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les néolibéraux s attaquent alors aux dépenses liées aux prestations sociales ainsi qu aux intérêts particuliers des syndicats
on pense alors que les citoyens vont devoir devenir plus autonomes reproche étant fait aux programmes sociaux de les rendre paresseux et dépendants
comme l explique alors thatcher dans sa célèbre formule il n existe alors non pas de société mais tout simplement des familles et des individus auxquels il appartient de prendre les choses en main
le consensus de mille neuf cent quarante-cinq va toutefois subir son coup le plus sévère précisément au moment où tous se réjouiront de l effondrement de l empire soviétique cette autre tyrannie du xxe siècle
en mille neuf cent quatre-vingt-neuf on semble enfin en avoir fini avec le sombre héritage de la seconde guerre mondiale avec l asservissement de l europe de l est
néanmoins beaucoup d autres choses s effondrent avec le modèle soviétique
la social démocratie va en effet perdre sa raison d être en tant qu antidote au communisme
toute forme d idéologie de gauche en réalité toute idée proche d un idéalisme collectif sera ainsi désormais considéré comme un utopisme défaillant susceptible de n aboutir qu au goulag
le néolibéralisme viendra combler ce vide permettant à une poignée d individus d accumuler d immenses richesses au détriment toutefois de l idée d égalité née de la seconde guerre mondiale
l extraordinaire adhésion recueillie par le capital au xxie siècle de thomas piketty démontre tout l enthousiasme avec lequel ont été ressenties les conséquences de l effondrement de la gauche
ces dernières années d autres idéologies sont également apparues afin de combler le besoin humain en idéaux collectifs
la montée du populisme de droite témoigne du renouveau d une fervente aspiration à des communautés nationales pures excluant les immigrés et les minorités
de même les néoconservateurs américains ont avec persévérance refaçonné l internationalisme de l ancienne gauche en cherchant à imposer un ordre mondial démocratique par l emploi de la force militaire des états unis
nous ne saurions répondre à ces évolutions alarmantes par une simple nostalgie
nous ne pouvons nous contenter de revenir au passé
en revanche une nouvelle aspiration en direction de l égalité sociale et économique ainsi que de la solidarité internationale se fait cruellement nécessaire
il ne pourra s agir d un consensus similaire à celui de mille neuf cent quarante-cinq mais nous ferions bien à l occasion de cet anniversaire de nous rappeler pourquoi ce consensus a en premier lieu été forgé
hong kong à l ouverture du dix-neuf e congrès national du parti communiste chinois pcc ce mois ci le président xi jinping a dévoilé son plan de développement en deux étapes visant à faire de la chine un état socialiste moderne d ici deux mille trente-cinq
depuis les commentateurs ne cessent de débattre de la montée en puissance de la chine et des pouvoirs que concentre xi entre ses mains
en effet le programme de xi est beaucoup plus global et novateur que semblent le penser la plupart des observateurs
à l instar de ses prédécesseurs mao tsé toung et deng xiaoping xi a élaboré une stratégie visant à transformer la chine en un pays prospère puissant démocratique culturellement avancé harmonieux et rayonnant au cours des prochaines décennies
la clé de la réussite résidera dans un équilibre entre modernité et socialisme conduit par le pcc
lorsque xi a pris la tête du pcc en deux mille douze des fissures profondes apparaissaient à la fois dans le modèle de développement hérité de deng et dans le modèle néo libéral occidental dominant fondé sur la liberté et l ouverture des marchés
la croissance industrielle rapide de la chine a engendré une corruption omniprésente des inégalités croissantes de revenus et une pollution élevée
les pays occidentaux ont eux aussi connu une montée des inégalités tandis qu ils se remettaient d une crise mondiale dont ils avaient été à l origine une crise qui a notamment réduit leur appétit pour les importations chinoises
conscient que le développement durable ne serait possible que dans un contexte de stabilité sociale ainsi que de gouvernance crédible et transparente xi a consacré les cinq dernières années à une campagne sans précédent de lutte contre la corruption qui a fait tomber quatre cent quarante hauts responsables
au cours de son premier mandat le président chinois a également déployé plus de un cinq cents mesures de réforme destinées à rééquilibrer l économie stabilisant ainsi la croissance annuelle du pib à hauteur d une nouvelle norme à savoir un taux de six virgule sept pour cent en moyenne
le premier mandat de xi a ainsi posé les fondations du programme ambitieux qui a été dévoilé lors du dix-neuf e congrès national
