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Ce n'est pas le premier roman à aborder les thèmes lourds de l'inceste et de l'enfance martyre, mais il le fait avec une audace et un brio incomparables qui rendent ce livre marquant dans une vie de lecteur. On y sent à quel point l'auteur n'a pas cherché à "faire quelque chose", on ne sent jamais l'intention, on sent juste l'urgence, incandescente, à raconter la vérité d'un homme maltraité par la vie au point de dire à la nuit «  tu ne me feras pas peur j'ai plus de noir que toi dans mon enfance ».
Simple, alias Barnabé, est un jeune homme de 22 ans qui a l’âge mental d’un enfant de 3 ans. Kléber, son frère de 17 ans, entre en terminale au lycée, mais décide de s’occuper lui-même de son frère. Leur mère étant morte et leur père refusant de s’encombrer de sa progéniture afin de vivre pleinement sa nouvelle vie, Kléber refuse d’abandonner son frère à Malicroix, l’institution où il dépérissait. Se mettant tant bien que mal à la recherche d’un appartement pour vivre avec son frère, Kléber tombe sur un logement en colocation où d’autres étudiants vont vite découvrir que vivre avec Simple n’est pas toujours… aisé !
Pour écrire La plus secrète mémoire des hommes, Mohamed Mbougar Sarr s'est inspiré du destin brisé de Yambo Ouologuem, premier écrivain africain à remporter le Prix Renaudot en 1968 avec Le devoir de violence, à 28 ans. Il a connu la gloire, puis l’opprobre, finissant sa vie reclus, honni par ses pairs.
« La violence d'Aurélien est revenue. Par la fenêtre, peut-être bien. C'est une surprise qui te foudroie. Depuis l'épisode des miettes, ses mots te fauchent comme une gifle. T'écorchent et t'humilient. Sa main ne se lève pas, mais de sa bouche les torgnoles tombent de nouveau. Et c'est une claque au coeur, chaque fois. Tu tournes le thermostat de la douche à fond. Mais cela ne suffit pas. Ça fait des jours que tu as froid. Il y a en toi quelque chose de glacé que rien ne parvient à réchauffer. Et dans ta tête, la phrase assassine qui a tué tes pauvres rêves de paix et de petits bonheurs tranquilles n'en finit plus de tourner. « Ferme ta gueule une bonne fois pour toutes, connasse, si tu veux pas que je la réduise en miettes. » »
Dans ce second album de La Guerre d’Alan, Emmanuel Guibert m’a fait suivre à nouveau les pas de cet homme, Alan Cope, jeune soldat étasunien de vingt ans qui vient de débarquer en France.
Evocation des guerres de religion, Les serviteurs inutiles romancent la vie des Feuillades, une famille périgourdine, dans la seconde moitié du XVI siècle endeuillée par les massacres de la Saint Barthélémy (24 aout 1572).
Voilà un roman au sujet atypique nous venant de la Chine communiste, où les nouveaux milliardaires donnent lieu à de nouveaux conflits de classe avec le monde des domestiques qu'ils ont à leur service.
Trois livres composent ce grand livre. Chaque livre se divise en plusieurs parties complétées par ce que Mohamed Mbouga Sarr, l’auteur, appelle des biographèmes, le tout étant un formidable hommage à Yambo Ouologuem, écrivain malien (1940 – 2017), lauréat du Prix Renaudot en 1968 avec Le Devoir de violence. Premier romancier africain à recevoir une telle récompense, il fut accusé ensuite de plagiat, meurtrissure qu’il ne surmontera jamais vraiment.
♫Il est temps de venir à bout
« C'est incroyable comme l'espoir plane tout près du désespoir ».
Jamais, parfois ou souvent la vie nous joue des tours. Un événement, un accident perturbe notre trajectoire. Un concours de circonstance nous entraîne en des lieux inconnus: hasard heureux ou malheureux, le fait est que rien n’est plus comme avant. Et pourtant la vie continue malgré l'irruption, l'intrusion d'événements exceptionnels, incongrus, inhabituels.
