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D'autres personnalités s'investissent à des degrés moindres dans la vie du club. Le journaliste Charles Biétry, qui occupe par ailleurs le poste de président du Paris Saint-Germain durant quelques mois en 1998, devient bénévolement recruteur pour le Stade rennais en 2007. Dans sa jeunesse, il prend sa première licence au Stade rennais et occupe le poste de gardien de but, alors que son père occupe une place au comité directeur. Il garde ainsi un lien particulier avec le club de sa ville natale,,. En septembre 2012, le syndicaliste Jean-Michel Lemétayer et Patrick Le Floch, économiste et directeur de Sciences Po Rennes, intègrent l'assemblée des deux hermines, groupe créé par le Stade rennais pour réfléchir à son évolution et son ancrage dans le territoire, et qui rassemble des personnalités « sincèrement attachées » au club. En juin 2012, le nom de Lemétayer est d'ailleurs évoqué pour reprendre la présidence du Stade rennais.
Outre Charles Biétry, plusieurs journalistes ou hommes de télévision supportent ouvertement le Stade rennais. C'est le cas d'Éric Besnard, natif de Janzé, qui se définit comme un « vrai supporter de Rennes », ainsi que du journaliste Victor Robert, originaire de Dinan, qui est « génétiquement fan du Stade rennais », et de Philippe Gildas qui « assistait à tous les matchs » lorsqu'il était étudiant à Rennes, et continue ensuite à suivre les résultats du club. Longtemps présentateur du journal télévisé de TF1, le journaliste et écrivain Patrick Poivre d'Arvor déclare suivre et soutenir « tous les clubs bretons », avec une mention particulière pour le Stade rennais,. Enfin, s'il s'avoue volontiers supporter du Stade Malherbe de Caen, l'animateur de télévision Michel Drucker explique être « très attaché au Stade rennais », ayant habité à Plémet et étant allé voir plusieurs matchs au stade de la route de Lorient durant sa jeunesse.
Dans le monde sportif, plusieurs champions sont également supporters du Stade rennais. Dans les années 1960, le cycliste Louison Bobet assiste à de nombreuses rencontres,. Natif de Saint-Méen-le-Grand, il remporte le Tour de France à trois reprises, et est sacré champion du monde 1954. En 1971, il propose au club de mettre à sa disposition ses deux avions, pour les longs déplacements. Plusieurs autres cyclistes bretons soutiennent le Stade rennais, notamment Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France et champion du monde 1980, ou Frédéric Guesdon, vainqueur de Paris-Roubaix 1997. Dans les années 1970, le boxeur Jean-Claude Bouttier montre également son support pour les Rouge et noir. De son côté, le navigateur Armel Le Cléac'h déclare ouvertement soutenir le Stade rennais, tout comme la footballeuse Camille Abily, qui explique être « supportrice du Stade rennais depuis toute petite », sans en avoir porté les couleurs, faute de l'existence d'une structure féminine.
Plusieurs personnalités du domaine artistique soutiennent également le club rouge et noir. Né à La Trinité-sur-Mer, le chanteur Alain Barrière réalise en 1971, à l'occasion de la victoire rennaise en Coupe de France, une chanson à la gloire de l'équipe bretonne,. D'autres musiciens soutiennent également le Stade rennais, notamment le chanteur Alan Stivell, le disc-jockey DJ Zebra, le groupe Bikini Machine, ainsi que plusieurs des membres du groupe The Popopopops, deux d'entre eux ayant joué au Stade rennais dans les catégories de jeunes. Le réalisateur de cinéma Fred Cavayé déclare lui avoir « le Stade rennais dans la peau », étant originaire de la ville, alors que le dessinateur finistérien Malo Louarn affirme avoir « toujours supporté Rennes ».
Aspects socio-culturels
Galette-saucisse
La galette-saucisse, également surnommée « robiquette »,, est un plat typique de la Haute-Bretagne en général, et du pays rennais en particulier. Mets populaire, spécifique à la culture gallèse, elle est servie notamment sur les marchés, dans les fêtes de village ou les kermesses. Après la Seconde Guerre mondiale, les vendeurs de galette-saucisse se multiplient aux abords du stade de la route de Lorient, accompagnant la hausse des affluences lors des matchs, et celle-ci devient un incontournable pour les supporters.
En 1994, une association de sauvegarde de la galette-saucisse bretonne est créée par des membres du Roazhon celtic kop, qui édictent dix commandements à respecter par qui veut en déguster une dans des conditions optimales et traditionnelles. Le quatrième commandement fait directement référence à sa consommation aux abords du stade,,,.
Chants et musique
Les supporters rennais, et ceux du Roazhon celtic kop en particulier, possèdent plusieurs chants dans leur répertoire, afin d'animer leur tribune durant les rencontres, et d'encourager leur équipe. Ces chants trouvent parfois écho de l'autre côté de la pelouse du stade de la route de Lorient, parmi les groupes ultras qui s'installent épisodiquement en tribune Rennes. Ainsi, dans les années 1990, adaptant une chanson de supporters marseillais vantant leur amour pour le pastis, deux supporters du RCK écrivent les paroles de Galette saucisse je t'aime, qui devient, au fil des années, l'hymne du groupe ultra et est chanté lors des matchs du Stade rennais. En janvier 2012, une version rock de la chanson est enregistrée par Jacky Sourget, ancien speaker du stade de la route de Lorient,.
