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In nomine Domini nostri Jesu Christi. Notum sit omnibus, quod ego Bernardus dono Deo et sanctis ejus apostolis Petro et Paulo et loco Cluniaco, cui preest dunnus Odilo abbas, meam partem de silva quam vocant Frasnedo, quæ mihi jure parentum evenit; et terminatur a mane et a sero via publica, a medio die et a cirtio terra Rannaldi et Noe et Duranni cu[m] heris suis. Est autem sita in pago Matisconensi, in agro Laliacensi. In tali vero tenore dono eam, ut quamdiu vixero teneam, post meum autem obitum ad Sanctum Petrum perveniat; sed in vestitura omni anno II denarios persolvam, ut hec donatio firmum obtineat vigorem. Actum Cluniaco puplice. S. Bernardi, qui fieri et firmare rogavit. Data mense decembri, regnante Rotberto rege anno V.
Sicut indubitanter fides credentium tenet, ita Christi benignitas mortalibus consulit, ut ex bonis temporalibus, que lege mortis amissuri sunt, mensura perhennis vite premia sibi valeant preparare. In Dei nomine, Leotardus dono Deo et sanctis apostolis ejus Petro et Paulo, ad locum Cluniaco, pro filio suo Artaldo, terciam partem de ecclesia sancta Maria de Croquello. Isti firmatores hanc cartam firmaverunt: Leotardus, Lambertus, Vuilelmo, Petrus, Bernardus, Unfredus.
Omnibus presentes litteras inspecturis magister Michaël, curie Senonensis officialis, in Domino salutem. Noverint universi quod nobilis mulier Ancelina, domina Acrisville, in nostra presentia constituta dedit in perpetuam elemosinam fratribus Pruliaci totam partem suam quam ipsa habebat in salagio Musterolensi et quicquid juris habebat in eo. Actum anno gratie millesimo ducentesimo vicesimo octavo, sabbato ante festum sancti Vincentii.
Diabolus. Diabolus. Sanctus Benedictus.
De sancto amatore episcopo Amator episcopus antisiodorensis in annis iuvenilibus litteris eruditus deo iam deuotissimus a parentibus insignibus coactus uirginem desponsauit. Quam tamen ut uirginitatem profiteretur induxit: et ipse simili se uoto constrinxit. Cum autem uterq; uotum emisisset: angelus domini eisdem astitit: duas coronas sibi afferens: et singulas singulis imponens eos in sancto proposito praefortauit: puella igitur monasterium uirginum ingressa est. Amator uero clericus factus post mortem eladii autisiodorensis episcopi eidem in pontificatu surrogatur. Qui pluribus miraculis effulsit. Inter que dum peruam haberet ecclesiamque populum omnino capere non ualebat rogauit obnixius ciuem quendam reptilum nomine: ut domum suam templo dei contiguam concederet ad ecclesiam ampliandam. Quod ille facere denegans: grauiter infirmatur. Sed sancto postulata concedens continuo liberatur. Sanctus ergo episcopus domum ecclesie adiiciens eandem in honore protomartyris stephani fabricauit. In quis uerbum domini predicabat. Sed cum obitum suum imminere conspiceret ad ecclesiam prexit: celebrataq missa populo sermonem fecit: et in throno suo residens expirauit. Cuius anima in columbe specie celum petere uisa fuit. Corpus quoque eius in ipsa ecclesia tumulatum quiescit. Aqua uero qua corpus lotum fuerat perfusus paralyticus curatus est. Quieuit in pace cale. maii.
Fundata est domus Domini super verticem montium. La très illustre et refulgente maison du seigneur et duc de Bourgoigne est magnificquement fondée sur la sommité des montaignes. Les geans terriens, par qui sont entendus les victorieux princes regens et conducteurs du bien publicque, sont comme montaignes excelses où est assis le hault throne d'honneur vers qui les nobles preux du siècle tournent la face et tendent bras et mains. En l'altitude de i tramblent et se humilient rudes rochiers, très durs perrons et très forte muraille comme sont crueulx tirans, fiers satellites et orgueilleux rebelles, est autenticquement située la très haulte, resplendissant et opulente maison des Bourgoignons dont aujourd'huy sa renommée court par les .VII. climatz, sa clarté illumine les tenèbres du monde et sa beauté decore le quartier d'occident. Tout ce provient par l'admirable vertu et strenuité singulière de quattre gros et fors puissans pilers sur lesquelz elle est somptueusement composée. Le premier piller, sur qui fut assise ceste fabricature, yssy jadis de vif estoc royal, de celui meismes où fut prins le bienheuré sceptre du très cristiien roy Charles, .Ve. de ce nom, lors flourissant entre les fleurs de lis. Ce très noble et puissant piller, qui donna principe et fondement à ceste maison, fut le très preu et chevalereux duc Philippe le Hardy, filz du roy Jehan de Valois et frère du roy Charles dessus nommé. Icellui duc, à cause de ses nobles gestes et glorieuses vertus, fut aherité de la très inclite et fructueuse ducé de Bourgoigne sur qui la maison, paravant mise à ruyne, fut puissamment edifiiée. Et, pour ce qu'il estoit fleuron royal croissant ou jardinfrancigène, il fut conjoinct par mariage à la très noble et prudente Marguerite de Flandres, fille du comte Loys de Marle. Ces deux grans personages, ensemble unis par loyen nupcial, engendrèrent homme de grant estime et haulte renommée, le duc Jehan de Bourgoigne, fort prompt aux armes et très expert en estour de bataille, le plus redoubté et cremu qui fusist regnant en son tempz ; car, par force de bras et au trenchant des espées, agency, esbocha, rabota et essarta les malvais neudz et zizanieux plantages qui la clarté de l'hostel empeschoyent. Le bon duc Philippe, son filz, fut le tiers piler qui ceste maison esleva en honorable celsitude, l'augmenta de pluseurs chambres par succession hereditaire, lui donna lumière de son fuzil reflamboyant et splendeur aureyne de la très sacrée et precieuse Thoison d'Or. Et le très renommé duc Charles, sa legitime geniture, est le .IIIIe. piller qui ceste maison clarifiie et embellist de très admirables hystoires, qui les fiers meutins rebellans, les rebelles meutinans, les trafficqueurs seduisans, les seducteurs trafficquans humilia par sa main forte, et essourt ceste maison en sy très haulte spère et clarté supereminente que les ysles oultremarines en perchoyvent la relusence. C'est, par figure similitudinaire, la tour de Barris, le throne de Salomon, l'arche du Testament, le palais Assuère, le fort Ylion, le temple de Mars et le romain Capitole où les senateurs et consules armigères tiennent parlement et consaulx pour bien regir et gouverner le bien de la chose publicque. Ces quattres pilers, descendus du vergier liligère par directe ligne de propagation royale, ensamble connexés et alliiéz et entremelléz aveuc .IIII. redolentes Marguerites, pevent estre accomparéz, selon leurs bonnes meurs et conditions loables, à .IIII. vertus cardinales sans lesqueles nulle main, tant soit hault accomblée, ne peut longuement prosperer sans contourner en decadence. Le duc Philippe le Hardy, pour l'acuité de son sens et le bon conseil qu'il eubt en lui de non leissier son père, le roy Jehan de France, concquis en la bataille par les Englois, lors que ses frères aisnés l'abandonnèrent, et pour ce qu'il prevey aucunement la très noble posterité de lignie et commodité de seignourie qui luipooit sourvenir de soy alliier à la contesse de Flandres, est licitement appropriét à Prudence, vertu moult salutaire. Le duc Jehan, son filz, prince sans peur, magnannime en tous ses affaires, constant comme pierre de vive roche, tant enflammé de hardy corage que riens ne lui sambloit ne trop chault ne trop pesant, peut estre figuré, pour les qualitéz de ses merites, à Force, très recommandée entre les vertus cardinales. Le bon duc Philippe, très doulz, humain, fort joyeux et tant bien addressiét en toutes choses ardues, dignes de grant loange, que Dieu et nature n'y avoyent riens oubliiét et, pour ce que Temperance est vertu de corage, refrenant en nous les mouvemens impetueux, ceste glorieuse vertu lui doibt bien estre attribuée, car pluseurs fois a mitigué son yre contre ses ennemis, lesquelz il pooit vaincre par force d'armes. Il a demonstré vision pacificque meismes à ceulx qui ochirent son père. Jamais ne fut au monde prince nul plus bening, nul plus clement, nul plus liberal, nul plus reverend. Le duc Charles, son filz, inspiré de Mars, le dieu des batailles, le restor d'Ulixes, ung second Scipion, ung petit Alixandre et ung grant Hanibal, qui les provinces voisines a merveilleusement resveilliét au son de ses buisines et a fait plus que le possible du très chevalereux art d'armes, voeullant, par hardy emprendre, peser les quartiers occidus à sa ballance, est proprement equiparé à Justice, la royne des vertus. Avec ces quattre très illustres princes descendus du champ des fleurs de lis, sont quatre nobles Marguerites de meisme sorte, lesqueles ont grandement ampliét, enricy et augmenté ceste maison, tant de sales, chambres, clostures, vignes, hayes, jardins, préz, pastures comme tenemens et aultres appendences, dont elle a bruit et los par dessus touttes aultres. Et premier, Marguerite de France, fille du roy Philippe le Long, espeuse d'ung comte de Flandres, le aherita des .II. comtés d'Arthois et de Bourgoigne. Marguerite de Brabant, alliiée au comte Loys de Male, dont dessus est fait mention, le mit en possession des ducéz et pays de Lotricq, Brabant et Lembourg. Marguerite de Flandres, mère du duc Jehan, y atribua lacomté de Flandres et aultres paysages. Et Marguerite de Bavière, fille du duc Aubert, compaigne dudit duc Jehan, y ajousta les comtéz de Haynau, Hollande, Zeelande et la seignourie de Frise. Et, par ainsy, ceulx qui clèrement perchoyvent le edification et lucidité de ceste triumphante maison, exaltée sur les haultes montaignes, pevent facilement dire, tant par l'artificiele sculpture des quattres pilers que pour la speciosité des fleurs et precieuses gemmes: Porte nitent margaritis. Et, pour ce que le très puissant et très redoubté duc Charles, desirant accroistre sa renommée par touttes terres et provinces au decorement de ceste maison très relucente, s'est nouvelement tiré sur les frontières et limites de Germanie et a planté son siège devant la très forte ville de Nuisse, je, Jehan Molinet, loingntain immitateur des historiographes, me suis avancié par son commandement de rediger et mettre par escript les glorieuses proesses, loables gestes et très nobles fais d'armes qui dorenavant se feront, tant d'ung parti que d'aultre, tant en ceste maison ducale comme à l'environ d'icelle, supliant très humblement à tous orateurs, rethoriciiens et inquisiteurs des chevalereux explois perpetréz par les docteurs et disciples de Mars qu'ilz leur plaise recinder ce qu'il trouveront superfiu, augmenter le defectif et elucider le trop obscur, affin de reduire mon oeuvre à vraye congruité et perfection de lumière, tellement quie je puisse escripre chose qui soit aggreable à Dieu, honorable aux princes et salutaire à mon ame. Gloire eternele se doibt rendre au souverain roy des rois qui, par singulière bonté, repara le humain lignage. Los immortel se doit attribuer à Marcus Curcius qui, pour salvation du peuple romain, sailly ou très cruel abisme. Nom de perpetuele memoire doit demourer au très noble duc Godefroy qui se desvesti de son propre heritage pour conquerir la sainte terre. Et guerdon salutaire doibt obtenir pour retribution le très hault et très puissant duc Charles qui, differant de ses propres quereles pour l'augmentation du bien publicque et subvenir à ses très nobles parens, amis et alyéz, sommièrement au bien de paix ecclesiasticque, exposa aux fortunes de guerre son corpz, ses subgetz et sa substance, comme il appert clèrement. L'archevesque de Coulongne, qui fut de Bavière, son cousin et alyé et frerre au comte Palatin, debouté de sa chayère archiepiscopale et cité metropolitaine, lui remonstra sa doleance et comment ceulx du chapitre dudit Colongne voloyent avoirà archevesque Hermant, lansgrave de Heresse, frère à Henry, lansgrave de Heresse, auquel favorisoient l'empereur, les archevesques de Mayence et de Trèves, Aubert, marquis de Arnembourg, le duc de Saxe, ledit Henry, lansgrave, Evrard, comte de Wertembercque et de Montbliart, aveuc aultres pluseurs grans princes et barons ensemble les cités imperiales, villes et communaultéz d'Alemaigne. Le duc Charles, très clement et piteable, oye la querimonieuse complainte de son parent, voyant que, contre droit et raison et oultre le gré de nostre saint père qui l'avoit confermé, il estoit desappointié de sa dignité que long temps avoit possessé, soy confiant en Nostre Seigneur et en Sainte Eglise dont il estoit vray champion et protecteur chevalereux, emprist la querelle dudit archevesque, son alyé, à l'encontre dudit empereur, ses adherens et favorisans et quasy de toute la puissance de Germanie. Nuisse, doncques, ville de frontière, terre d'archeveschié, refuge des malheureux, orgoeul d'Alemaigne et qui plus se confioit en sa force que nulle aultre pour ce que jamais n'avoit esté vaincue par siège, soustenoit en son clos la partie adverse dudit archevesque, car elle estoit forte à merveilles, tant d'eaue comme de muraille, longue de .II. bons trais d'arcq, mais estroite àl'avenant plus à ung lez qu'à l'autre, adossée d'ung lez d'ung bras du Rin qui batoit aux murs et d'une aultre rivière qui partoit de la duché de Jullers aveuc une aultre naissant de fontaine dont mouloyent deux molins, laquelle avironnoit l'autre partie de laditte ville ; et touttes ensemble se rentroyent ou grant Rin courant assez long. Pareillement, estoit Nuysse notablement tourée de pierre de grès, puissamment murée de rice frumeté, haulte et espesse et renforcée de fortes brayes, subtillement composée de pierre et de bricque et, en aucuns lieux, touttes de terre, tournées à deffenses par mirable artifice pour repeller les assaillans ; entre lesquelles et lesdis murs, y avoit certains fosséz assez parfons et, de rechief, estoyent devant lesdittes brayes aultres grans fosséz d'extrème profondeur, cuvéz les aucuns et plains d'eaue à grant largesse, lesquelz amplectoyent la ville et ses fors jusques aux rivières courans. Quattre portes principales de pareille sorte ensemble et aucunes posternes et saillyes embellissoient et fortifioyent grandement laditte closture, car chescune d'elles avoit en front son bolvart à manière de bastillon, grant, fort et deffensable, garny de tous instrumens de guerre et souverainement de trait à pouldre à plenté. Dedens Nuisse, entre les aultres edifices, estoit une très belle eglise de dames, haulte, eslevée et de grant monstre, où reposoit le corpz saint Quirin, leur patron, auquel les bourgois et manans avoyent très singulière et fervente devotion, esperans salut en son suffrage et garantise de tous meschiefz. Et, aveuc leur nouvel archevesque, compediteur au vray pasteur, s'estoyent premunis de gens très experimentéz de la guerre et avoyent la fleur, le bruit et le chois de la chevalerie d'Alemaigne ensemble et les gentilz rustres et fins routiers concoeillis en diverses marches, non pas seullement pour la tuition de leur ville, mais aussy pour donner repulse et rompre la pointe au duc Charles qui tournoit la bride vers Colongne pour monstrer visaige à l'empire. De ceste aspre et mal amoureuse compaignie estoit principal et conducteur ung très vaillant capitaine, subtil et entreprenant, nommé Musebacq, qui, tout engressié de horions et de soustenir sièges endurcis, plus se delitoit en tonnoires de dures bombardes que en chansons de doulces pucelles et plus prenoit appetit en cuisses de vielz chevaulx qu'en pastéz de jones poullès et desiroit tousjours de soy aherdre et hurter à l'oost du duc de Bourgoigne pour taster la pesanteur du faix dont tout le monde faisoit sy grant estime. Jehan de Herprode et Rembault Keyebisch, hommes de grant conduite, astutz et cauteleux, alors bourgmaistres, avoyent les regimes et policie de la ville et regard ententif sur le peuple qui estoit comme demy gent d'arme, nourry en feu, en fer, en sang, en souffre et en salpètre, berchié au cry des armes et endormy au son impetueux de serpentines, culeuvrines et hacquebuses dont il estoit sy juste et amesuré que, à deux dois de descouvert, il rendoit mortelle attainte. Grant amas de vivres aveuc le annuele provision se faisoit dedens Nuisse, laquelle, de sa propre nature, estoit hutineuse, arrogante, espineuse et adonnée à la guerre ; et, pour ce qu'elle amoit le mestier, elle avoit d'ancyenneté deux molins à chevaulx fors et raddes pour soy aydier en pestilence de siège et diversité de bastons deffensoires et d'artillerie pour saluer les passans et bienvegnier ses voisins, desquelz elle attendoit la très espoentable et soudaine venue. Charles, très auguste duc de Bourgoigne, à qui nul hideux effort ne donnoit admiration, sentant l'adversaire capital de son cousin dessusdit envolepé en la force de Nuisse soubz les esles de Germanie et de son aigle imperial qui le deffendoit au pied et à l'ongle, se delibera, pour ceste cause et aultres qui à ce le mouvoyent, d'assieger laditte ville, merveilleusement forte et quasy inexpugnable. Sy ordonna ses batailles, fit approchier ses engins et, environ l'yssue du mois de jullet, l'an mil. IIIIc .LXXIIII., comme le plus preu des preux et le superexcellent de tous aultres, ficha son estandart et planta puissam ment son siège droit au front des Alemans qui le prindrent en grant argu ; et, de prime face, à ung trait d'arcq près de Nuisse et devant la maistresse porte, saisy une grosse abbaye de chanoines rigléz de l'Ordre de saint Augustin, où il trouva partie des religieux habandonnéz des aultres qui s'estoyent retrais en la ville. A ceste approche, ceulx de Nuisse ne mirent quelque obstacle de deffense ne de saillye, jassoit ce qu'ilz pensoyent bien que le duc y prenroit logeis ; car, à ceste cause, trois jours paravant sa venue, l'avoyent volu brusler, et le feu ne s'y volu esprendre sy demoura saine et entière, et furent les religieux très joyeux d'avoir ung sy bon hoste, car ilz y proffitèrent assez. Le comte de Campebasse, noble chevalier neapolitain, trèsvaillant et experimenté en armes autant que nul de son temps, fut envoyé par le duc aveuc pluseurs haulx barons, prudens, ingenieux et de vif penetrant entendement, pour impectorer les fors, et ymaginer par quel moyen, à moins de perte et plus de gaigne, le siège porroit prendre pied ferme et fondement durable. Et, par l'ordonnance du duc, ledit comte, acompagnié de .IIIIc. lances ytaliennes bien en point, à chevaulx bardéz, ensemble et leurs enfans de pié, assiegea une porte auprèz d'une chapelle de saint Barbe, tirant au long du Rin pour aller en Gheldres devant laquelle estoit ung bolvart grant et puissant ; et là furent assises .II. grosses bombardes, une bombardele, pluseurs courtaulx et serpentines. Devant l'autre porte ensievant qui donne chemin pour aller à Nostre-Dame d'Aix, où estoit ung merveilleux bolvart, se loga, aveuc .IIc. lances ytaliennes et leurs enfans de pié, Jacques Galyot, ung très renommé et prudent conducteur de gens d'armes, acompaignié de .IIc. archiers d'Engleterre, et, joindant ce quartier, fut logiét ung noble escuyer piemontain, nommé Jacques de Wauperghes, ayant charge de chinquante hommes d'armes piemontains, lesquelz estoient de la societé dudit comte. A l'endroit de laditte porte, y avoit bombarde et bombardele, sieute de courtaulx et serpentines; parfons trenchis et spacieux furent fais devant la muraille affin que ceulx d'ung quartier peussent secourre à l'autre. Et, ensieuvant ceste closture, fut logiét sire Bernard de Ravestain, capitainede .C. lances, de .IIIc. archiers et de .IIIc. pietons, si l'accompaignoit ung chevalier, nommé Broquehuse, lequel avoit assamblé environ .IIc. culeuvriniers du pays de Gheldres. Et, en front de la porte où se prent le chemin pour aller en la duché de Julers, tint son siège sire Bauduin de Lannoy, chief et conducteur honnourable de .IIIc. lances ordinaires, de .IIIc. archiers et de .IIIc. hommes de pié ; et contenoit son entrepresure du logeis dudit sire Bernard jusques au chemin de laditte porte. Et Lancelot de Berlaymont, noble escuyer du pays de Haynau, ayant charge de .L. lances et de .IIc. archiers, parclooit le demourant jusques au logis du duc, parmi le bailli de Brabant Rommant et d'ung escuyer, nommé Marbais, qui ensemble lui furent bailliéz pour renfort ; et avoyent .IIIIc. pietons, picquenaires, culeuvriniers et arbalestriers du pays de Brabant, de Namur et de Liège, lesquelz, à ung petit pont de pierre, coppèrent une rivière, où ilz trouvèrent largesse de poissons, et là tournèrent vers le bois. Consequamment, devant une grosse porte à fachon de chasteau qui directement tire vers Coloigne, furent logiéz ung très chevalereux et expert conducteur, messire Philippe de Poitiers, seigneur de la Freté, et messire Ferri de Clisance, seigneur de Beauvoir ; et avoit chescun d'eulx .C. lances des ordonnances et IIIc. archiers, et estoyent leurs hommes d'armes de Bourgoigne et leurs archiers de Picquardie et de Haynau. Là fut assise une grosse bombarde ensemble pluseurs sieutes de courtaulz et de serpentines et s'estendoit ce quartier jusques à la rivière dessusditte, venant de la ducé de Julers, passant devant l'abbaye, emprès laquelle le duc fit lever sa maison portative et tendre ès jardins à l'environ ses pavillons très ricement armoyéz de ses armes, où il se loga de sa personne et ceulx de son hostel, lesquelz contiennent grant nombre de nobles gens, se logèrent entre le grant chemin et la rivière. Il y a coustumièrement, en la maison et famille du duc de Bourgoigne, .XL. chevaliers tousjours comptéz et .XL. hommes d'armes conduis par quattre nobles chevaliers, sans aultres chevaliers en grant quantité, comptéz par termes d'anchien ordinaire, et .XX. escuyers de chambre. II y aussy .L. panetiers, .L. essansons, .L. escuyers trenchans, .L. escuyers d'escuyerie et chescun d'eulx a son coustillier ; et sont conduis par quattre chiefz d'escadres. Et puis y .L. archiers de corps et deux chevaliers, leurs conducteurs. D'aultre part, fut logie son artillerie et sa garde, laquelle contient .VIxx. et .X. hommes d'armes et autant de coustilliers arméz et .VIxx. et X archiers qui tous ensemble sont conduis par ung chevalier très preu et excercité en armes et par quattre escuyers chief d'escadres. Pareillement furent logiéz ou quartier du duc princes, barons et honorables seigneurs, ses pensionnaires qui lors l'accompaignèrent à grant multitude de serviteurs et asscavoir: Jehan, monseigneur, aisné filz du duc de Clèves, le comte de Marle, chevalier de la Thoison, le comte de Meghe, chevalier de la Thoison, messire Jacques de Luxembourg, chevalier de la Thoison, le comte de Chimay, chevalier de la Thoison, le comte de Joingny, le filz du comte de Rotelin, le nepveu du duc de Gheldres, le comte d'Araine, Escochois, et messire Jehan Mileton, chevalier de l'hostel du roy d'Engleterre, dont partie d'iceulx et aultrez qui survinrent se logèrent ou dortoir des moysnes, lesquelz firent places aux religieux de Mars qui sont d'aultre proffesion. Car, par l'abus du monde et mutation de fortune de guerre, les chambres de devotion furent changies en derision ; là où l'en soloit estudier enseignemens beaulx et notables, on tenoit escole de jeux de déz et de tables ; où les repentans plouroyent grosses larmes, les hardis combatans crioyent à l'assault et aux armes ; là où l'en soloit pendre aumuces et chappes blanches, pendoyent salades et blans harnas et fers de lances et ceulx qui se levoyent au son de la cloche du moustier furent resveilliéz au son de la bombarde et du mortier. Ainsy fut la ville de Nuysse puissamment assiegie par terreet fut le siège clos de trenchis, les engins assis et les approches faittes bien et chevalereusement, ausqueles il y eubt perte d'Italyens et d'aultres mors et navréz du trait à pouldre qui estoit durement aspre et continu. Pour ce que la grande rivière du Rin couroit assez loing de Nuisse et que ung membre d'icelle se presentoit devant la muraille aveuc aultres ruisseaux et fontaines qui ensemble se rentroyent ou grant cours, il y avoit une ysle environ d'une lieue franchoise en rondeur qui fortiffioit la ville merveilleusement. Et, pour ce que dudit membre decouroit une vaine qui tantost se reintegroit aveuc le tout, une aultre ysle s'engendroit non pas sy plentiveuse que l'autre d'ung tiers. En ces ysles avironnées de fleuves courans gisoit l'espoir total des assiegéz, la rachine de leur corne orgueilleuse, la potence de leur bras furieux et le baston de leur fière manace ; car, en XIII. sièges qu'ilz avoyent soustenus anciennement, prince nul, tant fusist doé d'extrème hardiesse, ne se ingera d'en taster le fons. Meismes, comme ilz disoyent, Charles le Grant n'y sceut mettre le pied, mais son mendre, non pas en qualité de meurs, de proesce ne de glorieuse emprise mais en qualité de corps et de puissance seulement, l'oza bien attemter et envayr et, par subtillité et vaillance chevalereuse, le concquist glorieusement, non pas sans meschief ne dommage. Dedens ces ysles et en aucuns trenchis fais au long de la rivière, se tenoyent des rustes de Nuisse et certains culeuvriniers qui portoyent grant prejudice à l'oost, souverainement à ceulx qui puisoyent l'eaueet qui abeuvroyent leurs chevaulx. Pour quoy, le comte de Campebasse, logiét assez près, fit amener ung bacquet sur ung chariot et noer ung homme oultre le bras du Rin et arriver en la grande ysle. Et, quand vint le point du jour, d'une corde qu'il avoit, tira oultre pluseurs bacquetées d'Italyens et de Picquars, arbalestriers et culeuvriniers et lesdis rustres, qui ce regardoyent, plus par faintise que par paour, comme ilz monstrèrent depuis, se retrayrent en la ville. Quant les dessusdis Ytaliens et Piequars furent passéz au bacq environ .VIxx., la corde rompy par mescheance, qui parpas soit le demourant et la guarnison de Nuisse ; environ .III. hommes bien en point, tous preaviséz de leur fait, saillirent sur eulx et les envayrent de grant corage ; et les aultres, veans que nul secours ne pooyent avoir et ne scavoyent quelque lieu de refuge, se deffendirent merveilleusement et, de sy pou de gens que ilz avoyent, soustinrent le faix à force de bras. Là tirèrent et chargèrent par grant radeur et fut la meslée très aspre et mortele. Finablement, Ytaliiens et Picquars furent enangléz en ung destroit de l'isle où ilz furent merveilleusement rompus et desconfis. Les ungs, pour eulx sauver, sailloyent ou Rin où ilz se noyoient et les aultrez en eschappoyent. Les rustres en rappellèrent aucuns et leur promirent sceureté de vie et iceulx, parvenus à port, esperans trouver fidelité en Alemans, churent en la face de leurs glaves sy furent detrenchiéz et occis piteusement. A ceste oultrageuse occision, ung grant morienne, nommé Cristofle, très vaillant homme d'armes de la societé des Ytaliens, fut ce jour pluseurs fois abatu sur le champ et tousjours se remettoit sus piedz et reversoit par terre tout ce qu'il pooit attaindre. Il fut pris par les sattrappes qui le menèrent en la ville, où chescun le regardoit tant pour la crudelité du personage comme pour l'admiration de ses oeuvres, sy disoyent entre eulx que c'estoit l'ennemy d'enfer et, de fait, le volrent assommer. Et, combien qu'il fut navré, se deffendi puissamment et fut bouté prisonnier en la tour du molin à vent sur les murs. Puis trouva fachon, par mines que lui et aultres firent, que il wyda, lui.XIe., et, en saillant oultre les fosséz, il lui souvint que l'ung de ses compaignons estoit demouré derrière, si retourna franchement et le ramena sain et sauf comme les aultres : de quoy ceulx de Nuisse furent grandement esbahis. Le comte de Campebasse, frustré de son ymagination, voyant la doloreuse perte des siens et que les ysles lui estoyent plus loing que en aultre, quasy inagressibles et hors de son commandement, conchupt grant anoy en son coeur. Mais le duc, à qui n'estoit riens impossible, y laboura d'une aultre taille et, par main armée trop plus roide et seigneureuse, il fit preparer certains navires èsquelz il fit entrer trois notables conducteurs des ordonnances, chescun de .C. lances et de .IIIc. archiers . L'ung fut sire Josse de Lalaing, souverain de Flandres, en qui proesce flourissoit haultement et honnouroit la chevalereuse maison dont il avoit pris sa naissance. Le second fut Loys, vyconte de Soissons, homme très noble et vertueux corage, et le tiers fut ung très vaillant chief de guerre, sire Jacques de Rebreuves, seigneur de Montforet. Ces trois menèrent .Vc. pietons desdittes ordonnances, desquelz estoyent capitaines Rousetart, Pierre Perilleux et aultres. De hault volloir, par grant hardiesse et en très bel arroy, passèrent ung bras du Rin, en spectaele de leurs ennemis et à la pointe de l'espée. Comme jadis Brutus et Corineus concquirent l'isle d'Albion sur les geans, ilz gaignèrent l'isle de Nuisse sur les Alemans et n'y eubt sy hardy qui s'ozast monstrer en barbe pour donner resistence à leur très fier et redoubté effort, synon de trait à pouldre assez hideux et aspre. Ainsy se logèrent ces .III. valereux champions et touttes leurs sequeles, c'est asscavoir: ledit sire Josse et le vicomte en la grande ysle et ledit sire Jacques en la petitte ysle. Là fut fait ung grant trenchis ; l'en y assist une grosse bombarde, une bombardele, pluseurs courtaulx, serpentines et aultre grosse artillerie, laquelle adommagoit très fort la ville, car elle tiroit au long des murs et brisoit les archures de la porte sus la rivière, dessoubz lesquelles se tenoyent secrètement les assiegéz qui, voyant ce perilleux fouldre, se sauvèrent en leur fort par moynnetz et certains pertruis perciéz en la muraille et eslevèrent haultes terrées pour contregarde. Entre les ysles et ladicte abbaye, avoit ung grant parcq à manière de pastis et, assez près d'une fournaise, prindrent logeis cent lances et .XVIC. archiers d'Engleterre, desquelz estoit capitaine sire Jean Mileton dessusdit. Et, affin que l'ung siège peust secourir à l'autre, le duc fit faire deux merveilleux pons de tonneaux et de aisselles, dont l'ung traversoit le bras du Rin pour aller vers son quartier, où passoyent chariotz, gens et chevaulx, auquel il ordonna .IIIc. pietons qui gardoyent là jour et nuit ; et l'autre traversoit ledit bras pour aller des ysles au quartier des Ytaliens ; et fit venir de ses pays de Gheldres et de Hollande environ .L. navires que conduisoit Martin Fonce sur la grande rivière du Rin, adfin d'en obtenir la maistrise et possesse. Ainsy fut Nuisse assiegie par terre et par eaue, de sy près close et serrée que ame n'y pooit avoir entrée ne yssue, synon à grant peril et dangereux encombre. Germaniens, sachans par leurs explorateurs que Nuisse estoit assiegée de tous poins et que les ysles estoyent gaignies par forte main chevalereuse, paour et crainte les assaillirent. Coloigne fremist, Mayence s'esmaye, Trèves tramble, Saxonne s'esmoeut, courant aux armes, et n'y mendre tumulte en Alemaigne que il y avoit en Romme quant Hanibal avoit passé les Alpes. Grant subside et provision de tous biens donnoit cotidianement Coloigne à Nuisse, comme sa domesticque nourrice, par le Rhin où elle tiroit sa mamelle, car tous vivres lui affluoyent par grans bateaulx devant sa face. Mais ce criminel restraintif, cest interpos et obstacle de pons nouveaux, aveuc les gardes pugilaires qui y prestoyent astut escout, l'eslongèrent de sa nutrition maternelle et n'y povoit donner approche. Ainsy, la fille familleuse aspiroitaprèz sa mère, comme orphenine et espanie de tout delicieux mengier. Coloniens, toutevoyes, recoeillèrent leurs esperis et, par ung soutil temptament, assayèrent leurs forces. Pensans extirper cest inconvenient prejudicial, prindrent ung viel vaisseau grant et large, placquié de terre par dedens, remply de fagos, de poye et d'uyle et, en temps nocturnal que le soleil et la lune ont rapellé leurs raix de la terre, le conduirent tacitement dessoubz l'ung desdis ponts fait de tonneaulx, sur intention de le bruler totalement ; et grans flottes de navires garnies de tous biens necessaires sievoit de long pour entrer en la ville ; mais les guettes du duc, plus clervoyans que Argus qui avoit cent yeulx, perchurent celle folle emprinse sy ne sorty nul effect et les facteurs retournèrent amont le Rin, tous attediéz de leur faulte. Dont, pour obvier à telles ou semblables cautelles et affin que nul secours ne venist à ceulx de Nuisse par ung bras du Rin qui defluoit devant leur ville, où ilz concervoyent leur salubre esperance, le duc Charles, non jamais fatiguié de mediter glorieuse oeuvre pour le mener à fin loable, proposa coper ledit bras et l'estanchier par dicquages et donna charge à Jehan de Boustue de conduire ceste besoigne. Vieulx bateaulx, estaches, cloyes, fiens, paille et aultres materiaulx furent preparéz à grant plenté pour commencier et furent aucunes compaignies de l'oost ordonnées pour le demener à execution. Ung jour, labouroyent pyonniers et vivendiers, ung aultre, gentilzhommes et pages et ung aultre, lavendières, gouges et aultres femmes sieuvant la court ; jour aprèz l'autre, chescun s'employoit selon sa vocation et possibilité. Ce temps pendant, ceulx de Coloigne s'amonstrèrent delà le Rin, à grant armée qui de gros engins à pouldre revidoyent ceulx qui continuelement s'enforchoyent de besongnier. Ceulx de Nuisse pareillement ne se faindoyent pas ; mais le duc, qui là estoit en personne, fit drecier sus bout les fus des grosses pippes de Rin, plaines de terre, par quoy lesdis ouvriers furent preservéz de tous perilz. La dicque se commencha de bihays à l'emboucquementdu Rin ; et avoit la rivière en ce lieu environ .VIIIc. piedz de long et estoit tant rade, impetueuse et de telle profondité que une lance n'y povoit tenir fons. Laditte dicque avoit de .XXX. piedz de large et fut paracomplie au jour que les femmes, environ de .XVI. à .XVIIIc ., y labouroyent, dont la gloire s'en debvoit attribuer au sexe femenin. Et, certes, ce fut une somptueuse emprise et de haulte efficace et de qui le comte sera de dure creance en temps futur. Chose trop plus admirable et de pareille sorte, laquelle fut de rechief perpetrée par puissance ducale: une aultre grande rivière venant de la duché de Jullers, passant devant l'abbaye, comme dit est, fut estanchie par les souspiraulz et archures d'ung pont et fut tournée contremont ; et est son cours sy rade et parfond que il semble estre nayf et de perpetuité et, de fait, a rompu dicques et rives haultes et extrèmes, tellement que gros navires y passent quant besoing est, et chiet en la grande rivière du Rin, bien arrière de Nuisse où l'en passe quasy à piedz secz son primerain cours. Pareillement, oultre la porte de la rivière où le bras du Rin, membres et vaines de fleuves se rencorporoyent en leur tout, fut faicte une dicque forte et puissante pour prohiber entrée aux navires querans port devant Nuysse. Nuysse assiegie à tous lez, les rivières retrenchies et tout espoir de secours exteriore adnichilé, debvoit concepvoir grant paour et hyde ; mais, comme toute asseurée et endurcie en son malaise, se baingnoit en appetit de nouvel hutin et monstra tousjours face rubiconde, ayreuse et furibonde ne, pour grant appareil de criminel assault ne pour perdition de membres deffensoires ne pour austerité de mortele famine, ne volt mitiguer son corage ne sa couleur appalir. Se proesce chevalereuse trouvaoncques residence en ville sur terre, elle avoit en Nuysse glorieuse habitation ; nulle plus stilée aux armes, nulle plus aspre aux escarmuces, nulle plus fière en sumptueux emprendre et, s'elle se metoit en jeu, elle avoit bien qui lui monstroit barbe. Le duc Charles, filz de Mars, alors et du tout adonné à la guerre, estoit très joyeux d'avoir trouvé son passe tempz, plus pour excerciter son ost en durté yvernale et en la querele de son alyé que pour ambition de propre gloire. Sy queroit pluseurs moyens pour parvenir à ses fins et, par l'advis du comte de Campebasse, il fit faire de grans chesnes ung gros bastillon à demy rond, environ de XXX. piedz de hault, où il y avoit certains estages pour descouvrir sus ses ennemis et le fit dreschier ou quartier des Ytaliiens, à XXV. piedz prèz du grant bolvart de la ville, et le garny de culeuvriniers et arbalestriers qui tiroyent incessament. Et, pour donner l'assault audit bolvart, il commanda que chescun conducteur de son armée lui envoyast certaine quantité de gens et comparussent audit quartier à deux heures aprèz disner. Lors, diverses cohortes et compaignies de diverses cavesnes et domiciles, à tout divers guidons et enseignes, s'amonstrèrent sur les rengz et, par voyes subternées, concavées, parfondes et trenchis artificielz, approchèrent le bastillon dudit comte où se faisoit l'assamblée. Et, comme les geans acumulèrent jadis grandes montaignes les unes sur les aultres pour envayr les dieux du ciel, les assaillans assembloient eschielles, pavais et grant nombre de instrumens propres ad ce, pour parachever leur emprise. Le duc, pour animer et rafreschir les compaignons, habandonna deux queues de vin que il fit effondrer, puis fit donner l'assault qui dura deux grosses heures. Les gens du comte de Campebasse, desquelz ung prudent homme d'armes, nommé Barnabo, portoit son ensaigne, assaillirent premiers, les Englès ensieuvant et les aultres, hardis champions, chescun selon son degré et vocation, monstrèrent leur proesce et vaillance. L'assault fut aspre et merveilleux, mais pou y proffitèrent les assaillans ; leurs eschieles furent trop courtes de .X. piedz et ceulx de la ville se deffendoyent poissamment, qui jectoyent sur eulx huyle boulant, eaue chaulde et fagos aluméz et en occirent et navrèrent grante plenté de trait à pouldre, par ce que leurs canonnières estoyent de touttes haulteurs, jusques à demie aune près de terre. Ainsy, par figure poeticque, trouvèrent les geans dessudis Jupiter qui les fulmina et embrasa d'esclistre et de tonnoirre. Quand ceulx de la ville qui gardoyent la muraille oyrent l'effroy et congneurent que l'assault estoit donné au grant bolvart, ilz tirèrent leur force celle part comme pour renfort ; et ceulx du siège tiroyent sur eulx serpentines, courtaux et aultres manières d'engins, entre lesquelz une grosse bombarde, affustée en l'isle, faisoit tant bon debvoir qu'elle fit voler en l'air, comme on perchevoit clèrement, les testes, bras, mains et aultres membres des deffendans, autant qu'elle en povoit attaindre, qui estoit horrible chose à veoir. Et y demourèrent mors environ .IIIC. ou plus et autant des assaillans, entre lesquelz y fut occis le comte Oursele, Ytalien, très noble et bien recommandé en armes, ung très vaillant capitaine des Englois, Jacques d'Averonne et pluseurs aultres dont les noms me sont incongneus. Vegèce et aultres venerables acteurs très recommandéz et auctorisiéz en art militant, traittans de proesee chevalereuse mettent avant aucuns engins, machines et instrumens comme tours de bois, vignes, sambucques, bricoles, espringalles, martinès, moutons, leups, chatz, truyes et grues, desquelz on usoit ancyennement pour rompre et abattre murailles, pour envayr ses ennemis et les combatre main à main. Dont, en ensievant la mode ancyenne, la doctrine des docteurs, le vrai patron et vif exemplaire desdis instrumens, ung noble chevalier espaignartdu royaume de Castille, lequel on extimoit estre de très subtille et clère invention, s'approcha du duc et lui monstra en ung papier la figure et samblance d'ung grant engin hault et eslevé, appellé une grue, lequel il voloit composer en intention de le roler jusques aux murs, de parler à ceulx de Nuysse barbe à barbe et de les accoler du trenchant de leurs espées. L'exemplaire ensemble et le maistre, tout garny de belles parolles, compleurent au duc ; lequel, incontinent, commanda que touttes matères necessaires et tous ouvriers mecanicques très expers et ingenieux lui fussent bailliéz à sa plaisance pour achever ceste besoigne. Long tempz labourèrent à parfaire cest engin, lequel finablement fut dreschiét ou quartier des Ytaliens sur quattre roes. Il estoit de .XX. piez de long et de .XX. piez de large et povoit on logier .IIIc. hommes dedens. Il y avoit une eschiele à demy droite de .LX. piez de hault, laquelle s'avaloit comme ung pont leviz et estoit ordonnée pour monter sus la muraille Force de gens entrèrent ens qui la boutèrent avant et l'approcèrent de la ville environ demy trait d'arcq, mais sy grant habondance d'eaue survint qu'il ne sorty nul effect. Pareillement fut fait ou quartier Jacques Galiot, par les charpentiers de l'ost, ung aultre engin, à manière d'ung chastel de bois, qui portoit sus .XXIIII. roes et l'appelloyent ung chat ; mais, quant on le cuida conduire pour mettre à execution finale, l'ung desdis roets rompy et fut de nulle valeur. Ainsy, ne la grue ne le chat, qui furent fais par grans et sumptueux despens, ne portèrent quelque grief aux adversaires, ains leur donnèrent, pour la faulte, matère de grandes risées. Depuis le temps que le feu, le plus actif des quattre elemens, s'est adjoint aveuc le souffre pour repugner au salpestre, son contraire incompatible, et que le très horrible esclistre et espoentable tonnoire artificiel sont ordonnéz pour estre sacrefice ou temple de Mars, encensé de pouldre de canon, telz engins et samblables beffrois de bois, aptez et susceptibles de combustion vehemente, sont hors de usage maintenant, par subtillité de artillerye qui se multiplie chescun jour. Que proffitèrent les quattres chats assis en quattre bateaulx au siège de Aguillon ? llz furent brusléz de quattre martinèsqui reversèrent les conducteurs en l'eaue. Ung aultre chat pareillement, devant Breteul, fut embrasé de feu gregois. Il loist à le fois en armes autant user de prudence que de prouesce. Plus concquirent les Romains de provinces par engin que par espée ; autant proffita aux Gregois, devant Troye, la langue Ulixes que la lance Achiles. Sens et advis coronnent souvent les champions qui estudient le livre d'experience, les falaces et subtilitéz de la guerre. Quant ceulx de Nuisse eurent soustenu le très aspre et rigoureux assault qui leur fut donné au bolvart, comme dit est, ilz le fortiffièrent puissamment de grans et parfons fosséz, sy que nul eschielis, approche ne touche manuele n'y pooyent attaindre. Le comte de Campebasse, d'aultre costé, appercevant ceste fortification deffensive, ne tint pas les pyonniers en huyseuse, mais pourvey à nouvelle emprise invasive et fit faire grandes rives, hurées couvertes et merveilleuses mines, donnans approches ausdis fosséz et pour obtenir par labeur et art ce qu'on ne povoit acquerre par vaillance et à force de bras. Ces mines, grandes et parfondes et de chier coust, furent revelées à ceulx de la ville par ung Liegois fuitif qui subtillement y entra. Sy contreminèrent à l'encontre et donnèrent remède à leur soudain meschief apparant ; et ainsy se causoyent, par dedens terre, de durs et horribles rencontres d'une partie et d'aultre, où se perissoyent fors et puissans hommes, dont c'estoit pité et dommage. Nonobstant ce, le comte fit faire encoire deux bastillons, en approchant ses ennemis de plus en plus. Ce temps pendant, ung chief de guerre de la ville s'amonstra aux deffenses et dit en alemantque il voloit parlementer au capitaine des Ytaliiens. Barnabo, lieutenant du comte, qui estoit assez prèz, lui respondi que il ne povoit parler à lui sans transgresser le commandement du duc, mais, esperant que ce fust pour quelque grant bien pacificque ou salubre appointement, il lui promist que il yroit vers son prince et lui scaroit adire son bon plaisir. Lendemain, à .IX. heures en la nuit, Barnabo, non voeullant estre fracteur de l'edict du souverain, notifia verbalement la requeste du chevalier de Nuisse au duc ; et le duc y delegua certains barons et haulx seigneurs très expers du langaige ensemble et le comte de Campebasse, lesquelz, parvenus au lieu et à l'heure assignée, trouvèrent ledit chevalier qui, de prime face, leur pria très instamment de dilation jusques à lendemain à une heure aprèz disner, certiffiant que la matère estoit de grant poix et que, pour le bien discerner et meurement contourner à efficace, le conseil de la ville en estoit lors bien empeschié. Le delay accepté, asseurances furent promises et furent trèves accordées pour le jour sequent durer une heure, lors que le parlement se devoit faire. Ceste heure estoit fort desirée de pluseurs compaignons volages, trop fatiguiéz de porter armes, attedyéz de longue cession, qui proposoyent en fin de parlement avoir soudain departement L'heure venue, abstinence de trait, d'assault, de saillye, d'envaye et de voye de fait tinrent serré ung petit. Les deputéz commencèrent à entrer en devises auprès du grant bolvart ; mais, à cop, ceulx de la ville, secrètement, par quelque pertruis, wydèrent hors en très grant nombre et grosse puissance et, comme gent barbare, tygres animéz ou loups famis querans leurs proyes, sans observer paction, asseurance ne compromis, chargèrent sur leurs adversaires, qui de riens ne s'en doubtoyent sy les abatoyent à tous leez, pilloyent, roboyent et embrasoyent pluseurs logis de l'armée. Le comte meismes fut saisy de main mise et soudainement rescoux par .II. de ses gens, dont l'ung fut pris et l'autre occis sur la place. Le cry impetueux s'esleva parmy l'oost et le feu très horrible, qui tout consommoit, portoit tesmoingnage de ceste criminele emprise. Adonc, chescun mit main aux armes, Bourguegnons, Englès, Brabanchons, Flamens, Picquars, Haynuyers,Lombars, Namurois et Lyegois ; lesquelz, en très noble arroy, fors et fiers comme petis lyons, donnèrent repugnance à ceste severité et, par grant corage et hardement, reboutèrent leurs ennemis dedens la ville, qui emmenoyent serpentines et gros engins. Et lors, une grosse bombarde chargye et affustée contre eulx, sentant la chaleur des prochains logeis qui bruloyent, s'eschauffa tellement que, seule et sans ayde de quelque ame, tira à l'aventure et fit ung grant abatis sur les assiegéz, donnant hideux espoantement à leurs complices, qui furent tous joyeux de rentrer en leur fort. Le noble duc, oyant ce terrible effroy, y arriva incontinent et congnut le barat precogité de ceulx de Nuisse qui, soubz umbre de parlement et en l'attente de concorde, esmeurent cauteleusement discention, guerre et discorde. Le dommage fut piteux et lamentable, car pluseurs vaillans hommes, par inadvertence de leur pernicieuse et proterve ferocité, furent souspris et y perdirent la vie ; entre lesquelz, y demoura ung noble Ytalien, nommé Roisinsacq. Ceste oultrageuse et terrificque crudelité desplut grandement au duc, qui fit deffendre sur la hart que nul ne donnast escout à leurs parolles, mais les reputast comme desleaux et maculéz de trayson. Pluseurs saillies, devant et aprèz ceste hydeuse impieté, faisoyent en divers lieux et quartiers ceulx de dedens sur ceulx de dehors, très souvent et le plus à leur avantage. Long temps se continuèrent ces chevalereuses escarmuces où haulx et glorieux fais d'armes se perpetroyent d'une part et d'aultre ; mais oncques homme de l'oost ne sceut ymaginer de prendre en vie quelque ung de la ville. Le duc, très desirant de scavoir de leur estat et conduite, fit denoncier avant l'armée que quiconcques poroit prendre prisonnier, ce jour partant, de Nuysse, il lui donroit rice guerdon. Ne demoura guaires que ilz wydèrent à grant effort, selon leur mode accoustumée, et saillirent en l'artillerye, où ilz ravirent ung gros engin à pouldre que ilz emmenoyent sur ung chariot. Adoncques, chescun se mit en paine d'acomplir le bon volloir de son prince sy que les Namurois rescouyrent ledit engin et, entre les autres, prindrent ung très bel et gracieux escuyer, gent entre mile, que l'on disoit estre filz du burgmaistre ; et fut livré au prevost des marescheaulx pour diligentement l'examiner, mais il eschapa de ses mains et ne scet on quand ne comment. Ung jour sequent, ung grant vent et horrible tempeste se esleva, durant lequel ung fèvre de l'oost s'avancha de ruer aucunes fusées dedens la ville, qui tantost alumèrent pluseurs maisons et granges garnyes de fourrages. Lors s'effroyèrent oultre mesure les femmes, les enfans petis et gens de mulièbre corage, faisans angoisseux cris, piteux regrès et querimonieuses lamentations, comme ceulx qui cuidoyent estre cruciéz par combustion et livréz à leur derrenier supplice. Le feu, toutesvoyes, par gens non effeminéz, mais de viril et asseuré corage, fut rescoux à grant diligence et encoire n'estoit il pas parestaint quand eulx meismes boutèrent le feu au plus bel du quartier des Ytaliens et brulèrent, à moins d'une heure, plus de .Vc. logeis ; chevaulx, harnas, bastons, armures, vivres, provisions et utensiles de guerre furent commuées en cendre. Adonc, ung très grant alarme s'espandi par les carrefours, qui esmut toutte l'excercite ; chescun se tira à son guet ; Lombars habandonnèrent domiciles, logeis et biens au feu, qui faisoit grant devoir. Les trenchis furent gardéz, l'artillerie fut preservée, nouveaux logeis furent refais et les approches tant voisines que l'on povoit jetter une pomme tout à l'ayse dedens la ville. Environ le mois de novembre, temps de fertilité, de plenitude et de opulence, ouquel dame Cerès a fait produire à la terre la saturité de son germe et remplir les granges de uberté, feconde en affluence de biens l'annuele provision ès marches circonjacentes, l'ost du duc se diminuoit grandement par multitude degens d'armes, telement que fourrages commencèrent à deffaillir. Dont, pluseurs compaignons aventureux, voyans ceste indigence, s'espardoyent en divers lieux pour fourragier ; lesquelz, durement rencontréz de paysans rebelles, par subtilz aguetz et cauteleuses embuches, estoyent souvent occis et piteusement mutiléz. Le duc, voyant pululer l'infection de ceste pestilence, desirant preserver en sanité corporele les menus membres de son excercite, ordonna .II. puissans bras sagitaires, aornéz de prouesce, fortifiéz de mains armées, pour envayr les invadeurs et rebouter les deboutans ; l'ung de ces .II. bras vigoureux, souverain, fut messire Olivier de la Marche, très preu et hardy chevalier de la nation de Bourgoigne, homme de petitte estature, mais de très grant prudence, cler en vertu, rice de eloquence et de vif penetrant entendement, conducteur superiore de la garde ; et l'autre fut Jacques Galiot dessus nommé. Eulx, acompaigniéz chescun de cent lances, furent ordonnéz, par la bouche ducale, gardiiens et protecteurs des fourragiers, ausquelz proesse administroit le hardement de pourchassier leur adventure ; et iceulx très honnorablement s'en acquittèrent. Ung jour advint que ilz se trouvèrent ensemble .IIII. de touttes sortes et, par valereuse monition qui les incita, deliberèrent aller jusques auprès de Coloigne, la cité, sy vinrent à chief de leur intention et, là, se chargèrent de tous fourrages à grande habondance. Ceulx de Coloigne, grans de corps et de corages, voyans leurs adversaires fourrer et fouler leurs mansions prochaines, comme ceulx qui riens ne les amiroyent, conchurent grant orgoeul en leur ventre, dont ilz furent fort enfléz ; car, par felonnye qui les attisa, wydèrent de leur cité aveuc grant nombre de rustres, environ de .VI. à .VII. , en très belle ordonnance, cuidans rescourre leurs proyes et chargier sur lesdis fourrageurs. Là, se trouvèrent barbe à barbe, les ungs contre les aultres. Messire Olivier de la Marche, tout embrasé de prouesce chevalereuse, voyant object victorieux irradier devant sa face, volloit assaillir les saillans et rembarer les accourans, mais Jacques Galiot lui brisa le hault voloir de son emprise, disant que mieulx valoit garder lesdis fourragiers par le commandement du duc que de les mettre en aventure par ung hazart de bataille. En ce propos se fermèrent ensemble et, en la plus notable conduitede jamais, par grant sens et advis, se retrayrent honorablement. Toutesvoyes, Coloniens et rustres les poursievyrent par telle radeur qu'ilz tinrent prisonniers Campanel et Rondelet, nepveux dudit Jacques Galiot, lesquelz il eust rescoux s'il eust volut ; mais, lui, tout experimenté de la guerre, vray immitateur de discipline de chevalerie, choisy de .II. maulx le mendre si conclud que mieulx valoit .II. hommes pris que .IIIIm. en grans perilz. Le duc n'avoit souffert jusques à ceste heure fourragier la ducé des Mons, delà le Rin, appartenant au duc de Jullers ; et, toutesvoyes, ceulx de ces mètes avoyent largesse de tous biens et ne lui en presentoyent ne par amour ne aultrement. Pluseurs compaignons de l'ost, oppresséz de indigence, voyans leurs voisins sy plentiveusement garnis, estoyent comme Tantalus qui perissoit de fain auprès de la pomme pendant devant sa bouce sans y povoyr donner attainte ; si en firent remonstrance au duc de Bourgoigne, lequel par quelque ung manda que, se ilz ne lui livroyent vivres et fourrages par amour et à pris raisonnable, il trouveroit fachon d'en avoir par force et sans coustance et que, jusques à ce jour, les avoit espargniés, esperant trouver en eulx prestance amiable et attendoit que d'eulx meismes lui eussent offert liberalement ce qu'il requeroit par commandement. Ceulx, presséz d'une sy forte main comme celle du duc le plus grant de la terre, doubtans choir en son indignation, obtemperèrent à son command, mais se excusèrent sur les pillars qui les traittoyent durement. Le duc leur promist d'y remedier par justice, du tout à leur appaisement. Et lors, fit une chose loable et de memoire perpetuele; car, aprèz que le lieu du marchiét fut ordonné sur la rivière du Rin tenant la dicque, le plus convenable que faire se povoit à l'aise des marchans, il fit eslever une haulte croix ou milieu de la place, à laquelle pendoit ung gantelet et une espée toutte nue, pour signifyer à tous que, se nul du monde se presumoit de dire quelque injure ou vilonnie ausdis paysans marchans, il fourfaisoit le poing et, se il estoit sy mal advisé que de ouvrer de main mise, il forfaisoit la vye. Adoncques, arrivèrent, traversans le Rin, bateaulx chargiéz de toutes manières de vivreset de fourrages à grant plenté et furent les vendeurs paisiblement traittiéz des acheteurs, qui refrenèrent leurs rapacitéz par le miroir juridicque qui s'apparoit devant leurs yeulx : de quoy, l'armée, pour une espace, fut assez consolée. Mais lesdis vivres et fourrages montèrent en chierté ; Nothus descharga ses undées pluvieuses, Boreas mit en bruit ses ventileux souspirs et la froidure yvernale multiplia ses forces tellement que les chevaulx des povres saudars perissoyent par morfonture et les coursiers des haulx barons sejournoyent ès bonnes villes voisines, à grant coust et chière despense. Vers la chapelle de saint Ladre, sur la grosse rivière du Rin, estoit une très belle et grande forest, toutte de alemarche, qui venoit bien à point à faire logeis, bolvars et bastillons, aveuc ce que l'on povoit ravir ès villes champestres, bourgades et hameaulx ; car toutes mananderies, arbres, hayes et buissons prochains estoyent despoulliéz et mis au net, reservéz les gardinages d'une abbaye de dames fondée de la glorieuse Vierge. Petis compaignons, traveilliéz de longues veilles, mal stipendiéz, assaillis de la bise, despourveus d'habis, de vivres et d'argent, aloyent et venoyent .V. ou .VI. fois le jour en ladicte forest à tous habandonnée et se chargoyent de faisseaulx de bois, lesquelz ilz vendoyent les ungs aulx aultres pour subvenir à leur necessitéz et avoir honneste entretenance. Ainsy, ceste belle riche forest, de long temps precieusement gardée, fut en briefz jours, par fortune de guerre, totalement gastée. En ces approches faisant, haultes et chevalereuses, et par le plus hardy et magnificque emprendre de quoy l'on puist escripre en hystoire nouvelle, consideré le criminel obstacle et repugnanteet perilleuse deffense que les assiegéz monstroyent par multitude d'engins affuttéz, pierreux et pulvereux, plus espoentables que les hideux et horribles cops de tonnoire, ceulx de Nuisse soustindrent le faix sy puissamment, sans espargnier leur artillerye, tant que ilz se trouvèrent depopuléz de gens d'armes et comme tous desgarnis de provision deffensoire ; et lors, tous, simples, confus et amenris de puissance et de trait, comme gens sans bras et sans bastons, prindrent espoir contre desconfort et aventureuse audace contre pusilanime desespoir si proposèrent eulx rafreschir de nouvelles gens et amasser plenté de pouldre pour recouvrer leurs dures pertes. Dont, pour mettre ce fait à finale execution, Jehan de Herperode, astut et très abileté routier de guerre, choisy une nuit nubileuse et assez obscure entre la Toussains et la Saint-Martin et tout secrètement s'avala èz fosséz ; et, par le quartier où moins y avoit de regard des assiegans, où les mal songneux estoyent, eschappa de ce dangereux peril. Sy parvint en la ducé de Jullers et limitez circonjacentes, où il coeully .Vc. hommes de fait, fors et raddes et bien en point, ausquelz ceulx de Coulongne distribuèrent à chescun d'eulz une maille de Rin et les furnirent de sacqueaulx plains de salepestre et de certaines mixtions propices au trait des hacquebuses, dont la necessité estoit grande ; et s'assemblèrent à une liewe près de l'ost, ou chasteau de Lideberch où ilz séjournèrent, prestolant l'obscurité de la nuit. Puis, quand tenèbres furent espandues sur la face de la terre, ilz se fourrèrent en l'ost et approchèrent une place wyde où les fievéz furent depuis logiéz. Les signes donnéz aux assie géz, tacitement rentrèrent en leur fort. Et, à celle heure, les rustres de la ville firent diverses saillies et en divers quartiers, pour empeschier l'armée, affin que ces nouveaulx saudars parvenissent plus sainement à chief de leur emprise. L'ung d'eulx, toutesfois, qui ne sceut tenir route, se fourvoya par male adventure, tellement que il chupt ès mains de ses adversaires sy fut prins, saisy de pouldre et de salpestre et, aprèz qu'il eut desvolepé tout le secret, il rechupt son mortel payement selon sa desserte. Grans festoyemens, grans chières et grans signes de joye monstrèrent ceulx de Nuysse à la reception de ces nouveaulx entrans ;car, comme tous renovéz de force et radoubéz de feable asseurance, bateloyent leurs cloches, sonnoyent instrumens musicaulx et louoyent Dieu et les sains de leur felicité et bienheurée aventure. Le duc, informé de ces nouvelles, fut grandement esbahy, tant pour le grant nombre de gens dont Nuysse estoit munye couvertement comme pour la negligence des siens, qui lachement dormoient en pareceux sommeil ; car, au voir dire, Nuysse commenchoit à bransler et ne povoit guères tenir pié ferme, se ce secours de peuple et de pouldre ne l'eust corroborée et soustenue. O meschans gens, sours, negligens, maculéz de fetardie, sans soing, sans curieux aguet, de lours, pesans et laches corages, en qui pend l'honneur de vostre duc et le salut de tant vaillans nobles hommes qui, par vostre nonchaloir sommeilleux, ont lamentablement perdu leurs vyes, que songiez vous sur vostre fait ? Que ne donnez vous ententif escout en vostre quartier ? Vous estes cause de ce grant meschief. La querele de ceste piteuse guerre estoit terminée sans plus cop ferir ; Nuisse toutte mate, chargie de horions, deschirée de copz d'engins, bersaudée de cruel trait, se rendoit triste et lasse en la mercy de vostre souverain prince, se vostre diligent regard se fust employé à son appartenir. Pour contrevenge de ceste mesceance, Bourguegnons, Picquars, Englois et aultres compaignons de l'ost se arroutèrent vers le chasteau de Lideberch, où ledit Herperode avoit fait son amas et trouvèrent une grosse barrière fortifiée de grans et parfons fosséz plains d'eaue et multitude de paysans qui les deffendirent puissamment. Si ochirent et navrèrent de prime venue, pluseurs desdis compaignons, lesquelz, voyans ce dur rencontre, prindrent leur chemin plus loings et passèrent à grant traveil parmy trenchis, fosséz et hayes ; si gaignèrent laditte barrière par force d'armes et mirent à desconfiture .IIIc. desdis paysans qui demourèrent mors sur la place, et les aultres tournèrent lesdoz, qui firent pavaix de leur fortresse pour sceureté de leurs corps. Les victeurs pillèrent pluseurs villages à l'environ, lesquelz ilz mirent aux sacquemans, et retournèrent en l'oost, assez joyeulx de leurs proyes. Le duc, voyant que la ville n'estoit pas totalement assiegie à sa volenté et que pluseurs saillyes occultes et magnifestes se faisoyent de nuit et de jour au très grant prejudice et dommage de son pourchas chevalereux et glorieuse pretente, appella par commandement exprès les nobles fievéz de ses pays de Brabant, Flandres, Arthois et Haynau et sy concoeulli en pluseurs de ses bonnes villes certaine quantité de gens mecanicques, dont il fut honorablement servi. Monseigneur de Fiennes fut conducteur superiore des nobles fievéz ensemble monseigneur du Ruez et le bailli de Brabant ; et aultres capitaines eurent precept et precipu regard sur le demourant ensemble presentèrent les gens en très bel et notable arroy à leur très excellent prince et seigneur naturel, lequel les rechupt agreablement et les mena sur le bort des fosséz, en certains lieux où la necessité expetoit le plus, tant ou quartier des Lombars comme ailleurs, où ilz firent trenchis et logeis convenables à leur salubre protection ; et le seigneur de Fiennes, acompaigniét des nobles fievéz, tint siège en la place vague par où les .Vc. dessus memoriéz s'estoyent esconséz en la ville, laquelle fut lors entièrement parclose et avironnée de touttes parts. Ces bons pelerins alemans, nouvellement arrivéz à Saint-Quirin pour monstrer la fervente devotion qu'ilz avoyent à Mars, le dieu de bataille, livroient pluseurs castilles à leurs voisins nouveaulx venus et les servoyent de fruit à pierre et de pluseurs estranges mès dont le goust estoit trop mortel ; et iceulx voisins nouveaulx venus des bonnes villes et pays du duc leur rendoyent des amères poires d'angoisses, confites en poulre de canon ; entre lesquelz, ceulx de Malines obtinrent le bruit et la renommée, car ilz estoyent .VIxx. très vaillans hommes, bien en point, promps aux armes, premiers aux deffenses, prochains aux horions, prests et apparilliéz à faire grant chière. llz avoyent chescun .VI. patars pour jour, aux despens de la ville et des mestiers, lesquelz ilz despendoyent gracieusement aveuc gens qui le valoyent et tinrent court ouverte et estat très honneste, selon leur possibilité liberale. Chose admirable et la plus somptueuse qui jamnais avoit esté veue de nostre temps estoit du siège de Nuisse. Sens artificiel, bastie experience et precogitée deliberation avoyent tant labouré, en sa magnificque ordonnance que ne les ancyens docteurs moult recommandéz en la chose militaire ne les modernes ducteurs experimentéz au très noble art sagitaire n'y scaroyent trouver ligne retrograde ne point derogant à vraye et juste edification amesurée. Bien consideré le lieu, la saison, les visages des deffendeurs et les fors bras des invadeurs, les quartiers, les trenchis, les mestiers, les logeis estoyent tant bien assis, proportionnéement diviséz à la commodité, subside et tuycion des assiegans, au très grant dommage, detriement et repulse des assiegiéz que, pour convoitier ne pour souhaidier, on ne porroit mieulx. L'ost estoit puissamment fermé de beaux, spacieux et parfons trenchis ensemble de pons levis et de fortes barrières qui donnoyent aux paysans entrées très bien gardées, jour et de nuit, contre falacieuse cautele et pestiferant hostilité. Le bourg plaisant et precise formosité de l'armée estoit au costé vers Coloigne et ensievoit le quartier du duc, comme les estoilles reflamboyant pour recepvoir clarté relucente. Et, entre les rues foraines et aultres petites ruelles traversaires, dont il y avoit grant nombre bien compassée par geometrie, y avoit ung grant et ample marchié où toutes marchandises et vivres arrivoyent à grant plenté. Ung apothicaire y amena pour une fois .V. chariotz chargiéz de denrées et dressa son bouticle aussy estofféement comme en Bruges ou en Gand. Là estoyent tous ouvriers mechanicques, grossiers, drapiers, poissonniers, especiers, parmentiers, chaussetiers, cordoanniers, chappelliers, barbiers, charpentiers, couteliers, pyonniers, cuveliers, vivendiers,manouvriers, lantreniers, candreliers et chavetiers et recouvrier de toutte chose necessaire à corpz humain, à pris raisonnable et aussy plantiveusement comme en la meilleure ville de ce pays. Là tenoit son estat le prevost des marissaux pour administrer justice et dreschier, en voye directe et riglée, la policie de l'excercite. Il y avoit pareillement ung aultre marchiét ou quartier des Ytaliens, où n'estoit deffaulte de quelque riens, et chescun desdis marchiés avoit sa boucherie et son marchiét particulier au feure et à l'avaine. Au regard des edifices et logeis telz que en ce cas appertient, il estoyent tant rices et plaisans que merveilles. Chescun, selon sa vocation et faculté, y avoit fait ou fait faire habitation condigne aveuc belles tentes et riches pavillons, entrelachiéz et semméz chà et là, qui moult decoroyent ce somptueux fabricque ; desquelz, le duc en y avoit fait mener .IXc. à ses propres despens. Il y avoit mansions de diverses fachons et pompeuses coustances, composées par mirable et solide artifice comme pour y demourer à perpetuité, les unes, eslevées par plaisance à manière de dongons, ayans galeries et prayeries à l'environ et les aultres, tournées à deffense, à pons levis et parfons fosséz à l'entour. Les unes, machonnées et paintes à beaulx fenestrages et cassis de voirre et les mendres, à fachon de cavennes fossées en terre, portans sur grandes fourches, ayans salles et cuisines, et le plus, cheminées de bricques. Il y avoit fours et molins à eaue, à vent et à bras, jeux de paulme, bourloires et bersaulx pour recreer les compaignons, et gibet grant et fort pour executer les malfaicteurs. Il y avoit forges, tavernes, cabarès, baingneries, hostelleryes et brasseries. Les sacremens de Sainte Eglise y estoyent administréz à tous ceulx qui necessitéz en avoyent. Enfans y estoyent rechuptz en baptesme ; traictiéz de mariages s'y accordoyent et solennisoyent aussy ricement qu'en ville close. Les uns adestroient l'espousée à grant lyesse, monstrans signe de joye au resveil des menestreux cornans melodieuses chansons ; et les aultres acompaignoyent leurs amis mors et mis en bière en grant anoy, entre gens monstrans signe de doeul, chargiéz de larmes, faisans piteuses lamentations. Les ungs, haittiéz de corpz, menoyent grant chière et esbatemens en privé lieu, et les aultres, navréz et demy mors, menoyent piteux regrets et gemissemens en attendant l'heure de Dieu. L'ung cryoit :« Le roy boit en feste de royaume ! »L'autre crioyt:« Jhesus te soit vray conducteur à l'ame ! »Tel se reputoit estre mieulx asseuré que ès bras de ses amis, qui tantot tresbuchoit ès las de ses ennemis. Là povoit on appercevoir la folle abusion du monde et comment divers coeurs, incorporéz en ung seul ost, avoyent passions contraires, l'une de solas, l'autre de tristresse. C'estoit ung deduit desplaisant, ung desplaisir esjoyssant, une joye plaine de cris, une clameur confite en ris, une risée très piteuse et une pité très joyeuse. Sons melodieux, tubes, tamburs, trompes, clarons, flutes, musettes et chalemeles sonnoyent en l'aer et engendroyent armonie tant delitable que ilz effachoyent toutte merancolie, suscitoyent joye nouvelle et eslevoyent tous coeurs anoyeux ou thronne de parfaite lyesse. Souverainement ou quartier du duc, aux heures limitées, en estoit la très doulce noise tant plaisante à oyr que ce sambloit ung parradis terrestre et chose plus divine que humaine ; et, comme Orpheus debrisa les portes d'enfer au son de sa harpe, la modulation de ces instrumens musicaux mitiguoit l'amer des ruddes coeurs saxonnois et endormoit les ennemis par son amène consonance. Le duc Charles, l'honneur d'occident et le plus redoubté de la terre, se maintint vertueusement en ce siège, precogitant son prouffit salutaire, car, avant toute oeuvre, chescun jour après son lever, posposant toutte cure temporele, comme vray champion de Sainte Eglise, ouoit ses messes acoustumées et, soy confiant en la main de Dieu, seul colateur des victoires, ne volut casser ses devotions pour quelque impetueux encombre. Son fait tout recommandé au celeste gubernateur, se metoit en ses diligences de soliciter ses affaires pour tirer fruit de sa labeur cotidiane. Oncques duc de plus aigre soing ne fut soubz la chappe du ciel ; nul de plus glorieuse emprise ; nul plus asseuré en son fait ; nul plus laborieux aux champs. Il avoit seul le hault volloir de Alixandre, la prudence de Cesar et la diligence de Semiramis estoit en lui renouvelée ; car, il se trouvoit de quartier en aultre quasy en ung moment ; une heure, avanchoit les dicquages,une aultre, se trouvoit ès mines. Il devisoit les pillotis, il expedioit les trenchis, il employoit les Hollandois, il donnoit conseil aux Lombars, il reconfortoit les Englois, il boutoit avant les Picquars, il commandoit aux ordonnances, il ordonnoit ceulx de la garde, il gardoit nobles et fievéz et ceulx de son hostel faisoit sy souvent resveillier que ilz n'avoyent loisir de longuement sommeillier, car lui mesmes ne dormoit que à demy et, le plus du temps, aux yeulx ouvers, en ensievant la très haulte et noble proprieté du lyon dont il estoit renommé par le monde univers. Il ne tenoit pas le terme d'aucuns ancyens princes, comme David et aultres, qui delegoyent leurs connestables assaillir citéz et villes et ne s'y trouvoyent jusques à la prinse, pour avoir gloire de la concqueste ; mais, comme cler miroir d'honneur, exemple d'excellente prouesce, bersail patent aux fors archiers et bute à leurs fières sayettes, se metoit en front d'assault, premier à l'estour, derrenier au retour, non pas par presumption oultrageuse, mais pour animer les siens à chose ardue, terrible et merveilleuse. Pour ce, dit on que la presence du bon prince vault .X. aultres de sa province. Gedeon, juge d'Israel, verge de Dieu, poing redoubté et flagelleur de Madiam, disoit à son peuple simple et non instruit en armes :« Faitez ce que vous me verrez faire. »Le duc Charles, prince sans paour, per sans per et patron des preux, semblablement en sa personne preparoit ses batailles, enseignoit ses conducteurs et marchoit aussy avant que le plus hardy de ses vassaulx. Arrestez vous, vous, les explorateurs des merveilles du monde, qui eslisiez les grans chevalereux hommes des ancyennes hystoires pour les reduire à fresche memore, arrestez vous par admiration, pensez, pesez, contrepensez et compassez se le très cler vertueux duc n'est pas digne d'avoir magnificque siège, entre les plus haulx de ce siècle. Vous mettez en compte vos difformez monstres et horribles geans qui se confyoient en la grandeur de leur corps, en la ferocité de leurs bras et en crudelité de leurs bastons ; mais, s'ilz eussent ouyz en leur tempz les espoentables tonnoires tempestans et sentu les hydeuses pierres fouldroyans dont le duc et les siens ont esté pluseurs fois servis et rencontréz en divers orages, ilz se fussent trouvézperplex, confus et sur le point de renoncier aux armes. Force de corps ne les porroit aydier, fleur de prouesse en eulx seroit extainte, tant plus sont hault et tant plus ont d'attainte. Vous parlez du très puissant roy Xercès qui dessechoit les fleuves par multitude des chevaulx, de son ost qui les beuvoyent ; parlez maintenant de nostre duc très puissant qui, par labeur manuele, transmue les eaues de leur cours naturel, dessèche les terres portans les grans fleuves, en arouse d'aultres où jamais ruisseau ne s'est apparu et leur donne cours de telle profondité que il semble estre nayf et sans quelque artifice. Que diray je plus ? Il a estanchié rivière courant impetueusement de .V. à .VIc. piez de large et de lance et demye de parfont. Vous donnez title de grant vaillance à Hanibal, duc de Cartage, le prosterneur des triumphans Romains, pour ce qu'il passa les Alpes non jamais hantées et trespercha les roches par merveilleuse incision ; donnez title de grant puissance à Charles, duc de Bourgoigne, le extermineur de orgueilleux rebelles, lequel submet toutte chose elementaire à son indition, essourt la pesanteur des pierres contre le ciel, humilie la sublimité des montaignes, exalte la profondité des valées, adjoinct le feu à son incompatible, percute l'aer par fraction vehemente, recoppe l'eaue par dicquages repugnans, penètre la terre par mines secrètes où il s'esconse personelement et se troeuve à le fois soubz les piez de ses ennemis. Vous pellifiyez d'honneur, et non pas sans merite, le très sacré imperateur Constantin pour ce que, sur la rivière de la Dunoe, par le signe de la croix en qui Dieu souffry passion, subjuga Maxence, le felon tirant, associé des prophanes barbarins infidèles ; couronnez de laurier ce très fort et corageux lyon qui, sur la rivière du Rin, ou nom de Dieu et de saint George et par la vertu de la croix saint Andrieu dont il estoit consigné et premuny, à petit nombre des siens et à pou de perte, a vaincu, par bataille rengye et proesce miraculeuse, le très hault et seigneureux aigle imperial adestré de toutte la puissance de Germanie, comme il appert en l'hystoire sequente. Non seulement en gloire transitoire, caducque, terrestre et de prosperant fortune, sintiloit l'irradiant lume de sa haulte serenité, mais en affluence de dons precieux et saintismes pourparattaindre felicité sommière. C'estoit le germe de salut incomparable, la plante d'honneur inestimable, l'estoc de grace bieneurée et l'arbre de vertu coulourée, redolente, fructueuse et de grande altitude et de qui la fleur, le fruit et la foeulle portoyent saveur de celeste beatitude. Et, revolvant en son ymaginative pluseurs volumes des anciiens hystoriographes dont il avoit imprimé les lectures en sa memoire, voyans beaucop de puissans règnez tresbuchiéz aveuc les regnans en miserable ruyne, tous enervéz de royal majesté par trop amplecter les plaisans et folz delices du femenin sexe, et congnoissant que le fort Sanson en estoit affoibly, le saint prophète David soullyé et maculé, le sapient Salomon ydiot et rassoté, abrenoncia à toutte volupté charnelle et embracha castimonie supernele ; et n'estoit trop mondain ne trop solitaire, mais humain et tout salutaire, non enclin à dormition, mais à soing et devotion, non à vaine mondanité, mais à saine mondicité, non à lubre concupiscence, mais à salubre continence, non à nocive ebrieté, mais à nette sobrieté, car le vin friant non moderé engendre delectation, delectation consentement, consentement pechiét et pechiét la mort. Ainsy, par force de corps et de ame, par vigeur exteriore et par vertu interiore, prelioit et prosternoit ses ennemis visibles et invisibles, ce très cler et vertueux duc scipionicque, lequel, après grans veilles, travaulx durs et angoisseux, retournoit en son logeis champestre et là, en estat magnanime, à portion legitime, prenoit reffection corporele. Pluseurs petis compaignons, povres mendians, nudz et deschaulx et qui ne usoyent point d'argent par ce que nul ne leur en donnoit, faysoient pareillement grande abstinence, non pas voluntaire, mais necessaire et, contre l'auctorité de Plutarcus, disant que la famine se combat aux chevaliers diseteux qui deffaillent souvent au seigneur, lequel leur destraint leur nourreture, nonobstant, ilz s'acquitoyent leaument aux assaulx et aux escarmuces et jamais ne tournoyent en fuite. Vegèce conseille aux princes que mieulx vault enseignier ses propres chevaliers au très noble mestier d'armes que prendre estrangiers à sauldées. Et le duc, parpayant ses deniers, estoit servi de Lombars et d'Englois qui grandement s'employèrent ; mais, pour ce qu'il estoit cremu et redoubté de touttes nationset que le ciel et la terre lui favorisoyent plus que à nul aultre, il avoit ce previlège de trespasser les commandemens des philozophes. Après la refection du corps, donnoit refection à l'ame et employoit ses jours, non pas en fole vanité ou mondain spectacle, mais en saintes escriptures, hystoires approuvées et de haulte recommandation, souverainement en l'art de musicque dont il estoit tant amoureux que nul plus, et pas sans cause car musicque est la resonance des ciels, la voix des angelz, la joye de paradis, l'esperit de l'aer, l'organe de l'Eglise, le chant des oyselets, la persecution des deables et la recreation de tous coeurs tristes et desoléz. Et, comme le roy Charlemaine avoit honnouré celle science en son temps, lors qu'il avoit mandé les expers musiciens de Rome pour enseignier ceulx de France en vraye modulation, le duc Charles recoeilloit les plus faméz chantres du monde et entretenoit une chapelle estoffée de voix tant armonieuses et delitables que, aprèz la gloire celeste, n'estoit aultre leesse. Que vollez vous plus du siège de Nuisse ? La magnificence en estoit de sy haulte estime que ma rude plume ne porroit souffire à descripre sa rutilant splendeur. Supplications y furent oyes, benefices y furent impetréz, et par le ray de la precieuse gemme ducale qui s'apparoit par tous climats, cler comme estoille de Epiphane, les glorieux princes de la terre s'y rendoyent personnelement ou envoyoient ambassades honnorables lui offrir coeur, corps et chevance. Le roy Danemarce et de Noirewegue, accompaignié de son frère, en simple estat de pelerin, y fut ossy plentiveusement rechupt que en Bruges ou en Gand. Le duc, à sa venue, fit drechier très rices tentes et pavillons de drap d'or et de veloux et le fit honorablement festoyer, lui et les siens, par le comte de Chimay, très eloquent, doé de rice faconde, et par aultres grans barons et mignons de court qui bien le scavoyent faire. Ce roy Danemarce, voyant le different du duc et des Alemans ensemble le eminent peril pitoyable et dommageux qui en povoit ensievir, s'enforcha de pacifier les parties et se tint longtemps à Listreby, une petitte ville oultre le Rin, à .II. lieues de Nuysse, où monseigneur le chancellier et le comte de Meghe, seigneur de Humbercourt, aloyent souvent devers lui et ensemble ouvroyent aucuns traittiéz de paix qui ne peurent sortir effect. Monseigneur le bastard de Bourgoigne vint pareillement audit siège lequel il visita de bout en aultre et, par son advis, furent affuttées .II. serpentines, en tel lieu assises qu'elles traveillèrent grandement la ville ; puis, print congié à son frerre, le duc, et s'en alla au royaume de Naples. Le roy de Hongrie envoya lors son venerable orateur vers le duc, lui priant qu'il fut arbitre du different qu'il avoit au roy de Polenne pour le royaume de Boesme. Aultres ambassades loingtaines et prochaines, de France et d'Engleterre, y arrivèrent, desquelles le compte se fera cy après. Chose prolixe, trop traveillant les entendemens des auditeurs me seroit de reciter au long tous les voyages, destrousses, saillyes, aguets, courses, bescousses, escarmuces, rencontres, assaulz, prinses et glorieuses emprises qui continuelement se causoyent d'une part et d'aultre durant ce siège, il me souffit seullement touchier en brief aucuns fais admirables, dignes de collaudace et de haulte recommandation. Ung jour, se prindrent environ .LX. gentilz compaignons de la garde, bien en point, querans leurs aventures en pays, sy se trouvèrent devant Zone, une petite ville entre Nuisse et Coloigne. Les rustres qui la gardoyent, montéz sur fleur de chevaulx, saillirent sur eulx, environ cent ensemble .C. et .L. pietons ;mais ilz furent radement reboutéz en leur ville et y demourèrent .XX. de leurs gens mors sur la place, .X. prisonniers et pluseurs bleciéz, entre lesquelz, le filz du seigneur de Sombre et le filz du comte de Warnambourg furent cruelement navréz. Puis, lesdis compaignons despoullèrent les mors en face de leurs ennemis ; sy accoeillèrent .Vc. moutons et, sans quelque perte, retournèrent au siège, très joyeux de leur proye. Ceulx de Nuisse se tenoyent moult orgueilleux et fiers de leur gros et puissant bastillin fortiffyé de trenchis, seant à la porte de l'abbaye, duquel ilz portoyent sy grant dommage aux assiegans que riens plus, tant par leurs envayes et curieux aguets comme par l'horrible espoentable trait de pouldre dont ilz resveilloyent leurs voisins. Mais messire Philippe de Poitiers, seigneur de la Freté, noble de sang et de proesce, très vaillant conducteur de guerre, acompaignié de pluseurs fors et hardis chevaliers, leur donna l'assault tant aspre, hideux et terrible que, par force et puissance, ilz en furent expulséz vigoreusement de leur fort et de leur trenchis sy furent leurs molins à l'eaue deschiréz de tous poins et ruéz par terre. L'assault fut aspre et merveilleux ; pluseurs glorieux fais d'armes resplendirent en cest estour. Le seigneur de la Freté s'y conduisy honnourablement et firent tant ses gens et sy bon devoir qu'ilz gaignèrent lesdis trenchis autour du bastillon. Mais tant multiplia le trait des assiegéz que les assaillans perdirent lesdis trenchis ; et y finèrent leurs vyes chevalereusement pluseurs nobles hommes qui, desirans honneur concquerre, furent pris au las de la guerre. Ceulx de Nuysse avoyent ung aultre bastillon grant et fort ou quartier des Lombars, comme leur refuge singulier, espoir total et garant salutaire, car ilz faisoyent leurs armées et monstroyent leurs puissances trop plus que aultre part, tant pour resister aux assaulx traversaires que pour assaillir les vassaulx adversaires mais il fut reversé en bas, abatu par terre, aterré en fons, fondefyé et porté jus par main robuste. Le duc de Bourgoigne avoit de coustume tousjours au nouvel an de renouveler les capitaines de ses ordonnances. Sy advint que Amé de Vaulperghe, ung très expert conducteur, eubt la charge de .C. lances que avoit paravant messire Josse de Lalaing,lesquelz furent translatéz de la grant ysle audit quartier. Luy, acompaignié de pluseurs nobles entreprenans bachelers, couvers de pavais, planches et instrumens invasifz, approcèrent ledit bastillon par telle audace et ferocité de hardiesse, en coppant les gros rudes chesnes dont il estoit composé, que, nonobstant les terrées grandes et espesses, ilz le desmembrèrent, rompirent et debrisèrent sy au vif qu'ilz trouvèrent la muraille et porte de la ville enfouyes dedens, qui tantot furent descouvertes non pas sans grant labeur et perte. Maistre Simon, ung bombardeur, Pierot et aultres y furent tuéz de leurs bombarde meismes et Amé de Vaulperghe dessus nommé, qui notablement s'y maintint, y fut blecié en la joe d'ung billon de courtault. Ceulx de Nuysse, trop durement aguillonnéz, voyans ce hideux reboutement, mortel peril et cruele renverse, firent ung aultre bastillon plus arrière en reculant dedens la ville, placqué par mirable artifice de terre et d'estrain, tant proprement qu'il sembloit chose faite par plaisance et non par constrainte, car ung festu ne passoit l'autre et estoit estoffé de canonnières belles et gentes et aultres deffenses terribles. Le duc, regardant ce nouvel bastillon sy promptement edifié, proposa de le destruire comme il avoit fait l'autre, non pas par hastif assault, mais par secrète continue labeur, et commanda à faire deux mines, l'une au guet des Lombars, à la destre main, emprès l'eaue des fosséz, et l'autre au quartier des Picquars, sur la rivière, au touquet de la ville, où les murs estoient abatus de bombardes et de canons. La Bregière fut approcye et subtillement affutée, laquelle avoit sieute de pluseurs courtaulx. Pyons pyonnoyent, manouvriers ouvrèrent, fossiers fossoyent et mineurs minèrent par telle diligence, en approchant la ville, que ceulx de dedens furent en adventure de perdre leurs brayes et firent ung contrefort de travers pour les preserver. Mais, finablement, après double crainte et paour inestimable, il gaignèrent ladite mine du costé des Lombars, comme il sera declairé plus avant en l'histoire.
