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Les chevaux légendaires du Pas-de-Calais sont des animaux fabuleux et diaboliques de couleur blanche, mentionnés dans le folklore de l'Artois, du Ternois et du Boulonnais sous divers noms. La blanque jument apparaissait, dit-on, à la tombée du jour ou au milieu de la nuit pour tromper les enfants et les hommes. Elle tentait ces derniers pour la monter, et son dos pouvait s'allonger pour accueillir, en général, jusqu'à sept cavaliers. Dès qu'ils étaient bien installés sur son dos, elle les entraînait dans des pièges ou les jetait à l'eau. Cet animal est mentionné sous le même nom à Samer.
Ech goblin et le qu'vau blanc de Saint-Pol-sur-Ternoise, qui portait un collier à clochettes pour attirer ses victimes, jouent le même rôle, tout comme ch'blanc qu'vo de Maisnil, ou encore l'animal de Vaudricourt, cheval blanc ou âne gris qui emporta vingt enfants et finit par les noyer. Toutes ces légendes propres à la région rejoignent un folklore français où abondent les chevaux blêmes et maléfiques en relation avec la nuit, l'eau, et leurs dangers.
Les noms de blanque jument (blanche jument), qu'vau blanc (cheval blanc), ech goblin (le gobelin) ou encore ch'blanc qu'vo (le cheval blanc) sont tous mentionnés dans le département du Pas-de-Calais, généralement vers le XIXe siècle dans leurs tournures originales, soit en langue picarde.
La région du Nord-Pas-de-Calais regorge de légendes, qu'elles soient attachées à des arbres, des pierres, des monts, des fantômes, au diable, aux géants, aux saints ou aux animaux fantastiques. Selon Bernard Coussée, « il n'est pas une cité, un village, un bourg qui n'ait une part d'énigme à raconter ». Parmi les animaux fantastiques, le cheval est mentionné plusieurs fois dans le département du Pas-de-Calais. Ces légendes partagent plusieurs points communs quant à la vision de ces chevaux blêmes, à la symbolique négative, au dos qui s'allonge et qui finissent tous par se débarrasser de leurs cavaliers, généralement en les jetant à l'eau.
Selon Bernard Coussée et la société de mythologie française, la blanque jument apparaît pendant les nuits de pleine lune dans la région du Boulonnais. Son dos peut s'allonger pour permettre à sept cavaliers de s'y asseoir, mais l'animal fabuleux finit toujours par s'en débarrasser dans l'eau. Cette légende est également fréquente en Artois, et particulièrement dans le Ternois,.
Le cheval boulonnais est en outre une race de chevaux de trait bien réelle et propre à la région, portant une robe gris clair souvent perçue comme blanche. Aucun lien entre cette race de chevaux et les légendes mettant en scène des chevaux blancs n'a été mis en avant.
La blanque jument est mentionnée en détail dans la lettre d'un médecin, M. Vaidy, destinée à M. Eloi Johanneau, le 4 juin 1805 à Samer. Elle est consignée par l'Académie celtique :
« Enfin, mon cher ami, je suis allé visiter les Tombelles, guidé par une paysanne qui m'a dit, sans que je le lui demandasse, que ce lieu était le cimetière d'une armée étrangère qui avait occupé les environs de Questreque, il y a bien longtemps. Cette ancienne sépulture est aujourd'hui un petit terrain communal, situé à une demi-lieue sud de Samer, et trois-quarts de lieue sud-ouest de Questreque, dans une plaine aride, au pied du mont de Blanque-Jument (...) Le mont de Blanque-Jument, suivant la tradition des habitants de Samer, est ainsi nommé, parce qu'on voyait autrefois sur son sommet une jument blanche, d'une beauté parfaite, qui n'appartenait à aucun maître, et qui s'approchait familièrement des passants et leur présentait sa croupe à monter. Tous les gens sages se gardèrent bien de céder à une pareille séduction. Mais un incrédule ayant eu, un jour, la témérité de monter la blanque-jument, il fut aussitôt terrassé et écrasé. Depuis ce temps, la jument ou plutôt l'esprit qui avait pris cette forme, n'a plus reparu. »
— Dr Vaidy, Mémoires de l'Académie celtique
Cette histoire est reprise de la même façon par Paul Sébillot, dans son ouvrage inachevé Le folklore de France et mentionnée rapidement par Henri Dontenville, créateur de la Société de mythologie française,. Le lieu-dit « de Blanque jument » est situé au sud de Samer, près du Breuil, et semble mentionné sous ce nom dès 1504.
Ech goblin, également connu sous le nom de qu'vau blanc, ou ch'gvo blanc, est une créature très proche de la blanque jument, mentionnée au XIXe siècle comme un genre de lutin, plus précisément un gobelin capable de prendre la forme d'un mammifère fantastique possédant un long pelage blanc, et portant autour du cou un collier garni de clochettes. Le son mélodieux de celles-ci pousse les gens et surtout les enfants à chevaucher l'animal dès qu'ils l'entendent. Le dos d'ech goblin s'allonge au fur et à mesure que des personnes l'enfourchent. Lorsqu'il en porte suffisamment, il court à toute vitesse vers la rivière la plus proche pour y noyer ses cavaliers,. Le soir, cette créature se cacherait dans des carrières ou des excavations le long de routes qui mènent vers la forêt.
Jusque dans les années années 1830, Ech goblin était évoqué pour effrayer les enfants désobéissants, auxquels on disait « Gare a ti, v'lo ch'goblin », essentiellement dans la région de Saint-Pol-sur-Ternoise, près de Béthune,. Ech goblin était aussi le nom donné à la voiture des ramasseurs de boues dans la région, à laquelle était attelé un cheval ou un âne muni de grelots.
Ch'blanc qu'vo est mentionné par l'elficologue Pierre Dubois dans son Encyclopédie des fées comme un cheval fabuleux propre à Maisnil, dont la crinière est garnie de grelots. Mlle Leroy rapporte dans l'ouvrage d'Henri Dontenville, La France mythologique, que selon un folkloriste artésien, ch 'blanc qu'vo se confond avec ech goblin « dont on menaçait les enfants insupportables ».
Deux créatures similaires sont mentionnées à Vaudricourt, l'une comme un âne gris et l'autre comme un cheval blanc.
Claude Seignolle parle dans ses Évangiles du Diable d'un âne gris qui apparut sur la place de Vaudricourt pendant la messe de minuit et se laissa docilement chevaucher par les enfants qui fuyaient l'église, tout en allongeant son dos pour que vingt d'entre eux puissent s'y placer. Lorsque la messe s'acheva, il s'élança à toute vitesse et plongea dans un abreuvoir où toutes ses victimes furent noyées. Depuis, ce cheval réapparaît à chaque nuit de Noël en portant les enfants damnés, fait le tour du village, rejoint son point de départ à minuit et rentre dans l'abreuvoir dont il est sorti.
Pierre Dubois mentionne la même histoire dans son Encyclopédie des fées, mais il s'agit cette fois d'un « magnifique cheval blanc » qui noie ses jeunes cavaliers dans une mare sans fond, et disparaît dans un gouffre après chacune de ses réapparitions le jour de Noël.
La blanque jument et ses équivalents dans l'ouest du Pas-de-Calais présentent des caractéristiques très similaires à celles d'autres chevaux fabuleux du folklore populaire, français et allemand notamment. Le Dictionnaire des symboles cite un grand nombre de « chevaux néfastes, complices des eaux tourbillonnantes ».
L'origine exacte de ces légendes n'est pas connue, mais dès l'époque romaine, Tacite évoquait des chevaux blancs dans des bocages sacrés, qui fascinaient les populations. Ces chevaux fabuleux pourraient être issus du souvenir des sacrifices rituels de chevaux pratiqués par les Gaulois, qui les effectuaient le plus souvent dans l'eau, comme « offrande aux puissances des éléments » ou en l'honneur du Soleil. Enfin, quelques éléments sont à rapprocher de la légende du cheval Bayard, que Charlemagne tenta de noyer en lui attachant une meule autour du cou. Bayard présente la particularité d'avoir une échine qui s'allonge pour porter les quatre frères Aymon, tout comme la blanque jument. Henri Dontenville verrait bien dans Bayard un mythe issu du cheval sacré des Germains, qui aurait lui-même donné la blanque jument et le bian cheval, mais Bayard est clairement décrit de couleur brun-rouge.