ce plan fixe des objectifs clairs et réalistes visant à faire de la chine une société relativement prospère d ici deux mille vingt et un notamment en élevant le revenu par habitant à plus de douze zéro zéro dollar par an seuil à partir duquel la banque mondiale parle de pays à revenu élevé
le programme de xi établit également une stratégie à plus long terme visant à concrétiser d ici deux mille quarante-neuf le rêve de la chine si cher à ses yeux régénérer le pays et l élever au rang de leader mondial au même titre que les états unis et les autres pays développés
dans le cadre de la vision de xi un pcc transparent contrôlé autonomisé et socialement responsable agira en tant que garant de cette transition
il semble pourtant incompréhensible pour les pays extérieurs à la chine
explication possible contrairement au modèle occidental standard de concurrence des partis politiques dans lequel les mesures politiques naissent d élections périodiques le modèle de développement chinois se fonde sur la capacité d un leadership unipartite à élaborer et adapter son programme
pour un pays aussi vaste et diversifié que la chine cette approche revêt une logique certaine puisqu elle équilibre stabilité et flexibilité
le développement du pays n est pas guidé par la situation de marchés décentralisés mais par les choix d un gouvernement central qui préside à la répartition des biens publics fixe les règles et gère les institutions
pour éviter cette forme d agitation sociale qu impliquerait une concurrence politique le gouvernement central désigne par ailleurs des responsables provinciaux et municipaux clés et tranche les désaccords entre les régions
dans le même temps les gouvernements régionaux et municipaux expérimentent des mesures politiques sur le plan local où interagissent marchés et communautés expérimentations dont les résultats éclaireront la politique nationale
la compétition entre les régions alimente non seulement la croissance économique globale mais permet également de répondre aux besoins spécifiques de chaque région qu il s agisse des mégapoles comme pékin ou des petits villages de la campagne chinoise
la situation sur le terrain étant changeante de nouvelles solutions créant souvent des problèmes nouveaux et imprévisibles une adaptation permanente est cruciale à tous les niveaux
bien entendu la prédominance de l état ne signifie pas que les marchés n ont pas un rôle important à jouer
ces dernières décennies la chine a recouru à des entreprises d état soe pour bâtir des infrastructures clés afin d appuyer le développement des marchés de la chine
les soe jouent encore aujourd hui un rôle majeur dans l ingénierie sociale ainsi que la recherche et développement mais leur modèle d entreprise subit la pression de la mondialisation et des technologies de rupture
c est la raison pour laquelle xi intègre à son programme plusieurs mesures de soutien à l ouverture continue des marchés et notamment le recours à un droit de la concurrence permettant aux marchés de dicter les prix d améliorer la répartition des ressources et de dynamiser la productivité
mais dans un contexte de mondialisation et de changement technologique rapide la libéralisation des marchés a également engendré une autre tendance potentiellement dommageable l émergence d une poignée de géants technologiques ultra dominants
par ailleurs cette libéralisation des marchés s effectue bien souvent à un rythme plus rapide que l avancée des règlementations et contraintes permettant des abus de type spéculation et évasion fiscale
c est pourquoi le gouvernement chinois a renforcé ces dernières années les règlementations et contraintes dans la quasi totalité des secteurs
c est cette apparente contradiction entre l objectif déclaré de libéralisation des marchés et la réalité de règlementations resserrées qui semble susciter la confusion parmi les observateurs extérieurs
la réalité veut toutefois que l aggravation des déséquilibres sociaux ne puisse être résolue qu au travers d une intervention efficace du gouvernement visant à éviter une captation de l état ou cette forme de paralysie susceptible de découler d une concurrence politique excessive
un autre élément a priori contradictoire du programme de xi réside dans son insistance sur le leadership du parti dans toutes les affaires nationales alors même qu un accent est également placé sur le renforcement de l état de droit
mais ici encore un oeil plus attentif décèle une logique simple la transition vers un avenir dans lequel l état de droit sera primordial exige que la chine surmonte son héritage de silos bureaucratiques qui consolident la résistance aux réformes en raison d intérêts particuliers
dans un monde composé de pays très divers chacun avec son propre système complexe dynamique et changeant il ne peut y avoir de recette unique sur la voie du développement
