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Mishnah Rosh Hashanah
משנה ראש השנה
Le Talmud de Jérusalem, traduit par Moise Schwab, 1878-1890 [fr]
https://www.nli.org.il/he/books/NNL_ALEPH002182155/NLI
Mishnah Rosh Hashanah
Chapter 1
A quatre époques diverses de l’année, celle-ci est supposée commencer, savoir: au 1er Nissan, c’est le nouvel-an pour les règnes<sup class="footnote-marker">1</sup><i class="footnote"> Le roi ne fût-il monté sur le trône qu’un ou 2 mois auparavant, au 1er Nissan commencera la 2e année de ce règne.</i> et les fêtes<sup class="footnote-marker">2</sup><i class="footnote"> La fête qui survient en ce mois sera la 1re de la périodicité des fêtes pour les obligations religieuses qu'elles comportent.</i>; au 1er Elul, commence l’année pour la dîme des animaux<sup class="footnote-marker">3</sup><i class="footnote"> Pour la supputation des comptes à ce sujet, V. (Sheqalim 3, 1) .</i>; selon R. Eliézer et R. Simon, cette dernière a lieu au 1er Tishri. A cette même date, c’est le nouvel-an pour l’année civile, les années de repos agraire (la 7e de la période septennale), les jubilés, les nouveaux plants, les légumes verts. Enfin, le 1er Shebat est le nouvel-an des arbres, selon l’école de Shammaï; mais selon l’école de Hillel, c’est seulement le 15 Shebat.
A 4 époques différentes de l’année<sup class="footnote-marker">4</sup><i class="footnote"> Il y a une périodicité analogue dans (Sheqalim 3, 1), (Nedarim 7, 12)</i>, le monde est jugé par Dieu: A Pâques, pour la récolte; à Pentecôte, pour les produits des arbres<sup class="footnote-marker">5</sup><i class="footnote"> La gerbe de l'omer (prémice de la récolte) sert d'indice.</i>; à la fête du nouvel-an, tous les êtres de la terre passent devant l’Eternel comme les troupeaux devant le berger, puisqu’il est dit (Ps 33, 15): Celui qui a créé tous les cœurs, qui connaît toutes leurs actions (il sait et scrute tout). Enfin, aux Tabernacles, la question des eaux sera résolue.
En six mois divers de l’année, les messagers vont au loin proclamer la fixation officielle de la néoménie: en Nissan, à cause de la Pâque; en Ab, à cause du jeûne du 9 Ab<sup class="footnote-marker">6</sup><i class="footnote"> (Taanit 4, 6).</i>; en Eloul, pour pouvoir d’avance fixer le nouvel-an suivant; en Tishri, pour la fixation des autres jours de la fête (celle du gr. pardon et des Tentes); au mois de Kislew, pour la Hanuka (fête des Maccabées); enfin en Adar, en raison de Purim<sup class="footnote-marker">7</sup><i class="footnote"> (Megila 1, 4) (7).</i> (fête d’Esther). Pendant l’existence du Temple, les messagers sortaient aussi pour la néoménie d’Iyar, en raison de la célébration de la seconde Pâque en ce mois.
Pour deux mois de l’année, les témoins chargés d’annoncer la néoménie peuvent au besoin profaner le repos shabatique, savoir en Nissan et en Tishri, lorsque des messagers vont jusqu’en Syrie<sup class="footnote-marker">8</sup><i class="footnote"> (Demaï 6, 11).</i> l’annoncer aux Juifs du dehors, parce qu’à ces moments on fixe toutes les grandes fêtes. Pendant l’existence du Temple, on profanait au besoin le Shabat pour n’importe quel autre mois, en raison de l’apport des offrandes au Temple.
Soit que la lune se trouve élevée (perpendiculaire) sur la terre, soit en ligne oblique (à demi cachée par l’éclat du soleil), il est permis de transgresser le repos shabatique pour annoncer la néoménie; selon R. Yossé, on ne le transgressera pas au 1er cas (la lune étant visible à tous).
Il est arrivé que plus de 40 paires de témoins étaient en route pour annoncer un tel fait, et aqiba arrêta la plupart d’entre eux à Lod (étant inutiles). R. Gamliel lui fit dire qu’il avait tort de les arrêter (malgré leur grand nombre), car, si on les empêche à cause du grand nombre, il pourrait survenir un jour un manque complet de témoins à cet effet.