L'échine qui s'allonge chez la blanque jument, et que l'on retrouve dans bon nombre d'autres légendes à propos de chevaux-fées, serait selon Bernard Coussée un ajout postérieur, influencé par d'autres légendes, puisque des histoires à propos de chevaux blancs qui noient les imprudents circulaient dans le Pas-de-Calais depuis longtemps, et qu'elles avaient pour fonction d'éloigner les enfants des zones dangereuses en les effrayant. Ce serait selon Henri Dontenville une caractéristique serpentine, ou du moins reptilienne. En effet, « il n'y a qu'à regarder se dérouler un serpent ou plus simplement un ver de terre pour comprendre d'où vient ce mythe ».
Il existe beaucoup d'autres chevaux dans le folklore français dotés d'une croupe et d'un dos extensibles ou d'un lien avec l'eau, comme le mentionne l'elficologue Pierre Dubois dans son Encyclopédie des fées en citant le cheval Mallet, Bayard (l'un des rares qui ne soient pas mentionnés comme maléfiques), le cheval de Guernesey, ou encore celui de l'Albret, aux côtés de la blanque jument. La plupart de ces « chevaux-fées » finissent par noyer leurs cavaliers après les avoir tentés de les enfourcher. Pierre Dubois dit que « ces animaux sont issus des Pégases et des Licornes, s'ils sont devenus farouches, c'est que les hommes n'ont pas su les apprivoiser ». L'histoire est souvent très similaire, et met en scène un beau cheval blême apparaissant au milieu de la nuit, qui se laisse gentiment chevaucher, avant d'échapper au contrôle de son ou de ses cavaliers. L'un des moyens de s'en débarrasser est d'effectuer un signe de la croix, ou de réciter trois Notre Père.
La couleur blanche « lunaire » de ces animaux est celle des chevaux maudits. Plusieurs ouvrages, comme le Dictionnaire des symboles, s'attachent à ces chevaux « blêmes et pâles », dont la symbolique est l'inverse des chevaux blancs ouraniens, comme le Pégase. Selon Jean-Paul Clébert, il s'agit d'animaux à la blancheur « nocturne, lunaire, froide et vide ». Comme un suaire ou un fantôme, ils évoquent le deuil, à l'instar de la monture blanche d'un des quatre cavaliers de l'Apocalypse, qui annonce la mort. Henri Gougaud attribue la même symbolique à la blanque jument, « nocturne, livide comme les brumes, les fantômes, les suaires ». Il s'agit d'une inversion de la symbolique habituelle à la couleur blanche, une « apparence trompeuse » et une « confusion des genres ».
Plusieurs y voient aussi un archétype des chevaux de la mort, la blanque jument partage la même symbolique que le Bian cheval des Vosges ou le Schimmelreiter allemand,, animal de la catastrophe marine qui rompt les digues pendant les tempêtes, et dont elle est un « proche parent » négatif et sinistre. En Angleterre et en Allemagne, rencontrer un cheval blanc est signe de mauvais augure ou de mort.
Ces créatures équines du Pas-de-Calais sont toutes plus ou moins assimilées à la transformation d'un esprit, d'un lutin ou du Diable lui-même. L'Académie celtique assure que la blanque jument du Boulonnais est la manifestation d'un esprit, et Claude Seignolle assimile l'âne gris de Vaudricourt à une transformation du Diable en animal. Édouard Brasey voit dans la blanque jument et le Schimmel Reiter des esprits follets ou des croque-mitaines chargés d'effrayer les enfants désobéissants, par opposition au cheval Mallet qui serait une forme du Diable lui-même. Ech Goblin est assimilé à un gobelin, c'est-à-dire une sorte de lutin qui se transformait pour effrayer les enfants. Ch'qu'vau blanc est ce même gobelin, qui prend la forme d'un animal blanc.
Une étude consacrée aux changelins fait remarquer qu'« au bord de l'eau, les silhouettes du lutin et du cheval tendent à se confondre ». Selon une autre étude sur le nain au Moyen Âge, il existe entre les lutins et les chevaux fantastiques (ou chevaux-fées) des liens très étroits car, dans les chansons de gestes comme dans le folklore plus moderne, lorsque le petit peuple adopte une forme animale, c'est le plus souvent celle d'un cheval. L'auteur japonais Yanagida y voit une transformation rituelle du cheval dans l'élément liquide, et note que dès le Néolithique, les génies des eaux sont en rapport avec les équidés.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
TOCA Touring Car Championship est un jeu vidéo de course automobile développé par Codemasters sur PlayStation et PC. Il est sorti en Europe en novembre 1997, puis en février 1998 au Japon, et en septembre de la même année en Amérique du Nord, où, édité par The 3DO Company, il est intitulé TOCA Championship Racing. En Europe, le jeu est réédité dans la gamme Platinum en 1998, puis dans la gamme à bas prix Value Series. En novembre 2000, THQ développe un portage avec un système de jeu différent pour la Game Boy Color, développé par le studio Spellbound Software.
Le jeu met en scène les écuries et les circuits du championnat britannique des voitures de tourisme 1997 dans divers modes de jeu, dont le championnat, permettant au joueur d'affronter les pilotes de la saison 1997 ou de s'adonner au multijoueur. TOCA Touring Car Championship inclut notamment des commentaires dits par l'ancien pilote de Formule 1 Tiff Needell pour la version en anglais.
À sa sortie, TOCA Touring Car Championship est bien accueilli par la presse spécialisée, qui salue la bonne prise en main des véhicules et le réalisme des courses du jeu ; celui-ci étant l'un des pionniers du jeu vidéo de simulation automobile, à quelques mois de la sortie de Gran Turismo. En cela, les spécialistes estiment que ce jeu est un savant mélange du réalisme de Formula 1 et de Destruction Derby, pour ses accidents en course et les dommages subis par les voitures. Les graphismes du jeu sur PC, en partie sacrifiés au profit de la fluidité de l'animation, laissent cependant la critique perplexe.
Le jeu s'avère être un succès commercial dès sa sortie, avec plus de 550 000 exemplaires écoulés en Europe en 1998, donnant lieu à la publication de TOCA 2 Touring Cars en décembre 1998, puis à une série de jeux, développée jusque dans les années 2010.
TOCA Touring Car Championship, disposant de la licence de TOCA, société organisatrice du championnat britannique des voitures de tourisme, prend pour cadre la saison 1997 de cette compétition. Le joueur peut ainsi piloter pour l'une des huit écuries du championnat et affronter les quinze autres concurrents participants (deux pilotes par écurie) et disputer des courses sur les neuf circuits composant le championnat.
TOCA Touring Car Championship est un jeu vidéo de course automobile en trois dimensions. Les véhicules figurant dans celui-ci sont des voitures de supertourisme, dont le joueur peut choisir le réglage de la boîte de vitesses, automatique ou manuelle. Le but du jeu est d'incarner un pilote dont le joueur sélectionne le nom et d'affronter quinze autres adversaires sur les neuf circuits du Royaume-Uni composant le championnat. Chacune des huit écuries présentes dispose de deux voitures pour le championnat, soit seize pilotes au total. Quatre types de vues sont proposées : une vue arrière rapprochée ou éloignée de la voiture, une vue depuis le moteur, et une vue interne depuis l'habitacle.
Une manche se compose d'une session de qualifications et d'une course. Le joueur peut choisir de commencer l'épreuve par n'importe laquelle de ces étapes. La séance de qualifications offre trois tours afin d'obtenir la meilleure place possible sur la grille de départ. Si le joueur décide de commencer l'épreuve directement par la course, alors il part de la dernière position.
TOCA Touring Car Championship propose divers modes de jeu, dont le mode multijoueur, permettant à deux (version PlayStation) ou huit joueurs (version PC) de s'affronter en écran partagé ou en réseau local.