« Un jour, dans une famille, est né un enfant inadapté. » Avec cette première phrase, le dernier roman de Clara Dupont-Monod, S’adapter, débute comme un conte. Puis il se poursuit comme un conte avec les pierres rousses de la cour de cette maison nichée dans les Cévennes. Ce sont elles qui vont témoigner, sans jugement, et faire le récit de la relation des trois autres enfants de la famille avec cet enfant différent, car, disent-elles « nous nous sommes attachées aux enfants ». Et la force viendra d’eux, d’une manière différente pour chacun.
Ce qui est génial avec ce roman, c'est qu'on a beau savoir que tout est fictif, on le lit de A à Z en étant persuadée que tout est vrai tellement Tom McNab nous embarque totalement dans son histoire. S'inspirant des courses transaméricaines de 1928 et 1929 ( organisées par Charles C.Pyle pour promouvoir la Route 66 qui venait d'être construite ) il imagine en 1931, en pleine Grande Dépression, la Transamerica une course à pied épique reliant Los Angeles à New-York : 3 mois, 5063 km, 80km par jour à avaler, plus de 2000 concurrents venus de plus de 60 pays, dont 121 femmes, un premier prix de 150.000$.
Dans ce recueil de dix nouvelles, écrites dans le registre du shishosetsu, genre littéraire japonais proche de l'autofiction, Akira Yoshimura entremêle présent et passé au fil des événements qui se croisent, se reproduisent, se répondent d'une nouvelle à l'autre. Akira, le narrateur, un écrivain connu à la vie modeste racole le présent au passé unissant le partage du moment dans l'action, l'écoute et la contemplation , aux souvenirs.
Quand un livre suscite autant d'enthousiasme et compte autant de lecteurs ou d'avis publiés cela donne envie de se faire une idée par soi-même, histoire de ne pas mourir idiot comme on dit.
Recommandé chaudement par Mh17, j'ai eu le plaisir d'écouter ce court récit d'Evgueni Zamiatine sur France Culture. Un régal, le texte est non seulement narré par une femme qui a un timbre de voix et des intonations en totale osmose avec l'esprit du texte mais il est accompagné d'une musique de fonds parfaite, donnant à la tension dramatique du récit encore plus de profondeur.
Dans ce livre, j’ai beaucoup aimé ce mélange de douce ironie, de tendresse et de pétulance.
En 1973, le photographe Chick Harrity émut l'Amérique avec une image prise pendant la guerre du Viêt Nam : une toute petite fille endormie dans une boîte en carton, donnant la main à son frère couché à ses côtés dans une rue de Saigon. Ces deux orphelins ont inspiré à Kim Thuy les personnages de cette histoire : Em Hong, bébé abandonné recueilli par Louis, lui aussi enfant des rues de Saigon, évacués de la capitale au cours de l'opération Babylift qui, en 1975, envoya aux Etats-Unis trois mille enfants vietnamiens, orphelins de guerre ou nés de GI‘s.
Qu’est-ce qui n’est pas impossible ?
Waouh... Mais comment un livre aussi violent peut-il être aussi poétique ?!!
En 1946, Amerigo, huit ans, vit misérablement avec sa mère Antonietta dans un des quartiers les plus populaires de Naples. Sur une initiative du Parti Communiste, et comme des milliers d’autres enfants du Sud de l’Italie, il est envoyé pour quelques mois dans une famille du Nord de la péninsule, où il découvre un tout autre mode de vie, plein d’appréciables avantages malgré la séparation et le dépaysement. Après une telle expérience, le garçon se retrouve d’autant plus déchiré entre son amour pour sa mère et son attachement à sa famille d’adoption, qu’il vient soudain d’entrevoir à Modène un avenir bien différent de celui qui l’attend à Naples…
Le cimetière national américain d'Arlington en Virginie, où reposent notamment les Kennedy, a été créé durant la guerre de Sécession sur la plantation de George Washington Custis, le fils adoptif de George Washington, dont la fille unique Mary Ann Randolph hérita à sa mort en 1857. Mary Ann avait épousé en 1831 le lieutenant Robert E. Lee futur général en chef des armées des États confédérés.