De concessione amortizationis acquisitorum per dictam ecclesiam, et in perpetuum acquirendorum in casamentis et feodis, et de concessione plurorum hominum dicte ecclesie factis per Ducem Odonem.
Gilo, Dei gratia Senon. archiepiscopus, universis presentes litteras inspecturis, salutem in Domino. Notum facimus quod nos, interveniente assensu et voluntate tam Guidonis, dicti Lucratoris, de Malleio-Regis, qui fundator extitit domus-Dei de Malleio-Regis, quam Gilonis ejusdem ville presbiteri, volumus et concedimus quod religiose mulieres abbatissa et conventus de Nemosio, Cisterciensis ordinis, teneant, possideant et habeant in perpetuum dictam domum-Dei cum omnibus ad eandem domum pertinentibus, tam mobilibus quam immobilibus, habitis et habendis, acquisitis eidem domui et in posterum acquirendis. Erunt, etiam, dicte moniales, a prestatione decime presbitero de Malleio-Regis persolvende de nutrimentis suis et ortis infra clausuram propriam constitutis, dumtamen illa clausura sit circa locum in quo dicta domus-Dei ad presens sita est, libere penitus et immunes; tali tamen modo quod si dicta clausura ultra tria arpenta ad arpentum regis contineat tempore precedente de residuo, necnon et de omnibus teneturis quas eedem moniales deinceps acquisierint infra fines parrochie de Malleio-Regis, de quibus decima eidem ecclesie prestari consuevit, vel deinceps debeatur presbitero parrochiali ejusdem ecclesie, prestare decimam tenebuntur, renuntiantes quantum ad hec omnibus indulgentiis et privilegiis impetratis seu etiam impetrandis. In recompensationem, vero, dampnorum occasione hujusmodi concessionis habitorum seu etiam habendorum, dicte moniales promiserunt, coram nobis, se de cetero fideliter reddituras, annis singulis, dicto Giloni presbitero et ejus successoribus, viginti solidos turon. annui redditus, scilicet decem solidos in crastinum Pasche et decem solidos in festo Beati-Remigii. Nos, igitur, pium propositum ac devotionem dictarum monialium attendentes, ad petitionem ipsarum et aliorum bonorum virorum, premissa omnia, prout scripta sunt superius, volumus et auctoritate nostra diocesiana confirmamus. In cujus rei testimonium litteris præsentibus sigillum nostrum duximus apponendum. Datum, apud Naalliacum, anno Domini millesimo ducentesimo quadragesimo-septimo, in vigilia Sancti-Andree apostoli.
Notum sit omnibus futuris et presentibus quod Petrus Marmota consessit Deo et sancte Marie de Firmitate et monachis ejusdem loci omnem terram quam tenebat in parrochia sancti Ambrosii ab Ulrico de Baissei et Bernardo Sancti Ambrosii et habuit inde quinque solidos. Hujus rei testes: Galterius, capellanus sancti Ambrosii, Brunus de Peirola, Robertus Guillelmus.
Innocentius, episcopus servus servorum Dei, dilectis filiis abbati et conventui Sancti Benedicti Floriacensis salutem et apostolicam benedictionem. Nemini debet titulus servilis conditionis apponi qui privilegio debet libertatis gaudere. Inde est quod, ad exemplar felicis recordationis Alexandri papae praedecessoris nostri, auctoritate duximus apostolica prohibendum ne burgenses suos, qui infra tempus statutum legibus super statu suae conditionis nulla sunt questione pulsati, deprimere quisquam praesumat onere servitutis. Datum Viterbii, III kalendas junii, pontificatus nostri anno duodecimo.
Je Guillaumes, dit de Trenay, chevaliers, fays savoir à touz... que je, non mie deceu ne par barat ne par force menez, mais de ma propre volunté, ay vendu et ven à touzjoursmais à noble baron Jehan de Chalon, signour d’Allay et es suens, mon bois qui est appelez Champ Lierry, liquel bois siet selon le meis monsignour Jofroy de La Rive, d’une part, et selon le bois mons. Odon d’Allay, Estevenin de Ruffey et ces de Cherrin, d’autre part, et mon estanc de Lamestez et [l]es Boxcheroux et lour tegnement, et toutes les appertenances doudit bois, et mon bois qui est appelez les Chammes, liquel bois siet selon le bois adit mons. Jofroy, d’une part, et selon le bois de Valone, d’autre part; et generalment quanque je ay et puis et doy avoir, en quelque maniere que ce soit, dois la ville de Coge tanque Allay, en bois, en champ, en terres, en homes et en toutes autres choses, saul une piece de terre qui siet en Lameste et part à Hugue Dessus Les Autres, liquel piece de terre est dou fié audit Jehan de Chalon, et saul le fié que Odon de Blaterens tient de moy, et saul ce que j’ay ou dyeme de Blaterens; laquel piece de terre dessusdite, le fié et le dyeme je retien en ceste vendue à moy et es miens. Et ay vendu audit Jehan de Chalon les choses dessusdites pour trois cenz et quarante livres d’estevenans bons et loiaux, lesquex j’ai heu et receu doudit Jehan de Chalon en nom de pris en bons deniers nombrez, et m’en tieng pour bien paiez... En tesmoignaige de laquel chose, j’ay fay seler ceste presente lettre dou seal de l’onorable chapitre de l’iglise Saint-Anatoile de Salins... Doné à Salins l’an de grace corrant par mil CC et octante, ou mois d’octembre.
EGO PETRVS Dei gratia Albanensis Episcopus, Cardinalis Romanæ Ecclesiæ. Quod in his partibus Burgundiæ, præceptis informatione domni mei VII. GREGORII Papæ, anno intronizationis eius VII. egi, ad posteritatis memoriam scripto annotatione transmittēdum ratum duximus. HVGO Cluniacensis Abbas, propter infestationes quæ inferebantur ab Episcopis Lugdunensi Matiscensi, Gebuino videlicet Landrico, suo principali loco Cellis, adiacētiis, misit domnum Hugonem Priorem ipsius CLVNIACI ad limina beatorum Petri Pauli, ad viscera paternæ pietatis domni mei supradicti beatissimi Gregorij Papæ, qui tandem post multiplicem diuersorum verborum trutinationem, tanti loci calamitati inquietudini compassus, me tantillum ad illas dirimendas ac determinandas delegauit. Quique veniens post multos labores sudores in iam dictum locum in die Purificationis B. Mariæ, tam in Capella eiusdem gloriosæ Virginis, quam in Monasterio sermone perorato, auctoritatem Pontificum Romanorū per priuilegia huic loco attributā publice corroborans, manifestaui: Capellas Capellanos, quos contra eadem Romana priuilegia Matiscensis Episcopus excōmunicauerat, absolui: si deinceps aliqua præsumptione excōmunicauerit, cum facere nullomodo possit, ne quisquā id obseruet, vel inde curet, omnes astantes commonefeci. Insuper vt nulla persona, eiusq. dignitatis vel potestatis, rapinas, prædas, siue aliquas infestationes loco isti, habitatoribus, atque confugientibus infra terminos subnotatos inferre præsumat, Apostolica mihi auctoritate concessa tali modo statui determinaui. Ego PETRVS Dei gratia Albanensis Episcopus, Legatus Apostolicæ Sedis, interdico ex parte omnipotentis Dei, B. PETRI Apostolorū Principis necnō etiam ex parte domni mei GREGORII Papæ, vt nullus omnino homo cuiuslibet potētiæ vel dignitatis huic Cluniacēsi loco infra terminos inferius adnotatos, homicidia, prædas, siue rapinas, vel aliquas inuasiones facere præsumat. Hi sunt autem termini: A riuo de Salna, ab Ecclesia Rufiacensis villæ, cruce de Lornant: a termino quoq. molini de Tornesac, per villam quæ dicitur Varenna: a termino etiam, qui dirigitur per........ ad riuum de Salnat. Si quis autem huius nostri interdicti, seu interminationis, inuētus fuerit violator siue infractor, ab hodierna die deinceps nouerit se vinculo anathematis innodādum, quousq. digna satisfactione pœniteat. Ammoneo etiam omnes milites, qui in his proximis nobis castellis habitāt, videlicet Branciduno, Berziaco, Buxeria, Seduno, Setgiaco, Oscella, vt ruricolis nostris seu rusticis, qui in circumiacentibus huic loco habitant villis, nullam læsionem vel torturam inferre præsumant. Malas quoque consuetudines, quas hactenus ab eis requisierunt, siue de conducto, siue de substantia eorū, vlterius ab eis non repetant, neq. inde eos aliquo modo vel apprehendere aut lædere præsumant. Sed his qui necdū has malas cōsuetudines requisierunt, ne imposterum eas requirant, interdicimus ex parte Dei, contradicimus, præcipue vero milites, qui in hac Cluniacēsi villa habitāt, hoc cauere monemus, ne huius mali cōcitatores fiant: quia quanto vicinius cōmanent, tāto eos oportet a seruorū Dei iniuriis abstinere. Quod si quispiā huius præcepti tenorē infregerit, supradictæ excommunicationis vltione feriatur, donec digna satisfactione pœniteat. Hoc peracto, colloquium cum Episcopis, propter quorum molestationē missus fueram, anno sequenti apud S. Bernardū habendū statui, in quo tantæ discordiæ malum, secundum informationem quam a domno meo Gregorio Papa acceperam, determinare valerem adiutorio omnipotentis Dei. Tandem post festum beatæ Agathæ VIII. Id Februar. Illucescente Franc. V. anno ab Incarnatione Domini MLXXVIII. Indict. II. ad supradictum locum venientes, præsentibus domno Warmundo Viennensi Archiepiscopo, domno HVGONE Cluniacensi Abbate, domno Aganone Eduensi Episcopo, aliquibus Abbatibus, cum aliquibus prudentibus viris, plurimis conuenimus domnum Landricum Matiscensem Episcopum, si vellet acquiescere subdi præceptis Apostolicis, ac nostræ paruitati, qui vice Apostolica fungebamur. Qui cum libenter se velle acquiescere respondisset, domnus Archiepiscopus Viennēsis querimoniam tam suam, quam Cluniacensis Monasterij his verbis fecit. Dudum, domne Cardinalis Legate Apostolicæ sedis, rediens Roma, præcepto domni GREGORII Papæ veni CLVNIACVM, nonnulla ex parte ipsius domno Abbati intimaturus. Tum quia tempus opportunum instabat faciendis sacris Ordinibus, iussus rogatus a domno Abbate fratribus, aliquos fratrum secundum authoritatem priuilegiorum Pontificum Romanorum ab olim ipsi loco datam ordinaui. His peractis, dum redirem, Matiscenses Canonici, insidiis mihi paratis, derepente fulti armata manu pedestri super me ac nostra irruerunt, baculum pastoralem cum propria lunica sagmario tulerunt, seruientes nobis cædentes valde dehonestauerunt, lanceam gutturi proprio admouentes, Ne viuat violator adulterator sponsæ S. Vincentij, clamabant, cum magno dedecore ad Cluniacum vellem nollem reuersus sum. Inde a domno Matiscensi, qui tunc aberat, iustitiam per litteras quæsiui, sed huc vsque minime impetraui, quæ a vobis, qui estis Apostolicæ sedis Legatus, mihi, domnis Cluniacensibus supplico fiat. Post hæc lecto beatissimi Papæ GREGORII VII. priuilegio, eundem Matiscensem anathematis iaculo perfossum comperimus, quoniam contra Romanorum decreta Pontificum, præcipue domni Gregorij, fecisse didicimus. Tunc eundem interrogauimus, vtrum priusquam Capellas Capellanos Cluniacenses excōmunicasset, hoc in priuilegio sibi interdictum fuisse cognouisset. Ille vero cum se priuilegium minime legisse fateretur, domnus Abbas Cluniacensis respondit. Nonne ego dixi vobis, vos priuilegiorū auctoritati obuiare, si vel Capellas vel Capellanos nostri Monasterij interdiceretis? Tandem cum nōnulla negaret, plurima negare nequiret, dixi ei vt aut culpam suam inde faceret, aut cū digna satisfactione se purgaret. Qui super hoc diu multumque conuentus, cum neutrū facere vellet, obstinentia sua exigente, a Pontificali Sacerdotali officio vsq. ante pręsentiam domni nostri Gregorij Papæ, cuius auctoritatem spernebat, eum suspēdimus. Tunc supradicti Matiscenses Canonici, audita sui Pontificis suspensione vltra modum efferati, addentes peiora prioribus, conuitia multa in nos intorserunt cum minis. Postea dehonestatores domni Archiepiscopi clericos laicos ab introitu omnium Ecclesiarū, a corpore sanguine Domini Iesu Christi, donec pœniteant, condigne satisfaciant, separauimus, quoscumque iniuste Episcopus excommunicauerat, secundum datam formam nobis absoluimus. Ad vltimum Lugdunensem allocuti sumus, vt sicut sapiens obediret præceptis Apostolicis, auctoritati qua nos informauerat domnus noster Gregorius Papa. Qui cū sæpe inuitatus ammonitus, nequaquā vellet obedire, eius faciente inobedientia, subnotatam, secūdum quod nobis erat præceptum, protulimus promulgationem. Quoniam frater noster Geboinus Lugdunensis Archiepiscopus, nec fraternę caritatis cōsilio, nec ęquitatis rationi, nec Apostolicis domni mei beatissimi Papæ Gregorij, cuius vice indigni fungimur, decretis præceptis vult acquiescere obedire, vt Ecclesias Cluniacensis Cœnobij, quas iniuste excommunicasse videtur, secundum tenorem impositæ nobis legationis velit absoluere, illas videlicet, quas ante cognitum prædicti domni nostri Gregorij Papæ decretū, siue per Apostolicorum cōcessionem priuilegiorum, siue aliter adquisisse tenuisse probatur. Ideo nos necessitate coacti, auctoritate beatorū Petri Pauli, sicut nobis iniunctum est, supradictas Ecclesias absoluimus. Si vero idem Archiepiscopus ira commotus easdem Ecclesias, siue Capellanos eorum iniuste interdicere pręsumpserit, talem interdictionem excōmunicationem irritā esse decernimus. Poliacum autē, quia sine Canonico iudicio, violenter eiectis Monachis, a Cluniacēsi Monasterio per iniustam expoliationē ablatum abstractum est, Apostolicæ æquitatis concessione Cluniacensi Cœnobio reddimus, vt libere possideat omnino præcipimus, Sanctimonialibus quæ prædictum Poliacum inuaserunt ex parte beatorum Apostolorum Petri Pauli præcipimus, vt vsque ad primam Dominicam proximæ Quadragesimæ eundem locum dimittant, eumque Monachis, quos eiecerunt, ex integro restituant. Quod si facere noluerint, ab introitu Ecclesiæ, corporis Dominici sanguinis, post prædictum terminū eas omnino separamus. Et ne in eadē Poliaci Ecclesia, quamdiu ipsæ Sanctimoniales ibidē remanere præsumpserint, diuinū officium celebretur, Apostolica interdictione prohibemus. Si quis autem clericorum aut laicorum prædictas Sanctimoniales contra indictum nostrum, ad obtinendum eundem locum, aliquo malo ingenio vel violētia adiuuare ac defendere ausus fuerit, sciat se ab omnium Ecclesiarum introitu, a communione corporis sanguinis Domini esse separatum, donec resipiscat.
Conditor omnipotens Deus humanæ fragilitati præcipit, ut de terrenis et transitoriis rebus sibi cælestia et eterna mercentur, inquiens: «Date elemosinam et omnia munda sunt vobis.» Igitur ego, in Dei nomine, Aldigerius, pro remedio animæ meæ, patrisque mei ac matris, dono Deo et sanctis apostolis ejus Petro et Paulo, ad locum Cluniacum, ubi excellentissimus ac Deo amabilis Odilo abba preesse videtur, aliquid de meo jure hereditario, quod conjacet in pago Matisconense, in agro Aggiaco, scilicet IIIIor curtilia in villa Iggiaco, et est unum ex illis in loco qui vocatur Jallo, aliud in loco qui nominatur Clusellis, et alliud in loco qui vocitatur In Prato Maigin, et aliud in loco qui dicitur Leboreth; et in villa Maisiaco curtilia tria, et unum campum in loco Beccuel, et duas perticas, et unum pratum, et duas perticas ad Pogeth, et aliam peciolam ad Vigiaco, et in Malesart duas perticas de campo, et in villa Vigiaco, in loco qui dicitur Belosia, unum mansum et duas rascias de vinea, et in villa Privisiaco unam rasciam de vinea, et in Maringeu unum curtile, et in villa Scola, in loco Monte Follecte, unum mansum, et in villa Berzosotz unum mansum et duas rascias de vinea ibi, et unum curtile. Hanc donationem in tali tenore facio, ut quandiu vixero teneam, et post discessum meum ad jam dictum locum omnia perveniant, et quicquid ex eis facere voluerint faciant; in presenti autem, in vestitura, omnia quæ sunt mea in villa Maisiaco ex integro trado. Si quis autem contra hanc donationem aliquam calumpniam inferre temptaverit, nisi citius ad emendationem congruam venerit, sit pars ejus cum illis qui dixerunt Domino Deo: «Recede a nobis, scientiam viarum tuarum nolumus.» Actum Cluniaco publice. S. Aldigerii, qui fieri et firmare rogavit. S. Constantii presbiteri. S. Bernardi presbiteri.
Universis præsentas litteras inspecturis, officialis curiæ Varziacensis salutem in Domino. Proposuerunt in jure coram nobis apud Karitatem religiosi viri, prior et conventus de Bello-Larrico cartusiensis ordinis, nomine suo et nomine dicti prioratus actores, contra Johannem Ducis dominum de Laterio, cum auctoritate Guillermi dicti Chacorat curatoris sui sibi a nobis ad litem dati reum quod cum dicti actores nomine quo supra fuissent et essent in possessione pacifica a multis annis retro percipiendi et habendi a tenentibus seu possidentibus Manærium de Laterio sex bichetos avenæ ad mensuram de Castro-novo anno. Quolibet, prædictus reus qui dictum Manærium tenet seu possidet, tenuit seu possedit, per duos annos nuper præteritos in solutione dictorum sex bichetorum ad dictam mensuram, licet super hoc legitime requisitus dictis duobus annis cessavit indebite, quare petebant dicti actores nomine quo supra ad eumdem statum percipiendi dictos sex bichetos avenæ reduci et ad solutionem duodecim bichetorum avenæ ad dictam mensuram anni redditus pro duobus annis, quibus cessavit sibi sic subtractorum dictum reum sibi per nos condemnatum cum auctoritate curatoris sui prædicti nostrum officium implere etc., protestato etc. cº, non astringere se etc. Lite igitur super hoc legitime contestata jurato hinc inde de calumnia posicionibus ex parte dictorum actorum contra dictum reum editis responssionibus ad easdem subsequtis, testibus productis in re diligenter examinatis, eorum attestationibus, publicatis, propositis hinc inde rationibus juris et facti quas utraque pars proponere voluerit, concluso in causa ceterisque rite peractis, tandem die lunæ post festum sancti Silvani coram nobis apud Karitatem ad diffiniendum in causa dictis partibus assignatis, Regnaudo de Chapis clerico pro dictis actoribus et Johanne de Choignia pro dicto reo dictarum partium procuratoribus cum litteris suis procuratoriis ad hoc sufficientibus de rato coram nobis in judicio comparantibus et a nobis instanter in causa diffinitis petentibus, nos Deum solum præ oculis habentes, habito super hoc juris peritorum consilio, consideratis etiam quæ nos tam de facto quam de jure movere poterant et debebant, dictum Johannem de Choignia procuratorem dicti rei, nomine ipsius rei, et ipsum reum cum auctoritate qua se deffendit, redictis actoribus nomine quo agunt, per nostram diffiniticiam sententiam condemnamus in petitis dictos procuratores, et reum eisdem actoribus in expensis legitimis condemnamus, quarum taxationem nostro judicio reservamus. In cujus rei testimonium sigillum nostrum præsentibus litteris diximus apponendum. Datum anno Domini Mº CCCº sextodecimo die lunæ prædicta. Daub. (probablement le nom, peut-être tronqué, du notaire).
Clemens, etc. (Mention dans Bull. Clun., p. 135, col. 2, nº 3.)
In nomine domini, amen. Anno jncarnationis eiusdem M° CCC° decimo nono mense mayo, nos Perronetus Beroigne de Verrangiis et Guiburgis eius soror omnibus notum facimus quod nos vendimus ac jmperpetuum quittamus Othenino de Verrangiis et suis dimidium jornale terre site in finagio de Verrangiis es arbues iuxta terram Johannis Regnaut et terram Symone relicte Villermi Gandey quod dimidium jornale liberum est pro duobus solidis dyuionensibus censualibus et decima, jtem dimidiam secturam prati siti in praeria de Verrangiis ou prey recoul juxta pratum neptum Vieneti le Rouhier et pratum dicti Parcenier que dimidia sectura libera est ab omni honere (sic), precio videlicet quatuor librarum et decem solidorum turonensium paruorum de quibus a dicto emptore tenemus nos plenarie pro pagatis, deuestientes nos de predictis venditis et dictum emptorem et suos corporaliter jnuestientes de eisdem, promittentes per juramenta nostra super sancta Dei euuangelia corporaliter prestita et sub obligatione omnium bonorum nostrorum predicta vendita prefato emptori et suis contra omnes perpetuo garantire nostris propriis sumptibus, omnibus exceptionibus que contra tenorem presencium possent obici seu dici renunciando penitus in hoc facto, et volumus nos compelli, etc. In quorum testimonium, etc. Actum in presencia Symoneti Judei notarii Roure, domini Lamberti de Thardo presbiteri et Johannis de Montebarro, testium ad hoc vocatorum anno et mense predictis.
Ego Isembertus, dominus Castri Allionis, inter alias totius orbis ecclesias præcipua religionis observantia Cluniacense cœnobium florere nostris temporibus audivi, tractus itaque odore unguentorum illius, operam dedi qualiter tantæ ecclesiæ possem spirituale beneficium promereri. Proinde uxoris meæ Gisberge, filiique mei Eblonis assensu et voluntate, dedi in eleemosinam Deo et prefate ecclesie in manu domni Hugonis abbatis insulam quandam, quæ vocatur Ayas, absque calumpnia vel consuetudine alicujus potestatis: dedi etiam totam ex integro liberam et quietam, sicuti mei juris esse dignoscebatur. Ita tamen ut nullus recedente mari in circuitu insule piscari presumat, nisi permissione monachorum in ea habitantium, ea tamen conditionis interpositione, quod de captura piscium, sive avium, tertia pars monachis restituatur. Dedi insuper monachis ibidem Deo servientibus de possessionibus meis medietariam scilicet de Conderia, quæ sita est in insula Oleronis, liberam et quietam absque ullius potestatis consuetudine; dedi exclusam de Borda, et duo molendina in nemore Fluriacensi, que feceram in loco qui dicitur Conca putrida, tali pacto ut tres pauperes inde pascerentur et essent vestiti. Dedi decimam vinearum que presentes et future erant in nemore Fluriacensi, et in circumadjacenti provincia; et de nemore similiter quidquid necessarium fuerit domui de Alodio ad constructionem domorum seu molendinorum, sive ad calefaciendum, vel ad alias res complendas. Hoc laudavit, hoc concessit, hoc confirmavit domnus meus Wido, comes Pictavorum, in manu domni Hugonis abbatis, ut in charta quam ipse comes in Aias componi fecit de libertate insule scribitur. Ac ne forte in posterum hec tam solempnis donatio seu confirmatio supervenientium posset cavillatione convelli, literarum nostrarum adibita est privilegialis auctoritas. Hujus rei testes sunt præfatus Hugo abbas, Odo Angeliacensis abbas, Ademars Lemovicensium abbas, Eblo filius meus, Josselins de Niort, Aimericus vicecomes, Hugo Burdot, Constantius Brunet et alii. Facta sunt autem hec anno incarnationis Domini millesimo septuagesimo septimo, Rome Alexandro papa secundo pontificante, in Francia rege Philippo regnante, Domino autem nostro per cuncta secula imperante.
Bartholomeus, Dei gratia Sancti Benedicti Floriacensis abbas totusque ejusdem ecclesie conventus, omnibus presentes litteras inspecturis salutem in Domino. Notum facimus universis quod Raginaldus de Sancto Aniano et Bernardus de La Broce, Adelina et Agnes, uxores eorum, quidquid habebant in prepositura nostra de Sancto Aniano lou Jaliart, tam in decimis quam in omnibus rebus aliis ad preposituram pertinentibus, nobis in perpetuum quittaverunt fide corporali prestita quod contra quittationem hujusmodi non venirent. Nos autem pro predicta quittatione dedimus eis unum modium sigali ad mensuram Soliaci in grangia nostra de Sancto Aniano ab ipsis et heredibus suis annuatim percipiendum. Quod ut ratum permaneat presentes litteras sigillorum nostrorum munimine fecimus roborari. Actum anno gratie 1228, mense julio.
Hac die mercurii XIIII mensis februarii, dominis decanos et capitulo ad sonum campane, hora solita, in capitulo congregatis, dominus Johannes Alepte retulit in capitulo, in absentia magistri Johannis Duploiz predictis omnibus dominis canonicis se heri, una cum dicto magistro Johanne Duploiz, ac me notario, personaliter accessise ad domum habitationis magistri Stephani Magnidoliarii primo, et ad domum magistri Guillelmi Hugonis, canonicorum deinde et eisdem duobus canonicis in dictis suis domibus personaliter repertis infirmis, ex parte capituli intimasse et nunciasse qualiter dicti domini decanus et capitulum, die lune ultima preterita in eorum capitulo ordinaverant et deliberaverant deberi procedere ad electionem cantoris dicte ecclesie Aut. quoniam ipsa cantoria vacabat per assecutionem decanatus Parisiensis a venerabili viro magistro Johanne Chanteprime, ultimo dicte ecclesie cantor assecuti seu acceptati, ipsisque debite intimasse quod ad hujusmodi electionem celebrandam assignatus erat terminus ad diem mercurii crastinam, videlicet ad hodie; et quod ad ipsam diem interessent si et prout ad eam vellent interesse; alioquin ad ipsius electionis celebrande procederetur, ipsorum absentia non obstante, prout foret rationis. Quorum duorum canonicorum uterque eis responderat et dixerat se esse infirmum, et ideo ad ipsam electionem non posse interesse commode, subdendo quod, prout eis videbatur, capitulum non poterat ad hujusmodi electionem faciendam procedere, cum super eadem cantoria lis penderet in romana cura, indecisa; nihilominus eis placebat quod capitulum in hoc faceret secundum quod melius et utilius sibi videretur expedire. Quaquidem relatione facta, prefati domini decanus et capitulum omnes concorditer per capita singulorum deliberarunt in dicta electione fienda fore per viam Sancti-Spiritus procedendum. Que siquidem via Sancti-Spiritus electa, nomine domini nostri Jesu-Christi prius invocato, omnes concorditer, nemine discrepante seu dissentiente, ad dictam cantoriam habendam et obtinendam, tanquam vacantem ad presens per assecutionem decanatus Parisiensis a venerabili viro magistro Johanne Chanteprime, nuper et ultime dicte cantorie cantoris, nunc autem Parisiensis decani, factam, aut alias quovis-modo, nominarunt et elegerunt unanimi consensu prenominatum dominum Johannem Alepte, succollectorem apostolicum, ibidem presentem, tanquam sufficientem et idoneum; ipsumque dominum Johannem Alepte, in omni jure et ad jus omne quod in ipsa cantoria dicto magistro Johanni Chanteprime, quomodolibet competebat seu competere poterat, tempore assecutionis dicti decanatus Parisiensis, seu alias quovismodo surrogarent, prout melius potuerunt. Et hujusmodi facta electione in presentia discretorum virorum dominorum Johannis Pioche, curati pariochialis ecclesie S. Renoberti Autissiod. et Johannis Chauchié, canonici ecclesie collegiate B. Marie-in-Civitate Autiss. presbyterorum, de jussu dictorum dominorum decani et capituli in dicto capitulo supervenientium, dicti domini decanus et capitulum, per os ipsius domini decani, predictam electionem sic ab eis per viam Sancti-Spiritus, ut prefertur, factam fuisse recitarunt et nuntiarunt. Deputarunt ergo venerabiles viros dominos Petrum Paterne et Andream Philippi eorum concanonicos, ibidem presentes et onus acceptentes, accessuros ad prefatos magistros Stephanum Magnidoliarii et Guillelmum Hugonis, et ipsis prefatam electionem et ejusmodum nuntiaturos, ab eisque scituros, suam super hoc voluntatem et deinde ipsam voluntatem suam ad statim dictis dominis decano et capitulo relaturos. Qui quidem missi, una cum notario et duobus testibus supra et infra dictis, ad mandatum dictorum dominorum proficiscentes, ad domum dicti magistri Guillelmi Hugonis primitus accesserunt, et sibi quem in domo sua personaliter receperunt ex parte capituli, per os dicti domini Petri Paterne, hujusmodi electionem sic factam, ut premittitur, nuntiaverunt, videlicet dictum dominum Johannem Alepte fuisse ab omnibus dominis de capitulo per viam Sancti-Spiritus concorditer electum: qui respondit et dixit quod in hoc non contradicebat, imo sibi optime placebat, eratque, ut sibi videbatur, ipse dominus Johannes Alepte sufficiens et idoneus ad dictam cantoriam et etiam majus beneficium obtinendum. Et postmodum ipsis missis, una mecum notario et dictis testibus, ad domum dicti magistri Stephani Magnidolearii accedentibus, ipsoque magistro Stephano in dicta domo sua personaliter invento et hujusmodi electione, per os dicti domini Petri Paterne nuntiata et intimata, dixit et respondit in effectu quod in hujusmodi electione non contradicebat, subdens quod nihilominus sibi videbatur, prout heri aliis missis a capitulo dixerat, ut dicebat, quod capitulum de hujusmodi electione fienda se intromittere non poterat, cum his super dicta cantoria in Romana curia penderet indecisa, et illico dicta responsione habita dicti domini Petrus Paterne et Andreas Philippi ad capitulum revenerunt, et premissa, omnia dictis dominis decano et capitulo eosdem expectantibus et retulerunt et nuntiarunt. Et ipsa facta relatione prefati D. decanus et capitulum per os dicti domini decani in mei notarii et testium predictorum presentia, petierunt a dicto domino Johanne Alepte, ibidem presenti, si dictam electionem, ut premissum est, de eo factam acceptabat et acceptare volebat: Qui quidem dominus Johannes, incontinenti et sine aliquo intervallo, eisdem domino decano et capitulo de hujusmodi honore sibi impenso gratias humiliter referendo, dictam electionem de se factam, ratam habuit atque gratam, et eam quantum in se fuit et potuit, acceptavit, protestando solemniter quod propter dictam electionem sic factam et per eum acceptatam non intendebat quovis modo ecclesie parrochiali de Crebano, quam obtinet de presenti, tacite vel expresse renuntiare, nec eam dimittere, donec et quousque de dicta cantoria fuisset sibi integraliter provisum, et ipsius cantorie pacificam possessionem assecutus extiterit, fructusque redditus et proventus levet et percipiat, libere et quiete ex eadem; ad quam protestationem dicti domini decanus et capitulum ipsum dominum Johannem Alepte.... et plenarie admiserunt et receperunt in quantum de jure fieri et potuerunt et debuerunt. De quibus omnibus et singulis, tam dicti domini decanus et capitulum quam prefatus dominus Alepte electus, petierunt et quilibet eorum petiit, per me notarium infrascriptum, sibi fieri publicum instrumentum. Acta sunt hec ubi supra, sub anno, indictione, die, mense, et ab electis quibus supra, presentibus supradictis dominis Johanne Pioche et Johanne Chauchie presbyteris testibus, etc.
In nomine Domini. Notum sit omnibus tam presentibus quam et futuris fidelibus quod Wicardus de Curte, frater Pontii, filius Giraldi de Curte, qui quasi hereditario jure possidebat quartam partem decimarum ecclesie de Mardubrio, per manum domni Landrici Matisconensis episcopi, reddidit Sancto Vincentio pro remedio sue anime et antecessorum suorum, ipsam partem quartam cum assensu uxoris sue Ardegaldis, eo tenore ut nullus heredum suorum, sive aliorum propinquorum, aliquam calumniam ecclesie Matisconensi ulterius inde faciat. Quoniam ipse, ut hec redditio per eum rata fieret, prius inde fratrem suum Pontium, qui aliam quartam partem in eisdem decimis habebat, per se et per amicos suos movit, ut suam si vellet ab eo emeret; quod postquam in eo remansit ipse supradicte ecclesie jus suum quod ei injuste ab antecessoribus suis ablatum cognoscebat, ut prediximus, reddidit et hoc cum consensu Humberti Beljocensis, cujus quasi feodum erat, qui canonicis Sancti Vincentii cartam fecerat. Testes hujus redditionis fuerunt Gerardus de Les Sallas, propinquus ejusdem Wicardi, Ugo Fuldradus, Berardus Verrinii, Stephanus Darbot, Pontius de Marinse, Stephanus Buterie.
Notum sit omnibus presentibus et futuris quod Ambianensis episcopus, nomine Gervinus, ecclesiam Altie dedit Deo et Sancte Marie Molismensi in manu domni Roberti ejusdem ecclesie primi abbatis apud Abbatisvillam in domo Hugonis Braconaris. Quam ecclesiam reddidit episcopo supradicto Hugo senioratus assensu, annuente filio suo Hugone, tali videlicet tenore ut donum supradictum esset adimpletum. Testes hujus doni fuerunt multi: Wascelinus filius Weneranni de Ruca, qui cum episcopo adstiterat; Willelmus de Warenna; item Willelmus monacus de Archis, qui cum abbate advenerat; Gaminus de Valcellis monachus; Hugo monachus de Montiniaco; Hatto capellanus; Berengarius monachus; Ramelinus miles filius Petri. Hoc donum supradictum, quia nundum Agnes uxor Hugonis suprascripti concesserat, postea coram multis testibus presente marito suo, apud villam Altie, in domo sua concessit et confirmavit ad opus ecclesie Molismensis. Hujus rei testes fuerunt: Acardus de Levunticurte, Paganus de Altia, Tierannus presbiter, Gregorius frater ejus clericus, et alii multi. Adauxerunt etiam dono supradicto domnus Hugo et uxor ejus sedem unius cambe et terram unius carruce et altare de Valcellis et dimidiam decimam corporis ecclesie, et mansum unum ubi construeretur horreum, et usuarium silve et aque necnon et herbe. Quam concessionem laudavit Fulcho archidiaconus Ambianensis presente Petro priore de Balniaco et Berengario priore de Lucoio. Intimamus etiam domnum Hugonem et uxorem ejus concessisse quicquid aliquis de suis hominibus teneret de feodo suo ad jus ecclesiasticum pertinente, si tamen ecclesie Altiensi darent.
STATVTVM est, ne finita Lectione refectorij, canistra iuxta morem antiquum ad suscipiendas panis reliquias per Refectorium vlterius deferantur. Causa instituti huius fuit, quoniam prius ea de causa canistra ad suscipiendas residui panis partes deferebantur, vt granatario, non eleemosynario, ad expendendum in posterum redderentur. Sed quia nunc nihil de pane refectorij granatario, sed totum eleemosynario redditur, visum est non esse necesse, vt vlterius eadem canistra per refectorium deferrentur.
Ego Godefridus, Dei gratia Lingonensis ecclesie dictus episcopus, tam futuris quam presentibus notum fieri volo, quod fratres de Valle Salvatoris dederunt se suamque possessiunculam Deo et Sancte Marie de Albaripa, in manu domni Raimbaldi, ejusdem loci abbatis primi, locum siquidem illum scilicet Vallem Salvatoris, quem pie memorie Robertus, Lingonensis episcopus, cuidam clerico nomine Guillelmo, natione Normanno, ad Dei servitium ibidem faciendum, edificandum donaverat. Quem ille, et qui cum eo erant fratres sub eo et post eum ex tunc et deinceps temporibus predecessorum meorum Lingonensium episcoporum, Joceranni scilicet, atque Willenci, aliis decendentibus, aliis succedentibus, usque ad tempus nostrum nulla eos perturbante calumpnia, pacifice possederunt. Hunc igitur locum sepedictum, domui dicte Alberipe et fratribus inibi Deo servientibus a supra memoratis fratribus datum, ego, justis ipsorum petitionibus non injuste annuens, benigne concessi, et sigilli nostri auctoritate confirmavi. Quique igitur predecessoris nostri supra nominati, episcopi Roberti, et nostre gratuita donationi obviare presumpserit anathema sit, donec inde congrue satisfaciat.
Ego Odo, dux Burgundię, notum facio presentibus et futuris me per manus domini Eduensis episcopi et abbatis Cisterciensis et fratris Guyardi, de Valle Holerun retinuisse Petrum de Planceio et infantes suos, et de manibus meis eum recepisse in hominem meum ligium, et ei etiam assignasse chasamentum, et ei concessisse quicquid de patre meo duce Burgundie apud Montleod tenuit cum alio chasamento et feodo quod de ipso habuit; pactus sum etiam ei quod cum bona fide tenebo sicut liberum hominem meum, nec ipse nec res ejus erunt in justitia vel potestate alicujus nisi in potestate proprię personę meę. Actum est hoc anno incarnationis Verbi, M° ducentesimo.
Prima trahit placidos pars pungit acuta rebelles quos ferit haec damnat quos trahit illa beat.
Anno ab incarnatione Domini .M. .C. .LXIII., ego Richardus de Seniceo do et concedo Deo et sancte Marie de Firmitate et monachis ejusdem loci quicquid habeo in decima tocius parrochie Sancti Ambrosii et quicquid habeo intra clausuram Perrerie et unam peciam terre juxta terram que est de manso Johannis Franci, laudantibus hominibus de quorum manso erat illa terra, et dedi illis cambium sub monte sancti Martini, ubi fuerunt vinee. Testes: Richardus de Ver, Gaufridus de Loasi, Robertus Barbarota, Bernardus de la Villa, frater ejus, Bernardus Girardus.
A paucis ministris Christianis ibi positi sunt martyres Dei secundo kalendas januarii sanctus Savinianus, Sanctus Pontentianus, sanctus Eodaldus.
In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, Amen. Ego Jacobus de Varennis, archidiaconus Trinorchiensis, compos mentis, meum facio testamentum in hunc modum. In primis instituo heredem meum dominum Guillermum Deree, militem; sepulturam meam eligo in cimeterio Sancti Petri Cabilonensis, et lego monachis ejusdem ecclesię centum solidos pro pitantia in die obitus mei, et quadraginta solidos pro anniversario meo annuatim ibidem faciendo, supra mansum Aymonis Bonet situm apud Lu; grangiam meam de Lu lego Jacobo, nutrito quondam Seguini, fratris mei, cum terra dou Groseal; ecclesię Sancti Vincentii Cabilonensis quartam partem decime de Varennis, cum magna grangia mea et virgulto, et columbarium situm ante ecclesiam dicti loci et cum duobus modiis vini quos habeo reddituales apud Sanctum Ysidorum supra vineam Letaudi, pro anniversario meo annuatim in dicta ecclesia Sancti Vincentii faciendo plenarie de pane et vino et denariis, et pro sex libris redditualibus quas habebunt duo presbiteri quilibet sexaginta solidos, qui celebrabunt in prefata ecclesia Sancti Vincentii divinum officium, pro remedio animę meę et antecessorum meorum, quos presbyteros ad presens instituo dominum Ebrardum, capellanum meum, et Clementem, clericum meum, quando erit presbiter. Item, do eisdem presbiteris medietatem domus meę sitę in vico Fabrorum apud Cabilonem in perpetuum, aliam vero quitto Lorete. Item, do eisdem presbiteris illud quod habeo apud Givriacum in perpetuum, scilicet, tertiam partem mansi Chanar, que tertia pars debet tertiam partem unius bicheti frumenti Cabilonensi ecclesię, et unum sextarium vini; vinea vero mea sita in eodem manso debet eidem ecclesię unum sextarium vini. Item, do eisdem presbiteris in perpetuum vineam meam sitam supra Morteres quę debet abbatię Sancti Petri Cabilonensis quattuor sextarios vini. Volo quod isti duo presbiteri celebrent alternis ebdomadis quotidie ad altare Beatę Virginis missam, quos presbiteros presentabit capitulo Cabilonensi quicumque pro tempore fuerit archidiaconus Trinorchiensis. Lego eisdem breviarium meum ad divinum officium faciendum ante dictum altare, et volo quod idem breviarium catena ferrea ligetur ante dictum altare ad pulpitum meum, quod pulpitum do et lego similiter pro eodem officio, et ut ibi dicant matutinale officium illi, qui non surrexerint ad matutinas si voluerint. Item, lego ecclesię Sancti Vincentii Cabilonensis omnes homines de vico de Mirandes, et omnes homines meos de Lu, cum predictis. Item, do, lego processioni centum solidos in die obitus mei; operi ecclesie Sancti Vincentii Cabilonensis quadraginta solidos; operi Sancti Petri Cabilonensis quadraginta solidos; magistro Garnero XC solidos, vicario suo XX solidos, clerico suo X solidos, succentori Cabilonensi duos bacones et duos bichetos frumenti; omnibus suburbanis Cabilonensibus cuilibet quinque solidos; magistro Joanni dicto de Poilleio duodecim bichetos avone et duas carras feni, quod fenum capietur apud Lu; illis qui me portabunt usque ad Domum Dei Cabilonensem, cuilibet duos sonidos, aliis vero qui me portabunt a dicta domo usque ad monasterium Sancti Petri Cabilonensis cuilibet duos solidos. Do, lego Domui Dei Cabilonensi XX solidos et unam culcitram cum cossino et cum duobus linteis; Domui Leprosorum Cabilonensium XX solidos et culcitram cum cossino, et duos linteos ecclesię de Varennis; do, lego alteram grangiam meam parvam sitam ante dictam ecclesiam et stagnum situm retro dictam grangiam, pro absolutione mea et meorum in perpetuum facienda, et pro anniversario meo et meorum ibidem singulis annis faciendo de tribus presbiteris, quibus dabitur a curato dicte ecclesie plenarie refectio, et post refectionem cuilibet XII denarios; omnibus presbiteris inter Graonam et Derro cuilibet V solidos pro remedio anime meę et meorum; leprosis de Ferreria unam secturam prati sitam in mole d’Ernes, et unam culcitram cum cossino; Ponti Graone unam culcitram cum cossino et in opere XL solidos. Item, do, lego fratribus Firmitensibus grangiam meam de Louvel, cum stagno et modino et cum appenditiis omnibus pro plenaria refectione faciendas, singulis annis conventui Firmitatis in die obitus Seguini, quondam fratris mei, pro remedio animę meę et meorum. Item, lego eisdem decem sextaria vini in meis redditibus de Varennis; ecclesie Belnensi sexaginta libras, conventui Dei Loci XX solidos pro pitantia. Item, do, lego Domui Templi Cabilonensis pratum quod dicta domus tenet a me in pignore pro centum libris Turonensium et illud eidem domui quitto pro dicta summa pecunie et pro remedie animę meę et meorum; sanctimonialibus de Lencherre XXX solidos; monialibus Sancti Juliani XX solidos; monialibus de Molesia XX solidos; ecclesie de Saules centum solidos pro uno missali emendo; Domui Dei de Givriaco XX solidos; Domui Dei de Rulliaco XX solidos; cuidam pauperi mulieri scilicet Petronille, filie sororis magistri Joannis de Poilleio, decem libras Divionensium supra meum vinum album de Jambles quod est in hospitio meo apud Cabilonem; Guidoni de Bois quoddam curtile situm apud Varennes ante grangiam cantoris Cabilonensis. Volo autem hanc ultimam voluntatem meam et dispositionem seu ordinationem de rebus meis et de legatis meis valere eo jure ultimę voluntatis quo melius valere poterit et fulciri, et volo quod si aliquid omissum est a me per venerabiles viros dominum decanum Cabilonensem et dominum archidiaconum Cabilonensom et Hugonem Berer, quos exequtores meos constituo, suppleatur, secundum quod viderint expedire, et volo quod dominus Guillermus Desreez, quem heredum meum institui, solvat debita mea et legata et clamores, secundum quod ordinaverint exequtores supradicti. Rogavi autem et vocavi ad hanc ultimam voluntatem meam testificandam testes dominum Pontium de Sisseio, canonicum Cabilonensem, dominum Constantinum de les Laiche, presbiterum, Girardum de Varennis, Petrum Quinez, Bernardum lou sommelier, Hugonem de Louant clericum, et magistrum Joannem de Poilleio. In cujus rei testimonium sigillum meum presenti scripto apposui, et rogavi venerabiles viros decanum et archidiaconum Cabilonensem, et dominum Pontium de Sisseio, canonicos Cabilonenses, quod sua de sigilla una cum meo apponant. Actum anno Domini M°CC°LVII° in vigilia Beati Andree apostoli.
Convenit inter fratres Clunienses et Girbertum laicum scamium quoddam in villa Galoniaco: dantes ei campum unum qui habet in longum perticas XXIII, et in una fronte III, et in alia IIII; accipientes ab ipso Girberto alium campum in ipsa villa, quem campum vocant ad Cumbam Sancti Ylarii, qui habet perticas XL in longum, et in transverso VI: eo tenore ut ipse Girbertus faciat ex ipso campo quicquid facere voluerit, et jam dicti fratres similiter agant. Actum Cluniaci publice, XIII kalendas aprilis, regnante Rotberto. S. ejusdem Girberti. S. Giperii, Duranni, Odmanni, Landonis, Ranaldi, Servatii. Warnerius scripsit.
Notum sit omnibus sub Christi norma degentibus, tam presentibus quam absentibus, quod placuit atque convenit inter Bernardum et uxorem suam, nomine Evanam, et domnum Odonem, Cluniensem abbatem, venerabilis memoriæ, ut terras eorum in pago Matisconensi, in agro Galloniacense, in villa cui dicitur Valo sitas, comutare deberent; et ita fecerunt. Dederunt primitus Bernardus et uxor ejus domno Odoni campum unum qui in Aves vocatur; terminatur a mane increpito, a meridie terra Sancti Petri, a sero terra Maimbodi, a certio terra Misiene cum suis heredibus; habet in longum XXXI perticas, in frontibus VI et pedes VI. Donamus quoque pratum cui dicitur in Belusia; a mane via publica terminatur, a meridie terra Maimbodii et Arnulfi, a sero terra Andree, a certio terra Sancti Petri; habet in longum perticas XXIII, in frontibus IIII perticas; etiam et alium pratum in eodem loco; terminatur a mane increpito, ab alia parte terra Sancti Petri et de alia terra Andree cum heredibus; habet in longum VIII perticas, in frontibus perticas IIII. Infra has terminationes et perticationes totum ad integrum vobis concedo ad faciendum quod volueritis. Si quis vero contradicere hoc vel calumpniare ausu temerario inflatus presumpserit, non vox ejus audiatur ab aliquo, sed beati Petri gladius super eum evaginetur ac vinculo anathematis tamdiu subjaceat quousque resipiscat, immo unciam auri secundum legem mundanam, judice cogente, invitus cui injuriam fecerit reddat, et nostra comutatio ita ut acta est permaneat, stipulatione subnixa. Actum Cluniaco, ubi scripta fuit. S. Gelonis. S. Rogerii. S. Girbaldi. S. Letaldi. Ego Johannes scripsi, dictavi die marcio, mense februario, anno VI regnante Rodulfo rege.
63[e évêque de Langres]. Hugo qui confirmavit monialibus de Vaubon ecclesiam dicti loci anno 1245, mense 7bris.
A touz ces qui verront ces presentes lettres, je, Richarz de Monbeliart sires de Autigny, fais sauoir que je hay receu de religioux homme et honeste labbe de saint Estienne de Diyon cinquante liures de bons petiz tournois par raison de vnes lettres saelees de seaul de dit abbe et de seel de son couvent, es queles lettres il est contenuz que messires Hugues de Chastel baillay an guarde et en deppost cent et cinquante liures de tournois doubles au dit abbe, par quoi des dites cinquante liures tornois je quittois le deuant dit abbe et man teins pour bien paiez. En tesmoing de la quel chouse, je Richarz dessus nommez hai mis mon seaul pendant en ces presentes lettres donnees a Saulon le diemoinge deuant la natiuité saint Jehan Baptiste lan de grace mil trois cenz et dix.
Dilectissime atque amabili conjugi mee Ermengardi. Ego Udulricus, vir ejus, pro amore et bona voluntate, concedo quasdam res juris mei, sitas in pago Lugdunensi sive Matiscensi, in primis de æcclesia que est in villa Balgiaco, in honore beati archangeli Michaelis, meam partem illi dono, et in villa Malecurtis mansum unum ubi Lotselmus manet, et in villa Cavaniaco mansum unum ubi Constantinus manet. Posthec dono ei omnia que simul conquesivimus et comparavimus et quicquid conquirere potuerimus inantea. Sunt autem he res in villis quarum nomina hec sunt: in Dipgiaco, et Giniaco, et Moncellis, et Uriniaco, et Odenta, et Fusciaco, et Aringas, et Montemarino, et Cavaniaco, et in villa Curtis Urse, quod simul conquesivimus, et in villa Privaties similiter. Igitur hec omnia supradicte uxori mee Ermengardi dono, eo pacto ut in vita sua teneat et possideat. Post illius discessum, ad infantes qui de me et illa nati sunt et nascentur he res perveniant. S. Udulrici, qui donationem istam fieri et firmare rogavit. S. Ottonis. S. Bernardi presbiteri. S. Richardi. S. Adalardi. Item Adalardi. S. Udulberti. S. Teudonis. S. Duranni presbiteri. Data per manum Rannulfi levite, mense novembri, indictione II, regnante Rotberto rege.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Notitie præsentium et futurorum commendatum sit qualiter, ego Willelmus, Nivernensis comes, vel quo fine querelas quas habebam adversus Sancti-Germani Autissiodorensis cenobii ecclesiam per manus Hugonis Autissiodorensis episcopi, cum Gervasio predicti cenobii abbate pacificaverim. Calumniabar res latronis in burgis castelli Sancti-Germani capti, et habere cum ipso latrone volebam. Amodo autem latronem habebo, sicut habere solebam; res vero ejus que in burgis eisdem erunt, nec calumniabor, nec requiram; sed si forte homo meus, liber vel servus, in latrocinio in burgis castelli Sancti-Germani captus fuerit, de eo clamor ad prepositum Sancti-Germani venerit, prepositus Sancti-Germani, et qui clamorem fecerit, capitale suum cum rectitudine habere fecerit, et justitiam suam ad prepositum pertinentem inde ceperit. Quod si ego, vel homines mei, latronem illum, hominem videlicet meum, et res suas habere voluerimus, et a preposito Sancti-Germani petierimus: si prepositus nobis reddiderit, suscipiemus; sin autem, quomodo non perdamus quæremus. De latrone quoque qui mihi vel hominibus meis redditus fuerit, sic pro posse nostro fideliter providebimus, ne malum inde ecclesie Sancti-Germani contingat. Mensuras vero annone et vini, quas in burgis Sancti-Germani, non tantum in castello, calumniabar in pace, Sancti-Germani, ecclesia deinceps possidebit, sed mensuræ castelli et burgorum Sancti-Germani mensuris meis equabuntur, et si postea quam equate fuerint, aliquis eas falsificaverit, sicut supra scriptum est de latrone, ita fiet de earum falsificatore. De infracturis, de assultibus, de seditionibus, de inventis, quæ ego calumniabar in burgis castelli Sancti-Germani, sive in viis publicis quæ in burgis sunt; sicut burgi comprehenduntur domibus, curtilibus, olchis, quam faciebam calumniam dimitto, excepto quod si homini aliquid forisfactum fuerit, homo meus capitale suum cum rectitudine habuerit, et ego meam rectitudinem ad me pertinentem. In placito generali, de hominibus meis qui in burgis castelli Sancti-Germani, vel in terra ejus, que est sub muro civitatis, habitant, ultra sex denarios monachi de ditiore non accipiant. Consuetudo vero lignarii a singulis a quibus accipitur, semel in anno accipiatur, tempore quod monachi elegerint. Quando autem vinum meum per bannum vendi faciam, tribus diebus in castello Sancti-Germani bannum meum observabitur, et post tres dies qui vinum in castello Sancti-Germani vendere voluerit, vendat. Custodes vero banni mei maneant in locis illis in quibus manserunt tempore Willermi consulis avi, mei. Guarennam autem leporum quam feceram, in perpetuum dimittam. Has autem querelas et calumnias supradictas, quas ego adversus ecclesiam Sancti-Germani faciebam, juraverunt homines Sancti-Germani decem: Ingelbertus prepositus, et alii novem sequentes; quod Willermus comes, avus meus, neque per rectitudinem, neque per consuetudinem eas habuerat, et ego eas dimitto. Sciendum quoque quod propter has dimissiones et has pacificationes, neque ego adversus ecclesiam Sancti-Germani perdo, vel ecclesia Sancti-Germani adversum me perdit hominem, vel feminam, vel terram, vel usum, vel consuetudinem, exceptis supradictis querelis et calumniis quas ego dimitto. Laudant hoc uxor mea comitissa Adalaida, et filius meus Guillelmus. Testes hujus rei sunt: Hugo abbas Pontiniacensis, (et alii XII qui scribuntur in carta). Actum est hoc Autisiodori, anno incarnati Verbi, M. C. XXI, indictione XIV, regnante rege Ludovico, anno regni sui XIV.
Michael, Dei gratia Senonensis archiepiscopus, et G., eadem gratia Nivernensis episcopus, omnibus ad quos littere iste pervenerint, in Domino salutem. Notum fieri volumus quod, cum causa que vertebatur de pluribus querelis infra nominatis inter venerabilem fratrem, Altisiodorensem episcopum, et dilectam filiam, abbatissam Altissiodorensem, nobis commissa esset auctoritate apostolica et, remoto appellationis obstaculo, terminanda, ac per testes idoneos et omni exceptione majores, post trinam etiam testium productionem, examinatione eorum diligentissime facta, nobis de cause merito et veritate constaret, nos, prudentum virorum ac peritorum in jure usi consilio, et ordine juditiario procedentes, predicte abbatisse per diffinitivam sententiam adjudicavimus ea de quibus inter eam et dictum episcopum controversia vertebatur: videlicet usuarium de mortuo nemore ad unam bigam, in omnibus nemoribus de Gia-Episcopi; et preterea presentationem super ecclesia de Coleingiis, et manum mortuam de omnibus hominibus ad prenominatam abbatissam pertinentibus in villa de Gia. Condemnavimus etiam dictum episcopum eidem abbatisse in hoc quod, pro terra Reginaldi Cheneveus, tenebitur idem episcopus solvere ecclesie Sancti-Juliani, singulis annis, in Natali Domini, unam quadrigam lignorum et unum boissellum bladi, uno anno ordei et alio frumenti et unum denarium. Et preterea ipsi abbatisse adjudicavimus laudationes et venditiones ejusdem terre, et quinque solidos et septem denarios Altisiodorensis monete quos prefatus episcopus tenebitur ei solvere annuatim, pro censu sue domus Altisiodorensis in qua ipse habet mansionem. In hujus itaque rei memoriam, presentem cartam notari fecimus et sigillorum nostrorum munimine roborari. Actum, anno Domini Mº Cº XCº septimo, mense septembri.
Domino sacrosanctę ęcclesię sancti Benigni, ubi ipse preciosus martir in corpore requiescit et Saron preesse videtur abba, Bertiloque corepiscopus et alia congregatio monachorum Deo servientium et sancto Benigno ministrare noscuntur. Ego, in Dei nomen, Fuscardus, pro remedio animę meę et matris meę Fulchilt, et pro peccatorum meorum minuatione, dono ad ipsam casam Dei campum unum qui est situs in pago Oscarense, in fine Aziriacense, ubi dicunt in plana Liscaria. Terminat ipse campus, de uno latere et duobus frontibus terra sancti Benigni, de alio latere ad ipsum donatorem, infra istas terminationes, ad seminandum modios III, totum ad integrum ad ipsam casam Dei dono, trado atque transfundo, ita ut ab hac die habendi, tenendi seu commutandi, vel quicquid ipsi rectores in honore sancti Benigni facere voluerint, liberam ac firmissimam in Dei nomen et in omnibus partibus sancti Benigni, habeant potestatem, nullo contradicente. Si quis vero, quod fieri non credo, si ego, aut ullus de heredibus vel proheredibus aut quelibet ulla opposita persona contra hanc donationem aliquam calumniam inferre temptaverit aut presumserit, non valeat evindicare quod repetit, sed inferat ad ipsa casa Dei auri untiam I et multa componat, et hec elemosina facta omni tempore firma et stabilis permaneat, stipulatione subnexa. Actum Aziriaco villa, publice. Signum Fuschardus prepositus. Signum Helias abba et diaconus. Signum Deodatus presbiter. Signum Restaldus presbiter. Signum Geraldus presbiter. Signum Acco. Signum Hosbertus abba. Signum Arnaldus diaconus. Signum Nevoinus presbiter. Signum Helgaudus diaconus. Signum Anselmus diaconus. Signum Rauduinus diaconus Signum Hilbuncus subdiaconus. Signum Fulcherius subdiaconus. Signum Ainricus subdiaconus. Signum Adalbertus subdiaconus.
