7Anticiper les effets d’un réchauffement de +4°C : quels coûts de l’adaptation ? - I4CEI. DEUX DÉTERMINANTS CLÉS POUR ÉVALUER LES COÛTS DE L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE Les coûts de l’adaptation dépendent principa-lement de deux facteurs. Le plus évident est le niveau de réchauffement que l’on souhaite considérer : plus il est important, et plus les besoins d’adaptation sont élevés. Mais le plus déterminant est le choix du type et du niveau de réponse aux risques qui seront privilégiés.S’il est difficile d’estimer aujourd’hui les coûts de l’adap-tation, c’est d’abord parce que ces coûts dépendent de la manière dont on choisit collectivement de se préparer aux impacts du changement climatique. Lorsque l’on constate qu’une section de route devient inondable à partir d’un cer-tain niveau de réchauffement, il est possible d’engager d’im-portants travaux pour la rendre insubmersible, mais il est également envisageable d’organiser des fermetures tempo-raires de la circulation lors d’épisodes de crue ; la première option étant très probablement plus coûteuse que la deu-xième. Cet exemple simple illustre en quoi disposer d’une trajectoire de réchauffement de référence ne suffit pas à calculer un coût unique de l’adaptation. Envisager une France à + 4°C en 2100 c’est ouvrir plutôt que fermer les débats sur le niveau que l’on vise et le type d’adaptation que l’on privi-légie : Quel niveau de service souhaite-t-on garantir pour un certain niveau de réchauffement ? Quelles formes d’adap-tation souhaite-t-on privilégier – par exemple une adaptation à l’échelle des bâtiments individuels ou des transformations plus concertées à l’échelle des espaces publics urbains ?Estimer les coûts de l’adaptation, c’est considérer un certain niveau d’effort pour anticiper les change-ments climatiques et réduire la vulnérabilité en amont d’une part et pour réagir aux impacts d’autre part. Ce niveau d’effort doit être calibré en fonction des pertes qu’il permet de minimiser à différents horizons de temps, mais aussi d’autres priorités et d’autres contraintes, par exemple politiques ou budgétaires. Tous les facteurs de cette équa-tion ne sont pas simples à évaluer ni toujours faciles à com-parer (Delahais et Robinet 2021; Timbeau et al. 2023). Les coûts et les bénéfices de l’adaptation seront distribués très différemment au sein de l’économie selon les choix qui seront faits – directement portés par les ménages, relevant de quelques grands acteurs ou bien pris en charge par la puissance publique – laissant donc une part importante dans la décision aux arbitrages stratégiques et politiques. Des normes de construction plus exigeantes permettent par exemple de répartir les coûts d’adaptation des bâtiments au risque de retrait- gonflement des argiles entre tous ceux qui font construire alors que des réponses réactives reposent le plus souvent sur une prise en charge assurantielle privée bénéficiant d’une réassurance publique. 1. Le coût de l’adaptation dépend avant tout de la manière dont on choisit de se préparer