À l'occasion de la victoire rennaise lors de la Coupe de France 1971, le chanteur Alain Barrière écrit une chanson qu'il nomme Allez Rennes, et qui fait référence au soutien de toute la Bretagne à l'égard du Stade rennais,,. Dans le même temps, sans que son auteur soit connu, un autre hymne du Stade rennais est écrit à l'occasion de cette finale, adaptant la chanson À la Bastille avec des paroles vantant les qualités des différents joueurs de l'équipe rennaise.
Trente-huit ans plus tard, à la suite de la finale de la Coupe de France 2009 où il est joué en l'honneur d'un match qui oppose deux équipes bretonnes, le Stade rennais adopte le Bro gozh ma zadoù, chant de langue bretonne écrit en 1898 sur l'air de l'hymne gallois Hen Wlad fy Nhadau. Souhaitant mettre en avant son rôle de porte-drapeau régional, le club décide ainsi de diffuser ce chant, considéré comme l'hymne de la Bretagne, avant chacune de ses rencontres à domicile, bien que celui-ci soit repris de manière inégale dans les tribunes. Enfin, à partir de novembre 2011, la chanson Just can't get enough, du groupe anglais Depeche Mode, est reprise pour ponctuer chacun des buts rennais. Le Stade rennais emprunte ce titre au Celtic FC, à l'issue d'un match de Ligue Europa joué à Glasgow, sa diffusion après chaque but écossais ayant plu aux supporters rennais,,.
Mascottes
Depuis les années 1960, des mascottes sont utilisées comme emblèmes par les supporters rennais et par leur club. Lors de la finale de la Coupe de France 1965, les supporters prennent comme mascotte un petit cochonnet nommé Rodrigue, par opposition à la laie Dora, mascotte de l'UA Sedan-Torcy, l'adversaire du Stade rennais,,. En Coupe de France 1971, un deuxième cochonnet, cette fois nommé Trec'h, est érigé en mascotte pour la finale contre l'Olympique lyonnais.
Au milieu des années 1990, le Stade rennais institue la présence de deux personnes déguisées en hermines, qui animent les avant-matchs, et accompagnent les joueurs rennais lors de leur entrée sur le terrain,. Lors de la finale de la Coupe de France 2009 apparait cette fois une nouvelle mascotte aux traits rappelant une hermine au pelage blanc, créée à l'origine par les pompiers d'Ille-et-Vilaine et cédée par ceux-ci au Stade rennais,. En janvier 2011, elle est institutionnalisée par le club, qui la baptise Erminig, et choisit de l'introduire de façon humoristique et décalée auprès de ses supporters. La nouvelle mascotte est ainsi présente durant les rencontres à domicile du club, ainsi que lors d'événements ponctuels auxquels participe le Stade rennais,,.
Sociologie des tribunes
Certains événements de l'histoire du Stade rennais sont liés aux évolutions connues par la Bretagne depuis le début du XXe siècle. En 1965 et 1971, selon l'historien Jean-Jacques Monnier, les victoires obtenues par le Stade rennais en Coupe de France donnent aux Bretons une revanche sociale sur le reste de l'hexagone, les sortant de l'image d'une région méprisée pour sa culture, son folklore et son retard de développement, symbolisée par le personnage de Bécassine : « Grâce à ces victoires, nous avons montré à la France entière que nous étions bons. Les Bretons avaient besoin d'une réussite collective pour se décomplexer. Ces Coupes de France ont aussi participé au réveil de l'identité bretonne. Pour la première fois, des gwenn ha du étaient brandis ailleurs que dans des fêtes folkloriques »,.
À Rennes, la composition sociologique des tribunes suit celle de la ville et de ses activités économiques. À partir des années 1960, le spectacle sportif qu'offre le stade de la route de Lorient attire les ouvriers des usines de la Janais et de la Barre Thomas, dédiées au montage des automobiles Citroën. En fonctionnement à partir de la fin des années 1950, ces usines comptent jusqu'à 14 000 ouvriers, souvent sortis de leur campagne pour venir travailler à Rennes, et pour qui le football fait office de sortie hebdomadaire le dimanche,. Par le jeu des restructurations durant les décennies suivantes, le nombre d'employés est ensuite réduit de façon conséquente, et la composition du public rennais suit l'évolution économique d'une ville qui se tourne vers le secteur tertiaire, en particulier les télécommunications et l'informatique, sans se départir de son statut de ville administrative et universitaire. Le public rennais, jadis prolétaire, devient dès lors plus familial.
Le statut de ville universitaire de Rennes, qui lui permet d'attirer des jeunes issus de tout le grand Ouest, a toutefois un impact limité sur la présence d'étudiants dans les tribunes du stade, ceux-ci étant souvent rentrés dans leur région d'origine le week-end, lorsque les matchs sont joués. Néanmoins, une étude menée, lors de la saison 1999-2000, auprès du public assistant aux rencontres, montre qu'un tiers des spectateurs a entre 17 et 25 ans, que plus de 56 % sont âgés de moins de 35 ans, et que les étudiants représentent 21,8 % de l'assistance.
