlevés en Afghanistan choquent les syndicats
Invité d'Europe 1, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a assuré que l'enlèvement de deux reporters de France 3 avait provoqué la colère de Nicolas Sarkozy, qui a dénoncé leur "imprudence vraiment coupable".
Les journalistes de France 3 enlevés le 30 décembre en Afghanistan "sont en vie", mais aucune négociation n'a été "véritablement entreprise" avec leurs ravisseurs, a déclaré dimanche 17 décembre le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant. Les deux reporters de la chaîne publique et leurs trois accompagnateurs afghans avaient été enlevés le 30 décembre sur la route entre Surobi et Tagab, dans la province de Kapisa, sous contrôle sécuritaire des troupes françaises. M. Guéant a assuré au "Grand Rendez-Vous" Europe 1/Le Parisien-Aujourd'hui en France ne pas avoir eu connaissance d'une demande de rançon, mais a évoqué le "coût considérable" de l'opération. "Quelques jours seulement après leur disparition, on évaluait déjà ce coût à un million d'euros", a-t-il indiqué. Le secrétaire général de l'Elysée a par ailleurs déclaré que cet enlèvement avait suscité la colère du président Nicolas Sarkozy qui a dénoncé à leur propos une "imprudence vraiment coupable". "C'est vrai que Nicolas Sarkozy, à plusieurs reprises, a dit que cette imprudence était vraiment coupable, parce qu'ils avaient été très clairement mis en garde. Il leur avait été très clairement demandé de ne pas s'aventurer ainsi parce qu'il y a des risques", a déclaré Claude Guéant. "Ils font courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées, qui du reste sont détournées de leurs missions principales. Je crois que, quand même, le scoop ne doit pas être recherché à tout prix". UN TRAVAIL "D'INTÉRÊT GÉNÉRAL" Ces propos ont provoqué la colère du Syndicat national des journalistes (SNJ) et de Reporters sans frontière. "Comment peut-on, trois semaines après la disparition de nos confrères, continuer de les accuser d'avoir fait leur métier", s'est indigné Jean-François Téaldi, secrétaire général du SNJ-CGT de France Télévisions. "Ces déclarations sont odieuses, tant à l'encontre de nos deux camarades, qu'à l'encontre de l'ensemble de la profession", a-t-il estimé, soulignant que les journalistes "n'étaient pas à la recherche d'un scoop mais ne faisaient que leur métier". "Les journalistes font leur travail, que les politiques fassent le leur", a renchéri Dominique Pradalié, secrétaire générale du SNJ, estimant que "c'était tout à l'honneur des journalistes d'aller exercer leur profession là où c'est le plus nécessaire". Le SNJ juge "inacceptable de parler de coût quand un Français, quel qu'il soit, est en difficulté à l'étranger", estimant que "la France s'honore encore de porter un secours sans conditions à tous ses ressortissants". "A la question de savoir s'ils ont pris des risques, la réponse est oui, bien évidemment, souligne pour sa part Reporters sans frontières dans un communiqué. Tous les journalistes qui posent le pied en Afghanistan prennent un risque. Tous les jours, des centaines de journalistes prennent des risques. Les deux reporters de France 3 menaient un travail d'intérêt général. Exactement comme ceux qui sont au milieu des gravats de Port-au-Prince."
17/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/17/l-enlevement-des-journalistes-de-france-3-en-afghanistan-a-provoque-la-colere-de-m-sarkozy_1292900_3216.html
Ligue 1 : Marseille joue gros à Bordeaux
Bordeaux accueille Marseille dimanche à 21h pour le sommet de la 20e journée de Ligue 1. La victoire est conseillée pour l'OM qui compte déjà 11 points de retard sur les Girondins.
Bordeaux-Marseille, ces deux équipes ont souvent été rivales pour la domination du football français. L'opposition des présidents girondins et olympiens dans les années 80, Claude Bez et Bernard Tapie, est entrée dans la légende. Plus récemment, les deux luttes acharnées pour le titre , remportées par Bordeaux en 1999 et en 2009, symbolisent également la rivalité entre Bordelais et Marseillais. Cette saison, les champions de France en titre girondins possèdent déjà 11 points d'avance sur l'OM qui peut toutefois se targuer de compter un match en moins. Malgré ce fait, la rencontre au sommet de la 20e journée de Ligue 1 apparaît bien décisive. Et sûrement plus pour les Marseillais que pour les Bordelais. La pression est sur les hommes de Didier Deschamps, qui, en cas de défaite à Chaban-Delmas, se trouveraient alors à 14 points du champion de France. "Si on perd, il sera très dur de les rattraper. C'est un match très décisif", reconnaît le défenseur central Souleymane Diawara, l'ex-Girondin, qui sera accueilli avec bienveillance de la part des joueurs et de l'encadrement bordelais mais contre qui les supporters prévoient une salve de sifflets. Les Marseillais savent bien qu'ils auront face à eux une équipe qui a terminé 2009 avec six victoires de rang en Ligue 1. Tout comme Diawara, Didier Deschamps a ainsi salué "la maîtrise de Bordeaux, dû au vécu de cette équipe depuis trois ans". Une équipe qui n'a connu aucun changement durant la trêve hivernale. Si les Bordelais sont au complet, l'entraîneur marseillais Didier Deschamps devra faire sans ses joueurs africains retenus par la CAN (M'bia, Koné, Kaboré et Taiwo). Mais l'ancien capitaine de l'équipe de France enregistre avec satisfaction le retour de son attaquant Mamadou Niang, qui, s'il "n'est pas à 100%, amène une efficacité importante et peut faire la différence à tout moment". Le Sénégalais et son compère brésilien Brandao, auteur d'un doublé à Geoffroy-Guichard, feront certainement l'objet d'une attention particulière de l'arrière-garde bordelaise. "Il est vrai que ce serait un peu compliqué pour nous. Mais nous ne pourrions que nous en prendre à nous-mêmes. Nous avons perdu beaucoup de points bêtement, sur des matches vraiment à notre portée, que nous avions en main mais que nous avons laissés filer", déclare Mamadou Niang lorsqu'on l'interroge sur l'hypothèse d'une défaite en terre bordelaise. Pour Bordeaux, bête noire de l'OM sur sa pelouse de Chaban-Delmas, "il n'y a pas de points à perdre", comme l'a rappelé le capitaine Alou Diarra, qui s'attend à un défi physique comme au match aller (0-0), le seul match nul des Girondins en L1 cette saison. "Je pense que le match est beaucoup plus important pour Marseille que pour nous, il n'y a qu'à voir le classement pour le comprendre même si de notre côté c'est un match contre un concurrent direct pour les premières places et si ça serait une bonne chose si on prenait des points", déclare Laurent Blanc. "Ce match vient trop tôt mais ce sont les circonstances et le hasard du calendrier qui nous proposent cette rencontre comme match de reprise après la trêve hivernale. Même si je pense que ça va être un beau match, je pense que logiquement les deux équipes ne seront pas au top niveau", ajoute l'entraîneur bordelais. Enfin, ce sommet est particulier pour deux hommes forts du football français, Laurent Blanc et Didier Deschamps. Longtemps partenaires à succès en équipe de France, les deux ex-internationaux ont réussi leur reconversion au poste d'entraîneur. S'ils sont amis au quotidien, il est aisé de parier que la complicité laissera place à la rivalité sportive sur le terrain. La question étant de savoir lequel de la "Dech" ou du "Président" sortira vainqueur du duel dimanche soir...
17/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/17/ligue-1-marseille-joue-gros-a-bordeaux_1292898_3242.html
Riner et Lebrun sacrés au Master de judo
Les judokas français se sont illustrés dans ce nouveau tournoi organisé sur le modèle du Master de tennis.