La course simple permet au joueur de disputer une course, avec une voiture et un circuit prédéfinis. Au préalable, il peut paramétrer le nombre de tours à parcourir, entre 1 et 20, la météo (beau, couvert, pluie, orage, brume, neige ou par défaut — c'est-à-dire, la météo choisie pour tel circuit en mode championnat), le niveau de difficulté (facile, moyen, dur). Il peut également décider de jouer la partie en multijoueur, les participants pouvant alors choisir d'accorder une vitesse accrue au joueur qui perdra la course, pour la course suivante. Au début du jeu, seuls deux circuits sont disponibles ; les autres doivent être débloqués en progressant dans le mode championnat.
Le mode championnat offre la possibilité de participer au championnat britannique des voitures de tourisme. Celui-ci est organisé en douze rencontres de deux manches chacune, soit vingt-quatre manches. Le joueur peut choisir la durée du championnat : court, seul le tiers de la distance de course est à parcourir ; entier, l'intégralité de la distance de course officielle est à disputer. Chaque manche se compose d'une séance de qualifications et d'une course. Celui qui décroche la pole position marque un point. En course, les dix premiers marquent entre un et quinze points. Afin de continuer le championnat, le joueur doit totaliser vingt points par rencontre. Toutefois, toute conduite dangereuse ou antisportive est sanctionnée d'un avertissement affiché à l'écran. Au bout de trois avertissements, quatre points sont retirés au classement général, puis six points après cinq avertissements. Au sixième avertissement, le pilote est disqualifié de la course. Toutes les six rencontres, des coupes sont attribuées au joueur en fonction de ses performances et permettent de débloquer un circuit bonus, deux voitures cachées et des codes de triches. On peut par exemple débloquer un char d'assaut permettant de tirer sur les autres véhicules ainsi qu'un circuit avec de la lave. Remporter le mode championnat donne la possibilité de jouer au mode confrontation TOCA, consistant à refaire le championnat sur des circuits miroirs.
Le mode contre-la-montre consiste à réaliser le meilleur temps sur un tour de circuit avec des conditions climatiques choisies par le joueur. Une fois qu'un temps de référence est établi, celui-ci est matérialisé par une voiture fantôme, qu'il faut logiquement battre pour améliorer le temps préalablement effectué. Pendant la période d'exploitation du jeu, les joueurs peuvent inscrire leurs performances sur le site internet de Codemasters et ainsi se comparer aux autres.
La version Game Boy Color offre un système de jeu différent, en raison des limitations techniques de la plate-forme. En effet, le jeu affiche une vue en 3D isométrique typique des jeux de cette console. Si les modes championnat et contre-la-montre restent inchangés, une seule voiture par écurie est engagée en course (soit un total de huit concurrents en piste). Le mode course simple permet au joueur de paramétrer des options plus restreintes par rapport aux versions PlayStation et Windows (course de 3 à 18 tours, modes de difficulté normal ou difficile, piste sèche ou humide). Tous les circuits du jeu sont débloqués dès le départ, sans que le joueur ait à réussir le mode championnat pour cela. Enfin, le mode multijoueur offre la possibilité à huit joueurs de s'affronter à tour de rôle,.
Le projet TOCA Touring Car Championship est lancé par le développeur Codemasters dans le courant de l'année 1996 et nécessite environ dix-huit mois de travail. L'équipe, dirigée par Gavin Raeburn, compte vingt-six programmeurs, mobilisés six jours par semaine au rythme de quatorze heures de travail par jour lors de la phase finale du développement du jeu. Disposant de la licence de TOCA, la société organisatrice du championnat britannique des voitures de tourisme, Codemasters travaille en collaboration avec celle-ci pour reproduire fidèlement les caractéristiques du championnat : noms des pilotes et écuries du championnat, voitures aux capacités plus ou moins égales, nombreux accidents, frottements et collisions dans les virages. Les concepteurs ont également représenté les voitures de course avec précision, en faisant apparaître les sponsors des écuries et les panneaux publicitaires présents sur chaque circuit. Afin de modéliser de façon réaliste les voitures de tourisme, chacune d'elles est scannée au laser avec une précision d'un quart de millimètre. Celles-ci sont texturées dans plusieurs conditions, selon qu'elles soient endommagées ou intactes. En outre, les infographistes ont bénéficié du concours des relevés topographiques de l'Ordnance Survey, département non-ministériel du gouvernement britannique chargé de la cartographie du Royaume-Uni, pour modéliser les circuits. Ceux-ci sont aussi filmés sous différents angles de vue et les abords de chaque circuit ont été photographiés, avant d'être modélisés en trois dimensions. Ainsi, le moteur de jeu Track block permet au joueur, à l'instar de Destruction Derby, de sortir de la piste et de visiter les alentours des circuits. Le jeu affiche une cadence de vingt-cinq images par seconde, détaillées de 3 000 polygones. Sur PC, Codemasters admet que la non-utilisation d'une carte accélératrice 3D nuit fortement à la qualité graphique du jeu.
En 1999, Codemasters et l'éditeur THQ annoncent la préparation d'un portage du jeu pour Game Boy Color pour le mois de septembre de cette même année, mais la date de sortie est reportée. Lors de l'Electronic Entertainment Expo 2000, qui se tient du 11 au 13 mai à Los Angeles, les développeurs Spellbound Software et Codemasters présentent officiellement le portage de TOCA Touring Car Championship pour la console de Nintendo. Il se distingue des versions pour PlayStation et PC d'un mode multijoueur enrichi des modes Tournoi et Knock-Out, mais seulement huit voitures prennent part aux courses, soit une par écurie.
La version PlayStation est publiée par Codemasters en Europe en novembre 1997, puis le 11 février 1998 au Japon par Lay-Up, et le 2 septembre 1998 aux États-Unis par The 3DO Company. En Europe, le jeu est réédité en 1998 dans la gamme Platinum, puis dans la gamme à bas prix Value series. La version PC du jeu est disponible en Europe dès novembre 1997, puis le 23 février 1998 au Japon, et le 25 septembre 1998 en Amérique du Nord. En novembre 2000, un portage pour Game Boy Color, développé par Spellbound Software en collaboration avec Codemasters et édité par THQ, est publié en Europe et en Amérique du Nord. Dans la version anglaise, les commentaires sont assurés par l'ancien pilote Tiff Needell.
Un mois avant la sortie du jeu, Codemasters invite une quarantaine de journalistes spécialisés venus de toute l'Europe sur le circuit de Brands Hatch en Angleterre afin de les initier au pilotage, de découvrir le jeu, et ainsi prouver le réalisme de la simulation en comparant les sensations vécues sur circuit, puis sur console. L'initiation au pilotage, consiste à l'essai, en compagnie de pilotes du championnat britannique de Formule Ford, de voitures de tourisme préparées par le constructeur allemand BMW et de monoplaces de Formule Vee. Un second exercice consiste à effectuer des slaloms à bord d'une voiture de course, tout en essayant de ne pas faire tomber une balle placée sur un contenant attaché sur le capot. Les journalistes ont enfin pu tester le jeu, dans des conditions de simulation optimale, avec l'utilisation d'un siège baquet, d'un écran géant et d'un volant,.
TOCA Touring Car Championship connaît un grand succès commercial. Au premier semestre de l'année 1998, 600 000 exemplaires de la version PlayStation se sont vendus en Europe. Selon VG Chartz, il s'est écoulé à un total de 2,28 millions d'unités, dont 2 millions en Europe, 70 000 en Amérique du Nord et 20 000 au Japon.