IN Prouincia Lugdunensi, est Abbatia Cluniacensis, quæ est caput totius Ordinis Cluniacensis, situata in Diocesi Matisconensi, vbi non est certus numerus Religiosorum, sed ponuntur ibi secundum facultates, ante magnam mortalitatem quæ incœpit anno Domini 1346. durauit per tres annos, erant ibi communiter ducenti sexaginta Religiosi, debent ibi celebrari ordinarie decem nouem Missæ, sunt ibi quinque Officiarij perpetui, qui dicuntur quinque Obedientiæ, videlicet de Prioratu maiori, de Sacristia, de Decanatu, de Eleemosynaria, de Archidiaconatu. Prioratus S. Trinitatis Marciniaci, Eduēsis Diocesis, vbi antiquitus erant quatuor viginti decem nouem moniales, computato Priore, idque secundum opinionem monialium, nam non reperitur in aliquo loco scriptum, debent ibi dici cotidie, vltra alias Missas voluntarias, duæ Missæ cum nota. Sed de præsenti non sunt nisi quinquaginta moniales, quindecim puellæ, numerus Monachorum reductus per quandam diffinitionem ad duodecim, sunt ibi quatuor Officiarij perpetui. Prioratus de Cariloco, Matisconensis Diocesis, vbi antiquitus erant triginta duo Monachi, Priore computato, sed ab aliquibus temporibus non fuerunt nisi viginti sex monachi, debent ibi dici cotidie vltra Missas voluntarias, tres Missæ cum nota in Conuentu, vna alia pro defunctis sine nota, fit ibi vna eleemosyna de carnibus in carnispriuio, sunt ibi quinque Officiarij perpetui. Prioratus de Gigniaco, Lugdunensis Diocesis, vbi antiquitus erant, computato Priore, triginta duo Monachi, sed per diffinitionem factam anno millesimo ducentesimo sexagesimo sexto, fuerunt reducti ad numerum viginti quinque, debent ibi celebrari tres Missæ continue cum nota, sunt ibi decem Officiarij claustrales perpetui. Decanatus de Paredo, Eduensis Diocesis, vbi ab antiquo debent esse vinginti quinque monachi, Priore Montis-sancti Vincentij non computato, debent ibi celebrari continualiter tres Missæ cum nota, quarta sine nota, debet ibi fieri eleemosyna ter in hebdomada, omni die in Aduentu Quadragesima: notandum quod clare constat per litteras bonæ memoriæ domni Bertrandi Abbatis Clun. Anno Domini Millesimo trecentesimo decimo, quod debent esse viginti quinque monachi, in dicto loco Paredi. Vnitus fuit dictus Decanatus Monasterio Clun. Anno Domini 1344. Prioratus Nantuaci, Lugdunensis Diocesis, vbi debent esse viginti quinque monachi, debent ibi celebrari tres Missæ cum nota, debet fieri eleemosyna ter in qualibet septimana omnibus venientibus, debent dari tredecim præbendæ tredecim pauperibus, in festo B.M. Magdalenæ S. Petri. Prioratus S. Marcelli, Cabilonensis dioc. vbi debent esse viginti quinq. monachi, debēt ibi celebrari tres Missæ cum nota, quarta sine nota summo mane, de sancto Spiritu, fit ibi eleemosyna generalis, omni die Dominica, ter in hebdomada in Quadragesima in Aduentu, omni die transeuntibus. Omnes obedientiam debent facere in dormitorio sub pœna satisfactionis, nullus debet exire extra portas, sine licentia. Decanatus S. Viuentij de Vergeio, Eduensis Diocesis, qui est de tredecim Decanatibus qui dātur in beneficium, vbi debēt esse viginti octo monachi, licet consueuerint esse viginti, debēt ibi celebrari tres Missæ cū nota cotidie, in Aduentu quadragesima, quarta: pro Tricenario, antiquitus fiebat omni die eleemosyna, post fuit obseruatum quod non fieret nisi die Dominica, omni die transeuntibus, qualibet die debet fieri mandatum tribus pauperibus, cuilibet debet ministrari præbenda monachalis, ibi debet esse Superior socius in ordine, non debent exire religiosi locum de Vergeio sine licentia. Prioratus de Amberta, Lugdunensis Dioc. vbi antiquitus erāt viginti Monachi: sed postmodum fuit obseruatum quod non essent ibi nisi octodecim, debent ibi celebrari tres Missæ cum nota, debet ibidem fieri eleemosyna generalis ter in hebdomada, omni die transeuntibus. Prioratus de Salis, Lugdunensis Diocesis, in quo secundum diffinitionem anni trecentesimi quadragesimi quarti, fuit reductus numerus monialium, ad triginta moniales, debent ibi esse, Priore non computato, duo monachi: debet ibi dici qualibet die vna Missa cum nota, debet ibi fieri omni die Dominica eleemosyna generalis, semper transeuntibus. Prioratus de Magobrio, Eduensis Diocesis, vbi debent esse, Priore non computato, sex Monachi, debēt ibi celebrari cotidie duæ Missæ, debet fieri eleemosyna generalis omni die Dominica, semper prætereuntibus. Prioratus de Saltu, subtus Cosanum, Lugdun. Dioc. vbi debent esse, Priore non computato, duo Monachi, debent cantare omnes Horas, cotidie celebrare vnam Missam cum nota. Prioratus B.M. Magdalenæ de Cadrelis, alias de Charrolois, Eduensis Diocesis, vbi debent esse, Priore non computato, duo Monachi, debent celebrare cotidie vnam Missam cum nota. Eleemosyna fit ibidem superuenientibus prout videtur Priori, Monachis. Prioratus de Lusiaco de Semelaio, Niuernēsis Eduensis Dioceseon, vniti adinuicē: vnus Monachus debet ibi esse cū Priore, ante vnionem erat in quolibet vnus Monachus cum Priore, debent celebrare cotidie vnam Missam, debet fieri omni die eleemosyna in Lusiaco, fuit facta dicta vnio, anno Domini millesimo ducentesimo septuagesimo quinto, vel sexto. Decanatus Montis - Bertrandi, Lugdunensis Diocesis, qui est de mensa domni Abbatis, vbi debent esse, Decano non computato, duo Monachi, debet ibi celebrari vna Missa. Prioratus S. Petri Montis S. Ioannis, Eduensis Diocesis, vbi debent esse, Priore non computato, tres monachi, debent cotidie dicere omnes horas Missam cum nota, debet ibidē fieri eleemosyna generalis omni die Dominica, semper prætereuntibus, vel pauperibus vicinis. Prioratus de Talues, Lugdunensis Dioc. vbi debent esse, Priore non computato, tres monachi, debent cotidie dicere horas Missam cū nota, fuit obseruatum aliquibus temporibus, quod eleemosyna fiebat ter in hebdomada, aliquibus temporibus bis, aliquibus semel. Decanatus de Poilliaco, Lugdunensis Diocesis, in Foresio, qui est de mensa Conuentus, vbi debent esse, Decano non computato, duo monachi, debēt celebrare cotidie vnam Missam, sæpe cū nota, dicere horas simul, debet fieri eleemosyna generalis omni die Dominica, iuxta morem antiquum, specialiter cotidie transeuntibus, vel indigentibus. Prioratus S. Ioannis de Truando, Lingonensis Diocesis, vbi debent esse, Priore non computato, duo monachi, debet ibi celebrari cotidie vna Missa. Diebus festiuis debent dicere Missam, omnes horas Canonicas cum nota. Eleemosyna generalis debet fieri ibidem omni die Dominica, cotidie transeuntibus, vel superuenientibus. Prioratus SS. Nazarij Celsi prope Castrum de Borbonio Lancy, Eduensis Diocesis, vbi debent esse, Priore non computato, quinque monachi, debent ibi celebrari cotidie duæ Missæ, scilicet vna cum nota, alia sine nota, debet ibidem fieri eleemosyna generalis ter in hebdomada. Prioratus de Chādiaco, Lugdunensis Diocecesis, vbi debent esse, Priore non computato, duo monachi, Vicarius perpetuus, qui est de mensa Prioris, debet ibi cotidie celebrari vna Missa, tam per monachum, quam per presbyterum sæcularem, debet ibi fieri eleemosyna generalis omni die Dominica, cotidie omnibus transeuntibus aduenientibus. Prioratus B. Mariæ de Laudona, Vesontinensis Diocesis, vbi debent esse, Priore non computato, tres monachi, Vicarius perpetuus, qui est de mensa Prioris, debent ibi celebrari omni die duæ Missæ. Prioratus S. Romani, Eduensis Diocesis, vbi debet esse cum Priore, vnus monachus, Vicarius perpetuus, qui est de mensa Prioris, debet ibi cotidie celebrari vna Missa tam per monachum, quam per presbyterum sæcularem, debet ibidem fieri eleemosyna generalis omni die Dominica, cotidie omnibus aduenientibus. Prioratus de Contamina, Gebennensis Diocesis, vbi debent esse duodecim monachi, Priore computato, debent celebrari duæ Missæ alta voce, vna submissa voce, fieri eleemosyna. Sequuntur Prioratus immediate subditi Prioratui de Contamina. Prioratus de Silnigiaco. Prioratus de Ties. Prioratus de Rosaco, vbi debent esse, Priore computato, quatuor monachi, duodecim moniales. Sequuntur Prioratus immediate subditi Prioratui de Gigniaco. Prioratus Castri Salinensis, Vesontinensis Diocesis, octo monachi, Priore computato. Prioratus de Bella-valle, Gebennensis Diocesis. Prioratus de Clara-valle, Vesontinensis Diocesis. Vnus Monachus Prior. Prioratus de Marbosio, Lugdunensis Diocesis. Prioratus de Clausa S. Bertrandi Gebennensis Diocesis. Prioratus de Albino, Gratianopolitanensis Diocesis. Prioratus de Castro-Chiurel, Lugdunensis Diocesis. Vnitus officio Camerariæ Gigniaci. Prioratus Doucieul, Lugdunensis Diocesis. Prioratus de Tresfort, Lugdunensis Diocesis. Prioratus Doucieure, vbi debent esse, Priore computato, tres Monachi, vnus presbyter sæcularis, commensalis. Prioratus de Chatenay, Vesontinensis Diocesis, vbi debent esse, Priore computato, duo Monachi. Prioratus d’Ilay, Vesontinensis Diocesis. Vnus Monachus Prior. Prioratus S. Laurentij de Rupe, Vesontinensis Diocesis. Vnus Monachus Prior. Prioratus de Chambournay, Vesontinensis Diocesis, vbi debent esse, Priore computato, duo Monachi. Prioratus de Marnay, Vesontinensis Diocesis. Vnitus Eleemosynario Gigniaci. Prioratus Pontis Indis, Lugdunensis Diocesis. Sequuntur Prioratus immediate subditi Prioratui de Nantuaco. Prioratus de Pomeriis, in Foresio, Lugdunensis Diocesis, vbi antiquitus erant decem Monachi, computato Priore communiter, tot debent esse, vltra, videlicet duodecim secundum diffinitionem anni ducentesimi nonagesimi noni, sed ab aliquibus temporibus citra non fuerunt, nec adhuc sunt nisi octo Monachi, debent ibi celebrari cotidie duæ Missæ, videlicet maior matutinalis, debet ibi fieri eleemosyna generalis omni die. Prioratus de Villeta. Prioratus de Traffortio, de mensa Prioris Nantuaci. Prioratus Montis-Lupelli, in valle bona. Prioratus Villæ, in Michalia. Prioratus de Quercu. Prioratus de Asserento. Prioratus de Remeliaco. Prioratus de Talusiaco, alias de Talissun. Prioratus de Ocellis. Prioratus S. Martini in Tarentesia. Sequuntur Prioratus immediate subditi Prioratui de Cariloco. Prioratus S. Ioannis Thisiaci, Matisconensis Diocesis, in quo debent esse, Priore non computato, quinque Monachi. Prioratus S. Nizecij, Matisconensis Diocesis, vbi debent esse, Priore non computato, quatuor Monachi. Prioratus S. Martini de Rigniaco, Matisconensis Diocesis, in quo debent esse, Priore non computato, quinque Monachi, ibi celebrari cotidie duæ Missæ, videlicet vna cum nota, alia sine nota. Sequuntur Prioratus immediate subditi Prioratui de Marcigniaco. Prioratus S. Michaelis de Burgo de Zemora, in Hispania, vbi debent esse duo Monachi, cum Priore. Prioratus de Balma-cormeliana Valentinensis Diocesis, in Prouincia Prouinciæ. Prioratus de Aqualia, Leodicensis Diocesis. Prioratus B. Ioannis de Corello, Eduensis Diocesis. Prioratus de Montosis, Santonensis Diocesis prope Cogniacum. Prioratus de Fontanis, vnitus prædicto Prioratui de Montosis, seu Montonis. Prioratus S. Lupi, Niuernensis Diocesis prope Desisiam. Vnitus Prioratui S. Trinitatis Marcigniaci. Prioratus de Failihigia, Sarisburiensis Diocesis, in regno Angliæ. Debet de annua pensione singulis annis in festo S. Fidis, Priori de Marcigniaco, per concordiam factam inter Priores, Conuentus dictorum locorum, ratione dictorum maneriorum quæ Prior Conuentus Marcigniaci habebant in dicto Regno Angliæ, quinquaginta quinque marchas sterlinorum, valet quælibet marcha, duos nobiles auri. Prioratus S. Ioannis de Oreolis, Valentinensis Diocesis. Sequuntur Prioratus immediate subditi Prioratui S. Marcelli Cabilonensis. Prioratus de Mostranto, supra Trenam, vbi debent esse, Priore computato, tres monachi. Prioratus de Ruffeio, vbi debent esse duo monachi. Prioratus de Donna-petra, in Comitatu Burgundiæ. Prioratus de Floriaco, qui est hodie de mensa Prioris S. Marcelli Cabilonensis, debent esse ibi duo Monachi ad minus, qui debent celebrare vnam Missam omni die, debent dicere horas simul, diebus festis, in quadragesima debent dicere horas cum nota, debet pulsari ad omnes horas, nocturnas diurnas, antiquitus erant quatuor monachi. Prioratus de Pontouz, qui est vnitus dicto Prioratui S. Marcelli. Sequuntur domus immediate subditæ Sacristiæ Cluniacensi. Domus de Villa-noua, vbi debent esse duo monachi, debet ibi celebrari vna Missa cotidie cum nota, debet ibi fieri eleemosyna generalis in hebdomada. Domus S. Victoris, vbi debent esse duo Monachi, debet ibi celebrari singulis diebus vna Missa cum nota, per vnum Monachorum, qualibet hebdomada duæ vel tres Missæ per Vicarium perpetuum, debet fieri eleemosyna bis in hebdomada, quotidie transeuntibus. Ecclesia S. Preiecti est de pertinentiis dictæ domus, de eius præsentatione. Domus de Alto-iugo, ubi debent esse duo Monachi, debet ibi celebrari cotidie vna Missa, omni die debet ibi fieri eleemosyna. Domus S. Mammerti, non reperitur quod ibi debeant esse Monachi. Prioratus Daysino, immediate subditus Decanatui de Vergeio, vbi debent esse, Priore computato, duo Monachi. Prioratus Montis S. Vincentij, immediate subditus Decanatui de Paredo, vbi debent esse, Priore computato, duo Monachi. De Prouincia Franciæ. In Prouincia Franciæ, siue eius visitatione, est Abbatia Belli-loci in Argonia, Virdunensis Diocesis prope Syluam d’Ardaine, vbi non est certus numerus Monachorum, sed communiter consueuerunt esse viginti Monachi, debent ibi celebrari cotidie tres Missæ cum nota, eleemosyna generalis debet ibi fieri ter in hebdomada, aliis vero diebus, cunctis transeuntibus. Obedientiarij faciunt suas hebdomadas sicut alij claustrales, licet pro suis officiis equitent, sine licentia, tamen in villam non vadunt, sine licentia speciali, tunc non datur vni soli: nec comedere vel bibere debent in villa. Et antequam subiicerentur Ecclesiæ Cluniac. ludentes ad taxillos, exeuntes septa Monasterij de nocte, incurrebant sententiam excommunicationis. Secundum reductionem taxata est pro sexcentis decem libris Turonen. Camerarius eiusdem loci, pro nonaginta tribus libris, decem solidis. Et Infirmarius Belli-loci pro sexaginta libris Turonen. Thesaurarius pro sexdecim libris Turonen. Prior dicti loci, sancti Medardi, pro decem libris Turonen. Prioratus B. Mariæ de Charitate, ad Ligerim, Antissiodorensis Diocesis, vbi non est certus numerus Monachorum, tamen anno trecentesimo quadragesimo tertio, erant ibi quatuor viginti Monachi, debent ibi celebrari cotidie octo Missæ, videlicet tres cum nota, quinque sine nota. Tamen aliquibus temporibus retroactis fuit obseruatum quod erant nouem Missæ cotidie, aliquibus temporibus secundum visitationem anni nonagesimi primi, vndecim Missæ cotidie. Eleemosyna datur omni die omnibus affluentibus, decima pars panis qui decoquitur, debet dari eleemosynæ. Qui Prioratus a bonæ memoriæ Gaufrido Antissiodorensi Episcopo, Guillelmo Niuernensi Comite, Bernardo de Caulant, aliis fidelibus, ad quorum ius locus ipse, tam in temporalibus, quam in spiritualibus permanebat, Cluniacensi Monasterio a prima fundatione oblatus est, tempore beati Hugonis, anno Domini Millesimo. Sunt ibi quatuor Officiarij perpetui, scilicet Infirmarius, Sacrista, Camerarius, Eleemosynarius. Prioratus S. Martini de Campis, Parisiensis Diocesis, vbi non est certus numerus Monachorum, sed communiter consueuerunt esse sexaginta Monachi, debent ibi celebrari cotidie septem Missæ, tres cum nota, quatuor sine nota, licet aliquibus temporibus fuerit obseruatum, quod celebrabantur octo Missæ cotidie. Eleemosyna debet dari cotidie pauperibus Clericis. Et suit fundatus per Regem Henricum Franciæ, Anno millesimo sexagesimo, in quo instituit Canonicos regulares, instituit ibi Abbatiam. Et anno 1079. Philippus Rex Franciæ eius filius, dedit dictum locum Clun. Monasterio, tempore B. Hugonis Abbatis, pro remediis animę suę, omnium Regum antecessorum suorum. Sunt ibi quatuor Officiarij perpetui, scilicet Cellerarius magnus, Sacrista, Infirmarius, Hostellarius. Prioratus SS. Petri Pauli de Coinciaco, Suessionensis Diocesis, vbi debent esse, Priore computato, triginta sex Monachi, debent ibi celebrari cotidie tres Missæ cum nota, quarta sine nota. Et die Sabbati debet celebrari quinta de B. Maria Conuentualiter, debet dici officium B. Mariæ cum nota, omni die debet fieri eleemosyna omnibus affluentibus, a festo B. Remigij, vsque ad festum B. Ioannis Baptistæ, aliis vero diebus prout est in dicto loco assuetum. Et Obedientiarij iacentes in Cameris, debent habere lectos regulares, ad idem debent habere Monachi existentes in Prioratibus sibi subditis. Secundum reductionem taxatus est pro octingentis quinquaginta libris Turonensibus. Sacrista de Coinciaco pro quinquaginta libris Turonen. Camerarius de Coinciaco, pro centum libris Turonen. Sunt ibi quatuor Officiarij perpetui, nempe Camerarius, Præpositus, Eleemosynarius, Sacrista, Capellanus S. Barbaræ. Decanatus S. Petri de Lehuno, in sanguine terso, Ambianensis Diocesis, qui est de tredecim Decanatibus qui dantur in beneficium, vbi debent esse, Decano computato, viginti quinque Monachi, debent ibi celebrari cotidie tres Missæ cum nota, vna sine nota, vna alia, quæ est quinta, fuit ordinata per quemdam Decanum. Eleemosyna debet fieri generalis cotidie omnibus affluentibus, sunt ibi duo Officiarij perpetui, nempe Præpositus Thesaurarius. Prioratus S. Petri Abbatis-villæ, Ambianensis Diocesis, vbi debent esse cum Priore, viginti quatuor Monachi, debent ibi celebrari cotidie tres Missæ cum nota, duæ sine nota. Vltra prædictas Missas, sunt ibi ordinatæ certæ Capellaniæ, pro quibus celebrantur etiam cotidie quatuor Missæ ab antiquo. Die Dominica datur eleemosyna omnibus affluentibus, aliis diebus fragmenta Prioris, Conuentus, hospitum, decima pars totius panis cocti in domo, pauperibus datur, iacentes extra dormitorium debent habere lectos regulares, debent ministrari vestiaria regularia sicut in Cluniaco, debet claudi claustrum post Completorium. Sunt etiam quædam aliæ Missæ vltra prædictas. Sunt ibi tres Officiarij, nempe Præpositus, Sacrista, Cantor. Prioratus S. Lupi, de Asserento, ad Ysaram, Bellouacensis Diocesis, vbi debent esse, Priore non computato, viginti quinque Monachi, debent ibi celebrari cotidie tres Missæ cum nota, tres sine nota, debet ibi fieri omni die eleemosyna omnibus affluentibus, incontinenti post Completorium clauditur claustrum, omnes debent iacere in vna domo, comedere insimul. Sunt ibi quatuor Officiarij perpetui, nempe Præpositus, Sacrista, Eleemosynarius, Cantor. Prioratus sancti Arnulphi de Crispeio, Syluanectensis Diocesis, vbi debent esse, Priore computato, viginti octo Monachi, debent ibi celebrari cotidie quatuor Missæ cum nota, duæ sine nota. Eleemosyna fit bis in hebdomada omnibus affluentibus, aliis vero diebus, cunctis per dictum locū transeuntibus, clauditur claustrum, dicitur Missa ordinata pro Rege Sicilię. Sunt ibi quatuor officiarij, nempe Præpositus, Sacrista, Cantor, Infirmarius. Decanatus B. Mariæ de Gaya, Tricassinēsis, siue Trecensis Diocesis, qui est de tredecim Decanatibus qui dantur in beneficium, debent ibi esse cum Decano viginti Monachi, debent ibi celebrari tres Missæ cū nota, duæ sine nota cotidie, fit ibi eleemosyna qualibet die omnibus superuenientibus, tribus pauperibus datur præbenda Monachalis excepto vino, in quadragesima adduntur duæ Missæ sine nota. Omnes Obedientiarij iacentes in Cameris, etiam subditi Decanatus prædicti, debent habere lectos regulares, debet claudi claustrum. Sunt ibi tres Officiarij, nempe Præpositus, Sacrista Camerarius. Prioratus B. Mariæ de Longo-ponte, Parisiensis Diocesis, vbi debent esse cum Priore, viginti duo monachi, debent ibi celebrari cotidie tres Missæ cum nota, quarta sine nota, debet fieri eleemosyna ter in hebdomada, Obedientiarij debent habere lectos regulares. Prior non debet iacere sine socio monacho. Ibi sunt quatuor Officiarij perpetui, scilicet Eleemosynarius, Camerarius, Sacrista, Cantor. Decanatus S. Dyonisij, de Nogento Retrodi, Carnotensis Diocesis, qui est de tredecim Decanatibus qui dantur in beneficium, vbi debent esse Decano computato, viginti Monachi, quando Prioratus erant viginti septem. Debēt ibi cotidie celebrari tres Missæ cum nota, quarta sine nota, debet ibi fieri eleemosyna qualibet die omnibus aduenientibus, Subprior non debet dare licentiam Monachis eundi in villam, quando Decanus est præsens in domo. Panis Conuentus est ibidem certi ponderis, datur cuilibet Religioso sub certo pondere. Anno 300. fuit ibidem ordinatum per visitatores quod de pitantiis, seu legatis, pecunia non tradatur, sed in tunicis, pitantiis, in vsus communes expendatur. Prioratus S. Salui de Valenciniis, Cameracensis Dioc. vbi debent esse cum Priore viginti octo Monachi, debēt ibi celebrari cotidie duæ Missæ cum nota, tertia sine nota. Eleemosyna generalis ter in hebdomada debet ibidem [...]
Sciant omnes, quod donum quod Girardus de Moliera fecit, de terra quæ decitur ad mansum superius adnotatum est. Denique aliquanto post tempore quibusdam querelis obortis, donum ipsum causare cepit; sed proborum hominum ratione et consilio convictus, laudante filio suo, quod prius fecerat, conformavit, et fratribus Agninifontis, ipsam terram in perpetuum liberam tenendam uterque concessit. Factam est donatio hæc apud Relenpuntem, in manu Domni Herberti Abbatis. Testes sunt, Rodulfus de Collens, et Vuido venator, canonici Lingonenses, Hugo de Tuveria, et Vuilencus milites de Nonjant, Ebrardus magister molmenti. Hanc donationem laudavit uxor Girardi, apud Clarummonte, et filia ejus, præsentibus Gisberto et Seguino canonicis sancti Stephani, et Duranno Roncha canonico Lengonensi. Affuerunt, etenim testes Ubricus Capellanus Clarummontis, Boninus Clericus, Hugo Miles de Ello, Girardus famulus. Apud Varennas laudaverunt hoc donum, filiæ Girardi, Agnes uxor Arlebaudi, et Letuidis soror ejus, coram Vuileneco de Chosiul priore de Varennis, et Petro monaco, et Dominico presbytero, et Mathia famulo monachorum Preterea rememorandum videtur quod ipse Girardus, filium suum, Galtericium dictum, pro canonico reddidit. Hoc pacto interposito, quod post acessum temporis, si puer levitate animi inde moveretur, nullum tamen detrimentum et remotionem prædictum donum pro inde consequeretur, his affuit, et omnino, ut prædiximus concessit, filius ejus Fulco, aput Relenpuntem, quando et pro hujus rei recognitatione et confirmatione, ab Aymone priore Agnini fontis Sexagenta Solidos acciperunt.
Universis presentes litteras inspecturis, ego Hugo miseratione divina episcopus Eduensis, sanus mente licet infirmus corpore, notum facio quod ego testamentum meum seu extremam voluntatem meam, in quo testamento seu extrema voluntate hic presens codicillus annexus est, approbo, ratifico et confirmo, illis tamen additis et remotis et declaratis que secuntur: videlicet quod cum in testamento meo contineatur quod ego do et lego cuilibet canonico Eduensi presenti in ipsa ecclesia die obitus mei decem solidos semel; item, cuilibet presbitero, quinque solidos; item, cuilibet diacono, tres solidos, et cuilibet subdiacono, duos solidos, et cuilibet clerico, duodecim denarios, et cuilibet pauperi presenti die obitus mei volo quod detur una denariata panis semel: ordino in hoc codicillo et declaro predicta: ita videlicet quod ego do et lego cuilibet canonico Eduensi decem solidos semel, dum tamen sit presens in ecclesia Eduensi die obitus mei; item, cuilibet presbitero de choro Eduensis ecclesie, quinque solidos; item, cuilibet diacono de dicto choro, tres solidos, et cuilibet subdiacono de dicto choro, duos solidos, et cuilibet clerico de dicto choro, duodecim denarios: dum tamen presbiteri, diaconi, subdiaconi et clerici predicti sint presentes die obitus mei in ecclesia Eduensi; item, clausulam supradictam, videlicet, cuilibet pauperi presenti die obitus mei, volo quod detur una denariata panis semel, revoco et adimo de dicto testamento meo seu extrema voluntate mea. Hujus autem codicilli mei ac etiam testamenti mei predicti seu extreme voluntatis mee executores facio, ordino et constituo venerabiles viros et discretos dominos Guidonem de Castro Novo decanum Eduensem, Iohannem de Sinemuro archidiaconum Flavigniacensem in ecclesia Eduensi, et magistrum Galterum de Chamgiaco canonicum Matisconensem, una cum aliis executoribus meis in dicto testamento contentis: et volo quod si omnes predicti executores non potuerint aut noluerint interesse ad exequendum omnia et singula in testamento et codicillo hujusmodi contenta, quod duo eorum possint exequi et exequantur eadem. Huic vero codicillo meo testes advoco dilectos in Christo Guidonem de Arcyaco fratrem meum, Hugonem de Arcu canonicum Eduensem, Petrum curatum de Sauceyo, Radulphum de Chanmto et Guillemum de Disesia capellanos meos, rogans eos ut sigilla sua in hoc codicillo aperto annexo ut predictum est una cum sigillo meo apponant in testimonium hujus rei: et nos dicti Guido, Hugo, Petrus, Radulphus et Guillemus, presentes coram dicto domino episcopo et rogati sigilla nostra in hoc codicillo una cum sigillo suo duximus apponenda. Datum anno Domini millesimo ducentesimo nonagesimo octavo, die jovis ante festum beati Michaelis, apud la Toison.
Ego Odo, dux Burgundię, notum facio presentibus et futuris quod Matheus, miles, de Laniis, in presentia nostra constitutus, profecturus peregre contra provinciales hereticos, recognovit quod fratres Fonteneti habent a domino Rogerio de Curterabodi terciam partem in omnibus nemoribus de Laniis et de Foresta, et pasnagio, et apibus, et quod nullus participum dominorum potest aliquem conducere in predictis nemoribus, preter suos proprios homines, qui sunt estagii in villa de Laniis. Recognovit nichilominus idem miles quod dicti fratres Fontenetenses habent suam justiciam, sicut sui cumparticipes in omnibus supradictis. In cujus rei testimonium, ad utriusque partis instantiam, presenti cartę sigilli nostri apposuimus firmamentum. Actum est hoc anno Gratię, millesimo ducentesimo nono mense julio.
Omnipotentis edoctus consilio, simulque illud considerans, quod pro omnibus, quæ in hac vita geruntur, aut puniatur quisque, aut remuneretur a Christo, deliberavi ego Joffredus cum uxore mea Gertrudi, et Hugone filio meo, vitæ meæ tempus et dies quoniam mali sunt, redimere. § Concedo igitur cum uxore mea et filio Ecclesiæ sancti Petri Besuensis, quidquid apud Lentiliacum habeo in ipsa villa, et in campis, et in pratis, et in aliis appenditiis, ita ex toto liberrimum, sicut umquam liberius ab antecessoribus meis, seu a me possessum est. De sylva illa quæ vocatur Broulz medietatem a parte villæ Lentiliaci, omnino ab omni consuetudine liberrimam possideat. In alia medietate mea, Monachi et homines, ac mulieres qui apud Lentiliacum manebant libere, et consuetudinaliter sibi, et bestiis suis procursum habeant. Ingressus usque in eam partem sylvæ, quæ mea est, erit ab ea parte, quæ angulus lirratus dicitur: et eo tenore, ut si in eundo dampnum nesciens factum fuerit, simpliciter reddatur; si vero scienter, aut exspectando, dampnum cum lege restituetur. Quod si guerra mihi, aut heredibus meis supervenerit, a castello Fontis-vennæ, aut ab Aquato, aut a Chargeiaco, ingressus usque in meam partem sylvæ, erit mihi et meis per antiquas, et originales vias. Et iterum eo tenore, ut si dampnum in eundo factum fuerit nescienter, simpliciter reddatur, si vero scienter, dampnum cum lege restituetur. Huic donationi adsignamus testes, Jocerannum Episcopum Lingonensem, Stephanum Abbatem Besuensem, Warnerium Priorem, Lebaldum, Theodericum Præpositum, Albricum. De Clericis, Josbertum Decanum, Lambertum. De Militibus, Joffredum cum uxore sua Gertrude, et Hugone filio suo. Humbertum de Lisseio cum Odilone fratre suo, Widonem villicum de Gradeio, Rocilinum. Rotbertum de Furt, Richardum de Poiens. Virricum de Altreio, Gyslebertum. Rodulfum Humbertum villicum sancti Petri, Widonem fratrem ejus, Hugonem de Pauliaco.
Nos Mathildis, comitissa Nivernensis, notum facimus universis quod nos, ob remedium anime nostre et antecessorum nostrorum, et pro nostro anniversario in ecclesia Beati-Stephani Senon. annuatim imperpetuum, post decessum nostrum, honorifice faciendo, dedimus imperpetuum et concessimus predicte ecclesie Senon., et capitulo ipsius ecclesie, decem libras turon. annui redditus in censa nostra Autissiod. annuatim percipiendas in crastino Focorum. Volumus etiam et precipimus ut episcopus Autissiod., qui pro tempore fuerit, in personam heredis vel successores nostri excommunicationis et in terram ipsius interdicti sententias proferat si contra donum istud venire attemptaverit ullo modo, non relaxaturus ipsas quousque de predicto redditu dicto capitulo fuerit plenarie satisfactum. In cujus rei testimonium sigillum nostrum presentibus litteris duximus apponendum. Datum, apud Clamiciacum, die dominica post festum Beati-Nicolai anno Domini Mº CCº Lº secundo, mense decembri.
Ci gist damoisele Margoz qui fut fille Jehan signor de Rossoi et trespassa la voille de Noel apres la prumiere messe l'an M CCC et IX nostre Sires merci li face amen.
1. Anno Domini millesimo ducentesimo nonagesimo nono, mense novembri, 2. die Martis post octabas Omnium Sanctorum, consecra- 3. tum fuit hec altare in honore sancte Crucis et ibi fue- 4. runt condite reliquie de sancta Maria, de sepulcro Domini, 5. de barba sancti Petri, de cruce sancti Andree , de sanc- 6. to Stephano , de sancto Cornelio , de sancto Gregorio papa , 7. de sancto Leone papa , de sancto Proiecto martyre , de sanc- 8. ta Margareta virgine , et aliorum multorum.
De subdiacono quoque qui lecturus est epistolam plura superiori capitulo videntur dicta; hoc tamen mihi adhuc restat non dictum quod, cum sacerdote procedens ad altare, diaconum præcedit portans textum evangelii, quem ponit in medio altaris. Ad utramque missam, sive puer sive juvenis seu alius sit, facta confessione semper stat in dextro choro, donec dicat epistolam. Ad initium epistolæ et ad finem faciat ante et retro ibidem ubi lecturus est; similiter faciunt qui cantant ad missam responsorium, lectionem, alleluia vel tractus; quæ cum privatis diebus nonnisi communiter cantantur a conventu, si quod festum amplius in septimana evenerit, cantanda sunt iterum ab ipsis a quibus in dominica sunt cantanda, nisi omnes in cappis vel in albis fuerint; quod quando contigerit, armarius innuit quibuscumque voluerit pro eis cantandis.
Clodoueus Rex Francorum vir inlustris. Seruos Dei quorum virtutibus gloriamur, orationibus defensamur, si nobis amicos aquirimus, honoribus sublimamus, atque obsequiis veneramur, statum regni nostri perpetuo augere credimus, sæculi gloriam, atque cœlestis regni patriam adipisci confidimus. Quapropter notum sit omnibus Episcopis, Abbatibus, inlustribus viris, magnificis Ducibus, Comitibus, Domesticis, Vicariis, Graphionibus, Centenariis, omnibus curam Sanctæ Dei Ecclesiæ gerentibus per nostrum regnum discurrentibus, tam præsentibus quàm futuris. Quia Dominus Ioannes clarus virtutibus locellum suum in pago Tornotrinse, sub Regula Beati Macarij ad habitationem Monachorum constructum, qui Reomaus vocatur, primo nostro susceptæ Christianitatis, atque subiugationis Gallorum anno nostræ celsitudini tradidit, commendauit, vt sub nostra emunitate mundiburdio, nostrorúmque successorum Regum, semper maneat. Propterea nos ipsum peculiarem patronum nostrum, cuius meritò omnes hostes nostros vincere credimus taliter honorauimus, vt quantumcumque suo asino sedens vna die circa locum suum nobis traditum, commendatum de nostris fiscis circuisset, perpetuò per nostram regalem munificentiam habeat, quod ipse nobis, nósque illi contulimus iure hæreditario tam nos, quàm nostri successores Reges teneant in omni defensione, reclamatione, aduocatione, immunitate, nullique vnquam dignitati, nullique Ecclesiæ propter meritum tanti patris subdatur, conferatur. Monachis verò ibidem per diuersas cellulas manentibus seu mansuris omnia necessaria secundum numerum quo fuerint à nobis, successoribus nostris Regibus ex nostro censu Regio præbeantur. Ideóque has literas manu nostra firmatas ipsi nostro Patrono Domino Ioanni dedimus. Id omnino vos rogamus, atque decernimus, vt nec nos, nostrique successores Reges, neque vos, vestrique minores, nec vllus quilibet de iudiciaria potestate, de vernes curtes, vel rebus ipsius Monasterij, in quibuslibet pagis, vel territoriis in regno Deo propitio nostro, nostrorúmque successorum Regum, futuróque bono ipsius Monasterij, quod vel ab ipso Patrono Ioanne, vel à nobis est concessum, seu à suis progenitoribus ipsi, nobis datum, hæreditate, vel iudicio fuerit delegatum, tam ex munere nostro, quàm de paterno proprio, vel in reliquum de comparato, aut de conlato populi, seu de quolibet adtracto, aliquid auferre præsumat. Et pro ipsa oasa Dei, aut ipso patrono nostro tam ciues, quàm coloni, ac Gasindi suscepti, si aliquid violenter rapuerint, Dei nostrorúmque terrore percussi ad integrum reddant. Et nemo prædictas res eorum inquietare audeat, nec in eorum vicos, vel villas, curtes ad causas audiendas, nec ad mansiones faciendas, nec freda exactanda, nec vllas functiones requirendas ingredi præsumat. Sed sub nostra nostrorúmque Regum successorum tuitione, mundiburdio prædictum Monasterium propter meritum tanti patroni permaneat, quiescat. Et quod à nobis circa ipsum peculiarem nostrum Patronum Dominum Ioannem conceditur, conseruatur, hoc à nostris successoribus Regibus pro ipso patrono nostro, ac pro ipso loco sancto ad successores suos, quos ex suis elegerint, semper sit conseruatum, nec vllas requisitiones, nec repetitiones, nec vllum impedimentum à iudicibus publicis pertimescant. Vnde ipsa congregatio pro tempore tanti Patroni, eiúsque successorum, pro stabilitate regni nostri salute patriæ Domini misericordiam iugiter debeat exorare. Et vt hoc præceptum firmius habeatur, per omnia tempora conseruetur, manus nostræ signaculo subter illud decreuimus roborare, ac signo crucis quo sacramur auctorauimus. v Signum Clodouei fortissimi Regis. datum sub die IIII. Kalendas Ianuarias, Indictione V. Actum Remis ciuitate in Dei nomine feliciter . Ego Anachalus obtuli anno Magni Clodouei XVI.
«Testes sunt de utroque dono: Radulphus capellanus meus, qui hanc cartulam sigillavit, Guillelmus clericus meus, qui eandem scripsit, Silvester presbiter de Cheuvru, Ernulphus de Montenglohout, Ansoldus frater ejus, Gaucherius de Amiliaco, Droco de Cheuvru, Henricus Niger, Paganus tunc prepositus Colomarii. Actum est hoc apud Colomarium, anno ab incarnatione Domini M°. C°. XL°.»
«Testes hujus rei sunt: Galterius Lingonensis archidiaconus, Alexander Trecensis canonicus, Drogo de Balchesi, Hugo notarius, Symon de Lentagia. Actum Trecis in domo pontificali, anno ab incarnatione Domini M°. C°. LXX°. VII°.»
Notum fieri volumus omnibus christianis quomodo querimonia quam nobis Vasatensis episcopus Raimundus fecerat de monasterio quod dicitur Regula, sopita sit atque finita. Cum enim ecclesia sancti Benedicti Floriacensis per spatium LXta annorum, prefatum monasterium sine querela quiete tenuisset, predictus episcopus Vasatensis, quo animo ductus nescimus, querimoniam contra nos de predicto monasterio facere cœpit. Unde pro hac causa in concilio Sanctonensi, coram legatis apostolice sedis, domno videlicet Amato qui sinodo præerat et domno Ugone, Diensi episcopo, presente Vasatensi episcopo, nos satisfacturos eorum judicio presentavimus. Cum vero cartas donationis ostendere juberemur, lecta est in conspectu omnium carta, veritate et antiquitate suscipienda, que testabatur monasterium Regule, Squirs antiquis temporibus appellatum, juris sancti Benedicti ante illam donationem etiam extitisse, et ab eis personnis a quibus illa traditio et transfusionis confirmatio fiebat, magis esset redditum quam donatum; judicantibus ergo episcopis et archiepiscopis per veriorem et meliorem scripturam si quidem hoc episcopus calumniari posset, cartam nostram tam veracem atque veterem infirmari debere; nec bonam nec malam nullumque penitus testimonium potuit ad auxilium suum atque nostrum impedimentum inducere; sicque veritate justitie et testimoniorum nostrorum pondere superatus, predictis legatis justiciam viriliter exequentibus, archiepiscopis et episcopis, hoc canonice judicantibus, abbatibus atque ceteris religiosis viris unanimiter judicium collaudantibus, sepedictus calumniator episcopus vanitate querelae deposita, ac in eternum finita, nobiscum plenam pacem et concordiam, Deo miserante, peregit. Et ut hec carta firma atque inconvulsa permaneat, subter firmaverunt eam ipsi qui circumsedebant patres cum vicariis. Signum Amati, vicarii Romane urbis †. Signum Joscelini, archiepiscopi Burdegalensis †. Signum Garmundi, archiepiscopi Vianensis †. Signum Ademari, episcopi Engolismensis †. Signum Hugonis, episcopi Diensis et item vicarii †. Signum Richardi, archiepiscopi Bituricensis †. Signum Rodulphi, archiepiscopi Turonensis †. Signum Hugonis, episcopi Lingonensis †. Signum Raimundi, episcopi Vasatensis †. Signum Odonis, abbatis Engariacensis †. Signum Droconis, abbatis Malliacensis †. Signum Iterii, abbatis sancti Stephani Pedanie †. Signum Adhemari, abbatis Lemovicensis †. Signum Arnaldi Trencardi, abbatis Sancte Crucis †. Acta est enim anno domini millesimo octuagesimo, regnante Philippo rege XXII, abbatis Guillelmi, cujus instinctu supradicta est sopita calumnia X. Data per manum Lamberti cancellarii vicarii Hugonis, VI idus januarii Sanctonas.
Ge Guillaumes sires de Marrigne faiz savoir a touz cels qui verrunt cels presentes letres, que ie hai acorde de totes les choses des ques ie estoie en descort en contre lou Dieu et lou chapistre de Ostun, de la quel devant dite acorde ie hai promis en bonne foi a tenir a tous iorz mai, et de la quel ie hai receu LX lb. de digenois en deniers comptanz, des ques ie me tien por paiez. En tesmoing de la quel chose ie hai mis en cels presentes letres mon seal. Cest en lan de grace mil, et CC, et cinquante et IX, hou mois de Maii.
Quoniam, delicto primo plasmatis exigente, omnia humana caduca dinoscuntur esse, dignum duximus per hanc paginam tam presentibus quam futuris tradi memorie quod Odo Rambaldus, miles de Monte Falconis, decimam Saliniacensis ville monachis sancti Benedicti injuste calumniabatur. Predicti vero monachi Leodegarium, Biturice sedis archipresulem, adeuntes, conquesti sunt a supradicto Odone Rambaldo de jamdicta decima violentiam sibi inferri, quam injustitiam Leodegarius, presul, non ferens, ante suam presentiam rem discutiendam statuit. His itaque Odo Rambaldus coram omnibus in judicio assistentibus ratiocinatus est hanc decimam juri sue uxoris pertinere et ab Odone de Rosetis in feodo possidere; monachi econtra protulerunt cartam que a monachis sancti Benedicti hanc decimam per longum tempus esse possessam testificaretur et prefatum Odonem de Rosetis in feodo pertinere in omni vita sua pro predicte decime invasione tam ab archiepiscopis quam a monachis excommunicatum et pro diurno anathemate cum dicto filio suo Osberto sancti Benedicti monachum effectum esse jusque suum sancto Benedicto restituisse. Asseruit etiam prelibata carta Guibodum de Mariniaco, qui prefatam uxorem primum duxit et injuste calumnie antecessor sepedicti Odonis Raimbaldi extitit, a sancte memorie Audeberto, Bituricensium archiepiscopo, hac de causa excommunicatum quousque hec altercatio cum monachis recto examine definiretur. Retulit quoque memorata carta a domino Mattheo precentore sancti Stephani et a Letardo archidiacono et quampluribus aliis sapientibus sancto Benedicto suum jus adjudicatum esse. Quod judicium Guibodus non renuens fecit se absolvi sicque petens Jerusalem obiit. Dixit quoque carta ab Audeberto archipresule, cujus tempore hoc actum est, omnes hanc calumniam repetentes sine respectu excommunicatos. Qua carta in judicio perlecta atque testimonio prefati Matthei precentoris, qui tunc in judicio assistebat, corroborata, judicio Galonis episcopi Britannie, qui in placito aderat, et sui cleri, anathema antecessoris sui Audeberti juste prolatum Leodegarius presul auctoritate Dei et sua perpetuo confirmavit et hanc cartam impressione sui sigilli confirmat atque corroborat. Actum est hoc placitum apud Bituricas in capitulo sancti Ursini, VIII° idus augusti, die quo celebratur Transfiguratio Domini, anno MCXII ab Incarnatione Domini, indictione Va, anno IIIIe regnante Ludovico rege, vivente Bosone abbate sancti Benedicti. Testes: Mattheus, precentor; Aymericus, archidiaconus Gordoni castri; Rodulfus archidiaconus et prior Exoldunensis; Geraldus Segaut; Gaufredus, archipresbyter Bituricensis; Odo, archipresbyter de Nerondeso; Odo de Rosetis, filius alterius Odonis de Rosetis.
Ego Hugo, Burgundie Dux, pro salute mea parentumque meorum, laude et assensu uxoris mee, concedo Deo et sancte ejus genetrici Marie Molismensi feodum Huberti Wacelini, sicut ipse illud prefate dedit ecclesie, in servis videlicet et ancillis, in terris cultis et incultis, in nemoribus et in omni consuetudine et usuario, quatinus hoc monachi Molismenses quiete ac sine omni calumpnia de cetero teneant. Consuetudines etiam universas, si que sunt, que de ipso feodo ad me pertineant vel superprisias trado et confirmo Molismensi ecclesie, ut omnis occasio maligna querelarum ab hac die super hoc conquiescat. Concedo denique et confirmo in quantum ad me attinet, donum quod fecerunt de Cirilleio eidem Molismensi ecclesie Ricardus et Hugo, frater ejus, filii Theobaudi Rufi de Merlenniaco, in servis videlicet et ancillis, in terris cultis et incultis, in nemoribus et planis, redditibus et usuariis. Quod donum non solum in presenti, verum etiam in futuro, si ad meum quocumque modo devenerit tenementum, beate Marie Molismensi trado. Denique si de eo dono, id est de Cirilles, aliquam infestationem vel calumpniam ab aliquo passa fuerit ab hac die Molismensis ecclesia, secundum rectitudinem et fidem contra universam manum tuebor, sicut rectus defensor. Hec ergo per manum donni Widonis abbatis trado et confirmo Molismensi ecclesie, astantibus fratribus suis: Richerio, scilicet camerario ejusdem cenobii. et Roberto de Planeto; hisque idoneis secularibus confirmo testibus: Gauterio, conestabulario; Godefrido de Castellione et Matheo; his etiam burgensibus: Martino atque Tecelino.
Anno Domini millesimo trecentesimo vigesimo quarto statuta sunt haec apud Cistercium in Capitulo generali. 1.  Ut plurimorum conscientiae serenentur, dispendiosis periculis salubriter obvietui, inhibet dictum Capitulum omnibus abbatibus Ordinis ne episcopos Ordinis citra decennium institutos in suis monasteriis aut locis recipiant, nec monachos suos per eosdem ordinari faciant, [nisi] de ipsorum institutione canonica legitime eisdem constiterit per patentes litteras, generalis Capituli sigillo sigillatas, non obstantibus quibuscumque litteris recommendatoriis eisdem episcopis per quascumque personas Ordinis cuiuscumque conditionis aut status existant. Illi autem quibus per Sedis Apostolicae gratiam seu per electionem canonicam alicuius vacantis ecclesiae fuerit provisum, vel providebitur in futurum de episcopatus officio, non intendit Capitulum per constitutionem praesentem in aliquo derogare. 2.  Item, diffinitionem anno praeterito editam de obligationibus quibuscumque ultra summam contractus vel debiti in curia principis cuiuscumque vel domini temporalis ullatenus faciendi, volens generale Capitulum in suo robore cum poenis perdurare, quantum ad ultimum articulum sic declarat eamdemque poenam appositam ibidem ad illos qui administrationem bonorum suorum monasteriorum saecularibus aut quibuscumque personis quae non sunt de Ordine tantummodo vult extendi. 3.  Item, cum dignum sit et sacris sanctionibus prorsus consonum, ut ea, quae aliquando fiunt in favorem aliquorum piissima concessa, cum in abusum et in animarum suarum dispendium vergere dignoscuntur, aequitatis pensata rectitudine, praemia revocentur, omnes diffinitiones quascumque super pensionibus et gratiis abbatibus et abbatissis sponte cedentibus concessis vel etiam concedendis, ex nunc revocat Capitulum generale ; quantum ad futura salubriter perpetuo prohibendo ne de cetero alicui abbati vel abbatissae cedenti per patrem abbatem vel proprium abbatem aliqua pensio concedatur, sed si aliquando abbatem cedere sponte contigerit, de meritis pater abbas diligenter consideret et assensum conventus vel maioris partis eiusdem attendere et omnia redigere in scripto studeat, et sequenti generali Capitulo cum debita maturitate referre ut exinde dictum Capitulum ordinet prout viderit expedire. Quantum vero ad praeterita sic diffinit quod patres abbates in suis visitationibus de abbatum cedentium meritis diligenter inquirant et utrum de successorum abbatum et conventus vel maioris partis eiusdem assensu, pensionis gratia sit concessa, et si sic repererint, concessionem huiusmodi ratificent et auctoritate generalis Capituli confirment ; ceterae vero viribus non subsistant. 4.  Ordinationes et statuta facta per magistros G[uillelmum] de Bonofonte et G[uillelmum] de Bolbona, commissarios domini Cisterciensis, in studio Tolosano ad salubrem reformationem studii memorati, generale Capitulum approbat et confirmat, et praecipit ab omnibus ibidem studentibus observari. 5.  Item, quoniam procul dubio culpam creditur habere qui quidem facientem viderit corrigendum superioribus suis cum caritate matura negligit nuntiare, generale Capitulum praecipit non improvide et iniungit personis Ordinis universi quatinus omnes visitatores quos sciverint aut probabiliter audiverint suspecta munera in suis visitationibus suscepisse, aut aliter quod debitum iustitiae deliquisse, ipsos procurent denuntiare Capitulo generali ad eiusdem arbitrium severitate debita puniendos. 6.  Item, ut superfluis sumptibus et dispendiis via praecludatur, inhibet Capitulum abbatibus universis pro negotiis communibus per audientiam Curiae transeuntibus, alium instituant procuratorem in Curia residentem, praeter procuratorem Ordinis generalem. 7.  Item, ut vagationis inutilis materia auferatur, inhibet Capitulum abbatibus Ordinis universi ne quoscumque de Ordine Mendicantium seu illegitimos, qui ad nostrum Ordinem devenerunt, ad Curiam romanam pro quacumque dispensatione impetranda mittere praesumant, absque licentia Capituli speciali. 8.  Item, cum temerarie attentata sint ad statum debitum reducenda, nec relinqui debeant omnino inulta, abbatibus et abbatissis Ordinis inhibet Capitulum ne apostatis et fugitivis Ordinis redeuntibus de saeculo habitum aut ordinem suum audeant restituere vel praesumant, nisi secundum quod in diffinitionibus est contentum ; qui autem aliter facere praesumpserint per tres dies penitentiam faciant et sustineant levis culpae ; quam si facere neglexerint aut contempserint, ingressum ecclesiae sibi noverint interdictum et nihilominus taliter restituti et ordine et habitu sicut antea sint privati. 9.  Item, cum monasteriis ipsorum diuturna dispendiosa sit vacatio et periculosa animabus, omnibus abbatibus filias habentibus ab eis nimium remotas, praecipitur ut abbatibus discretis viris et vicinis committant vices suas ut in eisdem ab eis sic distantibus et remotis, si eas vacare contigerit, confirmare valeant, seu etiam providere, Clementina et statutis Ordinis observatis. 10.  Item, ut via malitiis sinistrisque suspicionibus praecludatur et monasteriorum sumptuosa dispendia evitentur, praecipit Capitulum ut visitatores ad monasteria visitanda propter guerras accedere non valentes, committant aliis vices suas, nec abbates vel conventus ad alia Ordinis monasteria citare praesumant, nisi conventus ex causa legitima requirerent hoc expresse. 11.  Item, diffinitioni anno praeterito editae super inhibitione esus carnium extra monasteria Ordinis, declarando addit Capitulum quod per  litteras domini Papae , quorumcumque litteras intelligit aliorum, praedicta diffinitione et aliis super hoc confectis in suo robore duraturis. 12.  Item, cum frater Hermannus de Heldrich, monachus de Lancheim, cum quodam socio suo, in suae salutis discrimen per saeculum evagetur, multa enormia in vituperium Ordinis committendo, ac etiam non contentus excessibus, ecclesiam praedictam invadere et ipsius personas et bona diripere non veretur, generale Capitulum mandat omnibus abbatibus illius provinciae, quatinus eos praedictos malefactores singulis diebus dominicis in capitulis suis publica excommunicatos denuntient, et capi cum expensis proprii abbatis faciant carceri stristissimo detinendos, et si necesse fuerit, ad hoc potentiam brachii saecularis advocent ad huiusmodi faciendum.
1  De capellis grangiarum antiqua sententia teneatur. 2  De beato Francisco, confessore, quarto Nonas octobris, commemoratio fiat, collecta *Deus qui nos beati Francisci…* 3  Per octavam Assumptionis beatae Mariae dicatur praefatio de festo. 4  De abbatiis quae sunt in Sicilia et alibi, in quibus non sunt duodecim monachi cum abbate, sicut continetur in prima distinctione, capitulo octavo, teneatur. 5  Piae recordationis domini papae Honorii, Richardi regis Anglorum, Philippi et Ludovici Francorum regum anniversaria sedendo fiant, sicut olim diebus in diffinitionibus assignatis. Tertium responsorium dicatur cum tribus versibus a cantore. Si anniversaria ista feria secunda evenerint, vesperae nihilominus die dominica dicantur. In anniversario vero domini papae Honorii, quod semper evenit in quadragesima, duae missae dicantur in conventu, prima de ieiunio, secunda de anniversario, et tam in isto, quam in praedictorum regum anniversariis prima collecta *Praesta, Domine, quaesumus*, secunda *Fidelium*, responsorium *Si ambulem*, et tractus *Absolve Domine* celebretur cum duobus ministris. Abbates vero in istis anniversariis non tenentur celebrare, nisi voluerint. Missa vero de anniversario domini papae Honorii, si praesens defunctus fuerit, usque in diem qua congrue dici poterit, differatur. 6  Anniversarium piae recordationis Ludovici, quondam regis Francorum, sexto idus novembris celebrandum est, per totum Ordinem, in kalendariis innotetur. 7  De Blancha illustri comitissa Campaniae, conceditur ut post eius obitum, anniversario quod debet fieri pro domina B[er]engaria, illustri regina Anglorum societur, et fiat anniversarium personaliter pro duabus. 8  Illustri dominae Margaritae Blesensi comitissae conceditur, ut post eius obitum, fiat anniversarium eius per Ordinem universum. 9  Petitio domini episcopi Helenensis de faciendo plenario servitio per Ordinem post eius mortem, exauditur. 10  Petitio domini *Cabilonensis* episcopi, de una missa pro eo celebranda post eius obitum a singulis sacerdotibus Ordinis, exauditur. 11  Domino episcopo Vingeniensi, conceditur a singulis sacerdotibus Ordinis una missa singularis, cum eius obitus nuntiatus fuerit Capitulo generali. 12  Priorissa et conventus de Saxessa, prior et capitulum Helienses, fratres hospitales Teutonicorum ultra mare, inter familiares Ordinis conscribantur. 13  Abbatissae monialium quae filias habent visitationibus quae fient ab abbatibus non intersint ; sed ipsi abbates quibus commissum fuerit per se visitent, corrigenda corrigant, et statuant secundum formam Ordinis quae viderint statuenda. Abbatissae vero matres, si postea accesserint, possunt caritative, si qua invenerint corrigenda, corrigere, dummodo caveant prae omnibus, ne de his quae statuerit visitator praesumant aliquid immutare, aut statuere contrarium, vel ea quae ipsae gesserint redigere in scripturam. 14  De conversis qui furtum committunt ad valentiam viginti solidorum ita sententia temperatur quod sicut olim diffinitum est, ad portam ablato eis habitu emittantur : tamen si compuncti, poenituerint, ad veniam poterunt recipi, non tamen in conversos sed in familiares ; ita quod grossiori pane per annum vescantur, et omni sexta feria in pane et aqua, nisi minuti fuerint aut infirmitas aliqua exegerit dispensationem : in aliis vero victualibus morem solitum teneant conversorum et lineis non utantur. Si autem in hoc statu commiserint iterum tale furtum, de Ordine penitus eiiciantur. 15  Moniales quae noluerint subire iudicium Ordinis, a societate Ordinis abscindantur ; confessiones non recipiant abbatissae. 16  Nulla monasteria monialium de cetero sub nomine aut sub iurisdictione Ordinis nostri construantur, vel Ordini socientur. Si quod vero monasterium monialium nondum Ordini sociatum vel etiam construendum, nostras institutiones voluerit aemulari, non prohibemus ; sed curam animarum earum non recipiemus, nec visitationis officium eis impendemus. Qui vero super hoc faciendo petitionem ad Capitulum deportaverit, vel aliquid scienter procuraverit, per quod possit institutio tam utilis enervari ; si monachus fuerit, vel conversus, a domo propria emittatur, non reversurus, nisi per Capitulum generale ; si abbas fuerit, sit in pane et aqua, extra stallum abbatis usque ad sequens Capitulum generale, in ipso Capitulo veniam petiturus. 17  De his quae sunt iam Ordini societae a septem annis et infra, antiqua sententia teneatur, videlicet ut penitus infra triennium includantur ; et quae includi noluerint, ubicumque fuerint, a custodia Ordinis se noverint separatas. Huic etiam sententiae additur, ut abbas, qui post triennium visitaverit non inclusas, irrefragabiliter deponatur. Ut autem removeatur a Capitulo generali earumdem taedium et gravamen, Diffinitores in posterum omni anno de ipsis Diffinitoribus ad decidendum causas earum, tres constituant auditores. 18  Pro domino Papa, pro pace romanae Ecclesiae et imperii, pro domino Romano apostolicae Sedis legato et negotio Albigensium, et pro statu Ordinis nostri et totius sanctae Ecclesiae, pro rege Franciae et regina et eius liberis, et pace regni, et regina uxore quondam Philippi regis, omni sexta feria, dictis septem psalmis in ecclesia, mediocri voce cantetur responsorium *Aspice Domine*, antiphona *Salve Regina*, versus *Ora pro nobis*, et collecta anno praeterito constituta, et omnes qui praesentes fuerint, exceptis minutis et infirmis, privatim accipiant disciplinam, et semel in hebdomada, die quae vacaverit, in conventu haec missa *Salus populi* celebretur. Hanc eamdem missam *Salus populi*, cum eis vacaverit, semel in hebdomada dicant singuli sacerdotes ; et alii qui sacerdotes non fuerint dicant semel in hebdomada septem psalmos poenitentiales. Psalmus *Verba mea* antea iniunctus decantari, de cetero non dicatur. 19  Ille qui quondam fuit abbas de Syti, de quo iussum fuit anno praeterito, quod deponeretur, et ipse non expectato mandato Capituli generalis cessit, non promoveatur de cetero in abbatem, nisi de licentia Capituli generalis, ac si esset depositus a Capitulo generali. 20  Conversus qui subito defunctus inventus est habere quinque denarios et non fuit confessus, immo et in sacra solemnitate Nativitatis Dominicae accessit ad sacram communionem non facta confessione, remaneat prout est extra cimeterium tumulatus. 21  Causa quae vertitur inter abbatem Sancti Ioannis in Tarauca et abbatem de Burio, committitur amoto abbate de Monteramorum, abbati de Mera et aliis duobus quibus fuit anno praeterito commissa, qui Deum habentes prae oculis secundum quod statutum est causas Ordinis protractari, inquirant super utriusque domus iure diligentius veritatem, et causam plenius instructam, sequenti anno remittant Capitulo, iniungentes partibus, ut veniant aut mittant sententiam recepturae, sine abbate vero de Mera, duo alii non procedant. 22  Causa quae vertitur inter abbatem de Relec et abbate de Cormeleommoray committitur de assensu partium, de Boquiam, de Sancto Mauritio et de Veteri Villa abbatibus pace vel iudicio terminanda et quid inde, etc. 23  Frater Willelmus monachus Sancti Andreae de Gofer, qui de se ipso turpissima non erubuit publice confiteri, absque spe reversionis de Ordine emittatur. Frater vero Richardus, quondam abbas eiusdem domus, qui ad Ordinem Carthusiensium transiit, si forte voluerit reverti, propter quaedam enormia quae de ipso dicta sunt, omnis ei reversionis aditus denegetur. 24  De priore et aliis monachis de Fontanis, qui maligno spiritu agitati, irreverenter contra abbatem suum surrexerunt, et convitiis ac contumeliis eum maximis affecerunt, et tam ipsum quam patrem abbatem extra abbatiam longius ad mortem, ut ipsi metuebant cum gladiis et fustibus prosequendo, in quamdam ecclesiam includi compulerunt, committitur abbati patri de Saviniaco, qui sententia in conspiratores olim lata nequissimos, absque omni dilatione percellere non postponat. 25  Causa quae vertitur inter abbatem Grandis sylvae et abbatem de Gilmundo, committitur abbatibus de Bella pertica, de Alto ponte et de Bono fonte abbatibus, pace vel iudicio terminanda, et quid inde, etc. 26  Abbates de Colbas in Sclavia, qui cum anno praeterito venire debuisset et non venit, nec etiam hoc anno, poenam sustineat in Usibus constitutam. Abbas de Asylo hoc eis denuntiet. 27  De querimonia quam abbates de Hispania faciunt de monachis Boni radii et conversis, committitur patri abbati, qui rei diligentius inquirat veritatem et quos invenerit culpabiles, digne corrigat et castiget. Prior vero, cuius consensu porta domus abbatibus egredi volentibus clausa fuit, deponatur. 28  Inquirat pater abbas de abbate Sancti Prudentii, qui manus violentas iniecisse dicitur in conversum, et quod invenerit, sequenti anno Capitulo renuntiet generali. 29  Abbas de Barberio, qui in visitatione domus Sancti Andreae monacho de abbate domus turpissimum dixit verbum, quod pudor in sacro conventu prohibet recitare : quod verbum idem abbas negavit coram omnibus se dixisse, et protinus fuit super hoc convictus manifeste, licet pro solo mendacio in Capitulo generali prolato, abbates deponi soleant, tamen quia in continenti dixit se non recolere, cum negavit, et quia in aliis bene satis se dicitur habere, parcitur quidem ei quod non deponitur ; sed praecipitur ei, ut quadraginta diebus sit extra stallum abbatis et sex diebus in levi culpa, et in omni sexta feria in pane et aqua a festo sancti Martini ad Nativitatem Domini. 30  Iacobo, civi Attrebatensi conceditur ut monasterium construat monialium. Committitur autem de Vacellis et de Caricampo abbatibus ut cum aedificia constructa et alia secundum Ordinis instituta necessaria fuerint praeparata, conventum monialium illuc introducant. 31  De abbate Duremundae qui cessit, ut dicitur, absque cuiusquam abbatis praesentia, et de illo qui in eadem domo postea substitutus est a quodam episcopo vel potius intrusus, committitur patri abbati, qui si ita esse invenerit deponat ultimum, et primum restituere non postponat. 32  Petitio illustris ducissae Austriae de faciendo in terra sua festo beatae Margaretae, cum duodecim lectionibus, exauditur. 33  Vallis magnae et de Sanctis crucibus abbatibus iniungitur ut abbatiam de Raimut, quae vult incorporari Ordini, accedentes, tam loci quam possessionum et aliarum circumstantiarum secundum formam Ordinis opportunitate pensata, auctoritate Capituli, eam incorporent Ordini si viderint expedire. 34  Abbati Sancti Urbani conceditur ut in domo sua fiant in festo eiusdem duodecim lectiones. 35  Abbas de Busseto qui tenuit parvulum in baptismo, tribus diebus sit in levi culpa, uno eorum in pane et aqua, et omni sexta feria in pane et aqua a festo Omnium Sanctorum usque ad Natale Domini. In grandi vero solemnitate aut gravi aegritudine haec ei poenitentia relaxetur. 36  Iniungitur de Clienti et de Castegneola abbatibus ut ad domum Sancti Leonardi de Petachat accedentes, tam loci quam possessionum secundum formam Ordinis opportunitate pensata, videant si locus ille possit sustinere duodecim monachos cum abbate. Quod si ita invenerint, maneat abbatia, alioquin in grangiam redigatur. 37  Distributio abbatiarum de derivatione Mellifontis, quam auctoritate domini Cisterciensis et Capituli fecit abbas de Stamleia, confirmatur, et quia nullam sibi retinuit, conceditur abbati Claraevallis, ut unam assignet domui de Stamleia, reliquum negotii in eadem potestate committitur nunc eidem. 38  Abbati Sancti Christophori, viginti anni in Ordine concedantur, et in tali aetate cum ceteris in tabula conscribatur. 39  Conceditur abbatiae Campi benedicti ut Ordini societur et sit filia Pruliaci. De Pruliaco vero et de Ioiaco abbatibus iniungitur ut ad locum iam dictum cum domino Carnotensi episcopo accedentes, ordinent ibidem quod secundum formam Ordinis viderint ordinandum. 40  De Scala Dei, et de Berola de Yrantia abbatibus iniungitur, ut accedant ad locum in quo illustris rex Navarrae proponit construere abbatiam centum monachorum, et si viderint rem habere, sicut continetur in litteris abbatis Olivae, quae litterae debent eis tradi, faciant abbatiam illam, non expectata amplius licentia Capituli. 41  Monachus quondam de Borbona fugitivus qui contritus et confessus in saeculo mortuus est, apud Borbonam sepulturae christianae tradatur, et pro eo in ipsa domo plenarium servitium persolvatur. 42  Quando antiqua abbatia petebat incorporari Ordini, deputabantur commissarii a Capitulo generali duo abbates qui ad locum ipsum se transferentes considerabant situationem loci, possessiones, et omnes alias circumstantias secundum formam Ordinis requisitas, et postea, si viderint expedire, cum pace et iustitia episcoporum dioecesanorum et aliorum ad quos pertinebat, eam uniebant ; quamvis postea debebat auctoritate apostolica confirmari. 43  Abbates qui deponuntur vel aliqua de causa non possunt in suis domibus remanere et illi qui sponte cesserint, eligant sibi ad habitandum domos quascumque voluerint et illi ad quos venerint benigne suscipiant et a nemine repellantur.
Anno ab Incarnatione Domini M. CXXXIV, epacta XXIII, concurr. VII, indict. XII, feria VI ante adventum Domini, in die sancti Andreæ apostoli, Innocentio Romano pontifice IIº, anno IV pontificatus ipsius; Hugone, Autissiodorensi pontifice; domno Stephano de Tociaco abbate primo loci ipsius ; Ludovico rege Francorum ; Guillelmo Nivernensi comite qui etiam locum ipsum comparavit, fundavit et ædificavit, ac postea Carthusiam profectus, atque ibidem Deo serviens defunctus est. Fuit autem ipsa abbatia de Regniaco antea apud Fontesmum, sub eodem venerabili patre, per septem fere annos; ex eo scilicet tempore quo ibi ordo Cisterciensis advenerat. Hujus authores ab initio fuerunt sanctissimi et religiosissimi viri domnus Girardus et domnus Garinus, quorum unus in abbatem, quamvis invitus, sublimatus, alter vero in priorem electus est ; qui ibidem cum multis fratribus, longo tempore, Deo servientes cursum vitæ suæ feliciter impleverunt. Horum itaque successores, supradictus, scilicet, abbas Stephanus quartus a beato Girardo cum suis posteaquam abbatiam Regniacum transtulerunt, memores sanctæ conversationis illorum die III, id est IV nonas decembris, die dominica postquam ibi advenerant, mittentes, detulerunt corpora eorum, et in capitulo quasi patronos in uno sepulchro honorifice condiderunt. Tenuit autem idem venerabilis Stephanus abbatiam apud Fontismum annis sex, et mensibus fere tribus, apud Regniacum vero XXVII annis, mensibus sex ; qui simul juncti fiunt XXXIII cum supradictis diebus completisque annis LXII nativitatis suæ, VII kalendas junii, in vigilia Pentecostes, diem clausit extremum anno ab Incarnatione Domini M. CLXII, flentibus nobis et desolatis.
Cy gist honnorable homme maistre Bernard Molinez jadis tresorier de Salins et depuis maistre de la Chambre des comptes de Dijon qui trespassa l'an mil CCCC LXXII le IX jour de decembre priez Dieu pour luy Dieu ait son ame.
[Innocentius Episcopus servus servorum Dei, dilecto in Christo filio Petro Clun. Abbati ejusque successoribus regulariter substituendis in perpetuum. Bonus et diligens paterfamilias gaudio magno gaudet, cum vineam suam locatam agricolis vigilanti studio videt excoli, et tribulis ac sentibus pariter emundari. Cujus profecto gaudium lætitia jocundiori cumulatur, si eadem vinea propagatione ordinaria per multorum spatiorum dimensionem incipiat dilatari. Proportionali igitur ratione Deo credimus gratissimum esse, si Deo dicati religio Cluniacensis Monasterii et diversas Ecclesias exornet, atque plurimorum mentes disciplinis regularibus instruat, et fide; quæ per dilectionem operatur, inflammet. Eapropter, dilecte in Domino fili Petre Abbas Clun. memores devotionis, quam erga Sedem Apostolicam cum commissa tibi Ecclesia semper habuisti, et honoris ac servitii, quod nobis efficaciter fideliterque, maximè tempore schismatis impendisti, Ecclesiam de Rochabovecourt, laudantibus ejusdem clericis à venerabili fratre nostro Willelmo Petragoricensi Episcopo, Pontio Abbati antecessori tuo, et per eum Ecclesiæ Cluniacensi canonicè donatam, et à felicis memoriæ Papa Calixto antecessore nostro, sicut privilegium ejus testatur, solemniter confirmatam, tibi successoribusque tuis non solùm confirmamus; sed etiam confirmando auctoritate Apostolica donamus: ut ordo Cluniacensis ad laudem Dei, ad quam specialiter institutus est, et ad honorem sacrosanctæ Romanæ Ecclesiæ, cui omninò devotus est, perpetuis temporibus ibi floreat. Statuentes ut nulli hominum liceat eandem Ecclesiam vel bona, quæ inpræsentiarum legitimè possidet, aut in futurum justis modis præstante Domino poterit adipisci, temerè perturbare, auferre, minuere, seu quibuslibet vexationibus fatigare. Si qua igitur imposterum Ecclesiastica sæcularisve persona hanc nostræ constitutionis paginam sciens, contra eam temerè venire tentaverit, secundò tertióve commonita, si non reatum suum congrua satisfactione correxerit, potestatis honorisque sui dignitate careat, reamque se divino judicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat, et à sacratissimo Corpore et Sanguine Dei ac Domini nostri Jesu Christi aliena fiat, atque in extremo examine districtæ ultioni subjaceat. Cunctis verò eidem loco sua jura servantibus sit pax Domini nostri Jesu Christi, quatenus et hic fructum bonæ operationis percipiant, et apud districtum Judicem præmia æternæ pacis inveniant. Amen. Amen. Amen. Ego INNOCENTIUS Catholicæ Ecclesiæ Episcopus. Ego Guillelmus Prænestinus Episcopus. Ego Gregorius Diaconus Cardinalis sanctorum Sergii et Bachi. Ego Guido Cardinalis Diaconus sancti Adriani. Ego Vassallus Diaconus Cardinalis sancti Eustachii. Ego Hubaldus Diaconus Cardinalis sanctæ Mariæ in via-lata. Ego Anselmus Presbyter Cardinalis. Ego Littifredus Cardinalis tit. Vestinæ. Ego Lucas Presbyter Cardinalis tit. sanctorum Joannis et Pauli. Datum Pisis per manum Aymerici sanctæ Romanæ Ecclesiæ Diaconi Cardinalis et Cancellarii III. Idus Martii, indictione XIV. Incarnationis Dominicæ, anno M. C. XXXVI. Pontificatus Domni Innocentii Papæ secundi, anno VII.]
Universis præsentes litteras inspecturis, Jocerannus Grossus, dominus Branceduni, salutem in Domino. Universitati vestræ notum fiat, quod Hugolinus de Petra Campi, domicellus, confessus est coram nobis spontanee se dedisse in elemosinam ecclesie Cluniacensi in perpetuum decimam quam habebat in parrochia de Ainart, et de ipsa decima et donata et concessa Odonem, priorem Cluniacensem, nomine Cluniacensis ecclesiæ investivit. Postmodum vero eadem ecclesia Cluniacensis dictam decimam eidem Hugolino concessit tenere in casamentum et feodum. Unde ipse Hugo fecit homagium dicto O., priori, nomine Cluniacensis ecclesiæ, promittens per stipulationem et in pactum deducens pro se successoribusque suis de dicto casamento et feodo homagium facere et fidelitatem servare Stephano, abbati Cluniacensi, successoribusque suis universis. Hæc omnia promisit dictus Hugolinus servare et tenere, præstito super sancta Dei evangelia juramento, sine vi, sine metu, sine dolo, sponte et provide. In cujus rei testimonium, ad instanciam et preces ejusdem Hugolini, præsentes litteras sigillo nostro munitas tradidimus abbati et ecclesiæ Cluniacensi memoratis. Datum et actum anno gratiæ Mº CCº XXXº IIIIº, mense marcii.
Alexander episcopus, servus servorum Dei, dilecto filio priori de Charitate, ordinis Cluniacensis, Autissiodorensis diocesis, salutem et apostolicam benedictionem. Ex parte tua fuit nobis humiliter supplicatum, ut cum observantia tui ordinis ab ipsa sui institutione multum sit rigida, difficilis atque gravis, fueritque postmodum per felicis recordationis Gregorium papam, predecessorem nostrum, et quosdam alios tam authoritate sedis apostolice quam legatorum ipsis super addita instituta gravia diversarum penarum adjectione vallata contingat sub tantis oneribus deficere oneratos, providere super hoc paterna sollicitudine curationem, attendentes igitur quod expedit calamum quassatum non conteri, et cum evasione eruginis vas non frangi devotionis tue precibus inclinati, presentium tibi authoritate concedimus, ut super observatione statutorum ipsorum que de tue substantia regule non existunt, tu et successores tui monasterii tui ejusque membrorum monachis presentibus et futuris libere dispensare possis, his casibus dumtaxat exceptis, super quibus in eadem regula est dispensatio interdicta, in quibus casibus dispensandi super pœnis adjectis et irregularitatibus quas tui subditi incurrerunt vel incurrent de cætero, eosque absolvendi ab interdicto suspensionis seu excommunicationis vinculo quo ipsos, ob transgressionem premissorum statutorum, involvi contigit vel contingit, injuncta sibi absolutionis penitentia salutari, libera sit tibi et eisdem successoribus de nostra permissione facultas. Suppriori nihilominus monasterii tui et ipsius successoribus concedendi tibi tuisque successoribus hujusmodi dispensationis et absolutionis beneficium, si fuerit opportunum, indulgentes authoritate presentium potestatem, non obstantibus aliquibus literis ad venerabiles fratres nostros, Senonensem archiepiscopum et ejus suffraganeos vel ad dilectum filium magistrum Albertum, notarium nostrum, apostolice sedis legatum, seu quoscunque alios, ab apostolica sede sub quocunque tenore directis et processibus habitis, per eosdem de quibus scriptam opporteat fieri mentionem. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam nostre concessionis infringere, vel ei ausu temerario contra ire. Si quis autem hoc attentar presumpserit indignationem omnipotentis Dei et beatorum Petri et Pauli apostolorum ejus se noverit incursurume Datum Neapoli, XV kalendas aprilis, pontificatus nostri anno primo.
SILVESTER EPISCOPVS SERVVS SERVORVM DEI. DILECTO FILIO ROTBERTO RELIGIOSO ABBATI SANCTI VIZELIACENSIS cenobii omni que congregationi eiusdem monasterii in perpetuum. Quotiens illa a nobis tribui sperantur quae rationi incunctanter conueniunt, animo nos decet libenti concedere et petentium desideriis congruum impertire suffragium. Atque ideo, quia postulasti a nobis quatinus priuilegium sedis apostolicae monasterio Vizeliaco, cui preesse dinosceris, quod constat olim a Gerardo nobilissimo et christianissimo uiro necnon et Berta uxore eius in honore domini et Saluatoris nostri Iesu Christi et ueneratione beatissimae MARIAE genitricis eiusdem domini nostri Iesu Christi constructum in regno Burgundiae, in parrochia Augustudunensi, in pago Aualensi quodque a prefatis fundatoribus beato Petro apostolorum principi liberali deuotione et testamenti pagina collatum est, facere deberemus, ueluti a predecessoribus nostris piae memoriae Nicholao papa atque Iohanne iam dudum factum constat fuisse, inclinati precibus tuis libenter fieri decreuimus. Per quod apostolicae auctoritatis priuilegium confirmamus atque statuimus ut nulli imperatorum, nulli unquam regum, nulli antistitum, nulli quacumque predito dignitate, nulli cuiquam alii de omnibus rebus mobilibus et immobilibus, quae eidem monasterio a iam dictis fundatoribus uel ab aliis quibuscumque personis collate et concesse uel in futurum a quolibet de proprio fuerint iure donate, sub cuiuslibet cause occasionis ue specie minuere uel auferre neque suis usibus applicare, sed cuncta quae ibi oblata sunt uel offerre contigerit a presenti XIIII-cime indictionis tempore illibata et sine inquietudine in sustentatione iam dicti monasterii et usibus abbatum et monachorum sub regula patris Benedicti ibi deo militantum uolumus atque precipimus possideri, ea uidelicet conditione ut nullus successorum nostrorum, pontificum in hac sancta sede cui deo auctore seruimus, unquam uel usquam quiddam de eisdem rebus cuiquam beneficiare, commutare aut sub censu quolibet concedere per futura tempora patiatur, sed censum tantummodo in testamento traditionis a fundatoribus, qui ex eodem monasterio hanc sanctam sedem Romanam heredem fecerunt, etiam delegatam, unam uidelicet libram argenti, annis singulis successores nostri accipientes, piae paternitatis suffragium eidem monasterio et tibi successoribus que tuis ac monachis sub iam dicti patris regula ibidem degentibus sollicitudine pastorali uigilanter contra omnes infestantes impendere studeant. Item constituimus ut obeunte abbate predicti monasterii non alius ibi quacumque obreptionis astutia ordinetur, nisi quem consensus monachorum secundum timorem dei et institutionem regule beati Benedicti elegerit et huius apostolicae sedis pontifex prouiderit ordinandum. Vnde et constituimus et apostolica auctoritate censemus atque per hoc nostrum apostolicum priuilegium confirmamus, ut nullus rex aut pontifex uel abbas aut comes uel qualiscumque magna parua que persona, auariciae cupiditate corruptus aut diabolica suggestione deceptus, audeat uel presumat contra tuum honorem, o uenerabilis Rotberte abbas, qualicumque modo insurgere uel in tua loca aut de tuo honore molestias tibi inferre uel de omnibus rebus monasterii, quae tibi tuis que decessoribus a nobis nostris que antecessoribus per paginam priuilegii concessa atque firmata sunt, aliquas inuasiones uel rapinas siue uiolentias inferre. Si non uult auctoritate dei et sancti Petri et nostra apostolica excommunicatione a corpore et sanguine domini nostri Iesu Christi et ab ingressu aecclesiae nouerit se esse disiunctum. Hoc quoque capitulo presenti subiungimus ut locum auaricie secludamus, nulli unquam de regibus, nulli de episcopis uel sacerdotibus uel de quibuscunque fidelibus per se suppositam ue personam de ordinatione eiusdem abbatis aut clericorum uel presbiterorum aut de largitione chrismatis uel de consecratione basilicae uel de quibuscumque causis ad idem monasterium pertinentibus audere in qualibet specie exenii loco quicquam accipere neque eundem abbatem pro ordinatione sua aliquid dare. Neque episcopus ciuitatis ipsius parrochie, nisi ab abbate ipsius monasterii inuitatus, ibidem publicas missas agat neque stationes in eodem cenobio indicat, ne seruorum dei quies quocunque modo populari conuentu ualeat perturbari, neque mansionaticos exinde presumat exigere. Susceptionem autem fidelium aut religiosorum uirorum atque beneficientiam, quam iubet apostolus cunctis exhibendam, pro possibilitate loci et facultatum non modo ibidem fieri denegamus, uerum etiam suademus. Siquis uero regum, episcoporum, sacerdotum, abbatum, iudicum aut secularium personarum contra hanc nostrae institutionis paginam uenire temptauerit, percussus apostolico anathemate potestatis honoris ue sui careat dignitate reum que se coram diuino iudicio cognoscat et nisi quae a se male sunt acta defleuerit, a sacratissimo corpore dei et domini nostri Iesu Christi alienus fiat atque eterni examini districtae ultionis subiaceat. Cunctis autem eidem loco iusta seruantibus sit pax domini nostri Iesu Christi, quatinus et hic fructum bonae actionis recipiant et apud districtum iudicem premia aeternae pacis inueniant.
Sacrosancto et exorabili loco in honore Dei et beatorum apostolorum Petri et Pauli consecrato, cui præest dunnus Odilo venerabilis abbas, ego Leberga cedo de rebus meis quæ sunt sitæ in pago Matisconensi, in villa Vallis, videlicet unum curtile indominicatum, cum servo, nomine Giraldo; et terminatur de duabus partibus terra Sancti Petri, de tertia Stephani, de quarta via publica. Et dono in alio loco, in villa Vescurtis, dimidium curtile cum mansione una; et terminatur de duabus partibus via publica, de tertia terra Bernardi, de IIIIta de ipsa hereditate. Et in alio loco, qui dicitur Calmonte, campum unum, terminatum de uno latere et una fronte terra Sancti Petri, de alio latere terra Stephani et Constantii, de IIIIta parte increpita. Actum Cluniaco publice. Qui autem calumpniare voluerit, componat auri libras IIIIor, et postea firma et stabilis permaneat. S. Lebergani. S. Bernardi. S. Wilelmi. S. Bernardi. S. Girberti. S. Hugonis. S. Bladini. S. Gislardi. Berno levita scripsit, regnante Rotberto rege anno V.