« Tout n'est que sujet de douleur pour elle: la lumière du matin qui entre à travers les persiennes mis-clos, le corps de mon père qui ronfle allongé à côté d'elle, ma maigreur informe, le travail aux champs, la sécheresse…. »,
Troisième et dernier tome de l’Interdépendance. Oui, vous avez bien lu, une trilogie en trois tomes. C’est tellement rare de nos jours. Tiens, si d’ici l’année prochaine, un tome 4 faisait son apparition, l’organisation du Bout par exemple, cela ne m’étonnerait qu’à moitié.
Boire ou écrire, autant ne pas choisir.
La première chose qui m’a plu dans cet album qui se déroule dans un Japon féodal imaginaire de la seconde moitié du XVIe siècle, époque des provinces en guerre, est la couverture magnifique aux dessins et couleurs splendides.
Après avoir adoré l’ouvrage bouleversant qu’il a publié sous forme de conte en 2019 et avoir été charmé par l’homme lors de son dernier passage à La Grande Librairie il y a quelques semaines, je me suis attaqué à son « Jacqueline Jacqueline », titre rendant hommage à sa femme Jacqueline, décédée le 4 mai 2019, au moment où je me joignais aux louanges concernant « La plus précieuse des marchandises ».
Orphelin de père, le narrateur, âgé de quatorze ans, grandit tant bien que mal auprès d'une mère de plus en plus inaccessible. Réfugiée dans un monde où revit son premier né, que la mort subite du nourrisson a emporté, elle présente des signes croissants du syndrome de Diogène et accumule maladivement les objets. Deux décennies plus tard, devenu père à son tour après avoir été finalement élevé par son oncle et sa tante, le fils tente désespérément d'établir le contact avec sa mère, désormais terrée dans une maison débordante d'immondices.
Alors qu'il arpente les couloirs de la Maison d'Izieu, là où, le 7 avril 1944, 44 enfants et 7 adultes juifs furent arrêtés puis déportés (suite à une dénonciation ?), Sorj Chalandon s'interroge, quant à lui, sur le rôle de son père pendant la guerre. Pourquoi est-il devenu un traître ? Qu'est-ce qui a bien pu le pousser à rejoindre le camp ennemi ? ... Aujourd'hui, la terrible phrase de son grand-père, prononcée en 1962 alors que le petit Sorj n'avait que 10 ans, le hante encore : « ton père, pendant la guerre il était du mauvais côté ». Si enfant, il ne comprenait pas le sens de ces paroles, en ces jours historiques où se déroule le procès de Klaus Barbie qu'il couvre en tant que journaliste, Sorj Chalandon replonge dans le passé de son père, ses mensonges, ses faits et ses méfaits d'armes...
Du mystère, du mystère, du mystère... et des questions ! Voilà ce qui m’est venu à l’esprit dès le début et pour un long, très long moment.
Palais de justice de Rennes, 25 juin 2020. Après quatre journées de débats animés, Clément Largeron, le président de la cour d'assises de Rennes, met un terme aux débats. Chaque partie a défendu, autant que faire se peut, ses clients. Du côté des parties civiles, les deux avocates sont confiantes en ce qui concerne la culpabilité de Mathilde Collignon. D'autant qu'elles sont presque sûres que le président et ses deux assesseurs feront pencher la balance en faveur de la culpabilité. Ce qui suppose alors que seuls trois jurés votent aussi pour. Une formalité selon elle. Si l'avocat général a requis une peine exemplaire, soit vingt ans, elles en espèrent quinze. Me Delannoy, l'avocat de Mathilde, déplore, quant à lui, le fait que sa cliente n'ait pas, au terme de sa déclaration, exprimé des regrets. Dans la salle de délibération où prennent place le président, ses deux assesseurs et les six jurés, chacun devra voter en son âme et conscience : Mathilde Collignon s'est-elle rendue coupable d'actes de torture et de barbarie ?
C'est vrai, je ne suis pas le public ciblé, puisque ce livre s'adresse aux adolescent.e.s, je dirais aux 15/16 ans. Reçu dans le cadre de la Masse critique jeunesse, je m'étais promis de le lire en essayant de me mettre à la place d'une adolescente, ce qui n'est pas chose aisée j'en conviens vu que cette période de ma vie est relativement loin. Je l'avais choisi pour son thème à savoir une utopie écologique, très curieuse de la façon dont cet auteur, Yves Grevet, s'adresse à ce public pour partager ces préoccupations en la matière.
