M.
Serge
Letchimy
Madame
la
ministre
,
je
tiens
à
intervenir
sur
cet
article
car
il
est
le
premier
figurant
au
chapitre
IV
intitulé
Mesures
spécifiques
aux
outre-mer
.
Je
ne
souhaite
pas
que
les
populations
d'
outre-mer
qui
prennent
connaissance
de
ce
texte
puissent
considérer
que
vous
avez
réduit
la
question
de
l'
outre-mer
à
des
artifices
juridiques
visant
à
adapter
différentes
régions
à
l'
évolution
institutionnelle
.
En
effet
,
le
seul
chapitre
traitant
de
l'
outre-mer
est
celui
-
ci
.
Je
veux
affirmer
ici
,
madame
la
ministre
,
que
vous
avez
,
s'
agissant
de
l'
aérien
,
organisé
des
assises
et
que
vous
avez
également
mis
en
place
un
dispositif
particulier
pour
que
celles
-
ci
comportent
un
volet
spécifique
consacré
à
l'
outre-mer
.
Nous
avons
travaillé
.
J'
ai
d'
ailleurs
eu
l'
honneur
de
présider
la
commission
outre-mer
et
d'
accomplir
un
travail
assez
conséquent
qui
nous
a
permis
de
rédiger
une
douzaine
de
propositions
extrêmement
précises
.
Le
principe
de
la
plupart
d'
entre
elles
a
été
approuvé
.
Je
tiens
à
le
dire
,
car
il
est
pour
moi
essentiel
de
faire
comprendre
que
la
question
du
transport
et
du
déplacement
aérien
dans
nos
différents
territoires
est
un
vrai
problème
,
dont
l'
enjeu
est
considérable
.
Il
s'
agit
de
régions
et
de
pays
très
éloignés
de
l'
axe
parisien
,
et
qui
sont
paradoxalement
assez
isolés
de
leur
géographie
cordiale
.
Vous
imaginez
bien
que
la
Martinique
,
qui
est
située
à
un
peu
plus
de
7000
kilomètres
de
Paris
,
est
en
relation
directe
avec
l'
Amérique
du
Nord
,
l'
Amérique
du
Sud
,
l'
Amérique
centrale
et
la
Caraïbe
.
Pour
prendre
le
seul
exemple
du
Brésil
,
nous
sommes
à
une
heure
de
vol
de
près
de
230
millions
d'
habitants
.
Par
conséquent
,
l'
avenir
et
l'
espérance
de
développement
de
nos
pays
dépendent
aussi
de
la
bonne
connectivité
avec
les
autres
pays
situés
à
proximité
.
C'
est
essentiel
et
fondamental
.
Lorsqu'
on
parle
de
l'
outre-mer
,
on
éprouve
toujours
un
sentiment
de
petitesse
,
mais
je
rappelle
que
la
Polynésie
,
qui
est
composée
de
dizaines
,
voire
de
centaines
d'
îles
,
a
une
surface
équivalente
à
celle
de
l'
Europe
.
La
question
de
la
mobilité
est
donc
essentielle
.
Nous
avons
retenu
plusieurs
éléments
que
je
veux
rappeler
solennellement
ici
.
Je
souhaite
auparavant
,
comme
vous
l'
avez
promis
d'
ailleurs
à
l'
ensemble
des
parlementaires
de
l'
outre-mer
que
vous
avez
réunis
,
que
vous
les
informiez
,
au
même
titre
d'
ailleurs
que
tous
les
parlementaires
de
la
nation
.
Tout
le
monde
doit
en
effet
avoir
le
même
niveau
d'
information
:
les
questions
d'
outre-mer
ne
sont
pas
seulement
ni
exclusivement
débattues
par
les
élus
d'
outre-mer
.
Je
souhaite
en
effet
de
plus
en
plus
que
l'
on
parle
avec
vous
,
chers
collègues
,
et
par
votre
intermédiaire
,
des
solutions
qui
sont
envisagées
pour
l'
outre-mer
.
Nous
avons
retenu
le
principe
d'
une
conférence
annuelle
,
dans
chaque
bassin
maritime
transfrontalier
,
portant
sur
l'
aérien
,
afin
de
nous
permettre
de
discuter
avec
les
autorités
de
proximité
.