Guillelmus, Sancte Marie abbas et conventus Blesensis, omnibus ad quos presentes littere pervenerint, salutem in Domino. Noverit universitas vestra quod inter nos et ecclesiam Sancti Benedicti Floriacensis hujusmodi intercessit conditio, quod viri et mulieres nostri et illi qui predicte videntur esse ecclesie, ubicunque manserint, quod eis antea non licuit liberam inter se contrahendi matrimonii, habebunt deinceps potestatem ita videlicet quod in liberis qui ex eis procreati fuerint et in eorum possessionibus et pecuniis medietatem habebimus.
Artus, li boens rois de Bretaingne, La cui proesce nos enseigne Que nos soiens preu et cortois, Tint cort si riche come rois A cele feste qui tant coste, Qu'an doit clamer la Pantecoste. Li rois fu a Carduel en Gales ; Aprés mangier, parmi ces sales, Cil chevalier s'atropelerent La ou dames les apelerent Ou dameiseles ou puceles. Li un recontoient noveles, Li autre parloient d'Amors, Des angoisses et des dolors Et des granz biens qu'orent sovant Li deciple de son covant, Qui lors estoit mout dolz et buens ; Mes or i a mout po des suens Qu'a bien pres l'ont ja tuit lessiee, S'an est Amors mout abessiee ; Car cil qui soloient amer Se feisoient cortois clamer Et preu et large et enorable ; Or est Amors tornee a fable Por ce que cil qui rien n'en santent Dïent qu'il aiment, mes il mantent, Et cil fable et mançonge an font Qui s'an vantent et droit n'i ont. Mes or parlons de cez qui furent, Si leissons cez qui ancor durent, Car mout valt mialz, ce m'est avis, Uns cortois morz c'uns vilains vis. Por ce me plest a reconter Chose qui face a escouter Del roi qui fu de tel tesmoing Qu'an en parole et pres et loing ; Si m'acort de tant as Bretons Que toz jorz durra li renons Et par lui sont amenteü Li boen chevalier esleü Qui a enor se traveillierent. Mes cel jor mout se merveillierent Del roi qui einçois se leva ; Si ot de tex cui mout greva Et qui mout grant parole an firent, Por ce que onques mes nel virent A si grant feste an chanbre antrer Por dormir ne por reposer ; Mes cel jor ensi li avint Que la reïne le detint, Si demora tant delez li Qu'il s'oblia et endormi. A l'uis de la chanbre defors Fu Didonez et Sagremors Et Kex et messire Gauvains, Et si i fu messire Yvains Et avoec ax Qualogrenanz, Uns chevaliers mout avenanz, Qui lor a comancié un conte, Non de s'annor, mes de sa honte. Queque il son conte contoit Et la reïne l'escoutoit, Si s'est de lez le roi levee Et vient sor ax tot a celee, Qu'ainz que nus la poïst veoir, Se fu lessiee entr'ax cheoir, Fors que Calogrenanz sanz plus Sailli an piez contre li sus. Et Kex, qui mout fu ranponeus, Fel et poignanz et venimeus, Li dist : « Par Deu, Qualogrenant, Mout vos vosvoi or preu et saillant, Et certes mout m'est bel quant vos Estes li plus cortois de nos ; Et bien sai que vos le cuidiez, Tant estes vos de san vuidiez. S'est droiz que ma dame le cuit Que vos avez plus que nos tuit De corteisie et de proesce : Ja le leissames por peresce, Espoir, que nos ne nos levames Ou por ce que nos ne deignames. Mes par Deu, sire, nel feïsmes, Mes por ce que nos ne veïsmes Ma dame, ainz fustes vos levez. - Certes, Kex, ja fussiez crevez, Fet la reïne, au mien cuidier, Se ne vos poïssiez vuidier Del venin don vos estes plains. Enuieus estes et vilains, De tancier a voz conpaignons. - Dame, se nos n'i gaeignons, Fet Kex, an vostre conpaignie, Gardez que nos n'i perdiens mie. Je ne cuit avoir chose dite Qui me doie estre a mal escrite Et, s'il vos plest, teisons nos an : Il n'est corteisie ne san De plet d'oiseuse maintenir ; Cist plez ne doit avant venir, Que nus nel doit an pris monter. Mes feites nos avant conter Ce qu'il avoit encomancié, Car ci ne doit avoir tancié. » A ceste parole s'espont Qualogrenanz, et si respont : « Dame, fet il, de la tançon Ne sui mie en grant sospeçon ; Petit m'an est, et mout po pris. Se Kex a envers moi mespris, Je n'i avrai ja nul domage : A mialz vaillant et a plus sage, Messire Kex, que je ne sui, Avez vos dit honte et enui, Car bien an estes costumiers. Toz jorz doit puir li fumiers, Et toons poindre, et maloz bruire, Et felons enuier et nuire. Mes je ne conterai huimés, Se ma dame m'an leisse an pes, Et je li pri qu'ele s'an teise, Que la chose qui me despleise Ne me comant, soe merci. - Dame, trestuit cil qui sont ci, Fet Kex, boen gré vos en savront Et volantiers l'escoteront ; Ne n'an faites ja rien por moi, Mes, foi que vos devez le roi, Le vostre seignor et le mien, Comandez li, si feroiz bien. - Qualogrenant, dist la reïne, Ne vos chaille de l'ataïne Monseignor Keu le seneschal ; Costumiers est de dire mal, Si qu'an ne l'en puet chastier. Comander vos vuel et prier Que ja n'en aiez au cuer ire Ne por lui ne lessiez a dire Chose qui nos pleise a oïr, Se de m'amor volez joïr, Mes comanciez tot de rechief. - Certes, dame, ce m'est mout grief Que vos me comandez a feire ; Einz me leissasse .i. des danz traire, Se correcier ne vos dotasse, Que je huimés rien lor contasse ; Mes je ferai ce qu'il vos siet, Comant que il onques me griet, Des qu'il vos plest ; or escotez ! Cuers et oroilles m'aportez, Car parole est tote perdue S'ele n'est de cuer entandue. De cez i a qui la chose oent Qu'il n'entandent, et si la loent ; Et cil n'en ont ne mes l'oïe, Des que li cuers n'i entant mie ; As oroilles vient la parole, Ausi come li vanz qui vole, Mes n'i areste ne demore, Einz s'an part en mout petit d'ore Se li cuers n'est si esveilliez Qu'au prendre soit apareilliez ; Car, s'il lapuet an son oïr Prendre, et anclorre, et retenir, Les oroilles sont voieet doiz Par ou s'an vient au cuer la voiz ; Et li cuers prant dedanz le vantre La voiz qui par l'oroille i antre. Et qui or me voldra entandre, Cuer et oroilles me doit randre, Car ne vuel pas parler de songe, Ne de fable ne de mançonge. Il m'avint plus a de .vii. anz Que je, seus come païsanz, Aloie querant aventures, Armez de totes armeüres Si come chevaliers doit estre ; Et tornai mon chemin a destre, Parmi une forest espesse. Mout i ot voie felenesse, De ronces et d'espines plainne ; A quelqu'enui, a quelque painne, Ting cele voie et ce santier ; A bien pres tot le jor antier M'en alai chevalchant issi Tant que de la forest issi, Et ce fu en Broceliande. De la forest, en une lande Entrai et vi une bretesche A demie liue galesche ; Se tant i ot, plus n'i ot pas. Cele part ving plus que le pas, Vi la bretesche et le fossé Tot anviron parfont et lé, Et sor le pont an piez estoit Cil cui la forteresce estoit, Sor son poing .i. ostor mué. Ne l'oi mie bien salué, Quant il me vint a l'estrié prendre, Si me comanda a descendre. Je descendi, qu'il n'i ot el, Car mestier avoie d'ostel ; Et il me dist tot maintenant, Plus de .vii. foiz en un tenant, Que beneoite fust la voie Par ou leanz entrez estoie. Atant en la cort en antrames, Le pont et la porte passames. Enmi la cort au vavasor, Cui Dex doint et joie et enor Tant com il fist moi cele nuit, Pendoit une table ; ce cuit Qu'il n'i avoit ne fer ne fust Ne rien qui de cuivre ne fust. Sor cele table, d'un martel Qui panduz ert a .i. postel Feri li vavasors trois cos. Cil qui leissus erent anclos Oïrent la voiz et le son ; S'issirent fors de la meison Et vienent an la cort aval. Je descendi de mon cheval, Et uns des sergenz le prenoit ; Et je vi que vers moi venoit Une pucele bele et gente. En li esgarder mis m'antente, Qu'ele estoit bele et longue et droite. De moi desarmer fu adroite, Qu'ele le fist et bien et bel ; Et m'afubla d'un cort mantel Vair d'escarlate peonace ; Et se nos guerpirent la place, Que avoec moi ne avoec li Ne remest nus ; ce m'abeli, Que plus n'i queroie veoir. Et ele me mena seoir El plus bel praelet del monde, Clos de bas mur a la reonde. La la trovai si afeitiee, Si bien parlant, si anseigniee, De tel solaz et de tel estre Que mout m'i delitoit a estre, Ne ja mes por nul estovoir Ne m'an queïsse removoir ; Mes tant me fist, la nuit, de guerre Li vavasors qu'il me vint querre Qant de soper fu tans et ore ; N'i poi plus feire de demore, Si fis lors son comandemant. Del soper vos dirai briemant Qu'il fu del tot a ma devise, Des que devant moi fu assise La pucele, qui s'i assist. Aprés mangier itant me dist Li vavasors qu'il ne savoit Le terme puis que il avoit Herbergié chevalier errant Qui aventure alast querant ; N'en ot, piece a, nul herbergié. Aprés me repria que gié Par son ostel m'an revenisse An guerredon et an servise, Et je li dis : » Volentiers, sire « Que honte fust de l'escondire ; Petit por mon oste feïsse Se cest don li escondeïsse. Mout fui bien la nuit ostelez, Et mes chevax fu establez, Que g'en oi mout proié le soir. Lors que l'en pot le jor veoir, Si fu bien fette ma proiere ; Mon boen oste et sa fille chiere Au Saint Esperit comandai ; A trestoz congié demandai, Si m'en alai lués que je poi. L'ostel gaires esloignié n'oi Qant je trovai en uns essarz Tors salvages, ors et lieparz Qui s'antreconbatoient tuit Et demenoient si grant bruit Et tel fierté et tel orguel, Se voir conuistre vos an vuel, C'une piece me treis arriere, Que nule beste n'est tant fiere Ne plus orguelleuse de tor. Uns vileins, qui resanbloit Mor, Leiz et hideus a desmesure, Einsi tres leide criature Qu'an ne porroit dire de boche, Assis s'estoit sor une çoche, Une grant maçue en sa main. Je m'aprochai vers le vilain, Si vi qu'il ot grosse la teste Plus que roncins ne autre beste, Chevox mechiez et front pelé, S'ot pres de .ii. espanz de lé, Oroilles mossues et granz Autiex com a uns olifanz, Les sorcix granz et le vis plat, Ialz de çuete et nes de chat, Boche fandue come lous, Danz de sengler aguz et rous, Barbe rosse, grenons tortiz, Et le manton aers au piz, Longue eschine torte et boçue. Apoiez fu sor sa maçue, Vestuz de robe si estrange Qu'il n'i avoit ne lin ne lange, Einz ot a son col atachiez .II. cuirs, de novel escorchiez, Ou de .ii. tors ou de .ii. bués. An piez sailli li vilains lués Qu'il me vit vers lui aprochier. Ne sai s'il me voloit tochier Ne ne sai qu'il voloit enprendre, Mes je me garni de desfandre Tant que je vi que il estut En piez toz coiz ne ne se mut, Et fu montez desor .i. tronc, S'ot bien .xvii. piez de lonc ; Si m'esgarda ne mot ne dist, Ne plus c'une beste feïst ; Et je cuidai qu'il ne seüst Parler ne reison point n'eüst. Tote voie tant m'anhardi Que je li dis : “ Va, car me di Se tu es boene chose ou non ! ” Et il me dist qu'il ert uns hom. “ Quiex hom iés tu ? - Tex con tu voiz ; Si ne sui autres nule foiz. - Que fez tu ci ? - Ge m'i estois, Et gart les bestes de cest bois. - Gardes ? Par saint Pere de Rome, Ja ne conuissent eles home ! Ne cuit qu'an plain ne an boschage Puisse an garder beste sauvage, N'en autre leu, por nule chose, S'ele n'est liee et anclose. - Je gart si cestes et justis Que ja n'istront de cest porpris. - Et tu, comant ? Di m'an le voir. - N'i a celi qui s'ost movoir Des que ele me voit venir ; Car quant j'en puis une tenir, Si l'estraing si par les .ii. corz, As poinz que j'ai et durs et forz, Que les autres de peor tranblent Et tot environ moi s'asanblent Ausi con por merci crier ; Ne nus ne s'i porroit fier, Fors moi, s'antr'eles s'estoit mis, Qu'il ne fust maintenant ocis. Einsi sui de mes bestes sire, Et tu me redevroies dire Quiex hom tu iés et que tu quiers. - Je sui, fet il, uns chevaliers Qui quier ce que trover ne puis ; Assez ai quis, et rien ne truis. - Et que voldroies tu trover ? - Avanture, por esprover Ma proesce et mon hardemant. Or te pri et quier et demant, Se tu sez, que tu me consoille Ou d'aventure ou de mervoille. - A ce, fet il, faudras tu bien : D'aventure ne sai je rien, N'onques mes n'en oï parler. Mes se tu voloies aler Ci pres jusqu'a une fontainne, N'en revandroies pas sanz painne, Se ne li randoies son droit. Ci pres troveras or endroit .I. Santier qui la te manra. Tote la droite voie va, Se bien viax tes pas anploier, Que tost porroies desvoier : Il i a d'autres voies mout. La fontainne verras qui bout, S'est ele plus froide que marbres. Onbre li fet li plus biax arbres C'onques poïst former Nature. En toz tens sa fuelle li dure, Qu'il ne la pert por nul iver. Et s'i pant uns bacins de fer A une si longue chaainne Qui dure jusqu'an la fontainne. Lez la fontainne troverras .I. perron, tel con tu verras ; Je ne te sai a dire quel, Que je n'en vi onques nul tel ; Et d'autre part une chapele, Petite, mes ele est mout bele. S'au bacin viax de l'eve prandre Et desus le perron espandre, La verras une tel tanpeste Qu'an cest bois ne remanra beste, Chevriax ne cers ne dains ne pors, Nes li oisel s'an istront fors ; Car tu verras si foudroier, Vanter, et arbres peçoier, Plovoir, toner et espartir Que, se tu t'an puez departir Sanz grant enui et sanz pesance, Tu seras de meillor cheance Que chevaliers qui i fust onques. ” Del vilain me parti adonques, Qu'il i ot la voie mostree. Espoir si fu tierce passee Et pot estre pres de midi Quant l'arbre et la fontainne vi. Bien sai de l'arbre, c'est la fins, Que ce estoit li plus biax pins Qui onques sor terre creüst. Ne cuit c'onques si fort pleüst Que d'eve i passast une gote, Einçois coloit par desor tote. A l'arbre vi le bacin pandre, Del plus fin or qui fust a vandre Encor onques en nule foire. De la fontainne, poez croire [...] Li perrons ert d'une esmeraude, Perciee ausi com une boz, Et s'a .iiii. rubiz desoz, Plus flanboianz et plus vermauz Que n'est au matin li solauz, Qant il apert en oriant. Ja, que je sache a esciant, Ne vos an mantirai de mot. La mervoille a veoir me plot De la tanpeste et de l'orage, Don je ne me ting mie a sage, Que volentiers m'an repantisse Tot maintenant, se je poïsse, Quant je oi le perron crosé De l'eve au bacin arosé. Mes trop en i verssai, ce dot ; Que lors vi le ciel si derot Que de plus de .xiiii. parz Me feroit es ialz li esparz Et les nues tot mesle mesle Gitoient pluie, noif et gresle. Tant fu li tans pesmes et forz Que cent foiz cuidai estre morz Des foudres qu'antor moi cheoient Et des arbres qui peceoient. Sachiez que mout fui esmaiez, Tant que li tans fu rapaiez. Mes Dex tost me rasegura, Que li tans gaires ne dura Et tuit li vant se reposerent ; Des que Deu plot, vanter n'oserent. Et quant je vi l'air cler et pur, De joie fui toz asseür, Que joie, s'onques la conui, Fet tot oblier grant enui. Jusque li tans fu trespassez, Vi sor le pin toz amassez Oisiax, s'est qui croire le vuelle, Qu'il n'i paroit branche ne fuelle Que tot ne fust covert d'oisiax ; S'an estoit li arbres plus biax ; Doucemant li oisel chantoient Si que mout bien s'antracordoient ; Et divers chanz chantoit chascuns, C'onques ce que chantoit li uns A l'autre chanter ne oï. De lor joie me resjoï, S'escoutai tant qu'il orent fet Lor servise trestot a tret ; Que mes n'oï si bele joie Ne ja ne cuit que nus hom l'oie Se il ne va oïr celi Qui tant me plot et abeli Que je m'an dui por fos tenir. Tant i fui que j'oï venir Chevaliers, ce me fu avis, Bien cuidai que il fussent dis, Tel noise et tel bruit demenoit Uns seus chevaliers qui venoit. Quant ge le vi tot seul venant, Mon cheval restraing maintenant N'a monter demore ne fis ; Et cil, come mautalentis, Vint plus tost c'uns alerions, Fiers par sanblant come lions. De si haut con il pot crier Me comança a desfier, Et dist : “ Vassax, mout m'avez fet, Sanz desfiance, honte et let. Desfier me deüssiez vos Se il eüst reison an vos, Ou au moins droiture requerre Einz que vos me meüssiez guerre. Mes se je puis, sire vasax, Sor vos retornera cist max Del domage qui est paranz ; Environ moi est li garanz De mon bois qui est abatuz. Plaindre se doit qui est batuz ; Et je me plaing, si ai reison, Que vos m'avez de ma meison Fors chacié a foudre et a pluie. Fet m'avez chose qui m'enuie, Et dahez ait cui ce est bel, Qu'an mon bois et an mon chastel M'avez feite tele envaïe Ou mestier ne m'eüst aïe Ne de grant tor ne de haut mur. Onques n'i ot home asseür An forteresce qui i fust De dure pierre ne de fust. Mes sachiez bien que des or mes N'avroiz de moi trives ne pes. ” A cest mot, nos antrevenimes, Les escuz anbraciez tenimes, Si se covri chascuns del suen. Li chevaliers ot cheval buen Et lance roide ; et fu sanz dote Plus granz de moi la teste tote. Einsi del tot a meschief fui, Que je fui plus petiz de lui Et ses chevax miaudres del mien. Parmi le voir, ce sachiez bien, M'an vois por ma honte covrir. Si grant cop con je poi ferir Li donai, c'onques ne m'an fains ; El conble de l'escu l'atains ; S'i mis trestote ma puissance Si qu'an pieces vola ma lance ; Et la soe remest antiere, Qu'ele n'estoit mie legiere, Einz pesoit plus, au mien cuidier, Que nule lance a chevalier, Qu'ainz nule si grosse ne vi. Et li chevaliers me feri Si duremant que del cheval Parmi la crope, contreval, Me mist a la terre tot plat ; Si me leissa honteus et mat, C'onques puisne me regarda. Mon cheval prist et moi leissa, Si se mist arriere a la voie. Et je, qui mon roi ne savoie, Remés angoisseus et pansis. Delez la fontainne m'asis .I. petit, si me sejornai ; Le chevalier siudre n'osai, Que folie feire dotasse. Et, se je bien siudre l'osasse, Ne sai ge que il se devint. En la fin, volantez me vint Qu'a mon oste covant tanroie Et que a lui m'an revanroie. Ensi me plot, ensi le fis ; Mes jus totes mes armes mis Por plus aler legieremant ; Si m'an reving honteusemant. Qant je ving la nuit a ostel, Trovai mon oste tot autel, Ausi lié et ausi cortois Come j'avoie fet einçois. Onques de rien ne m'aparçui, Ne de sa fille ne de lui, Que moins volentiers me veïssent Ne que moins d'enor me feïssent Qu'il avoient fet l'autre nuit. Grant enor me porterent tuit, Les lor merciz, an la meison ; Et disoient c'onques mes hom N'an eschapa, que il seüssent Ne que il oï dire eüssent, De la don j'estoie venuz, Qu'il n'i fust morz ou retenuz. Ensi alai, ensi reving ; Au revenir por fol me ting. Si vos ai conté come fos Ce c'onques mes conter ne vos. - Par mon chief, fet messire Yvains, Vos estes mes cosins germains, Si nos devons mout entramer ; Mes de ce vos puis fol clamer Quant vos tant le m'avez celé. Se je vos ai fol apelé, Je vos pri qu'il ne vos an poist, Que se je puis et il me loist, G'irai vostre honte vangier. - Bien pert que c'est aprés mangier, Fet Kex, qui teire ne se pot. Plus a paroles an plain pot De vin qu'an un mui de cervoise. L'en dit que chaz saous s'anvoise. Aprés mangier, sanz remuer, Vet chascuns Loradin tuer, Et vos iroiz vengier Forré ! Sont vostre panel aborré Et voz chauces de fer froiees Et voz banieres desploiees ? Or tost, por Deu, messire Yvain, Movroiz vos enuit ou demain ? Feites le nos savoir, biax sire, Quant vos iroiz an cest martire, Que nos vos voldrons convoier ; N'i avra prevost ne voier Qui volantiers ne vos convoit. Et si vos pri, comant qu'il soit, N'en alez pas sanz noz congiez. Et se vos anquenuit songiez Malvés songe, si remenez ! - Comant ? Estes vos forssenez, Messire Kex, fet la reïne, Que vostre leingue onques ne fine ? La vostre leingue soit honie, Que tant i a d'escamonie ! Certes, vostre leingue vos het, Que tot le pis que ele set Dit a chascun, comant qu'il soit. Leingue qui onques ne recroit De mal dire soit maleoite ! La vostre leingue si esploite Qu'ele vos fet par tot haïr : Mialz ne vos puet ele traïr. Bien sachiez, je l'apeleroie De traïson, s'ele estoit moie. Home qu'an ne puet chastier Devroit en au mostier lier Come desvé, devant les prones. - Certes, dame, de ses ranposnes, Fet messire Yvains, ne me chaut. Tant puet et tant set et tant vaut Messire Kex an totes corz Qu'il n'i iert ja müez ne sorz. Bien set ancontre vilenie Respondre san et corteisie, Ne nel fist onques autremant. Or savez vos bien se je mant. Mes je n'ai cure de tancier Ne de folie ancomancier ; Que cil ne fet pas la meslee Qui fiert la premiere colee, Einz la fet cil qui se revanche. Bien tanceroit a un estrange Qui ranpone son conpaignon. Ne vuel pas sanbler le gaignon Qui se herice et se reguingne Qant autres gaingnons le rechingne. » Queque il parloient ensi, Li rois fors de la chanbre issi, Ou il ot fet longue demore, Que dormi ot jusqu'a ceste ore. Et li baron, quant il le virent, Tuit an piez contre lui saillirent Et il toz raseoir les fist. Delez la reïne s'asist, Et la reïne maintenant Les noveles Calogrenant Li reconta tot mot a mot, Que bien et bel conter li sot. Li rois les oï volantiers Et fist trois sairemanz antiers, L'ame Uterpandagron son pere Et la son fil et la sa mere, Qu'il iroit veoir la fontaine, Ja einz ne passeroit quinzaine, Et la tempeste et la mervoille, Si que il i vanra la voille Monseignor Saint Jehan Baptiste, Et s'i panra la nuit son giste, Et dit que avoec lui iroient Tuit cil qui aler i voldroient. De ce que li rois devisa Tote la corz mialz l'en prisa, Car mout i voloient aler Li baron et li bacheler. Mes qui qu'an soit liez et joianz, Messire Yvains an fu dolanz, Qu'il i cuidoit aler toz seus ; Si fu destroiz et angoisseus Del roi, qui aler i devoit. Por ce seulemant li grevoit Qu'il savroit bien que la bataille Avroit messire Kex, sanz faille, Einz que il, s'il la requeroit ; Ja vehee ne li seroit ; Ou messire Gauvains meïsmes, Espoir, li demandera primes. Se nus de ces deus la requiert, Ja contredite ne lor iert. Mes il ne les atendra mie, Qu'il n'a soing de lor conpaignie, Einçois ira toz seus, son vuel, Ou a sa joie ou a son duel, Et, qui que remaigne a sejor, Il vialt estre jusqu'a tierz jor An Broceliande, et querra, S'il puet, tant que il troverra L'estroit santier tot boissoneus, Que trop an est cusançoneus, Et la landeet la meison fort Et le solaz et le deport De la cortoise dameisele Qui mout est avenanz et bele, Et le prodome avoec sa fille, Qui a enor feire s'essille, Tant est frans et de boene part. Puis verra la tor et l'essart Et le grant vilain qui le garde. Li veoirs li demore et tarde Del vilain qui tant par est lez, Granz et hideus et contrefez Et noirs a guise d'esperon. Puis verra, s'il puet, le perron Et la fontainne et le bacin Et les oisiax desor le pin ; Si fera plovoir et vanter. Mes il ne s'en quiert ja vanter Ne ja, son vuel, nus nel savra Jusque tant que il en avra Grant honte ou grant enor eüe, Puis si soit la chose seüe. Messire Yvains de la cort s'anble Si qu'a nul home ne s'asanble, Mes seus vers son ostel s'en va. Tote sa mesniee trova, Si comande a metre sa sele Et un suen escuier apele Cui il ne celoit nule rien. « Di va ! fet il, avoec moi vien La fors et mes armes m'aporte ! Je m'an istrai par cele porte Sor mon palefroi, tot le pas. Garde, ne demorer tu pas, Qu'il me covient mout loing errer. Et mon cheval fai bien ferrer, Si l'amainne tost aprés moi, Puis ramanras mon palefroi. Mes garde bien, ce te comant, S'est nus qui de moi te demant, Que ja noveles li an dies. Se or de rien an moi te fies, Ja mar t'i fieroies mes. - Sire, fet il, or aiez pes, Que ja par moi nus nel savra. Alez, que je vos siudrai la. » Messire Yvains maintenant monte, Qu'il vangera, s'il puet, la honte Son cosin einz que il retort. Li escuiers maintenant cort Au boen cheval, si monta sus, Que de demore n'i ot plus, Qu'il n'i failloit ne fers ne clos. Son seignor siust toz les galos Tant que il le vit descendu, Qu'il l'avoit un po atendu Loing del chemin, en .i. destor. Tot son hernois et son ator En aporte ; cil l'atorna. Messire Yvains ne sejorna, Puis qu'armez fu, ne tant ne quant, Einçois erra chascun jor tant, Par montaignes et par valees Et par forez longues et lees, Par leus estranges et salvages, Et passa mainz felons passages Et maint peril et maint destroit Tant qu'il vint au santier estroit Plain de ronces et d'oscurtez ; Et lors fu il asseürez Qu'il ne pooit mes esgarer. Qui que le doie conparer, Ne finera tant que il voie Le pin qui la fontainne onbroie, Et le perron et la tormante Qui grausle et pluet et tone et vante. La nuit ot, ce poez savoir, Tel oste com il vost avoir ; Car plus de bien et plus d'enor Trueve il assez el vavasor Que ne vos ai conté et dit ; Et an la pucele revit De san et de biauté cent tanz Que n'ot conté Calogrenanz, Qu'an ne puet pas dire la some De prode fame et de prodome, Des qu'il s'atorne a grant bonté. Ja n'iert tot dit ne tot conté, Que leingue ne puet pas retreire Tant d'enor con prodon set feire. Messire Yvains cele nuit ot Mout boen ostel, et mout li plot. Et vint es essarz l'andemain, Si vit les tors et le vilain, Qui la voie li anseingna ; Mes [...] de cent foiz se seingna De la mervoille que il ot, Comant Nature feire sot Oevre si leide et si vilainne. Puis erra jusqu'a la fontainne, Si vit qanqu'il voloit veoir. Sanz arester et sanz seoir, Verssa sor le perron de plain De l'eve le bacin tot plain. Et maintenant vanta et plut Et fist tel tans con faire dut. Et quant Dex redona le bel, Sor le pin vindrent li oisel Et firent joie merveilleuse Sor la fontainne perilleuse. Einz que la joie fust remeise, Vint, d'ire plus ardanz que breise, Uns chevaliers a si grant bruit Con s'il chaçast .i. cerf de ruit. Et maintenant qu'il s'antrevirent, S'antrevindrent et sanblant firent Qu'il s'antrehaïssent de mort. Chascuns ot lance roide et fort ; Si s'antredonent si granz cos Qu'an.ii. les escuz de lor cos Percent, et li hauberc deslicent ; Les lances fandent et esclicent, Et li tronçon volent an haut. Li uns l'autre a l'espee assaut ; Si ont, au chaple des espees, Les guiges des escuz colpees Et les escuz dehachiez toz, Et par desus et par desoz, Si que les pieces an depandent N'il ne s'an cuevrent ne desfandent ; Car si les ont harigotez Qu'a delivre sor les costez Et sor les piz et sor les hanches Essaient les espees blanches. Felenessemant s'antrespruevent N'onques d'un estal ne se muevent Ne plus que feïssent dui gres ; Einz dui chevalier plus angrés Ne furent de lor mort haster. N'ont cure de lor cos gaster, Que mialz qu'il pueent les anploient. Les hiaumes anbuingnent et ploient Et des haubers les mailles volent, Si que del sanc assez se tolent ; Car d'ax meïsmes sont si chaut Lor hauberc que li suens ne vaut A chascun gueres plus d'un froc. Anz el vis se fierent d'estoc, S'est mervoille comant tant dure Bataille si fiere et si dure. Mes andui sont de si fier cuer Que li uns por l'autre, a nul fuer, De terre .i. pié ne guerpiroit Se jusqu'a mort ne l'enpiroit. Et de ce firent mout que preu C'onques lor cheval an nul leu Ne ferirent ne maheignierent, Qu'il ne vostrent ne ne deignierent, Mes toz jorz a cheval se tienent Que nule foiz a pié ne vienent ; S'an fu la bataille plus bele. En la fin, son hiaume escartele Au chevalier messire Yvains. Del cop fu estonez et vains Li chevaliers ; mout s'esmaia, Qu'ainz si felon cop n'essaia, Qu'il li ot desoz le chapel Le chief fandu jusqu'au cervel, Tant que del cervel et del sanc Taint la maille del hauberc blanc, Don si tres grant dolor santi Qu'a po li cuers ne li manti. S'il s'an foï, n'a mie tort, Qu'il se santi navrez a mort ; Car riens ne li valut desfansse. Si tost s'an fuit, com il s'apansse, Vers son chastel, toz esleissiez, Et li ponz li fu abeissiez Et la porte overte a bandon ; Et messire Yvains de randon Quanqu'il puet aprés esperone. Si con girfauz grue randone, Qui de loing muet et tant l'aproche Qu'il la cuide panre et n'i toche, Ensi cil fuit, et cil le chace Si pres qu'a po qu'il ne l'anbrace, Et si ne le par puet ataindre ; Et s'est si pres que il l'ot plaindre De la destrece que il sant. Mes toz jorz a foïr entant Et cil de chacier s'esvertue, Qu'il crient sa poinne avoir perdue Se mort ou vif ne le retient, Que des ranpones li sovient Que messire Kex li ot dites. N'est pas de la promesse quites Que son cosin avoit promise, Ne creüz n'iert an nule guise S'anseignes veraies n'an porte. A esperon jusqu'a la porte De son chastel l'en a mené ; Si sont anz enbedui antré. Home ne fame n'i troverent Es rues par ou il antrerent, Si vindrent anbedui d'eslés Parmi la porte del palés. La porte fu mout haute et lee, Si avoit si estroite antree Que dui home ne dui cheval Sanz anconbrier et sanz grant mal N'i pooient ansanble antrer N'anmi la porte entrancontrer ; Car ele estoit autresi faite Con l'arbaleste qui agaite Le rat, quant il vient au forfet ; Et l'espee est an son aguet Desus, qui tret et fiert et prant, Qu'ele eschape lors et descent Que riens nule adoise a la clef, Ja n'i tochera si soef. Ensi desus la porte estoient Dui trabuchet qui sostenoient Amont une porte colant De fer esmolue et tranchant ; Se riens sor ces engins montoit, La porte d'amont descendoit ; S'estoit pris et dehachiez toz Cui la porte ateignoit desoz. Et tot enmi a droit conpas Estoit si estroiz li trespas Con se fust uns santiers batuz. El droit santier s'est anbatuz Li chevaliers mout sagemant Et messire Yveins folemant Hurte grant aleüre aprés, Si le vint ateignant si pres Qu'a l'arçon derriere le tint ; Et de ce mout bien li avint Qu'il se fu avant estanduz : Toz eüst esté porfanduz, Se ceste avanture ne fust, Que li chevax marcha le fust Qui tenoit la porte de fer. Si con li deables d'anfer, Descent la porte et chiet aval Sanz enconbrier et sanz grant mal Derriere, et tranche tot par mi ; Mes ne tocha, la Deu merci, Monseignor Yvein maintenant, Qu'a res del dos li vint reant, Si c'anbedeus les esperons Li trancha a res des talons, Et il cheï mout esmaiez ; Cil qui estoit a mort plaiez Li eschapa en tel meniere. Une autel porte avoit derriere Come cele devant estoit. Li chevaliers qui s'an fuioit Par cele porte s'an foï Et la porte aprés lui cheï. Ensi fu messire Yvains pris. Mout angoisseus et antrepris Remest dedanz la sale anclos, Qui tote estoit cielee a clos Dorez, et pointes les meisieres De boene oevre et de colors chieres. Mes de rien si grant duel n'avoit Con de ce que il ne savoit Quel part cil an estoit alez. Une chanbrete iqui delez Oï ovrir ; d'un huis estroit, Queque il ert an son destroit, S'an issi une dameisele, Gente de cors et de vis bele, Et l'uis aprés li referma. Qant monseignor Yvein trova, Si l'esmaia mout de premiers : « Certes, fet ele, chevaliers, Je criem que mal soiez venuz : Se vos estes ceanz tenuz, Vos i seroiz toz depeciez, Que mes sire est a mort plaiez Et bien sai que vos l'avez mort. Ma dame an fet .i. duel si fort, Et ses genz anviron lui crïent, Que par po de duel ne s'ocïent ; Si vos sevent il bien ceanz, Mes entr'ax est li diax si granz Que il n'i pueent or entandre ; Si vos voelent ocirre ou pandre : A ce ne pueent il faillir, Qant il vos voldront assaillir. » Et messire Yvains li respont : « Ja, se Deu plest, ne m'ocirront Ne ja par aus pris ne serai. - Non, fet ele, que g'en ferai Avoec vos ma puissance tote. N'est mie prodon qui trop dote ; Por ce cuit que prodom soiez Que n'iestes pas trop esmaiez. Et sachiez bien, se je pooie, Servise et enor vos feroie, Car vos la feïstes ja moi. Une foiz, a la cort le roi M'envoia ma dame an message. Espoir, si ne fui pas si sage, Si cortoise, ne de tel estre Come pucele deüst estre ; Mes onques chevalier n'i ot Qu'a moi deignast parler .i. mot Fors vos, tot seul, qui estes ci ; Mes vos, la vostre grant merci, M'i enorastes et servistes. De l'enor que vos m'i feïstes Vos randrai ja le guerredon. Bien sai comant vos avez non Et reconeü vos ai bien : Filz estes au roi Urien Et s'avez non messire Yvains. Or soiez seürs et certains Que ja, se croire me volez, N'i seroiz pris ne afolez ; Et cest mien anelet prendroiz Et, s'il vos plest, sel me randroiz Quant je vos avrai delivré. » Lors li a l'anelet livré, Si li dist qu'il avoit tel force Com a, desus le fust, l'escorce, Qu'el le cuevre, qu'an n'en voit point ; Mes il covient que l'en l'anpoint Si qu'el poing soit la pierre anclose ; Puis n'a garde de nule chose Cil qui l'anel an son doi a, Que ja veoir ne le porra Nus hom, tant ait les ialz overz, Ne que le fust qui est coverz De l'escorce, qu'an n'en voit point. Monseignor Yvain ce anjoint, Et, quant ele li ot ce dit, Sel mena seoir en .i. lit Covert d'une coute si riche Qu'ainz n'ot tel li dus d'Osteriche ; Cele dit que, se il voloit, A mangier li aporteroit ; Et il dist qu'il li estoit bel. La dameisele cort isnel En sa chanbre et revint mout tost, S'aporta .i. chapon en rost Et vin qui fu de boene grape, Plain pot, covert de blanche nape ; Si li a a mangier offert Cele qui volentiers le sert ; Et cil, cui bien estoit mestiers, Menja et but mout volentiers. Quant il ot mangié et beü, Furent par leanz espandu Li chevalier qui le queroient, Qui lor seignor vangier voloient, Qui ja estoit an bieres mis. Et cele li a dit : « Amis, Oez qu'il vos quierent ja tuit ; Mout i a grant noise et grant bruit, Mes, qui que veigne et qui que voise, Ne vos movez ja por la noise, Que vos ne seroiz ja trovez, Se de cest lit ne vos movez ; Ja verroiz plainne ceste sale De gent mout enuieuse et male Qui trover vos i cuideront ; Et si cuit qu'il aporteront Par ci le cors por metre an terre ; Si vos comanceront a querre Et desoz bans et desoz liz. Si seroit solaz et deliz A home qui peor n'avroit, Quant gent si avuglez verroit ; Qu'il seront tuit si avuglé, Si desconfit, si desjuglé Que il anrageront tuit d'ire ; Je ne vos sai ore plus dire Ne je n'i os plus demorer. Mes Deu puisse je aorer, Qui m'a doné le leu et l'eise De feire chose qui vos pleise, Que mout grant talant en avoie. » Lors s'est arriers mise a la voie Et, quant ele s'an fu tornee, Fu tote la genz atornee, Qui de .ii. parz as portes vindrent Et bastons et espees tindrent ; Si ot mout grant fole et grant presse De gent felenesse et angresse ; Et virent del cheval tranchié, Devant la porte, la mitié. Lors si cuidoient estre cert, Qant li huis seroient overt, Que dedanz celui troveroient Que il por ocirre queroient. Puis firent traire amont les portes, Par coi maintes genz furent mortes, Mes il n'i ot a celui triege Tandu ne trebuchetne piege, Einz i entrerent tuit de front ; Et l'autre mitié trovee ont Del cheval mort devant le suel ; Mes onques entr'ax n'orent oel Don monseignor Yvain veïssent, Que mout volentiers oceïssent ; Et il les veoit anragier Et forssener et correcier ; Et disoient : « Ce, que puet estre ? Que ceanz n'a huis ne fenestre Par ou riens nule s'an alast, Se ce n'ert oisiax qui volast Ou escuriax ou cisemus Ou beste ausi petite ou plus, Que les fenestres sont ferrees, Et les portes furent fermees Lors que mes sire en issi fors ; Morz ou vis est ceanz li cors, Que defors ne remest il mie. La sele assez plus que demie Est ça dedanz, ce veons bien, Ne de lui ne trovomes rien Fors que les esperons tranchiez Qui li cheïrent de ses piez. Or au cerchier par toz ces engles, Si lessomes ester ces gengles, Qu'ancor est il ceanz, ce cuit, Ou nos somes anchanté tuit, Ou tolu le nos ont maufé. » Ensi trestuit d'ire eschaufé Parmi la sale le queroient Et parmi les paroiz feroient Et par les liz et par les bans ; Mes des cos fu quites et frans Li liz ou cil estoit couchiez, Qu'il n'i fu feruz ne tochiez. Mes assez ferirent antor Et mout randirent grant estor Par tot leanz de lor bastons, Com avugles qui a tastons Va aucune chose cerchant. Quequ'il aloient reverchant Desoz liz et desoz eschames, Vint une des plus beles dames C'onques veïst riens terriene. De si tres bele crestiene Ne fu onques plez ne parole ; Mes de duel feire estoit si fole Qu'a po qu'ele ne s'ocioit. A la foiee, si crioit Si haut com ele pooit plus, Et recheoit pasmee jus. Et quant ele estoit relevee, Ausi come fame desvee, Se comançoit a dessirier Et ses chevols a detranchier ; Ses mains detuert et ront ses dras, Si se repasme a chascun pas, Ne riens ne la puet conforter, Que son seignor en voit porter Devant li, en la biere, mort, Don ja ne cuide avoir confort ; Por ce crioit a haute voiz. L'eve beneoite et les croiz Et li cierge aloient avant Avoec les dames d'un covant, Et li texte et li ancenssier Et li clerc, qui sont despanssier De feire la haute despansse A cui la cheitive ame pansse. Messire Yvains oï les criz Et le duel, qui ja n'iert descriz, Ne nus ne le porroit descrivre, Ne tex ne fu escriz an livre ; Et la processions passa, Mes enmi la sale amassa Entor la biere uns granz toauz, Que li sans chauz, clers, et vermauz Rissi au mort parmi la plaie ; Et ce fu provance veraie Qu'ancor estoit leanz, sanz faille, Cil qui ot feite la bataille Et qui l'avoit mort et conquis. Lors ont par tot cerchié et quis Et reverchié et tremué, Si que tuit furent tressué De grant angoisse et de tooil Qu'il orent por le sanc vermoil Qui devant aus fu degotez. Puis fu mout feruz et botez Messire Yveins, la ou il jut ; Mes ainz por ce ne se remut. Et les genz plus et plus crioient Por les plaies qui escrevoient ; Si se mervoillent por coi seinnent, N'il ne truevent de coi se pleingnent, Et dit chascuns et cil et cist : « Entre nos est cil qui l'ocist, Ne nos ne le veomes mie : Ce est mervoille et deablie. » Por ce tel duel par demenoit La dame qu'ele forssenoit Et crioit come fors del san : « Ha ! Dex, don ne trovera l'an L'omecide, le traïtor Qui m'a ocis mon boen seignor ? Boen ? Voire le meillor des buens ! Voirs Dex, li torz an seroit tuens Se tu l'en leisses eschaper. Autrui que toi n'en doi blasmer, Que tu le m'anbles a veüe. Einz tex force ne fu veüe Ne si lez torz con tu me fez, Que nes veoir ne le me lez, Celui qui est si pres de moi. Bien puis dire, quant je nel voi, Que antre nos s'est ceanz mis Ou fantosmes ou anemis ; S'an sui anfantosmee tote ; Ou il est coarz, si me dote ; Coarz est il, quant il me crient : De grant coardise li vient Qant devant [...] mostrer ne s'ose. Ha ! fantosme, coarde chose, Por qu'iés vers moi acoardie Quant vers mon seignor fus hardie ? Que ne t'ai ore an ma baillie ? Ta puissance fust ja faillie ! Por coi ne te puis or tenir ? Mes ce, comant pot avenir Que tu mon seignor oceïs Se an traïson nel feïs ? Ja voir par toi conquis ne fust Mes sires, se veü t'eüst, Qu'el monde son paroil n'avoit, Ne Dex ne hom ne l'i savoit, Ne il n'en i a mes nul tex. Certes, se tu fusses mortex, N'osasses mon seignor atendre, Qu'a lui ne se pooit nus prendre. » Ensi la dame se debat, Ensi tot par li se conbat, Ensi tot par li se confont Et, avoec lui, ses genz refont Si grant duel que greignor ne pueent. Le cors an portent, si l'anfueent ; Et tant ont quis et tribolé Que de querre sont saolé ; Si le leissent tot par enui, Qu'il ne pueent veoir nelui Qui de rien an face a mescroire. Et les nonains et li provoire Orent ja fet tot le servise ; Repeirié furent de l'iglise Et venu sor la sepouture. Mes de tot ice n'avoit cure La dameisele de la chanbre ; De monseignor Yvain li manbre ; S'est a lui venue mout tost Et dit : « Biau sire, a mout grant ost A ceanz ceste gent esté. Mout ont par ceanz tanpesté Et reverchiez toz ces quachez, Plus menuemant que brachez Ne vet tracent perdriz ne caille. Peor avez eü sanz faille. - Par foi, fet il, vos dites voir ; Ja si grant ne cuidai avoir. Encores, se il pooit estre, Ou par pertuis ou par fenestre Verroie volentiers la fors La procession et le cors. » Mes il n'avoit en la entencion N'au cors n'a la procession, Qu'il volsist qu'il fussent tuit ars, Si li eüst costé cent mars. Cent mars ? Voire, plus de cent mile. Mes por la dame de la vile, Que il voloit veoir, le dist ; Et la dameisele le mist A une fenestre petite. Quanqu'ele puet vers lui s'aquite De l'enor qu'il li avoit feite. Parmi cele fenestre agueite Messire Yvains la bele dame, Qui dit : « Biau sire, de vostre ame Ait Dex merci, si voiremant Com onques, au mien esciant, Chevaliers sor cheval ne sist Qui de rien nule vos vausist. De vostre enor, biax sire chiers, Ne fu onques nus chevaliers, Ne de la vostre conpaignie ; Largesce estoit la vostre amie Et Hardemanz vostre conpainz. En la conpaignie des sainz Soit la vostre ame, biax dolz sire ! » Lors se deront et se dessire Trestot quanque as mains li vient. A mout grant poinne se retient Messire Yveins, a que qu'il tort, Que les mains tenir ne li cort. Mes la dameisele li prie Et loe et comande et chastie, Come gentix et deboneire, Qu'il se gart de folie feire Et dit : « Vos estes ci mout bien. Gardez, ne vos movez por rien Tant que cist diaussoit abeissiez ; Et ces genz departir leissiez, Qu'il se departiront par tens. S'or vos contenez a mon sens, Si con je vos lo contenir, Granz biens vos an porra venir. Ci poez ester et seoir, Et anz et fors les genz veoir Qui passeront parmi la voie, Ne ja n'iert nus hom qui vos voie, Si avroiz mout grant aventage ; Mes gardez vos de dire outrage, Car qui se desroie et sormoinne Et d'outrage feire se poinne Qant il en a et eise et leu, Je l'apel plus malvés que preu. Gardez, se vos pansez folie, Que por ce ne la feites mie. Li sages son fol pansé cuevre Et met, s'il puet, le san a oevre. Or vos gardez bien come sages Que n'i lessiez la teste an gages, Qu'il n'en panroient reançon ; Soiez por vos an cusançon, Et de mon consoil vos soveigne ; S'estez an pes tant que je veigne, Que je n'os plus ci arester, Car g'i porroie trop ester, Espoir que l'en m'an mescresroit Por ce que l'en ne me verroit Avoec les autres an la presse, S'an panroie male confesse. » Atant s'en part et cil remaint, Qui ne set an quel se demaint, Que del cors qu'il voit qu'an enfuet Li poise, quant avoir n'en puet Aucune chose qui l'an port Tesmoing qu'il l'a ocis et mort. S'il n'en a tesmoing et garant Que mostrer puisse a parlemant, Donc iert il honiz en travers, Tant est Kex et fel et pervers, Plains de ranpones et d'enui, Qu'il ne garra ja mes a lui, Einz l'ira formant afeitant Et gas et ranpones gitant, Ausi con il fist l'autre jor. Males ranpones a sejor Li sont el cors batanz et fresches. Mes de son cuer et de ses lermes Li radolcist novele Amors Qui par sa terre a fet .i. cors, S'a tote sa proie acoillie ; Son cuer a o soi s'anemie, S'aimme la rien qui plus le het. Bien a vangiee, et si nel set, La dame la mort son seignor ; Vangence en a feite greignor Que ele panre n'an seüst S'Amors vangiee ne l'eüst, Qui si dolcemant le requiert Que par les ialz el cuer le fiert ; Et cist cos a plus grant duree Que cos de lance ne d'espee : Cos d'espee garist et sainne Mout tost, des que mires i painne ; Et la plaie d'Amors anpire Qant ele est plus pres de son mire. Cele plaie a messire Yvains, Dom il ne sera ja mes sains, Qu'Amors s'est tote a lui randue. Les leus ou ele ert espandue Vet reverchant, et si s'an oste ; Ne vialt avoir ostel ne oste Se cestui non, et que preuz fet Quant de malvés leu se retret Por ce qu'a lui tote se doint. Ne cuit qu'aillors ait de lui point ; Si cerche toz ces vix ostex ; S'est granz diax quant Amors est tex Et quant ele si mal se prueve Qu'el plus despit leu qu'ele trueve Se herberge ele autresi tost Com an tot le meillor de l'ost. Mes or est ele bien venue, Ci iert ele bien maintenue Et ci li fet boen sejorner. Ensi se devroit atorner Amors, qui est mout haute chose, Car mervoille est comant ele ose De honte an malvés leu descendre. Celui sanble qui an la cendre Et an la poudre espant son basme, Et het enor et ainme blasme, Et destranpre suie de miel Et mesle çucre avoeques fiel. Mes or n'a ele pas fet çué, Logiee s'est an franc alué, Dom nus ne li puet feire tort. Qant en ot anfoï le mort, S'an partirent totes les genz ; Clers ne chevaliers ne sergenz Ne dame n'i remest, que cele Qui sa dolor mie ne cele. Mes iqui remest tote sole, Et sovant se prant a la gole, Et tort ses poinz et bat ses paumes, Et list en .i. sautier ses saumes, Anluminé a letres d'or. Et messire Yvains est ancor A la fenestre, ou il l'esgarde ; Et quant il plus s'an done garde, Plus l'ainme et plus li abelist. Ce qu'ele plore et qu'ele list Volsist qu'ele lessié eüst Et qu'a lui parler li pleüst. An ce voloir l'a Amors mis, Qui a la fenestre l'a pris ; Mes de son voloir se despoire, Car il ne puet cuidier ne croire Que ses voloirs puisse avenir, Et dit : « Por fos me puis tenir, Quant je vuel ce que ja n'avrai ; Son seignor a mort li navrai Et je cuit a li pes avoir ! Par foi, je ne cuit pas savoir, Qu'ele me het plus or endroit Que nule rien, et si a droit. D'or endroit ai ge dit que sages, Que fame a plus de cent corages. Celui corage qu'ele a ore Espoir changera ele ancore ; Ainz le changera sanz " espoir " ; Mout sui fos quant je m'an despoir, Et Dex li doint ancor changier, Qu'estre m'estuet an son dongier Toz jorz mes, des qu'Amors le vialt. Qui Amor en gré ne requialt Des que ele antor li l'atret, Felenie et traïson fet ; Et je di, qui se vialt si l'oie, Que cil n'a droit en nule joie. Mes por ce ne perdrai je mie, Toz jorz amerai m'anemie, Que je ne la doi pas haïr Se je ne voel Amor traïr. Ce qu'Amors vialt doi je amer. Et doit me ele ami clamer ? Oïl, voir, por ce que je l'aim. Et je m'anemie la claim, Qu'ele me het, si n'a pas tort, Que ce qu'ele amoit li ai mort. Donques sui ge ses anemis ? Nel sui, certes, mes ses amis. Grant duel ai de ses biax chevox, C'onques rien tant amer ne vox, Que fin or passent, tant reluisent. D'ire m'espranent et aguisent Qant je les voi ronpre et tranchier ; N'onques ne pueent estanchier Les lermes, qui des ialz li chieent : Totes ces choses me dessieent ! Atot ce qu'il sont plain de lermes, Si qu'il n'en est ne fins ne termes, Ne furent onques si bel oel. De ce qu'ele plore me duel Ne de rien n'ai si grant destrece Come de son vis qu'ele blece, Qu'il ne l'eüst pas desservi : Onques si bien taillié ne vi Ne si fres ne si coloré ; Mes ce me par a acoré Que ele est a li enemie. Et voir, ele ne se faint mie Qu'au pis qu'ele puet ne se face ; Et nus cristauz ne nule glace N'est si clere ne si polie. Dex ! Por coi fet si grant folie Et por coi ne se blece mains ? Por coi detort ses beles mains Et fiert son piz et esgratine ? Don ne fust ce mervoille fine A esgarder, s'ele fust liee, Qant ele est or si bele iriee ? Oïl, voir, bien le puis jurer, Onques mes si desmesurer Ne se pot an biauté Nature, Que trespassee i a mesure Ou ele, espoir, n'i ovra onques. Comant poïst ce estre donques ? Don fust si grant biauté venue ? Ja la fist Dex, de sa main nue, Por Nature feire muser. Tot son tans i porroit user S'ele la voloit contrefere, Que ja n'en porroit a chief trere ; Nus d'aus, s'il s'an voloit pener, Ce cuit, ne porroit asener Que ja mes nule tel feïst Por poinne que il i meïst. » Ensi messire Yvains devise Celi qui de duel se debrise, N'ainz mes ne cuit qu'il avenist Que nus hom qui prison tenist, Tel con messire Yvains la tient, Que de la teste perdre crient, Amast an si fole meniere, Dom il ne fera ja proiere Ne autres por lui, puet cel estre. Tant demora a la fenestre Qu'il an vit la dame raler Et que l'en ot fet avaler Anbedeus les portes colanz. De ce fust uns autres dolanz, Que mialz amast sa delivrance Qu'il ne feïst la demorance ; Et il met tot autant a oevre Se l'en les clot, con s'an les oevre. Il ne s'an alast mie, certes, Se elesli fussent overtes Ne se la dame li donast Congié et si li pardonast La mort son seignor boenemant, Si s'en alast seüremant, Qu'Amors et Honte le retient, Qui de .ii. parz devant li vient. Il est honiz se il s'en va, Que ce ne recresroit en ja Qu'il eüst ensi esploitié ; D'autre part, ra tel covoitié De la bele dame veoir Au moins, se plus n'en puet avoir, Que de la prison ne li chaut : Mialz vialt morir que il s'en aut. Mes la dameisele repeire, Qui li vialt conpaignie feire Et solacier et deporter Et porchacier et aporter Quanque il voldra a devise. De l'amor qui en lui s'est mise, Le trova trespansé et vain ; Si li a dit : « Messire Yvain, Quel siegle avez vos puis eü ? - Tel, fet il, qui mout m'a pleü. - Pleü ? Por Deu, dites vos voir ? Comant puet donc boen siegle avoir Qui voit qu'an le quiert por ocirre ? Cil ainme sa mort et desirre ! - Certes, fet il, ma dolce amie, Morir n'i voldroie je mie, Et si me plot mout tote voie Ce que je vi, se Dex me voie, Et plot et pleira toz jorz mes. - Or le leissons atant an pes » Fet cele qui bien set antendre Ou ceste parole vialt tendre. « Ne sui si nice ne si fole Que bien n'entande une parole. Mes or an venez aprés moi, Que je panrai prochein conroi De vos gitier fors de prison. Bien vos metrai a garison, S'il vos plest, enuit ou demain ; Or an venez, je vos an main. » Et il respont : « Soiez certainne, Je n'an istrai fors, de semainne, En larrecin ne an enblee. Qant la genz iert tote asanblee Parmi ces rues, la defors, Plus a enor m'en istrai lors Que je ne feroie nuitantre. » A cest mot, aprés li s'en antre Dedanz la petite chanbrete. La dameisele, qui fu brete, Fu de lui servir an espans, Si li fist creance et despans De tot quanque il li covint. Et quant leus fu, si li sovint De ce que il li avoit dit, Que mout li plot ce que ilvit Que par la sale le queroient Les genz qui de mort le haoient. La dameisele estoit si bien De sa dame que nule rien A dire ne li redotast, A que que la chose montast, Qu'ele estoit sa mestre et sa garde. Et por coi fust ele coarde De sa dame reconforter Et de son bien amonester ? La premiere foiz a consoil Li dist : « Dame, mout me mervoil Que folemant vos voi ovrer. Dame, cuidiez vos recovrer Vostre seignor por vostre duel ? - Nenil, fet ele, mes mon vuel Seroie je morte d'enui. - Por coi ? - Por aler aprés lui. - Aprés lui ? Dex vos an desfande, Qui ausi boen seignor vos rande Si com il an est posteïs. - Einz tel mançonge ne deïs, Qu'il ne me porroit si boen randre. - Meillor, se vos le volez prandre, Vos randra il, sel proverai. - Fui ! Teis ! Ja tel ne troverai. - Si feroiz, dame, s'il vos siet. Mes or dites, si ne vos griet, Vostre terre, qui desfandra Quant li rois Artus i vendra, Qui doit venir l'autre semainne Au perron et a la fontainne ? N'en avez vos eü message De la dameisele sauvage Qui letres vos en anvea ? Ahi ! con bien les anplea ! Vos deüssiez or consoil prendre De vostre fontainne desfandre, Et vos ne finez de plorer ! N'i eüssiez que demorer, S'il vos pleüst, ma dame chiere, Que certes une chanberiere Ne valent tuit, bien le savez, Li chevalier que vos avez : Ja par celui qui mialz se prise N'en iert escuz ne lance prise. De gent malveise avez vos mout, Mes ja n'i avra si estout Qui sor cheval monter en ost, Et li rois vient a si grant ost Qu'il seisira tot sanz desfansse. » La dame set mout bien et pansse Que cele la consoille an foi ; Mes une folie a en soi Que les autres fames i ont : Trestotes, a bien pres, le font, Que de lor folie s'ancusent Et ce qu'eles voelent refusent. « Fui ! fet ele, lesse m'an pes. Se je t'an oi parler ja mes, Ja mar feras, mes que t'an fuies : Tant paroles que trop m'enuies. - A ben eor, fet ele, dame, Bien i pert que vos estes fame, Qui se corroce quant ele ot Nelui qui bien feire li lot. » Lors s'an parti, si la leissa ; Et la dame se rapanssa Qu'ele avoit si grant tort eü ; Mout volsist bien avoir seü Comant ele poïst prover Qu'an porroit chevalier trover Meillor c'onques ne fu ses sire ; Se li orroit volentiers dire, Mes ele li a desfandu. An ce panser a atendu Jusque tant que ele revint ; Mes onques desfansse n'en tint, Einz li redit tot maintenant : « Ha ! dame, est ce ore avenant, Qui si de duel vos ociez ? Por Deu, car vos en chastiez, Si le laissiezseviaxde honte : A si haute dame ne monte Que duel si longuemant mainteigne. De vostre enor vos resoveigne Et de vostre grant gentillesce. Cuidiez vos que tote proesce Soit morte avoec vostre seignor ? Que autresi boen ou meillor An sont remés parmi le monde. - Se tu ne manz, Dex me confonde ! Et neporquant .i. seul m'an nome Qui ait tesmoing de si preudome Con mes sire ot tot son ahé. - Et vos m'an savriez mal gré, Si vos recorroceriez Et m'en remenaceriez. - Nel ferai, je t'en asseür. - Or soit a vostre boen eür, Qui vos en est a avenir, Se il vos venoit a pleisir. Et ce doint Dex que il vos pleise ! Ne voi rien por coi je m'an teise, Que nus ne nos ot ne escoute. Vos me tanroiz ja por estoute, Mes bien puis dire, ce me sanble : Quant dui chevalier sont ansanble Venu a armes en bataille, Li quex cuidiez vos qui mialz vaille, Quant li uns a l'autre conquis ? Androit de moi doing je le pris Au veinqueor. Et vos, que feites ? - Il m'est avis que tu m'agueites, Si me viax a parole prandre. - Par foi, vos poez bien entandre Que je m'an vois parmi le voir, Et si vos pruef par estovoir Que mialz valut cil qui conquist Vostre seignor que il ne fist : Il le conquist et sel chaça Par hardemant anjusque ça, Et si l'enclost an sa meison. - Or ai ge oï desreison, La plus grant c'onques mes fust dite. Fui ! plainne de mal esperite, Ne mes devant moi ne reveingnes Por coi de lui parole teignes. - Certes, dame, bien le savoie Que ja de vos gré n'en avroie, Et jel vos dis mout bien avant. Mes vos m'eüstes an covant Que ja ire n'en avriez Ne mal gré ne m'an savriez. Mal m'avez mon covant tenu. Si m'est or ensi avenu Et dit m'avez vostre pleisir ; Si ai perdu .i. boen teisir. » Atant vers sa chanbre retorne, La ou messire Yvains sejorne, Cui ele garde a mout grant eise ; Mes n'i ot chose qui li pleise Qant la dame veoir ne puet, Et del plet que cele li muet Ne se garde ne n'an set mot. Mes la dame tote nuit ot A li meïsmes grant tançon, Qu'ele estoit en grant cusançon De sa fonteinne garantir. Si se comance a repantir De celi qu'ele avoit blasmee Et leidie et mesaamee, Qu'ele est tote seüre et certe Que por loier ne por desserte Ne por amor qu'a celui ait Ne l'en mist ele onques en plait. Et plus ainme ele li que lui, Ne sa honte ne son enui Ne li loeroit ele mie, Que trop est sa leax amie. Ez vos ja la dame changiee : De celi qu'ele ot leidangiee Ne cuide ja mes a nul fuer Que amer la doie an son cuer, Et celui qu'ele ot refusé Ra mout lëaumant escusé Par reison et par droit de plet, Qu'il ne li avoit rien mesfet. Si se desresne tot ensi Con s'il fust venuz devant li ; Lors sel comance a pleidoier : « Viax tu donc, fet ele, noier Que par toi ne soit morz mes sire ? - Ce, fet il, ne puis je desdire, Einz l'otroi bien. - Di donc por coi. Feïs le tu por mal de moi, Por haïne ne por despit ? - Ja n'aie je de mort respit S'onques por mal de vos le fis. - Donc n'as tu rien vers moi mespris Ne vers lui n'eüs tu nul tort, Car s'il poïst, il t'eüst mort. Por ce, mien esciant, cuit gié Que j'ai bien et a droit jugié. » Ensi par li meïsmes prueve Que droit san et reison i trueve Qu'an lui haïr n'a ele droit, Si an dit ce qu'ele voldroit ; Et par li meïsmes s'alume Ensi come li feus qui fume Tant que la flame s'i est mise, Que nus ne la soufle n'atise. Et s'or venoit la dameisele, Ja desresneroit la querele Dom ele l'a tant pleidoiee, S'an a esté bien leidoiee. Et cele revint par matin, Si recomança son latin La ou ele l'avoit leissié. Et cele tint le chief bessié, Qui a mesfete se santoit De ce que leidie l'avoit ; Mes or li voldra amander Et del chevalier demander Le non, et l'estre, et le linage ; Si s'umelie come sage, Et dit : « Merci crier vos vuel Del grant oltrage et de l'orguel Que je vos ai dit come fole, Si remanrai a vostre escole. Mes dites moi, se vos savez, Del chevalier don vos m'avez Tenue a plet si longuemant : Quiex hom est il et de quel gent ? Se il est tex qu'a moi ateigne, Mes que de par lui ne remaigne, Je le ferai, ce vos otroi, Seignor de ma terre et de moi. Mes il le covanra si fere Qu'an ne puisse de moi retrere Ne dire : » C'est cele qui prist Celui qui son seignor ocist. « - E non Deu, dame, ensi iert il. Seignor avroiz le plus gentil Et le plus gent et le plus bel Qui onques fust del ling Abel. - Comant a non ? - Messire Yvains. - Par foi, cist n'est mie vilains, Einz est mout frans, je le sai bien, Et s'est filz au roi Urien. - Par foi, dame, vos dites voir. - Et quant le porrons nos avoir ? - Jusqu'a quint jor. - Trop tarderoit, Que, mon vuel, ja venuz seroit. Veigne enuit ou demain, seviax. - Dame, ne cuit pas c'uns oisiax Poïst tant en .i. jor voler. Mes je i ferai ja aler .I. mien garçon qui mout tost cort, Qui ira bien jusqu'a la cort Le roi Artus, au mien espoir, Au moins jusqu'a demain au soir, Que jusque la n'iert il trovez. - Cist termes est trop lons assez : Li jor sont lonc. Mes dites li Que demain au soir resoit ci Et voist plus tost que il ne siaut, Car bien s'esforcera, s'il vialt : De .ii. jornees fera une ; Et anquenuit luira la lune, Si reface de la nuit jor, Et je li donrai au retor Quanqu'il voldra que je li doingne. - Sor moi leissiez ceste besoingne, Que vos l'avroiz, a tot le mains, Jusqu'a tierz jor antre voz mains. Et au demain remanderoiz Voz genz et si demanderoiz Consoil del roi qui doit venir. Por la costume maintenir De vostre fontainne desfandre Vos covendroit boen consoil prandre ; Et il n'i avra ja si haut Qui s'ost vanter que il i aut. Lors porroiz dire tot a droit Que marier vos covendroit. Uns chevaliers mout alosez Vos requiert, mes vos ne l'osez Panre s'il nel vos loent tuit Et s'il nel pranent an conduit. Tant les quenuis je a malvés Que, por autrui chargier le fes Dom il seroient tuit chargié, Vos an vanront trestuit au pié Et si vos an mercieront, Que fors de grant peor seront. Car qui peor a de son onbre, S'il puet, volentiers se desconbre D'ancontre de lance ou de dart, Que c'est malvés jex a coart. » Et la dame respont : « Par foi, Ensi le vuel, ensi l'otroi, Et je l'avoie ja pansé Si con vos l'avez devisé, Et tot ensi le ferons nos. Mes ci por coi demorez vos ? Alez ! Ja plus ne delaiez ! Si faites tant que vos l'aiez, Et je remanderai mes genz. » Ici fine li parlemanz. Cele fet sanblant qu'anvoit querre Monseignor Yvain en sa terre, Si le fet chascun jor baignier, Son chief laver et apleignier ; Et avoec ce li aparoille Robe d'escarlate vermoille, De veir forree atot la croie. N'est riens que ele [...] li acroie Qui coveigne a lui acesmer : Fermail d'or a son col fermer, Ovré a pierres precieuses Qu'il font leanz mout gracieuses, Et ceinturete et aumosniere Qui fu d'une riche sainiere ; Bien l'a de tot apareillié. Et a sa dame a conseillié Que revenuz est ses messages, Si a esploitié come sages. « Comant ? fet ele. Quant venra Messire Yveins ? - Ceanz est ja. - Ceanz est il ? Venez donc tost, Celeemant et an repost, Demantres qu'avoec moi n'est nus. Gardez que n'en i veigne nus, Que g'i harroie mout le cart. » La dameisele atant s'an part ; S'est venue a son oste arriere, Mes ne mostra mie a sa chiere La joie que ses cuers avoit, Einz dit que sa dame savoit Qu'ele l'avoit leanz gardé, Et dit : « Messire Yvain, par Dé, N'a mes mestier neant celee. Tant est de vos la chose alee Que ma dame ceanz vos set, Qui mout me blasme et mout me het, Et mout m'en a acoisonee ; Mes tel seürté m'a donee Que devant li vos puis conduire Sanz vos de rien grever ne nuire. Ne vos grevera rien, ce croi, Fors tant, don mantir ne vos doi, Que je feroie traïson, Qu'avoir vos vialt en sa prison, Et si i vialt avoir le cors Que nes li cuers n'an soit defors. - Certes, fet il, ce voel je bien, Que ce ne me grevera rien, Qu'an sa prison voel je mout estre. - Si seroiz vos, par la main destre Don je vos teing ! Or an venez, Mes a mon los vos contenez Si sinplemant devant sa face Que male prison ne vos face. Ne por ce ne vos esmaiez : Ne cuit mie que vos aiez Prison qui trop vos soit grevainne. » La dameisele ensi l'en mainne ; Si l'esmaie, et sel raseüre, Et parole par coverture De la prison ou il iert mis, Que sanz prison n'est nus amis ; Por ç'a droit se prison le clainme Que sanz prison n'est nus qui ainme. La dameisele par la main En mainne monseignor Yvain La ou il iert mout chier tenuz ; Si crient il estre mal venuz, Et s'il le crient, n'est pas mervoille. Sor une grant coute vermoille Troverent la dame seant. Mout grant peor, ce vos creant, Ot messire Yvains a l'entree De la chanbre, ou il ont trovee La dame, qui ne li dist mot ; Et por ce grant peor en ot, Si fu de peor esbaïz, Qu'il cuida bien estre traïz, Et s'estut loing cele part la, Tant que la pucele parla Et dit : « .V. .c. dahez ait s'ame Qui mainne an chanbre a bele dame Chevalier qui ne s'an aproche Et qui n'a ne lengue, ne boche, Ne san, dom acointier se sache ! » Maintenant par le braz le sache, Si li dit : « En ça vos traiez, Chevaliers, ne peor n'aiez De ma dame, qu'el ne vos morde ; Mes querez la pes et l'acorde, Et g'en proierai avoec vos Que la mort Esclados le Ros, Qui fu ses sires, vos pardoint. » Messire Yvains maintenant joint Ses mains, si s'est a genolz mis Et dit, come verais amis : « Dame, voir, ja ne vos querrai Merci, einz vos mercierai De quanque vos me voldroiz feire, Que riens ne m'en porroit despleire. - Non, sire ? Et se je vos oci ? - Dame, la vostre grant merci, Que ja ne m'an orroiz dire el. - Einz mes, fet ele, n'oï tel, Que si vos metez a devise Del tot an tot en ma franchise Sanz ce que nes vos en esforz. - Dame, nule force si forz N'est come cele, sanz mantir, Qui me comande a consantir Vostre voloir del tot an tot. Rien nule a feire ne redot Que moi vos pleise a comander, Et, se je pooie amander La mort don j'ai vers vos mesfet, Je l'amanderoie sanz plet. - Comant ? fet ele. Or le me dites, Si soiez de l'amande quites, Se vos de rien me mesfeïstes, Quant vos mon seignor m'oceïstes. - Dame, fet il, vostre merci ; Quant vostre sires m'asailli, Quel tort oi je de moi desfandre ? Qui autrui vialt ocirre ou prandre, Se cil l'ocit qui se desfant, Dites se de rien i mesprant. - Nenil, qui bien esgarde droit ; Et, je cuit, rien ne me vaudroit Qant fet ocirre vos avroie. Et ce mout volentiers savroie Don cele force puet venir Qui vos comande a consentir A mon voloir, sanz contredit ; Toz torz et toz mesfez vos quit, Mes seez vos, si me contez Comant vos iestes si dontez. - Dame, fet il, la force vient De mon cuer, qui a vos se tient ; An ce voloir m'a mes cuersmis. - Et qui le cuer, biax dolz amis ? - Dame, mi oel. - Et les ialz, qui ? - La granz biautez que an vos vi. - Et la biautez qu'i a forfet ? - Dame, tant que amer me fet. - Amer ? Et cui ? - Vos, dame chiere. - Moi ? - Voire voir. - An quel meniere ? - An tel que graindre estre ne puet ; En tel que de vos ne se muet Mes cuers, n'onques aillors nel truis ; An tel qu'aillors pansser ne puis ; En tel que toz a vos m'otroi ; An tel que plus vos aim que moi ; En tel, s'il vos plest, a delivre, Que por vos vuel morir ou vivre. - Et oseriez vos enprandre Por moi ma fontainne a desfandre ? - Oïl, voir, dame, vers toz homes. - Sachiez donc, bien acordé somes. » Ensi sont acordé briemant. Et la dame ot son parlemant Devant tenu a ses barons Et dit : « De ci nos en irons An cele sale ou ces genz sont Qui loé et conseillié m'ont, Que mari a prendre m'otroient Por le besoing que il i voient. Ci meïsmes a vos me doing Ne ge n'en irai ja plus loing, Qu'a seignor refuser ne doi Boen chevalier et fil de roi. » Or a la dameisele fet Quanqu'ele voloit antreset ; Messire Yvains n'en ot pas ire, Ce vos puis bien conter et dire, Que la dame avoec li l'en mainne En la sale, qui estoit plainne De chevaliers et de sergenz ; Et messire Yvains fu si genz Qu'a mervoilles tuit l'esgarderent, Et encontre ax tuit se leverent Et tuit saluent et anclinent Monseignor Yvain, et devinent : « C'est cil qui ma dame prendra ; Dahez ait qui li desfandra, Qu'a mervoilles sanble prodome. Certes, l'empererriz de Rome Seroit an lui bien mariee. Car l'eüst il ja afiee Et ele lui de nue main, Si l'espousast hui ou demain. » Ensi parloient tuit d'un ranc. Au chief de la sale ot un banc Ou la dame s'ala seoir, La ou tuit la porent veoir. Et messire Yvains sanblant fist Qu'a ses piez seoir se volsist, Qant ele l'an leva amont ; Et de la parole semont Son seneschal, que il la die, Si qu'ele soit de toz oïe. Lors comança li seneschax, Qui n'estoit ne estolz ne bax: « Seignor, fet il, guerre nos sourt : N'est jorz que li rois ne s'atourt, De quanqu'il se puet atorner, Por venir noz terres gaster. Ençois que la quinzainne past, Sera trestote alee a gast, Se boen mainteneor n'i a. Qant ma dame se maria, N'a mie ancor .vi. anz parclos, Si le fist ele par voz los. Morz est ses sires, ce li poise. N'a or de terre c'une toise Cil qui tot cest païs tenoit Et qui mout bien i avenoit ; C'est granz diax que po a vescu. Fame ne set porter escu Ne ne set de lance ferir ; Mout amander et ancherir Se puet de panre .i. boen seignor. Einz mes n'en ot mestier graignor. Loez li tuit que seignor praingne, Einz que la costume remaingne Qui an cest chastel a esté Plus de .lx. anz a passé. » A cest mot dïent tuit ansanble Que bien a feire lor resanble. Et trestuit jusqu'aus piez li vienent, De son voloir an grant la tienent ; Si se fet preier de son buen, Tant que, ausi con mau gré suen, Otroie ce qu'ele feïst Se chascuns li contredeïst, Et dit : « Seignor, des qu'il vos siet, Cil chevaliers qui lez moi siet M'a mout proiee et mout requise De m'enor, et an mon servise Se vialt metre, et je l'an merci ; Et vos l'en merciez ausi. N'onques mes, certes, nel conui, S'ai mout oï parler de lui : Si hauz hom est, ce sachiez bien, Con li filz au roi Urien. Sanz ce qu'il est de haut parage, Est il de si grant vasselage Et tant a corteisie et san Que desloer nel me doit an. De monseignor Yvain, ce cuit, Avez bien oï parler tuit ; Et ce est il qui me requiert. Plus haut seignor qu'a moi n'afiert Avrai au jor que ce sera. » Tuit dïent : « Ja ne passera Cist jorz, se vos feites que sage, Q'ainz n'aiez fet le mariage, Que mout est fos qui se demore De son preu feire une seule ore. » Tant li prïent que ele otroie Ce qu'ele feïst tote voie, Qu'Amors a feire li comande Ce don los et consoil demande ; Mes a plus grant enor le prant Qant congié en a de sa gent ; Et les proieres rien n'i grievent, Einz li esmuevent et soulievent Le cuer a feire son talant. Li chevax qui pas ne va lant S'esforce quant an l'esperone ; Veant toz ses barons se done La dame a monseignor Yvain. Par la main d'un suen chapelain Prise a la dame de Landuc L'endemain, qui fu fille au duc Laududez, dom an note .i. lai. Le jor meïsmes, sanz delai, L'espousa et firent lor noces. Asez i ot mitres et croces, Que la dameisele ot mandez Les esvesques et les abez. Mout i ot gent de grant noblesce, Et mout i ot joie et leesce, Plus que conter ne vos porroie Qant lonc tans panssé i avroie ; Einz m'an vuel teire que plus dire. Mes or est messire Yvains sire Et li morz est toz obliez ; Cil qui l'ocist est mariez ; Sa fame a, et ensanble gisent ; Et les genz ainment plus et prisent Le vif c'onques le mort ne firent. A ces noces mout le servirent, Qui durerentjusqu'a la voille Que li rois vint a la mervoille De la fontainne et del perron, Et avoec lui si conpaignon, Que trestuit cil de sa mesniee Furent an cele chevalchiee, C'uns trestoz seus n'an fu remés. Et si disoit messire Ques : « Por Deu, qu'est ore devenuz Messire Yvains, qui n'est venuz, Qui se vanta aprés mangier Qu'il iroit son cousin vangier ? Bien pert que ce fu aprés vin ! Foïz s'an est, je le devin, Qu'il n'i osast venir por l'uel. Mout se vanta de grant orguel. Mout est hardiz qui loer s'ose De ce dont autres ne l'alose, Ne n'a tesmoing de sa loange Se ce n'est por fausse losange. Mout a entre malvés et preu, Que li malvés antor le feu Dit de lui une grant parole, Si tient tote la gent por fole Et cuide que l'en nel conoisse. Et li preuz avroit grant angoisse S'il ooit redire a autrui Les proesces qui sont an lui. Neporqant, certes, bien m'acort A malvés, qu'il n'a mie tort : S'il ne le dit, qui le dira ? Tant se teisent d'ax li hera, Qui des vaillanz crïent le banc Et les malvés gietent au vant, Qu'il ne truevent qui por aus mante ; Fos est qui se prise ne vante.» Ensi messire Kex parloit, Et messire Gauvains disoit : « Merci, messire Kex, merci ! Se messire Yvains n'est or ci, Ne savez quele essoine il a. Onques voir si ne s'avilla Qu'il deïst de vos vilenie, Tant com il set de corteisie. - Sire, fet il, et je m'an tes, Ne m'an orroiz parler huimés, Des que je voi qu'il vos enuie. » Et li rois por veoir s'anuie Versa de l'eve plain bacin Sor le perron, desoz le pin ; Et plut tantost mout fondelmant. Ne tarda puis gueires granmant Que messire Yvains sanz arest Entra armez en la forest Et vint plus tost que les galos Sor .i. cheval mout grant et gros, Fort et hardi et tost alant. Et messire Kex ot talant Qu'il demanderoit la bataille, Car, quiex que fust la definaille, Il voloit comancier toz jorz Les meslees et les estorz Ou il i eüst grant corroz. Au pié le roi vient devant toz Que ceste bataille li lest. « Kex, fet li rois, des qu'il vos plest Et devant toz l'avez rovee, Ne vos doit pas estre vehee. » Kex l'en mercie et puis si monte. S'or li puet feire .i. po de honte Messire Yvains, liez an sera Et mout volantiers li fera, Que bien le reconuist as armes. L'escu a pris par les enarmes Et Kex le suen, si s'antresleissent, Chevax poignent et lances beissent Que il tenoient anpoigniees ; .I. petit les ont aloigniees Tant que par les quamois les tienent, Et a ce que il s'antrevienent, De tex cos ferir s'angoissierent Que an.ii. les lances froissierent Et vont jusqu'anz es poinz fandant. Messire Yvains cop si puissant Li dona que de sus la sele