Si un père et son fils ont vu ensemble la nouvelle lune, ils iront tous deux l’attester; ce n’est pas qu’on joigne leur témoignage comme celui de deux personnes (vu leur parenté, il faut encore un autre); mais si l’un d’eux commet une erreur lors de l’examen, l’autre pourra servir de second à un autre témoin. R. Simon dit: un père et son fils et tous les parents à n’importe quel degré sont valables pour attester la néoménie (et peuvent être joints). R. Yossé raconte qu’il est arrivé à Tobie le médecin d’avoir vu la nouvelle lune à Jérusalem avec son fils et un esclave affranchi; les cohanim ont accueilli son attestation et celle de son fils; invalidant seulement celle du serviteur<sup class="footnote-marker">9</sup><i class="footnote"> (Sanhedrin 4, 2).</i>. En arrivant au contraire devant le tribunal, celui-ci accueillit le père et le serviteur, n’admettant pas le témoignage du fils en ce cas.
Voici les personnes dont le témoignage est récusé: ceux qui jouent aux dés, cuboi ou prêtent à usure, ou qui spéculent sur le vol des pigeons, ou qui font le commerce des produits de la 7e année agraire du repos; ainsi que des esclaves. Voici la règle générale: pour tout témoignage auquel on ne reçoit pas celui d’une femme, on n’admettra pas non plus le leur.
Si quelqu’un ayant vu la nouvelle lune est incapable de marcher (pour se rendre au tribunal), on devra l’amener à dos d’âne (même au jour du Shabat), et au besoin le transporter sur un lit<sup class="footnote-marker">10</sup><i class="footnote"> J., (Shabat 10, 5) .</i>. S’il faut craindre les embuscades des voleurs, on se munira de bâtons (malgré l’interdit du transport). Si le chemin est long, on emportera des vivres; car au besoin, pour une marche durant jusqu’à une journée complète avec la nuit, on transgresse le repos shabatique, afin d’aller attester la vue de la nouvelle lune, comme il est dit (Lv 23, 4): Voici les fêtes de l’Eternel, les appellations saintes (toute fête déterminée justifie la transgression du Shabat).
Chapter 2
Lorsque le tribunal ne distingue pas suffisamment le témoin (ne sait s’il est digne de foi, ou non), le tribunal local (de sa ville) le fera accompagner par un autre groupe jusqu’au tribunal supérieur (pour attester la néoménie). Autrefois, on recevait la déposition pour la néoménie de qui que ce soit<sup class="footnote-marker">1</sup><i class="footnote"> Voir aussi la Tosefta a ce , ch. 1, citée et traduite par M. Derenbourg, Essai, etc., p. 137.</i>; mais à partir du jour où les hétérodoxes suscitèrent de faux témoignages pour induire le tribunal suprême en erreur, celui-ci décida de ne plus admettre à l’attestation que les témoins reconnus par lui dignes de foi<sup class="footnote-marker">2</sup><i class="footnote"> Mot à mot: ils t'ont donné ce qui est à toi.</i>.
En principe, on se contentait d’allumer des feux sur les hauteurs pour donner la nouvelle de la néoménie au loin; mais depuis le moment où les Cuthéens en abusèrent pour tromper les sages<sup class="footnote-marker">3</sup><i class="footnote"> Neubauer, Géographie, p. 167.</i>, il fut décidé d’envoyer des messagers au dehors (afin de communiquer la nouvelle verbalement).
Voici comment on opérait à cet effet: on apporte de longues perches en cèdre, avec des joncs, du bois oléagineux, une étoupe de chanvre; on en forme un faisceau lié<sup class="footnote-marker">4</sup><i class="footnote"> Cf. ci-dessus, (Suka 3, 8), p. 27.</i>, que l’on apporte au sommet d’une montagne, on y met le feu, on le fait aller de côté et d’autre, on le descend et on le monte (on l’agite en tous sens), jusqu’à ce que l’on voie son prochain agir de même sur la 2e montagne, puis un autre sur le 3e.