Il
serait
en
effet
paradoxal
que
La
Réunion
ne
soit
pas
connectable
ni
surtout
ouverte
à
des
discussions
techniques
avec
l'
Afrique
du
Sud
,
Madagascar
ou
la
Somalie
.
Il
est
assez
surprenant
que
la
Martinique
ne
soit
pas
capable
-
sinon
directement
,
du
moins
avec
une
direction
générale
de
l'
aviation
civile
plus
décentralisée
-
de
prendre
des
décisions
avec
Cuba
,
avec
la
Jamaïque
,
avec
Sainte-Lucie
ou
avec
le
Venezuela
.
Il
est
assez
paradoxal
de
l'
affirmer
ici
,
et
peut-être
les
parlementaires
présents
jugent
étonnant
d'
entendre
de
tels
propos
.
Non
,
il
est
plus
facile
et
moins
coûteux
de
nous
rendre
en
avion
de
Fort-de-France
à
Paris
que
de
Fort-de-France
à
Kingston
,
en
Jamaïque
,
ou
dans
d'
autres
villes
importantes
.
Comme
nous
vivons
dans
un
bassin
où
la
culture
prime
,
l'
espoir
du
développement
et
le
développement
de
discussions
entre
les
jeunes
dans
le
territoire
caribéen
peuvent
devenir
une
réalité
précisément
en
raison
des
contacts
.
On
ne
peut
donc
pas
les
couper
.
Nous
avons
également
décidé
de
travailler
sur
les
tarifs
aériens
entre
l'
outre-mer
et
l'
Hexagone
,
qui
sont
parfois
scandaleux
.
Le
prix
des
billets
passe
en
effet
de
400
à
près
de
1000
euros
,
du
fait
de
la
saisonnalité
du
trafic
,
et
malgré
la
concurrence
qui
s'
est
installée
.
En
outre
,
nous
sommes
soumis
à
un
double
contrôle
stupide
dans
le
vol
sans
escale
entre
Fort-de-France
et
Paris
.
Nous
avons
donc
pris
l'
engagement
de
rechercher
des
solutions
pour
qu'
on
cesse
d'
humilier
les
Martiniquais
,
les
Guadeloupéens
et
les
Réunionnais
qui
sont
contrôlés
comme
s'
ils
étaient
des
étrangers
,
lorsqu'
ils
arrivent
en
métropole
.
Nous
avons
aussi
pris
l'
initiative
de
nous
retirer
des
accords
internationaux
de
déplacement
,
dont
la
conclusion
,
extrêmement
longue
,
suppose
des
accords
européens
et
nationaux
,
qui
compliquent
les
décisions
locales
.
Pour
nous
permettre
de
conclure
des
accords
aériens
de
déplacement
,
vous
avez
mis
en
œuvre
la
procédure
des
arrangements
administratifs
,
qui
évitent
de
remonter
en
permanence
vers
Paris
.
Bien
sûr
,
l'
outre-mer
mérite
mieux
que
des
principes
d'
égalité
,
qui
conduisent
parfois
à
considérer
qu'
il
se
trouve
,
voire
se
complaît
dans
l'
assistanat
.
J'
ai
ainsi
préconisé
d'
installer
en
Martinique
un
haut
centre
de
formation
dans
l'
aérien
destiné
à
former
des
pilotes
de
ligne
,
sur
le
modèle
du
centre
de
formation
technique
en
préfiguration
à
La
Réunion
.
Il
permettra
à
tout
le
bassin
américain
et
latin
de
venir
se
former
chez
nous
,
car
le
savoir
ne
réside
pas
uniquement
à
Paris
.
Parallèlement
,
nous
proposons
de
créer
l'
université
de
la
mer
en
Polynésie
et
l'
université
de
la
biodiversité
en
Guyane
.
Dire
que
nous
sommes
l'
esthétique
de
la
France
ne
suffit
pas
:
les
outre-mer
,
tout
en
appartenant
à
la
République
,
doivent
pouvoir
profiter
directement
de
leurs
richesses
.