6I4CE - Avril 2024La mise en œuvre de la transition vers une éco-nomie neutre en carbone au niveau mondial n’ayant pas été aussi rapide qu’espéré, il est dé-sormais incontournable d’agir à la fois pour ré-duire les émissions de gaz à effet de serre - l’at-ténuation pour « éviter l’ingérable » - et pour se préparer aux impacts déjà là du changement climatique - l’adaptation pour « gérer l’inévitable » (Délégation sénatoriale à la prospective 2019; Haut Conseil pour le Climat 2021). Évaluer les implications économiques des deux dimensions de ces politiques est essentiel pour piloter l’ac-tion. D’importants progrès ont été faits sur la compréhension du volet atténuation avec notam-ment la publication en 2023 du rapport coordon-né par Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz sur les incidences économiques de l’action pour le climat. Les questions restent beaucoup plus émergentes pour le volet adaptation (IGEDD 2022; Pisani-Ferry et Mahfouz 2023)1. Ce travail mené par I4CE et ses partenaires a cherché à avancer dans l’estimation des coûts à considérer pour la construction d’une politique d’adaptation, notamment dans la dynamique de préparation du 3e Plan national d’adaptation (PNACC3). L’analyse présentée ci-dessous rend compte de ce qu’il est possible de dire à date des implications économiques correspondant aux différents niveaux de réchauffement qui constituent la Trajectoire de réchauffement de référence et des besoins de moyens à mobiliser pour différents niveaux de préparation aux im-pacts de ces changements climatiques.INTRODUCTION1. Les contributeurs du rapport Pisani Ferry-Mahfouz notent dans le volet thématique Dommages et adaptation que « l’inventaire des dommages engendrés est complexe : si l’analyse qualitative des risques associés est aujourd’hui très avancée, leur quantification demande encore à être affinée. »2. Cf. https://www.ecologie.gouv.fr/trajectoire-rechauffement-reference-ladaptation-au-changement-climatique-tracc3. Les données (ex. chiffres sur l’exposition, coûts des impacts ou de l’adaptation) présentées dans cette étude proviennent en partie d’études scientifiques et techniques exprimant leurs résultats selon différents scénarios d’émissions (ex. SSP-RCP) ou en niveaux de réchauffement global. Par simplicité, nous présentons ces données en utilisant le niveau le plus proche de réchauffement pour la France défini dans la TRACC. Par exemple, des résultats RCP8.5 à horizon 2050 seront retenus pour le niveau de réchauffement France +2,7°C. Cette simplification peut amener une légère sous (ou sur) estimation des impacts réels.4. Les risques littoraux (érosion, submersion marine) n’ont pas été intégrés à l’analyse dans l’attente de la publication de travaux en cours dans le cadre notamment du Comité national du trait de côte.LES COÛTS DE L’ADAPTATION, UNE QUESTION ÉMERGENTE MAIS DÉJÀ CRUCIALEL’état de maturité de ce sujet – en termes de données disponibles sur les vulnérabilités et les options d’adaptation mais aussi d’avancement des débats sur les réponses à apporter – ne per-met pas de conclure sur un coût total de l’adap-tation pour la France (Cour des Comptes 2024). Nous sommes en revanche en mesure de propo-ser un cadre commun pour aborder cette question ; de dégager des messages clés robustes et d’apporter de premiers ordres de grandeur sur les trois secteurs étudiés.PÉRIMÈTRE DE L’ANALYSE> SECTEURS ➜ Le bâtiment➜ Les infrastructures de transport terrestre : réseaux routiers nationaux et départementaux ; réseau ferré national➜ Les productions agricoles végétales (hors productions fourragères)> PÉRIMÈTRE GÉOGRAPHIQUE > RISQUES Vagues de chaleurs, précipitations & inondations, feux de forêts, sécheresses & RGA4> SCÉNARIO DE RÉCHAUFFEMENT2 Hypothèses définies dans la Trajectoire de Réchauffement de Référence (TRACC)3 : ➜ + 2°C pour la France en 2030 ➜ + 2,7°C en 2050 ➜ + 4°C en 2100France hexagonale