Français Teddy Riner (+100 kg) a remporté dimanche 17 janvier le Master mondial de judo disputé à Séoul alors que chez les dames la Française Céline Lebrun s'est imposée dans la catégorie des 78 kg. Calqué sur le modèle du tennis, le Master mondial oppose les meilleurs mondiaux. Il y a 16 engagés par catégorie et pas de repêchages, donc pas de droit à l'erreur. Riner a battu le Japonais Keiji Suzuki champion olympique à Athènes en 2004, sur yuko, et Lebrun s'est imposée face à la Coréenne Jeong Gyeong-Mi sur waza-ari. Lucie Decosse qui s'alignait en 70 kg a elle été éliminée en demi-finale par la Japonaise Yoriko Kunihara (waza-ari). "Le bilan de l'équipe de France est bon avec surtout un comportement de combattant. Ils ont fait preuve d'une très grande combativité. Ils n'ont pas lâché le morceau", a déclaré René Rambier, directeur technique du judo français, "très content". Le directeur technique a cependant tenu à rappeler que cette compétition n'était pas "une fin en soi". "Le Master est une étape. Ce n'est pas une finalité. Il y a encore beaucoup de travail pour que ce soit dans la régularité. On n'est pas arrivé!", a insisté René Rambier, les yeux rivés vers les jeux Olympiques de Londres en 2012.
17/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/17/riner-et-lebrun-sacres-au-master-de-judo_1292892_3242.html
Lance Armstrong lance sa saison en Australie
Pour sa première sortie de l'année avec sa nouvelle équipe, Radioshack, l'Américain finit 62e après avoir animé la course.
La saison cycliste a officiellement débuté dimanche, en Australie, avec la Cancer Council Helpline Classic dont l'une des principales attractions était la présence de l'Américain Lance Armstrong et de sa nouvelle formation. "C'est très excitant de débuter une nouvelle aventure avec l'équipe Radioshack, de commencer une nouvelle saison, d'accrocher un dossard sur ce nouveau maillot. Je ressens le stress de la compétition et j'aime ça", confiait-il à l'arrivée à Adélaïde. Armstrong a longtemps animé la course. Après un début de course très rapide, l'Américain s'est glissé dans une échappée et s'est montré très actif en son sein. Mais la course s'est nettement accélérée. "Je me suis échappé en sachant que ça n'allait pas durer très longtemps. Dans les deux derniers tours, ça allait 25% plus vite. Il aurait donc fallu une avance plus importante pour gagner", a reconnu Armstrong. Dès lors l'étape s'est jouée entre sprinters avec notamment un duel entre l'équipe Colombia d'André Greipel et le nouveau Team Sky, qui a finalement pris les deux premières places, Greg Henderson devançant son équipier Christopher Sutton. Lance Armstrong ne finit que 62e, mais sans inquiétude. "C'était une bonne reprise. (...) Je me sentais mieux aujourd'hui qu'il y a un an. Il y a un an, j'étais comme une poule chevauchant un couteau. (...) Je veux être à un niveau supérieur plus longtemps. Je veux avoir la condition au printemps et au début de l'été pour obtenir une victoire quelque part avant le départ du Tour de France".
17/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/17/lance-armstrong-lance-sa-saison-en-australie_1292884_3242.html
ETA soutient la démarche politique de Batasuna
Dans un texte publié dans "Gara", l'organisation indépendantiste armée met l'accent sur l'importance de la "lutte politique" mais sans renoncer explicitement à la lutte armée.
Dans un nouveau communiqué, l'organisation indépendantiste armée basque ETA, met l'accent sur l'importance de la "lutte politique" mais sans renoncer explicitement à la lutte armée comme le réclame le gouvernement espagnol. Le groupe clandestin dont le dernier attentat remonte au 30 juillet 2009, souligne dans ce texte publié dans Gara [journal indépendantiste qui lui sert de canal habituel de revendication au groupe armé] qu'il soutient la démarche annoncée à l'automne par des proches de son aile politique interdite Batasuna, pour lancer un "processus démocratique" de paix après l'échec de celui de 2006-2007. "Tout en considérant qu'il faut répondre à la répression, notre force repose sur le lutte politique", affirme l'ETA dans un communiqué écrit en langue basque et traduit par Gara. En référence à la proposition faite à Alsasua (Navarre) le 14 novembre par des indépendantistes proches de Batasuna pour lancer un nouveau processus de paix, l'ETA écrit : "la Gauche indépendantiste [Batasuna], moteur de la lutte de ce peuple, a parlé et l'ETA fait sienne ses paroles". "Nous ne pouvons pas rester à regarder l'ennemi, c'est le moment de prendre l'initiative et d'agir, même maintenant. Au moment où l'ennemi lance ses attaques les plus dures, nous ne pouvons pas rester dans la simple résistance" indique l'ETA dans des extraits du communiqué traduits et publiés par Gara. "Nous devons répondre avec la capacité d'initiative qu'ils [l'Etat espagnol] veulent étouffer. Il est certain que notre force repose sur la lutte politique plus qu'en la résistance à la répression", selon le groupe armé. L'ETA indique encore dans ce communiqué qui paraît surtout destiné au clan indépendantiste radical : "la victoire est dans la lutte et nous voulons inciter notre peuple et chaque citoyen à s'organiser et à lutter, à être protagoniste de la libération de notre peuple". Le groupe armé tenu pour responsable de la mort de 828 personnes en 41 ans d'attentats, souligne que "la violence de l'Etat" espagnol à savoir la lutte antiterroriste à son encontre, devra cesser pour qu'un "processus démocratique" puisse se développer.
17/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/17/eta-soutient-la-demarche-politique-de-batasuna_1292885_3214.html
Chili : Sebastian Piñera serait en tête du second tour de la présidentielle
Le résultat du second tour de l'élection présidentielle chilienne s'avère très serré. Selon de premières projections, le milliardaire de droite Sebastian Piñera l'emporterait avec 51,3 % des voix.
Le résultat du second tour de l'élection présidentielle chilienne, qui s'est tenue dimanche 17 janvier, s'avère très serré. Selon de premières projections, le milliardaire de droite Sebastian Piñera l'emporterait avec 51,3 % des voix, a annoncé la station de radio BioBio. Son adversaire, l'ancien président Eduardo Frei, recueillerait 48,7 %. Si ce résultat se confirme, le Chili connaîtrait sa première alternance politique depuis la chute du régime dictatorial d'Augusto Pinochet. Près de 8,3 millions d'électeurs étaient appelés à désigner le successeur de la socialiste Michelle Bachelet, que la Constitution n'autorisait pas à briguer un deuxième mandat consécutif. Ils devaient choisir entre Piñera, un entrepreneur multimillionaire de 60 ans issu de la droite modérée, et le centriste Eduardo Frei, 67 ans, candidat de la coalition de centre-gauche au pouvoir, et qui fut déjà président de 1994 à 2000. Plus qu'un changement de cap politico-économique, la victoire de Piñera marquerait un tournant symbolique pour le Chili avec le retour de la droite au pouvoir pour la première fois depuis la fin de la dictature en 1990. Et pour la première fois par les urnes, depuis 1958. Battu en 2005 par Bachelet au deuxième tour, Piñera a été donné gagnant de tous les sondages depuis des mois. Arrivé en tête au premier tour le 13 décembre avec 44 % des voix (29,6 % à Frei), il a vu cette avance fondre à 5-6 % ces dernières semaines, puis à moins de deux points dans un dernier sondage mercredi : 50,9 %, contre 49,1 % à Eduardo Frei.
17/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/17/les-electeurs-chiliens-appeles-a-departager-la-droite-moderee-et-le-centre-gauche_1292881_3222.html
Emmanuelle Mignon n'ira pas au Conseil constitutionnel
Emmanuelle Mignon avait dirigé le cabinet de Nicolas Sarkozy après son élection à la présidence en 2007. Elle a quitté l'Elysée en décembre pour regagner son corps d'origine, le Conseil d'Etat.
Le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant déclare, dimanche 17 janvier,lors du "Grand Rendez-Vous" Europe 1/Le Parisien-Aujourd'hui en France que la nomination d'Emmanuelle Mignon au Conseil constitutionnel n'est pas envisagée. Son nom circulait récemment pour succéder à un des trois Sages dont les mandats s'achèvent le 12 mars, ceux d'Olivier Dutheillet de Lamothe, ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée sous Jacques Chirac, de la sociologue Dominique Schnapper, et de l'ex-ministre mitterrandien Pierre Joxe. Emmanuelle Mignon, 41 ans, qui avait dirigé le cabinet de Nicolas Sarkozy après son élection à la présidence en 2007, a quitté l'Elysée en décembre pour regagner son corps d'origine, le Conseil d'Etat. Outre Nicolas Sarkozy, les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale nommeront chacun un successeur, et leurs noms devraient être connus assez rapidement, probablement pendant la première quinzaine de février.