A fet Kex la torneboele Et li hiaumes an terre fiert. Plus d'enui feire ne li quiert Messire Yvains, ençois descent A la terre et son cheval prent. Ce fu mout bel a tel i ot, Et fu assez qui dire sot : « Ahi ! ahi ! con or gisiez, Vos qui les autres despisiez ! Et neporquant s'est il bien droiz Qu'an le vos pardoint ceste foiz Por ce que mes ne vos avint. » Entre tant, devant le roi vint Messire Yvains, et par le frain Menoit le cheval en sa main, Por ce que il li voloit rendre ; Si li dist : « Sire, feites prendre Ce cheval, que je mesferoie Se rien del vostre detenoie. - Et qui estes vos ? fet li rois. Ne vos conoistroie des mois Au parler se ne vos veoie Ou se nomer ne vos ooie. » Lors s'est messire Yvains nomez ; S'an est Kex de honte essomez Et maz et muz et desconfiz, Qu'il dist qu'il s'an estoit foïz. Et li autre mout lié an sont, Que de s'enor grant joie font. Nes li rois grant joie an mena ; Mes messire Gauvains en a Cent tanz plus grant joie que nus, Que sa conpaingnie amoit plus Que conpaignie qu'il eüst A chevalier que l'en seüst. Et li rois li requiert et prie, Se lui ne poise, qu'il lor die Comant il avoit esploitié, Car mout avoit grant covoitié De savoir tote s'avanture ; De voir dire mout le conjure. Et il lor a trestot conté Et le servise et la bonté Que la dameisele li fist ; Onques de mot n'i entreprist, Ne riens nule n'i oblia. Et aprés ce le roi pria Que il et tuit si chevalier Venissent a lui herbergier, Qu'ennor et joie li feroient Qant a lui herbergié seroient. Et li rois dit que volantiers Li feroit il, .viii. jorz antiers, Amor et joie et conpaignie. Et messire Yvains l'en mercie, Ne de demore plus n'i font, Maintenant montent, si s'an vont Vers le chastel la droite voie. Et messire Yvains envoie Devant la rote .i. escuier, Qui portoit .i. faucon gruier, Por ce que il ne sorpreïssent La dame et que ses genz feïssent Contre le roi ses meisons beles. Qant la dame oï les noveles Del roi qui vient, s'en a grant joie. N'i a nul qui la novele oie, Qui n'an soit liez et qui n'en mont. Et la dame toz les semont Et prie que contre lui voisent ; Et cil n'en tancent ne ne noisent, Que de feire sa volanté Estoient tuit antalanté. Encontre le roi de Bretaingne Vont tuit sor granz chevax d'Espaingne, Si saluent mout hautemant Le roi Artus premieremant Et puis sa conpaignie tote : « Bien vaingne, font il, ceste rote Qui de tant prodomes est plainne. Beneoiz soit cil qui les mainne Et qui si boens ostesnosdone. » Contre le roi li chastiax sone De la joie que l'en i fet. Li drap de soie sont fors tret Et estandu a paremant, Et des tapiz font pavemant, Que par les rues les estandent Contre la joie qu'il atandent ; Et refont .i. autre aparoil : Entre le roi et le soloil Cuevrent les rues des cortines. Li sain, li cor et les buisines Font le chastel si resoner Que l'en n'oïst pas Deu toner. La ou descendent les puceles, Sonent flaütes et vieles, Tympre, freteles et tabor ; D'autre part refont lor labor Li legier sailleor qui saillent ; Trestuit de joie se travaillent, Et a ceste joie reçoivent Lor seignor, si con feire doivent. Et la dame rest fors issue, D'un drap emperial vestue, Robe d'ermine tote fresche, An son chief une garlendesche Tote de rubiz atiriee ; Ne n'ot mie la chiere iriee, Einz l'ot si gaie et si riant Qu'ele estoit, au mien esciant, Plus bele que nule contesse. Tot antor fu la presse espesse Et disoient trestuit a tire : « Bien veigne li rois et li sire Des rois et des seignors del monde ! » Ne puet estre qu'a toz responde Li rois, qui vers lui voit venir La dame a son estrié tenir. Et ce ne vost il pas atendre, Einz se haste mout de descendre ; Si descendi lués qu'il la vit, Et ele le salue et dit : « Bien veigne, par cent mile foiz, Li rois mes sire, et beneoiz Soit messire Gauvains, ses niés. - Et vostre cors et vostre chiés, Fet li rois, bele criature, Ait joie et grant boene aventure ! » Puis l'enbraça parmi les flans Li rois, come cortois et frans, Et ele lui tot a plain braz. Des autres parole ne faz Comant ele les conjoï, Mes onques mes parler n'oï De nes une gent tant joïe, Tant enoree et tant servie. De la joie assez vos contasse Se ma parole n'i gastasse. Mes seulemant de l'acontance Voel feire une brief remanbrance Qui fu feite a privé consoil Entre la lune et le soloil. Savez de cui je vos voel dire ? Cil qui des chevaliers fu sire Et qui sor toz fu reclamez Doit bien estre solauz clamez. Por monseignor Gauvain le di, Que de lui est tot autresi Chevalerie anluminee Come solauz, la matinee, Oevre ses rais et clarté rant Par toz les leus ou il s'espant. Et de celi refaz la lune Dom il ne puet estre que une, De grant foi et de grant aïe. Et neporoec je nel di mie Seulemant por son grant renon, Mes por ce que Lunete ot non. La dameisele ot non Lunete Et fu une avenanz brunete, Mout sage et veziee et cointe. A monseignor Gauvain s'acointe, Qui mout la prise et qui mout l'ainme, Et por ce s'amie la clainme Qu'ele avoit de mort garanti Son conpaignon et son ami ; Si li offre mout son servise. Et ele li conte et devise A con grant poinne ele conquist Sa dame, tant que ele prist Monseignor Yvain a mari, Et comant ele le gari Des mains a cez qui le queroient : Entr'ax ert, et si nel veoient ! Messire Gauvains mout se rit De ce qu'ele li conte et dit : « Ma dameisele, je vos doing Et a mestier et sanz besoing .I. tel chevalier con je sui ; Ne me changiez ja por autrui, Se amander ne vos cuidiez ; Vostres sui, et vos resoiez D'ore en avant ma dameisele. - Vostre merci, sire » fet ele. Ensi cil dui s'antracointoient ; Li uns a l'autre se donoient, Que d'autres i ot tel nonante Que chascunei ot bele et gente Et noble et cointe et preuz et sage, Gentix dame et de haut parage ; Si s'i porront mout solacier Et d'acoler et de beisier Et de parler et de veoir Et de delez eles seoir, Itant en orent il au mains. Or a feste messire Yvains Del roi, qui avoec li demore ; Et la dame tant les enore, Chascun par soi et toz ansanble, Que tel fol i a cui il sanble Que d'amors veignent li atret Et li sanblant qu'ele lor fet. Et cez puet an nices clamer Qui cuident qu'el les voelle amer Qant une dame est si cortoise Qu'a un maleüreus adoise Qu'ele li fet joie et acole ; Fos est liez de bele parole, Si l'a an mout tost amusé. A grant joie ont le tans usé Trestote la semainne antiere : Deduit de bois et de riviere I ot mout qui le vost avoir ; Et qui vost la terre veoir Que messire Yvains ot conquise En la dame que il ot prise, Si se repot aler esbatre Ou .vi. liues, ou .v., ou quatre, Par les chastiax de la entor. Qant li rois ot fet son sejor Tant que n'i vost plus arester, Si refist son oirre aprester. Mes il avoient la semainne Trestuit proié et mise painne, Au plus qu'il s'an porent pener, Que il en poïssent mener Monseignor Yvain avoec ax. « Comant ! Seroiz vos or de çax, Ce disoit messire Gauvains, Qui por leur fames valent mains ? Honiz soit de sainte Marie Qui por anpirier se marie ! Amander doit de bele dame Qui l'a a amie ou a fame, Que n'est puis droiz que ele l'aint Que ses los et ses pris remaint. Certes, ancor seroiz iriez De s'amor se vos anpiriez ; Que fame a tost s'enor reprise, Ne n'a pas tort, s'ele despise Celui qui devient de li pire El rëaume dom il est sire. Or primes doit vostre pris croistre. Ronpez le frain et le chevoistre, S'irons tornoier moi et vos, Que l'en ne vos apiaut jalos. Or ne devez vos pas songier, Mes les tornoiemanz ongier Et anpanre, et tot fors giter, Que que il vos doie coster. Assez songe qui ne se muet ! Certes, venir vos an estuet, Que ja n'i avra autre essoine. Gardez que en vos ne remoingne, Biax conpainz, nostre conpaignie, Que en moi ne faura ele mie. Mervoille est comant en a cure De l'eisse qui toz jorz li dure. Bien a donc cist ou delaier, Et plus est dolz a essaier Uns petiz biens, quant il delaie, C'uns granz, qui tot adés l'essaie. Joie d'amors qui vient a tart Sanble la vert busche qui art, Qui dedanz rant plus grant chalor Et plus se tient en sa valor, Quant plus demore a alumer. An puet tel chose acostumer Qui mout est greveuse a retrere ; Quant an le vialt, nel puet an fere. Ne por ce ne le di ge mie, Se j'avoie si bele amie Con vos avez, biax dolz conpainz ! Foi que je doi Deu et toz sainz, Mout a enviz la leisseroie. A esciant, fos an seroie. Tex done boen consoil autrui, Qui ne savroit conseillier lui, Ausi con li preescheor Qui sont desleal lecheor, Enseignent et dïent le bien Dom il ne vuelent feire rien ! » Messire Gauvains tant li dist Ceste chose et tant li requist Qu'il creanta qu'il le diroit A sa fame et puis s'an iroit S'il an puet le congié avoir ; Ou face folie ou savoir, Ne leira que congié ne praigne De retorner an la Bretaigne. La dame en a a consoil trete, Qui de ce congié ne se guete, Si li dist : « Ma tres chiere dame, Vos qui estes mes cuers et m'ame, Mes biens, ma joie et ma santez, Une chose m'acreantez, Por vostre enor et por la moie. » La dame tantost li otroie, Qu'el ne set qu'il vialt demander Et dit : « Biax sire, comander Me poez ce qui boen vos iert. » Congié maintenant li requiert Messire Yvains, de convoier Le roi et d'aler tornoier, Que l'an ne l'apialt recreant. Et ele dit : « Je vos creant Le congié jusqu'a .i. termine. Mes l'amors devanra haïne, Que j'ai en vos, toz an soiez Seürs, se vos trespassiez Le terme que je vos dirai ; Sachiez que ja n'en mantirai. Se vos mantez, je dirai voir. Se vos volez m'amor avoir Et de rien nule m'avez chiere, Pansez de tost venir arriere, A tot le moins jusqu'a .i. an, .VIII. jorz aprés la Saint Johan, C'ui an cest jor sont les huitaves. De m'amor soiez maz et haves, Se vos n'iestes jusqu'a ce jor Ceanz avoec moi au retor. » Messire Yvains pleure et sopire Si fort qu'a poinnes le pot dire : « Dame, cist termes est mout lons. Se je poïsse estre colons Totes les foiz que je vouroie, Mout sovant avoec vos seroie. Et je pri Deu que, s'il li plest, Ja tant demorer ne me lest. Mes tex cuide tost revenir Qui ne set qu'est a avenir. Et je ne sai que m'avenra, Se essoines me detanra De malage ne de prison ; S'avez de tant fet mesprison Quant vos n'en avez mis defors Au moins l'essoine de mon cors. - Sire, fet ele, et je l'i met ; Et neporquant bien vos promet Que, se Dex de mort vos desfant, Nus essoines ne vos atant Tant con vos sovanra de moi. Mes or metroiz an vostre doi Cest mien anel, que je vos prest ; Et de la pierre quex ele est Vos voel dire tot en apert : Prison ne tient ne sanc ne pert Nus amanz verais et leax, Ne avenir ne li puet max ; Mes qui le porte et chier le tient De s'amie li resovient Et si devient plus durs que fers. Cil vos iert escuz et haubers Et voir einz mes a chevalier Ne le vos prester ne baillier, Mes por amors le vos doing gié. » Or a messire Yvains congié : Mout out ploré au congié prendre. Et li rois ne vost plus atendre Por rien qu'an dire li seüst, Einz li tardoit que l'en eüst Toz lor palefroiz amenez, Apareilliez et anfrenez. Des qu'il le vost, il fu tost fet ; Li palefroi lor sont fors tret, Si n'i a mes que del monter. Ne sai que plus doie conter, Comant messire Yvains s'en part, Ne des beisiers qu'an li depart, Qui furent de lermes semé Et de dolçor anbaussemé. Et del roi, que vos conteroie, Comant la dame le convoie Et ses puceles avoec li Et tuit li chevalier ausi ? Trop i feroie de demore. La dame, por ce qu'ele plore, Prie li rois de remenoir Et de raler a son menoir ; Tant li prie qu'a mout grant poinne S'an retorne, et ses genz an moinne. Messire Yvains, mout a enviz, Est de s'amie departiz, Ensi que li cuers ne se muet. Li rois le cors mener an puet, Mes del cuer n'en manra il point ; Car si se tient et si se joint Au cuer celi qui se remaint Qu'il n'a pooir que il l'en maint ; Des que li cors est sanz le cuer, Don ne puet il estre a nul fuer ; Et se li cors sanz le cuer vit, Tel mervoille nus hom ne vit. Ceste mervoille est avenue Que il a l'ame retenue Sanz le cuer, qui estre i soloit, Que plus siudre ne le voloit. Li cuers a boene remenance Et li cors vit en esperance De retorner au cuer arriere ; S'a fet cuer d'estrenge meniere De s'esperance qui se vant, Traïte et fause de covant. Ja, ce cuit, l'ore ne savra Qu'esperance traï l'avra ; Car s'il .i. tot seul jor trespasse Del terme qu'il ont mis a masse, Mout a enviz trovera mes En sa dame trives ne pes. Et je cuit qu'il le passera, Que departir ne le leira Messire Gauvains d'avoec lui. Aus tornoiemanz vont andui Par toz les leus ou l'en tornoie. Et li anz passe tote voie, Sel fist tot l'an messire Yvains Si bien que messire Gauvains Se penoit de lui enorer. Et si le fist tant demorer Que toz li anz fu trespassez Et de tot l'autre encor assez, Tant que a la miäost vint, Que li rois cort et feste tint. Et furent la voille devant Revenu del tornoiemant Ou messire Yvains ot esté ; S'an ont tot le pris aporté, Ce dit li contes, ce me sanble. Et li dui chevalier ansanble Ne vostrent en vile descendre, Einz firent lor paveillon tendre Fors de la vile et cort i tindrent, C'onques a cort de roi ne vindrent, Einçois vint li rois a la lor, Car avoec ax sont li meillor Des chevaliers et toz li plus. Entr'ax seoit li rois Artus, Quant Yvains tant encomança A panser, que des lors en ça Que a sa dame ot congié pris, Ne fu tant de panser sorpris Con de celui, car bien savoit Que covant manti li avoit Et trespassez estoit li termes. A grant poinne tenoit ses lermes, Mes honteli feisoit tenir. Tant pansa qu'il virent venir Une dameisele a droiture ; Et vint mout tres grant aleüre Sor un noir palefroi baucent ; Devant lor paveillon descent, Que nus ne fu a son descendre, Ne nus n'ala son cheval prendre. Et lors que ele pot veoir Le roi, se leissa jus cheoir Son mantel, et desafublee S'en est el paveillon antree Et tres devant le roi venue ; Si dist que sa dame salue Le roi et monseignor Gauvain Et toz les autres, fors Yvain, Le mançongier, le guileor, Le desleal, le tricheor, Qu'il l'a guilee et deceüe ; Bien a sa guile aparceüe, Qu'il se feisoit verais amerres, S'estoit fos, souduianz et lerres. Sa dame a cil lerres souduite, Qui n'estoit de nus max estruite Ne ne cuidoit pas, a nul fuer, Qu'il li deüst anbler son cuer. Cil n'anblent pas les cuers qui ainment, Si a tex qui larrons les claiment, Qui en amer sont non veant Et si n'an sevent nes neant. Li amis prant le cuer s'amie Ensi qu'il ne li anble mie, Einz le garde, et cil qui les anblent, Li larron qui prodome sanblent, Icil sont larron ipocrite Et traïtor, qui metent lite En cuers anbler don ax ne chaut ; Mes li amis, quel part qu'il aut, Le tient chier et si le raporte. Messire Yvains la dame a morte, Qu'ele cuidoit qu'il li gardast Son cuer et si li raportast Einçois que fust passez li anz. « Yvain, mout fus or oblianz Quant il ne t'an pot sovenir Que tu devoies revenir A ma dame jusqu'a .i. an ; Jusqu'a la feste Saint Jehan Te dona ele de respit ; Et tu l'eüs an tel despit C'onques puis ne t'an remanbra. Ma dame en sa chanbre poinz a Trestoz les jorz et toz les tans, Car qui ainme, il est en espans, N'onques ne puet panre boen some, Mes tote nuit conte et asome Les jorz qui vienent et qui vont. Ensi li leal amant font Contre le tans et la seison. N'est pas venue a desreison Sa conplainte ne devant jor, Si ne di ge rien por clamor, Mes tant dit que traïz nos a Qui a ma dame t'esposa. Yvain, n'a mes cure de toi Ma dame, ainz te mande par moi Que ja mes vers li ne reveignes Ne son anel plus ne reteignes. Par moi, que ci an presant voiz, Te mande que tu li envoiz : Rant li, qu'a randre le t'estuet. » Yvains respondre ne li puet, Que sans et parole li faut ; Et la dameisele avant saut, Si li oste l'anel del doi ; Puis si comande a Deu le roi Et toz les autres, fors celui Cui ele leisse an grant enui. Et ses enuiz tot adés croist, Que quanque il vit li angroist Et quanque il ot li enuie ; Mis se voldroit estre a la fuie Toz seus en si salvage terre Que l'en ne le seüst ou querre, Ne nus hom ne fame ne fust Qui de lui noveles seüst Ne plus que s'il fust en abisme. Ne het tant rien con lui meïsme Ne ne set a cui se confort De lui, qui soi meïsme a mort. Mes ainz voldroit le san changier Que il ne se poïst vengier De lui, qui joie s'a tolue. D'antre les barons se remue, Qu'il crient entr'ax issir del san ; Et de ce ne se gardoit l'an, Si l'an leissierent seul aler : Bien sevent que de lor parler Ne de lor siegle n'a il soing. Et il va tant que il fu loing Des tantes et des paveillons. Lors se li monte uns torbeillons El chief, si grant que il forsane ; Si se dessire et se depane Et fuit par chans et par arees, Et lessa ses genz esgarees, Qui se mervoillent ou puet estre : Querant le vont destre et senestre Par les ostex as chevaliers Et par haies et par vergiers ; Sel quierent la ou il n'est pas. Et il s'an vet plus que le pas Tant qu'il trova delez un parc .I. garçon qui tenoit .i. arc Et .v. saietes barbelees Qui mout erent tranchanz et lees. Yvains s'en va jusqu'au garçon, Cui il voloit tolir l'arçon Et les saietes qu'il tenoit. Porqant mes ne li sovenoit De rien que onques eüst feite. Les bestes par le bois agueite, Si les ocit et se manjue La venison trestote crue. Et tant conversa el boschage, Com hom forsenez et salvage, C'une meison a .i. hermite Trova, mout basse et mout petite ; Et li hermites essartoit. Quant vit celui qui nuz estoit, Bien pot savoir, sanz nul redot, Qu'il n'ert mie an son san del tot ; Et si fist il, tres bien le sot ; De la peor que il en ot Se feri an sa meisonete. De son pain et de sa porrete Par charité prist li boens hom, Si li mist fors de sa meison Desor une fenestre estroite. Et cil vient la qui mout covoite Le pain, sel prant et si i mort ; Ne cuit que onques de si fort Ne de si aspre eüst gosté ; N'avoit mie .xx. solz costé Li setiers dom fu fez li pains ; Qu'a toz mangiers est force fains Desatranpree et desconfite. Tot menja le pain a l'ermite Messire Yvains, que boen li sot ; De l'eve froide but au pot. Quant mangié ot, si se refiert El bois, et cers et biches quiert ; Et li boens hoem desoz son toit Prie Deu, quant aler l'en voit, Qu'il le desfande et qu'il le gart, Que mes ne vaingne cele part. Mes n'est nus, tant po de san ait, Qui el leu ou l'en bien li fait Ne revaigne mout volentiers. Puis ne passa .viii. jorz antiers, Tant com il fu an cele rage, Que aucune beste salvage Ne li aportast a son huis. Iceste vie mena puis, Et li boens hom s'antremetoit De l'escorchier, et si metoit Asez de la venison cuire ; Et li peins et l'eve et la buire Estoit toz jorz a la fenestre Por l'ome forsené repestre ; S'avoit a mangier et a boivre Venison sanz sel et sanz poivre Et aigue froide de fontainne. Et li boens hoem estoit an painne De cuir vandre et d'acheter pain D'orge et de soigle sanz levain. S'ot puis tote sa livreison, Pain a planté et veneison Qu'il li dona tant longuemant C'un jor le troverent dormant En la forest .ii. dameiseles Et une lor dame avoec eles De cui mesniee eles estoient. Vers l'ome nu que eles voient Cort et descent une des trois ; Mes mout le regarda einçois Que rien nule sor lui veïst Qui reconuistre li feïst ; Si l'avoit ele tant veü Que tost l'eüst reconeü Se il fust de si riche ator Com il avoit esté maint jor. Au reconoistre mout tarda Et tote voie l'esgarda Tant qu'an la fin li fu avis D'une plaie qu'il ot el vis ; C'une tel plaie el vis avoit Messire Yvains, bien le savoit, Qu'ele l'avoit assez veü. Por la plaie l'a coneü, Que ce est il, de rien n'en dote ; Mes de ce se mervoille tote Comant ce li est avenu Que si l'a trové povre et nu. Mout s'an seigne et si s'an mervoille ; Cele ne le bote n'esvoille, Einz prant le cheval, si remonte Et vient as autres, si lor conte S'aventure tot an plorant. Ne sai qu'alasse demorant A conter le duel qu'ele an fist ; Mes plorant a sa dame dist : « Dame, je ai Yvain trové, Le chevalier mialz esprové Del monde et le mialz antechié ; Mes je ne sai par quel pechié Est au franc home mescheü ; Espoir, aucun duel a eü Qui le fet ensi demener ; An puet bien de duel forsener, Et savoir et veoir puet l'an Qu'il n'est mie bien an son san, Que ja voir ne li avenist Que si vilmant se contenist Se il le san n'eüst perdu. Car li eüst or Dex randu Le san au mialz que il ot onques Et puis si li pleüst adonques Qu'il remassist en vostre aïe ! Car trop vos a mal envaïe Li cuens Aliers, qui vos guerroie. La guerre de vos .ii. verroie A vostre grant enor finee Se Dex si boene destinee Li donoit qu'il se remeïst En son san et s'antremeïst De vos eidier a cest besoing. » La dame dist : « Or n'aiez soing, Que certes, se il ne s'an fuit, A l'aïde de Deu, ce cuit, Li osterons nos de la teste Tote la rage et la tempeste. Mes tost aler nos an covient, Car d'un oignemant me sovient Que me dona Morgue la sage ; Et si me dist que si grant rage N'est an teste, qu'il ne l'en ost. » Vers le chastel s'an vont mout tost, Qu'il ert si pres qu'il n'i ot pas Plus de demie liue .i. pas, Des liues qui el païs sont, Car a mesure des noz sont Les .ii. une, les quatre .ii.. Et cil remaint dormant toz seus, Et cele ala l'oignemant querre. La dame .i. suen escrin desserre, S'an tret la boiste et si la charge A la dameisele, et trop large Li prie que ele n'en soit, Les temples et le front l'en froit, Qu'aillors point metre n'en besoingne. Les temples et le front l'en oingne, Et le remenant bien li gart, Qu'il n'a point de mal autre part Et le remenant bien li gart Fors que seulemant el cervel. Robe veire, cote et mantel A fet porter, de soie an greinne. Cele li porte et si li meinne An destre .i. palefroi mout buen, Et avoec ce i met del suen : Chemise et braies deliees, Et chauces noires et dougiees. Atot ce, si tres tost s'an va, Qu'ancor dormant celui trova La ou ele l'avoit leissié. Ses chevax met en .i. pleissié, Ses atache et lie mout fort, Et puis vient la ou cil se dort, Atot la robe et l'oingnemant, Et fet .i. mout grant hardemant Que del forsené tant s'aproche Qu'ele le menoie et atoche ; Et prant l'oignemant, si l'en oint Tant con en la boiste an ot point, Et tant sa garison covoite Que de l'oindre par tot esploite ; Si le met trestot an despanse, Que ne li chaut de la desfanse Sa dame ne ne l'en sovient. Plus en i met qu'il ne covient ; Mout bien, ce li est vis, l'enploie : Les temples et le front l'en froie, Trestot le cors jusqu'an l'artuel. Tant li froia au chaut soloil Les temples et trestot le cors Que del cervel li trest si fors La rage et la melencolie. Mes del cors fist ele folie, Qu'il ne li estoit nus mestiers. S'il en i eüst .v. setiers, S'eüst ele autel fet, ce cuit. La boiste an porte, si s'an fuit, Si s'est vers ses chevax reposte ; Mes la robe mie n'en oste Por ce que, se cil se ravoie, Vialt qu'apareilliee la voie Et qu'il la preigne, si s'an veste. Derriers .i. grant chasne s'areste Tant que cil ot dormi assez, Qui fu gariz et respassez, Et rotson san et son mimoire. Mes nuz se voit com un yvoire, S'a grant honte, et plus grant eüst Se il s'aventure seüst, Mes ne sot por coi nuz se trueve. Devant lui voit la robe nueve, Si se mervoille a desmesure Comant et par quel aventure Cele robe estoit la venue ; Et de sa char que il voit nue Est trespansez et esbaïz, Et dit que morz est et traïz S'einsi l'a trové ne veü Riens nule qui l'ait coneü. Et tote voie si se vest Et regarde vers la forest S'il verroit nul home venir. Lever se cuide et sostenir, Mes ne puet tant qu'aler s'an puisse. Mestiers li est qu'aïde truisse Qui li aïst et qui l'en maint, Que si l'a ses granz max ataint Qu'a poinnes puet sor piez ester. Or ne vialt mes plus arester La dameisele, ainz est montee Et par delez lui est passee, Si con s'ele ne l'i seüst. Et cil, qui grant mestier eüst D'aïde, ne li chausist quel, Qui l'en menast jusqu'a ostel Tant qu'il fust auques en sa force, De li apeler mout s'esforce. Et la dameisele autresi Vet regardant environ li Con s'ele ne sache qu'il a. Esbaïe vet ça et la, Que droit vers lui ne vialt aler. Et cil comance a rapeler : « Dameisele, de ça, de ça ! » Et la dameisele adreça Vers lui son palefroi anblant. Cuidier li fist par ce sanblant Qu'ele de lui rien ne seüst N'onques la veü ne l'eüst ; Et san et corteisie fist. Quant devant lui vint, si li dist : « Sire chevaliers, que volez, Qui a tel besoing m'apelez ? - Ha ! fet il, dameisele sage, Trovez me sui an cest boschage, Je ne sai par quel mescheance. Por Deu et por vostre creance Vos pri que an toz guerredons Me prestez ou donez an dons Ce palefroi que vos menez. - Volentiers, sire, mes venez Avoec moi la ou ge m'an vois. Quel part ? fet il. - Fors de cest bois, Jusqu'a .i. chastel ci selonc. - Dameisele, or me dites donc Se vos avez besoing de moi. - Oïl, fet ele, mes je croi Que vos n'iestes mie bien sains ; Jusqu'a quinzainne, a tot le mains, Vos covendroit a sejor estre ; Le cheval que je maing an destre Prenez, s'irons jusqu'a ostel. » Et cil, qui ne demandoit el, Le prant et monte ; si s'an vont Tant qu'il vindrent a Oripont, Don l'eve estoit roide et bruianz. Et la dameisele giete anz La boiste qu'ele portoit vuide, Qu'ainsi vers sa dame se cuide De son oignemant escuser, Qu'ele dira que au passer Del pont ensi li mescheï Que la boiste an l'eve cheï : Por ce que desoz li çopa Ses palefroiz, li escapa Del poing la boiste et a bien pres Que ele ne sailli aprés, Mes adonc fust la perte graindre. Ceste mançonge voldra faindre Qant devant sa dame iert venue. Lor voie ont ansanble tenue Tant que au chastel sont venu ; Si a la dame retenu Monseignor Yvain lieemant ; Et sa boiste et son oingnemant Demanda a sa dameisele, Mes ce fu seul a seul ; et cele Li a la mançonge retreite, Si grant com ele l'avoit feite, Que le voir ne l'en osa dire. S'en ot la dame mout grant ire Et dit : « Ci a mout leide perte, Que de ce sui je tote certe Qu'ele n'iert ja mes recovree. Mes des que la chose est alee, Si n'i a que del consirrer. [...] Sonbien qu'an desirre son mal, Si con je crui de cest vasal Don cuidai bien et joie avoir, Si ai perdu de mon avoir Tot le meillor et le plus chier. Neporquant bien vos vuel prier De lui servir sor tote rien. - Ha ! dame, or dites vos mout bien, Que ce seroit trop vileins geus Qui feroit d'un domage deus. » Atant de la boiste se teisent ; Et monseignor Yvain aeisent De quanqu'eles pueent ne sevent ; Sel baignent et son chief li levent, Et sel font rere et reoignier, Que l'en li poïst anpoignier La barbe a plain poing sor la face. Ne vialt chose qu'an ne li face : S'il vialt armes, et an li done ; S'il vialt cheval, en li sejorne, Grant et bel et fort et hardi. Tant sejorna qu'a .i. mardi Vint au chastel li cuens Aliers A sergenz et a chevaliers, Et mistrent feu et pristrent proies. Et cil del chastel tote voies Montent et d'armes se garnissent ; Armé et desarmé s'an issent Tant que les coreors ateignent, Qui por ax movoir ne se deignent, Einz les atendent a .i. pas. Et messire Yvains fiert el tas, Qui tant a esté sejornez Qu'an sa force fu retornez ; Si feri de si grant vertu .I. chevalier parmi l'escu Qu'il mist en .i. mont, ce me sanble, Cheval et chevalier ansanble, N'onques puis cil ne se leva, Qu'el vantre li cuers li creva Et fu parmi l'eschine frez. .I. petit s'est arrieres trez Messire Yveins, et si recuevre ; Trestoz de son escu se cuevre Et cort por le pas desconbrer. Plus tost ne poïst an nonbrer Anpreu et .ii. et trois et quatre, Que l'en ne li veïst abatre Quatre chevaliers araumant, Plus tost et plus delivremant. Et cil qui avoec lui estoient Por lui grant hardemant prenoient ; Que tex a poinne ovrer antasche, Qant il voit c'uns prodon antasche Devant lui tote une besoingne, Que maintenant honte et vergoingne Li cort sus et si giete fors Le povre cuer qu'il a el cors, Si li done sostenemant, Cuer de prodome et hardemant. Ensi sont cil devenu preu, Si tient chascuns mout bien son leu En la meslee et an l'estor. Et la dame fu en la tor De son chastel montee an haut Et vit la meslee et l'asaut Au pas desresnier et conquerre, Et vit assez gisanz par terre Des afolez et des ocis, Des suens et de ses anemis, Et plus des autres que des suens. Mes li cortois, li preuz, li buens, Messire Yvains trestot ausi Les feisoit venir a merci Con fet li faucons les cerceles. Et disoient et cil et celes Qui el chastel remés estoient Et des batailles l'esgardoient : « Haï ! Con vaillant soldoier ! Con fet ses anemis ploier ! Con roidemant il les requiert ! Tot autresi antr'ax se fiert Con li lyons antre les dains Quant l'engoisse et chace la fains. Et tuit nostre autre chevalier An sont plus hardi et plus fier, Que ja, se par lui seul ne fust, Lance brisiee n'i eüst N'espee traite por ferir. Mout doit an amer et cherir .I. prodome quant en le trueve. Veez or comant cil se prueve, Veez com il se tient el ranc ; Or veez com il taint de sanc Et sa lance et s'espee nue, Veez comant il les remue, Veez comant il les antasse, Com il lor vient, con il lor passe, Com il ganchist, con il retorne ! Mes au ganchir petit sejorne Et mout demore an son retor ; Veez, quant il vient an l'estor, Com il a po son escu chier, Com il le leisse detranchier ; N'en a pitié ne tant ne qant, Mes de ce se voit mout en grant Des cos vangier que l'en li done. Qui de trestot le bois d'Argone Li avroit fet lances, ce cuit, N'i avroit il nule anquenuit, Qu'an ne l'en set tant metre an fautre Com il peçoie devant autre. Et veez comant il le fet De l'espee quant il la tret ! Onques ne fist par Durandart Rolanz des Turs si grant essart En Roncevax ne an Espaigne. Se il eüst an sa conpaigne Auques de si fez conpaignons, Li fel de coi nos nos pleignons S'en alast come desconfiz Ou il en remassist honiz. » Et dïent que buer seroit nee Cui il avroit s'amor donee, Qui si est as armes puissanz Et desor toz reconoissanz, Si con cierges antre chandoiles Et la lune antre les estoiles Et li solauz desor la lune ; Et de chascun et de chascune A si les cuers que tuit voldroient, Por la proesce qu'an lui voient, Que il eüst lor dame prise Et fust la terre an sa justise. Ensi tuit et totes prisoient Celui don verité disoient, Que cez de la a si atainz Que il s'an fuient qui ainz ainz ; Mes il les chace mout de pres Et tuit si conpaignon aprés, Que lez lui sont ausi seür Con s'il fussent tuit clos a mur Haut et espés de pierre dure. La chace mout longuemant dure Tant que cil qui fuient estanchent Et cil qui chacent lor detranchent Toz lor chevax et esboelent. Les vis desor les morz roelent, Qui s'antrafolent et ocïent ; Leidemant s'antrecontralïent. Et li cuens tot adés s'an fuit, Mes messire Yvains pas ne fuit, Qui de lui siudre ne se faint ; Tant le chace que il l'ataint Au pié d'une ruiste montee, Et ce fu mout pres de l'antree D'un fort recet qui estoit suens. Iqui fu retenuz li cuens, C'onques riens ne li pot eidier ; Et sanz trop longuemant pleidier An prist la foi messire Yvains, Que, des que il le tint as mains Et il furent seul per a per, N'i a neant de l'eschaper, Ne del ganchir, ne del desfandre, Einz li plevist qu'il s'iroit randre A la dame de Norison, Si se metroit an sa prison Et feroit peis a sa devise. Et quant il en ot la foi prise, Si li fist son chief desarmer Et l'escu jus del col oster, Et l'espee li randi nue. Ceste enors li est avenue Qu'il an mainne le conte pris, Si le rant a ses anemis, Qui n'en font pas joie petite. Mes ainz fu la novele dite Au chastel, que il i venissent ; Encontre ax tuit et totes issent, Et la dame devant toz vient. Messire Yvains par la main tient Le prisonier, si li presante. Sa volanté et son creante Fist lors li cuens oltreemant, Et par foi et par seiremant Et par ploiges l'en fist seüre ; Ploige li done et si li jure Que toz jorz mes pes li tanra Et que ses pertes li randra, Quanqu'ele an mosterra par prueves, Et refera les meisons nueves Que il avoit par terre mises. Qant ces choses furent asises Ensi com a la dame sist, Messire Yvains congié an quist, Que ele ne li donast mie Se il a fame ou a amie La volsist panre et noçoier. Neïs siudre ne convoier Ne s'i vost il lessier un pas, Einz s'an parti en es le pas, C'onques rien n'i valut proiere. Or se mist a la voie arriere Et leissa mout la dame iriee Que il avoit mout feite liee. Et con plus liee l'avoit feite, Plus li poise et plus se desheite Quant il ne vialt plus demorer, C'or le volsist ele enorer, Et sel feïst, se lui pleüst, Seignor de quanque ele eüst, Ou ele li eüst donees Por son servise granz soldees, Si granz com il les volsist prendre. Mes il n'en vost onques entendre Parole d'ome ne de fame ; Des chevaliers et de la dame S'est partiz, mes que bien l'en poist Que plusremenoir ne li loist. Messire Yvains pansis chemine Par une parfonde gaudine Tant qu'il oï enmi le gaut .I. cri mout dolereus et haut. Si s'adreça lors vers le cri, Cele part ou il l'ot oï, Et, quant il parvint cele part, Vit .i. lyon, en un essart, Et .i. serpant qui le tenoit Par la coe, et si li ardoit Trestoz les rains de flame ardant. N'ala mie mout regardant Messire Yvains cele mervoille ; A lui meïsmes se consoille Au quel d'aus .ii. il aidera. Lors dit qu'au lyon se tanra, Qu'a venimeus ne a felon Ne doit an feire se mal non, Et li serpanz est venimeus, Si li saut par la boche feus, Tant est de felenie plains. Por ce panse messire Yvains Qu'il l'ocirra premieremant ; S'espee tret et vint avant Et met l'escu devant sa face, Que la flame mal ne li face Que il gitoit parmi la gole, Qui plus estoit lee d'une ole. Se li lyons aprés l'asaut, La bataille pas ne li faut ; Mes que qu'il l'en aveingne aprés, Eidier li voldra il adés, Que Pitiez li semont et prie Qu'il face secors et aïe A la beste gentil et franche. A s'espee, qui soef tranche, Va le felon serpant requerre ; Si le tranche jusqu'anz enterre Et les .ii. mitiez retronçone, Fiert et refiert, et tant l'en done Que tot le demince et depiece. Mes il li covient une piece Tranchier de la coe au lion, Por la teste au serpant felon Qui par la coe le tenoit ; Tant con tranchier an covenoit En trancha, c'onques moins ne pot. Quant le lyon delivré ot, Si cuida qu'il li covenist Conbatre et que sus li venist ; Mes il ne le se pansa onques. Oez que fist li lyons donques, Con fist que preuz et deboneire, Com il li comança a feire Sanblant que a lui se randoit, Que ses piez joinz li estandoit Et vers terre encline sa chiere ; Si s'estut sor ses piez derriere Et puis si se ragenoilloit Et tote sa face moilloit De lermes, par humilité. Messire Yvains, por verité, Set que li lyons le mercie Et que devant lui s'umilie Por le serpant que il a mort Et lui delivré de la mort ; Si li plest mout ceste aventure. Por le venin et por l'ordure Del serpant, essuie s'espee, Si l'a el fuerre rebotee, Puis si se remet a la voie. Et li lyons lez lui costoie, Que ja mes ne s'an partira, Toz jorz mes avoec lui ira, Que servir et garder le vialt. Devant a la voie s'aquialt Si qu'il santi desoz le vant, Si com il en aloit devant, Bestes salvages en pasture ; Si le semont feins et nature D'aler an proie et de chacier Por sa vitaille porchacier ; Ce vialt nature que il face. .I. petit s'est mis en la trace Tant qu'a son seignor a mostré Qu'il a senti et ancontré Vant et fleir de salvage beste. Lors le regarde et si s'areste, Que il le vialt servir an gré, Car encontre sa volenté Ne voloit aler nule part. Et cil parçoit a son esgart Qu'il li mostre que il l'atant ; Bien l'aparçoit, et bien l'entant, Que s'il remaint, il remanra, Et, se il le siust, il panra La veneison qu'il a santie. Lors le semont et si l'escrie Ausi com uns brachez feïst ; Et li lyons maintenant mist Le nes au vant qu'il ot santi ; Ne ne li ot de rien manti, Qu'il n'ot pas une archiee alee Quant il vit en une valee Tot seul pasturer .i. chevrel. Celui panra il ja son vuel, Si fist il au premier asaut, Et si an but le sanc tot chaut. Qant ocis l'ot, si le gita Sor son dos, et si l'en porta Tant que devant son seignor vint, Et puis an grant chierté le tint Por la grant amor qu'an lui ot. Ja fu pres de nuit, se li plot Qu'ilueques se herbergeroit Et le chevrel escorcheroit Tant com il en voldroit mangier. Lors le comance a escorchier ; Le cuir li fant desus la coste, De la longe .i. lardé li oste ; Et tret le feu d'un chaillot bis, Si l'a de busche sesche espris ; Puis mist en une broche an rost Son lardé cuire au feu mout tost ; Sel rostist tant que il fu cuiz, Mes del mangier ne fu deduiz, Qu'il n'i ot pein ne vin ne sel Ne nape ne coutel ne el. Quequ'il manja, devant lui jut Ses lyons, c'onques ne se mut ; Einz l'a tot adés regardé Tant qu'il ot de son gras lardé Tant mangié que il n'en vost plus. Et del chevrel le soreplus Manja li lyons jusqu'as os. Et il tint son chief an repos Tote la nuit sor son escu, A tel repos come ce fu ; Et li lyons ot tant de sens Qu'il veilla et fu an espens Del cheval garder, qui pessoit L'erbe, qui petit l'engressoit. Au main s'an alerent ensanble Et itel vie, ce me sanble, Com il orent la nuit menee Remenerent a la vespree, Et presque tote une quinzainne, Tant qu'aventure a la fontainne Desoz le pin les amena. Las ! par po ne reforsena Messire Yvains, cele foiee, Quant la fontainne a aprochiee, Et le perron, et la chapele. Mil foiz las et dolanz s'apele Et chiet pasmez, tant fu dolanz. Et s'espee, qui ert colanz, Chiet del fuerre, si li apointe Es mailles del hauberc la pointe, Enprés le col, pres de la joe. N'i a maille qui ne descloe, Et l'espee del col li tranche La pel desoz la maille blanche, Si qu'il an fist le sanc cheoir. Li lyons cuide mort veoir Son conpaignon et son seignor ; Einz de rien n'ot ire graignor, Qu'il comança tel duel a fere, N'oï tel conter ne retrere, Qu'il se detuert et grate et crie Et s'a talant que il s'ocie De l'espee qu'il li est vis Qu'il ait son boen seignor ocis. A ses danz l'espee li oste Et sor .i. fust gisant l'acoste Et derriers a un tronc l'apuie, Qu'il a peor qu'el ne s'an fuie Qant il i hurtera del piz. Ja fust ses voloirs aconpliz Quant cil de pasmeisons revint ; Et li lyons son cors retint, Qui a la mort toz escorsez Coroit come pors forsenez Qui ne prant garde ou il se fiere. Messire Yvains en tel meniere Devant le perron se pasma. Au revenir mout se blasma De l'an que trespassé avoit, Por coi sa dame le haoit, Et dit : « Que fet quant ne se tue Cil las qui joie s'est tolue ? Que fais je, las, qui ne m'oci ? Comant puis je demorer ci Et veoir les choses ma dame ? En mon cors por coi remaint ame ? Que fet ame an si dolant cors ? Se ele an ert alee fors, Ne seroit pas en tel martire. Haïr et blasmer et despire Me doi, voir, mout, et je si faz. Qui pert sa joie et son solaz Par son mesfet et par son tort Mout se doit bien haïr de mort. Haïr et ocirre se doit ; Et je, tant con nus ne me voit, Por quoi m'esparg ? Que ne me tu ? Donc n'ai je ce lyon veü, Qui por moi a si grant duel fet Qu'il se volt m'espee antreset Parmi le cors el piz boter ? Et je doi la mort redoter, Qui ai ma joie a duel changiee ? De moi s'est leesce estrangiee Et tuit solaz. N'en dirai plus, Que ce ne porroit dire nus ; S'ai demandee grant oiseuse. Des joies fu la plus joieuse Cele qui m'ert aseüree ; Mes mout ot petite duree. Et qui ce pert par son mesfet, N'est droiz que boene aventure et. » Queque cil ensi se demante, Une cheitive, une dolante, Estoit en la chapele anclose, Qui vit et oï ceste chose Par le mur qui estoit crevez. Maintenant qu'il fu relevez De pasmeisons, si l'apela : « Dex ! fet ele, que voi ge la ? Qui est qui se demante si ? » Et cil li respont : « Et vos, qui ? - Je sui, fet ele, une cheitive, La plus dolante riens qui vive. » Cil li respont : « Tes, fole riens ! Tex diax est joie ! Tex est biens Envers les max don ge lenguis. Tant con li hom a plus apris A delit et a joie vivre, Plus le desvoie et plus l'enivre Diaus quant il l'a que un autre home ; Li foibles hom porte la some, Par us et par acostumance, C'uns autres de plus grant puissance Ne porteroit por nule rien. - Par foi, fet ele, jel sai bien, Que c'est parole tote voire ; Mes por ce ne fet mie a croire Que vos aiez plus mal de moi, Et por ce mie ne le croi, Qu'il m'est avis que vos poez Aler quel part que vos volez, Et je sui ci anprisonee ; Si m'est tex faesons donee Que demain serai ceanz prise Et livree a mortel juise. - Ha ! Dex, fet il, por quel forfet ? - Sire chevaliers, ja Dex n'et De l'ame de mon cors merci Se je l'ai mie desservi ! Et neporquant si vos dirai Le voir, que ja n'en mantirai. Por ce ceanz sui an prison Qu'an m'apele de traïson, Ne je ne truis qui m'an desfande, Que l'endemain ne m'arde ou pande. - Or primes, fet il, puis je dire Que li miens diax et la moie ire A la vostre dolor passee, Qu'estre porriez delivree Par qui que soit de cest peril. Donc ne porroit ce estre ? - Oïl! Mes je ne sai encor par cui : Il ne sont ancore que dui Qui osassent por moi desfandre Bataille a trois homes enprandre. - Comant ? Por Deu, sont il donc troi ? - Oïl, sire, a la moie foi : Troi sont qui traïtre me clainment. - Et qui sont cil qui tant vos ainment, Don li uns si hardiz seroit Qu'a trois conbatre s'oseroit Por vos sauver et garentir ? - Je le vos dirai sanz mantir : Li uns est messire Gauvains Et li autres messire Yvains, Por cui demain serai a tort Livree a martire de mort. - Por le quel, fet il, l'avez dit ? - Sire, se Damedex m'aït, Por le fil au roi Urien. - Or vos ai entandue bien ! Mes vos n'i morroiz ja sanz lui. Je meïsmes cil Yvains sui Por cui vos estes an esfroi ; Et vos estes cele, ce croi, Qui en la sale me gardastes ; Ma vie et mon cors m'i salvastes Entre les .ii. portes colanz Ou ge fui pensis et dolanz Et angoisseus et antrepris ; Morz i eüsse esté et pris Se ne fust vostre boene aïe. Or me dites, ma dolce amie, Qui cil sont qui de traïson Vos apelent et an prison Vos ont et anclose an reclus. - Sire, nel vos celerai plus Des qu'il vos plest que jel vos die. Voirs est que je ne me fains mie De vos eidier an boene foi. Par l'amonestemant de moi, Ma dame a seignor vos reçut ; Mon los et mon consoil an crut Et, par la sainte Paternostre, Plus por son preu que por le vostre Le cuidai feire et cuit ancor, Itant vos an reconuis or ; S'enor et vostre volenté Porquis, se Dex me doint santé. Mes quant ç'avint que vos eüstes L'an trespassé que vos deüstes Revenir a ma dame ça, Tantost a moi se correça Et mout se tint a deceüe De ce qu'ele m'avoit creüe. Et quant ce sot li seneschax, Uns fel, uns traïtres mortax, Qui grant envie me portoit Por ce que ma dame creoit Moi plus que lui de maint afeire, Si vit bien c'or porroit il feire Entre moi et li grant corroz. An plainne cort et veant toz, M'amist que por vos l'oi traïe, Et je n'oi consoil ne aïe Fors de moi seule, qui disoie C'onques vers ma dame n'avoie Traïson feite ne pansee. Sire, por Deu, com esfreee Tot maintenant, sanz consoil prendre, Dis je m'an feroie desfandre D'un chevalier ancontre trois. Onques ne fu cil si cortois Que il le deignast refuser, Ne ressortir ne reüser Ne m'an poi, por rien qu'avenist. Ensi a parole me prist ; Si me covint d'un chevalier Encontre trois gage a baillier Et par respit de .xxx. jorz. Puis ai esté an maintes corz ; A la cort le roi Artus fui, N'i trovai consoil en nelui Ne n'i trovai qui me deïst De vos chose qui me seïst, Car il n'en savoient noveles. - Et messire Gauvains, chaeles, Li frans, li dolz, ou ert il donques ? A s'aïe ne failli onques Dameisele desconseilliee. - Cil me feïst joiant et liee, Se je a cort trové l'eüsse ; Ja requerre ne li seüsse Riens nule qui me fust vehee. Mes la reïne en a menee Uns chevaliers, ce me dit an, Don li rois fist que fors del san, Quant aprés li l'en envoia ; Et Kex, ce cuit, la convoia Jusqu'au chevalier qui l'en mainne ; S'an est or entrez an grant painne Messire Gauvains, qui la quiert. Ja mes nul jor a sejor n'iert Jusque tant qu'il l'avra trovee. Tote la verité provee Vos ai de m'aventure dite. Demain morrai de mort despite, Si serai arse sanz respit Por mal de vos et por despit. » Et il respont : « Ja Deu ne place Que l'en por moi nul mal vos face ! Ja, que je puise, n'i morroiz. Demain atendre me porroiz Apareillié, lonc ma puissance, De metre an vostre delivrance Mon cors, si con je le doi feire. Mes de conter ne de retreire As genz qui je sui ne vos chaille ! Que qu'aveigne de la bataille, Gardez que l'en ne m'i conoisse. - Sire, certes, por nule angoisse Vostre non ne descoverroie. La mort einçois an soferroie, Des que vos le volez ensi. Et neporquant ice vos pri Que ja por moi n'i reveigniez. Ne vuel pas que vos anpreigniez Bataille si tres felonesse. Vostre merci de la promesse Que volantiers la feroiez ! Mes trestoz quites an soiez, Que mialz est que je seule muire Que je les veïsse deduire De vostre mort et de la moie. Ja por ce n'en eschaperoie, Quant il vos avroient ocis ; S'est mialz que vos remaingniez vis Que nos i fussiens mort andui. - Mout avez or dit grant enui, Fet messire Yvains, bele amie. Espoir ou vos ne volez mie Estre delivre de la mort, Ou vos despisiez le confort Que je vos faz de vos eidier. N'an quier or plus a vos pleidier, Que vos avez tant fet por moi, Certes, que faillir ne vos doi A nul besoing que vos aiez. Bien sai que mout vos esmaiez, Mes, se Deu plest, an cui je croi, Il an seront honi tuit troi. Or n'i a plus, que je m'an vois, Ou que soit, logier an ce bois, Que d'ostel pres ne sai ge point. - Sire, fet ele, Dex vos doint Et boen ostel et boene nuit, Et de chose qui vos enuit, Si con je le desir, vos gart ! » Messire Yvains atant s'an part, Et li lyons toz jorz aprés. S'ont tant alé qu'il vindrent pres D'un fort recet a .i. baron Qui clos estoit tot anviron De mur espés et fort et haut. Li chastiax ne cremoit assaut De mangonel ne de perriere, Qu'il estoit forz a grant meniere ; Mes fors des murs estoit esrese La place, qu'il n'i ot remese An estant borde ne meison. Assez en orroiz la reison Une autre foiz, quant leus sera. La plus droite voie s'en va Messire Yvains vers le recet ; Et vaslet saillent jusqu'a set, Qui li ont .i. pont avalé ; Si li sont a l'encontre alé. Mes del lyon, que venir voient Avoec lui, duremant s'esfroient ; Si li dïent que, s'il li plest, Son lyon a la porte lest, Qu'il ne les afost et ocie. Et il respont : « N'en parlez mie, Que ja n'i enterrai sanz lui : Ou nos avrons l'ostel andui Ou je me remanrai ça fors, Qu'autretant l'aim come mon cors. Et neporquant n'en dotez rien, Que je le garderai si bien Qu'estre porroiz tot asseür. » Cil responent : « A boen eür ! » Atant sont el chastel antré Et vont tant qu'il ont ancontré Chevaliers, dames et sergenz Et dameiseles avenanz, Qui le saluent et descendent Et a lui desarmer entandent ; Si li dïent : « Bien soiez vos, Biax sire, venuz antre nos, Et Dex vos i doint sejorner Tant que vos an puisiez torner A grant joie et a grant enor. » Des le plus haut jusqu'au menor, Li font joie et formant s'an painnent ; A grant joie a l'ostel l'en mainnent Et tant grant joie li ont feite. Une dolors qui les desheite Lor refet la joie oblier ; Si recomancent a crier Et plorent et si s'esgratinent. Ensi mout longuemant ne finent De joie feire et de plorer : Joie por lor oste enorer Font sanz ce que talanten aient, Car d'une aventure s'esmaient Qu'il atendent a l'andemain ; S'an sont tuit seür et certain Qu'il l'avront, einz que midis soit. Messire Yvains s'esbaïssoit De ce que si sovant chanjoient Que duel et joie demenoient. S'an mist le seignor a reison Del chastel et de la meison : « Por Deu, fet il, biax dolz chiers sire, Ice pleiroit vos il a dire Por coi m'avez tant enoré Et tant fet joie, et puis ploré ? - Oïl, s'il vos vient a pleisir ; Mes le celer et le teisir Devriez vos asez voloir ; Chose qui vos face doloir Ne vos dirai je ja, mon vuel ; Lessiez nos feire nostre duel, Si n'an metez ja rien a cuer. - Ce ne porroit estre a nul fuer Que je duel feire vos veïsse Ne rien a mon cuer n'an meïsse ; Einz le desir mout a savoir, Quelque duel que j'en doie avoir. - Donc, fet il, le vos dirai gié. Mout m'a uns jaianz domagié, Qui voloit que je li donasse Ma fille, qui de biauté passe Totes les puceles del monde. Li fel jaianz, cui Dex confonde, A non Harpins de la Montaingne ; Ja n'iert jorz que del mien ne praigne Tot ce que il an puet ateindre. Mialz de moi ne se doit nus plaindre, Ne duel feire, ne duel mener ; De duel devroie forsener, Que .vi. filz chevaliers avoie, Plus biax el monde ne savoie ; Ses a toz .vi. li jaianz pris ; Veant moi en a .ii. ocis Et demain ocirra les quatre, Se je ne truis qui s'an conbate A lui, por mes filz delivrer, Ou se ge ne li voel livrer Ma fille ; et quant il l'avra, As plus vix garçons qu'il savra En sa meison et as plus orz La liverra por lor deporz, Qu'il ne la deigneroit mes prandre. A demain puis ce duel atendre, Se Damedex ne m'an consoille. Et por ce n'est mie mervoille, Biax sire chiers, se nos plorons. Mes por vos, tant con nos poons, Nos resforçons a la foiee De feire contenance liee, Que fos est qui prodome atret Entor lui, s'enor ne li fet, Et vos me resanblez prodome ; Or vos en ai dite la some, Sire, de nostre grant destrece, N'en chastel ne an forterece, Ne nos a lessié li jaianz Fors tant con il en a ceanz. Vos meïsmes bien le veïstes S'enuit garde vos an preïstes, Qu'il n'a lessié vaillant .i. es Fors de ces murs qui sont remés ; Ainz a trestot le borc plené ; Quant ce qu'il vost en ot mené, Si mist el remenant le feu ; Einsi m'a feit meint felon geu. » Messire Yvains tot escouta Quanque ses ostes li conta, Et quant trestot escouté ot, Si li redist ce que lui plot : « Sire, fet il, de vostre enui Mout iriez et mout dolanz sui, Mes d'une chose me mervoil, Se vos n'en avez quis consoil A la cort le boen roi Artu. Nus hom n'est de si grant vertu Qu'a sa cort ne poïst trover Tex qui voldroient esprover Lor vertu ancontre la soe. » Et lors li descuevre et desnoe Li riches hom que il eüst Boene aïe se il seüst Ou trover monseignor Gauvain. « Cil ne l'anpreïst pas en vain, Que ma fame est sa suer germainne ; Mes la fame le roi en mainne Uns chevaliers d'estrange terre Qui a la cort l'ala requerre. Neporquant ja ne l'en eüst Menee, por rien qu'il peüst, Ne fust Kex, qui anbricona Le roi tant queil li bailla La reïne et mist en sa garde. Cil fu fos et cele musarde, Qui an son conduit se fia, Et je resui cil qui i a Trop grant domage et trop grant perte, Que ce est chose tote certe Que messire Gauvains, li preuz, Por sa niece et por ses neveuz, Fust ça venuz grant aleüre Se il seüst ceste aventure ; Mes il nel set, don tant me grieve Que par po li cuers ne me crieve ; Einz est alez aprés celui, Cui Damedex doint grant enui, Quant menee en a la reïne. » Messire Yvains onques ne fine De sopirer, quant ce antant ; De la pitié que il l'en prant Li respont : « Biax dolz sire chiers, Je m'an metroie volentiers En l'aventure et el peril Se li jaianz et vostre fil Venoient demain a tele ore Que n'i face trop grant demore, Que je serai aillors que ci, Demain a ore de midi, Si con je l'ai acreanté. - Biax sire, de la volanté Vos merci ge, fet li prodom, .C. mile foiz en un randon. » Et totes les genz de l'ostel Li redisoient autretel. Atant vint d'une chanbre fors La pucele, gente de cors Et de façon bele et pleisanz. Mout vint sinple et mue et teisanz, C'onques ses diax ne prenoit fin, Vers terre tint le chief anclin ; Et sa mere revint decoste, Que mostrer lor voloit lor oste Li sires, qui les ot mandees. En lor mantiax anvelopees Vindrent, por lor lermes covrir ; Et il lor comande a ovrir Les mantiax et les chiés lever, Et dit : « Ne vos doit pas grever Ce que je vos comant a feire, C'un franc home mout deboneire Nos a Dex et boene aventure Ceanz doné, qui m'aseüre Qu'il se conbatra au jaiant. Or n'en alez plus delaiant, Qu'au pié ne l'en ailliez cheoir. - Ce ne me lest ja Dex veoir ! Fet messire Yvains maintenant. Voir ne seroit mie avenant Que au pié me venist la suer Monseignor Gauvain a nul fuer Ne sa niece ; Dex m'an desfande, C'orguiauz en moi tant ne s'estande Que a mon pié venir les les ! Voir, ja n'oblieroie mes La honte que je en avroie. Mes de ce boen gré lor savroie, Se eles se reconfortoient Jusqu'a demain, que eles voient Se Dex les voldra conseillier. Moi ne covient il plus proier, Mes que li jaianz si tost veingne Qu'aillors mantir ne me coveingne ; Que por rien je ne lesseroie Que demain, a midi, ne soie Au plus grant afeire por voir Que je onques poïsse avoir. » Ensi ne les volt pas del tot Aseürer, car an redot Est que li jaianz ne venist A tele ore que il poïst Venir a tens a la pucele Qui ert anclose an la chapele. Et neporquant tant lor promet Qu'an boene esperance les met ; Et tuit et totes l'en mercïent, Qu'an s'esperance mout se fïent Et mout pansent qu'il soit preudon Por la conpaingnie au lyon Qui ausi dolcemant se gist Lez lui con uns aigniax feïst. Por l'esperance qu'an lui ont Se confortent et joie font, N'onques puis duel ne demenerent. Qant ore fu, si l'en menerent Colchier en une chanbre clere ; Et la dameisele et sa mere Furent an.ii. a son colchier, Qu'eles l'avoient ja mout chier Et cent mile tanz plus l'eüssent Se la corteisie seüssent Et la grant proesce de lui. Il et li lyons anbedui Jurent leanz et reposerent, Qu'autres genz gesir n'i oserent ; Einz lor fermerent si bien l'uis Que il n'en porent issir puis Jusqu'au demain a l'enjornee. Quant la chanbre fu desfermee, Si se leva et oï messe Et atendi, por la promesse Qu'il lor ot feite, jusqu'a prime. Le seignor del chastel meïsme Apele oiant toz, si li dit : « Sire, je n'ai plus de respit, Einz m'an irai, si ne vos poist, Que plus demorer ne me loist. Et sachiez bien certainnemant Que volentiers et boenemant, Se trop n'eüsse grant besoing Et mes afeires ne fust loing, Demorasse encor une piece, Por les neveuz et por la niece Monseignor Gauvain, que j'aim mout. » Trestoz li cuers el vantre bolt A la pucele, de peor, A la dame et au vavasor ; Tel peor ont qu'il ne s'en aut, Que il li vostrent, de si haut Com il furent, au pié venir ; Mes il ne lo vout pas sofrir, Que lui ne fust ne bel ne buen. Lors li ofre a doner del suen Li sires, s'il an vialt avoir, Ou soit de terre ou d'autre avoir, Mes que ancor un po atende. Et il respont : « Dex me desfande Que je ja rien nule n'en aie ! » Et la pucele, qui s'esmaie, Comance mout fort a plorer, Si li prie de demorer. Come destroite et angoisseuse, Por la reïne glorieuse Del ciel et des anges li prie, Et por Deu, qu'il ne s'an aut mie, Einz atende encore .i. petit, Et por son oncle, que il dit Qu'il le conuist et loe et prise. Si l'an est mout grant pitiez prise Quant il ot qu'ele se reclainme De par l'ome que ilplus ainme Et par la reïne des ciax, De par li qui est li moiax Et la dolçors de pieté. D'angoisse a .i. sopir gité, Que por le rëaume de Tarse Ne voldroit que cele fust arse Que il avoit aseüree ; Sa vie avroit corte duree Ou il istroit toz vis del sens S'il n'i pooit venir a tens ; Et d'autre part, autre destrece Le retient, la granz gentillece Monseignor Gauvain, son ami, Que par po ne li part par mi Li cuers, quant demorer ne puet. Neporquant ancor ne se muet, Einçois demore et si atant Tant que li jaianz vient batant, Qui les chevaliers amenoit ; Et .i. pel a son col tenoit, Grant et quarré, agu devant, Dom il les bousoit mout sovant ; Et il n'avoient pas vestu De robe vaillant .i. festu, Fors chemises sales et ordes ; S'avoient bien liez de cordes Les piez et les mains, si seoient Sor .iv. roncins qui clochoient, Meigres et foibles et redois. Chevalchant vindrent lez le bois ; Uns nains, fel come boz anflez, Les ot coe a coe noez, Ses aloit costoiant toz quatre, Onques ne les fina de batre. D'unes corgiees a .vi. neuz Don mout cuidoit feire que preuz Les batoit si que tuit seinnoient ; Ensi vilmant les amenoient Entre le jaiant et le nain. Devant la porte, enmi .i. plain, S'areste li jaianz et crie Au preudome que il desfie Ses filz de mort, s'il ne li baille Sa fille ; et a sa garçonaille La liverra a jaelise, Car il ne l'ainme tant ne prise Qu'an li se daingnast avillier. De garçons avra .i. millier Avoec lui, sovant et menu, Qui seront poeilleus et nu Si con ribaut et torchepot, Que tuit i metront lor escot. Par po que li preudon n'enrage, Qui ot celui qui a putage Dit que sa fille li metra, Ou or androit, si quel verra, Seront ocis si .iv. fil ; S'a tel destrece come cil Qui mialz s'ameroit morz que vis. Mout se clainme dolanz, cheitis, Et plore formant et sopire ; Et lors li ancomance a dire Messire Yvains, con frans et dolz : « Sire, mout est fel et estolz Cil jaianz, qui la fors s'orguelle. Mes ja Dex ce sofrir ne vuelle Qu'il ait pooir de vostre fille ! Mout la despist et mout l'aville. Trop seroit granz mesaventure Se si tres bele criature Et de si haut parage nee Ert a garçons abandonee. Ça, mes armes et mon cheval ! Et feites le pont treire aval, Si m'an lessiez oltre passer. De nos .ii. covenra lasser Ou moi ou lui, ne sai le quel. Se je le felon, le cruel, Qui ci nos vet contraliant, Pooie feire humeliant Tant que voz filz vos randist quites Et les hontes qu'il vos a dites Vos venist ceanz amander, Puis vos voldroie comander A Deu, s'iroie a mon afeire. » Lors li vont son cheval fors treire Et totes ses armes li baillent ; De lui bien servir se travaillent Et bien et tost l'ont atorné ; A lui armer n'ont sejorné, S'a tot le moins non que il porent. Quant bien et bel atorné l'orent, Si n'i ot que de l'avaler Le pont et del lessier aler ; En li avale et il s'an ist, Mes aprés lui ne remassist Li lyons an nule meniere. Et cil qui sont remés arriere Le comandent au Salveor, Car de lui ont mout grant peor Que li maufez, li anemis, Qui avoit maint prodome ocis Veant lor ialz, enmi la place, Autretel de lui ne reface. Si prïent Deu qu'il le desfande De mort, et vif et sain lor rande, Et le jaiant li doint ocirre. Si come chascuns le desirre An prie Deu mout dolcemant ; Et cil par son fier hardemant Vint vers lui, si le menaça Et dit : « Cil qui t'anvea ça Ne t'amoit mie, par mes ialz ! Certes, il ne se poïst mialz De toi vangier, en nule guise ; Mout a bien sa vengence prise De quanque tu li as forfet. - De neant es antrez an plet, Fet cil, qui nel dote de rien. Or fai ton mialz et je le mien, Que parole oiseuse me lasse. » Tantost messire Yvains li passe, Cui tarde qu'il s'an soit partiz ; Ferir le va enmi le piz, Qu'il ot armé d'une pel d'ors ; Et li jaianz li vientle cors De l'autre part, atot son pel. Enmi le piz li dona tel Messire Yvains que la piax fausse ; El sanc del cors, an leu de sausse, Le fer de la lance li moille ; Et li jaianz del pel le roille Si fort que tot ploier le fet. Messire Yvains l'espee tret, Dom il savoit ferir granz cos. Le jaiant a trové desclos, Qui an sa force se fioit Tant que armer ne se voloit ; Et cil, qui tint l'espee treite, Li a une anvaïe feite ; Del tranchant, non mie del plat, Le fiert si que il li abat De la joe une charbonee, Et il l'en ra une donee Tel que tot le fet anbrunchier Jusque sor le col del destrier. A ce cop, li lyons se creste, De son seignor eidier s'apreste, Et saut par ire et par grant force, S'aert et fant con une escorce, Sor le jaiant, la pel velue, Si que desoz li a tolue Une grant piece de la hanche ; Les ners et les braons li tranche, Et li jaianz li est estors, Si bret et crie come tors, Que mout l'a li lyons grevé ; Le pel a a .ii. mains levé Et cuide ferir, mes il faut, Car li lyons en travers saut, Si pert son cop et chiet en vain Par delez monseignor Yvain, Que l'un ne l'autre n'adesa. Et messire Yvains antesa, Si a .ii. cos entrelardez. Einz que cil se fust regardez, Li ot, au tranchant de s'espee, L'espaule del bu dessevree; A l'autre cop, soz la memele, Li bota tote l'alemele De s'espee parmi le foie ; Li jaianz chiet, la morz l'asproie, Et, se uns granz chasnes cheïst, Ne cuit que graindre esfrois feïst Que li jaianz fist au cheoir. Ce cop vuelent mout tuit veoir Cil qui estoient as creniax. Lors i parut li plus isniax, Que tuit corent a la cuiriee, Si con li chiens qui a chaciee La beste, tant que il l'a prise ; Ensi coroient sanz feintise Tuit et totes, par enhatine, La ou cil gist gole sovine. Li sires meïsmes i cort Et tote la gent de sa cort ; Cort i la fille, cort la mere ; Or ont joie li .iiii. frere, Qui mout avoient mal sofert. De monseignor Yvain sont cert Qu'il nel porroient retenir Por rien qui poïst avenir ; Si li prïent de retorner Por deduire et por sejorner Tot maintenant que fet avra Son afeire la ou il va. Et il respont qu'il ne les ose Asseürer de ceste chose ; Il ne set mie deviner S'il porra bien ou mal finer ; Mes au seignor itant dist il Que il vialt que si .iiii. fil Et sa fille praignent le nain, S'aillent a monseignor Gauvain, Quant il savront qu'il iert venuz, Et comant il s'ert contenuz Vialt que il soit dit et conté ; Que por neant faitsa bonté Qui vialt qu'ele ne soit seüe. Et cil dïent : « Ja n'iert teüe Ceste bontez, qu'il n'est pas droiz. Bien ferons ce que vos voldroiz, Mes tant demander vos volons, Sire, quant devant lui serons, De cui nos porrons nos loer Se nos ne vos savons nomer. » Et il lirespont : « Tant li porroiz Dire, quant devant lui vanroiz, Que li Chevaliers au lyon Vos dis que je avoie non. Et avoec ce prier vos doi Que vos li dites de par moi Qu'il me conuist bien et je lui ; Et si ne set qui je me sui. De rien nule plus ne vos pri ; C'or m'an estuet aler de ci, Et c'est la riens qui plus m'esmaie, Que je ci trop demoré n'aie, Car einz que midis soit passez, Avrai aillors a feire assez Se je i puis venir a ore. » Lors s'en part, que plus n'i demore ; Mes einçois mout prié li ot Li sires, plus bel que il pot, Qu'il ses .iiii. filz an menast : N'i ot nul qui ne se penast De lui servir, se il volsist ; Mes ne li plot ne ne li sist Que nus li feïst conpaignie ; Seus lor a la place guerpie. Et maintenant que il s'an muet, Tant con chevax porter le puet, S'an retorne vers la chapele, Que mout estoit et droite et bele La voie, et bien la sot tenir. Mes ainz que il poïst venir A la chapele, en fu fors treite La dameisele, et la rez feite Ou ele devoit estre mise Trestote nue en sa chemise. Au feu liee la tenoient Cil qui a tort li ametoient Ce qu'ele onques pansé n'avoit ; Et messire Yvains s'an venoit Au feu ou an la vialt ruer : Tot ce li dut formant grever ; Cortois ne sages ne seroit Qui de rien nule an doteroit. Voirs est que mout li enuia, Mes boene fiance an lui a Que Dex et droiz li aideroit, Qui en sa partie seroit : En ses aïdes mout se fie Et ses lions nel rehet mie. Vers la presse toz eslessiez S'an vet criant : « Lessiez, lessiez La dameisele, gent malveise ! N'est droiz qu'an rez ne an forneise Soit mise, que forfet ne l'a. » Et cil tantost que ça que la Se departent, si li font voie. Et lui est mout tart que il voie Des ialz celi que ses cuers voit En quelque leu qu'ele onques soit. As ialz la quiert tant qu'il la trueve, Et met son cuer an tel esprueve Qu'il le retient et si l'afreinne Si com an retient a grant painne Au fort frain son cheval tirant. Et neporquant an sopirant La regarde mout volantiers, Mes ne fet mie si antiers Ses sopirs que l'an les conuisse, Einz les retranche a grant angoisse. Et de ce granz pitiez li prant Qu'il ot et voit et si antant Les povres dames qui feisoient Estrange duel et si disoient : « Ha ! Dex, con nos as obliees, Con remenrons or esgarees, Qui perdromes si boene amie Et tel consoil et tele aïe, Qui a la cort por nos estoit ! Par son consoil nos revestoit Ma dame de ses robes veires ; Mout nos changera li afeires, Qu'il n'est mes qui por nos parost. Mal ait de Deu qui la nos tost, Mal ait par cui nos la perdrons, Que trop grant domage i avrons ; N'iert mes qui die ne qui lot : “ Et cest mantel et cest sorcot Et ceste cote, chiere dame, Donez a ceste franche fame, Que voir, se vos li envoiez, Mout i sera bien anploiez ; Et ele en a mout grant sofreite. ” Ja de ce n'iert parole feite, Que nus n'est mes frans ne cortois, Einz demande chascuns einçois Por lui que por autrui ne fait, Sanz ce que nul mestier en ait. » Ensi se demantoient celes ; Et messire Yvains ert antr'eles, S'ot bien oïes lor conplaintes, Qui n'estoient fauses ne faintes ; Et vit Lunete agenoilliee En sa chemise despoilliee, Et sa confesse avoit ja prise, A Deu de ses pechiez requise Merci, et sa corpe clamee ; Et cil, qui mout l'avoit amee, Vient vers li, si l'en lieve amont Et dit : « Ma dameisele, ou sont Cil qui vos blasment et ancusent ? Tot maintenant, s'il nel refusent, Lor iert la bataille arramie. » Et cele, qui ne l'avoit mie Encor veü ne regardé, Li dit : « Sire, de la part Dé Vaigniez vos a mon grant besoing ! Cil qui portent le faus tesmoing Vers moi sont ci tuit apresté. S'un po eüssiez plus esté, Par tans fusse charbons et cendre. Venuz estes por moi desfandre, Et Dex le pooir vos an doint, Ensi con je de tort n'ai point Del blasme don je sui retee. » Ceste parole ot escoutee Li seneschax, il et ses frere : « Ha ! dist il, fame, chose avere De voir dire et de mantir large ! Mout est po sages qui encharge, Por ta parole, si grant fes ; Mout est li chevaliers malvés Qui venuz estmorir por toi, Qu'il est seus et nos somes troi. Mes je li lo qu'il s'an retort Einçois que a noauz li tort. » Et cil respont, cui mout enuie : « Qui peor avra, si s'an fuie ! Ne criem pas tant voz trois escuz Que sanz cop m'en aille veincuz. Mout feroie ore qu'afeitiez, Se je, toz sains et toz heitiez, La place et le chanp vos lessoie ! Ja tant come vis et sains soie Ne m'an fuirai por tesmenaces. Mes je te consoil que tu faces La dameisele clamer quite Que tu as a grant tort sordite, Qu'ele le dit, et je l'en croi, Si m'an a plevie sa foi Et dit, sor le peril de s'ame, C'onques traïson vers sa dame Ne fist, ne dist, ne ne pansa. Bien croi quanqu'ele dit m'en a ; Si la desfandrai, se je puis, Que son droit en m'aïe truis. Et qui le voir dire an voldroit, Dex se retientdevers le droit, Et Dex et droiz a un s'an tienent ; Et quant il devers moi s'an vienent, Dons ai ge meillor conpaingnie Que tu n'as, et meillor aïe. » Et cil respont mout folemant Que il met an son nuisemant Trestot quanque lui plest et siet, Mes que li lyons ne lor griet. Et cil dit c'onques son lyon N'i amena por chanpion N'autrui que lui metre n'i quiert ; Mes se ses lyons les requiert, Si se desfandent vers lui bien, Qu'il nes en afie de rien. Cil responent : « Que que tu dies, Se tu ton lyon ne chasties Et se nel fez an pes ester, Donc n'as tu ci que demorer. Mes reva t'an, si feras san, Que par tot cest païsset an Comant ele traï sa dame ; S'est droiz que an feu et en flame L'en soit randue la merite. - Ne place le Saint Esperite ! Fet cil, qui bien an set le voir. Ja Dex ne m'an doint removoir Tant que je delivree l'aie ! » Lors dit au lyon qu'il se traie Arrieres et toz coiz se gise ; Et cil le fet a sa devise. Li lyons s'est arrieres trez. Tantost la parole et li plez Remest d'aus .ii., si s'antresloingnent ; Li troi ansanble vers lui poingnent, Et il vint encontre aus le pas, Qui desreer ne se vost pas As premiers cos ne angoissier. Lor lances lor lesse froissier Et il retient la soe sainne ; De son escu lor fet quintainne, Si a chascuns sa lance freite. Et il a une pointe feite, Tant que d'ax .i. arpant s'esloingne ; Mes tost revint a la besoingne, Qu'il n'a cure de lonc sejor. Le seneschal an son retor Devant ses .ii. freres ataint : Sa lence sor le cors li fraint ; .I. cop li a doné si buen Quel porte a terre, mau gré suen ; Une grant piece estanduz jut, C'onques nule riens ne li nut. Et li autre dui sus li vienent : As espees, que nues tienent, Li donent granz cos anbedui, Mes plus granz reçoivent de lui, Que de ses cos valt li uns seus Des lor toz a mesure deus. Si se desfant vers ax si bien Que de son droit n'en portent rien, Tant que li seneschax relieve, Qui de tot son pooir li grieve ; Et li autre avoec lui s'an painnent Tant qu'il le grievent et sormainnent. Et li lyons, qui ce esgarde, De lui aidier plus ne se tarde, Que mestiers li est, ce li sanble ; Et totes les dames ansanble, Qui la dameisele mout ainment, Damedeu mout sovant reclainment Et si li prïent de boen cuer Que sofrir ne vuelle a nul fuer Que cil i soit morz ne conquis Qui por li s'est an painne mis. De priere aïde li font Les dames, qu'autres bastons n'ont. Et li lyons li fet aïe Tel qu'a la premiere envaïe A de si grant aïr feru Le seneschal, qui a pié fu ; Ausi con se ce fussent pailles Fet del hauberc voler les mailles, Et contreval si fort le sache Que de l'espaule li arache Le tanrun atot le costé. Quanqu'il ateint l'en a osté, Si que les antrailles li perent. Ce cop li autre dui conperent. Or sont el chanp tot per a per ; De la mort ne puet eschaper Li seneschax, qui se tooille Et devulte an l'onde vermoille Del sanc qui de son cors li saut. Li lyons les autres asaut, Qu'arrieres ne l'en puet chacier, Por ferir ne por menacier, Messire Yvains en nule guise ; S'i a il mout grant poinne mise. Mes li lyons sanz dote set Que ses sires mie ne het