La version pour PlayStation de TOCA Touring Car Championship est globalement très bien accueillie par la presse spécialisée. Le magazine britannique Edge affirme qu'il n'y a pas au moment de sa sortie « d'autres jeux de course sur PlayStation qui atteignent un tel niveau de jouabilité et d'excitation pure », jugeant que les « graphismes rudes » sont le seul point négatif. Pour le site GameSpot, la production de Codemasters a « la jouabilité et les graphismes incroyables de Gran Turismo, tout en disposant des dégâts réalistes des voitures de Destruction Derby », et s'avère être « l'un des meilleurs jeux de course », l'un des plus amusants. Du côté de la presse francophone, le mensuel Player One se montre plus nuancé et considère que TOCA Touring Car Championship « n'est pas à proprement parler un jeu fun, mais il se révèle fort intéressant dès lors que l'on entame un championnat ». PlayStation Magazine loue « le plus réaliste des jeux de course » à cette époque, mais souligne « sa grande difficulté » qui pourrait décourager certains joueurs. Enfin, le magazine Consoles + est du même avis, remarquant notamment un « mode 2 joueurs particulièrement efficace car très rapide ».
Quant au portage pour PC, les critiques sont tout aussi positives. Le magazine anglais Computer and Video Games salue « le plus excitant jeu de course qui soit sur PC et PlayStation », même s'il peut être « un peu terne » par rapport à un Formula 1 97 ou à un V-Rally. Pour le mensuel australien PC PowerPlay, TOCA Touring Car Championship est le « deuxième meilleur jeu de course jamais réalisé », derrière Grand Prix 2, développé par MicroProse Software en 1996, mais regrette la dimension arcade de ce jeu. Le site IGN apprécie « un jeu très agréable qui offre tout ce qu'un jeu de course devrait offrir : le défi, l'excitation et le divertissement ». Quant au magazine français Gen4, celui-ci estime que « TOCA marque surtout par l'originalité de son sujet » et est plus réaliste en termes de pilotage que Screamer Rally, sorti sur PC la même année.
Concernant le portage sur Game Boy Color, le magazine anglais Total Game Boy, qui le considère comme « la meilleure expérience de pilotage que l'on peut trouver, à moins de s'acheter sa propre voiture », applaudit « la crème des jeux de course sur GBC », appréciant notamment la vue isométrique, pourtant très classique. De son côté, Jeuxvideo.com loue un « très bon jeu [...] qui rend justice et à la Game Boy Color et à la série des TOCA » : le site français salue la bonne longévité du mode championnat et le mode huit joueurs, possible à tour de rôle et affirme plus généralement que ce jeu montre que « l'on peut faire réaliste sur Game Boy Color ».
Les graphismes trouvent un accueil plutôt mitigé. PlayStation Magazine estime que TOCA Touring Car Championship aurait « pu être plus beau », mais admet que l'animation aurait alors été « amoindrie ». Le mensuel français remarque également la présence de clippings. Player One rajoute que les graphismes des circuits sont « dépouillés », tout en considérant que « les voitures sont bien faites », alors que Consoles + juge que « les environnements sont nombreux tout comme les effets spéciaux ». Le magazine Edge a un avis plus tranché, en pointant les graphismes comme le seul bémol de ce jeu, estimant que les joueurs « vont froncer les sourcils » en les comparant avec ceux de Formula 1 97, produit la même année par Psygnosis, mais le mensuel britannique reconnaît que ces deux jeux souffrent de pop-up. Enfin, GameSpot reconnait ce dernier point ; cependant, les critiques sont bien plus positives, arguant que TOCA est un jeu graphiquement « supérieur à la moyenne », appréciant les lumières des phares des voitures, la modélisation des voitures ou encore « le brouillard qui est expulsé des pneus quand la piste est humide ».
Pour le portage pour PC, les critiques restent dubitatives. Le mensuel Gen4, à l'instar de l'ensemble de la presse spécialisée, regrette la nécessité de s'équiper d'une carte accélératrice 3D, sans quoi le jeu, même « avec la résolution et les niveaux de détails les plus bas possibles, rame de manière insupportable ». Cependant, la modélisation des voitures est appréciée, tout comme les circuits et leurs dénivelés, pas toujours représentés dans les jeux de l’époque, mais leur dépouillement est vu comme un point faible. Toutefois, le jeu est perçu comme « indéniablement beau ». Pour Computer and Video Games, les graphismes des versions pour PC et pour PlayStation sont identiques, sauf si une carte accélératrice, qui offre un meilleur rendu, est utilisée. Par exemple, le mensuel britannique observe avec délice que les noms des pilotes sont inscris sur les vitres des voitures sur le portage pour PC. PC PowerPlay apprécie la fidèle représentation des circuits, notamment avec la présence des panneaux publicitaires. Enfin, l'avis d'IGN diffère de ses confrères en présentant un jeu graphiquement « génial », aux voitures « magnifiques ».
Les avis sont positifs pour la version Game Boy Color. Pour Jeuxvideo.com, « l'adhérence et le modèle physique de chaque voiture est tout à fait réaliste », tandis que l'animation est jugée fluide, même lorsqu'il y a beaucoup de voitures à l'écran. Les effets sont considérés comme bien rendus, y compris lors des courses sous la pluie et des sorties de piste des voitures. Cependant, le site français regrette des couleurs « un peu fades ». De même, Total Game Boy apprécie de voir « des nuages de poussière lors des têtes-à-queues » et les petites roues des voitures tourner. Le magazine Joypad déplore une réalisation technique proche du dénuement le plus total.
Le système de jeu est plus apprécié, notamment du fait que les critiques ont relevé que les graphismes ont été en partie sacrifiés au profit de la jouabilité. Pour Edge, la course est « une affaire passionnante », puisque les voitures se dépassent très souvent, rendant incertain l'issue de l'épreuve jusqu'à la ligne d'arrivée. Le mensuel loue particulièrement la prise en main des voitures, surtout la vue depuis le cockpit, qui confère au joueur « le sentiment d'être vraiment dans la voiture », ce qui est rare pour un jeu de course. GameSpot, qui remarque que le pilotage varie avec les conditions climatiques, note des contrôles « extrêmement précis », qui rivalisent avec ceux de Gran Turismo. PlayStation Magazine ne partage pas cet avis, arguant que les contrôles sont « difficiles à maîtriser », jugeant que l'utilisation de la manette analogique ou d'un volant est « indispensable à la longue ». Le mensuel français s'accorde cependant sur la durée de vie satisfaisante du jeu avec Consoles +, qui relève des voitures qui « filent à vive allure », de même pour le mode deux joueurs,. Concernant ce dernier mode, Player One regrette qu'il n'y ait pas de concurrents générés par l'intelligence artificielle, et ajoute que la concentration du joueur doit être maximale, puisque « les erreurs [de pilotage] ne sont pas pardonnées ».
Les critiques sont un peu plus sévères pour la version PC. PC PowerPlay n'adhère pas au principe du mode Championnat selon lequel il faut marquer un certain nombre de points pour passer à la rencontre suivante, estimant que cela amène le jeu dans un « style arcade ». De plus, le magazine australien aurait préféré que toutes les pistes soient débloquées afin de s'entraîner dessus avant de faire le championnat. IGN loue le réalisme du pilotage des voitures par l'intelligence artificielle, notamment l'agressivité de certaines d'entre elles, estimant que le jeu nécessite « un bon degré de concentration » : considéré par le site internet comme une simulation, TOCA Touring Car Championship est donc jugé « très difficile ». Il est enfin reproché que les voitures et les pilotes du jeu ne soient présentés par une rapide biographie, ce qui aurait été « particulièrement utile pour le marché américain ». Computer and Video Games salue le mode multijoueurs, bien meilleur que celui de la plupart des autres jeux de course, mais estime que le mode Championnat est un cran au-dessus. Enfin, Gen4 apprécie « la lutte pare-chocs contre pare-chocs » et l'existence d'un mode multijoueurs en réseau, jouable jusqu'à huit participants, mais fustige « l'absence totale de possibilité de réglage » des voitures.
Quant au portage pour Game Boy Color, les critiques sont plus nuancées. Total Game Boy regrette que le mode multijoueur ne puisse pas se jouer à l'aide d'un câble link, ce qui oblige les participants à se partager la console. Il est toutefois unanimement reconnu que les voitures disposent d'une « accélération phénoménale », qu'il faut doser pour ne pas « finir dans le décor », et que les pistes proposées sont « complètes et variées »,. Pour le magazine Joypad, le gameplay de cette version est « irréprochable ».
