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Mishnah Chagigah
משנה חגיגה
Le Talmud de Jérusalem, traduit par Moise Schwab, 1878-1890 [fr]
https://www.nli.org.il/he/books/NNL_ALEPH002182155/NLI
Mishnah Chagigah
Chapter 1
Tous les Israélites sont tenus<sup class="footnote-marker">1</sup><i class="footnote"> """J., (Shabat 19, 4); (Yebamot 12, 5) ( 12d)."""</i> de voir (de se présenter) au Temple, lors des trois fêtes, sauf les sourds, les idiots, les enfants, les défectueux (aux organes bouchés), les androgynes, les femmes, les esclaves non affranchis, les boiteux, les aveugles, les malades, les vieillards, enfin tous ceux qui ne pourraient pas y monter seuls à pied. On appelle enfant le garçon trop petit pour monter sur l’épaule de son père et aller ainsi de la ville de Jérusalem à la Montagne sainte. Tel est l’avis des Shammaïtes; selon les Hillélites, c’est l’enfant encore trop faible pour faire le trajet de la ville à la montagne, en se tenant à la main de son père, car il est dit (Ex 23, 14): trois µylgr (mot signifiant: fois, fêtes et pieds).
Les Shammaïtes disent: le sacrifice offert à la visite (du Temple) devra être de la valeur de 2 pièces d’argent, et celui de la fête, d’une pièce d’argent; selon les Hillélites, au contraire, il suffira pour le 1er d’une victime valant une pièce d’argent, et pour le second il faudra une valeur de deux pièces.
Les holocaustes dus pour dons devront être offerts aux jours de demi-fête et provenir d’animaux profanes; les sacrifices pacifiques pourront être pris des dîmes apportées à Jérusalem; enfin l’holocauste de visite au Temple devra être présenté au 1er jour de la fête. Selon Shammaï, sa provenance devra être profane; selon Hillel, on pourra le prendre de la dîme.
Le devoir de manger du sacrifice pacifique pour la joie sera rempli, par tous les israélites, à l’aide des vœux, des engagements, ou de la dîme d’animaux; par les prêtres, en mangeant des sacrifices d’expiation, ou de péché, ou des dons sacerdotaux de la poitrine et de l’épaule, ou des premiers-nés qu’ils reçoivent, non avec de la volaille, ou des offres de farine –<sup class="footnote-marker">2</sup><i class="footnote"> La Guemara sur ce est traduite (Suka 4, 5), ci-dessus, p. 35.</i>.
Si quelqu’un a beaucoup de personnes à sa table (une grande famille) et peu de ressources, il pourra apporter beaucoup de sacrifices pacifiques de fête et peu d’holocaustes; si au contraire il a peu de commensaux et beaucoup de biens, il offrira moins de sacrifices pacifiques et plus d’holocaustes. Pour celui qui a peu de l’un et de l’autre, il est dit qu’il suffit d’une victime d’une pièce d’argent et d’une autre de deux. Pour celui qui a beaucoup de l’un et de l’autre, il est écrit (Dt 16, 17): chacun selon le don de sa main (ses facultés), d’après la bénédiction dont l’Éternel ton Dieu t’a gratifié.
Celui qui n’a pas offert les sacrifices pacifiques de fête le premier jour pourra les offrir à n’importe quel jour suivant de la fête, même au dernier jour (malgré sa solennité spéciale de clôture). Si l’on a laissé complètement passer la fête sans offrir ce sacrifice, on n’est pas tenu de le remplacer plus tard; on peut lui appliquer ce verset (Qo 1, 15): ce qui est tordu ne peut se redresser, et ce qui manque ne saurait être compté.
R. Simon b. Manassié dit: on nomme tordu qui ne peut se redresser un acte irréparable, comme celui d’avoir eu une relation illicite dont il est né un bâtard; car c’est différent d’un vol, ou d’une rapine, mal que l’on peut réparer en restituant au propriétaire le bien détourné. R. Simon b. Manassié (ou: R. Simon b. Yohaï) dit: On appelle tordu celui qui était bien dressé en principe et qui s’est détérioré plus tard, savoir l’homme instruit, versé dans la Loi, qui s’en est détaché.
La libération des vœux vole en l’air et n’offre guère une base d’appui (d’allusion biblique). Les règles relatives au Shabat, ou aux sacrifices de fête, ou à la prévarication, sont comme des montagnes suspendues à un cheveu<sup class="footnote-marker">3</sup><i class="footnote"> Image exprimée au (Shabat 5, 3).</i> (aussi peu fondées), car elles dépendent d’une légère allusion à un verset de la Bible; tandis qu’un grand nombre d’autres règles, telles que les questions civiles, ou celles du culte, ou de la pureté et de l’impureté, ou des relations illicites, sont basées sur des textes précis. Pourtant les unes et les autres constituent l’ensemble de la Loi.