Notes et références
Notes
Références extraites de Supporters du Stade rennais : 100 ans de passion Route de Lorient
Références extraites de Le Stade rennais, fleuron du football breton 1901-1991
Autres références
Annexes
Bibliographie
Cette bibliographie présente quelques ouvrages de référence. Ceux utilisés pour la rédaction de cet article sont suivis du symbole .
Ouvrages spécialisés
Benjamin Keltz, Supporters du Stade rennais : 100 ans de passion Route de Lorient, Rennes, Les Éditions du coin de la rue, 2012, 181 p. (ISBN 9782954252100)
Benjamin Keltz et Owen Gourdin (ill. Bunk, RV et Eudes), Supporters du Stade rennais : le manuel officieux, Langrolay-sur-Rance, Les Éditions du coin de la rue, 2017, 123 p. (ISBN 979-10-96883-03-5)Ouvrages généraux
Jean-Paul Ollivier, Stade rennais et les clubs du football breton, Paris, Solar, 1971, 224 p.
Collectif, Le rouge et le noir, La Guerche-de-Bretagne, Stade rennais FC, 1978, 120 p.
Claude Loire, Le Stade rennais : fleuron du football breton 1901-1991, Rennes, Éditions Apogée, 1994, 488 p. (ISBN 978-2-909275-40-6)
Claude Loire, Le Stade rennais : fleuron du football breton, volume II : 1991-1997, Rennes, Éditions Apogée, 1997, 104 p. (ISBN 2-84398-000-3)
Claude Loire et Virginie Charbonneau, Stade rennais FC, 100 ans en rouge et noir : l'album du centenaire, Rennes, Éditions Apogée, 2001, 123 p. (ISBN 2843981077)
Collectif, 100 ans en rouge et noir : L'histoire du Stade rennais, Hors-série Ouest-France, septembre 2001, 64 p.
Collectif, Stade rennais football club, Issy-les-Moulineaux, L'Équipe, coll. « Un club à la une », 2006, 27 p. (ISBN 2915535396)Liens externes
« Clubs de supporters », sur staderennais.com
« Site internet du Roazhon celtic kop »
« Site internet du club des Socios »
Portail du football Portail de Rennes
Pour permettre aux spectateurs qui assistent à la majorité de ses rencontres d'obtenir des tarifs préférentiels, un système d'abonnement à l'année est mis en place par le Stade rennais. Outre la possibilité d'assister à toutes les rencontres de championnat, il permet d'obtenir divers avantages, comme des priorités d'achat ou des invitations pour certaines rencontres de coupe,,. En 2010, est également instaurée une journée consacrée aux abonnés du club, qui leur permet de côtoyer les joueurs de l'effectif rennais, de bénéficier d'une visite du stade, et de participer à diverses animations,,.
En 1993-1994, alors que le Stade rennais évolue en Division 2, il compte quelque 500 abonnés. Avec la montée puis la stabilisation du club à l'étage supérieur, en Division 1, ce nombre augmente sensiblement. Il atteint le chiffre de 2 200 abonnés en août 1995, puis de 2 838 abonnés en octobre 1996. La rénovation du stade de la route de Lorient et les ambitions grandissantes du club à la fin des années 1990 et au début des années 2000 contribuent à accroître encore ce chiffre. Il compte ainsi 7 500 abonnés en 1999-2000, 10 400 en 2000-2001 et plus de 10 500 en 2001-2002, ce qui est alors un record pour le club. Lors de la saison 2003-2004, le nombre des abonnés rennais est toutefois en diminution, se montant à 6 646 supporters, représentant une baisse de 14 % par rapport à la saison précédente, et 4 000 personnes de moins que deux ans auparavant.
De 2005 à 2007, le Stade rennais réalise ses meilleures campagnes d'abonnement. Après deux saisons où le nombre d'abonnés est stable aux alentours des 14 500 supporters, la barre des 15 000 est dépassée avec 15 291 abonnements vendus en 2007-2008, établissant un nouveau record pour le club,. Ce chiffre décroît ensuite de façon régulière, avec trois baisses consécutives entre 2008 et 2010. Avec 10 500 abonnés à l'aube de la saison 2010-2011, le Stade rennais déplore alors 2 000 abonnements de moins que la saison précédente, qui avait elle-même accusée une baisse de 920 abonnés. Si, en 2011-2012, plus de 11 000 personnes optent pour un abonnement, ce chiffre diminue de nouveau en 2012-2013, repassant sous la barre des 10 000 avec 9 144 abonnés,, puis sous celle des 9 000 avec 8 492 abonnés en 2013-2014, et 8 100 en 2014-2015. En 2015-2016, le nombre d'abonnements vendus repart à la hausse, avec 8 530 abonnés annoncés. Ce chiffre reste globalement stable les saisons suivantes, avec 8 662 abonnés en 2016-2017 et 8 582 abonnés en 2017-2018.