La bande-son reçoit un accueil globalement élogieux. GameSpot loue des effets sonores « très bons », jugeant que « le bruit des voitures se frottant les unes aux autres est authentique », et remarque la voix-off « à l'accent anglais très prononcé » qui introduit les courses de championnat. Consoles + apprécie la variété des thèmes musicaux, et relève que les bruitages changent en fonction de la vue adoptée, mais regrette des « crissements de pneus ratés ». Toutefois, si PlayStation Magazine salue une « ambiance fantastique », Player One est plus critique et demande « pourquoi venir casser l'ambiance d'une simulation avec de la dance »,.
Les avis sont du même acabit pour le portage pour PC. IGN souligne le réalisme des effets sonores, mais la musique est jugée « moyenne ». Quant à Gen4, le mensuel français regrette que toutes les voitures aient le même son de moteur.
Enfin, sur Game Boy Color, Jeuxvideo.com loue des bruitages bien réussis et des « musiques qui utilisent le processeur de bonne façon », quand Total Game Boy estime que la bande-son est « acceptable »,.
TOCA Touring Car Championship, paru quelques mois avant Gran Turismo, est perçu comme un précurseur dans la catégorie des jeux de simulation automobile, même s'il est jugé graphiquement en retrait par rapport à Ridge Racer, sorti en 1995. Le jeu donne naissance à une série éponyme qui perdure jusque dans les années 2010, puisqu'un deuxième opus, TOCA 2 Touring Cars, est publié dès 1998 par Codemasters.
Le moteur de jeu de TOCA Touring Car Championship sert également de base à la conception de Colin McRae Rally, un jeu de courses de rallye lui aussi développé par Codemasters en 1998. Cette production, qui se révèle être un succès critique et commercial, se caractérise par une bande-son et des graphismes similaires à son aîné. Son succès conduit à la réalisation d'une série éponyme, qui perdure pendant une vingtaine d'années,.
L'empathie des personnes autistes est un sujet complexe, étudié dans le cadre des recherches sur les troubles du spectre de l'autisme (TSA). Contrairement à une idée erronée, les personnes autistes accèdent à l'empathie.
La théorie de la « mère réfrigérateur », désormais largement discréditée par les neurosciences cognitives, incriminait la mère dépourvue d'empathie pour son enfant comme responsable d'un retrait émotionnel de ce dernier. Les chercheurs britanniques Simon Baron-Cohen et Uta Frith évoquent en 1985 une absence de théorie de l'esprit, l'impossibilité pour les personnes autistes de comprendre les intentions et les émotions des autres. Les recherches ultérieures démontrent que les personnes autistes ne sont pas totalement dépourvues d'empathie, mais cette empathie se base sur un processus cognitif conscient et des associations logiques qui prennent peu en compte l'acceptabilité sociale, plutôt que sur des processus automatiques et sociaux comme chez les personnes non-autistes. La présence d'alexithymie, un manque de neurones miroir, un cerveau « hypermasculin », une particularité de l'amygdale, ou encore un déséquilibre entre une empathie affective surefficiente et une cognitive réduite sont explorés comme possible causes. Les personnes autistes montrent également peu de motivation dans les situations sociales, et pourraient présenter une empathie non-centrée sur l'être humain, plutôt tournée vers des objets et des animaux. Depuis 2018, il est suggéré que le déficit d'empathie soit décrit comme tel sur la base d'une comparaison négative entre la socialisation des personnes autistes et la socialisation neurotypique.
Les personnes autistes à haut niveau de fonctionnement pourraient expérimenter une détresse personnelle supérieure en présence de quelqu'un qui souffre. Les personnes avec TSA ressentent des émotions et disposent d'un accès au sens moral, contrairement aux personnalités dites psychopathes. Leur empathie particulière est cependant à l'origine de nombreux problèmes pour interagir en société. Un entraînement aux habiletés sociales permet aux personnes autistes de compenser ces difficultés, parfois au point de les rendre invisibles pour leur entourage à l'âge adulte, mais au prix d'un effort d'attention qui entraîne une fatigue.
Dans la définition qu'en fournit le Dr Peter Vermeulen, l'empathie est la « capacité à voir le monde à travers les yeux de quelqu'un d'autre »,. Elle comprend des éléments cognitifs et des éléments affectifs. Les éléments cognitifs sont nécessaires à la compréhension à partir de la perspective d'autrui. L'empathie affective est décrite comme l'expérience d'une émotion liée à la perception d'un élément émotionnel. Simultanément, elle entre en résonance avec celui-ci. Trois prérequis sont nécessaires au fonctionnement de l'empathie : reconnaître (visuellement) l'expression des sentiments d'autrui, comprendre la vision ou le point de vue des autres (empathie cognitive ou théorie de l'esprit) et réagir de manière adaptée aux émotions, en éprouvant la même émotion (empathie affective). Ainsi, les chercheurs distinguent plusieurs types d'empathie en fonction des processus engagés : l'empathie cognitive, l'empathie émotionnelle, l'empathie somatique.
Les personnes autistes ont de nombreuses particularités émotionnelles qui affectent leurs relations sociales. Or, les altérations qualitatives des relations sociales sont l'un des problèmes centraux de l'autisme, comme le souligne le psychopathologue britannique R. Peter Hobson (1993). Montrer de l'empathie est nécessaire à de bonnes relations sociales. Plusieurs chercheurs ont décrit l'autisme comme étant un « trouble de l'empathie » et de la réciprocité sociale, en particulier dans le cas de l'autisme infantile, et bien qu'il existe d'autres aspects. De manière générale, les personnes autistes sont décrites comme « difficilement empathiques ». Elles rencontrent des difficultés tant pour reconnaître les émotions d'autrui que pour faire connaître les leurs,, et ce, qu'elles soient verbales ou non-verbales. Il leur est très difficile d'identifier leurs propres émotions (en particulier lorsqu'elles sont complexes, fierté, embarras...) et de reconnaître les émotions des autres en observant leur visage,,. Les tests de capacité d'empathie de l'ASQ (Autism spectrum questionnaire) font d'ailleurs partie des méthodes d'évaluation permettant de diagnostiquer l'autisme,.
L'empathie cognitive rejoint la théorie de l'esprit, termes souvent employés de manière interchangeables, mais en raison du manque d'études qui comparent les différents types d'empathie chez les personnes autistes, il est difficile de savoir si ces deux termes sont équivalents.
L'idée selon laquelle les personnes autistes n'auraient pas du tout d'empathie reste répandue. Le psychologue britannique Tony Attwood l'a beaucoup nuancée, notamment pour ce qui concerne la forme d'autisme dite syndrome d'Asperger :
« Il est important de comprendre que la personne Asperger a des aptitudes ToM et une empathie immatures ou réduites, mais non pas une absence d'empathie. Sous-entendre une absence d'empathie serait une terrible insulte aux personnes Asperger, avec pour corollaire qu'elles ne peuvent connaître ou se soucier des sentiments des autres. Elles ne sont pas capables de reconnaître les signaux subtils des états émotionnels, ou de « lire » des états d'âme complexes. »
— Tony Attwood, Le Syndrome d'Asperger, guide complet
De même, dans son ouvrage L’Énigme de l'autisme, la psychologue britannique Uta Frith affirme que la plupart des autistes ont des réactions autonomes d'empathie et « savent ne pas se montrer indifférents à la douleur éprouvée par autrui ». Les personnes autistes ne bénéficient pas toujours d'une mesure exacte de leur capacité d'empathie lors de tests en laboratoire : il est fréquent que leurs performances en conditions de laboratoire soient supérieures à leurs performances en conditions réelles,. D'après le psychanalyste français Jacques Hochmann, un autre problème réside dans la diversité des personnes décrites comme autistes, les troubles du spectre de l'autisme (TSA) concernant d'après lui des personnes « profondément déficitaires sur le plan des capacités intellectuelles », et d'autres « supérieurement intelligentes » : la plupart des travaux de recherche concernant l'empathie ont été menés avec des personnes « sans déficit intellectuel associé ».