Chapter 2
On n’interprétera pas, trois personnes étant réunies, les déductions à tirer du chapitre des relations illicites (Lv 18), ni le récit de la Création (Gn 1) à deux, ni les récits relatifs au char céleste (d’Isaïe et d’Ezéchiel) même si on est seul, à moins d'être un sage qui comprend presque seul (et devine plus qu’on ne lui explique). Il vaudrait mieux n’être pas né que de contempler (fixer) les quatre objets suivants: ce qu’il y a au-dessus de nous au ciel, ce qu’il y a au-dessous, ce qu’il y a devant nous, et ce qu’il y a derrière; il vaudrait mieux n’être pas né si l’on n’a pas soin d’honorer son Créateur.
Yossé b. Yoézer interdit d’imposer les mains (aux sacrifices de visite offerts en ces jours); Yossé b. Yohanan l’autorise; Josué b. Perahia l’interdit; Nitaï d’Arbel l’autorise; Juda b. Tabaï l’interdit; Simon b. Shetah l’autorise, ainsi que Shemaïa; Abtalion l’interdit. Hillel et Menahem n’ont pas eu de désaccord. Lorsque Menahem quitta le sanhédrin, Shammaï y entra. Hillel autorise l’imposition; Shammaï l’interdit. Les premiers (de chaque couple) étaient les princes (présidents du Sanhedrin); les seconds étaient chefs des cours de justice. (Av Bet Din)
Les Shammaïtes disent: il est permis d’offrir aux jours de fête des sacrifices pacifiques, sans imposer les mains, mais il n’est pas même permis d’offrir des holocaustes; les Hillélites autorisent d’offrir des sacrifices pacifiques aussi bien que des holocaustes, et d’imposer les mains.–<sup class="footnote-marker">1</sup><i class="footnote"> Toute la Guemara de ce est traduite Betsa, 2, 4, ci-dessus, p. 118.</i>.
Lorsque la fête de Pentecôte se trouve être un vendredi, le jour de l’égorgement, selon les Shamaïtes, pour les sacrifices de visite, sera ajourné au dimanche; selon les Hillélites, il n’est pas besoin de jour spécial à cet effet. Tous deux reconnaissent, toutefois, que si la fête survient un samedi, l’égorgement de ces sacrifices aura lieu le lendemain. Le grand-prêtre ne revêtira pas pour cela son costume officiel; il sera permis en ce jour de prononcer des oraisons funèbres, ou de jeûner, afin de ne pas mettre en pratique l’opinion de ceux qui disent: la Pentecôte doit toujours avoir lieu le lendemain du Shabat<sup class="footnote-marker">2</sup><i class="footnote"> Allusion à ce que les Sadducéens (suivis plus tard par les Karaïtes) prenaient à la lettre le verset du (Lv 23, 15).</i>.
On se lave les mains pour manger du profane, ou de la dîme, ou de l’oblation; pour les saintetés, on doit prendre un bain; pour l’aspersion de l’eau de purification, si les mains sont devenues impures, tout le corps l’est (et il faut un bain).
Si l’on prend un bain légal avant de manger du profane, en ayant l’intention de ne rien manger d’autre, c’est insuffisant pour manger de la dîme; si le bain a été pris en vue de la dîme seule, il est insuffisant pour manger de l’oblation; si l’on a pris un bain en vue spéciale de manger de l’oblation seulement, c’est insuffisant pour une autre sainteté; un bain spécial pris pour cette dernière est insuffisant pour l’eau de l’aspersion. Mais en ayant pris un bain pour une série plus sévère, on peut manger du moins grave. Enfin, si l’on s’est baigné sans but légal, le bain ne comptera pas.
Les vêtements d’un homme du peuple sont considérés comme impurs par pression (au 1er degré) pour les Pharisiens (soucieux des lois); les vêtements de ceux-ci sont impurs au même degré pour les mangeurs d’oblation; les vêtements de ces derniers sont impurs au même degré pour ceux qui mangent des saintetés; enfin les vêtements de ceux-ci sont aussi impurs pour ceux qui aspergent l’eau de pureté. Joseph b. Yoézer était l’homme lé plus pieux du sacerdoce; et pourtant sa nappe était tenue pour impure s’il s’agissait de manger des saintetés. Yohanan b. Godgoda a mangé toute sa vie dans un état de pureté digne des consécrations, et pourtant sa nappe a été considérée comme impure à l’égard de l’aspersion d’eau purifiante.
Chapter 3
Il y a plus de sévérité pour les consécrations que pour l’oblation, en ce que pour celle-ci on peut avoir un vase dans l’autre au moment de leur faire prendre à tous deux un bain légal; ce n’est pas permis pour d’autres saintetés. Le côté extérieur, l’intérieur ou l’anse d’un vase sont considérés comme distincts (ne propageant pas l’impureté au vase entier), s’il s’agit d’oblation, non pour d’autres saintetés. Celui qui porte un objet devenu impur par compression peut transporter de l’oblation (dans un récipient, sans crainte du contact), non d’autres saintetés; de même, les vêtements de ceux qui mangent de l’oblation dans lesdites conditions d’impureté par pression sont impurs pour d’autres saintetés. En outre, les procédés pour celles-ci ne sont pas les mêmes pour l’oblation: l’ustensile destiné à recevoir une sainteté devra être d’abord délié, puis essuyé, enfin trempé dans le bain légal, puis être de nouveau rattaché, tandis que pour l’oblation on peut attacher ensemble les objets avant de les baigner.