S'aïe, einçois l'en ainme plus ; Si lor passe fieremant sus Tant que cil de ses cos se plaignent Et lui reblescent et mahaignent. Quant messire Yvains voit blecié Son lyon, mout a correcié Le cuer del vantre, et n'a pas tort; Mes del vangier se poinne fort, Si lor vet si estoutemant Que il les mainne si vilmant Que vers lui point ne se desfandent Et que a sa merci se randent Par l'aïde que li a feite Li lions, qui mout se desheite, Que bien devoit estre esmaiez, Car an .ii. leus estoit plaiez. Et d'autre part messire Yvains Ne restoit mie trestoz sains, Einz avoit el cors mainte plaie ; Mes de ce pas tant ne s'esmaie Con de son lyon, qui se dialt. Or a, tot ensi com il vialt, Sa dameisele delivree Et s'iror li a pardonee La dame trestot de son gré. Et cil furent ars an la ré Qui por li ardoir fu esprise ; Que ce est reisons de justise Que cil qui autrui juge a tort Doit de celui meïsmes mort Morir que il li a jugiee. Or est Lunete baude et liee Qant a sa dame est acordee ; Si ont tel joie demenee Qu'ainz nule gent si grant ne firent. Et tuit a lor seignor ofrirent Lor servise si con il durent, Sanz ce que il ne le conurent ; Neïs la dame, qui avoit Son cuer et si ne le savoit, Li pria mout qu'il li pleüst A sejorner tant qu'il eüst Respassé son lyon et lui. Et il dit : « Dame, ce n'iert hui Que je me remaingne an cest point Tant que ma dame me pardoint Son mautalant et son corroz. Lors finera mes travauz toz. - Certes, fet ele, ce me poise. Ne tieng mie por tres cortoise La dame qui mal cuer vos porte. Ne deüst pas veher sa porte A chevalier de vostre pris Se trop n'eüst vers li mespris. - Dame, fet il, que qu'il me griet, Trestot me plest ce que li siet, Mes ne m'an metez pas an plet, Que l'acoison et le forfet Ne diroie por nule rien Se cez non qui le sevent bien. - Set le donc nus, se vos dui non ? - Oïl, voir, dame. - Et vostre non, Se vos plest, biax sire, nos dites, Puis si vos en iroiz toz quites. - Toz quites, dame ? Nel feroie ; Plus doi que randre ne porroie. Neporquant ne vos doi celer Comant je me faz apeler : Ja del Chevalier au lyon N'orroiz parler se de moi non ; Par cest non vuel que l'en m'apiaut. - Por Deu, biax sire, ce, qu'espiaut Que onques mes ne vos veïsmes Ne vostre non nomer n'oïsmes ? - Dame, par ce savoir poez Que ne sui gueres renomez. » Lors dit la dame de rechief : « Encor, s'il ne vos estoit grief, De remenoir vos prieroie. - Certes, dame, je nel feroie Tant que certenemant seüsse Que le boen cuer ma dame eüsse. - Or alez donc a Deu, biaus sire, Qui vostre pesance et vostre ire, Se lui plest, vos atort a joie ! - Dame, fet il, Dex vos en oie ! » Puis dist antre ses danz soef : « Dame, vos en portez la clef, Et la serre et l'escrin avez Ou ma joie est, si nel savez. » Atant s'an part a grant angoisse ; Se n'i a nul qui le conoisse Fors que Lunete seulemant, Qui le convea longuemant. Lunete seule le convoie Et il li prie tote voie Que ja par li ne soit seü Quel chanpion ele ot eü. « Sire, fet ele, non iert il. » Aprés ce li repria cil Que de lui li resovenist Et vers sa dame li tenist Boen leu, s'ele venoit en eise. Et cele dit que il s'an teise, Qu'ele n'en iert ja oblieuse Ne recreanz ne pereceuse ; Et cil l'en mercie .c. foiz. Si s'an vet pansis et destroiz Por son lyon, qu'il li estuet Porter, que siudre ne le puet. En son escu li fet litiere De la mosse et de la fouchiere ; Qant il li ot feite sa couche, Au plus soef qu'il puet le couche, Si l'en porte tot estandu Dedanz l'envers de son escu. Ensi an son escu l'en porte Tant que il vint devant la porte D'une meison mout fort et bele ; Ferme la trueve, si apele, Et li portiers overte l'a Si tost c'onques n'i apela .I. mot aprés le premerain. A la resne li tant la main, Si li dit : « Biax sire, an presant L'ostel mon seignor vos presant, Se il vos i plest a descendre. - Ce presant, fet il, vuel je prendre, Que je en ai mout grant mestier Et si est tans de herbergier. » Atant a la porte passee Et voit la mesniee amassee, Qui tuit a l'encontre li vont ; Salué et descendu l'ont ; Li un metent sor .i. perron Son escu atot le lyon Et li autre ont son cheval pris, Si l'ont en une estable mis ; Li escuier, si con il doivent, Ses armes pranent et reçoivent. Qant li sires la novele ot, Tot maintenant que il le sot Vient an la cort, si le salue, Et la dame est aprés venue Et si fil et ses filles totes ; D'autres genz i ot mout granz rotes, Si le herbergent a grant joie. Mis l'ont en une chanbre coie Por ce que malade le truevent, Et de ce mout bien se repruevent Que son lyon avoec lui metent ; Et de lui garir s'antremetent .II. puceles qui mout savoient De mecines et si estoient Filles au seignor de leanz. Jorz i sejorna ne sai quanz, Tant que il et ses lyons furent Gari et que raler s'an durent. Mes dedanz ce fu avenu Que a la mort ot plet tenu Li sires de la Noire Espine ; Si prist a lui tel anhatine La morz, que morir le covint. Aprés sa mort, ensi avint De .ii. filles que il avoit Que l'ainznee dist qu'ele avroit Trestote la terre a delivre Toz les jorz qu'ele avroit a vivre, Que ja sa suer n'i partiroit. Et l'autre dist que ele iroit A la cort le roi Artus querre Aïde a desresnier sa terre. Et quant l'autre vit que sa suer Ne li sofferroit a nul fuer Tote la terre sanz tançon, S'an fu en mout grant cusançon Et dist que, se ele pooit, Einçois de li a cort vanroit. Tantost s'aparoille et atorne ; Ne demore ne ne sejorne, Einz erra tant qu'a la cort vint. Et l'autre aprés sa voie tint Et quanqu'ele pot se hasta ; Mes sa voie et ses pas gasta, Que la premiere avoit ja fet A monseignor Gauvain son plet Et il li avoit otroié Quanqu'ele li avoit proié. Mes tel covant entr'ax avoit Que, se nus par li le savoit, Ja puis ne s'armeroit por li ; Et ele l'otroia ensi. Atant vint l'autre suer a cort, Afublee d'un mantel cort D'escarlate forré d'ermine ; S'avoit tierz jor que la reïne Ert de la prison revenue Ou Meleaganz l'a tenue Et trestuit li autre prison, Et Lanceloz par traïson Estoit remés dedanz la tor. Et an celui meïsmes jor Que a la cort vint la pucele, I fu venue la novele Del jaiant cruel et felon Que li Chevaliers au lyon Avoit an bataille tué. De par lui orent salué Monseignor Gauvain si neveu. Le grant servise et le grant preu Que il lor avoit por lui fet Li a tot sa niece retret, Et dist que bien le conuissoit Ne ne savoit qui il estoit. Ceste parole ot entandue Cele qui mout ert esperdue Et trespansee et esbahie, Que nul consoil ne nule aïe A la cort trover ne cuidoit, Puis que li miaudres li failloit ; Qu'ele avoit en mainte meniere, Et par amor et par proiere, Essaié monseignor Gauvain, Et il li dist : « Amie, an vain Me priez, que je nel puis feire, Que j'ai anpris .i. autre afeire Que je ne lesseroie pas. » Et la pucele en es le pas S'an part et vient devant le roi. « Rois, fet ele, je ving a toi Et a ta cort querre consoil ; N'en i truis point, si m'an mervoil Qant je consoil n'i puis avoir. Mes ne feroie pas savoir Se je sanz congié m'an aloie. Et sache ma suer tote voie Qu'avoir porroit ele del mien Par amors, s'ele voloit bien, Mes ja par force, que je puisse, Por qu'aïe ne consoil truisse, Ne li leirai mon heritage. - Vos dites, fet li rois, que sage Et, demantres que ele est ci, Je li consoil et lo et pri Qu'ele vos lest vostre droiture. » Et cele qui estoit seüre Del meillor chevalier del monde Respont : « Sire, Dex me confonde Se ja de ma terre li part Chastel, ne vile, ne essart, Ne bois, ne plain, ne autre chose. Mes se uns chevaliers s'en ose Por li armer, qui que il soit, Qui voelle desresnier son droit, Si veingne trestot maintenant. - Ne li ofrez mie avenant, Fet li rois, que plus i estuet ; S'ele viaut, porchacier se puet Au moins jusqu'a .xiiii. jorz Au jugemant de totes corz. » Et cele dit : « Biax sire rois, Vos poez establir voz lois Tex con vos plest et boen vos iert, N'a moi n'ateint n'a moi n'afiert Que je desdire vos an doive ; Si me covient que je reçoive Le respit, s'ele le requiert. » Et cele dit qu'el le requiert Et si le desirre et demande. Tantost le roi a Deu comande ; Ne finera par tote terre Del Chevalier au lyon querre, Qui met sa poinne a conseillier Celes qui d'aïe ont mestier. Ensi est an la queste antree Et trespasse mainte contree C'onques noveles n'en aprist, Don tel duel ot que max l'en prist. Mes de ce mout bien li avint Que chiés .i. suen acointe vint Dom ele estoit acointe mout ; S'aparçut l'en bien a son vout Que ele n'estoit mie sainne. A li retenir mistrent painne Tant que son afeire lor dist, Et une autre pucele anprist La voie qu'ele avoit anprise : Por li s'est an la queste mise. Ensi remest cele a sejor, Et l'autre erra au lonc del jor, Tote seule grant aleüre, Tant que vint a la nuit oscure. Si li enuia mout la nuiz, Et de ce dobla li enuiz Qu'il plovoit a si grant desroi Con Damedex avoit de coi, Et fu el bois mout an parfont. Et la nuiz et li bois li font Grant enui, et plus li enuie Que la nuiz, ne li bois, la pluie. Et li chemins estoit si max Que sovant estoit ses chevax Jusque pres des cengles en tai ; Si pooit estre an grant esmai Pucele au bois, et sanz conduit, Par mal tans et par noire nuit, Si noire qu'ele ne veoit Le cheval sor qu'ele seoit. Et por ce reclamoit adés Deu avant, et sa mere aprés, Et puis toz sainz et totes saintes ; Et dist la nuit orisons maintes, Que Dex a ostel la menast Et fors de ce bois la gitast. Si cria tant que ele oï .I. cor, don mout se resjoï, Qu'ele cuide que ele truisse Ostel, mes que venir i puisse ; Si s'est vers la voiz adreciee Tant qu'ele antre en une chauciee, Et la chauciee droit l'en mainne Vers le cor dom ele ot l'alainne, Que par trois foiz, mout longuemant, Sona li corz corzet hautemant. Et ele erra droit a la voiz Tant qu'ele vint a une croiz Qui sor la chauciee ert a destre ; Iluec pansoit que poïst estre Li corz et cil qui l'a soné. Cele part a esperoné Tant qu'ele aprocha vers .i. pont Et vit d'un chastelet reont Les murs blans et la barbaquane. Einsi par aventure asane Au chastel, ensi asena, Par la voiz qui l'i amena. La voiz del cor l'i a atrete Que soné avoit une guete Qui sor les murs montee estoit ; Tantost con la guete la voit, Si la salue et puis descent, Et la clef de la porte prent, Si li oevre et dit : « Bien veigniez, Pucele, qui que vos soiez. Anquenuit avroiz boen ostel. - Je ne demant enuit mes el » Fet la pucele ; et il l'en mainne. Aprés le travail et la painne Que ele avoit le jor eüe, Si est a l'ostel bien venue, Que mout i est bien aeisiee. Aprés soper l'a aresniee Ses ostes, et si li anquiert Ou ele va et qu'ele quiert. Et cele li respont adonques : « Je quier ce que je ne vi onques, Mien esciant, ne ne quenui, Mes .i. lyon a avoec lui Et an me dit, se je le truis, Que an lui mout fier me puis. - Gié, fet cil, l'en report tesmoing, Que a .i. mien mout grant besoing Le m'amena Dex avant ier. Beneoit soient li santier Par ou il vint a mon ostel, Car d'un mien anemi mortel Me vencha, don si lié me fist Que tot veant mes ialz l'ocist. A cele porte la defors Demain porroiz veoir le cors D'un grant jaiant que il tua Si tost que gueres n'i sua. - Por Deu, sire, dit la pucele, Car me dites voire novele Se vos savez ou il torna Et s'il en nul leu sejorna ! - Je non, fet il, se Dex me voie ! Mes bien vos metrai an la voie, Demain, par ou il s'en ala. - Et Dex, fet ele, me maint la Ou je voire novele en oie ! Car se jel truis, mout avrai joie. » Ensi mout longuemant parlerent Tant qu'an la fin couchier alerent. Qant vint que l'aube fu crevee, La dameisele fu levee, Qui an mout grant espans estoit De trover ce qu'ele queroit. Et li sires de la meison Se lieve et tuit si conpaignon ; Si la metent el droit chemin, Vers la fontainne soz le pin. Et ele de l'errer esploite Vers le chastel la voie droite, Tant qu'ele vint et demanda As premerains qu'ele trova S'il li savoient anseignier Le lyon et le chevalier Qui entraconpaingnié s'estoient. Et cil dïent qu'il lor avoient Veüz .iii. chevaliers conquerre Droit an cele piece de terre. Et cele dit en es le pas : « Por Deu, ne me celez vos pas, Des que vos tant dit m'an avez, Se vos plus dire m'an savez. - Nenil, font il, nos n'en savons Fors tant con dit vos en avons, Ne nos ne savons qu'il devint. Se cele por cui il ça vint Noveles ne vos an enseigne, N'iert nus qui les vos an apreigne, Et, se a li volez parler, Ne vos covient aillors aler, Qu'ele est alee an ce mostier Por messe oïr et Deu proier, Et si i a tant demoré Qu'asez i puet avoir oré. » Quequ'il l'aparloient ensi, Lunete del mostier issi ; Si li dïent : « Veez la la. » Et cele ancontre li ala. Si se sont antresaluees ; Tantost a cele demandees Les noveles qu'ele queroit. Et cele dit qu'ele feroit .I. suen palefroi anseler, Car avoec li voldroit aler, Si l'an manroit vers .i. plessié Ou ele l'avoit convoié. Et cele de cuer l'en mercie. Li palefroiz ne tarda mie, En li amainne et ele monte. Lunete, an chevalchant, li conte Comant ele fu ancusee Et de traïson apelee Et comant la rez fu esprise Ou ele devoit estre mise, Et comant cil li vint eidier Quant ele en ot plus grant mestier. Ensi parlant la convea Tant qu'au droit chemin l'avea Ou messire Yvains l'ot lessiee. Quant jusque la l'ot convoiee, Si li dist : « Cest chemin tanroiz Tant que en aucun leu vanroiz Ou novele vos en iert dite, Se Deu plest et Saint Esperite, Plus voire que je ne l'en sai. Bien m'an sovient que jel lessai Bien pres de ci ou ci meïsmes ; Ne puis ne nos antreveïsmes Ne je ne sai qu'il a puis fet, Que grant mestier eüst d'antret Qant il se departi de moi. Par ci aprés lui vos envoi Et Dex le vos doint trover sain, S'il li plest, ainz hui que demain ! Or alez, a Deu vos comant, Que je ne vos os siudre avant, Que ma dame a moi ne s'iresse. » Maintenant l'une l'autre lesse : L'une retorne et l'autre en va ; Et vet tant que ele trova La meison ou messire Yvains Ot esté tant que toz fu sains. Et vit devant la porte genz : Dames, chevaliers et sergenz, Et le seignor de la meison. Sel salue et met a reison, S'il sevent, que il li apreingnent Noveles et qu'il li anseingnent .I. chevalier que ele quiert : « De tel meniere est que ja n'iert Sanz .i. lyeon, c'ei oï dire. - Par foi, pucele, fet li sire, Il parti or endroit de nos ; Encor ancui l'ateindroiz vos Se ses escloz savez garder, Mes gardez vos de trop tarder. - Sire, fet ele, Dex m'an gart ! Mes or me dites de quel part Je le siue. » Et cil le li dïent : « Par ci, tot droit. » Et si li prïent Qu'ele, de par ax, le salut ; Mes ce gueres ne lor valut, Qu'ele onques ne s'an entremist. Mes lors es granz galoz se mist, Que l'anbleüre li sanbloit Estre petite, et si anbloit Ses palefroiz de grant eslais. Ausi galope par le tais Con par la voie igal et plainne, Tant qu'ele voit celui qui mainne Le lyeon an sa conpaingnie. Lors fet joie et dit : « Dex, aïe ! Or voi ce que tant ai chacié ! Mout l'ai bien seü et tracié. Mes se jel chaz et je l'ataing, Que me valdra se je nel praing ? Par ci s'an vet, voire par foi ; S'il ne s'an vient ansanble o moi, Donc ai ge ma poinne gastee. » Ensi parlant s'est tant hastee, Trestoz ses palefroiz tressue ; Si s'areste et si le salue, Et cil li respondi mout tost : « Dex vos saut, bele, et si vos ost De cusançon et de pesance ! - Et vos, sire, ou j'ai esperance, Que bien m'an porriez oster ! » Lors se va lez lui acoster Et dit : « Sire, je vos ai quis. Li granz renons de vostre pris M'a mout fet aprés vos lasser Et mainte contree passer. Tant vos ai quis, la Deu merci, Qu'asanblee sui a vos ci ; Et se ge nul mal i ai tret, De rien nule ne m'an deshet, Ne ne m'an pleing, ne ne m'an menbre. Tuit me sont alegié li manbre, Que la dolors m'an fu anblee Tantost qu'a vos fui asanblee. Si n'est pas la besoingne moie : Miaudre de moi a vos m'anvoie, Plus gentix fame et plus vaillanz. Mes se ele est a vos faillanz, Donc l'a vostre renons traïe, Qu'ele n'atant secors n'aïe Fors que de vos, la dameisele, De bien desresnier sa querele, C'une soe suer desherete ; Ne quiert qu'autres s'an entremete, N'an ne li puet feire cuidier Que autres l'an poïst eidier. Et sachiez bien trestot de voir, Se le pris an poez avoir, S'avroiz conquise et rachetee L'enor a la desheritee Et creü vostre vaselage. Por desresnier son heritage, Ele meïsmes vos queroit, Por le bien qu'ele i esperoit, Ne ja autre n'i fust venue ; Mes uns forz max l'a detenue, Tex que par force au lit la trest. Or m'an responez, s'il vos plest, Se vos venir i oseroiz Ou se vos vos reposeroiz. - N'ai soing, fet il, de reposer ; Ne s'en puet nus hom aloser, Ne je ne reposerai mie, Einz vos siudrai, ma dolce amie, Volantiers, la ou vos pleira. Et se de moi grant afeire a Cele por cui vos me querez, Ja ne vos an desesperez Que je tot mon pooir n'en face. Or me doint Dex et cuer et grace Que je, par sa boene aventure, Puisse desresnier sa droiture ! » Ensi entr'aus .ii. chevalchierent Parlant, tant que il aprochierent Le chastel de Pesme Aventure. De passer oltre n'orent cure, Que li jorz aloit declinant. Ce chastel vienent aprismant, Et les genz qui venir les voient Trestuit au chevalier disoient : « Mal veigniez, sire, mal veigniez ! Cist ostex vos fu anseigniez Por mal et por honte andurer : Ce porroit uns abes jurer ! - Ha ! fet il, gent fole et vilainne, Gent de tote malvestié plainne, Qui a toz biens avez failli, Por coi m'avez si asailli ? - Por coi ? Vos le savroiz assez S'ancore .i. po avant passez ! Mes nule rien ja n'en savroiz Jusque tant que esté avroiz An cele haute forteresce. » Tantost messire Yvains s'adresce Vers la tor, et les genz l'escrïent ; Trestuit a haute voiz li dïent : « Hu ! hu ! Maleüreus, ou vas ? S'onques en ta vie trovas Qui te feïst honte ne let, La ou tu vas t'an iert tant fet Que ja par toi n'iert reconté. - Gent sanz enor et sanz bonté, Fet messire Yvains, qui escote, Gent enuieuse, gent estoute, Por coi m'asauz ? Por coi m'aquiaus ? Que me demandes ? Que me viaus, Qui si aprés moi te degroces ? - Amis, de neant te corroces, Fist une dame auques d'aage Qui mout estoit cortoise et sage, Que certes por mal ne te dïent Nule chose, einçois te chastïent, Se tu le savoies entendre, Que lessus n'ailles ostel prendre ; Ne le por coi dire ne t'osent, Mes il te chastoient et chosent Por ce que esmaier t'en vuelent ; Et par costume feire suelent Autel a toz les sorvenanz, Por ce que il n'aillent leanz. Et la costume est ça fors tex Que nos n'osons a noz ostex Herbergier, por rien qui aveigne, Nul preudome qui de fors veigne. Or est sor toi del soreplus, La voie ne te desfant nus : Se tu viax, leissus monteras, Mes, par mon los, retorneras. - Dame, fet il, se je creoie Vostre consoil, je cuideroie Que g'i eüsse enor et preu ; Mes je ne savroie an quel leu Je retrovasse ostel huimés. - Par foi, fet cele, et je m'an tes, Qu'a moi rien nule n'en afiert. Alez quel part que boen vos iert. Et neporquant, grant joie avroie Se je de leanz vos veoie Sanz trop grant honte revenir, Mes ce ne porroit avenir. - Dame, fet il, Dex le vos mire ! Mes mes fins cuers leanz me tire, Si ferai ce que mes cuers vialt. » Tantost vers la porte s'aquialt, Et ses lyeons et la pucele ; Et li portiers a soi l'apele, Si li dit : « Venez tost, venez, Qu'an tel leu estes arivez Ou vos seroiz bien retenuz, Et mal i soiez vos venuz ! » Ensi li portiers le semont Et haste de venir amont, Mes mout li fist leide semonse. Et messire Yvains, sanz response, Par devant lui s'an passe et trueve Une grant sale haute et nueve ; S'avoit devant .i. prael clos De pex aguz reonz et gros. Et par entre les pex leanz Vit puceles jusqu'a trois cenz Qui diverses oevres feisoient : De fil d'or et de soie ovroient Chascune au mialz qu'ele savoit ; Mes tel povreté i avoit Que desliees et desceintes En i ot de povreté meintes ; Et as memeles et as codes Estoient lor cotes derotes, Et les chemises as cos sales. Les cos gresles et les vis pales De fain et de meseise avoient. Il les voit, et eles le voient, Si s'anbrunchent totes et plorent ; Et une grant piece demorent, Qu'eles n'antendent a rien feire, Ne lor ialz n'en pueent retreire De terre, tant sont acorees. Qant un po les ot regardees Messire Yvains, si se trestorne, Droit vers la porte s'an retorne ; Et li portiers contre lui saut, Se li escrie : « Ne vos vaut, Que vos n'en iroiz or, biax mestre. Vos voldriez or la fors estre, Mes, par mon chief, ne vos i monte, Einz avroiz eü tant de honte Que plus n'en porriez avoir. Si n'avez mie fet savoir Quant vos estes venuz ceanz, Que del rissir est il neanz. - Ne je ne quier, fet il, biax frere. Mes di moi, par l'ame ton pere, Dameiseles que j'ai veües An cest chastel, don sont venues, Qui dras de soie et orfrois tissent, Et oevres font qui m'abelissent ? Mes ce me desabelist mout Qu'eles sont de cors et de vout Meigres et pales et dolantes. Si m'est vis que beles et gentes Fussent mout se eles eüssent Itex choses qui lor pleüssent. - Je, fet il, nel vos dirai mie. Querez autrui qui le vos die. - Si ferai ge, quant mialz ne puis. » Lors quiert tant que il trueve l'uis Del prael ou les dameiseles Ovroient ; et vint devant eles, Si les salue ansanble totes ; Et si lor voit cheoir les gotes Des lermes qui lor decoroient Des ialz, si con eles ploroient. Et il lor dit : « Dex, s'il li plest, Cest duel que ne sai don vos nest Vos ost del cuer et tort a joie. » L'une respont : « Dex vos en oie, Que vos en avez apelé ! Ne vos sera mie celé Qui nos somes et de quel terre, Espoir ce volez vos anquerre. - Por el, fet il, ne ving je ça. - Sire, il avint mout grant pieç'a Que li rois de l'Isle as Puceles Aloit por apanre noveles Par les corz et par les païs. S'ala tant come fos naïs Qu'il s'anbati an cest peril. A mal eür i venist il, Que nos cheitives, qui ci somes, La honte et le mal en avomes, Qui onques ne le desservimes. Et bien sachiez que vos meïsmes I poez mout grant honte atendre Se reançon n'en vialt an prendre. Mes tote voie ensi avint Que mes sire an cest chastel vint Ou il a .ii. filz de deable ; Ne nel tenez vos mie a fable, Que de fame et de netun furent. Et cil dui conbatre se durent Au roi, don dolors fu trop granz, Qu'il n'avoit pas .xviii. anz ; Si le poïssent tot porfandre Ausi com .i. aignelet tandre. Et li rois, qui grant peor ot, S'an delivra si con il pot ; Si jura qu'il anvoieroit, Chascun an, tant con vis seroit, Ceanz de ses puceles trante ; Si fust quites par ceste rante ; Et devisié fu aujurer Quecist treüz devoit durer Tant con li dui maufé durroient ; Et a ce jor que il seroient Conquis et vaincu an bataille, Quites seroit de ceste taille Et nos seriens delivrees, Qui a honte somes livrees Et a dolor et a meseise ; Ja mes n'avrons rien qui nos pleise. Mes mout di ore grant enfance, Qui paroil de la delivrance, Que ja mes de ceanz n'istrons ; Toz jorz dras de soie tistrons, Ne ja n'en serons mialz vestues ; Toz jorz serons povres et nues, Et toz jorz fain et soif avrons ; Ja tant chevir ne nos savrons Que mialz en aiens a mangier. Del pain avons a grant dongier, Au main petit et au soir mains, Que ja de l'uevre de noz mains N'avra chascune por son vivre Que .iiii. deniers de la livre ; Et de ce ne poons nos pas Assez avoir viande et dras, Car qui gaaigne la semainne XX solz n'est mie fors de painne. Mes bien sachiez vos a estros Que il n'i a celi de nos Qui ne gaaint .v. solz ou plus. De ce seroit riches uns dus ! Et nos somes ci an poverte, S'est riches de nostre desserte Cil por cui nos nos traveillons. Des nuiz grant partie veillons Et toz les jorz por gaaignier, Qu'il nos menace a mahaignier Des manbres quant nos reposons ; Et por ce reposer n'osons. Mes que vos iroie contant ? De honte et de mal avons tant Que le quint ne vos an sai dire. Et ce nos fet anragier d'ire Que maintes foiz morir veomes Chevaliers juenes et prodomes, Qui as .ii. maufez se conbatent ; L'ostel mout chieremant achatent, Ausi con vos feroiz demain, Que trestot seul, de vostre main, Vos covandra, voilliez ou non, Conbatre et perdre vostre non Encontre les .ii. vis deables. - Dex, li voirs rois esperitables, Fet messire Yvains, m'an desfande Et vos enor et joie rande, Se il a volenté li vient ! Des or mes aler m'an covient Et veoir genz qui leanz sont, Savoir quel chiere il me feront. - Or alez, sire, cil vos gart Qui toz les biens done a sa part ! » Lors vet tant qu'il vint en la sale ; N'i trueve gent boene ne male Qui de rien les mete a reison. Tant trespassent de la meison Que il vindrent en .i. vergier ; Einz de lor chevax herbergier Ne tindrent plet ne n'an parlerent. Cui chaut ? Que bien les establerent Cil qui l'un an cuident avoir. Ne sai s'il cuiderent savoir, Qu'ancore a il cheval tot sain ! Li cheval ont avoinne et fain Et la litiere enjusqu'au vantre. Et messire Yvains lors s'en antre El vergier, aprés li sa rote ; Voit apoié desor son cote .I. riche home qui se gisoit Sor .i. drap de soie ; et lisoit Une pucele devant lui En .i. romans, ne sai de cui. Et por le romans escoter S'i estoit venue acoder Une dame, et s'estoit sa mere ; Et li sires estoit ses pere. Si se porent mout esjoïr De li bien veoir et oïr, Car il n'avoient plus d'enfanz ; Ne n'ot mie plus de .xvi. anz, Et s'estoit mout bele et mout gente, Qu'an li servir meïst s'antente Li deus d'Amors, s'il la veïst, Ne ja amer ne la feïst Autrui se lui meïsmes non. Por li servir devenist hon, Se issist de sa deïté fors Et ferist lui meïsme el cors Del dart don la plaie ne sainne Se desleax mires n'i painne. N'est [...] que nus pener i puisse Jusque desleauté i truisse ; Et qui an garist autremant, Il n'ainme mie lëaumant. De ces plaies mout vos deïsse Tant qu'a une fin an venisse Se l'estoire bien vos pleüst ; Mes tost deïst tel i eüst Que je vos parlasse de songe, Que la genz n'est mes amoronge Ne n'ainment mes si con il suelent, Que nes oïr parler n'an vuelent. Mes or oez an quel meniere, A quel sanblant et a quel chiere Messire Yvains est herbergiez. Contre lui saillirent an piez Tuit cil qui el vergier estoient ; Et maintenant que il le voient, Si li dïent : « Or ça, biax sire, De quanque Dex puet feire et dire Soiez vos beneoiz clamez, Et vos et quanque vos avez ! » Se ne sai ge s'il le deçoivent, Mes a grant joie le reçoivent Et font sanblant que mout lor pleise Qu'il soit herbergiez a grant eise. Meïsmes la fille au seignor Le sert et porte grant enor Com an doit feire a son boen oste : Trestotes ses armes li oste, Et ce ne fu mie del mains Qu'ele li leve de ses mains Le col et le vis et la face ; Tote enor vialt que l'en li face Li peres, si con ele fet. Chemise risdee li tret Fors de son cofre, et braies blanches, Et fil et aguille a ses manches ; Si li vest et ses braz li cost. Or doint Dex que trop ne li cost Ceste losenge et cist servise ! A vestir desor sa chemise Li a baillié un nuef sorcot Et un mantel sanz harigot, Veir d'escarlate, au col li met. De lui servir tant s'antremet Que l'en la bote, et si l'an poise ; Mes la pucele est tant cortoise Et si franche et si deboneire Qu'ancor n'an cuide ele preu feire. Et bien set qu'a sa mere plest Que rien a feire ne li lest Dont ele le cuit losangier. La nuit fu serviz au mangier De tanz mes que trop en i ot ; Li aporters enuier pot As sergenz qui des mes servirent. La nuit, totes enors li firent Et mout a eise le colchierent ; N'onques puis vers lui n'aprochierent Que il fu an son lit colchiez. Et li lyeons jut a ses piez, Si com il ot acostumé. Au main, quant Dex rot alumé, Par le monde, son luminaire, Si matin com il le pot faire, Qui tot fet par comandemant, Se leva mout isnelemant Messire Yvains et sa pucele ; S'oïrent a une chapele Messe qui mout tost lor fu dite En l'enor del Saint Esperite. Messire Yvains aprés la messe Oï novele felenesse, Quant il cuida qu'il s'an deüst Aler, que rien ne li neüst ; Mes ne pot mie estre a son chois. Qant il dit : « Sire, je m'an vois, S'il vos plest, a vostre congié. - Amis, ancor nel vos doing gié, Fet li sires de la meison. Je nel puis feire par reison : En cest chastel a establie Une mout fiere deablie Qu'il me covient a maintenir. Je vos ferai ja ci venir .II. miens sergenz mout granz et forz ; Encontre aus .ii., soit [...] ou torz, Vos convenra voz armes prendre. S'ancontre aus vos poez desfandre Et aus endeus vaincre et ocirre, Ma fille a seignorvos desirre, Et de cest chastel vos atant L'enors et quanqu'il i apant. - Sire, fet il, je n'en quier point. Ja Dex ensi part ne m'i doint, Et vostre fille vos remaingne, Ou l'empereres d'Alemaingne Seroit bien saus s'il l'avoit prise, Que mout est bele et bien aprise. - Teisiez, biax ostes, dit li sire, De neant vos oi escondire, Que vos n'an poez eschaper. Mon chastel et ma fille a per Doit avoir, et tote ma terre, Cil qui porraen chanp conquerre Çaus quivos vanront asaillir. La bataille ne puet faillir Ne remenoir en nule guise. Mes je sai bien que coardise Vos fet ma fille refuser : Par ce vos cuidiez eschaper Oltreemant de la bataille ; Mes ce sachiez vos bien, sanz faille, Que conbatre vos i estuet. Por rien eschaper ne s'an puet Nus chevaliers qui ceanz gise. Ce est costume et rante asise, Qui trop avra longue duree, Que ma fille n'iert mariee Tant que morz ou conquis les voie. - Donc m'i covient il tote voie Conbatre, maleoit gré mien ; Mes je m'an sofrisse mout bien Et volantiers, ce vos otroi. La bataille, ce poise moi, Ferai, que ne puet remenoir. » Atant vienent, hideus et noir, Amedui li fil d'un netun. N'i a nul d'aus .ii. qui n'ait un Baston cornu de cornelier Qu'il orent fez aparellier De cuivre et puis lier d'archal. Des les espaules contreval Furent armé jusqu'aus genolz, Mes les chiés orent et les volz Desarmez et les james nues, Qui n'estoient mie menues. Et ensi armé com il vindrent, Escuz reonz sor lor chiés tindrent, Forz et legiers por escremir. Li lyeons comance a fremir Tot maintenant que il les voit, Qu'il set mout bien et aparçoit Que a ces armes que il tienent Conbatre a son seignor se vienent ; Si se herice et creste ansanble, De hardemant et d'ire tranble Et bat la terre de sa coe, Que talant a que il rescoe Son seignor einz que il l'ocïent. Et quant cil le voient, si dïent : « Vasax, ostez de ceste place Vostre lyeon, qui nos menace, Ou vos vos randez recreanz ; Q'autremant, ce vos acreanz, Le vos covient an tel leu metre Que il ne se puisse antremetre De vos eidier et de nos nuire. Seul vos covient o nos deduire, Que li lyeons vos eideroit Mout volentiers, se il pooit. - Vos meïsmes, qui le dotez, Fet messire Yvains, l'en ostez, Que mout me plest et mout me siet, S'il onques puet, que il vos griet, Et mout m'est bel se il m'aïe. - Par foi, font il, ce n'i est mie, Que ja aïde n'i avroiz. Feites del mialz que vos porroiz Toz seus sanz aïde d'autrui. Vos devez seus estre et nos dui ; Se li lyons ert avoec vos, Por ce qu'il se merlast a nos, Donc ne seriez vos pas seus, Dui seriez contre nos deus. Se vos covient, ce vos afi, Vostre lyeon oster de ci, Mes que bien vos poist or androit. - Ou volez vos, fet cil, qu'il soit ? Ou vos plest il que je le mete ? » Lors li mostrent une chanbrete, Si dïent : « Leanz l'encloez. - Fet iert, des que vos le volez. » Lors l'i moinne et si l'i anserre. Et an li vet maintenant querre Ses armes por armer son cors ; Et son cheval li ont tret fors, Se li baillent et il i monte. Por lui leidir et feire honte Li passent li dui chanpion, Qu'aseüré sont del lyon, Qui est dedanz la chanbre anclos. Des maces li donent tex cos Que petit d'aïde li fait Escuz ne hiaumes que il ait ; Car quant an son hiaume l'ateignent, Tot li anbarrent et anfreignent, Et li escuz peçoie et font Come glace ; tex tros i font Que son poing i puet an boter. Mout font lor cop a redoter. Et il, que fet des .ii. maufez ? De honte et de crieme eschaufez, Se desfant de tote sa force ; Mout s'esvertue et mout s'efforce De doner granz cos et pesanz. N'ont pas failli a ses presanz, Qu'il lor rant la bonté a doble. Or a son cuer dolant et troble Li lyeons, qui est an la chanbre, Que de la grant bonté li manbre Que cil li fist par sa franchise, Qui ja avroit de son servise Et de s'aïde grant mestier ; Ja li randroit au grant setier Et au grant mui ceste bonté ; Ja n'i avroit rien mesconté S'il pooit issir de leanz. Mout vet reverchant de toz sanz Ne ne voit par ou il s'an aille. Bien ot les cos de la bataille, Qui perilleuse est et vilainne, Et por ce si grant duel demainne Qu'il anrage vis et forsene. Tant vet cerchant que il asene Au suil, qui porrisoit pres terre, Et tant qu'il l'arache et s'i serre Et fiche jusque pres des rains. Et ja estoit messire Yvains Mout traveilliez et mout suanz, Et mout trovoit les .ii. jaianz Forz et felons et adurez. Mout i avoit cos andurez Et randuz, tant con il plus pot, Ne de rien bleciez ne les ot, Que trop savoient d'escremie ; Et lor escu n'estoient mie Tel que rien en ostast espee, Tant fust tranchanz ne aceree. Por ce si se pooit mout fort Messire Yvains doter de mort ; Mes adés tant se contretint Que li lyons oltre s'an vint, Tant ot desoz le suel graté. S'or ne sont li gloton maté, Donc ne le seront il ja mes ; Car au lyeon ne panront pes Ne n'avront, tant con vis les sache. L'un en aert et si le sache Par terre, ausi con un moston. Or sont esfreé li gloton, N'il n'a home an tote la place Qui an son cuer joie n'en face. Et cil ne relevera ja Que li lyeons aterré a, Se li autres ne le secort ; Por lui eidier, cele part cort Et por lui meïsmes secorre, Qu'a lui ne lest li lyeons corre Quant il avra celui ocis Que il avoit par terre mis. Et si avoit graignor peor Del lyeon que de son seignor. Des or est messire Yvains fos, Des qu'il li a torné le dos Et voit le col nu et delivre, Se longuemant le leisse vivre, Que mout l'an est bien avenu. La teste nue et le col nu Li a li gloz abandoné, Et il li a tel cop doné Que la teste del bu li ret, Si soavet que mot n'an set. Et maintenant a terre vient Por l'autre, que li lyeons tient, Que rescorre et tolir li vialt. Mes por neant, que tant se dialt Ja mes mire a tans n'i avra ; Qu'an son venir si le navra Li lyeons, qui mout vint iriez, Que leidemant fu anpiriez. Et tote voie arriers le bote, Si voit que il li avoit tote L'espaule fors de son leu trete. Por lui de rien ne se deshete, Que ses bastons li est cheüz. Et cil gist pres come feüz, Qu'il ne se crosle ne ne muet ; Mes tant i a que parler puet Et dist, si com il li pot dire : « Ostez vostre lyeon, biax sire, Se vos plest, que plus ne m'adoist, Que des or mes faire vos loist De moi tot ce que boen vos iert. Et qui merci prie et requiert, N'i doit faillir cil qui la rueve, Se home sanz pitié ne trueve. Et je ne me desfandrai plus, Ne ja ne releverai sus De ci, por force que je aie, Si me met an vostre menaie. - Di donc, fet cil, se tu otroies Que vaincuz et recreanz soies. - Sire, fet il, il i pert bien : Veincuz sui, maleoit gré mien, Et recreanz, ce vos otroi. - Donc n'as tu mes garde de moi Et mes lyeons te raseüre. » Tantost vienent grant aleüre Totes les genz anviron lui ; Et li sire et la dame andui Li font grant joie et si l'acolent Et de lor fille li parolent, Si li dïent : « Or seroiz vos Dameisiax et sires de nos, Et nostre fille iert vostre dame, Car nos la vos donrons a fame. - Et je, fet il, la vos redoing. Qui vialt, si l'ait ! Je n'en ai soing ; Si n'en di ge rien por desdeing : Ne vos poist, se je ne la preing, Que je ne puis, ne je ne doi. Mes, s'il vos plest, delivrez moi Les cheitives que vos avez ; Li termes est, bien le savez, Qu'eles s'an doivent aler quites. - Voirs est, fet il, ce que vos dites, Et je les vos rant et aquit, Qu'il n'i a mes nul contredit. Mes prenez, si feroiz savoir, Ma fille, a trestot mon avoir, Qui est mout bele et riche et sage ; Ja mes si riche mariage N'avroiz, se vos cestui n'avez. - Sire, fet il, vos ne savez Mon essoine ne mon afeire, Ne je ne le vos os retreire. Mes je sai bien que je refus Ce que ne refuseroit nus Qui deüst son cuer et s'antente Metre an pucele bele et gente, Que volantiers la receüsse Se je poïsse ne deüsse. Je ne puis, ce sachiez de voir, Cesti ne autre recevoir. Si m'an lessiez an pes atant, Que la dameisele m'atant Qui avoec moi est ça venue ; Conpaignie m'i a tenue Et je la revoel li tenir, Que que il m'an doie avenir. - Volez, biax sire ? Et vos, comant ? Ja mes, se je ne le comant Et mes consauz ne le m'aporte, Ne vos iert overte ma porte, Einz remanroiz en ma prison. Orguel feites et mesprison Qant je vos pri que vos praigniez Ma fille et vos la desdaigniez. - Desdaing, sire ? Nel faz, par m'ame, Mes je ne puis esposer fame Ne remenoir por nule painne. La dameisele qui mout m'ainme Siudrai, qu'autremant ne puet estre. Mes, s'il vos plest, de ma main destre Vos plevirai, si m'an creez, Q'ainsi con vos or me veez, Revanrai ça se j'onques puis Et panrai vostre fille puis. - Dahait, fet il, qui el vos quiert Ne qui foi ne ploige an requiert ! Se ma fille vos atalante, Recevez la por bele et gente, Vos revanroiz hastivemant ; Ja por foi ne por seiremant, Ce cuit, ne revanroiz plus tost. Or alez, que je vos en ost Trestoz ploiges et toz creanz. Se vos retaingne pluie et vanz Ou fins neanz, ne me chaut il ! Ja ma fille n'avrai si vil Que je par force la vos doingne. Or alez an vostre besoingne, Que tot autant, se vos venez, M'an est, con se vos remenez. » Tantost messire Yvains s'an torne, Qui el chastel plus ne sejorne, Et s'en a avoec soi menees Les cheitives desprisonees ; Et li sires li a bailliees, Povres et mal apareilliees ; Mes or sont riches, ce lor sanble. Fors del chastel totes ensanble, Devant lui, .ii. et .ii. s'an issent ; Ne ne cuit pas qu'eles feïssent Tel joie con eles li font A celui qui fist tot le mont, S'il fust venuz de ciel an terre. Merci et pes li vindrent querre Totes les genz qui dit li orent Tant de honte con il plus porent ; Si le vont einsi convoiant, Mes il dit qu'il n'an set neant : « Je ne sai, fet il, que vos dites, Et si vos an claim je toz quites, C'onques choses que j'en mal teingne Ne deïstes, don moi soveingne. » Cil sont mout lié de ce qu'il oent, Et sa corteisie mout loent. Or le comandent a Deu tuit, Que grant piece l'orent conduit. Et les dameiseles li ront Congié demandé, si s'an vont. Au partir totes li anclinent, Et si li orent et destinent Que Dex li doint joie et santé Et venir a sa volanté En quelque leu qu'il onques aut. Et cil respont que Dex les saut, Cui la demore mout enuie : « Alez, fet il, Dex vos conduie En voz païs sainnes et liees. » Maintenant se sont avoiees ; Si s'an vont grant joie menant. Et messire Yvains maintenant De l'autre part se rachemine. D'errer a grant esploit ne fine Trestoz les jorz de la semainne, Si con la pucele l'en mainne, Qui la voie mout bien savoit Et le recet ou ele avoit Lessiee la desheritee, Desheitiee et desconfortee. Mes quant ele oï la novele De la venue a la pucele Et del Chevalier au lyeon, Ne fu joie se cele non Que ele en ot dedanz son cuer ; Car or cuide ele que sa suer De son heritage li lest Une partie, se li plest. Malade ot geü longuemant La pucele, et novelemant Estoit de son mal relevee, Qui duremant l'avoit grevee, Si que bien paroit a sa chiere. A l'encontre, tote premiere, Li est alee sanz demore ; Si le salue et si l'enore De quanqu'ele onques set ne puet. De la joie parler n'estuet Qui la nuit fu a l'ostel feite : Ja parole n'en iert retreite, Que trop i avroit a conter ; Tot vos trespas jusqu'au monter L'andemain, que il s'an partirent. Puis errerent tant que il virent .I. chastel ou li rois Artus Ot demoré quinzainne ou plus. Et la dameisele i estoit Qui sa seror desheritoit, Qu'ele avoit pres la cort tenue, Puis si atendoit la venue Sa seror, qui vient et aproche. Mes mout petit au cuer li toche, Qu'ele cuide que l'en ne truisse Nul chevalier qui sofrir puisse Monseignor Gauvain an estor. N'il n'i avoit que .i. seul jor De la quinzainne a parvenir ; La querele, tot sanz mantir, Eüst desresnié quitemant Par reison et par jugemant Se cil seus jorz fust trespassez. Mes plus i a a feire assez Qu'ele ne cuide ne ne croit. En .i. ostel bas et estroit Fors del chastel cele nuit jurent, Ou nules genz ne les conurent ; Car se il el chastel geüssent, Totes les genz les coneüssent, Et de ce n'avoient il soing. Fors de l'ostel, a grant besoing, A l'aube aparissant s'an issent ; Si se reponent et tapissent Tant que li jorz fu biax et granz. Jorz avoit passez ne sai quanz Que messire Gauvains s'estoit Herbergiez, si qu'an ne savoit De lui a cort nule novele, Fors que seulemant la pucele Por cui il se voloit conbatre. Pres a trois liues ou a quatre S'estoit de la cort trestornez ; Et vint a cort si atornez Que reconuistre ne le porent Cil qui toz jorz coneü l'orent As armes que il aporta. La dameisele qui tort a Vers sa seror trop en apert, Veant toz l'a a cortoffert, Que par lui desresnier voldroit La querele ou ele n'a droit ; Et dit au roi : « Sire, ore passe, Jusqu'a po sera none basse, Et li derriens jorz iert hui. Or voit an bien comant je sui, Or me covient droit maintenir. Se ma suer deüst revenir, N'i eüst mes que demorer. Deu an puisse je aorer, Quant el ne vient ne ne repeire ! Bien i pert que mialz ne puet feire, Si sui por neant traveilliee Et j'ai esté apareilliee Toz les jorz jusqu'au desrien A desresnier ce qui est mien. Tot ai desresnié sanz bataille, S'est or bien droiz que je m'en aille Tenir mon heritage an pes, Que je n'an respondroie mes A ma seror tant con je vive ; Si vivra dolante et cheitive. » Et li rois, qui mout bien savoit Que la pucele tort avoit Vers sa seror, trop desleal, Li dit : « Amie, a cort real Doit en atendre, par ma foi, Tant con la justise le roi Siet et atant por droiturier. N'i a rien del corjon ploier, Qu'ancor vendra trestot a tans Vostre suer ci, si con je pans. » Einz que li rois eüst ce dit, Le Chevalier au lyeon vit Et la pucele delez lui ; Seul a seul venoient andui, Que del lyeon anblé se furent, Si fu remés la ou il jurent. Li rois la pucele a veüe, Si ne l'a pas mesconeüe, Et mout li plot et abeli Quant il la vit, que devers li De la querele se pandoit, Por ce que au droit entandoit. De la joie que il en ot Li dist, au plus tost que il pot : « Or avant, bele ! Dex vos saut ! » Quant cele l'ot, tote an tressaut, Et si se torne, si la voit Et le chevalier qu'ele avoit Amené a son droit conquerre ; Si devint plus noire que terre. Mout fu bien de toz apelee La pucele ; et ele est alee Devant le roi, la ou le vit ; Quant fu devant lui, si li dit : « Dex salt le roi et sa mesniee ! Rois, s'or puet estre desresniee Ma droiture ne ma querele Par un chevalier, donc l'iert ele Par cestui qui, soe merci, M'en a seüe anjusque ci. S'eüst il mout aillors a feire, Li frans chevaliers deboneire ; Mes de moi li prist tex pitiez Qu'il a arrieres dos gitiez Toz ses afeires por le mien. Or feroit corteisie et bien Ma dame, ma tres chiere suer, Que j'aim autant come mon cuer, Se ele mon droit me lessoit. Mout feroit bien, s'el le feisoit, Que je ne demant rien del suen. - Ne je, voir, fet ele, del tuen ; Tu n'i as rien, ne ja n'avras. Ja tant preeschier ne savras Que rien en aies por preschier ; Tote an porras de duel sechier. » Et l'autre respont maintenant, Qui savoit assez d'avenant Et mout estoit sage et cortoise : « Certes, fet ele, ce me poise Que por nos .ii. se conbatront Dui si preudome con cist sont. S'est la querele mout petite, Mes je ne la puis clamer quite, Que mout grant mestier en avroie. Por ce meillor gré vos savroie Se vos me lessiez mon droit. - Certes, qui or te respondroit, Fet l'autre, mout seroit musarde. Max fex et male flame m'arde Se je t'an doing don tu mialz vives ! Einçois asanbleront les rives De la Dunoe et de Seone, Se la bataille nel te done. - Dex et li droiz que je i ai, En cui je m'an fi et fiai, En soit en aïde celui, E se lou desfende d'enui, Qui par amors et par frainchise Se poroffri de mon servise, Si ne set il qui ge me sui, N'il ne me conoist ne ge lui ! » Tant ont parlé qu'atantremainnent Les paroles et si amainnent Les chevaliers enmi la cort. Et toz li pueples i acort, Si con a tel afeire suelent Corre les genz qui veoir vuelent Cos de bataille et escremie. Mes ne s'antreconurent mie Cil qui conbatre se voloient, Qui mout entramer se soloient. Et or donc ne s'antrainment il ? « Oïl », vos respong et « Nenil », Et l'un et l'autre proverai Si que reison i troverai. Por voir, messire Gauvains ainme Yvain et conpaingnon le clainme ; Et Yvains lui, ou que il soit ; Neïs ci, s'il le conuissoit, Feroit il ja de lui grant feste ; Et si metroit por lui sa teste Et cil la soe ausi por lui, Einz qu'an li feïst grant enui. N'est ce Amors antiere et fine ? Oïl, certes. Et la Haïne, Don ne rest ele tote aperte ? Oïl, que ce est chose certe Que li uns a l'autre sanz dote Voldroit avoir la teste rote, Ou tant de honte li voldroit Avoir feite que pis valdroit. Par foi, c'est mervoille provee Que l'en a ensanble trovee Amor et Haïne mortel. Dex ! Meïsmes en .i. ostel, Comant puet estre li repaires A choses qui tant sont contraires ? En .i. ostel, si con moi sanble, Ne pueent eles estre ansanble, Que ne porroit pas remenoir L'une avoeques l'autre .i. seul soir, Que noise et tançon n'i eüst Puis que l'une l'autre i seüst. Mes en .i. chas a plusors manbres, Que l'en i fet loges et chanbres ; Ensi puet bien estre la chose : Espoir qu'Amors s'estoit anclose En aucune chanbre celee, Et Haïne s'an ert alee As loges par devers la voie Por ce qu'el vialt que l'en la voie. Or est Haïne mout an coche, Qu'ele esperone et point et broche Sor Amors quanque ele puet, Et Amors onques ne se muet. Ha ! Amors, ou es tu reposte ? Car t'an is, si verras quel oste Ontsor toi amené et mis Li anemi a tesamis ; Li anemi sont cil meïsme Qui s'antrementd'amor saintime, Qu'amors qui n'est fause ne fainte Est precieuse chose et sainte. Si est Amors asez trop glote, Et Haïne n'i revoit gote ; Qu'Amors desfandre lor deüst, Se ele les reconeüst, Que li uns l'autre n'adesast Ne feïst rien qui li grevast. Por ce est Amors avuglee Et desconfite et desjuglee Que cez qui tuit sont suen par droit Ne reconuist, et si les voit. Et Haïne dire ne set Por coi li uns d'ax l'autre het, Ses vialt feire mesler a tort ; Si het li uns l'autre de mort. N'ainme pas, ce poez savoir, L'ome qui le voldroit avoir Honi et qui sa mort desirre. Comant ? Vialt donc Yvains ocirre Monseignor Gauvain, son ami ? Oïl, et il lui autresi. Si voldroit messire Gauvains Yvain ocirre de ses mains Ou feire pis que je ne di ? Nenil, ce vos jur [...] afi. Li uns ne voldroit avoir fet A l'autre ne honte ne let, Por quanque Dex a fet por home Ne por tot l'empire de Rome. Or ai manti mout leidemant, Que l'en voit bien apertemant Que li uns vialt envaïr l'autre, Lance levee sor le fautre ; Et li uns l'autre vialt blecier Et feire honte et correcier, Que ja de rien ne s'an feindra. Or dites : De cui se plaindra Cil qui des cos avra le pis Quant li uns l'autre avra conquis ? Car s'il font tant qu'il s'antrevaignent, Grant peor ai qu'il ne maintaignent Tant la bataille et la meslee Qu'el soit de l'une part oltree. Porra Yvains par reison dire, Se la soe partie est pire, Que cil li ait fet let ne honte Qui antre ses amis le conte, N'ainz ne l'apela par son non Se ami et conpaignon non ? Ou s'il avient par aventure Qu'il li ait fet nule leidure Ou de que que soit le sormaint, Avra il droit se il se plaint ? Nenil, qu'il ne savra de cui. Antresloignié se sont andui Por ce qu'il ne s'antreconoissent. A l'asanbler lor lances froissent, Qui grosses erent et de fresne. Li uns l'autre de rien n'aresne, Car s'il entrareisnié se fussent, Autre asanblee feite eüssent. Ja n'eüssent a l'asanblee Feru de lance ne d'espee. Entrebeisier et acoler S'alassent einz que afoler ; Qu'il s'antrafolent et mehaingnent. Les espees rien n'i gaaingnent Ne li hiaume ne li escu, Qui anbarré sont et fandu ; Et des espees li tranchant Esgrunent et vont rebouchant. Car il se donent si granz flaz Des tranchanz, non mie des plaz, Et des pons redonent tex cos Sor les nasex et sor les dos Et sor les fronz et sor les joes Que totes sont perses et bloes, La ou li sans quace desoz. Et les haubers ont si deroz Et les escuz si depeciez N'i a celui ne soit bleciez. Et tant se painnent et travaillent A po qu'alainnes ne lor faillent. Si se conbatent une chaude Que jagonce ne esmeraude N'ot sor lor hiaumes atachiee Ne soit molue et arachiee ; Car des pons si granz cos se donent Sor les hiaumes que tuit s'estonent Et par po qu'il ne s'escervelent. Li oel des chiés lor estancelent, Qu'il ont les poinz quarrez et gros, Et forz les ners, et durs les os, Si se donent males groigniees A ce qu'il tienent anpoigniees Les espees, qui grant aïe Lor font quant il fierent a hie. Quant grant piece se sont lassé Tant que li hiaume sont quassé Et li escu fandu et fret, Un po se sont arrieres tret, Si lessent reposer lor vainnes Et si repranent lor alainnes. Mes n'i font mie grant demore, Einz cort li uns a l'autre sore Plus fieremant qu'ainz mes ne firent, Et tuit dïent que mes ne virent .II. chevaliers plus corageus : « Ne se conbatent mie a geus, Einz le font asez trop a certes. Les merites et les desertes Ne lor an seront ja rendues. » Ces paroles ont entandues Li dui ami qui s'antrafolent, Et s'antendent que il parolent Des deus serors antracorder, Mes la pes n'i pueent trover Devers l'ainznee an nule guise. Et la mainsnee s'estoit mise Sor ce que li rois an diroit, Que ja rien n'en contrediroit. Mes l'ainznee estoit si anrievre Que nes la reïne Ganievre Et cil qui savoient lor lois Et li chevalier et li rois Devers la mainsnee se tienent. Et tuit le roi proier an vienent Que, mau gré l'ainznee seror, Doint de la terre a la menor La tierce partie ou la quarte Et les .ii. chevaliers departe, Que mout sont de grant vaselage Et trop i avroit grant domage Se li uns d'ax l'autre afoloit Ne point de s'enor li toloit. Et li rois dit que de la pes Ne s'antremetra il ja mes, Que l'ainznee suer n'en a cure, Tant par est male criature. Totes ces paroles oïrent Li dui, qui des cors s'antranpirent Si qu'a toz vient a grant mervoille ; Et la bataille est si paroille Que l'en ne set par nul avis Qui n a le mialz ne qui le pis. Mes li dui, qui si se conbatent Que par martire enor achatent, Se mervoillent et esbaïssent, Que si par igal s'anvaïssent Qu'a grant mervoille a chascun vient Qui cil est qui se contretient Ancontre lui si fieremant. Tant se conbatent longuemant Que li jorz vers la nuit se tret ; Ne il n'i a celui qui n'et Le braz las et le cors doillant. Et li sanc tuit chaut et boillant Par mainz leus fors des cors lor bolent, Qui par desoz les haubers colent ; N'il n'est mervoille s'il se vuelent Reposer, car formant se duelent. Lors se reposent anbedui, Et puis panse chascuns por lui C'or a il son paroil trové Comant qu'il li ait demoré. Longuemant andui se reposent, Que rasanbler as armes n'osent. N'ont plus de la bataille cure, Que por la nuit qui vient oscure Que por ce que mout s'antredotent. Ces .ii. choses an.ii. les botent Et semonent qu'an pes s'estoisent ; Mes einçois que del chanp s'an voisent, Se seront bien antracointié, S'avra entr'ax joie et pitié. Messire Yvains parla einçois, Qui mout estoit preuz et cortois ; Mes au parler nel reconut Ses boens amis, et ce li nut Qu'il avoit la parole basse Et la voiz roe et foible et quasse, Que toz li sans li fu meüz Des cos qu'il avoit receüz. « Sire, fet il, la nuiz aproche ; Ja, ce cuit, blasme ne reproche N'en avroiz se l'en nos depart. Mes tant di de la moie part Que mout vos dot et mout vos pris, N'onques en ma vie n'enpris Bataille don tant me dousisse Ne chevalier que je vousisse Tant veoir ne tant acointier. A mervoillesvos puis prisier, Que vaincuz me cuidai veoir. Bien savez vos cos aseoir Et bien les savez anploier. Einz tant ne sot de cos paier Chevaliers que je coneüsse ; Ja, mon vuel, tant n'an receüsse Con vos m'an avez hui presté. Tot m'ont vostre cop antesté. - Par foi, fet messire Gauvains, N'iestes si estonez ne vains Que je autant ou plus ne soie ; Et se je vos reconoissoie, Espoir ne me greveroit rien. Se je vos ai presté del mien, Bien m'en avez randu le conte, Et del chetel et de la monte, Que larges estiez del rendre Plus que je n'estoie del prendre. Mes comant que la chose praingne, Quant vos plest que je vos apraingne Par quel non je sui apelez, Ja mes nons ne vos iert celez : Gauvains ai non, filz au roi Lot. » Quant Yvains ceste novele ot, Si s'esbaïst et espert toz. Par mautalant et par corroz, Flati a la terre s'espee, Qui tote estoit ansanglantee, Et son escu tot depecié ; Si descent del cheval a pié Et dit : « Ha, las ! Quel mescheance ! Par trop leide mesconoissance Ceste bataille feite avomes, Qu'antreconeü ne nos somes ; Que ja, se je vos coneüsse, A vos conbatuz ne me fusse, Einz me clamasse a recreant Devant le cop, ce vos creant. - Comant ? fet messire Gauvains. Qui estes vos ? - Je sui Yvains, Que plus vos aim c'ome del monde, Tant com il dure a le reonde ; Que vos m'avez amé toz jorz Et enoré an totes corz. Mes je vos voel de cest afeire Tel amande et tel enor feire C'outreemant vaincuz m'otroi. - Ice feriez vos por moi ? Fet messire Gauvains li douz. Certes, mout seroie or estouz Se ge ceste amande an prenoie. Ja ceste enors ne sera moie, Einz iert vostre, je la vos les. - Ha ! Biax sire, nel dites mes, Que ce ne porroit avenir ; Je ne me puis mes sostenir, Si sui atainz et sormenez. - Certes, de neant vos penez, Fet ses amis et ses conpainz. Mes je sui vaincuz et atainz, Ne je n'en di rien por losange, Qu'il n'a el monde si estrange Que je autretant n'an deïsse, Einçois que plus des cos sofrisse. » Einsi parlant sont descendu ; S'a li uns a l'autre tandu Les braz au col, si s'antrebeisent, Ne por ce mie ne se teisent Que chascuns oltrez ne se claint. La tançons onques ne remaint Tant que li rois et li baron Vienent corrant tot anviron ; Ses voient antreconjoïr Et mout desirrent a oïr Que ce puet estre et qui cil sont Qui si grant joie s'antrefont. « Seignor, fet li rois, dites nos Qui a si tost mis antre vos Ceste amistié et ceste acorde, Que tel haïne et tel descorde I ai hui tote jor veüe. - Sire, ja ne vos iert teüe, Fet messire Gauvains, ses niés, La mescheance et li meschiés Don ceste bataille a esté. Des que or estes aresté Por l'oïr et por le savoir, Bien iert qui vos an dira voir. Je, qui Gauvains vostre niés sui, Mon conpaignon ne reconui, Monseignor Yvain, qui est ci, Tant que il, la soe merci, Si con Deu plot, mon non enquist. Li uns son non a l'autre dist ; Lors si nos antreconeümes Quant bien antrebatu nos fumes. Bien nos somes antrebatu, Et se nos fussiens conbatu Encore .i. po plus longuemant, Il m'en alast trop malemant, Que, par mon chief, il m'eüst mort Par sa proesce et par le tort Celi qui m'avoit el chanp mis. Mes mialz voel je que mes amis M'ait oltré d'armes que tué. » Lors a trestot le san mué Messire Yvains, et si li dit : « Biax sire chiers, se Dex m'aït, Trop avez grant tort de ce dire ; Mes bien sache li rois, mes sire, Que je sui de ceste bataille Oltrez et recreanz sanz faille. - Mes ge. - Mes ge » fet cil et cil. Tant sont andui franc et gentil Que la victoire et la querone Li uns a l'autre otroie et done ; Ne cist ne cil ne la vialt prendre, Einz fet chascuns par force entendre Au roi et a totes ses genz Qu'il est oltrez et recreanz. Mes li rois la tançon depiece, Quant oïz les ot une piece ; Et li oïrs mout li pleisoit Et ce avoec que il veoit Qu'il s'estoient entracolé, S'avoit li uns l'autre afolé Mout leidemant an plusors leus. « Seignor, fet il, antre vos deus A grant amor, bien le mostrez Quant chascuns dit qu'il est oltrez. Mes or vos an metez sor moi Et jes acorderai, ce croi, Si bien qu'a voz enors sera Et toz siegles m'an loera. » Lors ont andui acreanté Qu'il an feront sa volanté Tot ensi com il le dira. Et li rois dit qu'il partira A bien et a foi la querele. « Ou est, fet il, la dameisele Qui sa seror a fors botee De sa terre et deseritee Par force et par male merci ? - Sire, fet ele, je sui ci. - La estes vos ? Venez donc ça. Je le savoie bien, pieç'a, Que vos la deseriteiez. Ses droiz ne sera plus noiez, Que coneü m'avez le voir. La soe part par estovoir Vos covient tote clamer quite. - Ha ! sire rois, se je ai dite Une response nice et fole, Volez m'an vos prendrea parole ? Por Deu, sire, ne me grevez ! Vos estes rois, si vosdevez De tort garder et de mesprendre. - Por ce, fet li rois, voel je rendre A vostre seror sa droiture, C'onques de tort feire n'oi cure. Et vos avez bien antendu Qu'an ma merci se sont randu Vostres chevaliers et li suens ; Ne dirai mie toz voz buens, Que vostre torz est bien seüz. Chascuns dit qu'il est chanpcheüz, Tant vialt li uns l'autre enorer. A ce n'ai ge que demorer Des que la chose est sor moi mise : Ou vos feroiz a ma devise Tot quanque ge deviserai Sanz feire tort, ou ge dirai Que mes niés est d'armes conquis. Lors si vaudra a vostre oés pis ; Mes jel di or contre mon cuer. » Il ne le deïst a nul fuer, Mes il le dit por essaier S'il la porroit tant esmaier Qu'ele randist a sa seror Son heritage, par peor, Qu'il s'est aparceüz mout bien Que ele ne l'en randist rien, Por quanque dire li seüst, Se force ou crieme n'i eüst. Por ceque ele dote et crient, Li dit : « Biax sire, or me covient Que je face vostre talant, Mes mout en ai le cuer dolant, Que jel ferai que qu'il me griet ; S'avra ma suer ce que li siet De la part de mon heritage ; Vostre cors li doing en ostage Por ce que plus seüre an soit. - Revestez l'an tot or endroit, Fet li rois, et ele deveingne Vostre fame, et de vos la teingne ; Si l'amez come vostre fame, Et ele vos come sa dame Et come sa seror germainne. » Li rois einsi la chose mainne Tant que de sa terre est seisie La pucele, qui l'en mercie. Et li rois dit a son neveu, Au chevalier vaillant et preu, Que les armes oster se lest, Et messire Yvains, se lui plest, Se relest les soes tolir, Car bien s'an pueent mes sofrir. Lors sont desarmé li vasal ; Si s'antrebeisent par igal. Et queque il s'antrebeisoient, Le lyon corrant venir voient, Qui son seignor querant aloit. Tot maintenant que il le voit, Si comance grant joie a feire. Lors veïssiez genz arriers treire ; Trestoz li plus hardiz s'an fuit. « Estez, fet messire Yvains, tuit. Por coi fuiez ? Nus ne vos chace ; Ne doutez ja que mal vos face Li lyeons que venir veez. De ce, s'il vos plest, me creez, Qu'il est a moi et je a lui ; Si somes conpaignon andui. » Lors sorent trestuit cil de voir, Qui orent oï mantevoir Les aventures au lyeon, De lui et de son conpaignon, C'onques ne fu autres que cist Qui le felon jaiant ocist. Et messire Gauvains li dist : « Sire conpainz, se Dex m'aïst, Mout m'avez bien avileni. Malveisemant vos ai meri Le servise que me feïstes, Del jaiant que vos oceïstes Por mes neveuz et por ma niece. Mout ai pansé a vos grant piece, Mes apanser ne me savoie N'onques oï parler n'avoie De chevalier que je seüsse An terre ou je esté eüsse Qui li Chevaliers au lyeon Fust apelez an sorenon. » Desarmé sont ensi parlant, Et li lyeons ne vint pas lant Vers son seignor, la ou il sist. Quant devant lui vint, si li fist Grant joie, come beste mue. En anfermerie ou an mue Les an covient an.ii. mener, Car a lor plaies resener Ont mestier de mire et d'antret. Devant lui mener les an fet Li rois, qui mout chiers les avoit. .I. fisicien qui savoit De mirgie plus que nus hom Fist mander rois Artus adon. Et cil del garir se pena Tant que lor plaies lor sena Au mialz et au plus tost qu'il pot. Qant anbedeus gariz les ot, Messire Yvains, qui sanz retor Avoit son cuer mis en amor, Vit bien que durer n'i porroit Et por amor an fin morroit Se sa dame n'avoit merci De lui, qui se moroit ensi. Et panse qu'il se partiroit Toz seus de cort et si iroit A sa fontainne guerroier ; Et s'i feroit tant foudroier Et tant vanter et tant plovoir Que par force et par estovoir Li covanroit feire a lui pes Ou il ne fineroit ja mes De la fontainne tormanter Et de plovoir et de vanter. Maintenant que messire Yvains Santi qu'il fu gariz et sains, Si s'an parti, que nus nel sot ; Mes son lyeon avoec lui ot, Qui onques en tote sa vie Ne volt lessier sa conpaignie. Puis errerent tant que il virent La fontainne, et plovoir i firent. Ne cuidiez pas que je vos mante, Que si fu fiere la tormante Que nus n'an conteroit le disme, Qu'il sanbloit que jusqu'an abisme Deüst fondre la forez tote. La dame de son chastel dote Que il ne fonde toz ansanble ; Li mur croslent et la torz tranble, Si que par po qu'ele ne verse. Mialz volsist estre pris an Perse Li plus hardiz, antre les Turs, Que leanz estre antre les murs. Tel peor ont que il maudïent Lor ancessors, et trestuit dïent : « Maleoiz soit li premiers hom Qui fist an cest païs meison Et cil qui cest chastel fonderent ! Qu'an tot le monde ne troverent Leu que l'an doie tant haïr, C'uns seus hom le puet envaïr Et tormanter et traveillier. » « De ceste chose conseillier Vos covient, dame, fet Lunete. Ne troveroiz qui s'antremete De vos eidier a cest besoing Se l'en nel va querre mout loing. Ja mes voir ne reposerons An cest chastel, ne n'oserons Les murs ne la porte passer. Qui avroit toz fez amasser Voz chevaliers por cest afeire, Ne s'an oseroit avant treire Toz li miaudres, bien bienle savez. S'est or ensi que vos n'avez Qui desfande vostre fontainne, Si sanbleroiz fole et vilainne ; Mout bele enor i avroiz ja Quant sanz bataille s'an ira Cil qui si vos a asaillie. Certes, vos estes malbaillie S'autremant de vos ne pansez. - Tu, fet la dame, qui tant sez, Me di comant j'en panserai, Et ge an toz leus le ferai. - Dame, certes, se je savoie, Volantiers vos conseilleroie ; Mes vos avriez grant mestier De plus resnable conseillier. Por ce, si ne m'an os mesler, Et le plovoir et le vanter Avoec les autres sofferré Tant, se Deu plest, que je verré En vostre cort aucun preudome Qui prendra le fes et la some De ceste bataille sor lui. Mes je ne cuit que ce soit hui, Si vaudra pis a oés vostre oés. » Et la dame li respont lués : « Dameisele, car parlez d'el ! Car il n'a gent an mon ostel An cui ge aie nule atandue Queja par aus soit desfandue La fontainne ne li perrons. Mes, se Deu plest, or i verrons Vostre consoil et vostre san, Qu'au besoing, toz jorz le dit an, Doit an son ami esprover. - Dame, qui cuideroit trover Celui qui le jaiant ocist Et les .iii. chevaliers conquist, Il le feroit boen aler querre. Mes tant com il avra la guerre Et l'ire et le mal vers sa dame, N'a en cest mont home ne fame Cui il suiest, mien esciant, Tant que il li jurt et fiant Qu'il fera tote sa puissance De racorder la mescheance Que sa dame a si grant a lui Qu'il an muert de duel et d'enui. » Et la dame dit : « Je sui preste, Einz que vos entroiz an la queste, Que je vos plevisse ma foi ; Et jurerai, s'il vient a moi, Que je, sanz guile et sanz feintise, Li ferai tot a sa devise Sa pes, se je feire la puis. » Et Lunete li redit puis : « Dame, de ce ne dot ge rien Que vos ne li puissiez mout bien Sa pes feire, se il vos siet ; Mes del seiremant ne vos griet, Que je le panrai tote voie Einz que je me mete a la voie. - Ce, fet la dame, ne me poise. » Lunete, qui mout fu cortoise, Li fist isnelemant fors traire .I. mout precieus saintuaire ; Et la dame a genolz s'est mise. Au geu de la verté l'a prise Lunete, mout cortoisemant. A l'eschevir del seiremant, Rien de son preu n'i oblia Cele qui eschevi li a. « Dame, fet ele, hauciez la main ! Je ne voel pas qu'aprés demain M'an metoiz sus ne ce ne quoi, Que vos n'an feites rien por moi. Por vos meïsmes le feroiz ! Se il vos plest, si jureroiz Por le Chevalier au lyeon Que vos, en boene antencion, Vos peneroiz tant qu'il savra Que le boen cuer sa dame avra Tot autresi com il ot onques. » La main destre leva adonques La dame et dit : « Trestot einsi Con tu l'as dit, et je le di, Que, si m'aïst Dex et li sainz, Que ja mes cuers ne sera fainz Que je tot mon pooir n'en face. L'amor li randrai et la grace Que il sialt a sa dame avoir, Puis que j'en ai force et pooir. » Or a bien Lunete esploité ; De rien n'avoit tel covoitié Come de ce qu'ele avoit fet. Et l'en li avoit ja fors tret .I. palefroi soef anblant. A bele chiere, a lié sanblant, Monte Lunete ; si s'an va, Tant que delez le pin trova Celui qu'ele ne cuidoit pas Trover a si petit de pas, Einz cuidoit qu'il li covenist Mout querre einçois qu'a lui venist. Par le lyeon l'a coneü Tantost com ele l'a veü ; Si vint vers lui grant aleüre Et descent a la terre dure. Et messire Yvains la conut De si loing com il l'aparçut ; Si la salue, et ele lui. Et dit : « Sire, mout liee sui Quant je vos ai trové si pres. » Et messire Yvains dit aprés : « Comant ? Queriez me vos donques ? - Oïl, voir, et si ne fui onques Si liee des que je fui nee, Que j'ai ma dame a ce menee Que tot ausi com ele siaut, S'ele parjurer ne se viaut, Iert vostre dame et vos ses sire ; Por verité le vos puis dire. » Messire Yvains formant s'esjot De la mervoille, que il ot Ce qu'il ja ne cuidoit oïr. Ne puet pas asez conjoïr, Les ialz beisa et puis le vis * Celi que ce li a porquis, * Et dit : « Certes, ma dolce amie, Ce ne vos porroie je mie Guerredoner, en nule guise. A vos feire enor et servise Criem que pooirs ou tans me faille. - Sire, fet ele, or ne vos chaille, Ne ja n'en soiez an espans, Qu'assez avroiz pooir et tans A feire bien moi et autrui. Se je ai fet ce que je dui, Si m'an doit an tel gré savoir Con celi qui autrui avoir Anprunte, et puis si le repaie. N'encor ne cuit que je vos aie Randu ce que je vos devoie. - Si avez fet, se Dex me voie, A plus de .v. .c. mile droiz ! Or en irons tost qu'il est droiz. Et avez li vos dit de moi Qui je sui ? - Naie, par ma foi, Ne ne set comant avez non, Se Chevaliers au lyeon non. » Ensi s'an vont parlant adés, Et li lyeons toz jorz aprés, Tant qu'au chastel vindrent tuit troi. Einz ne distrent ne ce ne quoi Es rues, n'a home n'a fame, Tant qu'il vindrent devant la dame. Et la dame mout s'esjoï Tantost con la novele oï De sa pucele qui venoit Et de ce que ele amenoit Le lyeon et le chevalier Qu'ele voloit mout acointier Et mout conoistre et mout veoir. A ses piez s'est lessiez cheoir Messire Yvains, trestoz armez. Et Lunete, qui fu delez, Li dit : « Dame, relevez l'an, Et metez force et poinne et san A la pes querre et au pardon, Que nus ne li puet, se vos non, En tot le monde porchacier. » Lors l'a fet la dame drecier Et dit : « Mes pooirs est toz suens. Sa volenté feire et ses buens Voldroie mout que je poïsse. - Certes, dame, ja nel deïsse, Fet Lunete, s'il ne fust voirs. Toz an est vostres li pooirs Assez plus que dit ne vos ai. Mes des or mes, le vos dirai, La verité, si la savroiz : Einz n'eüstes ne ja n'avroiz Si boen ami come cestui. Dex, qui vialt qu'antre vos et lui Ait boene pes et boene amor, Tel qui ja ne faille a nul jor, Le m'a hui fet si pres trover. Ja a la verité prover N'i covient autre rescondire. Dame, pardonez li vostre ire, Que il n'a dame autre que vos : C'est messire Yvains, vostre espos. » A cest mot la dame tressaut Et dit : « Se Damedex me saut, Bien m'as or au hoquerel prise ! Celui qui ne m'ainme ne prise Me feras amer mau gré mien. Or as tu esploitié mout bien ! Or m'as tu mout an gré servie ! Mialz volsisse tote ma vie Vanz et orages endurer ! Et s'il ne fust de parjurer Trop leide chose et trop vilainne, Ja mes a moi, por nule painne, Pes ne acorde ne trovast. Toz jorz mes el cors me covast, Si con li feus cove an la cendre, Ce don ge ne voel ore aprendre Ne ne me chaut del recorder, Des qu'a lui m'estuet acorder. » Messire Yvains ot et antant Que ses afeires si bien prant Qu'il avra sa pes et s'acorde, Et dist : « Dame, misericorde Doit an de pecheor avoir. Conparé ai mon nonsavoir, Et je le voel bien conparer. Folie me fist demorer, Si m'an rant corpable et forfet ; Et mout grant hardemant ai fet Qant devant vos osai venir. Mes s'or me volez retenir, Ja mes ne vos forferai rien. - Certes, fet ele, je voel bien, Por ce que parjure seroie Se tot mon pooir n'en feisoie, La pes feire antre vos et moi. S'il vos plest, je la vos otroi. - Dame, fet il, .v. .c. merciz ! Et si m'aïst Sainz Esperiz, Que Dex an cest siegle mortel Ne me feïst pas si lié d'el ! » Or a messire Yvains sa pes, Et poez croire c'onques mes Ne fu de nule rien si liez, Comant qu'il ait esté iriez. Mout an est a boen chief venuz, Qu'il est amez et chier tenuz De sa dame, et ele de lui. Ne li sovient or de nelui, Que par la joie l'antroblie Que il a de sa dolce amie. Et Lunete rest mout a eise : Ne li faut chose qui li pleise, Des qu'ele a fet la pes sanz fin De monseignor Yvain le fin Et de s'amie chiere et fine. Del Chevalier au lyeon fine Crestiens son romans ensi ; N'onques plus conter n'en oï Ne ja plus n'en orroiz conter S'an n'i vialt mançonge ajoster. Explycit li Chevaliers au lyeon. Cil qui l'escrist Guioz a non ; Devant Nostre Dame del Val Est ses ostex tot a estal.