Je ne lis pas de nouvelles . C'est un genre tellement difficile qu'en dehors des " maîtres " Poe et Maupassant , que j'adore , peu d'auteurs trouvent grâce à mes yeux . Ne croyez pas que je sois prétentieux en affirmant cela mais , non , vraiment , ce n'est pas " mon truc " , c'est tout . Comme dirait l'autre , " Va comprendre " . Ben justement , c'est si peu important qu'on ne va pas se torturer l'esprit avec ce détail.
Si je vous dis Le Mulet, à quoi pensez-vous immédiatement ?
Un bon "polar" avec un cadre historique précis, ici sous la Restauration, qui nous permettra de nous instruire en cours de lecture sur cette partie de notre histoire, ce qui est un aspect que j'apprécie dans ce type de roman.
Voilà un chef d'oeuvre…un livre magnifiquement écrit, aux images saisissantes, une oeuvre engagée, militante, qui a valu à son auteur exil et censure. de la science-fiction écrite par un russe, Evguéni Zamiatine, en 1920, précurseur et influenceur d'un Orwell et de son 1984. Rien que ça ! Une des premières dystopies jamais écrite ayant pour colonne vertébrale l'amour et pour objet la dénonciation du communisme…Un roman violemment hérétique ! Epoustouflée par son audace et sa plume je suis. Quelle claque ! Ce livre raconte l'histoire d'une tentative, celle de faire exploser un Etat totalitaire.
"Le coq est roi sur son fumier.”
Paloma ne sait rien de son père et, de sa mère, n’a jamais connu que le rejet, initié dans un déni de grossesse. Aussi, grande est sa surprise lorsqu’à son décès, cette mère lui laisse en héritage une maison délabrée dans les Cévennes et un cahier dévoilant le secret de sa naissance. Incapable de se séparer de la bâtisse, elle s’y installe et se lance dans sa restauration, nouant bientôt des liens avec quelques habitants du cru, comme Jacques, un entrepreneur local, et Rose, une vieille voisine qui vit seule.
Après "La panthère des neiges", très beau récit de Sylvain Tesson, il manquait les images. Vincent Munier les livre aux passionnés de cette belle nature tibétaine, de ses animaux et, bien sûr des bharals. Et Sylvain Tesson complète ces superbes images avec ses poèmes pleins de belles références issues notamment d'Epicure ou d'Héraclite.
Axelle, en religion soeur Anne, souffre à 40 ans d’une nuit de la foi accentuée par la mort de son père qui lui a rappelé que sa vocation et son entrée dans les ordres ont été incompris dans sa famille restée durablement traumatisée.
Epoustouflant ! Addictif ! Incontournable !
Jubilatoire.
Fée du logis n’a pas de fée-blesse
Roman de grand froid, froid de l'hiver norvégien, et de chaleur, chaleur animale, chaleur sexuelle, il manque la chaleur du coeur dont l'héroïne est en quête.
Yu Ling est venue de son lointain Sishuan pour se mettre au service de riches pékinois. Mais alors que son travail de nounou auprès de Dada, le fils unique de la famille, commence à la lasser, et qu'elle envisage avec son petit ami de kidnapper l'enfant contre rançon, ses employeurs sont arrêtés pour corruption. Commence alors pour la jeune femme et Dada une vie hors du temps où, libérés des contraintes, ces deux êtres découvrent l'un avec l'autre la tendresse qui leur a manqué. L'hôtel du Cygne, une tente dressée dans l'immense salon familial par Dada, pour accueillir ceux qui comme lui n'ont pas d'amis, participant à l'éclosion de cet amour aussi inattendu qu'essentiel.
Ayant lu cette année mon premier roman de Bernard-Minier, La Chasse, que j'avais bien aimé, j'ai eu très envie de pénétrer dans ces "Vallées secrètes" pyrénéennes, constituées pour la majeure partie d'entretiens avec Fabrice Lardeau, suivis de différents extraits de lectures montagnardes choisis par Bernard-Minier.
