Mishnah Bava Batra משנה בבא בתרא Le Talmud de Jérusalem, traduit par Moise Schwab, 1878-1890 [fr] https://www.nli.org.il/he/books/NNL_ALEPH002182155/NLI Mishnah Bava Batra Chapter 1 Deux maisons, appartenant chacune à deux individus différents, sont ouvertes dans une cour commune; si les deux individus, qui sont associés entre eux pour la cour, veulent la partager en deux cours, et faire entre celles-ci un mur de séparation, ils bâtissent ce mur au milieu (de sorte que si l’on en partage l’épaisseur en deux moitiés égales, une moitié se trouvera dans la part de l’un des associés, et l’autre dans la part du second propriétaire). S’ils ne sont pas d’accord entre eux pour l’emploi des matériaux nécessaires au mur, celui qui veut suivre l’usage du pays1 Cf. (Baba Metsia 7,1). peut forcer son associé de s’y conformer, soit qu’on bâtisse d’ordinaire ces genres de mur en pierres brutes, soit qu’on les fasse en pierres taillées, soit en lattes ou traverses2 Ou, selon l'explication de certains commentateurs, il s'agit de demi-briques, n'ayant qu'un palme et demi d'épaisseur., soit en briques ordinaires (à 3 palmes). Si l’on bâtit le mur en pierres brutes, on le fait d’une épaisseur de 6 palmes, trois pour chacun des associés; si on le bâtit en pierres taillées, on le fait d’une épaisseur de 5 palmes, 2 pour chacun; si on le bâtit en demi-briques, l’épaisseur du mur sera de 4 palmes, 2 pour chacun; enfin si on le bâtit en briques ordinaires, l’épaisseur du mur sera de 3 palmes, ou un et demi pour chacun. Comme chacun des associés donne la moitié des matériaux du mur et la moitié de la place qu’il occupe, si le mur s’écroule, sa place et ses pierres sont partagées en parties égales par les associés. Il en est de même d’un jardin commun à 2 individus, qui veulent faire le partage; dans les pays où il est d’usage de séparer les jardins l’un de l’autre par une haie, chacun des associés peut forcer l’autre de donner la moitié de la place et des matériaux nécessaires pour la haie. Il n’en est pas ainsi, si c’est un champ que les associés partagent3 Voir ci-après, 7, 5.; d’ordinaire, ce n’est pas l’usage de séparer les champs par une haie. Si donc l’un des associés veut faire la haie, il ne peut pas forcer l’autre d’y contribuer, mais il peut la faire sur le terrain qui lui appartient, et faire un signe pour qu’on sache que lui seul l’a faite; aussi, quand cette haie s’écroulera, on saura que la place et les pierres lui appartiennent. Si les deux associés veulent faire ensemble la haie, ils la font moitié sur le terrain de l’un et moitié sur le terrain de l’autre, et chacun donne la moitié des matériaux; ils font alors des marques des deux côtés4 On saura ainsi qu'ils ont tous deux contribué à la construction.; si donc la haie s’écroule, la place et les pierres sont partagées entre les deux associés. Si A a acheté les champs situés des 3 côtés du champ de B et s’il a construit une haie de ces 3 côtés pour séparer ces champs de celui de B, celui-ci n’est pas obligé de donner sa part des dépenses5 B. n'en profite pas beaucoup, puisque son champ reste ouvert du 4e côté.. R. Yossé dit: si B est allé ensuite faire une haie du 4e côté de son champ, il doit contribuer aux dépenses totales (des 3 autres côtés). Si le mur d’une cour (qui sépare la partie appartenant à un individu de celle qui appartient à un autre) s’est écroulée, l’un peut forcer l’autre de le rebâtir jusqu’à une hauteur de 4 coudées6 Un mur de cette hauteur, dit Rashi, met le voisin suffisamment à l'abri de l'ennui d'être vu par autrui dans sa propre cour.. Si ce mur était reconstruit, l’un des voisins dit qu’il l’a reconstruit de sa bourse, que l’autre n’a pas voulu y contribuer, et qu’il réclame par conséquent la moitié des dépenses, tandis que l’autre dit avoir donné sa part; dans ce cas, l’autre est acquitté, à moins que le premier n’appuie sa réclamation de preuves. Si l’un des voisins qui reconstruit un mur écroulé (pouvant se contenter de lui donner une hauteur de 4 coudées) l’élève plus haut, l’autre n’est pas obligé de donner la moitié des dépenses qu’il a faites pour augmenter la hauteur. Si l’autre a construit à côté un autre mur (de la même hauteur, pour faire un plafond d’un mur à l’autre), quoique le plafond ne soit pas encore construit, il doit payer la moitié des dépenses, même de celles que le premier a faites pour augmenter la hauteur du mur au delà de 4 coudées; car en construisant le deuxième mur à la même hauteur, il a prouvé être content de ce que l’autre a augmenté la hauteur du premier mur. Si après avoir construit le second mur, l’autre réclame la moitié des dépenses faites pour augmenter la hauteur du premier, il est condamné à le payer; car on ne le croit pas s’il prétend avoir payé, puisque d’ordinaire on ne paie pas dans un cas pareil7 Au cas où le défendeur n'est nullement obligé de dédommager le demandeur quand le dommage est fait, comme au présent cas, il n'était pas obligé de rembourser la moitié des dépenses., à moins de prouver par témoins avoir payé. Si une cour appartient à plusieurs individus qui y ont leurs maisons, ces individus peuvent forcer chacun d’entre eux de donner sa part pour contribuer à la construction de la loge du gardien et de la porte de la cour. R. Simon b. Gamliel dit: toutes les cours n’ont pas besoin de loge (par conséquent, celui qui habite dans une cour où cette loge est inutile, ne peut pas être forcé d’y contribuer). On peut forcer les habitants d’une ville de contribuer à la construction des fortifications de la ville, avec poterne et clôture. R. Simon b. Gamliel dit: toutes les villes n’en ont pas besoin (par conséquent, les habitants des villes qui n’en ont pas besoin, ne peuvent pas être tenus d’y contribuer). Combien de temps doit on avoir séjourné dans une ville, pour être considéré comme un habitant de la ville, devant participer aux charges et aux droits des habitants? Douze mois. Si un individu achète une maison dans la ville, il est de suite considéré comme un habitant de cette ville. On ne peut partager une cour (l’un ne peut pas forcer l’autre de la partager) que si, après le partage, les deux associés se trouvent avoir chacun une cour d’au moins 4 coudées; pour un champ, il faut qu’il reste à chacun une étendue de terrain qui produise neuf Kab. R. Juda exige neuf demi Kabs pour chacun8 La moitié.. Pour un jardin, il faut qu’il reste à chacun une étendue qui produise la moitié d’un Kab. R. aqiba dit: ce sera un quart de Kab. Quant aux palais, triclinium et murus (tourelle), aux colombiers, aux vêtements, aux bains, aux pressoirs aux champs pourvus d’une source d’eau, il faut qu’il y ait pour chacun une partie suffisante à son usage. En règle générale: si l’objet doit conserver après le partage son nom, on peut le partager (un associé peut contraindre l’autre d’en faire le partage); mais si après le partage l’objet ne peut plus conserver son nom (p. ex. un vêtement qui après le partage ne sera plus qu’une étoffe), on ne le partage pas. Tout ce qui précède s’applique au cas où l’un veut le partage, et l’autre ne le veut pas; mais si les associés veulent le partage, on peut toujours partager l’objet, si petit qu’il soit. Si deux individus possèdent ensemble un des livres saints (de la Bible), ils ne devront pas le partager, quand même ils le veulent d’un commun accord. Chapter 2 Il ne faut pas creuser un puits, ni une fosse, ni une grotte, ni un canal, ni une pièce d’eau pour le blanchissage près du puits etc. d’un autre individu1 On affaiblit ainsi les parois de la construction voisine., à moins de l’établir à la distance minimum de trois palmes du mur voisin, ou d’enduire de chaux les parois de ce que l’on creuse. Le reste des olives pressées dans le pressoir, le fumier, le sel, la chaux, les pierres rocheuses, ne doivent pas être placés près du mur d’un autre individu, à moins qu’il soit à la distance de 3 palmes, ou que le mur (en briques) ne soit enduit de chaux. Les semences, la charrue et les urines ne doivent pas être portées près du mur d’un autre individu; il faut les en éloigner d’au moins 3 palmes. Il faut en éloigner la meule, à la distance de 3 palmes de la meule inférieure, ce qui fait quatre de la meule supérieure. Il faut aussi éloigner (d’un mur d’un autre individu) le four à la distance de 3 palmes de la cavité, du piédestal, soit à 4 palmes de l’extrémité de l’embouchure2 Littéralement: de la lèvre.. Il ne faut pas ériger un four dans la maison3 Le feu qui y brûle peut allumer la charpente de la maison., à moins qu’il y ait entre le four et le plafond un intervalle libre de 4 coudées4 Cet écart suffit comme préservatif.. Si l’un veut mettre le four à l’étage supérieur, il faut que le plancher au-dessous du four soit couvert d’un enduit de 3 palmes d’épaisseur5 Sans compter, ajoute le commentaire, qu'au-dessus du four il devra rester un espace libre de 4 coudées, qui le sépare du toit.. Si un petit fourneau est placé à l’étage supérieur, il suffit que le plancher de soutien soit couvert d’un enduit de l’épaisseur d’un palme. Quoiqu’on ait observé toutes ces mesures, si l’on a causé un incendie, on doit payer le dommage. R. Simon dit: on n’a prescrit ces mesures que pour acquitter de tout dommage ultérieur celui qui les observe. Il ne faut pas ouvrir une boutique de boulangerie ou de teinturerie, ni une étable, sous le grenier d’un autre individu. Le voisinage d’une boutique