17/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/17/emmanuelle-mignon-n-ira-pas-au-conseil-constitutionnel_1292874_3222.html
Slalom de Wengen : déception pour Lizeroux
Deuxième à l'issue de la première manche, le Français termine 5e.
Le Français Julien Lizeroux qui avait réalisé une superbe première manche, dimanche 17 janvier, dans le slalom de Wengen, terminant deuxième, à 14 centièmes du Croate Ivica Kostelic, n'a pas réussi à rester sur le podium à l'issue de la deuxième manche. Il se classe finalement 5e. Kostelic, lui, n'a pas faibli et conserve sa première place. Il devance le Suédois Andre Myhrer et l'Autrichien Reinfried Herbst, premier au classement de la Coupe du monde de la discipline. Le Suisse Carlo Janka, qui ne disputait pas l'épreuve, conserve la tête du classement général de la Coupe du monde. De leur côté, les femmes disputaient un slalom, dimanche, à Maribor . L'Autrichienne Kathrin Zettel, déjà victorieuse du slalom géant samedi, a remporté dimanche l'épreuve, devant la Slovène Tina Maze et l'Allemande Maria Riesch. L'Allemande Maria Riesch profite de sa troisième place pour ravir la tête du classement général de la Coupe du monde à l'Américaine Lindsey Vonn, non qualifiée pour la seconde manche. L'Autrichienne Marlies Schild, victorieuse du slalom mardi à Flachau et qui avait survolé la première manche, est sortie dans la seconde après avoir enfourché une porte. Ce slalom était le dernier avant celui des jeux Olympiques, qui aura lieu à Whistler (Canada), le 26 février.
17/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/17/lizeroux-deuxieme-de-la-premiere-manche-du-slalom-de-wengen_1292875_3242.html
Victoire du Français Guilbaut Colas sur les bosses de Deer Valley
Le Français occupe la troisième place de la Coupe du monde de bosses.
Le Français Guilbaut Colas a remporté samedi 16 ajnvier l'épreuve de bosses de Deer Valley (Utah), comptant pour la Coupe du monde de ski freestyle, devant l'Australien Dale Begg-Smith, qui reste leader du classement général de la Coupe du monde de la spécialité. Colas, 26 ans, s'adjuge sa première épreuve de Coupe du monde de bosses depuis ses deux victoires au même endroit, il y a près d'un an, et la sixième de sa carrière (dont quatre au total à Deer Valley). "Guilbaut a pulvérisé la course avec un gros score de 26,80 points, a indiqué l'entraîneur de l'équipe de France de ski de bosses Fabien Bertrand. Il a cumulé meilleur temps, meilleurs points techniques et meilleurs sauts, le tout en commettant une petite faute..." Depuis son retour en compétition mi-janvier après une blessure au dos à la fin août qui lui avait coûté trois mois d'arrêt, Colas s'est montré très régulier, finissant 4e et 6e à Calgary avant ses deux podiums à Deer Valley. Il occupe la troisième place de la Coupe du monde de bosses en dépit du fait qu'il a manqué les deux premières épreuves de la saison à cause de sa blessure. La prochaine étape de Coupe du monde a lieu jeudi à Lake Placid (Etats-Unis). Une nouvelle occasion pour Colas de s'illsutrer avant les jeux Olympiques de Vancouver (12-28 février), où assure son entraîneur, il figurera parmi les favoris.
17/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/17/victoire-du-francais-guilbaut-colas-sur-les-bosses-de-deer-valley_1292870_3242.html
Un homme meurt dans l'explosion d'une bombe qu'il transportait en Iran
L'incident est arrivé samedi soir à Mashhad, dans le nord-est de l'Iran à proximité du bureau d'un gouverneur de province, rapporte l'agence de presse Fars.
Un homme s'est tué samedi soir à Mashhad, dans le nord-est de l'Iran, en déclenchant un engin explosif près du bureau d'un gouverneur de province, rapporte l'agence de presse Fars. La bombe a explosé quand des gardes de sécurité postés près des locaux du gouverneur de la province de Khorasan-e-Razavi se sont approchés de l'homme en jugeant son comportement suspect."La personne qui transportait l'engin a été grièvement blessée et transférée à l'hôpital. La police enquête" , rapporte Fars, ajoutant que l'homme a ensuite succombé à ses blessures. Cet incident est survenu quatre jours après la mort d'un universitaire à Téhéran dans un attentat à la moto piégée.
17/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/17/un-homme-meurt-dans-l-explosion-d-une-bombe-qu-il-transportait-en-iran_1292869_3218.html
Le principal d'un collège de Seine-et-Marne renversé par deux mineurs
Le principal d'un à La Ferté-Gaucher a été percuté volontairement par deux jeunes de 16 ans au volant d'une voiture vendredi alors qu'il s'interposait pour régler un contentieux.
Cela a commencé comme une querelle d'adolescents mais aurait pu se terminer dramatiquement. Alors qu'il s'interposait pour régler un contentieux, vendredi matin, le principal du collège Jean Campin à La Ferté-Gaucher (Seine-et-Marne) a été percuté volontairement par deux jeunes de 16 ans au volant d'une voiture. Selon une source judiciaire, les deux jeunes qui voulaient régler un différend avec une jeune fille scolarisée dans l'établissement ont foncé sur le principal du collège, le percutant légèrement. L'histoire semble avoir débuté quand les deux jeunes, sous l'emprise de stupéfiants, se sont engagés dans un sens interdit, à grande vitesse. Quelques secondes plus tard, ils sont arrêtés dans leur course par un bus scolaire venant en sens inverse. C'est alors qu'intervient le principal, qui essaie de calmer les esprits. Mais les jeunes redémarrent et le percutent délibérément. Alors que le responsable est à terre, le conducteur sort du véhicule et menace de le frapper, avant d'en être dissuadé par les élèves venus à la rescousse. Les deux jeunes prennent alors la fuite. Ils seront interpellés quelques instants plus tard par des gendarmes. Depuis, l'un d'eux a été relâché et placé sous contrôle judiciaire tandis que le conducteur, présenté comme le plus actif, était présenté samedi soir devant le juge des libertés et de la détention (JLD). Le parquet a requis sa mise en détention, a-t-on précisé de source judiciaire.
17/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/17/le-principal-d-un-college-de-seine-et-marne-renverse-par-deux-mineurs_1292868_3224.html
Nouvelle frappe meurtrière de drones au Pakistan
Les Américains multiplient les incursions contre les talibans retranchés au Pakistan depuis l'attentat suicide qui a coûté la vie le 30 décembre à sept agents de la CIA sur la base Chapman.
Au moins vingt personnes ont été tuées dans un tir de missile à partir d'un drone américain dans le nord-ouest du Pakistan. Le bilan pourrait encore s'alourdir au fur et à mesure que seront dégagées les décombres du complexe visé. La plupart des victimes sont des combattants étrangers, indique un responsable militaire pakistanais. "Il semble que les drones traquaient et visaient le chef des talibans pakistanais Hakimullah Mehsud, dont la présence est souvent rapportée dans la région", a indiqué un autre responsable préférant également rester anonyme. Les drones américains multiplient les incursions au Pakistan depuis l'attentat suicide qui a coûté la vie le 30 décembre à sept agents de la CIA sur la base Chapman, un camp fortifié de la province de Khost, dans le sud-est de l'Afghanistan. Le tir de missile de dimanche porte à 41 le nombre de combattants islamistes tués depuis jeudi dans des attaques de drones. Vendredi, deux attaques de drones américains au Waziristan du Nord ont tué au moins onze rebelles. La veille, au moins 15 insurgés islamistes dans un camp d'entraînement du Waziristan du Nord avaient été tués après plusieurs frappes de missiles depuis des drones américains. Certains responsables de la sécurité ont avancé que le chef des talibans pakistanais, Hakimullah Mehsud, se trouvait parmi les morts après l'attaque de jeudi. Mais ce dernier a affirmé être toujours en vie dans un enregistrement audio qui lui est attribué et diffusé samedi. "Après l'enregistrement que j'ai diffusé hier, certains ont dit que je ne mentionnais pas la date. Aujourd'hui, le 16 janvier, je le répète: je suis en vie, je vais bien, je ne suis pas blessé. Au moment de l'attaque de drone, je n'étais pas dans la zone," affirme-t-il. "C'est de la propagande de kafirs (incroyants). Ils veulent nous porter atteinte par le biais de la propagande", a-t-il ajouté. Selon des journalistes qui connaissent Hakimullah Mehsud, il s'agit bien de sa voix sur l'enregistrement vidéo. Hakimullah Mehsud, âgé d'une trentaine d'années, dirige depuis fin août les talibans du Pakistan qui ont fait allégeance à Al-Qaida. Il a succédé à Baitullah Mehsud, tué le 5 août dernier par les missiles d'un drone américain dans le Waziristan du Sud, fief du TTP.