Ce beau livre impressionne au premier abord par …son poids ! Une couverture épaisse et un beau papier glacé qui, pour un peu, feraient s’acoquiner la tête et les muscles : deux pages de lecture, trois flexions de biceps, entretien du corps et de l’esprit.
Des jours qu'il marche dans la forêt. Seul. Un sac sur le dos avec le strict nécessaire. Aux aguets, toujours. Aussi bien des animaux qu'il peut croiser que des hommes. Des mois que la panne d'électricité a figé le monde. Les gens ont déserté les villes dorénavant pillées. Lui veut rejoindre sa famille, oncles, tantes, cousins, qui se sont réfugiés dans leur camp. En s'enfonçant dans la forêt de plus en plus dense et vorace, où les sentiers se font rares, il croise, par hasard, un jeune garçon. Une dizaine d'années, les cheveux en broussaille, la peau tannée, un petit sac en bandoulière. Visiblement seul, restant évasif sur les questions qu'il lui pose, il lui propose de le suivre en attendant de l'aider à retrouver ses parents...
Fait du hasard , me voici plongé dans un roman concernant le difficile sujet de la " peine de mort " , tout juste après avoir tourné la dernière page du difficile et éprouvant " sept jours du talion " . Pas forcément la meilleure façon de préparer des fêtes de fin d'année auxquelles on attribue souvent le qualificatif de " joyeuses " ...mais , bon , quand le vin est tiré, il faut bien le boire...
Voici un nouveau chef d’oeuvre de la littérature jeunesse !
« Qui es-tu lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ? » Rabindranath Tagore.
Quel roman épique, retraçant les aventures de Marie Malouine.
"Seul le corps peut aller en prison, l'esprit ne peut être prisonnier, on ne peut pas attraper le vent..."
On pourrait raconter l'Histoire de France par la publicité. Dans La Pub est déclarée!, les nombreuses illustrations choisies témoignent de la manière dont la « réclame » intègre dès 1914 le premier conflit mondial, pour vendre aux soldats, à leurs familles, encourager l'achat patriotique, souscrire aux emprunts nationaux, fustiger l'ennemi et à la fin de la guerre, amadouer le chaland avec les silhouettes d'héroïques poilus.
Après une enfance étriquée et morose dont elles s’évadaient par de grandes rêveries romanesques inspirées de Jane Eyre, deux sœurs, l’une parisienne, l’autre habitant Ville-d’Avray, mènent désormais une vie rangée, sans éclat ni surprise, entre mari et enfant. Un dimanche d’ennui, l’aînée et narratrice rend visite à sa cadette. Au cours de leur tête à tête au jardin, le soir tombant, elle recueille avec stupéfaction les confidences de sa sœur sur ses envies vagues et réprimées d’autre chose, qui l’ont un jour conduite à une rencontre inattendue, à quelques rendez-vous secrets, et à l’éternel regret d'un possible finalement repoussé.
Dans ce roman fascinant, David Diop a su mêler avec talent le romanesque à l’histoire du botaniste et naturaliste français : Michel Adanson.
Un livre dont le titre a donné naissance à une expression qui traverse le temps est-il forcément un grand livre ? J'aime poser ce genre de grande question qui est pourtant le plus souvent inutile car même si la règle s'imposait, elle comporterait forcément... des exceptions qui la confirmeraient.
Me permettez-vous de vous parler de l'histoire d'une femme ? Elle m'a tour à tour envoûté, agacé, puis de nouveau envoûté, puis... Mais au final elle m'a touché... Ne me demandez pas comment elle s'appelle. Elle a changé tant de fois d'identités et même de nationalités... Ce n'est pas étonnant que l'auteur parle alors de tours et détours. Est-ce que cela en fait pour autant une vilaine fille ? D'ailleurs, c'est le narrateur qui la surnomme ainsi.