Des ustensiles achevés à l'état pur doivent être mis dans un bain légal avant de servir aux saintetés; c'est inutile pour l'oblation. Le vase joint tout ce qu'il contient (en cas d'impureté d'une partie), s'il s'agit de sainteté, non pour l'oblation. Un objet impur même au 4e degré est impropre à la consommation si c'est une sainteté; mais pour l'oblation, il n'est impropre qu'au 3 degré<sup class="footnote-marker">1</sup><i class="footnote"> Cf. (Toharot 2, 6).</i>. Pour celle-ci, lorsqu'une main est devenue impure, l'autre reste pure; tandis que pour les saintetés, il faut en ce cas les baigner toutes deux, car alors une main est réputée communiquer l'impureté à l'autre, ce qui n'a pas lieu pour l'oblation.
Il est permis de manger, avec des mains non lavées spécialement, des aliments profanes secs, en même temps que l'oblation; ce n'est pas permis pour les saintetés. Un homme en deuil<sup class="footnote-marker">2</sup><i class="footnote"> Cf. (Pessahim 1, 6).</i> ou un homme pur à qui il manque le pardon<sup class="footnote-marker">3</sup><i class="footnote"> """S'il s'est baigné le même jour, la pureté ne sera complète qu'à la nuit; ou en d'autres cas, après l'offrande des sacrifices."""</i>, doivent se baigner pour manger des saintetés, non pour l'oblation.
Pour l'oblation il y a une gravité spéciale: en Judée, chacun est digne de foi si, pendant le cours de l'année, il déclare que le vin ou l’huile est pur (pour les offrandes), et pendant l'époque de la compression, de la vendange ou de la cueillette, on est aussi digne de foi pour l'oblation: mais une fois cette période de temps passée si l’on apporte au cohen un tonneau de vin d'oblation, il ne devra pas le recevoir (de crainte d'impureté) et il faudra le laisser de côté, jusqu’à la prochaine époque de cuvaison. Mais si le simple israélite déclare y avoir réservé un quart de loug pour une sainteté, on ajoute foi à sa déclaration de pureté (en raison de la gravité de la consécration). Si (au moment de leur faire prendre un bain légal on a mêlé des cruches de vin ou d'huile profane avec d'autres sacrées<sup class="footnote-marker">4</sup><i class="footnote"> Ou de l'affranchi et de l'inaffranchi, dit le commentaire.</i>, ou d'oblation on pourra ajouter foi à celui qui les déclare pures au moment de la cuvaison, ou de la compression, et même 70 jours avant cette époque (temps des préparatifs).
A partir de la localité de Modiin et plus à l’intérieur, on ajoute foi à la déclaration du potier disant que ses vases d’argile sont purs; mais à partir de cette localité et en deça vers l'extérieur, on ne le croit pas. Voici comment: si le potier vend de sa fabrication, on le croit pour lui et pour ses marchandises, ainsi que les acquéreurs compétents; s'il sort, on ne le croit pas.
Les percepteurs du Trésor qui sont entrés dans une maison, et même des voleurs qui ont rendu les ustensiles volés, sont dignes de foi pour ce qu'ils déclarent n'avoir pas touché; à Jérusalem, tous sont dignes de foi pour la sainteté, et au moment d'une fête (en présence de la foule d'arrivants), on les croit aussi pour l'oblation.
Si quelqu'un (un compagnon pur) ouvre un tonneau de vin, ou se met à débiter de sa pâte, au commencement d'une fête, il pourra, selon R. Juda, continuer et achever la vente après la fête; les autres sages l'interdisent. Aussitôt que la fête était passée, en débarrassait le parvis pour le purifier; mais si elle cessait un vendredi, on n'opérait pas ainsi de suite, étant occupé à honorer (préparer) le Shabat; selon R. Juda, on ne débarrassait pas non plus un jeudi, les cohanim n'ayant pas le temps (ils étaient occupés à enlever les cendres).
Comment procedait-on à la purification du parvis? On faisait passer au bain légal les ustensiles se trouvant au Temple, en avertissant (les simples cohanim) de ne pas toucher à la table sacrée, ni au chandelier, sous peine de les rendre impurs. Tous les ustensiles du Temple s'y trouvaient en double ou triple, de façon à ce que si les premiers deviennent impurs on en ait d'autres purs sous la main. Tous les ustensiles du Temple devaient subir le bain légal, sauf l'autel d'or et celui de cuivre, assimilés au sol (non susceptibles d'impureté). Selon R. Eliézer, les autres sages motivent la dispense, parce que les autels sont couverts de plaques en métal.