Pour cette transmission des feux, on observait l’ordre suivant: de la montagne des oliviers à celle de Sartaba; de là à Guerofnia; de celle-ci au Haouran, enfin de cette dernière à Bet-Baltan. A partir de ce dernier point, on s’arrêtait en agitant la torche en tous sens, jusqu’à ce que l’on apercevait l’ensemble de la captivité (la Babylonie) semblable à un brasier (chacun montant sur son toit une lumière à la main, en signe de réponse).
Il y avait à Jérusalem une grande cour nommée Bet-Yaazeq, où se rendaient les témoins attestant la vue de la nouvelle lune et où le tribunal les examinait. On leur préparait là de grands repas pour les engager à prendre l’habitude d’y venir. En principe, les témoins qui étaient venus là le samedi d’une marche lointaine<sup class="footnote-marker">5</sup><i class="footnote"> V. de même (Eruvin 4, 6) ( 4, p. 237).</i> n’en bougeaient plus (ayant dépassé la limite shabatique). R. Gamliel l’ancien (pour étendre leur séjour) leur permit de faire un trajet de 2000 coudées en tous sens. De plus, il étendit cette faculté d’accroître la limite du déplacement aux sages-femmes venant de loin assister des femmes qui accouchent, ou à ceux qui accourent pour sauver les biens d’une incendie, ou de la rapacité d’une horde de brigands, ou des effets d’un effondrement; en tous ces cas, ces personnes sont considérées comme habitant la localité, et elles peuvent en ces jours parcourir un espace de 2000 coudées en tous sens.
Voici comment on examinait les témoins<sup class="footnote-marker">6</sup><i class="footnote"> "J ; (Sanhedrin 5, 1) ( 22c)."</i>: le couple de gens arrivé le premier était examiné le premier. On faisait entrer le plus grand d’entre eux et on le priait de dire comment il avait vu la lune, si elle était en avant du soleil, on en arrière, au nord ou au sud, quelle était sa hauteur apparente par rapport à la terre, de quel côté elle penchait, quelle était sa largeur. S’il répondait p. ex. l’avoir vue en avant du soleil<sup class="footnote-marker">7</sup><i class="footnote"> Ce qui est impossible à ce moment du mois.</i>, son attestation est de nulle valeur. Puis on faisait entrer le 2e témoin; on l’examinait, et si ses paroles coïncidaient avec la déposition du premier, leur témoignage était déclaré valable. Pour les autres couples, on se contentait d’une interrogation sommaire. Ce n’est pas que l’on avait besoin d’eux; seulement on avait égard à leur présence pour les engager à revenir.
Le chef du tribunal prononce la formule “consacrée”, et tout le peuple répète ce terme 2 fois après lui. Soit que la néoménie ait été aperçue en temps opportun, soit plus tard, la consécration a lieu. R. Eliézer b. R. Çadoq dit: si l’on n’a pas vu la nouvelle lune au moment de la conjonction, on ne la consacre plus en public, se contentant alors de la consécration céleste.
R. Gamliel avait dans sa chambre, sur un tableau (tabella) et sur le mur, l’image des diverses phases possibles de la lune. Il les montrait aux témoins et leur demandait laquelle de ces positions ils avait remarquée. Un jour, deux témoins vinrent dire avoir vu la lune (ancienne) le matin à l’est, et le soir (la nouvelle) à l’ouest. Ce sont de faux témoins, dit aussitôt R. Yohanan<sup class="footnote-marker">8</sup><i class="footnote"> Ces 2 phases opposées sont impossibles le même jour.</i>; mais lorsqu’ils furent rendus à Yabneh, R. Gamliel les accueillit pourtant (sans se soucier de leur assertion contradictoire d’un tel spectacle). De même, deux témoins vinrent un jour dire avoir vu la néoménie au moment opportun (la nuit du 30) et ne plus l’avoir vu la nuit suivante (hypothèse inadmissible), et pourtant R. Gamliel les accueillit (les excusant, par un motif quelconque, de ne plus avoir vu la lune le 31). Ce sont évidemment de faux témoins, dit R. Dossa b. Horkinos; comme si l’on voulait témoigner qu’une femme est accouchée, lorsqu’on l’aperçoit encore très grosse. C’est vrai, lui dit R. Josué, et j’adopte ton avis.