Le « manque d'empathie » est décrit chez d'autres personnes que les autistes : c'est le cas également des personnalités dites narcissiques et psychopathes (ou « antisociales »), mais la nature et les raisons de ce manque semblent différents.
La psychiatre britannique Lorna Wing estime que les personnes ayant des difficultés d'empathie et de sensibilité sociale forment un groupe qu'il est difficile de séparer, certaines étant considérées comme handicapées, d'autres non.
Plusieurs spécialistes ont cité des exemples de manifestation d'empathie chez des personnes autistes. Peter Vermeulen cite le cas d'une fillette autiste verbale, âgée de 12 ans, qui, voyant l'une de ses camarades pleurer, dit à son éducatrice que celle-ci fait un « drôle de bruit », n'étant visiblement pas en mesure de comprendre la signification des sanglots et des larmes. Il cite également des comportements de compassion manifestés par des personnes autistes, dès lors qu’elles sont en mesure de comprendre ce que ressent l'autre, notamment grâce à leur expérience personnelle. Uta Frith cite une personne autiste apprenant dans la presse qu'une communauté souffre de la faim, et qui éprouve de l'empathie parce qu'elle-même a souffert de la faim par le passé.
Cependant, les chercheurs se sont interrogés sur les différences entre l'empathie des personnes autistes et celle des personnes non-autistes. L'empathie différente des personnes autistes ne résulte vraisemblablement pas de la volonté consciente d'ignorer les émotions des autres, mais peut être décrite par un ensemble de particularités dans les traitements automatiques de l'information : difficulté pour reconnaître les émotions et les réactions appropriées à chacune d'entre elles ; hiérarchisation différente des informations (les informations sociales n'étant généralement pas perçues, ou perçues comme moins importantes que d'autres) ; traitement plus lent de ces mêmes informations.
L'existence de comportements pour consoler ou ennuyer volontairement les autres chez les enfants autistes, parfois dès deux ans, prouve d'après Vermeulen l'existence précoce d'une forme d'empathie. Placée dans une situation qui demande de l'empathie (voir l'exemple sur la bande dessinée ci-dessous), une personne autiste donnera généralement une réponse peu sociale, basée sur la logique et sur le concret, sans évaluer la gêne potentielle qu'elle peut causer. Par exemple, elle pourra parler de sujets sensibles (comme la mort) ou se montrer « trop honnête » et manquer aux règles sociales de politesse dans son discours en faisant une remarque sur le physique d'une autre personne. Les difficultés d'empathie des personnes autistes semblent se situer dans la détermination de ce qui est acceptable socialement, avec peu d'attention dirigée vers les sentiments, les réactions et le point de vue d'autrui. Cette particularité affecte l'utilisation du langage.
Peter Vermeulen en conclut que la plupart des manifestations visibles d'empathie de la part de personnes autistes reposent sur de l'égocentrisme : il leur faut avoir vécu elles-mêmes la situation émotionnelle de l'autre (ou s'être documentées grâce à des livres ou à la télévision), mais elles ne peuvent manifester d'empathie spontanée pour une personne qui vit une situation émotionnelle qui leur est inconnue. La plupart des comportements de personnes autistes considérés comme non-empathiques et socialement inacceptables, même répétés, ne relèvent jamais (ou exceptionnellement) d'une volonté d'ennuyer, faire souffrir ou manipuler l'autre, mais plutôt de l'absence d'anticipation de l'impact de ce comportement sur l'autre.
En 2018, une première étude de la socialisation de personnes autistes entre elles lors de sessions de jeux vidéo, sur 30 personnes, conclut à l'importance de l'intersubjectivité : entre eux, les autistes ont une manière propre de sociabiliser et d'empathiser, qui n'est pas définie comme pathologique. D'après le psychologue français Jérôme Lichté, l'observation de déficit d'empathie chez les personnes autistes résulte alors d'un biais méthodologique, partant de l'empathie et de la socialisation neurotypiques comme la norme. Cette théorie est renforcée par une nouvelle étude de double empathie publiée en octobre 2020, dont les conclusions soutiennent que les enfants autistes sont en capacité de distinguer les comportements de gentillesse entre eux, alors que les non-autistes n'ont pas cette capacité à distinguer ces comportements chez les enfants autistes
Une étude japonaise sur 15 personnes autistes avec groupe contrôle, publiée en octobre 2014, suggère que l'empathie entre personnes autistes pourrait être plus importante que l'empathie des personnes autistes vers les personnes neurotypiques.
Le secteur de la psychiatrie légale (qui traite des crimes et délits) s'occupe de l'autisme, ce qui a entraîné une confusion et une assimilation erronée, dans l'opinion publique, entre l'autisme et la psychopathie, ou trouble de la personnalité antisociale / sociopathie. Du fait de l'existence supposée de manques d'empathie, les personnes autistes ont rapidement été soupçonnées d'être dépourvues de sens moral, tout comme les personnes psychopathes.
L'association entre autisme et psychopathie est réfutée par de nombreux chercheurs et des personnes autistes. Citant plusieurs études, Peter Vermeulen estime que contrairement aux psychopathes, les personnes autistes se soucient des émotions des autres, sont sensibles aux décès et respectent les règles morales. Si les deux semblent manquer d'empathie, les raisons n'en sont pas les mêmes : la personne psychopathe est insensible aux émotions d'autrui, alors que la personne autiste est ignorante des règles sociales, et se montre maladroite. De même, Uta Frith cite les études de James Blair en comparant les réactions des psychopathes à celle des autistes : contrairement aux seconds, les enfants psychopathes sont plus doués que la moyenne de leur classe d'âge pour attribuer des états mentaux aux autres. Elle en conclut que l'autisme et la psychopathie constituent « deux dérèglements différents ».
Simon Baron-Cohen tient lui aussi à distinguer les particularités d'empathie propres à l'autisme de celles qui sont propres à la psychopathie. Dans son ouvrage Zero Degrees of Empathy: A new theory of human cruelty (en français : Les degrés zéro de l'empathie : une nouvelle théorie de la cruauté humaine), il distingue le zéro négatif, propre aux personnalités psychopathes dépourvues de sens moral, du zéro positif, propre aux personnes avec TSA. D'après lui, le zéro positif se distingue par une empathie réduite, mais une capacité supérieure à reconnaître des motifs récurrents ou à systémiser, permettant un accès au sens moral.
D'après la philosophe Sarah Arnaud, les personnes autistes sont généralement pourvues de qualités morales : « ces particularités [dans le fonctionnement de l'empathie] ne les empêchent en aucun cas de faire partie de la communauté morale. Les personnes autistes peuvent être de rigoureux agents moraux, c’est-à-dire qu’elles présentent une certaine intransigeance et inflexibilité morale ». Elle ajoute que ces qualités morales reposent sur « une surutilisation de raisonnements cognitifs délibérés et basés sur des règles, plutôt que des processus automatiques ». Elle cite notamment Temple Grandin, qui s'est construite « volontairement et avec intérêt une moralité applicable à la vie en société », grâce à un système d'application de règles de conduite. Plusieurs personnes autistes montrent un profond sens de la justice et de l'équité, bien que leur sens moral ne soit pas basé sur les informations émotionnelles. Cela explique les règles sociales souvent inflexibles que suivent de nombreuses personnes autistes. Uta Frith cite l'exemple du philanthrope John Howard, réformateur carcéral rétrospectivement diagnostiqué autiste Asperger, qui en voyant une fille traitée injustement, s'est porté à son secours et en a été durement châtié. D'après le psychiatre et psychothérapeute britannique Digby Tantam, les personnes autistes sont souvent idéalistes et se préoccupent beaucoup des actes de cruauté commis à l'échelle du monde : il n'est pas rare qu'elles se mettent à pleurer lorsqu'elles prennent connaissance d'histoires de personnes ou d’animaux maltraités. Cependant, leur tendance à « suivre les règles » peut les amener à se montrer cruelles pour ne pas avoir à désobéir.