Pour les supporters, le coût des abonnements place le Stade rennais dans la moyenne basse des clubs de Ligue 1 lors de la saison 2009-2010, malgré une augmentation des tarifs pour toutes les catégories de places lors des quatre années précédentes. En plein tarif, le panel des prix des abonnements passe ainsi de 130 à 600 euros en 2005, pour atteindre de 140 à 640 euros en 2009. Par la suite, ils poursuivent leur progression : en 2011, les prix vont de 149 à 667 euros, ce qui place toutefois le Stade rennais à la huitième place des abonnements les moins onéreux de Ligue 1. Ils restent ensuite stables la saison suivante.
Évolution du nombre d'abonnés du Stade rennais depuis 1993
Dans les années 1960 et 1970, l'ambiance au stade de la route de Lorient est notée comme chaleureuse par les observateurs, avec un public populaire, composé de nombreux ouvriers travaillant à l'usine Citroën située dans l'agglomération,. Les victoires du Stade rennais à l'issue des éditions 1965 et 1971 de la Coupe de France génèrent un grand enthousiasme auprès de ses supporters, des milliers de personnes venant célébrer, dans les rues de Rennes, les deux victoires puis les vainqueurs à leur retour de la capitale,,,. Cette réputation s'inverse ensuite, les supporters rennais étant critiqués, à partir des années 2000, pour leur manque d'enthousiasme, leur exigence et leur froideur, certains sifflant même leur équipe alors qu'elle mène au score, selon la qualité de jeu proposée,,,. Un attentisme que l'entraîneur Frédéric Antonetti, en poste de 2009 à 2013, n'hésite pas à brocarder régulièrement, reprochant au public son manque de soutien à l'égard de son équipe,.
Le public rennais est toutefois réputé comme fidèle,,, ses résultats rythmant par ailleurs la vie locale. En 2009, le Stade rennais atteint une nouvelle fois la finale de la Coupe de France. L'événement provoque de nouveau un très gros engouement à Rennes, aussi bien le soir de la qualification pour la finale, que pour gagner le droit d'aller voir le match lui-même. Le jour de la finale, alors que plusieurs dizaines de milliers de Rennais assistent au match au stade de France, ce sont près de 50 000 personnes qui suivent le match, via un écran géant, sur l'esplanade Charles-de-Gaulle à Rennes. La défaite subie par les Rennais face à l'En Avant de Guingamp résonne alors comme un traumatisme pour beaucoup de supporters, et contribue à leur scepticisme vis-à-vis de leur équipe,.
Baisse des affluences aidant, l'engouement et l'ambiance diminuent lors des saisons suivantes,, les déceptions sportives successives engendrant de la lassitude chez certains supporters. Malgré tout, le stade de la route de Lorient connaît ponctuellement de belles ambiances lors de grands événements, comme le 29 septembre 2011 pour la réception de l'Atlético de Madrid en Ligue Europa. Le 16 janvier 2013, la qualification du Stade rennais pour la finale de la Coupe de la Ligue provoque également un envahissement du terrain par ses supporters, avec l'approbation du club, dans une ambiance festive.
La notoriété du Stade rennais est avant tout établie dans le grand Ouest de l'hexagone. Selon une enquête réalisée en janvier 2012, il est le club le plus supporté de la région Bretagne, devant le Stade brestois, mais n'apparaît pas parmi les deux clubs les plus supportés dans chacune des autres régions françaises.
En août 2012, un sondage de l'Ifop pour Ouest-France le place en tête des clubs de Ligue 1 préférés des habitants du grand Ouest, avec 17 % de citations, devant l'Olympique de Marseille (11 %), les deux autres clubs bretons de l'élite, le FC Lorient et le Stade brestois, réunissant respectivement 5 % et 4 % des citations. Au niveau national, il se place en revanche au huitième rang, avec 3 % des citations, derrière Marseille, le Paris Saint-Germain, l'Olympique lyonnais, les Girondins de Bordeaux, le LOSC Lille, le Montpellier HSC et l'AS Saint-Étienne.
Le public qui se rend au Roazhon Park est majoritairement originaire de Bretagne et de la région rennaise. Durant la saison 1999-2000, une étude réalisée auprès des spectateurs se rendant au stade montre que 78 % d'entre eux habitent en Ille-et-Vilaine. Un public complété principalement par des supporters venus du reste de la Bretagne : dans les années 1960 et 1970, ceux-ci sont acheminés en autocar pour voir les matchs, la zone d'attraction du Stade rennais dépassant déjà à cette époque les frontières départementales.
L'histoire du Stade rennais est ponctuée de quelques rivalités sportives, qui se sont parfois traduites par des antagonismes entre les supporters rennais et ceux des autres clubs. Durant la première partie du XXe siècle, la rivalité qui oppose l'équipe rennaise à l'US servannaise a des répercussions autour du terrain. Le 18 février 1912, une rencontre disputée à Saint-Brieuc entre les deux équipes, décisive pour l'attribution du titre de champion de Bretagne, nécessite le déploiement de gendarmes à cheval, et d'agents de police pour prévenir d'éventuels débordements, alors que le 28 mars 1920, le public envahit la pelouse du stade de la route de Lorient, lors d'un derby où l'arbitrage est vivement contesté côté rennais.