R. Gamliel fit dire à R. Josué: je t’enjoins de venir me trouver avec ta canne et ta bourse (en tenue de jour profane) au jour où d’après ton calcul ce serait le grand pardon. R. aqiba, allant le voir, le trouva désolé d’un tel ordre, et lui dit: il faut que j’enseigne, car tout avis proclamé par R. Gamliel (alors Nassi) est valable en loi, comme il est écrit (Lv 23, 37): voici les fêtes de l’Éternel, les appellations saintes que vous nommerez; que ces fêtes surviennent en leur temps ou non, on tiendra seulement pour consacrées celles qu’aura déterminées (nommées) le grand tribunal. R. Josué vint auprès de R. Dossa b. Horkinos, qui lui dit: si nous voulions nous mettre à juger après les décisions émanant du tribunal présidé par R. Gamliel, nous aurions à remonter toute la série des tribunaux qui ont subsisté depuis le législateur Moïse jusqu’à présent, comme il est dit (Ex 24, 9): Moïse et Aaron, Nadab et Abihu, outre 70 des vieillards en Israël montèrent, etc. Les noms de ces derniers n’ont pas été énoncés, pour nous montrer que tout tribunal composé de trois personnes exerçant l’autorité sur Israël, équivaut au tribunal de Moïse (tous ses successeurs étant présumés avoir autant de valeur que les 70 vieillards anonymes). -R. Josué prit donc son bâton et sa bourse se rendant à Yabné auprès de R. Gamliel, au jour où, d’après son calcul, ce devait être le grand pardon. -R. Gamliel se leva, le baisa sur la tête et lui dit: Viens en paix, mon maître et mon élève; tu es mon maître en sagesse, et mon disciple puisque tu as accueilli mon opinion.
Chapter 3
Si le tribunal et tout Israël ont vu la lune, ou que les témoins ont été interrogés à ce sujet, et qu’avant la proclamation officielle, la nuit est survenue, on ajoutera un jour complémentaire (un 30e). Si le tribunal seul a vu la lune (la nuit), 2 personnes devront au jour l’attester devant lui; après quoi, celui-ci proclamera la néoménie. Si 3 personnes aptes à former un tribunal (étant instruites) l’ont vu, deux d’entre elles se détacheront pour l’attester, et chercheront un de leurs compagnons pour l’adjoindre au 3e qui était resté seul; devant ces deux, le témoignage aura lieu, et la proclamation sera faite par eux, car l’assertion faite par un homme isolé ne serait pas fondée.
Tous les cors peuvent servir pour la sonnerie officielle du jour du nouvel-an, sauf la corne de vache, qui est nommé corne. Ce nom, dit R. Yossé, s’applique à tous les cors, comme il est dit (Jos 6, 5): Et quand ils sonneront avec force du cor de bélier, aussitôt que vous entendrez le son du cor, tout le peuple jettera un grand cri de joie (ce n’est donc pas un motif d’exclusion).
Le cor du chamois devant servir à l’office du nouvel-an est droit. On couvre d’or l’embouchure. A côté, il y aura 2 trompettes. Le son du cor sera prolongé, et les trompettes émettront un son plus rapide, puisque le 1er seul est prescrit en ce jour.
Aux jours de jeûne<sup class="footnote-marker">1</sup><i class="footnote"> Cf. ci-après, (Taanit 1, 8).</i>, on emploie des cors de béliers, recourbés, à l’embouchure argentée, avec 2 trompettes placées au centre (dominant). Le Shofar émettra un son court, et les trompettes le prolongeront, puisque celles-ci sont prescrites essentiellement en ce jour.
Le jubilé est égal au nouvel-an pour les sonneries et les bénédictions à réciter<sup class="footnote-marker">2</sup><i class="footnote"> A intercaler le jour du grand pardon de l'année jubiliaire.</i>. R. Juda établit une distinction, savoir qu’au jour du nouvel-an on emploie pour les sonneries un cor de bélier (courbé), et pour le jubilé, celui du chamois (droit).