de boulangerie ou de teinturerie ne cause pas de dommage au vin, mais une étable est nuisible6 "A cause de l'odeur; aussi, faut-il éloigner l'étable du vin de son voisin.". Si un individu veut ouvrir une boutique dans la cour, le voisin peut l’empêcher, en disant: “je ne pourrai pas dormir par le bruit de ceux qui entreront dans ta boutique et qui en sortiront”. Mais il peut y confectionner des objets pour les vendre dans la rue, et le voisin ne peut pas l’empêcher, sous prétexte de ne pouvoir pas dormir par le bruit du marteau, ou par celui de la meule, ou par celui des enfants. Si un individu avait un mur près de celui de son voisin7 Si les 2 murs se joignent en angle droit, ou sont disposés en forme de DELTA, dit le commentaire., il ne peut pas élever un second mur s’appuyant aussi contre celui du voisin (sans la permission du voisin), à moins de laisser entre ces deux murs parallèles un intervalle de 4 coudées8 Pour donner au mur de la solidité, il est bon de laisser autour de lui un espace libre.. Si un individu veut élever près des fenêtres de son voisin un mur qui doit être plus haut que ces fenêtres, il devra l’élever jusqu’à 4 coudées au-dessus des fenêtres; si le mur doit être bas, l’homme devra l’abaisser jusqu’à 4 coudées au-dessous (pour qu’il ne puisse pas voir, à travers les fenêtres, ce qui se passe chez son voisin). Si le mur doit être vis-à-vis des fenêtres, il faut l’en éloigner à la distance de 4 coudées (pour ne pas empêcher la lumière d’entrer par les fenêtres). Si un individu veut placer une échelle sur le mur qui sépare sa cour de celle de son voisin, et si son voisin a près de là un colombier, il doit éloigner son échelle du colombier à la distance de 4 coudées, pour que la martre9 Rashi a le mot (vieux français) Martrena. ne puisse monter sur l’échelle et tuer les pigeons. Si l’on veut construire un mur près de la gouttière qui se trouve sur le mur de son voisin, il faut l’en éloigner à la distance de 4 aunes, pour que le voisin ait un espace libre de quoi y placer une échelle, quand il veut monter sur le mur (et nettoyage la gouttière, qui est souvent bouchée, ce qui empêche l’écoulement de l’eau). Un colombier doit être éloigné de la ville10 Cf. Baba Qama 7, 10. à la distance de 50 coudées (pour que les pigeons ne mangent pas dans les champs des autres); il ne faut pas placer un colombier chez soi, si l’on ne possède pas de tous les côtés du colombier un tel espace. R. Juda dit: il faut un espace égal à un champ qui produit 4 kour; c’est l’espace qu’un pigeon parcourt en un seul vol. Mais si l’on achète un terrain avec un colombier, quoiqu’il n’y ait autour de ce colombier qu’un espace de terrain produisant le quart d’un Kab (fort peu), on peut le laisser en place11 Littéralement: le colombier restera en sa possession (en la présomption de possession de l'acheteur: celui-ci a le même droit que le vendeur, lequel a dû acheter ce droit à ses voisins).. Si un individu trouve un jeune pigeon près d’un colombier, jusqu’à la distance de 50 coudées, il doit le remettre au propriétaire du colombier12 On suppose alors que le pigeon sort du colombier voisin.; si le pigeon était éloigné du colombier à plus de 50 coudées, l’individu qui l’a trouvé peut le garder. Si le jeune pigeon se trouve entre deux colombiers, il appartient au possesseur du colombier qui est le plus proche: s’il est à distance égale des deux colombiers, leurs propriétaires se le partageront. Les arbres doivent être éloignés de la ville à la distance de 25 coudées13 Une place libre devant la ville sert à l'orner.; le caroubier14 "Comme équivalent arabe indiqué par Maïmonide, les éditions de son commentaire sur la Mishna ont à tort ""RV; le ms. De Londres (Oriental manuscrits, n° 2391) a KRWV." et le sycomore15 Maïmonide rend ce mot par le terme GMYD doivent en être éloignés de 25 coudées. Abba Saül dit: tout arbre qui ne porte pas de fruits, doit en être éloigné à 50 coudées. Si la ville a été construite avant la plantation de l’arbre, celui qui l’a planté est tenu de le couper sans recevoir un dédommagement. S’il a planté l’arbre avant la construction de la ville, il doit le couper; mais il peut se faire payer la valeur. Si l’on ne sait pas lequel des deux est le plus ancien, on coupe l’arbre, sans être tenu d’en payer la valeur. La grange fixe (où l’on vanne le blé avec une pelle) doit être éloignée de la ville à la distance de 50 coudées. Il ne faut pas établir une grange pareille chez soi, si l’on ne possède pas les alentours jusqu’à la distance de 50 coudées. On doit l’éloigner des plantes de son voisin et de sa terre labourée, à la distance nécessaire pour ne pas lui causer de dommage. Les cadavres des animaux, les tombeaux et la tannerie, doivent être éloignés de la ville à la distance de 50 coudées. On n’établit de tanneries que du côté Est de la ville16 Le vent de ce côté, dit Rashi, n'est pas assez violent pour emporter la mauvaise odeur à la ville.. R. aqiba dit: On peut établir la tannerie de tous les côtés de la ville, à la distance de 50 coudées, excepté du côté Ouest (dont le vent est plus vif). La place dans laquelle on fait la macération du lin doit être éloignée de la verdure; il faut éloigner les poireaux des oignons et la moutarde des abeilles. R. Yossé permet de planter la moutarde près des abeilles (sans craindre de leur nuire). Un arbre doit être éloigné du puits du voisin à la distance de 25 coudées17 Cf. (Sheviit 1, 2).; le caroubier et le sycomore doivent en être éloignés de 50 coudées, soit que l’arbre et le puits se trouvent au même niveau, soit que l’un se trouve à un niveau plus élevé que l’autre. Si le puits a été creusé avant la plantation de l’arbre, celui qui l’a planté doit le couper, et le propriétaire du puits lui paye la valeur de l’arbre; si l’arbre est plus ancien, on n’est pas obligé de le couper. S’il a des doutes sur la date relative de l’arbre et du puits, on n’est pas obligé de le couper. R. Yossé dit: quand même le puits serait plus ancien que l’arbre, celui qui l’a planté n’est pas obligé de le couper; car il a le droit de planter chez lui, comme son voisin peut creuser dans son domaine. Il ne faut pas planter un arbre près du champ de son voisin, à moins de laisser un intervalle de 4 coudées18 De cette façon, lorsqu'il cultivera son champ avec la charrue, autour de l'arbre, il ne s'expose pas à entrer dans le champ voisin.. Cela s’applique aux vignes ainsi qu’à tout arbre. S’il y a une haie entre les deux champs, chacun des deux voisins peut planter jusqu’à la haie. Si les racines d’un arbre s’étendent dans le champ du voisin, le voisin peut les couper, jusqu’à la profondeur de 3 palmes, pour qu’elles n’arrêtent pas la charrue. S’il vaut creuser dans son champ un puits, ou une fosse, ou une grotte, il peut couper les racines plus profondément et garder le bois pour lui. Chapter 3 Il y a présomption de possession pour les maisons, les puits, les fossés, les cavernes, les bains, les colombiers, les pressoirs, les champs arrosé par des sources, les esclaves, et tout ce qui produit des fruits constamment1 V. J., (Qidushin 1, 3).; la présomption de tous ces objets est de 3 ans accomplis du jour au jour. La possession d’un champ arrosé par la pluie2 Il ne donne de fruits, selon Rashi, qu'un fois l'an. est également de 3 ans, mais non pas de trois années entières. Il suffit, d’après R. Ismaël, que le défendeur l’ait cultivé, pendant les 3 derniers mois de la première année, pendant la deuxième année entière et pendant les 3 premiers mois de la 3e année, en tout 18 mois; d’après R. aqiba, il suffit même que le défendeur l’ait eu en possession un mois de la 1re année, la 2e année entière, et 1 mois de la 3e année, en tout 14 mois. R. Ismaël dit: les 18 mois dont j’ai parlé sont nécessaires pour un champ de culture (dont tous les produits se récoltent à la même époque); mais quand il s’agit d’un champ couvert d’arbres3 Les produits, dit Rashi, se récoltent à des époques différentes, comme les raisins, les olives et les figues., si le défendeur a récolté le blé, cueilli les olives et les figues, ces trois récoltes comptent pour 3 ans. La Palestine, par rapport à la possession, est divisées en 3 parties, savoir: la Judée, la Pérée, et la Galilée. Si donc le propriétaire d’un champ se trouve p. ex. en Judée, et si un autre prend en possession le champ qui se trouve en Galilée et dit qu’il l’a acheté (en se fondant sur les 3 ans de la possession comme d’une présomption), ou bien si le propriétaire se trouve en Galilée et un autre prend en possession le champ qui se trouve en Judée, une telle prise de possession est de nulle valeur, sauf si le propriétaire se trouve dans le même pays que le champ. R. Juda dit: la loi exige une possession de trois ans pour le cas où le propriétaire serait au loin, p. ex. en Espagne, éloigné de son pays à la distance d’une année de marche; il faut alors que le possesseur possède le champ pendant une année (pour que tous les habitants du pays l’apprennent); puis une 2e année pour qu’un voyageur arrive dans le pays où le propriétaire se trouve, et lui annonce l’usurpation de son champ, et une 3e année pour que le propriétaire puisse revenir faire opposition à cette occupation illégale. La possession d’un immeuble n’a aucune valeur, si le possesseur ne dit pas de quel droit il a possédé l’immeuble; ainsi, lorsqu’un individu dit à un autre: “que fais-tu dans mon