Honorius, episcopus servus servorum Dei, dilecto filio abbati Sancti Benedicti Floriacensis salutem et apostolicam benedictionem. Si monasterium Floriacense congruis floret titulis dignitatum, eo principalius nos dilectat quoad Sedem apostolicam specialiter noscitur pertinere quia licet decorem universalis domus Domini diligamus, illas tamen ecclesias libentius gratie prerogativa prosequimur que nos nullo respiciunt mediante. Cum igitur sicut ex parte monasterii tui fuit propositum, coram nobis abbates qui eidem monasterio pro tempore prefuerunt, ad opus altaris ipsius monasterii benedicere consueverint indumenta quod utique tu et conventus tibi commissus illos creditis apostolice sedis autoritate fecisse quanquam super hoc littere non appareant, que si fuissent, forsitan potuerunt amitti. Nos ergo, monasterium tibi commissum per effectum operis gratie specialis ex hibere volentes affectum, indumenta altaris benedicendi ad opus monasterii tui autoritate tibi presentium liberam concedimus potestatem. Datum Laterani, secundo idus martii, pontificatus nostri anno secundo.
 1. Philippe, par la grâce de Dieu, roy de France, à tous ceux qui verront et orront ces présentes lectres, salut. Saichent tuit que nous avons donné et octroyé à la ville de Varennes, assise devant Trischastel et à tous les habitans en la dicte ville les franchises que s’ensuigvent, sauf ce que, en la dicte ville, ne pourra nuz de noz hommes qui doient morte main ne for mariage, ne qui soient de serve condition, estre retenuz pour demourer ne pour avoir les franchises de la dicte ville.  2. Premièrement, tous les hommes qui en la dicte ville demourent soubz nous et en nostre justice, nous retenons par telle manière que chascung bourjois qui demourra en la dicte ville, nous payera chacung an au jour de la Sainct Remy, pour sa maison et pour son meix une géline de coustume, et en celuy jour meismes cinq soulz de tournois petis, et en ce païant li dit bourjois seront quictes et délivrés de toutes tailles, de toutes exactions et de toutes coustes.  3. Et ce nous fesions fours ou molins en la dicte ville et ou finaige, ledict borjois y moldroient et auroient par telle coustume comme on cuit et meust es fours et es molins dou pays.  4. Et nous rendront fourfez et amendes, ainsi comme l’en a accoustumé jusques au temps dores; c’est assavoir, pour la plaine amende, trois soulz, pour le cop plain, cinq solz; pour le sanc, quinze solz; et à jour de marchiez, soixante soulz pour le sanc.  5. Liquel marchiez doibt estre au mardi frans et avoir conduit ung jour devant et ung jour après, et en cette ville doivent estre deux foires chacun an franches et conduittes ung jour devant et ung jour après; c’est assavoir, le jour de la my aoust, l’une des dictes foires et l’aultre le jour de la feste Sainct Ylaire, à vingtz jours de Noël.  6. Et qui fera d’arme molue ou fera murtre ou rapt ou larrecin ou mectre feug en maison, il sera en nostre volunté.  7. Qui fourmera champ, se il font pais, chascuns nous payera cinq solz; se il font arme et ont faict le grant sairement, chascuns payera quinze solz; li vaincuz en bataille, chascuns payera soixante soulz ce ce n’est multres, homicides, rapz ou incendaires ou larrecins ou traïsons, de quoy il sera lors à nostre volenté.  8. Et li dit bourjeois iront en nostre ost et en nostre chevaulchiée, laquelle chevauchiée ou les quelz oz doibt estre dénoncyez par le prevost commung de la dicte ville.  9. Liquel prévost doit estre mis par le commun acort de nous et de Guy, seigneur de Trichastel. 10. Et qui n’ira ou envoyera, il payera dix soulz d’emende qui seront parti entre nous et le dict Guy, et toutes manières d’yssues de la dite ville. 11. Et nuz de ces diz borjois ne pourra estre mis en prison ne retenus se il puet donner sufisant pleige par droit faisant, se il n’est pris pour multre ou pour larrecin ou pour rapt ou pour tel faict pourquoy il doibt perdre vie ou membre. 12. Et ne seront menés nus de ces diz bourjois pour plait hors de la ville de Varennes, ains répondront en la ville de ce qui appartiendra à court laye. 13. Et chascuns de ces diz bourjois pourra vendre et acheter héritaiges chascuns à chascun, selon ce que il ont acoustumé jusques à ce temps dores en la dicte ville. 14. Et quant aucuns des diz bourjois aura vendu son héritaige, il s’en puet aler franchement s’il n’a meffaict par quoi il doit perdre vie ou membre, et peut revenir quant il li plaira. 15. Li bourjois de la dicte ville feront garder leur bois, leur bledz, leur preys, leur vignes, leur jardins et leur autres biens aux champs, ainsi comme ilz ont usé tousjours. 16. Et chascuns qui viendra demourer en ceste dicte ville jurera en bonne foy à garder le cors des seigneurs et les droictures de la dicte ville et des appartenances. 17. Et toutes les foiz que nous mectrons ou remuerons nostre prévost, il jurera toutes les choses dessus dictes à tenir et à garder en bonne foy. 18. Et promectons que le droit qui nous appartient en la dite ville nous ne vendrons ne ne dourons ne aliénerons ne ne mectrons en autrui main que cil ne la teigne que sera cuens de Champaigne, et toutes ces choses dessus dictes, promectons nous à garder et à tenir fermement sans aler en contre en tout ou en partie à tousjoursmais. En tesmoing de laquelle chose, nous avons fait faict mectre nostre séel à ces présentes lectres, sauf nostre droit et le droit d’autrui. Et nous, Jehanne, par la grâce de Dieu, royne de France et de Navarre, et contesse paladine de Brye et de Champaigne, toutes les choses si comme elles sont dictes et expressées, voulons, loons, gréons, et approuvons tant comme en nous est, et à la plus grant sehurté de ces choses, nous avons fait mectre nostre séel en ces présentes lectres, avec le séel nostre très cher seigneur dessus dict. Ce fust faict et donné l’an de grâce mil deux cens quatre vingtz et quatorze, au mois de janvier.
Qvam libenter seruientium sibi, beatus idem Pater Maiolus obedientiam suscipiat, multis virtutibus demonstrat. Vnde enarretur vnum miraculum, satis abundeque in vita sua frequentatum: vt seruientes sibi ad fidem veritatis excitet, ad meliora de die in diem tendere submoneat. Paucis enim elapsis diebus, postquam beatus Pater Maiolus ad cœli curiam transiit lætus: quidam frater Odo ad beati viri tumulum, inter alios seruitutis obsequium adhibebat. Dum autem vno dierum candela, quæ ante sancti viri tumulum ardebat, fuisset extincta, expauit negligentiam: pro inertia sui, veritus est aliorum fratrum circumadstantis populi verecundiam. Sic extinctam arripiens candelam, ad eam accendēdam aliubi portans, in medio itineris resumpsit candela lumen claritatis. Sicque ammirans prædictus frater lumen cœlitus datum, reuertitur lætus ad beati Maioli nobile Mausolæum. Et laudibus Deum intonat pro viso miraculo, aliosque fratres pariter non modico lætificauit gaudio.
Noticia vuerpicionis. In nomine Domini, notum sit cunctis christianis fidelibus, quod ego Eldebertus ac nepos meus Durannus facimus vuerpicionem de servis Sancti Petri Cluniensis monasterii, ad arbitatores ipsius loci, videlicet de Berengerio atque Duranno, necnon de Mainfredo, Tetberto quoque et Adalelmo, et ancilla nomine Sufficia, cum omnibus filiis et filiabus eorum. Omnem querelam quam habebamus in eis reddimus Deo et sanctis ejus apostolis Petro et Paulo et monachi de Cluniaco. Donamus etiam in villam Icitas unam petiam de terra quam Aquinus presbiter tenebat de nobis, et in Monte Betono aliam petiam de terra, et ad pratum Aboneti aliam petiam de terra; in tali conventu, ut ab hodierno die faciant monachi quicquid voluerint. S. Eldeberti, S. Duranni, nepotis ejus, qui hanc donationem firmaverunt et firmare fecerunt. S. Wilelmi.
[Bonifacius Episcopus servus servorum Dei, dilectis filiis Molismensi et Morismundi Abbatibus Lingonensis Diœcesis, ac Decano Ecclesiæ Cabilonensis salutem, et Apostolicam benedictionem. Præsignis Ordinis Cluniacens. Religio fœcunditate referta virtutum, et meritorum perspicua sanctitate; necnon et devotionis sinceritas, quam dilecti filii Abbas et conventus Monasterii Cluniacens. reverenter et sedulò erga nos et Romanam habent Ecclesiam, promerentur ut ipsos Apostolici favoris plenitudine confoventes eis reddamur assiduè gratiosi, et tunc præcipuè dum opus hujusmodi nostræ gratiæ juxtà officii nostri debitum, quod circà directionem et relevationem locorum Ecclesiasticorum, et potissimè Religiosorum tenemur exolvere, laudabiliter adimplemus. Cum enim inter nostræ sollicitudinis studia illud cognoscamus esse non minimum, ut in locis sub Religionis specie divino cultui dedicatis, providentibus nobis, observantia vigeat Regularis, et deformata pro tempore reformentur honestè; urget nos admodum et efficax pulsat instantia ut loca ipsa, cum ea collapsa miserabiliter et destructa, vel aliàs oppressa seu etiam deformata percipimus, ac personas degentes in eis ad statum salubrem et prosperum reducamus. Cum igitur, sicut fide digna et etiam nostris auribus habet inculcata Relatio, Monasterium Belliloci in Argonia Ordinis sancti Benedicti Virdunens. Diœcesis, quod ante actis temporibus florere in Spiritualibus et temporalibus consuevit, propter gravium Guerrarum discrimina, quæ temporibus proximè præteritis per instigationem inimici humani generis pacis æmuli, satoris zizaniæ in illis partibus contigerunt, per malignorum nefarios ausus et actus combustum taliter et destructum, quòd etiam locus quasi inhabitabilis fuit effectus, nisi novæ constructionis opere reparetur, ac sumptibus et debitorum gravatum oneribus dignoscatur: Nos ex iis graves sentientes angustias, et desiderantes proptereà, prout officii nostri cura requirit, opportunum et efficax in hac parte remedium adhibere; considerantes quoque quod per dictorum Abbatis et conventus circumspectionis industriam honestatis providentiam, et affluentiam Charitatis Monasterium ipsum Belliloci poterit adjicere ut resurgat, ac plenam et laudabilem reparationem et reformationem assumere, prosperísque reparari successibus status ejus, ac intendentes ad laudem Divini nominis dictos Abbatem et conventum et Cluniacens. Ordinem in prædicto Monasterio Belliloci, ipsumque Monasterium in eisdem Abbate et conventu et eorum Ordine favoribus prosequi gratiosis, et paternæ Charitatis studio tam ipsorum Abbatis et conventus, eorumque Ordinis, quàm et præfati Monasterii Belliloci salubria commoda promovere, Monasterium ipsum Belliloci cum omnibus membris et bonis ac juribus et pertinentiis suis ubilibet constitutis, et Abbate, Monachis et personis eorumdem Monasterii et membrorum, quæ nunc degunt et in futurum degent in ipsis, eisdem tamen membris, bonis, juribus et pertinentiis in ipsius Monasterii Belliloci proprietate manentibus, præfatis Abbati et conventui Cluniacensis Monasterii, et eorum Ordini concessimus, subjecimus, incorporavimus, et annexuimus de Apostolicæ plenitudine potestatis: ita quod de cætero spiritualiter et temporaliter sit proprium membrorum Cluniac. Ordinis memorati; et eadem Monasterium, membra, jura, pertinentiæ, ac personæ sub præfati Abbatis et successorum suorum et conventus Monasterii Cluniacensis obedientia maneant, sicut et cætera ejusdem Clun. Ordinis membra, et eorum personæ, bona, pertinentiæ, atque jura. Et quia cupimus ut in dicto Monasterio Belliloci cultui divini nominis intendatur, eadem auctoritate præcipimus, ut perpetuò serviretur ibidem per Abbatem et competentem conventum Monachorum et personarum ipsius Cluniac. Ordinis sub ejusdem Ordinis Cluniac. et sub præfata obedientia permansuros. Quoties autem prædictum Monasterium Belliloci Abbate carere contigerit in futurum, conventus ipsius Monasterii, infrà mensem à die notitiæ Abbatis obitus numerando, quatuor personas idoneas duas de seipsis et duas de conventu Cluniacensi eligere teneatur et eas Abbati Clun. infrà alterius mensis immediatè sequentis spatium præsentare: ut idem Abbas Clun. unam ex personis eisdem, quam ad id magis idoneam esse cognoverit, super quo suam conscientiam oneramus, eidem Monasterio Belliloci præficeret in Abbatem. Et si hujusmodi præsentationis tempore præfatum Monasterium Cluniacense forsitan Abbate careret, tunc conventus ejusdem Monasterii Cluniac. in hac parte vice fungatur Abbatis. Si quando verò conventus prædicti Monasterii Belliloci, ut præmittitur, infrà prædicta tempora eligere ac præsentare neglexerint, ex tunc ea vice Abbas Cluniac. si vixerit, alioquin conventus Monasterii Cluniac. possit ipsi Monasterio Belliloci de Abbate idoneo providere. Cupientes insuper ut prælibatum Monasterium Belliloci eò amplius; quo minus aliorum molestiis turbatum fuerit, favente divina gratiâ prosperetur, Monasterium ipsum cum omnibus ejus membris, bonis, juribus, et pertinentiis supradictis, et Abbatem, conventum, Monachos seu fratres, ac personas eorumdem Monasterii et membrorum præsentes et futuros, dictósque Abbatem et conventum Monasteri; Clun. in eis ab omni jurisdictionis lege ac Diœcesan. potestate subjectione atque dominio Archiepiscopi, Episcopi, et Ordinarii cujuscumque omninò duximus eximenda; districtius inhibentes ne quis Diœcesanus, vel Ordinarius, seu metropolitanus, vel Prælatus, seu quævis alia persona Ecclesiastica super institutionibus, correctionibus, visitationibus, procurationibus, vel exactionibus quibuscumque ipsa de cætero impetere, molestare, seu perturbare, aut in ea, vel in præfatos Abbatem et conventum Clun. Monasterii eorum prætextu vel causa aliquam jurisdictionem vel censuram Ecclesiasticam exercere præsumat. Nos enim excommunicationum, suspensionum, et interdicti sententias, quas contra tenorem exemptionis et inhibitionis hujusmodi promulgari, et processus quoslibet, quos à quibuscumque contra hoc fieri contingeret et haberi, ex tunc irritos decernimus et inanes, ac nullius penitùs existere firmitatis. De amplioris quoque gratiæ munificentia voluimus et concessimus, ut præfatum Monasterium Belliloci, ejusque Abbas, conventus, Monachi, membra, bona, et personæ prædicta omnibus privilegiis, immunitatibus, et indulgentiis supradictis Abbati, et conventui, et Ordini Clun. ejusque personis et locis ab Apostolica Sede concessis gaudeant et utantur, sicut alia membra et membrorum personæ Cluniac. Ordinis memorati. Dictisque Abbati et conventui Clun. est eis etiam auctoritate litterarum nostrarum duximus indulgendum, ut omnibus privilegiis et indulgentiis olim ipsis à præfata Sede concessis, uti liberè valeant. Statuimus insuper ut ex prædicta nostra ordinatione Abbas et conventus prædicti Monasterii Belliloci annis singulis infrà octavas Nativitatis Dominicæ decem libras parvorum Turonensium currentium Archiepiscopo Treverensi Metropolitano, et duodecim libras ejusdem monetæ Episcopo Virdunensi Diœcesano loci, qui sunt vel erunt pro tempore, vel eorum certis nunciis et procuratoribus hoc apud ipsum Monasterium requirentibus solvere perpetuò teneantur. Quocirca discretioni vestræ per Apostolica scripta mandamus, quatenus vos, vel duo, aut unus vestrum, per vos, vel alium, seu alios concessionem, subjectionem, incorporationem, annexionem, præceptum, exemptionem, inhibitionem, constitutionem, indultum, voluntatem, et statutum hujusmodi faciatis auctoritate nostra firmiter observari, contradictores auctoritate simili, appellatione postposita compescendo. Nonobstante si aliquibus à Sede Apostolica sit indultum quod interdici vel excommunicari nequeant aut suspendi per litteras Apostolicas non facientes plenam et expressam, ac de verbo ad verbum, de indulto hujusmodi mentionem. Datum Anagniæ Idibus Junii, Pontificatus nostri anno sexto. Habetur et alia Bulla ejusdem Papæ, confirmatoriæ cujusdam conventionis factæ inter Abbatem Cluniac. et ipsum Abbatem Monasterii Belliloci, Data Laterani Idibus Martii Pontificatus anno octavo.]
Omnibus presentes litteras inspecturis Petrus de Maulia, miles, salutem in Domino. Constitutus coram nobis Gilo de Montoire vendidit religiosis viris et abbati et conventui Sancti Benedicti Floriacensis viginti duo arpenta terre site in parochia de Mainviller, quam terram dictus Gilo tenebat in feodo a Robino de Montoire, fratre suo, qui dictam venditionem voluit et laudavit; et nos, ad petitionem sepedicti Gilonis et predicti Robini qui dictum feodum a nobis tenebat, volumus et laudamus, promittentes fide prestita corporali quod contra dictam venditionem minime veniemus nec aliquid de cetero reclamabimus in terra memorata, sed eam predictis abbati et conventui tenetur per fidem nostram corporaliter prestitam quoties opus fuerit garentire. Actum anno Domini 1240, mense maio.
Anno Domini millesimo ducentesimo nonagesimo statuta sunt haec apud Cistercium in Capitulo generali. 1.  In primis, quoniam ingratitudo est ventus urens rorem misericordiae, stillas gratiae, et fontem dissipans pietatis, generale Capitulum ordinat et diffinit quod in commemoratione fratrum et familiarium Ordinis nostri, quae fit in capitulo quotidiano et in illa collecta *Deus veniae largitor*, commemoratio benefactorum nostrorum specialiter adiungatur. 2.  Item, quia privilegium meretur amittere qui concessa abutitur potestate, quantum potest districtius Capitulum generale interdicit ne aliquis de Ordine nostro praesumat de cetero coram ordinariis iudicibus personam aliquam ordinis convenire aut etiam coram ipsis de iustitia respondere. Abbates qui super huiusmodi facto culpabiles inventi fuerint pro depositis habeantur, monachi vero poenae conspiratorum per omnia subiacebunt. 3.  Item, quoniam non minor est virtus, quam quaerere, parta tueri, generale Capitulum duxit provide statuendum quod illa gratia quae fit abbatibus cedentibus qui bene administrarunt annuos redditus monasteriis acquirendo, fiat etiam illis abbatibus cedentibus qui inequali summa et pari fidelitate in thesauris domorum suarum divitias aggregarunt, aut praedecessorum suorum debita persolverunt. 4.  Item, quia pauperes et humiles servos Dei non decet apparatu superfluo colorari, prohibetur monachis et conversis Ordinis universi ne praesumant vasa aurea vel argentea aut coclearia tenere, habere vel etiam deportare. Quicumque vero contra fecerint, ultimi sint omnium per annum, et qui modo habent sub poena excommunicationis infra mensem abbati suo aut locum eis tenenti reddere teneantur. 5.  Item, super terribilibus excessibus in abbatiis de Curina et de Cornu qui noviter et enormiter contigerunt, de Curina et de Cornu abbatibus praecipitur sub poena excommunicationis auctoritate Capituli generalis quod illos iniquitatis filios qui omni pietatis officio denegato sacrilegis manibus abbates proprios occiderunt, cum expensis propriis inquiri faciant diligenter et captos procurent carceri perpetuo mancipari. Reliqua vero omnia ad dictos excessus pertinentia domino Firmitatensi abbati committitur in plenaria Ordinis potestate, ut per se vel per alium corrigat et ordinat quod secundum Deum et Ordinem viderit expedire. 6.  Item, cum sit difficile virtutis medium invenire, et in actionibus moralibus circumstantias debitas ponderare, statuit et ordinat Capitulum generale quod commissio facta anno praeterito domino Cisterciensi et domino Claraevallensi abbatibus super reformatione et correctione ac ordinatione studiorum, et specialiter de studio Parisiensi in suo robore perseveret, cum diffinitione olim facta de mittendis scolaribus ad studia supradicta. 7.  Item, super facto et multis excessibus fratris Fulqueti monachi de Monasterio in Argona, statuit Capitulum generale quod, in Remensi et Trevirensi dioecesibus, excommunicatus publice nuntietur, omnibus diebus quibus fit sermo in capitulis Ordinis dictarum dioecesium, praecipiens abbatibus et iniungens ut efficaciter elaborent ut praedictus apostata capiatur ac etiam carceri perpetuo mancipetur invocato ad hoc, si necesse fuerit, auxilio brachii saecularis. 8.  Item, electionem abbatis Vallis Sancti Lamberti quae dicebatur ab aliquibus vitiosa approbat et ratificat Capitulum generale. 9.  Item, quoniam nimia libertas interdum generat servitutem, et virtus incircumspecta saepius vertitur in abusum, diffinitioni olim editae de possessionibus Ordinis gratis ad vitam personis saecularibus *non* tradendis, hoc additur quod abbates contrarium facientes absque retractatione aliqua deponantur. Illi vero qui consilium dederint vel consenserint a domibus propriis emittantur, non reversuri nisi per Capitulum generale. 10.  Item, auctoritate Capituli generalis inhibetur abbatibus Ordinis universi ne, ubi conversos habere potuerint competenter, tempore Capituli generalis in Cistercium famulos introducant. 11.  Item, universis abbatibus Ordinis, qui pecuniam illius decimae Terrae sanctae pro subsidio deputatae mutuo receperunt, praecipit Capitulum generale ut dictam pecuniam infra mensem Paschae solvere non omittant, alioquin pro depositis habeantur. Priores vero et suppriores, cellerarii et bursarii ab officiis deponantur. 12.  Item, super facto et negotio Sylvaecanae, generale Capitulum ordinat et diffinit quod illi monachi et conversi, qui iam in domibus aliis sunt professi ad domum illam in perpetuum minime revertantur, neque in illis ubi sunt aliquod officium exsequantur, nec in futurum equitent sine licentia Capituli generalis. De illis vero qui ad domos alias sunt emissi et de novitiis ibidem recipiendis domini Morimundi patris abbatis arbitrio duxit idem Capitulum relinquendum. Illi autem qui adhuc in apostasia remanent, per omnes abbatias Aquensis, Arelatensis, Narbonensis provinciarum omni die dominica excommunicationis sententia percellantur. Quicumque vero super hoc fuerint negligentes a vino abstineant ipsa die. Abbatibus etiam ipsarum provinciarum praecipitur et specialiter abbatibus de Sylvacana, de Francavalle et de Vallemagna ut dictum negotium Sylvaecanae contra abbatem Montis maioris et quoscumque alios adversarios viriliter prosequantur. 13.  Item, factum abbatis de Reneval qui compulsus fuisse dicitur ad cedendum, et monachorum dictae domus qui dicuntur habere redditus speciales, de Argo et de [Veteri] Campo abbatibus committitur ut faciant et ordinent quidquid ibidem fuerit faciendum, et quid inde fecerint, anno sequenti referant Capitulo generali. 14.  Item, negotium monachorum et conversorum de Eurebach committitur domino Claraevallis in plenaria potestate ut, per se vel per alios, capiendo vel incarcerando vel alias faciendo, prosequatur prout viderit expedire. 15.  Item, cuidam monacho de Vallibus in Ornois, qui non vult abbati proprio vel alteri confiteri, praecipit Capitulum generale sub poena excommunicationis ut carceri mancipetur, donec poenae vexatio tribuat intellectum. 16.  Item, de Firmitate et de Morimundo abbatibus praecipitur ut quilibet in generatione sua abbatiis de Cypro et de Syria quasi convulsis et totaliter destitutis de abbate provideant ista vice ; bona vero dictarum domorum minime distrahantur nisi de eorum licentia speciali et assensu. 17.  Item, abbati de Caravalle iuxta Mediolanum et generationi suae praecipit Capitulum generale quod abbati de Sancta Cruce de Cliento filio suo subveniat, ut eius necessitas sublevetur, ne praedictam domum prae nimia paupertate contingat ab Ordine deperire. 18.  Item, abbatibus de Arragonia, qui sunt in generatione Fontis frigidi, praecipitur universis quod eidem abbati Fontis frigidi totam pecuniam, quam pro eis solvit in contributione primae decimae, refundere teneantur. 19.  Item, dispersionem conventus Vallis Sancti Lamberti et permutationem quarumdam possessionum concedit Capitulum generale quod fiat per patrem abbatem, si ei viderit expedire. 20.  Item, pro Terra sancta, quam Dominus noster proprio sanguine consecravit, psalmus *Deus venerunt gentes*, cum versiculis et collectis consuetis ad missas conventuales, non tamen ad maiores, absque pulsatione campanae, dicatur per Ordinem universum. 21.  Petitio abbatis de Gardo et abbatis de Valentiis, qui petunt absolvi a susceptione hospitum per triennium, exauditur. 22.  Petitio abbatis de Bosco, qui petit quod emissio monachorum per ipsum facta pro dispersione habeatur, et quod abbates ad quos missi sunt eos retinere teneantur, non obstante defectu vestium, exauditur. 23.  Item, petitio abbatis de Sancto Badio et de Sancto Martino prope Viterbium, qui petunt absolvi a susceptione hospitum per triennium, exauditur. 24.  Item, petitio abbatis Fulcardi montis, qui petit absolvi a susceptione hospitum per triennium, exauditur. 25.  Conceditur abbatibus Austriae ut eis liceat festum sancti Floriani martyris celebrare. 26.  Item, fratrem Heynonem monachum Vallis Sancti Lamberti, qui aliqua bona monasterii sui contra voluntatem proprii abbatis detinet, et gratiis abutitur sibi factis, dictis gratiis et grangia quam iam tenet privat omnino Capitulum generale, et nihilominus, nisi resipuerit, ipsum praecipit excommunicari per provinciam Coloniensem, Leodiensem, Cameracensem dioeceses omni die quo sermo in capitulis Ordinis nostri fieri consuevit, et hoc idem abbas de Valle Dei denuntiare ex parte Capituli teneatur.
Ego Guillelmus de Tanlaio, et ego Adelais, uxor ejus, notum facimus præsentibus et futuris quod nos dedimus, amore Dei, pro remedio animarum nostrarum et antecessorum et hæredum nostrorum, quidquid habebamus in Moncel-Gouffre, Deo et ecclesiæ Quinciaci, fratribusque ibi Deo servientibus, in puram et perpetuam eleemosinam, post decessum nostrum, laudante filio nostro Roberto. Eligimus etiam ibi sepulturam et hoc volumus et concedimus, ut apud Quinciacum post mortem nostram sepeliamur. Et ut hoc ratum et firmum a perpetuo perseveret, sigilli nostri munimine roboravimus. In hujus etiam rei testimonium, ad petitionem nostram, Joduinus Melundensis et Olivarius, Quinciaci abbates, et Petrus decanus Sancti-Vinnemerii, sigilla præsenti pagine apposuerunt anno Verbi incarnati millesimo ducentesimo VIIº.
De la saisine dou mur de Suson. Nos, Richart de Montmorot, bailliz de Dyjon, faisons asavoir a touz ces qui verront et ourront ces presentes letres que Jacques de Pomart ay reconnuy par devant nos et par devant mon signour le duch de Burgoygne que au tans que il estoit bailliz de Dyjon, par devant nos, que mit en saisine et en pasible teneure les freres prachaours de Dyjon dou mur qui est derrier chies aus outre la riviere de Suson encontre la maison Guillemot de Maille, bourjois de Dyjon. Et cum li diz Guillemoz lour a hust percié lou devant dit mur, nos avons revestuez les devant diz freres prachours dou devant dit mur en has gardant en lour dite saisine et avons fait repparoillier lou devant dit mur par lou maour de Dyjon, et avons fait a amender au devant diz freres l’outrage que lour estoit faiz de lour mur percier. Et a delivrer ces choses furent present Symonoz, maires de Dyjon au tens de lours, et Haymonoz li prevoz et des eschevins et des bourjois de Dyjon plusours. Ou tesmoignage de ces choses nos avons mis nostre seel pendant en ces presentes letres, donées l’an de grace mil et dous cenz et quatre vinz et VII ou mois de decembre.
Dominus Robert et Dinteville fuerunt deputati ad remonstrandum domino Balleur, de deformitate quam faciunt certi latomi ejus nomine circa imaginem lapideam divi Christophori; quodque curet artificiosius et per peritiores latomos perfici omnino et absolvi honeste et decenter. Alias, quod domini ejus expensis super hoc providebunt. Et si opus sit, citetur idem Balleur coram dominis ad diem, etc. (Ex Reges. Capit.).
Ego Blancha, comitissa Joigniaci, notum facio universis præsentes litteras inspecturis, quod ego et charissimus natus meus, Guillermus, constituimus plegium charissimum meum Th., illustrem Campaniæ comitem et Briæ palatinum, de trecentis libris Pruvinensibus erga Johannem de Rubeo-Monte et Colinum de Castellione, quarum medietas in nundinis Sancti-Aygulphi, alia medietas in nundinis Barri proxime subsequentibus est solvenda. Promisimus etiam ego et dictus Guillermus quod, si dictus dominus comes aliquod damnum super hoc incurreret, illud eidem bona fide instauraremus. In cujus rei testimonium, præsentes litteras fieri voluimus sigilli nostri munimine roboratas. Actum, anno Gratie millesimo ducentesimo vicesimo-secundo, die martis post Candelosam.
In nomine sancte et individue Trinitatis, amen. Usus litterarum repertus est propter memoriam rerum; inde est quod ea que memoriter retineri volumus, litterarum memorie commendamus, quatinus hoc quod fragili non poterat retineri memoria, vivaci conservaretur in littera. Hunc igitur morem sequutus, ego Guido, comes Nivernensis, quasdam conventiones et consuetudines quas hominibus meis de Tornodoro invilla Tornodori constituti, scripto presenti annotari feci, has videlicet: talliam meam, quam de hominibus Tornodori accipere et habere solebam, eis remisi et condonavi in perpetuum, hoc modo: homines predicti decimam partem annone, quecumque fuerit, quam de agricultura sua habuerint, sive leguminis, et decimam partem vini quod de vineis habuerint sine emptione, singuli singulis annis mihi reddent; et in electione mea erit decipere annonam in gerbis, aut cum excussa fuerit; et vinum similiter accipiam in cupis, si voluero, aut in cellario hominum; et jurabunt singuli quod neque de annona, neque de vino scienter mentientur, neque veritatem reticebunt, quando ab eis annona vel vinum requiretur. Si quis autem convictus foret quod de jure meo me in aliquo defraudasset, capitale emendabitur, cum emendatione legis unde viveret: si liber erit, septem solidos; si servus, in tres solidos emendabitur Singuli insuper homines, pro unoquoque fastio domus sue que erit habitata, quinque solidos annis singulis mihi reddent; homines vero advene qui de cetero in villa remanere voluerint, si nec domos, nec vineas, nec terram habuerint, quinque solidos per annum tantum reddent; cum vero domos habuerint, quinque solidos pro se, et quinque solidos pro fastio domus sue, et decimam partem omnis annone sue, aut vini, si habuerint, sine emptione. In villa Tornodori non retinebo homines meos de aliis villis meis, nisi quos voluero. De judeis quoque dictum est quod singuli qui familiam tenebunt, viginti solidos pro se, et quinque solidos pro fastio domus sue, et decimam partem vini et annone, si habuerint, sine emptione. Judei quoque advene in villa remanentes, secundum alias judeorum de villa consuetudines erunt. Hos ita redditus determinatos, homines Tornodori mihi, singulis annis, reddent, pro tallia quam eis condonavi, salvis tamen aliis redditibus et consuetudinibus meis, quas in villa Tornodori habere solitus eram, et salva justicia mea. Forifactis tamen ita determinatis, de maauria, sive percutione, et de bello erit emendatio LX solidorum; de raptu quod dicitur adulterium, de muliere infortiata, de homicidio et de latrocinio, erit in voluntate mea; de minutis forifactis emendabunt secundum legem sue conditionis: liber, septem solidos; servus, tres solidos emendabit. Dictum est etiam et concessum quod ego comes bannum meum de vino vendendo habebo Tornodori, per duos menses in anno; scilicet, mense marcio vel aprili, vel maio, in illo de his tribus quem voluero, et in augusto. De chevauchiis dictum est quod singuli ibunt in expeditionem meam aut mittent pro se servientem idoneum, quotiens eos faciam submoveri; et qui non ibit, nec mittet pro se servientem, idoneum conducet servientem, quamdiu durabit expeditio, et secundum legem sue conditionis emendabit. Concessi etiam quod, cum heres meus ad annos discretionis pervenerit, has conditiones et pactiones se tenere jurabit, et ego faciam ei jurare. Quod si forte contingeret Regnaudum, fratrem meum, habere Tornodorum in dominio vel dono, vel excambio, antequam de villa investiretur, has consuetudines et conventiones a me constitutas juraret se inviolabiliter observare et tenere; dictum est etiam quod quicumque erit prepositus Tornodori jurabit has consuetudines se inviolabiliter observare. Has autem consuetudines et conventiones, inter me et homines Tornodori constitutas, laudavit et concessit Matildis, comitissa, uxor mea, et sigillum suum, in testimonium laudationis et attestationis, presenti charte apposuit. Ad majoris etiam confirmationis et attestationis assertionem, rogavi dominum Lingonensem G., de cujus feodo villa Tornodori est, et dominum H., Autissiodorensem et dominum K., Nivernensem episcopum, ut has consuetudines et pactiones in manu acciperent; et precepi eis ut, quantum ad eos pertineret, justiciam facerent de me, si ab his pactionibus sive conventionibus resilirem; et huic presenti charte, in signum confirmationis, sigilla sua apponerent. Et ne quis de cetero hanc nostre attestationis cartam infringere præsumat, et ut hoc ratum et inconcussum de cetero habeatur, ego Guido, comes Nivernensis, propria manu juravi quod has pactiones et consuetudines teneri facerem, et presentem chartam auctoritate sigilli mei roborari feci. Juravit quoque mecum dominus Garnerius, senescallus meus, quod hoc, sicut dictum est, pro posse suo tenere faciet; similiter Narjotus de Tuciaco juravit ad bonum et ad fidem, similiter Stephanus de Petriolis; Milo de Noeriis; Augalo de Selenniaco; Guichardus de Selenniaco; Caldorenus de Ferteis; Renauldus de Castellione, Ebo, vicecomes Nivernensis; Petrus de Curchino; Columbus, tunc prepositus Tornodori. Isti omnes juraverunt quod ad bonum et ad fidem has suprascriptas pactiones et conventiones tenere facient pro posse suo. Hujus rei testes sunt isti supra nominati et plures alii: Clarenbaudus de Noeriis; Huo de Argentolio; Johannes, vicecomes de Lengniaco; Manasses; Petrus Ehodaus; Gauterus Bernardi; Damianus; Antonius Thomas, clericus meus; David, cambellarius; Gimbertus, magister meus. Actum est hoc publice, Tornodori, anno dominice Incarnationis Mº Cº LXXº IIIIº regnante Ludovico, rege Francie; Galtero, Lingonensi; H., Autissiodorensi; K., Nivernensi episcopis.
Je Jehan d’Aiguemorte, clerc, notaire publique, juré de la court monsr le duc de Bourgongne, certifie à Mr le maréchal de Bourgongne et à ceux monsr qu’il appartiendra, que aujourd’huy, date de ceste, j’ay esté au monastère et abbaye de Saint-Martin-les-Ostun, de l’ordre de Saint-Benoist, et auquel monastère, au lieu où l’on tient le chapitre, près du cloistre d’icelluy monastère, j’ai veu une sépulture de ......... eslevée dessus terre, hault, en laquelle, comme m’ont dit et certifié les grand prieur, sécrétain et plusieurs des religieux du dit monastère, est inhumé feu messire Othes, seigneur de Rossillon, chevalier, lequel a fondé céans par son testament ung anniversaire de cent sols de rente sur la terre de Rossillon en Morvant, dessus laquelle sépulture est entaillé en grant ung personnage de seigneur armé et bien richement adorné, et y sont ses armes en quatre lieux. C’est à savoir en deux lieux près de l’estomac et ès deux côtés, et sont les dites armes de losanges d’or et d’azur et le bort de gueule, come appert par l’inspection des dites armes. Et semblablement de costé la dite sépulture a ung tombeau où est inhumé feu messire Jehan de Rossillon, jadis frère dudit messire Othes, lequel semblablement a fondé audit monastère chacun an ung anniversaire de cent sols de rente assigné sur la dite terre de Rossillon, comme dient les dits religieux, et desquels cent sols de rente, chacun an, ils sont payés par la main de noble homme messire Michel de Chaugy, chevalier, ou de ses officiers en la dite terre de Rossillon, et lesquelles armes semblables portent nobles hommes messire Girard et Anthoine de Rossillon, frères, seigneurs de Clomoux en l’Auxois, et c’estoy pour ce que jà piéça j’ay veues les dites armes tant en une croix estant devant le chasteaul du dit Clomoux que ès verrières de l’église parochiale dudit Clomoux. Et ce que je certifie estre vray et avoir veu, tesmoing mon seing manuel cy mis le XVIIIe jour de may l’an MCCCCLXVIII.
Ego Galterus, Dei gratia Lingonensis episcopus, notum volo fieri tam presentibus quam futuris, quod Everardus de Mavilleii dedit in elemosinam ecclesie Castellionis quicquid habebat in terra illa que dicitur Pratum Cervinum, laudante uxore sua nomine Gaugeria, filiis que suis, Gaufrido, Hugone, Arveio et Milone; iterumque in manu mea prefate ecclesie in elemosinam donavit retento sibi annuatim sextarium frumenti predicta uxore sua vivente tantum, ea vero defuncta, ulterius non persolvetur. Testes: Calo juvenis de Granceio, Humbertus maior, Ugo sacerdos et Garinus de Mavileii, Vido de Vileta. Acta sunt hec anno ab incarnatione domini M° centesimo sexagesimo quarto.
Nos Hugo dux Burgundiæ, notum facimus omnibus presentes litteras inspecturis quod cum quidem homines ecclesie Sancti Stephani diuionensis tam de Aqueductu et de Cuntigneio quam de aliis villis ad eandem ecclesiam pertinentibus, a dictis villis et a dominio dicte ecclesie recessissent, se in castro de Talant ad nostrum dominium transferentes, domos suas et mansos de Aqueductu et de aliis villis nec non et alia bona omnia mobilia et immobilia que possidebant dum erant in dominio dicte ecclesie, in dominio nostro morantes retinere contendebant: super quo vir religiosus Stephanus abbas et conuentus dicte ecclesie nobis grauem querimoniam deportarunt, afferentes hoc esse contra ius et consuetudinem terre nostre et in graue preiudicium et enormem injuriam ecclesie beati Stephani diuionensis predicte ab eisdem hominibus attemptari. Nos vero iura predicte ecclesie conseruare volentes tanto specialius quanto habundancius brachiis sincere dilectionis amplexamus eamdem quodcumque ius suum distribuere cupimus, et etiam affectamus a bonis viris magnis, prouidis ac fide dignis, tam nobilibus quam innobilibus diligenter inquisiuimus veritatem quod iuris homines predicte ecclesie ab ipsius dominio recedentes, et se ad nostrum aut ad aliud dominium transferentes in domibus, mansis, terris, pratis, vineis et bonis aliis mobilibus et immobilibus que sicut promissum est predicti homines dum in ipsius ecclesie dominio morebantur, possidebant, habere debeant vel quid iuris eidem ecclesie debeat remanere. Inuenimus autem ex testimonio predictorum bonorum virorum hoc esse ius et consuetudinem ab antiquis temporibus approbatam in terra Sancti Stephani diuionensis quod si homo Sancti Stephani de consciencia abbatis qui preest, transtulerit se ad alium dominium, predictus abbas debet eum conducere per terram suam bona fide pro posse suo cum omnibus mobilibus suis. Si autem absque consciencia domini sui transferat se ad aliud dominium, omnia bona sua mobilia que inueniuntur in terra Sancti Stephani post recessum eius remanent ecclesie Sancti Stephani prenotate; corpus etiam talis hominis sic fugitiui cum omnibus bonis mobilibus que portabit vel ducet in recessu suo poterunt capi sine injuria a mandato Sancti Stephani et inde poterit facere ecclesia Sancti Stephani suam penitus voluntatem. Si autem de consciencia vel propter conscienciam domini sui recedat homo Sancti Stephani transferens ad nostrum vel aliud dominium omnia immobilia que mouebant de Sancto Stephano que tenebat homo ille dum morabatur in dominio Sancti Stephani remaneat quiete et libere ecclesie supradicte, nec post recessum homo predictus in premissis quodcumque poterit reclamare. Et si contra hoc ius siue consuetudinem aliquis homo Sancti Stephani se transferens ad nostrum vel ad aliud dominium immobilia que mouebant de Sancto Stephano retinuit post recessum suum contra voluntatem abbatis et couuentus Sancti Stephani injuriam fecit ecclesie prenotate. Nos autem, de consilio bonorum virorum nobilium et innobilium in utroque iure peritorum solum dum habentes pro oculis ius predictum et consuetudinem approbamus predictam, et pro iure et consuetudine volumus et percipimus de cetero ab omnibus obseruari et ecclesie Sancti Stephani predicte presenti pagina confirmamus, promittentes bona fide et statuentes predicta in perpetuum per totum dominium et posse nostrum tam a nobis quam heredibus nostris irrefragabiliter obseruari. Inuingentes balluis prepositis et aliis seruentibus nostris ut ipsi dictam ecclesiam super predictis non permittant ab aliquo molestari sed predicta faciant inuiolabiliter obserauri. Si quis autem contra hoc venerit vel attemptare quicumque presumpserit, offensam nostram se nouerit incursurum. Datum anno Domini M°. CC°. quadragesimo secundo, mense iunio, dominica proxima post Ascensionem.
Salo, Senonensis ecclesiæ humilis [decanus] et universum ejusdem ecclesiæ capitulum, omnibus tam futuris quam præsentibus ad quos litteræ præsentes pervenerint, in Domino salutem. Notum fieri volumus quod dilectus vir Petrus, abbas Sancti-Johannis, de assensu etiam capituli sui, donavit in casamentum et hominium Garnerio de Prato, civi Senonensi et heredibus suis, granchiam de Noolon, perpetuo possidendam cum omnibus appendiciis suis, cum pratis etiam et tota terra arabili quam ecclesia Sancti-Johannis habebat a domo leprosorum Senonensium usque ad villam quæ dicitur Quisy. Garnerius, vero, in recompensationem hujus donationis, donavit præfato abbati et capitulo suo centum libras Parisienses, ad redditus emendos ecclesiæ suæ. Cum autem opus fuerit præfatus Garnerius et hæredes sui, abbati sive capitulo unius equi quadraginta solidis servicium exhibebunt; quem, dum tenuerint eis servicium facere non tenebuntur. Si vero granchia sive terra illa, aut prata, censum aliquem debent, abbas et capitulum suum illud persolvent. Ut hoc autem maneat ratum et inconvulsum presenti scripto fecimus annotari et sigilli nostri impressione muniri. Actum Senonis, anno incarnati Verbi Mº Cº XCº. Data per manum Gaufridi præcentoris et cancellarii nostri.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Ego Hugo, Autisiodorensis episcopus, notum facio quod Herbertus Crassus de Meriaco et Gertrudis uxor ejus et Galcherius filius eorum concedunt et laudant monachis Sanctae Mariae Pontiniacensis quicquid Henricus de Sancto Florentino et Beatrix, uxor sua habuerunt in bosco de Contest et in territorio Sanctae Porcariae, ex parte Anselli Mamin, et quicquid Gibuinus habuit in bosco Sancti Petri et in territorio de Buethel. Concedunt et laudant eisdem monachis quicquid idem Herbertus Crassus habuit et clamavit in terra quam Himnardus, nepos suus, dedit et vendidit ipsis monachis. Hec autem terra est inter Ermentionem et Crientum, que est communis inter Hinnardum et Siguinum de Sancto Florentino. Hec facta concessa et laudata sunt ante Hugonem, primum abbatem Pontiniacensem, post episcopum Autisiodorensem. Ad hoc fuerunt de monachis Pontiniacenbus: Walterius de Meseran, cellerarius, Warinus Pauper, Walterius Buxsacré. Hujus rei testes sunt: Hato archipresbiter Autisiodorensis, Hugo de Castro Censorio et Wido de Luchi, canonici Autisiodorenses; Hugo filius Willelmi clerici, Calo de Lindri, Herveius prepositus episcopi Autisiodorensis. Actum est hoc anno ab Incarnatione Domini Mº Cº XLº IIIº, Eugenio papa, regnante etiam Ludovico rege Francorum et duce Aquitanorum.
Insinuandum est omnibus futuris et presentibus quod Beraldus Mulnarius et Beraldus atque Jofridus, filii ejus, concesserunt Deo et sancte Marie de Firmitate omnem terram quam tenebant de sancta Maria Bellimontis a Graunna usque ad Canbaun. Hujus rei testes: Galterius, prepositus Bellimontis, Bernardus Bosler, Johannes de Sancto Cyro, Brunus de Peirola, Robertus Guillelmus.
«Actum anno gratie M°. CC°. XXX°. III°., mense januarii.»
In nomine sancte et individue Trinitatis, notum sit omnibus, tam presentibus quam futuris, sancte matris ecclesie filiis, quod ego Guillermus, Nivernensis comes, pro remedio anime mee, Deo et monachis Sancti-Michaelis Tornodorensis Deo ibidem in perpetuum servituris, do et concedo molendina nova que Girardus Ruffus ex precepto meo fecerat, sine omni reclamatione, jure perpetuo possidenda; sub tali scilicet exceptione quod predictus Girardus qui in molendinis construendis plurimum laboraverat, pro labore suo, duo modia messis, unum frumenti et alterum ordei; dimidium modium in octabas Sancti-Johannis, dimidium modium in octabas Sancti-Remigii, dimidium modium in octabas Nativitatis Domini, dimidium modium in octabas Resurrectionis, ab eisdem monachis in molendinis singulis annis accipiat. Si vero prefatus Girardus, necessitate sibi ingruente, messem istam ab eis sibi debitam vendere vel invadiare voluerit, monachis vendet vel invadiabit, alteri vero sibi vendere vel pignori obligari, nisi in eis remanserit nequaquam licebit. Addo etiam quod si debitum hujus messis post mortem Girardi michi acciderit, monachorum sit eschaeta jure perpetuo habenda. Ne autem hoc, aut temporis vetustate, aut alicujus hominis perversitate immutaretur, aut penitus deperiret, litterarum mearum adnotatione et sigilli mei impressione signavi. Cujus rei testes: Milo de Noeriis; Rainaudus de Merlo; Stephanus de Petrapertusia; Nivardus; Columbanus, tunc prepositus; Robertus, pincerna comitis; Petrus, cappellanus; Gaufridus, clericus ejus; Petrus, cappellanus Tornodori; abbas Quinciaci; Marinus Ruffus; Johannes, frater ejus; Guido Boardus; Oddo de Ampilleio; Dominicus, famulus monachorum; Johannes, pistor; Guichardus Umbertus. Anno ab incarnatione Domini Mº Cº LXIIº, factum est hoc.
DOMINO BEATISSIMO APOSTOLICO ET MIHI IN AETERNUM PATRONO PATIENTE PAPAE CONSTANTIUS PECCATOR Merito inter omnes virtutes oboedientia vindicat principatum, quae facit plerosque temptare, quod nequeunt. Et ideo digni devotionis laude habendi sunt, qui, inconsiderata sui possibilitate, iubentibus obsequuntur. Itaque, papa venerabilis, dum et sanctum virum inlustrare virtutibus suis desideras et profectui omnium mirabilium exempla largiris, imperasti saepissime, ut vitam sancti Germani episcopi obumbratam silentio qualicumque stilo vel praesentibus vel posteris traderem. Quod dum audacter adgredior, praesumptionis reum esse me sentio. Sed date veniam; paene est, ut etiam iudicium vestrum quaedam culpa respergat, qui tantae materiae relatorem magis dignum debuissetis eligere. Sed quia uterque caritate peccavimus, dum et vos me putatis posse, quod nequeo, et ego auctoritati vestrae libens parui, orate, ut ministerium meum gratiam, quam sui merito non potest obtinere, vestra intercessione mereatur. Vale longum meique semper memor ! DOMINO BEATISSIMO ET MIHI APOSTOLICO HONORE VENERABILI CENSURIO PAPAE CONSTANTIUS PECCATOR Prima mihi cura est pudorem conscientiae humilis custodire, cuius cancellos si in aliquo forte transgredior, iubentum magis culpa quam mea est. Itaque, ut vitam gestaque beatissimi Germani episcopi vel ex parte perstringe rem, fratris vestri sancti antestitis Patientis fecit auctoritas ; cuius praeceptioni, si non ut debui, ut potui tamen parui. Cumque oboedientia mea ad beatitudinis vestrae notitiam pervenisset, ut iterato in temeritatem prorumperem, praecepistis iubendo, ut paginula, quae adhuc intra secreti vicinia tenebatur, longius me auctore procederet essemque ipse reatus mei quodammodo et accusator et proditor. Manifeste enim condemnatio in me manebit, si verborum meorum abiectio doctorum offeratur auditui. Reiecto itaque pudoris velamine, obtemperans iussioni, transmisi vobis inpensae devotionis obsequium, pro fiducia karitatis deposcens, ut duplici me favore tueamini, quatenus et legentum examen evadam et ministerium meum per intercessionem vestram domni mei sancti Germani sensibus intimetur. INCIPIT PRAEFATIO Plerique ad scribendum, sollicitante materia uberiore, producti sunt, dum per multiplices sensus locupletari e creduntur ingenia ; sed mihi inlustrissimi viri Germani antistitis vitam gestaque vel ex aliqua parte dicturo incutitur pro miraculorum numerositate trepidatio . Et sicut solis splendor humanis inlatus obtutibus, hebetata oculorum acie, lumen confundit ex lumine, ita animi mei infirmitas oblatum praeconiorum cumulum, quem implere non potest, expavescit. Sed rursus intra sedem pectoris mei contentio alterna confligit : hinc resistit inpossibilitas conscientiae, illinc commemorare aliqua vel proferre et religionis contemplatio et innumerabilium miraculorum exempla conpellunt, quae agnitioni vel profectui omnium impie per obductum silentium subtrahuntur. Idcirco malui verecundiam meam neglegere quam virtutes divinas usquequaque oblivione veterescere. Excusat materia dictorem, et cui verborum abiectio displicuerit, pulchri sensus placebunt. Nec vereor pervasorem me huiuscemodi ministerii iudicandum; tanta enim iam temporum fluxere curricula, ut obscurata per silentium vix colligatur agnitio. Et vere maluissem, tantorum relatorem bonorum alios potius quam me fuisse, quia quicumque illi me fuerant digniores ; quod quia non contigit, me malo esse quam neminem. EXPLICIT PRAEFATIO INCIPIT VITA SANCTI GERMANI EPISCOPI (1) Igitur Germanus Autesioderensis oppidi indigena fuit, parentibus splendidissimis procreatus et ab ipsis infantiae rudimentis studiis liberalibus institutus; in quo doctrinae conlatio cum ingenii ubertate consentiens, eruditissimum duplicato bono, id est naturae et industriae, reddiderunt. Atque ut in eum perfectio litterarum plena conflueret, post auditoria Gallicana intra urbem Romam iuris scientiam plenitudini perfectionis adiecit. Deinde tribunalia praefecturae professione advocationis ornavit. In quo actu dum multiplici laudis luce resplendet, sublimem genere, divitiis, moribus sortitur uxorem. Quem quidem togae praeconiis praeminentem protinus res publica ad honorum praesumpsit insignia ducatus culmen et regimen per provincias conferendo. Erudiebatur profecto occulto divinitatis iudicio, ne quid perfectionis deesset apostolico pontifici mox futuro. Parabatur eloquentia praedicationibus, iuris doctrina iustitiae, uxoris societas ad testimonium castitatis. (2) Cum a subito divina procedit auctoritas, quam consensus universitatis exsequitur. Nam clerici omnes cunctaque nobilitas, plebs urbana vel rustica in unam venere sententiam : Germanum episcopum omnium una vox postulat ; bellum indicitur potestati, cuius subiectio facilis fuit, cum etiam ab his, quos pro se paraverat, vinceretur. Suscepit sacerdotium invitus, coactus, addictus ; sed repente mutatur ex omnibus. Deseritur mundi militia, caelestis adsumitur ; saeculi pompa calcatur, humilitas conversationis eligitur, uxor in sororem mutatur ex coniuge, substantia dispensatur in pauperes, paupertas ambitur. (3) Iam vero enarrari non potest, qua hostilitate vim sibi ipse consciverit, quas cruces quaeve supplicia corporis sui persecutor induerit. Breviter iuxta veri fidem universa perstringam. Ex ea die, qua sacerdotii sumpsit exordium, usque ad terminum vitae tanta obstinatione tabe corporis animam suam pavit, ut numquam panem frumenti, non vinum, non acetum, non oleum, non legumen, numquam vel salis ad usum condiendi saporis acceperit. Sane die resurrectionis vel nativitatis dominicae potiones singulae sumebantur, in quibus ita vini sapor aquis nimiis delebatur, ut aceti austeritas solet largis permixtionibus temperari. In refectionibus primum cinerem praelibavit, deinde panem ordeaceum sumpsit, quem tamen ipse excussit et moluit. Et cum hic cibus gravior ieiuniis iudicetur, numquam nisi vespere, interdum tamen in ebdomada media, plerumque die septimo ponebatur. (4) Indumentum a cuculla et tunica indiscretis fuere temporibus. Nam neque hieme accessit adiectio, neque aestate levamen admissum est. Quod utrumque tam diu usui fuit, nisi forte donatum est, donec adtritione nimia solveretur, cilicio semper interius inhaerente. Spatium vero lectuli sui trabiculae dolatiles ambiebant, iniectos cineres usque ad summitatem marginis continentes ; qui tamen, cotidiana inpressione densati, inconfecti soli duritiam praeferebant. Stratum omne subiecto cilicio et superposito uno tantum sagulo fuit ; caput ab humeris per cervicis confinium nulla sublevavit adiectio. Ita pronus prostrata per terram membra damnaverat. Noctibus numquam vestitum, raro cingulum, raro calciamenta detraxit, redimitus loro semper et capsula sanctorum reliquias continente. Iugis gemitus , oratio perseverans ; longum enim tempus somnum capere inter tormenta non poterat. Dicat quisque, quod senserit ceterum absolute definio, beatum Germanum inter tot cruces longum traxisse martyrium. O quam praeclara Dei nostri virtus et pietas qui famulum suum in via veritatis fideliter gradientem duplici remuneratione donavit, ut et praeteriti, si qui m fuerant, decoquerentur errores et celeriter defecata sanctitas praestaretur, quique peccatis praeteritis forsitan tenebatur obnoxius, inciperet fenerator esse virtutum. (5) Hospitalitatem peculiari observatione servavit ; omnibus enim sine ulla exceptione personae domum praebuit et convivium ieiunus pastor exhibuit. Pedes omnibus manibus suis lavit, dominicae institutionis minister et custos. (6) Itaque vir beatissimus, quod est difficillimum, inter frequentias populorum solitudinis vitam et heremum in saeculi conversatione servavit. Qui duplicem viam Christo ad profectum religionis instituens, in conspectu oppidi, interposito Icauna flumine, monasterium conlocavit, ut ad fidem catholicam populi et congregationibus monachorum et ecclesiastica gratia raperentur, praesertim cum tali pontifice vel magistro, accedentibus miraculis, fides succensa ferveret. Et ut ad temptamenta virtutum, crescentibus meritis, veniretur, non praesumptionis, sed misericordiae principium fuit. (7) Erat in b illo tempore vir bonis moribus Ianuarius nomine ; qui cum princeps praesidalis militaret officii, exactos a provincialibus solidos ad iudicem deferebat. Is cum visendi episcopum causa ex itinere divertisset, sacculum perdidit, quem ferebat, nulloque de circumstantibus intuente , casu is repperit, qui vexari inimica infestatione consueverat. Tandemque in se reversus, damnum viator agnovit ; inplet questibus civitatem et a beatissimo sacerdote non aliter, quam si ipsi tradidisset, pecuniam requirebat. Quam ille in Dei nomine reformandam quasi verus debitor repromisit. Ea tum dies sabbati fuit, qua per totam urbem sollicita indagatione percurrit. Et cum nihil indicii fuisset inventum, post pridie is qui solidos requirebat lacrimans genua sacerdotis amplectitur, contestans, adpetiturum se supremae mortis occasum, nisi pecunia publica fuisset inventa. Indicit episcopus patientiam, pollicetur securitatem nec multum post, priusquam prodiretur ad missam, exhiberi secrete ad se unum ex his, qui pati consueverant, praecepit. Fortuitu is qui furti auctor fuerat praesentatur. Quem cum districta examinatione discuteret, dicens, fieri non posse, ut admissum facinus lateret, inimico, per quem fieri prava consueverant, imperat, ut veri fidem celeriter fateatur. Sed nequam spiritus crimen a malitia, quod commiserat, denegavit. Tum vero pia commotio sacerdotis produci infitiantem praecepit in populo. Nec mora, missam celebraturus egreditur, praemissaque in plebem salutatione sollemni, in oratione tota corporis strage prosternitur. Statimque infelix inimici et captivus pariter et minister in sublime suspenditur, ecclesia eius clamore conpletur, plebs universa turbatur, et quasi flammis circumdatus, cum voce maxima nomen invocat sacerdotis, crimen quod commiserat confitetur. Tandemque vir beatissimus, ex oratione consurgens, accedit ad pogium ; evocat aestuantem, omnia discutit, universa cognoscit. Solidi de latebris proferuntur, clamor popularis adtollitur, et uno ore Germani meritum et divinitatis potentia praedicatur, eodemque miraculo et deceptus pecuniam et obsessus recepit a sospitatem. Plures quidem iam ante curaverat, sed semper notitiam secreti obumbratione subpressit. Hoc vero factum ideo memorabile, quia publicum fuit. (8) Quodam tempore conspiratione terribili beato viro bellum quoddam daemones intulerunt. Quem cum multiplici infestatione temptatum , indutum fidei lorica, inexpugnabilem repperissent, conceptam machinam ad plebis excidium contulerunt. Nam primum parvuli, deinde maiores natu repente , tumefactis intrinsecus faucibus, interibant, ut, inruente morte, aegritudinis spatium vix triduo traheretur. Ita more furentis gladii populus delebatur. Nihil opis humana provisio conferebat, et paene plebs trepida ad divinum praesidium per antestitem decucurrit. Qui protinus oleum benedixit, cuius tactu ita intrinsecus tumefacta tabescebat infirmitas, ut statim meatus pervius et anhelitum et cibum deficientibus ministraret, tantaque celeritate remedium caeleste succurrit, quanta inruerat inlata pernicies. Quod admissu malignorum spirituum contigisse, unus ex obsessis, dum a sancto viro purgatur, evomuit omnesque in fugam versos eius oratione confessus est. (9) Erat familiare beatissimo viro alternis vicibus nunc ecclesiam, nunc monasterium quasi dux caelestium militum visitare, ut certantibus studiis aemulantes ad perfectionis gloriam provocaret. Quadam vice occupatione detentus, cum ad monasterium rogaretur, excusavit adventum, nec multum post, absolutis morarums nexibus, insperatam fratribus sui praesentiam deferebat. Contigit, ut hora eadem in monasterio unus ex his, qui pati consueverant, vexaretur. Qui subito cum summa voce proclamat : ' Germanus ad flumen est, sed sine navigio non potest transmeare '. Diu abbas fidem dictis negavit, dum et nequam spiritum fallere et illum non adesse , quia r excusaverat , iudicavit. Cuinque in eadem vociferatione persisteret, missus unus ex fratribus veridicum fuisse daemonem nuntiavit. Navigium mittitur, transit sacerdos et cum ea qua solebat gratulatione suscipitur. Incumbit sine mora orationi, congregatio tota prosternitur : cum subito per inane aeris invisibilibus nexibus hostis religatus ad penditur, et id tantum morarum fuit, dum de oratione consurgitur, nihilque aliud deprecatus est, quam ut cum aliqua corporis debilitate discederet. Quo interdicto, foeda relinquens vestigia, cum eo quo erat dignus foetore discessit. (10) Quodam tempore, cum iter hieme ageret ac diem totam in ieiunio ac fatigatione duxisset, commonetur, ut, cogente vespera, quocumque succederet. Erat eminus domicilium, tectis iam pridem sine habitatore semirutis, quod etiam per incuriam vulgariam arbusta contexerant, ut paene esset melius, noctem sub nudi aeris rigore durare, quam in illo periculo et horrore succedere, praesertim cum duo senes propter habitantes infestatione terribili hanc ipsam domum inhabitabilem praedixissent. Quod ubi vir beatissimus conperit, horrentes ruinas quasi amoenitates expetiit, ibique inter multiplices quae quondam fuerant mansiones inventa vix una est, quae instar haberet habitaculi. Illic leves sarcinulae et paucissimi comites conlocantur, quibus brevis cenula esui fuit, episcopo penitus abstinente. Deinde alta iam nocte, cum unus ex clericis legendi suscepisset officium, ille, ieiunio et fatigatione confectus, sopore superatus est : cum subito ante ora legentis adstetit umbra terribilis et paulatim sub oculis intuentis erigitur, parietes etiam saxorum imbribus conliduntur. Tum vero deterritus lector praesidium sacerdotis implorat. Qui statim prosiliens, effigiem terribilis imaginis intuetur et, praemissa obsecratione nominis Christi, imperat, ut, quis esset quidve illic ageret, fateretur . Qui protinus , terrifica vanitate deposita, voce humili more supplicantis eloquitur, se vel conparem suum auctores criminum fuisse multorum, insepultos iacere et ob hoc inquietare homines , quia ipsi quieti esse non possent ; rogare, ut pro his Dominum precaretur, quatenus recepti requiem mererentur. Ad haec vir sanctus indoluit imperatque, ut locum ostenderet, quo iacerent. Tum vero, cereo praecedente, dux umbra progreditur et inter difficultates maximas ruinarum intempesta nocte locum , in a quo proiecti fuerant , indicavit . Ut vero mundo est redditus dies , circumiectos incolas invitat , hortatur , ipse operis maturator adsistens . Rudera tumultuarie superiecta per tempus rastris avulsa purgantur ; inveniuntur corpora fusa sine ordine , ossa ferreis d adhuc nexibus inligata . Ad legem sepulturae fossa dirigitur, membra exuta vinculis linteis ambiuntur, humus superiecta conponitur , oratio intercessionis inpenditur ; obtinetur defunctis requies , viventibus quies , ita ut post eandem diem sine ullo terroris indicio domicilium frequentato habitatore floruerit . (11) Neque illud omittendum videtur, quod in eodem itinere post dies aliquot, noctis caecitate conpulsus, mediocrium personarum successit hospitio; nam id maxime, ambitum refugiens, requirebat . Cumque in divino opere solito pernoctasset officio , lux orta est , nullis gallorum cantibus nuntiata , cum earum avium copia in hisdem domibus non deesset . Causam novitatis explorat ; agnoscit, multum esse iam tempus , quo tristis taciturnitas naturale gallicinium damnavisset . Ab omnibus exoratus, mercedem mansionis exsolvit . Acceptum enim triticum benedictione condivit, quo pastae aviculae auditus habitantium usque ad molestiam frequentatis cantibus fatigabant. Ita virtus divina etiam in rebus minimis maxima praeminebat. (12) Eodem tempore ex Brittaniis directa legatio Gallicanis episcopis nuntiavit, Pelagianam perversitatem in locis suis late populos occupasse et quam primum fidei catholicae debere succurri. Ob quam causam synodus numerosa collecta est, omniumque iudicio duo praeclara relegionis lumina universorum precibus ambiuntur, Germanus ac Lupus apostolici sacerdotes, terram corporibus, caelum meritis possidentes. Et quanto laboriosior necessitas apparebat, tanto eam promptius eroes devotissimi susceperunt, celeritatem negotii fidei stimulis maturantes. (13) Itaque oceanum mare Christo duce et auctore conscenditur, qui famulos suos inter discrimina et tutos reddidit et probat s. Ac primum desinu Gallico flabris lenibus navis in altum provecta deducitur, donec ad aequor medium perveniret, ubi porrectis in longum visibus, nihil aliud quam caelum videretur et maria. Nec multum post occurrit in pelago relegionis inimica vis daemonum, qui tantos ac tales viros pertendere ad recipiendam populorum salutem lividis iniquitatibus inviderent. Obponunt pericula, procellas concitant, caelum diemque nubium nocte subducunt et tenebrarum caliginem maris atque aeris horrore congeminant . Ventorum furorem vela non sustinent, et oceani moles fragilis cumba vix tolerat . Cedebant ministeria victa nautarum ; ferebatur navigium oratione, non viribus. Et casu dux ipse vel pontifex, fractus corpore, lassitudine et sopore resolutus est. Tum vero, quasi repugnatore cessante, tempestas excitata convaluit, et iam navigium superfusis fluctibus mergebatur. Tum beatus Lupus omnesque turbati excitant seniorem, elementis furentibus obponendum . Qui periculi inmanitate constantior Christum invocat , increpat oceanum et procellis saevientibus causam relegionis obponit, statimque, adsumpto oleo , in nomine Trinitatis levi aspergine fluctus saevientes obpressit. Collegam commonet , hortatur universos, oratio uno ore et clamore profunditur. Adest divinitas , fugantur inimici , tranquillitas serena subsequitur , venti contrario ad itineris ministeria vertuntur, navigium famulatrix unda prosequitur , decursisque inmensis spatiis , brevi optati litoris quiete potiuntur . Ibi conveniens ex diversis partibus multitudo excepit sacerdotes , quos venturos etiam vaticinatio adversa praedixerat ; nuntiabant enim sinistri spiritus , quod timebant . Qui imperio sacerdotum, dum ab obsessis corporibus detruduntur , et tempestatis ordinem et pericula quae intulerant fatebantur victosque se eorum meritis et imperio non negabant . (14) Interea Brittaniarum insulam, quae inter omnes est vel prima vel maxima, apostolici sacerdotes raptim opinione, praedicatione, virtutibus impleverunt ; et cum cotidie, inruente frequentia , stiparentur , divinus sermo non solum in ecclesiis, verum etiam per trivia , per rura , per de via fundebatur, ut passim et fideles e catholici firmarentur et depravati viam correctionis agnoscerent. Erat in illis apostolorum instar et gloria, auctoritas per conscientiam, doctrina per litteras , virtutes ex meritis . Accedebat praeterea tantis auctoribus adsertio veritatis , itaque regionis universitas in eorum sententiam prompta transierat. Latebant abditi sinistrae persuasionis auctores et more maligni spiritus gemebant, perire sibi populos evadentes. Ad extremum, diuturna meditatione concepta, praesumunt inire conflictum . Procedunt conspicui divitiis , veste fulgentes, circumdati ad sentatione multorum, cognitionisque subire aleam maluerunt, quam in populo, quem subverterant, pudorem taciturnitatis incurrere, ne viderentur se ipsi silentio damnavisse. Illic plane inmensae multitudinis numerositas etiam cum coniugibus ac liberis excita convenerat, aderat populus expectator futurus et iudex, adstabant partes dispari conditione dissimiles: hinc divina auctoritas, inde humana praesumptio ; hinc fides , inde perfidia ; inde Pelagius auctor , hinc Christus . Primori in loco beatissimi sacerdotes praebuerunt adversariis copiam disputandi ; quae sola nuditate verborum diu inaniter et aures occupavit et tempora . Deinde antestites venerandi torrentes eloquii sui cum apostolicis et euangelicis tonitribus profuderunt ; miscebatur sermo proprius cum divino , et adsertiones violentissimas lectionum testimonia sequebantur . Convincitur vanitas , perfidia confutatur , ita ut ad singulas verborum obiectiones reos se , dum respondere nequeunt , faterentur . Populus arbiter vix manus continet, iudicium tamen clamore testatur . (15) Cum subito vir tribuniciae potestatis cum coniuge procedit in medium, decem annorum filiam caecam sinibus ingerens sacerdotum ; quam illi offerri adversariis praeceperunt . Sed , conscientia puniente , deterriti , iungunt cum parentibus preces et curationem parvulae a sacerdotibus deprecantur ; qui expectationem populi et inclinatos adversarios intuentes , orationem breviter fundunt . Ac deinde Germanus plenus Spiritu sancto invocat Trinitatem et protinus adhaerentem lateri suo capsulam cum sanctorum reliquiis collo avulsam manibus conprehendit eamque in conspectu omnium puellae oculis adplicavit ; quos statim evacuatos tenebris lumine veritatis implevit . Exultant parentes miraculo , populus contremescit. Postquam diem ita ex animis hominum persuasio iniqua deleta est , ut sacerdotum doctrinam, sitientibus desideriis , sectarentur. (16) Conpressa itaque perversitate damnabili eiusque auctoribus confutatis animisque omnium fidei puritate conpositis , sacerdotes beatum Albanum martyrem , acturi Deo per ipsum gratias, petierunt. Unde dum redeunt , insidiator inimicus , casualibus laqueis praeparatis, Germani pedem lapsus occasione contrivit, ignorans merita illius sicut Iob beatissimi adflictione corporis propaganda. Et dum aliquamdiu uno in loco infirmitatis necessitate constringitur, in vicinia qua manebat casuale exarsit incendium . Quod , consumptis domibus , quae illic palustri arundine tegebantur, ad eum habitaculum, in quo idem iacebat, flabris stimulantibus ferebatur . Concursus omnium ad antestitem convolavit , ut elevatis manibus, periculum , quod inminebat , evaderet ; qui , omnibus increpatis, moveri se fidei praesumptione non passus est . Multitudo omnis , desperatione perterrita , obviam occurrit incendio. Sed ut Dei potentia manifestior appareret , quicquid custodire temptaverat turba , igne consumitur ; quod vero iacens et infirmus defenderat, reservatur . Hospitium sancti viri expavescens flamma transilivit, ultra citraque desaeviens, et inter globos flammantis incendii incolome tabernaculum , quod habitator inclusus servabat , emicuit . Exultat turba miraculo et victam se divinis virtutibus gratulatur. Excubabat diebus ac noctibus ante tugurium pauperis turba sine [...]