17/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/17/nouvelle-frappe-meurtriere-de-drones-au-pakistan_1292866_3216.html
Arrestation d'un Français à bord d'un vol Paris-Bangkok
Un Français a été arrêté lors d'une escale aux Emirats arabes unis après avoir évoqué une bombe. Depuis l'attentat manqué du 25 décembre à bord d'un avion au dessus des Etats-Unis, les contrôles ont été renforcés dans les aéroports du monde entier.
Un Français a été arrêté, mardi, dans un avion lors d'une escale aux Emirats arabes unis après avoir déclaré que sa valise contenait une bombe, confirme, dimanche 17 janvier, un responsable de l'aéroport. Le passager aurait affirmé à deux reprises que sa valise contenait une bombe, a indiqué, sous couvert de l'anonymat, ce responsable de l'aéroport d'Abou Dhabi. Jean-Louis Lioret, 66 ans, a été arrêté "conformément aux règles internationales appliquées actuellement, selon lesquelles tout passager suspect ou plaisantant même au sujet du terrorisme" peut être arrêté, a-t-on indiqué de même source. La durée d'arrestation sans inculpation est de sept jours aux Emirats. M. Lioret, un retraité français qui se rendait de Paris à Bangkok via Abou Dhabi par un vol de la compagnie émiratie Etihad Airways, avait été arrêté après un incident qualifié d'anodin par ses proches. Il a été incarcéré à la prison centrale d'Abou Dhabi, selon le ministère français des affaires étrangères. Un autre passager a été interrogé comme témoin dans l'incident mais n'a pas été arrêté, a précisé la source à l'aéroport d'Abou Dhabi. Deux hôtesses de l'air ont également apporté leur témoignage. Selon son frère, il a été arrêté pour avoir plaisanté avec son voisin de cabine en employant le mot "bombe", ce qui aurait effrayé le personnel de bord. "Il était à bord du vol Abou Dhabi-Bangkok, qui allait partir après une escale. Son voisin lui a demandé de mettre un paquet à côté de lui, où il y avait de la place. Il a dit en plaisantant, "j'espère que ce n'est pas une bombe" et cela a paniqué le personnel de bord qui a alerté la sécurité", a déclaré Michel Lioret, qui a pu s'entretenir brièvement avec son frère samedi. A Paris, le ministère des affaires étrangères a indiqué que son ambassade à Abou Dhabi avait été informée de cette arrestation et suivait la situation. Jean-Louis Lioret "est à la prison centrale d'Abou Dhabi. Une visite aura lieu dès que possible", a-t-on ajouté de même source. Depuis l'attentat manqué du 25 décembre à bord d'un avion au dessus des Etats-Unis, les contrôles ont été renforcés dans les aéroports du monde entier et les compagnies aériennes appliquent parfois de façon drastique ces nouvelles consignes de sécurité.
17/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/17/arrestation-d-un-francais-a-bord-d-un-vol-paris-bangkok_1292863_3224.html
Régionales : le PS reprend du poil de la bête, face à Europe-écologie
Europe-écologie a lancé, samedi 16 janvier, sa campagne des régionales et vise à devenir la troisième force politique en France.
Europe-Ecologie a lancé, samedi 16 janvier à Montreuil (Seine-Saint-Denis), sa campagne des régionales avec l'objectif affiché par Daniel Cohn-Bendit, son héros des européennes, de conforter sa place de troisième force politique en France, en mettant fin à l'hégémonie du PS à gauche. "Je suis très réaliste. On fera un très bon score mais le PS sera devant nous", a-t-il déclaré à son arrivée au meeting. Pronostiquant un "minimum syndical" de 15 % au niveau national et de 19 % en Ile-de-France à l'issue du premier tour (14 mars), le co-président des Verts au Parlement européen compte faire d'EE, "de manière définitive, la troisième force politique au niveau national". Et annonce ses ambitions pour 2012 : "entre 50 et 100 députés" écologistes à l'Assemblée nationale, contre trois actuellement. Le sondage CSA publié, dimanche, par Le Parisien/Aujourd'hui en France qui explique que les "écolos sont distancés par les socialistes" dont il ressort qu'au premier tour, le 14 mars, les listes Nouveau Centre-UMP-MPF recueilleraient 33 % des intentions de vote pour les élections régionales de mars, devant le Parti socialiste à 22 % et Europe-écologie-Verts à 15%. L'un des enjeux pour les Verts sera de convaincre les électeurs que les écologistes sont capables de gérer les régions. L'abstention, les bulletins blancs ou nuls concerneraient 49 % des sondés contre 51 % en octobre dernier. En octobre dernier, les intentions de votes étaient de 31 % pour La liste Nouveau Centre/UMP/MPF qui progresse de 2 points, 21 % pour le PS (+1) et 17 % (-2 pour les écologistes). Après ce trio de tête, les autres formations sont créditées de moins de 10 % des intentions de vote : 9 % pour le MoDem (+1), 7 % pour le FN qui perd 1 point, 6 % pour le Front de gauche (PCF-PG), qui ne bouge pas alors que le NPA perd 1 point à 5 % et que LO reste à 3 % des intentions de vote.
17/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/17/regionales-le-ps-reprend-du-poil-de-la-bete-face-a-europe-ecologie_1292859_823448.html
Federer mobilise la famille du tennis pour les victimes d'Haïti
Une exhibition de tennis en faveur des victimes du séisme en Haïti, organisée sur l'initiative du Suisse Roger Federer, a réuni 15 000 spectateurs dans la Rod Laver Arena de Melbourne dimanche 17 janvier, à la veille du début de l'Open d'Australie.
Une exhibition de tennis en faveur des victimes du séisme en Haïti, organisée sur l'initiative du Suisse Roger Federer, a réuni 15 000 spectateurs dans la Rod Laver Arena de Melbourne dimanche 17 janvier, à la veille du début de l'Open d'Australie. Quatre heures avant le début de l'exhibition, les gens faisaient déjà la queue pour entrer dans le stade et, faute de place, beaucoup ont suivi le spectacle sur écran géant à l'extérieur de l'enceinte. "L'initiative a rencontré un énorme succès. C'est encore trop tôt pour connaître le montant de la somme réunie mais on pense que, entre la vente de billets, les dons ainsi que les contributions des joueurs et des organes directeurs du tennis, on va dépasser les 200 000 dollars australiens (128 000 euros)", a déclaré le directeur du tournoi Craig Tiley. L'idée de cette exhibition est venue de Roger Federer, qui avait participé à une initiative similaire en 2005 lors du tournoi d'Indian Wells pour venir en aide à l'époque aux victimes du tsunami. "J'ai pensé que la famille du tennis pouvait se montrer solidaire, a expliqué le n°1 mondial. Alors j'ai appelé le directeur du tournoi samedi matin pour voir s'il y avait un moyen de faire quelque chose. Il m'a dit que ça allait être difficile mais qu'il allait voir. Merci aux organisateurs d'avoir trouvé ce créneau et aussi aux joueurs pour qui ce n'était pas évident à la veille d'un Grand Chelem." Sur le court, Federer a fait équipe avec Lleyton Hewitt, Serena Williams et l'Australienne Samantha Stosur pour quelques doubles en toute décontraction contre Rafael Nadal, Andy Roddick, Novak Djokovic et Kim Clijsters. Tous les joueurs étaient équipés de micros pour commenter leurs actions raquette en main. "C'était sympa d'avoir cette interactivité avec le public. On s'est bien amusés mais le plus important est que l'initiative rencontre un tel succès", a déclaré Federer.
17/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/17/federer-mobilise-la-famille-du-tennis-pour-les-victimes-d-haiti_1292857_3242.html
Ouverture des bureaux de vote en Ukraine pour un premier tour incertain
Selon une enquête de l'Institut de sociologie international de Kiev (KIIS) réalisée début janvier, M. Ianoukovitch recueillerait 39 % des voix au premier tour et Mme Timochenko 23 %.