domaine”? et l’autre répond: “je l’ai possédé le temps légal de la présomption, parce que tu me l’as vendu, ou donné, ou parce que ton père me l’a vendu ou donné”, l’argument a une valeur légale4 "Il prouve que le possesseur l'a acheté, ou reçu en don; sans quoi, l'ancien propriétaire ne le lui aurait pas laissé sans opposition.". Mais si le défendu répond: “je l’ai possédé le temps légal, parce que personne n’y a mis d’opposition”, la possession est de nulle valeur (et ce propriétaire reprend son bien). Si le défendeur répond: “je l’ai possédé le temps légal, parce que je l’ai hérité de mon père”, l’argument est valable, et l’on n’est pas obligé de dire de quel droit son père l’a possédé (car les enfants peuvent ignorer les affaires de leur père).5 La Guemara sur ce est traduite au (Ketubot 2, 2). Les ouvriers qui travaillent dans les champs, les associés, les fermiers et les tuteurs ne peuvent pas invoquer la possession comme preuve d’achat du champ cultivé par eux. Le mari ne peut pas l’invoquer comme preuve d’avoir acheté le champ de sa femme, cultivé par lui, ni la femme ne peut l’invoquer pour le champ de son mari, ni le père pour les biens de son fils, ni le fils pour ceux de son père. Toutefois, celle d’une certaine durée (d’ordinaire 3 ans) s’applique seulement au cas où un individu est un possession de l’immeuble6 Il invoque son état comme preuve d'acquisition légitime, faite depuis longtemps. Mais si l’individu ne possède pas encore le champ7 Aucune durée n'est exigible si l'on veut acquérir le champ sans l'acheter., savoir si l’on reçoit un immeuble en don, ou si les frères se partagent l’héritage, ou si chacun veut faire l’acquisition définitive de sa part, ou si l’on veut faire l’acquisition des biens d’un étranger qui est mort sans héritiers (lesquels biens, par conséquent, appartiennent au premier venu), dans tous les cas, on peut en faire l’acquisition définitive, aussitôt qu’on a fait un acte de prise de possession, p. ex. si l’on a clos la maison, ou si on l’a entourée d’un mur, ou fait une ouverture, si peu que ce soit. Si deux témoins ont déposé qu’un tel individu a possédé le champ d’un autre pendant 3 ans et l’on trouve que ces témoins sont faux, ils doivent payer au propriétaire toute la valeur du champ qu’ils ont voulu lui faire enlever. S’il y avait trois séries de deux témoins, chacune pour l’une des 3 années de possession, et ils sont démentis tous, chaque groupe paiera le tiers de la valeur du champ; s’il y avait 3 frères, dont chacun dépose son témoignage pour une année, et un autre qui dépose pour tous les 3 ans, ils comptent pour 3 groupes séparés, et leur témoignage est admis. S’ils sont tous démentis, ces 3 groupes comptent pour un (en ce sens qu’ils ne paient chacun que le tiers de la valeur du champ). Voici les choses pour lesquelles on peut invoquer la possession d’usage, et voici celles pour lesquelles on ne peut pas l’invoquer. Si un individu avait placé pendant trois ans sa bête dans la cour d’un autre, ou s’il y avait pendant 3 ans son four ou son moulin, ou s’il élevait ses poules dans la cour de l’autre, ou s’il y mettait son fumier, il ne peut pas invoquer la possession d’usage8 "Tout cela, dit le commentaire, peut s'enlever à chaque instant; le propriétaire de la cour peut donc dire: je l'ai permis jusqu'à présent, maintenant je ne veux plus le permettre.". Mais si l’individu a fait dans la cour de l’autre une haie de séparation haute de 10 palmes pour sa bête, ou pour son four, ou pour son moulin, ou s’il a introduit ses poules dans la maison de l’autre, ou s’il a fait dans la cour de l’autre une élévation de 3 palmes, ou une excavation d’autant pour son fumier, il peut invoquer la possession d’usage9 "Il peut dire à son voisin: tu m'as vendu ou accordé le droit de faire cet usage; si tu ne me l'avais pas vendu ou donné, tu ne m'aurais pas laissé cet usage pendant 3 ans sans y faire opposition.". On ne peut pas invoquer le droit de possession (même après 3 ans d’usage) d’une rigole d’eau aboutissant dans l’immeuble d’un voisin; mais ce droit de possession est applicable à la place que le tuyau occupe. Il y a droit de possession pour une gouttière située dans les mêmes conditions. Il n’y en a pas pour une échelle égyptienne (courte), mais il subsiste pour l’échelle tyrienne (longue). Il n’y en a pas pour la fenêtre égyptienne10 Cf. G. Hoffmann, dans la Zeitschrift fur alttest. Wissenschaft, 1882, p. 55., mais il subsiste pour la fenêtre tyrienne; on nomme fenêtre égyptienne l’espace si étroit que la tête d’un homme ne peut pas passer au travers. R. Juda dit: si elle est entourée d’un carreau de bois, même en étant trop étroite pour laisser passer une tête d’homme, on lui applique le droit de possession. Tout pignon (s’avançant sur la cour d’autrui), ayant au moins une largeur d’un palme, constitue un bien avec droit de possession11 Vis-à-vis de lui le propriétaire peut défendre de construire. dont le voisin peut interdire la présence12 Avant son érection, le voisin peut empêcher la construction.; à moins d’un palme, il ne constitue pas un bien entraînant possession et ne peut pas être interdit. On n’a pas le droit d’ouvrir une fenêtre sur la cour de son voisin, quand même on aurait sa part dans cette cour. Si un individu a acheté une maison qui s’ouvre sur une cour, il n’a pas le droit d’y faire une autre porte pour qu’elle s’ouvre aussi sur une autre cour, quand même il aurait sa part dans cette cour. Si deux individus ont leurs maisons dans une cour qui leur appartient à tous les deux, ils ne doivent pas les ouvrir sur cette cour, ni une porte vis-à-vis de la porte du voisin, ni une fenêtre vis-à-vis de celle du voisin. Si la fenêtre était petite, on n’a pas le droit de l’agrandir sans la permission du voisin; s’il n’y avait qu’une fenêtre, on n’a pas le droit d’en ouvrir une autre. Mais si le voisin demeure de l’autre côté de la rue, on peut ouvrir une porte vis-à-vis de celle du voisin, ou une fenêtre vis-à-vis de celle du voisin; on peut aussi l’agrandir et en faire deux pour une. Il ne faut pas faire de fosses souterraines, ni puits, ni grottes, dans la rue; R. Eléazar le permet, si une voiture remplie de pierres, peut passer là sans s’enfoncer13 "Cf. (Bikurim 1, 1); (Baba Qama 5, 9)". Le maître d’une maison ne doit pas laisser les saillies de son mur14 Littéralement: les pignons et le balcon, gr. eustos. s’étendre jusque dans la rue15 Elles pourraient endommager les passants dans la rue.; il peut le faire, s’il n’a pas élevé le mur à la limite de son domaine, mais en dedans, de sorte que les saillies ne s’étendent pas au delà de son domaine. Si un individu achète une maison dont les murs ont des saillies, il peut les laisser (il n’est pas obligé de les couper). Chapter 4 Si l’on dit vendre une maison, la pièce latérale1 "Ou: ce qui l'entoure comme un voile; Cf. (Nedarim 7, 4)." n’y est pas comprise, quoiqu’elle soit ouverte dans la maison; dans la voûte d’une maison n’est pas comprise non plus la pièce qui est en dedans (quoiqu’elle s’ouvre sur l’intérieur du clos), ni le toit s’il avait une balustrade haute de 10 palmes; selon R. Juda, n’y eut-il que la forme d’une porte n’atteignant pas la hauteur de dix p. elle n’est pas comprise dans la vente. Si, l’on vend un bâtiment, la citerne n’est pas vendue, quoiqu’il ait été écrit dans l’acte qu’il vend le bâtiment avec sa profondeur et sa hauteur. Le vendeur est obligé d’acheter le droit de passer par le bâtiment pour arriver à sa citerne; telle est l’opinion de R. aqiba. Les autres docteurs disent qu’il n’a pas besoin de l’acheter. R. aqiba, d’accord avec les autres docteurs, dit que le vendeur n’a pas besoin d’acheter le passage, s’il a écrit dans l’acte qu’il vend le bâtiment, excepté la citerne. Si un individu vend la citerne à l’un, en gardant le bâtiment à un autre, R. aqiba dit que l’acheteur n’a pas besoin d’acheter le droit de passer par le bâtiment; les autres docteurs disent qu’il doit l’acheter (s’il ne l’achète pas, il sera obligé de passer par un autre chemin moins commode). Si un individu vend une maison, il comprend dans la vente les choses fixes qui s’y trouvent comme la porte, ou le mortier ou la meule qui est fixe, mais non pas celles qui s’enlèvent comme la clef, ou le four, ou la meule mobile. S’il a dit qu’il vend la maison et tout ce qu’il y a dedans, toutes ces choses sont vendues, comme en vendant le four, le fourneau est inclus. Si un individu vend une cour, il a compris dans la vente les maisons, les citernes et les caves qui s’y trouvent, mais non pas les choses qui s’enlèvent; s’il a dit qu’il vend la cour avec tout ce qui est dedans, toutes ces choses sont vendues; cependant même dans ce cas, la maison de bains et le pressoir n’y sont pas compris. R. Eléazar dit: Celui qui vend une cour n’a vendu que l’air de la cour2 Le jour qu'elle donne, non ce qui ouvre sur elle.. Si un individu vend un pressoir, il a compris dans la vente toutes les choses fixes qui s’y trouvent, savoir le bassin, la pierre de compression et le double tronc, ou piédestal3 Pour le terme Mischnique Betoulot (littéralement: les vierges), le commentaire offre deux équivalents en langue romane: azmillin (? gemelli) et SHRWRSH, serors., savoir les fourneaux, la roue (pour puiser) et les poutres; s’il a dit qu’il le vend avec tout ce qui est au dedans, toutes ces choses sont aussi vendues. Selon R. Eléazar, la vente du