Le principal antagonisme est toutefois celui qui oppose les supporters rennais à ceux du FC Nantes,,,. Créé en 1943, plus de quarante ans après le Stade rennais, le club nantais le retrouve pour la première fois en championnat lors de l'édition 1953-1954 de la Division 2, et le rejoint en Division 1 en 1963,. Inexistante dans les années 1960, cette rivalité se nourrit des humiliations ressenties par les Rennais dans les années 1980 et 1990, alors que leur club, à la peine sportivement, est moqué par un FC Nantes qui se construit un palmarès sur la scène nationale. À Rennes, le 4 janvier 2006, la victoire obtenue par le Stade rennais au stade de la Beaujoire face aux Nantais est vécue comme un événement historique, intervenant plus de quarante ans après le dernier succès rennais sur le terrain de son rival, alors qu'en 2007, la descente du FC Nantes en Ligue 2 est moquée par des supporters rennais, qui déplient une banderole « Entre Rennes et Nantes : 100 km et une division d'écart » lors d'un derby dont le résultat condamne les Ligériens à la première relégation de leur histoire. Lors de la saison 2013-2014, les retrouvailles des deux clubs en Ligue 1 génèrent de fortes tensions et des violences entre supporters. Lors du match aller disputé à Rennes, des supporters ultras nantais volent et détruisent une partie d'un tifo préparé par le Roazhon celtic kop, ce qui provoque colère et débordements chez certains de ses supporters,. Quelques mois plus tard, lors du match retour à Nantes, des actes de violence sont relevés dans les deux camps.
Les antagonismes avec les supporters des autres clubs bretons sont moins prononcés. Les relations avec les supporters de l'En Avant de Guingamp se traduisent par des moqueries basées sur l'opposition ville/campagne et Haute-Bretagne/Basse-Bretagne, les uns raillant les « paysans » guingampais, les autres excluant Rennes de la Bretagne, au motif qu'elle n'est pas une ville bretonnante. Toutefois, le 9 mai 2009, c'est dans une ambiance festive et sans animosité que les deux équipes s'affrontent en finale de la Coupe de France,,. Alors que la rivalité avec les supporters lorientais reste modérée, voire inexistante, celle qui oppose les Rennais aux supporters du Stade brestois génère davantage de tensions. Le 10 décembre 2011, une bagarre oppose des supporters des deux camps dans les rues de Rennes, faisant deux blessés légers. Un an et demi plus tard, le 27 avril 2013, cette fois à Brest, des accrochages impliquent une dizaine de supporters des deux camps, engendrant des blessures pour certains d'entre eux.
Globalement, les supporters rennais sont toutefois considérés comme calmes et pacifistes par les autorités, et leurs relations vis-à-vis des joueurs de leur équipe sont plutôt posées et compréhensives, malgré quelques sautes d'humeur à la suite de mauvais résultats sportifs. Des incidents interviennent toutefois régulièrement, et jusqu'à une vingtaine de supporters ont été interdits de stade en même temps, avec des sanctions concernant principalement l'usage festif de fumigènes en tribune. Dans les années 2000, quelques membres du groupe Breizh stourmer participent à des bagarres de rues, organisées avec des supporters adverses. D'autres actes violents interviennent lors de déplacements, débouchant parfois sur des interpellations et des interdictions de stade,,.
Plusieurs célébrités, le plus souvent originaires de Bretagne, soutiennent ouvertement le Stade rennais. Certaines s'investissent directement dans les activités et la vie du club.
Né aux Champs-Géraux, à une quarantaine de kilomètres de Rennes, l'homme d'affaires François Pinault lance en 1963 sa première entreprise sur la Route de Lorient. Il rentre au Stade rennais comme administrateur au milieu des années 1970, en devient sponsor principal au début des années 1990, puis propriétaire en 1998. Son fils François-Henri, qui prend les rênes du groupe Pinault, et donc du club, en 2005, joue dans son enfance dans les équipes de jeunes du Stade rennais, et officie comme ramasseur de balle lors des matchs des professionnels, alors que la famille habite en face du stade. « Je ne rate quasiment aucune rencontre. Je les visionne avec mon père. [...] Nous vivons le match ensemble, comme de vrais supporters. On gueule. On s'engueule. On appelle à la mi-temps le staff rennais », explique-t-il en 2012. L'actrice mexicaine Salma Hayek, qui épouse François-Henri Pinault en 2009, déclare ensuite supporter le Stade rennais, et assiste à plusieurs reprises à des rencontres,,. Enfin, alors qu'il s'installe à la présidence du club en 2009, l'homme d'affaires Patrick Le Lay explique être allé régulièrement voir des matchs au stade de 6 à 20 ans, et que le Stade rennais a toujours été son « club favori », sans qu'il soit pour autant « un grand spécialiste de football ».