bien que le mode de vie l environnement d affaires et le système social auquel aspirent tous les pays soit le même ils y parviendront de leur propre manière déterminée par leurs besoins spécifiques préférences structures et héritage
la chine a désormais tracé cette feuille de route consciente toutefois qu elle pourra être révisée si nécessaire et qu elle le sera certainement
berlin la crise financière et économique survenue en deux mille huit a constitué la plus grande mise à l épreuve économique depuis la grande dépression ainsi que le plus important défi auquel ont été confrontés le système social et le système politique depuis la seconde guerre mondiale
elle a non seulement mis en péril les marchés financiers et les monnaies mais également exposé un certain nombre de défaillances réglementaires et de gouvernance qui ne sont encore aujourd hui pas entièrement résolues
en effet la crise de deux mille huit laissera certainement derrière elle le souvenir d un moment charnière mais pas parce qu elle aura conduit à des réformes permettant de renforcer la résilience économiques et de mettre un terme aux vulnérabilités
au contraire l incapacité des dirigeants à tirer les leçons de la grande récession et à agir en conséquence risque d ouvrir la voie à une série de nouvelles crises économiques ou autres au cours des prochaines décennies
quel que soit le degré de gravité des crises qui nous attendent les historiens du siècle prochain observeront sans doute avec désolation notre manque de vision à long terme
ils raconteront comment les analystes et régulateurs se sont étroitement concentrés sur la réparation du système financier en renforçant les programmes nationaux de courte vue
les historiens y verront certes une démarche compréhensible mais certainement pas constitutive de l unique impératif
pour préparer le monde à affronter les défis engendrés par la mondialisation et le développement technologique dans une démarche de durabilité et de croissance équitable les institutions de gouvernance et les réglementations au niveau national et international devront être radicalement améliorées
or les efforts investis à cet égard se révèlent bien insuffisants
pire encore dans la mesure où les correctifs partiels apportés au système financier permettront encore davantage de mondialisation ils finiront par aggraver la situation à mesure qu augmentera la pression sur une gouvernance et des cadres réglementaires déjà inadéquats pas seulement dans le domaine de la finance mais également en matière économique et technologique
dans le même temps il faut s attendre à ce que les investissements colossaux consacrés à la sécurisation de taux de rendement supérieurs alimentent l innovation technologique éprouvant encore davantage les systèmes réglementaires dans le domaine de la finance et au delà
les avancées technologiques majeures appuyées par l argent bon marché peuvent conduire les marchés à évoluer si rapidement que le changement politique et institutionnel ne peut suivre le rythme
de nouveaux marchés peuvent par ailleurs émerger et conférer des gains considérables aux adopteurs et investisseurs précoces qui bénéficient de leurs quelques pas d avance restante par rapport aux régulateurs nationaux et internationaux
c est ce qu il s est produit à l approche de la crise de deux mille huit
de nouveaux instruments financiers nés de la technologie ont créé des opportunités permettant à quelques uns d amasser des sommes considérables
or les régulateurs ne sont pas parvenus à suivre le rythme des innovations ce qui a fini par générer des risques qui ont affecté l économie entière
intervient ici une différence fondamentale entre les crises mondiales du xxie siècle et par exemple la grande dépression des années mille neuf cent trente ou en réalité n importe quel krach boursier passé
compte tenu de la croissance du secteur financier davantage d acteurs bénéficient d une sous réglementation et d une faible gouvernance à court terme ce qui rend les crises d aujourd hui plus difficile à prévenir
ajoutant à cette complexité les systèmes affectés par les crises contemporaines s étendent au delà de la compétence de n importe quel organe réglementaire
les crises se révèlent ainsi encore plus ingérables et leurs conséquences y compris leur influence sur les sociétés et les politiques plus difficiles à prédire
les prochaines crises qui découleront probablement d un nationalisme grandissant ainsi que d une absence croissante de prise en compte des sciences et prises de décisions politiques basées sur les faits seront peut être financières mais elles pourraient impliquer également des aspects aussi divers que les migrations le commerce le cyberespace la pollution et le changement climatique