pressoir implique la poutre de pression. Celui qui vend à autrui un bain ne lui vend, ni les cloisons (ou planches), ni les sièges, ni le linge de bain, balaneion; mais s’il déclare avoir vendu le bain avec tous les objets précités, le tout sera tenu pour vendu. En aucun cas, la vente ne comprendra les réserves d’eau, ni les amas de bois. Si un individu vend une ville, il a compris dans la vente les maisons, les puits, les cavernes, les maisons de bains, les colombiers, les pressoirs, les jardins (destinés aux promenades, ou les champs qui entourent la ville); mais il n’a pas compris les objets mobiliers. S’il a dit qu’il vend la ville avec tout ce qui s’y trouve, il a vendu même les bestiaux et les esclaves qui y sont. R. Simon b. Gamliel dit: Si un individu vend une ville, il a compris aussi dans la vente la douane. Si un individu vend un champ, il a compris dans la vente les pierres nécessaires au champ4 Après la moisson, on laisse les gerbes se dessécher, et on y met des pierres pour que le vent ne les enlève pas., les échalas des vignes, les épis non moissonnés, une haie de joncs inférieure à la contenance d’un quart de saa, ou une guérite de gardien non pourvue de ciment (exposée à la dislocation), un jeune caroubier non encore greffé, un jeune plant de sycomores (tous objets annulés par leur peu de valeur); mais une telle vente ne comprend ni les pierres inutiles au champ, ni les échalas dont la vigne peut se passer, ni les épis moissonnés. Si un individu vend un champ, quoiqu’il ait dit qu’il le vend avec tout ce qui s’y trouve, il n’a compris dans la vente, ni une grande haie de joncs, ni la guérite cimentée, ni un caroubier greffé, ni un sycomore étendu, ni la citerne, ni le pressoir, ni le colombier, bien qu’ils soient vides ou pleins. Le vendeur est alors obligé d’acheter le droit de passer par le champ (pour arriver à la citerne, ou aux autres objets); telle est l’opinion de R. aqiba. Les autres docteurs disent qu’il n’a pas besoin de l’acheter. R. aqiba, d’accord avec les autres docteurs, reconnaît que le vendeur n’a pas besoin d’acheter le passage, s’il a spécifié lors de la cession qu’il vend le champ seul, excepté les dites choses. Si un individu cède à autrui (la citerne, ou le pressoir, ou le colombier, en gardant le champ), R. aqiba dit que l’acheteur n’a pas besoin d’acheter le droit de passer par le champ. Les autres docteurs disent qu’il doit l’acheter5 Sauf à passer par un chemin moins commode.. A toutes les choses susmentionnées, il est fait une réserve: elles ne sont pas comprises dans la vente du champ, mais elles sont comprises dans le don6 Si quelqu'un donne son champ, toutes ces choses sont comprises.. Si des frères se partagent entre eux les champs de l’héritage, celui qui prend le champ a droit à tout ce qui s’y trouve. Si un individu a acquis par l’acte de la prise de possession le champ d’un étranger mort sans héritiers, il a acquis tout ce qui s’y trouve. De même, celui qui le consacre au culte consacre en même temps tout ce qui s’y trouve. Selon R. Simon, celui qui consacre ainsi un champ n’a englobé dans cette consécration que le caroubier greffé (de valeur) et le sycomore étendu7 De plein rapport, en toute maturité. qui se trouveraient sur ce sol. Chapter 5 Si un individu vend un navire, il a compris dans la vente le mât1 "Dans son commentaire arabe sur la Mishna, Maïmonide rend ce mot par Kala""", la vergue et l’ancre, ecenhi", avec tout ce qui est nécessaire pour la marche, mais il n’a pas compris dans la vente les esclaves (qui le conduisent), ni les grands sacs du bagage, ni le chargement, enqhch. S’il dit qu’il vend le navire avec tout ce qui s’y trouve, toutes ces choses sont vendues en même temps. Si un individu dit qu’il vend un char (carrum), il n’a vendu que la voiture, et non les mulets; s’il dit qu’il vend les mulets, il n’a pas compris dans la vente la voiture. S’il dit qu’il vend un joug, il l’a vendu seul et non les bœufs; s’il dit qu’il vend les bœufs, il n’a pas vendu le joug. R. Juda dit: il faut voir à quel prix il a vendu le couple (pour savoir ce qu’il comprend): s’il l’a vendu pour 200 zouz, il est évident qu’il a compris les bœufs dans la vente, car on ne donne pas 200 zouz pour un joug seul. Les autres docteurs disent: le montant du prix n’est pas une preuve de ce que l’on vend. Si un individu vend un âne, son harnais n’est pas compris dans la vente. Nahoum le Mède dit que le harnais y est compris. R. Judah dit que tantôt le harnais est compris dans la vente, tantôt il n’est pas compris (cela dépend de la manière dont le vendeur s’est exprimé). Ainsi lorsqu’en présence d’un âne pourvu d’un harnais, l’acquéreur dit au propriétaire: “vends-moi ton âne que voici”, le harnais sera compris dans la vente; mais si l’acquéreur dit: “vends-moi l’âne s’il est à toi”, le harnais n’y est pas compris. Celui qui vend une ânesse cède en même temps l’ânon (l’on ne va pas sans la mère); mais si l’on vend une vache (dont on peut utiliser le lait à part), le veau n’est pas compris dans la vente. En vendant le monticule aux ordures, le fumier y est compris. En vendant le puits, on cède l’eau, comme en vendant un colombier, les pigeons y sont compris. En vendant la ruche, les abeilles sont comprises dans la vente. Celui qui acquiert les petits d’un colombier ne devra pas les enlever tous; il laissera une première couvée sur place (pour ne pas détourner la mère), et prendra le reste. Celui qui acquiert une ponte d’abeilles (de l’année) prend tous les trois premiers groupes, puis en enlève un sur deux (sans dégarnir tout à fait la ruche). De même, celui qui achète les gâteaux de miel devra laisser deux gâteaux pour nourrir les abeilles qui restent. Enfin l’acquéreur des olives sur pieds ne coupera pas les deux dernières branches du bas. Si un individu achète 2 arbres dans le champ d’un autre, il n’a pas acquis le terrain autour d’eux. R. Meir dit: le terrain est acquis. Si les branches s’étendent beaucoup, le propriétaire du champ n’a pas le droit de les couper; ce qui sort du tronc appartient à l’acheteur des arbres; ce qui sort de la racine appartient au propriétaire du champ. Si les arbres se dessèchent, l’acheteur n’a pas le droit d’en planter d’autres à leur place (n’ayant pas le sol à lui). S’il a acheté 3 arbres, il a acquis le terrain qui leur est nécessaire; si les branches s’étendent au delà de ce terrain, le propriétaire du champ peut exiger qu’on coupe ce qui dépasse le terrain de l’acheteur. Ce qui sort du tronc ou des racines appartient à l’acheteur; si les arbres se dessèchent, l’acheteur a le droit au terrain (pour en planter d’autres à leur place). Celui qui vend la tête d’un animal de gros bétail ne vend pas pour cela les pieds, et de même en vendant les pieds, on ne vend pas la tête (tout en distinct). En vendant les poumons, on ne vend pas le foie; en vendant le foie, on ne vend pas les poumons. Pour le menu bétail au contraire, en vendant la tête on ne vend aussi les pieds; mais en vendant ces derniers, on ne vend pas la tête (part capitale). En vendant les poumons, on vend aussi le foie; mais avec ce dernier (inférieur), on n’a pas vendu les poumons. Il y a quatre catégories de vendeurs. Si un individu dit vendre du bon froment, et il se trouve que ce blé est mauvais, l’acheteur peut annuler la vente; si le vendeur dit vendre du mauvais froment, et celui-ci se trouve être bon, le vendeur peut annuler la vente; s’il dit vendre du mauvais ou du bon, et il se trouve que le froment est comme il a été annoncé, personne ne peut annuler la vente; s’il dit vendre une sorte de marchandise, p. ex. rougeâtre, et il se trouve qu’elle est d’une autre sorte, p. ex. blanche, le vendeur ou l’acheteur peut annuler la vente; il en est de même s’il dit vendre du bois d’olivier, et il se trouve que c’est du bois de sycomore, ou vice-versa, ou s’il dit vendre du vin, et c’est du vinaigre, ou l’inverse. Si l’acheteur des produits du champ, ou des fruits, a fait l’acte d’attraction, quoiqu’il ne les ait pas mesurés, il es a acquis: s’il les a mesurés, mais s’il n’a pas fait l’attraction, il ne les a pas acquis. Si l’acheteur est intelligent, il peut louer la place de la marchandise (la marchandise lui sera acquise, parce qu’elle se sera trouvée dans son domaine). Si un individu achète du lin, il doit le soulever, ou le déplacer pour l’acquérir. Si le lin n’était pas encore arraché de la terre, l’acheteur peut l’acquérir s’il en arrache un peu. Un individu vend à un autre du vin ou de l’huile, et la marchandise, après que le prix a été convenu entre le vendeur et l’acheteur, est devenue plus chère ou moins chère; si la mesure n’a pas encore été remplie, la marchandise appartient au vendeur (et ils peuvent annuler la vente); si la mesure est déjà remplie, la marchandise appartient à l’acheteur (et la vente est irrévocable). S’il y a un marchand intermédiaire entre le producteur et le consommateur, et que le producteur ait mesuré la marchandise dans le tonneau du marchand, la marchandise versée dans son tonneau lui est acquise; alors si le tonneau se brise, et le vin ou l’huile s’écoule, le marchand subit le dommage. Quand un individu vend ce liquide, il doit ajouter à la mesure 3 gouttes. Si le liquide s’est amassé au fond de la mesure, après que le vendeur l’avait fait pencher, il peut garder ce liquide (l’acheteur y renonce). Le boutiquier n’est pas obligé d’ajouter les 