Elle qui avait toujours rêvé d'écrire un livre de recettes, accumulant des notes au fil des ans, la Grande Faucheuse ne lui aura pas laissé suffisamment de temps. Aujourd'hui, toute sa famille est réunie autour d'elle. Dix ans que cela n'était pas arrivé. Trop occupée pour l'honorer d'un déjeuner dominical. Dans son cercueil, Maria nous présente ses cinq enfants : l'aîné, Giovanni, un peu trop gentil, et sa femme, Anna, qu'il n'a jamais eu le courage de quitter ; Agata, une artiste ratée qui n'a jamais réussi à vendre ses toiles ; Diego Maria, un homosexuel qui ne se lie qu'avec des hommes riches ; Rosalia, une belle femme posée, une infirmière qui a épousé un chirurgien, son enfant préférée ; et enfin, Santo, arrivé sur le tard, qui fait des études de journalisme et voyage beaucoup. Maria, dont le mari est décédé il y a maintenant plus de 20 ans, a élevé seule ses enfants et pense, hormis quelques exceptions, avoir fait du bon travail. Son enterrement sera l'occasion pour elle de faire remonter certains souvenirs, certains secrets aussi qu'elle aurait préféré taire...
« Salomon s’adressant à Dieu : Tu m’as ordonné de construire le Temple en ton très Saint Nom ainsi qu’un autel dans la cité où tu habites d’après le modèle de la tente très sainte que tu avais préparée dès le commencement ». (Sagesse, IX, 8).
Immersion au coeur de Stamboul, au début du vingtième siècle, alors que des petits fantômes noirs tentent de franchir les barrières qui les condamnent à la réclusion dans des prisons dorées.
Il est toujours difficile de s'attaquer à un monument de la littérature classique, surtout lorsqu'on a repoussé cette lecture, de manière inconsciente, car on sentait qu'il y avait un "bon" moment pour le faire.
Bakhtiar Ali est né à Sulaimaniya, dans le Kurdistan irakien. Tout comme un jeune homme mort de froid et de faim à la frontière biélorusse le 8 novembre 2021. (…) Bakhtiar Ali vient du Kurdistan irakien, comme la jeune femme morte noyée dans la Manche le 24 novembre 2021 à l’âge de 24 ans, comme la plupart des familles privées de leurs biens, y compris de leurs chaussures chaudes et leurs couvertures, par les autorités biélorusses qui les obligent à se jeter, hommes, femmes, enfants, contre les barbelés (…), que la police polonaise dézingue à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau – qui conduiront les gens mouillés à geler sur pied – , comme tant d’autres morts sur le chemin, de faim, d’épuisement, de froid, engloutis par les flots ou empoisonnés. (…) Aujourd’hui, une partie du Kurdistan est sous le feu des armes chimiques utilisées par l’armée turque. L’État turc a lancé l’invasion du Rojava, dont il hait le projet démocratique, écologique et féministe, en Syrie, du Sinjar en Irak, et de toutes les zones administrées directement par des Kurdes ou leurs alliés. (…)
Dé-vo-ré ! Impossible de lâcher ce livre.... Repas retardé ce midi pour me laisser finir mes ultimes pages !
Dans ce roman, Lisa Gardner nous entraîne dans une nouvelle enquête menée par DD, et par une ancienne victime Flora.
Comme ça paraît bien loin, les effroyables attentats du 7 janvier 2015 contre le journal satirique Charlie Hebdo et l'hyper Cacher de la porte de Vincennes… Comme elle paraît loin la gigantesque vague d'émotion qui a suivi cette tuerie… Toutes ces marches républicaines à travers le territoire… le « Je suis Charlie » qui fleurissait un peu partout dans nos villes…
Je pense que je me souviendrai à jamais de l'incipit de ce merveilleux roman de Marcel Pagnol, second tome de la trilogie de ses « Souvenirs d'enfance ».
Angoissant.
FAS-CI-NANT ! Il y a des romans qui vous habitent, et puis il y a ceux que vous devez vous-même habiter, investir totalement pour les appréhender, les faire vôtres, vous y sentir comme chez vous et prendre plaisir à explorer leurs moindres recoins. Clairement, La Maison dans laquelle vous vous apprêtez à pénétrer est de ceux-là ! Elle héberge déjà un certain nombre de jeunes pensionnaires éclopés et de personnel d'encadrement. Mais de ces derniers nous parlerons peu, tellement l'exploration de l'enfance nous occupera tout entiers. Et désormais, la Maison vous a vous aussi : lecteur, voyeur, explorateur de l'imaginaire sans bornes d'une enfance abimée, bousculée, à reconstruire sur des ruines, des exemples. Des mythes.