Les bureaux de vote ont ouvert dimanche à 8 heures locales (7 heures à Paris) en Ukraine pour la première élection présidentielle depuis la Révolution orange de 2004. Ils resteront ouverts jusqu'à 20 heures (19 heures à Paris). Les premiers sondages de sortie des urnes sont attendus au même moment. Viktor Ianoukovitch, traditionnellement plus proche de Moscou et favori des sondages est face à Ioulia Timochenko, premier ministre égérie de la Révolution orange et ancienne alliée du président pro-occidental Viktor Iouchtchenko. Aucun des deux ne semble en position de l'emporter dès dimanche, en raison du grand nombre de candidats — 18 au total — et du morcellement de l'électorat dans ce pays de 46 millions d'habitants, laissant d'ores et déjà entrevoir un deuxième tour le 7 février. Selon une enquête de l'Institut de sociologie international de Kiev (KIIS) réalisée début janvier, M. Ianoukovitch recueillerait 39 % des voix au premier tour et Mme Timochenko 23 %. Une surprise n'est toutefois pas à exclure totalement de la part de candidats moins en vue comme l'ex-banquier Sergui Tiguipko (12 %), qui pourrait inquiéter Mme Timochenko. En revanche, les jeux semblent bel et bien faits pour Viktor Iouchtchenko, dont la présidence a profondément déçu le peuple ukrainien. L'ancien héros a mis en garde cette semaine contre les dangers encourus par la jeune démocratie ukrainienne en cas de remise en cause de sa politique pro-européenne. La campagne électorale a été ternie par des scandales et des échanges souvent irrévérencieux entre les 18 candidats en lice, ainsi que par des soupçons de fraude. Quel que soit le vainqueur au final, il n'aura pas la partie facile pour relever un pays en mal de stabilité politique et économiquement presque en faillite: il est depuis plus d'un an sous perfusion financière du Fonds monétaire international.
17/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/17/ouverture-des-bureaux-de-vote-en-ukraine-pour-un-premier-tour-incertain_1292855_3214.html
"Nouvelle condamnation à mort d'""Ali le Chimique"""
Ali Hassan al-Majid est condamné à la mort par pendaison pour avoir ordonné en 1988 le bombardement au gaz du village kurde de Halabja, tuant environ 5 000 personnes.
Ali Hassan al-Majid, dit "Ali le Chimique", a été condamné, dimanche 17 janvier, à la mort par pendaison pour avoir ordonné en 1988 le bombardement au gaz du village kurde de Halabja, tuant environ 5 000 personnes, a annoncé la télévision irakienne publique. La télévision irakienne al-Iraqia a annoncé la décision du tribunal pénal irakien dans un bandeau au bas de son écran. "Ali le Chimique", qui fut l'homme de main redouté de son cousin Saddam Hussein, a déjà été condamné à mort pour la répression de la rébellion kurde, la campagne Anfal de 1987-1988, qui avait fait près de 180 000 morts et la répression de l'insurrection chiite en 1991. Le Haut Tribunal irakien a également condamné l'ancien ministre de la défense Sultan Hachem à 15 ans de prison pour son rôle dans l'attaque à l'arme chimique contre la ville du Kurdistan. Capturé en août 2003, cinq mois après le début de l'intervention militaire américaine, Madjid a déjà été condamné à mort à trois reprises. La première fois en juin 2007 pour son rôle dans la campagne militaire contre les Kurdes menée entre février et août 1988 sous le nom de code d'Anfal. La deuxième fois en décembre 2008 pour son rôle dans l'écrasement d'une révolte chiite après la guerre du Golfe en 1991 et la dernière pour son implication dans le meurtre et le déplacement de populations musulmanes chiites en 1999.
17/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/17/nouvelle-condamnation-a-mort-d-ali-le-chimique_1292853_3218.html
"Antoine Kombouaré (PSG) : ""Je dis simplement bravo à Lille"""
Tour d'horizon des réactions au lendemain des premiers matches de la 20e journée de Ligue 1.
Après la défaite des parisiens contre Lille (3-1), Antoine Kombouaré, l'entraîneur du PSG ne pouvait que constater les dégâts : "On a fait une entame catastrophique. On a été battus dans tous les duels, on a joué à reculons, on a joué trop bas. On a eu les chocottes. Ce but en début de match (5e) plombe notre match. (...) Là, c'est la première fois qu'on prend trois buts. J'espère que ce n'est qu'un match. Il faut vite se remobiliser." Mais l'ancien coach de VA a aussi dit toute son admiration pour le LOSC : "Dès que Lille a des espaces, il fait très mal. Je dis simplement bravo à Lille." Robin Leproux, le président du PSG a lui aussi appelé à une réaction de l'équipe avant le match de mercredi au Parc des Princes : "[A Lille] c'est un match où l'on passe totalement à travers. C'est une faillite de l'équipe. Un match comme ça, c'est assez grave. On va avoir besoin d'être dans le meilleur état d'esprit pour aborder Monaco". Rudi Garcia, l'entraîneur de Lille n'affichait qu'une satisfation raisonnable : "Ce n'est pas un match parfait car il n'existe pas. Mais il a un sens. (...) On a su conserver la deuxième place mais c'est très serré. On continue à marquer malgré les joueurs à la CAN.". Toutefois le technicien regrette "que Paris ait marqué" et que ses joueurs aient pris "deux cartons jaune préjudiciables". Après la médiocre prestation de son équipe à Nancy (victoire 2-0 sur le fil), Claude Puel, le patron de l'Olympique lyonnais, se devait de faire profil bas : "On va prendre ce succès. Cela fait trois victoires d'affilée dans trois compétitions différentes. Maintenant, c'est sûr que nous pouvons mieux faire et que nous avons une grande marge de progression. (...) Nous allons améliorer tout cela. Nous sommes encore convalescents". René Girard savoure lui la performance de son équipe, Montpellier, toujours 3e du classement après sa victoire (1-0) sur Nice. "J'appréhendais ce match car on sortait d'un match difficile Monaco [défaite 4-0].On a battu une équipe assez structurée pour défendre, pour ne pas prendre de but. Il fallait arriver à prendre le bon rythme. La victoire est indiscutable et pas discutée. Ce qui est rassurant, c'est que tout le monde a été présent ce soir. On est à trente-six points, c'est exceptionnel. Peu de personnes auraient signé dans la marge". Soulagement enfin à Saint-Etienne, où Christophe Galtier a connu son premier succès sur le banc samedi, à Grenoble (2-1) : "C'est un résultat très important au plan comptable car nos concurrents directs ont été battus ce soir ou ont fait match nul comme Boulogne. Cela nous sort de cette zone de relégation et nous ramène à trois points de Nice tout en sachant que la bagarre pour le maintien se fera jusqu'au dernier match. Ce succès est important pour le moral des joueurs, créer une dynamique et s'appuyer sur les fondamentaux que j'essaie de mettre en place depuis la reprise. Maintenant, il faudrait enchaîner une série.".
17/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/17/antoine-kombouare-psg-je-dis-simplement-bravo-a-lille_1292851_3242.html
Haïti : l'ONUprête à entrer en scène
Les difficultés de coordination de l'aide humanitaire en provenance du monde entier ont suscité des critiques sur l'organisation des secours et du ravitaillement des sinistrés du séisme.
Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira lundi sur une initiative du Mexique pour étudier la situation en Haïti, où l'ampleur du séisme "rend nécessaire une présence internationale accrue, sous la coordination des Nations unies", a annoncé samedi le ministère mexicain des affaires extérieures. "Le secrétaire général de l'ONU participera à la réunion", a précisé le ministère dans un communiqué. Le Mexique est membre non permanent du Conseil de sécurité. La décision de réunir le Conseil de sécurité "lundi à la première heure" a été prise à la suite de "conversations entre ses membres [vendredi] en coordination avec la Chine en sa qualité de président du Conseil, et à l'initiative du Mexique", explique encore Mexico. "Mexico reconnaît la portée des actions réalisées par toutes les agences, fonds et programmes du système des Nations unies, et salue le rôle du Secrétaire général Ban ki-Moon, qui se rendra en Haïti dans les prochaines heures", souligne le ministère. Mais "le gouvernement du Mexique estime de la plus haute importance que le Conseil de sécurité contribue aux efforts d'assistance et soutienne le gouvernement haïtien" dans cette situation de "crise qui dépasse de loin la dimension d'autres urgences humanitaires", ajoute-t-il. Les difficultés de coordination de l'aide humanitaire en provenance du monde entier ont suscité des critiques sur l'organisation des secours et du ravitaillement des sinistrés du séisme. Dans la foule, les Américains, à qui les autorités haïtiennes ont transféré la gestion de l'aéroport, sont accusés de monopoliser l'unique piste de l'aéroport pour évacuer tous leurs ressortissants en Haïti (40 000 à 45 000), ce que dément l'ambassade des Etats-Unis. La gestion de l'aéroport par les Américains a même créé des tensions diplomatiques après le refoulement vendredi d'un avion français qui avait à son bord un hôpital de campagne, alors que les moyens pour traiter les blessés manquent cruellement. "Quand un avion qui transporte à bord un hôpital de campagne ne peut pas atterrir, ce n'est pas possible", a réagi le secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet. "Il y a eu un problème de coordination et de discernement." Le responsable a dit avoir protesté auprès de l'ambassadeur américain Kenneth Merten, mais le ministère des affaires étrangères a démenti quelques heures plus tard toute protestation officielle.
17/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/17/l-onu-s-apprete-a-entrer-en-scene-en-haiti_1292847_3222.html
Alain Juppé a refusé la présidence de la Cour des comptes
Nicolas Sarkozy a proposé au maire de Bordeaux de prendre la succession de Philippe Séguin, selon "Les Echos".
Alain Juppé a décliné la proposition de Nicolas Sarkozy de prendre la présidence de la Cour des comptes, vacante après le décès de Philippe Séguin, selon le journal Les Echos. Dans une interview aux Echos, l'ancien premier ministre confirme l'information et s'explique : "Si j'avais accepté, cela aurait impliqué que je renonce à mon mandat de maire de Bordeaux. Je ne ferai pas ça aux Bordelais et aux Bordelaises. L'idée que je pourrais m'ennuyer à Bordeaux est une idée qu'il faut se sortir de la tête", martèle-t-il, moins de deux ans après avoir réélu, dès le premier tour.
18/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/18/alain-juppe-a-refuse-la-presidence-de-la-cour-des-comptes_1293508_823448.html
Le manuscrit sur la pomme de Newton consultable sur Internet
Le manuscrit original de la biographie d'Isaac Newton, écrite en 1752 par William Stukeley, a été mis en ligne par la Royal Society.
Le manuscrit qui relate les circonstances dans lesquelles le savant anglais Isaac Newton a découvert la loi universelle de la gravitation – en observant la chute d'une pomme – a été mis en ligne lundi par la Royal Society. Le manuscrit original de la biographie du savant, écrite en 1752 par William Stukeley, est conservée dans les archives de la Royal Society, l'une des institutions scientifiques britanniques les plus prestigieuses et qui fête cette année son 350e anniversaire. William Stukeley explique dans ses Souvenirs de la vie d'Isaac Newton comment un soir après dîner chez le savant génial, les deux hommes sortirent pour prendre le thé sous les pommiers du jardin. Newton lui dit alors "qu'il se trouvait alors exactement dans la même situation quand, précédemment, la notion de gravitation lui est venue à l'esprit". Cette pensée a été provoquée par la chute d'une pomme alors que Newton "était assis dans une humeur contemplative", selon Stukeley. "Pourquoi est-ce qu'une pomme tombe toujours perpendiculairement vers le sol, s'est-il demandé..." poursuit l'auteur. La Royal Society propose aussi de consulter la contribution du philosophe John Locke à une version préliminaire de la Constitution américaine, et des illustrations rares d'animaux et de plantes du XVIIe au XIXe siècle.
18/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/18/le-manuscrit-sur-la-pomme-de-newton-consultable-sur-internet_1293505_3244.html
CAN 2010 : l'Algérie et l'Angola font match nul et se qualifient
Les deux équipes n'ont pas pris de risque (0-0), alors que le Mali, vainqueur du Malawi (3-1), quitte la compétition.
Après un match nul sans panache, l'Algérie et l'Angola se sont qualifiés pour les quarts de finale de la Coupe d'Afrique des nations, lundi 18 janvier, laissant derrière eux le Mali (3e), qui était dans le même temps venu à bout du Malawi (3-1), bon dernier du groupe A. Mais les Maliens savaient qu'une qualification était difficile, même s'ils avaient une meilleure différence de but que les Algériens. En Coupe d'Afrique des nations, le résultat des confrontations directes prime en effet sur la différence de buts, et favorisait les Algériens, vainqueurs du Mali. Les joueurs maliens, qui n'avaient pas leur destin entre les mains, ont tout de même commencé leur match le pied au plancher, marquant rapidement deux fois et dominant le match face à des Malawites qui n'ont plus fait illusion. Comme lors de toutes les CAN depuis 2004, le Mali rentre à la maison sans avoir dépassé le premier tour. Quant à l'Algérie et l'Angola, ils se sont partagé les points en position de force. Manuel Jose, entraîneur de l'Angola, reconnaît sans peine que "vers la fin du match, les deux équipes ont fait tourner le ballon et pas pris de risque". "L'important était de se qualifier, c'était notre objectif. A partir d'aujourd'hui, c'est du bonus", confirme-t-il. Pour la première fois de son histoire, l'Angola termine premier de son groupe et invaincu.
18/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/18/can-2010-l-algerie-et-l-angola-font-match-nul-et-se-qualifient_1293503_3242.html
Dominique Strauss-Kahn personnalité politique préférée des Français
Fait notable, le directeur général du FMI recueille davantage d'opinions favorables chez les partisans UMP (68 %), que chez les sympathisants socialistes (63 %).
Le socialiste Dominique Strauss-Kahn devient pour la première fois le responsable politique le plus aimé des Français, dans le baromètre Ipsos-Le Point diffusé lundi. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), qui gagne deux places par rapport au précédent palmarès, récolte 59 % d'opinions favorables (+ 5). Fait notable, il recueille 68 % chez les partisans UMP, contre 63 % aux sympathisants socialistes. Donné dans plusieurs sondages comme le candidat de gauche le mieux placé pour 2012, l'ancien ministre socialiste détrône l'actuelle secrétaire d'Etat aux sports, Rama Yade, reléguée à la troisième place avec 58 % (- 1 %). Deuxième du palmarès avec lui aussi 59 % (+ 5 %) de bonnes opinions, le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, devient la personnalité préférée du gouvernement. Il ne se classe que deuxième en raison d'un plus grand nombre d'avis défavorables (31 % contre 25 % à DSK). Il est soutenu majoritairement par les sympathisants UMP (77 % d'opinions favorables).
18/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/18/dominique-strauss-kahn-personnalite-politique-preferee-des-francais_1293501_823448.html
"Un déficit public de ""l'ordre de 8,2 %"" du PIB en 2010, selon Woerth"
Cette modification suit l'annonce d'une révision en hausse de la prévision de croissance de la France pour cette année, à 1,4 % alors que le gouvernement tablait jusque-là sur une hausse de 0,75 %.
Le gouvernement table désormais pour 2010 sur un déficit public "de l'ordre de 8,2 %" du produit intérieur brut, soit un peu moins que les 8,5 % annoncés précédemment, a déclaré lundi le ministre du budget, Eric Woerth. Cette modification suit l'annonce par la ministre de l'économie, Christine Lagarde, d'une révision en hausse de la prévision de croissance de la France pour cette année, à 1,4 %, alors que le gouvernement tablait jusque-là sur une hausse très modeste de 0,75 %. Par ailleurs, M. Woerth a évoqué la règle de "frein à la dette" que s'est fixée l'Allemagne, qui limite à 0,35 % du produit intérieur brut le volume de nouvelles dettes pouvant être contractées par l'Etat pour une année. La limite doit être effective à partir de 2016 en Allemagne. "On peut en importer l'idée", a déclaré le ministre, tout en ajoutant "peut-être pas de cette façon-là."