D'autres personnalités s'investissent à des degrés moindres dans la vie du club. Le journaliste Charles Biétry, qui occupe par ailleurs le poste de président du Paris Saint-Germain durant quelques mois en 1998, devient bénévolement recruteur pour le Stade rennais en 2007. Dans sa jeunesse, il prend sa première licence au Stade rennais et occupe le poste de gardien de but, alors que son père occupe une place au comité directeur. Il garde ainsi un lien particulier avec le club de sa ville natale,,. En septembre 2012, le syndicaliste Jean-Michel Lemétayer et Patrick Le Floch, économiste et directeur de Sciences Po Rennes, intègrent l'assemblée des deux hermines, groupe créé par le Stade rennais pour réfléchir à son évolution et son ancrage dans le territoire, et qui rassemble des personnalités « sincèrement attachées » au club. En juin 2012, le nom de Lemétayer est d'ailleurs évoqué pour reprendre la présidence du Stade rennais.
Outre Charles Biétry, plusieurs journalistes ou hommes de télévision supportent ouvertement le Stade rennais. C'est le cas d'Éric Besnard, natif de Janzé, qui se définit comme un « vrai supporter de Rennes », ainsi que du journaliste Victor Robert, originaire de Dinan, qui est « génétiquement fan du Stade rennais », et de Philippe Gildas qui « assistait à tous les matchs » lorsqu'il était étudiant à Rennes, et continue ensuite à suivre les résultats du club. Longtemps présentateur du journal télévisé de TF1, le journaliste et écrivain Patrick Poivre d'Arvor déclare suivre et soutenir « tous les clubs bretons », avec une mention particulière pour le Stade rennais,. Enfin, s'il s'avoue volontiers supporter du Stade Malherbe de Caen, l'animateur de télévision Michel Drucker explique être « très attaché au Stade rennais », ayant habité à Plémet et étant allé voir plusieurs matchs au stade de la route de Lorient durant sa jeunesse.
Dans le monde sportif, plusieurs champions sont également supporters du Stade rennais. Dans les années 1960, le cycliste Louison Bobet assiste à de nombreuses rencontres,. Natif de Saint-Méen-le-Grand, il remporte le Tour de France à trois reprises, et est sacré champion du monde 1954. En 1971, il propose au club de mettre à sa disposition ses deux avions, pour les longs déplacements. Plusieurs autres cyclistes bretons soutiennent le Stade rennais, notamment Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France et champion du monde 1980, ou Frédéric Guesdon, vainqueur de Paris-Roubaix 1997. Dans les années 1970, le boxeur Jean-Claude Bouttier montre également son support pour les Rouge et noir. De son côté, le navigateur Armel Le Cléac'h déclare ouvertement soutenir le Stade rennais, tout comme la footballeuse Camille Abily, qui explique être « supportrice du Stade rennais depuis toute petite », sans en avoir porté les couleurs, faute de l'existence d'une structure féminine.
Plusieurs personnalités du domaine artistique soutiennent également le club rouge et noir. Né à La Trinité-sur-Mer, le chanteur Alain Barrière réalise en 1971, à l'occasion de la victoire rennaise en Coupe de France, une chanson à la gloire de l'équipe bretonne,. D'autres musiciens soutiennent également le Stade rennais, notamment le chanteur Alan Stivell, le disc-jockey DJ Zebra, le groupe Bikini Machine, ainsi que plusieurs des membres du groupe The Popopopops, deux d'entre eux ayant joué au Stade rennais dans les catégories de jeunes. Le réalisateur de cinéma Fred Cavayé déclare lui avoir « le Stade rennais dans la peau », étant originaire de la ville, alors que le dessinateur finistérien Malo Louarn affirme avoir « toujours supporté Rennes ».
La galette-saucisse, également surnommée « robiquette »,, est un plat typique de la Haute-Bretagne en général, et du pays rennais en particulier. Mets populaire, spécifique à la culture gallèse, elle est servie notamment sur les marchés, dans les fêtes de village ou les kermesses. Après la Seconde Guerre mondiale, les vendeurs de galette-saucisse se multiplient aux abords du stade de la route de Lorient, accompagnant la hausse des affluences lors des matchs, et celle-ci devient un incontournable pour les supporters.
En 1994, une association de sauvegarde de la galette-saucisse bretonne est créée par des membres du Roazhon celtic kop, qui édictent dix commandements à respecter par qui veut en déguster une dans des conditions optimales et traditionnelles. Le quatrième commandement fait directement référence à sa consommation aux abords du stade,,,.
Les supporters rennais, et ceux du Roazhon celtic kop en particulier, possèdent plusieurs chants dans leur répertoire, afin d'animer leur tribune durant les rencontres, et d'encourager leur équipe. Ces chants trouvent parfois écho de l'autre côté de la pelouse du stade de la route de Lorient, parmi les groupes ultras qui s'installent épisodiquement en tribune Rennes. Ainsi, dans les années 1990, adaptant une chanson de supporters marseillais vantant leur amour pour le pastis, deux supporters du RCK écrivent les paroles de Galette saucisse je t'aime, qui devient, au fil des années, l'hymne du groupe ultra et est chanté lors des matchs du Stade rennais. En janvier 2012, une version rock de la chanson est enregistrée par Jacky Sourget, ancien speaker du stade de la route de Lorient,.
À l'occasion de la victoire rennaise lors de la Coupe de France 1971, le chanteur Alain Barrière écrit une chanson qu'il nomme Allez Rennes, et qui fait référence au soutien de toute la Bretagne à l'égard du Stade rennais,,. Dans le même temps, sans que son auteur soit connu, un autre hymne du Stade rennais est écrit à l'occasion de cette finale, adaptant la chanson À la Bastille avec des paroles vantant les qualités des différents joueurs de l'équipe rennaise.