3 gouttes. R. Juda dit: la boutiquier n’est dispensé de cette obligation que le vendredi à la fin de la journée2 A ce moment, selon la Braïtha, il est très occupé aux préparatifs du Sabbat.. Un individu envoie son petit enfant (en lui donnant un flacon et un pondion = 2 as) pour qu'il aille acheter chez le boutiquier de l’huile pour un as, le boutiquier verse dans le flacon de l’huile pour cette monnaie, et donne à l’enfant son flacon et un as en retour, puis l’enfant casse le flacon et perd la monnaie. Dans ce cas, le boutiquier doit payer pour le flacon, pour l’huile et pour l'as perdus3 Il a eu tort de les confier à l'enfant.. R. Juda dit le boutiquier est acquitté, car le père de l’enfant l’a envoyé pour qu’il prenne lui-même du boutiquier l’huile et la monnaie. Les autres docteurs, d’accord avec R. Judah, disent: si le boutiquier a laissé le flacon aux mains de l’enfant, il n’est pas obligé de payer la valeur du flacon brisé par l’enfant. Le marchand, sitwnh" (qui achète du blé en gros pour le vendre en détail) doit nettoyer ses mesures une fois par mois. Au cultivateur qui ne vend que ses produits, il suffit de nettoyer ses mesures une fois par an. R. Simon b. Gamliel dit au contraire: le marchand en gros devra les nettoyer une fois par an et le propriétaire tous les mois; de plus, le boutiquier doit nettoyer ses mesures 2 fois par semaine, ses poids une fois par semaine, et la balance toujours avant de peser. R. Simon b. Gamliel dit que tout cela se rapporte aux objets humides, non aux objets secs. En vendant il penchera la balance jusqu’à un palme, pour donner un peu plus de poids. S’il pèse juste, il doit ajouter 1/10 en surcroît, grammai, d’une livre pour 10 livres de choses humides, et pour 20 livres, s’il s’agit de choses sèches. Dans les endroits où il est d’usage de mesurer par des petites mesures (p. ex. un cab, ou un log), on ne doit pas mesurer par de grandes, (p. ex. avec un saa qui contient 6 cab, car l’acheteur y perd). Si l’usage prescrit de mesurer par de grandes mesures, on ne doit pas mesurer par de petites; enfin si l’usage est de donner des mesures rases, on ne peut pas demander les mesures entassées; si l’usage est d’entasser les mesures, on ne peut pas donner de mesures rases. Chapter 6 Un individu a vendu des semences à un autre, l’acheteur les a semées, mais elles n’ont pas réussi. En ce cas, le vendeur n’est point responsable1 "Il peut dire: "" Je te les ai vendues comme fruits alimentaires, non pour la semaille "".", quand même il a vendu les semences de lin (employées d’ordinaire pour la semaille, mais servant aussi d’aliment). R. Simon b. Gamliel dit: s’il a vendu des semences de jardin qu’on ne peut pas manger, il est responsable2 Il devra rendre l'argent à l'acquéreur si les semences ne valent rien pour la semaille.. Si un individu vend à un autre les produits du champ, l’acheteur doit accepter un quart de kab de déchets mêlés à un saa de bon produit (= 1/24, un saa ayant 6 kab). Si l’on achète des figues, on doit en accepter un % de mauvaises; en achetant une cave pleine de vin, on accepte 10 % de mauvais tonneaux. En recevant des cruches de Saron, il faut compter de même 10 % défectueuses, piqo". Si un individu vend à un autre du vin, et si ce vin aigrit, le vendeur n’en est pas responsable; mais s’il est connu que son vin devient toujours aigre, l’acheteur peut annuler la vente (arguer qu’il y a eu erreur). Si le vendeur lui a dit: “je te vends du vin épicé” (bon à conserver), il faut que le vin se conserve au moins jusqu’à la Pentecôte suivante; s’il vend du vin vieux, celui-ci devra être au moins de l’an passé; enfin s’il vend du vin “très vieux”, celui-ci devra avoir 3 ans de date. Si quelqu’un vend à autrui un emplacement pour la construction d’une maison, ou en vue des fiançailles de son fils, ou une maison de veuvage à sa fille, il construira sur 4 aunes de large et 6 de long, selon R. aqiba. R. Ismaël dit: c’est la place d’une écurie de bœufs, et pour la construire on adopte cette mesure. Une petite maison occupe 6 aunes sur 8; une grande, 8 sur 10; un triclinium, 10 sur 10. La hauteur sera de la moitié de la longueur et de la largeur, adoptant pour exemple la 1re salle du temple. Celle-ci, selon R. Simon b. Gamliel, sert de modèle en tout. Si un individu possède une citerne dans le bâtiment d’un autre, il doit entrer et sortir à l’heure où chacun a l’habitude d’aller et venir, il n’a pas le droit d’y faire entrer son animal, mais il puise l’eau et la donne à son animal au dehors. Le propriétaire de la citerne la ferme à clef (pour qu’on n’y puise pas d’eau en son absence); celui du bâtiment a aussi sa clef (pour que l’autre ne puisse entrer en son absence). Si A possède un petit jardin enfermé dans celui de B, il doit y entrer et sortir à l’heure habituelle de chacun. Il ne peut pas y introduire des marchands; il ne doit profiter du passage que B lui donne à travers son jardin que pour entrer dans le sien, non pour abréger son chemin en passant par le jardin de B quand il veut aller ailleurs. B peut semer sur le passage par lequel A entre dans son jardin. Si A et B sont convenus entre eux que le premier aurait un passage sur le côté, A peut entrer et sortir quand il veut; il peut faire entrer des marchands dans son jardin, mais il ne peut se servir de ce passage que pour entrer dans le jardin, non pour entrer dans un autre endroit; ni A ni B ne peuvent semer sur ce passage. Si une route publique passe à travers le champ d’un individu et si le propriétaire du champ a fermé cette route, en donnant au public une autre, le public peut à son gré se servir du nouveau chemin ou prendre l’ancienne route. Si un individu achète un passage à travers un champ, le vendeur doit lui donner un passage large de 4 coudées; la route publique est de 16 coudées; celle du Roi n’a pas de limite; la route de ceux qui accompagnent un mort à son dernier repos n’a pas de limite non plus. Les juges de Sephoris disent que la station funéraire3 Ceux qui allaient à des enterrements faisaient des stations. 5. (Berakhot 3, 1). peut occuper une place égale à un champ qui produit 4 kabs. Si l’on a acheté de son prochain un terrain pour l’employer à la sépulture, ou si l’on a reçu de lui un terrain à cet effet, on fera à l’intérieur une cavité large de 4 coudées contre 6 de long, sur laquelle pourront s’ouvrir 8 tombes, savoir: 3 de chaque côté de la longueur vis-à-vis (une en face de chaque côté plus étroit); quant aux tombes elles-mêmes, elles auront 4 coudées de long, 7 de haut, et 6 de large4 Cf. J., (Nazir 9, 3).. R. Simon dit: l’intérieur total de la caverne est long de 8 coudées et large de 6; on creuse, dit-il, 13 excavations, pour recevoir 13 morts, savoir: 4 dans chacune des deux longues parois, 3 dans la paroi en face (courte), une à droite de l’entrée et une à gauche. On fait, à l’entrée de la caverne, une cour de 6 coudées de long et 6 de large, pour recevoir les porteurs du cercueil, et on fait 2 cavernes (telles que l’on vient de les décrire), dont l’une est d’un côté de la cour et l’autre de l’autre côté. R. Simon dit que l’on fait 4 cavernes, une de chaque côté de la cour. R. Simon b. Gamliel dit: pour le nombre des excavations et celui des cavernes, il faut prendre en considération la solidité du terrain5 "On pourra creuser plus de 13 excavations, si le terrain est dur; car on n'aura pas besoin d'un intervalle d'une coudée entre elles; si le terrain est mou, on en creusera moins, car on aura besoin d'un plus grand intervalle.". Chapter 7 Si un individu dit à un autre: “Je te vends un terrain qui produit un kour ”, l’acheteur n’est pas obligé de comprendre dans la mesure les fosses profondes de 10 palmes, ni les rochers hauts de 10 palmes; si les fosses ou les rochers ont une mesure moindre, ils seront compris dans l’espace vendu. Mais si le vendeur a déclaré vouloir céder un tel espace d’un tel kour (tel qu’il est), y eut-il des cavités profondes de plus de 10 palmes, ou des roches plus élevés que dix palmes, ils seront compris dans le total de la vente. Si un individu dit à un autre: “je te vends un terrain d’un kour, exactement mesuré au cordeau”, s’il manque une parcelle à la mesure, l’acheteur déduira du prix la valeur de ce qui manque; si le terrain dépasse un peu la mesure, l’acheteur rendra le surplus au vendeur. Si le vendeur a dit: “je te vends ce terrain d’un kour pour tel prix”, soit qu’il manque un peu à la mesure, soit qu’il la dépasse un peu, l’acheteur ne peut rien déduire au prix, s’il manque un quart de kab pour un saa (ou 7 kabs 1/2 pour un kour), pas plus que le vendeur ne peut réclamer, s’il y a un surplus de 1/4 de kab pour un saa; mais si la différence est plus grande, il faut en tenir compte. L’acheteur est obligé de rendre au vendeur le surplus, que rendra-t-il? Soit de l’argent, soit le surplus du terrain à l’acheteur1 D'ordinaire ce surplus est peu de chose pour le vendeur qui aurait beaucoup de peine à cultiver un petit terrain, tandis que l'acheteur en profitera facilement en le cultivant avec le reste du terrain. Si donc le surplus est assez grand pour valoir la peine d'être cultivé à part (p. ex. un champ qui produit 9 kabs, un jardin qui produit la moitié d'un kab, ou d'après R. Akiba, un quart de kab), l'acheteur rendra le surplus.. Pourquoi alors est-il dit de rendre de l’argent? Pour faire ressortir le privilège du vendeur, car d’autre part s’il reste au champ une contenance de 9 kab2 Cf. (Ketubot 11, 4)., ou dans un potager une contenance d’un demi-kab, ou, selon l’avis de R. aqiba, seulement un quart de kab, l’acquéreur devra restituer le morceau de terrain, non seulement pour ce quart inoccupé, mais tout le reliquat. Si quelqu’un dit à autrui: “je te vends le terrain mesuré au cordeau, soit un peu plus, soit un peu moins”, la vente est nulle, parce que la seconde expression annule la précision de la première. De même si les propositions ont été énoncées à l’inverse, elles s’annulent aussi mutuellement, dit Ben-Nanos. Si le vendeur dit: “je le cède par ses marques et ses limites”, et qu’il y a une différence moindre qu’un sixième, elle est aux dépens de l’acheteur; si elle dépasse cette mesure, on peut la décompter du montant à payer. Si un individu dit à son prochain: “je te vends un demi-champ”, on mettra en adjudication la partie la mieux fumée sise entre les deux, et le vendeur gardera pour lui le montant de la moitié du champ. S’il a dit: “je te vends la moitié du champ sise au midi”, on mettra aussi en adjudication la meilleure part du champ sise au milieu, et l’acquéreur touchera la moitié du champ sise au midi. Il comprend pour lui la place de clôture, ainsi que du grand et petit fossé de séparation. Combien d‘espace faut-il pour le fossé? 