18/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/18/un-deficit-public-de-l-ordre-de-8-2-du-pib-en-2010-selon-woerth_1293487_3234.html
RTL conforterait son rang de radio leader
La station de la rue Bayard obtiendrait 12,7 % d'audience cumulée.
e stable par rapport à son score d'il y a un an, selon nos informations. Ces chiffres doivent être publiés mardi 19 janvier par Médiamétrie. La station de la rue Bayard obtiendrait 12,7 % d'audience cumulée. France Inter maintiendrait aussi ses positions avec 10,6 % d'audience cumulée. En revanche, Europe 1 et surtout NRJ seraient en repli. La radio du groupe Lagardère repasserait sous le seuil des 10 % avec 9,9 % d'audience cumulée. Toutefois, Europe 1 ravirait la troisième place à NRJ. La radio musicale encore mesurée à 10,7 % d'audience cumulée, il y a un an, s'établirait aujourd'hui à 9,8 %. Une baisse de près d'un point. Seul rayon de soleil pour la station fondée par Jean-Paul Baudecroux, sa matinale animée par Nikos Aliagas serait bien orientée à la hausse. Ce sondage Médiamétrie ne serait, une fois encore, pas favorable aux radios musicales. Pourtant, certaines tireraient leur épingle du jeu. RTL 2 serait en progrès et surtout Fun Radio en plein boom. La radio musicale obtiendrait un score autour de 7,5 % d'audience cumulée. Guy Dutheil
18/01/2010
actualite-medias
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/01/18/rtl-conforterait-son-rang-de-radio-leader_1293500_3236.html
Jean-Claude Juncker reconduit à la tête de l'Eurogroupe
Le premier ministre luxembourgeois a été reconduit lundi à Bruxelles "à l'unanimité" pour deux ans et demi à la présidence du forum des ministres des finances de la zone euro.
Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker a été reconduit lundi "à l'unanimité" pour deux ans et demi à la présidence de l'Eurogroupe, le forum des ministres des finances de la zone euro, a indiqué son porte-parole. La décision a été prise à l'occasion d'une réunion à Bruxelles de l'Eurogroupe. M. Juncker, qui cumule les fonctions de premier ministre et ministre du Trésor luxembourgeois, préside ce forum depuis déjà janvier 2005. Vétéran des réunions européennes - il est premier ministre du Luxembourg depuis 1995 -, il avait été reconduit à la présidence de l'Eurogroupe en 2008 pour un mandat de deux ans s'achevant fin 2010. Mais l'entrée en vigueur en décembre 2009 du traité de Lisbonne a changé la donne en formalisant l'existence du forum, et en fixant à deux ans et demi le mandat de son président, ce qui a fait repartir les compteurs à zéro. La reconduction de M. Juncker était largement attendue.
18/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/18/jean-claude-juncker-reconduit-a-la-tete-de-l-eurogroupe_1293485_3214.html
Malgré les problèmes logistiques, l'aide s'organise en Haïti
Alors que les forces américaines redoutent 200 000 morts, l'aide d'urgence se met en place : 280 centres d'accueil vont ouvrir pour les sinistrés, ainsi qu'un site pouvant accueillir 100 000 sans-abri.
Les opérations de secours montaient en puissance lundi à Haïti, où 280 centres d'accueil devaient ouvrir pour tenter de répondre à la détresse des sinistrés qui manquent de tout, près d'une semaine après le séisme. Ces centres d'urgence doivent permettre de distribuer des vivres et d'héberger en moyenne 500 sans-abri. Les Nations unies estiment que trois millions de personnes ont été touchées par le tremblement de terre et que 300 000 sont sans abri (voir le porfolio : "Dans les camps de fortune, la solidarité s'organise"). L'aide s'organise. Six jours après le séisme, l'aide commence à s'organiser, avec 105 000 rations d'aide alimentaire distribuées et la sélection d'un premier site pouvant accueillir 100 000 sans-abri. L'Union européenne a promis lundi près d'un demi-milliard d'euros à court et à long terme (écouter le portfolio sonore "Haïti, test difficile pour la nouvelle diplomatie européenne"). La France, elle, dit avoir débloqué 20 millions d'euros pour l'aide d'urgence, dont la moitié versée aux Nations unies (voir l'infographie "L'aide internationale en chiffres"). Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a demandé lundi au Conseil de sécurité l'envoi de 3 500 hommes supplémentaires afin de renforcer la Mission de l'ONU en Haïti (Minustah), qui dispose déjà de quelque 11 000 hommes. L'état-major américain s'est fixé comme objectif de déployer 10 000 soldats dans les zones affectées. (Lire le chat avec Rony Brauman : "La seule voie efficace pour acheminer l'aide est la voie maritime"). Une sécurité précaire. Les soldats américains assisteront la force de maintien de la paix dans des opérations de maintien de l'ordre. Au cours du week-end, des pillards ont fait leur apparition dans les rues, s'emparant dans les magasins éventrés de tout ce qu'ils peuvent y trouver. Des affrontements ont éclaté entre la police et des groupes d'hommes armés de couteaux, de haches ou de pierres. Des maires, des hommes d'affaires et des banquiers sont allés voir le président René Préval pour souligner que le rétablissement de l'ordre public était vital pour relancer un semblant d'activité. Difficultés logistiques. Les efforts internationaux sont entravés par des difficultés logistiques : l'aéroport est engorgé, le port a été détruit et les routes sont souvent coupées par les décombres. Le manque de carburant est "de plus en plus critique" et menace de provoquer une interruption des télécommunications mobiles (lire aussi "Une radio au service des sinistrés"). L'urgence est désormais d'éviter une énorme catastrophe sanitaire : sans accès à l'eau potable, à des sanitaires, les risques d'épidémie augmentent. Un porte-avions nucléaire américain compte rapidement faire profiter les sinistrés de l'une des ressources dont ils manquent le plus : l'eau potable, produite en grande quantité à bord. (Lire aussi "Le manque d'accès à l'eau augmente les risques sanitaires"). Le bilan s'alourdit. 70 000 cadavres ont été enterrés à ce jour dans des fosses communes. Les forces américaines estiment que le nombre de morts pourrait atteindre 200 000, ce qui s'approcherait du bilan du tsunami de 2004 dans l'océan Indien (220 000 morts). La secousse a fait, en outre, au moins 250 000 blessés. "C'est comme si une bombe atomique avait explosé", a estimé l'ambassadeur des Etats-Unis en Haïti, Kenneth Merten. (Lire le reportage "Que nous reste-t-il d'autre que la foi?"). 500 employés de l'ONU disparus. Plus de 500 employés des Nations unies sont toujours portés disparus, tandis que 46 ont perdu la vie, après la confirmation vendredi de la mort du chef de la Minustah, le Tunisien Hedi Annabi, et de son adjoint. Le nombre des disparus comprend à la fois ceux qui sont ensevelis sous les décombres, et ceux dont on est sans nouvelles mais qui peuvent être rentrés à leur domicile et ne pas avoir de moyens de communiquer. 75 survivants retrouvés. Les sauveteurs continuent de fouiller les décombres et ont encore retrouvé des survivants dimanche. 75 survivants ont été retrouvés à Port-au-Prince depuis l'énorme secousse du 12 janvier. Mais, signe que les chances de retrouver des rescapés s'amenuisent, des secouristes belges et luxembourgeois sont repartis chez eux. Plus de 22 000 personnes cherchent des membres de leur famille après le séisme en Haïti sur le site Internet du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a déjà permis à 1 500 rescapés de se manifester (voir le télézapping "A la recherche des derniers survivants"). Forte mobilisation des Français. Les Français ont donné davantage d'argent pour Haïti en moins d'une semaine que pour le tsunami, il y a cinq ans pendant la même période. Quinze millions d'euros ont déjà été reçus, principalement via Internet, par la dizaine de grandes organisations humanitaires basées en France. Ce chiffre de 15 millions d'euros est supérieur au montant des dons recueillis par les ONG il y a cinq ans lors du tsunami de 2004, durant la même période de six jours, soit 10 millions d'euros.
18/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/18/malgre-les-problemes-logistiques-l-aide-s-organise-en-haiti_1293474_3222.html
31 membres présumés d'Al-Qaida arrêtés en Turquie
En septembre Al-Qaida avait proféré des menaces contre la Turquie, qui devait prendre le commandement des forces de l'OTAN à Kaboul.