Trente-huit ans plus tard, à la suite de la finale de la Coupe de France 2009 où il est joué en l'honneur d'un match qui oppose deux équipes bretonnes, le Stade rennais adopte le Bro gozh ma zadoù, chant de langue bretonne écrit en 1898 sur l'air de l'hymne gallois Hen Wlad fy Nhadau. Souhaitant mettre en avant son rôle de porte-drapeau régional, le club décide ainsi de diffuser ce chant, considéré comme l'hymne de la Bretagne, avant chacune de ses rencontres à domicile, bien que celui-ci soit repris de manière inégale dans les tribunes. Enfin, à partir de novembre 2011, la chanson Just can't get enough, du groupe anglais Depeche Mode, est reprise pour ponctuer chacun des buts rennais. Le Stade rennais emprunte ce titre au Celtic FC, à l'issue d'un match de Ligue Europa joué à Glasgow, sa diffusion après chaque but écossais ayant plu aux supporters rennais,,.
Depuis les années 1960, des mascottes sont utilisées comme emblèmes par les supporters rennais et par leur club. Lors de la finale de la Coupe de France 1965, les supporters prennent comme mascotte un petit cochonnet nommé Rodrigue, par opposition à la laie Dora, mascotte de l'UA Sedan-Torcy, l'adversaire du Stade rennais,,. En Coupe de France 1971, un deuxième cochonnet, cette fois nommé Trec'h, est érigé en mascotte pour la finale contre l'Olympique lyonnais.
Au milieu des années 1990, le Stade rennais institue la présence de deux personnes déguisées en hermines, qui animent les avant-matchs, et accompagnent les joueurs rennais lors de leur entrée sur le terrain,. Lors de la finale de la Coupe de France 2009 apparait cette fois une nouvelle mascotte aux traits rappelant une hermine au pelage blanc, créée à l'origine par les pompiers d'Ille-et-Vilaine et cédée par ceux-ci au Stade rennais,. En janvier 2011, elle est institutionnalisée par le club, qui la baptise Erminig, et choisit de l'introduire de façon humoristique et décalée auprès de ses supporters. La nouvelle mascotte est ainsi présente durant les rencontres à domicile du club, ainsi que lors d'événements ponctuels auxquels participe le Stade rennais,,.
Certains événements de l'histoire du Stade rennais sont liés aux évolutions connues par la Bretagne depuis le début du XXe siècle. En 1965 et 1971, selon l'historien Jean-Jacques Monnier, les victoires obtenues par le Stade rennais en Coupe de France donnent aux Bretons une revanche sociale sur le reste de l'hexagone, les sortant de l'image d'une région méprisée pour sa culture, son folklore et son retard de développement, symbolisée par le personnage de Bécassine : « Grâce à ces victoires, nous avons montré à la France entière que nous étions bons. Les Bretons avaient besoin d'une réussite collective pour se décomplexer. Ces Coupes de France ont aussi participé au réveil de l'identité bretonne. Pour la première fois, des gwenn ha du étaient brandis ailleurs que dans des fêtes folkloriques »,.
À Rennes, la composition sociologique des tribunes suit celle de la ville et de ses activités économiques. À partir des années 1960, le spectacle sportif qu'offre le stade de la route de Lorient attire les ouvriers des usines de la Janais et de la Barre Thomas, dédiées au montage des automobiles Citroën. En fonctionnement à partir de la fin des années 1950, ces usines comptent jusqu'à 14 000 ouvriers, souvent sortis de leur campagne pour venir travailler à Rennes, et pour qui le football fait office de sortie hebdomadaire le dimanche,. Par le jeu des restructurations durant les décennies suivantes, le nombre d'employés est ensuite réduit de façon conséquente, et la composition du public rennais suit l'évolution économique d'une ville qui se tourne vers le secteur tertiaire, en particulier les télécommunications et l'informatique, sans se départir de son statut de ville administrative et universitaire. Le public rennais, jadis prolétaire, devient dès lors plus familial.
Le statut de ville universitaire de Rennes, qui lui permet d'attirer des jeunes issus de tout le grand Ouest, a toutefois un impact limité sur la présence d'étudiants dans les tribunes du stade, ceux-ci étant souvent rentrés dans leur région d'origine le week-end, lorsque les matchs sont joués. Néanmoins, une étude menée, lors de la saison 1999-2000, auprès du public assistant aux rencontres, montre qu'un tiers des spectateurs a entre 17 et 25 ans, que plus de 56 % sont âgés de moins de 35 ans, et que les étudiants représentent 21,8 % de l'assistance.
Cette bibliographie présente quelques ouvrages de référence. Ceux utilisés pour la rédaction de cet article sont suivis du symbole .
Sept haï-kaïs est un cycle de mélodies de Maurice Delage pour soprano et ensemble de musique de chambre avec flûte, hautbois, clarinette en si, piano et quatuor à cordes. L'œuvre porte parfois le numéro d'op.9, dans le catalogue des œuvres du compositeur.