«In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti. Amen.» — «Testes inde sunt: Girardus, Drogo, Jocelinus, archidiaconi nostri; Odo cantor, Anselmus camerarius, Hugo presbiter, Galterus diaconus, Hugo Rufus subdiaconus, Rainardus decanus. Actum hoc publice Trecis nostroque sigillo solempniter confirmatum, anno ab incarnatione Domini M°. C°. IIII°., indictione XIIa., Paschali Romano pontifice feliciter presidente, Philippo autem rege Francorum regnante.»
Je Estevenin de Lesine, escuiers, fiz çay en arriers Perrin, prevost de Lesyne, fais savoir à touz que je vent, de ma propre volunté, à noble baron mons. Jehan de Chalon, signour d’Allay, et es suens permaignablement les choses cy après escriptes, c’est à savoir: Jehannin, d’Alaise, mon home, fiz Jehannet, ensamble son mès; item, Vuillemin Legeret, mon home, ensamble son mès; item, Hugonin, mon homme, fiz Haimonet, ensamble son mès; item, doux jornax de terre, assis ou leu que l’on dit Cratecul, tochant à la terre Saint-Pierre; item, doux jornaux de terre assise ou leu que l’on dit champ des Pis, delez le champ Cholier; item, un jornal de terre assis ou champ de la Vigne, delez le champ Dan en avant; item, doux jornax delez les Fuilles, tochant à prel mons. Fromont; item, trois jornaux es Viez Essart, delez le bois; item, un jornal en Riviers, tochant à Poiz; item, doux jornaux ou grez de Valunge, delez le bois; item, quatre jornaux en Soumont, delez le chemin de Salins; item, un jornal en champ Mabert, delez le champ Costantin; item, un jornal en la voie de Myon; item, un jornal en combe Chanel, tochant à Lyson; item, doux jornaux en la combe Cholier, delez la terre qui fut audit Cholier; item, doux jornaux en la Faie delez Lisun; item, un chasaul et les appendises; item, un jornal tochant adit chasaul, assis à Alaise, liquex doit trois souz de cens es enfanz Richart de Mellant; item, six septures de prel en Valonge; item, un chesaul et les appendices touchant à chesaul Bardet; item, un chesaul assis [à] Alaise, delez le chesaul à Rotier, et doit doux souz de cens à Ponce, fille Girart, d’Alaise; item, et quanque j’ay, puis ne doi avoir, per quelque maniere que ce soit, en la vile, ou terretoire et ou finaige d’Alaise, en homes, en terres, en signories et en toutes autres choses. Et denunce en ceste vendue les choses dessusdites que je venz estre dou fié à la Renaude, fame jadis Richart de Mellant, et li venz cesdites choses pour le pris de vint et cinc livres d’estevenens, lesquex j’ai receues doudit mons. Jehan en bons deniers nombrez, et m’en tien pour bien paiez... En tesmoignaige de laquel chose, je, lidiz Estevenins, ay requis et fait metre en ces lettres le seal dou chapitre Saint-Moris de Salins... Données l’am mil CC et nonante, ou mois de juillet.
Anno Domini millesimo quadringentesimo septuagesimo primo, statuta sunt haec apud Cistercium, quartadecima die mensis septembris, in eiusdem Cisterciensis Ordinis Capitulo generali. ORATIONES 1.   Pro beatissimo ac sanctissimo Domino nostro, Domino Sixto, divina Providentia Papa moderno, necnon … *etc. ut in anno* 1458. 2.   Praeterea pro christianissimo … *etc. ut in anno* 1470. 3.   Insuper pro burgensibus… *etc. ut in anno* 1449. 4.   Ceterum pro pace … *etc. ut in anno* 1449. 5.   Postremo pro felicis … *etc. ut in anno* 1470. [DIFFINITIO] GENERALIS 6.   Cum Ordo noster … contributionem novem millium florenorum… *etc. ut in anno* 1449. ELECTIONUM CONFIRMATIONES 7.   Promotionem, institutionem, installationem et confirmationem, die 26 iulii novissime elapsi, post obitum bonae memoriae domini Henrici de Derby nuper abbatis de Bildwas, in eodem monasterio per viam compromissi secundum formam nostrae sacratissimae religionis factas, per fratres Hugonem et Robertum monasteriorum de Straford et Woburn abbates, in persona fratris Ioannis Tynternii, professi dicti monasterii de Bildwas, praesens generale Capitulum confirmat, roborat et ratificat in plenaria Ordinis potestate. 8.   Capitulum generale gratam habet et admittit provisionem factam per Sanctissimum Dominum Nostrum Papam in abbatiali dignitate monasterii de Luzella, de persona fratris Ludovici Kessler de Alba, et quia quidam illius conventus, maligno spiritu moti, huiusmodi provisioni contradicere nituntur, praecipitur domino de Salem, quatinus assumpto secum, si opus fuerit, aliquo vicino abbate, de huiusmodi contradictoribus se informent, et eos si quos inveniant, puniant, et ad obedientiam plenariam compellant. 9.   Acceptationem resignationis dignitatis abbatialis monasterii Locicrescentis factae per dominum Ioannem pridem eiusdem monasterii Locicescentis [Locicrescentis ] abbatem, in manibus domini abbatis Lutzellensis, eiusdem monasterii patris abbatis, propter diversa infirmitatis incommoda eiusdem domini Ioannis, atque electionem, institutionem et promotionem de persona fratris Petri Paypan in abbatialem dignitatem eiusdem monasterii, per eumdem patrem abbatem factas et celebratas, praesens generale Capitulum ratificat, approbat et confirmat. 10.   Informatum sufficienter generale Capitulum super violentiis et tortionibus diversis domino Richardo Rochester, abbati monasterii de Dora, contra iuris rationem illatis, necnon sciens iniustam promotionem fratris Roberti Ford ad dignitatem abbatialem eiusdem loci, confirmat, ratificat et approbat, quidquid super his per abbatem de Woburn in cassatione, irritatione, promotione eiusdem fratris Roberti Ford in eodem monasterio, necnon in restitutione praefati domini Richardi Rochester ad dictam suam abbatialem dignitatem extitit factum, mandando eidem fratri Roberto sub excommunicationis latae sententiae poena, ne deinceps per se aut alium super his dictum abbatem conturbet, molestet aut impediat, perpetuum sibi silentium imponendo. REHABILITATIONES 11.   Auctoritate totius Ordinis dispensatur cum fratre Henrico Conradi de Wins, professo in monasterio Vallis Beatae Mariae, alias Sturtzeborn, quatinus non obstante inhabilitate quam contraxit ex contagio carnis, de quo accusatus fuit et punitus, licet non convictus, ad omnes possit Ordinis actus legitimos, gradus, voces, officia et dignitates abbatiali seclusa, promoveri valeat et admittit. 12.   Ad idem, pro fratre Ioanne Terdinger, monasterii de Alba professo, dignitate abbatiali seclusa. 13.   Ad idem, pro sorore Beatrice de Helinstorff, monasterii de Velpach professa, de contagio carnis, etc., ad instantiam abbatis de Salem. 14.   Ad idem, pro sorore Brigida Losterin, monasterii de Beind professa, ad instantiam abbatis de Salem. 15.   Cum reverendissimus pater dominus abbas Cistercii fratrem Ludovicum abbatem in Aurora, pridem ad hoc Capitulum sui monasterii computa delaturum, citaverit, ipseque abbas, nec per se nec per alium sufficienter instructum comparuerit, neque computa miserit, reputat praesens Capitulum ipsum abbatem de Aurora contumacem et Ordini inobedientem, et propter hoc censuras Ordinis ac poenas in carta domini Cistercii positas incurrisse, mandans ac praecipiens abbati in Salem, quatinus ad ipsum monasterium de Aurora personaliter accedat, ipsumque iam nominatum abbatem huiusmodi poenas incurrisse publice denuntiet ; denique super observantia cartae nuper ibidem relictae per praefatum dominum Cisterciensem, se diligentius informet, et si eam minus bene observatam invenerit, poenis ibidem contentis transgressores puniat, etiam si usque ad depositionem abbatis fuerit procedendum, quem si deponendum iure invenerit, eum deponat, aliumque sufficientem et idoneum, sive per electionem canonicam, sive per auctoritatem paternam, aut totius Ordinis generalem, ipsi monasterio praeficiat, in plenaria Ordinis potestate, invocando ad hoc, si opus sit, quorumcumque dominorum et potentum auxilium et favorem. 16.   Ad idem, pro fratribus Georgio, quondam abbate Sancti Gothardi, Martino priore in Iardino Petri, Stephano Huoter monacho Sancti Gothardi, citatis per abbatem Montis Sanctae Mariae in Hungaria, quorum causa committitur abbati Sanctae Crucis. [COMMISSIONES] 17.   Committitur domino abbati de Fonte salutis, quatinus assumpto secum aliquo abbate vicino, se informet de utilitate venditionis lignorum non coeduorum monasterii de Ebraco, et si inveniant esse pro utilitate monasterii, absque fraude certam partem, et prout viderint expedire, ad vendendum per triennium assignent, licentiamque praebeant eidem abbati de Ebraco, ut pecuniam receptam in utilitatem monasterii convertat, sub censuris Ordinis praecipiendo. 18.   Capitulum generale admittit, ut visis necessitatibus, quibus nunc subiacet monasterium de Salem, ipse abbas possit impignorare curias et possessiones in Hersersingen et Ingingen, quoadusque eas commode redimere possit. 19.   Capitulum generale minime sufferre volens rebelliones quorumdam protervorum monasterii de Salem, qui contempto abbate proprio et etiam praecepto domini Cisterciensis, fregerunt aedificia facta ad reformationem eiusdem monasterii, ordinata per eumdem dominum Cisterciensem, committit eidem de Salem, quatinus puniat eos poena conspiratorum usque ad nutum suum, in plenaria Ordinis potestate. 20.   Auditis enormibus et criminosis vitiis cuiusdam fratris Henrici Bartenheim, professi in Sancto Urbano, qui saepius apostatando in habitu regulari discurrit, portans arma, et diversa discrimina inferens monasterio, proprio abbati et personis eiusdem, etiam contrahendo matrimonium cum quadam filia nefanda, committendo, Capitulum generale ipsum ad carceres durissimos in eodem monasterio de Sancto Urbano condemnat sub poenitentia panis et aquae, secundis, quartis et sextis feriis, usque ad nutum eiusdem Capituli generalis. 21.   Acceptationem ad Ordinem nostrum et eidem Ordini incorporationem prioratus de Galilea, [Daventriensis] dioecesis, dudum fratrum Ordinis Sancti Francisci de tertia regula, qui nostro Cisterciensi Ordini singulari devotione moti nuper eidem Ordini se et locum suum praedictum subiecerunt, instituta eiusdem Ordinis et habitum recipientes, ac sub priore et obedientia ipsius Ordinis plenarie in perpetuum vivere promittentes, per abbatem monasterii de Campo, pro nostri Ordinis praedicti augmentatione et animarum salute, factas et passatas, praesens generale Capitulum gratas acceptasque habet et recipit, necnon per praesentes approbat, ratificat et confirmat, dummodo tamen in nullius vergat praeiudicium, ac nulli per hoc iniuria fiat, sitque dioecesanus de huiusmodi Ordinis transmutatione contentus, et paratus privilegia nostri Ordinis illaesa tenere, prout in Carta caritatis expresse cavetur. Concedit etiam idem Capitulum eidem abbati de Campo, ut si de cetero aliquem locum religiosum nostro Ordini incorporandum invenerit, eumdem acceptet, et eidem Ordini nostro incorporet, in plenaria Ordinis potestate, praemissis tamen conditionibus per omnia observatis. 22.   Cum decisio differentiae ac litis inter partes Guillelmum Breton et Thomam Olivier, super dignitate abbatiali in Bucklanden, dudum fuerit non solum per reverendissimum patrem dominum Cisterciensem ac Capitulum generale, sed etiam Sanctissimum Dominum Nostrum Papam, venerabilibus abbatibus de Straford, Gratiis et Woburnia commissa, ipsique commissarii sententiam diffinitivam contra dictum alium iam pridem protulerunt, cui tamen ipse Olivier rebellis et inobediens existit et usque adhuc permansit, diversis machinationibus sinistris ipsum dictum fratre Guillelmum Breton, verum et indubitatum abbatem molestando, aliquorum, ut dicitur, abbatum nostri Ordinis malivolorum instigatione et protectione suffultus, praedictis commissariis idem generale Capitulum denuo praecipit, ut abbates et alias quascumque Ordinis personas, praedicto Olivier clam vel palam assistentes, sententias excommunicationis et alias censuras Ordinis tamquam rebelles et conspiratores publice denuntient ipso facto incurrisse, ipsum Olivier extra monasterium proprium eliminando et in alio monasterio poena condigna tantae rebellionis plectendo, inhibens nihilominus abbati de Quarrera et aliis quibuscumque, praedictis commissis exceptis, ne praetextu cuiuscumque auctoritatis ordinariae aut delegatae, in praedicto monasterio visitare, reformare aut quidquam attentare audeant, quousque dicta lis et controversia fuerit totaliter sopita. 23.   Abbatibus Angliae cedentibus praecipit Capitulum generale sub poenis in statutis contentis, quatinus infra bimestre tempus a sua destitutione computando, profiteri habeant in ipso monasterio vel alio regulato et non amplius discurrant per monasteria, alias sua pensione penitus priventur. 24.   Domino abbati de Salem indulgetur gratiose ut omnes et singulas personas Ordinis utriusque sexus proprii monasterii aut monasteriorum sibi subiectorum absolvere valeat a casibus Capitulo generali reservatis pro semel, atque eamdem auctoritatem alteri vel aliis communicare. 25.   Condolens generale Capitulum tam diuturnae desolationi monasterii Fontis regis, domino abbati de Salem eiusdem monasterii patri abbati, in virtute salutaris obedientiae, districte praecipit, quatinus quamprimum poterit, ad idem monasterium se transferat, et ibidem abbatem ac ceteros officiarios instituat, sicque faciat ut monasterium ad frugem meliorem perducatur, in plenaria Ordinis potestate. 26.   Attenta paupertate prioratus de Paris, Capitulum generale gratiose supportat priorem et conventum de solutione contributionum Ordinis iam debitarum pro biennio immediate transacto. 27.   Conceditur monialibus de Seyna in civitate Coloniensi, ut celebrare valeant festum sancti Severini archiepiscopi Coloniensis, cum XII lectionibus, eo quod sint in parochia illa sitae, et magna solemnitas illa die a saecularibus illius parochiae celebretur. 28.   Ad idem, pro monialibus in Nunnenmunster in suburbiis Wormatiensibus, quoad festum sanctae Margaretae, virginis et martyris, propter singularem devotionem quam ad eamdem sanctissimam virginem habebant. 29.   Auditis diversis desolationibus et incommodis monasteriorum de Runa et Sittich in Austria, Capitulum generale gratiose supportat abbates illorum a missione studentis hinc ad quinquennium, medietatem contributionum per idem quinquennium eis misericorditer relaxando. 30.   Ad idem, pro monasterio de Cella angelorum ad biennium quoad studentem mittendum ; conceditur etiam eidem ut omnes suos subditos pro semel a casibus Capitulo reservatis in foro conscientiae absolvere habeat, et ipse similiter confessorem eligere possit in simili potestate. 31.   Quia fratres Iacobus Martelli et Antonius Michael, monasterii de Valeta expresse professi, sufficienter citati ad hoc Capitulum generale non comparuerunt, nec per se nec per alium, multosque alios excessus enormes commiserunt, praesens Capitulum reputat eos contumaces, dominis abbatibus de Bonavalle Ruthenensi et Bonis campis praecipiendo, quatinus eos, ubicumque poterint, capiant et diris carceribus mancipent, aliundeque puniant secundum delictorum qualitatem, in plenaria Ordinis potestate. 32.   Abbatibus de Novocastro et Mulbrunn per generale Capitulum committitur, quatinus de et super resignatione et traductione iuris collationis ecclesiae parochialis in Etlingen ad moniales Vallis lucidae pertinentis, ad instantiam illustris principis domini marchionis in Baden, per easdem moniales facta ecclesiae collegiatae ibidem de novo fundatae, praetextu tamen recompensae aequivalentis per eumdem dominum marchionem eisdem monialibus faciendae se informent, et si eamdem recompensam aequivalentem et aeque monasterio utilem invenerint, eamdem resignationem et traductionem in plenaria Ordinis potestate confirment et approbent, sin autem, eamdem irritent, cassent et nullius roboris ac momenti, utpote sine licentia Capituli et contra privilegia Ordinis nostri factam, declarent. 33.   Super enormibus et gravissimis criminibus cuiusdam fratris Gerardi de Chissey, monasterii de Buxeria professi, magno cum moerore informatum praesens generale Capitulum, qui primo associatus quibusdam saecularibus spurcissimis et nequissimis hominibus, quamdam puellam nocte rapuit, et dormientem cum quadam avuncula sua ad silvam quamdam propinquam abduxit, sive abduci iuvit, et ibidem una cum aliis eam oppressit, violavit et corrupit, postea vero timens super hoc vindictam et punitionem Ordinis, monasterium de Buxeria apostatando dereliquit, et ad auxilium saecularium confugit, saepiusque in apostasia, timore Domini postposito, divina celebravit, saepius etiam post latenter nocte ipsum monasterium de Buxeria subintravit, et ibidem multa furens et subtrahens denuo recessit, mulieres etiam dissolutas ibidem introduxit, et eas in loci ac monasterii scandalum et laesionem diutius tenuit et corrupit, et novissime propter tot et tanta a quodam saeculari captus et in monasterii carceri, ut iustum erat, mancipatus, ipsos carceres fregit, ad Cistercium quoque ductus et ibidem similiter incarceratus denuo carceres frangendo evasit, quodam breviario inde secum sublato, et nunc per saeculum discurrit ; omnibus et singulis abbatibus, prioribus et Ordinis personis regularibus universis, in virtute salutaris obedientiae praecipit idem generale Capitulum, quatinus ubicumque eis occurrerit idem frater Gerardus, aut eum repererint, ipsum capiant, et carceribus dirissimis mancipent, vel saltem abbati suo eum remittant, ut super excessibus suis valeat poena sibi condigna plecti et puniri. 34.   Super multis, de quibus venerabilis abbas de Valeta a commissariis domini nostri Cisterciensis nuper appellavit, et ad hoc praesens provocavit Capitulum, et primo propter hoc, quod dicti commissarii in quadam carta eidem abbati dudum praeceperant sub excommunicationis poena, ut infra festum Nativitatis Beatae Mariae tres haberet assumere novitios, ac infra festum beati Dionysii unum studentem ad studium Parisiense vel Tolosanum mitteret, visis hinc inde diversis allegationibus, iudicat ipsum praesens Capitulum et diffinit, quod dicti commissarii bene ordinaverunt, et male appellavit, praesertim cum idem abbas in instrumento suae appellationis protestetur, se multos plures saeculares habere in monasterio quam religiosos, quorum si numerum minuat, poterit absque damno conventum augmentare ; cum etiam, ut dicitur, quosdam saeculares forsitan de parentela sua in studiis teneat, magis dignum est, ut Ordinis statutis obediendo pro utilitate et honore sui monasterii scolarem Ordinis in studiis habeat ; de eo vero quod dicti commissarii poenam sive poenitentiam cuiusdam fratris Petri Iarrigha cessare et eum ad gradum pristinum restitui decreverunt, sic fieri et observari omnino decernit hoc Capitulum, quousque per abbatem loci de causa huiusmodi tam longae poenitentiae plenius fuerit informatum, propter quam causam et alia multa eidem abbati de Valeta praecipit in virtute salutaris obedientiae, ut in proxime futuro Capitulo personaliter comparere non omittat. Porro de fratre Antonio dudum ad monasterium Obasinae, auctoritate generalis Capituli perpetuo emisso, et a monasterio de Valeta eliminato, decernit ipsum praesens Capitulum iam dudum factam diffinitionem in suo robore permanere debere, unde quoad hunc articulum solum diffinit idem Capitulum eumdem abbatem bene appellasse. 35.   Viso quod abbas de Heysterbach pro nunc nullum de suis religiosis ad studium generale mittendum dispositum habeat, tresque teneat scolares in scolis particularibus in primitivis fundandos, quos in futurum, dum satis fundati fuerint, ad studium generale mittere proponit, a missione studentis vel studentium per immediate sequens biennium, ipsum praesens Capitulum benigne supportat, relaxando censuras Ordinis contra non mittentes fulminatas, sic tamen ut finito eodem biennio, absque ullo defectu mittere teneatur, ipsum quoque dominum abbatem a via Capituli praesentis dumtaxat habet excusatum. 36.   Viros litteratos ad honorem et decus nostri Ordinis in ipso Ordine multiplicare cupiens, praesens generale Capitulum concedit licentiam et plenam facultatem fratri Detmaro, monasterii Portae coeli, Brandenburgensis dioecesis, professo, et nunc propter diversa incommoda eiusdem monasterii cum aliis confratribus suis ad exsilium emisso, quatinus tempore desolationis et dispersionis sui monasterii, quamdiu abbati suo, aut suo monasterio placuerit in studio generali Oxoniensi stare et ibidem de fontibus sapientiae salutaris haurire valeat et potare, omnes et singulos abbates dictae nationis necnon quoscumque christifideles deprecans et requirens, quatinus intuitu Dei et sacrae religionis nostrae, ob favorem sibi in huiusmodi studio commoranti manus porrigant adiutrices, conferens sibi nihilominus licentiam, ubi et quoties vel pro devotione propria, vel aliorum amicorum et benefactorum suorum ad instantiam, divina celebrare, Domino inspirante, voluerit, eadem et in locis Ordinis et aliis locis Deo dicatis quibuscumque possit et valeat, nemine eum impediente. 37.   De bono zelo et sanctae religionis fervore abbatis de Pelisio moderni gratulanter informatum, praesens generale Capitulum committit et in plenaria Ordinis potestate, visitationem et reformationem monasteriorum ab antiquo Ordini subiectorum, in capite et in membris, hortando eum, ac eidem praecipiens, quatinus ad hoc sollicite elaborare velit, ut in regulari observantia, quam heu ! penitus neglexerunt, denuo instituantur, assumptoque secum venerabili abbate Montis Sanstae Mariae ad eripiendum cetera monasteria regni Hungariae de manibus saecularibus, omnibus viis et modis possibilibus diligentius intendat, ponatque in eisdem abbates Ordinis, in plenaria Ordinis potestate, quorumcumque dominorum et potentum ad hoc faciendum auxilia requirendi habeat liberam facultatem ; dat quoque sibi idem Capitulum potestatem et plenum posse omnes et singulas personas Ordinis monasteriorum sibi subiectorum in foro conscientiae pro semel absolvendi ab omnibus casibus Capitulo generali reservatis. 38.   Non parum dolenter audiens hoc generale Capitulum querimoniam quorumdam fratrum monasterii de Trizayo, nostri Cisterciensis Ordinis, de et super oppressionibus et molestationibus iniquis eis et aliis confratribus suis illatis per quemdam fratrem Nicolaum Borelli, reverendi in Christo patris domini episcopi Nannetensis in eodem monasterio vicarii asserti, dominis abbatibus de Moroliis et de Ré, ac cuilibet eorum in solidum committit, quatinus de et super huiusmodi oppressionibus et molestationibus iniquis dictorum fratrum, necnon vita, moribus et regimine dicti fratris Nicolai Borelli se informent, et si dicta ut per huiusmodi religiosos proposita fuerunt, vera invenerint, eum a praedicto regimine et administratione dictae amoveant, eumque ad proprium suum monasterium de Charone, ubi professus est, redire compellant in plenaria Ordinis potestate, aliunde etiam aliis poenis Ordinis, si meruisse videatur ipsum puniendo, ipsos autem religiosos, videlicet fratres Martinum Forestarii, Leodegarium Mestrier, Nicolaum Agerni, qui ad hanc diffinitionem impetrandum ad idem Capitulum venerunt, propter eorum a monasterio recessum nullam prorsus sententiam, irregularitatem et inhabilitatem incurrisse, idem Capitulum declarat. 39.   Monialibus monasterii Puraevallis, alias Eberseck, sub excommunicationis poena praecipit Capitulum, quatinus de cetero recipiant et teneant confessorem Ordinis probum et honestum, per abbatem Sancti Urbani earum vsitatorem [visitatorem ] eis deputandum, qui etiam tamquam verus et legitimus eiusdem monasterii procurator et gubernator totum onus et regimen temporalitatis ipsius monasterii habeat, ipsisque monialibus necessaria administret, ac etiam de bonis ipsius monasterii vivat, fidelemque computum reddat ipsi abbati Sancti Urbani singulis annis, aut quoties fuerit necessarium ; huius diffinitionis executionem praefato domino Sancti Urbani committendo, praecipiens eidem, ut rebelles, si quae sint, ad eius observantiam per censuras Ordinis compellat, in plenaria Ordinis potestate. 40.   Monialibus monasterii Domus Consilii, alias Rathausen, praecipit generale Capitulum sub excommunicationis poena, ut de cetero confessorem Ordinis in suo monasterio residentem recipere et habere teneantur, eis deputandum per abbatem Sancti Urbani, patrem suum ac visitatorem immediatum, neque de cetero sacerdotibus saecularibus confiteri praesumant, nec alteri sacerdoti quam confessori eis deputato, cui etiam confessori in victu, vestitu et mansione honesta ac ceteris necessariis provideant competenter ; huius diffinitionis executionem praefato domino Sancti Urbani committendo, praecipiens eidem… *etc. ut supra*. 41.   Quasi peccatum ariolandi et tamquam idololatriae scelus abhorrens generale Capitulum rebellionem detestabilem quarumdam monialium Ordinis in inferioris Germaniae partibus commorantium, quae, ut ad eiusdem Capituli deductum est notitiam, propriae suae salutis immemores, solemnium etiam votorum, quibus se Christo regi summo devoverunt et desponsarunt, oblitae, spretis sui Ordinis institutis salutaribus, monitisque suorum superiorum ac praeceptis penitus conculcatis non verentur per civitates et oppida ac alia saecularium loca girovago dissolutoque et irreligioso gressu discurrere, saeculares et suspectas personas ad sua monasteria et loca conventualia aut etiam privata ad se intromittere, sicque se in omnibus dictis, factis, habitibus et gestibus irreligiosis et indecentibus habere et gerere, ut fidelis populus non modicum inde scandalizetur, nosterque Ordo sacerrimus non parvam inde contrahat dedecoris et infamiae notam, utque suae turpitudinis vitia liberius exercere valeant ac continuare, gravissimis censuris, quas inde incurrunt, pro nihilo reputatis, contra suorum superiorum correctiones salutiferas, ad patrocinium currunt brachii saecularis ; quibus omnibus finem imponere cupiens idem generale Capitulum domino abbatis Veteris campi, in virtute salutaris obedientiae, districte praecipit, quatinus assumpto vel assumptis secum, si opus fuerit, alio Ordinis abbate vel abbatibus, sive etiam monacho vel monachis ad hoc apto vel aptis, omnia et singula Ordinis monasteria monialium in praedictis partibus vel vicinis sita cuiuscumque filiationis et lineae existant, praesertim non clausa, aut non reformata, visitet et reformet, in capitibus et in membris, atque regularem vivendi modum et observantiam, sive sub clausura perpetua sive aliunde, prout expedire viderit, per censuras Ordinis et alias poenas possibiles, viriliter et exacte compellat, in plenaria Ordinis potestate, invocato ad hoc etiam quorumcumque dominorum nobilium ac potentum consilio, auxilio et favore, quos etiam idem Capitulum per praesentes instantissime precatur et rogat, quatinus dicto abbati et aliis secum assumptis in praemissorum executione, Dei et Ordinis intuitu, benivole assistant, cui abbati Campensi dat facultatem nihilominus praesens Capitulum suam potestatem praedictam alteri vel aliis, ad hoc idoneo vel idoneis committendi, si forsan per se intendere non valuerit. 42.   Toties ad amaritudinem provocatur generale Capitulum quoties de vita irreligiosa, vaga ac lubrica personarum Ordinis informatur ; non itaque sine magno cordis dolore ad audientiam ipsius generalis Capituli nuper deductum est, quod quidam Ordinis potius discoli quam monachi, post transgressum per eosdem primae suae professionis votum, quoad locum certum per stabilitatis suae promissionem se restrinxerunt, quem tamen vel apostatando, vel aliunde sua importunitate et impatientia licentiam extorquendo dimittuntur aliis abbatibus, non ad manendum cum eis, sed sub eorumdem permissionis colore liberius suas insequantur voluntates noxias profitentur. Qui quidem abbates sive pretio, sive alia sinistra machinatione circumventi, eosdem monachos sic sibi professo per eorumdem licentiam suis patentibus litteris roboratam libere permittunt in quibuscumque civitatibus, locis ac terrarum spatiis, etiam saecularibus et nostri Ordinis observantiis minime imbutis, et cum quibuscumque personis habitare et commorari, quo fit, ut iidem monachi tamquam effrenes et a iugo monasticae disciplinae penitus emancipati non iam coenobitae sed sarabaitae et girovagi, qui teste beatissimo patre nostro Benedicto in sua regula, duo sunt teterrima monachorum genera, esse incipiant, multaque et damnabilia inter saeculares personas commorando et circumvagando, committant scandalosa crimina contra Deum et sanctam, quam professi sunt, regulam, necnon sanctorum patrum, quibus obedire tenentur, saluberrimas traditiones, in suarum animarum periculum, fidelis populi scandalum, ac totius nostri sacri Ordinis honoris ac famae non modicum detrimentum ; quibus omnibus finem imponere cupiens praesens generale Capitulum, sub excommunicationis poena omnibus et singulis Ordinis abbatibus, prioribus, et aliis monasteriorum rectoribus quibuscumque districtissime inhibet, ne de cetero quemquam monachorum ad professionem suam recipiant, nisi quem apud se, et in suo monasterio sive aliquo membrorum eius voluerint retinere, quinimo cassat, irritat et annullat omnes licentias per quoscumque et quibuscumque Ordinis personis hactenus datas de manendo extra monasteria vel loca Ordinis, sive perpetuo sive ad tempus ; praecipiens nihilominus omnibus abbatibus sive prioribus, qui huiusmodi licentias dudum concesserunt, in virtute salutaris obedientiae, et sub excommunicationis poena latae sententiae, quatinus quamprimum praesens diffinitio eis publicata fuerit, suos monachos, quibus huiusmodi licentiam tribuerunt, ad propria sua monasteria revocent, ibidemque eos sub regulari disciplina et Ordinis observantia faciant de cetero vivere et manere. Qui abbates si forsan negligentes aut huiusmodi diffinitioni inobedientes existant, praecipit idem Capitulum in virtute salutaris obedientiae omnibus et singulis abbatibus Ordinis ubilibet constitutis, et praecipue domino abbati Veteris montis, s. th. pr., quem tamquam principalem executorem eiusdem diffinitionis constituit, quatinus in civitate Coloniensi, ad quam tamquam ad sentinam quamdam huiusmodi vagi monachi ac discoli, sive sub colore studii, sive aliis de causis maxime confluunt, sive etiam alibi, ubicumque tales vagos et dissolutos repererint, eos statim capiant et vinctos ad monasteria, ubi se professos dicunt, in expensis abbatum ipsorum monasteriorum deduci faciant, si tamen a dicto loco Coloniensi aut aliis locis, ubi praedicti discoli reperti fuerint, huiusmodi monasteria non sint nimium distantia ; si vero in nimium distanti monasterio se professos dixerint, ad alia aliqua Ordinis monasteria propinquiora eos deducant, ibidemque tamdiu poena carceris, aut aliis gravissimis poenitentiis puniant et emendent, quousque ad perfectam Ordinis stabilitatem et obedientiam de cetero firmiter observandum fuerint penitus inclinati, invocato etiam ad praemissa, si opus fuerit, auxilio brachii saecularis. 43.   Quasi scelus ariolandi suscepit generale Capitulum rebellionis abbatissae et sororum conventus monialium Beatae Mariae de Valle Sanctae Crucis, quae reverendissimo domino Cistercii, nuper partes Germaniae et maxime monasterium ipsum visitanti, omnino inobedientes extiterunt et rebelles adversus eum, etiam brachium saeculare evocantes et provocantes, in quo peiores Absalon videri possunt et iudicari ; quamobrem ipsum dictum generale Capitulum inobedientes quasi conspiratrices, excommunicatas, et dignas depositione abbatissam scilicet indignam abbatiali dignitate, religiosasque suis officiis et gradibus privandas, et omnes simul a monasterio emittendas sententiat et iudicat, misericorditer autem cum eis ad insinuationem eiusdem reverendissimi patris et aliorum piorum patrum agere cupiens, abbati de Salem committendo praecipit, in virtute salutaris obedientiae et sub excommunicationis poena, quatinus ad dictum monasterium Vallis Sanctae Crucis se, quamcito commode fieri poterit, transferens, dictas abbatissam et moniales ab officiis divinis et ingressu ecclesiae pro minori per dies septem suspendat, et si eas humiles et delictum cognoscentes cum proposito emendandi repererit, iniuncta salutari poenitentia plenissime absolvat, in plenaria Ordinis potestate. 44.   Misericorditer agere volens Capitulum generale cum fratre Wolgando, professo in Campo principum, a reverendissimo domino Cistercii, quia illicentiatus ad Capitulum veniens de monasterio exivit, ipsum destinat domino Montis Sanctae Mariae in Ungaria ad tempus emendandum, sustinendum et ab omni violentia sui abbatis praeservandum, ut tamden [tandem ] ei conciliari mereatur, annuens ut si et dum eidem proprius abbas consentiat, habita suae professionis quittancia in eodem Sanctae Mariae monasterio profiteri valeat, ipsi abbati de Campo principum inhibendo, ne ipsum quomodocumque quia absque licentia ad Capitulum venit, quacumque poena animadvertat aut plectat, praecipit tamen eidem, ut in eodem Sanctae Mariae monasterio infra duos menses se recipiat, et ibidem honeste se habeat. 45.   Abbatibus de provinciis Austriae, Stiriae et Bavariae omnibus et singulis praecipit praesens generale Capitulum, quatinus omni anno ante Capitulum in unum conveniant, ac de nuntio ad Capitulum generale mittendo inter se concordent, qui quidem nuntius deferre habeat omnes contributiones Ordinis per eos debitas, cui etiam nuntio de expensis sufficientibus provideatur ; omnes et singuli super hoc inter se contribuendo huius diffinitionis executionem ad compellandum videlicet omnes et singulos abbates praemissos ad conveniendum in unum et suas contributiones mittendum, ac nuntio praedicto pro expensis contribuendum abbati de Sancta Cruce committit in plenaria Ordinis potestate, cui etiam pro semel dat auctoritatem idem Capitulum omnes et singulas personas Ordinis utriusque sexus in foro conscientiae ab omnibus casibus, criminibus, et sententiis Capitulo generali reservatis, in eisdem provinciis degentes absolvendi, et auctoritatem suam, si per se non possit, aliis communicandi, ac pro se confessorem cum simili potestate eligendi. 46.   Viros litteratos in Ordine nostro promovere ac multiplicare cupiens, praesens generale Capitulum, attenta etiam habilitate ac dispositione bona ad studium sapientiae, necnon proficiendi voluntate venerabilis domini Leonardi, abbatis Montis Sanctae Mariae, Jaurinensis dioecesis, facultate concedit eidem domino abbati ad standum in studio Viennensi hinc ad quinquennium, ibique in facultate theologica profitendi, dummodo tamen occasione illa monasterium suum debite regere et gubernare in spiritualibus et temporalibus non omittat. 47.   Sufficienter informatum praesens generale Capitulum de zelo religionis, circumspectione, prudentia, discretione et fideli diligentia venerabilis domini Leonardi monasterii Sanctae Mariae, Jaurinensis dioecesis, commissionem sibi dudum factam per venerabilem coabbatem de Morimundo, pro visitatione et reformatione monasteriorum Ungariae per triennium, confirmat et ratificat, ac in suo robore per idem triennium vult omnino permanere, eamdem commissionem nihilominus etiam ad monasteria regnorum Slavoniae, Croatiae et Carinthiae extendi declarans, datque idem Capitulum eidem commissario auctoritatem et mandatum speciale compellendi omnes et singulas religiosas personas Ordinis extra propria monasteria, sive in monasteriis Ordinis sancti Benedicti, sive alibi residentes, ad monasteria sua redire per censuras Ordinis ac alias poenas possibiles ; monasteria quoque Ordinis a manibus saecularium et aliorum iniuste occupantium recipiendi, invocando quoad haec quorumcumque iudicum, dominorum ac potentum auxilium et favorem ; eidem denique commissario dat auctoritatem plenariam idem Capitulum, ubi et quando expedire viderit, omnes et singulas personas Ordinis utriusque sexus, in eisdem regnis degentes ab omnibus casibus, criminibus et sententiis Capitulo generali specialiter reservatis absolvendi in foro conscientiae, et eamdem etiam auctoritatem aliis confessoribus communicandi. 48.   Fervore studii sacrarum litterarum, sed nihilominus intellectus perspicacitate ac profunditate scientiae, multiplicibusque aliis virtutum insigniis discreti ac religiosi viri fratris Ioannis Leyler, s. th. bacc. form. ac prioris et professi monasterii Fontis salutis, multipliciter inductum praesens Capitulum generale, talesque ad altiora promovere cupiens per quorum doctrinam ipse noster Ordo universus illuminari possit et valeat in futurum, auctoritate totius Ordinis in favorem studii ipsius et ut ampliorem habeat ulterius proficiendi opportunitatem, officium provisoratus in collegio Sancti Nicolai Viennensis studii eidem fratri Ioanni Leyler usque ad revocationem suam dat et committit, non obstante quod per quamdam commissionem iam dudum domino abbati Sanctae Crucis factam provisio provisoris ceterorumque officiariorum eiusdem collegii ad ipsum abbatem Sanctae Crucis spectat, quam quidem commissionem pro hac dumtaxat vice et in hac causa revocatam habere vult et revocat per praesentes, in ceteris ac in futurum in nullo sibi per hoc praeiudicando, praecipitque idem generale Capitulum omnibus et singulis dicti collegii suppositis praesentibus et futuris, quatinus dicto fratri Ioanni Leyler tamquam suo vero et indubitato provisori in omnibus et per omnia, quae ad officium suum pertinent, obediant, omnibusque aliis iniungit, quorumcumque interest, ut emolumentis suo officio iam dicto debitis, eum libere gaudere et uti permittant, inhibendo nihilominus *omnibus* et singulis Ordinis personis cuiuscumque auctoritatis existant, ne eumdem provisorem in suo officio aut eius administratione quovismodo turbare aut impedire praesumant, nisi de auctoritate eiusdem nostri generalis Capituli specialiter ad hoc data et expressa. 49.   Cupiens generale Capitulum iniustist urbationibus et molestiis per Ordinem occurrentibus finem imponere et cuilibet, quod iustum est, conferre, cassationem et annullationem intrusionis fratris Ioannis Norton in monasterio de Quarrera, per abbatem de Woburnia factam, necnon restitutionem et reductionem fratris Galfridi Newehyth in eodem monasterio per eumdem de Woburnia institutam factam et completam, velut rationabilem, iustam et debitam, confirmat, approbat et ratificat, eidem fratri Ioanni Norton perpetuum silentium in hac materia imponendo, sub excommunicationis latae sententiae poena, in plenaria Ordinis potestate. 50.   Abbatibus de Stratford et Woburnia et eorum cuilibet committendo praecipit Capitulum generale, in virtute salutaris obedientiae et sub excommunicationis poena, quatinus ad monasterium de Newhamio se transferentes debite se informent super modo promotionis abbatis moderni, et si invenerint quod obligationem quamcumque causa et ratione suae dictae promotionis cuicumque fecerit, tamquam symoniaca labe conspersam et contaminatam cassent, irritent et annullent, de alio pastore ibidem licite et canonice providendo ; verum quia dictum generale Capitulum saluti animarum inter cetera sollicitum, audivit nonnullos eiusdem Ordinis fratres in regno Angliae, partibus Walliae et Hyberniae adeo proprietatis, conspirationis, inobedientiae, girovagationis et propriae voluntatis laqueis irretiri, ut etiam nec suorum abbatum, nec Ordinis visitatorum hortamentis, iussionibus, aut imperiis obedire curent aut velint, in eorum salutis non modicum impedimentum et praeiudicium, committendo mandat et praecipit eisdem abbatibus et eorum cuilibet sub eisdem poenis, quatinus diligenter de talibus se informent, et quoscumque talibus aut vitiis consimilibus laborare invenerint, per Ordinis censuras districte puniant, eos debitis poenis plectendo, et ad viam salutis et religiosae conversationis reducendo, necnon compellant abbates, qui cesserunt aut dignitate abbatiali privati fuerunt, ad faciendum infra duorum mensium spatium professionem in aliquo certo Ordinis monasterio, prout expediens eisdem videbitur, et eosdem compellant ad standum et permanendum realiter in certis monasteriis, prohibendo sub poenis in nostris regularibus statutis taxatis, ne pensiones suas indebite aut inhoneste expendant, quas nihilominus si expediens viderint, in quo eorum conscientias oneramus, rescindere poterunt in plenaria Ordinis potestate. 51.   Etsi cunctis ea, quae rationis sunt, petentibus aures inclinare soleat, prout et debet, generale Capitulum, cum nihilominus a sublimioribus Ordinis reformationem concernentia eidem in medium adducuntur, propensiori animo vires consuevit applicare, regalibus itaque praeventum monitionibus audiens Mellifontis monasterium in fontem fellis conversum amarissime condolens, ut et quae Dei sunt, et quae regiae maiestati iuste complacerent impleat, districtissime mandat et praecipiendo committit abbatibus de Furnesio et Woburnia, quatinus ad dictum monasterium Mellifontis se personaliter transferentes, seque super statu et regimine tam spirituali quam temporali, in capite et in membris, rite et diligenter se informantes cuncta ordinent et instituant, quae viderint et invenerint secundum Deum, iuris et rationis, ordinanda et instituenda cum potestate visitandi, reformandi, instituendi, destituendi ac cetera omnia faciendi, quae in casu consimili secundum nostrae religionis saluberrima instituta fieri solent et debent, sicque in hoc sibi commisso negotio suae prudentiae et zelum iustitiae exerceant, quod inde nullus rumor indebite oriatur, utentes plenaria Ordinis potestate. 52.   Singularem militiam gerere solet regularis curia adversus vitia summo Deo nostro summe displicentia ; cum igitur praesens generale Capitulum informatum fuerit, quod abbas Kingeswode, spretis Ordinis salutaribus institutis, suum ad studendum iura canonica destinaverit studentem, contributionesque Ordinis solvere pertinaciter renuat, se poenis ultro et sententiis in *Benedictina* et aliis eiusdem Ordinis statutis contentis immergendo, in quo Domino Deo nostro, qui obedientiam praefert victimis, displicuisse dignoscitur, committendo mandat et praecipit, in virtute salutaris obedientiae et sub excommunicationis latae sententiae poena, abbatibus de Stratford et de Woburnia, et eorum cuilibet, quatinus per omnes Ordinis censuras compellant dictum abbatem de Kingeswode ad solvendum contributiones, tam de praeterito quam de futuro, ipsumque suum scolarem ad alias convertat salutares scientias, nec ulterius in iure eum studere permittat, nisi prius habita per Capitulum licentia, alias contra dictum abbatem et suum scolarem realiter et indissimulanter procedant, in plenaria Ordinis potestate. 53.   Maxima et cum gravi cordis amaritudine suscipiens Capitulum generale horrificam ac violentam quorumdam abbatum Germaniae ad dictum Capitulum generale venientium, iamiamque in monasterio Morimundi existentium, manu crudeli contra sanctae Ecclesiae et monasteriorum Ordinis privilegia, immunitatem et libertates per capitaneum de Coffey, et alios complices armatos, captivationem saevamque eorum usque ad dictum castrum de Coffey deductionem, diuturnam detentionem, talemque calamitosam vexationem, ut usque ad trecentum viginti florenos renenses, cum sex de melioribus equis comitatus eorum et multis aliis bonis se redimere coacti sunt, in non modicam Ordinis et omnium eiusdem suppositorum confusionem, damnum simul et contumeliam, committendo praecipit abbati Morimundi, quatinus expensis generalibus Ordinis recuperationem dictorum bonorum, necnon reparationem tantae contumeliae apud omnes et singulos, ad quos spectat viriliter, exacte, diligenter et absque dissimulatione, per se et alias quascumque Ordinis personas tam abbates, quam non abbates, quasi doneas [idoneas ] iudicaverit, quibus nihilominus imperare poterit sub censuris Ordinis, prosequatur, nihil de necessariis omittendo. 54.   Volens generale Capitulum vires applicare possibiles ad sedandum iurgia quaecumque in Ordine suborta, auditis per scripta rationibus domini Morimundi super rebellionibus, inobedientiis, opprobriis et violentiis ac periculosis detentionibus sibi per abbatem de Ridagshusen, suisque complicibus, cum ipsum monasterium, sicut Capituli generalis commissarius, novissime visitaret, factis et multipliciter illatis, aliundeque visis pro parte eiusdem abbatis de Ridagshusen multis adductis, partes autem ipsas, nec earum procuratores multis obstantibus evidentissimis viarum discriminibus non habens, ut unicuique quod iustum est tribuatur, committendo abbatibus de Veteri cella et de Lehnin mandat et praecipit, in virtute salutaris obedientiae et sub excommunicationis latae sententiae poena, quatinus quamprimum licite et commode fieri poterit, personaliter ad dictum monasterium de Ridagshusen se transferentes, clare et recte et debite super omnibus et singulis praemissis et ea concernentibus aut ab eis dependentibus, omnibus sinistris affectionibus semotis, in quo eorum conscientias coram summo Deo oneramus, se a non suspectis in eadem materia informent, et materias ipsas melioribus modo et forma prout invenerint, pacificent, ordinent, finiant et terminent, cuilibet parti super hoc, quod iustum est fuerit, ordinando, eisque perpetuum silentium imponendo, nisi forte talis et tanta emergat difficultas, quod ad dictum Capitulum necesse iudicaverint recurrendum ; interea autem fratres eiusdem monasterii ab omni sententia excommunicationis, suspensionis aut interdicti, si occasione praemissorum innodati fuerint, eos praesens generale Capitulum absolvit, ab eisque commissariis absolvi et absolutos mandat per eosdem declarari, in omnibus et singulis praemissorum plenaria fungentes potestate. 55.   Zelo iustitiae succensum praesens generale Capitulum cupiens omnia quae rationis sunt et iustitiae, ac per eum diffinita, suum debitum sortiri effectum, diffinitiones quasdam anno novissime elapso in eodem Capitulo editas, confectas et passatas pro omni earum parte confirmat, ratificat et approbat, ac in suo robore et vigore ordinat et statuit permanere, quarum quidem commissionum tenor sequitur et est talis (quaere in praecedenti anno…) [*n° 19*]. Et quia eisdem sententiis et diffinitionibus minime obediunt, quinimo multipliciter eisdem quae soror dicta Beatrix Cerdan cum sororibus Guillelma de Guerrea, Eleonora Azuor, Ysabella de Alcolea, Ioanna Marcuello, Ysabella de Mollano, Ioanna Lescossa, eiusdem monasterii professis monialibus ipsi sorori Beatrici Cerdan adhaerentibus, omnia et singula ad executionem harum per abbatem de Bonifacio tam processu quam in sententiis excommunicationis, aggravationis, reaggravationis, quam in depositione habitus regularis confirmando, ratificando et approbando eamdem Beatricem et sorores moniales nominatas, excommunicationis, aggravationis, reaggravationis ad depositionis habitus regularis sententias incurrisse, idem Capitulum generale declarat, diffinit et pronuntiat, expresse et sub excommunicationis latae sententiae poena praecipiendo committit omnibus et singulis abbatibus in regno serenissimi domini regis Arragonum constitutis, super hoc debite requirendis, quatinus dictas Beatricem Cerdan et moniales nominatas, ac earumquaslibet in locis suis et aliis Ordinis subiectis, excommunicatas, aggravatas, et reaggravatas, palam et publice denuntient et declarent, easque et earum quamlibet, si et quamdiu in sua duritia perstiterint, corporaliter apprehendentes, carceribus securis mancipent et detineant, donec per dictum Capitulum aut dominum Cistercii super hoc aliter fuerit dispositum ; omnibus personis regularibus eidem Ordini subiectis sub eisdem poenis expresse mandando, quatinus omnia et singula bona eidem monasterio de Casuis pertinentia praefatae dominae Catharinae abbatissae restituendo, dictam Beatricem et nominatas moniales sibi adhaerentes tamquam excommunicatas vitent et fugiant, ac eas ubilibet se invenerint, tales esse denuntient et promulgent. Ut autem iuxta prophetam maiori vexatione intellectum accipiant, omnes reverendissimos patres dominos episcopos, eorum vicarios, dominos abbates, archidiaconos, priores, curatos, plebanos et singulos quosque ecclesiastica iurisdictione gaudentes, in eodem regno constitutos rogamus et in subsidium iuris requirimus, quatinus quoties requisiti fuerint, easdem Beatricem et sibi adhaerentes moniales voce publica et per affixionem cedularum ad valvas tam ecclesiarum quam civitatum et oppidorum, excommunicatas, aggravatas et reaggravatas, quamdiu in sua obstinatione permanserint, palam et publice denuntient, publicent et declarent, ad omnia insuper et singula praemissa in subsidium iuris imploramus favorem et auxilium omnium et singulorum dominorum officiariorum, ac iustitiariorum necnon omnium et singulorum loca tenentium eorumdem in et per totum regnum et dominationes praefati illustrissimi domini regis, et singulorum dominorum in eodem regno existentium, quatinus dictam Beatricem, et quamlibet dictarum sororum sibi adhaerentium, sive per apprehensionem et detentionem corporalem, sive alias quomodolibet, ad unitatem et obedientiam, iuxta vota ab eisdem coram summo Deo solemniter emissa, reducant et revocent, eas nihilominus Ordini semper quoties per commissarios Ordinis requisiti fuerint restituendo. Datum… etc.
Ego Gautherius, Dei gratia Eduorum episcopus, notum facio tam futuris quam presentibus quod Wiardus, vicecomes Tornodori, dedit et concessit Deo et ecclesiæ Fonteneti, in eleemosinam, octo sextaria bladi, medietatem frumenti et medietatem avenæ et decem solidos quos fratres de Fonteneto ei annuatim debebant in grangia quæ Estormer dicitur de territorio Novillæ-Montis; unde, de beneficio ejusdem ecclesiæ, quinquaginta quinque libras habuit; ea videlicet conditione quod, si quisquam inde jam dictis fratribus calumniam vel querelam aliquam movere temptaverit, ipse eis per omnia legitimam garantiam portabit. Hujus rei testes sunt: Willermus, prior de Fonteneto; frater Philippus; frater Bernardus de Grimone; frater Umbertus, cellerarius; Odo, archipresbyter Tullionis; Tecelinus, archipresbiter Frolesii; Odo, dominus de Junay; Rainaudus, frater ejus; Andreas de Cortenge; Walterius Novillæ. Hoc totum laudavit Estibiera, uxor ejusdem Wiardi, propter quod vaccam habuit, filiique et filiæ eorum, videlicet Rainaudus, Johannes, Willelmus, Gertrudis et Regina. Hujus laudationis testes sunt tres monachi de Fonteneto, videlicet Andreas, Umbertus, Hugo; Walterius de Novilla et uxor ejus. Ut autem hoc ratum et inviolabile perseveret, presentem cartam, prece ejusdem Wiardi, sigilli nostri appensione munire curavimus. Actum, anno Incarnationis Domini Mº Cº XCº. — Restat sigillum.
In nomine Domini amen. Per hoc presens instrumentum publicum cunctis pateat evidenter et sit manifestum, quod anno ejusdem Domini millesimo quadringentesimo tricesimo octavo, more gallicano sumpto, die vero mensis januarii vicesima septima, hora nona, vel quasi ante meridiem, in ecclesia beate Marie de Charitate supra Ligerim, Autissiodorensis diœcesis, juxta altare retro magnum altare dicte ecclesie existens, et super quo missa matutinalis consuevit ab antiquo celebrari, in nostrorum notariorum ac testium infrascriptorum presentia constitutus, reverendus in Christo pater et dominus Laurentius, divina permittente clementia Autissiodorensis episcopus, quiquis sua mera sponte et voluntate, religioso viro et honesto domno Petro Ducis, dicte ecclesie et dicti monasterii suppriori, vicarioque generali reverendi in Christo patris, domni Theobaldi Doeti dicti, de Charitate prioris, ac pluribus aliis personis, tam religiosis quam non religiosis huc assistentibus, loquendo et verba sua dirigendo dixit, protulit, cognovit et veraciter affirmavit in hunc modum: Domini et amici mei, ecce ego presentialiter ibidem, ac in isto loco de sacris equa ordinibus celebravi, veluti equos tam religiosos istius monasterii quam alios in accolytatu ordine ordinando, et quia monasterium istud et ecclesia ista sunt exempte a lege nostra diocesana et jurisdictione, non possimus nec debemus in ipsa sacros ordines celebrare, nisi de voluntate et assensu religiosorum ipsius monasterii et ecclesie; nos vobis intimamus et certificamus quod nos omnia et singula que nunc in ipsa ecclesia in iis et cetera, hec fecimus et egimus, nos ipsa fecimus de libertate, voluntate et licentia vicarii prioris ante dicti monasterii istius, qui ad hoc faciendum, favore antiquorum ipsius monasterii religiosorum qui ad dictum ordinem sunt promoti, istud altare et locum istum pro vice ista solummodo et dumtaxat nobis concessit, nec est nostre intentionis propter istud aliquod jus, vel aliquam possessionem contra religiosos istius antedicti monasterii, nec contra eorum privilegia, jura et libertates aliquid acquirere, sed volumus et concedimus dictos religiosos in suis privilegiis, juribus et exemptionibus predictis non obstante illibatos remanere, ac si dictos ordines in hoc loco nullatenus fecissemus et ordinassemus. De quibus omnibus et singulis supradictis dictus vicarius, pro dicta ecclesia et ipsius prioris nomine, petiit a nobis notariis instrumentum sibi super hec fieri et confici, quod sibi concessum fuit sub hac forma, presentibus ibidem et assistantibus venerabilibus et circumspectis viris et magistris Jocelino Couriarret, in legibus licenciato, Joanne Araby, Joanne Charleu presbyteris, Joanne de Dijon, Joanne Douvanne, Joanne Gileti et pluribus aliis testibus, ad hoc specialiter convocatis et rogatis. Et ego Nicolaus Thome, presbyter, Trecensis diœcesis, canonicusque beate Marie in civitate Autissiodorensi, publicus apostolica ipsiusque reverendi authoritate notarius juratus, quia premissis omnibus et singulis dum sicut premittitur, agerentur, dicerentur et fierent una cum notario infrascripto et testibus superius nominatis, presens fui, eaque sic fieri vidi, dici et audivi, et in publicam formam redegi, ex qua hoc presens publicum instrumentum manu mea fideliter scriptum extraxi, in fidem et testimonium omnium et singulorum premissorum. Sic signatum Thome. Et ego pariter, Joannes Guinardi, Autissiodorensis canonicus, publicusque imperiali authoritate notarius, quia premissis omnibus et singulis dum sic, ut premittitur, fierent, dicerentur et agerentur una cum notario suprascripto et testibus prenominatis, presens fui, eaque sic fieri vidi et audivi, ideo hoc presens instrumentum manu aliena fideliter scriptum signavi, signumque meum solitum, in talibus fieri consuetum, posui in testimonium premissorum, requisitus et rogatus. Sic signatum J. Guinardi.
Sacrosancto et exorabili loco in honore Dei ac sanctorum apostolorum ejus dicato, Cluniensi cenobio, nos igitur, in Dei nomine, Guntrudis, ac duo filii mei, Vuillelmus ac Stephanus, donamus ad jam dictum locum, pro remedio anime senioris mei Rodulphi, aliquid de rebus ipsius que sunt site in pago Matisconensi, in villa Besorniaco, in agro Maciacensi: hoc est curtilum unum, qui terminat a mane via publica, a medio die terra Stephani, a sero terra Guntardi; faciantque post hunc diem in omnibus quicquid facere voluerint. Porro illam terram que est in cautione tenebimus usque missa sancti Johannis; si tunc fuerit redempta, ad dominum suum revertatur; et si non fuerit redempta, ipsa in emendatione teneatur. Si quis autem aliquam litem inferre voluerit, vindicare non valeat, sed coactus LXXXta solidos exolvat, et inantea firma et stabilis permaneat, stipulatione subnixa. Actum Cluniaco publice. S. Guntrudis, qui fieri et firmare rogavit. S. Vuidoni: S. Teudbodi. S. Bladini. S. Bernulfi. S. Godaldi. S. Aremberti. S. Vuillelmi. S. Stephani. S. Amblardi. S. Johannis. Regnante Ludovico anno I.
Domino sacro monasterio de Cluniago, in onore sancto Petro, cum domno Emardi abbato, cum ceteris aliis monachis servientes Deo et sancto Petro. Ego Fulco levita, germanus Bavono, et Ditia, ucsor sua, in pro amore et bone voluntate, et pro remedium anima Bavoni, et in locum sepultura, donamus ad ipsa casa Dei illas res quas abebit Bavo in pago Cabilonense, in finem Columbaria, curtilis et vineis et campis et pratis et silvis et pomis et pasquis, cultum aut incultum, quesitum ad perinquirendum; totum ad integrum donamus ad ipsa casa Dei, et faciant rectores Sancto Petro, post isto die, quidquid facere voluerint in omnibus, nullum contradicentem. Si ego nos ipsius, aut ullus omo de eredibus Bavono donacione ista venire aut infringere voluerit, de auro libras II cumponet, et ira de celis super illo descendat. Actum Busciaco villa. S. Folcono levita. S. Ditianę, qui, pro commendacione Bavono condam, donacione ista fierunt et firmare rogaverunt. S. Guitonis. S. Allono. S. Guileberti. S. Alteio. S. Alimaro. S. Eldrao. S. Berneart. Ego Deodatus escripsit, datavit die lunis, in mense febroario, anno primo rengnante Loterio rege.
Cit git messire Odes, sires de Courtivron, qui trespassa l’an de grace M. CC. IIIIxx et XIX, ou mois d’octouvre. Dex ait l’arme. [Monogramme]
Ego Galterus, Dei gratia Lingonensis episcopus, notum fieri et ratum haberi volo quod Willermus, cognomento Bogeres, libere et absque ulla retentione laudando, concessit Domui Dei de Longovado, divisum illud quod tres homines legales adjurati et vinculo anatematis nisi veritatem protestarentur invocati in presentia domini de Brecons Symonis, inter finagium quod Hirces dicitur et finagium de Monmoien diviserunt, scilicet Leobaldus conversus de curia Dei; Henricus de Esserroy; Constancius de Monmoien. Hec divisio facta fuit ab Aquavive usque ad aquam que vadit de Grandibosco ad Bellum locum coram legitimis testibus, sicut antiquum divisum demonstrat. Concessit etiam usagia pasturarum, pasnagium porcorum et mortuum boscum in omni finagio de Monmoiem, circa Aquamvive versus grangiam de Grandibosco. Hoc idem tantum quod dominus Villermus Bogeres in finagio de Monmoien fratribus Longivadi concessit, et ipsi fratres de Longovado in finagio de Hirces hominibus de Monmoien concesserunt. Notandum tamen quod neutra pars, scilicet homines de Monmoien et fratres de Longovado in finagio alterius non arabunt, nec boscum extirpabunt. Hujus divisionis et concessionis testes extiterunt Everardus Sacus, de Essaroy, Symon de Brecons, Hugo de Asenvilla. Hoc laudavit uxor ejus Guilla. Testes: Hugo de Neiles, Haymo de Bremur, Hugo de Asenvilla. Hoc etiam laudavit filius ejus Guido. Testes: Jocelinus Sacus de Ruce. Villermus de Sauz. Denique hec omnia quam Villelmus Bogeres Domui Dei de Longovado concessit, Pontius de Bigornia qui terciam partem habet in predicta villa que dicitur Monmoien, laude uxoris sue Luce et filii sui Jacobi, et filie sue Anneline, libere et absque ulla retentione sepedicte domui de Longovado concessit. Cujus concessionis et laudis testes affuerunt Guido Moriers et Symon de Brecons. De laudis uxoris et filie sue, testes sunt Girardus Archi et Durannus Sacus. De laude filii sui, testes sunt Guido Moriers et Josbertus de Linno. Hoc laudavit Josbertus de Gurge sororius predicti Pontii et uxor ejus Regina, filii que ejus Hugo, Pontius et Johannes, filia que Regina. Testes: Guido monachus Longivadi, Holdierus de Rovra, Raymundus de Luegler. Actum anno ab incarnatione Domini M°C°LXX°VII°.
(Même texte que la charte 610, sauf le comparant et le chiffre de vingt-cinq livres au lieu de cent; mêmes témoins qu’au nº 622.)
Ci gist messires Jehans de Dree chevaliers qui trespassa le mercredi apres les [??] de Pasques l'an de grace M IIIC et XIII priez pour l'arme de luy amen.
Quidquid per futura tempora pro uniuscujusque congruentia inviolabiliter optatur mansurum, scripturarum fide oportet ita muniri ne ulla calliditate possit aliquando impugnari. Ob quam rem Gerardus optimæ memoriæ omnipotentis Dei gratia episcopus notum agere cupimus omnibus nostris matris Ecclesiæ successoribus præsentibus scilicet atque futuris, quia dum apud Eduam celebraremus sinodum sanctam, advenerunt ante celsitudinem nostram primates nostræ ecclesiæ Rodulfus cardinalis archidiaconus et Ansesus abbas et archidiaconus necnon Gauzbertus præpositus, ostendentes nobis qualiter unus fidelis alumnus noster, nomine Rodulfus volebat a nobis impetrare quandam ecclesiam in pago Augustudunensi sacratam in honore sancti Leodegarii martiris Christi. Nos itaque audivimus flagitionem illorum concupiscenti animo et bono desiderio jussimus ei tales grammatoforas nostræ auctoritatis in membranam adscribi, per deprecationem supradictorum fidelium nostrorum et per exhortationem omnis sancti Nazarii collegii ut, diebus quibus Rodulfus advixerit, supra denominatam capellam teneat, regat et possideat et post excessum ejus, Rodulfus nepos ejus in eadem ecclesia successor inviolabiliter permaneat, ea tamen ratione, ut sinodalia servitia persolvat et hoc scriptum inconvulsum perduret, et singulis annis solidos V ad mensam fratrum, festivitate sancti Nazarii quæ celebratur V kalendas augusti, solvere non negligat. Actum Augustuduno feliciter in Christo. Gerardus humilis Eduorum episcopus. Rodulfus cardinalis archidiaconus. Ansesus abbas et archiclavus. Walterius levita. Walterius Eduorum episcopus. Rodmundus decanus. Gauzbertus præpositus. Warnerius clericus. Volbalvus sacerdos. Adalbertus sacerdos. Fulcherius archipresbyter. Eriveus archipresbyter. Ego Rodulfus levita ad vicem Ansesi cancellarii scripsi et subscripsi. Datum IV idus maii, indictione XIII, anno XVIIII regnante Lothario rege.
Excellentissimo domino Ludovico, Dei gratia Francorum regi, H[enricus], dominus Soliacensis, salutem et se totum paratum ad obsequia. Cum nos venerabilibus viris abbati et conventui Sancti Benedicti Floriacensis quittaverimus et a nobilibus viris comite Campaniae et Ludovico, domino Sacrocaesaris, quittari fecerimus et laudari quidquid juris habebamus in villa de Castellione super Ligerim cum pertinentiis suis universis, et ipsi in recompensationem hujus quittationis, nobis et haeredibus nostris dederint balliam suam de Villa Mesmie cum pertinentiis suis, supplicamus vobis quatenus amore Dei et patris nostri litteras confirmationis vestrae super his eisdem abbati et conventui liberaliter concedatis.
Uniuersis presentes litteras inspecturis. Nos frater Hugo, abbas monasterii Sancti Stephani Diuionensis, Lingonensis dyocesis, ordinis Sancti Augustini, totusque eiusdem loci conuentus, notum facimus quod nos constituimus, facimus et ordinamus procuratores nostros speciales, fratrem Hugonem de Marcenayo concanoïcum nostrum et Ansericum, rectorem ecclesie Sancti Iohannis Ponti Scissi et eorum quemlibet in solidum, ita quod non sit melior conditio occupantis, in omnibus et singulis causis controuersiis, dissensionibus et querelis quas habuimus, habemus et habere intendimus contra uenerabiles uiros et discretos decanum et capitulum capelle domini ducis Burgundie Diuionensis. Dantes eisdem procuratoribus nostris et cuilibet eorum insolidum, plenariam et liberam potestatem ac mandatum speciale agendi pro nobis nosque deffendendi, littem seu littes contestandi, proponendi, respondendi, excipiendi, replicandi, duplicandi, triplicandi, componendi, transigendi, paciscendi, compromittendi, compromissum pena uallandi, fideiubendi, testes, documenta et instrumenta producendi, dicendi tam in testes quam in dicta testium interlocutorias et diffinitiuas sentencias audiendi, iurandi in animas nostras de calumpnia de ueritate dicenda in causis premissis contra dictos decanum et capitulum de capelle, motis uel mouendis, appelandi appelatione, prosequendi beneficium absolutionis nostre, si necesse fuit impetrandi, et omnia alia et singula faciendi que nos facimus et facere possemus in premissis uel de premissis, si presentes essemus. Ratum et gratum plenius habentes et habituri quicquid per predictos procuratores nostros aut per quemlibet eorum factum fuerit seu etiam procuratum. Promittentes bona fide et sub hypotheca rerum monasterii nostri predicti, si necesse fuit iudicatum solui, cum omnis suis clausulis et hoc omnibus quorum interest uel interesse poterit, tenore presentium intimamus. In quorum omnium testimonium sigilla nostra presenti procurationi duximus apponenda. Datum et actum die Martis post anniuersarium Beate Marie Uirginis, anno Domini millesimo trecentesimo primo.
Innocentius, episcopus servus servorum Dei, dilecto filio Wikardo Pontiniacensi abbati, ejusque successoribus regulariter substituendis in perpetuum. Omnipotenti Domino, cujus melior est misericordia super vitas, gratiarum actiones referimus, qui tanta religione et honestatis nitore Pontiniacense monasterium decoravit, ut non solum vicina loca, sed etiam remota de vestræ conversationis exemplo laudabiliter illustrentur et ad meliora quæque sectanda pariter informentur. Quamobrem, dilecte in Domino fili, Wicarde abbas, personam tuam arctioris caritatis brachiis amplectentes, tuis desideriis debita benignitate annuimus et Pontiniacense monasterium, cui Deo auctore præesse dinosceris, apostolicæ sedis privilegio communimus, statuentes ut quascumque possessiones, quæcumque bona idem venerabilis et Deo amabilis locus inpræsentiarum canonice possidet, aut in futurum concessione pontificum, largitione regum vel principum, oblatione fidelium, seu aliis justis modis Deo propitio poterit adipisci, firma tibi tuisque successoribus et illibata permaneant. In quibus hæc propriis duximus exprimenda vocabulis: terras videlicet Dochiaci et Creciaci, quas utique canonici S. Florentini per manum atque scriptum fratris nostri Henrici, Senonensis archiepiscopi, Pontiniacensi monasterio jure perpetuo concesserunt, quod et ipsum abbas S. Germani Autissiodorensis, cum suo capitulo collaudavit et scripto firmavit; concambium quoque terre Sancti-Martini Cableiacensis, quæ in parochia Lagniaci sita est, pro terra Hugonis de Merliniaco et Humbaldi præpositi, quæ sita est in territorio Cableiacensi; grangiam insuper Challiaci cum omnibus terris ad eam pertinentibus, et quidquid in silva Othe eidem ecclesiæ donatum, vel ab ea legitime emptum est, vobis nihilominus confirmamus. Nulli ergo hominum fas sit præfatum monasterium temere perturbare, aut ejus possessiones auferre, vel ablatas retinere, minuere, seu quibuslibet molestiis fatigare, sed omnia integra conserventur, eorum pro quorum gubernatione et sustentatione concessa sunt usibus omnimodis profutura. Si qua sane in posterum ecclesiastica, sæcularisve persona hanc nostræ constitutionis paginam sciens contra eam temere venire temptaverit, secundo tertiove commonita, nisi reatum suum congrua satisfactione correxerit, potestatis honorisque sui periculum patiatur, et a sacratissimo corpore ac sanguine Dei et domini redemptoris nostri Jesu Christi aliena fiat. Conservantes autem eidem loco quæ sua sunt omnipotentis Dei et beatorum Petri et Pauli apostolorum ejus gratiam consequantur. Amen, amen, amen. Ego Innocentius, catholicæ ecclesiæ episcopus subscripsi. (Suivent les noms des cardinaux.) Datum Lateranni, per manum Aimerici S. R. E. diaconi cardinalis et cancellarii, IX cal. aprilis, indict. II, Incarnat. Dominicæ anno M. CXXXVIII, pontificatus vero domni Innocentii papæ II, anno X.
Ego Rainaldus, Dei gratia Matisconensis episcopus, notum facio presentibus et futuris, quod Willelmus, comes Matisconensis, in manu nostra, interposita fidei religione, firmavit quod donec conventus Cluniacensis arbitrio nostro vel successorum nostrorum servato juris ordine stare voluerit de querela quantumlibet grandi, si quam contra eundem conventum idem comes habuerit, caldariam ipsorum quam habent apud Ledonem non occupabit nec faciet vel permittet ab aliquo hominum suorum subreptione qualibet occupari. Quod si (absit!) suadente humani generis inimico, fecerit, nec infra quatuordecim dies postquam commonitus fuerit ab eodem conventu, id competenti satisfactione correxerit, tunc nos vel successores nostri personam ipsius comitis et universam terram ejus interdicto et excommunicationi sine omni procrastinatione subdemus, nec sententiam relaxabimus, donec dicto conventui caldaria fuerit, cum perceptis inde proventibus, in integrum restituta, et de illata injuria congrue satisfactum. Actum Matiscone, anno incarnati Verbi Mº Cº XCVIIº, kalendis maii.