La théorie de l'esprit influence directement la conscience de soi. Selon Uta Frith et Francesca Happé, il est possible que les personnes diagnostiquées avec syndrome d'Asperger aient une conscience d'elles-mêmes différente des personnes non-autistes, car faisant appel à l'intelligence et à l'expérience plutôt qu'à l'intuition. Elle se révélerait naturellement plus proche de celle d'un philosophe. Tony Attwood adhère à cette vision, et cite en exemple des autobiographies dont les qualités sont d'après lui « quasiment philosophiques ». Une étude menée par Simon Baron-Cohen suggère que les différences d'empathie ont effectivement une influence sur la conscience de soi, les deux domaines étant liés.
Dans la première description qu'il fait du syndrome d'Asperger en 1943, Hans Asperger note que les enfants qu'il étudie « manquent d'empathie ». Leo Kanner, le découvreur de l'autisme infantile, suppose initialement que les enfants autistes seraient privés d'empathie parce qu'ils n'en ont eux-mêmes pas reçu de leurs parents, et en particulier de leur mère. Cette hypothèse, qu'il a abandonnée à la fin de sa vie, a été reprise, enseignée aux psychologues professionnels puis médiatisée sur le plan international par Bruno Bettelheim dans son ouvrage La Forteresse vide (1967) : de nombreux psychanalystes la reprennent, en France notamment, avant de l'abandonner. Il est possible qu'historiquement, des personnes autistes aient fait l'objet d'études sur leur empathie sans bénéficier du bon diagnostic : Eva Ssuchareva (1926) puis Wolff et Chess (1964) étudient des enfants souffrant d'après eux d'un trouble de la personnalité schizoïde, mais la description qu'ils fournissent de leur comportement et de leur empathie se révèle très proche de ce qui sera décrit plus tard comme le syndrome d'Asperger.
Dans sa monographie (1993), le psychologue britannique R. Peter Hobson compare l'empathie d'une personne autiste à celle d'un chimpanzé.
Un débat scientifique sur l'empathie des personnes autistes est lancé en 1985 par trois chercheurs britanniques, Simon Baron-Cohen, A. M. Leslie et Uta Frith, qui publient l'article Does the autistic child have a “theory of mind”? (Les enfants autistes ont-ils une « théorie de l'esprit » ?),. La conclusion tirée des premières expériences est l'existence d'un déficit spécifique et permanent de l'empathie, indépendant du niveau intellectuel. Les auteurs précisent dans cet article que « [leurs] résultats renforcent fortement l'hypothèse selon laquelle les enfants autistes considérés à l'échelle du groupe échouent à employer la théorie de l'esprit »,. Simon Baron-Cohen emploie le terme de « cécité mentale » (mindblindness),. La publication de cet article entraîne un intérêt pour ce champ de recherche, de nombreuses autres publications suivent. Cette théorie reste l'une des plus connues de nos jours, concernant les particularités de l’empathie dans l’autisme.
En 1992, une étude porte sur 18 enfants autistes « sans déficience intellectuelle », comparés à un groupe d'enfants non-autistes. Des questions sont posées sur le ressenti des émotions par l'enfant, l'interprétation de l'émotion de l'autre et les raisons du ressenti. Les enfants autistes obtiennent de moins bons résultats aux trois types de questions. De plus, ils présentent une expression de concentration sur le visage, et prennent davantage de temps que les non-autistes pour répondre à ces questions. Ces observations tendent à démontrer que la réponse leur demande un temps d'analyse ou de calcul. Le groupe de chercheurs compare également les performances des enfants autistes à ce test avec leur QI : les enfants de QI plus élevé donnent en moyenne de meilleures réponses que ceux de QI plus bas. Cette différence n'existe pas chez les personnes non-autistes, chez lesquelles le degré d'empathie n'est pas en relation avec le QI.
La chercheuse britannique Uta Frith révise en 2004 le cas spécifique de la forme d'autisme nommée syndrome d'Asperger : « les données expérimentales suggèrent que les personnes atteintes du syndrome d'Asperger peuvent manquer de théorie intuitive de l'esprit (mentalisation), mais peuvent être en mesure d'acquérir une théorie explicite de l'esprit »,. Le syndrome d'Asperger est alors considéré comme une forme distincte d'autisme. À sa parution en 2013, le DSM-V fusionne l'ancien diagnostic du syndrome d'Asperger aux autres troubles du spectre autistique (TSA), et cite parmi les critères diagnostiques de ces TSA un déficit de « réciprocité socio-émotionnelle ».
Ces dernières années, la majorité des études se focalisent sur la théorie de l'esprit / empathie cognitive chez des enfants et adolescents autistes. Il existe peu d'études sur le comportement que manifestent les personnes autistes en réponse aux émotions d'autrui, et aucune pour déterminer si les enfants autistes sont sensibles au phénomène de contagion émotionnelle (se mettre à rire si d'autres personnes présentes dans la même pièce rient, par exemple).
Plusieurs causes neurologiques et psychologiques susceptibles d'expliquer l'empathie autistique ont été explorées, faisant intervenir la théorie de l'esprit, l'alexithymie, les neurones miroirs, l'amygdale, la théorie empathisation-systémisation, la psychanalyse et l'anthropocentrisme. Il est suggéré que les personnes autistes dites « sans déficience intellectuelle » puissent acquérir la théorie de l'esprit, et avoir une empathie supérieure à celle des personnes non-autistes. Bien qu'un « déficit » de cognition sociale puisse être à l'origine d'une partie des troubles liés à l'autisme, il ne suffit vraisemblablement pas à expliquer l'ensemble des particularités vécues par les personnes avec troubles du spectre de l'autisme. De plus, les réactions empathiques des personnes autistes dépendent fortement de leur propre tempérament. En raison d'un diagnostic trois à quatre fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles, certains chercheurs ont supposé que les garçons seraient plus susceptibles de développer des troubles autistiques que les filles « car leur cerveau serait naturellement dépourvu de certains circuits nécessaires à l'empathie ». Digby Tantam estime que les personnes autistes n'expérimentent pas la contagion émotionnelle, car celle-ci se développe grâce à la capacité d'imitation du langage non verbal, et notamment des expressions faciales. Cela ne signifie pas forcément un manque d'empathie cognitive de leur part. Il pourrait s'agir d'une absence de prise de conscience de la perception de l'émotion à cause de la concentration nécessaire à la compréhension des paroles des autres, et à la formulation d'une réponse. Il ajoute que les personnes autistes pourraient avoir des difficultés d'empathie affective parce qu'elles n'ont pas l'habitude de regarder les yeux et le visage de leurs interlocuteurs, une hypothèse également envisagée par la psychiatre Danielle Bons et son équipe.
L'hypothèse de la théorie de l'esprit, dite également « hypothèse de la cognition sociale », serait que les troubles du spectre autistique proviennent majoritairement d'une absence ou d'un manque de théorie de l'esprit. Une multitude d'études ont suggéré que les personnes autistes auraient une déficience dans cette capacité à comprendre les perspectives des autres, les intentions d'autrui,,. La théorie de l'esprit repose sur des structures du lobe temporal et du cortex préfrontal. L'empathie, à savoir la possibilité de partager les sentiments des autres, repose sur les sensorialités corticales ainsi que les structures limbiques et para-limbiques. Simon Baron-Cohen suggère que les personnes avec un autisme classique manquent souvent à la fois d'empathie cognitive et affective. Cependant, d'après le psychologue néerlandais Anke M. Scheeren, les résultats de ces tests sont souvent corrélés à la présence ou non du langage. Cela ne permet pas de conclure que les autistes non-verbaux soient dépourvus de théorie de l'esprit, mais tendrait à démontrer que l'absence d'accès au langage modifie leur raisonnement mental, suggérant une relation entre l'empathie et la maîtrise du langage.
L'absence de distinctions claires entre théorie de l'esprit et empathie peut avoir entraîné une compréhension incomplète des capacités empathiques des personnes autistes, en particulier celles diagnostiquées avec un syndrome d'Asperger. De nombreux rapports sur les « déficits » empathiques des personnes diagnostiquées avec syndrome d'Asperger sont en fait basés sur la supposition d'une déficience dans la théorie de l'esprit,,.