Si quelqu’un sonne dans une fosse, ou une citerne, ou un grand vase d’argile, au cas où du dehors on entend le son net du Shofar, le devoir de l’audition est rempli; mais, si ce n’est qu’un son vague d’écho, le devoir n’est pas rempli. De même, si en passant derrière une synagogue, ou lorsque sa maison est attenante à la synagogue, on perçoit le son du Shofar, ou l’on entend faire la lecture du livre d’Esther (au jour de cette fête), tout en s’y appliquant, le devoir de cette audition sera rempli; au cas contraire, non. Il est vrai qu’aux deux cas l’on a entendu; mais, dans l’un, il y a eu défaut d’attention. Il est dit (Ex 17, 11): Il arriva que lorsque Moïse élevait le bras, Israël était vainqueur etc. Or, ce n’est pas que les mains de Moïse faisaient la guerre, ni qu’elles brisaient l’ennemi; mais aussi longtemps qu’Israël élevait les yeux au ciel et tournait son cœur vers le père céleste, il était le plus fort; sans cela, il retombait dans sa faiblesse. Il est encore dit (Nb 21, 8): L’Éternel dit à Moïse de se fabriquer un serpent brûlant et de le placer sur une perche. Or, la vue du serpent ne peut tuer ni ressusciter; mais lorsqu’Israël portait ses regards en haut et couchait son cœur devant le père céleste, il était guéri; sinon, il dépérissait.
Un sourd, un idiot ou un enfant ne peuvent pas, par leurs actes, dispenser d’autres du devoir d’entendre le cor (qui ne leur incombe pas). En thèse générale, celui qui n’est pas soumis à un devoir ne peut pas (en le remplissant) en dispenser autrui. –<sup class="footnote-marker">3</sup><i class="footnote"> La Guemara sur ce dernier est reproduite de (Berakhot 3, 3).</i>
Chapter 4
Lorsque le jour de la fête du nouvel-an survient un samedi, on sonne du cor au Temple seul, non au dehors<sup class="footnote-marker">1</sup><i class="footnote"> "Même distinction, (Eruvin 10, 12) ; (Suka 4, 2). (Sheqalim 1, 3)."</i>. Depuis la destruction du Temple, R. Yohanan b. Zaccaï a établi que la sonnerie du cor aura lieu en ce jour dans toute ville où se trouve un tribunal. Selon R. Eliézer, R. Yohanan n’a donné cette autorisation qu’à Yabneh. Il n’y a pas de différence, fut-il répliqué, entre Yabneh et toute autre ville ayant un siège de juridiction.
L’avantage de Jérusalem (où l’on pouvait sonner du cor même le samedi) était tel sur Yabneh<sup class="footnote-marker">2</sup><i class="footnote"> L'édition Jost observe en note qu'à Jérusalem on pouvait sonner dans toute la ville jusqu'à la 6e h., mais à Yabneh seulement devant le tribunal.</i> que, dans toute ville voisine, d’où l’on voit la capitale, d’où on l’entend, et qui est assez proche pour que l’on puisse y aller aux jours de fête sans enfreindre la limite shabatique, on peut aussi y sonner du cor lorsque le nouvel-an est un samedi. A Yabne au contraire, cette autorisation n’a subsisté que pendant le séjour du tribunal dans cette ville.
En principe, on prenait le lulav au Temple pendant les 7 jours de la fête des tentes, et au dehors au 1er jour seul. Après la destruction du Temple, R. Yohanan b. Zaccaï institua la règle de prendre partout le lulav pendant les 7 jours en souvenir du Temple, et de s’abstenir de toute consommation de produits nouveaux au jour entier de la consommation de l’omer (prémice) au Temple (le 16 Nissan)–.<sup class="footnote-marker">3</sup><i class="footnote"> La Guemara de ce est reproduite textuellement du (Suka 3, 11) (12), ci-dessus, p. 29, où est aussi cette Mishna.</i>
En principe, on accueillait toute la journée les témoignages relatifs à la consécration de la néoménie. Comme un jour les témoins tardèrent à venir et qu’en raison de l’attente de leur arrivée (le 30 du mois) les lévites commirent une omission de chant (ne sachant s’ils devaient chanter l’office ordinaire à l’offre du sacrifice quotidien, ou celui de la fête, en usage à la néoménie), on établit la règle de ne jamais accueillir ces témoins que jusqu’aux vêpres (afin d’être fixé à ce moment). S’ils venaient après cet instant, on adoptait ce jour même comme étant sacré (pour éviter toute équivoque l’an suivant au même jour), et le lendemain était aussi sacré. Depuis la destruction du Temple, R. Yohanan b. Zaccaï a adopté pour règle d’accueillir ces témoins<sup class="footnote-marker">4</sup><i class="footnote"> A Iabneh, ajoute M. Neubauer, ib. p. 75.</i> toute la journée (lesdits inconvénients n’existant plus). R. Josué b. Qorha dit que R. Yohanan b. Zaccaï établit encore cette règle: en quelque endroit que se trouve le chef du tribunal qui prononce la consécration de la néoménie, les témoins n’ont qu’à se rendre à la salle de réunion (où la proclamation a lieu).