La police turque a arrêté lundi 31 personnes soupçonnées d'appartenir au réseau Al-Qaida et a saisi des armes et des munitions, a rapporté l'agence de presse Anatolie. A 6 heures, 300 agents des unités antiterroristes de la police d'Adana, dans le sud de la Turquie, ont investi simultanément vingt-cinq domiciles dans différents quartiers de la ville et procédé à l'interpellation de vingt personnes soupçonnées d'appartenir à une branche armée d'Al-Qaida, a affirmé Anatolie. Des armes, des munitions et des matériels informatiques contenant des documents suspects ont été saisis aux domiciles des personnes interpellées et dans différents endroits désignés par celles-ci, ajoute l'agence. La police a par ailleurs arrêté à Ankara onze autres suspects venus de différentes provinces turques et saisi un fusil d'assaut de type Kalachnikov. Une cellule turque d'Al-Qaida a été tenue pour responsable d'attentats commis à Istanbul en novembre 2003 contre deux synagogues, le consulat britannique et la banque britannique HSBC, qui avaient fait 63 morts, dont le consul britannique. En septembre, le numéro deux d'Al-Qaida, l'Egyptien Ayman al-Zawahiri, a proféré des menaces contre la Turquie, alors que celle-ci devait prendre le commandement des forces de l'OTAN à Kaboul.
18/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/18/31-membres-presumes-d-al-qaida-arretes-en-turquie_1293452_3214.html
Le gouvernement envisage un tarif social pour l'Internet haut débit
François Fillon a demandé lundi à ce que les opérateurs télécoms soient en mesure de proposer une "offre sociale" aux plus démunis leur permettant d'accéder au haut débit pour 20 euros par mois.
François Fillon a demandé lundi 18 janvier à ce que les opérateurs télécoms soient en mesure de proposer une "offre sociale" aux plus démunis, leur permettant d'accéder à l'Internet à haut débit pour un prix mensuel d'environ 20 euros. "Internet est devenu un outil essentiel au même titre que l'électricité, y accéder à un tarif abordable et à haut débit est un impératif de justice sociale", a déclaré le premier ministre lors d'une visite du siège de Dassault Systèmes à Vélizy. "Je souhaite que d'ici six mois, tous les opérateurs qui le souhaitent puissent proposer une offre sociale spécifique pour permettre aux foyers les plus modestes d'accéder à Internet dans des conditions attractives. Cette offre sociale devrait être aux alentours de 20 euros, a-t-il détaillé. A cette fin, j'ai demandé au ministre de l'industrie de mener les consultations nécessaires pour engager une modification du code des postes et communications électroniques, afin de permettre d'offrir à tous les opérateurs la faculté de mettre en place une telle offre." Cette mesure vise à réduire les inégalités entre les ménages en matière de télécommunications. Selon une étude du Crédoc publiée en juin 2009, ce sont en majorité les foyers les plus aisés qui téléphonent via une "box" adossée à une offre "triple play", qui combine téléphonie illimitée, accès à Internet et bouquet de chaînes de télévision. Or, les offres "triple play" se révèlent nettement plus avantageuses financièrement qu'un abonnement classique à France Télécom. A l'automne 2009, cette injustice avait été dénoncée par le président de l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep), Jean-Ludovic Silicani, qui soulignait la nécessité de "garantir pour l'ensemble de nos concitoyens l'accès à un ensemble minimal de services", mais aussi "de leur permettre de profiter au maximum de l'accès à des services attractifs et et de choisir leur fournisseur". Le modèle souhaité par l'Arcep est calqué sur celui qui s'applique depuis 1997 aux tarifs sociaux de l'abonnement téléphonique classique. Actuellement, les allocataires de minima sociaux ainsi que d'autres catégories de personnes (invalides de guerre, personnes handicapées…) paient 6,49 euros chaque mois leur abonnement téléphonique chez France Télécom, seul opérateur à proposer ce service, contre 16 euros mensuels pour les autres abonnés. Fin 2008, environ 430 000 foyers bénéficiaient de cette offre. Des dispositifs similaires existent déjà pour d'autres services publics, comme la fourniture d'électricité à tarif préférentiel par EDF, destinée aux bénéficiaires du revenu minimal d'insertion et de la couverture maladie universelle complémentaire. Gaz de France propose également depuis 2008 un tarif spécial de solidarité, accordé sous certaines conditions de revenu. Cette mesure devra toutefois convaincre les opérateurs, qui seront lourdement mis à contribution pour financer ce dispositif, d'autant plus que certains d'entre eux proposent déjà des offres à bas coût. Numéricable a récemment mis en place un pack à 19,90 euros par mois, c'est-à-dire environ 10 euros de moins que les offres des autres opérateurs, qui comprend téléphone illimité, Internet haut débit mais pas de chaînes de télévision supplémentaires. De même, l'opérateur italien Alice Télécom, racheté par le français Free fin 2008, s'est repositionné sur le marché français grâce à une offre" triple play", également à 19,90 euros. Mais les conditions de cette offre, qui n'aurait pas rencontré de succès selon Free, restent floues pour le consommateur.
18/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/18/le-gouvernement-envisagerait-un-tarif-social-pour-l-internet-haut-debit-et-la-telephonie-fixe_1293391_651865.html
"Chine : la police empêche la tenue du premier concours ""Mr Gay"""
Aucune explication n'a été fournie par la police, qui a décidé d'annuler l'évènement au dernier moment.
La police a empêché, vendredi 15 janvier au soir à Pékin, la tenue de ce qui devait être le premier concours de beauté gay en Chine et dont l'annonce avait été saluée comme une ouverture dans un pays où l'homosexualité reste un sujet d'opprobre. "L'événement a été annulé", a annoncé Wei Xiaogang, qui devait être membre du jury devant départager huit hommes concourant pour le titre de "Mr Gay". Le vainqueur du concours de beauté gay – une première en Chine et qui comprenait une épreuve en sous-vêtements – devait représenter son pays à la compétition mondiale Mr Gay, en Norvège en février. En début de soirée les organisateurs tentaient toujours de négocier, mais sans trop d'espoir, avec la police, arrivée juste avant le début de la soirée "sans prévenir", a raconté l'un d'eux, Ryan Dutcher. "Ils nous ont dit que nous n'avions pas les autorisations nécessaires", a expliqué M. Dutcher. "Ils craignent peut-être un peu un tel événement. Je suis très déçu mais pas vraiment surpris", a-t-il ajouté. Dans la foule de 150 personnes, majoritairement des journalistes, qui se pressait devant la boîte de nuit branchée de la capitale devant accueillir l'événement, Jiang Bo, l'un des participants faisait également part de sa "déception intense". "Je pensais que le gouvernement devenait de plus en plus tolérant (...) Le monde entier trouvait que la Chine faisait quelque chose de grand. Mais maintenant je crois que tout le monde va être déçu", a-t-il commenté. L'HOMOSEXUALITÉ, UNE MALADIE MENTALE JUSQU'EN 2001 Ben Zhang, organisateur de "Mr Gay Chine", avait espéré, avant l'annulation, que le concours "encourage ceux qui restent encore dans leur coin à se sentir mieux avec leur sexualité" . Même si la vie des homosexuels s'est améliorée ces dernières années, surtout dans les grandes villes, beaucoup restent cachés ou se marient sous la pression de leurs parents, une situation aggravée par la politique de l'enfant unique. L'homosexualité était un crime jusqu'en 1997 et n'est plus considérée comme une maladie mentale depuis 2001 seulement. Depuis, la visibilité des homosexuels dans la société s'est accrue. En juin, a eu lieu à Shanghaï le premier festival de la fierté gay, de manière encore discrète et avec des événements annulés par les autorités. "Ces événements ont un impact important sur les gays en Chine. Ils semblent inspirés et encouragés par eux", dit Bao, homosexuel et chinois. Mercredi, le quotidien officiel en anglais China Daily avait publié en "une" la photo du premier "mariage" homosexuel dans le pays. L'union entre Zeng Anquan, un architecte divorcé de 45 ans, et Pan Wenjie, un soldat démobilisé de 27 ans, a eu lieu le 3 janvier dans un bar gay de la ville de Chengdu (sud-ouest). La Chine ne reconnaît toutefois pas les unions homosexuelles. Reportage de CNN tourné le soir de la fermeture
18/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/18/chine-la-police-empeche-la-tenue-du-premier-concours-mr-gay_1293453_3216.html