6 palmes; et pour le petit fossé? 3 palmes. Chapter 8 Il y a 4 catégories de parents au point de vue de l’héritage, savoir 1re catégorie: Les parents d’un individu qui héritent de lui, s’il meurt, et dont l’individu aussi hérite s’ils meurent avant lui. Ce sont les fils du père qui héritent de lui, et dont le père hérite s’ils meurent avant lui (sans laisser d’enfants). Les frères d’un seul père héritent l’un de l’autre (si le père est mort et s’ils ne laissent point d’enfant). -2ème catégorie: Les parents d’un individu qui héritent de lui s’il meurt, mais dont l’individu n’hérite pas. Ainsi le fils hérite de la mère, mais elle n’hérite pas de lui (car les parents du côté du père sont les héritiers); le mari hérite de sa femme, mais elle n’hérite pas de lui; le fils de la sœur d’un individu hérite de lui (car la sœur hérite de lui, et le fils hérite des droits de sa mère), mais lui n’hérite pas du frère du fils de sa sœur (car sa sœur n’hérite pas de son fils). – 3ème catégorie: les parents d’un individu qui n’héritent pas de lui et dont l’individu hérite, savoir: la mère, à l’égard de son fils; elle n’hérite pas de lui, mais il hérite d’elle; l’épouse à l’égard de son mari: elle n’hérite pas de lui, mais il hérite d’elle; le frère de la mère d’un individu; il n’hérite pas de son neveu, mais le neveu hérite de lui. 4ème catégorie: les parents d’un individu qui n’héritent pas de lui, et dont celui-ci n’hérite pas non plus; ce sont: les frères d’une seule mère. Voici l’ordre des héritages. Il est écrit: Si un homme meurt sans avoir de fils, vous transmettrez son héritage à sa fille s'il n'a pas de fille, vous le donnerez à ses frères s'il n'a pas de frères, vous le donnerez aux frères de son père (Nb 27, 8-10). La fille n’hérite de rien s’il y a un fils, et tous les descendants de ce dernier ont la priorité sur la fille. La fille a la priorité sur les frères du défunt (ses oncles), et tous les descendants de la fille passent avant ses oncles. Ceux-ci passent avant les frères du père, ainsi que leurs descendants1 "Ainsi, Jacob meurt, laissant Ruben et Dinah; le 1er hérite seul. Si Jacob ne laisse que Dinah, elle ou ses héritiers auront l'héritage, non Esaü, lequel hériterait si Dinah n'existait pas, et Ismaël, oncle du défunt, n'aura rien.". Règle générale: si un individu a la priorité sur un autre, ses enfants et ses petits-enfants (à l’infini) ont aussi la priorité sur l’autre. Enfin si le fils meurt, son père a la priorité sur tous les autres enfants. Les filles de Tsolfhad (Nb 27) lors de la distribution des terres du temps de Josué ont pris trois parts2 Voir Midrash Rabba sur (Nb 21.: 1° celle de leur père qui fut de ceux qui sont sortis de l’Egypte et reçurent tous une part en Palestine; 2° la part de leur père sur les biens de Héfer3 Héfer eut plusieurs fils, dont Tslofhad dut l'aîné.; 3° une part en plus à titre d’aîné. La fille (si elle n’a pas de frère) a le même droit qu’un fils sur l’héritage de son père, ou sur celui de sa mère; seulement, le fils premier-né prend deux parts des biens de son père, mais il ne prend qu’une part des biens de sa mère. Quand le père laisse des biens à ses héritiers, il peut arriver que les filles puissent réclamer leur nourriture sur ces biens4 Cf. (Ketubot 4, 11).: mais si la mère laisse des biens, ses filles n’ont jamais rien à réclamer (lorsqu’elle a laissé un fils, seul héritier). Si un individu dit: “mon premier-né ne prendra pas 2 parts” ou bien s’il dit: “tel de mes fils n’héritera pas avec ses frères”, ces paroles sont nulles, car elles sont contraires à la loi écrite5 Une telle condition est non avenue.. Si un malade, en faisant avant sa mort le partage verbal de ses biens parmi ses fils, a accordé à l’un plus qu’à l’autre, ou s’il a donné au premier-né la même part qu’aux autres frères, ses paroles sont valables6 Entre vifs, tout don est valable.; mais, s’il a dit qu’il les donne comme héritage, ses paroles sont nulles. S’il fait un acte, en mettant au commencement, ou au milieu, ou à la fin, le mot don, la distribution du don est valable. Si un malade qui a un enfant (fils ou fille) dit: “tel individu héritera de mes biens”, ou si un malade qui a un fils dit: “ma fille héritera de mes biens”, ses paroles sont nulles (à moins qu’il ne leur donne les biens à titre de don), parce qu’il fait une disposition contraire à la loi écrite dans le Pentateuque. R. Yohanan b. Broqah dit: Si le malade dit d’un individu qui a une part dans l’héritage: “que cet individu hérite de tous mes biens “ (à l’exclusion des cohéritiers), ses paroles sont valables; mais s’il le dit d’un individu qui n’a aucune part dans l’héritage, ses paroles sont nulles. Si un malade qui laisse des enfants, donne par testament ses biens à des étrangers, le testament est valable; mais les sages n’approuvent pas cette action. R. Simon b. Gamliel dit: si les enfants se conduisent pal, le père fait bien de les déshériter. Si un individu dit: “Tel homme est mon fils”, il est cru; s’il dit: “tel homme est mon frère”, il n’est pas cru, mais il lui donnera une partie de son héritage paternel7 "P. ex. Ruben et Simon sont deux frères qui héritent des 3 champs de Jacob; survient Lévi qui se dit aussi fils de Jacob. Ruben dit qu'il est effet son frère, mais Simon le nie. En ce cas, Ruben n'est pas cru pour obliger Simon à donner à Lévi la moitié d'un champ, mais Ruben donnera lui-même la moitié du champ qu'il a pris pour sa part, et qui appartient à Lévi.". Si après avoir pris la moitié du champ, le 3e frère meurt, la moitié sera reprise par le premier; si le 3e a acquis un autre bien et s’il est mort ensuite, les deux autres frères héritent de lui8 Car, le 3e (Lévi) a dit lui-même qu'il était leur frère.. Si un individu est mort, et l'on trouve un testament, diaqhch, sur lui, cet écrit n’a aucune valeur et ne donne aucun droit à la personne qui est désignée. Mais si le malade lui-même a dit à la personne: “Quand tu recevras de moi cet écrit, les biens qui y sont désignés te seront acquis”, que la personne soit un des héritiers ou non, les biens lui sont acquis. Si un homme bien portant veut faire de ses biens un don à ses fils, à condition qu’ils n’en auront l’usufruit qu’après sa mort, il faut qu’il écrive: “à partir d’aujourd’hui et après ma mort9 Le capital en nue propriétaire leur appartient dès aujourd'hui, mais ils n'en auront l'usufruit qu'après sa mort.”. C’est l’opinion de R. Juda; R. Yossé dit qu’il n’est pas nécessaire d’écrire: “à partir d’aujourd’hui”. Si un individu donne par écrit ses biens à son fils, pour qu’il possède la nue propriété de suite, et l’usufruit après la mort de son père, le père ne peut pas les vendre, car ils appartiennent au fils (qui est propriétaire inscrit du capital); le fils ne peut pas les vendre, car ils sont entre les mains du père (qui en a l’usufruit). Si le père les a vendus, la vente est valable jusqu’à sa mort: si le fils les a vendus, l’acheteur n’a de droits sur les biens qu’après la mort du père. Si un individu a fait don de son champ à l’un de ses fils, à la condition d’avoir l’usufruit jusqu’à la mort, il peut cueillir les fruits et les donner à qui bon lui semble. S’il a laissé en mourant des fruits cueillis, ceux-ci appartiennent à tous les héritiers. Si un individu laisse en mourant des fils grands et petits (majeurs et mineurs), ceux-ci peuvent dire qu’ils ne veulent pas que les grands s’habillent comme eux sur la caisse commune avant le partage (car l’habillement des grands coûte plus cher que celui des petits), comme les grands peuvent dire qu’ils ne veulent pas que les petits se nourrissent avec eux sur la caisse commune (même raison). On fera donc le partage, et chacun vivra de sa part. Si les grands se sont mariés aux frais de l’héritage commun, les petits se marieront aussi aux frais de la caisse commune. Si les grands se sont mariés avant la mort du père, les petits ne peuvent pas dire: “Nous prendrons de la caisse commune pour nos mariages, sur ce que notre père vous a donné pour les vôtres”, car ce que le père a donné à l’un de ses enfants (de son vivant) ne compte pas pour un héritage. Il en est de même quand le père n’a pas laissé de fils, mais des filles grandes et petites: les petites peuvent refuser aux grandes de s’habiller aux frais de la caisse commune, et les grandes peuvent refuser aux petites de se nourrir à la caisse commune; on fera donc le partage, et chacune vivra de sa part. Si les grandes se sont mariées aux frais de l’héritage commun, les petites se marieront aux frais de la caisse commune. Si les grandes se sont mariées avant la mort du père, les petites ne peuvent pas dire: “nous prendrons de la caisse commune pour nos mariages l’équivalent de ce que notre père vous a donné pour les vôtres”. Il y a cependant une différence entre les fils héritiers et les filles. Si ce sont des fils qui héritent, ceux-ci sont obligés de donner la nourriture aux filles10 Une clause du contrat de mariage le stipule.; mais si les filles sont héritières, celle clause n’est pas applicable. Chapter 9 Si un individu laisse en mourant des fils et des filles1 (Ketubot 12, 3)., et s’il a laissé beaucoup de biens, ou des biens suffisants2 Assez pour nourrir les enfants., les fils les héritent, et les filles se nourrissent de ces biens (en vertu de la clause du contrat de mariage); s’il a laissé peu de biens ou des biens insuffisants, les filles se nourrissent, de ses biens, et non pas les fils, quand même ceux-ci seraient obligés d’aller mendier leur pain. Admon dit: Est-ce que j’ai perdu mes droits parce que je suis un homme? (Il veut donc que les fils se nourrissent de ces biens comme les filles). R. Gamliel dit: l’idée d’Admon me paraît juste. Un individu a laissé en mourant des fils, des filles et un hermaphrodite; si les biens sont suffisants, cas où les fils reçoivent plus que les filles, l’hermaphrodite n’a qu’une part égale à celle des filles. Si les biens sont insuffisants, il n’a droit qu’à la part des fils. Si un individu (par testament) dit: “si ma femme (qui est enceinte) a un fils, ce fils aura 100 zouz” et elle a un fils, celui-ci aura 100 zouz. Si l’individu dit: “si ma femme a une fille, elle aura 200 zouz” et la femme a eu une fille, cette fille reçoit 200 zouz; si la femme a eu à la fois un fils et une fille, le fils prend 100 zouz, et la fille 200. Si la femme a eu un hermaphrodite, celui-ci ne prend rien. Si l’individu dit: “Tout enfant que ma femme aura prendra telle somme”, l’enfant la prendra, quel qu’il soit. Si l’individu n’a pas laissé d’autre héritier en mourant, celui-ci hérite de tous ses biens. Un individu a laissé en mourant de grands et de petits enfants. Si les grands ont amélioré les biens de l’héritage, l’amélioration appartient à tous les frères, aux petits comme aux grands. Si les grands ont dit: “Voyez ce que notre père nous a laissé, nous allons travailler pour notre compte"” les bénéfices du travail appartiennent à eux. De même, si la veuve (qui est héritière)3 Son mari avait épousé l'une de ses nièces., a amélioré les biens de l’héritage, l’amélioration appartient à toutes les héritières, à elle et à ses sœurs. Mais si elle a dit: “Voyez ce que mon mari m’a laissé, je vais travailler pour mon compte”, les bénéfices du travail appartiennent à elle. Si l’un des frères héritiers qui vivent en commun (avant le partage des biens paternels) a été pris pour le service du roi, les bénéfices et les pertes sont partagés par tous les frères. Si l’un des frères s’est attiré (par sa faute) une maladie dont il a guéri, ses frères ne sont pas obligés de contribuer aux frais du traitement. Si quelques-uns des frères ont fait du vivant du père un contrat en vue des dépenses de noces4 "Chaque frère en se mariant invite les siens à ses réjouissances, et eux en font autant; si le père a pourvu une fois à la dépense, lors du prochain mariage elle incombera à l'ensemble des héritiers.", et la dépense mutuelle revient, elle tombera à la masse; car cette contribution pourra être requise par voie de justice. Mais les barils de vin ou d’huile que l’on aurait envoyés à son prochain ne peuvent pas être réclamés par voie de justice, parce que l’on considère ces envois comme actes de bienfaisance. Si quelqu’un envoie chez son beau-père des cadeaux de fiançailles, fussent-ils d’une valeur de cent Maneh, dès qu’il a pris le repas de fiançailles ne fût-ce qu’une valeur d’un dinar, il n’a plus droit à la restitution des cadeaux; mais s’il n’a pas mangé le repas de fiançailles, il a le droit de reprendre ses cadeaux. Si le fiancé a envoyé de nombreux présents en disant que la future les emportera avec elle au domicile conjugal, ils pourront être redemandés; mais si ce sont de faibles présents, à l’usage de la fiancée dans la maison de son père, on ne pourra plus les réclamer ultérieurement. Si un moribond donne à un étranger tous ses biens à l’exception d’un petit champ, le don est valable. Mais s’il a donné sans se rien réserver pour lui-même, il peut annuler le don5 Il peut arguer n'avoir donné tous ses biens que parce qu'il croyait mourir, puisqu'il n'a rien laissé pour lui.. L’on présente un acte dans lequel il se trouve qu’A fait don de tous ses biens à B; dans cet acte on ne trouve ni la formule d’un testament, ni celle d’un donation entre vifs. Le 1er au contraire dit qu’il était malade quand il a fait ce don, et qu’il l’a fait pour le cas de mort6 "Il a donné tout ce qu'il possède, sans se rien réserver; par conséquent, étant guéri, il peut annuler le don.". Le second B dit qu’A n’était pas malade quand il a fait le don, et que par conséquent il ne peut pas l’annuler. Dans ce cas A doit prouver qu’il était malade; telle est l’opinion de R. Meir. Les autres docteurs disent: le réclamant doit fournir la preuve de ce qu’il demande. R. Eléazar dit que dans la distribution verbale des biens, soit faite par un homme bien portant, soit par un malade, le donataire ne peut acquérir les immeubles que par les moyens ordinaires, savoir par l’argent (le payement de l’immeuble acheté), ou par l’acte, ou par la prise de possession; les meubles ne s’acquièrent que par l’attraction. Les autres docteurs lui dirent que dans la distribution d’un malade le donataire n’a pas besoin de ces moyens; car un fait s’est présenté où la mère des fils de Rokhel étant malade a dit avant sa mort: “donnez ma coiffe à ma fille”, ce don valait 1200 pièces d’or; et après sa mort, les docteurs ont fait exécuter sa volonté. Mais R. Eléazar leur répondit: les fils de Rokhel avaient une mauvaise conduite, et l’on a voulu les punir ainsi7 La Guemara sur ce, sauf la dernière phrase (ci-après), se trouve traduite au (Pea 6, 8).. Les sages disent que les paroles d’un malade sont valables sans acte et sans fait d’acquisition, quand il fait son testament le jour du Shabat, où l’on ne peut pas écrire ni faire d’acquisition; mais les autres jours de la semaine (où il peut écrire ou employer un des moyens légaux pour que le donataire fasse l’acquisition), ses paroles ne suffisent pas. R. Josué dit: on a accordé la permission au malade de faire sa distribution des biens le samedi (consacré au repos), à plus forte raison peut-il le faire les autres jours. De même R. Eléazar dit: on peut acquérir pour un mineur (parce que le mineur ne peut pas le faire pour lui-même), mais on n’a pas jugé nécessaire de donner à un individu la faculté d’acquérir pour une personne majeure. R. Josué dit: on a accordé la faculté d’acquérir pour un mineur, à plus forte raison un individu peut acquérir pour un majeur8 On peut considérer le premier comme envoyé par le dernier, afin de faire l'acquisition pour lui.. Une maison s’est écroulée sur quelqu’un (disons Ruben), et sur son père (disons Jacob), ou sur son frère Simon, qui n’avait pas d’enfant, et dont Ruben devrait hériter. Jacob ou Simon a laissé des biens; Ruben a laissé des dettes à payer à un créancier, ou une veuve qui réclame son douaire. Les héritiers de Jacob disent que Ruben est mort avant son père (il n’a donc rien hérité, et le créancier de Ruben ou sa veuve n’ont aucun droit sur les biens de Jacob); le créancier ou la veuve dit que Jacob est mort avant Ruben (qui a hérité de lui). L’école de Shammaï dit: en ce cas, on partage la somme en litige (entre le créancier ou la veuve de Ruben et les héritiers de Jacob); l’école de Hillel dit: les biens appartiennent aux héritiers présumés9 "De Jacob dont les droits sont certains, car ils héritent de Jacob ou de Ruben; tandis que les droits du créancier ou de la veuve sont incertains, puisqu'ils n'ont de valeur que si Jacob meurt le premier.". Une maison s’est écroulée sur un homme et sur une femme (qui n’ont pas laissé d’enfant, mais la femme a laissé des biens et le droit sur son douaire). Les héritiers du mari (ses frères) disent: la femme est morte avant le mari, qui a hérité d’elle ses biens10 Ils héritent de leur frère les biens de la femme.. Les héritiers de la femme (p. ex. son père) disent: le mari est mort avant la femme (qui a acquis le droit au douaire et à ses biens11 Même suite pour l'héritage.). L’école de Shammaï dit: tout doit être partagé à parts égales entre les héritiers du mari et ceux de la femme; l’école de Hillel dit: les biens fixés de la femme sont considérés comme appartenant à celui qui les a possédés; le douaire appartient aux héritiers du mari12 Les héritiers de la femme n'y ont pas droit, ne pouvant pas prouver qu'elle était veuve.. Les biens que la femme emporte avec elle