Peter Vermeulen estime que « les personnes avec autisme, principalement les plus intelligentes, ne souffrent pas tellement d'un déficit en théorie de l'esprit, mais bien d'une « intuition » de l'esprit ». Il ajoute qu'« au contraire, vu les efforts que les personnes avec autisme fournissent pour comprendre le monde intérieur d'autrui, on pourrait même dire qu'elles sont les seules à posséder une théorie de l'esprit »,. Un cinquième des enfants autistes de 4 et 5 ans réussissent le test de Sally et Anne. Anke M. Scheeren s'oppose lui aussi à la théorie d'un déficit permanent en théorie de l'esprit, à partir d'études sur des enfants et adolescents dits « sans déficience intellectuelle ». Les adolescents réalisent des performances supérieures à celles des enfants, probablement grâce à une compensation de leurs difficultés, jusqu'à acquérir « des raisonnements mentaux avancés ». Il postule que l'expérience et l'apprentissage permettent aux personnes autistes d'acquérir la théorie de l'esprit : certaines d'entre elles comprennent des états émotionnels qui font appel à des notions avancées, comme le sarcasme et le double bluff. Les recherches suggèrent également que les personnes diagnostiquées avec syndrome d'Asperger peuvent rencontrer des problèmes pour comprendre les perspectives des autres, mais qu'en moyenne, elles démontrent une empathie et une détresse personnelle supérieures à celle des groupes témoin,.
La théorie d'un déséquilibre important entre l'empathie émotionnelle et l'empathie cognitive a été proposée par le psychologue écossais Adam Smith en 2009, lequel pose l'hypothèse d'une surefficience de l'empathie affective chez les personnes autistes, par rapport à l'empathie cognitive. Cela pourrait entraîner des surcharges émotionnelles, et donc des difficultés de relations avec les autres. Cette théorie s'oppose à celle du « cerveau hypermasculin ». L'essayiste et militant Ralph James Savarese y adhère.
À l'appui de cette théorie, des études par auto-évaluation montrent que les individus TSA auraient une empathie globalement inférieure, montrent aucune ou peu de réponse réconfortante à l'égard de quelqu'un qui souffre, mais présentent des niveaux égaux ou supérieurs de détresse personnelle par rapport aux témoins. La combinaison de la réduction de l'empathie et de l'augmentation de la détresse personnelle peut conduire à la réduction globale de l'empathie constatée chez les personnes avec TSA dans le cadre de ces études. De nombreux témoignages de personnes autistes vont dans le sens d'une forte empathie émotionnelle. Par exemple, Jim Sinclair témoigne se sentir impuissant et très embarrassé face à la détresse d'une personne qui souffre. Les personnes autistes avec synesthésie peuvent avoir une perception exacerbée de certaines formes, textures, couleurs, et de certains mots ou chiffres, allant également dans le sens d'une forme d'empathie émotionnelle envers des animaux, des concepts ou des objets.
La détresse personnelle généralement accrue chez les personnes avec des troubles du spectre de l'autisme a été proposée comme explication à l'affirmation selon laquelle au moins certaines d'entre elles semblent avoir une empathie émotionnelle accrue,. Lors d'une étude avec groupe témoin sur 38 personnes diagnostiquées avec syndrome d'Asperger, les individus Asperger ont obtenu de moins bons résultats dans l'empathie cognitive, mais ils se sont montrés dans la moyenne sur l'empathie affective. Le problème d'empathie affecterait plus spécifiquement la reconnaissance des émotions positives.
En 2004, une étude sur des personnes autistes « à haut niveau de fonctionnement » a montré une prévalence élevée de l'alexithymie, une construction de la personnalité caractérisée par l'inaptitude à reconnaître et à exprimer clairement ses propres émotions et celles d'autrui,,. D'après deux études d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, l'alexithymie est responsable d'un manque d'empathie chez les personnes avec TSA,. Le manque d'harmonisation empathique inhérent aux états alexithymiques peut réduire la qualité et la satisfaction dans les relations. Une étude neurologique a suggéré en 2010 que les déficits d'empathie associés au spectre de l'autisme peuvent être dus à une comorbidité (des troubles connexes fréquemment associés à l'autisme) significative entre l'alexithymie et le spectre autistique, plutôt qu'être le résultat d'une déficience sociale permanente.
La théorie empathisation-systémisation (E-S) de Simon Baron-Cohen propose de classer les gens sur la base de leurs capacités selon deux dimensions indépendantes, l'empathisation (E) et la systémisation (S). Ces capacités peuvent être déduites par des tests qui mesurent le quotient d'empathisation (QE) et de systématisation (QS). Cinq types de cerveaux différents peuvent être observés parmi la population sur la base de ces scores, ce qui doit être en corrélation avec des différences au niveau neuronal. Dans la théorie E-S, l'autisme est associé à une empathie inférieure à la moyenne et une systémisation moyenne ou supérieure à la moyenne. Les recherches de Simon Baron-Cohen tendent aussi à démontrer que les hommes autistes ont généralement de moins bons scores d'empathie que les femmes autistes,,. La théorie E-S a donc été étendue dans la « théorie du cerveau hypermasculin », suggérant que les personnes ayant un TSA sont plus susceptibles d'avoir un type de cerveau hypermasculin, correspondant à une systémisation supérieure à la moyenne, mais une empathie réduite.
Cette théorie du cerveau hypermasculin suggère que les individus avec TSA sont spécialisés dans la systémique plutôt que dans l'empathie. Les personnes autistes auraient reçu beaucoup de testostérone in utero, ce qui expliquerait aussi la prévalence plus élevée de l'autisme chez les garçons,,. Certains aspects de neuroanatomie des autistes semblent correspondre à un profil masculin extrême, peut être influencé par des niveaux élevés de testostérone fœtale, plutôt que par le sexe lui-même,,. Une autre étude portant sur des scanographies du cerveau de 120 hommes et femmes a suggéré que les hommes et les femmes autistes ont des cerveaux différents. Les femmes autistes ont des cerveaux qui semblent être plus proches de ceux des hommes non-autistes que des femmes, mais le même genre de différence n'a pas été observé chez les hommes autistes,.
Cette théorie du « cerveau hypermasculin » ne suffit pas à expliquer l'ensemble des particularités propres à l'autisme. Les résultats des recherches de Simon Baron-Cohen ont fait l'objet de différentes critiques. Les garçons autistes chez lesquels des taux de testostérones intra-utéro plus bas ont été mesurés ne présentent pas moins de traits autistiques que les autres. Quant aux hommes autistes en général, ils ne présentent pas de comportement « hypermasculin » (agressivité, usage de force...). Peter Vermeulen est en désaccord avec l'opposition entre empathie et systémisation proposée par Simon Baron-Cohen. Il estime que la systémisation fait partie du processus d'empathie, et que de manière générale, le fonctionnement émotionnel et cognitif humain ne peut s'évaluer grâce à des algorithmes.
Les neurosciences cherchent à déterminer si l'empathie autistique pourrait résulter d'une particularité dans la structure du cerveau. En 2010, une étude sur 15 adolescents avait suggéré que l'activation du gyrus fusiforme serait moindre.
Le système des neurones miroirs est essentiel à l'empathie émotionnelle. En 2005, une étude a montré que, par rapport au développement général des enfants, les enfants autistes à haut niveau de fonctionnement montrent une réduction de l'activité des neurones miroirs dans le gyrus frontal inférieur du cerveau (pars opercularis) dans des tâches d'imitation et d'observation d'expressions émotionnelles. L'électroencéphalogramme révèle un nombre très réduit de rythme mu (en) dans le cortex sensoriel des personnes autistes. L'activité dans ce domaine est inversement proportionnelle aux symptômes dans le domaine social, ce qui suggère qu'un réseau de neurones miroirs dysfonctionnel peut sous-tendre les problèmes sociaux et de communication observés dans l'autisme, y compris l'altération de la théorie de l'esprit et de l'empathie.