J'avais bien apprécié ce Caldwell (Erskine)-là. Ces histoires changeaient de la veine triste de Nous les vivants, La route au tabac ou Une lampe, le soir.
« Ce fut une rupture, une modification dans ma mémoire et dans mon goût du théâtre : Hedda Gabler, d'Henrik Ibsen, aux Gémeaux9, le premier spectacle que j'ai pu voir d'Ostermeier. Mon souvenir est très net. Rarement la pièce m'était apparue aussi claire et profonde. » paroles de Denis Podalydès, dont je partage la dernière phrase. Même ressenti à la fin du spectacle de « John Gabriel Borkman » d'Henrik Ibsen , le premier que j'ai pu voir de Thomas Ostermeier en avril 2009 au théâtre de l'Odeon à Paris. Etant une fervente admiratrice du théâtre de Peter Brook et d' Eimuntas Nekrosius, metteur en scène lituanien vénéré en Italie malheureusement décédé , là j'avais devant moi un autre génie, du même calibre. du travail très humain , très profond, d'une clarté incroyable qui approche le spectateur au plus près du dramaturge et de son oeuvre. Podalydès étant aussi un acteur de théâtre et de cinéma que j'apprécie énormément , vu le sujet de son dernier livre où il parle justement de son admiration pour Ostermeier et l'expérience des répétitions de «  La nuits des rois » du grand William où il le dirigea dans le rôle d'Orsino, je ne pouvais pas passer à côté.
Considéré comme espion parce qu’il a été prisonnier des Allemands en 1941 et qu’il est parvenu à s’échapper, Ivan Denissowitch a été envoyé au goulag purger une peine de dix ans. C’était le tarif à l’époque, mais maintenant c’est vingt-cinq ans, pour tout le monde, pour tous les actes.
Alors qu'au fil du temps les géants sont passés de statut de grands dieux à celui d'êtres difformes exposés dans les foires, dans la littérature et l'imaginaire collectif le géant devenait le faire valoir grand, fort et bête du petit évidemment beaucoup plus malin. Un changement que l'universitaire américain Henri Wysham Lanier analyse ici avec méthode et précision, abordant l'histoire fascinante des géants à travers des exemples documentés issus des mythes antiques, des romans de chevalerie et des contes de fée, pour finir avec l'histoire les géants modernes.
Quel joli et intriguant petit volume, que celui de ces portraits écrits et illustrés par Tim Burton!
"Quand on est vieux, on vit seulement pour un arbre, un brin d'herbe, des petits-enfants. C'est toujours mieux de vivre que d'être mort..."
Décidément, il s'en passe des choses pour les employés de la société France Air Pur, qui était déjà au coeur de l'intrigue du roman Carambolages. Agnès Devillard, par exemple, secrétaire trentenaire, célibataire, deux chats, fille unique d'un charpentier de marine à la retraite. Quand elle rencontre Lionel Fribourg, égyptologue quinquagénaire, veuf et amoureux du silence, elle ne se doute pas que sa vie va être bouleversée.
Très beau livre sur l'Arctique dans lequel les photographies artistiques de Pierre Vernay offrent des visions somptueuses de ce "monde à protéger". Elles sont présentées accompagnées de courts commentaires riches d'informations sur tout ce qu'ont saisi les objectifs de l'auteur.
Je connaissais, bien entendu, l’auteur Mathieu Menegaux de nom et de réputation mais je n’avais jamais parcouru l’un de ses livres. C’est enfin chose faite et cette immersion ne sera sans aucun doute pas la dernière tellement j’ai dévoré ce livre, « Disparaître ».
Voici un livre dont à l’issue de la lecture je suis incapable de répondre sincèrement à la question : »Est-ce que je l’ai aimé ? » . Oui, je le reconnais, cette lecture me laisse un sentiment mitigé, car j’ai vraiment été en proie à des sentiments contradictoires.
