29Anticiper les effets d’un réchauffement de +4°C : quels coûts de l’adaptation ? - I4CEDES COÛTS ORGANISATIONNELS FAIBLES MAIS CRITIQUESLes mesures d’adaptation « en dur » ne pourront être bien déployées que si elles sont précédées et complétées par des mesures plus organisationnelles. Ces dernières, souvent peu onéreuses, sont des actions à « faible regret ». Il s’agit par exemple :> De se doter d’outils de pilotage pour mieux tenir compte des paramètres climatiques dans la planification, l’exploitation et la maintenance (ex. services climatiques, monitoring, maintenance prédictive) ;> De renforcer les capacités organi-sationnelles de chaque gestionnaire à faire face (ex. diversification des compétences, renforcement des capacités de réponse).➜ Ces efforts organisationnels représentent quelques dizaines de millions d’euros annuels7.DE POTENTIELS BESOINS DE PROGRAMMES D’INVESTISSEMENT DÉDIÉSSur la base des résultats d’étude de vulnérabilité, des enjeux particuliers pourraient être identifiés. Selon les choix stratégiques de réponse qui seront apportés, des investissements addition-nels pourraient être nécessaires. Par exemple :> Travaux ciblés sur des points chauds des réseaux (ex. isolation de postes électriques) ;> Reprises d’ouvrages d’assainisse-ment routier : – Des travaux qui peuvent aller de 2 millions d’euros (pour des buses simples) à 40 millions d’euros pour des ouvrages d’art complexes ;– De très nombreux ouvrages de nature diverse possiblement concernés : ex. plus de 2 500 buses connues sur le Réseau rou-tier national.DES SURCOÛTS RELATIVEMENT LIMITÉS DANS DES PROGRAMMES EXISTANTS• Des nouvelles infrastructures adaptées par conception.• Intégrer l’adaptation aux pro-grammes de régénération et de modernisation5:Peu de retours d’expérience précis sur les surcoûts associés à des exigences plus fortes intégrées dès la conception dans les programmes de construction/rénovation. La Stratégie Européenne d’Adaptation évoque un surcoût de 3 %6 qui pourrait masquer des situa-tions très hétérogènes. Avec des surcoûts parfois nuls et localement plus significatifs – de l’ordre de 15 à 20 % par exemple pour des enrobés routiers plus robustes voire ponctuellement beaucoup plus, s’il s’agit par exemple de retenir l’option d’un viaduc au lieu de buses d’évacuation des eaux.À titre illustratif 1 % de l’investissement annuel dans les infrastructures ferro-viaires représentent environ 50 millions d’euros par an ; 1 % dans les dépenses de voirie des administrations publiques 90 millions d’euros par an.@I4CE_➜ Le défi actuel va être de bien dimensionner en fonction du niveau de service jugé socialement souhaitable :Par exemple : redimensionner tous les ouvrages hydrauliques qui préservent les infrastructures des inondations pourrait représenter des centaines de millions voire des milliards d’euros et des travaux très impac-tants. Mais ce n’est pas la seule stratégie envisageable – au cas par cas il est possible de combiner différents niveaux de réponse :5. La Cour des Comptes donne l’exemple de « la température de libération des rails, établie de manière standard à 25°C sur l’ensemble du réseau ferroviaire [qui] pourrait être relevée lors de toutes les opérations de renouvellement des voies dans les régions les plus exposées aux grandes chaleurs » (Cour des Comptes 2024).6. L’hypothèse de 3 % de surcoût est celle retenue par la Stratégie Européenne (2021) à partir de références internationales. Cette valeur indicative ne doit pas être surinterprétée. Des retours d’expérience plus spécifiques au contexte français seraient utiles – nous n’avons pas été en mesure d’en documenter précisément, les exemples de projets prenant en compte l’adaptation en conception ne faisant généralement pas le travail comparatif de leurs coûts avec ou sans prise en compte du changement climatique.7. Cette estimation a été réalisée dans le cadre de ce projet à partir des coûts d’actions individuelles que nous avons pu réunir lors d’entretiens ou déduire de la littérature. À titre d’exemple nous retenons qu’une augmentation de 20 % des dépenses de gestion de la végétation (correspondant au type d’hypothèses basses d’extension du risque que nous avons pu formuler par ailleurs, QuantiAdapt 2022) représenterait plus de 30 millions d’euros par an pour un gestionnaire comme SNCF Réseau. Elle sera à préciser en fonction des stratégies propres à chaque gestionnaire.