Voici l’ordre des bénédictions composant l’amida additionnelle du nouvel-an: celle où il s’agit des patriarches, celle de la résurrection des morts, celle de la sanctification divine, où l’on intercale des allusions à la Royauté de Dieu, sans faire sonner le cor; puis, le récit des sacrifices spéciaux du jour, suivi de la sonnerie du Shofar, ainsi que la série de versets consacrés au souvenir et celle du Shofar, toutes deux suivies de sonneries. Puis on dira la prière du culte (avoda), l’action de grâce et la bénédiction des cohanim.
Tel est l’avis de R. Yohanan b. Nouri, non de R. aqiba. Si l’on ne sonne pas du cor en disant la section des royautés, à quoi bon la dire? On dira donc les 3 premières, puis à la sanctification de la solennité on joindra celle des royautés, et le reste suivra comme ci-dessus. On ne dira pas moins de 10 versets bibliques célébrant la Royauté divine, ni moins de dix parlant du souvenir, ni moins de dix où il s’agit du Shofar. Selon R. Yohanan b. Nouri, il suffit au besoin d’avoir dit, pour chacune de ces séries, 3 versets tirés de la Bible<sup class="footnote-marker">5</sup><i class="footnote"> Pentateuque. Hagiographes. Prophètes.</i>. On ne devra mentionner, pour la Royauté, le Souvenir, ou le Shofar, nul verset parlant de punition céleste. On commencera par les versets tirés du Pentateuque, et l’on finira par ceux des Prophètes. Selon R. Yossé, au cas où l’on aurait achevé par ceux tirés du Pentateuque, le devoir est pourtant accompli.
De ceux qui montent à la tribune pour officier au jour de fête du nouvel-an, c’est le second (chargé de la prière du moussaf) qui sonnera du cor; mais aux jours de récitation du Hallel, c’est le 1er qui fait cette lecture publique.
Pour le Shofar du nouvel-an, on ne devra ni passer la limite shabatique, ni déblayer un monceau de pierres, ni monter sur un arbre, ni chevaucher sur une bête, ni nager sur l’eau, ni couper le cor, fût-ce avec un instrument interdit seulement par mesure rabbinique, et à plus forte raison si c’est un objet formellement interdit. Mais il est loisible de verser du vin ou de l’eau dans le cor (pour le clarifier). On n’empêchera pas les enfants (même le samedi) de s’exercer à sonner, et même une grande personne pourra s’occuper à le leur enseigner en ce jour. Toutefois, une telle leçon donnée ne sert pas à l’accomplissement du devoir, ni une audition perçue de la sorte.
L’ordre des sonneries sera de 3 pour chacune des 3 séries de récitations. La mesure d’une tekia’ (sonnerie d’un coup bref) équivaudra à 3 troua’ (son plus long); la mesure de cette dernière égale 3 sons plaintifs<sup class="footnote-marker">6</sup><i class="footnote"> "Selon M. le gr. R. Wogue, traduction du Pentateuque, (Lv 23, 23) (t. 3, p. 297, n. 2), la tradition avait enseigné que le teqïah est une note simple, la terouah une note brisée, une sorte de tremolo plus ou moins rapide. Cf. H. Prague, Archives israélites, 1882; Le Schofar (tir. à part, 1883, p. 23)."</i>. Si l’on a commencé la série par une tekia, et que le 2e coup a été autant prolongé que 2 sonneries, il ne compte pourtant que pour un seul. Si après avoir terminé les 9 sections composant la prière additionnelle, ou Moussaf, sans avoir pu se procurer un Shofar on se trouve mis en possession de ce cor, on procédera 3 fois à la série de sonneries composées chacune de 3 coups, soit 2 tekia’ avec teroua au milieu. Comme l’officiant fait cette récitation publique, de même chaque individu capable la fera. Selon R. Gamliel, l’officiant a toujours pour mission de dispenser le publique de ce devoir.