Un pur exercice de style, voici ce à quoi se résume pour moi La plus secrète mémoire des hommes.
" L'étranger" d'Albert Camus en bande dessinée. Il fallait le faire.
« La boucherie des amants », c'est une histoire d'amour et de bonheur.
Atavisme et hérédité, fatalité et circonstances, Pascal Duarte jette ses horrifiques et poignantes mémoires sur une liasse de feuillets, en tentant de démêler, de comprendre et de faire comprendre.
Il y a Celle qui brûle et celle qui s'est couchée très, très , très tard pour finir "Celle qui brûle" et savoir si les brûlures étaient graves ou pas !
Parler de la mort, c'est aussi parler de la vie. J'avoue l'avoir oublié quand j'ai reculé devant le thème de Vivre avec nos morts. Un sujet dans lequel je n'avais pas envie d'entrer. Erreur réparée grâce à une amie qui m'a prêté le livre.
S'agissant de la littérature provençale, je serais plutôt plus proche aujourd'hui de celle de Jean Giono que de celle de Marcel Pagnol. Les deux hommes, de la même génération, se sont d'ailleurs connus et n'étaient pas franchement des amis, même s'ils ont parfois collaboré sur certaines productions. Je ne sais pas trop ce qui les opposait. Selon René Frégni avec lequel j'avais abordé ce sujet, il expliquait que cela tenait aux territoires respectifs qui rattachaient chacun des écrivains, Marcel Pagnol plus au sud du côté d'Aubagne et de Marseille et Jean Giono plus au nord du côté de Manosque, des terres peut-être plus hostiles que celles inondées par le soleil marseillais.
La narratrice de ce récit, Alexandra, surnommée "Lex", Gracie, est l’aînée d’une famille où les 7 enfants ont été maltraités par leurs parents, surtout le père qui s’est suicidé juste avant l’arrivée des autorités.
Les enfants aiment toujours autant jouer avec des ficelles, ils peuvent même y passer beaucoup de temps. Ce livre pourrait leur fournir de belles idées !
On savait déjà que Paris est une fête. Mais tenez-vous bien, Hemingway is back pour rajouter que le soleil se lève aussi ……. À Pampelune, si señor !
Je trouve la traduction française du titre du roman "Rogue Cop" - Flic voyou - assez fantaisiste et de nature à décourager des lecteurs peu ou pas familier avec les romans policiers tout noirs américains d’après-guerre, un genre dans lequel l’auteur a excellé.
C'est un monument qu'a écrit Mme Oates, pesant à l'instar de cette femme dont la, courte, vie fut un roman.
Ouvrage reçu dans le cadre d'une opération Masse critique privilégiée, je tiens tout d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions Kennes pour l'envoi de cet ouvrage, d'autant plus que sur les cinq reçus et terminant ainsi ma lecture du quatrième, celui-ci est celui que je préfère.
Noir , c'est noir .
Je me suis jeté avec dévotion et gourmandise vers La Religieuse que voici, en tout bien tout honneur bien entendu. Étant agnostique, c'est avec une distance vis-à-vis du fait religieux que je suis venu vers ce roman dont j'entendais parler depuis des lustres, avec néanmoins une curiosité sans entrave.
Well, well, well... j'ai enfin commencé la trilogie Grisha !
Je viens de finir la troisième partie de cette trilogie New-Yorkaise. Ce dernier roman paraît moins nébuleux et plus accessible que les deux premiers "La cité de verre" et "Revenants".
Certains diront sans doute "Encore un recueil de fables de La Fontaine illustrées pour les enfants !". Eh bien oui ! Et alors ? On ne s'en lasse pas.
[Un billet deterre, qui date de 2016. Par paresse je n'y ai rien change.]
En 1916, Sophie est revenue dans son village.
Décidément la littérature fantasy n'en finit plus de m'enchanter, une infinité d'univers et de contextes, une découverte à chaque fois ou presque, et parfois une alchimie particulière qui nous offre une lecture parfaitement addictive, de celles qui vous font lire en marchant.