ceci rend plus difficile non seulement la prévention des crises notamment parce qu apparaissent des opportunités permettant aux acteurs de se jouer du système et de fuir leur responsabilité mais également la réponse aux crises
celle de deux mille huit a violemment mis en lumière combien nous échouons à répondre rapidement aux catastrophes notamment à celles engendrées par une gouvernance fragmentée
bien entendu comme le démontre le rapport deux mille dix-huit de la hertie school sur la gouvernance des progrès ont été accomplis dans la prévention et la gestion des crises
nous devons cependant nous montrer plus vigilants face au risque de voir des événements survenant dans des domaines très divers de la finance aux technologies numériques en passant par le changement climatique échapper aux capacités de gouvernance des institutions nationales et internationales
nous devons dresser des scénarios de crise élaborer des plans d urgence face aux éventualités de bouleversement dans tous les domaines et prendre des mesures plus fortes pour atténuer les risques notamment en gérant les niveaux de dette qui demeurent aujourd hui encore plus élevés qu avant la crise de deux mille huit dans les économies développées
il nous faut par ailleurs veiller à conférer aux institutions internationales les ressources et les responsabilités nécessaires
de même en sanctionnant ceux qui accentuent les risques pour servir leurs propres intérêts nous pourrions renforcer la légitimité de la gouvernance mondiale et des institutions censées la conduire
en l état actuel des choses une mauvaise coordination transfrontalière et une mise en application insuffisante des accords internationaux font considérablement obstacle à la prévention et gestion des crises
or loin de remédier à cette fragilité le monde renoue avec un modèle obsolète de souveraineté nationale qui plus probables encore les crises de différents types
à moins que nous changions rapidement de cap le monde de deux mille cent dix-huit aura toutes les raisons de nous regarder avec condescendance
berkeley pour résoudre un problème il ne suffit pas de savoir quoi faire
il faut en outre mettre en oeuvre la solution et être disposé à changer de cap s' il s' avère que vous n' étiez pas aussi bien renseigné que vous le pensiez
c' est le message de deux livres récents qui à eux deux nous apprennent tout ce qu' il faut savoir sur la crise financière de deux mille huit ce qui l' a provoquée ce qui peut être fait pour empêcher qu' elle ne se reproduise et les raisons pour lesquelles ces choses restent encore à faire
le premier livre est the shifts and the shocks par le journaliste britannique conservateur martin wolf qui commence par cataloguer les changements majeurs qui ont préparé le terrain pour le désastre économique qui continue de façonner notre monde actuel
son point de départ est la montée énorme des richesses parmi zéro virgule un pour cent et zéro virgule zéro un pour cent des personnes les plus riches du monde et la pression qui en résulte pour les citoyens les gouvernements et les entreprises qui doivent supporter des niveaux de dette de moins en moins durables
pendant ce temps les décideurs se sont bercés dans la complaisance de l' acceptation généralisée de théories économiques du type de l' hypothèse du marché efficient qui présuppose que les investisseurs agissent rationnellement et utilisent toutes les informations disponibles lors de leur prise de décision
en conséquence les marchés ont été déréglementés ce qui a rendu plus facile à des actifs commerciaux d' être perçus comme inoffensifs alors qu' en définitive ils ne l' étaient pas
ainsi le risque systémique a proliféré au delà des plus folles espérances des dirigeants des banques centrales
les hypothèses non contestées et finalement erronées ont créé un environnement de projets politiques définissable uniquement sous le terme d' hubris
les pouvoirs publics ont sous estimé les risques extrêmes
ils ont placé leurs objectifs d' inflation autour de deux pour cent laissant ainsi peu de place pour manoeuvrer en cas de mer houleuse
mesure plus audacieuse encore l' union européenne a introduit l' euro comme monnaie commune
en effet l' élaboration mal inspirée des mesures a continué longtemps après le début de la crise
les politiciens ont répondu à la dégradation des conditions économiques en se conformant toujours aussi strictement que possible aux recommandations qui avaient échoué en veillant à ne rien faire de plus que le strict nécessaire pour traiter la plus grande catastrophe économique depuis la crise de mille neuf cent vingt-neuf
dans l' immédiat il suggère que les pays dotés de monnaies de réserve dépensent davantage surtout pour financer les investissements publics et émettent davantage de dette
il soutient que leurs banques centrales doivent augmenter leurs objectifs d' inflation à trois pour cent voire même à quatre pour cent par an