Composée en 1924 sur des tankas et des haïkus classiques, traduits du japonais par le compositeur, l'œuvre a été créée le 16 février 1925 par Jane Bathori, sous la direction de Darius Milhaud, lors d’un concert de la Société musicale indépendante (SMI). Cette société de concerts avait été fondée en 1909 par Maurice Ravel et d'autres amis de Delage, pour s'affranchir des restrictions liées aux formes et aux styles des œuvres programmées par la Société nationale de musique (SNM).
Plus brèves et plus complexes que les Quatre poèmes hindous créés en 1914, ces mélodies en prolongent l'esthétique « de la plus haute exigence intellectuelle et d'un souci poussé à l'extrême de la litote ».
Moins célèbres que les Trois poésies de la lyrique japonaise de Stravinsky (1913), dont la traduction en français était déjà de Maurice Delage, les Sept haï-kaïs représentent un trait d'union culturel entre la musique japonaise et la musique française contemporaine, et sont considérés comme le chef-d'œuvre de la maturité de leur auteur.
Les sept mélodies sont enchaînées. Lors d’un concert à Genève, en avril 1929, le compositeur eut soin de préciser : « L’auteur prie de ne pas interrompre ces sept courts morceaux : l’enchaînement tonal a été prévu ». L'exécution dure un peu plus de cinq minutes.
Comme nombre d'artistes au début du XXe siècle, Maurice Delage montrait un goût prononcé pour les arts du Japon. Le jeune compositeur, bénéficiant de l'aide financière de son père, entreprit ainsi un voyage en Inde et au Japon à la fin de 1911. Il y séjourna durant l’année 1912. Cependant, il n’a pratiquement rien confié de ses souvenirs, sinon à ses plus proches amis. Dans la biographie qu'il lui a consacré, Philippe Rodriguez regrette que le musicien n'ait « jamais rien dit ni écrit en particulier sur le séjour qu'il fit au Japon : du moins rien ne subsiste ».
Parmi les amis privilégiés du compositeur, Igor Stravinsky partagea bientôt le même enthousiasme pour la culture japonaise, mettant provisoirement de côté la composition du Sacre du Printemps pour mettre en musique Trois poésies de la lyrique japonaise que Maurice Delage avait traduit à son intention. Le premier poème, Akahito, lui fut dédié comme Delage dédiait au grand compositeur russe le dernier de ses Quatre poèmes hindous, Jeypur.
L'intérêt qu'il portait envers la musique traditionnelle japonaise amena Maurice Delage à organiser un concert lorsqu’en 1925, un virtuose du shamisen, Sakichi Kineya IV, vint à Paris. Selon le témoignage de Jirohachi Satsuma, « l’avis de Ravel et de Delage [était] d’organiser une réception de bienvenue en l’honneur de Sakichi et sa femme, au domicile du pianiste [Henri] Gil-Marchex. Sakichi joua, revêtu d’un manteau rouge, devant un paravent doré. Ravel et Delage furent captivés par ce concert ».
Deux versions des Sept haï-kaïs ont été publiées, et sont également interprétées en concert : la première pour chant et ensemble instrumental en 1924, et la seconde en 1926, pour chant et piano. À la demande du compositeur, l'artiste japonais Foujita réalisa une illustration pour la couverture de cette version de la partition.
L'accompagnement instrumental est très raffiné. Jean-Pierre Bartoli considère l'instrumentation « raréfiée et insolite ». Hormis l'usage de la technique sérielle, toutes les qualités de cette œuvre essentiellement mélodique se retrouvent dans celles d'un compositeur que Delage ne connaissait pas, Anton Webern.
L'écriture témoigne d'une exigence accrue par rapport aux Quatre poèmes hindous de 1912, dans la même mesure où les Chansons madécasses de Ravel (1926) allaient « plus loin » que ses Trois poèmes de Mallarmé (1913). Les quatre œuvres en question sont rigoureusement contemporaines et, toujours selon Jean-Pierre Bartoli, les Sept haï-kaïs, « ces brèves et fines miniatures, peut-être inspirées par le cycle de Stravinsky, ont sans doute stimulé Ravel pour la composition de ses Chansons madécasses ».
Le tableau suivant rend compte de cette tendance commune vers une instrumentation plus légère :
Le haï-kaï, qui signifie « caractère badin » en référence à son esprit généralement teinté d'humour, est une forme poétique apparue à la cour impériale du Japon de Nara, au VIIIe siècle, et qui connut son âge d'or à Heian-kyō, à partir du IXe siècle. D'abord représentée par le tanka, « poème court » de 31 syllabes réparties sur cinq vers (5.7.5.7.7), cette poésie donna naissance au haïku moderne, par un phénomène d'« effritement » du poème précédent pour s'en tenir aux trois premiers vers, soit 17 syllabes (5.7.5).
Gaston Renondeau observe que cette forme « connut une vogue sans pareille, à partir de la fin du XVe siècle ». En fait, « cette pratique n'a jamais cessé et se poursuit encore aujourd'hui ». D'autre part, le caractère léger des poèmes n'empêche nullement la profondeur. Philippe Rodriguez estime que « le nombre limité de mots concentre l'énergie du poème, véritable vision animiste de la nature ».