12I4CE - Avril 2024Ces pertes sont souvent en partie prises en charge par la puissance publique via des aides de crises ou des mécanismes d’assurance publics. En effet, une fois que les dégâts se matérialisent, les attentes à l’égard des responsables publics – élus, services de l’Etat ou des collectivités – sont généralement pressantes. Il n’est donc pas rare que des décisions soient prises sur le mode de l’urgence, non seulement pour assurer la sécurité des per-sonnes et des biens, mais aussi pour rétablir au plus vite un certain niveau de service et minimiser les conséquences sur l’économie et l’opinion. La prise en charge directe des coûts se révèle alors la solution la plus immédiate. Au len-demain de la tempête Alex dans les Alpes Maritimes le Président de la République annonçait par exemple le déblo-cage de plusieurs centaines de millions d’euros pour la reconstruction (CGEDD et IGA 2021). ➜ Dans un contexte d’intensification des impacts du changement climatique et sans anticipation supplémentaire, il faut donc s’attendre à une hausse continue des dépenses et des besoins d’intervention pour réparer ce que l’on n’aura pas anticipé. Ces besoins accentueront la pres-sion sur les responsables et les budgets publics parfois au détriment d’autres priorités. La hausse des dépenses de réparation des infrastructures de transport se fait par exemple souvent au détriment des investissements d’amélioration programmés8 ; les réparations des bâtiments suites aux aléas clima-tiques pèsent sur les mécanismes d’assurance publics9 ; les crises agricoles pèsent sur la trésorerie des exploitations ralentissant les investissements dans la transition10. 2. Pourtant, des options d’anticipation sont bien identifiées et pourraient être mieux déployéesSans prétendre éliminer l’ensemble des coûts de répara-tion et des dommages résiduels, des options de réduction des vulnérabilités en amont sont disponibles pour minimiser les impacts des aléas climatiques sur les populations, les territoires et l’économie.Il s’agit d’abord de mesures organisationnelles qui permettent de saisir au mieux les fenêtres d’opportunités pour tenir compte des évolutions du climat et d’optimiser la réaction. Mais il s’agit aussi d’investissements addition-nels pour renforcer les niveaux de robustesse des travaux déjà programmés (par exemple de rénovation des bâtiments ou de modernisation des infrastructures), pour traiter les points chauds de vulnérabilités, pour déployer des solutions de prévention voire pour préparer des transformations plus importantes (en investissant par exemple dans de nouvelles filières agricoles) (I4CE 2022).Ces options peuvent parfois être déployées avec des coûts limités – notamment en intégrant l’adaptation dans les cahiers des charges des investissements déjà prévus. 8. « L’accroissement des risques naturels crée une concurrence dans l’attribution des crédits au détriment de l’entretien traditionnel » (Cour des comptes 2022, 42)9. Voir par exemple CCR. 2023. « Conséquences du changement climatique sur le coût des catastrophes naturelles en France à horizon 2050 » et Sénat. 2023. « La sécheresse ébranle les fondations du régime CatNat ».10. I4CE. 2024. « Estimation des dépenses publiques liées aux crises agricoles en France entre 2013 et 2022 »11. Voir pour plus de détails : Cour des Comptes. 2023. « La politique d’installation des nouveaux agriculteurs et de transmission des exploitations agricoles »