appartiennent aux héritiers de la femme, ou au père. Une maison s’est écroulée sur un homme et sur sa mère (la mère n’a pas d’autre enfant, et elle a des biens): l’héritier de la mère, son frère dit: le fils est mort avant la mère; il n’a donc pas hérité d’elle; par conséquent je dois hériter des biens de la femme qui était ma sœur. L’héritier du fils dit: “la mère est morte avant le fils, lequel a hérité d’elle; par conséquent j’hérite de mon frère des biens de sa mère”. Dans ce cas, les écoles de Shammaï et de Hillel sont d’accord entre elles qu’on partage les biens en litige entre l’héritier de la mère et celui du fils. R. aqiba dit: j’avoue que dans ce cas (comme dans celui de la mort de l’homme et de sa femme), l’école de Hillel est en désaccord avec celle de Shammaï, et les biens resteront en leur état présumé. Mais le fils d’Azaï dit à R. aqiba: nous regrettons déjà le désaccord de ces deux écoles dans le cas précédent, et tu ajoutes un nouveau désaccord. Chapter 10 Dans un acte simple, les témoins signent en dedans (au-dessous de l’acte); dans un acte plié (et cousu), ils signent sur le verso. Si les signatures des témoins se trouvent sur le verso d’un acte simple, ou bien si un acte plié et cousu porte les signatures des témoins en dedans, dans les deux cas l’acte est nul. R. Hanina b. Gamliel dit: si un acte plié et cousu a les signatures en dedans, il est valable, car on peut le découdre et le déplier pour en faire un acte simple. R. Simon b. Gamliel dit: tout dépend de l’usage du pays. L’acte simple sera signé par deux témoins, et un acte plié et cousu doit être signé par trois témoins. Si le premier n’a qu’une signature, il est nul; de même si le dernier n’a que deux signatures, il est nul. Si un créancier présente un acte dans lequel il est écrit “100 dinars qui font 20 sicles “ (quoique 100 dinars fassent 25 sicles), on ne lui en donne que 20; s’il est écrit “100 dinars qui font 30 sicles” (quoique 30 sicles vaillent 120 dinars) on ne lui en donne que 100. S’il est écrit zouzim (au pluriel), ou selaïm ou drachmes (au pluriel), et que le nombre restant soit effacé1 V. (Ketubot 2, 1)., ce sera au moins deux. S’il est écrit d’abord: 100 dinars, et si dans la répétition il y a 200, ou s’il y a d’abord 200 et plus bas il y a 100, on adopte en tous cas le chiffre qui se trouve dans la répétition à la fin de l’acte. A quoi sert donc de répéter l’écrit du commencement? Si une lettre s’efface dans le bas, on se dirige d’après ce qui est écrit au commencement. On peut écrire une lettre de divorce (y mettre la signature des témoins) et la donner au mari en l’absence de sa femme2 V. (Gitin 4, 2).; on peut aussi donner la quittance de la femme et la lui remettre en l’absence du mari, à condition de connaître l’homme et la femme. Le mari paye l’écrivain. On peut écrire un acte de prêt et le donner au débiteur en l’absence des créanciers, mais on ne doit pas le faire pour le créancier en l’absence du débiteur; le débiteur paye l’écrivain. On peut écrire un acte de vente et le donner au vendeur en l’absence de l’acheteur; mais on ne doit pas le faire pour l’acheteur en l’absence du vendeur. L’acheteur paye l’écrivain. Les actes de fiançailles ou de mariage (qui renferment des engagements pécuniaires) ne doivent être écrits que si l’homme et la femme y consentent. Le fiancé ou l’époux paye l’écrivain. Il ne faut pas écrire les actes de fermage ou autres contrats juridiques que si les deux intéressés y consentent. Les deux payent l’écrivain. R. Simon b. Gamliel dit: on écrit ces actes en double, pour un donner un à chaque intéressé –.3 La Guemara sur ce est traduite ibid., 4, 2. Un débiteur a payé une partie de sa dette, et (au lieu de prendre une quittance) il a laissé le créancier remettre l’acte de prêt à un tiers en lui disant: “si je ne te donne pas d’ici à tel jour le reste dû, tu rendras l’acte au créancier pour qu’il se fasse payer la dette entière”. Si au jour venu le débiteur n’a pas envoyé le reste, selon R. Yossé, le tiers porteur doit rendre l’acte (au créancier, selon la convention), R. Judah dit qu’il ne doit pas le rendre. Si l’acte d’un individu s’efface spontanément4 V. En tombant à l'eau., il doit appeler des témoins5 Quand l'acte est encore lisible, et qu'ils en prennent connaissance. et aller avec eux devant le tribunal; les témoins alors font un nouvel acte, où ils écrivent: “Un tel, fils d’un tel, avait tel acte qui s’est effacé tel jour; tel et tel étaient ses témoins”. Si le débiteur a payé une partie de la dette, R. Juda dit de renouveler l’acte de prêt6 On déchire le premier, et le créancier en reçoit un second pour le reste dû.. R. Yossé dit: on laisse l’acte de prêt intact, et on donne au débiteur une quittance. R. Judah objecte que si l’on agit ainsi, le débiteur serait obligé de garder constamment la quittance, de peur qu’elle ne soit dévorée par les souris7 Ou qu'elle se perde autrement.. Mais R. Yossé répondit: Il vaut mieux agir ainsi8 Par la date du 2e contrat, le créancier n'aurait plus le même recours contre le débiteur. pour ne pas diminuer le droit du créancier. Deux frères ont hérité de leur père une maison de bains, ou un pressoir; l’un des frères est pauvre, et l’autre est riche. Si ces objets sont à louer, les deux frères se partagent les bénéfices; mais si le père les a construits pour son propre usage, le frère riche peut faire usage de la maison de bains pour lui et les siens, et à son frère pauvre il peut dire: “Achète des esclaves et fais usage comme moi de la maison de bains, ou achète des olives et fais usage du pressoir9 Ce n'est pas ma faute si tu n'en uses pas.”. S’il y a dans la même ville 2 individus homonymes, qui s’appellent par ex. tous les deux Joseph b. Simon, ils ne peuvent pas présenter des actes de prêt l’un sur l’autre. De même, une autre personne ne peut présenter un acte de prêt sur aucun d’eux. Si l’on trouve parmi des actes un écrit disant: “l’acte de Joseph b. Simon est payé”, les actes des deux homonymes sont payés. -Comment ces homonymes doivent-ils faire pour éviter tous ces inconvénients. -Ils doivent ajouter les noms de leurs grands pères; si leurs grands pères étaient aussi homonymes, on ajoute quelque signe distinctif; s’ils se ressemblent tant qu’ils n’ont point de signe distinctif, mais l’un d’eux est Cohen (ou Lévite) et l’autre ne l’est pas, on ajoute au premier: “Cohen” (ou Lévite), pour le distinguer de l’autre. Si un individu dit (en mourant) à son fils: “un de mes actes de prêt est payé, mais je ne sais pas lequel”, tous les actes sont considérés comme payés. S’il y en a deux qui se rapportent à un seul débiteur, on suppose la plus grande somme payée, non la plus petite. Si un individu prête de l’argent à quelqu’un sur la foi d’un garant, il ne peut pas se faire payer par le garant10 Il faut d'abord condamner le débiteur et voir s'il n'a pas de quoi payer, avant de s'adresser au garant.. S’il a dit d’avance qu’il prêt l’argent à la condition de se faire payer par le garant, ou par le débiteur, à volonté, il peut se faire payer par le garant. R. Simon b. Gamliel dit: Si le débiteur a de quoi payer, le créancier ne peut dans aucun cas se faire payer par le garant. R. Simon b. Gamliel dit aussi: pour une femme ne voulant pas épouser quelqu’un sans qu’un autre garantisse son douaire, un garant a répondu, puis son mari la répudie, et elle réclame son douaire au garant. Ce dernier peut exiger que le mari fasse vœu de ne pouvoir plus reprendre sa femme, de crainte que les époux n’aient fait un complot, pour se faire payer et ensuite s’unir à nouveau. Si un créancier a un acte de prêt, il peut se faire payer sur les immeubles que le débiteur a vendus (à une date postérieure à celle de son acte); mais s’il n’a que des témoins de l’emprunt (pas d’acte), il ne peut se faire payer que sur les biens libres du débiteur. Si le créancier présente un écrit constatant de la dette (non attestée), il ne peut se faire payer que sur les biens libres11 "Pour les dettes constatées par écrit et par des témoins qui l'ont signé, on peut saisir les biens vendus; car l'acte et les témoins donnent à la dette du retentissement, et l'on peut dire que les acheteurs auraient dû s'informer, ne devant pas se risquer d'acheter les immeubles d'un homme endetté.". Si le garant a écrit au-dessous de la signature des témoins, le créancier ne peut se faire payer de lui que sur ses biens libres12 La signature des témoins ne se rapporte pas à sa garantie.. Un pareil fait s’est présenté devant R. Ismaël, qui a dit: le créancier peut se faire payer sur les biens libres que le garant possède. R. Ismaël lui en demanda la raison; Ben Nanos lui répondit: si un individu demande de l’argent à quelqu’un menaçant de l’étrangler, et un survenant lui dit: “laisse-le libre, je te donnerai de l’argent pour lui”, le garant n’est pas obligé de payer, car ce n’est pas sur garantie que le créancier a prêté son argent. -Quand donc le garant est-il obligé de payer pour le débiteur? - Quand il dit au créancier: “prête-lui, je te paierai”; en ce cas le créancier n’a prêté que sur garantie. R. Ismaël dit alors: si quelqu’un veut devenir savant, qu’il étudie les lois de questions financières, car il n’y a pas dans la loi une partie qui exige plus de talent et de savoir qu’elles, qui sont comme une source féconde; et si quelqu’un veut étudier ces lois, qu’il serve comme disciple de Simon b. Nanos.